undefined cover
undefined cover
CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns cover
CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns cover
Complètement des Bulles

CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns

CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns

30min |06/10/2024
Play
undefined cover
undefined cover
CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns cover
CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns cover
Complètement des Bulles

CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns

CDBulles - Anlor et les Ladies with Guns

30min |06/10/2024
Play

Description

Si on parlait d’un bon Western, avec une vraie ambiance de bonhomme! Dans la poussière de l’ouest, sous un soleil de plomb, là où seuls les plus solides peuvent survivre… Et si pour changer, on le faisait en mode cowgirls!?  On garde les flingues, la badassitude, et l’ambience baston pour suivre les aventures des “Ladies with Guns”! Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames là nous emmènent un peu l’écart des stéréotypes du genre. Et ça fait du bien d’aller au delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne “bédoche” comme aime. Du rythme, de l’action et un beau dessin sous le trait d’une artiste peut-être elle aussi un peu “badass”… une certaine Anlor

 

Et notre sélection BD du mois avec la chronique des albums :

  • « Bordeterre » adaptation en BD du roman de Julia Thevenot par Timothee Leman aux éditons Sarbacane

  • « Mamie n'a plus toute sa tête» de Romain Dutreix aux éditions Dargaud

  • « Terra Animalia » de Patrick Mallet et Tom Tirabosco aux éditions La Joie de Lire


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Radio Vostok.ch Complètement débule.

  • Speaker #1

    Débule ou bien ? On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessinée. Et si on parlait western aujourd'hui ? Une ambiance de bonhomme. Dans la poussière de l'ouest, sous un soleil de plomb. Les sols les plus solides peuvent survivre. Oui, on va parler western. Mais pour changer, ça va être en mode... Co-girls. Alors attention, on garde les flingues, la badassitude et l'ambiance baston, mais pour suivre les aventures des Ladies with Guns. Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames-là nous emmènent un peu à l'écart des stéréotypes du genre. Et que ça fait du bien d'aller au-delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne bédosh comme on les aime. Du rythme, de l'action et un beau dessin, sous le trait d'une artiste peut-être elle aussi un peu badass. une certaine Anne-Laure. Salut Anne-Laure !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors, Anne-Laure, autrice de bande dessinée française, j'ai envie de dire que tu as grandi dans les années 80 pour ne pas dévoiler ton âge. Tu as étudié aux Arts Décoratifs de Paris, où tu étais formée au dessin animé. Tu as réalisé plusieurs projets en dessin animé donc, et en stop-motion, certains primés dans des festivals. Puis tu t'es ensuite lancée dans la BD, en 2010 je crois. Certaines de tes séries, Accoucher dehors, l'histoire d'un SDF qui hérite du maison, ou encore Campoutine. un endroit un peu spécial où les enfants russes vont séjourner en été. Souvent des récits hybrides entre aventure et chronique sociale. Et plus récemment, tu es au dessin derrière la série qui s'appelle Ladies with Guns, dont on va parler aujourd'hui. Dans cette série, ton dessin se caractérise par un trait dynamique, expressif et précis, soutenu par une palette de couleurs vives et contrastées, et un découpage cinématographique. J'ai aussi envie de dire que j'adore ta coupe de cheveux. Est-ce que c'est une présentation, une introduction qui te correspond ?

  • Speaker #0

    Oui, tout bon, on est parfait.

  • Speaker #1

    Alors on va parler aujourd'hui des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Je m'essaye au pitch, tu me dis ce que tu en penses. On est dans l'Amérique profonde de la conquête de l'Ouest. C'est l'histoire de cinq bonnes femmes qui revendiquent leur droit à vivre indépendantes et à être hors la loi en toute liberté. Des vraies femmes cow-boys. Ces cinq femmes vont former un groupe improbable. Mais Soudé, qui va affronter les dangers et les injustices de l'Ouest sauvage, elles vont montrer qu'elles ne sont pas des victimes mais des héroïnes. Un western iconoclaste et jubilatoire qui met en scène des fans fortes, drôles et rebelles. Ça te va comme présentation de série ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal du tout. Tu as mis un petit peu l'accent sur le fait qu'elles revendiquaient et qu'elles voulaient montrer. Mais je pense que ça c'est la petite subtilité peut-être à rectifier. C'est qu'elles n'ont pas du tout voulu revendiquer quoi que ce soit. Elles ont réalisé... que les décisions qu'elle venait de prendre ne convenaient à personne. Et malheureusement, elles vont devoir faire face à ce nouveau statut de outlaw.

  • Speaker #1

    Bon, et puis c'est surtout de la bonne bédosh, comme on dit.

  • Speaker #0

    C'était exactement notre mot d'ordre dès le lancement du projet. On s'est dit, on va faire de la bonne bédosh. Tu l'as trouvé, bravo.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui t'a attiré dans ce projet des Ladies with Guns ?

  • Speaker #0

    Justement, le fait que ça parte d'un... d'un monument, on va dire, qu'est le western, alors en BD, clairement, dans le cinéma aussi, beaucoup, c'est quand même un genre puissant, qui est hyper intéressant, et qui a été vu et revu, et ce qui m'intéressait, c'était justement d'en faire un objet qui soit un petit peu novateur, où notre intérêt était de briser justement certains codes pour les réinventer à notre façon, à notre sauce, et surtout vu par des femmes.

  • Speaker #1

    Alors un western moderne, avec au scénario Olivier Boquet, Comment vous avez travaillé tous les deux ?

  • Speaker #0

    Comment on a travaillé ? D'une façon assez étonnante, qui était compliquée pour moi à adopter au départ, c'est-à-dire qu'on avance ensemble. Jamais j'ai une fin d'histoire avant tout le monde. J'avance une scène au niveau graphique, et pendant ce temps-là, il regarde ce que je fais. Et puis, juste quand j'en suis à une page de ma fin de séquence, il m'envoie quelques pages suivantes, parce que lui-même rebondit à la façon... dont je m'approprie complètement. On est toujours en contact, on s'appelle régulièrement pour bouger des curseurs, prévoir la scène d'après. C'est super intéressant. C'est un peu épuisant parfois aussi, mais je pense que ça participe à créer une forte dynamique narrative.

  • Speaker #1

    Le western, un genre à part entière. Tu en as regardé des westerns pour t'inspirer ?

  • Speaker #0

    Comme tu le disais, j'ai grandi dans les années 80, à l'époque. À la télé, il y avait toujours des westerns quand même. Donc je ne suis pas, j'avoue, une grande fan de westerns parce que je manquais un petit peu d'empathie pour certains des échos.

  • Speaker #1

    Il y en a certains qui n'ont pas très bien vieilli en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et puis d'autres mieux. Alors clairement, ce n'est pas un genre que je regarde tant que ça. Et surtout, dès que j'ai démarré ce projet, je me suis un petit peu interdit de lire des BD westerns parce que je voulais justement pas... J'avais peur de copier trop ou de me laisser influencer par d'autres et j'avais vraiment envie que ce soit notre... pâte à nous et notre vision à nous. Je me suis un petit peu bloquée sur la lecture western. Là, maintenant, j'ai repris, c'est bon.

  • Speaker #1

    Alors, Adlor, on est avec toi. On parle des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Un western avec des femmes en héroïne. Et justement, les westerns et les femmes, j'avais envie qu'on s'en dise un petit mot. Parce que dans les films, en général, les femmes dans les westerns, c'est des personnages souvent relégués à des rôles secondaires, très stéréotypés. Elles sont souvent invisibles. Elles sont soit des épouses soumises, soit des prostituées, soit des indiennes, soit des victimes. Elles sont rarement des héroïnes, des aventurières ou des rebelles. Ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve ces mêmes personnages, puisque l'épouse soumise, en tout cas l'épouse, elle est là, la prostituée aussi, l'indienne aussi. Et voilà, cette fois, c'est elle les héroïnes.

  • Speaker #0

    L'esclave, la prostituée, oui, tu as compris. En fait, on est parti sur des stéréotypes et on leur donne enfin la parole, une existence. C'était vraiment le point de départ de ce projet, oui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on regarde ces westerns, il y a quand même quelques femmes qui ont eu des places dans la BD notamment. Je pense par exemple à Comanche, cette jeune femme qui héritait d'un ranch et qui devait faire face aux dangers de l'Ouest avec l'aide de son contre-maître. Ou même à Madalton, qui était déjà un personnage attachant et drôle, qui offre une vision différente du western. Tu m'as déjà un peu répondu, mais du coup tu n'as pas regardé, tu ne t'es pas du tout inspiré de ces personnages qui existaient dans la BD déjà pour pouvoir établir ceci.

  • Speaker #0

    Non, non. Ce n'était vraiment pas mon but. Je voulais partir d'une vision personnelle. Je te dis, au contraire, je me suis un petit peu immergée dans mon propre projet. J'ai eu peur au départ en réalisant que sur mes premiers dessins test, un petit peu mes premières recherches, je travaillais la hachure un petit peu à la manière d'eux parce que je me disais western. Je pense que je me mettais un petit peu de pression. Et donc, c'est pour me préserver de ça que je n'ai justement pas souhaité. exploiter de la documentation historique, oui, bien sûr, mais de la documentation artistique plutôt contemporaine, j'ai évité.

  • Speaker #1

    Documentation historique, ça veut dire quoi du coup ? Tu as consulté quoi ?

  • Speaker #0

    J'allais dire, comme tout dessinateur ou dessinatrice, tu consultes des archives, des images d'époque, à chaque recherche,

  • Speaker #1

    les ambiances, les paysages, ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ça, tout à fait. Oui, ça c'est vraiment de la recherche, on va dire. Le travail de départ d'un dessinateur, et notamment en BD, c'est de se renseigner sur les lieux, les coutumes, les vêtements, les styles capillaires, puisqu'on en parlait tout à l'heure subtilement. Donc tout ça, c'est évident, je me documente, je me fais une grosse base de données graphiques, et ensuite je l'oublie, parce que le tout pour moi c'est de se le réapproprier. Parfois la vérité historique est légèrement bafouée. Ou au contraire, le scénariste, lui aussi, se préserve d'indiquer des noms ou des dates précis, ou des tribus amérindiennes précises, pour justement qu'on ait cette liberté. On considère, nous, qu'on est vraiment dans une fiction pure, et qu'on n'a pas forcément, que ça n'enrichirait pas l'histoire de dire ça se passe en 1861 Bon,

  • Speaker #1

    surtout qu'il y a un côté anachronique aussi dans l'histoire. Alors les ladies, elles sont cinq ? Oui. J'avais envie d'en parler avec toi. tu nous les présentes les cinq ? Par laquelle tu commencerais ?

  • Speaker #0

    Écoute, tu vois là je me réfère à cette couverture de notre tome 3 donc on va faire un sens de lecture gauche à droite on a Kathleen qui est la femme d'un colon, elle a suivi son mari et malheureusement il est décédé très rapidement donc elle est britannique un petit peu précieuse et elle se retrouve projetée un petit peu violemment dans cet univers inconnu pour elle Daisy...

  • Speaker #1

    Elle perd son mari puis elle transporte un tonneau mystérieux aussi hein ?

  • Speaker #0

    Oui, mais voilà, tout à fait. Elle a une part de secret qu'on va découvrir peu à peu. Petit à petit. Voilà. Daisy rejoint ça un petit peu en route. C'est une institutrice à la retraite qui était bien posée dans un village. Mais elle, elle a décidé un petit peu de quitter son statut privilégié pour venir en aide aux autres ladies.

  • Speaker #1

    Cultivée, raffinée, pacifiste, mais elle sait aussi défendre quand il faut.

  • Speaker #0

    Oui, et elle fait un petit peu figure d'autorité et de sagesse dans ce groupe. Chumani est une amère indienne qui a quitté sa tribu et qui, elle, se méfie vraiment des colons, des blancs. Donc, il y a un petit choc des cultures qui va se produire.

  • Speaker #1

    Elle est experte en tir à l'arc et en pistage, elle.

  • Speaker #0

    Pas tant que ça, non, mais ça fait partie de son quotidien avant, donc elle se débrouille mieux que d'autres. On a Cassie aussi, qui est Cassie Coltrane, qui est une prostituée noire qui avait ce statut et ça lui convenait. Malheureusement, on va l'apprendre bientôt, elle avait un petit problème de grossesse qui a interrompu sa carrière. Donc elle aussi, elle est partie avec la caisse du saloon. Et elle trace sa route à sa façon.

  • Speaker #1

    Et on finit avec Abigail.

  • Speaker #0

    Et alors Abigail, c'est ma petite préférée. C'est le cœur de l'histoire. C'est par elle que tout démarre, puisque c'est une enfant esclave qui est parvenue à s'enfuir. Par contre, elle n'est pas parvenue à quitter la cage où elle avait été enfermée. Donc, elle est partie avec la cage. Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est tout le premier album.

  • Speaker #0

    Ça, c'est ça. Elle est coincée dans cette cage. Et en fait, c'est elle qui est une sorte de catalyseur pour cette histoire, puisque... Les autres ne peuvent pas l'avoir passé et ne pas l'aider puisqu'elles savent que sinon elle est vouée à la mort ou à être retrouvée par son maître. Donc leur cœur les oblige à s'arrêter pour l'aider et donc c'est vraiment notre atout cœur de l'histoire.

  • Speaker #1

    Quand vous avez créé ces personnages et ces cinq héroïnes de la série, vous en avez parlé, toi pour les mettre en forme, leur donner un visage, comment tout ça se passe ?

  • Speaker #0

    Au départ, elle devait être même 6. C'est des réflexions. Le fait aussi de se dire que 6, c'est quand même beaucoup, même pour un récit un petit peu choral. Des réflexions de base sur les stéréotypes des westerns traditionnels qu'on voulait réinjecter dans notre histoire à nous. Une fois qu'on a trouvé cet équilibre avec ces 5 ladies, le physique, j'allais dire, c'est pareil. Tu pars de ces... de ces bases de personnages vus et revus en arrière-plan, et puis tu leur donnes vie. Les dialogues m'aident beaucoup pour trouver un physique aussi, à la façon dont elles s'expriment, et dont le scénariste les fait s'exprimer.

  • Speaker #1

    Ça dessine des traits de caractère.

  • Speaker #0

    Tu en déduis la façon dont tu vas pouvoir les faire bouger. Et voilà, c'est ça. Je ne parle pas que du visage, mais aussi de l'attitude, leur posture dans l'histoire, leur attitude, leur... leur... poses, etc., vont découler de la couleur du dialogue, on va dire.

  • Speaker #1

    Il y a des défis à mettre sur le papier un western comme ça, pour la mise en page, le cadrage, ce côté très paysage, on pense à des paysages en grand angle. J'imagine que tout ça...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est pas tant un western contemplatif que ça. Vraiment, nous, comme on s'était dit tout à l'heure, l'idée, c'était vraiment bonne bédouche, donc quelque chose d'assez explosif. Et le scénariste et moi sommes quand même fans de cinéma, de séries. Et donc, c'est vrai qu'on avait une envie d'être très cinématographique dans notre façon de scénariser, de mettre en page. Donc, dès le storyboard, je travaillais énormément des cadrages dynamiques. On est aussi sur vraiment une envie de lecture active de la part des lecteurs et des lectrices. Donc, ne pas leur faciliter trop la tâche, les mettre un petit peu en danger, et on... en ne leur indiquant pas par exemple un flashback. On va d'un coup casser une action, insérer une autre séquence et puis espérer qu'ils comprennent. Alors on leur pose des indices subtilement pour que tout le monde puisse suivre, mais ça demande un petit effort de lecture. Pardon d'être longue aussi, mais on n'hésite pas à graphiquement casser la routine régulièrement. Quand on a trop longtemps des pages qui coulent un peu de sources. On va aller chercher une astuce graphique ou de montage pour réveiller vraiment les lecteurs.

  • Speaker #1

    Puis il y a aussi les scènes d'action qui viennent remuer tout ça. Où là, justement, la pagination explose un petit peu.

  • Speaker #0

    Les scènes d'action, c'est tout ce qu'on aime, nous. On essaye d'alterner des scènes un peu plus introspectives ou intimistes où elles vont peut-être se livrer davantage. Avec justement, oui, des scènes qui remuent à fond. C'est aussi ce qu'on attend dans un western quand même, c'est des moments de grosses tensions. Donc ça, on aime beaucoup gérer ça. Et il a fallu notamment en BD, qui est quand même super riche, c'est quand même un support ou un média où tu peux travailler le bruit, les bruitages, les onomatopées.

  • Speaker #1

    Alors là, il y en a beaucoup.

  • Speaker #0

    On s'est éclaté et c'est vrai que c'était... Là encore, je n'avais jamais joué à ce jeu-là de travailler les onomatopées à fond comme ça. Mais on a fait en sorte que le... que le mot puisse s'entendre. Donc, parfois, quand elles sont assourdies par des fusillades, il faut que graphiquement, ça prenne complètement le dessus sur l'image. Ça devient très caractéristique. Oui, c'est ça. Donc, ça, c'est un vrai travail qui nous a pris du temps et qu'on a adoré travailler.

  • Speaker #1

    Tu veux dire un mot sur la couleur et Elvire de Coq qui contribue à mettre...

  • Speaker #0

    C'est sûr que je veux.

  • Speaker #1

    Parce que la couleur, ça fait beaucoup de choses en BD. Et puis là, il y a du...

  • Speaker #0

    peps dans cette couleur tout à fait en fait elle vient de coq on l'a recruté dans la team parce que on voyait qu'elle faisait du super travail de mise en couleur sur d'autres bd mais surtout qu'elle avait dans ses travaux personnels elle avait une vision très explosive aussi et très comment dire très pop de la couleur et donc on lui a demandé expressément de travailler 7 se pendent son travail d'exploiter ça à fond Donc, on s'est bien briefé au départ sur cette ambiance qu'on voulait. Et à partir de là, elle a développé vraiment des palettes super intéressantes et pareil, qui te prennent parfois à arbre ou se poil par rapport à du traditionnel western. Notamment un western. Quelle est la couleur, toi, qui te viendrait quand tu imagines lire un western ?

  • Speaker #1

    Des couleurs un peu ocre, jaunâtre.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et les beiges, etc. Donc, on lui a dit, tu nous fais un petit peu tout, sauf ça. Ça se passe aussi, bien sûr. Il y a vraiment besoin, mais donc elle travaille expressément en évitant les trois beiges, bois, boue et cuir du western.

  • Speaker #1

    Un super travail d'Elvira Lacouleur. Anne-Laure, donc, au dessin, Olivier Boquet, lui, au scénario. On parle avec toi, Anne-Laure, de Ladies with Guns, cette série chez Dargaud. J'ai envie qu'on revienne un peu à l'histoire. On ne va pas tout raconter, mais voilà, il y a déjà trois albums, la fin d'un premier cycle. Le premier album, on en parlait un peu tout à l'heure, il s'intitule tout simplement Ladies with Guns. Il raconte comment ces cinq ladies aux destins différents se retrouvent pour faire équipe dans l'ouest sauvage face aux hommes qui veulent les opprimer. Et puis voilà, il y a vraiment cette ambiance avec la cage. En fait, le Thomas, il plante le décor. On découvre des femmes un peu livrées elles-mêmes qui décident de prendre en main leur destin. Présente les personnages, leur background, les conditions de la femme aussi à l'époque. Puis aussi cette cage dont on parlait, qui est un peu comme une métaphore qui cloisonne les destins dès l'enfance. C'était un peu ça l'idée avec cette cage et puis l'approche de ce premier album ?

  • Speaker #0

    Alors je ne veux pas parler au nom d'Olivier Bockel, le scénariste, mais je crois que oui, son image forte de la cage, c'était vraiment ça. Je pense qu'il avait quand même en tête cette métaphore de cette fille qui est esclave au départ et même si elle sort de sa cage, elle a toujours sa cage intérieure, le regard des autres dans cette société. Voilà, donc oui, je pense que tu vises juste avec ça. Mais il faudrait quand même qu'on lui demande confirmation.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui demandera. Moi, c'est un peu comme ça que je l'ai ressenti. En tout cas, visuellement, cette cage, elle est très forte dans le premier album, qui ouvre donc le deuxième album, qui lui s'appelle Tome 2. Alors du coup, Tome 2 et Tome 3, pourquoi pas de titres sur les albums ?

  • Speaker #0

    En fait, on s'est dit, à part, j'allais dire, les BD un peu historiques, les Tintins, les Astérix, où tu te souviens vraiment des titres de chaque album parce que le nom du héros est inclus dans une phrase. Moi j'avoue et j'ai l'impression qu'autour de moi c'est un petit peu pareil qu'on a du mal souvent à se souvenir des sous titres on va dire. Il y a le nom de la série et on se souvient que c'est le troisième quatrième tome mais finalement on se souvient pas toujours des sous titres et donc on s'est dit on va tout simplement les appeler les Geese with Guts 1, 2, 3, 4... On n'avait pas spécialement envie de développer une phrase titre en dessous. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans ce tome 2, les choses avancent. Et puis surtout, elles commencent à se mettre dans le pétrin, les ladies. Et puis devenir un peu des outlaws. Là, on est vraiment dans le western, ça y est.

  • Speaker #0

    Tu auras remarqué que sur le tome 1, on les appelle ladies with guns mais elles n'ont pas d'armes. Elles finissent par se débrouiller avec les moyens du bord. qui une marmite, qui un balai, qui une lampe à huile.

  • Speaker #1

    Dans le 2, ça commence à pétouiller.

  • Speaker #0

    Mais voilà, en fait, c'est qu'elles ont vraiment été surprises de l'animosité générée par leur prise de position. Mais par contre, oui, dans le tome 2, elles se disent, bon, là, soit on meurt, soit on réagit. Et donc, elles commencent à s'équiper, à s'organiser. Et cette fois-ci, oui, elles commencent à avoir des guns. Et du coup, elles ont l'intérêt de se défendre.

  • Speaker #1

    Et résultant du tome 3, elles sont en prison. Et là, c'est aussi intéressant parce qu'à cette époque-là, des prisons de femmes, il ne devait pas y avoir beaucoup. Donc, on tombe un peu dans ce que je trouvais un peu anachronique, mais ce n'est peut-être pas les bons mots. Mais je trouve justement intéressant ce tome 3 de se profiler dans un monde où les femmes sont dans des prisons d'hommes à une époque où il n'y avait pas de prison de femmes. Oui,

  • Speaker #0

    tu as raison. Et là encore, le travail qu'on a opéré, c'est de prendre au-delà des personnages stéréotypés. On partait de situations stéréotypées que tu peux trouver dans un western ou dans un film de genre. et puis de les décortiquer pour les démonter et les remonter à la façon des ladies, puisqu'elles ont un regard tellement différent de celui d'un homme, parce qu'elles n'ont pas les mêmes bases, les mêmes apprentissages, la même façon de réfléchir sur telle situation. Et donc, sur le tome 2, on a eu par exemple un braquage de banque, mais à leur façon, et pourtant le braquage de banque, on l'a dans beaucoup de westerns. Et bien sur ce tome 3, c'est vrai qu'on s'est dit, bien on va partir de la case pénitentiaire. Et puis tout ce que tu attends, de la cantine à la scène de douche.

  • Speaker #1

    C'est celle dont j'allais te parler.

  • Speaker #0

    Le but c'est de faire quelque chose que personne n'a jamais vu, en tout cas c'est une ambition, j'espère que... Je ne peux pas dire si on y est parvenu, mais c'est clair qu'on se mettait ces challenges de... On va le faire mais à notre façon, à la façon des ladies, et ça devrait être différent quand même de ce que les gens ont l'habitude d'attendre sur ce type de séquence un peu culte on va dire.

  • Speaker #1

    C'est très efficace. Le tome 3 qui donc clôture la fin de ce qu'on appelle un premier cycle.

  • Speaker #0

    Alors oui. Alors nous, on a appelé ça saison parce que les cycles chez les femmes, ça peut évoquer autre chose. Et sachant qu'on a déjà un titre un petit peu moucheté de sang, on s'est dit tiens, on va plutôt appeler ça saison. Ce sera bien posé.

  • Speaker #1

    Bien vu. Et ça veut dire qu'il y aura une deuxième saison ?

  • Speaker #0

    Oui, on y travaille. Donc on est sur le tome 4 actuellement qui s'appelle tome 4.

  • Speaker #1

    J'aurais pu le trouver.

  • Speaker #0

    Et donc, ça avance très bien et on a le bonheur de travailler ce tome 4 et puis d'anticiper bientôt sur un tome 5, un tome 6 qui vont très certainement constituer la saison 2.

  • Speaker #1

    On restera, j'imagine, un peu sur les mêmes thématiques. Alors bon, je le mets entre guillemets parce que j'imagine que ce n'est pas non plus cette revendication tout à l'heure que tu me précisais qui n'était pas le but, mais il y aura toujours cette part de féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as raison, c'était pas forcément le... Au départ, on ne s'est pas dit, on va faire une BD féministe. D'ailleurs, on se disait, ce n'est pas spécialement féministe. Après, de fait, on a bien réalisé que quand même, on était vraiment dans un féminisme qui, s'il n'était pas revendiqué, est finalement assumé. Mais notre but, c'est surtout de faire une BDOCH qui sera lue et appréciée et d'utiliser pour ça quelque chose qui n'est pas linéaire. Donc, on a parallèlement toujours la progression de ces femmes qui sont en mode expansif. Et puis, très régulièrement, des flashbacks, des parallèles, etc. pour déconstruire un petit peu la linéarité et créer quelque chose de foisonnant et d'intéressant. Voilà,

  • Speaker #1

    alors moi, dans les thématiques, j'avais mis féminisme, humour, action. J'imagine que l'humour et l'action, ça va continuer.

  • Speaker #0

    Oui, on s'est vraiment posé la question dès le départ de comment on allait combiner toutes ces... Toutes ces facettes, espérons qu'on y soit parvenu en créant un récit assez hybride. Mais oui, Olivier Boquet, il écrit vraiment avec humour et il ne peut pas s'en détacher, même quand il écrit des romans aussi, quand il écrit un polar sordide. Mais on se marre régulièrement aussi. Donc je savais dès le départ qu'il y aurait de l'humour et qu'il faudrait réussir à doser ça avec la violence et avec le récit social. Donc ça donne, j'espère, la richesse à cette BD.

  • Speaker #1

    Écoute, nous on a ri aussi et on a pris beaucoup de plaisir à lire les Ladies with Guns. Anne-Laure, si ça va pour toi, pour finir l'émission, on a ce qu'on appelle des questions débules. Concon complètement débules ! Eh oh ! Il te manque une case ? Euh, t'es débule ! Première question, bon ben voilà. Est-ce que c'est une série pour les femmes ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, mais elles ne le savent pas souvent parce qu'elles se disent Tiens, c'est un western, je vais l'acheter à mon mari

  • Speaker #1

    Est-ce que le scénariste, donc Olivier Bocquet, C'est pas un peu compliqué pour lui de travailler au milieu de toutes ces femmes ? Les héroïnes, toi dessinatrice, la coloriste Elvire Decor, c'est pas trop pour lui ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il cherchait à s'entourer d'un petit peu de féminité pour développer ce récit au plus juste.

  • Speaker #1

    C'est un petit malin en fait. Est-ce qu'on aurait pu appeler cette série Ladies with balls ou c'est trop sexiste ?

  • Speaker #0

    Écoute, elles n'ont pas encore démarré le foot, donc je ne peux pas te dire.

  • Speaker #1

    Ta lady préférée, c'est laquelle ?

  • Speaker #0

    Je crois que je l'ai dit tout à l'heure, j'adore la petite Abigail, qui est à la fougue de l'adolescence. Elle a beaucoup moins de retenue que certaines et elle a vraiment son petit regard bien à elle sur ce monde.

  • Speaker #1

    C'est ta préférée parce que c'est son caractère ou c'est celle que tu préfères dessiner aussi ?

  • Speaker #0

    J'aime toutes les dessiner, mais c'est vrai qu'elle a ce petit quelque chose en plus. Et puis, elle a ce côté désespéré, là où les autres, finalement, si tu observes bien, je l'ai remarqué que tardivement presque, les autres ne tirent jamais pour tuer. Alors qu'Abigail, elle en est capable. Elle a quand même connu tellement de souffrances dès l'enfance.

  • Speaker #1

    Sur le temps de sa cage, ça ne rigole pas.

  • Speaker #0

    Elle hésite. pas là où les autres quand même ont encore un petit peu de retenue. C'était pas très humoristique comme réponse, pardon.

  • Speaker #1

    Bon, moi, les questions sont peut-être pas non plus tout le temps très drôles. Tu décides laquelle on dédicace ?

  • Speaker #0

    Ah ben, en fait, je laisse le choix aux personnes qui viennent. Et on dédicace laquelle,

  • Speaker #1

    en général ?

  • Speaker #0

    Écoute, j'ai un trio gagnant qui est Kathleen, Abigail et... Et Choumani, on va dire.

  • Speaker #1

    Ton western préféré ?

  • Speaker #0

    Danse avec les loups.

  • Speaker #1

    Ça vient d'où le tatouage Fatalitas ?

  • Speaker #0

    Alors, documentation de BDiste, old school tattoos. Et donc, tu trouves des tatouages de banniards super badass. Et Fatalitas, je trouvais ça assez classe.

  • Speaker #1

    Dans le tome 3, quand elles arrivent en prison, on leur donne un épi de maïs pour se torcher ou pour s'en servir comme tampon, sans qu'il viole.

  • Speaker #0

    Quel spoiler ! Bah écoute, réalité historique, c'est le recyclage et l'écologie.

  • Speaker #1

    Bon, et sans jeu de mots avec la question précédente, toi, tout faire péter et faire saigner en dessinant, ça t'amuse ?

  • Speaker #0

    Bah bien sûr ! Quelle question, ça se voit !

  • Speaker #1

    Bon, et si on te propose une série Boys with Skirts, t'en serais ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais, à fond, vas-y, propose un scénario et je le lirai avec attention et bienveillance.

  • Speaker #1

    Bon, bah je vais aller plancher dessus. Anne-Laure, c'était un plaisir de t'avoir dans l'émission. A bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Au revoir.

  • Speaker #1

    Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec Bordeterre. Inès et son frère se baladent au bord de falaises aux apparences d'Etreta. C'est où Etreta déjà ? Un décor magnifique qui surplombe un océan agité, sous un ciel sombre entrepercé de quelques rayons de soleil. Un vrai temps de Bretagne, dis-moi ! Puis, au milieu d'une éclaircie, apparaît en plein ciel un château. Hein ? Majestueux, féérique. Il suffirait d'enjamber la falaise pour l'atteindre. Les deux enfants, estomaqués, avancent. Et oups, c'est la chute. Violente. Inès et son frère tombent. Déboussolés, ils se relèvent au pied du château. Il n'y a plus de falaise. Ils arrivent dans un lieu étrange.

  • Speaker #0

    Ils sont à Port-de-Terre.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est l'hallucination.

  • Speaker #0

    Une ville perchée entre deux plans de réalité. Les deux enfants sont devenus à moitié transparents. Leurs souvenirs sont flous, ce sont des débordés. Ils viennent de trébucher vers un autre monde.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est la lutte en truc.

  • Speaker #0

    Dans ce monde parallèle, il y a des quartz magiques qui permettent aux chansons fredonnées de devenir réalité. Imaginez, vous chantez et je l'ai retrouvé couvert d'argent. Inutile de dire qu'il y a un très fort contrôle sur qui chante quoi et que le marché des quartz est très réglementé. Il est d'ailleurs difficile d'en trouver, il faut plonger dans un lac bien particulier. Monde fantastique, étrange et envoûtant, dessin angulaire et rêveur de Timothée Léman pour cette adaptation en BD du roman de Julia Thévenot, Bordeterre. C'est aux éditions Sarbacane. On continue avec... Mamie n'a plus toute sa tête C'est quoi cette BD ? Avril 2018, dans une ville de l'Est de la France C'est le début d'une journée comme une autre Pour l'auteur de bande dessinée Romain Dutré Il va partir à l'atelier pour travailler Enfin, pour dessiner Sauf qu'avant, il va passer chez sa grand-mère La pauvre femme perd complètement la boule Mon petit-fils,

  • Speaker #1

    qu'est-ce que t'as sorti ?

  • Speaker #0

    Et bien malgré elle, elle va imposer à Romain De vivre une double vie Comment qu'il s'appelle le petit-fils déjà ? Figurez-vous que la mamie se croit sous l'occupation des Allemands. J'ai encore les boches, là ! Et lorsqu'un agent EDF vient pour lui installer son nouveau compteur électrique, elle pense que c'est un boche. Et va habilement lui planter un coup de hache dans la tête, tuer l'ennemi. Oh,

  • Speaker #1

    c'est le boche !

  • Speaker #0

    Et le pauvre agent EDF n'est que le premier d'une longue liste à venir. Et notre pauvre pédéiste va, pour le salut de sa grand-mère, découper et cacher les cordes. Humour noir et attiroir pour cet album que l'on espère que légèrement... topographiques. Un scénario comme on les aime, avec un récit qui devient de plus en plus improbable et drôle. Vraiment une très bonne BD. La vieillesse est un naufrage, mais on peut choisir d'en rire. Avec cette comédie tragico-burlesque par l'un des auteurs de Fluides glaciales. Mamie n'a plus tout de sa tête, le tome 1 c'est de Romain Dutray aux éditions d'Argo. Et on finit avec une BD suisse, Terra Animalia. Ça parle de quoi ? Les humains ont quitté la Terre pour échapper au cataclysme climatique. Ils ont colonisé Mars, où ils vivent une vie tout à fait différente, grâce à une intelligence artificielle qui subvient à leurs besoins tout en stabilisant leurs émotions.

  • Speaker #1

    C'est le monde selon Elon Musk ou bien...

  • Speaker #0

    Et un simulateur leur permet de vivre toutes sortes de vies différentes. Mais voilà, la tristesse s'empare des individus qui sombrent dans d'intenses dépressions. Au vu de cette vie martienne, il est peut-être temps de revenir sur Terre. Un couple d'individus fait le voyage et revient sur la Terre, devenu le territoire d'autres espèces animales. Et la loi de la vie s'y exprime à merveille. La nature est luxuriante et s'est organisée dans une certaine harmonie. Un animal peut en tuer un autre seulement et uniquement si c'est pour se nourrir. Et les animaux d'ailleurs ont la mémoire de ce que valent les humains. Alors quand ils voient une paire d'individus débarquer sur Terre, ils n'ont aucune envie de les accueillir. Bien au contraire. Voici un bien bon scénario qui colle grandement aux thématiques actuelles. Les questions environnementales, la conquête spatiale et le cycle de la vie. Avec un dessin coloré à la fois brut et mélancolique, Terra Animalia, c'est de Patrick Mallet et Tom Thierabosco aux éditions La Joie de lire. Voilà, voilà, alors bonne lecture. Et comme on dit dans l'émission, les bulles, il n'y en a pas que dans le champagne, mais aussi plein les BD. Et le 9e art, lui, se consomme sans modération. Alors, c'est mon platement des bulles. Mon platement des bulles.

  • Speaker #1

    On dirait qu'il te manque une case des bulles, mais il te manque une case complètement des bulles.

Chapters

  • Anlor

    01:01

  • Sélection d'albums

    26:13

Description

Si on parlait d’un bon Western, avec une vraie ambiance de bonhomme! Dans la poussière de l’ouest, sous un soleil de plomb, là où seuls les plus solides peuvent survivre… Et si pour changer, on le faisait en mode cowgirls!?  On garde les flingues, la badassitude, et l’ambience baston pour suivre les aventures des “Ladies with Guns”! Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames là nous emmènent un peu l’écart des stéréotypes du genre. Et ça fait du bien d’aller au delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne “bédoche” comme aime. Du rythme, de l’action et un beau dessin sous le trait d’une artiste peut-être elle aussi un peu “badass”… une certaine Anlor

 

Et notre sélection BD du mois avec la chronique des albums :

  • « Bordeterre » adaptation en BD du roman de Julia Thevenot par Timothee Leman aux éditons Sarbacane

  • « Mamie n'a plus toute sa tête» de Romain Dutreix aux éditions Dargaud

  • « Terra Animalia » de Patrick Mallet et Tom Tirabosco aux éditions La Joie de Lire


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Radio Vostok.ch Complètement débule.

  • Speaker #1

    Débule ou bien ? On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessinée. Et si on parlait western aujourd'hui ? Une ambiance de bonhomme. Dans la poussière de l'ouest, sous un soleil de plomb. Les sols les plus solides peuvent survivre. Oui, on va parler western. Mais pour changer, ça va être en mode... Co-girls. Alors attention, on garde les flingues, la badassitude et l'ambiance baston, mais pour suivre les aventures des Ladies with Guns. Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames-là nous emmènent un peu à l'écart des stéréotypes du genre. Et que ça fait du bien d'aller au-delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne bédosh comme on les aime. Du rythme, de l'action et un beau dessin, sous le trait d'une artiste peut-être elle aussi un peu badass. une certaine Anne-Laure. Salut Anne-Laure !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors, Anne-Laure, autrice de bande dessinée française, j'ai envie de dire que tu as grandi dans les années 80 pour ne pas dévoiler ton âge. Tu as étudié aux Arts Décoratifs de Paris, où tu étais formée au dessin animé. Tu as réalisé plusieurs projets en dessin animé donc, et en stop-motion, certains primés dans des festivals. Puis tu t'es ensuite lancée dans la BD, en 2010 je crois. Certaines de tes séries, Accoucher dehors, l'histoire d'un SDF qui hérite du maison, ou encore Campoutine. un endroit un peu spécial où les enfants russes vont séjourner en été. Souvent des récits hybrides entre aventure et chronique sociale. Et plus récemment, tu es au dessin derrière la série qui s'appelle Ladies with Guns, dont on va parler aujourd'hui. Dans cette série, ton dessin se caractérise par un trait dynamique, expressif et précis, soutenu par une palette de couleurs vives et contrastées, et un découpage cinématographique. J'ai aussi envie de dire que j'adore ta coupe de cheveux. Est-ce que c'est une présentation, une introduction qui te correspond ?

  • Speaker #0

    Oui, tout bon, on est parfait.

  • Speaker #1

    Alors on va parler aujourd'hui des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Je m'essaye au pitch, tu me dis ce que tu en penses. On est dans l'Amérique profonde de la conquête de l'Ouest. C'est l'histoire de cinq bonnes femmes qui revendiquent leur droit à vivre indépendantes et à être hors la loi en toute liberté. Des vraies femmes cow-boys. Ces cinq femmes vont former un groupe improbable. Mais Soudé, qui va affronter les dangers et les injustices de l'Ouest sauvage, elles vont montrer qu'elles ne sont pas des victimes mais des héroïnes. Un western iconoclaste et jubilatoire qui met en scène des fans fortes, drôles et rebelles. Ça te va comme présentation de série ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal du tout. Tu as mis un petit peu l'accent sur le fait qu'elles revendiquaient et qu'elles voulaient montrer. Mais je pense que ça c'est la petite subtilité peut-être à rectifier. C'est qu'elles n'ont pas du tout voulu revendiquer quoi que ce soit. Elles ont réalisé... que les décisions qu'elle venait de prendre ne convenaient à personne. Et malheureusement, elles vont devoir faire face à ce nouveau statut de outlaw.

  • Speaker #1

    Bon, et puis c'est surtout de la bonne bédosh, comme on dit.

  • Speaker #0

    C'était exactement notre mot d'ordre dès le lancement du projet. On s'est dit, on va faire de la bonne bédosh. Tu l'as trouvé, bravo.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui t'a attiré dans ce projet des Ladies with Guns ?

  • Speaker #0

    Justement, le fait que ça parte d'un... d'un monument, on va dire, qu'est le western, alors en BD, clairement, dans le cinéma aussi, beaucoup, c'est quand même un genre puissant, qui est hyper intéressant, et qui a été vu et revu, et ce qui m'intéressait, c'était justement d'en faire un objet qui soit un petit peu novateur, où notre intérêt était de briser justement certains codes pour les réinventer à notre façon, à notre sauce, et surtout vu par des femmes.

  • Speaker #1

    Alors un western moderne, avec au scénario Olivier Boquet, Comment vous avez travaillé tous les deux ?

  • Speaker #0

    Comment on a travaillé ? D'une façon assez étonnante, qui était compliquée pour moi à adopter au départ, c'est-à-dire qu'on avance ensemble. Jamais j'ai une fin d'histoire avant tout le monde. J'avance une scène au niveau graphique, et pendant ce temps-là, il regarde ce que je fais. Et puis, juste quand j'en suis à une page de ma fin de séquence, il m'envoie quelques pages suivantes, parce que lui-même rebondit à la façon... dont je m'approprie complètement. On est toujours en contact, on s'appelle régulièrement pour bouger des curseurs, prévoir la scène d'après. C'est super intéressant. C'est un peu épuisant parfois aussi, mais je pense que ça participe à créer une forte dynamique narrative.

  • Speaker #1

    Le western, un genre à part entière. Tu en as regardé des westerns pour t'inspirer ?

  • Speaker #0

    Comme tu le disais, j'ai grandi dans les années 80, à l'époque. À la télé, il y avait toujours des westerns quand même. Donc je ne suis pas, j'avoue, une grande fan de westerns parce que je manquais un petit peu d'empathie pour certains des échos.

  • Speaker #1

    Il y en a certains qui n'ont pas très bien vieilli en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et puis d'autres mieux. Alors clairement, ce n'est pas un genre que je regarde tant que ça. Et surtout, dès que j'ai démarré ce projet, je me suis un petit peu interdit de lire des BD westerns parce que je voulais justement pas... J'avais peur de copier trop ou de me laisser influencer par d'autres et j'avais vraiment envie que ce soit notre... pâte à nous et notre vision à nous. Je me suis un petit peu bloquée sur la lecture western. Là, maintenant, j'ai repris, c'est bon.

  • Speaker #1

    Alors, Adlor, on est avec toi. On parle des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Un western avec des femmes en héroïne. Et justement, les westerns et les femmes, j'avais envie qu'on s'en dise un petit mot. Parce que dans les films, en général, les femmes dans les westerns, c'est des personnages souvent relégués à des rôles secondaires, très stéréotypés. Elles sont souvent invisibles. Elles sont soit des épouses soumises, soit des prostituées, soit des indiennes, soit des victimes. Elles sont rarement des héroïnes, des aventurières ou des rebelles. Ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve ces mêmes personnages, puisque l'épouse soumise, en tout cas l'épouse, elle est là, la prostituée aussi, l'indienne aussi. Et voilà, cette fois, c'est elle les héroïnes.

  • Speaker #0

    L'esclave, la prostituée, oui, tu as compris. En fait, on est parti sur des stéréotypes et on leur donne enfin la parole, une existence. C'était vraiment le point de départ de ce projet, oui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on regarde ces westerns, il y a quand même quelques femmes qui ont eu des places dans la BD notamment. Je pense par exemple à Comanche, cette jeune femme qui héritait d'un ranch et qui devait faire face aux dangers de l'Ouest avec l'aide de son contre-maître. Ou même à Madalton, qui était déjà un personnage attachant et drôle, qui offre une vision différente du western. Tu m'as déjà un peu répondu, mais du coup tu n'as pas regardé, tu ne t'es pas du tout inspiré de ces personnages qui existaient dans la BD déjà pour pouvoir établir ceci.

  • Speaker #0

    Non, non. Ce n'était vraiment pas mon but. Je voulais partir d'une vision personnelle. Je te dis, au contraire, je me suis un petit peu immergée dans mon propre projet. J'ai eu peur au départ en réalisant que sur mes premiers dessins test, un petit peu mes premières recherches, je travaillais la hachure un petit peu à la manière d'eux parce que je me disais western. Je pense que je me mettais un petit peu de pression. Et donc, c'est pour me préserver de ça que je n'ai justement pas souhaité. exploiter de la documentation historique, oui, bien sûr, mais de la documentation artistique plutôt contemporaine, j'ai évité.

  • Speaker #1

    Documentation historique, ça veut dire quoi du coup ? Tu as consulté quoi ?

  • Speaker #0

    J'allais dire, comme tout dessinateur ou dessinatrice, tu consultes des archives, des images d'époque, à chaque recherche,

  • Speaker #1

    les ambiances, les paysages, ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ça, tout à fait. Oui, ça c'est vraiment de la recherche, on va dire. Le travail de départ d'un dessinateur, et notamment en BD, c'est de se renseigner sur les lieux, les coutumes, les vêtements, les styles capillaires, puisqu'on en parlait tout à l'heure subtilement. Donc tout ça, c'est évident, je me documente, je me fais une grosse base de données graphiques, et ensuite je l'oublie, parce que le tout pour moi c'est de se le réapproprier. Parfois la vérité historique est légèrement bafouée. Ou au contraire, le scénariste, lui aussi, se préserve d'indiquer des noms ou des dates précis, ou des tribus amérindiennes précises, pour justement qu'on ait cette liberté. On considère, nous, qu'on est vraiment dans une fiction pure, et qu'on n'a pas forcément, que ça n'enrichirait pas l'histoire de dire ça se passe en 1861 Bon,

  • Speaker #1

    surtout qu'il y a un côté anachronique aussi dans l'histoire. Alors les ladies, elles sont cinq ? Oui. J'avais envie d'en parler avec toi. tu nous les présentes les cinq ? Par laquelle tu commencerais ?

  • Speaker #0

    Écoute, tu vois là je me réfère à cette couverture de notre tome 3 donc on va faire un sens de lecture gauche à droite on a Kathleen qui est la femme d'un colon, elle a suivi son mari et malheureusement il est décédé très rapidement donc elle est britannique un petit peu précieuse et elle se retrouve projetée un petit peu violemment dans cet univers inconnu pour elle Daisy...

  • Speaker #1

    Elle perd son mari puis elle transporte un tonneau mystérieux aussi hein ?

  • Speaker #0

    Oui, mais voilà, tout à fait. Elle a une part de secret qu'on va découvrir peu à peu. Petit à petit. Voilà. Daisy rejoint ça un petit peu en route. C'est une institutrice à la retraite qui était bien posée dans un village. Mais elle, elle a décidé un petit peu de quitter son statut privilégié pour venir en aide aux autres ladies.

  • Speaker #1

    Cultivée, raffinée, pacifiste, mais elle sait aussi défendre quand il faut.

  • Speaker #0

    Oui, et elle fait un petit peu figure d'autorité et de sagesse dans ce groupe. Chumani est une amère indienne qui a quitté sa tribu et qui, elle, se méfie vraiment des colons, des blancs. Donc, il y a un petit choc des cultures qui va se produire.

  • Speaker #1

    Elle est experte en tir à l'arc et en pistage, elle.

  • Speaker #0

    Pas tant que ça, non, mais ça fait partie de son quotidien avant, donc elle se débrouille mieux que d'autres. On a Cassie aussi, qui est Cassie Coltrane, qui est une prostituée noire qui avait ce statut et ça lui convenait. Malheureusement, on va l'apprendre bientôt, elle avait un petit problème de grossesse qui a interrompu sa carrière. Donc elle aussi, elle est partie avec la caisse du saloon. Et elle trace sa route à sa façon.

  • Speaker #1

    Et on finit avec Abigail.

  • Speaker #0

    Et alors Abigail, c'est ma petite préférée. C'est le cœur de l'histoire. C'est par elle que tout démarre, puisque c'est une enfant esclave qui est parvenue à s'enfuir. Par contre, elle n'est pas parvenue à quitter la cage où elle avait été enfermée. Donc, elle est partie avec la cage. Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est tout le premier album.

  • Speaker #0

    Ça, c'est ça. Elle est coincée dans cette cage. Et en fait, c'est elle qui est une sorte de catalyseur pour cette histoire, puisque... Les autres ne peuvent pas l'avoir passé et ne pas l'aider puisqu'elles savent que sinon elle est vouée à la mort ou à être retrouvée par son maître. Donc leur cœur les oblige à s'arrêter pour l'aider et donc c'est vraiment notre atout cœur de l'histoire.

  • Speaker #1

    Quand vous avez créé ces personnages et ces cinq héroïnes de la série, vous en avez parlé, toi pour les mettre en forme, leur donner un visage, comment tout ça se passe ?

  • Speaker #0

    Au départ, elle devait être même 6. C'est des réflexions. Le fait aussi de se dire que 6, c'est quand même beaucoup, même pour un récit un petit peu choral. Des réflexions de base sur les stéréotypes des westerns traditionnels qu'on voulait réinjecter dans notre histoire à nous. Une fois qu'on a trouvé cet équilibre avec ces 5 ladies, le physique, j'allais dire, c'est pareil. Tu pars de ces... de ces bases de personnages vus et revus en arrière-plan, et puis tu leur donnes vie. Les dialogues m'aident beaucoup pour trouver un physique aussi, à la façon dont elles s'expriment, et dont le scénariste les fait s'exprimer.

  • Speaker #1

    Ça dessine des traits de caractère.

  • Speaker #0

    Tu en déduis la façon dont tu vas pouvoir les faire bouger. Et voilà, c'est ça. Je ne parle pas que du visage, mais aussi de l'attitude, leur posture dans l'histoire, leur attitude, leur... leur... poses, etc., vont découler de la couleur du dialogue, on va dire.

  • Speaker #1

    Il y a des défis à mettre sur le papier un western comme ça, pour la mise en page, le cadrage, ce côté très paysage, on pense à des paysages en grand angle. J'imagine que tout ça...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est pas tant un western contemplatif que ça. Vraiment, nous, comme on s'était dit tout à l'heure, l'idée, c'était vraiment bonne bédouche, donc quelque chose d'assez explosif. Et le scénariste et moi sommes quand même fans de cinéma, de séries. Et donc, c'est vrai qu'on avait une envie d'être très cinématographique dans notre façon de scénariser, de mettre en page. Donc, dès le storyboard, je travaillais énormément des cadrages dynamiques. On est aussi sur vraiment une envie de lecture active de la part des lecteurs et des lectrices. Donc, ne pas leur faciliter trop la tâche, les mettre un petit peu en danger, et on... en ne leur indiquant pas par exemple un flashback. On va d'un coup casser une action, insérer une autre séquence et puis espérer qu'ils comprennent. Alors on leur pose des indices subtilement pour que tout le monde puisse suivre, mais ça demande un petit effort de lecture. Pardon d'être longue aussi, mais on n'hésite pas à graphiquement casser la routine régulièrement. Quand on a trop longtemps des pages qui coulent un peu de sources. On va aller chercher une astuce graphique ou de montage pour réveiller vraiment les lecteurs.

  • Speaker #1

    Puis il y a aussi les scènes d'action qui viennent remuer tout ça. Où là, justement, la pagination explose un petit peu.

  • Speaker #0

    Les scènes d'action, c'est tout ce qu'on aime, nous. On essaye d'alterner des scènes un peu plus introspectives ou intimistes où elles vont peut-être se livrer davantage. Avec justement, oui, des scènes qui remuent à fond. C'est aussi ce qu'on attend dans un western quand même, c'est des moments de grosses tensions. Donc ça, on aime beaucoup gérer ça. Et il a fallu notamment en BD, qui est quand même super riche, c'est quand même un support ou un média où tu peux travailler le bruit, les bruitages, les onomatopées.

  • Speaker #1

    Alors là, il y en a beaucoup.

  • Speaker #0

    On s'est éclaté et c'est vrai que c'était... Là encore, je n'avais jamais joué à ce jeu-là de travailler les onomatopées à fond comme ça. Mais on a fait en sorte que le... que le mot puisse s'entendre. Donc, parfois, quand elles sont assourdies par des fusillades, il faut que graphiquement, ça prenne complètement le dessus sur l'image. Ça devient très caractéristique. Oui, c'est ça. Donc, ça, c'est un vrai travail qui nous a pris du temps et qu'on a adoré travailler.

  • Speaker #1

    Tu veux dire un mot sur la couleur et Elvire de Coq qui contribue à mettre...

  • Speaker #0

    C'est sûr que je veux.

  • Speaker #1

    Parce que la couleur, ça fait beaucoup de choses en BD. Et puis là, il y a du...

  • Speaker #0

    peps dans cette couleur tout à fait en fait elle vient de coq on l'a recruté dans la team parce que on voyait qu'elle faisait du super travail de mise en couleur sur d'autres bd mais surtout qu'elle avait dans ses travaux personnels elle avait une vision très explosive aussi et très comment dire très pop de la couleur et donc on lui a demandé expressément de travailler 7 se pendent son travail d'exploiter ça à fond Donc, on s'est bien briefé au départ sur cette ambiance qu'on voulait. Et à partir de là, elle a développé vraiment des palettes super intéressantes et pareil, qui te prennent parfois à arbre ou se poil par rapport à du traditionnel western. Notamment un western. Quelle est la couleur, toi, qui te viendrait quand tu imagines lire un western ?

  • Speaker #1

    Des couleurs un peu ocre, jaunâtre.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et les beiges, etc. Donc, on lui a dit, tu nous fais un petit peu tout, sauf ça. Ça se passe aussi, bien sûr. Il y a vraiment besoin, mais donc elle travaille expressément en évitant les trois beiges, bois, boue et cuir du western.

  • Speaker #1

    Un super travail d'Elvira Lacouleur. Anne-Laure, donc, au dessin, Olivier Boquet, lui, au scénario. On parle avec toi, Anne-Laure, de Ladies with Guns, cette série chez Dargaud. J'ai envie qu'on revienne un peu à l'histoire. On ne va pas tout raconter, mais voilà, il y a déjà trois albums, la fin d'un premier cycle. Le premier album, on en parlait un peu tout à l'heure, il s'intitule tout simplement Ladies with Guns. Il raconte comment ces cinq ladies aux destins différents se retrouvent pour faire équipe dans l'ouest sauvage face aux hommes qui veulent les opprimer. Et puis voilà, il y a vraiment cette ambiance avec la cage. En fait, le Thomas, il plante le décor. On découvre des femmes un peu livrées elles-mêmes qui décident de prendre en main leur destin. Présente les personnages, leur background, les conditions de la femme aussi à l'époque. Puis aussi cette cage dont on parlait, qui est un peu comme une métaphore qui cloisonne les destins dès l'enfance. C'était un peu ça l'idée avec cette cage et puis l'approche de ce premier album ?

  • Speaker #0

    Alors je ne veux pas parler au nom d'Olivier Bockel, le scénariste, mais je crois que oui, son image forte de la cage, c'était vraiment ça. Je pense qu'il avait quand même en tête cette métaphore de cette fille qui est esclave au départ et même si elle sort de sa cage, elle a toujours sa cage intérieure, le regard des autres dans cette société. Voilà, donc oui, je pense que tu vises juste avec ça. Mais il faudrait quand même qu'on lui demande confirmation.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui demandera. Moi, c'est un peu comme ça que je l'ai ressenti. En tout cas, visuellement, cette cage, elle est très forte dans le premier album, qui ouvre donc le deuxième album, qui lui s'appelle Tome 2. Alors du coup, Tome 2 et Tome 3, pourquoi pas de titres sur les albums ?

  • Speaker #0

    En fait, on s'est dit, à part, j'allais dire, les BD un peu historiques, les Tintins, les Astérix, où tu te souviens vraiment des titres de chaque album parce que le nom du héros est inclus dans une phrase. Moi j'avoue et j'ai l'impression qu'autour de moi c'est un petit peu pareil qu'on a du mal souvent à se souvenir des sous titres on va dire. Il y a le nom de la série et on se souvient que c'est le troisième quatrième tome mais finalement on se souvient pas toujours des sous titres et donc on s'est dit on va tout simplement les appeler les Geese with Guts 1, 2, 3, 4... On n'avait pas spécialement envie de développer une phrase titre en dessous. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans ce tome 2, les choses avancent. Et puis surtout, elles commencent à se mettre dans le pétrin, les ladies. Et puis devenir un peu des outlaws. Là, on est vraiment dans le western, ça y est.

  • Speaker #0

    Tu auras remarqué que sur le tome 1, on les appelle ladies with guns mais elles n'ont pas d'armes. Elles finissent par se débrouiller avec les moyens du bord. qui une marmite, qui un balai, qui une lampe à huile.

  • Speaker #1

    Dans le 2, ça commence à pétouiller.

  • Speaker #0

    Mais voilà, en fait, c'est qu'elles ont vraiment été surprises de l'animosité générée par leur prise de position. Mais par contre, oui, dans le tome 2, elles se disent, bon, là, soit on meurt, soit on réagit. Et donc, elles commencent à s'équiper, à s'organiser. Et cette fois-ci, oui, elles commencent à avoir des guns. Et du coup, elles ont l'intérêt de se défendre.

  • Speaker #1

    Et résultant du tome 3, elles sont en prison. Et là, c'est aussi intéressant parce qu'à cette époque-là, des prisons de femmes, il ne devait pas y avoir beaucoup. Donc, on tombe un peu dans ce que je trouvais un peu anachronique, mais ce n'est peut-être pas les bons mots. Mais je trouve justement intéressant ce tome 3 de se profiler dans un monde où les femmes sont dans des prisons d'hommes à une époque où il n'y avait pas de prison de femmes. Oui,

  • Speaker #0

    tu as raison. Et là encore, le travail qu'on a opéré, c'est de prendre au-delà des personnages stéréotypés. On partait de situations stéréotypées que tu peux trouver dans un western ou dans un film de genre. et puis de les décortiquer pour les démonter et les remonter à la façon des ladies, puisqu'elles ont un regard tellement différent de celui d'un homme, parce qu'elles n'ont pas les mêmes bases, les mêmes apprentissages, la même façon de réfléchir sur telle situation. Et donc, sur le tome 2, on a eu par exemple un braquage de banque, mais à leur façon, et pourtant le braquage de banque, on l'a dans beaucoup de westerns. Et bien sur ce tome 3, c'est vrai qu'on s'est dit, bien on va partir de la case pénitentiaire. Et puis tout ce que tu attends, de la cantine à la scène de douche.

  • Speaker #1

    C'est celle dont j'allais te parler.

  • Speaker #0

    Le but c'est de faire quelque chose que personne n'a jamais vu, en tout cas c'est une ambition, j'espère que... Je ne peux pas dire si on y est parvenu, mais c'est clair qu'on se mettait ces challenges de... On va le faire mais à notre façon, à la façon des ladies, et ça devrait être différent quand même de ce que les gens ont l'habitude d'attendre sur ce type de séquence un peu culte on va dire.

  • Speaker #1

    C'est très efficace. Le tome 3 qui donc clôture la fin de ce qu'on appelle un premier cycle.

  • Speaker #0

    Alors oui. Alors nous, on a appelé ça saison parce que les cycles chez les femmes, ça peut évoquer autre chose. Et sachant qu'on a déjà un titre un petit peu moucheté de sang, on s'est dit tiens, on va plutôt appeler ça saison. Ce sera bien posé.

  • Speaker #1

    Bien vu. Et ça veut dire qu'il y aura une deuxième saison ?

  • Speaker #0

    Oui, on y travaille. Donc on est sur le tome 4 actuellement qui s'appelle tome 4.

  • Speaker #1

    J'aurais pu le trouver.

  • Speaker #0

    Et donc, ça avance très bien et on a le bonheur de travailler ce tome 4 et puis d'anticiper bientôt sur un tome 5, un tome 6 qui vont très certainement constituer la saison 2.

  • Speaker #1

    On restera, j'imagine, un peu sur les mêmes thématiques. Alors bon, je le mets entre guillemets parce que j'imagine que ce n'est pas non plus cette revendication tout à l'heure que tu me précisais qui n'était pas le but, mais il y aura toujours cette part de féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as raison, c'était pas forcément le... Au départ, on ne s'est pas dit, on va faire une BD féministe. D'ailleurs, on se disait, ce n'est pas spécialement féministe. Après, de fait, on a bien réalisé que quand même, on était vraiment dans un féminisme qui, s'il n'était pas revendiqué, est finalement assumé. Mais notre but, c'est surtout de faire une BDOCH qui sera lue et appréciée et d'utiliser pour ça quelque chose qui n'est pas linéaire. Donc, on a parallèlement toujours la progression de ces femmes qui sont en mode expansif. Et puis, très régulièrement, des flashbacks, des parallèles, etc. pour déconstruire un petit peu la linéarité et créer quelque chose de foisonnant et d'intéressant. Voilà,

  • Speaker #1

    alors moi, dans les thématiques, j'avais mis féminisme, humour, action. J'imagine que l'humour et l'action, ça va continuer.

  • Speaker #0

    Oui, on s'est vraiment posé la question dès le départ de comment on allait combiner toutes ces... Toutes ces facettes, espérons qu'on y soit parvenu en créant un récit assez hybride. Mais oui, Olivier Boquet, il écrit vraiment avec humour et il ne peut pas s'en détacher, même quand il écrit des romans aussi, quand il écrit un polar sordide. Mais on se marre régulièrement aussi. Donc je savais dès le départ qu'il y aurait de l'humour et qu'il faudrait réussir à doser ça avec la violence et avec le récit social. Donc ça donne, j'espère, la richesse à cette BD.

  • Speaker #1

    Écoute, nous on a ri aussi et on a pris beaucoup de plaisir à lire les Ladies with Guns. Anne-Laure, si ça va pour toi, pour finir l'émission, on a ce qu'on appelle des questions débules. Concon complètement débules ! Eh oh ! Il te manque une case ? Euh, t'es débule ! Première question, bon ben voilà. Est-ce que c'est une série pour les femmes ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, mais elles ne le savent pas souvent parce qu'elles se disent Tiens, c'est un western, je vais l'acheter à mon mari

  • Speaker #1

    Est-ce que le scénariste, donc Olivier Bocquet, C'est pas un peu compliqué pour lui de travailler au milieu de toutes ces femmes ? Les héroïnes, toi dessinatrice, la coloriste Elvire Decor, c'est pas trop pour lui ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il cherchait à s'entourer d'un petit peu de féminité pour développer ce récit au plus juste.

  • Speaker #1

    C'est un petit malin en fait. Est-ce qu'on aurait pu appeler cette série Ladies with balls ou c'est trop sexiste ?

  • Speaker #0

    Écoute, elles n'ont pas encore démarré le foot, donc je ne peux pas te dire.

  • Speaker #1

    Ta lady préférée, c'est laquelle ?

  • Speaker #0

    Je crois que je l'ai dit tout à l'heure, j'adore la petite Abigail, qui est à la fougue de l'adolescence. Elle a beaucoup moins de retenue que certaines et elle a vraiment son petit regard bien à elle sur ce monde.

  • Speaker #1

    C'est ta préférée parce que c'est son caractère ou c'est celle que tu préfères dessiner aussi ?

  • Speaker #0

    J'aime toutes les dessiner, mais c'est vrai qu'elle a ce petit quelque chose en plus. Et puis, elle a ce côté désespéré, là où les autres, finalement, si tu observes bien, je l'ai remarqué que tardivement presque, les autres ne tirent jamais pour tuer. Alors qu'Abigail, elle en est capable. Elle a quand même connu tellement de souffrances dès l'enfance.

  • Speaker #1

    Sur le temps de sa cage, ça ne rigole pas.

  • Speaker #0

    Elle hésite. pas là où les autres quand même ont encore un petit peu de retenue. C'était pas très humoristique comme réponse, pardon.

  • Speaker #1

    Bon, moi, les questions sont peut-être pas non plus tout le temps très drôles. Tu décides laquelle on dédicace ?

  • Speaker #0

    Ah ben, en fait, je laisse le choix aux personnes qui viennent. Et on dédicace laquelle,

  • Speaker #1

    en général ?

  • Speaker #0

    Écoute, j'ai un trio gagnant qui est Kathleen, Abigail et... Et Choumani, on va dire.

  • Speaker #1

    Ton western préféré ?

  • Speaker #0

    Danse avec les loups.

  • Speaker #1

    Ça vient d'où le tatouage Fatalitas ?

  • Speaker #0

    Alors, documentation de BDiste, old school tattoos. Et donc, tu trouves des tatouages de banniards super badass. Et Fatalitas, je trouvais ça assez classe.

  • Speaker #1

    Dans le tome 3, quand elles arrivent en prison, on leur donne un épi de maïs pour se torcher ou pour s'en servir comme tampon, sans qu'il viole.

  • Speaker #0

    Quel spoiler ! Bah écoute, réalité historique, c'est le recyclage et l'écologie.

  • Speaker #1

    Bon, et sans jeu de mots avec la question précédente, toi, tout faire péter et faire saigner en dessinant, ça t'amuse ?

  • Speaker #0

    Bah bien sûr ! Quelle question, ça se voit !

  • Speaker #1

    Bon, et si on te propose une série Boys with Skirts, t'en serais ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais, à fond, vas-y, propose un scénario et je le lirai avec attention et bienveillance.

  • Speaker #1

    Bon, bah je vais aller plancher dessus. Anne-Laure, c'était un plaisir de t'avoir dans l'émission. A bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Au revoir.

  • Speaker #1

    Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec Bordeterre. Inès et son frère se baladent au bord de falaises aux apparences d'Etreta. C'est où Etreta déjà ? Un décor magnifique qui surplombe un océan agité, sous un ciel sombre entrepercé de quelques rayons de soleil. Un vrai temps de Bretagne, dis-moi ! Puis, au milieu d'une éclaircie, apparaît en plein ciel un château. Hein ? Majestueux, féérique. Il suffirait d'enjamber la falaise pour l'atteindre. Les deux enfants, estomaqués, avancent. Et oups, c'est la chute. Violente. Inès et son frère tombent. Déboussolés, ils se relèvent au pied du château. Il n'y a plus de falaise. Ils arrivent dans un lieu étrange.

  • Speaker #0

    Ils sont à Port-de-Terre.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est l'hallucination.

  • Speaker #0

    Une ville perchée entre deux plans de réalité. Les deux enfants sont devenus à moitié transparents. Leurs souvenirs sont flous, ce sont des débordés. Ils viennent de trébucher vers un autre monde.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est la lutte en truc.

  • Speaker #0

    Dans ce monde parallèle, il y a des quartz magiques qui permettent aux chansons fredonnées de devenir réalité. Imaginez, vous chantez et je l'ai retrouvé couvert d'argent. Inutile de dire qu'il y a un très fort contrôle sur qui chante quoi et que le marché des quartz est très réglementé. Il est d'ailleurs difficile d'en trouver, il faut plonger dans un lac bien particulier. Monde fantastique, étrange et envoûtant, dessin angulaire et rêveur de Timothée Léman pour cette adaptation en BD du roman de Julia Thévenot, Bordeterre. C'est aux éditions Sarbacane. On continue avec... Mamie n'a plus toute sa tête C'est quoi cette BD ? Avril 2018, dans une ville de l'Est de la France C'est le début d'une journée comme une autre Pour l'auteur de bande dessinée Romain Dutré Il va partir à l'atelier pour travailler Enfin, pour dessiner Sauf qu'avant, il va passer chez sa grand-mère La pauvre femme perd complètement la boule Mon petit-fils,

  • Speaker #1

    qu'est-ce que t'as sorti ?

  • Speaker #0

    Et bien malgré elle, elle va imposer à Romain De vivre une double vie Comment qu'il s'appelle le petit-fils déjà ? Figurez-vous que la mamie se croit sous l'occupation des Allemands. J'ai encore les boches, là ! Et lorsqu'un agent EDF vient pour lui installer son nouveau compteur électrique, elle pense que c'est un boche. Et va habilement lui planter un coup de hache dans la tête, tuer l'ennemi. Oh,

  • Speaker #1

    c'est le boche !

  • Speaker #0

    Et le pauvre agent EDF n'est que le premier d'une longue liste à venir. Et notre pauvre pédéiste va, pour le salut de sa grand-mère, découper et cacher les cordes. Humour noir et attiroir pour cet album que l'on espère que légèrement... topographiques. Un scénario comme on les aime, avec un récit qui devient de plus en plus improbable et drôle. Vraiment une très bonne BD. La vieillesse est un naufrage, mais on peut choisir d'en rire. Avec cette comédie tragico-burlesque par l'un des auteurs de Fluides glaciales. Mamie n'a plus tout de sa tête, le tome 1 c'est de Romain Dutray aux éditions d'Argo. Et on finit avec une BD suisse, Terra Animalia. Ça parle de quoi ? Les humains ont quitté la Terre pour échapper au cataclysme climatique. Ils ont colonisé Mars, où ils vivent une vie tout à fait différente, grâce à une intelligence artificielle qui subvient à leurs besoins tout en stabilisant leurs émotions.

  • Speaker #1

    C'est le monde selon Elon Musk ou bien...

  • Speaker #0

    Et un simulateur leur permet de vivre toutes sortes de vies différentes. Mais voilà, la tristesse s'empare des individus qui sombrent dans d'intenses dépressions. Au vu de cette vie martienne, il est peut-être temps de revenir sur Terre. Un couple d'individus fait le voyage et revient sur la Terre, devenu le territoire d'autres espèces animales. Et la loi de la vie s'y exprime à merveille. La nature est luxuriante et s'est organisée dans une certaine harmonie. Un animal peut en tuer un autre seulement et uniquement si c'est pour se nourrir. Et les animaux d'ailleurs ont la mémoire de ce que valent les humains. Alors quand ils voient une paire d'individus débarquer sur Terre, ils n'ont aucune envie de les accueillir. Bien au contraire. Voici un bien bon scénario qui colle grandement aux thématiques actuelles. Les questions environnementales, la conquête spatiale et le cycle de la vie. Avec un dessin coloré à la fois brut et mélancolique, Terra Animalia, c'est de Patrick Mallet et Tom Thierabosco aux éditions La Joie de lire. Voilà, voilà, alors bonne lecture. Et comme on dit dans l'émission, les bulles, il n'y en a pas que dans le champagne, mais aussi plein les BD. Et le 9e art, lui, se consomme sans modération. Alors, c'est mon platement des bulles. Mon platement des bulles.

  • Speaker #1

    On dirait qu'il te manque une case des bulles, mais il te manque une case complètement des bulles.

Chapters

  • Anlor

    01:01

  • Sélection d'albums

    26:13

Share

Embed

You may also like

Description

Si on parlait d’un bon Western, avec une vraie ambiance de bonhomme! Dans la poussière de l’ouest, sous un soleil de plomb, là où seuls les plus solides peuvent survivre… Et si pour changer, on le faisait en mode cowgirls!?  On garde les flingues, la badassitude, et l’ambience baston pour suivre les aventures des “Ladies with Guns”! Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames là nous emmènent un peu l’écart des stéréotypes du genre. Et ça fait du bien d’aller au delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne “bédoche” comme aime. Du rythme, de l’action et un beau dessin sous le trait d’une artiste peut-être elle aussi un peu “badass”… une certaine Anlor

 

Et notre sélection BD du mois avec la chronique des albums :

  • « Bordeterre » adaptation en BD du roman de Julia Thevenot par Timothee Leman aux éditons Sarbacane

  • « Mamie n'a plus toute sa tête» de Romain Dutreix aux éditions Dargaud

  • « Terra Animalia » de Patrick Mallet et Tom Tirabosco aux éditions La Joie de Lire


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Radio Vostok.ch Complètement débule.

  • Speaker #1

    Débule ou bien ? On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessinée. Et si on parlait western aujourd'hui ? Une ambiance de bonhomme. Dans la poussière de l'ouest, sous un soleil de plomb. Les sols les plus solides peuvent survivre. Oui, on va parler western. Mais pour changer, ça va être en mode... Co-girls. Alors attention, on garde les flingues, la badassitude et l'ambiance baston, mais pour suivre les aventures des Ladies with Guns. Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames-là nous emmènent un peu à l'écart des stéréotypes du genre. Et que ça fait du bien d'aller au-delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne bédosh comme on les aime. Du rythme, de l'action et un beau dessin, sous le trait d'une artiste peut-être elle aussi un peu badass. une certaine Anne-Laure. Salut Anne-Laure !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors, Anne-Laure, autrice de bande dessinée française, j'ai envie de dire que tu as grandi dans les années 80 pour ne pas dévoiler ton âge. Tu as étudié aux Arts Décoratifs de Paris, où tu étais formée au dessin animé. Tu as réalisé plusieurs projets en dessin animé donc, et en stop-motion, certains primés dans des festivals. Puis tu t'es ensuite lancée dans la BD, en 2010 je crois. Certaines de tes séries, Accoucher dehors, l'histoire d'un SDF qui hérite du maison, ou encore Campoutine. un endroit un peu spécial où les enfants russes vont séjourner en été. Souvent des récits hybrides entre aventure et chronique sociale. Et plus récemment, tu es au dessin derrière la série qui s'appelle Ladies with Guns, dont on va parler aujourd'hui. Dans cette série, ton dessin se caractérise par un trait dynamique, expressif et précis, soutenu par une palette de couleurs vives et contrastées, et un découpage cinématographique. J'ai aussi envie de dire que j'adore ta coupe de cheveux. Est-ce que c'est une présentation, une introduction qui te correspond ?

  • Speaker #0

    Oui, tout bon, on est parfait.

  • Speaker #1

    Alors on va parler aujourd'hui des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Je m'essaye au pitch, tu me dis ce que tu en penses. On est dans l'Amérique profonde de la conquête de l'Ouest. C'est l'histoire de cinq bonnes femmes qui revendiquent leur droit à vivre indépendantes et à être hors la loi en toute liberté. Des vraies femmes cow-boys. Ces cinq femmes vont former un groupe improbable. Mais Soudé, qui va affronter les dangers et les injustices de l'Ouest sauvage, elles vont montrer qu'elles ne sont pas des victimes mais des héroïnes. Un western iconoclaste et jubilatoire qui met en scène des fans fortes, drôles et rebelles. Ça te va comme présentation de série ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal du tout. Tu as mis un petit peu l'accent sur le fait qu'elles revendiquaient et qu'elles voulaient montrer. Mais je pense que ça c'est la petite subtilité peut-être à rectifier. C'est qu'elles n'ont pas du tout voulu revendiquer quoi que ce soit. Elles ont réalisé... que les décisions qu'elle venait de prendre ne convenaient à personne. Et malheureusement, elles vont devoir faire face à ce nouveau statut de outlaw.

  • Speaker #1

    Bon, et puis c'est surtout de la bonne bédosh, comme on dit.

  • Speaker #0

    C'était exactement notre mot d'ordre dès le lancement du projet. On s'est dit, on va faire de la bonne bédosh. Tu l'as trouvé, bravo.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui t'a attiré dans ce projet des Ladies with Guns ?

  • Speaker #0

    Justement, le fait que ça parte d'un... d'un monument, on va dire, qu'est le western, alors en BD, clairement, dans le cinéma aussi, beaucoup, c'est quand même un genre puissant, qui est hyper intéressant, et qui a été vu et revu, et ce qui m'intéressait, c'était justement d'en faire un objet qui soit un petit peu novateur, où notre intérêt était de briser justement certains codes pour les réinventer à notre façon, à notre sauce, et surtout vu par des femmes.

  • Speaker #1

    Alors un western moderne, avec au scénario Olivier Boquet, Comment vous avez travaillé tous les deux ?

  • Speaker #0

    Comment on a travaillé ? D'une façon assez étonnante, qui était compliquée pour moi à adopter au départ, c'est-à-dire qu'on avance ensemble. Jamais j'ai une fin d'histoire avant tout le monde. J'avance une scène au niveau graphique, et pendant ce temps-là, il regarde ce que je fais. Et puis, juste quand j'en suis à une page de ma fin de séquence, il m'envoie quelques pages suivantes, parce que lui-même rebondit à la façon... dont je m'approprie complètement. On est toujours en contact, on s'appelle régulièrement pour bouger des curseurs, prévoir la scène d'après. C'est super intéressant. C'est un peu épuisant parfois aussi, mais je pense que ça participe à créer une forte dynamique narrative.

  • Speaker #1

    Le western, un genre à part entière. Tu en as regardé des westerns pour t'inspirer ?

  • Speaker #0

    Comme tu le disais, j'ai grandi dans les années 80, à l'époque. À la télé, il y avait toujours des westerns quand même. Donc je ne suis pas, j'avoue, une grande fan de westerns parce que je manquais un petit peu d'empathie pour certains des échos.

  • Speaker #1

    Il y en a certains qui n'ont pas très bien vieilli en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et puis d'autres mieux. Alors clairement, ce n'est pas un genre que je regarde tant que ça. Et surtout, dès que j'ai démarré ce projet, je me suis un petit peu interdit de lire des BD westerns parce que je voulais justement pas... J'avais peur de copier trop ou de me laisser influencer par d'autres et j'avais vraiment envie que ce soit notre... pâte à nous et notre vision à nous. Je me suis un petit peu bloquée sur la lecture western. Là, maintenant, j'ai repris, c'est bon.

  • Speaker #1

    Alors, Adlor, on est avec toi. On parle des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Un western avec des femmes en héroïne. Et justement, les westerns et les femmes, j'avais envie qu'on s'en dise un petit mot. Parce que dans les films, en général, les femmes dans les westerns, c'est des personnages souvent relégués à des rôles secondaires, très stéréotypés. Elles sont souvent invisibles. Elles sont soit des épouses soumises, soit des prostituées, soit des indiennes, soit des victimes. Elles sont rarement des héroïnes, des aventurières ou des rebelles. Ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve ces mêmes personnages, puisque l'épouse soumise, en tout cas l'épouse, elle est là, la prostituée aussi, l'indienne aussi. Et voilà, cette fois, c'est elle les héroïnes.

  • Speaker #0

    L'esclave, la prostituée, oui, tu as compris. En fait, on est parti sur des stéréotypes et on leur donne enfin la parole, une existence. C'était vraiment le point de départ de ce projet, oui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on regarde ces westerns, il y a quand même quelques femmes qui ont eu des places dans la BD notamment. Je pense par exemple à Comanche, cette jeune femme qui héritait d'un ranch et qui devait faire face aux dangers de l'Ouest avec l'aide de son contre-maître. Ou même à Madalton, qui était déjà un personnage attachant et drôle, qui offre une vision différente du western. Tu m'as déjà un peu répondu, mais du coup tu n'as pas regardé, tu ne t'es pas du tout inspiré de ces personnages qui existaient dans la BD déjà pour pouvoir établir ceci.

  • Speaker #0

    Non, non. Ce n'était vraiment pas mon but. Je voulais partir d'une vision personnelle. Je te dis, au contraire, je me suis un petit peu immergée dans mon propre projet. J'ai eu peur au départ en réalisant que sur mes premiers dessins test, un petit peu mes premières recherches, je travaillais la hachure un petit peu à la manière d'eux parce que je me disais western. Je pense que je me mettais un petit peu de pression. Et donc, c'est pour me préserver de ça que je n'ai justement pas souhaité. exploiter de la documentation historique, oui, bien sûr, mais de la documentation artistique plutôt contemporaine, j'ai évité.

  • Speaker #1

    Documentation historique, ça veut dire quoi du coup ? Tu as consulté quoi ?

  • Speaker #0

    J'allais dire, comme tout dessinateur ou dessinatrice, tu consultes des archives, des images d'époque, à chaque recherche,

  • Speaker #1

    les ambiances, les paysages, ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ça, tout à fait. Oui, ça c'est vraiment de la recherche, on va dire. Le travail de départ d'un dessinateur, et notamment en BD, c'est de se renseigner sur les lieux, les coutumes, les vêtements, les styles capillaires, puisqu'on en parlait tout à l'heure subtilement. Donc tout ça, c'est évident, je me documente, je me fais une grosse base de données graphiques, et ensuite je l'oublie, parce que le tout pour moi c'est de se le réapproprier. Parfois la vérité historique est légèrement bafouée. Ou au contraire, le scénariste, lui aussi, se préserve d'indiquer des noms ou des dates précis, ou des tribus amérindiennes précises, pour justement qu'on ait cette liberté. On considère, nous, qu'on est vraiment dans une fiction pure, et qu'on n'a pas forcément, que ça n'enrichirait pas l'histoire de dire ça se passe en 1861 Bon,

  • Speaker #1

    surtout qu'il y a un côté anachronique aussi dans l'histoire. Alors les ladies, elles sont cinq ? Oui. J'avais envie d'en parler avec toi. tu nous les présentes les cinq ? Par laquelle tu commencerais ?

  • Speaker #0

    Écoute, tu vois là je me réfère à cette couverture de notre tome 3 donc on va faire un sens de lecture gauche à droite on a Kathleen qui est la femme d'un colon, elle a suivi son mari et malheureusement il est décédé très rapidement donc elle est britannique un petit peu précieuse et elle se retrouve projetée un petit peu violemment dans cet univers inconnu pour elle Daisy...

  • Speaker #1

    Elle perd son mari puis elle transporte un tonneau mystérieux aussi hein ?

  • Speaker #0

    Oui, mais voilà, tout à fait. Elle a une part de secret qu'on va découvrir peu à peu. Petit à petit. Voilà. Daisy rejoint ça un petit peu en route. C'est une institutrice à la retraite qui était bien posée dans un village. Mais elle, elle a décidé un petit peu de quitter son statut privilégié pour venir en aide aux autres ladies.

  • Speaker #1

    Cultivée, raffinée, pacifiste, mais elle sait aussi défendre quand il faut.

  • Speaker #0

    Oui, et elle fait un petit peu figure d'autorité et de sagesse dans ce groupe. Chumani est une amère indienne qui a quitté sa tribu et qui, elle, se méfie vraiment des colons, des blancs. Donc, il y a un petit choc des cultures qui va se produire.

  • Speaker #1

    Elle est experte en tir à l'arc et en pistage, elle.

  • Speaker #0

    Pas tant que ça, non, mais ça fait partie de son quotidien avant, donc elle se débrouille mieux que d'autres. On a Cassie aussi, qui est Cassie Coltrane, qui est une prostituée noire qui avait ce statut et ça lui convenait. Malheureusement, on va l'apprendre bientôt, elle avait un petit problème de grossesse qui a interrompu sa carrière. Donc elle aussi, elle est partie avec la caisse du saloon. Et elle trace sa route à sa façon.

  • Speaker #1

    Et on finit avec Abigail.

  • Speaker #0

    Et alors Abigail, c'est ma petite préférée. C'est le cœur de l'histoire. C'est par elle que tout démarre, puisque c'est une enfant esclave qui est parvenue à s'enfuir. Par contre, elle n'est pas parvenue à quitter la cage où elle avait été enfermée. Donc, elle est partie avec la cage. Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est tout le premier album.

  • Speaker #0

    Ça, c'est ça. Elle est coincée dans cette cage. Et en fait, c'est elle qui est une sorte de catalyseur pour cette histoire, puisque... Les autres ne peuvent pas l'avoir passé et ne pas l'aider puisqu'elles savent que sinon elle est vouée à la mort ou à être retrouvée par son maître. Donc leur cœur les oblige à s'arrêter pour l'aider et donc c'est vraiment notre atout cœur de l'histoire.

  • Speaker #1

    Quand vous avez créé ces personnages et ces cinq héroïnes de la série, vous en avez parlé, toi pour les mettre en forme, leur donner un visage, comment tout ça se passe ?

  • Speaker #0

    Au départ, elle devait être même 6. C'est des réflexions. Le fait aussi de se dire que 6, c'est quand même beaucoup, même pour un récit un petit peu choral. Des réflexions de base sur les stéréotypes des westerns traditionnels qu'on voulait réinjecter dans notre histoire à nous. Une fois qu'on a trouvé cet équilibre avec ces 5 ladies, le physique, j'allais dire, c'est pareil. Tu pars de ces... de ces bases de personnages vus et revus en arrière-plan, et puis tu leur donnes vie. Les dialogues m'aident beaucoup pour trouver un physique aussi, à la façon dont elles s'expriment, et dont le scénariste les fait s'exprimer.

  • Speaker #1

    Ça dessine des traits de caractère.

  • Speaker #0

    Tu en déduis la façon dont tu vas pouvoir les faire bouger. Et voilà, c'est ça. Je ne parle pas que du visage, mais aussi de l'attitude, leur posture dans l'histoire, leur attitude, leur... leur... poses, etc., vont découler de la couleur du dialogue, on va dire.

  • Speaker #1

    Il y a des défis à mettre sur le papier un western comme ça, pour la mise en page, le cadrage, ce côté très paysage, on pense à des paysages en grand angle. J'imagine que tout ça...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est pas tant un western contemplatif que ça. Vraiment, nous, comme on s'était dit tout à l'heure, l'idée, c'était vraiment bonne bédouche, donc quelque chose d'assez explosif. Et le scénariste et moi sommes quand même fans de cinéma, de séries. Et donc, c'est vrai qu'on avait une envie d'être très cinématographique dans notre façon de scénariser, de mettre en page. Donc, dès le storyboard, je travaillais énormément des cadrages dynamiques. On est aussi sur vraiment une envie de lecture active de la part des lecteurs et des lectrices. Donc, ne pas leur faciliter trop la tâche, les mettre un petit peu en danger, et on... en ne leur indiquant pas par exemple un flashback. On va d'un coup casser une action, insérer une autre séquence et puis espérer qu'ils comprennent. Alors on leur pose des indices subtilement pour que tout le monde puisse suivre, mais ça demande un petit effort de lecture. Pardon d'être longue aussi, mais on n'hésite pas à graphiquement casser la routine régulièrement. Quand on a trop longtemps des pages qui coulent un peu de sources. On va aller chercher une astuce graphique ou de montage pour réveiller vraiment les lecteurs.

  • Speaker #1

    Puis il y a aussi les scènes d'action qui viennent remuer tout ça. Où là, justement, la pagination explose un petit peu.

  • Speaker #0

    Les scènes d'action, c'est tout ce qu'on aime, nous. On essaye d'alterner des scènes un peu plus introspectives ou intimistes où elles vont peut-être se livrer davantage. Avec justement, oui, des scènes qui remuent à fond. C'est aussi ce qu'on attend dans un western quand même, c'est des moments de grosses tensions. Donc ça, on aime beaucoup gérer ça. Et il a fallu notamment en BD, qui est quand même super riche, c'est quand même un support ou un média où tu peux travailler le bruit, les bruitages, les onomatopées.

  • Speaker #1

    Alors là, il y en a beaucoup.

  • Speaker #0

    On s'est éclaté et c'est vrai que c'était... Là encore, je n'avais jamais joué à ce jeu-là de travailler les onomatopées à fond comme ça. Mais on a fait en sorte que le... que le mot puisse s'entendre. Donc, parfois, quand elles sont assourdies par des fusillades, il faut que graphiquement, ça prenne complètement le dessus sur l'image. Ça devient très caractéristique. Oui, c'est ça. Donc, ça, c'est un vrai travail qui nous a pris du temps et qu'on a adoré travailler.

  • Speaker #1

    Tu veux dire un mot sur la couleur et Elvire de Coq qui contribue à mettre...

  • Speaker #0

    C'est sûr que je veux.

  • Speaker #1

    Parce que la couleur, ça fait beaucoup de choses en BD. Et puis là, il y a du...

  • Speaker #0

    peps dans cette couleur tout à fait en fait elle vient de coq on l'a recruté dans la team parce que on voyait qu'elle faisait du super travail de mise en couleur sur d'autres bd mais surtout qu'elle avait dans ses travaux personnels elle avait une vision très explosive aussi et très comment dire très pop de la couleur et donc on lui a demandé expressément de travailler 7 se pendent son travail d'exploiter ça à fond Donc, on s'est bien briefé au départ sur cette ambiance qu'on voulait. Et à partir de là, elle a développé vraiment des palettes super intéressantes et pareil, qui te prennent parfois à arbre ou se poil par rapport à du traditionnel western. Notamment un western. Quelle est la couleur, toi, qui te viendrait quand tu imagines lire un western ?

  • Speaker #1

    Des couleurs un peu ocre, jaunâtre.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et les beiges, etc. Donc, on lui a dit, tu nous fais un petit peu tout, sauf ça. Ça se passe aussi, bien sûr. Il y a vraiment besoin, mais donc elle travaille expressément en évitant les trois beiges, bois, boue et cuir du western.

  • Speaker #1

    Un super travail d'Elvira Lacouleur. Anne-Laure, donc, au dessin, Olivier Boquet, lui, au scénario. On parle avec toi, Anne-Laure, de Ladies with Guns, cette série chez Dargaud. J'ai envie qu'on revienne un peu à l'histoire. On ne va pas tout raconter, mais voilà, il y a déjà trois albums, la fin d'un premier cycle. Le premier album, on en parlait un peu tout à l'heure, il s'intitule tout simplement Ladies with Guns. Il raconte comment ces cinq ladies aux destins différents se retrouvent pour faire équipe dans l'ouest sauvage face aux hommes qui veulent les opprimer. Et puis voilà, il y a vraiment cette ambiance avec la cage. En fait, le Thomas, il plante le décor. On découvre des femmes un peu livrées elles-mêmes qui décident de prendre en main leur destin. Présente les personnages, leur background, les conditions de la femme aussi à l'époque. Puis aussi cette cage dont on parlait, qui est un peu comme une métaphore qui cloisonne les destins dès l'enfance. C'était un peu ça l'idée avec cette cage et puis l'approche de ce premier album ?

  • Speaker #0

    Alors je ne veux pas parler au nom d'Olivier Bockel, le scénariste, mais je crois que oui, son image forte de la cage, c'était vraiment ça. Je pense qu'il avait quand même en tête cette métaphore de cette fille qui est esclave au départ et même si elle sort de sa cage, elle a toujours sa cage intérieure, le regard des autres dans cette société. Voilà, donc oui, je pense que tu vises juste avec ça. Mais il faudrait quand même qu'on lui demande confirmation.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui demandera. Moi, c'est un peu comme ça que je l'ai ressenti. En tout cas, visuellement, cette cage, elle est très forte dans le premier album, qui ouvre donc le deuxième album, qui lui s'appelle Tome 2. Alors du coup, Tome 2 et Tome 3, pourquoi pas de titres sur les albums ?

  • Speaker #0

    En fait, on s'est dit, à part, j'allais dire, les BD un peu historiques, les Tintins, les Astérix, où tu te souviens vraiment des titres de chaque album parce que le nom du héros est inclus dans une phrase. Moi j'avoue et j'ai l'impression qu'autour de moi c'est un petit peu pareil qu'on a du mal souvent à se souvenir des sous titres on va dire. Il y a le nom de la série et on se souvient que c'est le troisième quatrième tome mais finalement on se souvient pas toujours des sous titres et donc on s'est dit on va tout simplement les appeler les Geese with Guts 1, 2, 3, 4... On n'avait pas spécialement envie de développer une phrase titre en dessous. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans ce tome 2, les choses avancent. Et puis surtout, elles commencent à se mettre dans le pétrin, les ladies. Et puis devenir un peu des outlaws. Là, on est vraiment dans le western, ça y est.

  • Speaker #0

    Tu auras remarqué que sur le tome 1, on les appelle ladies with guns mais elles n'ont pas d'armes. Elles finissent par se débrouiller avec les moyens du bord. qui une marmite, qui un balai, qui une lampe à huile.

  • Speaker #1

    Dans le 2, ça commence à pétouiller.

  • Speaker #0

    Mais voilà, en fait, c'est qu'elles ont vraiment été surprises de l'animosité générée par leur prise de position. Mais par contre, oui, dans le tome 2, elles se disent, bon, là, soit on meurt, soit on réagit. Et donc, elles commencent à s'équiper, à s'organiser. Et cette fois-ci, oui, elles commencent à avoir des guns. Et du coup, elles ont l'intérêt de se défendre.

  • Speaker #1

    Et résultant du tome 3, elles sont en prison. Et là, c'est aussi intéressant parce qu'à cette époque-là, des prisons de femmes, il ne devait pas y avoir beaucoup. Donc, on tombe un peu dans ce que je trouvais un peu anachronique, mais ce n'est peut-être pas les bons mots. Mais je trouve justement intéressant ce tome 3 de se profiler dans un monde où les femmes sont dans des prisons d'hommes à une époque où il n'y avait pas de prison de femmes. Oui,

  • Speaker #0

    tu as raison. Et là encore, le travail qu'on a opéré, c'est de prendre au-delà des personnages stéréotypés. On partait de situations stéréotypées que tu peux trouver dans un western ou dans un film de genre. et puis de les décortiquer pour les démonter et les remonter à la façon des ladies, puisqu'elles ont un regard tellement différent de celui d'un homme, parce qu'elles n'ont pas les mêmes bases, les mêmes apprentissages, la même façon de réfléchir sur telle situation. Et donc, sur le tome 2, on a eu par exemple un braquage de banque, mais à leur façon, et pourtant le braquage de banque, on l'a dans beaucoup de westerns. Et bien sur ce tome 3, c'est vrai qu'on s'est dit, bien on va partir de la case pénitentiaire. Et puis tout ce que tu attends, de la cantine à la scène de douche.

  • Speaker #1

    C'est celle dont j'allais te parler.

  • Speaker #0

    Le but c'est de faire quelque chose que personne n'a jamais vu, en tout cas c'est une ambition, j'espère que... Je ne peux pas dire si on y est parvenu, mais c'est clair qu'on se mettait ces challenges de... On va le faire mais à notre façon, à la façon des ladies, et ça devrait être différent quand même de ce que les gens ont l'habitude d'attendre sur ce type de séquence un peu culte on va dire.

  • Speaker #1

    C'est très efficace. Le tome 3 qui donc clôture la fin de ce qu'on appelle un premier cycle.

  • Speaker #0

    Alors oui. Alors nous, on a appelé ça saison parce que les cycles chez les femmes, ça peut évoquer autre chose. Et sachant qu'on a déjà un titre un petit peu moucheté de sang, on s'est dit tiens, on va plutôt appeler ça saison. Ce sera bien posé.

  • Speaker #1

    Bien vu. Et ça veut dire qu'il y aura une deuxième saison ?

  • Speaker #0

    Oui, on y travaille. Donc on est sur le tome 4 actuellement qui s'appelle tome 4.

  • Speaker #1

    J'aurais pu le trouver.

  • Speaker #0

    Et donc, ça avance très bien et on a le bonheur de travailler ce tome 4 et puis d'anticiper bientôt sur un tome 5, un tome 6 qui vont très certainement constituer la saison 2.

  • Speaker #1

    On restera, j'imagine, un peu sur les mêmes thématiques. Alors bon, je le mets entre guillemets parce que j'imagine que ce n'est pas non plus cette revendication tout à l'heure que tu me précisais qui n'était pas le but, mais il y aura toujours cette part de féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as raison, c'était pas forcément le... Au départ, on ne s'est pas dit, on va faire une BD féministe. D'ailleurs, on se disait, ce n'est pas spécialement féministe. Après, de fait, on a bien réalisé que quand même, on était vraiment dans un féminisme qui, s'il n'était pas revendiqué, est finalement assumé. Mais notre but, c'est surtout de faire une BDOCH qui sera lue et appréciée et d'utiliser pour ça quelque chose qui n'est pas linéaire. Donc, on a parallèlement toujours la progression de ces femmes qui sont en mode expansif. Et puis, très régulièrement, des flashbacks, des parallèles, etc. pour déconstruire un petit peu la linéarité et créer quelque chose de foisonnant et d'intéressant. Voilà,

  • Speaker #1

    alors moi, dans les thématiques, j'avais mis féminisme, humour, action. J'imagine que l'humour et l'action, ça va continuer.

  • Speaker #0

    Oui, on s'est vraiment posé la question dès le départ de comment on allait combiner toutes ces... Toutes ces facettes, espérons qu'on y soit parvenu en créant un récit assez hybride. Mais oui, Olivier Boquet, il écrit vraiment avec humour et il ne peut pas s'en détacher, même quand il écrit des romans aussi, quand il écrit un polar sordide. Mais on se marre régulièrement aussi. Donc je savais dès le départ qu'il y aurait de l'humour et qu'il faudrait réussir à doser ça avec la violence et avec le récit social. Donc ça donne, j'espère, la richesse à cette BD.

  • Speaker #1

    Écoute, nous on a ri aussi et on a pris beaucoup de plaisir à lire les Ladies with Guns. Anne-Laure, si ça va pour toi, pour finir l'émission, on a ce qu'on appelle des questions débules. Concon complètement débules ! Eh oh ! Il te manque une case ? Euh, t'es débule ! Première question, bon ben voilà. Est-ce que c'est une série pour les femmes ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, mais elles ne le savent pas souvent parce qu'elles se disent Tiens, c'est un western, je vais l'acheter à mon mari

  • Speaker #1

    Est-ce que le scénariste, donc Olivier Bocquet, C'est pas un peu compliqué pour lui de travailler au milieu de toutes ces femmes ? Les héroïnes, toi dessinatrice, la coloriste Elvire Decor, c'est pas trop pour lui ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il cherchait à s'entourer d'un petit peu de féminité pour développer ce récit au plus juste.

  • Speaker #1

    C'est un petit malin en fait. Est-ce qu'on aurait pu appeler cette série Ladies with balls ou c'est trop sexiste ?

  • Speaker #0

    Écoute, elles n'ont pas encore démarré le foot, donc je ne peux pas te dire.

  • Speaker #1

    Ta lady préférée, c'est laquelle ?

  • Speaker #0

    Je crois que je l'ai dit tout à l'heure, j'adore la petite Abigail, qui est à la fougue de l'adolescence. Elle a beaucoup moins de retenue que certaines et elle a vraiment son petit regard bien à elle sur ce monde.

  • Speaker #1

    C'est ta préférée parce que c'est son caractère ou c'est celle que tu préfères dessiner aussi ?

  • Speaker #0

    J'aime toutes les dessiner, mais c'est vrai qu'elle a ce petit quelque chose en plus. Et puis, elle a ce côté désespéré, là où les autres, finalement, si tu observes bien, je l'ai remarqué que tardivement presque, les autres ne tirent jamais pour tuer. Alors qu'Abigail, elle en est capable. Elle a quand même connu tellement de souffrances dès l'enfance.

  • Speaker #1

    Sur le temps de sa cage, ça ne rigole pas.

  • Speaker #0

    Elle hésite. pas là où les autres quand même ont encore un petit peu de retenue. C'était pas très humoristique comme réponse, pardon.

  • Speaker #1

    Bon, moi, les questions sont peut-être pas non plus tout le temps très drôles. Tu décides laquelle on dédicace ?

  • Speaker #0

    Ah ben, en fait, je laisse le choix aux personnes qui viennent. Et on dédicace laquelle,

  • Speaker #1

    en général ?

  • Speaker #0

    Écoute, j'ai un trio gagnant qui est Kathleen, Abigail et... Et Choumani, on va dire.

  • Speaker #1

    Ton western préféré ?

  • Speaker #0

    Danse avec les loups.

  • Speaker #1

    Ça vient d'où le tatouage Fatalitas ?

  • Speaker #0

    Alors, documentation de BDiste, old school tattoos. Et donc, tu trouves des tatouages de banniards super badass. Et Fatalitas, je trouvais ça assez classe.

  • Speaker #1

    Dans le tome 3, quand elles arrivent en prison, on leur donne un épi de maïs pour se torcher ou pour s'en servir comme tampon, sans qu'il viole.

  • Speaker #0

    Quel spoiler ! Bah écoute, réalité historique, c'est le recyclage et l'écologie.

  • Speaker #1

    Bon, et sans jeu de mots avec la question précédente, toi, tout faire péter et faire saigner en dessinant, ça t'amuse ?

  • Speaker #0

    Bah bien sûr ! Quelle question, ça se voit !

  • Speaker #1

    Bon, et si on te propose une série Boys with Skirts, t'en serais ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais, à fond, vas-y, propose un scénario et je le lirai avec attention et bienveillance.

  • Speaker #1

    Bon, bah je vais aller plancher dessus. Anne-Laure, c'était un plaisir de t'avoir dans l'émission. A bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Au revoir.

  • Speaker #1

    Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec Bordeterre. Inès et son frère se baladent au bord de falaises aux apparences d'Etreta. C'est où Etreta déjà ? Un décor magnifique qui surplombe un océan agité, sous un ciel sombre entrepercé de quelques rayons de soleil. Un vrai temps de Bretagne, dis-moi ! Puis, au milieu d'une éclaircie, apparaît en plein ciel un château. Hein ? Majestueux, féérique. Il suffirait d'enjamber la falaise pour l'atteindre. Les deux enfants, estomaqués, avancent. Et oups, c'est la chute. Violente. Inès et son frère tombent. Déboussolés, ils se relèvent au pied du château. Il n'y a plus de falaise. Ils arrivent dans un lieu étrange.

  • Speaker #0

    Ils sont à Port-de-Terre.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est l'hallucination.

  • Speaker #0

    Une ville perchée entre deux plans de réalité. Les deux enfants sont devenus à moitié transparents. Leurs souvenirs sont flous, ce sont des débordés. Ils viennent de trébucher vers un autre monde.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est la lutte en truc.

  • Speaker #0

    Dans ce monde parallèle, il y a des quartz magiques qui permettent aux chansons fredonnées de devenir réalité. Imaginez, vous chantez et je l'ai retrouvé couvert d'argent. Inutile de dire qu'il y a un très fort contrôle sur qui chante quoi et que le marché des quartz est très réglementé. Il est d'ailleurs difficile d'en trouver, il faut plonger dans un lac bien particulier. Monde fantastique, étrange et envoûtant, dessin angulaire et rêveur de Timothée Léman pour cette adaptation en BD du roman de Julia Thévenot, Bordeterre. C'est aux éditions Sarbacane. On continue avec... Mamie n'a plus toute sa tête C'est quoi cette BD ? Avril 2018, dans une ville de l'Est de la France C'est le début d'une journée comme une autre Pour l'auteur de bande dessinée Romain Dutré Il va partir à l'atelier pour travailler Enfin, pour dessiner Sauf qu'avant, il va passer chez sa grand-mère La pauvre femme perd complètement la boule Mon petit-fils,

  • Speaker #1

    qu'est-ce que t'as sorti ?

  • Speaker #0

    Et bien malgré elle, elle va imposer à Romain De vivre une double vie Comment qu'il s'appelle le petit-fils déjà ? Figurez-vous que la mamie se croit sous l'occupation des Allemands. J'ai encore les boches, là ! Et lorsqu'un agent EDF vient pour lui installer son nouveau compteur électrique, elle pense que c'est un boche. Et va habilement lui planter un coup de hache dans la tête, tuer l'ennemi. Oh,

  • Speaker #1

    c'est le boche !

  • Speaker #0

    Et le pauvre agent EDF n'est que le premier d'une longue liste à venir. Et notre pauvre pédéiste va, pour le salut de sa grand-mère, découper et cacher les cordes. Humour noir et attiroir pour cet album que l'on espère que légèrement... topographiques. Un scénario comme on les aime, avec un récit qui devient de plus en plus improbable et drôle. Vraiment une très bonne BD. La vieillesse est un naufrage, mais on peut choisir d'en rire. Avec cette comédie tragico-burlesque par l'un des auteurs de Fluides glaciales. Mamie n'a plus tout de sa tête, le tome 1 c'est de Romain Dutray aux éditions d'Argo. Et on finit avec une BD suisse, Terra Animalia. Ça parle de quoi ? Les humains ont quitté la Terre pour échapper au cataclysme climatique. Ils ont colonisé Mars, où ils vivent une vie tout à fait différente, grâce à une intelligence artificielle qui subvient à leurs besoins tout en stabilisant leurs émotions.

  • Speaker #1

    C'est le monde selon Elon Musk ou bien...

  • Speaker #0

    Et un simulateur leur permet de vivre toutes sortes de vies différentes. Mais voilà, la tristesse s'empare des individus qui sombrent dans d'intenses dépressions. Au vu de cette vie martienne, il est peut-être temps de revenir sur Terre. Un couple d'individus fait le voyage et revient sur la Terre, devenu le territoire d'autres espèces animales. Et la loi de la vie s'y exprime à merveille. La nature est luxuriante et s'est organisée dans une certaine harmonie. Un animal peut en tuer un autre seulement et uniquement si c'est pour se nourrir. Et les animaux d'ailleurs ont la mémoire de ce que valent les humains. Alors quand ils voient une paire d'individus débarquer sur Terre, ils n'ont aucune envie de les accueillir. Bien au contraire. Voici un bien bon scénario qui colle grandement aux thématiques actuelles. Les questions environnementales, la conquête spatiale et le cycle de la vie. Avec un dessin coloré à la fois brut et mélancolique, Terra Animalia, c'est de Patrick Mallet et Tom Thierabosco aux éditions La Joie de lire. Voilà, voilà, alors bonne lecture. Et comme on dit dans l'émission, les bulles, il n'y en a pas que dans le champagne, mais aussi plein les BD. Et le 9e art, lui, se consomme sans modération. Alors, c'est mon platement des bulles. Mon platement des bulles.

  • Speaker #1

    On dirait qu'il te manque une case des bulles, mais il te manque une case complètement des bulles.

Chapters

  • Anlor

    01:01

  • Sélection d'albums

    26:13

Description

Si on parlait d’un bon Western, avec une vraie ambiance de bonhomme! Dans la poussière de l’ouest, sous un soleil de plomb, là où seuls les plus solides peuvent survivre… Et si pour changer, on le faisait en mode cowgirls!?  On garde les flingues, la badassitude, et l’ambience baston pour suivre les aventures des “Ladies with Guns”! Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames là nous emmènent un peu l’écart des stéréotypes du genre. Et ça fait du bien d’aller au delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne “bédoche” comme aime. Du rythme, de l’action et un beau dessin sous le trait d’une artiste peut-être elle aussi un peu “badass”… une certaine Anlor

 

Et notre sélection BD du mois avec la chronique des albums :

  • « Bordeterre » adaptation en BD du roman de Julia Thevenot par Timothee Leman aux éditons Sarbacane

  • « Mamie n'a plus toute sa tête» de Romain Dutreix aux éditions Dargaud

  • « Terra Animalia » de Patrick Mallet et Tom Tirabosco aux éditions La Joie de Lire


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Radio Vostok.ch Complètement débule.

  • Speaker #1

    Débule ou bien ? On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessinée. Et si on parlait western aujourd'hui ? Une ambiance de bonhomme. Dans la poussière de l'ouest, sous un soleil de plomb. Les sols les plus solides peuvent survivre. Oui, on va parler western. Mais pour changer, ça va être en mode... Co-girls. Alors attention, on garde les flingues, la badassitude et l'ambiance baston, mais pour suivre les aventures des Ladies with Guns. Un groupe de filles qui fait plaisir à voir, puisque ces dames-là nous emmènent un peu à l'écart des stéréotypes du genre. Et que ça fait du bien d'aller au-delà des clichés, mais aussi et surtout de découvrir une bonne bédosh comme on les aime. Du rythme, de l'action et un beau dessin, sous le trait d'une artiste peut-être elle aussi un peu badass. une certaine Anne-Laure. Salut Anne-Laure !

  • Speaker #0

    Bonjour !

  • Speaker #1

    Alors, Anne-Laure, autrice de bande dessinée française, j'ai envie de dire que tu as grandi dans les années 80 pour ne pas dévoiler ton âge. Tu as étudié aux Arts Décoratifs de Paris, où tu étais formée au dessin animé. Tu as réalisé plusieurs projets en dessin animé donc, et en stop-motion, certains primés dans des festivals. Puis tu t'es ensuite lancée dans la BD, en 2010 je crois. Certaines de tes séries, Accoucher dehors, l'histoire d'un SDF qui hérite du maison, ou encore Campoutine. un endroit un peu spécial où les enfants russes vont séjourner en été. Souvent des récits hybrides entre aventure et chronique sociale. Et plus récemment, tu es au dessin derrière la série qui s'appelle Ladies with Guns, dont on va parler aujourd'hui. Dans cette série, ton dessin se caractérise par un trait dynamique, expressif et précis, soutenu par une palette de couleurs vives et contrastées, et un découpage cinématographique. J'ai aussi envie de dire que j'adore ta coupe de cheveux. Est-ce que c'est une présentation, une introduction qui te correspond ?

  • Speaker #0

    Oui, tout bon, on est parfait.

  • Speaker #1

    Alors on va parler aujourd'hui des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Je m'essaye au pitch, tu me dis ce que tu en penses. On est dans l'Amérique profonde de la conquête de l'Ouest. C'est l'histoire de cinq bonnes femmes qui revendiquent leur droit à vivre indépendantes et à être hors la loi en toute liberté. Des vraies femmes cow-boys. Ces cinq femmes vont former un groupe improbable. Mais Soudé, qui va affronter les dangers et les injustices de l'Ouest sauvage, elles vont montrer qu'elles ne sont pas des victimes mais des héroïnes. Un western iconoclaste et jubilatoire qui met en scène des fans fortes, drôles et rebelles. Ça te va comme présentation de série ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal du tout. Tu as mis un petit peu l'accent sur le fait qu'elles revendiquaient et qu'elles voulaient montrer. Mais je pense que ça c'est la petite subtilité peut-être à rectifier. C'est qu'elles n'ont pas du tout voulu revendiquer quoi que ce soit. Elles ont réalisé... que les décisions qu'elle venait de prendre ne convenaient à personne. Et malheureusement, elles vont devoir faire face à ce nouveau statut de outlaw.

  • Speaker #1

    Bon, et puis c'est surtout de la bonne bédosh, comme on dit.

  • Speaker #0

    C'était exactement notre mot d'ordre dès le lancement du projet. On s'est dit, on va faire de la bonne bédosh. Tu l'as trouvé, bravo.

  • Speaker #1

    Et alors, qu'est-ce qui t'a attiré dans ce projet des Ladies with Guns ?

  • Speaker #0

    Justement, le fait que ça parte d'un... d'un monument, on va dire, qu'est le western, alors en BD, clairement, dans le cinéma aussi, beaucoup, c'est quand même un genre puissant, qui est hyper intéressant, et qui a été vu et revu, et ce qui m'intéressait, c'était justement d'en faire un objet qui soit un petit peu novateur, où notre intérêt était de briser justement certains codes pour les réinventer à notre façon, à notre sauce, et surtout vu par des femmes.

  • Speaker #1

    Alors un western moderne, avec au scénario Olivier Boquet, Comment vous avez travaillé tous les deux ?

  • Speaker #0

    Comment on a travaillé ? D'une façon assez étonnante, qui était compliquée pour moi à adopter au départ, c'est-à-dire qu'on avance ensemble. Jamais j'ai une fin d'histoire avant tout le monde. J'avance une scène au niveau graphique, et pendant ce temps-là, il regarde ce que je fais. Et puis, juste quand j'en suis à une page de ma fin de séquence, il m'envoie quelques pages suivantes, parce que lui-même rebondit à la façon... dont je m'approprie complètement. On est toujours en contact, on s'appelle régulièrement pour bouger des curseurs, prévoir la scène d'après. C'est super intéressant. C'est un peu épuisant parfois aussi, mais je pense que ça participe à créer une forte dynamique narrative.

  • Speaker #1

    Le western, un genre à part entière. Tu en as regardé des westerns pour t'inspirer ?

  • Speaker #0

    Comme tu le disais, j'ai grandi dans les années 80, à l'époque. À la télé, il y avait toujours des westerns quand même. Donc je ne suis pas, j'avoue, une grande fan de westerns parce que je manquais un petit peu d'empathie pour certains des échos.

  • Speaker #1

    Il y en a certains qui n'ont pas très bien vieilli en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et puis d'autres mieux. Alors clairement, ce n'est pas un genre que je regarde tant que ça. Et surtout, dès que j'ai démarré ce projet, je me suis un petit peu interdit de lire des BD westerns parce que je voulais justement pas... J'avais peur de copier trop ou de me laisser influencer par d'autres et j'avais vraiment envie que ce soit notre... pâte à nous et notre vision à nous. Je me suis un petit peu bloquée sur la lecture western. Là, maintenant, j'ai repris, c'est bon.

  • Speaker #1

    Alors, Adlor, on est avec toi. On parle des Ladies with Guns aux éditions d'Argo. Un western avec des femmes en héroïne. Et justement, les westerns et les femmes, j'avais envie qu'on s'en dise un petit mot. Parce que dans les films, en général, les femmes dans les westerns, c'est des personnages souvent relégués à des rôles secondaires, très stéréotypés. Elles sont souvent invisibles. Elles sont soit des épouses soumises, soit des prostituées, soit des indiennes, soit des victimes. Elles sont rarement des héroïnes, des aventurières ou des rebelles. Ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve ces mêmes personnages, puisque l'épouse soumise, en tout cas l'épouse, elle est là, la prostituée aussi, l'indienne aussi. Et voilà, cette fois, c'est elle les héroïnes.

  • Speaker #0

    L'esclave, la prostituée, oui, tu as compris. En fait, on est parti sur des stéréotypes et on leur donne enfin la parole, une existence. C'était vraiment le point de départ de ce projet, oui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on regarde ces westerns, il y a quand même quelques femmes qui ont eu des places dans la BD notamment. Je pense par exemple à Comanche, cette jeune femme qui héritait d'un ranch et qui devait faire face aux dangers de l'Ouest avec l'aide de son contre-maître. Ou même à Madalton, qui était déjà un personnage attachant et drôle, qui offre une vision différente du western. Tu m'as déjà un peu répondu, mais du coup tu n'as pas regardé, tu ne t'es pas du tout inspiré de ces personnages qui existaient dans la BD déjà pour pouvoir établir ceci.

  • Speaker #0

    Non, non. Ce n'était vraiment pas mon but. Je voulais partir d'une vision personnelle. Je te dis, au contraire, je me suis un petit peu immergée dans mon propre projet. J'ai eu peur au départ en réalisant que sur mes premiers dessins test, un petit peu mes premières recherches, je travaillais la hachure un petit peu à la manière d'eux parce que je me disais western. Je pense que je me mettais un petit peu de pression. Et donc, c'est pour me préserver de ça que je n'ai justement pas souhaité. exploiter de la documentation historique, oui, bien sûr, mais de la documentation artistique plutôt contemporaine, j'ai évité.

  • Speaker #1

    Documentation historique, ça veut dire quoi du coup ? Tu as consulté quoi ?

  • Speaker #0

    J'allais dire, comme tout dessinateur ou dessinatrice, tu consultes des archives, des images d'époque, à chaque recherche,

  • Speaker #1

    les ambiances, les paysages, ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ça, tout à fait. Oui, ça c'est vraiment de la recherche, on va dire. Le travail de départ d'un dessinateur, et notamment en BD, c'est de se renseigner sur les lieux, les coutumes, les vêtements, les styles capillaires, puisqu'on en parlait tout à l'heure subtilement. Donc tout ça, c'est évident, je me documente, je me fais une grosse base de données graphiques, et ensuite je l'oublie, parce que le tout pour moi c'est de se le réapproprier. Parfois la vérité historique est légèrement bafouée. Ou au contraire, le scénariste, lui aussi, se préserve d'indiquer des noms ou des dates précis, ou des tribus amérindiennes précises, pour justement qu'on ait cette liberté. On considère, nous, qu'on est vraiment dans une fiction pure, et qu'on n'a pas forcément, que ça n'enrichirait pas l'histoire de dire ça se passe en 1861 Bon,

  • Speaker #1

    surtout qu'il y a un côté anachronique aussi dans l'histoire. Alors les ladies, elles sont cinq ? Oui. J'avais envie d'en parler avec toi. tu nous les présentes les cinq ? Par laquelle tu commencerais ?

  • Speaker #0

    Écoute, tu vois là je me réfère à cette couverture de notre tome 3 donc on va faire un sens de lecture gauche à droite on a Kathleen qui est la femme d'un colon, elle a suivi son mari et malheureusement il est décédé très rapidement donc elle est britannique un petit peu précieuse et elle se retrouve projetée un petit peu violemment dans cet univers inconnu pour elle Daisy...

  • Speaker #1

    Elle perd son mari puis elle transporte un tonneau mystérieux aussi hein ?

  • Speaker #0

    Oui, mais voilà, tout à fait. Elle a une part de secret qu'on va découvrir peu à peu. Petit à petit. Voilà. Daisy rejoint ça un petit peu en route. C'est une institutrice à la retraite qui était bien posée dans un village. Mais elle, elle a décidé un petit peu de quitter son statut privilégié pour venir en aide aux autres ladies.

  • Speaker #1

    Cultivée, raffinée, pacifiste, mais elle sait aussi défendre quand il faut.

  • Speaker #0

    Oui, et elle fait un petit peu figure d'autorité et de sagesse dans ce groupe. Chumani est une amère indienne qui a quitté sa tribu et qui, elle, se méfie vraiment des colons, des blancs. Donc, il y a un petit choc des cultures qui va se produire.

  • Speaker #1

    Elle est experte en tir à l'arc et en pistage, elle.

  • Speaker #0

    Pas tant que ça, non, mais ça fait partie de son quotidien avant, donc elle se débrouille mieux que d'autres. On a Cassie aussi, qui est Cassie Coltrane, qui est une prostituée noire qui avait ce statut et ça lui convenait. Malheureusement, on va l'apprendre bientôt, elle avait un petit problème de grossesse qui a interrompu sa carrière. Donc elle aussi, elle est partie avec la caisse du saloon. Et elle trace sa route à sa façon.

  • Speaker #1

    Et on finit avec Abigail.

  • Speaker #0

    Et alors Abigail, c'est ma petite préférée. C'est le cœur de l'histoire. C'est par elle que tout démarre, puisque c'est une enfant esclave qui est parvenue à s'enfuir. Par contre, elle n'est pas parvenue à quitter la cage où elle avait été enfermée. Donc, elle est partie avec la cage. Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est tout le premier album.

  • Speaker #0

    Ça, c'est ça. Elle est coincée dans cette cage. Et en fait, c'est elle qui est une sorte de catalyseur pour cette histoire, puisque... Les autres ne peuvent pas l'avoir passé et ne pas l'aider puisqu'elles savent que sinon elle est vouée à la mort ou à être retrouvée par son maître. Donc leur cœur les oblige à s'arrêter pour l'aider et donc c'est vraiment notre atout cœur de l'histoire.

  • Speaker #1

    Quand vous avez créé ces personnages et ces cinq héroïnes de la série, vous en avez parlé, toi pour les mettre en forme, leur donner un visage, comment tout ça se passe ?

  • Speaker #0

    Au départ, elle devait être même 6. C'est des réflexions. Le fait aussi de se dire que 6, c'est quand même beaucoup, même pour un récit un petit peu choral. Des réflexions de base sur les stéréotypes des westerns traditionnels qu'on voulait réinjecter dans notre histoire à nous. Une fois qu'on a trouvé cet équilibre avec ces 5 ladies, le physique, j'allais dire, c'est pareil. Tu pars de ces... de ces bases de personnages vus et revus en arrière-plan, et puis tu leur donnes vie. Les dialogues m'aident beaucoup pour trouver un physique aussi, à la façon dont elles s'expriment, et dont le scénariste les fait s'exprimer.

  • Speaker #1

    Ça dessine des traits de caractère.

  • Speaker #0

    Tu en déduis la façon dont tu vas pouvoir les faire bouger. Et voilà, c'est ça. Je ne parle pas que du visage, mais aussi de l'attitude, leur posture dans l'histoire, leur attitude, leur... leur... poses, etc., vont découler de la couleur du dialogue, on va dire.

  • Speaker #1

    Il y a des défis à mettre sur le papier un western comme ça, pour la mise en page, le cadrage, ce côté très paysage, on pense à des paysages en grand angle. J'imagine que tout ça...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est pas tant un western contemplatif que ça. Vraiment, nous, comme on s'était dit tout à l'heure, l'idée, c'était vraiment bonne bédouche, donc quelque chose d'assez explosif. Et le scénariste et moi sommes quand même fans de cinéma, de séries. Et donc, c'est vrai qu'on avait une envie d'être très cinématographique dans notre façon de scénariser, de mettre en page. Donc, dès le storyboard, je travaillais énormément des cadrages dynamiques. On est aussi sur vraiment une envie de lecture active de la part des lecteurs et des lectrices. Donc, ne pas leur faciliter trop la tâche, les mettre un petit peu en danger, et on... en ne leur indiquant pas par exemple un flashback. On va d'un coup casser une action, insérer une autre séquence et puis espérer qu'ils comprennent. Alors on leur pose des indices subtilement pour que tout le monde puisse suivre, mais ça demande un petit effort de lecture. Pardon d'être longue aussi, mais on n'hésite pas à graphiquement casser la routine régulièrement. Quand on a trop longtemps des pages qui coulent un peu de sources. On va aller chercher une astuce graphique ou de montage pour réveiller vraiment les lecteurs.

  • Speaker #1

    Puis il y a aussi les scènes d'action qui viennent remuer tout ça. Où là, justement, la pagination explose un petit peu.

  • Speaker #0

    Les scènes d'action, c'est tout ce qu'on aime, nous. On essaye d'alterner des scènes un peu plus introspectives ou intimistes où elles vont peut-être se livrer davantage. Avec justement, oui, des scènes qui remuent à fond. C'est aussi ce qu'on attend dans un western quand même, c'est des moments de grosses tensions. Donc ça, on aime beaucoup gérer ça. Et il a fallu notamment en BD, qui est quand même super riche, c'est quand même un support ou un média où tu peux travailler le bruit, les bruitages, les onomatopées.

  • Speaker #1

    Alors là, il y en a beaucoup.

  • Speaker #0

    On s'est éclaté et c'est vrai que c'était... Là encore, je n'avais jamais joué à ce jeu-là de travailler les onomatopées à fond comme ça. Mais on a fait en sorte que le... que le mot puisse s'entendre. Donc, parfois, quand elles sont assourdies par des fusillades, il faut que graphiquement, ça prenne complètement le dessus sur l'image. Ça devient très caractéristique. Oui, c'est ça. Donc, ça, c'est un vrai travail qui nous a pris du temps et qu'on a adoré travailler.

  • Speaker #1

    Tu veux dire un mot sur la couleur et Elvire de Coq qui contribue à mettre...

  • Speaker #0

    C'est sûr que je veux.

  • Speaker #1

    Parce que la couleur, ça fait beaucoup de choses en BD. Et puis là, il y a du...

  • Speaker #0

    peps dans cette couleur tout à fait en fait elle vient de coq on l'a recruté dans la team parce que on voyait qu'elle faisait du super travail de mise en couleur sur d'autres bd mais surtout qu'elle avait dans ses travaux personnels elle avait une vision très explosive aussi et très comment dire très pop de la couleur et donc on lui a demandé expressément de travailler 7 se pendent son travail d'exploiter ça à fond Donc, on s'est bien briefé au départ sur cette ambiance qu'on voulait. Et à partir de là, elle a développé vraiment des palettes super intéressantes et pareil, qui te prennent parfois à arbre ou se poil par rapport à du traditionnel western. Notamment un western. Quelle est la couleur, toi, qui te viendrait quand tu imagines lire un western ?

  • Speaker #1

    Des couleurs un peu ocre, jaunâtre.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et les beiges, etc. Donc, on lui a dit, tu nous fais un petit peu tout, sauf ça. Ça se passe aussi, bien sûr. Il y a vraiment besoin, mais donc elle travaille expressément en évitant les trois beiges, bois, boue et cuir du western.

  • Speaker #1

    Un super travail d'Elvira Lacouleur. Anne-Laure, donc, au dessin, Olivier Boquet, lui, au scénario. On parle avec toi, Anne-Laure, de Ladies with Guns, cette série chez Dargaud. J'ai envie qu'on revienne un peu à l'histoire. On ne va pas tout raconter, mais voilà, il y a déjà trois albums, la fin d'un premier cycle. Le premier album, on en parlait un peu tout à l'heure, il s'intitule tout simplement Ladies with Guns. Il raconte comment ces cinq ladies aux destins différents se retrouvent pour faire équipe dans l'ouest sauvage face aux hommes qui veulent les opprimer. Et puis voilà, il y a vraiment cette ambiance avec la cage. En fait, le Thomas, il plante le décor. On découvre des femmes un peu livrées elles-mêmes qui décident de prendre en main leur destin. Présente les personnages, leur background, les conditions de la femme aussi à l'époque. Puis aussi cette cage dont on parlait, qui est un peu comme une métaphore qui cloisonne les destins dès l'enfance. C'était un peu ça l'idée avec cette cage et puis l'approche de ce premier album ?

  • Speaker #0

    Alors je ne veux pas parler au nom d'Olivier Bockel, le scénariste, mais je crois que oui, son image forte de la cage, c'était vraiment ça. Je pense qu'il avait quand même en tête cette métaphore de cette fille qui est esclave au départ et même si elle sort de sa cage, elle a toujours sa cage intérieure, le regard des autres dans cette société. Voilà, donc oui, je pense que tu vises juste avec ça. Mais il faudrait quand même qu'on lui demande confirmation.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui demandera. Moi, c'est un peu comme ça que je l'ai ressenti. En tout cas, visuellement, cette cage, elle est très forte dans le premier album, qui ouvre donc le deuxième album, qui lui s'appelle Tome 2. Alors du coup, Tome 2 et Tome 3, pourquoi pas de titres sur les albums ?

  • Speaker #0

    En fait, on s'est dit, à part, j'allais dire, les BD un peu historiques, les Tintins, les Astérix, où tu te souviens vraiment des titres de chaque album parce que le nom du héros est inclus dans une phrase. Moi j'avoue et j'ai l'impression qu'autour de moi c'est un petit peu pareil qu'on a du mal souvent à se souvenir des sous titres on va dire. Il y a le nom de la série et on se souvient que c'est le troisième quatrième tome mais finalement on se souvient pas toujours des sous titres et donc on s'est dit on va tout simplement les appeler les Geese with Guts 1, 2, 3, 4... On n'avait pas spécialement envie de développer une phrase titre en dessous. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans ce tome 2, les choses avancent. Et puis surtout, elles commencent à se mettre dans le pétrin, les ladies. Et puis devenir un peu des outlaws. Là, on est vraiment dans le western, ça y est.

  • Speaker #0

    Tu auras remarqué que sur le tome 1, on les appelle ladies with guns mais elles n'ont pas d'armes. Elles finissent par se débrouiller avec les moyens du bord. qui une marmite, qui un balai, qui une lampe à huile.

  • Speaker #1

    Dans le 2, ça commence à pétouiller.

  • Speaker #0

    Mais voilà, en fait, c'est qu'elles ont vraiment été surprises de l'animosité générée par leur prise de position. Mais par contre, oui, dans le tome 2, elles se disent, bon, là, soit on meurt, soit on réagit. Et donc, elles commencent à s'équiper, à s'organiser. Et cette fois-ci, oui, elles commencent à avoir des guns. Et du coup, elles ont l'intérêt de se défendre.

  • Speaker #1

    Et résultant du tome 3, elles sont en prison. Et là, c'est aussi intéressant parce qu'à cette époque-là, des prisons de femmes, il ne devait pas y avoir beaucoup. Donc, on tombe un peu dans ce que je trouvais un peu anachronique, mais ce n'est peut-être pas les bons mots. Mais je trouve justement intéressant ce tome 3 de se profiler dans un monde où les femmes sont dans des prisons d'hommes à une époque où il n'y avait pas de prison de femmes. Oui,

  • Speaker #0

    tu as raison. Et là encore, le travail qu'on a opéré, c'est de prendre au-delà des personnages stéréotypés. On partait de situations stéréotypées que tu peux trouver dans un western ou dans un film de genre. et puis de les décortiquer pour les démonter et les remonter à la façon des ladies, puisqu'elles ont un regard tellement différent de celui d'un homme, parce qu'elles n'ont pas les mêmes bases, les mêmes apprentissages, la même façon de réfléchir sur telle situation. Et donc, sur le tome 2, on a eu par exemple un braquage de banque, mais à leur façon, et pourtant le braquage de banque, on l'a dans beaucoup de westerns. Et bien sur ce tome 3, c'est vrai qu'on s'est dit, bien on va partir de la case pénitentiaire. Et puis tout ce que tu attends, de la cantine à la scène de douche.

  • Speaker #1

    C'est celle dont j'allais te parler.

  • Speaker #0

    Le but c'est de faire quelque chose que personne n'a jamais vu, en tout cas c'est une ambition, j'espère que... Je ne peux pas dire si on y est parvenu, mais c'est clair qu'on se mettait ces challenges de... On va le faire mais à notre façon, à la façon des ladies, et ça devrait être différent quand même de ce que les gens ont l'habitude d'attendre sur ce type de séquence un peu culte on va dire.

  • Speaker #1

    C'est très efficace. Le tome 3 qui donc clôture la fin de ce qu'on appelle un premier cycle.

  • Speaker #0

    Alors oui. Alors nous, on a appelé ça saison parce que les cycles chez les femmes, ça peut évoquer autre chose. Et sachant qu'on a déjà un titre un petit peu moucheté de sang, on s'est dit tiens, on va plutôt appeler ça saison. Ce sera bien posé.

  • Speaker #1

    Bien vu. Et ça veut dire qu'il y aura une deuxième saison ?

  • Speaker #0

    Oui, on y travaille. Donc on est sur le tome 4 actuellement qui s'appelle tome 4.

  • Speaker #1

    J'aurais pu le trouver.

  • Speaker #0

    Et donc, ça avance très bien et on a le bonheur de travailler ce tome 4 et puis d'anticiper bientôt sur un tome 5, un tome 6 qui vont très certainement constituer la saison 2.

  • Speaker #1

    On restera, j'imagine, un peu sur les mêmes thématiques. Alors bon, je le mets entre guillemets parce que j'imagine que ce n'est pas non plus cette revendication tout à l'heure que tu me précisais qui n'était pas le but, mais il y aura toujours cette part de féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as raison, c'était pas forcément le... Au départ, on ne s'est pas dit, on va faire une BD féministe. D'ailleurs, on se disait, ce n'est pas spécialement féministe. Après, de fait, on a bien réalisé que quand même, on était vraiment dans un féminisme qui, s'il n'était pas revendiqué, est finalement assumé. Mais notre but, c'est surtout de faire une BDOCH qui sera lue et appréciée et d'utiliser pour ça quelque chose qui n'est pas linéaire. Donc, on a parallèlement toujours la progression de ces femmes qui sont en mode expansif. Et puis, très régulièrement, des flashbacks, des parallèles, etc. pour déconstruire un petit peu la linéarité et créer quelque chose de foisonnant et d'intéressant. Voilà,

  • Speaker #1

    alors moi, dans les thématiques, j'avais mis féminisme, humour, action. J'imagine que l'humour et l'action, ça va continuer.

  • Speaker #0

    Oui, on s'est vraiment posé la question dès le départ de comment on allait combiner toutes ces... Toutes ces facettes, espérons qu'on y soit parvenu en créant un récit assez hybride. Mais oui, Olivier Boquet, il écrit vraiment avec humour et il ne peut pas s'en détacher, même quand il écrit des romans aussi, quand il écrit un polar sordide. Mais on se marre régulièrement aussi. Donc je savais dès le départ qu'il y aurait de l'humour et qu'il faudrait réussir à doser ça avec la violence et avec le récit social. Donc ça donne, j'espère, la richesse à cette BD.

  • Speaker #1

    Écoute, nous on a ri aussi et on a pris beaucoup de plaisir à lire les Ladies with Guns. Anne-Laure, si ça va pour toi, pour finir l'émission, on a ce qu'on appelle des questions débules. Concon complètement débules ! Eh oh ! Il te manque une case ? Euh, t'es débule ! Première question, bon ben voilà. Est-ce que c'est une série pour les femmes ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, mais elles ne le savent pas souvent parce qu'elles se disent Tiens, c'est un western, je vais l'acheter à mon mari

  • Speaker #1

    Est-ce que le scénariste, donc Olivier Bocquet, C'est pas un peu compliqué pour lui de travailler au milieu de toutes ces femmes ? Les héroïnes, toi dessinatrice, la coloriste Elvire Decor, c'est pas trop pour lui ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il cherchait à s'entourer d'un petit peu de féminité pour développer ce récit au plus juste.

  • Speaker #1

    C'est un petit malin en fait. Est-ce qu'on aurait pu appeler cette série Ladies with balls ou c'est trop sexiste ?

  • Speaker #0

    Écoute, elles n'ont pas encore démarré le foot, donc je ne peux pas te dire.

  • Speaker #1

    Ta lady préférée, c'est laquelle ?

  • Speaker #0

    Je crois que je l'ai dit tout à l'heure, j'adore la petite Abigail, qui est à la fougue de l'adolescence. Elle a beaucoup moins de retenue que certaines et elle a vraiment son petit regard bien à elle sur ce monde.

  • Speaker #1

    C'est ta préférée parce que c'est son caractère ou c'est celle que tu préfères dessiner aussi ?

  • Speaker #0

    J'aime toutes les dessiner, mais c'est vrai qu'elle a ce petit quelque chose en plus. Et puis, elle a ce côté désespéré, là où les autres, finalement, si tu observes bien, je l'ai remarqué que tardivement presque, les autres ne tirent jamais pour tuer. Alors qu'Abigail, elle en est capable. Elle a quand même connu tellement de souffrances dès l'enfance.

  • Speaker #1

    Sur le temps de sa cage, ça ne rigole pas.

  • Speaker #0

    Elle hésite. pas là où les autres quand même ont encore un petit peu de retenue. C'était pas très humoristique comme réponse, pardon.

  • Speaker #1

    Bon, moi, les questions sont peut-être pas non plus tout le temps très drôles. Tu décides laquelle on dédicace ?

  • Speaker #0

    Ah ben, en fait, je laisse le choix aux personnes qui viennent. Et on dédicace laquelle,

  • Speaker #1

    en général ?

  • Speaker #0

    Écoute, j'ai un trio gagnant qui est Kathleen, Abigail et... Et Choumani, on va dire.

  • Speaker #1

    Ton western préféré ?

  • Speaker #0

    Danse avec les loups.

  • Speaker #1

    Ça vient d'où le tatouage Fatalitas ?

  • Speaker #0

    Alors, documentation de BDiste, old school tattoos. Et donc, tu trouves des tatouages de banniards super badass. Et Fatalitas, je trouvais ça assez classe.

  • Speaker #1

    Dans le tome 3, quand elles arrivent en prison, on leur donne un épi de maïs pour se torcher ou pour s'en servir comme tampon, sans qu'il viole.

  • Speaker #0

    Quel spoiler ! Bah écoute, réalité historique, c'est le recyclage et l'écologie.

  • Speaker #1

    Bon, et sans jeu de mots avec la question précédente, toi, tout faire péter et faire saigner en dessinant, ça t'amuse ?

  • Speaker #0

    Bah bien sûr ! Quelle question, ça se voit !

  • Speaker #1

    Bon, et si on te propose une série Boys with Skirts, t'en serais ou pas ?

  • Speaker #0

    Ouais, à fond, vas-y, propose un scénario et je le lirai avec attention et bienveillance.

  • Speaker #1

    Bon, bah je vais aller plancher dessus. Anne-Laure, c'était un plaisir de t'avoir dans l'émission. A bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Au revoir.

  • Speaker #1

    Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec Bordeterre. Inès et son frère se baladent au bord de falaises aux apparences d'Etreta. C'est où Etreta déjà ? Un décor magnifique qui surplombe un océan agité, sous un ciel sombre entrepercé de quelques rayons de soleil. Un vrai temps de Bretagne, dis-moi ! Puis, au milieu d'une éclaircie, apparaît en plein ciel un château. Hein ? Majestueux, féérique. Il suffirait d'enjamber la falaise pour l'atteindre. Les deux enfants, estomaqués, avancent. Et oups, c'est la chute. Violente. Inès et son frère tombent. Déboussolés, ils se relèvent au pied du château. Il n'y a plus de falaise. Ils arrivent dans un lieu étrange.

  • Speaker #0

    Ils sont à Port-de-Terre.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est l'hallucination.

  • Speaker #0

    Une ville perchée entre deux plans de réalité. Les deux enfants sont devenus à moitié transparents. Leurs souvenirs sont flous, ce sont des débordés. Ils viennent de trébucher vers un autre monde.

  • Speaker #1

    Oh là là, c'est la lutte en truc.

  • Speaker #0

    Dans ce monde parallèle, il y a des quartz magiques qui permettent aux chansons fredonnées de devenir réalité. Imaginez, vous chantez et je l'ai retrouvé couvert d'argent. Inutile de dire qu'il y a un très fort contrôle sur qui chante quoi et que le marché des quartz est très réglementé. Il est d'ailleurs difficile d'en trouver, il faut plonger dans un lac bien particulier. Monde fantastique, étrange et envoûtant, dessin angulaire et rêveur de Timothée Léman pour cette adaptation en BD du roman de Julia Thévenot, Bordeterre. C'est aux éditions Sarbacane. On continue avec... Mamie n'a plus toute sa tête C'est quoi cette BD ? Avril 2018, dans une ville de l'Est de la France C'est le début d'une journée comme une autre Pour l'auteur de bande dessinée Romain Dutré Il va partir à l'atelier pour travailler Enfin, pour dessiner Sauf qu'avant, il va passer chez sa grand-mère La pauvre femme perd complètement la boule Mon petit-fils,

  • Speaker #1

    qu'est-ce que t'as sorti ?

  • Speaker #0

    Et bien malgré elle, elle va imposer à Romain De vivre une double vie Comment qu'il s'appelle le petit-fils déjà ? Figurez-vous que la mamie se croit sous l'occupation des Allemands. J'ai encore les boches, là ! Et lorsqu'un agent EDF vient pour lui installer son nouveau compteur électrique, elle pense que c'est un boche. Et va habilement lui planter un coup de hache dans la tête, tuer l'ennemi. Oh,

  • Speaker #1

    c'est le boche !

  • Speaker #0

    Et le pauvre agent EDF n'est que le premier d'une longue liste à venir. Et notre pauvre pédéiste va, pour le salut de sa grand-mère, découper et cacher les cordes. Humour noir et attiroir pour cet album que l'on espère que légèrement... topographiques. Un scénario comme on les aime, avec un récit qui devient de plus en plus improbable et drôle. Vraiment une très bonne BD. La vieillesse est un naufrage, mais on peut choisir d'en rire. Avec cette comédie tragico-burlesque par l'un des auteurs de Fluides glaciales. Mamie n'a plus tout de sa tête, le tome 1 c'est de Romain Dutray aux éditions d'Argo. Et on finit avec une BD suisse, Terra Animalia. Ça parle de quoi ? Les humains ont quitté la Terre pour échapper au cataclysme climatique. Ils ont colonisé Mars, où ils vivent une vie tout à fait différente, grâce à une intelligence artificielle qui subvient à leurs besoins tout en stabilisant leurs émotions.

  • Speaker #1

    C'est le monde selon Elon Musk ou bien...

  • Speaker #0

    Et un simulateur leur permet de vivre toutes sortes de vies différentes. Mais voilà, la tristesse s'empare des individus qui sombrent dans d'intenses dépressions. Au vu de cette vie martienne, il est peut-être temps de revenir sur Terre. Un couple d'individus fait le voyage et revient sur la Terre, devenu le territoire d'autres espèces animales. Et la loi de la vie s'y exprime à merveille. La nature est luxuriante et s'est organisée dans une certaine harmonie. Un animal peut en tuer un autre seulement et uniquement si c'est pour se nourrir. Et les animaux d'ailleurs ont la mémoire de ce que valent les humains. Alors quand ils voient une paire d'individus débarquer sur Terre, ils n'ont aucune envie de les accueillir. Bien au contraire. Voici un bien bon scénario qui colle grandement aux thématiques actuelles. Les questions environnementales, la conquête spatiale et le cycle de la vie. Avec un dessin coloré à la fois brut et mélancolique, Terra Animalia, c'est de Patrick Mallet et Tom Thierabosco aux éditions La Joie de lire. Voilà, voilà, alors bonne lecture. Et comme on dit dans l'émission, les bulles, il n'y en a pas que dans le champagne, mais aussi plein les BD. Et le 9e art, lui, se consomme sans modération. Alors, c'est mon platement des bulles. Mon platement des bulles.

  • Speaker #1

    On dirait qu'il te manque une case des bulles, mais il te manque une case complètement des bulles.

Chapters

  • Anlor

    01:01

  • Sélection d'albums

    26:13

Share

Embed

You may also like