- Speaker #0
Avant de commencer l'épisode, je voulais prendre un instant pour remercier Lassie, le sponsor de ce podcast. C'est grâce à leur soutien que Chou peut continuer d'exister, que je peux financer les frais de production et continuer à vous proposer de nouveaux épisodes avec régularité et indépendance. Alors merci à eux de s'engager à mes côtés. Si j'ai accepté de m'associer à la mutuelle Lassie, c'est parce que j'en utilise une moi-même depuis des années. Et ça m'a permis de prendre soin de mes chiens plus facilement. Ostéo quand il y a un petit blocage, des bilans sanguins pour garder un oeil sur leur santé, des détartrages et bien sûr les imprévus qui tombent toujours au mauvais moment, comme en vacances évidemment. Et ce que je recherche avant tout dans une mutuelle, c'est qu'elle soit vraiment axée sur le bien-être animal. Pas juste sur les urgences, mais aussi sur la prévention, l'accompagnement dans le temps, les soins qu'on ne pense pas toujours à faire rembourser ailleurs. C'est pour ça que j'ai eu envie de vous parler de l'ACI. qui propose justement ce type d'approche. Il rembourse l'ostéopathie sans ordonnance, je le précise, les compléments alimentaires, la coupe des griffes, la phytothérapie et surtout, il couvre toutes les races, tous les âges, sans condition, avec des remboursements rapides en 24 heures. Donc si ça vous parle, je vous invite à aller faire un tour sur leur site Lassie.fr. Vous pouvez faire un devis gratuit et si vous avez envie de vous lancer, vous avez 40 euros offerts avec le code chou 40. Voilà, je referme cette petite parenthèse utile et je vous laisse avec l'épisode. Chou podcast, le podcast de référence sur l'univers canin pour tout savoir sur les races de chiens, la santé, l'alimentation et l'éducation. Chou podcast, par Maud Fédière, l'émission que mon chien ne rate jamais. Avant de commencer, je voudrais adresser un immense merci à Marion, fidèle auditrice du podcast, qui m'a proposé bénévolement son aide pour le montage de cet épisode. Ce geste généreux pour une émission qu'il est aussi dans son intention de transmettre et d'informer a beaucoup de sens pour moi. Merci Marion. Et justement, dans cet épisode, je vous emmène à la découverte d'un chien rare, fascinant et pourtant encore très peu connu, le Chikoku. Il a l'allure d'un loup, le regard perçant, le pas agile. C'est un chien japonais ancien, encore peu connu, et pourtant, il mérite qu'on s'y attarde. Et quand je dis s'y attarder, je ne plaisante pas. Cet épisode est l'un des plus longs que j'ai enregistrés depuis la création de Chou. Une heure vingt de conversation. Et vous savez quoi ? Impossible de couper. Rien. Tout est passionnant. Donc je vous le livre tel quel, un épisode dense, à écouter en plusieurs fois si besoin. Mais à ne surtout pas manquer. Et pour nous guider, j'ai retrouvé une invitée que vous connaissez bien. Audrey Bonigal, éleveuse de Chicoucou et de Chibaïnou, qui est déjà venue nous parler du métier d'éleveur et du Chibaïnou. Aujourd'hui, on va parler du tempérament du Chicoucou, de sa ressemblance ou non avec le loup, mais aussi de diversité génétique, de rareté et de ce que cela implique concrètement quand on élève une race en voie d'extinction. Allez, bonne écoute et bon voyage au pays du Chicoucou. Bonjour Audrey.
- Speaker #1
Bonjour Maud.
- Speaker #0
Merci d'être venue jusqu'à nous pour nous parler du Chicoucou. On se connaît bien puisque tu es déjà intervenue dans le podcast pour parler du coup du Shiba.
- Speaker #1
Oui, et du métier d'éleveur aussi.
- Speaker #0
Et du métier d'éleveur, tout à fait. Alors peut-être pour les personnes qui ne te connaîtraient pas, qui sont arrivées récemment sur le podcast, est-ce que tu pourrais te présenter ?
- Speaker #1
Oui, alors moi je m'appelle Audrey, donc je suis éleveuse de Shiba et de Shikoku depuis 2013. J'ai eu ma première portée en 2013, ça commence à faire quelques années. Donc moi j'ai toujours rêvé d'être vétérinaire, parce que je ne suis pas aujourd'hui. Même pas du tout. J'ai fait un bac S, une prépa vétérinaire. J'ai arrêté avant le concours. Et puis, je suis partie dans totalement autre chose. J'ai fait quatre ans de management en boutique. Donc, rien à voir. Mais en fait, je me suis rendue compte que ce n'était pas ce qui me plaisait au quotidien. Et un jour, j'ai quitté mon travail. J'avais 24 ans. J'ai acheté une maison à la campagne, en Picardie, en plein milieu des champs. Et je me suis lancée dans le métier d'éleveur. Donc j'avais déjà des bonnes bases de génétique de par les études que j'avais faites auparavant. Et j'avais déjà deux Shiba et une Shikoku à cette époque, en 2013. Et j'étais passionnée par ces races et c'est ça vraiment qui m'a lancée, qui m'a donné envie d'élever ces deux races-là.
- Speaker #0
Et plus au début, du coup, le Shiba qui s'est vachement développé et le Shikoku, tu as commencé, tu as eu des portées, mais c'était plus occasionnel. Oui,
- Speaker #1
c'est ça. Ma première Shikoku, elle est de 2012. Elle a eu deux portées. dans toute sa vie. Donc aujourd'hui, elle est toujours violente. Elle va avoir 13 ans. Mais elle n'a eu que deux portées parce que c'est une race qui est assez confidentielle et qu'il n'y avait pas forcément les familles, les adoptants, en tout cas à cette époque. Donc je me suis beaucoup plus développée dans le Shiba. J'aime autant les deux races, vraiment, qui sont très différentes. Mais c'est vrai que le Shikoku a toujours eu une part importante dans mon cœur. Et je suis très contente, du coup, qu'aujourd'hui, on puisse en parler et que ce soit une race qui soit un petit peu plus connue. aujourd'hui.
- Speaker #0
Alors, est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'histoire et les origines du Shikoku au Japon ?
- Speaker #1
Alors oui, le Shikoku, ça fait partie des races les plus anciennes du Japon. Il descend directement des chiens qui sont dits primitifs et qui vivaient sur l'archipel il y a plus de 10 000 ans. Donc c'est une race très ancienne. Et d'ailleurs, on a retrouvé des squelettes de chiens dans les tombes à cette époque. Et ils étaient enterrés tout seuls, avec respect. Et ce qui montre que déjà il y a plus de 10 000 ans, ils avaient une part hyper importante pour les Japonais. Les ossements qui ont été retrouvés, c'était des chiens de taille moyenne qui étaient musclés avec une tête triangulaire. Et quand on regarde les illustrations et les ossements de l'époque, on reconnaît déjà clairement les traits qu'on retrouve aujourd'hui dans le Shikoku. D'ailleurs, on sait que le Shikoku, il y a des études qui ont été faites, il contient une petite part du génome du loup japonais. On a 4% de l'ADN du Shikoku qui est directement le même ADN que le loup japonais. Il y a d'ailleurs une figure, le Yama Inu. Yama, ça veut dire montagne. Inu, c'est le chien. Donc le Yama Inu, c'est le chien de montagne. Il apparaît dans des récits très très très anciens et il désignait probablement des hybrides à cette époque ou des formes anciennes qui étaient proches du loup et qui vivaient dans les montagnes et qui chassaient avec les humains à cette époque. Et d'ailleurs, tous ces hybrides de chiens loups ont vraiment influencé les races japonaises qu'on connaît aujourd'hui. Il faut savoir que plus tard, on pense que c'est à peu près à moins 300 avant Jésus-Christ, d'autres chiens sont arrivés avec les migrations depuis la Corée et la Chine. Et ces nouveaux chiens se sont mélangés avec les lignées locales, et ce qui a donné naissance progressivement aux six races japonaises qu'on connaît aujourd'hui. On peut les citer, donc le Shiba, le Kishu, le Kaiken, l'Okaido, l'Akita et le Shikoku. Il faut savoir que le Shikoku, c'est une race qui s'est développée dans l'île qui porte le même nom, donc l'île de Shikoku. Il était utilisé pour la chasse aux sangliers, donc on est vraiment sur un chien de chasse. C'est un chien qui devait être très rapide, endurant, courageux et surtout... tout autonome. Il devait pouvoir réfléchir par lui-même, prendre les décisions par lui-même. Ça, c'était vraiment important. Il gardait aussi les maisons dans ces villages très reculés, où il pouvait y avoir des prédateurs. Et en fait, cet esprit-là de gardien d'esprit libre, on le retrouve aujourd'hui dans le tempérament de la race. Ce qu'il faut retenir, en fait, c'est que le Shikoku, c'est vraiment pas un chien qui a été issu de croisements récents. C'est vraiment un chien qui descend du loup japonais qui a gardé tout ce caractère. primitif et même cette esthétique, j'ai envie de dire, primitive aussi. Là, je vais raconter un petit peu plus sur l'histoire, alors j'espère que ça va vous intéresser parce qu'en fait, c'est ce qui va expliquer beaucoup de choses pour la suite. Dans les années 1930, le Japon commence vraiment à prendre conscience de l'importance de préserver ses races locales. Il y a une association de préservation des races japonaises qui se crée, elle s'appelle le Nippo. Et il commence à établir un standard pour chaque race japonaise, donc en fonction de sa morphologie, de son tempérament, de sa localisation. Donc le Shikoku sur l'île du Shikoku. Parce qu'avant 1930, en fait, toutes les races japonaises, elles étaient juste classées par taille. On avait le petit chien, aujourd'hui le Shiba, les chiens moyens, aujourd'hui qui ont été divisés du coup en Okaido, Kishu, Kaiken, Shikoku, et le grand chien, aujourd'hui qu'on connaît sous l'Akita. Donc on avait des mélanges entre ces races. et le Nippo a voulu vraiment les préserver, et du coup elles ont été divisées avec un vrai standard, et une vraie morphologie pour chaque race, un caractère, etc. D'ailleurs le Shikoku est alors reconnu comme monument naturel en 1937. Au même titre d'ailleurs que les autres races japonaises, le Japon a voulu vraiment protéger et préserver ses races. Donc là on va parler maintenant de la Seconde Guerre mondiale, ça a été un grand tournant pour les races japonaises, un triste tournant d'ailleurs. La situation au Japon était catastrophique, aussi bien pour les humains que pour les animaux. Le pays souffrait de graves pénuries. Il n'y avait plus de nourriture, plus de médicaments, mais surtout plus de matières premières. Et les chiens, ceux qui ne servaient ni à la guerre ni à la sécurité à cette époque, ont été les premiers qui ont été sacrifiés. Donc beaucoup de chiens à cette époque ont été abandonnés, tués, soit parce que les familles n'avaient plus les moyens de les nourrir en temps de guerre, soit parce qu'ils étaient considérés comme inutiles dans un pays où il y avait vraiment d'autres choses importantes à gérer. Et certains ont même été réquisitionnés pour leur peau. Et en fait, à cette époque, au Japon... Ils ont une très grosse pénurie de cuir et même de viande d'ailleurs. Et en fait, les chiens ont dû être abattus pour pouvoir habiller l'armée. Les chiens de nos races japonaises avaient un double poil qui était très épais et qui permettait de faire des vêtements qui étaient très chauds et très utiles pendant cette guerre. Il y a aussi eu des campagnes d'abattage systématiques dans les villes à cause de la peur des épidémies de rage. Donc résultat, en fait, presque toutes les races japonaises ont vu leur effectif quasiment disparaître pendant la guerre. Ce qui a sauvé vraiment le Shikoku, c'est qu'il vivait dans des régions très montagneuses, isolées. Pour ceux qui vont voir la carte du Japon, l'île de Shikoku, c'est une île qui est faite que de montagnes. Du coup, c'est vraiment très loin des grandes zones urbaines. À cette époque, le shikoku, et même aujourd'hui d'ailleurs, il avait une réelle utilité pour la chasse. C'est-à-dire que dans cette zone qui était très isolée, les sangliers détruisaient encore les cultures, et notamment les champs de patates douces, et qui étaient la seule ressource de nourriture, et d'autant plus en temps de guerre. Donc les chiens de chasse étaient indispensables, et ils ont réussi en fait à survivre dans cette île grâce aux chasseurs qui les ont préservés. Juste après la guerre, c'était un contexte très fragile pour toutes les races japonaises. Le NIPO, qui est l'association de préservation des races, a recensé les chiens qui étaient encore en vie. Et ils ont lancé un gros programme d'élevage très encadré pour reconstruire les effectifs, tout en gardant le type et le tempérament de chaque race. Donc en fait, c'est grâce au travail du NIPO après la guerre et aux éleveurs qui ont voulu s'investir pour la race, qu'on a réussi à retrouver des individus et qu'on a pu reconstruire le Shikoku après la Seconde Guerre mondiale. Mais le truc, c'est que les individus qui ont été retrouvés... Il n'y en avait pas énormément et du coup on s'est retrouvé quand même avec un très petit nombre d'individus et une base génétique du coup très faible. Donc là aujourd'hui la diversité génétique dans la race c'est un vrai enjeu.
- Speaker #0
Oui et ça on va en parler justement par la suite. Mais merci pour toutes ces explications sur ces origines parce qu'en effet ça vient expliquer là où on en est aujourd'hui. Est-ce que tu penses que pour le Shiba il y avait quand même un peu plus d'individus à la fin de la seconde guerre mondiale ou vraiment on est quasi pareil ?
- Speaker #1
On est quasi pareil puisqu'on sait que le chiba était reconstruit à partir de très peu d'individus. Il n'y en a eu que 2-3 au début et puis tout est parti de là. Ils ont retrouvé des Ausha dans des villages isolés et tous les pédigrés partent des mêmes chiens au début. On est à peu près sur la même chose.
- Speaker #0
Alors maintenant, on va passer à la partie physique de la race pour que les personnes puissent un peu mieux identifier, imaginer. Vu qu'on en parle là, c'est un audio, mais bon, il y aura bien évidemment des vidéos. Est-ce que tu peux nous décrire la taille, le poids, les couleurs, le type de poils ? À quel groupe de chiens il appartient ?
- Speaker #1
Oui, le Shikoku, c'est un chien de taille moyenne, avec une silhouette plutôt compacte. C'est un chien musclé. Il mesure en général entre 46 et 55 cm au garrot, pour un poids de 14-15 kg pour les femelles et 16-17 kg pour un mâle. On est sur un chien léger par rapport à sa taille. C'est un chien agile. Il est fait pour les terrains difficiles. Donc son corps est construit pour la mobilité et pour vraiment pouvoir se déplacer facilement. On n'oublie pas que c'est un chien de montagne à la base. Il a une tête triangulaire, un museau assez allongé, des oreilles droites et bien portées, une queue qui est enroulée sur le dos et un regard très expressif avec des yeux foncés en amande. Au niveau de son poil, son poil est double, c'est-à-dire qu'il a un sous-poil doux et dense qui lui sert à l'isolation. C'est un chien qui ne craint ni le chaud ni le froid. C'est un chien qui peut vivre dehors toute l'année, qui n'a pas peur du climat, de la météo. Il a un poil de couverture qui est dur et droit. D'ailleurs, des fois, on dit un peu un poil de sanglier au niveau de la texture, qui le protège des intempéries. Ce poil dur et droit, en fait, il va vraiment protéger le chien de la pluie. Pour ceux qui ont des chiens à double fourrure, vous l'avez sûrement vu quand vous lavez votre chien. Essayez d'aller pénétrer jusqu'à la peau pour mettre l'eau. C'est impossible presque. Et en fait, c'est grâce à ce poil de couverture qui isole énormément et qui permet au sous-poil de ne pas être mouillé et du coup d'avoir un chien qui est sec même quand il pleut. Et ça, c'est très important pour des chiens de chasse, des chiens à la base qui vivent en extérieur et du coup qui ne craignent ni le froid, ni le chaud, ni la neige. Donc c'est vraiment un chien qui vit très très bien dans tous les climats. Même quand il fait chaud, ça isole énormément de la chaleur. Par contre, il mue. Du coup, son poil, il le perd alors deux fois par an, mais c'est des très grosses mues. où il va perdre une grosse partie du sous-poil. Côté couleurs, on a le roux, le noir et feu, mais surtout le sésame, qui est la couleur la plus emblématique de la race. Donc on a le sésame rouge, le sésame ou le sésame noir. Donc pour décrire un petit peu la couleur sésame, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un mélange en fait de poils noirs, rouges et blancs qui donne un effet un peu sauvage au niveau de la robe. Quelle que soit par contre la couleur du chien, il doit toujours y avoir la présence de l'ouragéro, c'est-à-dire des zones plus claires au niveau des joues, au niveau du ventre, des pattes, dessous la queue. Comme le Shiba, c'est les parties blanches qu'on voit en gros sur le chien. Officiellement, le Shikoku est classé dans le groupe 5 de la Fédération Cynologique Internationale. C'est dans la section des Spitz asiatiques et apparentés, comme le Shiba, comme l'Akita. Mais en réalité, c'est ce qu'on appelle plutôt un chien primitif. Alors ça a fait beaucoup débat pendant un moment, le côté « non, ce n'est pas un chien primitif, c'est un Spitz japonais » . Tout le monde a raison en fait, c'est effectivement un Spitz japonais. au niveau de la classification, mais au niveau du tempérament, c'est un chien primitif. De par son histoire, comme on a vu tout à l'heure, et pour ceux qui se demandent ce qu'est un chien primitif, c'est un chien qui est très proche de ses origines naturelles, qui a été peu modifié par l'homme, qui n'a pas été sélectionné pour faire quelque chose en particulier. Il garde une autonomie de pensée, une capacité d'analyse de son environnement et une sensibilité forte. C'est un chien rustique, intelligent et pas façonné pour obéir. C'est un chien qui est fait pour coopérer avec ses humains. Mais ce n'est pas un chien qui obéit, ça c'est très important. C'est un chien qu'on ne dresse pas, on apprend à vivre avec lui en fait. Ça, ça se voit autant dans son physique qui est assez sauvage que dans sa manière d'être.
- Speaker #0
Ok, super clair. Je pense que là déjà on a une bonne visu du Chikoku. Et je me demandais s'il avait des particularités physiques propres à la race. Par exemple, pour regarder son museau, en effet, il n'a pas trop de stop.
- Speaker #1
Ouais. Oui, ça, tu as raison. En fait, je pense que ce qui frappe toutes les personnes qui voient un chicocou, c'est son côté lupoïde. Sa démarche aussi, qui est presque un peu féline. On a une démarche souple, légère, précise. En fait, on sent tout de suite que c'est un chien de chasse, mais un chien très agile. Pour le côté lupoïde, c'est sa couleur aussi qui peut y faire penser. Et il y a aussi autre chose, moi, qui me fait énormément penser au côté lupoïde. Alors, c'est dur de se l'imaginer sans voir le chien en vrai, mais c'est son regard. Les yeux du Shikoku, certes, ils sont en amande, ils sont sombres, mais c'est surtout que quand le Shikoku vous regarde, il a un regard déjà très perçant, mais surtout, il vous regarde par le bas. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais pour les gens qui s'imaginent un loup, vous savez, quand un loup marche avec la tête en bas, en fait, le Shikoku marche comme ça et vous regarde, en fait, comme si vous étiez au-dessus de lui, il vous regarde avec sa tête en bas. Et ça, je sais que beaucoup de personnes qui rencontrent des Shikokus, c'est quelque chose qui les frappe énormément, parce qu'ils me disent, on dirait qu'ils me transpercent l'âme, qu'ils savent ce que je ressens. En fait, on dirait qu'il sait lire au fond de moi. Et ça, c'est vrai que le chikoku analyse énormément par son regard, il est très très profond. Dans les autres particularités que je peux citer, il y a sa queue qui est enroulée, qui est bien portée sur le dos, mais elle est surtout très expressive. Elle participe beaucoup à ses émotions. Pour ceux qui ont déjà vu aussi un chikoku, c'est un chien où dès que ses sens sont en éveil, dès qu'il renifle quelque chose, il baisse la queue en fait. Dès qu'il commence à trotter, sa queue se relève. Il y a aussi quelque chose qui est assez perturbant presque. Vous vous dites, il a que enroulé sur le dos. et du coup, comment il montre qu'il est joyeux, comment il bouge la queue. Et en fait, sa queue, on dirait qu'elle est divisée en plusieurs parties et comme un serpent à sonnette, des fois, il arrive juste à bouger le bout de la queue. Et ça, c'est assez impressionnant. C'est-à-dire que des fois, vous voyez votre chien qui est figé, il regarde quelque chose au loin et en fait, il y a juste son petit bout de queue qui bouge mais très très doucement. et quand vous connaissez votre chien, en fait, vous savez ce que veut dire ça. Des fois, ce n'est pas forcément positif. Des fois, c'est qu'il se pose des questions et tout. Ce n'est pas le chien qui va battre la queue droite, gauche, droite, gauche, hyper fort et tout. Il va juste bouger subtilement certaines parties de sa queue et suivant son émotion, plus ou moins vite. C'est assez impressionnant à voir.
- Speaker #0
Et ça, le chiba, il n'y a pas cette partie de la queue qui bouge ?
- Speaker #1
Non, sur le chiba, je le vois très rarement. Le shikoku, oui, vous voyez sa queue enroulée. En fait, les dix derniers centimètres, il arrive à bouger juste cette partie-là très doucement, en fonction de ses émotions.
- Speaker #0
D'accord. Par rapport juste au regard et aux yeux, justement, encore plus que le shiba, j'ai l'impression que ses yeux sont enfoncés. Par exemple, le shiba, quand tu veux mettre des gouttes dans les yeux, c'est compliqué. Les yeux sont du coup bien protégés, j'imagine, et bien enfoncés.
- Speaker #1
Et là, tu touches effectivement une caractéristique de la race. Les yeux doivent être enfoncés. Ça fait partie du standard et effectivement, c'est aussi une protection. C'est pas des yeux globuleux, ils sont vraiment rentrés dans le crâne et ça leur permet de bien se protéger quand ils courent dans les sous-bois et des choses comme ça. Et c'est vrai que ça donne du coup un regard d'autant plus intense en fait. Je suis d'accord avec toi, c'est vrai que le Shiba l'a un peu mais le Shikoku l'a beaucoup. Il y a une autre particularité dont on peut parler et que tu ne vois pas non plus chez le Shiba, c'est la crête dorsale. Alors là vous allez me dire, oui moi aussi mon chien il lève les petits poils du dos quand il grogne. Le chikoku, il arrive à lever tous ses poils. Ça part de... début des oreilles jusqu'au bout de la queue. Et en fait, c'est hyper impressionnant. Vous voyez, quand un chat fait le dos rond, qu'il hérisse tout son poil, le chikoku, il sait faire pareil. Et ça, il va le faire dans des nouvelles situations, en fait. Dès qu'il a une émotion forte, il hérisse toute sa crête. On pourrait se dire « Waouh, il est agressif » . Non, en fait, c'est des trop fortes émotions. Le chikoku, il les démultiplie et ça se voit énormément sur son poil. Et c'est hyper intéressant parce que quand il rencontre un autre chien, par exemple... Il peut grogner, il peut se tendre un petit peu, mais au lieu d'avoir juste les trois petits poils au milieu des épaules qui se gonflent comme la plupart des chiens, lui, il a tous les poils jusqu'à la queue. C'est vraiment impressionnant, cette crête dorsale.
- Speaker #0
Ça veut dire que vraiment, il est très expressif de par son corps. Je pense que ça doit être fascinant à observer. Oui, tu en apprends beaucoup de par ses mouvements, sa gestuelle physique.
- Speaker #1
Ah oui, le Shikoku, je pense qu'il est passionnant parce qu'il a plein de mouvements très subtils, de signaux très subtils. Mais en fait, quand on connaît son chien, on les voit juste un regard, juste un bout de queue qui bouge, une crête qui se hérisse sans que le chien bouge, sans que le chien n'émette aucun son. On sait tout de suite qu'il ressent, donc c'est assez impressionnant. Puis après, il vocalise aussi énormément. Il a tendance à beaucoup grogner, mais ce n'est pas forcément un grognement méchant ou agressif. Il parle, alors ce n'est pas comme le husky, mais il va beaucoup communiquer en grognant. Ça, ça impressionne beaucoup parce qu'un chien qui grogne, souvent ça fait peur, alors que non, il parle en fait. Il communique énormément avec sa voix, le chicoucou.
- Speaker #0
À l'inverse du Shiba qui ne fait pas du tout ça.
- Speaker #1
Oui, le Shiba fait beaucoup moins. Le Shiba, c'est vrai qu'il est connu pour râler, il grogne beaucoup.
- Speaker #0
Mais dans les interactions, à la limite, quand il va jouer avec d'autres chiens, où ils peuvent jouer en grognant, en effet, où là, j'ai l'impression que toi, le Shikoku, tu veux dire, même en dehors d'une interaction avec un autre chien, il peut communiquer en...
- Speaker #1
Oui, même avec nous.
- Speaker #0
Passons maintenant au tempérament, comportement. Évidemment, et je le répète, chaque individu a son propre caractère, mais on sait qu'il y a quand même des généralités dans la race, donc c'est de ça dont on parle. Vous avez un shikoku, il pourrait être un peu différent, évidemment, mais voilà, il y a quand même une grosse généralité. Donc comment est-ce que tu décrirais le tempérament du shikoku au quotidien ?
- Speaker #1
Ah, c'est pas facile comme question, parce que moi à l'élevage, j'ai 10 shikokus. et c'est vrai qu'ils ont tous un caractère différent. Donc on va vraiment prendre les grandes lignes. Il faut revenir toujours au même point de départ, donc c'est un tempérament de chien primitif. C'est ce qui le caractérise le mieux. Donc c'est un chien qui est sensible, ça, ça le caractérise énormément. C'est un chien qui est indépendant, intelligent, très observateur. Il réfléchit énormément. Il analyse avant d'agir. C'est pas du tout un chien impulsif. Il a besoin d'un peu de temps pour être à l'aise dans un nouvel environnement. Il a besoin d'un peu de temps aussi pour accepter le contact. avec un humain inconnu. Donc il peut être plutôt réservé, méfiant avec les nouveaux humains. Mais attention, il n'est pas censé être peureux ou craintif. C'est même un défaut du standard. Il n'aime juste pas qu'on force le contact. Il faut lui laisser le temps. Moi, pour te donner un petit exemple, là avec nous aujourd'hui, on a Oksana, qui est une chikoku qui va avoir 7 ans. Elle est très avenante avec les humains. Ce n'est pas un comportement typique de la race. mais voilà, chaque individu a son propre caractère. Chez moi, j'ai Imé, une chienne qui a un comportement un peu plus typique de la race, et si jamais tu viens chez moi, quand j'ouvre le portail, elle va venir t'accueillir. Mais si tu la fixes et que tu tentes ton bras pour la caresser immédiatement, en fait, elle va t'aboyer dessus, en mode, mais qu'est-ce que tu fais en fait ? On ne se connaît pas, pourquoi tu me touches ? Mais sans pour autant prendre peur. Mais elle a besoin de ce temps pour analyser, et passer une minute où c'est bon, elle a pu te renifler, et voir que tout était ok, et que moi je... t'accepter chez moi aussi, parce que je suis avec elle, et bah là elle te fait la fête, tu peux la caresser, là c'est ok. Mais c'est un chien qui a besoin quand même qu'on se présente. C'est pas un chien qui saute sur les humains inconnus, c'est un chien qui est méfiant. Mais une fois qu'il t'accepte, il n'y a aucun souci, après t'es son pote, il n'y a pas de problème, on peut continuer. Mais ça c'est vraiment important parce que les gens ont tendance à vouloir caresser les chiens dès qu'ils les voient, et ça, ça passe pas du tout avec un chikoku, il y a même des chikokus qui peuvent reculer en grognant. Ça veut pas dire qu'ils sont agressifs, mais juste qu'ils disent « Non, on ne se connaît pas » . Donc ça, c'est quand même un trait qui est important dans la race. Ce n'est pas un chien sociable, proprement parlé. C'est un chien qui est aussi assez gardien chez lui. Ça, c'est aussi dû à son histoire. Il va vite avertir en aboyant s'il y a quelque chose de différent chez vous, devant le portail ou dans le voisinage. Alors, ce n'est pas un chien de défense. On est plus sur un chien qui va alerter. Quelqu'un qui va pénétrer chez vous alors que vous n'êtes pas là, c'est compliqué avec du chicoucou. Parce que tout de suite, il va aboyer sur la personne, il va le grogner, il va lui dire non, tu ne rentres pas. Là où le Shiba, par exemple, il va plutôt faire... « Oups ! » et il va courir et il va se cacher. Il va aboyer, il va alerter le chiba aussi, mais il va plutôt partir. Le chikoku, il va rester face à cette nouvelle personne et lui dire « Tu ne rentreras pas » . C'est un chien qui a un gros lien de confiance avec son humain. Clairement, pour le chikoku, on est tout pour lui. C'est un chien qui a besoin d'être proche de nous, sans être peau de colle pour autant. Il a besoin d'avoir toujours un œil. Quand on change de pièce, il peut venir vérifier ce qu'on fait, mais sans être trop proche. Ses humains, c'est une part très importante de sa famille. Et ça, pareil, dû à son histoire, en fait, il avait un lien très fort avec son humain pour la chasse. Comme quand on sort en balade, si on le lâche, le chicou-cou, c'est un chien qui fait facilement des allers-retours entre ce qu'il fait et il revient nous voir. C'est important, en fait, pour lui de savoir si on va bien, de savoir où on est.
- Speaker #0
Donc, ça veut dire que si tu le laisses, il ne va pas forcément partir sur une trace. Enfin, il va revenir, il ne va pas faire sa vie, suivre du gibier et partir.
- Speaker #1
Alors, il a un très fort instinct de chasse. On ne peut pas lui retirer, mais il reviendra. Ça, c'est sûr. Par contre, il ne faut pas qu'il... croise une route ou des choses comme ça. C'est ça qui est dangereux dans notre monde moderne. Mais oui, alors il a un très fort instinct de chasse. S'il sent une piste, le Shikoku, il part. Vous aurez beau le rappeler, une fois qu'il aura lâché sa piste, il reviendra. Toujours revoir son humain. Ça, c'est très important pour lui. Mais du coup, quand on lâche le Shikoku, il faut faire attention dans quelle zone, parce que s'il y a du gibier, ses instincts reprendront le dessus. Ça, on ne peut pas l'arrêter. On ne peut pas le travailler. Ça fait partie de son histoire et l'instinct de chasse est très fort sur le Shikoku.
- Speaker #0
Bon alors, le collier GPS, c'est la bonne... solution.
- Speaker #1
Oui, je l'utilise beaucoup. D'ailleurs, pour la petite anecdote, en août dernier, j'ai promené une de mes chicou-cou sans laisse. Et en fait, il y a un lièvre qui est passé devant nous à 3 mètres et elle est partie. Bon, un lièvre, ça court vite. Et sur le collier GPS, elle était à plus d'un kilomètre. Franchement, c'était en quelques secondes. On a attendu, en fait. On a attendu 10 minutes et elle est revenue. Exactement là où elle nous avait laissé.
- Speaker #0
Voilà, ne pas bouger. Ça, on en a parlé dans l'épisode sur le bassé hound. De ne pas partir à sa recherche parce que finalement, tout le monde se cherche et puis finalement, personne se retrouvent, donc intéressés au même endroit et à y revenir.
- Speaker #1
Oui, et puis l'avantage avec les colliers GPS, c'est que je voyais son petit point partir. En plus, quand j'ai vu son petit point revenir, j'ai dit ok, on l'attend et elle va revenir. Alors elle est revenue épuisée, mais elle est revenue exactement là où elle était partie. En plus, il a un super flair. C'est un chien de chasse, donc il sait très bien nous retrouver s'il faut. C'est vrai que ça, c'est un petit peu embêtant parce que pour ceux qui veulent promener leur chien lâché tout le temps, on ne peut pas le faire partout. Il suffit qu'il y ait un chat qui passe l'instinct de prédation. Il fonctionne aussi sur les Ausha, le chicou. peut vivre avec des Ausha au quotidien, à partir du moment où il grandit avec, où c'est les Ausha de maison. Un chat qui passe dans la rue, un chat qui passe dans le jardin, il court après, il va les chasser. Pareil, ne comptez pas avoir des poules avec du chicoucou, avoir des rongeurs, ça reste du chien de chasse. Et ça, c'est important de le noter. Il y a trois mots qui sont très importants pour les japonais et qui caractérisent l'essence de tous les chiens japonais. Je trouve ça important de les donner. On a le Kani, c'est le courage, la présence, la dignité. Moi, je suis partie au Japon plusieurs fois pour voir des expositions canines là-bas, pour découvrir des éleveurs là-bas. Alors, ça va peut-être paraître... complètement bizarre pour des gens qui ne connaissent pas tout ça. Mais le Shikoku, au Japon, quand on le présente en exposition au Nippo, donc des expositions japonaises vraiment, on se met derrière le chien et on laisse se présenter tout seul. C'est lui qui se présente. On n'est pas du tout, vous savez, comme des fois, on voit en exposition à bouger la patte du chien pour qu'elle se mette pile à tenir le chien sous cet angle. Pas du tout. Le chien japonais, il se présente tout seul. Et le Kani, c'est ça. C'est la présence du chien. Et en fait, quand j'ai vu des chiens sur le ring, on appelle ça du coup là où on présente les chiens. Et en fait... j'avais des papillons dans le ventre juste en voyant le chien se présenter devant moi tellement il avait une aura autour de lui qui dégageait. C'est très dur de l'expliquer quand on ne le vit pas, mais en fait c'est des chiens, ils se posent tout seuls, ils regardent le monde autour d'eux et on se dit « waouh » . Et c'est ça le kanisa, c'est hyper important que le chien l'ait, tous les chiens japonais doivent l'avoir. On a le ryose, c'est l'équilibre, la stabilité. Donc ça, c'est dur de traduire en tous ces mots parce qu'on sait très bien qu'au Japon, chaque mot a une signification qui est beaucoup plus spirituelle que nous, mais du coup j'essaye de les traduire à peu près. C'est censé être des chiens très stables en tempérament, pas impulsifs. C'est des chiens réfléchis, les chiens japonais. Et on a le dernier, c'est le Soboku. Ça, c'est la simplicité, le naturel, la sobriété. C'est des chiens qui n'ont pas besoin d'artifice. Et en fait, ces trois mots, ils sont hyper importants parce qu'ils désignent vraiment ce que doit être un chien japonais. Je sais que ça paraît trop bizarre de le dire comme ça, mais quand on le vit, quand on va voir au Japon ces expositions et tout, ce chien, j'ai l'impression qu'il domine le monde, qu'il me regarde d'en haut. Et en fait, c'est hyper impressionnant. Pour ceux qui ont déjà vu des chiens japonais, des fois ils disent « Oh, on dirait qu'ils nous jugent » .
- Speaker #0
Oui, qu'il est prétentieux.
- Speaker #1
Oui, et bien c'est ça en fait qu'on recherche. Il n'est pas censé avoir un regard triste, un regard intime. Non, il est censé être là, il est censé être fier, sûr de lui. Et ça, c'est vraiment un point essentiel des races japonaises, dont le Shikoku.
- Speaker #0
Super, oui, mais je suis complètement d'accord. Quand tu vois Ausha, c'est vraiment une des caractéristiques. Est-ce qu'au niveau de son physique, il y a différents types de lignées de chasse, de beauté ?
- Speaker #1
Alors, c'est une question qui est très intéressante. On va repartir un petit peu plus dans le côté historique. historiquement il y a plusieurs lignées qui sont liées aux régions du Japon. Donc les plus connues sont les lignées Ongawa, Hata et Awa. C'est le nom des trois lignées et c'est le nom des zones montagneuses d'où elles viennent, tout simplement. Donc la lignée Ongawa, elle vient d'une région qui est très reculée. Donc elle est restée plus proche du chien d'origine, plus proche du chien primitif. Ce sont des chiens qui sont plus secs, plus fins, très agiles, avec du coup un très fort instinct de chasse. Ce sont des chiens beaucoup plus réfléchis, intelligents, avec une grande autonomie. mais du coup plus méfiants, souvent. Et après, on a la deuxième lignée, c'est la lignée Hata. Elle, elle vient d'une région un peu plus accessible, plus urbaine. Ce sont des chiens robustes, avec une ossature plus lourde, beaucoup plus de fourrure, plus impressionnant, en fait, en exposition canine. C'est souvent ceux qui sont préférés des juges en exposition. Il est moins réfléchi, plus souple en caractère, plus sociable. Et la troisième lignée que j'avais citée, donc c'est la lignée Hawa, elle, elle a disparu pendant la guerre, malheureusement. Donc aujourd'hui, ces deux lignées, Ongawa et Hata, elles sont souvent mélangées dans les pédigrés. Mais on peut encore retrouver certaines caractéristiques de chaque lignée. Par exemple, les premiers imports en Europe venaient de la lignée Hata, avec des chiens souvent sésame noir, beaucoup plus de fourrure, beaucoup plus puissant, des chiens plus sociables. Pendant longtemps, c'est ce type qu'on a beaucoup connu en dehors du Japon, puisqu'il n'y avait qu'un seul élevage aux Pays-Bas qui produisait des chiots en Europe. Et cet élevage a importé d'ailleurs le premier Shikoku en dehors du Japon en 1997. Donc c'est quand même assez récent. le Shikoku en Europe. Et la première portée qui est née en dehors du Japon, c'était chez eux aussi en 2001. Donc tu vois, ça fait qu'une vingtaine d'années que les premiers chiots sont nés en dehors du Japon.
- Speaker #0
C'est pas dans cet élevage d'ailleurs que toi t'avais pris aussi ?
- Speaker #1
C'était oui, dans cet élevage que j'ai pris. Et du coup, ma première chienne, donc Drishka, elle est de cette lignée Hata. Et c'est une chienne qui est très sociable avec l'humain, qui n'a pas forcément le caractère typique de la race, qui a un poil très dense, qui marche bien en exposition canine en fait, mais qui n'est pas forcément ce qu'on recherche. dans la race mais qui peut être bien à travailler quand même parce que c'est des caractères un petit peu plus souple à cette époque en 2012 il y avait très très peu d'éleveurs en france il n'y avait que deux élevages dont un qui avait quasiment arrêté aussi à cette période fin c'était très très très rare dernièrement on a quand même eu beaucoup plus d'un port d'ailleurs beaucoup plus de chiens de la lignée ongawa donc la lignée avec des chiens un peu plus athlétique avec moins de fourrure plus avec des enceintes chasse les réseaux sociaux fait qu'il est beaucoup plus facile d'importer aujourd'hui et d'avoir des contacts. Maintenant, c'est pour ça qu'on a un petit peu plus de lignées qui sont apparues et plus de caractères différents. Il faut savoir aussi que la première portée de Shikoku née en France, elle date de 2009. J'imagine qu'ils n'ont que 16 ans, les premiers Shikoku en France. Donc c'est hyper récent.
- Speaker #0
Ok, super intéressant. Je pense qu'on a bien compris que, oui, il y avait des différents types et lignées, mais aujourd'hui tout est un petit peu mélangé. Mais tu peux quand même te dire, selon l'individu et le caractère potentiellement, peut-être qui viendraient de cette lignée parce que je sais ça. Maintenant, depuis que tu as raconté, c'est un peu plus clair, je trouve. Et alors, au niveau de sa stimulation mentale, physique, sociale, c'est quoi ses besoins en matière de stimulation ?
- Speaker #1
C'est une bonne question. Le Chikoku, c'est un chien vraiment qui a besoin d'un équilibre. Alors, ce n'est pas un chien hyperactif, mais il ne supporte pas l'ennui. Il aime bouger, il aime observer, il aime réfléchir, mais tout ça à son rythme. Physiquement, il a une très bonne endurance. Il peut marcher, il peut courir très longtemps, il peut grimper, sauter, explorer. En fait, il a été sélectionné pour la chasse en montagne, donc il est naturellement... résistant, il aime faire ça. Clairement, une bonne balade d'une heure où il va beaucoup flairer, pister, il va adorer. Mentalement, il a besoin d'être stimulé en douceur. Il apprend très vite, mais il déteste refaire des choses. Les répétitions, il déteste. Il adore les jeux de flair, les petits exercices. C'est un chien qui aime comprendre, en fait, le monde qu'il y a autour de lui et pas juste exécuter des ordres. Socialement, il est assez sélectif. Ça, on n'en a pas trop parlé, mais avec les autres chiens, alors il peut très bien vivre avec, mais pas n'importe lesquels. Il n'aime pas les chiens trop envahissants, il n'aime pas les chiens mal polis, alors que lui-même est très harcelant. Contrairement au Shiba, c'est un chien, le Shikoku, qui est hyper harcelant avec ses congénères. Donc ça, c'est un point qui est important parce que si vous avez un petit chien à la maison ou un chat, il va falloir le protéger. Parce que le Shikoku, jusqu'à ses deux ans, il a une énergie débordante et il adore embêter les autres chiens. C'est chiant en vrai parce que c'est de la gestion. Ça se calme beaucoup avec l'âge, mais c'est un chien qui n'aime pas forcément qu'on l'embête, mais alors il aime beaucoup embêter les autres chiens. Il reste quand même, comme toutes les races japonaises, un chien sélectif. Ce n'est pas un chien qui aime vivre en meute, clairement pas. C'est un chien qui a sa bulle et du coup, ce n'est clairement pas un chien sociable au sens classique du terme. Après, il peut quand même avoir des copains chiens, heureusement, mais ce n'est pas un chien qui adore tous les chiens.
- Speaker #0
À l'inverse du Basséoun dernièrement, je pense à ça parce que c'est un des épisodes que j'ai sortis récemment, qui lui adore vivre avec d'autres chiens en communauté, vraiment à l'aise, c'est ce qu'il aime. Le Chikoku sera ok d'être le seul chien dans sa famille.
- Speaker #1
Oui. Tout à fait. Il n'y aura aucun souci à ce qu'il soit le seul chien. Des fois, c'est même mieux que d'être en duo avec un petit chien, par exemple. Ce sera compliqué au niveau des interactions, en tout cas au début. Ça, je préviens bien les propriétaires, tous ceux qui ont des petits chiens, il faut souvent séparer et faire beaucoup de gestion la première année. Ça, c'est important parce qu'on ne s'y attend pas forcément. Le chikoukou ne sait pas s'arrêter. Quand il joue, il attrape votre chien par la peau du cou. Il joue, mais il le secoue, il lui tire la patte, le chien hurle, lui, il est content. C'est vraiment important de le noter parce qu'il n'a pas vraiment de limite avec les autres chiens.
- Speaker #0
Mais s'il se tombe sur un gros chien,
- Speaker #1
ça se passe bien parce qu'il ne fait pas le poids. Il va essayer d'embêter le gros chien. Le gros chien, de toute manière, il ne peut pas non plus trop l'embêter. Et ça se passe très bien. Le mec a un petit chien, il le prend pour un jouet. Et moi, je le vois, vu que j'ai des Shiba et des Shikoku. Les Shiba, comme tu le sais très bien, c'est un chien qui aime bien être tranquille. Il a sa petite bulle. Le Shikoku, ce qu'il adore, c'est aller embêter le Shiba. Pourquoi ? Parce qu'il va grogner le Shiba. En plus, c'est trop drôle, ça va l'énerver. et le chicoucou adore énerver les autres chiens. Ça passe pas avec tous les chiens. Ça, faut faire attention. Et en plus, il voit une faiblesse aussi chez l'autre chien. Un chien qui est hyper gentil, un chien qui se laisse faire, alors là, il en profite. On peut faire la police au début et protéger l'autre chien. Le chikoku n'est pas méchant, mais il est harcelant. Ça, c'est vraiment important.
- Speaker #0
C'est bien de le dire, oui.
- Speaker #1
Avec les humains, j'en avais un petit peu parlé, il est très proche avec ceux qui le connaissent, mais avec les humains inconnus, il est quand même un petit peu méfiant. Donc pareil, il faut des bonnes approches. En gros, ce qu'il faut pour le chikoku, c'est des sorties régulières dans des environnements... variés. Si on fait que de la ville tous les jours, il va vite s'ennuyer. Et s'il s'ennuie, il va être chiant à la maison. Il peut détruire, il n'aura pas son besoin d'activité. Il lui faut de la liberté ou du moins de l'allonge pour avoir de l'espace, pour pouvoir explorer. C'est pas un chien qu'on balade en laisse courte au pied. Ça ne va pas. Il va s'ennuyer très vite. Il faut quand même du calme à la maison et il faut quand même un humain assez présent. On peut quand même travailler en ayant un Shikoku, mais il faut que quand on est à la maison, qu'on puisse aller le promener, qu'il puisse faire des bonnes sorties. Il y a des races, c'est vrai qu'ils se contentent d'une demi-heure par jour et ils sont très très bien à la maison. Le Shikoku, s'il n'a pas son heure, son heure et demie de balade par jour, vous risquez d'avoir des problèmes de comportement par la suite. Moi, pour élever les deux races, j'ai des adoptants des deux races. Donc j'ai des gens qui ont un Shiba qui m'ont pris un Shikoku. Et en fait, ils voient énormément la différence. J'ai une adoptante qui a un Shiba. et du coup qui m'a pris une Shikoku maintenant qu'il a 2 ans, quand elle part en randonnée, elle ne prend plus son Shiba par exemple. Son Shiba, ça l'embête, vraiment ça l'embête. C'est-à-dire qu'au bout d'une demi-heure, lui il veut faire demi-tour, il préfère être sur le canapé. Sa Shikoku, elle peut partir 2-3 heures en balade, il n'y a pas de souci. Le Shikoku, en fait, je pense qu'à partir du moment où on fait quelque chose avec lui, où on partage quelque chose, en fait il est content. C'est des chiens qui peuvent être bien aussi en agility, en petit stage. Après, en agility, ça reste un chien qui a son libre arbitre. Donc s'il n'a pas envie, ça peut vite aussi l'embêter. Donc il faut voir s'il aime ça, si c'est quelque chose qui lui plaît. Mais en tout cas, il sera beaucoup plus volontaire à faire quelque chose avec son humain plutôt qu'un chiba, si on veut comparer.
- Speaker #0
Et c'est un chien qui est adapté à la vie de famille ou il va préférer peut-être une famille sans enfants ? Quand je pense à la vie de famille, je pense avec enfants ou des gens qui aiment beaucoup recevoir ou plutôt des personnes seules, isolées. L'autre question, c'est, il est plus adapté en milieu urbain ou rural ?
- Speaker #1
J'ai envie de répondre « ça dépend » , tu sais bien. Mais en fait, oui, ça dépend de la famille, du mode de vie. Ce n'est pas un chien de famille, à proprement parler. C'est-à-dire que ce n'est pas un chien qui est hyper tolérant, comme peut l'être certains chiens nounous avec les enfants et tout. Mais il peut très bien s'épanouir en famille, si les besoins sont respectés, et surtout si les enfants sont calmes, sont encadrés, sont respectueux, et qu'on lui laisse son espace. Il n'aime pas les gestes brusques, il n'aime pas les interactions forcées. Si on essaye de lui faire 3-4 câlins, il ne va rien dire, mais à un moment, il va en avoir marre. Donc il est tolérant jusqu'à une certaine limite. Si on est respectueux, il cohabite très très bien avec des enfants. Il peut très bien vivre aussi en milieu urbain, en ville, en centre-ville, mais il faut que derrière, on compense avec de bonnes balades aussi dans d'autres milieux. Donc en forêt, des jeux avec d'autres chiens ou pas, mais en tout cas, des grandes balades le week-end. Si jamais... on est dans une famille qui aime beaucoup recevoir. Alors, je dirais que le chikoku, c'est pas le plus adapté, puisqu'il y a quand même ce côté où il a besoin d'analyser les nouvelles visites et tout. Alors après, s'ils reçoivent toujours les mêmes personnes, ça pose pas de problème, puisqu'une fois qu'il accepte des personnes, en fait, dès qu'il les revoit, il y a aucun souci. Mais si c'est par exemple la gardienne d'immeuble, qu'il y a des gens tous les jours pour venir chercher des choses, c'est compliqué. Parce que du coup, le chien, il sera pas bien à l'aise, parce qu'il aura pas le temps d'analyser chaque personne. Donc ça dépend aussi de la famille. et il faut aussi des bonnes approches. Ça, ça va être important.
- Speaker #0
C'est intéressant quand tu donnes l'exemple de la gardienne. Parce qu'en fonction, en effet, du mode de vie, si tu es une personne libérale dans un cabinet et que tu veux un chien, parce que tu dis « il sera heureux, il sera tout le temps avec moi » , le chikoku, en fait, il n'est pas adapté. Avec ces personnes qui rentrent, qui sortent, qui rentrent, qui sortent.
- Speaker #1
Alors, il n'est pas adapté, oui et non. Oui, sur le principe. Maintenant, si le petit chiot voit ça depuis bébé, c'est quelque chose qui va lui paraître normal que des gens rentrent et sortent. Donc je pense qu'à partir du moment où il n'y a pas d'interaction avec lui, c'est-à-dire que ce ne sont pas des gens qui rentrent et sortent et qui le caressent à chaque fois, ça ne pose pas vraiment de problème. À partir du moment où le chien a son espace, en fait. Il a le temps d'analyser, il peut le voir à distance, il y a son humain qui autorise cette personne à rentrer en plus. Donc il peut être adapté, mais il faut quand même que ce soit son milieu depuis bébé, qu'il ait grandi comme ça et qu'il y ait aussi un respect de sa bulle, en fait. Que ce ne soit pas un chien qu'on caresse, il est mignon, tiens, hop, et puis je repars. Donc je pense que... c'est faisable, ce n'est pas les conditions idéales, mais que le chien peut quand même s'adapter.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que ce n'est pas les conditions idéales, on dirigerait les personnes vers d'autres races. Est-ce qu'il y a des erreurs qui sont fréquemment commises par des adoptants mal informés ?
- Speaker #1
Alors oui, et c'est souvent parce que le chikoku est encore peu connu, donc les gens se font un peu des fausses idées sur la race. La première erreur, ça on en a un petit peu discuté, mais c'est de penser que c'est juste un grand chiba et de le traiter comme tel, parce que du coup tous ses besoins ne vont pas être assouvis, et dans le comportement on a vu c'était assez différent. La deuxième erreur, c'est surtout de vouloir le dresser comme un chien de travail. C'est-à-dire que le chikoku, il n'obéit pas aveuglément. Il comprend très vite, mais il faut que ça ait du sens pour lui. Si on insiste ou si on le force, il va juste décrocher. La relation peut se briser. Les problèmes de comportement, du coup, peuvent arriver. Donc, il faut construire vraiment une relation de confiance, pas un rapport de force. Donc ça, c'est important parce qu'en plus, le chikoku, il peut répondre. C'est-à-dire que c'est un chien qui a du caractère. Si on construit un rapport de force avec lui, il va vous dire stop un jour. et ça peut être dangereux. Il va emmagasiner, emmagasiner, puis un jour, il va vous grogner et puis ça peut aller plus loin. Donc, il faut vraiment baser sa relation sur la confiance avec lui. Ce n'est pas du tout un chien... Alors, j'ai envie de dire, aucun chien ne doit être traité ainsi. Mais on a des chiens où ils se prennent un coup de poing, ils reviennent en mode, mais je t'aime toujours. Je suis désolée d'avoir fait ça et que, voilà, le chicoucou, on lui fait ça, mais alors il nous en veut à vie. Sa descendance nous en veut, mais vraiment. Et comme le chiba, ils s'en souviennent, très rancuniers. Et surtout, la prochaine fois, il répondra. Donc, il ne va pas juste partir. Donc, on a des chikokus qui ont mordu dans des familles. Il y a une cause. Le chien, il ne réagit pas comme ça sans raison. Il y en a beaucoup aussi qui sous-estiment l'importance de la bonne socialisation. Donc, on pense que comme on a un chikoku qui est plutôt sensible, qu'est-ce qu'on va faire ? On va l'emmener partout. On va le faire voir plein de gens, se faire toucher par plein de gens. Comme ça, il aimera tout le monde. Et en fait, les gens ont tendance à vouloir trop en faire, trop vite. et forcer des contacts en se disant que s'il est caressé, il va voir que c'est cool les humains et du coup il va aimer tout le monde. Mais non, c'est comme si un humain timide, vous le mettez dans la rue, vous dites à tout le monde de venir lui faire la bise. Non, ça ne va pas marcher comme ça, il ne va pas devenir moins timide. Au contraire, il ne va même plus vouloir sortir parce que ça va lui faire peur, tout le monde va venir l'embrasser. Alors que si jamais on va dans la rue et qu'il y a quelqu'un qui vous donne un billet de 10, À chaque fois qu'ils vous croisent, bizarrement, vous aurez peut-être envie de sortir un petit peu plus souvent. Donc en fait, avec le shikoku, il faut qu'il voit des gens, il faut qu'il y ait des interactions, mais que ce soit dans son respect, le respect de son temps d'adaptation, le respect de sa bulle. C'est génial qu'il voit plein d'humains et tout, mais comme je dis aux personnes, laissez le shikoku, s'il ne veut pas se faire caresser, les gens ne le caressent pas. Laissez-le approcher, d'accord ? Et ça, c'est vraiment important parce que dans toutes les races comme ça, un peu primitives, les gens ont tendance à vouloir forcer le contact. Forcé, c'est un gros gros problème dans nos races. En se disant plus il va y avoir d'interactions, plus il sera socialisé, ça paraît logique. Et en fait vous avez l'effet inverse, vous avez des chiens qui deviennent méfiants, qui deviennent réactifs même, parce que la seule façon de se dégager de toute cette situation c'est finalement de grogner ou de mordre après. Donc moi je dis bien aux gens de respecter ça. Si votre chien il a besoin d'analyser, il a besoin d'espace, et bien on ne le regarde pas, on dit aux gens de ne pas s'en occuper, on dit aux gens de de continuer son chemin. Et en fait, le chien va voir... que les gens ne s'intéressent pas à lui et que le monde n'est peut-être pas si dangereux que ça.
- Speaker #0
Il y a ces petites étiquettes qui sont super intéressantes aussi, qu'on peut accrocher au harnais en disant ne pas toucher, ou on peut se dire à la base c'est pour des cas extrêmes, mais au contraire non, je trouve ça pas mal aussi pour éviter que les gens viennent mettre la main directement ou force de contact. C'est des petites astuces, en tout cas des choses qui existent qu'on peut accrocher au harnais.
- Speaker #1
Oui, et je pense que c'est bien. Alors moi je suis quelqu'un de très social, j'aime que mes chiens le soient aussi. mais dans le respect du chien, et ça c'est important, c'est-à-dire que si votre petit chiot, il veut aller voir les gens, c'est génial, on le laisse faire surtout, on ne l'empêche pas, mais s'il ne veut pas, il faut le respecter, donc ces petites étiquettes, comme tu me dis, elles sont bien, après il faut que les gens les lisent, ça c'est encore autre chose, mais oui, en fait, ne pas forcer le contact, c'est vraiment des erreurs que je vois le plus, vraiment des chiens qui partent plutôt bien et qui en fait deviennent assez, pas dire peureux, mais méfiants en tout cas, voire réactifs, et parce qu'ils ont été trop submergés d'informations et trop manipulés.
- Speaker #0
Et pourtant, toi, les personnes qui adoptent chez toi, tu leur dis ce genre de choses par rapport à la race. Est-ce que tu as l'impression que finalement, les gens t'écoutent ?
- Speaker #1
En vrai, oui, la majorité des gens écoutent quand même. Mais je pense qu'après, les gens ont aussi une fausse image, pas une fausse image, mais une mauvaise image du chien. Et on s'imagine comme quand on était petit, quand on voulait un chien, c'était le chien qui irait voir tout le monde. Le chien, il est toujours content et c'est génial. Et en fait, non, tous les chiens ne sont pas comme ça. Il faut les accepter. Chaque chien a sa nature. D'ailleurs, tu fais... des podcasts sur toutes les races et tu vois ces différences et on ne peut pas les changer. Et donc ça, je pense qu'une fois que les gens ont accepté que leur chien était comme ça, la vie est beaucoup plus facile.
- Speaker #0
En tout cas, tu leur dis aux adoptants avant ? Oui,
- Speaker #1
tout le temps.
- Speaker #0
Tu les prépares.
- Speaker #1
C'est ça. Il y a plein de choses que je leur dis, dont ça de ne pas forcer aussi les gens qui veulent absolument faire des câlins tout le temps. Non, ça peut rendre son chien réactif en fait sur le long terme. Il y a plein de choses à respecter, en fait, respecter son chien, tout simplement.
- Speaker #0
Il y avait d'autres erreurs ou pas ?
- Speaker #1
Il y a une dernière erreur. certains adoptants peuvent confondre aussi indépendance et autonomie. C'est-à-dire que le chicou-cou, c'est un chien qui est indépendant dans sa façon de penser, mais ça ne veut pas dire qu'il sait se gérer tout seul. Ça ne veut pas dire qu'il ne lui faut pas de cadre. Quand je dis que c'est un chien indépendant qui réfléchit, ça ne veut pas dire qu'il fait ce qu'il veut dans la vie. Non, la vie est faite de cadre, même pour nous, et c'est important d'en mettre à son chien, d'avoir des repères, d'être présent et d'être cohérent. Parce que sinon, pareil, on va avoir un chien qui réfléchit par lui-même, mais qui prend des mauvaises décisions. Donc c'est important d'être toujours là pour guider son chien. Donc ça, pareil, je l'explique bien aux familles. On guide son chien jusqu'au bout pour ne pas avoir de mauvais comportements.
- Speaker #0
Télèves des Shiba et des Shikoku, est-ce que tu peux nous dire vraiment les principales différences entre les deux races ? Et je te demande ça parce que j'imagine qu'il y a plein de personnes qui adorent les races japonaises qui nous écoutent. Moi, je trouve ça bien d'avoir un comparatif, si tu peux nous dire ça.
- Speaker #1
Oui, je vais le dire assez rapidement parce qu'on en a un petit peu discuté. Le Shiba, c'est un chien qui est plus calme. qui a moins d'énergie. Je dirais qu'il est plus facile en groupe de chiens, il est plus facile dans la communication avec les autres chiens. Le Shiba est plus indépendant avec son maître, moins en lien avec ses humains. On va dire que le Shikoku s'appuie beaucoup plus sur sa famille, sur ses humains, il a besoin d'avoir toujours un œil dessus. Là où le Shiba, bon, il fait sa vie de son côté. Le Shikoku, je dirais qu'il est plus primitif, plus méfiant avec les humains au premier abord, mais paradoxalement il s'adapte plus vite. C'est-à-dire qu'un Shiba peureux, c'est une galère pas possible. Parce que quand il a peur, alors là, vous ne pouvez même pas le sortir de cette bulle de peur, en fait. Même si vous êtes ses humains, si vous l'aidez, il a peur, il a peur. Alors que le Shikoku, quand il a peur, vous le rassurez et tout, et bien il sort de cette peur, en fait. Il dit, bon, si toi tu es là et que tu me rassures, on va passer ça. On va le faire ensemble, on va réussir. Et en fait, le Shikoku, il arrive à passer outre cette peur en quelques minutes et à s'adapter parce qu'il nous fait confiance. Alors que le Shiba, il est plus indépendant et du coup, il dit, ah, j'ai peur. Non, mais même si tu es là, j'ai peur, dans tous les cas. Ça, c'est une grosse différence. Et je le vois, moi, par exemple, ce trait. Quand je vais en exposition canine, c'est des gros événements, il y a des choses qui font peur, il y a plein de bruits de métal, des chiens qui aboient. Si j'amène un chiba qui est un peu peureux, je ne peux rien en faire. Il n'avancera pas. Il restera assis, planté là, j'aurais beau lui sortir toutes les friandises du monde, il n'est pas à l'aise, il n'est pas à l'aise. Le chikoku qui n'est pas à l'aise, je l'emmène là-bas, au bout de 5-10 minutes, tu me dis, ok, c'est bon, j'ai tout analysé, j'ai eu peur au début, mais là, toi, t'es là, on fait ce que tu veux ensemble. Mais parce que je suis là.
- Speaker #0
Ouais, c'est ce lien. Oui. La dernière chose qui est un petit peu différente, le chikoku, il est plus volontaire. Il aime apprendre des choses et surtout, il aime les faire avec toi. C'est ce que je disais, j'ai une de mes chiennes qui adore sauter. J'en ai pris une autre à faire des bisous. Parce que le chikoku voit que ça me fait plaisir, ils vont me le faire, même si des fois, clairement, je les embête à le demander. Ils vont me regarder, ils vont me dire « Ok, je le fais une fois, ça te fait plaisir, je le fais. » Alors que c'est vrai que le Shiba, il va regarder plutôt le pot de friandises en mode « Bon, qu'est-ce que t'as en échange de ce que je vais faire ? » Alors que le Shikoku, ça l'a fait rire aussi, de nous avoir fait rire. Et du coup, il est quand même content d'avoir cette relation avec nous.
- Speaker #1
Le Shiba, un peu comme le chat, finalement. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Le Shiba est un peu plus chat. Le Chikoku, il l'est sur certains points, mais il a quand même un lien très fort avec ses humains.
- Speaker #1
Je pense que c'est très clair. passer à la santé. Même si j'espère qu'on va pas passer trop de temps dessus parce que je pense que c'est un chien qui est rustique. Mais voyons voir quelles sont les principales préoccupations de santé dans la race.
- Speaker #0
Oui, comme tu viens de le dire, le chikoku est plutôt rustique. Mais, il y a un mais. Ce qu'on me disait au début, c'est qu'il a une base génétique assez réduite. Et du coup, il y a quand même quelques maladies qui sont connues dans la race. Donc je vais en citer quelques-unes. On peut quand même aussi parler de la longévité. On est entre 13-14 ans. Donc c'est quand même une bonne longévité. En France, le club de race réconise de faire juste la dysplasie des hanches. À une certaine époque, 10 ans en arrière, beaucoup de chicocos étaient dysplasiques. Mais quand le chien fait 15 kilos, ça a très peu d'impact sur le chien. Le club de race demande toujours de vérifier les hanches. C'est une bonne chose, donc on le fait. Mais on retrouve de moins en moins de chicocos dysplasiques. Donc en tout cas, dans les maladies, on retrouvera la dysplasie de la hanche, même si elle a peu d'impact. On a une autre maladie. On appelait ça la... panostéite au début. C'est une boiterie de croissance qui apparaît chez les chiens en général entre 5 et 8 mois, mais le problème chez le chikoku, c'est qu'elle peut le durer toute la vie du chien. En fait, normalement, la panostéite a la particularité de partir à la fin de la croissance du chien, et en fait, on s'est rendu compte que sur le chikoku, ça revient par intervalles réguliers. Tous les 3-4 mois, le chien, un jour, se met à boiter, et puis 2-3 jours après, on n'a rien fait, il ne peut plus se lever. Et là, ça devient grave. Donc les anti-inflammatoires le font passer, et puis 3-4 mois après, ça reprend toute la vie du chien. C'est assez handicapant parce que quand on ne fait rien, le chien a vraiment mal. Les dernières recherches ont montré que ça ne serait pas une panostéite, que ça serait plutôt une polyarthrite à médiation auto-immune. Le chien se ferait ça tout seul, une inflammation au niveau des os. On a une autre maladie génétique qui est très grave, qui est rare encore, mais il y a quelques cas malheureusement. Elle s'appelle la maladie de stockage lysosomale. C'est une maladie qui apparaît pendant la croissance du chien, qui commence à ses 6-7 mois. avec une ataxie, donc un chien qui a des mouvements désordonnés, et puis une atteinte petit à petit du cerveau, et un chien qui meurt à 3-4 ans.
- Speaker #1
Alors ça, ça fait peur. Donc on se demande là, des personnes qui veulent prendre un chikoku, est-ce qu'on peut éviter ces maladies ? Comment s'assurer, en gros, qu'on prenne un chiot qui ne va pas développer ces maladies ?
- Speaker #0
On n'a aucune assurance. Malheureusement, je ne... ne peut pas te vendre du rêve. En fait, toutes les maladies que je vais te citer, parce qu'il y a aussi l'épilepsie dans la race et il y a d'autres maladies auto-immunes qui sont, j'irais un peu moins graves, mais elles sont liées quand même à la fertilité. Donc on a des chiens stériles à cause de ça, des choses comme ça. On a des réactions aux médicaments aussi, aux vaccins, mais tout ça, c'est lié à des maladies encore auto-immunes. Malheureusement, on n'a aucun test qui existe, mais il y a des recherches qui sont en cours. Donc ça, c'est important, c'est qu'on espère sur le long terme pouvoir les tester. même qu'un jour ils trouvent pour l'épilepsie, tout ça, on est encore en phase de recherche. Mais voilà, quand on achète un chiot-chicou-cou, on n'a pas d'assurance sur tout ça. Alors ça reste des maladies très très rares, mais il faut être conscient qu'elles sont là. On a beaucoup plus de maladies que chez le chiba, par exemple.
- Speaker #1
Le chiba, enfin le marécaud, est sensible de la peau. Est-ce qu'ils vont avoir cette sensibilité ? Alors je ne dis pas que tous les Ausha ont des problèmes allergiques, et sûrement que, comme on en parlait d'ailleurs ensemble je crois d'un fois, et qu'on se disait peut-être que c'est tous les chiens qui sont de plus en plus allergiques, quoi qu'il arrive. mais est-ce qu'ils vont être plus sensibles à quelque chose ?
- Speaker #0
Alors, par rapport au Shiba, moi je les trouve beaucoup moins allergiques. J'ai pour le moment pas trop eu de soucis d'allergie sur des bébés Shikoku ou des Shikoku que j'ai vendus en famille ou sur les miens. Donc c'est dur de dire, mais je pense, comme ce que tu disais, que les allergies sont dans toutes les races, dans tous les cas. Mais c'est vrai que j'ai plus de cas d'allergie aux pollens, d'allergie environnementale chez le Shiba que chez le Shikoku. Certains parlent aussi d'allergie alimentaire chez le Shikoku. Moi, je n'en ai pas eu. Donc voilà, il y a sûrement quelques allergies comme dans toutes les races. C'est vrai que ça ne fait pas partie des choses préoccupantes pour moi. Ok,
- Speaker #1
très clair. On va passer à tout ce qui est préservation et génétique. Je sais que c'est un sujet qui t'intéresse tout particulièrement. Et en plus pour le chikoukou. On sait que c'est une race qui est très peu connue en France, qui est confidentielle comme tu l'as dit. Mais au-delà de ça, tu m'as dit qu'elle était aujourd'hui considérée comme en voie d'extinction. Alors, qu'est-ce qui explique cette situation ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, on peut clairement dire que le chikoukou est une race en danger. pas juste rares, pas juste confidentielles, mais réellement menacées sur le plan génétique et du coup démographique. Pour te donner un ordre d'idées, on peut parler du nombre d'individus qui sont encore en vie et qui sont nés, ça va donner vraiment une grosse idée de tout ça. En 2024, donc là l'année dernière, on a eu moins de 110 naissances au Japon. Dans son pays d'origine, c'est rien du tout. Il y en a 10 fois moins qu'il y a 10 ans. Il faut savoir qu'il y en a eu 45 en France. Et surtout, pour donner vraiment un ordre comparatif, en 2024, il y a eu 110 naissances de Shikoku au Japon, il y en a eu 15 000 de Shiba. Donc c'est énorme la différence. Le NIPO, l'Association de Préservation de la Race, ils ont essayé d'estimer à peu près le nombre de Shikoku vivant actuellement sur l'île. Ils estiment ce nombre à 4 000 Shikoku. Ils l'estiment à peu près à 2 000 en dehors du Japon, donc en Europe, aux Etats-Unis, etc. Donc on serait à peu près à 6 000 individus vivant dans le monde entier. au niveau du Shikoku.
- Speaker #1
Je ne me rends pas compte.
- Speaker #0
Pour donner un ordre d'idée, il naît quasiment 4000 Ausha par an en France. En France, juste. Donc là, il y a 6000 Shikokus vivant dans le monde entier. Donc c'est rien du tout. Ok. Donc on a plusieurs choses qui expliquent cette situation. D'abord, c'est une race très ancienne. Elle n'a jamais été populaire, en fait. C'est une race élevée pour la chasse au Japon. Et ce n'est pas une race élevée pour la compagnie là-bas. Alors nous, on la trouve super belle. On la veut en chien de compagnie. Au Japon, ce n'est pas du tout ça. c'est un chien de chasse là-bas. Les familles ne recherchent pas. pas cette race. Ensuite, elle a subi de lourdes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale, comme on a vu. Beaucoup de chiens, beaucoup de lignées ont disparu. En fait, la reconstruction de la race s'est fait sur un tout petit nombre de reproducteurs, qui a fortement réduit la diversité génétique. Et en plus, aujourd'hui, on a une très grosse difficulté, c'est le manque de relève d'éleveurs au Japon. C'est-à-dire qu'au Japon, l'élevage décline. Les jeunes générations, ils ne s'intéressent pas du tout au Shikoku. Ils préfèrent les races plus exotiques, plus européennes. Clairement, là-bas, c'est le Tekel qui a la cote. C'est pas le Shikoku. Et du coup, les mariages se font entre chiens de plus en plus proches parce qu'il n'y a plus d'individus. En fait, les derniers éleveurs japonais, ils sont âgés. Pour te donner un ordre d'idée, j'ai importé 5 chiens du Japon. Sur les 5, j'ai 3 éleveurs qui sont morts. C'est-à-dire que je les ai eus, ces chiens, parce que les éleveurs sont morts et que les chiens étaient à replacer. Et ça n'arrête pas. Au Japon, en fait, les éleveurs de Shikoku, la moyenne d'âge, c'est 85 ans là-bas.
- Speaker #1
Tu t'es rendu dans un élevage où quand tu es allé au Japon, c'était à l'aéroport que tu récupérais.
- Speaker #0
Je ne me suis jamais rendue dans un élevage. Par contre, je suis rendue dans plusieurs expositions canines. Mais il est assez difficile de visiter les élevages. Mais ça, c'est plus la barrière de la langue qui est compliquée.
- Speaker #1
L'intimité.
- Speaker #0
C'est ça, déjà. Et puis vraiment, la barrière de la langue, c'est compliqué. Les éleveurs, ce que je te disais, ils ont 80, 85 ans. Du coup,
- Speaker #1
c'est qui tes intermédiaires ?
- Speaker #0
Au fil des années, donc ça fait quand même plus de 10 ans que j'élève, j'ai eu beaucoup de contacts au Japon. Ce qui me permet aussi maintenant d'importer des chiens qui sont assez intéressants au niveau de la diversité génétique. J'ai des personnes... au Japon qui m'aident, qui vont contacter les éleveurs, parce que ces éleveurs ne parlent pas anglais, donc ils parlent que japonais. Ces éleveurs n'ont même pas d'appareil photo, pour te dire. C'est-à-dire que quand tu demandes une photo du chiot, c'est une autre personne qui doit se déplacer pour aller te faire la photo, parce que ces gens n'ont pas d'appareil photo. Ce qui est assez fou dans un pays... aussi développé que le Japon, où on se dit que c'est un pays à fond sur la technologie. Mais en fait, ces vieux éleveurs n'ont pas tout ça. Ils vivent avec leurs chiens et ça ne les intéresse pas tout ça. Et donc, c'est assez dur d'avoir des informations, même au niveau santé, au niveau pédigré. C'est hyper compliqué. Et surtout, une fois que ces éleveurs arrêtent d'élever ou disparaissent, ces chiens sont replacés dans des familles et puis c'est fini en fait.
- Speaker #1
Et donc, tu disais au niveau de la santé, justement, est-ce qu'ils font des tests de santé comme nous ? Non.
- Speaker #0
Ils ne font aucun test de santé.
- Speaker #1
Donc toi, tu découvres quand ils arrivent et tu as déjà eu des mauvaises surprises ?
- Speaker #0
Tout à fait. Ça, c'est une bonne question. Effectivement, quand on importe du Japon, toutes les races japonaises, il n'y a pas de test de santé fait là-bas. Parce que pour un Japonais, c'est très simple. Un chien qui est en bonne santé, ça se voit. Il marche, il court. Pourquoi il irait mal en fait ? Pourquoi j'ai besoin de faire une radio de dysplasie des hanches ? Pour eux, un chien fonctionnel, c'est un chien qui est en bonne santé. À chaque fois qu'on achète un chien au Japon, on a cette surprise, bonne ou mauvaise, de découvrir ce qu'il y a derrière. Donc c'est hyper compliqué. Et en plus, c'est très confidentiel au Japon, tout ça. C'est-à-dire que je ne peux pas vraiment creuser en lui disant « Est-ce que vous avez déjà eu des problèmes de santé ? » Parce que ça voudrait dire que je suppose que potentiellement, il a des problèmes de santé qui fait reproduire des chiens malades. Et en fait, il le prendrait très très mal, l'éleveur. Et là, je perdrais son respect et du coup, je ne pourrais plus importer. Donc c'est très délicat.
- Speaker #1
Et après, il y a cette sorte de dysplasie de la hanche, mais c'est plutôt des maladies auto-immunes. Donc ça, il ne peut pas forcément le voir. Donc là, tu as aussi la surprise et la fertilité. J'ai quand même l'impression que tu as eu 2-3 cas de problèmes de fertilité.
- Speaker #0
Tout à fait. J'ai importé deux mâles du Japon. Un qui a eu une maladie auto-immune liée à la fertilité. Je l'ai fait voir par un spécialiste en reproduction à Toulouse. Et en fait, il n'avait presque jamais vu ça. Un chien de 14 mois qui a une maladie auto-immune et qui fait une inflammation chronique de son système reproducteur. Il est devenu stérile, complètement. Et on n'a jamais pu rattraper ça. Donc on a fait plusieurs essais avec de la cortisone pour arrêter en fait cette inflammation chronique. Ça n'a pas fonctionné. Et en fait, en parlant avec plusieurs éleveurs, je me suis rendu compte que c'était quelque chose d'assez fréquent dans la race. Quand même, c'est plus d'une dizaine de chiens mâles qui sont connus pour faire ça. C'est-à-dire que c'était des chiens fertiles et à 2-3 ans, c'est fini. Et on se rend compte qu'ils ont la même chose. Donc il y a des maladies comme ça. J'en ai eu un deuxième, je l'ai eu adulte. Bon, adulte, il n'avait que un an. Il avait zéro production. pareil de spermatozoïdes et on ne sait pas pourquoi. Donc on suppose qu'il a fait une inflammation peut-être plus jeune et qu'il a complètement arrêté ça.
- Speaker #1
C'est important de le dire parce que c'est vrai que toi tu vas te déplacer parfois pour aller récupérer ses chiens donc il y a le coût du déplacement, le coût du chien, sans derrière avoir aucune assurance.
- Speaker #0
Ah oui, beaucoup de perte d'argent, clairement.
- Speaker #1
C'est important de le dire.
- Speaker #0
Oui parce qu'en plus il n'y a pas de garantie. Si les gens se demandent quand on achète un chien au Japon, il n'y a pas de contrat. On achète le chien et puis après, si la santé n'est pas bonne, s'il ne peut pas reproduire ou si ses tests ne sont pas bons, l'éleveur ne va pas nous redonner un autre chien.
- Speaker #1
Sauf s'il est plutôt honnête, ça t'est déjà arrivé ?
- Speaker #0
Ça m'est arrivé une fois, oui, que l'éleveuse de mon mâle, Chikoku, alors elle, c'est une jeune éleveuse qui a commencé depuis trois ans, donc elle n'est pas du tout dans la même mentalité que les autres éleveurs. Elle a une mentalité plus moderne et elle, elle m'a offert la sœur du mâle qui était stérile. C'est la première fois que j'ai ça. Moi, je ne lui en demandais même pas tant. Je l'avais prévenu qu'il y avait ça, mais pour qu'elle le sache, pas du tout pour demander quelque chose. Et en fait, elle m'a dit, voilà, après sa reproduction, je t'offre sa sœur pour que tu puisses travailler ce pédigré, qui est un pédigré très rare aussi. J'avais acheté ce chien parce qu'il pouvait apporter quelque chose en Europe. en fait. Donc j'étais hyper déçue. Et là, du coup, maintenant, j'ai sa sœur. Donc c'est assez rare.
- Speaker #1
Justement, on en vient à ça. Tu as porté du Japon pour avoir une diversité génétique. Et donc, on en parlait que la situation était compliquée, donc en voie d'extinction. Alors face à ce constat, est-ce qu'il existe des programmes qui permettent de préserver quand même la diversité génétique, vu le peu d'individus qu'on a dans la race ?
- Speaker #0
Ça existe. Alors quand on parle de diversité génétique, beaucoup de gens pensent à quoi ? à la consanguinité. Alors oui, c'est important d'éviter de reproduire des chiens trop consanguins, mais c'est pas ça, en fait, la diversité génétique. Il y a deux labos aux Etats-Unis, donc il y a... Embark, je crois que tu avais déjà entendu parler de ça peut-être sur d'autres épisodes, et il y a l'université Davis, qui se concentre vraiment sur plein de tests, alors sur tous les animaux, mais dont les races de chiens rares. Chez Embark, donc il y a beaucoup de chikokus qui sont testés là-bas, et Embark permet de tester le pourcentage d'allèles homozygotes dans le génome, donc pareil, un peu la consanguinité, mais réelle, sur l'ADN du chien. En chikoku, on est autour de 35% en moyenne dans la race, chez Embark. Ça, c'est sur le papier, mais qu'est-ce qu'on fait de tout ça ? Et l'université Davis a fait un super programme. C'est-à-dire que c'est bien beau de savoir que son chien est consanguin à 35%, mais qu'est-ce que ça nous apporte ? Et cette université a fait une recherche sur le chikoku. Elle a démarré en 2018. Et ce qu'elle fait, c'est qu'elle analyse la diversité génétique du chien par rapport aux autres individus de sa race. C'est-à-dire que j'ai un exemple assez concret. C'est qu'il y a un chien qui a été testé chez Hombark à 40% de consanguinité. Et l'université Davis, qu'est-ce qu'ils regardent ? Il regarde est-ce que l'ADN de ce chien est différent de l'ADN des autres chikokus. Il ne regarde pas la consanguinité du chien en lui-même. Il regarde est-ce qu'il est pareil ou différent. Et ce chien qui a 40% de consanguinité dans son génome, il s'avère que c'est un chien qui est très différent des 200 chikokus qui ont été testés. C'est-à-dire que ce chien qui est très consanguin, en fait, il est très différent de tous les chikokus. Et il peut apporter quelque chose à la race. Donc c'est vraiment pour ça que cette étude est intéressante. C'est qu'elle a permis de mettre en lumière, en fait, qu'il y a des chiens... Ou sur le papier, on se dit « Ah, ils sont très consanguins, ils sont peut-être pas intéressants parce que toute sa génétique se ressemble. » Mais en fait, par rapport à tout le pool génétique, il peut apporter des nouvelles choses. Et cette université, elle met l'accent aussi sur toute la zone du système immunitaire. Pourquoi le chien déclare des maladies auto-immunes, comme on en a plusieurs dans la race ? C'est parce que son propre corps reconnaît mal les mauvaises cellules et en fait s'attaque. Et donc, il y a un problème sur la zone du système immunitaire. et c'est intéressant parce que Avec tous les shikokus qui ont été testés, ils ont vu qu'il y avait une quinzaine de gènes. Ce n'est pas des gènes, ça s'appelle des haplotypes. C'est un bloc de plusieurs gènes. Il y a 82% des shikokus qui ont le même. C'est-à-dire qu'on n'est qu'à 18% de shikokus qui ont un système immunitaire différent, en tout cas qui peut apporter de la diversité. Et donc, en fait, si on se retrouve avec des Shikoku qui ont tous le même système immunitaire, en tout cas les mêmes haplotypes qui codent le système immunitaire, si un jour il y a un problème sur cet haplotype, ou s'il reconnaît mal quelque chose, un virus, un vaccin et tout, en fait, tous les Shikoku vont avoir ce même problème. Et c'est là que l'étude est intéressante. Donc là, pour comparer avec les autres races, parce que du coup, l'université a aussi testé le Shiba, le Golden, le Kanish, par exemple, le Shikoku, il a trois fois moins... d'aplotypes, de gènes qui codent sur le système immunitaire que le Shiba. 5 fois moins que le Golden, 6 fois moins que le Caniche. Donc en fait, on a vraiment très peu de gènes qui codent sur le système immunitaire. Donc ça, c'est pas très grave à la base. Mais ce qui est embêtant, en fait, c'est qu'on a des maladies auto-immunes dans la race. On a des réactions aussi aux vaccins. Ça, j'en avais parlé sur la santé au niveau de la race. Il faut savoir que moi, j'ai perdu une nom. La famille a perdu un chiot de 3 mois. d'une réaction au vaccin. En fait, il a fait une réaction auto-immune. Même le labo, il y avait une chance sur 600 000 pour que ça arrive. Le petit chiot de 3 mois était vacciné dans sa famille. Il est mort 2 heures après du vaccin. Horrible. Le vétérinaire, il exerce depuis 40 ans. Il n'a jamais vu ça. Et on se retrouve avec des réactions comme ça dans la race. Moi, j'ai eu un import du Japon. Pareil, je l'ai fait vacciner là en janvier. Il avait 4 mois. Il a fait une réaction. Il est tombé raide 2 minutes après l'injection du vaccin. Alors... heureusement j'étais encore chez le vétérinaire il a été tout de suite pris en charge hospitalisé je ne l'ai pas refait vacciner depuis j'avoue que j'ai un petit peu peur mais tout ça grâce au test ADN peut-être qu'il faudra réfléchir sur le futur pour diversifier ces zones du système immunitaire pour peut-être avoir des chiens avec des haplotypes plus différents ça permet d'avoir des blocs de gènes différents et qui peut-être permettront de mieux cibler les mauvaises cellules parce que là quand il n'y en a qu'un qui n'est pas différent Bah si il dit que c'est une mauvaise cellule, personne peut le contredire notre système. Alors que s'il y en a plusieurs, ils vont dire « Non, non, non, tu t'es trompé, là c'est une bonne cellule. » Et en fait, c'est ça qui est important dans la diversité du système immunitaire. Donc là, je l'ai vraiment vulgarisé, parce que je veux que ça parle quand même à tout le monde, mais je pense vraiment que sur le long terme, c'est quelque chose qui peut être important. Il faut savoir que l'université de Davis, elle a déjà 200 chikokus testés. Alors ça paraît peut-être peu quand on le dit comme ça, mais c'est beaucoup sur une race rare.
- Speaker #1
Tu peux envoyer des choses,
- Speaker #0
toi ? Oui, chaque éleveur, chaque propriétaire peut envoyer l'ADN de son chien. Parce que l'ADN,
- Speaker #1
tu le prends comment, tu peux dire ?
- Speaker #0
Donc on commande les tests sur Internet. Comme c'est encore en phase de recherche, ça coûte 50 dollars le test, mais ça permet en fait de faire grossir la base de données et sur le long terme sûrement de pouvoir aider dans la race. Donc chaque personne peut le faire, ça se fait chez soi, il n'y a pas besoin d'aller chez le vétérinaire. Le labo nous envoie des petites brossettes et on prend la salive de son chien tout simplement en frottant avec l'écouvillon sur la joue de son chien. En fait, ce qui est important dans ces tests, c'est qu'ils nous permettent de préserver ce qu'on ne voit pas. tout ce qui est dans le génome du chien. Et c'est vraiment des belles avancées qu'il faut utiliser. Mais attention, tester la diversité, c'est un outil, mais c'est pas une fin en soi. Un bon mariage, c'est pas juste se dire, oh, sur le papier c'est super, il y a une super bonne diversité génétique. En fait, c'est important de prendre en compte aussi le tempérament, la stabilité mentale du chien, la santé aussi, la vraie santé qu'on voit au quotidien. Et aussi, c'est assez bizarre pour un éleveur de dire ça, le physique, il passe en dernier. Oui, on peut sélectionner un chien sans le voir. C'est assez fou même de se dire je peux utiliser un chien en saillie sans le voir en chicoucou. Parce que c'est la dernière chose que je vais regarder, le physique. Moi, ce qui est important, c'est de savoir le caractère, la santé et surtout de savoir si le pédigré va avec mon chien.
- Speaker #1
Surtout que je me permets de rebondir sur le chicoucou, on n'a pas de problème d'hypertype. Comme un bassé hound, on en parlait avec trop de peau, avec un bulldog français, avec un museau trop court. Tu n'auras jamais ces problèmes d'hypertype physique. qui se voient, en tout cas...
- Speaker #0
Non, on n'a pas du tout d'hypertype dans la race. Et surtout, on a un type qui n'est pas du tout homogène. C'est-à-dire que si tu viens chez moi et que tu vois mes 10 chikokus, ils sont hyper différents. C'est impressionnant, même. C'est une race qui existe depuis des dizaines de milliers d'années. Mais en fait, ils n'ont jamais été sélectionnés pour un physique exact, pour une tête précise, pour des points précis. Ce qu'on cherche, en fait, c'est du chien de chasse. Ce n'est pas qu'il ressemble exactement à ça de tête. Ce qu'on recherche, c'est qu'il ait un corps fonctionnel. qu'il puisse courir, qu'il soit athlétique, qu'il ne soit pas un chien de canapé qui n'arrive pas à faire une heure de balade. Nous, on veut un chien fonctionnel. Mais la tête qu'il a, en vrai, tous les chikokus sont dans le standard. Donc après, c'est des préférences de chacun. Mais aujourd'hui, sur une race aussi rare, le physique, on ne s'en occupe pas là où, dans d'autres races, comme moi qui fais du shiba, je n'ai pas envie de dire que c'est la première chose que je regarde, mais presque. Bien sûr, parce qu'on a très peu de soucis de santé. Je vais regarder, bien sûr, le pédigré. ça je n'en parle pas, mais si ça va avec mon chien, mais je vais surtout regarder le physique et le caractère. Après, le reste, ça coule de source, en fait.
- Speaker #1
Je voulais reprendre sur un truc qui n'a rien à voir, on parlait de chien de chasse et d'un coup, je me suis dit mais s'il est encore utilisé pour la chasse au Japon, toi, tu ne l'as jamais vendu comme chien de chasse en France ?
- Speaker #0
C'est une bonne question. Non, moi, je ne l'ai jamais vendu comme chien de chasse en France, mais il y a une éleveuse, donc Émilie, qui est l'élevage aux chanures en France, qui a passé son permis chasse et qui, du coup, va chasser avec son chicoucou. donc c'est possible encore de l'utiliser pour la chasse les instincts sont assez fort pour le faire aussi. Maintenant, souvent, les gens préfèrent des races peut-être un peu plus « faciles » pour la race, mais ça peut très bien être utilisé, et cette éleveuse le fait.
- Speaker #1
Est-ce que tu sens qu'il y a une vraie prise de conscience chez les éleveurs en France ou ailleurs pour collaborer et préserver la race ?
- Speaker #0
Oui, on sent que les choses commencent à bouger. Il y a de plus en plus d'éleveurs, en France comme à l'étranger, qui prennent conscience de l'importance de préserver la race. Moi, quand même, ma première Chikoku, elle est de 2012, donc ça fait très longtemps que je suis dans la race. Surtout quand on sait que la première portée, elle date de 2009 en France. Je suis dans la race presque depuis le début. Si on remonte à il y a quelques années, on avait surtout quelques passionnés qui faisaient une portée comme ça. mais sans vraiment penser au futur. Avec ma première chicou-cou, je te disais, j'ai fait deux portées dans sa vie. Je me suis dit, ce mâle, il est sympa, je vais le mettre avec, ça va en pédigré. Mais je ne pensais pas autant dans le futur. Aujourd'hui, on voit vraiment apparaître des dynamiques de collaboration entre les éleveurs. Il y a beaucoup d'éleveurs qui envoient l'ADN de leurs chiens pour faire des recherches. On cherche à importer des génétiques moins communes. On aura toujours des liens entre tous les chiens qu'on importe. Il n'y a plus de pédigré exclusif, ça n'existe pas dans la race. mais on essaye d'importer des chiens qui pourront aller avec les autres chiens pour éviter les mariages trop proches. Et en France, on est peu d'éleveurs. On est cinq éleveurs aujourd'hui. Mais on travaille déjà ensemble. On communique, on échange énormément. Donc on est vraiment soudés. Il n'y a pas du tout de concurrence sur ça. On ne peut pas de toute manière se permettre de garder les chiens pour nous ou reproduire sans partage dans une race comme ça. La seule façon de la préserver, c'est d'avoir une vision collective, d'ouvrir les pédigrés, d'échanger les infos, de croiser les données génétiques et surtout de mettre l'intérêt de la race avant l'ego. avant la compétition. Et on a de très bons outils dans la race, c'est-à-dire qu'on a une base de données, la Nihonken Database, qui permet d'écrire dès qu'il y a eu des soucis aussi, c'est-à-dire qu'on peut cocher si le chien est épileptique, si le chien a eu des boiteries, et tout ça, les éleveurs le font. Je sais que dans certaines races, tout ça est caché, alors que dans le Shikoku, on le dit ouvertement. Quand on a produit un chien épileptique, quand on a produit un chien qui a un souci, c'est dit, et ça c'est hyper important, on a encore la chance d'avoir se partagent dans la race et ce qui nous permet de ne pas faire de mariage trop à risque aussi. Ouais, on a vraiment de la chance et j'espère que ça a continué.
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
Pour te donner un peu une idée, on a eu une visio il y a quelques mois entre plusieurs éleveurs autour du monde. C'est-à-dire qu'on a fait une visio en anglais pour parler des problèmes qu'on a actuellement dans la race, pour pouvoir échanger sur ce qu'on pouvait faire, voir qui allait importer quoi récemment, comment on pouvait bosser ensemble. Donc on a la chance dans cette race d'avoir des éleveurs impliqués, qui communiquent, qui échangent et surtout qui partagent.
- Speaker #1
Qui ont le même but, préserver la race.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Il n'y a pas d'enjeu.
- Speaker #0
Exactement. D'argent. Je pense qu'il y en aura toujours. On ne peut pas dire ça vraiment, mais oui, on est vraiment dans l'échange.
- Speaker #1
Et donc, par rapport à ton engagement, justement, à quoi ça ressemble ton travail d'éleveuse au quotidien avec cette race-là ?
- Speaker #0
Alors, le quotidien avec un chikoku, bon là, je vais passer le côté s'occuper des chiens, ramasser les cacas, parce que ça, tout le monde se doute, quand on est éleveur, c'est des choses qu'on peut faire. Mais c'est un travail qui est vraiment plus poussé. En fait, chaque portée, elle est réfléchie. Je passe énormément de temps avec les gens. de temps à étudier les pédigrés, les chiens, pour voir quels chiens je pourrais mettre avec ma femelle, les tests de santé, les profils génétiques. En fait, je fais pas juste une portée, parce qu'il faut faire une portée, parce que la chienne est en chaleur, je vais faire des chiots. Non, ça fonctionne pas du tout comme ça. En fait, je les planifie vraiment en pensant à ce qu'elle peut apporter à la race. Je te donne un exemple. En décembre dernier, je suis allée en Finlande, la veille de Noël. Ma Shikoku Ime, c'est un import du Japon, était en chaleur. J'ai fait une prise de sang le vendredi, on devait être le 20 décembre. Ça m'a dit, elle sera prête le 23 et le 24 décembre. Le repas de Noël, il a sauté. J'ai pris les billets d'avion. Et puis le dimanche soir, à 22h30, j'ai pris mon vol pour partir en Finlande parce que j'avais un mâle en tête qui avait une génétique qui était hyper précieuse, qui n'a aucun de ses chiots ailleurs qu'en Finlande. Donc hyper intéressant pour la race. Et l'éleveuse était OK aussi pour me laisser ce chien. Mais je me suis retrouvée à 22h30 à être à Roissy, à attendre mon avion, à mettre ma chienne en soute. C'était la première fois qu'elle allait en soute. À louer une voiture en Finlande à 1h du matin. à faire deux heures et demie de route dans la neige un 23 décembre avec une automatique. Je n'ai jamais conduit d'automatique. Je me suis retrouvée à me dire, mais qu'est-ce que je fais là ? Il neigeait en plus. Heureusement que les pneus étaient bien. Et voilà. Et je me suis retrouvée à m'arrêter à côté dans un parking d'un centre commercial à cinq minutes de chez l'éleveuse à quatre heures du matin, à dormir dans ma voiture en attendant les dix heures où on s'était donné rendez-vous pour faire l'accouplement. ça c'est très bien passée, je pense qu'elle était bien prête, l'accouplement s'est fait, j'ai pu parler avec cette éleveuse, à 13h, j'ai dû reprendre la route, refaire mes 2h30 de route, prendre mon avion qui était vers 16h30, réatterrir à Roissy le soir et arriver chez moi à 23h30. Et me dire, j'espère qu'il y aura des chiots, parce que tout ça, un coursant ne le voit pas forcément, mais c'est hyper cher de prendre ces décisions. Alors, c'est pas des décisions au dernier moment, mais un billet d'avion qui s'achète la veille de Noël, avec un chien en soute, une voiture louée comme ça, tout est hyper cher. mais c'est ça en fait, élever une race rare on fait des choix pour le long terme je m'étais dit si j'arrive à garder un chiot de ce mariage dans deux ans peut-être qu'il pourra aider d'apporter cette diversité peut-être se pédigrer en France, en Europe, etc Ça, c'est une grosse part du travail qu'on ne voit pas forcément. Et après, il y a tout le travail aussi avec les chiots au quotidien. Donc là, le chikoku, c'est une race sensible. Donc chaque expérience compte, le contact humain, les stimulations, les sons, les manipulations. Ça paraît bête comme ça, mais mettre un son au début, c'est des chiens qui sursautent, qui ne sont pas sûrs. Le premier contact avec un humain, alors ça sera moi, mais le premier contact avec un humain inconnu, c'est quelque chose où il faut que ça se passe bien, parce qu'en plus, ils s'en souviennent toute leur vie. c'est vraiment des chiens qui ont des très grandes mémoires qui ont des instincts vraiment primaires aussi si ça se passe mal c'est compliqué pour la suite donc tout ça on doit tout faire avec des pincettes pour que tout se passe toujours bien les accompagner dès les premiers jours, respecter leur rythme et puis après tout ce qu'on voit pas aussi c'est la relation avec les familles ça me prend un temps fou, il faut trouver les bonnes familles ça c'est sûr, il faut passer du temps avec chaque famille avant l'adoption mais après aussi pour les accompagner et puis chaque adoption dans cette race là c'est une mission de préservation parce que je cherche une famille pour le chiot mais je cherche aussi des gens qui vont comprendre la race, la respecter, la transmettre. Ça va être aussi la vitrine pour la race, ces familles. Mon quotidien, c'est vraiment fait de plein de réflexions, d'échanges, de balades, mais beaucoup de patience, beaucoup de temps, en fait, qui est pris dans cette race avec les familles, avec l'échange, en fait, d'une manière générale. Mais après, bon voilà, quand je vois un chiot qui est bien dans ses pattes, que la famille est contente et qu'en plus, elle donne envie à d'autres familles, peut-être d'avoir cette race, ben là, je me dis que j'ai réussi mon travail.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr. Et puis moi, je peux témoigner avec Mariko qui a maintenant 12 ans et demi. Ça fait du coup six ans que je l'ai et puis on se connaissait encore d'avant. Tu as toujours pris le temps de répondre à toutes mes questions et tu t'es toujours montré disponible. Donc ça, c'est sûr que ça te prend du temps parce que tu fais bien les choses jusqu'au bout. Donc merci à toi.
- Speaker #0
C'est gentil. Mais oui, c'est ça, je suis les chiens. Mariko, elle a 12 ans et demi. On est toujours en contact. Et j'ai plein d'autres chiens aussi qui ont 10, 12 ans en chiba, beaucoup. Je suis toujours en contact, je sais s'ils vont bien, s'ils ne vont pas bien. J'ai une personne d'ailleurs qui attend sur une prochaine portée, et qui a un chien qui a 11 ans de chez moi et qui va reprendre un petit chiot. Et c'est hyper gratifiant de se dire, ces gens-là, ils reviennent vers moi aussi. Donc c'est qu'ils ont été assez contents et j'ai encore plus la pression pour le second. Mais c'est vrai que cette part-là est très gratifiante.
- Speaker #1
Et donc comment tu vois l'avenir du chicocou et quels sont pour toi les leviers pour mieux reconnaître la race mais aussi la préserver ?
- Speaker #0
L'avenir du chicocou, je le vois fragile mais il n'est clairement pas fichu, au contraire. Et il tient à nous, les éleveurs, les familles, les passionnés, de mieux faire connaître la race comme on fait aujourd'hui en parlant d'elle et en parlant de ce qu'elle est vraiment. Moi mon but ce n'est pas de vendre la race, ce n'est pas de séduire tout le monde, non. C'est un chien qui est rustique, qui est primitif, qui ne correspond pas à toutes les familles. mais je trouve ça important d'informer sur cette race. Si on la comprend, c'est un super compagnon de vie au quotidien. Il y a un autre point pour moi qui est aussi très important, c'est d'impliquer les familles adoptantes, leur faire comprendre qu'en choisissant un chicou, en France on n'a que des bons élevages, les cinq élevages sont très bien, elles participent à la préservation de la race et peut-être que leur chien un jour aidera aussi à maintenir le pouls génétique et peut-être que des familles rencontreront le chicou dans la rue grâce à eux et en fait mes familles c'est la meilleure pub qui est pour le chikoku. J'ai beau faire plein de stories sur les réseaux, d'expliquer, en fait, vivre avec, la rencontrer, c'est ce qu'il y a de plus parlant, je pense, au quotidien. Et d'ailleurs, pour la petite anecdote, j'ai eu une visite il y a quelques jours, une famille qui n'avait jamais vu le chikoku en vrai, mais qui veut adopter un chikoku, et ils m'ont dit quelque chose qui m'a touchée. Ils m'ont dit, Audrey, on veut t'aider à la préserver. Et je dis, ah, c'est fou de penser comme ça. Et ils m'ont dit, oui, nous c'est pas juste l'adoption d'un chien c'est vraiment Si ce chien peut t'aider par la suite, peut aider la race, on sera ravis qu'il y contribue. Et en fait, c'est d'avoir des familles comme ça aussi qui est très important. C'est des familles qui se disent « Ok, je prends un chien, ça sera mon chien de famille avant tout, ça sera un membre de ma famille. » Mais se dire que potentiellement, il pourra peut-être aider, peut-être pas demain, mais peut-être dans 3-4 ans, 5 ans, 6 ans. Et ça, c'est hyper important. Donc moi, ce n'est pas une race que je veux rendre populaire, mais c'est une race que je veux faire connaître. Et d'ailleurs, pour ceux qui connaissent un petit peu, Inokstag. qui est très connu, du coup c'est un Shikoku qui l'a. Donc c'est vrai que peut-être que les gens, ça leur parlera un petit peu de savoir que le Shikoku, c'est cette race qu'ils ont peut-être vu sur des vidéos d'Innoxtag. Des fois, on peut se dire « Oh, un YouTuber qui prend un Shikoku, ça va faire de la mauvaise pub. » Et non, en fait, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise pub. Ça fait de la pub et après, c'est aux éleveurs d'informer et de dire « Non, vous ne correspondez pas à la race. Oui, ça peut être super pour vous. » Donc après, c'est aux gens de venir se renseigner. Pour une race comme ça, c'est ce dont on a besoin.
- Speaker #1
Je suis d'accord et c'est vrai que je trouve ça intéressant ce que justement la famille a dit, c'est-à-dire que qu'ils cherchent un compagnon de vie. Et si en plus, ça leur permet de préserver, c'est comme s'ils endossaient une mission. C'était des ambassadeurs de la race. Et je trouve ça assez beau. Est-ce que tu aurais un livre à recommander si on veut découvrir plus en profondeur la race ?
- Speaker #0
Alors oui, tu m'aurais demandé ça il y a deux ans, je t'aurais dit non. Mais alors il y a deux super éleveuses en France, donc Émilie et Wendy, qui ont fait un livre en français et qui est sorti l'année dernière, donc qui s'appelle Le Shikoku Ken, tout simplement. Et moi je vous le recommande si vous voulez découvrir la race. Ça a été écrit par deux éleveuses qui sont hyper impliquées dans la race, qui ont pris beaucoup de lectures venant du Japon, qu'elles ont traduit, et qui vivent avec du Shikoku pour Émilie. Je pense que ça fait plus de... de 15 ans qu'elle a du shikoku. Ça a été la première en France à en importer un du Japon. Donc voilà, moi je vous conseille ce livre qui est hyper intéressant. Et après, pour ceux qui parlent un petit peu anglais, il y a un livre qui a été écrit par le club de race japonais norvégien et qui est sorti cette année. Il est hyper intéressant, vous le retrouverez sur Internet aussi. Par contre, là, c'est que en anglais, mais pareil, c'est une super description. C'est les deux livres qui existent sur la race. Il n'y en a que deux. Après, les autres, ça sera en japonais et c'est beaucoup plus compliqué.
- Speaker #1
C'est déjà très bien. Oui. Alors, on arrive à la fin de l'épisode avec, du coup, notre fameux questionnaire d'accord ou pas d'accord. D'accord ou pas d'accord, le chicoucou est solide au niveau de sa santé.
- Speaker #0
Je dirais plutôt d'accord.
- Speaker #1
Peau de colle.
- Speaker #0
Pas d'accord.
- Speaker #1
Gourmand.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Sportif.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Avenant envers les humains.
- Speaker #0
Pas d'accord.
- Speaker #1
Facile d'entretien.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Super. Eh bien, merci beaucoup, Audrey, d'être venue nous parler de cette superbe race.
- Speaker #0
Merci à toi Maud surtout d'avoir consacré un épisode à une race aussi rares. J'espère que les gens vont en apprendre davantage sur celle-ci et que surtout, ça va les passionner autant que ça me passionne parce que là, on a passé un peu de temps en tout cas sur l'épisode, mais il y aurait tellement d'autres choses à dire que vraiment, merci beaucoup parce qu'il y a très peu d'infos. Donc, on a la chance d'avoir maintenant un livre en français, mais avoir un podcast, je pense que c'est hyper intéressant. Donc, je te remercie.
- Speaker #1
Ma show podcast a justement été créée pour ça. Voilà. Eh bien, merci à toi.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Si cet épisode vous a plu, N'hésitez pas à me le dire sur les réseaux sociaux et à le partager autour de vous. Vous pouvez aussi laisser 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcasts ou iTunes. Avoir des notes permet de donner plus de visibilité au podcast. N'hésitez pas non plus à me taguer dans une de vos stories sur Instagram, ça fait toujours plaisir et c'est une bonne façon de diffuser le message. Très bonne semaine, prenez soin de vous et de vos toutous !