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Qu’appelle-t-on “minerais de conflits” ? Pourquoi leur extraction et leur utilisation sont-elles problématiques ? Pourrait-on un jour réglementer ce commerce ? Réponses avec notre invitée Marianna Reyne, juriste en droit de l’environnement industriel.
Les 3TG [1:30 – 7:07]
“L’expression “minerais de conflit” vient du fait que l’exploitation de ces minerais participe à alimenter des conflits armés dans plusieurs régions du monde”, explique Marianna Reyne. Parmi la soixantaine de métaux entrant dans la composition des équipements électroniques, quatre de ces métaux sont issus de minerais de conflit : “le tantale, issu de la colombite-tantalite (le coltan), l’étain provient de la cassitérite, le tungstène dont l’origine est la wolframite, et l’or”. Ces métaux sont désignés par un sigle : “3TG” (tin, tantalum. tungsten et gold, en anglais). Ils viennent principalement de pays détenant “des ressources minières très importantes” : République Démocratique Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Colombie, Birmanie et Afghanistan. “Qu’il s’agisse d’opérations minières artisanales non réglementées ou d’activités industrielles, l’exploitation de ces minerais est illégale et entraîne de nombreuses dégradations sur l’environnement et des violations des droits humains”, souligne Marianna Reyne.
Des conséquences humaines et environnementales alarmantes [7:51 – 17:48]
Il est estimé que l’extraction illégale de la cassitérite, du coltan et de l’or a provoqué en RDC l’enlèvement de la couverture végétale de la forêt ainsi qu’une très importante pollution. Citons par exemple la dégradation des zones situées le long des rivières, dont résultent des problèmes d’érosion, un envasement de l’eau et un dépôt de résidus contaminants (dont mercure et cyanure) déversés dans les rivières. Les conséquences humaines sont bien connues : “la violence et l’insécurité, qui caractérisent l’Est de la RDC, perdurent du fait de la compétition pour ce contrôle du commerce des minerais entre groupes rebelles, milices locales et forces armées des États voisins. Le contrôle illégal par les groupes armés et l’inaction étatique provoquent une situation humanitaire désastreuse dans la région : affrontements, violations des droits de l’Homme, travail forcé (y compris des enfants), violences sexuelles, attaques contre les civils… En 2014, l’Unicef avait évalué à 40 000 le nombre d’enfants qui travaillaient dans les mines du Sud de la RDC”, précise Marianna Reyne.
Et la RSE dans tout ça ? [18:11 – 21:59]
Selon Marianna Reyne, les entreprises s’appuient sur un guide publié par l’OCDE en 2011 : considéré comme le standard de référence en matière de responsabilité sociétale des entreprises, ce guide est consacré au devoir de diligence pour les chaînes d’approvisionnement responsable en minerais provenant de zones de conflit. “On a aussi vu apparaître un certain nombre d’initiatives et de programmes venant de l’industrie, du téléphone ou de l’étain par exemple, et ces initiatives ont plus ou moins bien fonctionné.”
Des tensions au cœur de l’actualité [22:48 – 32:31]
“S’agissant de la crise du Covid-19, analyse Marianna Reyne, les politiques publiques qui ont été adoptées de par le monde ont provoqué d’énormes problèmes liés aux arrêts de production, à la fois du fait des confinements des populations et de cette instabilité généralisée qui a été créée. Ce que l’on observe, ce sont des crises de production et de logistiques majeures qui ont généré elles-même des pénuries en cascade”. Exemple le plus emblématique : la pénurie des semi-conducteurs électroniques.
Références citées :
Cet article d’Amnesty International
Ressources pour aller plus loin :
Virunga
Cobalt Blues
Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.