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COMMENT VAS TU BIEN LA PLANÈTE ?

S4EP2 LE TEMPS DES UNS N'EST PAS LE TEMPS DES AUTRES

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46min |23/10/2024|

51

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Description

Alors que vient de paraître cahier de recherche « ODD 17 : quelles trajectoires territoriales ? » en partenariat avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Le Rameau, nous explorons dans cet épisode la diversité des temps nécessaires au changement systémique.


Comment les territoires, qu’ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils relever les défis du développement durable grâce à des alliances efficaces ? Et, surtout, comment différents acteurs — associatifs, institutionnels et philanthropiques — peuvent-ils contribuer à cette transformation profonde ?


🎙️ Pour en discuter, j’ai le plaisir d’accueillir :

  • Raphaëlle Gasc (UNCPIE) pour parler du temps long et de l’éducation à l’environnement.

  • Josepha Poret (Ronalpia) pour explorer le temps cyclique de l’innovation sociale locale.

  • Loraine Derville (Mouvement Tilt) sur la performance durable et la philanthropie collective.


Dans cet échange, nous aborderons les questions essentielles : comment articuler ces temps pour accélérer les transitions territoriales ? Quels sont les leviers et les freins pour rendre l’ODD 17 une opportunité durable, tout en respectant les spécificités locales ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous aurons l'occasion de partir à la rencontre d'une personnalité, d'un pays, d'une culture, d'un regard, d'une action en faveur des 17 objectifs du développement durable de l'agenda 2030. Dans ce temps pandémique si singulier qui s'inscrit déjà dans les livres d'histoire, nous vous invitons à prendre la température du monde et à devenir acteur du changement. Je suis Patrick Longchamp, journaliste. Bienvenue dans Comment vas-tu bien la planète ? Alors que nous abordons la publication du cahier de recherche au DD17, quelle trajectoire territoriale en partenariat avec l'Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts et le Rameau, notre partenaire, nous allons explorer la diversité des temps nécessaires aux changements systémiques, comment les territoires, qu'ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils à travers des partenariats, des alliances, le pari de la confiance, répondre à ces enjeux de développement durable et surtout comment différents acteurs, qu'ils soient associatifs, institutionnels ou philanthropiques, peuvent... contribuer à leur manière à cette dynamique collective pour transformer en profondeur nos modèles sociaux, économiques et environnementaux. Et pour cela, j'ai le plaisir d'accueillir trois invités. Raphaël Gasque, directrice générale de l'UNCPI, qui depuis 50 ans œuvre à l'éducation, à l'environnement, évoluant aujourd'hui vers une pédagogie du développement durable de proximité au service des petits et moyens territoires. J'ai toujours tendance à parler des petites et moyennes entreprises, mais là, c'est des petits et des moyens. les PMT, souvent oubliés. Et avec vous, nous évoquerons justement ce rapport au temps long. Bonjour Raphaël.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Ensuite, nous parlerons du temps cyclique de l'innovation. Elle est avec nous depuis Lyon, Josépha Poré. Vous êtes directrice générale de Ronalpia, qui réinvente les modèles avec les acteurs locaux pour proposer des solutions sociales et innovantes adaptées aux spécificités des territoires. Bonjour Josépha. Bonjour. Et enfin, nous explorerons la performance durable et le rôle clé de la philanthropie collective avec Lorraine Derville, directrice du mouvement TILT qui accompagne les associations dans leur transition environnementale et climatique. Bonjour Lorraine.

  • Speaker #2

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui toutes les trois, que ce soit ici dans nos studios ou que ce soit depuis chez vous, ou Josepha, on va ensemble travailler cette question. Bienvenue à tous dans Comment vas-tu bien la planète ? Allo, salut, comment ça va ? Il est donc temps d'ouvrir cet échange. Depuis quelques mois maintenant, grâce au Rameau, on peut faire ce parcours autour de la confiance des territoires, des entreprises, comment en fait tous ces acteurs, le monde académique aussi, peuvent intervenir dans le développement durable des territoires. On l'a compris, l'ODD17, c'est une véritable opportunité de transformation à long terme de nos territoires tout en respectant... tant les spécificités locales. Et on verra enfin comment on peut mutualiser les ressources pour créer un impact durable et inclusif. On va peut-être commencer sur une question, je ne sais pas si elle est collective, vous allez en tout cas essayer d'y répondre les unes et les autres de là où vous êtes. Chacune d'entre vous incarne cette dimension temporelle, on l'a vu dans la présentation, une clé dans le processus de changement. La confiance sur le long terme, l'innovation sur un cycle moyen et puis la performance durable à court terme. Alors comment ces différentes temporalités, selon vous, peuvent-elles compléter et permettre des partenariats plus efficaces dans le cadre de l'ODD17 ? Peut-être je vais commencer avec vous Raphaël, nous expliquer comment le temps long s'incarne et est développé dans les territoires ruraux via l'UNCPI. Peut-être d'abord nous redire un petit peu ce qu'est l'UNCPI, j'en ai fait une présentation très rapide. Mais nous expliquez comment cette question des temps s'incarne à l'UNCPI.

  • Speaker #1

    Alors l'Union nationale des CPIE ou plus largement le réseau des CPIE, qu'est-ce que c'est ? C'est un réseau de 80 associations environnementales dans différents territoires français, pas uniquement ruraux. On est en zone tropicale avec des implantations à Mayotte, à La Réunion, en littoral, en montagne. en zone urbaine, mais en grande partie, vous avez raison, en milieu rural. Et c'est un réseau qui est caractérisé par son ancrage non seulement territorial, mais aussi historique, puisqu'il a une cinquantaine d'années et il est parmi les pionniers dans les actions environnementales avec une émergence du réseau dès les années... 70.

  • Speaker #0

    Donc 50 ans, le temps long s'incarne parfaitement à l'UNCPI. Comment ça vous a permis de bâtir des partenariats solides sur le long terme, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Alors cet ancrage territorial et dans le temps long est porté de notre point de vue aussi par la caractéristique de nos organisations qui sont associatives et qui, dans leurs actions, fédèrent un nombre très large d'acteurs. depuis un certain nombre d'années avec une permanence dans leur présence et donc ils incarnent les CPIE dans leur territoire, ils incarnent le récit du territoire de ce qu'il a été et c'est un parfait point de départ pour voir ce qu'il va devenir.

  • Speaker #0

    Alors le monde associatif c'est aussi un monde qui est précaire, enfin précaire d'abord souvent précaire financièrement mais aussi Sur le temps, c'est-à-dire que des associations qui ont 50 ans, il n'y en a pas pléthore. Donc il faut aussi renouveler ce réseau associatif parce qu'il y en a qui vivent, il y en a qui naissent, il y en a qui meurent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors c'est vrai qu'il y a une véritable fragilité financière, mais ça engendrait aussi une agilité du réseau à se renouveler. Et c'est une caractéristique du réseau des CPIE qui a systématiquement requestionné. sa place pour se positionner là où il lui semblait bon d'être pour accompagner les changements de société. Et donc dans les années 70, quand il s'agissait de sensibiliser à l'environnement, ce qui était plutôt pionnier dans les années 70, le positionnement a ensuite muté. Et je pense que le fait que le réseau des CPIE ait toujours eu ce coup d'avance et cultivé cette culture de pionnier. le met en disposition aujourd'hui pour inventer les imaginaires du futur.

  • Speaker #0

    50 ans de pionniérisme, c'est sympa parce que vous êtes finalement des pionniers du temps long. Vous êtes toujours pionnier, quel que soit le temps. Comment ça se passe chez Ronalpia, Josepha ? Vous vous êtes ancrée dans les territoires, vous vous intéressez à cet ancrage local, solide. Comment ça s'incarne cette question du temps en rapport avec l'ODD17 et ce fameux pari de la confiance, Josepha ?

  • Speaker #3

    Du coup, peut-être pour dire quelques mots sur...

  • Speaker #0

    Renalpia, bien sûr.

  • Speaker #3

    Il y a dix ans, donc on est beaucoup plus jeunes, dix ans sur la région Auvergne-Grenalpe, avec cette ambition, on va dire, de répondre aux défis de notre territoire par le levier de l'innovation sociale et territoriale, et avec ce rôle qu'on se donne aujourd'hui, de pouvoir accompagner et donner plus d'ampleur à ces innovations, et qu'elles soient évidemment ancrées. à leur territoire, quand on parle d'ancrage territorial, c'est ancré par rapport aux réalités territoriales, à la compréhension des besoins de nos territoires, que ce soit des besoins sociaux, environnementaux, locaux, et ancrage aussi dans la fiabilité des solutions qui pourraient être portées. Nous, on accompagne au quotidien et tous les ans 150 projets, à peu près, qui sont en phase de création et de développement. Et au-delà de ce métier d'accompagnement, on connecte, on fédère une communauté d'acteurs, que ce soit des institutionnels, élus, entrepreneurs.

  • Speaker #0

    Un véritable catalyseur territorial, comme on l'a évoqué dans les podcasts précédents. Alors comment justement vous gérez cette temporalité de l'innovation qui nécessite à la fois de la réactivité, parce qu'elle s'ancre dans des besoins, dans des communs d'un territoire ? mais aussi un ancrage local solide pour assurer justement la pérennité de ces initiatives. Parce que notre question, c'est vraiment le côté systémique, ce qui fait que tout cela devient pérenne et que ce ne soit pas juste un épiphénomène d'un instant.

  • Speaker #3

    Peut-être notre complexité, c'est qu'on jongle avec deux temps et deux temporalités différentes. Il y a le temps court, celui qui va impulser, donc l'innovateur, le porteur de progrès, projet qui a, à un moment donné, à l'échec de son territoire, identifié une problématique sociale environnementale et qui voudra se mettre en action pour y répondre, donc avec des objectifs à la fois d'action, de modélisation économique, de pouvoir pérenniser aussi financièrement son activité, mais en parallèle il y a le temps de l'appropriation territoriale, si on veut que ce soit, nous on a cette conviction que les projets peuvent être pérennes s'ils sont pas. co-construits aussi avec les acteurs locaux, et le temps de l'appropriation par le territoire est souvent différent de celle de l'innovateur et du porteur de projet. Donc nous, un de nos rôles, c'est justement d'essayer de conjuguer aussi ces temporalités, celle des acteurs locaux et celle de celui qui va s'impliquer dans la création et le développement d'activités localement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, je voyais Raphaël qui levait les bras, disait bah oui, c'est une évidence tout cela. Et alors TILT, d'abord, qu'est-ce que vous faites Lorraine et comment justement vous répondez vous ? Alors vous, c'est des temps qui sont un peu plus contraints en fait, à hauteur de quelques mois, 10, 12, 18 mois.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors le mouvement TILT, c'est une coalition d'acteurs qui réunit à la fois le monde de la philanthropie et le monde associatif. pour devenir un véritable vecteur de transition écologique dans ces écosystèmes-là, faire de la dimension environnementale l'affaire de tous les acteurs et de toutes les causes de l'intérêt général, en alliant respect des limites planétaires et réponse aux enjeux sociaux.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que TILT, c'est un réceptacle, vous allez voir tous les mécènes possibles et vous êtes aussi en regard de projets émergents et vous faites finalement le contact. le lien entre ces mécènes potentiels et ces projets émergents.

  • Speaker #2

    Alors on est en fait une dynamique de mécénat collectif, donc on invite les fondations, quels que soient leurs objets, quels que soient leurs domaines d'intervention, à prendre part au mouvement. Et en prenant part, elles co-financent des initiatives qui visent à créer des parcours d'accompagnement, des outils à faire du plaidoyer pour accompagner l'écosystème de l'intérêt général dans leur dimension de transition écologique. Donc les bénéficiaires, ce sont... des structures de l'intérêt général, des associations principalement, qui décident de prendre en compte cet enjeu de soutenabilité forte dans leurs actions sociales. Donc on est entre guillemets dans du temps court parce que la transition, la transformation écologique doit se faire maintenant, si on veut faire face aux grands enjeux de notre temps, qu'ils soient environnementaux ou sociaux. Donc on est sur des parcours effectivement... assez court d'accompagnement sur 6-8 mois avec les associations, avec lesquelles on réfléchit à la transformation de leur modèle organisationnel sociétal pour vraiment englober cette dynamique de soutenabilité forte dans leur projet. Mais bien sûr, entre guillemets, c'est du temps court pour agir, mais ça s'inscrit dans des enjeux de temps long.

  • Speaker #0

    Si vous faites les réponses à la question que j'allais poser, vous allez me dire comment... Non, non, mais ne vous excusez pas, c'est très bien. C'est comment cet enracinement dans un temps court favorise le temps long ? Parce que c'est bien de pouvoir lever de l'argent sur des projets, mais en effet, il faut qu'ils puissent s'inscrire et que ce ne soit pas un feu de paille.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, le rayonnement qu'on va avoir à travers ces projets qu'on met en place et cette nouvelle manière d'aborder finalement des collaborations entre ces acteurs de l'intérêt général. On l'espère, aura un impact de transformation systémique, de vraiment transformation à la racine de nos manières de faire nos actions sociales, avec toujours ce prisme de dimension environnementale. Et donc, on a la conviction que sortir de nos silos de causes d'intérêt général, c'est absolument nécessaire pour agir en commun sur des défis qui nous dépassent. En philanthropie, on a maintenant aussi les preuves de concept que, en alliant plusieurs fonds, plusieurs causes, on est en capacité d'avoir une transformation réelle des problématiques sociales qu'on emmène, qu'on embarque avec nos financements pour faire en sorte de traiter la cause des problèmes et pas simplement les conséquences.

  • Speaker #0

    Alors quand on travaille à hauteur des territoires, je dis souvent, c'est peut-être vous, Josépha, qui allez peut-être pouvoir mieux nous en parler parce que vous, vous êtes, enfin je ne dis pas que les autres ne le sont pas, mais vous travaillez la matière du territoire en permanence. Et le plus difficile, c'est aussi d'embarquer ces territoires, qu'ils soient ruraux, qu'ils soient urbains, pour tisser ces collaborations fructueuses. Comment on s'y prend, Josépha, particulièrement chez Renapia ? Pour arriver à articuler ces besoins locaux, ce qu'on appelle communément les communs des territoires, avec les solutions d'innovation sociale, tout en tenant compte des spécificités territoriales qui ne sont pas forcément dans le temps. C'est-à-dire que quand on arrive sur des élections municipales qui sont prochaines, l'intérêt du territoire n'est pas le même que quand on vient d'être élu et qu'on sait qu'on va avoir six ans pour développer.

  • Speaker #3

    Merci pour la mise en visibilité de la complexité de nos métiers aujourd'hui. Effectivement, et je n'aurais pas une seule réponse à faire, je pense qu'aujourd'hui, la force de l'approche territoriale et de la compréhension des besoins des territoires, c'est celle de la proximité dans la durée, parce que justement, on a des fonctionnements de territoire et des compositions d'acteurs de territoire qui évoluent aussi au fur et à mesure. Nous, l'approche, c'est l'entrée qu'on porte aujourd'hui quand on... va défricher un territoire qui soit rural, périurbain ou métropolitain. Le lien avec la collectivité territoriale nous semble primordial aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Elle est difficile à aller chercher ou pas ?

  • Speaker #3

    Elle est difficile à aller chercher, je dirais non, dans le sens où il y a dans un premier temps cette ouverture à la compréhension de qui on est, de ce qu'on propose. Par contre, faire coïncider... les ambitions et le positionnement de l'innovation sociale par rapport à des enjeux de territoire. Ça dépend de l'appétence de l'acculturation aussi du territoire à l'innovation sociale, à l'entrepreneuriat social, aux structures de l'économie sociale et solidaire. Et du coup, là, on est plutôt dans un enjeu de temporalité qui rentre en compte en fonction du niveau d'acculturation de la collectivité à ce type de projet et de modèle. Ça, c'est un des premiers critères et éléments de réponse peut-être. Mais la collectivité, elle nous semble importante et simple. en étant garante aussi de l'intérêt général de sa population et des citoyens qui vivent sur le territoire. Donc même dans l'étape de compréhension des besoins et des enjeux sociaux et environnementaux, avoir la place du pouvoir public nous semble déterminant. Par contre, ce qu'on essaye de mettre en place dans le cadre de nos actions qui sont territorialisées, c'est que la gouvernance des... de l'action qu'on va porter ne soit pas uniquement dépendante du regard de la collectivité territoriale, parce qu'aujourd'hui, un territoire, c'est différentes parties prenantes, c'est-à-dire public, privé, associatif. Et dans l'action qu'on va porter, on va essayer de remodeler, on va dire, une forme de gouvernance territoriale qui nous permettrait de développer, on va dire, de manière plus innovante notre activité.

  • Speaker #0

    Raphaël, vous voulez peut-être réagir à ça parce que vous aussi, vous voulez adresser ces territoires différemment, mais vous les adressez.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait en ligne avec ce que vient d'indiquer Josépha sur la nécessité de s'articuler avec la collectivité territoriale. Elle est absolument nécessaire, mais pas suffisante. Et on tisse avec elle le début de relation et on bénéficie lorsque, par exemple, Ronald Pia se... penche sur un territoire, on bénéficie de l'effet d'activation que permet une mission de ce type-là en temps moyen. Mais ensuite, par exemple, le réseau des CPIE, quand on est dans un territoire qui bénéficie de la présence d'un CPIE, a la possibilité de faciliter la mobilisation des autres acteurs qu'évoquait Josépha à l'instant, donc les autres associations, puisqu'il y a un effet aussi tête de réseau local. dans la présence des CPE, les entreprises, le secteur privé, les citoyens et vraiment être en capacité de faire se réunir tous ces acteurs qui ont des problèmes différents à une problématique souvent commune et c'est ça le premier commun qu'il s'agit de définir, c'est la problématique. cohésives qui après engendrent des problèmes perçus très différemment par chacun.

  • Speaker #0

    Et alors les grands mécènes, Lorraine, ils viennent de tous les territoires, vous êtes basée à Paris, et où est-ce que ce sont des mécènes extrêmement urbains et parisiens, et donc il faut leur faire comprendre ce que c'est qu'un territoire. On l'a dit dans plusieurs autres podcasts, le territoire c'est pas simplement une ville, un département, ça peut être quatre rues qui a une véritable problématique ou un quartier qu'il faut savoir adresser. Comment justement on adresse ces grands mécènes qui souvent sont plutôt des personnes urbaines et plutôt dans les grandes métropoles ? Pas forcément toutes dans les territoires ruraux, mais il y en a quand même.

  • Speaker #2

    Alors pour le moment, on a dix mécènes engagés dans le mouvement, dont des mécènes qui ont pour domaine d'intervention ou un angle d'intervention très fort sur les territoires. Je cite notamment la fondation... RTE, la fondation SNCF, la fondation GRDF, et on a vocation à inclure tout type de mécènes demain qui souhaitent mettre cette question de la transition environnementale dans le cadre de ces actions.

  • Speaker #0

    Et quand vous citez la fondation RTE, c'est des fondations qui sont déjà très engagées sur les territoires, qui les connaissent parfaitement, et vous leur proposez un levier supplémentaire pour leur permettre... encore de toucher d'autres lieux, d'autres personnes, d'autres projets ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Le mouvement TILT, finalement, ça va devenir un bras d'action extra-financier pour ces fondations qui, souvent, œuvrent en apportant une aide numéraire, une aide financière aux associations du territoire. Et grâce à cette coalition, en fait, on va pouvoir apporter une aide... extra-financière, c'est-à-dire concrètement un parcours d'accompagnement qui va amener l'association à d'abord faire son diagnostic, d'où elle part, qu'est-ce qu'elle a déjà mis en place, à comprendre les enjeux via une dynamique de sensibilisation pour vraiment transformer l'esprit, le cœur et se mettre en chemin dans cette transition, la mesure pour savoir d'où on part, pour savoir où est-ce qu'on va, et le plan de transition qui va bien sûr intégrer une transition écologique, bas carbone, mais aussi des dynamiques d'adaptation et de régénération. Et avant, Patrick, pour pas que les autres se sentent lésés, parce que j'en ai cité que trois, voudriez-vous bien me laisser pour le moment, puisqu'on est un petit mouvement, demain on sera 100, je ne pourrai plus le faire. Mais aujourd'hui, Fondation de France, j'ai cité SNCF, RTE et GRDF, en plus nous avons la Fondation de France, Mobivia, Fondation Citrus, Doumoro, la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la Fondation Caritas.

  • Speaker #0

    En plus, avec une diversité d'ancrages, Caritas pour nos auditeurs, c'est la Fondation du Secours Catholique, la Fondation SNCF, c'est les mobilités dans les territoires. Et on sait combien aujourd'hui la question de la mobilité est au cœur. Donc, on verrait qu'il y a une diversité et finalement une complémentarité de ces acteurs. L'innovation, la co-construction, on en parle très très souvent dans Comment vas-tu bien la planète, la mutualisation, briser les silos, ça c'est, Raphaël, je vous vois opiner, c'est le coeur même du travail, c'est aller comment on se met autour de la table et comment, je me souviens d'un intervenant qui me disait moi le plus difficile pour moi c'est d'aller voir des gens en leur disant on a une idée, on sait qu'il y a un besoin pour le territoire mais on sait pas comment on va le faire, on sait pas avec qui on va le faire, on sait pas avec quels moyens on va le faire, est ce que vous pouvez nous aider ? Ça vous parle, ça, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Ça nous parle très bien. C'est en effet essentiel pour avoir des récits systémiques et aborder les défis environnementaux dans toutes leurs dimensions, d'avoir une véritable transversalité. Mais cette transversalité, elle ne va pas de soi. Elle va de soi dans le discours, mais pas dans la réalité, dans le dialogue. Et donc, il faut aller chercher les acteurs, les mettre en situation de se parler, de s'entendre, de s'écouter, de prendre la mesure de ce qu'ils ont à dire, avec en général, au-delà des silos, de plus en plus dernièrement, une polarisation des points de vue. Donc, en fait, il y a des a priori sur le discours qui va être porté par un acteur agricole. en face d'une association environnementale par exemple.

  • Speaker #0

    Et c'est le rapport le plus... On parle beaucoup du temps dans cet échange. C'est le temps peut-être le plus long, ce premier temps ?

  • Speaker #1

    Alors en tout cas c'est un temps qui n'est pas à négliger. Il y a une expression qui est il faut parfois perdre du temps pour en gagner Donc il y a urgence, mais il y a urgence à certains moments, ralentir pour se donner le temps de ce dialogue. sans quoi on n'arrivera pas à avancer ensemble, à mobiliser les acteurs ensemble pour ces fameux communs dans les territoires.

  • Speaker #0

    Josépha, comment chez Ronalpia vous parvenez-vous à catalyser cette innovation sociale en tenant compte à la fois des spécificités des territoires et des besoins locaux ?

  • Speaker #3

    On va peut-être, pour réagir aussi sur ce qui vient d'être dit, et répondre à votre question en même temps, Peut-être que là où on va avoir une action plus particulière chez Ronalpia, c'est qu'on va accompagner le porteur d'initiatives et d'innovations à savoir s'entourer et fédérer autour de lui, où parfois on sera peut-être moins... Nous, on va réussir à identifier les acteurs à mettre autour de la table, favoriser des temps de rencontres, d'échanges, etc. Mais on va surtout accompagner le porteur de l'innovation à lui savoir s'entourer, à réfléchir à quelle va être l'implication des parties prenantes de son territoire dans le cadre de son projet, comment il arrive à se rendre visible, compréhensible de différentes typologies d'acteurs. Et on va être moins peut-être dans le faire avec, on sera plutôt sur accompagner à faire qu'au côté d'eux. Et ça, c'est... peut-être un parti pris de l'association aujourd'hui,

  • Speaker #0

    mais qui est complètement... Un parti pris qui est voulu pour quoi ? Pour permettre la liberté du développement et ne pas engager peut-être la structure ou l'innovation dans quelque chose, j'aime bien Emmanuel Lévinas, mais dans quelque chose de la même thé, c'est-à-dire on projette sur l'innovation ce que nous, Ronalpia, on imagine pour le territoire ?

  • Speaker #3

    Complètement. pour assurer une forme de diversité aussi dans l'approche de l'innovation sociale et territoriale localement. Et parce que nous, on n'a pas forcément l'expertise aussi qu'ont les entrepreneurs, les porteurs d'innovation sur des secteurs d'activité spécifiques où ils ont leur réseau, ils ont l'énergie aussi pour impulser et porter ces projets. Et ils ont surtout, dans cette logique de temps qui nous relie aujourd'hui dans le cadre de ces échanges, la capacité à tester et expérimenter aussi rapidement pour faire la preuve de... de l'impact et de la confiance, et aller chercher la confiance vis-à-vis des acteurs du territoire.

  • Speaker #0

    Alors, terminé, allez-y, terminé. Non, non, mais je voulais dire que c'est peut-être une spécificité. En tout cas, c'est un sujet, un mode de faire, on va dire, auquel on tient parce que l'entrepreneur, l'innovateur social, il va être, lui, ancré tous les jours, au quotidien. Et il aura cette énergie et cette intrépidité, on va dire, pour aller monter et développer ce type d'innovation.

  • Speaker #1

    Et vous, Lorraine, je crois que vous avez un système, vous avez une approche qu'on pourrait peut-être qualifier d'open source pour cette co-construction, justement, et éviter que chacun travaille dans son coin tout seul.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, pour revenir aussi sur la dynamique du temps et de la co-construction, la genèse du projet Mouvement Tilt, elle a pris plus d'un an. en préfiguration, entre guillemets. On n'avait pas de structure juridique en tant que telle. On s'est assis autour de la table. L'UNCPIE était là, l'IFMA, des acteurs de la philanthropie, des institutionnels aussi, comme le CFF, la CFFC. On s'est entourés et on a pris le temps de poser sur la table quelles étaient nos intentions, quelles étaient nos motivations communes, quelles étaient les modalités d'action, comment on allait pouvoir agir, sous quelle forme juridique. Et en fait, c'est un an où on n'a pas de production en tant que telle, mais on s'accorde le temps de faire naître un projet commun qui a du coup des fondations solides pour ensuite pouvoir se déployer. Donc l'initiative, elle a deux ans, mais finalement un an d'existence en termes de forme juridique. Et encore une fois, on est encore dans une phase émergente où on teste des parcours pilotes avec les bénéficiaires. Il y en a 8 qui en bénéficient sur cette année 2024, une vingtaine en 2025 et on considère que ce sont des communautés apprenantes qui vont nous faire remonter les éléments du terrain, challenger les parcours, les partenariats qu'on a mis en place pour encore apprendre, co-construire et préparer un passage à l'échelle pour s'aimer plus largement d'ici à 2026-2027.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu les unes et les autres. On a beaucoup parlé en termes, en termes très, pas très génériques parce qu'on est vraiment rentré dans la matière sur le fond, mais le concret de tout ça, ça débouche sur quoi ? Par exemple, Raphaël, l'UNCP, ça débouche sur quoi ? Sur quel projet ? Prenez-en un, celui qui vous vient en tête, celui dont vous êtes le plus fier, qui ou qui vous a le plus marqué. Puis je vais faire un petit peu le tour parce que c'est important aussi de donner les résultats. On voit comment ça fonctionne. On donne la méthodologie, la méthodologie du. temps, des temps courts, des temps longs, ça devient systémique. Mais vous Raphaël, par exemple, à l'UNCPI, est-ce qu'il y a un projet ? Et c'est celui qu'on met souvent en avant pour illustrer ces propos.

  • Speaker #3

    Alors c'est difficile de choisir parce que dans 80, au bout de 50 ans avec 80 CPIE, il y a quand même plusieurs projets intéressants qui ressortent. Pour en citer un par exemple qui prend forme. Grâce à la légitimité que l'on a sur les territoires et à cette capacité qu'on a eue d'embarquer les acteurs, de les mobiliser autour de ce qu'on appelle un audit patrimonial, puisqu'on s'inspire assez fortement des démarches qui ont été développées par Henri Wallagnon d'Agro-ParisTech, on a dans la Creuse par exemple réussi à... recréer une situation d'action, redonner le pouvoir d'agir à des acteurs sur le bocage. Donc c'est un sujet dont on entend beaucoup parler, la qualité de ce bocage sur le plan de la biodiversité, sa fonction pour le drainage des sols, pour évidemment les paysages, et en même temps un bocage qui est mis à mal par les manières d'entretenir la voirie, par la manière d'exploiter la vie. Et donc on était un peu dans un noeud, dans une crise avec l'évidence pour tous qu'il fallait faire quelque chose, mais très concrètement, une immense difficulté à faire autre chose que de s'accuser les uns les autres, de ne pas faire le nécessaire. Et bien en fait, on voit qu'en Creuse, on a véritablement réussi par cette légitimité, neutralité engagée de l'association CPIE à... reconstruire du dialogue et de l'envie d'agir ensemble, de l'envie d'agir en commun, de nouveau du désir et aussi de l'espoir d'en sortir d'une situation qui paraissait grippée.

  • Speaker #1

    Et comment vous êtes arrivés à briser les silos ? Parce qu'on sait combien les silos on aime siloter. L'environnement ne parle pas à l'automobile, pourtant l'environnement... Des fois, quand je dis de l'automobile, je pense à la mobilité. Et pourtant, la question environnementale, elle passe aussi par les mobilités, parce que certains territoires sont un peu déconnectés des réseaux urbains, etc. Comment on arrive à dé-siloter quand on mène des projets comme celui-ci, Raphaël ? Alors,

  • Speaker #3

    ça va vous paraître peut-être un peu bizarre, mais avant de dé-siloter, on les a écoutés chacun isolément en garantissant la confidentialité de notre écoute. et la neutralité de notre écoute. Et on les a écoutés pleinement. Et on a posé pour chaque acteur un cadre confortable d'expression. Et ça a été un préalable pour pouvoir remettre les acteurs autour de la table. C'est de les écouter individuellement avant de les remettre ensemble en reposant. Et en fait,

  • Speaker #1

    à partir du moment où ils ont été écoutés, qu'on a compris les leviers de la peur de chacun, c'est beaucoup plus facile d'entamer le dialogue.

  • Speaker #3

    absolument,

  • Speaker #1

    exactement Lorraine, vous comment concrètement un an d'existence, est-ce qu'il y a déjà des éléments concrets que vous avez envie de nous partager plein, plein alors allons-y,

  • Speaker #2

    je n'ai pas préparé vous j'en sélectionne un je pense que je vais partir sur l'exemple d'un accompagnement avec une structure lyonnaise qui s'appelle le foyer Notre-Dame des sans-abris, une structure de l'urgence sociale qui accueille 2300 personnes par jour qui fournit des logements, 1200 repas qui sont servis tous les midis. Donc voilà, une urgence sociale, logement, lutte contre la grande précarité. Et puis, ils avaient inscrit dans leur dernière feuille de route stratégique l'enjeu de la transition écologique. Sauf qu'ils étaient démunis sur comment faire, comment se mettre en chemin. Et donc, c'est là qu'avec un de leurs mécènes et volaimes citoyens, et Domuro qui est cofondateur du mouvement Tilt, on s'est alliés pour pouvoir les accompagner. Concrètement, si je prends le parcours qu'on a fait avec eux, on a commencé par le diagnostic, je disais tout à l'heure, qu'est-ce que vous faites déjà ? Où est-ce que vous en êtes ? Où est-ce que vous avez avancé sur ce chemin de la transition ? Parce qu'il faut vraiment le prendre comme un itinéraire long, on ne part pas tous des mêmes endroits, mais on a tous une cible, en tout cas un lieu qu'il faut qu'on atteigne. Donc, diagnostic, sensibilisation, là on a fait des ateliers de sensibilisation pour le personnel du foyer Notre-Dame des Sans-Abris. Mesures, on est en train de faire leur bilan carbone. Le carbone pour nous, ça reste un cheval de trois pour rentrer dans le sujet, dans l'association avec une première mesure concrète. Mais c'est un premier angle parce qu'on veut vraiment avoir une approche holistique de la transition écologique qui intègre. les autres éléments liés aux limites planétaires, biodiversité, eau, pollution, etc. Donc un bilan carbone et au-delà de mesurer uniquement l'empreinte écologique, on veut aussi valoriser les contributions positives. Donc on en est là et il va y avoir d'autres étapes dans le futur proche. C'est aussi de leur fournir cet outil qui va évoluer dans le temps, qui sera à la fois en mesure... d'être sur une approche intégrée en fait, impact social et empreinte environnementale et comment on embarque aussi les bénéficiaires.

  • Speaker #1

    Et comment on décilote surtout tout ça.

  • Speaker #2

    Comment on décilote. Alors comment on embarque aussi les bénéficiaires finaux ? Parce que là si je prends le foyer Notre-Dame des Sans-Abris, et Josépha connaîtra bien si elle est lyonnaise, on s'adresse à des personnes extrêmement vulnérables. Donc comment on parle de transition à des populations qui sont... sobres déjà et qui se sont privés la plupart de leur vie d'inconfort que nous on connaît. On travaille avec Parlons Climat et Destin Commun sur la manière dont on approche cette transition écologique qui concerne ces populations et qui seront les plus concernées en plus par ces enjeux de transition. Donc je rejoins Raphaël vraiment. Finalement, comment on décilote ? C'est en écoutant et en adaptant. les discours et les parcours à chaque spécificité.

  • Speaker #1

    On le voit donc que le temps de l'écoute est un temps nécessaire pour avancer. Et vous, Josépha, Ronald Pia, vous agissez depuis une dizaine d'années maintenant sur le territoire lyonnais. Il y a des projets qui vous ont plus marqué que d'autres et qui, justement, viennent illustrer un petit peu ce parcours du temps, ce décilotage, cette coopération entre les territoires.

  • Speaker #0

    Bien sûr, peut-être un projet qu'on est en train de porter en ce moment avec la communauté de communes de l'Arbrel, c'est 38 000 habitants. Ils réfléchissent dans le cadre de leur plan local de l'habitat, comment faire pour maintenir un domicile ou d'autres formes d'habitats intermédiaires pour les personnes âgées isolées de leur territoire. où ils ont fait appel à Royal Pia pour se dire que les solutions qui existent aujourd'hui ne répondent pas aux enjeux et aux besoins du territoire. En tout cas, on a besoin de nouvelles formes d'initiatives. Faisons appel à l'innovation sociale pour répondre à ces défis, qui est déjà une preuve de confiance intéressante du territoire en termes de maturité. Pour ce dire, on fait confiance à l'innovation sociale pour répondre à des besoins peu ou mal couverts localement. Et nous, on a adressé du coup ce sujet en mettant en place, pour faire le lien avec ce que disaient les deux précédentes intervenantes sur l'écoute territoriale, on a mis en place un comité territorial qui vient dépasser uniquement le commanditaire, on va dire, qui pourrait être celui de la collectivité, en associant d'autres regards, des entreprises, des associations. des grands groupes comme Malakoff-Ménis, le Girond-Topo, qui a participé à ces regards croisés, les dirigeants d'EHPAD pour essayer d'identifier quels étaient les besoins. On est allé sur des marchés aussi pour essayer d'aller au contact directement des personnes âgées pour se dire ce serait quoi la solution idéale du territoire. Et avec ces différents croisements de regards, nous notre rôle c'est ensuite de... On ne va pas porter le problème... projets et la solution directement. C'est pour ça qu'on va aller sonder notre communauté pour se dire quels sont les projets qui existent déjà, qui pourraient soit se diversifier, soit qui pourraient s'implanter sur le territoire, soit nous on a un enjeu à accompagner la création de nouveaux projets localement pour répondre à ces besoins. Et donc le lien avec notre communauté aujourd'hui est hyper important aussi dans ce sens-là, parce qu'on les identifie vraiment comme des solutions qui pourraient s'adapter et du coup répondre aux spécificités locales des populations de Ronalpia. Et là, pour vous donner deux exemples de projets qui pourraient être mobilisés dans le cadre de cette réponse, c'est l'air aéré qu'on a accompagné il y a cinq ans maintenant, qui est né dans le Beaujolais et qui propose à travers un bus itinérant d'aller au plus près des personnes âgées pour leur proposer des animations pour favoriser, pour lutter plutôt contre la dépendance et Monseigneur, qui est un autre projet qu'on a accompagné il y a quatre ans à Grenoble et qui est en train de décémer dans les territoires ruraux notamment, qui veut favoriser la création de nouveaux logements en proposant de l'accueil à domicile des personnes âgées. Donc ça, c'est des solutions qui existent, mais qui restent appropriées aux besoins du territoire.

  • Speaker #1

    C'est ça, et on voit bien comment les solutions d'il y a quelques années peuvent aujourd'hui... s'implémenter ou complémenter un développement territorial. Est-ce que vous voulez réagir peut-être à ce qui a été dit, Raphaël ou Lorraine ?

  • Speaker #3

    Je trouve assez remarquable avec les exemples que l'on donne chacune, comment on voit que les choses s'articulent dans les temporalités, puisque c'est le thème du podcast, entre les activités de tilt, qui plus dans un temps court et comme son nom d'ailleurs l'indique, sont vraiment un déclencheur, une prise de conscience.... Comme les activités de Ronalpia sont des activateurs en territoire, une mobilisation, donc vraiment ça crée une activation. Et comme le réseau des CPIE accueille dans le temps plus long celui de la confiance, l'action commune des acteurs durablement. Et donc c'est intéressant de nous avoir réunis toutes les trois.

  • Speaker #1

    Lorraine, et peut-être que vous coopérez toutes les trois, parce que je ne sais pas si vous vous connaissiez avant, mais Lorraine, vous vouliez réagir.

  • Speaker #2

    Vous m'avez encore une fois spoilé. Non, entre guillemets, nous, on est un acteur récent et entre guillemets du temps court. Mais on va réussir à atteindre nos ambitions grâce à des acteurs du temps long. Donc typiquement, effectivement, on coopère avec l'UNCPIE parce qu'on va s'appuyer sur ces réseaux d'acteurs, ces maillages territoriales, ces acteurs de toujours qui ont œuvré sur les thématiques environnementales. En déployant finalement peut-être des nouvelles approches, des nouveaux outils qu'on pourra diffuser via ces réseaux.

  • Speaker #1

    On arrive un peu au terme de cet échange. Il y a plein d'autres choses. Moi, il y avait une question et c'est peut-être plus à vous, Raphaël et Josépha, que je vais poser cette question-là, parce que les territoires, vous les connaissez, vous les maîtrisez. Moi, c'est quel est le niveau aujourd'hui de maturité des territoires sur cette gouvernance de coopération, cette gouvernance ? et cette coopération multisectorielle ? Parce qu'on l'a dit, vous allez chercher chaque territoire, il y a des territoires qui sont plus matures que d'autres, mais globalement, aujourd'hui, est-ce que vous avez le sentiment, vous qui opérez dans les territoires, qu'il y a une sorte de maturité, que ça devient presque un levier naturel que de mettre toutes les parties prenantes autour de la table, et justement de dé-siloter ? Je vais peut-être commencer par vous, avec vous, Josépha, et puis après Raphaël.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a une... une lecture en tout cas, une envie d'avoir cette lecture commune aussi vis-à-vis du... parfois du manque de ressources aussi qui peut exister à l'échelle des territoires et de se dire en fait nous tout seul on n'arrivera pas forcément à porter la solution. Donc on a besoin d'avoir le regard, les compétences, alors c'est pas forcément une histoire de moyens financiers, c'est aussi de compétences, de moyens humains, je dis compétences mais c'est aussi compétences territoriales à proprement dit. Donc j'ai l'impression que le sujet de l'alliance parfois il est accéléré aussi par des enjeux d'urgence.

  • Speaker #1

    Par la réalité, c'est un enjeu d'urgence.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est pour les bonnes raisons malheureusement, mais en tout cas je sens que quand on dit qu'on a besoin de pouvoir mobiliser d'autres acteurs autour de la table, il y a peu de réticence aujourd'hui parce qu'on voit la complémentarité à la fois des pouvoirs et des apports. que chacun pourrait apporter autour de la table.

  • Speaker #1

    Et vous, de votre côté, Josépha, l'UNCPI ?

  • Speaker #3

    Raphaël, moi, j'ai le sentiment que tous les territoires ont ce désir et cette compréhension que ça passera par la transversalité, le décloisonnement. Donc, il y a cette conscience aiguë, mais pour autant, chacun se sent pas forcément légitime à porter ce décloisonnement, d'où l'intérêt de transiter par des acteurs associatifs. et que les intentions souvent se traduisent par un regroupement temporaire dans une séquence de projets où on fait une phase de concertation, mais que ça doit aller bien au-delà du très amont au très aval. Et il ne s'agit pas de se réunir juste à certains moments clés dans du séquentiel, mais de tenir ce décloisonnement sur le temps.

  • Speaker #1

    Dernière question à chacun, une question assez rapide. Pour vous, quel est le levier aujourd'hui à actionner pour pouvoir permettre ce développement, j'ai presque envie de dire, urgentiel et immédiat, mais aussi en l'ancrant dans le temps long pour que tout ça devienne systémique ? Je commence par vous, Raphaël, parce que vous me regardez.

  • Speaker #3

    Alors nous, le levier qu'on a choisi, il y en a plusieurs, mais nous, un levier que l'on entend déployer, c'est celui de la facilitation stratégique dans les territoires. Avec... avec le déploiement d'un certain protocole qui entend aller du très amont, avant même l'amont, au très aval, jusqu'à l'exploitation et la gestion en commun du patrimoine et du vivant sur lequel on vit et on travaille.

  • Speaker #1

    Pour vous, Josépha, et puis après Lorraine pour terminer.

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est de investir et reconnaître le rôle des tiers de confiance. On en est tous les trois. des illustrations et cette transversalité elle fonctionnera qu'avec de l'ingénierie en face qui est peu visible aujourd'hui ou pas assez reconnue donc pour moi ça fait partie des...

  • Speaker #1

    On l'a entendu aussi déjà, on l'a entendu de nombreuses fois que cette ingénierie c'était peut-être la plus difficile aujourd'hui à financer parce qu'elle n'est pas reconnue et surtout elle est difficilement compréhensible. Malheureusement en business plan. Et pour vous Lorraine, c'est quoi votre levier ?

  • Speaker #2

    Un levier que j'aimerais citer qui va rejoindre finalement l'ODD 17 autour du partenariat et l'ODD 13 autour de la transition écologique et de la lutte contre le changement climatique. Ça serait de faire reconnaître la cause environnementale comme une métacause qui transcende finalement tous les centres d'intérêt général. de manière à ce que vraiment cette thématique-là infuse dans chacun des projets de terrain.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toutes les trois. Merci Raphaël, merci Josépha, merci Lorraine d'avoir été les invités de Comment vas-tu bien la planète. On se retrouve le mois prochain, toujours en partenariat avec le Rameau, que je remercie de nous aider à explorer cette notion d'alliance, de partenariat, de co-construction. pour le développement durable de nos territoires. Vous pouvez nous retrouver bien évidemment sur toutes les plateformes de podcasts dédiées, Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour ne citer que les principales. N'oubliez pas de liker, surtout de vous abonner à ce podcast. Alors, ce n'est pas juste pour mon égo personnel, c'est parce que l'algorithme, plus vous vous abonnez, plus l'algorithme va le proposer à des gens qui ne sont pas de nos secteurs et qui vont découvrir nos échanges et permettre de faire avancer la cause pour que ces échanges permettent de devenir systémiques. après dans les esprits de celles et de ceux qui agissent dans les territoires. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne écoute des autres épisodes, bien évidemment. D'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien. A très bientôt. Au revoir.

  • Speaker #0

    Bonne soirée.

Description

Alors que vient de paraître cahier de recherche « ODD 17 : quelles trajectoires territoriales ? » en partenariat avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Le Rameau, nous explorons dans cet épisode la diversité des temps nécessaires au changement systémique.


Comment les territoires, qu’ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils relever les défis du développement durable grâce à des alliances efficaces ? Et, surtout, comment différents acteurs — associatifs, institutionnels et philanthropiques — peuvent-ils contribuer à cette transformation profonde ?


🎙️ Pour en discuter, j’ai le plaisir d’accueillir :

  • Raphaëlle Gasc (UNCPIE) pour parler du temps long et de l’éducation à l’environnement.

  • Josepha Poret (Ronalpia) pour explorer le temps cyclique de l’innovation sociale locale.

  • Loraine Derville (Mouvement Tilt) sur la performance durable et la philanthropie collective.


Dans cet échange, nous aborderons les questions essentielles : comment articuler ces temps pour accélérer les transitions territoriales ? Quels sont les leviers et les freins pour rendre l’ODD 17 une opportunité durable, tout en respectant les spécificités locales ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous aurons l'occasion de partir à la rencontre d'une personnalité, d'un pays, d'une culture, d'un regard, d'une action en faveur des 17 objectifs du développement durable de l'agenda 2030. Dans ce temps pandémique si singulier qui s'inscrit déjà dans les livres d'histoire, nous vous invitons à prendre la température du monde et à devenir acteur du changement. Je suis Patrick Longchamp, journaliste. Bienvenue dans Comment vas-tu bien la planète ? Alors que nous abordons la publication du cahier de recherche au DD17, quelle trajectoire territoriale en partenariat avec l'Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts et le Rameau, notre partenaire, nous allons explorer la diversité des temps nécessaires aux changements systémiques, comment les territoires, qu'ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils à travers des partenariats, des alliances, le pari de la confiance, répondre à ces enjeux de développement durable et surtout comment différents acteurs, qu'ils soient associatifs, institutionnels ou philanthropiques, peuvent... contribuer à leur manière à cette dynamique collective pour transformer en profondeur nos modèles sociaux, économiques et environnementaux. Et pour cela, j'ai le plaisir d'accueillir trois invités. Raphaël Gasque, directrice générale de l'UNCPI, qui depuis 50 ans œuvre à l'éducation, à l'environnement, évoluant aujourd'hui vers une pédagogie du développement durable de proximité au service des petits et moyens territoires. J'ai toujours tendance à parler des petites et moyennes entreprises, mais là, c'est des petits et des moyens. les PMT, souvent oubliés. Et avec vous, nous évoquerons justement ce rapport au temps long. Bonjour Raphaël.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Ensuite, nous parlerons du temps cyclique de l'innovation. Elle est avec nous depuis Lyon, Josépha Poré. Vous êtes directrice générale de Ronalpia, qui réinvente les modèles avec les acteurs locaux pour proposer des solutions sociales et innovantes adaptées aux spécificités des territoires. Bonjour Josépha. Bonjour. Et enfin, nous explorerons la performance durable et le rôle clé de la philanthropie collective avec Lorraine Derville, directrice du mouvement TILT qui accompagne les associations dans leur transition environnementale et climatique. Bonjour Lorraine.

  • Speaker #2

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui toutes les trois, que ce soit ici dans nos studios ou que ce soit depuis chez vous, ou Josepha, on va ensemble travailler cette question. Bienvenue à tous dans Comment vas-tu bien la planète ? Allo, salut, comment ça va ? Il est donc temps d'ouvrir cet échange. Depuis quelques mois maintenant, grâce au Rameau, on peut faire ce parcours autour de la confiance des territoires, des entreprises, comment en fait tous ces acteurs, le monde académique aussi, peuvent intervenir dans le développement durable des territoires. On l'a compris, l'ODD17, c'est une véritable opportunité de transformation à long terme de nos territoires tout en respectant... tant les spécificités locales. Et on verra enfin comment on peut mutualiser les ressources pour créer un impact durable et inclusif. On va peut-être commencer sur une question, je ne sais pas si elle est collective, vous allez en tout cas essayer d'y répondre les unes et les autres de là où vous êtes. Chacune d'entre vous incarne cette dimension temporelle, on l'a vu dans la présentation, une clé dans le processus de changement. La confiance sur le long terme, l'innovation sur un cycle moyen et puis la performance durable à court terme. Alors comment ces différentes temporalités, selon vous, peuvent-elles compléter et permettre des partenariats plus efficaces dans le cadre de l'ODD17 ? Peut-être je vais commencer avec vous Raphaël, nous expliquer comment le temps long s'incarne et est développé dans les territoires ruraux via l'UNCPI. Peut-être d'abord nous redire un petit peu ce qu'est l'UNCPI, j'en ai fait une présentation très rapide. Mais nous expliquez comment cette question des temps s'incarne à l'UNCPI.

  • Speaker #1

    Alors l'Union nationale des CPIE ou plus largement le réseau des CPIE, qu'est-ce que c'est ? C'est un réseau de 80 associations environnementales dans différents territoires français, pas uniquement ruraux. On est en zone tropicale avec des implantations à Mayotte, à La Réunion, en littoral, en montagne. en zone urbaine, mais en grande partie, vous avez raison, en milieu rural. Et c'est un réseau qui est caractérisé par son ancrage non seulement territorial, mais aussi historique, puisqu'il a une cinquantaine d'années et il est parmi les pionniers dans les actions environnementales avec une émergence du réseau dès les années... 70.

  • Speaker #0

    Donc 50 ans, le temps long s'incarne parfaitement à l'UNCPI. Comment ça vous a permis de bâtir des partenariats solides sur le long terme, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Alors cet ancrage territorial et dans le temps long est porté de notre point de vue aussi par la caractéristique de nos organisations qui sont associatives et qui, dans leurs actions, fédèrent un nombre très large d'acteurs. depuis un certain nombre d'années avec une permanence dans leur présence et donc ils incarnent les CPIE dans leur territoire, ils incarnent le récit du territoire de ce qu'il a été et c'est un parfait point de départ pour voir ce qu'il va devenir.

  • Speaker #0

    Alors le monde associatif c'est aussi un monde qui est précaire, enfin précaire d'abord souvent précaire financièrement mais aussi Sur le temps, c'est-à-dire que des associations qui ont 50 ans, il n'y en a pas pléthore. Donc il faut aussi renouveler ce réseau associatif parce qu'il y en a qui vivent, il y en a qui naissent, il y en a qui meurent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors c'est vrai qu'il y a une véritable fragilité financière, mais ça engendrait aussi une agilité du réseau à se renouveler. Et c'est une caractéristique du réseau des CPIE qui a systématiquement requestionné. sa place pour se positionner là où il lui semblait bon d'être pour accompagner les changements de société. Et donc dans les années 70, quand il s'agissait de sensibiliser à l'environnement, ce qui était plutôt pionnier dans les années 70, le positionnement a ensuite muté. Et je pense que le fait que le réseau des CPIE ait toujours eu ce coup d'avance et cultivé cette culture de pionnier. le met en disposition aujourd'hui pour inventer les imaginaires du futur.

  • Speaker #0

    50 ans de pionniérisme, c'est sympa parce que vous êtes finalement des pionniers du temps long. Vous êtes toujours pionnier, quel que soit le temps. Comment ça se passe chez Ronalpia, Josepha ? Vous vous êtes ancrée dans les territoires, vous vous intéressez à cet ancrage local, solide. Comment ça s'incarne cette question du temps en rapport avec l'ODD17 et ce fameux pari de la confiance, Josepha ?

  • Speaker #3

    Du coup, peut-être pour dire quelques mots sur...

  • Speaker #0

    Renalpia, bien sûr.

  • Speaker #3

    Il y a dix ans, donc on est beaucoup plus jeunes, dix ans sur la région Auvergne-Grenalpe, avec cette ambition, on va dire, de répondre aux défis de notre territoire par le levier de l'innovation sociale et territoriale, et avec ce rôle qu'on se donne aujourd'hui, de pouvoir accompagner et donner plus d'ampleur à ces innovations, et qu'elles soient évidemment ancrées. à leur territoire, quand on parle d'ancrage territorial, c'est ancré par rapport aux réalités territoriales, à la compréhension des besoins de nos territoires, que ce soit des besoins sociaux, environnementaux, locaux, et ancrage aussi dans la fiabilité des solutions qui pourraient être portées. Nous, on accompagne au quotidien et tous les ans 150 projets, à peu près, qui sont en phase de création et de développement. Et au-delà de ce métier d'accompagnement, on connecte, on fédère une communauté d'acteurs, que ce soit des institutionnels, élus, entrepreneurs.

  • Speaker #0

    Un véritable catalyseur territorial, comme on l'a évoqué dans les podcasts précédents. Alors comment justement vous gérez cette temporalité de l'innovation qui nécessite à la fois de la réactivité, parce qu'elle s'ancre dans des besoins, dans des communs d'un territoire ? mais aussi un ancrage local solide pour assurer justement la pérennité de ces initiatives. Parce que notre question, c'est vraiment le côté systémique, ce qui fait que tout cela devient pérenne et que ce ne soit pas juste un épiphénomène d'un instant.

  • Speaker #3

    Peut-être notre complexité, c'est qu'on jongle avec deux temps et deux temporalités différentes. Il y a le temps court, celui qui va impulser, donc l'innovateur, le porteur de progrès, projet qui a, à un moment donné, à l'échec de son territoire, identifié une problématique sociale environnementale et qui voudra se mettre en action pour y répondre, donc avec des objectifs à la fois d'action, de modélisation économique, de pouvoir pérenniser aussi financièrement son activité, mais en parallèle il y a le temps de l'appropriation territoriale, si on veut que ce soit, nous on a cette conviction que les projets peuvent être pérennes s'ils sont pas. co-construits aussi avec les acteurs locaux, et le temps de l'appropriation par le territoire est souvent différent de celle de l'innovateur et du porteur de projet. Donc nous, un de nos rôles, c'est justement d'essayer de conjuguer aussi ces temporalités, celle des acteurs locaux et celle de celui qui va s'impliquer dans la création et le développement d'activités localement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, je voyais Raphaël qui levait les bras, disait bah oui, c'est une évidence tout cela. Et alors TILT, d'abord, qu'est-ce que vous faites Lorraine et comment justement vous répondez vous ? Alors vous, c'est des temps qui sont un peu plus contraints en fait, à hauteur de quelques mois, 10, 12, 18 mois.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors le mouvement TILT, c'est une coalition d'acteurs qui réunit à la fois le monde de la philanthropie et le monde associatif. pour devenir un véritable vecteur de transition écologique dans ces écosystèmes-là, faire de la dimension environnementale l'affaire de tous les acteurs et de toutes les causes de l'intérêt général, en alliant respect des limites planétaires et réponse aux enjeux sociaux.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que TILT, c'est un réceptacle, vous allez voir tous les mécènes possibles et vous êtes aussi en regard de projets émergents et vous faites finalement le contact. le lien entre ces mécènes potentiels et ces projets émergents.

  • Speaker #2

    Alors on est en fait une dynamique de mécénat collectif, donc on invite les fondations, quels que soient leurs objets, quels que soient leurs domaines d'intervention, à prendre part au mouvement. Et en prenant part, elles co-financent des initiatives qui visent à créer des parcours d'accompagnement, des outils à faire du plaidoyer pour accompagner l'écosystème de l'intérêt général dans leur dimension de transition écologique. Donc les bénéficiaires, ce sont... des structures de l'intérêt général, des associations principalement, qui décident de prendre en compte cet enjeu de soutenabilité forte dans leurs actions sociales. Donc on est entre guillemets dans du temps court parce que la transition, la transformation écologique doit se faire maintenant, si on veut faire face aux grands enjeux de notre temps, qu'ils soient environnementaux ou sociaux. Donc on est sur des parcours effectivement... assez court d'accompagnement sur 6-8 mois avec les associations, avec lesquelles on réfléchit à la transformation de leur modèle organisationnel sociétal pour vraiment englober cette dynamique de soutenabilité forte dans leur projet. Mais bien sûr, entre guillemets, c'est du temps court pour agir, mais ça s'inscrit dans des enjeux de temps long.

  • Speaker #0

    Si vous faites les réponses à la question que j'allais poser, vous allez me dire comment... Non, non, mais ne vous excusez pas, c'est très bien. C'est comment cet enracinement dans un temps court favorise le temps long ? Parce que c'est bien de pouvoir lever de l'argent sur des projets, mais en effet, il faut qu'ils puissent s'inscrire et que ce ne soit pas un feu de paille.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, le rayonnement qu'on va avoir à travers ces projets qu'on met en place et cette nouvelle manière d'aborder finalement des collaborations entre ces acteurs de l'intérêt général. On l'espère, aura un impact de transformation systémique, de vraiment transformation à la racine de nos manières de faire nos actions sociales, avec toujours ce prisme de dimension environnementale. Et donc, on a la conviction que sortir de nos silos de causes d'intérêt général, c'est absolument nécessaire pour agir en commun sur des défis qui nous dépassent. En philanthropie, on a maintenant aussi les preuves de concept que, en alliant plusieurs fonds, plusieurs causes, on est en capacité d'avoir une transformation réelle des problématiques sociales qu'on emmène, qu'on embarque avec nos financements pour faire en sorte de traiter la cause des problèmes et pas simplement les conséquences.

  • Speaker #0

    Alors quand on travaille à hauteur des territoires, je dis souvent, c'est peut-être vous, Josépha, qui allez peut-être pouvoir mieux nous en parler parce que vous, vous êtes, enfin je ne dis pas que les autres ne le sont pas, mais vous travaillez la matière du territoire en permanence. Et le plus difficile, c'est aussi d'embarquer ces territoires, qu'ils soient ruraux, qu'ils soient urbains, pour tisser ces collaborations fructueuses. Comment on s'y prend, Josépha, particulièrement chez Renapia ? Pour arriver à articuler ces besoins locaux, ce qu'on appelle communément les communs des territoires, avec les solutions d'innovation sociale, tout en tenant compte des spécificités territoriales qui ne sont pas forcément dans le temps. C'est-à-dire que quand on arrive sur des élections municipales qui sont prochaines, l'intérêt du territoire n'est pas le même que quand on vient d'être élu et qu'on sait qu'on va avoir six ans pour développer.

  • Speaker #3

    Merci pour la mise en visibilité de la complexité de nos métiers aujourd'hui. Effectivement, et je n'aurais pas une seule réponse à faire, je pense qu'aujourd'hui, la force de l'approche territoriale et de la compréhension des besoins des territoires, c'est celle de la proximité dans la durée, parce que justement, on a des fonctionnements de territoire et des compositions d'acteurs de territoire qui évoluent aussi au fur et à mesure. Nous, l'approche, c'est l'entrée qu'on porte aujourd'hui quand on... va défricher un territoire qui soit rural, périurbain ou métropolitain. Le lien avec la collectivité territoriale nous semble primordial aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Elle est difficile à aller chercher ou pas ?

  • Speaker #3

    Elle est difficile à aller chercher, je dirais non, dans le sens où il y a dans un premier temps cette ouverture à la compréhension de qui on est, de ce qu'on propose. Par contre, faire coïncider... les ambitions et le positionnement de l'innovation sociale par rapport à des enjeux de territoire. Ça dépend de l'appétence de l'acculturation aussi du territoire à l'innovation sociale, à l'entrepreneuriat social, aux structures de l'économie sociale et solidaire. Et du coup, là, on est plutôt dans un enjeu de temporalité qui rentre en compte en fonction du niveau d'acculturation de la collectivité à ce type de projet et de modèle. Ça, c'est un des premiers critères et éléments de réponse peut-être. Mais la collectivité, elle nous semble importante et simple. en étant garante aussi de l'intérêt général de sa population et des citoyens qui vivent sur le territoire. Donc même dans l'étape de compréhension des besoins et des enjeux sociaux et environnementaux, avoir la place du pouvoir public nous semble déterminant. Par contre, ce qu'on essaye de mettre en place dans le cadre de nos actions qui sont territorialisées, c'est que la gouvernance des... de l'action qu'on va porter ne soit pas uniquement dépendante du regard de la collectivité territoriale, parce qu'aujourd'hui, un territoire, c'est différentes parties prenantes, c'est-à-dire public, privé, associatif. Et dans l'action qu'on va porter, on va essayer de remodeler, on va dire, une forme de gouvernance territoriale qui nous permettrait de développer, on va dire, de manière plus innovante notre activité.

  • Speaker #0

    Raphaël, vous voulez peut-être réagir à ça parce que vous aussi, vous voulez adresser ces territoires différemment, mais vous les adressez.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait en ligne avec ce que vient d'indiquer Josépha sur la nécessité de s'articuler avec la collectivité territoriale. Elle est absolument nécessaire, mais pas suffisante. Et on tisse avec elle le début de relation et on bénéficie lorsque, par exemple, Ronald Pia se... penche sur un territoire, on bénéficie de l'effet d'activation que permet une mission de ce type-là en temps moyen. Mais ensuite, par exemple, le réseau des CPIE, quand on est dans un territoire qui bénéficie de la présence d'un CPIE, a la possibilité de faciliter la mobilisation des autres acteurs qu'évoquait Josépha à l'instant, donc les autres associations, puisqu'il y a un effet aussi tête de réseau local. dans la présence des CPE, les entreprises, le secteur privé, les citoyens et vraiment être en capacité de faire se réunir tous ces acteurs qui ont des problèmes différents à une problématique souvent commune et c'est ça le premier commun qu'il s'agit de définir, c'est la problématique. cohésives qui après engendrent des problèmes perçus très différemment par chacun.

  • Speaker #0

    Et alors les grands mécènes, Lorraine, ils viennent de tous les territoires, vous êtes basée à Paris, et où est-ce que ce sont des mécènes extrêmement urbains et parisiens, et donc il faut leur faire comprendre ce que c'est qu'un territoire. On l'a dit dans plusieurs autres podcasts, le territoire c'est pas simplement une ville, un département, ça peut être quatre rues qui a une véritable problématique ou un quartier qu'il faut savoir adresser. Comment justement on adresse ces grands mécènes qui souvent sont plutôt des personnes urbaines et plutôt dans les grandes métropoles ? Pas forcément toutes dans les territoires ruraux, mais il y en a quand même.

  • Speaker #2

    Alors pour le moment, on a dix mécènes engagés dans le mouvement, dont des mécènes qui ont pour domaine d'intervention ou un angle d'intervention très fort sur les territoires. Je cite notamment la fondation... RTE, la fondation SNCF, la fondation GRDF, et on a vocation à inclure tout type de mécènes demain qui souhaitent mettre cette question de la transition environnementale dans le cadre de ces actions.

  • Speaker #0

    Et quand vous citez la fondation RTE, c'est des fondations qui sont déjà très engagées sur les territoires, qui les connaissent parfaitement, et vous leur proposez un levier supplémentaire pour leur permettre... encore de toucher d'autres lieux, d'autres personnes, d'autres projets ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Le mouvement TILT, finalement, ça va devenir un bras d'action extra-financier pour ces fondations qui, souvent, œuvrent en apportant une aide numéraire, une aide financière aux associations du territoire. Et grâce à cette coalition, en fait, on va pouvoir apporter une aide... extra-financière, c'est-à-dire concrètement un parcours d'accompagnement qui va amener l'association à d'abord faire son diagnostic, d'où elle part, qu'est-ce qu'elle a déjà mis en place, à comprendre les enjeux via une dynamique de sensibilisation pour vraiment transformer l'esprit, le cœur et se mettre en chemin dans cette transition, la mesure pour savoir d'où on part, pour savoir où est-ce qu'on va, et le plan de transition qui va bien sûr intégrer une transition écologique, bas carbone, mais aussi des dynamiques d'adaptation et de régénération. Et avant, Patrick, pour pas que les autres se sentent lésés, parce que j'en ai cité que trois, voudriez-vous bien me laisser pour le moment, puisqu'on est un petit mouvement, demain on sera 100, je ne pourrai plus le faire. Mais aujourd'hui, Fondation de France, j'ai cité SNCF, RTE et GRDF, en plus nous avons la Fondation de France, Mobivia, Fondation Citrus, Doumoro, la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la Fondation Caritas.

  • Speaker #0

    En plus, avec une diversité d'ancrages, Caritas pour nos auditeurs, c'est la Fondation du Secours Catholique, la Fondation SNCF, c'est les mobilités dans les territoires. Et on sait combien aujourd'hui la question de la mobilité est au cœur. Donc, on verrait qu'il y a une diversité et finalement une complémentarité de ces acteurs. L'innovation, la co-construction, on en parle très très souvent dans Comment vas-tu bien la planète, la mutualisation, briser les silos, ça c'est, Raphaël, je vous vois opiner, c'est le coeur même du travail, c'est aller comment on se met autour de la table et comment, je me souviens d'un intervenant qui me disait moi le plus difficile pour moi c'est d'aller voir des gens en leur disant on a une idée, on sait qu'il y a un besoin pour le territoire mais on sait pas comment on va le faire, on sait pas avec qui on va le faire, on sait pas avec quels moyens on va le faire, est ce que vous pouvez nous aider ? Ça vous parle, ça, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Ça nous parle très bien. C'est en effet essentiel pour avoir des récits systémiques et aborder les défis environnementaux dans toutes leurs dimensions, d'avoir une véritable transversalité. Mais cette transversalité, elle ne va pas de soi. Elle va de soi dans le discours, mais pas dans la réalité, dans le dialogue. Et donc, il faut aller chercher les acteurs, les mettre en situation de se parler, de s'entendre, de s'écouter, de prendre la mesure de ce qu'ils ont à dire, avec en général, au-delà des silos, de plus en plus dernièrement, une polarisation des points de vue. Donc, en fait, il y a des a priori sur le discours qui va être porté par un acteur agricole. en face d'une association environnementale par exemple.

  • Speaker #0

    Et c'est le rapport le plus... On parle beaucoup du temps dans cet échange. C'est le temps peut-être le plus long, ce premier temps ?

  • Speaker #1

    Alors en tout cas c'est un temps qui n'est pas à négliger. Il y a une expression qui est il faut parfois perdre du temps pour en gagner Donc il y a urgence, mais il y a urgence à certains moments, ralentir pour se donner le temps de ce dialogue. sans quoi on n'arrivera pas à avancer ensemble, à mobiliser les acteurs ensemble pour ces fameux communs dans les territoires.

  • Speaker #0

    Josépha, comment chez Ronalpia vous parvenez-vous à catalyser cette innovation sociale en tenant compte à la fois des spécificités des territoires et des besoins locaux ?

  • Speaker #3

    On va peut-être, pour réagir aussi sur ce qui vient d'être dit, et répondre à votre question en même temps, Peut-être que là où on va avoir une action plus particulière chez Ronalpia, c'est qu'on va accompagner le porteur d'initiatives et d'innovations à savoir s'entourer et fédérer autour de lui, où parfois on sera peut-être moins... Nous, on va réussir à identifier les acteurs à mettre autour de la table, favoriser des temps de rencontres, d'échanges, etc. Mais on va surtout accompagner le porteur de l'innovation à lui savoir s'entourer, à réfléchir à quelle va être l'implication des parties prenantes de son territoire dans le cadre de son projet, comment il arrive à se rendre visible, compréhensible de différentes typologies d'acteurs. Et on va être moins peut-être dans le faire avec, on sera plutôt sur accompagner à faire qu'au côté d'eux. Et ça, c'est... peut-être un parti pris de l'association aujourd'hui,

  • Speaker #0

    mais qui est complètement... Un parti pris qui est voulu pour quoi ? Pour permettre la liberté du développement et ne pas engager peut-être la structure ou l'innovation dans quelque chose, j'aime bien Emmanuel Lévinas, mais dans quelque chose de la même thé, c'est-à-dire on projette sur l'innovation ce que nous, Ronalpia, on imagine pour le territoire ?

  • Speaker #3

    Complètement. pour assurer une forme de diversité aussi dans l'approche de l'innovation sociale et territoriale localement. Et parce que nous, on n'a pas forcément l'expertise aussi qu'ont les entrepreneurs, les porteurs d'innovation sur des secteurs d'activité spécifiques où ils ont leur réseau, ils ont l'énergie aussi pour impulser et porter ces projets. Et ils ont surtout, dans cette logique de temps qui nous relie aujourd'hui dans le cadre de ces échanges, la capacité à tester et expérimenter aussi rapidement pour faire la preuve de... de l'impact et de la confiance, et aller chercher la confiance vis-à-vis des acteurs du territoire.

  • Speaker #0

    Alors, terminé, allez-y, terminé. Non, non, mais je voulais dire que c'est peut-être une spécificité. En tout cas, c'est un sujet, un mode de faire, on va dire, auquel on tient parce que l'entrepreneur, l'innovateur social, il va être, lui, ancré tous les jours, au quotidien. Et il aura cette énergie et cette intrépidité, on va dire, pour aller monter et développer ce type d'innovation.

  • Speaker #1

    Et vous, Lorraine, je crois que vous avez un système, vous avez une approche qu'on pourrait peut-être qualifier d'open source pour cette co-construction, justement, et éviter que chacun travaille dans son coin tout seul.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, pour revenir aussi sur la dynamique du temps et de la co-construction, la genèse du projet Mouvement Tilt, elle a pris plus d'un an. en préfiguration, entre guillemets. On n'avait pas de structure juridique en tant que telle. On s'est assis autour de la table. L'UNCPIE était là, l'IFMA, des acteurs de la philanthropie, des institutionnels aussi, comme le CFF, la CFFC. On s'est entourés et on a pris le temps de poser sur la table quelles étaient nos intentions, quelles étaient nos motivations communes, quelles étaient les modalités d'action, comment on allait pouvoir agir, sous quelle forme juridique. Et en fait, c'est un an où on n'a pas de production en tant que telle, mais on s'accorde le temps de faire naître un projet commun qui a du coup des fondations solides pour ensuite pouvoir se déployer. Donc l'initiative, elle a deux ans, mais finalement un an d'existence en termes de forme juridique. Et encore une fois, on est encore dans une phase émergente où on teste des parcours pilotes avec les bénéficiaires. Il y en a 8 qui en bénéficient sur cette année 2024, une vingtaine en 2025 et on considère que ce sont des communautés apprenantes qui vont nous faire remonter les éléments du terrain, challenger les parcours, les partenariats qu'on a mis en place pour encore apprendre, co-construire et préparer un passage à l'échelle pour s'aimer plus largement d'ici à 2026-2027.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu les unes et les autres. On a beaucoup parlé en termes, en termes très, pas très génériques parce qu'on est vraiment rentré dans la matière sur le fond, mais le concret de tout ça, ça débouche sur quoi ? Par exemple, Raphaël, l'UNCP, ça débouche sur quoi ? Sur quel projet ? Prenez-en un, celui qui vous vient en tête, celui dont vous êtes le plus fier, qui ou qui vous a le plus marqué. Puis je vais faire un petit peu le tour parce que c'est important aussi de donner les résultats. On voit comment ça fonctionne. On donne la méthodologie, la méthodologie du. temps, des temps courts, des temps longs, ça devient systémique. Mais vous Raphaël, par exemple, à l'UNCPI, est-ce qu'il y a un projet ? Et c'est celui qu'on met souvent en avant pour illustrer ces propos.

  • Speaker #3

    Alors c'est difficile de choisir parce que dans 80, au bout de 50 ans avec 80 CPIE, il y a quand même plusieurs projets intéressants qui ressortent. Pour en citer un par exemple qui prend forme. Grâce à la légitimité que l'on a sur les territoires et à cette capacité qu'on a eue d'embarquer les acteurs, de les mobiliser autour de ce qu'on appelle un audit patrimonial, puisqu'on s'inspire assez fortement des démarches qui ont été développées par Henri Wallagnon d'Agro-ParisTech, on a dans la Creuse par exemple réussi à... recréer une situation d'action, redonner le pouvoir d'agir à des acteurs sur le bocage. Donc c'est un sujet dont on entend beaucoup parler, la qualité de ce bocage sur le plan de la biodiversité, sa fonction pour le drainage des sols, pour évidemment les paysages, et en même temps un bocage qui est mis à mal par les manières d'entretenir la voirie, par la manière d'exploiter la vie. Et donc on était un peu dans un noeud, dans une crise avec l'évidence pour tous qu'il fallait faire quelque chose, mais très concrètement, une immense difficulté à faire autre chose que de s'accuser les uns les autres, de ne pas faire le nécessaire. Et bien en fait, on voit qu'en Creuse, on a véritablement réussi par cette légitimité, neutralité engagée de l'association CPIE à... reconstruire du dialogue et de l'envie d'agir ensemble, de l'envie d'agir en commun, de nouveau du désir et aussi de l'espoir d'en sortir d'une situation qui paraissait grippée.

  • Speaker #1

    Et comment vous êtes arrivés à briser les silos ? Parce qu'on sait combien les silos on aime siloter. L'environnement ne parle pas à l'automobile, pourtant l'environnement... Des fois, quand je dis de l'automobile, je pense à la mobilité. Et pourtant, la question environnementale, elle passe aussi par les mobilités, parce que certains territoires sont un peu déconnectés des réseaux urbains, etc. Comment on arrive à dé-siloter quand on mène des projets comme celui-ci, Raphaël ? Alors,

  • Speaker #3

    ça va vous paraître peut-être un peu bizarre, mais avant de dé-siloter, on les a écoutés chacun isolément en garantissant la confidentialité de notre écoute. et la neutralité de notre écoute. Et on les a écoutés pleinement. Et on a posé pour chaque acteur un cadre confortable d'expression. Et ça a été un préalable pour pouvoir remettre les acteurs autour de la table. C'est de les écouter individuellement avant de les remettre ensemble en reposant. Et en fait,

  • Speaker #1

    à partir du moment où ils ont été écoutés, qu'on a compris les leviers de la peur de chacun, c'est beaucoup plus facile d'entamer le dialogue.

  • Speaker #3

    absolument,

  • Speaker #1

    exactement Lorraine, vous comment concrètement un an d'existence, est-ce qu'il y a déjà des éléments concrets que vous avez envie de nous partager plein, plein alors allons-y,

  • Speaker #2

    je n'ai pas préparé vous j'en sélectionne un je pense que je vais partir sur l'exemple d'un accompagnement avec une structure lyonnaise qui s'appelle le foyer Notre-Dame des sans-abris, une structure de l'urgence sociale qui accueille 2300 personnes par jour qui fournit des logements, 1200 repas qui sont servis tous les midis. Donc voilà, une urgence sociale, logement, lutte contre la grande précarité. Et puis, ils avaient inscrit dans leur dernière feuille de route stratégique l'enjeu de la transition écologique. Sauf qu'ils étaient démunis sur comment faire, comment se mettre en chemin. Et donc, c'est là qu'avec un de leurs mécènes et volaimes citoyens, et Domuro qui est cofondateur du mouvement Tilt, on s'est alliés pour pouvoir les accompagner. Concrètement, si je prends le parcours qu'on a fait avec eux, on a commencé par le diagnostic, je disais tout à l'heure, qu'est-ce que vous faites déjà ? Où est-ce que vous en êtes ? Où est-ce que vous avez avancé sur ce chemin de la transition ? Parce qu'il faut vraiment le prendre comme un itinéraire long, on ne part pas tous des mêmes endroits, mais on a tous une cible, en tout cas un lieu qu'il faut qu'on atteigne. Donc, diagnostic, sensibilisation, là on a fait des ateliers de sensibilisation pour le personnel du foyer Notre-Dame des Sans-Abris. Mesures, on est en train de faire leur bilan carbone. Le carbone pour nous, ça reste un cheval de trois pour rentrer dans le sujet, dans l'association avec une première mesure concrète. Mais c'est un premier angle parce qu'on veut vraiment avoir une approche holistique de la transition écologique qui intègre. les autres éléments liés aux limites planétaires, biodiversité, eau, pollution, etc. Donc un bilan carbone et au-delà de mesurer uniquement l'empreinte écologique, on veut aussi valoriser les contributions positives. Donc on en est là et il va y avoir d'autres étapes dans le futur proche. C'est aussi de leur fournir cet outil qui va évoluer dans le temps, qui sera à la fois en mesure... d'être sur une approche intégrée en fait, impact social et empreinte environnementale et comment on embarque aussi les bénéficiaires.

  • Speaker #1

    Et comment on décilote surtout tout ça.

  • Speaker #2

    Comment on décilote. Alors comment on embarque aussi les bénéficiaires finaux ? Parce que là si je prends le foyer Notre-Dame des Sans-Abris, et Josépha connaîtra bien si elle est lyonnaise, on s'adresse à des personnes extrêmement vulnérables. Donc comment on parle de transition à des populations qui sont... sobres déjà et qui se sont privés la plupart de leur vie d'inconfort que nous on connaît. On travaille avec Parlons Climat et Destin Commun sur la manière dont on approche cette transition écologique qui concerne ces populations et qui seront les plus concernées en plus par ces enjeux de transition. Donc je rejoins Raphaël vraiment. Finalement, comment on décilote ? C'est en écoutant et en adaptant. les discours et les parcours à chaque spécificité.

  • Speaker #1

    On le voit donc que le temps de l'écoute est un temps nécessaire pour avancer. Et vous, Josépha, Ronald Pia, vous agissez depuis une dizaine d'années maintenant sur le territoire lyonnais. Il y a des projets qui vous ont plus marqué que d'autres et qui, justement, viennent illustrer un petit peu ce parcours du temps, ce décilotage, cette coopération entre les territoires.

  • Speaker #0

    Bien sûr, peut-être un projet qu'on est en train de porter en ce moment avec la communauté de communes de l'Arbrel, c'est 38 000 habitants. Ils réfléchissent dans le cadre de leur plan local de l'habitat, comment faire pour maintenir un domicile ou d'autres formes d'habitats intermédiaires pour les personnes âgées isolées de leur territoire. où ils ont fait appel à Royal Pia pour se dire que les solutions qui existent aujourd'hui ne répondent pas aux enjeux et aux besoins du territoire. En tout cas, on a besoin de nouvelles formes d'initiatives. Faisons appel à l'innovation sociale pour répondre à ces défis, qui est déjà une preuve de confiance intéressante du territoire en termes de maturité. Pour ce dire, on fait confiance à l'innovation sociale pour répondre à des besoins peu ou mal couverts localement. Et nous, on a adressé du coup ce sujet en mettant en place, pour faire le lien avec ce que disaient les deux précédentes intervenantes sur l'écoute territoriale, on a mis en place un comité territorial qui vient dépasser uniquement le commanditaire, on va dire, qui pourrait être celui de la collectivité, en associant d'autres regards, des entreprises, des associations. des grands groupes comme Malakoff-Ménis, le Girond-Topo, qui a participé à ces regards croisés, les dirigeants d'EHPAD pour essayer d'identifier quels étaient les besoins. On est allé sur des marchés aussi pour essayer d'aller au contact directement des personnes âgées pour se dire ce serait quoi la solution idéale du territoire. Et avec ces différents croisements de regards, nous notre rôle c'est ensuite de... On ne va pas porter le problème... projets et la solution directement. C'est pour ça qu'on va aller sonder notre communauté pour se dire quels sont les projets qui existent déjà, qui pourraient soit se diversifier, soit qui pourraient s'implanter sur le territoire, soit nous on a un enjeu à accompagner la création de nouveaux projets localement pour répondre à ces besoins. Et donc le lien avec notre communauté aujourd'hui est hyper important aussi dans ce sens-là, parce qu'on les identifie vraiment comme des solutions qui pourraient s'adapter et du coup répondre aux spécificités locales des populations de Ronalpia. Et là, pour vous donner deux exemples de projets qui pourraient être mobilisés dans le cadre de cette réponse, c'est l'air aéré qu'on a accompagné il y a cinq ans maintenant, qui est né dans le Beaujolais et qui propose à travers un bus itinérant d'aller au plus près des personnes âgées pour leur proposer des animations pour favoriser, pour lutter plutôt contre la dépendance et Monseigneur, qui est un autre projet qu'on a accompagné il y a quatre ans à Grenoble et qui est en train de décémer dans les territoires ruraux notamment, qui veut favoriser la création de nouveaux logements en proposant de l'accueil à domicile des personnes âgées. Donc ça, c'est des solutions qui existent, mais qui restent appropriées aux besoins du territoire.

  • Speaker #1

    C'est ça, et on voit bien comment les solutions d'il y a quelques années peuvent aujourd'hui... s'implémenter ou complémenter un développement territorial. Est-ce que vous voulez réagir peut-être à ce qui a été dit, Raphaël ou Lorraine ?

  • Speaker #3

    Je trouve assez remarquable avec les exemples que l'on donne chacune, comment on voit que les choses s'articulent dans les temporalités, puisque c'est le thème du podcast, entre les activités de tilt, qui plus dans un temps court et comme son nom d'ailleurs l'indique, sont vraiment un déclencheur, une prise de conscience.... Comme les activités de Ronalpia sont des activateurs en territoire, une mobilisation, donc vraiment ça crée une activation. Et comme le réseau des CPIE accueille dans le temps plus long celui de la confiance, l'action commune des acteurs durablement. Et donc c'est intéressant de nous avoir réunis toutes les trois.

  • Speaker #1

    Lorraine, et peut-être que vous coopérez toutes les trois, parce que je ne sais pas si vous vous connaissiez avant, mais Lorraine, vous vouliez réagir.

  • Speaker #2

    Vous m'avez encore une fois spoilé. Non, entre guillemets, nous, on est un acteur récent et entre guillemets du temps court. Mais on va réussir à atteindre nos ambitions grâce à des acteurs du temps long. Donc typiquement, effectivement, on coopère avec l'UNCPIE parce qu'on va s'appuyer sur ces réseaux d'acteurs, ces maillages territoriales, ces acteurs de toujours qui ont œuvré sur les thématiques environnementales. En déployant finalement peut-être des nouvelles approches, des nouveaux outils qu'on pourra diffuser via ces réseaux.

  • Speaker #1

    On arrive un peu au terme de cet échange. Il y a plein d'autres choses. Moi, il y avait une question et c'est peut-être plus à vous, Raphaël et Josépha, que je vais poser cette question-là, parce que les territoires, vous les connaissez, vous les maîtrisez. Moi, c'est quel est le niveau aujourd'hui de maturité des territoires sur cette gouvernance de coopération, cette gouvernance ? et cette coopération multisectorielle ? Parce qu'on l'a dit, vous allez chercher chaque territoire, il y a des territoires qui sont plus matures que d'autres, mais globalement, aujourd'hui, est-ce que vous avez le sentiment, vous qui opérez dans les territoires, qu'il y a une sorte de maturité, que ça devient presque un levier naturel que de mettre toutes les parties prenantes autour de la table, et justement de dé-siloter ? Je vais peut-être commencer par vous, avec vous, Josépha, et puis après Raphaël.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a une... une lecture en tout cas, une envie d'avoir cette lecture commune aussi vis-à-vis du... parfois du manque de ressources aussi qui peut exister à l'échelle des territoires et de se dire en fait nous tout seul on n'arrivera pas forcément à porter la solution. Donc on a besoin d'avoir le regard, les compétences, alors c'est pas forcément une histoire de moyens financiers, c'est aussi de compétences, de moyens humains, je dis compétences mais c'est aussi compétences territoriales à proprement dit. Donc j'ai l'impression que le sujet de l'alliance parfois il est accéléré aussi par des enjeux d'urgence.

  • Speaker #1

    Par la réalité, c'est un enjeu d'urgence.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est pour les bonnes raisons malheureusement, mais en tout cas je sens que quand on dit qu'on a besoin de pouvoir mobiliser d'autres acteurs autour de la table, il y a peu de réticence aujourd'hui parce qu'on voit la complémentarité à la fois des pouvoirs et des apports. que chacun pourrait apporter autour de la table.

  • Speaker #1

    Et vous, de votre côté, Josépha, l'UNCPI ?

  • Speaker #3

    Raphaël, moi, j'ai le sentiment que tous les territoires ont ce désir et cette compréhension que ça passera par la transversalité, le décloisonnement. Donc, il y a cette conscience aiguë, mais pour autant, chacun se sent pas forcément légitime à porter ce décloisonnement, d'où l'intérêt de transiter par des acteurs associatifs. et que les intentions souvent se traduisent par un regroupement temporaire dans une séquence de projets où on fait une phase de concertation, mais que ça doit aller bien au-delà du très amont au très aval. Et il ne s'agit pas de se réunir juste à certains moments clés dans du séquentiel, mais de tenir ce décloisonnement sur le temps.

  • Speaker #1

    Dernière question à chacun, une question assez rapide. Pour vous, quel est le levier aujourd'hui à actionner pour pouvoir permettre ce développement, j'ai presque envie de dire, urgentiel et immédiat, mais aussi en l'ancrant dans le temps long pour que tout ça devienne systémique ? Je commence par vous, Raphaël, parce que vous me regardez.

  • Speaker #3

    Alors nous, le levier qu'on a choisi, il y en a plusieurs, mais nous, un levier que l'on entend déployer, c'est celui de la facilitation stratégique dans les territoires. Avec... avec le déploiement d'un certain protocole qui entend aller du très amont, avant même l'amont, au très aval, jusqu'à l'exploitation et la gestion en commun du patrimoine et du vivant sur lequel on vit et on travaille.

  • Speaker #1

    Pour vous, Josépha, et puis après Lorraine pour terminer.

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est de investir et reconnaître le rôle des tiers de confiance. On en est tous les trois. des illustrations et cette transversalité elle fonctionnera qu'avec de l'ingénierie en face qui est peu visible aujourd'hui ou pas assez reconnue donc pour moi ça fait partie des...

  • Speaker #1

    On l'a entendu aussi déjà, on l'a entendu de nombreuses fois que cette ingénierie c'était peut-être la plus difficile aujourd'hui à financer parce qu'elle n'est pas reconnue et surtout elle est difficilement compréhensible. Malheureusement en business plan. Et pour vous Lorraine, c'est quoi votre levier ?

  • Speaker #2

    Un levier que j'aimerais citer qui va rejoindre finalement l'ODD 17 autour du partenariat et l'ODD 13 autour de la transition écologique et de la lutte contre le changement climatique. Ça serait de faire reconnaître la cause environnementale comme une métacause qui transcende finalement tous les centres d'intérêt général. de manière à ce que vraiment cette thématique-là infuse dans chacun des projets de terrain.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toutes les trois. Merci Raphaël, merci Josépha, merci Lorraine d'avoir été les invités de Comment vas-tu bien la planète. On se retrouve le mois prochain, toujours en partenariat avec le Rameau, que je remercie de nous aider à explorer cette notion d'alliance, de partenariat, de co-construction. pour le développement durable de nos territoires. Vous pouvez nous retrouver bien évidemment sur toutes les plateformes de podcasts dédiées, Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour ne citer que les principales. N'oubliez pas de liker, surtout de vous abonner à ce podcast. Alors, ce n'est pas juste pour mon égo personnel, c'est parce que l'algorithme, plus vous vous abonnez, plus l'algorithme va le proposer à des gens qui ne sont pas de nos secteurs et qui vont découvrir nos échanges et permettre de faire avancer la cause pour que ces échanges permettent de devenir systémiques. après dans les esprits de celles et de ceux qui agissent dans les territoires. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne écoute des autres épisodes, bien évidemment. D'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien. A très bientôt. Au revoir.

  • Speaker #0

    Bonne soirée.

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Description

Alors que vient de paraître cahier de recherche « ODD 17 : quelles trajectoires territoriales ? » en partenariat avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Le Rameau, nous explorons dans cet épisode la diversité des temps nécessaires au changement systémique.


Comment les territoires, qu’ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils relever les défis du développement durable grâce à des alliances efficaces ? Et, surtout, comment différents acteurs — associatifs, institutionnels et philanthropiques — peuvent-ils contribuer à cette transformation profonde ?


🎙️ Pour en discuter, j’ai le plaisir d’accueillir :

  • Raphaëlle Gasc (UNCPIE) pour parler du temps long et de l’éducation à l’environnement.

  • Josepha Poret (Ronalpia) pour explorer le temps cyclique de l’innovation sociale locale.

  • Loraine Derville (Mouvement Tilt) sur la performance durable et la philanthropie collective.


Dans cet échange, nous aborderons les questions essentielles : comment articuler ces temps pour accélérer les transitions territoriales ? Quels sont les leviers et les freins pour rendre l’ODD 17 une opportunité durable, tout en respectant les spécificités locales ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous aurons l'occasion de partir à la rencontre d'une personnalité, d'un pays, d'une culture, d'un regard, d'une action en faveur des 17 objectifs du développement durable de l'agenda 2030. Dans ce temps pandémique si singulier qui s'inscrit déjà dans les livres d'histoire, nous vous invitons à prendre la température du monde et à devenir acteur du changement. Je suis Patrick Longchamp, journaliste. Bienvenue dans Comment vas-tu bien la planète ? Alors que nous abordons la publication du cahier de recherche au DD17, quelle trajectoire territoriale en partenariat avec l'Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts et le Rameau, notre partenaire, nous allons explorer la diversité des temps nécessaires aux changements systémiques, comment les territoires, qu'ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils à travers des partenariats, des alliances, le pari de la confiance, répondre à ces enjeux de développement durable et surtout comment différents acteurs, qu'ils soient associatifs, institutionnels ou philanthropiques, peuvent... contribuer à leur manière à cette dynamique collective pour transformer en profondeur nos modèles sociaux, économiques et environnementaux. Et pour cela, j'ai le plaisir d'accueillir trois invités. Raphaël Gasque, directrice générale de l'UNCPI, qui depuis 50 ans œuvre à l'éducation, à l'environnement, évoluant aujourd'hui vers une pédagogie du développement durable de proximité au service des petits et moyens territoires. J'ai toujours tendance à parler des petites et moyennes entreprises, mais là, c'est des petits et des moyens. les PMT, souvent oubliés. Et avec vous, nous évoquerons justement ce rapport au temps long. Bonjour Raphaël.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Ensuite, nous parlerons du temps cyclique de l'innovation. Elle est avec nous depuis Lyon, Josépha Poré. Vous êtes directrice générale de Ronalpia, qui réinvente les modèles avec les acteurs locaux pour proposer des solutions sociales et innovantes adaptées aux spécificités des territoires. Bonjour Josépha. Bonjour. Et enfin, nous explorerons la performance durable et le rôle clé de la philanthropie collective avec Lorraine Derville, directrice du mouvement TILT qui accompagne les associations dans leur transition environnementale et climatique. Bonjour Lorraine.

  • Speaker #2

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui toutes les trois, que ce soit ici dans nos studios ou que ce soit depuis chez vous, ou Josepha, on va ensemble travailler cette question. Bienvenue à tous dans Comment vas-tu bien la planète ? Allo, salut, comment ça va ? Il est donc temps d'ouvrir cet échange. Depuis quelques mois maintenant, grâce au Rameau, on peut faire ce parcours autour de la confiance des territoires, des entreprises, comment en fait tous ces acteurs, le monde académique aussi, peuvent intervenir dans le développement durable des territoires. On l'a compris, l'ODD17, c'est une véritable opportunité de transformation à long terme de nos territoires tout en respectant... tant les spécificités locales. Et on verra enfin comment on peut mutualiser les ressources pour créer un impact durable et inclusif. On va peut-être commencer sur une question, je ne sais pas si elle est collective, vous allez en tout cas essayer d'y répondre les unes et les autres de là où vous êtes. Chacune d'entre vous incarne cette dimension temporelle, on l'a vu dans la présentation, une clé dans le processus de changement. La confiance sur le long terme, l'innovation sur un cycle moyen et puis la performance durable à court terme. Alors comment ces différentes temporalités, selon vous, peuvent-elles compléter et permettre des partenariats plus efficaces dans le cadre de l'ODD17 ? Peut-être je vais commencer avec vous Raphaël, nous expliquer comment le temps long s'incarne et est développé dans les territoires ruraux via l'UNCPI. Peut-être d'abord nous redire un petit peu ce qu'est l'UNCPI, j'en ai fait une présentation très rapide. Mais nous expliquez comment cette question des temps s'incarne à l'UNCPI.

  • Speaker #1

    Alors l'Union nationale des CPIE ou plus largement le réseau des CPIE, qu'est-ce que c'est ? C'est un réseau de 80 associations environnementales dans différents territoires français, pas uniquement ruraux. On est en zone tropicale avec des implantations à Mayotte, à La Réunion, en littoral, en montagne. en zone urbaine, mais en grande partie, vous avez raison, en milieu rural. Et c'est un réseau qui est caractérisé par son ancrage non seulement territorial, mais aussi historique, puisqu'il a une cinquantaine d'années et il est parmi les pionniers dans les actions environnementales avec une émergence du réseau dès les années... 70.

  • Speaker #0

    Donc 50 ans, le temps long s'incarne parfaitement à l'UNCPI. Comment ça vous a permis de bâtir des partenariats solides sur le long terme, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Alors cet ancrage territorial et dans le temps long est porté de notre point de vue aussi par la caractéristique de nos organisations qui sont associatives et qui, dans leurs actions, fédèrent un nombre très large d'acteurs. depuis un certain nombre d'années avec une permanence dans leur présence et donc ils incarnent les CPIE dans leur territoire, ils incarnent le récit du territoire de ce qu'il a été et c'est un parfait point de départ pour voir ce qu'il va devenir.

  • Speaker #0

    Alors le monde associatif c'est aussi un monde qui est précaire, enfin précaire d'abord souvent précaire financièrement mais aussi Sur le temps, c'est-à-dire que des associations qui ont 50 ans, il n'y en a pas pléthore. Donc il faut aussi renouveler ce réseau associatif parce qu'il y en a qui vivent, il y en a qui naissent, il y en a qui meurent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors c'est vrai qu'il y a une véritable fragilité financière, mais ça engendrait aussi une agilité du réseau à se renouveler. Et c'est une caractéristique du réseau des CPIE qui a systématiquement requestionné. sa place pour se positionner là où il lui semblait bon d'être pour accompagner les changements de société. Et donc dans les années 70, quand il s'agissait de sensibiliser à l'environnement, ce qui était plutôt pionnier dans les années 70, le positionnement a ensuite muté. Et je pense que le fait que le réseau des CPIE ait toujours eu ce coup d'avance et cultivé cette culture de pionnier. le met en disposition aujourd'hui pour inventer les imaginaires du futur.

  • Speaker #0

    50 ans de pionniérisme, c'est sympa parce que vous êtes finalement des pionniers du temps long. Vous êtes toujours pionnier, quel que soit le temps. Comment ça se passe chez Ronalpia, Josepha ? Vous vous êtes ancrée dans les territoires, vous vous intéressez à cet ancrage local, solide. Comment ça s'incarne cette question du temps en rapport avec l'ODD17 et ce fameux pari de la confiance, Josepha ?

  • Speaker #3

    Du coup, peut-être pour dire quelques mots sur...

  • Speaker #0

    Renalpia, bien sûr.

  • Speaker #3

    Il y a dix ans, donc on est beaucoup plus jeunes, dix ans sur la région Auvergne-Grenalpe, avec cette ambition, on va dire, de répondre aux défis de notre territoire par le levier de l'innovation sociale et territoriale, et avec ce rôle qu'on se donne aujourd'hui, de pouvoir accompagner et donner plus d'ampleur à ces innovations, et qu'elles soient évidemment ancrées. à leur territoire, quand on parle d'ancrage territorial, c'est ancré par rapport aux réalités territoriales, à la compréhension des besoins de nos territoires, que ce soit des besoins sociaux, environnementaux, locaux, et ancrage aussi dans la fiabilité des solutions qui pourraient être portées. Nous, on accompagne au quotidien et tous les ans 150 projets, à peu près, qui sont en phase de création et de développement. Et au-delà de ce métier d'accompagnement, on connecte, on fédère une communauté d'acteurs, que ce soit des institutionnels, élus, entrepreneurs.

  • Speaker #0

    Un véritable catalyseur territorial, comme on l'a évoqué dans les podcasts précédents. Alors comment justement vous gérez cette temporalité de l'innovation qui nécessite à la fois de la réactivité, parce qu'elle s'ancre dans des besoins, dans des communs d'un territoire ? mais aussi un ancrage local solide pour assurer justement la pérennité de ces initiatives. Parce que notre question, c'est vraiment le côté systémique, ce qui fait que tout cela devient pérenne et que ce ne soit pas juste un épiphénomène d'un instant.

  • Speaker #3

    Peut-être notre complexité, c'est qu'on jongle avec deux temps et deux temporalités différentes. Il y a le temps court, celui qui va impulser, donc l'innovateur, le porteur de progrès, projet qui a, à un moment donné, à l'échec de son territoire, identifié une problématique sociale environnementale et qui voudra se mettre en action pour y répondre, donc avec des objectifs à la fois d'action, de modélisation économique, de pouvoir pérenniser aussi financièrement son activité, mais en parallèle il y a le temps de l'appropriation territoriale, si on veut que ce soit, nous on a cette conviction que les projets peuvent être pérennes s'ils sont pas. co-construits aussi avec les acteurs locaux, et le temps de l'appropriation par le territoire est souvent différent de celle de l'innovateur et du porteur de projet. Donc nous, un de nos rôles, c'est justement d'essayer de conjuguer aussi ces temporalités, celle des acteurs locaux et celle de celui qui va s'impliquer dans la création et le développement d'activités localement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, je voyais Raphaël qui levait les bras, disait bah oui, c'est une évidence tout cela. Et alors TILT, d'abord, qu'est-ce que vous faites Lorraine et comment justement vous répondez vous ? Alors vous, c'est des temps qui sont un peu plus contraints en fait, à hauteur de quelques mois, 10, 12, 18 mois.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors le mouvement TILT, c'est une coalition d'acteurs qui réunit à la fois le monde de la philanthropie et le monde associatif. pour devenir un véritable vecteur de transition écologique dans ces écosystèmes-là, faire de la dimension environnementale l'affaire de tous les acteurs et de toutes les causes de l'intérêt général, en alliant respect des limites planétaires et réponse aux enjeux sociaux.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que TILT, c'est un réceptacle, vous allez voir tous les mécènes possibles et vous êtes aussi en regard de projets émergents et vous faites finalement le contact. le lien entre ces mécènes potentiels et ces projets émergents.

  • Speaker #2

    Alors on est en fait une dynamique de mécénat collectif, donc on invite les fondations, quels que soient leurs objets, quels que soient leurs domaines d'intervention, à prendre part au mouvement. Et en prenant part, elles co-financent des initiatives qui visent à créer des parcours d'accompagnement, des outils à faire du plaidoyer pour accompagner l'écosystème de l'intérêt général dans leur dimension de transition écologique. Donc les bénéficiaires, ce sont... des structures de l'intérêt général, des associations principalement, qui décident de prendre en compte cet enjeu de soutenabilité forte dans leurs actions sociales. Donc on est entre guillemets dans du temps court parce que la transition, la transformation écologique doit se faire maintenant, si on veut faire face aux grands enjeux de notre temps, qu'ils soient environnementaux ou sociaux. Donc on est sur des parcours effectivement... assez court d'accompagnement sur 6-8 mois avec les associations, avec lesquelles on réfléchit à la transformation de leur modèle organisationnel sociétal pour vraiment englober cette dynamique de soutenabilité forte dans leur projet. Mais bien sûr, entre guillemets, c'est du temps court pour agir, mais ça s'inscrit dans des enjeux de temps long.

  • Speaker #0

    Si vous faites les réponses à la question que j'allais poser, vous allez me dire comment... Non, non, mais ne vous excusez pas, c'est très bien. C'est comment cet enracinement dans un temps court favorise le temps long ? Parce que c'est bien de pouvoir lever de l'argent sur des projets, mais en effet, il faut qu'ils puissent s'inscrire et que ce ne soit pas un feu de paille.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, le rayonnement qu'on va avoir à travers ces projets qu'on met en place et cette nouvelle manière d'aborder finalement des collaborations entre ces acteurs de l'intérêt général. On l'espère, aura un impact de transformation systémique, de vraiment transformation à la racine de nos manières de faire nos actions sociales, avec toujours ce prisme de dimension environnementale. Et donc, on a la conviction que sortir de nos silos de causes d'intérêt général, c'est absolument nécessaire pour agir en commun sur des défis qui nous dépassent. En philanthropie, on a maintenant aussi les preuves de concept que, en alliant plusieurs fonds, plusieurs causes, on est en capacité d'avoir une transformation réelle des problématiques sociales qu'on emmène, qu'on embarque avec nos financements pour faire en sorte de traiter la cause des problèmes et pas simplement les conséquences.

  • Speaker #0

    Alors quand on travaille à hauteur des territoires, je dis souvent, c'est peut-être vous, Josépha, qui allez peut-être pouvoir mieux nous en parler parce que vous, vous êtes, enfin je ne dis pas que les autres ne le sont pas, mais vous travaillez la matière du territoire en permanence. Et le plus difficile, c'est aussi d'embarquer ces territoires, qu'ils soient ruraux, qu'ils soient urbains, pour tisser ces collaborations fructueuses. Comment on s'y prend, Josépha, particulièrement chez Renapia ? Pour arriver à articuler ces besoins locaux, ce qu'on appelle communément les communs des territoires, avec les solutions d'innovation sociale, tout en tenant compte des spécificités territoriales qui ne sont pas forcément dans le temps. C'est-à-dire que quand on arrive sur des élections municipales qui sont prochaines, l'intérêt du territoire n'est pas le même que quand on vient d'être élu et qu'on sait qu'on va avoir six ans pour développer.

  • Speaker #3

    Merci pour la mise en visibilité de la complexité de nos métiers aujourd'hui. Effectivement, et je n'aurais pas une seule réponse à faire, je pense qu'aujourd'hui, la force de l'approche territoriale et de la compréhension des besoins des territoires, c'est celle de la proximité dans la durée, parce que justement, on a des fonctionnements de territoire et des compositions d'acteurs de territoire qui évoluent aussi au fur et à mesure. Nous, l'approche, c'est l'entrée qu'on porte aujourd'hui quand on... va défricher un territoire qui soit rural, périurbain ou métropolitain. Le lien avec la collectivité territoriale nous semble primordial aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Elle est difficile à aller chercher ou pas ?

  • Speaker #3

    Elle est difficile à aller chercher, je dirais non, dans le sens où il y a dans un premier temps cette ouverture à la compréhension de qui on est, de ce qu'on propose. Par contre, faire coïncider... les ambitions et le positionnement de l'innovation sociale par rapport à des enjeux de territoire. Ça dépend de l'appétence de l'acculturation aussi du territoire à l'innovation sociale, à l'entrepreneuriat social, aux structures de l'économie sociale et solidaire. Et du coup, là, on est plutôt dans un enjeu de temporalité qui rentre en compte en fonction du niveau d'acculturation de la collectivité à ce type de projet et de modèle. Ça, c'est un des premiers critères et éléments de réponse peut-être. Mais la collectivité, elle nous semble importante et simple. en étant garante aussi de l'intérêt général de sa population et des citoyens qui vivent sur le territoire. Donc même dans l'étape de compréhension des besoins et des enjeux sociaux et environnementaux, avoir la place du pouvoir public nous semble déterminant. Par contre, ce qu'on essaye de mettre en place dans le cadre de nos actions qui sont territorialisées, c'est que la gouvernance des... de l'action qu'on va porter ne soit pas uniquement dépendante du regard de la collectivité territoriale, parce qu'aujourd'hui, un territoire, c'est différentes parties prenantes, c'est-à-dire public, privé, associatif. Et dans l'action qu'on va porter, on va essayer de remodeler, on va dire, une forme de gouvernance territoriale qui nous permettrait de développer, on va dire, de manière plus innovante notre activité.

  • Speaker #0

    Raphaël, vous voulez peut-être réagir à ça parce que vous aussi, vous voulez adresser ces territoires différemment, mais vous les adressez.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait en ligne avec ce que vient d'indiquer Josépha sur la nécessité de s'articuler avec la collectivité territoriale. Elle est absolument nécessaire, mais pas suffisante. Et on tisse avec elle le début de relation et on bénéficie lorsque, par exemple, Ronald Pia se... penche sur un territoire, on bénéficie de l'effet d'activation que permet une mission de ce type-là en temps moyen. Mais ensuite, par exemple, le réseau des CPIE, quand on est dans un territoire qui bénéficie de la présence d'un CPIE, a la possibilité de faciliter la mobilisation des autres acteurs qu'évoquait Josépha à l'instant, donc les autres associations, puisqu'il y a un effet aussi tête de réseau local. dans la présence des CPE, les entreprises, le secteur privé, les citoyens et vraiment être en capacité de faire se réunir tous ces acteurs qui ont des problèmes différents à une problématique souvent commune et c'est ça le premier commun qu'il s'agit de définir, c'est la problématique. cohésives qui après engendrent des problèmes perçus très différemment par chacun.

  • Speaker #0

    Et alors les grands mécènes, Lorraine, ils viennent de tous les territoires, vous êtes basée à Paris, et où est-ce que ce sont des mécènes extrêmement urbains et parisiens, et donc il faut leur faire comprendre ce que c'est qu'un territoire. On l'a dit dans plusieurs autres podcasts, le territoire c'est pas simplement une ville, un département, ça peut être quatre rues qui a une véritable problématique ou un quartier qu'il faut savoir adresser. Comment justement on adresse ces grands mécènes qui souvent sont plutôt des personnes urbaines et plutôt dans les grandes métropoles ? Pas forcément toutes dans les territoires ruraux, mais il y en a quand même.

  • Speaker #2

    Alors pour le moment, on a dix mécènes engagés dans le mouvement, dont des mécènes qui ont pour domaine d'intervention ou un angle d'intervention très fort sur les territoires. Je cite notamment la fondation... RTE, la fondation SNCF, la fondation GRDF, et on a vocation à inclure tout type de mécènes demain qui souhaitent mettre cette question de la transition environnementale dans le cadre de ces actions.

  • Speaker #0

    Et quand vous citez la fondation RTE, c'est des fondations qui sont déjà très engagées sur les territoires, qui les connaissent parfaitement, et vous leur proposez un levier supplémentaire pour leur permettre... encore de toucher d'autres lieux, d'autres personnes, d'autres projets ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Le mouvement TILT, finalement, ça va devenir un bras d'action extra-financier pour ces fondations qui, souvent, œuvrent en apportant une aide numéraire, une aide financière aux associations du territoire. Et grâce à cette coalition, en fait, on va pouvoir apporter une aide... extra-financière, c'est-à-dire concrètement un parcours d'accompagnement qui va amener l'association à d'abord faire son diagnostic, d'où elle part, qu'est-ce qu'elle a déjà mis en place, à comprendre les enjeux via une dynamique de sensibilisation pour vraiment transformer l'esprit, le cœur et se mettre en chemin dans cette transition, la mesure pour savoir d'où on part, pour savoir où est-ce qu'on va, et le plan de transition qui va bien sûr intégrer une transition écologique, bas carbone, mais aussi des dynamiques d'adaptation et de régénération. Et avant, Patrick, pour pas que les autres se sentent lésés, parce que j'en ai cité que trois, voudriez-vous bien me laisser pour le moment, puisqu'on est un petit mouvement, demain on sera 100, je ne pourrai plus le faire. Mais aujourd'hui, Fondation de France, j'ai cité SNCF, RTE et GRDF, en plus nous avons la Fondation de France, Mobivia, Fondation Citrus, Doumoro, la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la Fondation Caritas.

  • Speaker #0

    En plus, avec une diversité d'ancrages, Caritas pour nos auditeurs, c'est la Fondation du Secours Catholique, la Fondation SNCF, c'est les mobilités dans les territoires. Et on sait combien aujourd'hui la question de la mobilité est au cœur. Donc, on verrait qu'il y a une diversité et finalement une complémentarité de ces acteurs. L'innovation, la co-construction, on en parle très très souvent dans Comment vas-tu bien la planète, la mutualisation, briser les silos, ça c'est, Raphaël, je vous vois opiner, c'est le coeur même du travail, c'est aller comment on se met autour de la table et comment, je me souviens d'un intervenant qui me disait moi le plus difficile pour moi c'est d'aller voir des gens en leur disant on a une idée, on sait qu'il y a un besoin pour le territoire mais on sait pas comment on va le faire, on sait pas avec qui on va le faire, on sait pas avec quels moyens on va le faire, est ce que vous pouvez nous aider ? Ça vous parle, ça, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Ça nous parle très bien. C'est en effet essentiel pour avoir des récits systémiques et aborder les défis environnementaux dans toutes leurs dimensions, d'avoir une véritable transversalité. Mais cette transversalité, elle ne va pas de soi. Elle va de soi dans le discours, mais pas dans la réalité, dans le dialogue. Et donc, il faut aller chercher les acteurs, les mettre en situation de se parler, de s'entendre, de s'écouter, de prendre la mesure de ce qu'ils ont à dire, avec en général, au-delà des silos, de plus en plus dernièrement, une polarisation des points de vue. Donc, en fait, il y a des a priori sur le discours qui va être porté par un acteur agricole. en face d'une association environnementale par exemple.

  • Speaker #0

    Et c'est le rapport le plus... On parle beaucoup du temps dans cet échange. C'est le temps peut-être le plus long, ce premier temps ?

  • Speaker #1

    Alors en tout cas c'est un temps qui n'est pas à négliger. Il y a une expression qui est il faut parfois perdre du temps pour en gagner Donc il y a urgence, mais il y a urgence à certains moments, ralentir pour se donner le temps de ce dialogue. sans quoi on n'arrivera pas à avancer ensemble, à mobiliser les acteurs ensemble pour ces fameux communs dans les territoires.

  • Speaker #0

    Josépha, comment chez Ronalpia vous parvenez-vous à catalyser cette innovation sociale en tenant compte à la fois des spécificités des territoires et des besoins locaux ?

  • Speaker #3

    On va peut-être, pour réagir aussi sur ce qui vient d'être dit, et répondre à votre question en même temps, Peut-être que là où on va avoir une action plus particulière chez Ronalpia, c'est qu'on va accompagner le porteur d'initiatives et d'innovations à savoir s'entourer et fédérer autour de lui, où parfois on sera peut-être moins... Nous, on va réussir à identifier les acteurs à mettre autour de la table, favoriser des temps de rencontres, d'échanges, etc. Mais on va surtout accompagner le porteur de l'innovation à lui savoir s'entourer, à réfléchir à quelle va être l'implication des parties prenantes de son territoire dans le cadre de son projet, comment il arrive à se rendre visible, compréhensible de différentes typologies d'acteurs. Et on va être moins peut-être dans le faire avec, on sera plutôt sur accompagner à faire qu'au côté d'eux. Et ça, c'est... peut-être un parti pris de l'association aujourd'hui,

  • Speaker #0

    mais qui est complètement... Un parti pris qui est voulu pour quoi ? Pour permettre la liberté du développement et ne pas engager peut-être la structure ou l'innovation dans quelque chose, j'aime bien Emmanuel Lévinas, mais dans quelque chose de la même thé, c'est-à-dire on projette sur l'innovation ce que nous, Ronalpia, on imagine pour le territoire ?

  • Speaker #3

    Complètement. pour assurer une forme de diversité aussi dans l'approche de l'innovation sociale et territoriale localement. Et parce que nous, on n'a pas forcément l'expertise aussi qu'ont les entrepreneurs, les porteurs d'innovation sur des secteurs d'activité spécifiques où ils ont leur réseau, ils ont l'énergie aussi pour impulser et porter ces projets. Et ils ont surtout, dans cette logique de temps qui nous relie aujourd'hui dans le cadre de ces échanges, la capacité à tester et expérimenter aussi rapidement pour faire la preuve de... de l'impact et de la confiance, et aller chercher la confiance vis-à-vis des acteurs du territoire.

  • Speaker #0

    Alors, terminé, allez-y, terminé. Non, non, mais je voulais dire que c'est peut-être une spécificité. En tout cas, c'est un sujet, un mode de faire, on va dire, auquel on tient parce que l'entrepreneur, l'innovateur social, il va être, lui, ancré tous les jours, au quotidien. Et il aura cette énergie et cette intrépidité, on va dire, pour aller monter et développer ce type d'innovation.

  • Speaker #1

    Et vous, Lorraine, je crois que vous avez un système, vous avez une approche qu'on pourrait peut-être qualifier d'open source pour cette co-construction, justement, et éviter que chacun travaille dans son coin tout seul.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, pour revenir aussi sur la dynamique du temps et de la co-construction, la genèse du projet Mouvement Tilt, elle a pris plus d'un an. en préfiguration, entre guillemets. On n'avait pas de structure juridique en tant que telle. On s'est assis autour de la table. L'UNCPIE était là, l'IFMA, des acteurs de la philanthropie, des institutionnels aussi, comme le CFF, la CFFC. On s'est entourés et on a pris le temps de poser sur la table quelles étaient nos intentions, quelles étaient nos motivations communes, quelles étaient les modalités d'action, comment on allait pouvoir agir, sous quelle forme juridique. Et en fait, c'est un an où on n'a pas de production en tant que telle, mais on s'accorde le temps de faire naître un projet commun qui a du coup des fondations solides pour ensuite pouvoir se déployer. Donc l'initiative, elle a deux ans, mais finalement un an d'existence en termes de forme juridique. Et encore une fois, on est encore dans une phase émergente où on teste des parcours pilotes avec les bénéficiaires. Il y en a 8 qui en bénéficient sur cette année 2024, une vingtaine en 2025 et on considère que ce sont des communautés apprenantes qui vont nous faire remonter les éléments du terrain, challenger les parcours, les partenariats qu'on a mis en place pour encore apprendre, co-construire et préparer un passage à l'échelle pour s'aimer plus largement d'ici à 2026-2027.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu les unes et les autres. On a beaucoup parlé en termes, en termes très, pas très génériques parce qu'on est vraiment rentré dans la matière sur le fond, mais le concret de tout ça, ça débouche sur quoi ? Par exemple, Raphaël, l'UNCP, ça débouche sur quoi ? Sur quel projet ? Prenez-en un, celui qui vous vient en tête, celui dont vous êtes le plus fier, qui ou qui vous a le plus marqué. Puis je vais faire un petit peu le tour parce que c'est important aussi de donner les résultats. On voit comment ça fonctionne. On donne la méthodologie, la méthodologie du. temps, des temps courts, des temps longs, ça devient systémique. Mais vous Raphaël, par exemple, à l'UNCPI, est-ce qu'il y a un projet ? Et c'est celui qu'on met souvent en avant pour illustrer ces propos.

  • Speaker #3

    Alors c'est difficile de choisir parce que dans 80, au bout de 50 ans avec 80 CPIE, il y a quand même plusieurs projets intéressants qui ressortent. Pour en citer un par exemple qui prend forme. Grâce à la légitimité que l'on a sur les territoires et à cette capacité qu'on a eue d'embarquer les acteurs, de les mobiliser autour de ce qu'on appelle un audit patrimonial, puisqu'on s'inspire assez fortement des démarches qui ont été développées par Henri Wallagnon d'Agro-ParisTech, on a dans la Creuse par exemple réussi à... recréer une situation d'action, redonner le pouvoir d'agir à des acteurs sur le bocage. Donc c'est un sujet dont on entend beaucoup parler, la qualité de ce bocage sur le plan de la biodiversité, sa fonction pour le drainage des sols, pour évidemment les paysages, et en même temps un bocage qui est mis à mal par les manières d'entretenir la voirie, par la manière d'exploiter la vie. Et donc on était un peu dans un noeud, dans une crise avec l'évidence pour tous qu'il fallait faire quelque chose, mais très concrètement, une immense difficulté à faire autre chose que de s'accuser les uns les autres, de ne pas faire le nécessaire. Et bien en fait, on voit qu'en Creuse, on a véritablement réussi par cette légitimité, neutralité engagée de l'association CPIE à... reconstruire du dialogue et de l'envie d'agir ensemble, de l'envie d'agir en commun, de nouveau du désir et aussi de l'espoir d'en sortir d'une situation qui paraissait grippée.

  • Speaker #1

    Et comment vous êtes arrivés à briser les silos ? Parce qu'on sait combien les silos on aime siloter. L'environnement ne parle pas à l'automobile, pourtant l'environnement... Des fois, quand je dis de l'automobile, je pense à la mobilité. Et pourtant, la question environnementale, elle passe aussi par les mobilités, parce que certains territoires sont un peu déconnectés des réseaux urbains, etc. Comment on arrive à dé-siloter quand on mène des projets comme celui-ci, Raphaël ? Alors,

  • Speaker #3

    ça va vous paraître peut-être un peu bizarre, mais avant de dé-siloter, on les a écoutés chacun isolément en garantissant la confidentialité de notre écoute. et la neutralité de notre écoute. Et on les a écoutés pleinement. Et on a posé pour chaque acteur un cadre confortable d'expression. Et ça a été un préalable pour pouvoir remettre les acteurs autour de la table. C'est de les écouter individuellement avant de les remettre ensemble en reposant. Et en fait,

  • Speaker #1

    à partir du moment où ils ont été écoutés, qu'on a compris les leviers de la peur de chacun, c'est beaucoup plus facile d'entamer le dialogue.

  • Speaker #3

    absolument,

  • Speaker #1

    exactement Lorraine, vous comment concrètement un an d'existence, est-ce qu'il y a déjà des éléments concrets que vous avez envie de nous partager plein, plein alors allons-y,

  • Speaker #2

    je n'ai pas préparé vous j'en sélectionne un je pense que je vais partir sur l'exemple d'un accompagnement avec une structure lyonnaise qui s'appelle le foyer Notre-Dame des sans-abris, une structure de l'urgence sociale qui accueille 2300 personnes par jour qui fournit des logements, 1200 repas qui sont servis tous les midis. Donc voilà, une urgence sociale, logement, lutte contre la grande précarité. Et puis, ils avaient inscrit dans leur dernière feuille de route stratégique l'enjeu de la transition écologique. Sauf qu'ils étaient démunis sur comment faire, comment se mettre en chemin. Et donc, c'est là qu'avec un de leurs mécènes et volaimes citoyens, et Domuro qui est cofondateur du mouvement Tilt, on s'est alliés pour pouvoir les accompagner. Concrètement, si je prends le parcours qu'on a fait avec eux, on a commencé par le diagnostic, je disais tout à l'heure, qu'est-ce que vous faites déjà ? Où est-ce que vous en êtes ? Où est-ce que vous avez avancé sur ce chemin de la transition ? Parce qu'il faut vraiment le prendre comme un itinéraire long, on ne part pas tous des mêmes endroits, mais on a tous une cible, en tout cas un lieu qu'il faut qu'on atteigne. Donc, diagnostic, sensibilisation, là on a fait des ateliers de sensibilisation pour le personnel du foyer Notre-Dame des Sans-Abris. Mesures, on est en train de faire leur bilan carbone. Le carbone pour nous, ça reste un cheval de trois pour rentrer dans le sujet, dans l'association avec une première mesure concrète. Mais c'est un premier angle parce qu'on veut vraiment avoir une approche holistique de la transition écologique qui intègre. les autres éléments liés aux limites planétaires, biodiversité, eau, pollution, etc. Donc un bilan carbone et au-delà de mesurer uniquement l'empreinte écologique, on veut aussi valoriser les contributions positives. Donc on en est là et il va y avoir d'autres étapes dans le futur proche. C'est aussi de leur fournir cet outil qui va évoluer dans le temps, qui sera à la fois en mesure... d'être sur une approche intégrée en fait, impact social et empreinte environnementale et comment on embarque aussi les bénéficiaires.

  • Speaker #1

    Et comment on décilote surtout tout ça.

  • Speaker #2

    Comment on décilote. Alors comment on embarque aussi les bénéficiaires finaux ? Parce que là si je prends le foyer Notre-Dame des Sans-Abris, et Josépha connaîtra bien si elle est lyonnaise, on s'adresse à des personnes extrêmement vulnérables. Donc comment on parle de transition à des populations qui sont... sobres déjà et qui se sont privés la plupart de leur vie d'inconfort que nous on connaît. On travaille avec Parlons Climat et Destin Commun sur la manière dont on approche cette transition écologique qui concerne ces populations et qui seront les plus concernées en plus par ces enjeux de transition. Donc je rejoins Raphaël vraiment. Finalement, comment on décilote ? C'est en écoutant et en adaptant. les discours et les parcours à chaque spécificité.

  • Speaker #1

    On le voit donc que le temps de l'écoute est un temps nécessaire pour avancer. Et vous, Josépha, Ronald Pia, vous agissez depuis une dizaine d'années maintenant sur le territoire lyonnais. Il y a des projets qui vous ont plus marqué que d'autres et qui, justement, viennent illustrer un petit peu ce parcours du temps, ce décilotage, cette coopération entre les territoires.

  • Speaker #0

    Bien sûr, peut-être un projet qu'on est en train de porter en ce moment avec la communauté de communes de l'Arbrel, c'est 38 000 habitants. Ils réfléchissent dans le cadre de leur plan local de l'habitat, comment faire pour maintenir un domicile ou d'autres formes d'habitats intermédiaires pour les personnes âgées isolées de leur territoire. où ils ont fait appel à Royal Pia pour se dire que les solutions qui existent aujourd'hui ne répondent pas aux enjeux et aux besoins du territoire. En tout cas, on a besoin de nouvelles formes d'initiatives. Faisons appel à l'innovation sociale pour répondre à ces défis, qui est déjà une preuve de confiance intéressante du territoire en termes de maturité. Pour ce dire, on fait confiance à l'innovation sociale pour répondre à des besoins peu ou mal couverts localement. Et nous, on a adressé du coup ce sujet en mettant en place, pour faire le lien avec ce que disaient les deux précédentes intervenantes sur l'écoute territoriale, on a mis en place un comité territorial qui vient dépasser uniquement le commanditaire, on va dire, qui pourrait être celui de la collectivité, en associant d'autres regards, des entreprises, des associations. des grands groupes comme Malakoff-Ménis, le Girond-Topo, qui a participé à ces regards croisés, les dirigeants d'EHPAD pour essayer d'identifier quels étaient les besoins. On est allé sur des marchés aussi pour essayer d'aller au contact directement des personnes âgées pour se dire ce serait quoi la solution idéale du territoire. Et avec ces différents croisements de regards, nous notre rôle c'est ensuite de... On ne va pas porter le problème... projets et la solution directement. C'est pour ça qu'on va aller sonder notre communauté pour se dire quels sont les projets qui existent déjà, qui pourraient soit se diversifier, soit qui pourraient s'implanter sur le territoire, soit nous on a un enjeu à accompagner la création de nouveaux projets localement pour répondre à ces besoins. Et donc le lien avec notre communauté aujourd'hui est hyper important aussi dans ce sens-là, parce qu'on les identifie vraiment comme des solutions qui pourraient s'adapter et du coup répondre aux spécificités locales des populations de Ronalpia. Et là, pour vous donner deux exemples de projets qui pourraient être mobilisés dans le cadre de cette réponse, c'est l'air aéré qu'on a accompagné il y a cinq ans maintenant, qui est né dans le Beaujolais et qui propose à travers un bus itinérant d'aller au plus près des personnes âgées pour leur proposer des animations pour favoriser, pour lutter plutôt contre la dépendance et Monseigneur, qui est un autre projet qu'on a accompagné il y a quatre ans à Grenoble et qui est en train de décémer dans les territoires ruraux notamment, qui veut favoriser la création de nouveaux logements en proposant de l'accueil à domicile des personnes âgées. Donc ça, c'est des solutions qui existent, mais qui restent appropriées aux besoins du territoire.

  • Speaker #1

    C'est ça, et on voit bien comment les solutions d'il y a quelques années peuvent aujourd'hui... s'implémenter ou complémenter un développement territorial. Est-ce que vous voulez réagir peut-être à ce qui a été dit, Raphaël ou Lorraine ?

  • Speaker #3

    Je trouve assez remarquable avec les exemples que l'on donne chacune, comment on voit que les choses s'articulent dans les temporalités, puisque c'est le thème du podcast, entre les activités de tilt, qui plus dans un temps court et comme son nom d'ailleurs l'indique, sont vraiment un déclencheur, une prise de conscience.... Comme les activités de Ronalpia sont des activateurs en territoire, une mobilisation, donc vraiment ça crée une activation. Et comme le réseau des CPIE accueille dans le temps plus long celui de la confiance, l'action commune des acteurs durablement. Et donc c'est intéressant de nous avoir réunis toutes les trois.

  • Speaker #1

    Lorraine, et peut-être que vous coopérez toutes les trois, parce que je ne sais pas si vous vous connaissiez avant, mais Lorraine, vous vouliez réagir.

  • Speaker #2

    Vous m'avez encore une fois spoilé. Non, entre guillemets, nous, on est un acteur récent et entre guillemets du temps court. Mais on va réussir à atteindre nos ambitions grâce à des acteurs du temps long. Donc typiquement, effectivement, on coopère avec l'UNCPIE parce qu'on va s'appuyer sur ces réseaux d'acteurs, ces maillages territoriales, ces acteurs de toujours qui ont œuvré sur les thématiques environnementales. En déployant finalement peut-être des nouvelles approches, des nouveaux outils qu'on pourra diffuser via ces réseaux.

  • Speaker #1

    On arrive un peu au terme de cet échange. Il y a plein d'autres choses. Moi, il y avait une question et c'est peut-être plus à vous, Raphaël et Josépha, que je vais poser cette question-là, parce que les territoires, vous les connaissez, vous les maîtrisez. Moi, c'est quel est le niveau aujourd'hui de maturité des territoires sur cette gouvernance de coopération, cette gouvernance ? et cette coopération multisectorielle ? Parce qu'on l'a dit, vous allez chercher chaque territoire, il y a des territoires qui sont plus matures que d'autres, mais globalement, aujourd'hui, est-ce que vous avez le sentiment, vous qui opérez dans les territoires, qu'il y a une sorte de maturité, que ça devient presque un levier naturel que de mettre toutes les parties prenantes autour de la table, et justement de dé-siloter ? Je vais peut-être commencer par vous, avec vous, Josépha, et puis après Raphaël.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a une... une lecture en tout cas, une envie d'avoir cette lecture commune aussi vis-à-vis du... parfois du manque de ressources aussi qui peut exister à l'échelle des territoires et de se dire en fait nous tout seul on n'arrivera pas forcément à porter la solution. Donc on a besoin d'avoir le regard, les compétences, alors c'est pas forcément une histoire de moyens financiers, c'est aussi de compétences, de moyens humains, je dis compétences mais c'est aussi compétences territoriales à proprement dit. Donc j'ai l'impression que le sujet de l'alliance parfois il est accéléré aussi par des enjeux d'urgence.

  • Speaker #1

    Par la réalité, c'est un enjeu d'urgence.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est pour les bonnes raisons malheureusement, mais en tout cas je sens que quand on dit qu'on a besoin de pouvoir mobiliser d'autres acteurs autour de la table, il y a peu de réticence aujourd'hui parce qu'on voit la complémentarité à la fois des pouvoirs et des apports. que chacun pourrait apporter autour de la table.

  • Speaker #1

    Et vous, de votre côté, Josépha, l'UNCPI ?

  • Speaker #3

    Raphaël, moi, j'ai le sentiment que tous les territoires ont ce désir et cette compréhension que ça passera par la transversalité, le décloisonnement. Donc, il y a cette conscience aiguë, mais pour autant, chacun se sent pas forcément légitime à porter ce décloisonnement, d'où l'intérêt de transiter par des acteurs associatifs. et que les intentions souvent se traduisent par un regroupement temporaire dans une séquence de projets où on fait une phase de concertation, mais que ça doit aller bien au-delà du très amont au très aval. Et il ne s'agit pas de se réunir juste à certains moments clés dans du séquentiel, mais de tenir ce décloisonnement sur le temps.

  • Speaker #1

    Dernière question à chacun, une question assez rapide. Pour vous, quel est le levier aujourd'hui à actionner pour pouvoir permettre ce développement, j'ai presque envie de dire, urgentiel et immédiat, mais aussi en l'ancrant dans le temps long pour que tout ça devienne systémique ? Je commence par vous, Raphaël, parce que vous me regardez.

  • Speaker #3

    Alors nous, le levier qu'on a choisi, il y en a plusieurs, mais nous, un levier que l'on entend déployer, c'est celui de la facilitation stratégique dans les territoires. Avec... avec le déploiement d'un certain protocole qui entend aller du très amont, avant même l'amont, au très aval, jusqu'à l'exploitation et la gestion en commun du patrimoine et du vivant sur lequel on vit et on travaille.

  • Speaker #1

    Pour vous, Josépha, et puis après Lorraine pour terminer.

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est de investir et reconnaître le rôle des tiers de confiance. On en est tous les trois. des illustrations et cette transversalité elle fonctionnera qu'avec de l'ingénierie en face qui est peu visible aujourd'hui ou pas assez reconnue donc pour moi ça fait partie des...

  • Speaker #1

    On l'a entendu aussi déjà, on l'a entendu de nombreuses fois que cette ingénierie c'était peut-être la plus difficile aujourd'hui à financer parce qu'elle n'est pas reconnue et surtout elle est difficilement compréhensible. Malheureusement en business plan. Et pour vous Lorraine, c'est quoi votre levier ?

  • Speaker #2

    Un levier que j'aimerais citer qui va rejoindre finalement l'ODD 17 autour du partenariat et l'ODD 13 autour de la transition écologique et de la lutte contre le changement climatique. Ça serait de faire reconnaître la cause environnementale comme une métacause qui transcende finalement tous les centres d'intérêt général. de manière à ce que vraiment cette thématique-là infuse dans chacun des projets de terrain.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toutes les trois. Merci Raphaël, merci Josépha, merci Lorraine d'avoir été les invités de Comment vas-tu bien la planète. On se retrouve le mois prochain, toujours en partenariat avec le Rameau, que je remercie de nous aider à explorer cette notion d'alliance, de partenariat, de co-construction. pour le développement durable de nos territoires. Vous pouvez nous retrouver bien évidemment sur toutes les plateformes de podcasts dédiées, Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour ne citer que les principales. N'oubliez pas de liker, surtout de vous abonner à ce podcast. Alors, ce n'est pas juste pour mon égo personnel, c'est parce que l'algorithme, plus vous vous abonnez, plus l'algorithme va le proposer à des gens qui ne sont pas de nos secteurs et qui vont découvrir nos échanges et permettre de faire avancer la cause pour que ces échanges permettent de devenir systémiques. après dans les esprits de celles et de ceux qui agissent dans les territoires. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne écoute des autres épisodes, bien évidemment. D'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien. A très bientôt. Au revoir.

  • Speaker #0

    Bonne soirée.

Description

Alors que vient de paraître cahier de recherche « ODD 17 : quelles trajectoires territoriales ? » en partenariat avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Le Rameau, nous explorons dans cet épisode la diversité des temps nécessaires au changement systémique.


Comment les territoires, qu’ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils relever les défis du développement durable grâce à des alliances efficaces ? Et, surtout, comment différents acteurs — associatifs, institutionnels et philanthropiques — peuvent-ils contribuer à cette transformation profonde ?


🎙️ Pour en discuter, j’ai le plaisir d’accueillir :

  • Raphaëlle Gasc (UNCPIE) pour parler du temps long et de l’éducation à l’environnement.

  • Josepha Poret (Ronalpia) pour explorer le temps cyclique de l’innovation sociale locale.

  • Loraine Derville (Mouvement Tilt) sur la performance durable et la philanthropie collective.


Dans cet échange, nous aborderons les questions essentielles : comment articuler ces temps pour accélérer les transitions territoriales ? Quels sont les leviers et les freins pour rendre l’ODD 17 une opportunité durable, tout en respectant les spécificités locales ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous aurons l'occasion de partir à la rencontre d'une personnalité, d'un pays, d'une culture, d'un regard, d'une action en faveur des 17 objectifs du développement durable de l'agenda 2030. Dans ce temps pandémique si singulier qui s'inscrit déjà dans les livres d'histoire, nous vous invitons à prendre la température du monde et à devenir acteur du changement. Je suis Patrick Longchamp, journaliste. Bienvenue dans Comment vas-tu bien la planète ? Alors que nous abordons la publication du cahier de recherche au DD17, quelle trajectoire territoriale en partenariat avec l'Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts et le Rameau, notre partenaire, nous allons explorer la diversité des temps nécessaires aux changements systémiques, comment les territoires, qu'ils soient ruraux ou urbains, peuvent-ils à travers des partenariats, des alliances, le pari de la confiance, répondre à ces enjeux de développement durable et surtout comment différents acteurs, qu'ils soient associatifs, institutionnels ou philanthropiques, peuvent... contribuer à leur manière à cette dynamique collective pour transformer en profondeur nos modèles sociaux, économiques et environnementaux. Et pour cela, j'ai le plaisir d'accueillir trois invités. Raphaël Gasque, directrice générale de l'UNCPI, qui depuis 50 ans œuvre à l'éducation, à l'environnement, évoluant aujourd'hui vers une pédagogie du développement durable de proximité au service des petits et moyens territoires. J'ai toujours tendance à parler des petites et moyennes entreprises, mais là, c'est des petits et des moyens. les PMT, souvent oubliés. Et avec vous, nous évoquerons justement ce rapport au temps long. Bonjour Raphaël.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Ensuite, nous parlerons du temps cyclique de l'innovation. Elle est avec nous depuis Lyon, Josépha Poré. Vous êtes directrice générale de Ronalpia, qui réinvente les modèles avec les acteurs locaux pour proposer des solutions sociales et innovantes adaptées aux spécificités des territoires. Bonjour Josépha. Bonjour. Et enfin, nous explorerons la performance durable et le rôle clé de la philanthropie collective avec Lorraine Derville, directrice du mouvement TILT qui accompagne les associations dans leur transition environnementale et climatique. Bonjour Lorraine.

  • Speaker #2

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui toutes les trois, que ce soit ici dans nos studios ou que ce soit depuis chez vous, ou Josepha, on va ensemble travailler cette question. Bienvenue à tous dans Comment vas-tu bien la planète ? Allo, salut, comment ça va ? Il est donc temps d'ouvrir cet échange. Depuis quelques mois maintenant, grâce au Rameau, on peut faire ce parcours autour de la confiance des territoires, des entreprises, comment en fait tous ces acteurs, le monde académique aussi, peuvent intervenir dans le développement durable des territoires. On l'a compris, l'ODD17, c'est une véritable opportunité de transformation à long terme de nos territoires tout en respectant... tant les spécificités locales. Et on verra enfin comment on peut mutualiser les ressources pour créer un impact durable et inclusif. On va peut-être commencer sur une question, je ne sais pas si elle est collective, vous allez en tout cas essayer d'y répondre les unes et les autres de là où vous êtes. Chacune d'entre vous incarne cette dimension temporelle, on l'a vu dans la présentation, une clé dans le processus de changement. La confiance sur le long terme, l'innovation sur un cycle moyen et puis la performance durable à court terme. Alors comment ces différentes temporalités, selon vous, peuvent-elles compléter et permettre des partenariats plus efficaces dans le cadre de l'ODD17 ? Peut-être je vais commencer avec vous Raphaël, nous expliquer comment le temps long s'incarne et est développé dans les territoires ruraux via l'UNCPI. Peut-être d'abord nous redire un petit peu ce qu'est l'UNCPI, j'en ai fait une présentation très rapide. Mais nous expliquez comment cette question des temps s'incarne à l'UNCPI.

  • Speaker #1

    Alors l'Union nationale des CPIE ou plus largement le réseau des CPIE, qu'est-ce que c'est ? C'est un réseau de 80 associations environnementales dans différents territoires français, pas uniquement ruraux. On est en zone tropicale avec des implantations à Mayotte, à La Réunion, en littoral, en montagne. en zone urbaine, mais en grande partie, vous avez raison, en milieu rural. Et c'est un réseau qui est caractérisé par son ancrage non seulement territorial, mais aussi historique, puisqu'il a une cinquantaine d'années et il est parmi les pionniers dans les actions environnementales avec une émergence du réseau dès les années... 70.

  • Speaker #0

    Donc 50 ans, le temps long s'incarne parfaitement à l'UNCPI. Comment ça vous a permis de bâtir des partenariats solides sur le long terme, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Alors cet ancrage territorial et dans le temps long est porté de notre point de vue aussi par la caractéristique de nos organisations qui sont associatives et qui, dans leurs actions, fédèrent un nombre très large d'acteurs. depuis un certain nombre d'années avec une permanence dans leur présence et donc ils incarnent les CPIE dans leur territoire, ils incarnent le récit du territoire de ce qu'il a été et c'est un parfait point de départ pour voir ce qu'il va devenir.

  • Speaker #0

    Alors le monde associatif c'est aussi un monde qui est précaire, enfin précaire d'abord souvent précaire financièrement mais aussi Sur le temps, c'est-à-dire que des associations qui ont 50 ans, il n'y en a pas pléthore. Donc il faut aussi renouveler ce réseau associatif parce qu'il y en a qui vivent, il y en a qui naissent, il y en a qui meurent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors c'est vrai qu'il y a une véritable fragilité financière, mais ça engendrait aussi une agilité du réseau à se renouveler. Et c'est une caractéristique du réseau des CPIE qui a systématiquement requestionné. sa place pour se positionner là où il lui semblait bon d'être pour accompagner les changements de société. Et donc dans les années 70, quand il s'agissait de sensibiliser à l'environnement, ce qui était plutôt pionnier dans les années 70, le positionnement a ensuite muté. Et je pense que le fait que le réseau des CPIE ait toujours eu ce coup d'avance et cultivé cette culture de pionnier. le met en disposition aujourd'hui pour inventer les imaginaires du futur.

  • Speaker #0

    50 ans de pionniérisme, c'est sympa parce que vous êtes finalement des pionniers du temps long. Vous êtes toujours pionnier, quel que soit le temps. Comment ça se passe chez Ronalpia, Josepha ? Vous vous êtes ancrée dans les territoires, vous vous intéressez à cet ancrage local, solide. Comment ça s'incarne cette question du temps en rapport avec l'ODD17 et ce fameux pari de la confiance, Josepha ?

  • Speaker #3

    Du coup, peut-être pour dire quelques mots sur...

  • Speaker #0

    Renalpia, bien sûr.

  • Speaker #3

    Il y a dix ans, donc on est beaucoup plus jeunes, dix ans sur la région Auvergne-Grenalpe, avec cette ambition, on va dire, de répondre aux défis de notre territoire par le levier de l'innovation sociale et territoriale, et avec ce rôle qu'on se donne aujourd'hui, de pouvoir accompagner et donner plus d'ampleur à ces innovations, et qu'elles soient évidemment ancrées. à leur territoire, quand on parle d'ancrage territorial, c'est ancré par rapport aux réalités territoriales, à la compréhension des besoins de nos territoires, que ce soit des besoins sociaux, environnementaux, locaux, et ancrage aussi dans la fiabilité des solutions qui pourraient être portées. Nous, on accompagne au quotidien et tous les ans 150 projets, à peu près, qui sont en phase de création et de développement. Et au-delà de ce métier d'accompagnement, on connecte, on fédère une communauté d'acteurs, que ce soit des institutionnels, élus, entrepreneurs.

  • Speaker #0

    Un véritable catalyseur territorial, comme on l'a évoqué dans les podcasts précédents. Alors comment justement vous gérez cette temporalité de l'innovation qui nécessite à la fois de la réactivité, parce qu'elle s'ancre dans des besoins, dans des communs d'un territoire ? mais aussi un ancrage local solide pour assurer justement la pérennité de ces initiatives. Parce que notre question, c'est vraiment le côté systémique, ce qui fait que tout cela devient pérenne et que ce ne soit pas juste un épiphénomène d'un instant.

  • Speaker #3

    Peut-être notre complexité, c'est qu'on jongle avec deux temps et deux temporalités différentes. Il y a le temps court, celui qui va impulser, donc l'innovateur, le porteur de progrès, projet qui a, à un moment donné, à l'échec de son territoire, identifié une problématique sociale environnementale et qui voudra se mettre en action pour y répondre, donc avec des objectifs à la fois d'action, de modélisation économique, de pouvoir pérenniser aussi financièrement son activité, mais en parallèle il y a le temps de l'appropriation territoriale, si on veut que ce soit, nous on a cette conviction que les projets peuvent être pérennes s'ils sont pas. co-construits aussi avec les acteurs locaux, et le temps de l'appropriation par le territoire est souvent différent de celle de l'innovateur et du porteur de projet. Donc nous, un de nos rôles, c'est justement d'essayer de conjuguer aussi ces temporalités, celle des acteurs locaux et celle de celui qui va s'impliquer dans la création et le développement d'activités localement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, je voyais Raphaël qui levait les bras, disait bah oui, c'est une évidence tout cela. Et alors TILT, d'abord, qu'est-ce que vous faites Lorraine et comment justement vous répondez vous ? Alors vous, c'est des temps qui sont un peu plus contraints en fait, à hauteur de quelques mois, 10, 12, 18 mois.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors le mouvement TILT, c'est une coalition d'acteurs qui réunit à la fois le monde de la philanthropie et le monde associatif. pour devenir un véritable vecteur de transition écologique dans ces écosystèmes-là, faire de la dimension environnementale l'affaire de tous les acteurs et de toutes les causes de l'intérêt général, en alliant respect des limites planétaires et réponse aux enjeux sociaux.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que TILT, c'est un réceptacle, vous allez voir tous les mécènes possibles et vous êtes aussi en regard de projets émergents et vous faites finalement le contact. le lien entre ces mécènes potentiels et ces projets émergents.

  • Speaker #2

    Alors on est en fait une dynamique de mécénat collectif, donc on invite les fondations, quels que soient leurs objets, quels que soient leurs domaines d'intervention, à prendre part au mouvement. Et en prenant part, elles co-financent des initiatives qui visent à créer des parcours d'accompagnement, des outils à faire du plaidoyer pour accompagner l'écosystème de l'intérêt général dans leur dimension de transition écologique. Donc les bénéficiaires, ce sont... des structures de l'intérêt général, des associations principalement, qui décident de prendre en compte cet enjeu de soutenabilité forte dans leurs actions sociales. Donc on est entre guillemets dans du temps court parce que la transition, la transformation écologique doit se faire maintenant, si on veut faire face aux grands enjeux de notre temps, qu'ils soient environnementaux ou sociaux. Donc on est sur des parcours effectivement... assez court d'accompagnement sur 6-8 mois avec les associations, avec lesquelles on réfléchit à la transformation de leur modèle organisationnel sociétal pour vraiment englober cette dynamique de soutenabilité forte dans leur projet. Mais bien sûr, entre guillemets, c'est du temps court pour agir, mais ça s'inscrit dans des enjeux de temps long.

  • Speaker #0

    Si vous faites les réponses à la question que j'allais poser, vous allez me dire comment... Non, non, mais ne vous excusez pas, c'est très bien. C'est comment cet enracinement dans un temps court favorise le temps long ? Parce que c'est bien de pouvoir lever de l'argent sur des projets, mais en effet, il faut qu'ils puissent s'inscrire et que ce ne soit pas un feu de paille.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, le rayonnement qu'on va avoir à travers ces projets qu'on met en place et cette nouvelle manière d'aborder finalement des collaborations entre ces acteurs de l'intérêt général. On l'espère, aura un impact de transformation systémique, de vraiment transformation à la racine de nos manières de faire nos actions sociales, avec toujours ce prisme de dimension environnementale. Et donc, on a la conviction que sortir de nos silos de causes d'intérêt général, c'est absolument nécessaire pour agir en commun sur des défis qui nous dépassent. En philanthropie, on a maintenant aussi les preuves de concept que, en alliant plusieurs fonds, plusieurs causes, on est en capacité d'avoir une transformation réelle des problématiques sociales qu'on emmène, qu'on embarque avec nos financements pour faire en sorte de traiter la cause des problèmes et pas simplement les conséquences.

  • Speaker #0

    Alors quand on travaille à hauteur des territoires, je dis souvent, c'est peut-être vous, Josépha, qui allez peut-être pouvoir mieux nous en parler parce que vous, vous êtes, enfin je ne dis pas que les autres ne le sont pas, mais vous travaillez la matière du territoire en permanence. Et le plus difficile, c'est aussi d'embarquer ces territoires, qu'ils soient ruraux, qu'ils soient urbains, pour tisser ces collaborations fructueuses. Comment on s'y prend, Josépha, particulièrement chez Renapia ? Pour arriver à articuler ces besoins locaux, ce qu'on appelle communément les communs des territoires, avec les solutions d'innovation sociale, tout en tenant compte des spécificités territoriales qui ne sont pas forcément dans le temps. C'est-à-dire que quand on arrive sur des élections municipales qui sont prochaines, l'intérêt du territoire n'est pas le même que quand on vient d'être élu et qu'on sait qu'on va avoir six ans pour développer.

  • Speaker #3

    Merci pour la mise en visibilité de la complexité de nos métiers aujourd'hui. Effectivement, et je n'aurais pas une seule réponse à faire, je pense qu'aujourd'hui, la force de l'approche territoriale et de la compréhension des besoins des territoires, c'est celle de la proximité dans la durée, parce que justement, on a des fonctionnements de territoire et des compositions d'acteurs de territoire qui évoluent aussi au fur et à mesure. Nous, l'approche, c'est l'entrée qu'on porte aujourd'hui quand on... va défricher un territoire qui soit rural, périurbain ou métropolitain. Le lien avec la collectivité territoriale nous semble primordial aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Elle est difficile à aller chercher ou pas ?

  • Speaker #3

    Elle est difficile à aller chercher, je dirais non, dans le sens où il y a dans un premier temps cette ouverture à la compréhension de qui on est, de ce qu'on propose. Par contre, faire coïncider... les ambitions et le positionnement de l'innovation sociale par rapport à des enjeux de territoire. Ça dépend de l'appétence de l'acculturation aussi du territoire à l'innovation sociale, à l'entrepreneuriat social, aux structures de l'économie sociale et solidaire. Et du coup, là, on est plutôt dans un enjeu de temporalité qui rentre en compte en fonction du niveau d'acculturation de la collectivité à ce type de projet et de modèle. Ça, c'est un des premiers critères et éléments de réponse peut-être. Mais la collectivité, elle nous semble importante et simple. en étant garante aussi de l'intérêt général de sa population et des citoyens qui vivent sur le territoire. Donc même dans l'étape de compréhension des besoins et des enjeux sociaux et environnementaux, avoir la place du pouvoir public nous semble déterminant. Par contre, ce qu'on essaye de mettre en place dans le cadre de nos actions qui sont territorialisées, c'est que la gouvernance des... de l'action qu'on va porter ne soit pas uniquement dépendante du regard de la collectivité territoriale, parce qu'aujourd'hui, un territoire, c'est différentes parties prenantes, c'est-à-dire public, privé, associatif. Et dans l'action qu'on va porter, on va essayer de remodeler, on va dire, une forme de gouvernance territoriale qui nous permettrait de développer, on va dire, de manière plus innovante notre activité.

  • Speaker #0

    Raphaël, vous voulez peut-être réagir à ça parce que vous aussi, vous voulez adresser ces territoires différemment, mais vous les adressez.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait en ligne avec ce que vient d'indiquer Josépha sur la nécessité de s'articuler avec la collectivité territoriale. Elle est absolument nécessaire, mais pas suffisante. Et on tisse avec elle le début de relation et on bénéficie lorsque, par exemple, Ronald Pia se... penche sur un territoire, on bénéficie de l'effet d'activation que permet une mission de ce type-là en temps moyen. Mais ensuite, par exemple, le réseau des CPIE, quand on est dans un territoire qui bénéficie de la présence d'un CPIE, a la possibilité de faciliter la mobilisation des autres acteurs qu'évoquait Josépha à l'instant, donc les autres associations, puisqu'il y a un effet aussi tête de réseau local. dans la présence des CPE, les entreprises, le secteur privé, les citoyens et vraiment être en capacité de faire se réunir tous ces acteurs qui ont des problèmes différents à une problématique souvent commune et c'est ça le premier commun qu'il s'agit de définir, c'est la problématique. cohésives qui après engendrent des problèmes perçus très différemment par chacun.

  • Speaker #0

    Et alors les grands mécènes, Lorraine, ils viennent de tous les territoires, vous êtes basée à Paris, et où est-ce que ce sont des mécènes extrêmement urbains et parisiens, et donc il faut leur faire comprendre ce que c'est qu'un territoire. On l'a dit dans plusieurs autres podcasts, le territoire c'est pas simplement une ville, un département, ça peut être quatre rues qui a une véritable problématique ou un quartier qu'il faut savoir adresser. Comment justement on adresse ces grands mécènes qui souvent sont plutôt des personnes urbaines et plutôt dans les grandes métropoles ? Pas forcément toutes dans les territoires ruraux, mais il y en a quand même.

  • Speaker #2

    Alors pour le moment, on a dix mécènes engagés dans le mouvement, dont des mécènes qui ont pour domaine d'intervention ou un angle d'intervention très fort sur les territoires. Je cite notamment la fondation... RTE, la fondation SNCF, la fondation GRDF, et on a vocation à inclure tout type de mécènes demain qui souhaitent mettre cette question de la transition environnementale dans le cadre de ces actions.

  • Speaker #0

    Et quand vous citez la fondation RTE, c'est des fondations qui sont déjà très engagées sur les territoires, qui les connaissent parfaitement, et vous leur proposez un levier supplémentaire pour leur permettre... encore de toucher d'autres lieux, d'autres personnes, d'autres projets ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Le mouvement TILT, finalement, ça va devenir un bras d'action extra-financier pour ces fondations qui, souvent, œuvrent en apportant une aide numéraire, une aide financière aux associations du territoire. Et grâce à cette coalition, en fait, on va pouvoir apporter une aide... extra-financière, c'est-à-dire concrètement un parcours d'accompagnement qui va amener l'association à d'abord faire son diagnostic, d'où elle part, qu'est-ce qu'elle a déjà mis en place, à comprendre les enjeux via une dynamique de sensibilisation pour vraiment transformer l'esprit, le cœur et se mettre en chemin dans cette transition, la mesure pour savoir d'où on part, pour savoir où est-ce qu'on va, et le plan de transition qui va bien sûr intégrer une transition écologique, bas carbone, mais aussi des dynamiques d'adaptation et de régénération. Et avant, Patrick, pour pas que les autres se sentent lésés, parce que j'en ai cité que trois, voudriez-vous bien me laisser pour le moment, puisqu'on est un petit mouvement, demain on sera 100, je ne pourrai plus le faire. Mais aujourd'hui, Fondation de France, j'ai cité SNCF, RTE et GRDF, en plus nous avons la Fondation de France, Mobivia, Fondation Citrus, Doumoro, la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la Fondation Caritas.

  • Speaker #0

    En plus, avec une diversité d'ancrages, Caritas pour nos auditeurs, c'est la Fondation du Secours Catholique, la Fondation SNCF, c'est les mobilités dans les territoires. Et on sait combien aujourd'hui la question de la mobilité est au cœur. Donc, on verrait qu'il y a une diversité et finalement une complémentarité de ces acteurs. L'innovation, la co-construction, on en parle très très souvent dans Comment vas-tu bien la planète, la mutualisation, briser les silos, ça c'est, Raphaël, je vous vois opiner, c'est le coeur même du travail, c'est aller comment on se met autour de la table et comment, je me souviens d'un intervenant qui me disait moi le plus difficile pour moi c'est d'aller voir des gens en leur disant on a une idée, on sait qu'il y a un besoin pour le territoire mais on sait pas comment on va le faire, on sait pas avec qui on va le faire, on sait pas avec quels moyens on va le faire, est ce que vous pouvez nous aider ? Ça vous parle, ça, Raphaël ?

  • Speaker #1

    Ça nous parle très bien. C'est en effet essentiel pour avoir des récits systémiques et aborder les défis environnementaux dans toutes leurs dimensions, d'avoir une véritable transversalité. Mais cette transversalité, elle ne va pas de soi. Elle va de soi dans le discours, mais pas dans la réalité, dans le dialogue. Et donc, il faut aller chercher les acteurs, les mettre en situation de se parler, de s'entendre, de s'écouter, de prendre la mesure de ce qu'ils ont à dire, avec en général, au-delà des silos, de plus en plus dernièrement, une polarisation des points de vue. Donc, en fait, il y a des a priori sur le discours qui va être porté par un acteur agricole. en face d'une association environnementale par exemple.

  • Speaker #0

    Et c'est le rapport le plus... On parle beaucoup du temps dans cet échange. C'est le temps peut-être le plus long, ce premier temps ?

  • Speaker #1

    Alors en tout cas c'est un temps qui n'est pas à négliger. Il y a une expression qui est il faut parfois perdre du temps pour en gagner Donc il y a urgence, mais il y a urgence à certains moments, ralentir pour se donner le temps de ce dialogue. sans quoi on n'arrivera pas à avancer ensemble, à mobiliser les acteurs ensemble pour ces fameux communs dans les territoires.

  • Speaker #0

    Josépha, comment chez Ronalpia vous parvenez-vous à catalyser cette innovation sociale en tenant compte à la fois des spécificités des territoires et des besoins locaux ?

  • Speaker #3

    On va peut-être, pour réagir aussi sur ce qui vient d'être dit, et répondre à votre question en même temps, Peut-être que là où on va avoir une action plus particulière chez Ronalpia, c'est qu'on va accompagner le porteur d'initiatives et d'innovations à savoir s'entourer et fédérer autour de lui, où parfois on sera peut-être moins... Nous, on va réussir à identifier les acteurs à mettre autour de la table, favoriser des temps de rencontres, d'échanges, etc. Mais on va surtout accompagner le porteur de l'innovation à lui savoir s'entourer, à réfléchir à quelle va être l'implication des parties prenantes de son territoire dans le cadre de son projet, comment il arrive à se rendre visible, compréhensible de différentes typologies d'acteurs. Et on va être moins peut-être dans le faire avec, on sera plutôt sur accompagner à faire qu'au côté d'eux. Et ça, c'est... peut-être un parti pris de l'association aujourd'hui,

  • Speaker #0

    mais qui est complètement... Un parti pris qui est voulu pour quoi ? Pour permettre la liberté du développement et ne pas engager peut-être la structure ou l'innovation dans quelque chose, j'aime bien Emmanuel Lévinas, mais dans quelque chose de la même thé, c'est-à-dire on projette sur l'innovation ce que nous, Ronalpia, on imagine pour le territoire ?

  • Speaker #3

    Complètement. pour assurer une forme de diversité aussi dans l'approche de l'innovation sociale et territoriale localement. Et parce que nous, on n'a pas forcément l'expertise aussi qu'ont les entrepreneurs, les porteurs d'innovation sur des secteurs d'activité spécifiques où ils ont leur réseau, ils ont l'énergie aussi pour impulser et porter ces projets. Et ils ont surtout, dans cette logique de temps qui nous relie aujourd'hui dans le cadre de ces échanges, la capacité à tester et expérimenter aussi rapidement pour faire la preuve de... de l'impact et de la confiance, et aller chercher la confiance vis-à-vis des acteurs du territoire.

  • Speaker #0

    Alors, terminé, allez-y, terminé. Non, non, mais je voulais dire que c'est peut-être une spécificité. En tout cas, c'est un sujet, un mode de faire, on va dire, auquel on tient parce que l'entrepreneur, l'innovateur social, il va être, lui, ancré tous les jours, au quotidien. Et il aura cette énergie et cette intrépidité, on va dire, pour aller monter et développer ce type d'innovation.

  • Speaker #1

    Et vous, Lorraine, je crois que vous avez un système, vous avez une approche qu'on pourrait peut-être qualifier d'open source pour cette co-construction, justement, et éviter que chacun travaille dans son coin tout seul.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. Alors, pour revenir aussi sur la dynamique du temps et de la co-construction, la genèse du projet Mouvement Tilt, elle a pris plus d'un an. en préfiguration, entre guillemets. On n'avait pas de structure juridique en tant que telle. On s'est assis autour de la table. L'UNCPIE était là, l'IFMA, des acteurs de la philanthropie, des institutionnels aussi, comme le CFF, la CFFC. On s'est entourés et on a pris le temps de poser sur la table quelles étaient nos intentions, quelles étaient nos motivations communes, quelles étaient les modalités d'action, comment on allait pouvoir agir, sous quelle forme juridique. Et en fait, c'est un an où on n'a pas de production en tant que telle, mais on s'accorde le temps de faire naître un projet commun qui a du coup des fondations solides pour ensuite pouvoir se déployer. Donc l'initiative, elle a deux ans, mais finalement un an d'existence en termes de forme juridique. Et encore une fois, on est encore dans une phase émergente où on teste des parcours pilotes avec les bénéficiaires. Il y en a 8 qui en bénéficient sur cette année 2024, une vingtaine en 2025 et on considère que ce sont des communautés apprenantes qui vont nous faire remonter les éléments du terrain, challenger les parcours, les partenariats qu'on a mis en place pour encore apprendre, co-construire et préparer un passage à l'échelle pour s'aimer plus largement d'ici à 2026-2027.

  • Speaker #1

    Parlez-nous un petit peu les unes et les autres. On a beaucoup parlé en termes, en termes très, pas très génériques parce qu'on est vraiment rentré dans la matière sur le fond, mais le concret de tout ça, ça débouche sur quoi ? Par exemple, Raphaël, l'UNCP, ça débouche sur quoi ? Sur quel projet ? Prenez-en un, celui qui vous vient en tête, celui dont vous êtes le plus fier, qui ou qui vous a le plus marqué. Puis je vais faire un petit peu le tour parce que c'est important aussi de donner les résultats. On voit comment ça fonctionne. On donne la méthodologie, la méthodologie du. temps, des temps courts, des temps longs, ça devient systémique. Mais vous Raphaël, par exemple, à l'UNCPI, est-ce qu'il y a un projet ? Et c'est celui qu'on met souvent en avant pour illustrer ces propos.

  • Speaker #3

    Alors c'est difficile de choisir parce que dans 80, au bout de 50 ans avec 80 CPIE, il y a quand même plusieurs projets intéressants qui ressortent. Pour en citer un par exemple qui prend forme. Grâce à la légitimité que l'on a sur les territoires et à cette capacité qu'on a eue d'embarquer les acteurs, de les mobiliser autour de ce qu'on appelle un audit patrimonial, puisqu'on s'inspire assez fortement des démarches qui ont été développées par Henri Wallagnon d'Agro-ParisTech, on a dans la Creuse par exemple réussi à... recréer une situation d'action, redonner le pouvoir d'agir à des acteurs sur le bocage. Donc c'est un sujet dont on entend beaucoup parler, la qualité de ce bocage sur le plan de la biodiversité, sa fonction pour le drainage des sols, pour évidemment les paysages, et en même temps un bocage qui est mis à mal par les manières d'entretenir la voirie, par la manière d'exploiter la vie. Et donc on était un peu dans un noeud, dans une crise avec l'évidence pour tous qu'il fallait faire quelque chose, mais très concrètement, une immense difficulté à faire autre chose que de s'accuser les uns les autres, de ne pas faire le nécessaire. Et bien en fait, on voit qu'en Creuse, on a véritablement réussi par cette légitimité, neutralité engagée de l'association CPIE à... reconstruire du dialogue et de l'envie d'agir ensemble, de l'envie d'agir en commun, de nouveau du désir et aussi de l'espoir d'en sortir d'une situation qui paraissait grippée.

  • Speaker #1

    Et comment vous êtes arrivés à briser les silos ? Parce qu'on sait combien les silos on aime siloter. L'environnement ne parle pas à l'automobile, pourtant l'environnement... Des fois, quand je dis de l'automobile, je pense à la mobilité. Et pourtant, la question environnementale, elle passe aussi par les mobilités, parce que certains territoires sont un peu déconnectés des réseaux urbains, etc. Comment on arrive à dé-siloter quand on mène des projets comme celui-ci, Raphaël ? Alors,

  • Speaker #3

    ça va vous paraître peut-être un peu bizarre, mais avant de dé-siloter, on les a écoutés chacun isolément en garantissant la confidentialité de notre écoute. et la neutralité de notre écoute. Et on les a écoutés pleinement. Et on a posé pour chaque acteur un cadre confortable d'expression. Et ça a été un préalable pour pouvoir remettre les acteurs autour de la table. C'est de les écouter individuellement avant de les remettre ensemble en reposant. Et en fait,

  • Speaker #1

    à partir du moment où ils ont été écoutés, qu'on a compris les leviers de la peur de chacun, c'est beaucoup plus facile d'entamer le dialogue.

  • Speaker #3

    absolument,

  • Speaker #1

    exactement Lorraine, vous comment concrètement un an d'existence, est-ce qu'il y a déjà des éléments concrets que vous avez envie de nous partager plein, plein alors allons-y,

  • Speaker #2

    je n'ai pas préparé vous j'en sélectionne un je pense que je vais partir sur l'exemple d'un accompagnement avec une structure lyonnaise qui s'appelle le foyer Notre-Dame des sans-abris, une structure de l'urgence sociale qui accueille 2300 personnes par jour qui fournit des logements, 1200 repas qui sont servis tous les midis. Donc voilà, une urgence sociale, logement, lutte contre la grande précarité. Et puis, ils avaient inscrit dans leur dernière feuille de route stratégique l'enjeu de la transition écologique. Sauf qu'ils étaient démunis sur comment faire, comment se mettre en chemin. Et donc, c'est là qu'avec un de leurs mécènes et volaimes citoyens, et Domuro qui est cofondateur du mouvement Tilt, on s'est alliés pour pouvoir les accompagner. Concrètement, si je prends le parcours qu'on a fait avec eux, on a commencé par le diagnostic, je disais tout à l'heure, qu'est-ce que vous faites déjà ? Où est-ce que vous en êtes ? Où est-ce que vous avez avancé sur ce chemin de la transition ? Parce qu'il faut vraiment le prendre comme un itinéraire long, on ne part pas tous des mêmes endroits, mais on a tous une cible, en tout cas un lieu qu'il faut qu'on atteigne. Donc, diagnostic, sensibilisation, là on a fait des ateliers de sensibilisation pour le personnel du foyer Notre-Dame des Sans-Abris. Mesures, on est en train de faire leur bilan carbone. Le carbone pour nous, ça reste un cheval de trois pour rentrer dans le sujet, dans l'association avec une première mesure concrète. Mais c'est un premier angle parce qu'on veut vraiment avoir une approche holistique de la transition écologique qui intègre. les autres éléments liés aux limites planétaires, biodiversité, eau, pollution, etc. Donc un bilan carbone et au-delà de mesurer uniquement l'empreinte écologique, on veut aussi valoriser les contributions positives. Donc on en est là et il va y avoir d'autres étapes dans le futur proche. C'est aussi de leur fournir cet outil qui va évoluer dans le temps, qui sera à la fois en mesure... d'être sur une approche intégrée en fait, impact social et empreinte environnementale et comment on embarque aussi les bénéficiaires.

  • Speaker #1

    Et comment on décilote surtout tout ça.

  • Speaker #2

    Comment on décilote. Alors comment on embarque aussi les bénéficiaires finaux ? Parce que là si je prends le foyer Notre-Dame des Sans-Abris, et Josépha connaîtra bien si elle est lyonnaise, on s'adresse à des personnes extrêmement vulnérables. Donc comment on parle de transition à des populations qui sont... sobres déjà et qui se sont privés la plupart de leur vie d'inconfort que nous on connaît. On travaille avec Parlons Climat et Destin Commun sur la manière dont on approche cette transition écologique qui concerne ces populations et qui seront les plus concernées en plus par ces enjeux de transition. Donc je rejoins Raphaël vraiment. Finalement, comment on décilote ? C'est en écoutant et en adaptant. les discours et les parcours à chaque spécificité.

  • Speaker #1

    On le voit donc que le temps de l'écoute est un temps nécessaire pour avancer. Et vous, Josépha, Ronald Pia, vous agissez depuis une dizaine d'années maintenant sur le territoire lyonnais. Il y a des projets qui vous ont plus marqué que d'autres et qui, justement, viennent illustrer un petit peu ce parcours du temps, ce décilotage, cette coopération entre les territoires.

  • Speaker #0

    Bien sûr, peut-être un projet qu'on est en train de porter en ce moment avec la communauté de communes de l'Arbrel, c'est 38 000 habitants. Ils réfléchissent dans le cadre de leur plan local de l'habitat, comment faire pour maintenir un domicile ou d'autres formes d'habitats intermédiaires pour les personnes âgées isolées de leur territoire. où ils ont fait appel à Royal Pia pour se dire que les solutions qui existent aujourd'hui ne répondent pas aux enjeux et aux besoins du territoire. En tout cas, on a besoin de nouvelles formes d'initiatives. Faisons appel à l'innovation sociale pour répondre à ces défis, qui est déjà une preuve de confiance intéressante du territoire en termes de maturité. Pour ce dire, on fait confiance à l'innovation sociale pour répondre à des besoins peu ou mal couverts localement. Et nous, on a adressé du coup ce sujet en mettant en place, pour faire le lien avec ce que disaient les deux précédentes intervenantes sur l'écoute territoriale, on a mis en place un comité territorial qui vient dépasser uniquement le commanditaire, on va dire, qui pourrait être celui de la collectivité, en associant d'autres regards, des entreprises, des associations. des grands groupes comme Malakoff-Ménis, le Girond-Topo, qui a participé à ces regards croisés, les dirigeants d'EHPAD pour essayer d'identifier quels étaient les besoins. On est allé sur des marchés aussi pour essayer d'aller au contact directement des personnes âgées pour se dire ce serait quoi la solution idéale du territoire. Et avec ces différents croisements de regards, nous notre rôle c'est ensuite de... On ne va pas porter le problème... projets et la solution directement. C'est pour ça qu'on va aller sonder notre communauté pour se dire quels sont les projets qui existent déjà, qui pourraient soit se diversifier, soit qui pourraient s'implanter sur le territoire, soit nous on a un enjeu à accompagner la création de nouveaux projets localement pour répondre à ces besoins. Et donc le lien avec notre communauté aujourd'hui est hyper important aussi dans ce sens-là, parce qu'on les identifie vraiment comme des solutions qui pourraient s'adapter et du coup répondre aux spécificités locales des populations de Ronalpia. Et là, pour vous donner deux exemples de projets qui pourraient être mobilisés dans le cadre de cette réponse, c'est l'air aéré qu'on a accompagné il y a cinq ans maintenant, qui est né dans le Beaujolais et qui propose à travers un bus itinérant d'aller au plus près des personnes âgées pour leur proposer des animations pour favoriser, pour lutter plutôt contre la dépendance et Monseigneur, qui est un autre projet qu'on a accompagné il y a quatre ans à Grenoble et qui est en train de décémer dans les territoires ruraux notamment, qui veut favoriser la création de nouveaux logements en proposant de l'accueil à domicile des personnes âgées. Donc ça, c'est des solutions qui existent, mais qui restent appropriées aux besoins du territoire.

  • Speaker #1

    C'est ça, et on voit bien comment les solutions d'il y a quelques années peuvent aujourd'hui... s'implémenter ou complémenter un développement territorial. Est-ce que vous voulez réagir peut-être à ce qui a été dit, Raphaël ou Lorraine ?

  • Speaker #3

    Je trouve assez remarquable avec les exemples que l'on donne chacune, comment on voit que les choses s'articulent dans les temporalités, puisque c'est le thème du podcast, entre les activités de tilt, qui plus dans un temps court et comme son nom d'ailleurs l'indique, sont vraiment un déclencheur, une prise de conscience.... Comme les activités de Ronalpia sont des activateurs en territoire, une mobilisation, donc vraiment ça crée une activation. Et comme le réseau des CPIE accueille dans le temps plus long celui de la confiance, l'action commune des acteurs durablement. Et donc c'est intéressant de nous avoir réunis toutes les trois.

  • Speaker #1

    Lorraine, et peut-être que vous coopérez toutes les trois, parce que je ne sais pas si vous vous connaissiez avant, mais Lorraine, vous vouliez réagir.

  • Speaker #2

    Vous m'avez encore une fois spoilé. Non, entre guillemets, nous, on est un acteur récent et entre guillemets du temps court. Mais on va réussir à atteindre nos ambitions grâce à des acteurs du temps long. Donc typiquement, effectivement, on coopère avec l'UNCPIE parce qu'on va s'appuyer sur ces réseaux d'acteurs, ces maillages territoriales, ces acteurs de toujours qui ont œuvré sur les thématiques environnementales. En déployant finalement peut-être des nouvelles approches, des nouveaux outils qu'on pourra diffuser via ces réseaux.

  • Speaker #1

    On arrive un peu au terme de cet échange. Il y a plein d'autres choses. Moi, il y avait une question et c'est peut-être plus à vous, Raphaël et Josépha, que je vais poser cette question-là, parce que les territoires, vous les connaissez, vous les maîtrisez. Moi, c'est quel est le niveau aujourd'hui de maturité des territoires sur cette gouvernance de coopération, cette gouvernance ? et cette coopération multisectorielle ? Parce qu'on l'a dit, vous allez chercher chaque territoire, il y a des territoires qui sont plus matures que d'autres, mais globalement, aujourd'hui, est-ce que vous avez le sentiment, vous qui opérez dans les territoires, qu'il y a une sorte de maturité, que ça devient presque un levier naturel que de mettre toutes les parties prenantes autour de la table, et justement de dé-siloter ? Je vais peut-être commencer par vous, avec vous, Josépha, et puis après Raphaël.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a une... une lecture en tout cas, une envie d'avoir cette lecture commune aussi vis-à-vis du... parfois du manque de ressources aussi qui peut exister à l'échelle des territoires et de se dire en fait nous tout seul on n'arrivera pas forcément à porter la solution. Donc on a besoin d'avoir le regard, les compétences, alors c'est pas forcément une histoire de moyens financiers, c'est aussi de compétences, de moyens humains, je dis compétences mais c'est aussi compétences territoriales à proprement dit. Donc j'ai l'impression que le sujet de l'alliance parfois il est accéléré aussi par des enjeux d'urgence.

  • Speaker #1

    Par la réalité, c'est un enjeu d'urgence.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est pour les bonnes raisons malheureusement, mais en tout cas je sens que quand on dit qu'on a besoin de pouvoir mobiliser d'autres acteurs autour de la table, il y a peu de réticence aujourd'hui parce qu'on voit la complémentarité à la fois des pouvoirs et des apports. que chacun pourrait apporter autour de la table.

  • Speaker #1

    Et vous, de votre côté, Josépha, l'UNCPI ?

  • Speaker #3

    Raphaël, moi, j'ai le sentiment que tous les territoires ont ce désir et cette compréhension que ça passera par la transversalité, le décloisonnement. Donc, il y a cette conscience aiguë, mais pour autant, chacun se sent pas forcément légitime à porter ce décloisonnement, d'où l'intérêt de transiter par des acteurs associatifs. et que les intentions souvent se traduisent par un regroupement temporaire dans une séquence de projets où on fait une phase de concertation, mais que ça doit aller bien au-delà du très amont au très aval. Et il ne s'agit pas de se réunir juste à certains moments clés dans du séquentiel, mais de tenir ce décloisonnement sur le temps.

  • Speaker #1

    Dernière question à chacun, une question assez rapide. Pour vous, quel est le levier aujourd'hui à actionner pour pouvoir permettre ce développement, j'ai presque envie de dire, urgentiel et immédiat, mais aussi en l'ancrant dans le temps long pour que tout ça devienne systémique ? Je commence par vous, Raphaël, parce que vous me regardez.

  • Speaker #3

    Alors nous, le levier qu'on a choisi, il y en a plusieurs, mais nous, un levier que l'on entend déployer, c'est celui de la facilitation stratégique dans les territoires. Avec... avec le déploiement d'un certain protocole qui entend aller du très amont, avant même l'amont, au très aval, jusqu'à l'exploitation et la gestion en commun du patrimoine et du vivant sur lequel on vit et on travaille.

  • Speaker #1

    Pour vous, Josépha, et puis après Lorraine pour terminer.

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est de investir et reconnaître le rôle des tiers de confiance. On en est tous les trois. des illustrations et cette transversalité elle fonctionnera qu'avec de l'ingénierie en face qui est peu visible aujourd'hui ou pas assez reconnue donc pour moi ça fait partie des...

  • Speaker #1

    On l'a entendu aussi déjà, on l'a entendu de nombreuses fois que cette ingénierie c'était peut-être la plus difficile aujourd'hui à financer parce qu'elle n'est pas reconnue et surtout elle est difficilement compréhensible. Malheureusement en business plan. Et pour vous Lorraine, c'est quoi votre levier ?

  • Speaker #2

    Un levier que j'aimerais citer qui va rejoindre finalement l'ODD 17 autour du partenariat et l'ODD 13 autour de la transition écologique et de la lutte contre le changement climatique. Ça serait de faire reconnaître la cause environnementale comme une métacause qui transcende finalement tous les centres d'intérêt général. de manière à ce que vraiment cette thématique-là infuse dans chacun des projets de terrain.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toutes les trois. Merci Raphaël, merci Josépha, merci Lorraine d'avoir été les invités de Comment vas-tu bien la planète. On se retrouve le mois prochain, toujours en partenariat avec le Rameau, que je remercie de nous aider à explorer cette notion d'alliance, de partenariat, de co-construction. pour le développement durable de nos territoires. Vous pouvez nous retrouver bien évidemment sur toutes les plateformes de podcasts dédiées, Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour ne citer que les principales. N'oubliez pas de liker, surtout de vous abonner à ce podcast. Alors, ce n'est pas juste pour mon égo personnel, c'est parce que l'algorithme, plus vous vous abonnez, plus l'algorithme va le proposer à des gens qui ne sont pas de nos secteurs et qui vont découvrir nos échanges et permettre de faire avancer la cause pour que ces échanges permettent de devenir systémiques. après dans les esprits de celles et de ceux qui agissent dans les territoires. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne écoute des autres épisodes, bien évidemment. D'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien. A très bientôt. Au revoir.

  • Speaker #0

    Bonne soirée.

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