- Speaker #0
Radio Vostok.ch Complètement débule. Débule ou bien ? On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessinée. Si je vous dis marabout, vous allez penser à quoi ? Magie noire ? Sourcellerie ? Afrique ? Eh bien non. Le marabout dont nous allons parler est un oiseau. Oui, le marabout désigne aussi un grand échassier. Les gens de Nippendanks... a décidé d'en faire l'un des protagonistes de sa BD témoignage, intitulée L'œil du marabout. Une BD qui revient sur le séjour que Jean-Denis a passé au Soudan du Sud, dans le camp du Bentiu. En mission sur place pour l'UNICEF, il va découvrir la condition d'enfants et de familles qui sont tasses dans un espace plus ou moins sécurisé, en attendant que les conflits passent. Pendant que leur vie, elle aussi passe, sans qu'ils ne puissent faire grand-chose. Une BD docu-témoignage aux éditions Daniel Maguen. par un auteur engagé et amoureux de l'Afrique. Salut Jean-Denis !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Tu es originaire de Sud-Ouest, enfant, tu étais déjà passionné par le dessin, tu passais des heures à refaire les cases de Tintin et de Lucky Luke, tu as ensuite étudié les arts déco à Paris, tu débutes la BD dans les années 90, tu as un amour passionnel pour l'Afrique, qui nourrira souvent tes BD. D'ailleurs, le contexte de tes BD est souvent en environnement extérieur, car tu aimes dessiner la nature et les animaux. Parmi tes albums et séries, j'ai envie de citer Abdallah I, histoire de René Caillé, premier européen à rentrer dans Tombouctou, une série en trois albums aux éditions Futuropolis. Géronimo, le drame de Batavia, navire amiral de la Compagnie des Indes, également chez Futuropolis. J'ai envie également de citer Au bout du fleuve, l'histoire du jeune Kemi à la recherche de son frère, ça se passait en Afrique aussi. La première BD je crois que tu scénarises. Et puis tout récemment, un album dont on va longuement parler aujourd'hui. L'œil du marabout, c'est ton dernier album, tu viens de la région de Bordeaux, je crois que pour toi rien ne vaut un bon poulet basquaise avec un petit verre de Château Margot, est-ce que toutes mes infos sont correctes ? Oui,
- Speaker #1
la dernière, parfois, oui ça peut arriver, mais c'est très documenté, très renseigné.
- Speaker #0
Ton plat favori c'est le bon, je me suis trompé ou pas ?
- Speaker #1
Oui, oui, c'est un canard, moi j'habite vers à côté de Bordeaux. plus des Landes donc vers Dax et là c'est le canard c'est plutôt le confit de canard mais pour les baskets aussi c'est à côté de Pébus.
- Speaker #0
Et l'émission est diffusée à 11h ça va commencer à nous donner faim. Alors aujourd'hui on te voit on va parler de l'œil du marabout album c'est ton dernier album qui est sorti aux éditions Daniel Maguen alors voilà pour essayer de résumer vite fait c'est l'histoire de Nyaloni et Georges. Nyaloni c'est une petite fille Georges et son grand frère ils sont dans le camp de Bentiu au Soudan du Sud ils sont réfugiés. Et voilà, ils essayent de faire leur vie dans ce camp. C'est l'histoire de leurs conditions, mais aussi l'histoire du drame d'un pays. Est-ce que peut-être pour commencer, on a envie de rappeler le contexte un peu historique du Soudan du Sud ? Tu veux en dire un mot ?
- Speaker #1
Oui, alors le Soudan était un pays réunifié, un grand pays il y a quelques années. Et en 2011, il a été secoué par pas mal de guerres aussi internes. Et en 2011, ce pays s'est coupé en deux et il y a eu le Soudan du Nord, le Soudan du Sud. Donc c'était le pays, le premier pays, le plus jeune pays démocratique africain en 2011. Et en 2013 malheureusement le vice-président crée une armée et c'est à attaquer, enfin à attaquer, une petite guerre qui a commencé, qui a débuté. Une guerre civile qui est là, 2013. Voilà, les escarmouches au début et qui se sont transformées en une énorme guerre civile. Voilà, donc il y a eu les deux factions entre l'armée régulière du président. Et ce vice-président, c'était en 2013, deux ans après l'indépendance, ça a été très très rapide.
- Speaker #0
Alors gardier à des tensions politiques et ethniques entre Nuer et Dinka, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est transformé aussi en Nuer-Dinka, c'est-à-dire que le président est d'origine Dinka et le vice-président Nuer. Donc ça se transformait en guerre ethnique. C'est un pays qui est relativement pauvre. Ils ont découvert qu'il y a du pétrole au nord. Je pense que c'est sous-jacent aussi, je pense, à la querelle. Après, il y a presque deux hommes, en fait, qui ont emporté les gens, qui ont transformé ça aussi en guerre ethnique. Mais bon, c'est plutôt des querelles personnelles, j'imagine. Et ensuite, ça s'est étendu à tout le pays, et notamment dans toute la savane, tous les pauvres gens qui habitent dans les villages, les éleveurs de bœufs. Donc, tous ces gens-là ont été secoués, alors qu'ils n'ont pas grand-chose à voir avec cette guerre. sont retrouvés en pleine guerre, dans un étouffement entre les deux factions armées. Et donc, ont été obligés de se réfugier dans ces camps, parce qu'il y a eu plusieurs camps qui ont été...
- Speaker #0
Alors, on va parler de tout ça, puisque justement, c'est le contexte de l'album. Voilà, tu l'as bien rappelé, ça se passe au Soudan du Sud. Le Soudan du Sud qui a fait scission avec le Soudan, ce grand pays, immense pays, en dessous de l'Égypte. Le Soudan du Sud devient indépendant en 2011. En gros... C'est grand comme la France et un peu plus d'habitants qu'en Suisse. Une guerre civile donc éclate dès 2013. Et toi en fait l'histoire de cet album elle se passe je crois en 2016, parce qu'en 2016 tu vas sur place, c'est ça ?
- Speaker #1
Voilà, ça date de 2016, enfin mon voyage. C'était initié justement par l'UNICEF. Donc je connaissais le directeur qui était responsable du sud-sudan à cette époque-là, de l'UNICEF. et qui m'a invité justement, ils avaient dans l'idée d'inviter des artistes, des gens qui pouvaient intervenir justement dans le camp pour les sortir un petit peu de leur quotidien parce qu'il y a très peu d'activités, c'est ça qui est vraiment terrible là-bas, les gens sont enfermés donc ils ont de quoi survivre et voilà, il y a très peu de gens qui peuvent travailler à part dans le marché, des gens qui vendent un petit peu, des marchands, des commerçants des gens sont livrés à eux-mêmes, donc l'idée c'était de faire des activités de dessin, une formation avec les instituteurs dans les écoles pour qu'ils donnent justement après des cours de dessin. basique aux enfants avec du matériel, faire une fresque aussi des choses plus sur l'Institut, donc c'était pendant 15 jours là-bas, une fresque sur le mur de l'école avec les participants et les enfants et adultes et adolescents. Ensuite, il y a eu pas mal de projets comme ça, un autre c'était vraiment faire des panneaux pour la familiarisation, enfin c'était des panneaux anti-guerre on va dire avec les jeunes adultes.
- Speaker #0
Il y a aussi une démarche thérapeutique un peu derrière tout ça, pour aider les chocs post-traumatiques par l'art et le dessin. C'est aussi un peu ça l'intention ?
- Speaker #1
En fait, c'est la première fois qu'ils faisaient ça. Donc c'était un test même pour moi. J'avais pas mal voyagé en Afrique, mais là c'était vraiment des interventions test, voir si ça allait fonctionner. Les gens étaient... pas obligé de venir aux ateliers donc mais en fait on s'est rendu compte qu'il y a énormément de gens sont venus même trop c'était pas trop mais c'était pour l'organisation c'était un succès et puis voilà donc c'est en tout cas le temps de ces interventions de ces ateliers j'ai vu que les gens après souriaient étaient heureux de dessiner ce qui m'a vraiment particulièrement touché et impressionné c'est que les enfants et les adultes aussi mais les enfants qui en france en europe et en occident les jeunes les enfants dessinent Au bout d'une demi-heure, ils s'arrêtent et passent à un autre atelier. Là, les enfants restaient toute la journée à dessiner, redessiner. Ils en demandaient encore. Donc, il y avait une soif d'activité. Alors, il y a le dessin et ça les sortait vraiment de leur routine, de leur envie.
- Speaker #0
Jean-Denis Pambax, on parlait avec toi de L'œil du Marabout aux éditions Daniel Maguen. Une question, pourquoi toi qui es choisi par l'UNICEF ? Tu avais des liens avec eux ? Oui,
- Speaker #1
parce que je connaissais le directeur de Jonathan Vetch, responsable de l'UNICEF là-bas. Donc on en a discuté et lui m'a proposé. En fait aussi, j'ai fait pas mal de bandes dessinées qui se déroulent en Afrique. Donc ça, il le savait. Je voyage aussi beaucoup en Afrique. Donc je pense qu'il s'est dit qu'il est capable aussi de résister à la chaleur. Je ne sais pas. En tout cas, je serais un peu pas trop perturbé par cet endroit-là. Je suis professeur aussi de dessin en parallèle.
- Speaker #0
Ça faisait 100 ans. Le résultat, c'est une BD témoignage, on peut utiliser ce mot, j'imagine, qui met en scène des personnages. Alors j'ai envie qu'on parle un peu de ces personnages. On les a cités déjà. Il y a Nyaloni, George. Et puis en fait, c'est l'histoire d'une famille. Ils sont dans ce camp avec leur père et puis leur mère qui est enceinte. La scène du début, c'est une scène très forte. C'est le retour de Nyaloni de la capitale de Djouba. puisqu'elle s'était perdue suite à un massacre. Elle a vu l'horreur sur place et on la voit rapatriée finalement, après qu'elle ait été retrouvée en hélicoptère sur le camp. Est-ce que cette scène, c'est une scène que tu as vue qui existe pour de vrai ou ?
- Speaker #1
Alors voilà, l'idée de l'histoire, c'était mélanger réalité et fiction. Donc c'est ce que je trouvais intéressant dans ce récit. Et oui, la petite Nyaloni, c'est son vrai prénom, elle existe. Et j'ai été justement invité, quand j'étais dans le camp, à aller chercher avec des membres de l'UNICEF, La petite fille à l'aérodrome qui est là-bas, ils appellent ça une réunification. Les enfants qui sont perdus ou les adultes, ils les ramènent vers leurs parents, ils essaient de retrouver les familles, de les recomposer. Donc cette petite Nyaloni, ils l'ont ramenée dans le camp à ses parents. Elle doit avoir 6 ans, donc c'était très émouvant. On s'est retrouvés dans le 4x4, elle était en face de moi et je me rappelle, elle était effrayée, elle ne parlait pas. Elle était très impressionnée parce que je ne savais pas trop où elle allait, je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Jusqu'au bout, on l'a ramené dans le camp, ses parents, après il y avait le recensement avec la signature. Je l'ai vu une journée, on est allé voir le lendemain. Ça m'a beaucoup marqué. C'est une histoire importante, parce que c'est un travail de toutes les organisations, de retrouver les gens. C'est très important à travers le monde. Il n'y a pas que dans le camp de Bentiu au Sud-Soudan. Cette petite fille existe. Après je l'ai inventée, la famille, son père, je me suis inspiré de son vrai père et sa maman. J'essaie de garder ces idées-là de personnages existants, mais en leur faisant vivre des aventures qui sont plausibles, vécues par d'autres.
- Speaker #0
Alors voilà, c'est le début de l'histoire, cette petite fille qui arrive dans le camp. Ce camp, j'ai envie qu'on en parle un petit peu, le camp de Benq, le camp de réfugiés, le plus grand du pays. 115 000 personnes, il faut bien le dire, un peu entassées derrière des barrières, des fils barbelés. La vie au camp, toi tu l'as vu, c'est quoi ? On arrive, on trouve un abri, il faut le construire, puis il y a un quotidien qui s'installe, il faut trouver de l'eau à manger, on voit un peu tout ça dans ta BD, c'est ça en fait ?
- Speaker #1
En fait, c'est un camp qui est construit et géré par les Nations Unies, donc c'est très impressionnant quand on arrive, parce qu'on arrive sur le petit aérodrome, et il y a des casemates, des tours avec les casques bleus, armés, il y a des tanks. à l'intérieur il y a des talus, des barbelés, enfin c'est vraiment comme un camp, je dis romain, un camp militaire, enfin c'est un camp militaire, et à l'intérieur c'est géré aussi par toutes les organisations des Nations Unies, donc il y a le... Les gens qui rentrent, en fait, qui viennent de partout, on les accueille et on construit petit à petit. Donc, ces maisons, c'est des tentes faites à la fois de toile offerte par les Nations Unies et des gens aussi qui viennent de la région, du bois, dans des structures en bois, de la terre séchée. Donc, en fait, c'est fait.
- Speaker #0
Les gens bricolent un peu.
- Speaker #1
Les gens bricolent, c'est pas trop pour eux-mêmes. Ils peuvent aider, mais en fait, c'est fabriqué. Il y a aussi des... Il peut y avoir des tractopelles, des trucs comme ça aussi, pour travailler sur place. C'est très étonnant, parce que c'est au nord du pays. Le pays est immense, quand même. C'est en pleine savane. Et c'est au nord du pays, c'est vraiment paumé. Il n'y a rien autour, à part des petits villages, des toutes petites villes. Mais c'est ça qui est très impressionnant. C'est perdu, vraiment, dans le...
- Speaker #0
Et puis, un semblant de quotidien s'installe. On peut aller un peu chez le coiffeur. Quelqu'un trouve son petit métier. Mais il faut bien dire... On le sent, d'ailleurs, dans ta BD, que finalement, c'est... C'est un peu une prison à ciel ouvert et puis les gens tournent en rond quand même. Oui,
- Speaker #1
c'est ça qui est terrible. Ces gens-là, moi j'y suis allé en 2016, ça faisait déjà trois ans qu'ils étaient enfermés. Pour la plupart, il y avait les nouveaux, mais ceux qui étaient là depuis le début s'enferment depuis trois ans. Après, je pensais aux adultes qui n'ont pas d'activité, qui tournent en rond. Sauf quelques commerçants. Il y a un marché quand même qui est pas mal, qui est au milieu, mais les gens n'ont pas forcément d'argent non plus pour consommer trop. Même si c'est des choses simples dans le marché, rien de dépoustouflant. Mais après, c'est... Oui, ils sont démunis, les enfants. Ce qui m'a très impressionné, c'est de se dire mais combien d'années ? Bon maintenant le camp existe toujours même s'il y a un cessez-le-feu, ça fait presque dix ans, ça fait huit ans et ils n'ont toujours pas de travail. Ils vont à l'école, ça veut dire écrire tout ça, ils ont les bases mais après pour la formation professionnelle, il n'y a pas tout ça. Donc je me dis oui, ça fait une ou deux, je ne sais pas combien de générations sacrifiées et c'est ça qui est terrible.
- Speaker #0
Jean-Denis Pendax, on parle avec toi de L'œil du marabout, BD aux éditions Daniel Maguen. Toi, tu es parti en tant qu'humanitaire sur place. C'est un peu aussi un hommage aux humanitaires, cette BD. On les voit dès les premières pages, l'UNHCR, l'UN, la MSF, l'UNICEF. Ce livre, c'était aussi saluer leur travail ?
- Speaker #1
Oui, les deux. Ça aussi, ça m'a beaucoup impressionné. Les gens qui m'ont accueilli, Perrine Corcu, qui était la française, et Franca... qui m'a accueilli, qui parlait le français et l'anglais. Et Franca, qui était soudanaise, qui parlait l'anglais. Donc, je parlais en anglais avec elle, mais elle parlait l'arabe soudanais, justement, pour communiquer avec les gens, les enfants, les locaux. Perrine en anglais aussi, parce que tout le monde ne parle pas anglais là-bas, même si c'est un pays anglophone. Mais enfin, bon, tout le monde ne parlait pas. Donc, pour arriver à communiquer. Et puis, j'ai vu leur travail au quotidien, qui est difficile. Il y a le climat aussi, parce qu'il faut arriver à supporter ça au quotidien pendant des mois, des semaines. Il rentre très peu aussi en France. Il y a peu de choses, le village, le camp, c'est un camp dans le camp, c'est des algécos.
- Speaker #0
Avec peu de moyens.
- Speaker #1
Avec peu de moyens, donc c'est quand même des gens courageux, ils risquent aussi leur vie quand même, il y a quand même un risque. Notamment, je l'évoque un peu dans l'album, il y a un moment, donc il y a le camp de Bentiu, il y a un autre camp qui est à 300 kilomètres je crois au nord, à l'est de ce camp là, et qui avait été attaqué. attaqué, je ne sais pas si c'était dans la journée ou dans la nuit, il y avait quand même plusieurs morts, donc ils avaient attaqué le dispensaire, l'hôpital, les rebelles, ou l'armée régulière, je ne sais même pas. Et donc, on ne sait pas trop. Là, je me dis, oui, il y avait quand même un risque.
- Speaker #0
Coup de chapeau à tous ces humanitaires. Alors, on les a cités, UNHCR, UN, MSF, UNICEF. On se voit, Jean-Denis, à deux pas de Genève. Ils sont tous ici. On se rencontre au château de Voltaire, au festival de contrebandes dessinées. Est-ce que tu profites de ta présence ici pour avoir des contacts avec eux, par exemple ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, je pense qu'il y en a certains qui vont passer cet après-midi ou demain pour voir l'album et pour discuter. J'espère qu'ils vont passer. Voilà, donc c'est un plaisir de me retrouver ici. Le cadre est absolument génial. C'est magnifique.
- Speaker #0
Le château est bleu.
- Speaker #1
Oui, en plus avec le temps. Il y a tout ce qui...
- Speaker #0
Alors, écoute, s'il passe te voir, vous allez leur parler de ces deux enfants parce que c'est aussi incroyable. Tu n'as jamais eu de nouvelles. C'est assez fou. Est-ce que tu n'as pas eu envie de leur envoyer la BD ? Comment ça va se passer ? Tu vas essayer de les retrouver, de les revoir ?
- Speaker #1
Alors oui, j'ai essayé. Je vais voir justement. J'ai encore gardé le contact avec le directeur, donc Jonathan Vetch et puis d'autres. Donc je vais essayer de voir. Bon, après Périne Corcuffe qui était là-bas, elle a participé au livre, pour faire les commentaires après du journal à la fin. Mais elle n'a pas... Elle est en contact avec Franca, mais elle n'a pas de contact avec ses enfants. Moi, les enfants, je les ai très peu vus en fait. Mais... Ces enfants là, le grand il doit avoir 13 ans, Georges je ne sais pas quel âge il avait, mais on va dire 13, 14 ans. Mais non, il en a peut-être plus de 20, elle, elle en avait peut-être 6. Ça serait quand même sympa de leur donner la règle. Et j'aimerais bien, ça va être compliqué parce qu'on a que leur prénom, après peut-être la petite sera plus facile, mais essayer de contacter le nouveau directeur ou la nouvelle directrice de là-bas pour essayer de les retrouver. Oui, ce serait vraiment... Pas mal de gens justement me demandent, qui ont lu l'album, est-ce que tu as des nouvelles ? Et c'est vrai que moi aussi j'aimerais bien... Georges... Avec quand même une petite appréhension. Les pédales documentées en fin d'album,
- Speaker #0
on les voit en photo, on les montre en vrai. On va mettre en révisage.
- Speaker #1
Pour montrer les vrais personnages qui font partie de cette fiction documentaire.
- Speaker #0
Pour revenir à la BD, deux autres personnages que j'ai bien aimés, que j'ai envie de citer. Kamal, l'artiste du camp, il parle avec des proverbes. Le côté proverbe,
- Speaker #1
c'est moi. J'aime bien jouer avec les proverbes africains qui sont souvent très justes.
- Speaker #0
Un moment, il dit, il ne faut pas croire en la fatélie.
- Speaker #1
c'est l'excuse des hommes sans volonté oui j'aime beaucoup mais alors après c'est pas forcément c'est pas un dicton du sud soudan c'est un dicton africain alors je sais pas de quelle origine mais je le trouve très très très fort et justement par rapport à cette histoire là je sais sur la fin que je le qu'il dit ça voilà
- Speaker #0
il faut et puis pour rester dans la flèche et un autre personnage important le marabout avec bon ben voilà en fait c'est un sorcier qui va changer le cours de l'histoire c'est ça voilà c'est le marabout c'est un personnage c'est un personnage important dans l'histoire parce que c'est Ce n'est pas du tout un sorcier, je dis ça pour vous présenter.
- Speaker #1
Ah oui, non, c'est pas mal. En fait,
- Speaker #0
c'est un oiseau.
- Speaker #1
Oui, voilà, pardon. Oui, c'est un oiseau. Pour moi, c'était un petit peu l'animal que j'ai vu pas mal là-bas. C'est un charognard. Exactement. Mais qui était sur les conteneurs immobiles. Ils étaient autour du camp. Alors voilà,
- Speaker #0
il est assez incroyable cet oiseau. La tête pelée, long bec. Il a un côté majestueux par son envergure. C'est un peu les boueurs du coin. Il mange les déchets et aussi les cadavres. Est-ce que toi, tu...
- Speaker #1
le trouves beau parce que finalement j'ai pas envie de dire qu'il est beau mais dans ton album on devient beau presque oui en fait c'est pour moi il est il est moche mais il est beau mais il a du caractère il a du caractère et pour moi il symbolise un peu l'âme de la danse histoire de la nature de la culture aussi d'inkan huer du sud soudan l'âme de l'afrique aussi et du monde animal quoi donc c'est exactement c'est ma question c'est un peu l'intention rappelée
- Speaker #0
Voilà l'importance du monde animal en Afrique et notamment dans cette région parce que tu le disais tout à l'heure, le Sud-Soudan, il y a une faune extraordinaire, des girafes, des antilopes, des éléphants que d'ailleurs la guerre n'a pas épargné.
- Speaker #1
Voilà et que je n'ai pas vu parce que je suis allé directement dans le camp, j'ai survolé la brousse. Mais il y a de moins en moins justement, ça je l'ai lu par les lectures, j'ai lu beaucoup d'articles aussi là-bas sur le conflit. Et voilà, les militaires tirent sur tout ce qui bouge, donc là-bas les braconniers pour se nourrir. ou s'amuser je sais pas mais en tout cas pour se nourrir aussi donc c'est vrai qu'il y a pratiquement plus d'éléphants alors que c'était une réserve animalière incroyable, une faune incroyable une faune et fleurs aussi, donc très originale aussi importante que le Kenya la Tanzanie et puis ce marabout là donc c'est un petit peu la mémoire c'est un parallèle aussi au marabout africain qui sont mi-sorcier, mi-mémoire culturelle quoi et donc je voulais qu'il y ait ce témoignage là un peu fantastique on passe de du conte à la réalité, mais en douceur, sans trop savoir.
- Speaker #0
Et tant qu'on parle des oiseaux, il y en a aussi un qu'on aperçoit, le marcube. Marcube, je ne sais pas comment on dit. Ah oui, oui. Le bec en sabot du Nil, c'est son surnom. Il fait un bruit de mitraillette.
- Speaker #1
Oui, ça, c'est incroyable. En cherchant, justement, je n'en ai pas vu là-bas, mais je sais qu'il est uniquement le long du Nil, là-bas, dans le Soudan et les pays un peu limitrophes voisins. Il vit dans les marées, il se nourrit de poissons, voire de petits oiseaux aussi. Et en fait, c'est un animal qui a une tête un peu d'un oso prehistorique. Il a un grand bec et une grosse tête. Il fait 1m50 d'eau, je ne sais plus trop. Enfin, la taille met dans les 1m30. Une tête pas très sympa. Et il fait un bruit. Alors ça, c'était en lisant dans les lectures, en me renseignant. Il fait un bruit, il claque son bec. Et ça fait un bruit de mitraillette. Donc, ça m'a donné l'occasion de faire un petit séquence avec ça.
- Speaker #0
Et dans l'histoire, ça intervient à un moment assez important. Je pense que d'ailleurs, c'est quelque chose que tu as voulu impulser dans ton scénario. C'est l'épisode de l'enlèvement pendant une nuit, en fait, une milice coupe les grilles de camp et vient enlever, vient voler et enlever des enfants. Et là, voilà, c'est... Tu avais envie de parler des enfants soldats, c'est correct ?
- Speaker #1
Parce qu'en fait, j'avais appris aussi par Jonathan Vetch, là, qui est l'UNICEF. C'était avant, je ne sais plus si c'était avant de partir ou après, qu'ils avaient réussi à faire libérer... 200 enfants soldats. Donc c'est très important, c'est-à-dire que c'est un travail de fourmi, pour retrouver les enfants, aller auprès des factions armées pour leur dire, s'en tirer les enfants, négocier, c'est compliqué. Et il y a beaucoup aussi d'enlèvements. Ça, je ne l'ai pas vécu directement, mais dans les lectures, je sais que ça arrive malheureusement dans les camps, il y a pas mal de camps dans le pays, que des voleurs rentraient, alors soit c'est des voleurs, soit directement des milices, et enlever les gens. Voir les enfants aussi, pour en faire des enfants soldats. Ou dans les villages aussi, les enfants sont kidnappés dans les villages.
- Speaker #0
Des proies faciles pour les milices, c'est très bien expliqué dans ta BD. Dans ces périodes de conflits, souvent les enfants perdent leurs parents et se retrouvent tout seuls. Ils sont soit happés par la famine, la maladie, ou même terriblement parfois dans la nature. par des animaux sauvages, c'est facile pour les milices finalement de les récupérer et les embrigader. Jean-Denis Pandax, on parle avec toi de l'œil du marabout aux éditions Daniel Maguen. J'ai envie de parler un peu avec toi maintenant du dessin. Alors le dessin, voilà, moi j'essaye souvent de mettre des mots dessus, un peu comme on peut faire avec le vin, mais voilà, juste simplement pour parler de ressenti. Moi, sur ton dessin dans cet album, j'ai mis les mots fort et symbolique Toi, tu décrirais comment ton dessin ?
- Speaker #1
Mon dessin ? Alors j'ai du mal à parler de mon dessin. après des influences des influences un dessin assez je veux dire classique mes influences c'est jean giraud moebius face et des années fin 70 début 80 beaucoup beaucoup de gens avec max cabane après je suis très bon public dans le dessin j'aime tous les dessins Mais là, je suis plus dans le réalisme, semi-réalisme. Je ne suis pas dans le vrai réalisme.
- Speaker #0
Parce que dans le documentaire, on pourrait s'attendre à du photoréalisme. Là, on n'est pas tout à fait là-dedans. Donc, garde quand même ta patte.
- Speaker #1
J'essaie de garder aussi un petit peu de visage. Sur certains albums, je suis allé plus dans la caricature, par exemple. Là, comme c'est un récit assez réaliste, je suis entre les deux. Mais ce que j'essaie de faire, c'est d'arriver à faire un dessin qui soit le plus vivant possible. C'est un peu le but de ma démarche de dessinateur. Au fil des années, c'est arrivé d'avoir une espèce d'aisance, c'est pas arrivé à être expressif dans le dessin sans trop faire de détails, arriver à être juste et vivant. Voilà,
- Speaker #0
alors on parle du dessin, j'ai envie de faire référence à quelques planches, quelques cases, en page 85, il y a un pangolin dans l'histoire. Est-ce que c'était une sorte de clin d'œil au Covid ?
- Speaker #1
Alors, je ne vous ai pas au courant, mais oui, c'est un propre clin d'œil à moi-même et à ma famille. Parce qu'en fait, je n'ai pas dit, mais l'histoire, j'ai eu un Covid, je me suis retrouvé à un hôpital, j'ai été en réanimation. J'ai failli mourir en fait, il y a trois ans, il y a deux ans. Et en fait, l'histoire, j'ai écrit l'histoire un peu avant, je n'avais pas écrit l'histoire, j'avais l'idée de faire ce bouquin. Je me suis retrouvé un mois à l'hôpital, vraiment dans le sale drap quoi, et à ne pas dormir ni de jour ni de nuit, à rien faire, un peu démuni. Seul avec moi-même. Et donc, justement, pour tenir, je me suis remémoré toute cette histoire. Je l'ai construite à l'hôpital, en fait. Pendant la convalescence, pendant un mois, je suis rentré chez moi. J'étais souvent alité et assis. Et j'ai écrit l'histoire. J'ai reconstitué tout ce que j'avais mis en réserve à l'hôpital. Et donc, voilà, l'histoire, le Covid, l'histoire du pangolin. Je me suis dit, tiens, allez. C'est lié à ça.
- Speaker #0
Ça donne une scène assez forte puisqu'en fait, ils trouvent, le frère et la soeur, dont les deux personnages principaux, trouvent ce pangolin mort. Oui, oui. Ils vont les enterrer et mettre une petite croix. A peine ont-ils le dos tourné, cette croix est tombée par un ballon de gens qui jouent au foot. J'ai vu plein de symboles. Est-ce que c'est la vie qui continue ? Est-ce que c'est une sorte de fatalité ? Est-ce qu'il y avait un symbole caché ?
- Speaker #1
En le faisant, je me dis que c'est ouvert. Ça n'a pas un sens. Moi, c'est un peu la fatalité. C'est dur. C'est dur. on n'est pas sorti de l'auberge mais voilà après c'est vrai qu'on peut trouver plusieurs sens et puis le pangolin aussi au delà de la maladie du Covid c'est un animal aussi local comme le bécan en sabot du Nil il y a des pangolins, il y en a beaucoup en Afrique mais il y en a aussi mais là ce petit pangolin, même si je ne l'ai pas croisé là-bas je me disais tiens ça peut être une idée et j'ai pensé aussi au film Les Jeux Interdits aussi Je les interdis, à un moment, ils trouvent un animal et puis le garçon et la petite fille, ils enterrent un animal. Mais bon, je voulais évoquer un petit peu ça.
- Speaker #0
Page suivante, un dessin pleine page, magnifique, symbolique, qui pour moi reflète tout à fait la BD et ton histoire. Une file d'attente de réfugiés qui attend la distribution de nourriture derrière un camion de l'ONU. Ils sont derrière une grille, en sécurité, mais enfermés. Ce dessin, il est très caractéristique, non ?
- Speaker #1
Oui. Oui, oui. En fait, c'est une scène que j'ai vue parce que je suis allé voir un peu dans tout. J'ai beaucoup marché. C'est une ville, donc il y avait 130 000 personnes. Maintenant, je pense qu'il y en a 160 000. Le conflit s'est arrêté, mais il y a beaucoup plus de gens qui viennent parce qu'il y a encore des rebelles dans la brousse, dans la savane. Donc les gens continuent à affluer. Et là, j'ai vécu cette scène où les camions arrivent avec du riz. Et les gens sont à l'arrière, on le voit souvent dans les hauts informations, malheureusement les gens attendent, soit pour l'eau, soit pour les sacs. Je l'avais filmé cette scène, elle a disparu, je ne l'ai pas retrouvée sur mon ordinateur, j'avais filmé longuement cette scène. Donc je l'ai évoquée en une seule image, parfois je mets des grandes images dans l'album pour tempérer un peu l'histoire, la rythmer et montrer des moments forts aussi.
- Speaker #0
L'œil du marabout de Jean-Denis Pondax aux éditions Daniel Maguen. L'histoire donc de ce frère et cette sœur dans le Sud-Soudan, dans un camp de réfugiés. Tu nous en parlais un petit peu tout à l'heure. C'est quoi aujourd'hui la situation du Sud-Soudan ?
- Speaker #1
Ce que je disais tout à l'heure, c'est malheureusement un peu moins positif que la fin du livre qui essaie de se terminer sur une...
- Speaker #0
Il y a tout de même eu une trêve, je crois, en 2018. Donc, guerre civile entre 2013 et 2018 qui a fait des centaines de milliers de morts, 4 millions de déplacés. Et après cette trêve en 2018, il y a également eu un gouvernement d'unité nationale en 2020. Mais je crois que la paix reste fragile.
- Speaker #1
Voilà, on en est là. C'est-à-dire que la paix est revenue, c'est le feu. Mais comme je disais, il y a encore des rebelles qui restent, des gens qui ont gardé des armes et qui se retrouvent encore un peu partout dans le pays. Et donc, les gens continuent à venir. Après, il n'y a pas que ça. Il y a aussi, depuis ces dernières années, énormément d'inondations. Parce que pendant la saison des pluies, le camp peut être inondé. J'en parle un petit peu à la fin. Et toute la région peut être inondée. Donc, il y a beaucoup de gens qui n'ont plus rien à manger. Donc, ils se retrouvent aussi à revenir. se déplacer dans ces camps pour survivre. Donc tout ça mélangé fait que l'état du pays n'est pas encore tout à fait...
- Speaker #0
T'aimerais y retourner ? T'aimerais aller voir ce que c'est devenu, revivre une expérience similaire ?
- Speaker #1
Pourquoi pas, oui, oui, pourquoi pas, revenir là-bas, oui. Mais en même temps, c'est vrai que ce serait difficile, ou alors j'irais bien pour un projet aussi, ou pour y faire quelque chose, mais c'est vrai que je vais essayer de voir, pour essayer de retrouver ces enfants. Nyaloni et Georges, savoir ce qu'ils sont devenus.
- Speaker #0
Jean-Denis, pour finir notre émission, on a l'habitude de poser des questions débules. T'es debulé ! Il te manque une case ? T'es débulé ! Une partie des ventes qui est donnée à l'UNICEF, c'est 80 centimes par album. Ce n'est pas beaucoup, dis donc.
- Speaker #1
Oui, ce n'est pas beaucoup. Justement, je pensais ça aussi. J'en ai parlé avec l'éditeur, mais lui, sur un album, il ne touche que 2,30 euros, je crois. Ou 2,50 euros, je ne sais pas. C'est presque la moitié de ses droits. Ce n'est pas énorme, mais ce n'est pas rien. C'est vrai que sur l'économie d'un livre, c'est partagé entre beaucoup de monde. Et c'est vrai que...
- Speaker #0
Le bandeau de Georges, c'est un hommage à Bob Marley ?
- Speaker #1
Oui, j'aime bien Bob Marley et le reggae, mais c'est surtout que le vrai Georges avait ce bonnet-là, donc je l'ai habillé tel que je l'ai vu. Sinon, si j'avais inventé un personnage, je n'aurais peut-être pas pensé au bonnet, j'aurais fait autre chose, soit une casquette, soit pas... Parce que je n'ai pas vu beaucoup de gens avec des bonnets là-bas, parce qu'il fait quand même au moins 40-42 degrés.
- Speaker #0
Est-ce que c'est normal que Nyaloni porte un t-shirt avec le logo Chanel en VBD ?
- Speaker #1
Et là aussi j'ai essayé de rester fidèle, c'est pas une invention, à la petite Nyaloni quand elle est arrivée sur le tarmac, sur l'aérodrome à Bentiu, elle avait ce grand t-shirt, cette robe rose transparente, c'est une espèce de petite robe de ballerine, c'était très drôle, bon je l'ai un peu simplifié, et elle avait ce t-shirt chanel. Incroyable.
- Speaker #0
Du coup t'as hésité à mettre une Rolex à Georges ?
- Speaker #1
Oui c'est vrai, il aurait pu y avoir une fausse aussi. Mais la seule invention, c'est la poupée. Je lui ai fait une petite poupée qui la suit partout, qu'elle appelle sa petite sœur. Mais elle n'avait pas de poupée, la pauvre Néloïdi.
- Speaker #0
Est-ce que tu sais où a été inventée la BD ?
- Speaker #1
Où a été inventée la BD ? Dans les Landes, près de Dax. C'est vrai ? Vas-y, dis-nous un peu plus. Non, la BD, je ne sais plus, c'est en Suisse ou quoi ?
- Speaker #0
On a une info pour toi, à Genève. C'est à Genève ? Rodolphe Topfer.
- Speaker #1
Oui, Topfer, voilà. Je cherchais le nom. Mais oui, je n'étais pas certain, mais oui, bien sûr.
- Speaker #0
On aime bien le rappeler à nos invités. Jean-Denis, c'était un plaisir de t'avoir dans les mots.
- Speaker #1
Merci, à très bientôt. Merci, merci beaucoup, John.
- Speaker #0
Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec
- Speaker #2
Vertigéo. C'est quoi ce BD ?
- Speaker #0
Après un cataclysme, il ne reste sur Terre plus qu'un immense nuage noir. Plus de soleil, plus de vie, ou presque. L'humanité a bien failli disparaître. Les quelques survivants se réunissent et se spécialisent dans leurs compétences. Ils construisent des toits. Leur but ? et de construire le plus haut grade ciel.
- Speaker #2
Mais pourquoi ça ?
- Speaker #0
L'intention, atteindre la clarté du jour éternel. Sortir des ténèbres de la grisaille terrestre. Seul compte la pousser. Ses maîtres arrachés, au vent et à l'attraction terrestre. Et tous obéissent au champ bélan.
- Speaker #2
C'est qui celui-là ?
- Speaker #0
Il est le grand maître d'œuvre. Sorte de gourou, maître du temps et des destins, il impose le rendement.
- Speaker #2
C'est le boss, c'est le patron quoi.
- Speaker #0
Chef de chantier. Les ouvriers, ils font tous honneur à leur but de vie devenu unique, la poussée. Mais à force de tant vouloir regarder vers le haut, personne ne pense à regarder vers le bas. Vertigéo, une formidable allégorie du monde servile du travail et de notre modèle de société où tout est pensé pour le rendement. Des ouvriers au service d'une élite, une autre forme d'esclavage habilement établie par la mise en place de peurs et autres croyances et surtout par la manipulation de quelques-uns. sur beaucoup d'autres. Une BD comme on les aime, bien dessinée et qui fait réfléchir. Ambiance entre Matrix, Soleil vert et les temps modernes. Vertigéo, c'est de la pure SF dystopique. Par Amaury Budgen, Lloyd Sherry et Emmanuel Delporte aux éditions Casterman. On continue avec Carcajou. Fin des années 1800, dans les grands espaces canadiens. Dans la petite ville de Synergulch. Synergulch. Synergulch. Synergulch,
- Speaker #2
oh bien. Mais comment on dit ça en bien ?
- Speaker #0
Dans la petite ville de Synergulch,
- Speaker #2
t'es sûr de la prononciation, là ?
- Speaker #0
la famille Foxton tient tout sous son influence. Business, vie locale, développement, toutes les activités prennent leur essor sous le contrôle habile d'un seul homme, Jay Foxton. Tel un leader entrepreneur politico-gourou, cette espèce de mâle alpha a une soif de pouvoir intarissable. Et il exerce toutes les pressions pour arriver à ses fins. On n'en peut plus, des gars comme ça ! Prochain objectif ? Mettre la main sur la petite colline dominant la ville, car elle est gorgée d'or noir. Le problème, c'est que ces terres appartiennent à Gus Carcajou, un ermite métissé amérindien. Et le bougre veut qu'on le laisse tranquille. Hoxton va comme à son habitude vouloir arriver à ses fins.
- Speaker #2
C'est qui le patron ?
- Speaker #0
Il va organiser des crimes déguisés pour en faire porter la responsabilité à Gus. Et tout le village sera prêt à exécuter le pauvre homme. Une fois Gus tué, la colline n'ayant plus de propriétaire, Jay Foxton n'a plus qu'à en extraire l'or noir.
- Speaker #2
Mais quel connard !
- Speaker #0
Mais il semblerait assez rapidement que des choses étranges ne se passent sur la colline, comme si le fantôme du vieux Gus venait jeter le mauvais œil sur tous ceux qui participeraient à cette entreprise. Dans un monde où la loi du plus fort est aussi du plus riche et toujours gagnante, voici une BD qui fait du bien. Et rappelle que, fondamentalement, la Terre n'appartient à personne. C'est plutôt nous qui lui appartenons. Dessin aiguisé et sauvage. de Gillian Desroches et scénario de El Diablo pour Carcajou, aux éditions Sarbacane. Et on finit avec une BD suisse. Chronique palpienne. Bienvenue dans le Valais, et plus précisément dans le Val-de-Bagne, où se tient un festival un peu particulier, le Palp Festival. Et cela sonne vite très bien, puisque lorsqu'on mélange le rock et la raclette, ça donne la roquette. Et cela permet de réunir sur scène des groupes comme les Stones Jesus ou encore The Flying Raclets. Avant que les DJ ne se réunissent sur la scène de l'électroclète.
- Speaker #2
C'est la raclette à toutes les sauces quoi.
- Speaker #0
Tous les ans, du printemps jusqu'à l'automne, le Palp Festival propose toutes sortes d'événements pensés pour titiller la curiosité du public amateur de nature, de patrimoine, de culture artistique et musicale. Un festival qui collabore avec les artisans et producteurs locaux afin de valoriser l'agriculture de montagne, l'économie locale, les produits régionaux et les traditions de la vallée. Ça va palper. Hélène Beclin, dessinatrice de bandes dessinées et... passionnés de musique, nous livrons ici un album folklorique et d'ambiance, servant l'identité d'un canton bien à part, le Valais. Une invitation à se valéniser et à venir palper les produits locaux au son d'une ambiance unique, sans oublier un petit verre de vin blanc local. Chronique palpienne, un album qui donne envie, de Hélène Béclin aux éditions Antipode.
- Speaker #2
Voilà, voilà,
- Speaker #0
alors bonne lecture. Et comme on dit dans l'émission, les bulles, il n'y en a pas que dans le champagne, mais aussi... plein les BD. Et le 9ème art, lui, se consomme sans modération. Alors, soyez débules. Complètement débules.
- Speaker #2
On dirait qu'il te manque une case. Il te manque une case. Complètement débules.