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CONVERSATION avec Daniel Baal

Conversation - Épisode 1 : Marie-Flore Leclercq, Directrice Générale d'Entourage

Conversation - Épisode 1 : Marie-Flore Leclercq, Directrice Générale d'Entourage

31min |19/11/2024
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CONVERSATION avec Daniel Baal

Conversation - Épisode 1 : Marie-Flore Leclercq, Directrice Générale d'Entourage

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Description

Dans ce premier épisode de CONVERSATION, Marie-Flore Leclercq, Directrice générale d’Entourage, est l'invitée de Daniel Baal, Président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. 

Entourage est une association qui lutte contre la précarité et l’exclusion en engageant les citoyens notamment en utilisant le sport comme vecteur d’inclusion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie-Flore Leclercq

    12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien aujourd'hui en France, une personne sur cinq se sent seule régulièrement. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière. C'est insupportable.

  • Daniel Baal

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans le premier épisode de Conversation, où l'on plonge dans le quotidien de celles et ceux qui s'engagent pour un monde plus juste. Dans Conversation, j'aurai le plaisir d'accueillir des personnalités engagées, du monde associatif soutenu, par le dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Nous parlerons d'engagement, de mission, de défi, un moment d'échange pour remonter le fil de leur vie et comprendre ce qui a façonné leurs idées et motivé leur combat. Aujourd'hui, nous plongeons dans l'histoire d'Entourage et nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Marie-Flore Leclerc, directrice générale d'Entourage depuis 2023. Ingénieur formé à l'école centrale Supélec, vous êtes destiné à une carrière d'ingénieur. Vous avez d'ailleurs travaillé en Inde et en Afrique et nous y reviendrons. Et pourtant, vous avez choisi de vous tourner vers le monde associatif. Bonjour Marie-Flore.

  • Marie-Flore Leclercq

    Bonjour Daniel.

  • Daniel Baal

    En préparant cette émission, je vous ai demandé de venir... avec un objet qui symbolise tout particulièrement l'activité de votre association. C'est le moment de nous le présenter.

  • Marie-Flore Leclercq

    Sans surprise, un smartphone, en particulier, je ne sais pas si vous verrez suffisamment à l'écran, l'application Entourage, qui est donc aujourd'hui la plateforme sur laquelle se déploient nos actions.

  • Daniel Baal

    Très important, parce que finalement, vous avez fait du smartphone un outil d'intégration, un outil d'intégration pour les gens qui sont dans la rue. Et c'est très marquant, c'est très différenciant par rapport à l'usage que vous, moi et le public fait d'un smartphone qui est pour s'informer, pour jouer.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement. Alors pour nous aussi, finalement, les smartphones sont un outil d'intégration, un outil d'accès au service public, d'accès à plein d'informations et puis de relations. Je pense tous, beaucoup d'applications de messagerie. Et en fait, l'idée d'Entourage, ça a été de se dire... L'idée de l'usage de la tech chez Entourage, c'est de dire que ce potentiel-là, on peut aussi le mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin, de ceux qui sont le plus isolés et qui ont besoin de se reconstituer des réseaux de soutien.

  • Daniel Baal

    L'idée vous est venue par la pratique que vous aviez du contact de ces personnes isolées,

  • Marie-Flore Leclercq

    j'imagine ? Exactement. Au départ, Jean-Marc Peau de Vin, c'est la phrase que vous partagez. Lui, c'est un entrepreneur de la tech. Il a fait un constat assez simple. Il suffit d'aller dans la rue pour se rendre compte qu'on a beau mettre énormément de moyens dans la lutte contre la précarité, la précarité elle continue d'exister. L'isolement social, aujourd'hui en France c'est 12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien, aucun réseau social, et que c'était en fait un levier sur lequel il y avait très peu d'action, et sur lequel il était possible d'agir. Et il est possible d'agir en tant que citoyen. Donc Entourage, c'est vraiment un mouvement d'engagement citoyen. C'est aussi pour ça qu'on mobilise la technologie, parce que c'est le meilleur moyen, un des meilleurs moyens d'engager le plus de monde possible.

  • Daniel Baal

    Allons plus loin dans les missions d'Entourage. Vous avez un certain nombre d'actions. Ce n'est pas uniquement une application mobile.

  • Marie-Flore Leclercq

    Non, exactement. Aujourd'hui, notre mission, c'est de redonner des réseaux de soutien. C'est d'engager chacun dans ces réseaux de soutien avec les plus isolés. grâce à la tech, et on fait ça sur les différents types de réseaux dont chacun d'entre nous devrait pouvoir bénéficier. Et pourquoi on devrait avoir ces réseaux ? Simplement parce que quand vous ne les avez pas, et que la vie vous envoie une baffe, ce qu'elle fait à chacun d'entre nous à un moment donné, je pense qu'on peut tous et toutes en témoigner, si vous n'avez pas ces réseaux, alors c'est à ce moment-là que cette baffe va devenir une vraie rupture dans votre vie, et que vous allez tomber dans une situation de précarité. Parce que vous n'avez personne pour vous prêter un bout de canapé, parce qu'il n'y a personne pour vous filer le job alimentaire dont vous avez besoin pour traverser une période de deuil, de rupture, de maladie, d'édance. Il y a plein de formats de moments qui sont un peu tangents dans la vie. Et soit on a des gens vers qui se tourner, soit on ne les a pas. Et quand on ne les a pas, c'est très compliqué de s'en sortir.

  • Daniel Baal

    Vous avez trois programmes phares.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, donc trois programmes sur ces réseaux. Le premier programme historique, entourage local. Donc le réseau de proximité, de convivialité. Donc à travers aujourd'hui principalement l'application. qui permet de rejoindre ou de créer des événements en mixité sociale à proximité de chez soi. Donc c'est très simple, vous êtes mardi, vous ne savez pas quoi faire, vous avez envie de participer à un karaoké, vous venez, il se trouve que c'est un événement où il y aura à la fois des personnes isolées et des personnes hors situation d'isolement. Le programme Entourage Pro qui est une idée qui est née aussi du comité de la rue, donc un organe de gouvernement.

  • Daniel Baal

    On en parlera tout à l'heure du comité.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, et qui vise à se dire, pareil, en fait, si vous avez déjà des freins à l'emploi et à la recherche d'emploi, si en plus vous n'avez pas de réseau professionnel, alors qu'aujourd'hui la plupart des offres, elles sont cachées, elles sont non publiques, c'est hyper compliqué. Et donc... comment on peut mobiliser un certain nombre de citoyens, d'acteurs, d'autres personnes dans le projet professionnel de quelqu'un. Ce programme s'appelait avant Linked Out, et maintenant c'est Entourage Pro. Et puis le dernier né, c'est Entourage Sport, parce que pareil, on s'est rendu compte que le sport, au-delà de toutes les valeurs qu'on connaît tous et qu'on a tous vécues particulièrement cet été, pouvait vraiment aussi avoir un côté de catalyseur, de lien, à la fois quand on vibre ensemble dans les événements, on regarde un match ensemble, quelque chose comme ça, c'est une émotion partagée assez forte. Et puis on permet aussi à des clubs de sport de devenir inclusifs. en accueillant des personnes en précarité dans leurs équipes. Et ça, en termes de réinsertion, d'inclusion sociale, c'est extrêmement fort parce qu'évidemment, avoir une équipe qui compte sur vous chaque semaine et qui vous encourage à venir vous entraîner, c'est super puissant.

  • Daniel Baal

    Le sport nous a d'ailleurs fait nous rencontrer puisque c'est à Charletti qu'on s'est vus. Charletti pour un grand meeting international juste avant les Jeux Olympiques de Paris, à l'occasion duquel Entourage s'est vu remettre un chèque par la fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale. un chèque qui a été le fruit des actions collectives de l'ensemble de nos collaboratrices, collaborateurs, nos élus mutualistes qui ont couru pour une bonne cause et la bonne cause que nous avons retenue était Entourage. Et c'est clair que que sans doute le sport est un vecteur d'inclusion, un vecteur de cohésion et que vous puissiez l'appliquer également pour essayer de réinsérer des personnes isolées, quelque chose qui nous parle beaucoup au Crédit Mutuel où nous avons de très forts engagements dans la vie associative et en général mais aussi dans la vie associative sportive. J'aimerais parler d'un sujet qui m'a frappé c'est que lorsque j'ai lu votre tribune, vous avez signé une tribune, dans Ouest France avec un thème fort quand même, la fraternité. Parlez-nous de ça s'il vous plaît.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors cette tribune elle est née de l'initiative du Labo de la Fraternité qui est un collectif qui regroupe différentes associations actives sur le champ de la fraternité et cette idée c'était aussi de répondre à l'interpellation du Premier ministre qui a rappelé dans son discours de politique générale l'importance de la fraternité et de proposer en fait de le prendre au mot mais de manière très positive en soulignant déjà pendant les 100 prochains jours toutes les initiatives qui contribuent aujourd'hui au quotidien à la fraternité sur nos territoires et la fraternité c'est à la fois plein d'actions individuelles c'est le voisin qui vous a rendu un service ce matin mais c'est aussi cette rencontre avec des gens qui sont en tout peut-être un peu plus différent de vous, un peu plus éloigné, et la façon dont on active des solidarités. La fraternité, c'est l'ensemble des bénévoles sur le territoire, ils sont très très nombreux, on a un tissu associatif qui est très actif en France.

  • Daniel Baal

    Un mot fort, un mot fort qui est dans la devise républicaine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Qui est dans la devise, et souvent un petit peu laissé de côté.

  • Daniel Baal

    Exactement, alors que c'est quelque chose qui est vraiment le ciment de ce que doit être la société, une société qui doit être plus... et au Crédit Mutuel, on n'utilise pas souvent le mot de fraternité, on utilise plus souvent celui de solidarité, mais je crois que ce sont deux valeurs qui sont très proches et qui, en tout cas, correspondent pleinement aux actions dans lesquelles vous êtes engagé. et dans lequel nous voulons nous engager en soutenant le monde associatif, et notamment par ce dividende sociétal. Alors vous communiquez, vous communiquez fort actuellement avec une campagne choc.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui.

  • Daniel Baal

    Vous nous en dites quelques mots ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors on a lancé pour cette fin d'année une campagne qui est d'abord une campagne d'interpellation, et puis qui se transformera en campagne de dons ensuite. On est très heureux de l'avoir montée avec des équipes très talentueuses. On a engagé des... photographes et des réalisateurs avec nous, qui ont accepté de bosser avec nous. Et cette campagne, elle visait à avoir un... à résoudre un problème un peu compliqué. En fait, entourage, on parle d'isolement, on parle de lien social, c'est pas hyper visuel. Et donc, comment on fait pour rendre visible ce qui, par définition, est pas visible ? Si vous êtes isolé, c'est que, bah, globalement, on vous voit pas, quoi. Et donc, on est partis sur une idée... que je trouve très sympa, de se dire en fait cet isolement, et c'est ce qu'on disait tout à l'heure, il va vous marquer à vie, parce qu'il va vous empêcher d'être acteur de votre vie, il va vous empêcher d'être à l'initiative de votre vie. Et donc l'idée c'était de se dire, en fait il est là, il vous marque à vie, il est ancré en vous, ses conséquences sont très présentes. Donc ça a débouché sur l'idée de tatouage, et donc on a aujourd'hui une super campagne avec quatre...... personnes qui sont autant de personnes en situation d'isolement qui portent un tatouage qui signifie un peu qui elles sont et les conséquences de l'isolement aussi sur leur vie.

  • Daniel Baal

    On peut parler un petit peu de vous ?

  • Marie-Flore Leclercq

    On peut.

  • Daniel Baal

    Vous avez travaillé en Inde, en Afrique, vous avez rencontré Entourage en 2023. À l'issue d'un processus de recrutement assez long, ça a matché, pour utiliser un terme que vous-même avez utilisé. Alors pourquoi ça a matché et que recherchiez-vous en candidatant pour devenir directrice générale d'Entourage ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors ça a matché. Moi, je n'ai pas candidaté au départ pour ce job. On est venu me chercher. Je connaissais Entourage un peu d'avant parce que je connaissais... un membre de notre conseil d'administration. Et je discutais avec lui de mes réflexions pro. Et puis, il m'a renvoyé un SMS une semaine après en me disant Mais en fait, je suis trop bête. C'est faux, mais bon. On cherche une nouvelle DG pour Entourage. Tu as le profil parfait, parlons-en. Je lui dis Bon, très bien, parlons-en. Et en fait, la première... Évidemment, ça a matché sur les compétences, les savoir-faire, les savoir-être, etc. Mais là où ça a vraiment profondément matché, c'est... La première question que j'ai posée, c'était, vous êtes sympas, mais moi je viens d'une expérience axée à l'énergie en Afrique. La précarité en France et le monde social et associatif en France, j'y connais rien. Comment sont associées les personnes premières concernées ? Parce que je ne connais pas le monde de l'isolement, je ne connais pas de situation de rue. J'espère ne jamais en connaître et comment je risque de faire beaucoup d'erreurs. Et donc, pour moi, le meilleur moyen de se prémunir de ça, c'est d'impliquer les personnes. Et la réponse m'a beaucoup rassurée, puisque c'était le fameux comité de la rue qu'on évoquait tout à l'heure, qui est vraiment un organe qui est dans notre gouvernance et qui nous permet de viser juste, parce qu'il est composé de personnes qui sont ou étaient en situation d'isolement et qui choisissent de bénévolement passer du temps à co-construire avec nous les programmes de l'association. Et c'est là que ça a vraiment matché sur le cœur de ce qui fait pour moi une grande partie d'entourage, c'est la question de l'altérité. Et c'est une question qui, moi, m'intéresse depuis très longtemps.

  • Daniel Baal

    Et donc, vous faites le choix de rejoindre une... une ONG alors que vous pourriez être aujourd'hui cadre dirigeant d'Orange, de Thalès ou d'autres... Oui,

  • Marie-Flore Leclercq

    on ne se serait pas connus.

  • Daniel Baal

    On ne se serait pas connus, mais c'est un choix quand même d'aller dans une ONG plutôt que dans une société capitaliste. Ça signifie aussi que ce monde des ONG, ce monde associatif, représente des valeurs et que vous avez envie de vous engager pour ces valeurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    c'est bien ça oui oui alors moi je trouve enfin entre guillemets le bien sûr c'est très différent évidemment mais j'étais déjà dans un job engagé ou sans certes d'un groupe du cac 40 mais pour autant en faisant le choix d'aller chez entourage c'est aussi un choix qui est Relativement facile dans le sens où l'entourage on a vraiment cet ADN entrepreneurial, cet ADN de social tech. On a un fonctionnement qui est, et comme beaucoup d'associations en fait aujourd'hui, ce sont des personnes qui sont très bien formées, qui sont passées par du privé lucratif ou pas d'ailleurs, mais qui ont, le secteur s'est énormément professionnalisé par rapport à ce que ça pouvait être probablement il y a quelques dizaines d'années. Et donc en fait aujourd'hui on... On retrouve les mêmes méthodes, les mêmes approches, etc. Moi, je trouve que le glissement n'est pas si grand.

  • Daniel Baal

    Cette professionnalisation dont vous parlez est en soi révélatrice. C'est qu'on est obligé aujourd'hui de se professionnaliser dans la lutte contre l'exclusion, parce que malheureusement, cette exclusion est complètement ancrée.

  • Marie-Flore Leclercq

    Parce que cette exclusion est complètement ancrée, et aussi, si on dézoome un peu, les associations répondent à des problèmes. extrêmement complexes, sur lesquels on n'a pas trouvé de business model lucratif, etc. qui pourrait motiver un certain nombre de personnes. Et en fait, évidemment, pour résoudre ce genre de questions, on a besoin de personnes qui soient très organisées, très bien câblées, très intelligentes, très créatives. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, les équipes des associations, ce sont des personnes absolument époustouflantes.

  • Daniel Baal

    Et clés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Et clés, absolument clés.

  • Daniel Baal

    Que serait notre société aujourd'hui, la société française, parlant de ce qu'on connaît, sans le concours des associations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je me suis demandé ce matin ce qui se passerait si tout le monde social se mettait en grève pendant une semaine,

  • Daniel Baal

    pour voir. Ben non, ça serait un drame. Alors, ce comité de la rue, on en a parlé deux, trois fois. Je voudrais vraiment qu'on rentre dedans parce que c'est vraiment un point fondamental. Vous l'avez dit, c'est grâce à ce comité de la rue que l'entourage reste constamment au contact du terrain, ce qui est essentiel. Alors, parlez-nous un peu du fonctionnement de ce comité de la rue. Je suis très curieux.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui, alors le comité de la rue, c'est un organe de gouvernance. Il est défini dans nos statuts. Donc ça, c'est assez important. Ce n'est pas quelque chose... Ça existe depuis le départ et c'est la continuité des premières conversations de Jean-Marc Potvin avec ses voisins de la rue. Et ça a donné naissance dès le départ à ce comité qui est composé de personnes qui ont vécu une expérience significative de l'isolement et qui sont partantes pour témoigner de cette expérience et avoir une réflexion dessus. Qu'est-ce qui s'est joué ? Comment ça aurait pu se jouer différemment ? Aujourd'hui, elles sont réparties. On a des comités de la rue dans différentes antennes. Donc là, on a une présence salariale dans cinq territoires. Antoine, j'ai actif sur plus de territoires. On a des salariés dans cinq territoires. Et ils ont un... Il y a des comités de la rue locaux qui se réunissent chaque mois pour discuter des enjeux locaux du territoire. Et puis un comité de la rue national qui se réunit mensuellement et auquel viennent présenter les membres du comité de la rue qui ont pu choisir d'être référents thématiques, par exemple sur les questions de communication, sur entourage sport, sur entourage pro, sur l'engagement des bénévoles, etc. Et donc chacun... de ces référents thématiques vient présenter au reste du comité ce qui a avancé pendant le mois. Donc le but du comité de la rue, c'est vraiment, dans les comités de la rue nationaux sont présents la directrice générale, un autre membre du Codire au moins, et puis notre président, Jean-Marc Podvin, et les membres du comité de la rue. Et c'est vraiment l'idée de, moi je résume leur mission en trois phases, initier, co-construire et valider. Et toutes les grandes orientations de l'association passent par eux. Par exemple, on parlait de la campagne de com. Une fois qu'il y a eu cette première idée de campagne de com, elle a été présentée au comité de la rue, qui a aidé à l'améliorer, à améliorer qui devaient être les profils des personnes, qu'est-ce qui devrait être écrit sur les tatouages, quel est le texte qui doit accompagner. Et typiquement, l'année dernière, on avait eu une autre idée d'une autre campagne, qui a été complètement rejetée par le comité de la rue, dans les grandes largeurs. Et en fait... Nous, c'était... Leur crainte, c'était quelque chose que nous, on avait identifié en bon, peut-être que ça Et en fait, eux, c'était avec leur expérience et avec... En sachant comment ça allait être ressenti par les personnes en situation d'isolement, ils nous ont dit ça c'est pas possible, c'est peut-être très rigolo, mais c'est pas possible C'était rigolo, mais ça ne suffit pas.

  • Daniel Baal

    Et là, vous parlez de communication, mais j'imagine que dans ce comité de la rue, tout au long de l'année, on est sur des réponses très concrètes à des problématiques qui peuvent se poser. Est-ce que vous pourriez donner quelques illustrations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr, alors au comité de la rue, on aborde plein de sujets. Comment on engage les bénévoles ? Qu'est-ce qu'on fait à tel événement ? Comment on s'y prend pour le réveillon de Noël cette année ? Et puis, on aborde des questions stratégiques. Dans quelle direction doit aller l'association ? Et puis, on aborde aussi, il y a plusieurs projets qui ont été initiés par le comité de la rue. Entourage pro, typiquement, c'est... on organise des sensibilisations en entreprise avec des témoignages des membres du comité de la rue. Et donc Eric, qui était membre du comité de la rue, qui a partagé son expérience à la BNP. Puis il y a quelqu'un qui est venu le voir à la fin, qui lui a dit Attends, c'est pas possible, tu parles cinq langues, c'est sûr qu'on va te trouver quelque chose Et aujourd'hui, Eric bosse à la BNP depuis plusieurs années désormais. Et à ce moment-là, Eric nous a dit En fait, ce qu'on fait chez Antoine, avec cette notion de réseau, de lien social, ça pourrait aussi servir dans une visée d'insertion professionnelle.

  • Daniel Baal

    C'est vraiment très vertueux comme démarche.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est très intégré, très horizontal, et surtout, je trouve que ce n'est absolument pas cosmétique. C'est vraiment au cœur de ce qu'on fait, et c'est un impact phénoménal, parce qu'en fait, une association a des moyens forcément limités par rapport à l'ampleur de la tâche qui est la nôtre. Et en fait, ce comité de la rue, leur présence, ça nous permet d'aller viser beaucoup plus juste. Donc ça nous permet d'itérer... d'avoir moins besoin d'itérer, de savoir quand on lance quelque chose, les gros chantiers, alors bien sûr il y a des choses qu'on teste et qui ne marchent pas, mais les gros chantiers, les grosses choses, à chaque fois, elles sont justes, et à chaque fois elles fonctionnent.

  • Daniel Baal

    Vous venez de parler d'horizontale, et je sais que l'horizontalité est une idée qui vous tient beaucoup à cœur, ce serait intéressant que vous nous disiez ce que cela représente pour vous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors l'horizontalité, c'est vrai que c'est un... terme parfois un peu compliqué. Notre valeur, c'est même promouvoir l'horizontalité. C'est aussi l'idée de témoigner de ce qu'on vit, de ce qui se vit chez Entourage. Et chez Entourage, on a vraiment cette... En fait, on ne parle pas d'aide, on ne parle pas de bénéficiaires. Nos bénéficiaires, ce sont aussi bien les personnes en situation d'isolement que hors situation d'isolement. En fait, ce qu'on se rend compte, c'est que souvent, les personnes en situation d'inclusion Elles viennent avec un peu l'idée d'aller faire leur bonne action, d'agir, etc. Et c'est très bien. Et nous, on utilise un peu ce prétexte-là pour les faire venir. Mais à la fin, elles s'en retrouvent transformées. C'est 94% des gens qui changent leur rapport aux autres. Du coup, ce que je trouve très, très fort là-dedans, c'est que ce n'est pas uniquement leur regard sur la personne en pr��carité qu'elles ont rencontré, pas uniquement leur regard sur la précarité, mais vraiment leur rapport à l'autre de manière générale. Et ça c'est aussi assez puissant quand on engage des entreprises et qu'on propose à leurs collaborateurs de participer à nos actions, parce qu'en fait ils en retirent un collectif qui est plus uni, plus résilient et donc plus performant, parce qu'au sein même de leur équipe, le fait d'avoir partagé un moment avec des personnes en situation d'isolement, ça va permettre à chacun de... considérer un tout petit peu différemment peut-être qu'en fait la personne en face de moi là elle dit que tout va bien en même temps qu'elle boit un café mais peut-être qu'en train de traverser une épreuve et ça je dois le prendre en considération et ça vous le faites dans le quotidien et vous

  • Daniel Baal

    donner une notion concrète à cette horizontalité. Il y a un autre sujet qui, lorsqu'on parle d'exclusion, m'interpelle toujours, c'est le sujet des préjugés. Et j'imagine que c'est quelque chose contre quoi vous devez lutter constamment dans votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui et non. Bien sûr, on a tous énormément de préjugés. Ce n'est pas franchement une lutte. C'est normal. Et je pense qu'on en a tous, même ceux qui sont chez Entourage depuis très longtemps, on continue d'avoir des préjugés. C'est complètement normal. Nous, notre rôle, c'est aussi d'aller les débunker, de proposer une information, de proposer aussi des formats où les gens sont justement libres de venir de manière absolument... où ils ne vont être absolument pas jugés. de dire bon, moi j'avoue qu'en fait, j'ai un peu cette image-là, je ne sais pas si c'est très vrai, ou pour moi, c'est sûr que toutes les personnes SDF sont ceci, sont cela. Et donc nous, on essaye de casser ça.

  • Daniel Baal

    La précarité, c'est un thème malheureusement trop présent aujourd'hui. Des rapports sont régulièrement écrits sur le sujet. Malheureusement, on voit que cette précarité est en hausse. Au-delà des chiffres, quels sont les points qui vous alertent le plus sur ce sujet de précarité en France ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Il y en a beaucoup. Déjà, il y a des chiffres qui sont vraiment alarmants. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière.

  • Daniel Baal

    On cite le chiffre de 3000 enfants.

  • Marie-Flore Leclercq

    3000 enfants, oui.

  • Daniel Baal

    C'est insupportable.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est insupportable, exactement. Et c'est pour ça que ce que je disais au départ, on a besoin aussi de toutes les actions qui sont destinées au logement, à l'aide alimentaire, etc. On a besoin de tout ça. Et puis d'autres chiffres qui sont sur l'isolement et qui sont impressionnants, c'est la part de l'isolement qui est toujours croissante. Aujourd'hui, en France, une personne sur cinq se sent seule. régulièrement. Alors la solitude, c'est différent de l'isolement, mais on a un sentiment de solitude. 4,3% de ces personnes-là en souffrent. Une personne sur trois a un réseau de sociabilité au moins 12% qui est totalement isolé. En fait, ces chiffres-là, ils ne font que croître. Et ce qui est assez... ce qui moi m'inquiète aussi, c'est que c'est extrêmement corrélé à la santé mentale des personnes. Et c'est très présent dans toutes les classes d'âge en fait. Il y a à la fois des personnes âgées isolées, ça c'est un peu l'image qu'on peut avoir, mais il y a aussi beaucoup beaucoup de jeunes. Et nous, on voit pas mal de jeunes dans nos programmes qui souffrent aujourd'hui d'un véritable isolement à une période de leur vie où on imagine qu'ils sont plutôt en train de la construire, en train de nouer énormément d'opportunités, etc. Et en fait, en plus, ils souffrent particulièrement de ce décalage entre ce qu'ils vivent et ce qu'on leur renvoie de ce que cette période de la vie devrait être.

  • Daniel Baal

    Et vous tendez la main pour justement sortir de cet isolement ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr. Et on permet surtout à chacun.

  • Daniel Baal

    de temps de la main. Exactement et c'est ce qui est tout à fait intéressant et grâce notamment à l'application dont on parlait depuis l'origine. Alors vous êtes une association, vos revenus c'est essentiellement les soutiens que vous apportent des entreprises et nous sommes ravis chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale d'être à vos côtés notamment grâce aux dividendes sociétal. Comment résumez-vous l'impact d'Entourage grâce à ses financements ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Aujourd'hui, Entourage vit des dons des particuliers et des entreprises, et une toute petite partie de subventions publiques. L'impact est majeur. Tout ce qu'on fait n'existe que grâce à ça, et à l'engagement de nos bénévoles. En gros, c'est ça nos deux ressources principales. Et donc, ce qu'on a fait avec le Crédit Mutuel depuis 2022, ça nous a permis d'essaimer Entourage dans huit nouveaux territoires. Ça nous permet aujourd'hui de lancer Entourage Sport, qui initialement était uniquement à Paris, qui depuis septembre est à Lyon. Ça cartonne et de continuer de le déployer dans de nouvelles villes, ainsi que le programme Entourage Local. Et donc, ça nous permet, nous, de remplir notre mission.

  • Daniel Baal

    Entourage à 10 ans, quel chemin parcouru ? On est en fin d'année, généralement on se projette sur l'année suivante. Quels sont vos grands projets pour 2025 ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors nos grands projets, nos grands enjeux surtout, c'est la question de la complémentarité. Avoir 10 ans, ça nous place dans une position, initialement, ce côté très innovant, tech, etc. Ça a fait lever quelques sourcils de personnes, de structures qui aujourd'hui sont nos partenaires associés. Mais c'est aujourd'hui, du coup, on a été au départ, du coup, aussi été obligé de faire un peu tout nous-mêmes. Et aujourd'hui, on est reconnu et légitime pour construire des partenariats et se concentrer là où Entourage apporte un impact ajouté, différenciant vraiment sur cette partie réseau. Et donc, typiquement, dans nos grands enjeux de l'année, il y a comment j'arrive à... ce qu'on sait faire, la magie d'entourage, de créer de la mixité sociale dans des événements, comment j'arrive à faire en sorte qu'elle existe aussi dans des événements qui ne sont pas organisés par entourage. Aujourd'hui, sur l'application, c'est 50% d'événements organisés par nos bénévoles, 50% organisés par d'autres. Et cette proportion, en fait, on espère que Satan a de plus en plus d'événements externes, qu'ils soient de plus en plus nombreux, et qu'en fait, nos bénévoles, ils ont un rôle de garant, d'animateur de la mixité sociale dans des événements qu'ils n'auraient pas forcément organisés. Parce qu'ils organisent des événements super, mais ça, il y a plein de gens qui savent le faire.

  • Daniel Baal

    Une autre forme d'horizontalité, d'ailleurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement.

  • Daniel Baal

    On va arriver au terme de cet échange et j'espère que la diffusion de cet échange contribuera justement à mieux faire connaître encore en toi, à créer davantage de liens. Et pour terminer, ces quelques questions, c'est un peu personnel que j'aimerais vous poser.

  • Marie-Flore Leclercq

    Ok, allons-y.

  • Daniel Baal

    D'abord, quelle personne vous inspire ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Quelle personne m'inspire ? Beaucoup de monde. Déjà, en réalité, je trouve ça super ce que fait le Crédit Mutuel, l'Alliance fédérale.

  • Daniel Baal

    On ne peut pas demander à ce que vous êtes bien de nous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Mais une personne,

  • Daniel Baal

    c'est vrai. C'est fondamental pour nous d'être dans l'action et en tant qu'entreprise à mission. Notre première finalité, c'est évidemment d'apporter la satisfaction à nos sociétés et clients, de veiller à la pérennité de l'entreprise, à être performant, mais être acteur du bien commun est pour nous important.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, et c'est très inspirant. Et sinon, je dirais Gaëtan Noyer, qui dirige avec un fondé de Good Lobby, qui est un lobby au service du bien commun, et qui a entre autres monté une initiative qui s'appelle Les Oubliés de la République. entourage fait partie, qui vise à promouvoir la parole et le savoir et l'expertise des personnes oubliées de la République, donc détenues, sortant de prison, personnes à rue, en situation de prostitution ou avec l'aide sociale à l'enfance auprès des des élus locaux et nationaux.

  • Daniel Baal

    Nous aurons dans quelques jours un deuxième épisode de conversation et mon invité sera Patrice Douré, président des Restos du Coeur. J'aimerais bien qu'on puisse avoir un lien entre les uns et les autres. Tout simplement, quelle est la question que vous aimeriez poser à Patrice Douré ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je finirais assise sur ce canapé. je pense qu'on a beaucoup parlé d'horizontalité je pense que chez Entourage on est assez pionniers là-dessus, assez reconnus pour ça et on témoigne auprès d'autres acteurs et ce qu'on voit c'est aussi que c'est très compliqué pour les autres quand c'est pas forcément dans leur ADN au départ et peut-être que la question Patrice ce serait comment dans une organisation aussi grande avec autant d'histoires... et puis une organisation aussi très territorialisée, etc. Comment les Restos du Coeur impliquent les personnes premières concernées ?

  • Daniel Baal

    Je lui poserai la question. C'est 40 ans d'histoire pour les Restos du Coeur, c'est 10 ans pour Antoine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà.

  • Daniel Baal

    Et j'espère, je souhaite en tout cas à Antoine de continuer à faire cette œuvre extrêmement utile que vous faites. Merci beaucoup Marie-Flore d'avoir accepté. cette invitation. Ça a été une première. En tout cas, pour notre public, je vais lui dire que je l'invite à aller sur le site d'Entourage pour en savoir plus. Et puis, peut-être aller plus loin qu'aller juste sur le site. pour être un acteur, puisque chacun peut finalement être acteur à vos côtés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, vous pouvez nous soutenir à travers nos actions. Et puis, c'est la fin de l'année, cette campagne dont on a parlé, dans les enjeux 2025. Et puis, avec toutes les inquiétudes qu'il y a sur les soutiens publics, on compte aussi sur les acteurs individuels et les acteurs comme Crédit Mutuel.

  • Daniel Baal

    Merci beaucoup, Marie-Flore, et bonne continuation de votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Merci beaucoup.

Description

Dans ce premier épisode de CONVERSATION, Marie-Flore Leclercq, Directrice générale d’Entourage, est l'invitée de Daniel Baal, Président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. 

Entourage est une association qui lutte contre la précarité et l’exclusion en engageant les citoyens notamment en utilisant le sport comme vecteur d’inclusion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie-Flore Leclercq

    12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien aujourd'hui en France, une personne sur cinq se sent seule régulièrement. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière. C'est insupportable.

  • Daniel Baal

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans le premier épisode de Conversation, où l'on plonge dans le quotidien de celles et ceux qui s'engagent pour un monde plus juste. Dans Conversation, j'aurai le plaisir d'accueillir des personnalités engagées, du monde associatif soutenu, par le dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Nous parlerons d'engagement, de mission, de défi, un moment d'échange pour remonter le fil de leur vie et comprendre ce qui a façonné leurs idées et motivé leur combat. Aujourd'hui, nous plongeons dans l'histoire d'Entourage et nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Marie-Flore Leclerc, directrice générale d'Entourage depuis 2023. Ingénieur formé à l'école centrale Supélec, vous êtes destiné à une carrière d'ingénieur. Vous avez d'ailleurs travaillé en Inde et en Afrique et nous y reviendrons. Et pourtant, vous avez choisi de vous tourner vers le monde associatif. Bonjour Marie-Flore.

  • Marie-Flore Leclercq

    Bonjour Daniel.

  • Daniel Baal

    En préparant cette émission, je vous ai demandé de venir... avec un objet qui symbolise tout particulièrement l'activité de votre association. C'est le moment de nous le présenter.

  • Marie-Flore Leclercq

    Sans surprise, un smartphone, en particulier, je ne sais pas si vous verrez suffisamment à l'écran, l'application Entourage, qui est donc aujourd'hui la plateforme sur laquelle se déploient nos actions.

  • Daniel Baal

    Très important, parce que finalement, vous avez fait du smartphone un outil d'intégration, un outil d'intégration pour les gens qui sont dans la rue. Et c'est très marquant, c'est très différenciant par rapport à l'usage que vous, moi et le public fait d'un smartphone qui est pour s'informer, pour jouer.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement. Alors pour nous aussi, finalement, les smartphones sont un outil d'intégration, un outil d'accès au service public, d'accès à plein d'informations et puis de relations. Je pense tous, beaucoup d'applications de messagerie. Et en fait, l'idée d'Entourage, ça a été de se dire... L'idée de l'usage de la tech chez Entourage, c'est de dire que ce potentiel-là, on peut aussi le mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin, de ceux qui sont le plus isolés et qui ont besoin de se reconstituer des réseaux de soutien.

  • Daniel Baal

    L'idée vous est venue par la pratique que vous aviez du contact de ces personnes isolées,

  • Marie-Flore Leclercq

    j'imagine ? Exactement. Au départ, Jean-Marc Peau de Vin, c'est la phrase que vous partagez. Lui, c'est un entrepreneur de la tech. Il a fait un constat assez simple. Il suffit d'aller dans la rue pour se rendre compte qu'on a beau mettre énormément de moyens dans la lutte contre la précarité, la précarité elle continue d'exister. L'isolement social, aujourd'hui en France c'est 12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien, aucun réseau social, et que c'était en fait un levier sur lequel il y avait très peu d'action, et sur lequel il était possible d'agir. Et il est possible d'agir en tant que citoyen. Donc Entourage, c'est vraiment un mouvement d'engagement citoyen. C'est aussi pour ça qu'on mobilise la technologie, parce que c'est le meilleur moyen, un des meilleurs moyens d'engager le plus de monde possible.

  • Daniel Baal

    Allons plus loin dans les missions d'Entourage. Vous avez un certain nombre d'actions. Ce n'est pas uniquement une application mobile.

  • Marie-Flore Leclercq

    Non, exactement. Aujourd'hui, notre mission, c'est de redonner des réseaux de soutien. C'est d'engager chacun dans ces réseaux de soutien avec les plus isolés. grâce à la tech, et on fait ça sur les différents types de réseaux dont chacun d'entre nous devrait pouvoir bénéficier. Et pourquoi on devrait avoir ces réseaux ? Simplement parce que quand vous ne les avez pas, et que la vie vous envoie une baffe, ce qu'elle fait à chacun d'entre nous à un moment donné, je pense qu'on peut tous et toutes en témoigner, si vous n'avez pas ces réseaux, alors c'est à ce moment-là que cette baffe va devenir une vraie rupture dans votre vie, et que vous allez tomber dans une situation de précarité. Parce que vous n'avez personne pour vous prêter un bout de canapé, parce qu'il n'y a personne pour vous filer le job alimentaire dont vous avez besoin pour traverser une période de deuil, de rupture, de maladie, d'édance. Il y a plein de formats de moments qui sont un peu tangents dans la vie. Et soit on a des gens vers qui se tourner, soit on ne les a pas. Et quand on ne les a pas, c'est très compliqué de s'en sortir.

  • Daniel Baal

    Vous avez trois programmes phares.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, donc trois programmes sur ces réseaux. Le premier programme historique, entourage local. Donc le réseau de proximité, de convivialité. Donc à travers aujourd'hui principalement l'application. qui permet de rejoindre ou de créer des événements en mixité sociale à proximité de chez soi. Donc c'est très simple, vous êtes mardi, vous ne savez pas quoi faire, vous avez envie de participer à un karaoké, vous venez, il se trouve que c'est un événement où il y aura à la fois des personnes isolées et des personnes hors situation d'isolement. Le programme Entourage Pro qui est une idée qui est née aussi du comité de la rue, donc un organe de gouvernement.

  • Daniel Baal

    On en parlera tout à l'heure du comité.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, et qui vise à se dire, pareil, en fait, si vous avez déjà des freins à l'emploi et à la recherche d'emploi, si en plus vous n'avez pas de réseau professionnel, alors qu'aujourd'hui la plupart des offres, elles sont cachées, elles sont non publiques, c'est hyper compliqué. Et donc... comment on peut mobiliser un certain nombre de citoyens, d'acteurs, d'autres personnes dans le projet professionnel de quelqu'un. Ce programme s'appelait avant Linked Out, et maintenant c'est Entourage Pro. Et puis le dernier né, c'est Entourage Sport, parce que pareil, on s'est rendu compte que le sport, au-delà de toutes les valeurs qu'on connaît tous et qu'on a tous vécues particulièrement cet été, pouvait vraiment aussi avoir un côté de catalyseur, de lien, à la fois quand on vibre ensemble dans les événements, on regarde un match ensemble, quelque chose comme ça, c'est une émotion partagée assez forte. Et puis on permet aussi à des clubs de sport de devenir inclusifs. en accueillant des personnes en précarité dans leurs équipes. Et ça, en termes de réinsertion, d'inclusion sociale, c'est extrêmement fort parce qu'évidemment, avoir une équipe qui compte sur vous chaque semaine et qui vous encourage à venir vous entraîner, c'est super puissant.

  • Daniel Baal

    Le sport nous a d'ailleurs fait nous rencontrer puisque c'est à Charletti qu'on s'est vus. Charletti pour un grand meeting international juste avant les Jeux Olympiques de Paris, à l'occasion duquel Entourage s'est vu remettre un chèque par la fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale. un chèque qui a été le fruit des actions collectives de l'ensemble de nos collaboratrices, collaborateurs, nos élus mutualistes qui ont couru pour une bonne cause et la bonne cause que nous avons retenue était Entourage. Et c'est clair que que sans doute le sport est un vecteur d'inclusion, un vecteur de cohésion et que vous puissiez l'appliquer également pour essayer de réinsérer des personnes isolées, quelque chose qui nous parle beaucoup au Crédit Mutuel où nous avons de très forts engagements dans la vie associative et en général mais aussi dans la vie associative sportive. J'aimerais parler d'un sujet qui m'a frappé c'est que lorsque j'ai lu votre tribune, vous avez signé une tribune, dans Ouest France avec un thème fort quand même, la fraternité. Parlez-nous de ça s'il vous plaît.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors cette tribune elle est née de l'initiative du Labo de la Fraternité qui est un collectif qui regroupe différentes associations actives sur le champ de la fraternité et cette idée c'était aussi de répondre à l'interpellation du Premier ministre qui a rappelé dans son discours de politique générale l'importance de la fraternité et de proposer en fait de le prendre au mot mais de manière très positive en soulignant déjà pendant les 100 prochains jours toutes les initiatives qui contribuent aujourd'hui au quotidien à la fraternité sur nos territoires et la fraternité c'est à la fois plein d'actions individuelles c'est le voisin qui vous a rendu un service ce matin mais c'est aussi cette rencontre avec des gens qui sont en tout peut-être un peu plus différent de vous, un peu plus éloigné, et la façon dont on active des solidarités. La fraternité, c'est l'ensemble des bénévoles sur le territoire, ils sont très très nombreux, on a un tissu associatif qui est très actif en France.

  • Daniel Baal

    Un mot fort, un mot fort qui est dans la devise républicaine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Qui est dans la devise, et souvent un petit peu laissé de côté.

  • Daniel Baal

    Exactement, alors que c'est quelque chose qui est vraiment le ciment de ce que doit être la société, une société qui doit être plus... et au Crédit Mutuel, on n'utilise pas souvent le mot de fraternité, on utilise plus souvent celui de solidarité, mais je crois que ce sont deux valeurs qui sont très proches et qui, en tout cas, correspondent pleinement aux actions dans lesquelles vous êtes engagé. et dans lequel nous voulons nous engager en soutenant le monde associatif, et notamment par ce dividende sociétal. Alors vous communiquez, vous communiquez fort actuellement avec une campagne choc.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui.

  • Daniel Baal

    Vous nous en dites quelques mots ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors on a lancé pour cette fin d'année une campagne qui est d'abord une campagne d'interpellation, et puis qui se transformera en campagne de dons ensuite. On est très heureux de l'avoir montée avec des équipes très talentueuses. On a engagé des... photographes et des réalisateurs avec nous, qui ont accepté de bosser avec nous. Et cette campagne, elle visait à avoir un... à résoudre un problème un peu compliqué. En fait, entourage, on parle d'isolement, on parle de lien social, c'est pas hyper visuel. Et donc, comment on fait pour rendre visible ce qui, par définition, est pas visible ? Si vous êtes isolé, c'est que, bah, globalement, on vous voit pas, quoi. Et donc, on est partis sur une idée... que je trouve très sympa, de se dire en fait cet isolement, et c'est ce qu'on disait tout à l'heure, il va vous marquer à vie, parce qu'il va vous empêcher d'être acteur de votre vie, il va vous empêcher d'être à l'initiative de votre vie. Et donc l'idée c'était de se dire, en fait il est là, il vous marque à vie, il est ancré en vous, ses conséquences sont très présentes. Donc ça a débouché sur l'idée de tatouage, et donc on a aujourd'hui une super campagne avec quatre...... personnes qui sont autant de personnes en situation d'isolement qui portent un tatouage qui signifie un peu qui elles sont et les conséquences de l'isolement aussi sur leur vie.

  • Daniel Baal

    On peut parler un petit peu de vous ?

  • Marie-Flore Leclercq

    On peut.

  • Daniel Baal

    Vous avez travaillé en Inde, en Afrique, vous avez rencontré Entourage en 2023. À l'issue d'un processus de recrutement assez long, ça a matché, pour utiliser un terme que vous-même avez utilisé. Alors pourquoi ça a matché et que recherchiez-vous en candidatant pour devenir directrice générale d'Entourage ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors ça a matché. Moi, je n'ai pas candidaté au départ pour ce job. On est venu me chercher. Je connaissais Entourage un peu d'avant parce que je connaissais... un membre de notre conseil d'administration. Et je discutais avec lui de mes réflexions pro. Et puis, il m'a renvoyé un SMS une semaine après en me disant Mais en fait, je suis trop bête. C'est faux, mais bon. On cherche une nouvelle DG pour Entourage. Tu as le profil parfait, parlons-en. Je lui dis Bon, très bien, parlons-en. Et en fait, la première... Évidemment, ça a matché sur les compétences, les savoir-faire, les savoir-être, etc. Mais là où ça a vraiment profondément matché, c'est... La première question que j'ai posée, c'était, vous êtes sympas, mais moi je viens d'une expérience axée à l'énergie en Afrique. La précarité en France et le monde social et associatif en France, j'y connais rien. Comment sont associées les personnes premières concernées ? Parce que je ne connais pas le monde de l'isolement, je ne connais pas de situation de rue. J'espère ne jamais en connaître et comment je risque de faire beaucoup d'erreurs. Et donc, pour moi, le meilleur moyen de se prémunir de ça, c'est d'impliquer les personnes. Et la réponse m'a beaucoup rassurée, puisque c'était le fameux comité de la rue qu'on évoquait tout à l'heure, qui est vraiment un organe qui est dans notre gouvernance et qui nous permet de viser juste, parce qu'il est composé de personnes qui sont ou étaient en situation d'isolement et qui choisissent de bénévolement passer du temps à co-construire avec nous les programmes de l'association. Et c'est là que ça a vraiment matché sur le cœur de ce qui fait pour moi une grande partie d'entourage, c'est la question de l'altérité. Et c'est une question qui, moi, m'intéresse depuis très longtemps.

  • Daniel Baal

    Et donc, vous faites le choix de rejoindre une... une ONG alors que vous pourriez être aujourd'hui cadre dirigeant d'Orange, de Thalès ou d'autres... Oui,

  • Marie-Flore Leclercq

    on ne se serait pas connus.

  • Daniel Baal

    On ne se serait pas connus, mais c'est un choix quand même d'aller dans une ONG plutôt que dans une société capitaliste. Ça signifie aussi que ce monde des ONG, ce monde associatif, représente des valeurs et que vous avez envie de vous engager pour ces valeurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    c'est bien ça oui oui alors moi je trouve enfin entre guillemets le bien sûr c'est très différent évidemment mais j'étais déjà dans un job engagé ou sans certes d'un groupe du cac 40 mais pour autant en faisant le choix d'aller chez entourage c'est aussi un choix qui est Relativement facile dans le sens où l'entourage on a vraiment cet ADN entrepreneurial, cet ADN de social tech. On a un fonctionnement qui est, et comme beaucoup d'associations en fait aujourd'hui, ce sont des personnes qui sont très bien formées, qui sont passées par du privé lucratif ou pas d'ailleurs, mais qui ont, le secteur s'est énormément professionnalisé par rapport à ce que ça pouvait être probablement il y a quelques dizaines d'années. Et donc en fait aujourd'hui on... On retrouve les mêmes méthodes, les mêmes approches, etc. Moi, je trouve que le glissement n'est pas si grand.

  • Daniel Baal

    Cette professionnalisation dont vous parlez est en soi révélatrice. C'est qu'on est obligé aujourd'hui de se professionnaliser dans la lutte contre l'exclusion, parce que malheureusement, cette exclusion est complètement ancrée.

  • Marie-Flore Leclercq

    Parce que cette exclusion est complètement ancrée, et aussi, si on dézoome un peu, les associations répondent à des problèmes. extrêmement complexes, sur lesquels on n'a pas trouvé de business model lucratif, etc. qui pourrait motiver un certain nombre de personnes. Et en fait, évidemment, pour résoudre ce genre de questions, on a besoin de personnes qui soient très organisées, très bien câblées, très intelligentes, très créatives. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, les équipes des associations, ce sont des personnes absolument époustouflantes.

  • Daniel Baal

    Et clés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Et clés, absolument clés.

  • Daniel Baal

    Que serait notre société aujourd'hui, la société française, parlant de ce qu'on connaît, sans le concours des associations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je me suis demandé ce matin ce qui se passerait si tout le monde social se mettait en grève pendant une semaine,

  • Daniel Baal

    pour voir. Ben non, ça serait un drame. Alors, ce comité de la rue, on en a parlé deux, trois fois. Je voudrais vraiment qu'on rentre dedans parce que c'est vraiment un point fondamental. Vous l'avez dit, c'est grâce à ce comité de la rue que l'entourage reste constamment au contact du terrain, ce qui est essentiel. Alors, parlez-nous un peu du fonctionnement de ce comité de la rue. Je suis très curieux.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui, alors le comité de la rue, c'est un organe de gouvernance. Il est défini dans nos statuts. Donc ça, c'est assez important. Ce n'est pas quelque chose... Ça existe depuis le départ et c'est la continuité des premières conversations de Jean-Marc Potvin avec ses voisins de la rue. Et ça a donné naissance dès le départ à ce comité qui est composé de personnes qui ont vécu une expérience significative de l'isolement et qui sont partantes pour témoigner de cette expérience et avoir une réflexion dessus. Qu'est-ce qui s'est joué ? Comment ça aurait pu se jouer différemment ? Aujourd'hui, elles sont réparties. On a des comités de la rue dans différentes antennes. Donc là, on a une présence salariale dans cinq territoires. Antoine, j'ai actif sur plus de territoires. On a des salariés dans cinq territoires. Et ils ont un... Il y a des comités de la rue locaux qui se réunissent chaque mois pour discuter des enjeux locaux du territoire. Et puis un comité de la rue national qui se réunit mensuellement et auquel viennent présenter les membres du comité de la rue qui ont pu choisir d'être référents thématiques, par exemple sur les questions de communication, sur entourage sport, sur entourage pro, sur l'engagement des bénévoles, etc. Et donc chacun... de ces référents thématiques vient présenter au reste du comité ce qui a avancé pendant le mois. Donc le but du comité de la rue, c'est vraiment, dans les comités de la rue nationaux sont présents la directrice générale, un autre membre du Codire au moins, et puis notre président, Jean-Marc Podvin, et les membres du comité de la rue. Et c'est vraiment l'idée de, moi je résume leur mission en trois phases, initier, co-construire et valider. Et toutes les grandes orientations de l'association passent par eux. Par exemple, on parlait de la campagne de com. Une fois qu'il y a eu cette première idée de campagne de com, elle a été présentée au comité de la rue, qui a aidé à l'améliorer, à améliorer qui devaient être les profils des personnes, qu'est-ce qui devrait être écrit sur les tatouages, quel est le texte qui doit accompagner. Et typiquement, l'année dernière, on avait eu une autre idée d'une autre campagne, qui a été complètement rejetée par le comité de la rue, dans les grandes largeurs. Et en fait... Nous, c'était... Leur crainte, c'était quelque chose que nous, on avait identifié en bon, peut-être que ça Et en fait, eux, c'était avec leur expérience et avec... En sachant comment ça allait être ressenti par les personnes en situation d'isolement, ils nous ont dit ça c'est pas possible, c'est peut-être très rigolo, mais c'est pas possible C'était rigolo, mais ça ne suffit pas.

  • Daniel Baal

    Et là, vous parlez de communication, mais j'imagine que dans ce comité de la rue, tout au long de l'année, on est sur des réponses très concrètes à des problématiques qui peuvent se poser. Est-ce que vous pourriez donner quelques illustrations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr, alors au comité de la rue, on aborde plein de sujets. Comment on engage les bénévoles ? Qu'est-ce qu'on fait à tel événement ? Comment on s'y prend pour le réveillon de Noël cette année ? Et puis, on aborde des questions stratégiques. Dans quelle direction doit aller l'association ? Et puis, on aborde aussi, il y a plusieurs projets qui ont été initiés par le comité de la rue. Entourage pro, typiquement, c'est... on organise des sensibilisations en entreprise avec des témoignages des membres du comité de la rue. Et donc Eric, qui était membre du comité de la rue, qui a partagé son expérience à la BNP. Puis il y a quelqu'un qui est venu le voir à la fin, qui lui a dit Attends, c'est pas possible, tu parles cinq langues, c'est sûr qu'on va te trouver quelque chose Et aujourd'hui, Eric bosse à la BNP depuis plusieurs années désormais. Et à ce moment-là, Eric nous a dit En fait, ce qu'on fait chez Antoine, avec cette notion de réseau, de lien social, ça pourrait aussi servir dans une visée d'insertion professionnelle.

  • Daniel Baal

    C'est vraiment très vertueux comme démarche.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est très intégré, très horizontal, et surtout, je trouve que ce n'est absolument pas cosmétique. C'est vraiment au cœur de ce qu'on fait, et c'est un impact phénoménal, parce qu'en fait, une association a des moyens forcément limités par rapport à l'ampleur de la tâche qui est la nôtre. Et en fait, ce comité de la rue, leur présence, ça nous permet d'aller viser beaucoup plus juste. Donc ça nous permet d'itérer... d'avoir moins besoin d'itérer, de savoir quand on lance quelque chose, les gros chantiers, alors bien sûr il y a des choses qu'on teste et qui ne marchent pas, mais les gros chantiers, les grosses choses, à chaque fois, elles sont justes, et à chaque fois elles fonctionnent.

  • Daniel Baal

    Vous venez de parler d'horizontale, et je sais que l'horizontalité est une idée qui vous tient beaucoup à cœur, ce serait intéressant que vous nous disiez ce que cela représente pour vous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors l'horizontalité, c'est vrai que c'est un... terme parfois un peu compliqué. Notre valeur, c'est même promouvoir l'horizontalité. C'est aussi l'idée de témoigner de ce qu'on vit, de ce qui se vit chez Entourage. Et chez Entourage, on a vraiment cette... En fait, on ne parle pas d'aide, on ne parle pas de bénéficiaires. Nos bénéficiaires, ce sont aussi bien les personnes en situation d'isolement que hors situation d'isolement. En fait, ce qu'on se rend compte, c'est que souvent, les personnes en situation d'inclusion Elles viennent avec un peu l'idée d'aller faire leur bonne action, d'agir, etc. Et c'est très bien. Et nous, on utilise un peu ce prétexte-là pour les faire venir. Mais à la fin, elles s'en retrouvent transformées. C'est 94% des gens qui changent leur rapport aux autres. Du coup, ce que je trouve très, très fort là-dedans, c'est que ce n'est pas uniquement leur regard sur la personne en pr��carité qu'elles ont rencontré, pas uniquement leur regard sur la précarité, mais vraiment leur rapport à l'autre de manière générale. Et ça c'est aussi assez puissant quand on engage des entreprises et qu'on propose à leurs collaborateurs de participer à nos actions, parce qu'en fait ils en retirent un collectif qui est plus uni, plus résilient et donc plus performant, parce qu'au sein même de leur équipe, le fait d'avoir partagé un moment avec des personnes en situation d'isolement, ça va permettre à chacun de... considérer un tout petit peu différemment peut-être qu'en fait la personne en face de moi là elle dit que tout va bien en même temps qu'elle boit un café mais peut-être qu'en train de traverser une épreuve et ça je dois le prendre en considération et ça vous le faites dans le quotidien et vous

  • Daniel Baal

    donner une notion concrète à cette horizontalité. Il y a un autre sujet qui, lorsqu'on parle d'exclusion, m'interpelle toujours, c'est le sujet des préjugés. Et j'imagine que c'est quelque chose contre quoi vous devez lutter constamment dans votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui et non. Bien sûr, on a tous énormément de préjugés. Ce n'est pas franchement une lutte. C'est normal. Et je pense qu'on en a tous, même ceux qui sont chez Entourage depuis très longtemps, on continue d'avoir des préjugés. C'est complètement normal. Nous, notre rôle, c'est aussi d'aller les débunker, de proposer une information, de proposer aussi des formats où les gens sont justement libres de venir de manière absolument... où ils ne vont être absolument pas jugés. de dire bon, moi j'avoue qu'en fait, j'ai un peu cette image-là, je ne sais pas si c'est très vrai, ou pour moi, c'est sûr que toutes les personnes SDF sont ceci, sont cela. Et donc nous, on essaye de casser ça.

  • Daniel Baal

    La précarité, c'est un thème malheureusement trop présent aujourd'hui. Des rapports sont régulièrement écrits sur le sujet. Malheureusement, on voit que cette précarité est en hausse. Au-delà des chiffres, quels sont les points qui vous alertent le plus sur ce sujet de précarité en France ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Il y en a beaucoup. Déjà, il y a des chiffres qui sont vraiment alarmants. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière.

  • Daniel Baal

    On cite le chiffre de 3000 enfants.

  • Marie-Flore Leclercq

    3000 enfants, oui.

  • Daniel Baal

    C'est insupportable.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est insupportable, exactement. Et c'est pour ça que ce que je disais au départ, on a besoin aussi de toutes les actions qui sont destinées au logement, à l'aide alimentaire, etc. On a besoin de tout ça. Et puis d'autres chiffres qui sont sur l'isolement et qui sont impressionnants, c'est la part de l'isolement qui est toujours croissante. Aujourd'hui, en France, une personne sur cinq se sent seule. régulièrement. Alors la solitude, c'est différent de l'isolement, mais on a un sentiment de solitude. 4,3% de ces personnes-là en souffrent. Une personne sur trois a un réseau de sociabilité au moins 12% qui est totalement isolé. En fait, ces chiffres-là, ils ne font que croître. Et ce qui est assez... ce qui moi m'inquiète aussi, c'est que c'est extrêmement corrélé à la santé mentale des personnes. Et c'est très présent dans toutes les classes d'âge en fait. Il y a à la fois des personnes âgées isolées, ça c'est un peu l'image qu'on peut avoir, mais il y a aussi beaucoup beaucoup de jeunes. Et nous, on voit pas mal de jeunes dans nos programmes qui souffrent aujourd'hui d'un véritable isolement à une période de leur vie où on imagine qu'ils sont plutôt en train de la construire, en train de nouer énormément d'opportunités, etc. Et en fait, en plus, ils souffrent particulièrement de ce décalage entre ce qu'ils vivent et ce qu'on leur renvoie de ce que cette période de la vie devrait être.

  • Daniel Baal

    Et vous tendez la main pour justement sortir de cet isolement ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr. Et on permet surtout à chacun.

  • Daniel Baal

    de temps de la main. Exactement et c'est ce qui est tout à fait intéressant et grâce notamment à l'application dont on parlait depuis l'origine. Alors vous êtes une association, vos revenus c'est essentiellement les soutiens que vous apportent des entreprises et nous sommes ravis chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale d'être à vos côtés notamment grâce aux dividendes sociétal. Comment résumez-vous l'impact d'Entourage grâce à ses financements ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Aujourd'hui, Entourage vit des dons des particuliers et des entreprises, et une toute petite partie de subventions publiques. L'impact est majeur. Tout ce qu'on fait n'existe que grâce à ça, et à l'engagement de nos bénévoles. En gros, c'est ça nos deux ressources principales. Et donc, ce qu'on a fait avec le Crédit Mutuel depuis 2022, ça nous a permis d'essaimer Entourage dans huit nouveaux territoires. Ça nous permet aujourd'hui de lancer Entourage Sport, qui initialement était uniquement à Paris, qui depuis septembre est à Lyon. Ça cartonne et de continuer de le déployer dans de nouvelles villes, ainsi que le programme Entourage Local. Et donc, ça nous permet, nous, de remplir notre mission.

  • Daniel Baal

    Entourage à 10 ans, quel chemin parcouru ? On est en fin d'année, généralement on se projette sur l'année suivante. Quels sont vos grands projets pour 2025 ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors nos grands projets, nos grands enjeux surtout, c'est la question de la complémentarité. Avoir 10 ans, ça nous place dans une position, initialement, ce côté très innovant, tech, etc. Ça a fait lever quelques sourcils de personnes, de structures qui aujourd'hui sont nos partenaires associés. Mais c'est aujourd'hui, du coup, on a été au départ, du coup, aussi été obligé de faire un peu tout nous-mêmes. Et aujourd'hui, on est reconnu et légitime pour construire des partenariats et se concentrer là où Entourage apporte un impact ajouté, différenciant vraiment sur cette partie réseau. Et donc, typiquement, dans nos grands enjeux de l'année, il y a comment j'arrive à... ce qu'on sait faire, la magie d'entourage, de créer de la mixité sociale dans des événements, comment j'arrive à faire en sorte qu'elle existe aussi dans des événements qui ne sont pas organisés par entourage. Aujourd'hui, sur l'application, c'est 50% d'événements organisés par nos bénévoles, 50% organisés par d'autres. Et cette proportion, en fait, on espère que Satan a de plus en plus d'événements externes, qu'ils soient de plus en plus nombreux, et qu'en fait, nos bénévoles, ils ont un rôle de garant, d'animateur de la mixité sociale dans des événements qu'ils n'auraient pas forcément organisés. Parce qu'ils organisent des événements super, mais ça, il y a plein de gens qui savent le faire.

  • Daniel Baal

    Une autre forme d'horizontalité, d'ailleurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement.

  • Daniel Baal

    On va arriver au terme de cet échange et j'espère que la diffusion de cet échange contribuera justement à mieux faire connaître encore en toi, à créer davantage de liens. Et pour terminer, ces quelques questions, c'est un peu personnel que j'aimerais vous poser.

  • Marie-Flore Leclercq

    Ok, allons-y.

  • Daniel Baal

    D'abord, quelle personne vous inspire ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Quelle personne m'inspire ? Beaucoup de monde. Déjà, en réalité, je trouve ça super ce que fait le Crédit Mutuel, l'Alliance fédérale.

  • Daniel Baal

    On ne peut pas demander à ce que vous êtes bien de nous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Mais une personne,

  • Daniel Baal

    c'est vrai. C'est fondamental pour nous d'être dans l'action et en tant qu'entreprise à mission. Notre première finalité, c'est évidemment d'apporter la satisfaction à nos sociétés et clients, de veiller à la pérennité de l'entreprise, à être performant, mais être acteur du bien commun est pour nous important.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, et c'est très inspirant. Et sinon, je dirais Gaëtan Noyer, qui dirige avec un fondé de Good Lobby, qui est un lobby au service du bien commun, et qui a entre autres monté une initiative qui s'appelle Les Oubliés de la République. entourage fait partie, qui vise à promouvoir la parole et le savoir et l'expertise des personnes oubliées de la République, donc détenues, sortant de prison, personnes à rue, en situation de prostitution ou avec l'aide sociale à l'enfance auprès des des élus locaux et nationaux.

  • Daniel Baal

    Nous aurons dans quelques jours un deuxième épisode de conversation et mon invité sera Patrice Douré, président des Restos du Coeur. J'aimerais bien qu'on puisse avoir un lien entre les uns et les autres. Tout simplement, quelle est la question que vous aimeriez poser à Patrice Douré ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je finirais assise sur ce canapé. je pense qu'on a beaucoup parlé d'horizontalité je pense que chez Entourage on est assez pionniers là-dessus, assez reconnus pour ça et on témoigne auprès d'autres acteurs et ce qu'on voit c'est aussi que c'est très compliqué pour les autres quand c'est pas forcément dans leur ADN au départ et peut-être que la question Patrice ce serait comment dans une organisation aussi grande avec autant d'histoires... et puis une organisation aussi très territorialisée, etc. Comment les Restos du Coeur impliquent les personnes premières concernées ?

  • Daniel Baal

    Je lui poserai la question. C'est 40 ans d'histoire pour les Restos du Coeur, c'est 10 ans pour Antoine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà.

  • Daniel Baal

    Et j'espère, je souhaite en tout cas à Antoine de continuer à faire cette œuvre extrêmement utile que vous faites. Merci beaucoup Marie-Flore d'avoir accepté. cette invitation. Ça a été une première. En tout cas, pour notre public, je vais lui dire que je l'invite à aller sur le site d'Entourage pour en savoir plus. Et puis, peut-être aller plus loin qu'aller juste sur le site. pour être un acteur, puisque chacun peut finalement être acteur à vos côtés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, vous pouvez nous soutenir à travers nos actions. Et puis, c'est la fin de l'année, cette campagne dont on a parlé, dans les enjeux 2025. Et puis, avec toutes les inquiétudes qu'il y a sur les soutiens publics, on compte aussi sur les acteurs individuels et les acteurs comme Crédit Mutuel.

  • Daniel Baal

    Merci beaucoup, Marie-Flore, et bonne continuation de votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Merci beaucoup.

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Description

Dans ce premier épisode de CONVERSATION, Marie-Flore Leclercq, Directrice générale d’Entourage, est l'invitée de Daniel Baal, Président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. 

Entourage est une association qui lutte contre la précarité et l’exclusion en engageant les citoyens notamment en utilisant le sport comme vecteur d’inclusion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie-Flore Leclercq

    12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien aujourd'hui en France, une personne sur cinq se sent seule régulièrement. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière. C'est insupportable.

  • Daniel Baal

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans le premier épisode de Conversation, où l'on plonge dans le quotidien de celles et ceux qui s'engagent pour un monde plus juste. Dans Conversation, j'aurai le plaisir d'accueillir des personnalités engagées, du monde associatif soutenu, par le dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Nous parlerons d'engagement, de mission, de défi, un moment d'échange pour remonter le fil de leur vie et comprendre ce qui a façonné leurs idées et motivé leur combat. Aujourd'hui, nous plongeons dans l'histoire d'Entourage et nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Marie-Flore Leclerc, directrice générale d'Entourage depuis 2023. Ingénieur formé à l'école centrale Supélec, vous êtes destiné à une carrière d'ingénieur. Vous avez d'ailleurs travaillé en Inde et en Afrique et nous y reviendrons. Et pourtant, vous avez choisi de vous tourner vers le monde associatif. Bonjour Marie-Flore.

  • Marie-Flore Leclercq

    Bonjour Daniel.

  • Daniel Baal

    En préparant cette émission, je vous ai demandé de venir... avec un objet qui symbolise tout particulièrement l'activité de votre association. C'est le moment de nous le présenter.

  • Marie-Flore Leclercq

    Sans surprise, un smartphone, en particulier, je ne sais pas si vous verrez suffisamment à l'écran, l'application Entourage, qui est donc aujourd'hui la plateforme sur laquelle se déploient nos actions.

  • Daniel Baal

    Très important, parce que finalement, vous avez fait du smartphone un outil d'intégration, un outil d'intégration pour les gens qui sont dans la rue. Et c'est très marquant, c'est très différenciant par rapport à l'usage que vous, moi et le public fait d'un smartphone qui est pour s'informer, pour jouer.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement. Alors pour nous aussi, finalement, les smartphones sont un outil d'intégration, un outil d'accès au service public, d'accès à plein d'informations et puis de relations. Je pense tous, beaucoup d'applications de messagerie. Et en fait, l'idée d'Entourage, ça a été de se dire... L'idée de l'usage de la tech chez Entourage, c'est de dire que ce potentiel-là, on peut aussi le mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin, de ceux qui sont le plus isolés et qui ont besoin de se reconstituer des réseaux de soutien.

  • Daniel Baal

    L'idée vous est venue par la pratique que vous aviez du contact de ces personnes isolées,

  • Marie-Flore Leclercq

    j'imagine ? Exactement. Au départ, Jean-Marc Peau de Vin, c'est la phrase que vous partagez. Lui, c'est un entrepreneur de la tech. Il a fait un constat assez simple. Il suffit d'aller dans la rue pour se rendre compte qu'on a beau mettre énormément de moyens dans la lutte contre la précarité, la précarité elle continue d'exister. L'isolement social, aujourd'hui en France c'est 12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien, aucun réseau social, et que c'était en fait un levier sur lequel il y avait très peu d'action, et sur lequel il était possible d'agir. Et il est possible d'agir en tant que citoyen. Donc Entourage, c'est vraiment un mouvement d'engagement citoyen. C'est aussi pour ça qu'on mobilise la technologie, parce que c'est le meilleur moyen, un des meilleurs moyens d'engager le plus de monde possible.

  • Daniel Baal

    Allons plus loin dans les missions d'Entourage. Vous avez un certain nombre d'actions. Ce n'est pas uniquement une application mobile.

  • Marie-Flore Leclercq

    Non, exactement. Aujourd'hui, notre mission, c'est de redonner des réseaux de soutien. C'est d'engager chacun dans ces réseaux de soutien avec les plus isolés. grâce à la tech, et on fait ça sur les différents types de réseaux dont chacun d'entre nous devrait pouvoir bénéficier. Et pourquoi on devrait avoir ces réseaux ? Simplement parce que quand vous ne les avez pas, et que la vie vous envoie une baffe, ce qu'elle fait à chacun d'entre nous à un moment donné, je pense qu'on peut tous et toutes en témoigner, si vous n'avez pas ces réseaux, alors c'est à ce moment-là que cette baffe va devenir une vraie rupture dans votre vie, et que vous allez tomber dans une situation de précarité. Parce que vous n'avez personne pour vous prêter un bout de canapé, parce qu'il n'y a personne pour vous filer le job alimentaire dont vous avez besoin pour traverser une période de deuil, de rupture, de maladie, d'édance. Il y a plein de formats de moments qui sont un peu tangents dans la vie. Et soit on a des gens vers qui se tourner, soit on ne les a pas. Et quand on ne les a pas, c'est très compliqué de s'en sortir.

  • Daniel Baal

    Vous avez trois programmes phares.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, donc trois programmes sur ces réseaux. Le premier programme historique, entourage local. Donc le réseau de proximité, de convivialité. Donc à travers aujourd'hui principalement l'application. qui permet de rejoindre ou de créer des événements en mixité sociale à proximité de chez soi. Donc c'est très simple, vous êtes mardi, vous ne savez pas quoi faire, vous avez envie de participer à un karaoké, vous venez, il se trouve que c'est un événement où il y aura à la fois des personnes isolées et des personnes hors situation d'isolement. Le programme Entourage Pro qui est une idée qui est née aussi du comité de la rue, donc un organe de gouvernement.

  • Daniel Baal

    On en parlera tout à l'heure du comité.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, et qui vise à se dire, pareil, en fait, si vous avez déjà des freins à l'emploi et à la recherche d'emploi, si en plus vous n'avez pas de réseau professionnel, alors qu'aujourd'hui la plupart des offres, elles sont cachées, elles sont non publiques, c'est hyper compliqué. Et donc... comment on peut mobiliser un certain nombre de citoyens, d'acteurs, d'autres personnes dans le projet professionnel de quelqu'un. Ce programme s'appelait avant Linked Out, et maintenant c'est Entourage Pro. Et puis le dernier né, c'est Entourage Sport, parce que pareil, on s'est rendu compte que le sport, au-delà de toutes les valeurs qu'on connaît tous et qu'on a tous vécues particulièrement cet été, pouvait vraiment aussi avoir un côté de catalyseur, de lien, à la fois quand on vibre ensemble dans les événements, on regarde un match ensemble, quelque chose comme ça, c'est une émotion partagée assez forte. Et puis on permet aussi à des clubs de sport de devenir inclusifs. en accueillant des personnes en précarité dans leurs équipes. Et ça, en termes de réinsertion, d'inclusion sociale, c'est extrêmement fort parce qu'évidemment, avoir une équipe qui compte sur vous chaque semaine et qui vous encourage à venir vous entraîner, c'est super puissant.

  • Daniel Baal

    Le sport nous a d'ailleurs fait nous rencontrer puisque c'est à Charletti qu'on s'est vus. Charletti pour un grand meeting international juste avant les Jeux Olympiques de Paris, à l'occasion duquel Entourage s'est vu remettre un chèque par la fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale. un chèque qui a été le fruit des actions collectives de l'ensemble de nos collaboratrices, collaborateurs, nos élus mutualistes qui ont couru pour une bonne cause et la bonne cause que nous avons retenue était Entourage. Et c'est clair que que sans doute le sport est un vecteur d'inclusion, un vecteur de cohésion et que vous puissiez l'appliquer également pour essayer de réinsérer des personnes isolées, quelque chose qui nous parle beaucoup au Crédit Mutuel où nous avons de très forts engagements dans la vie associative et en général mais aussi dans la vie associative sportive. J'aimerais parler d'un sujet qui m'a frappé c'est que lorsque j'ai lu votre tribune, vous avez signé une tribune, dans Ouest France avec un thème fort quand même, la fraternité. Parlez-nous de ça s'il vous plaît.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors cette tribune elle est née de l'initiative du Labo de la Fraternité qui est un collectif qui regroupe différentes associations actives sur le champ de la fraternité et cette idée c'était aussi de répondre à l'interpellation du Premier ministre qui a rappelé dans son discours de politique générale l'importance de la fraternité et de proposer en fait de le prendre au mot mais de manière très positive en soulignant déjà pendant les 100 prochains jours toutes les initiatives qui contribuent aujourd'hui au quotidien à la fraternité sur nos territoires et la fraternité c'est à la fois plein d'actions individuelles c'est le voisin qui vous a rendu un service ce matin mais c'est aussi cette rencontre avec des gens qui sont en tout peut-être un peu plus différent de vous, un peu plus éloigné, et la façon dont on active des solidarités. La fraternité, c'est l'ensemble des bénévoles sur le territoire, ils sont très très nombreux, on a un tissu associatif qui est très actif en France.

  • Daniel Baal

    Un mot fort, un mot fort qui est dans la devise républicaine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Qui est dans la devise, et souvent un petit peu laissé de côté.

  • Daniel Baal

    Exactement, alors que c'est quelque chose qui est vraiment le ciment de ce que doit être la société, une société qui doit être plus... et au Crédit Mutuel, on n'utilise pas souvent le mot de fraternité, on utilise plus souvent celui de solidarité, mais je crois que ce sont deux valeurs qui sont très proches et qui, en tout cas, correspondent pleinement aux actions dans lesquelles vous êtes engagé. et dans lequel nous voulons nous engager en soutenant le monde associatif, et notamment par ce dividende sociétal. Alors vous communiquez, vous communiquez fort actuellement avec une campagne choc.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui.

  • Daniel Baal

    Vous nous en dites quelques mots ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors on a lancé pour cette fin d'année une campagne qui est d'abord une campagne d'interpellation, et puis qui se transformera en campagne de dons ensuite. On est très heureux de l'avoir montée avec des équipes très talentueuses. On a engagé des... photographes et des réalisateurs avec nous, qui ont accepté de bosser avec nous. Et cette campagne, elle visait à avoir un... à résoudre un problème un peu compliqué. En fait, entourage, on parle d'isolement, on parle de lien social, c'est pas hyper visuel. Et donc, comment on fait pour rendre visible ce qui, par définition, est pas visible ? Si vous êtes isolé, c'est que, bah, globalement, on vous voit pas, quoi. Et donc, on est partis sur une idée... que je trouve très sympa, de se dire en fait cet isolement, et c'est ce qu'on disait tout à l'heure, il va vous marquer à vie, parce qu'il va vous empêcher d'être acteur de votre vie, il va vous empêcher d'être à l'initiative de votre vie. Et donc l'idée c'était de se dire, en fait il est là, il vous marque à vie, il est ancré en vous, ses conséquences sont très présentes. Donc ça a débouché sur l'idée de tatouage, et donc on a aujourd'hui une super campagne avec quatre...... personnes qui sont autant de personnes en situation d'isolement qui portent un tatouage qui signifie un peu qui elles sont et les conséquences de l'isolement aussi sur leur vie.

  • Daniel Baal

    On peut parler un petit peu de vous ?

  • Marie-Flore Leclercq

    On peut.

  • Daniel Baal

    Vous avez travaillé en Inde, en Afrique, vous avez rencontré Entourage en 2023. À l'issue d'un processus de recrutement assez long, ça a matché, pour utiliser un terme que vous-même avez utilisé. Alors pourquoi ça a matché et que recherchiez-vous en candidatant pour devenir directrice générale d'Entourage ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors ça a matché. Moi, je n'ai pas candidaté au départ pour ce job. On est venu me chercher. Je connaissais Entourage un peu d'avant parce que je connaissais... un membre de notre conseil d'administration. Et je discutais avec lui de mes réflexions pro. Et puis, il m'a renvoyé un SMS une semaine après en me disant Mais en fait, je suis trop bête. C'est faux, mais bon. On cherche une nouvelle DG pour Entourage. Tu as le profil parfait, parlons-en. Je lui dis Bon, très bien, parlons-en. Et en fait, la première... Évidemment, ça a matché sur les compétences, les savoir-faire, les savoir-être, etc. Mais là où ça a vraiment profondément matché, c'est... La première question que j'ai posée, c'était, vous êtes sympas, mais moi je viens d'une expérience axée à l'énergie en Afrique. La précarité en France et le monde social et associatif en France, j'y connais rien. Comment sont associées les personnes premières concernées ? Parce que je ne connais pas le monde de l'isolement, je ne connais pas de situation de rue. J'espère ne jamais en connaître et comment je risque de faire beaucoup d'erreurs. Et donc, pour moi, le meilleur moyen de se prémunir de ça, c'est d'impliquer les personnes. Et la réponse m'a beaucoup rassurée, puisque c'était le fameux comité de la rue qu'on évoquait tout à l'heure, qui est vraiment un organe qui est dans notre gouvernance et qui nous permet de viser juste, parce qu'il est composé de personnes qui sont ou étaient en situation d'isolement et qui choisissent de bénévolement passer du temps à co-construire avec nous les programmes de l'association. Et c'est là que ça a vraiment matché sur le cœur de ce qui fait pour moi une grande partie d'entourage, c'est la question de l'altérité. Et c'est une question qui, moi, m'intéresse depuis très longtemps.

  • Daniel Baal

    Et donc, vous faites le choix de rejoindre une... une ONG alors que vous pourriez être aujourd'hui cadre dirigeant d'Orange, de Thalès ou d'autres... Oui,

  • Marie-Flore Leclercq

    on ne se serait pas connus.

  • Daniel Baal

    On ne se serait pas connus, mais c'est un choix quand même d'aller dans une ONG plutôt que dans une société capitaliste. Ça signifie aussi que ce monde des ONG, ce monde associatif, représente des valeurs et que vous avez envie de vous engager pour ces valeurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    c'est bien ça oui oui alors moi je trouve enfin entre guillemets le bien sûr c'est très différent évidemment mais j'étais déjà dans un job engagé ou sans certes d'un groupe du cac 40 mais pour autant en faisant le choix d'aller chez entourage c'est aussi un choix qui est Relativement facile dans le sens où l'entourage on a vraiment cet ADN entrepreneurial, cet ADN de social tech. On a un fonctionnement qui est, et comme beaucoup d'associations en fait aujourd'hui, ce sont des personnes qui sont très bien formées, qui sont passées par du privé lucratif ou pas d'ailleurs, mais qui ont, le secteur s'est énormément professionnalisé par rapport à ce que ça pouvait être probablement il y a quelques dizaines d'années. Et donc en fait aujourd'hui on... On retrouve les mêmes méthodes, les mêmes approches, etc. Moi, je trouve que le glissement n'est pas si grand.

  • Daniel Baal

    Cette professionnalisation dont vous parlez est en soi révélatrice. C'est qu'on est obligé aujourd'hui de se professionnaliser dans la lutte contre l'exclusion, parce que malheureusement, cette exclusion est complètement ancrée.

  • Marie-Flore Leclercq

    Parce que cette exclusion est complètement ancrée, et aussi, si on dézoome un peu, les associations répondent à des problèmes. extrêmement complexes, sur lesquels on n'a pas trouvé de business model lucratif, etc. qui pourrait motiver un certain nombre de personnes. Et en fait, évidemment, pour résoudre ce genre de questions, on a besoin de personnes qui soient très organisées, très bien câblées, très intelligentes, très créatives. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, les équipes des associations, ce sont des personnes absolument époustouflantes.

  • Daniel Baal

    Et clés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Et clés, absolument clés.

  • Daniel Baal

    Que serait notre société aujourd'hui, la société française, parlant de ce qu'on connaît, sans le concours des associations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je me suis demandé ce matin ce qui se passerait si tout le monde social se mettait en grève pendant une semaine,

  • Daniel Baal

    pour voir. Ben non, ça serait un drame. Alors, ce comité de la rue, on en a parlé deux, trois fois. Je voudrais vraiment qu'on rentre dedans parce que c'est vraiment un point fondamental. Vous l'avez dit, c'est grâce à ce comité de la rue que l'entourage reste constamment au contact du terrain, ce qui est essentiel. Alors, parlez-nous un peu du fonctionnement de ce comité de la rue. Je suis très curieux.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui, alors le comité de la rue, c'est un organe de gouvernance. Il est défini dans nos statuts. Donc ça, c'est assez important. Ce n'est pas quelque chose... Ça existe depuis le départ et c'est la continuité des premières conversations de Jean-Marc Potvin avec ses voisins de la rue. Et ça a donné naissance dès le départ à ce comité qui est composé de personnes qui ont vécu une expérience significative de l'isolement et qui sont partantes pour témoigner de cette expérience et avoir une réflexion dessus. Qu'est-ce qui s'est joué ? Comment ça aurait pu se jouer différemment ? Aujourd'hui, elles sont réparties. On a des comités de la rue dans différentes antennes. Donc là, on a une présence salariale dans cinq territoires. Antoine, j'ai actif sur plus de territoires. On a des salariés dans cinq territoires. Et ils ont un... Il y a des comités de la rue locaux qui se réunissent chaque mois pour discuter des enjeux locaux du territoire. Et puis un comité de la rue national qui se réunit mensuellement et auquel viennent présenter les membres du comité de la rue qui ont pu choisir d'être référents thématiques, par exemple sur les questions de communication, sur entourage sport, sur entourage pro, sur l'engagement des bénévoles, etc. Et donc chacun... de ces référents thématiques vient présenter au reste du comité ce qui a avancé pendant le mois. Donc le but du comité de la rue, c'est vraiment, dans les comités de la rue nationaux sont présents la directrice générale, un autre membre du Codire au moins, et puis notre président, Jean-Marc Podvin, et les membres du comité de la rue. Et c'est vraiment l'idée de, moi je résume leur mission en trois phases, initier, co-construire et valider. Et toutes les grandes orientations de l'association passent par eux. Par exemple, on parlait de la campagne de com. Une fois qu'il y a eu cette première idée de campagne de com, elle a été présentée au comité de la rue, qui a aidé à l'améliorer, à améliorer qui devaient être les profils des personnes, qu'est-ce qui devrait être écrit sur les tatouages, quel est le texte qui doit accompagner. Et typiquement, l'année dernière, on avait eu une autre idée d'une autre campagne, qui a été complètement rejetée par le comité de la rue, dans les grandes largeurs. Et en fait... Nous, c'était... Leur crainte, c'était quelque chose que nous, on avait identifié en bon, peut-être que ça Et en fait, eux, c'était avec leur expérience et avec... En sachant comment ça allait être ressenti par les personnes en situation d'isolement, ils nous ont dit ça c'est pas possible, c'est peut-être très rigolo, mais c'est pas possible C'était rigolo, mais ça ne suffit pas.

  • Daniel Baal

    Et là, vous parlez de communication, mais j'imagine que dans ce comité de la rue, tout au long de l'année, on est sur des réponses très concrètes à des problématiques qui peuvent se poser. Est-ce que vous pourriez donner quelques illustrations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr, alors au comité de la rue, on aborde plein de sujets. Comment on engage les bénévoles ? Qu'est-ce qu'on fait à tel événement ? Comment on s'y prend pour le réveillon de Noël cette année ? Et puis, on aborde des questions stratégiques. Dans quelle direction doit aller l'association ? Et puis, on aborde aussi, il y a plusieurs projets qui ont été initiés par le comité de la rue. Entourage pro, typiquement, c'est... on organise des sensibilisations en entreprise avec des témoignages des membres du comité de la rue. Et donc Eric, qui était membre du comité de la rue, qui a partagé son expérience à la BNP. Puis il y a quelqu'un qui est venu le voir à la fin, qui lui a dit Attends, c'est pas possible, tu parles cinq langues, c'est sûr qu'on va te trouver quelque chose Et aujourd'hui, Eric bosse à la BNP depuis plusieurs années désormais. Et à ce moment-là, Eric nous a dit En fait, ce qu'on fait chez Antoine, avec cette notion de réseau, de lien social, ça pourrait aussi servir dans une visée d'insertion professionnelle.

  • Daniel Baal

    C'est vraiment très vertueux comme démarche.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est très intégré, très horizontal, et surtout, je trouve que ce n'est absolument pas cosmétique. C'est vraiment au cœur de ce qu'on fait, et c'est un impact phénoménal, parce qu'en fait, une association a des moyens forcément limités par rapport à l'ampleur de la tâche qui est la nôtre. Et en fait, ce comité de la rue, leur présence, ça nous permet d'aller viser beaucoup plus juste. Donc ça nous permet d'itérer... d'avoir moins besoin d'itérer, de savoir quand on lance quelque chose, les gros chantiers, alors bien sûr il y a des choses qu'on teste et qui ne marchent pas, mais les gros chantiers, les grosses choses, à chaque fois, elles sont justes, et à chaque fois elles fonctionnent.

  • Daniel Baal

    Vous venez de parler d'horizontale, et je sais que l'horizontalité est une idée qui vous tient beaucoup à cœur, ce serait intéressant que vous nous disiez ce que cela représente pour vous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors l'horizontalité, c'est vrai que c'est un... terme parfois un peu compliqué. Notre valeur, c'est même promouvoir l'horizontalité. C'est aussi l'idée de témoigner de ce qu'on vit, de ce qui se vit chez Entourage. Et chez Entourage, on a vraiment cette... En fait, on ne parle pas d'aide, on ne parle pas de bénéficiaires. Nos bénéficiaires, ce sont aussi bien les personnes en situation d'isolement que hors situation d'isolement. En fait, ce qu'on se rend compte, c'est que souvent, les personnes en situation d'inclusion Elles viennent avec un peu l'idée d'aller faire leur bonne action, d'agir, etc. Et c'est très bien. Et nous, on utilise un peu ce prétexte-là pour les faire venir. Mais à la fin, elles s'en retrouvent transformées. C'est 94% des gens qui changent leur rapport aux autres. Du coup, ce que je trouve très, très fort là-dedans, c'est que ce n'est pas uniquement leur regard sur la personne en pr��carité qu'elles ont rencontré, pas uniquement leur regard sur la précarité, mais vraiment leur rapport à l'autre de manière générale. Et ça c'est aussi assez puissant quand on engage des entreprises et qu'on propose à leurs collaborateurs de participer à nos actions, parce qu'en fait ils en retirent un collectif qui est plus uni, plus résilient et donc plus performant, parce qu'au sein même de leur équipe, le fait d'avoir partagé un moment avec des personnes en situation d'isolement, ça va permettre à chacun de... considérer un tout petit peu différemment peut-être qu'en fait la personne en face de moi là elle dit que tout va bien en même temps qu'elle boit un café mais peut-être qu'en train de traverser une épreuve et ça je dois le prendre en considération et ça vous le faites dans le quotidien et vous

  • Daniel Baal

    donner une notion concrète à cette horizontalité. Il y a un autre sujet qui, lorsqu'on parle d'exclusion, m'interpelle toujours, c'est le sujet des préjugés. Et j'imagine que c'est quelque chose contre quoi vous devez lutter constamment dans votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui et non. Bien sûr, on a tous énormément de préjugés. Ce n'est pas franchement une lutte. C'est normal. Et je pense qu'on en a tous, même ceux qui sont chez Entourage depuis très longtemps, on continue d'avoir des préjugés. C'est complètement normal. Nous, notre rôle, c'est aussi d'aller les débunker, de proposer une information, de proposer aussi des formats où les gens sont justement libres de venir de manière absolument... où ils ne vont être absolument pas jugés. de dire bon, moi j'avoue qu'en fait, j'ai un peu cette image-là, je ne sais pas si c'est très vrai, ou pour moi, c'est sûr que toutes les personnes SDF sont ceci, sont cela. Et donc nous, on essaye de casser ça.

  • Daniel Baal

    La précarité, c'est un thème malheureusement trop présent aujourd'hui. Des rapports sont régulièrement écrits sur le sujet. Malheureusement, on voit que cette précarité est en hausse. Au-delà des chiffres, quels sont les points qui vous alertent le plus sur ce sujet de précarité en France ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Il y en a beaucoup. Déjà, il y a des chiffres qui sont vraiment alarmants. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière.

  • Daniel Baal

    On cite le chiffre de 3000 enfants.

  • Marie-Flore Leclercq

    3000 enfants, oui.

  • Daniel Baal

    C'est insupportable.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est insupportable, exactement. Et c'est pour ça que ce que je disais au départ, on a besoin aussi de toutes les actions qui sont destinées au logement, à l'aide alimentaire, etc. On a besoin de tout ça. Et puis d'autres chiffres qui sont sur l'isolement et qui sont impressionnants, c'est la part de l'isolement qui est toujours croissante. Aujourd'hui, en France, une personne sur cinq se sent seule. régulièrement. Alors la solitude, c'est différent de l'isolement, mais on a un sentiment de solitude. 4,3% de ces personnes-là en souffrent. Une personne sur trois a un réseau de sociabilité au moins 12% qui est totalement isolé. En fait, ces chiffres-là, ils ne font que croître. Et ce qui est assez... ce qui moi m'inquiète aussi, c'est que c'est extrêmement corrélé à la santé mentale des personnes. Et c'est très présent dans toutes les classes d'âge en fait. Il y a à la fois des personnes âgées isolées, ça c'est un peu l'image qu'on peut avoir, mais il y a aussi beaucoup beaucoup de jeunes. Et nous, on voit pas mal de jeunes dans nos programmes qui souffrent aujourd'hui d'un véritable isolement à une période de leur vie où on imagine qu'ils sont plutôt en train de la construire, en train de nouer énormément d'opportunités, etc. Et en fait, en plus, ils souffrent particulièrement de ce décalage entre ce qu'ils vivent et ce qu'on leur renvoie de ce que cette période de la vie devrait être.

  • Daniel Baal

    Et vous tendez la main pour justement sortir de cet isolement ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr. Et on permet surtout à chacun.

  • Daniel Baal

    de temps de la main. Exactement et c'est ce qui est tout à fait intéressant et grâce notamment à l'application dont on parlait depuis l'origine. Alors vous êtes une association, vos revenus c'est essentiellement les soutiens que vous apportent des entreprises et nous sommes ravis chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale d'être à vos côtés notamment grâce aux dividendes sociétal. Comment résumez-vous l'impact d'Entourage grâce à ses financements ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Aujourd'hui, Entourage vit des dons des particuliers et des entreprises, et une toute petite partie de subventions publiques. L'impact est majeur. Tout ce qu'on fait n'existe que grâce à ça, et à l'engagement de nos bénévoles. En gros, c'est ça nos deux ressources principales. Et donc, ce qu'on a fait avec le Crédit Mutuel depuis 2022, ça nous a permis d'essaimer Entourage dans huit nouveaux territoires. Ça nous permet aujourd'hui de lancer Entourage Sport, qui initialement était uniquement à Paris, qui depuis septembre est à Lyon. Ça cartonne et de continuer de le déployer dans de nouvelles villes, ainsi que le programme Entourage Local. Et donc, ça nous permet, nous, de remplir notre mission.

  • Daniel Baal

    Entourage à 10 ans, quel chemin parcouru ? On est en fin d'année, généralement on se projette sur l'année suivante. Quels sont vos grands projets pour 2025 ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors nos grands projets, nos grands enjeux surtout, c'est la question de la complémentarité. Avoir 10 ans, ça nous place dans une position, initialement, ce côté très innovant, tech, etc. Ça a fait lever quelques sourcils de personnes, de structures qui aujourd'hui sont nos partenaires associés. Mais c'est aujourd'hui, du coup, on a été au départ, du coup, aussi été obligé de faire un peu tout nous-mêmes. Et aujourd'hui, on est reconnu et légitime pour construire des partenariats et se concentrer là où Entourage apporte un impact ajouté, différenciant vraiment sur cette partie réseau. Et donc, typiquement, dans nos grands enjeux de l'année, il y a comment j'arrive à... ce qu'on sait faire, la magie d'entourage, de créer de la mixité sociale dans des événements, comment j'arrive à faire en sorte qu'elle existe aussi dans des événements qui ne sont pas organisés par entourage. Aujourd'hui, sur l'application, c'est 50% d'événements organisés par nos bénévoles, 50% organisés par d'autres. Et cette proportion, en fait, on espère que Satan a de plus en plus d'événements externes, qu'ils soient de plus en plus nombreux, et qu'en fait, nos bénévoles, ils ont un rôle de garant, d'animateur de la mixité sociale dans des événements qu'ils n'auraient pas forcément organisés. Parce qu'ils organisent des événements super, mais ça, il y a plein de gens qui savent le faire.

  • Daniel Baal

    Une autre forme d'horizontalité, d'ailleurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement.

  • Daniel Baal

    On va arriver au terme de cet échange et j'espère que la diffusion de cet échange contribuera justement à mieux faire connaître encore en toi, à créer davantage de liens. Et pour terminer, ces quelques questions, c'est un peu personnel que j'aimerais vous poser.

  • Marie-Flore Leclercq

    Ok, allons-y.

  • Daniel Baal

    D'abord, quelle personne vous inspire ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Quelle personne m'inspire ? Beaucoup de monde. Déjà, en réalité, je trouve ça super ce que fait le Crédit Mutuel, l'Alliance fédérale.

  • Daniel Baal

    On ne peut pas demander à ce que vous êtes bien de nous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Mais une personne,

  • Daniel Baal

    c'est vrai. C'est fondamental pour nous d'être dans l'action et en tant qu'entreprise à mission. Notre première finalité, c'est évidemment d'apporter la satisfaction à nos sociétés et clients, de veiller à la pérennité de l'entreprise, à être performant, mais être acteur du bien commun est pour nous important.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, et c'est très inspirant. Et sinon, je dirais Gaëtan Noyer, qui dirige avec un fondé de Good Lobby, qui est un lobby au service du bien commun, et qui a entre autres monté une initiative qui s'appelle Les Oubliés de la République. entourage fait partie, qui vise à promouvoir la parole et le savoir et l'expertise des personnes oubliées de la République, donc détenues, sortant de prison, personnes à rue, en situation de prostitution ou avec l'aide sociale à l'enfance auprès des des élus locaux et nationaux.

  • Daniel Baal

    Nous aurons dans quelques jours un deuxième épisode de conversation et mon invité sera Patrice Douré, président des Restos du Coeur. J'aimerais bien qu'on puisse avoir un lien entre les uns et les autres. Tout simplement, quelle est la question que vous aimeriez poser à Patrice Douré ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je finirais assise sur ce canapé. je pense qu'on a beaucoup parlé d'horizontalité je pense que chez Entourage on est assez pionniers là-dessus, assez reconnus pour ça et on témoigne auprès d'autres acteurs et ce qu'on voit c'est aussi que c'est très compliqué pour les autres quand c'est pas forcément dans leur ADN au départ et peut-être que la question Patrice ce serait comment dans une organisation aussi grande avec autant d'histoires... et puis une organisation aussi très territorialisée, etc. Comment les Restos du Coeur impliquent les personnes premières concernées ?

  • Daniel Baal

    Je lui poserai la question. C'est 40 ans d'histoire pour les Restos du Coeur, c'est 10 ans pour Antoine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà.

  • Daniel Baal

    Et j'espère, je souhaite en tout cas à Antoine de continuer à faire cette œuvre extrêmement utile que vous faites. Merci beaucoup Marie-Flore d'avoir accepté. cette invitation. Ça a été une première. En tout cas, pour notre public, je vais lui dire que je l'invite à aller sur le site d'Entourage pour en savoir plus. Et puis, peut-être aller plus loin qu'aller juste sur le site. pour être un acteur, puisque chacun peut finalement être acteur à vos côtés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, vous pouvez nous soutenir à travers nos actions. Et puis, c'est la fin de l'année, cette campagne dont on a parlé, dans les enjeux 2025. Et puis, avec toutes les inquiétudes qu'il y a sur les soutiens publics, on compte aussi sur les acteurs individuels et les acteurs comme Crédit Mutuel.

  • Daniel Baal

    Merci beaucoup, Marie-Flore, et bonne continuation de votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Merci beaucoup.

Description

Dans ce premier épisode de CONVERSATION, Marie-Flore Leclercq, Directrice générale d’Entourage, est l'invitée de Daniel Baal, Président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. 

Entourage est une association qui lutte contre la précarité et l’exclusion en engageant les citoyens notamment en utilisant le sport comme vecteur d’inclusion.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie-Flore Leclercq

    12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien aujourd'hui en France, une personne sur cinq se sent seule régulièrement. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière. C'est insupportable.

  • Daniel Baal

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans le premier épisode de Conversation, où l'on plonge dans le quotidien de celles et ceux qui s'engagent pour un monde plus juste. Dans Conversation, j'aurai le plaisir d'accueillir des personnalités engagées, du monde associatif soutenu, par le dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Nous parlerons d'engagement, de mission, de défi, un moment d'échange pour remonter le fil de leur vie et comprendre ce qui a façonné leurs idées et motivé leur combat. Aujourd'hui, nous plongeons dans l'histoire d'Entourage et nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Marie-Flore Leclerc, directrice générale d'Entourage depuis 2023. Ingénieur formé à l'école centrale Supélec, vous êtes destiné à une carrière d'ingénieur. Vous avez d'ailleurs travaillé en Inde et en Afrique et nous y reviendrons. Et pourtant, vous avez choisi de vous tourner vers le monde associatif. Bonjour Marie-Flore.

  • Marie-Flore Leclercq

    Bonjour Daniel.

  • Daniel Baal

    En préparant cette émission, je vous ai demandé de venir... avec un objet qui symbolise tout particulièrement l'activité de votre association. C'est le moment de nous le présenter.

  • Marie-Flore Leclercq

    Sans surprise, un smartphone, en particulier, je ne sais pas si vous verrez suffisamment à l'écran, l'application Entourage, qui est donc aujourd'hui la plateforme sur laquelle se déploient nos actions.

  • Daniel Baal

    Très important, parce que finalement, vous avez fait du smartphone un outil d'intégration, un outil d'intégration pour les gens qui sont dans la rue. Et c'est très marquant, c'est très différenciant par rapport à l'usage que vous, moi et le public fait d'un smartphone qui est pour s'informer, pour jouer.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement. Alors pour nous aussi, finalement, les smartphones sont un outil d'intégration, un outil d'accès au service public, d'accès à plein d'informations et puis de relations. Je pense tous, beaucoup d'applications de messagerie. Et en fait, l'idée d'Entourage, ça a été de se dire... L'idée de l'usage de la tech chez Entourage, c'est de dire que ce potentiel-là, on peut aussi le mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin, de ceux qui sont le plus isolés et qui ont besoin de se reconstituer des réseaux de soutien.

  • Daniel Baal

    L'idée vous est venue par la pratique que vous aviez du contact de ces personnes isolées,

  • Marie-Flore Leclercq

    j'imagine ? Exactement. Au départ, Jean-Marc Peau de Vin, c'est la phrase que vous partagez. Lui, c'est un entrepreneur de la tech. Il a fait un constat assez simple. Il suffit d'aller dans la rue pour se rendre compte qu'on a beau mettre énormément de moyens dans la lutte contre la précarité, la précarité elle continue d'exister. L'isolement social, aujourd'hui en France c'est 12% des gens qui n'ont aucun réseau de soutien, aucun réseau social, et que c'était en fait un levier sur lequel il y avait très peu d'action, et sur lequel il était possible d'agir. Et il est possible d'agir en tant que citoyen. Donc Entourage, c'est vraiment un mouvement d'engagement citoyen. C'est aussi pour ça qu'on mobilise la technologie, parce que c'est le meilleur moyen, un des meilleurs moyens d'engager le plus de monde possible.

  • Daniel Baal

    Allons plus loin dans les missions d'Entourage. Vous avez un certain nombre d'actions. Ce n'est pas uniquement une application mobile.

  • Marie-Flore Leclercq

    Non, exactement. Aujourd'hui, notre mission, c'est de redonner des réseaux de soutien. C'est d'engager chacun dans ces réseaux de soutien avec les plus isolés. grâce à la tech, et on fait ça sur les différents types de réseaux dont chacun d'entre nous devrait pouvoir bénéficier. Et pourquoi on devrait avoir ces réseaux ? Simplement parce que quand vous ne les avez pas, et que la vie vous envoie une baffe, ce qu'elle fait à chacun d'entre nous à un moment donné, je pense qu'on peut tous et toutes en témoigner, si vous n'avez pas ces réseaux, alors c'est à ce moment-là que cette baffe va devenir une vraie rupture dans votre vie, et que vous allez tomber dans une situation de précarité. Parce que vous n'avez personne pour vous prêter un bout de canapé, parce qu'il n'y a personne pour vous filer le job alimentaire dont vous avez besoin pour traverser une période de deuil, de rupture, de maladie, d'édance. Il y a plein de formats de moments qui sont un peu tangents dans la vie. Et soit on a des gens vers qui se tourner, soit on ne les a pas. Et quand on ne les a pas, c'est très compliqué de s'en sortir.

  • Daniel Baal

    Vous avez trois programmes phares.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, donc trois programmes sur ces réseaux. Le premier programme historique, entourage local. Donc le réseau de proximité, de convivialité. Donc à travers aujourd'hui principalement l'application. qui permet de rejoindre ou de créer des événements en mixité sociale à proximité de chez soi. Donc c'est très simple, vous êtes mardi, vous ne savez pas quoi faire, vous avez envie de participer à un karaoké, vous venez, il se trouve que c'est un événement où il y aura à la fois des personnes isolées et des personnes hors situation d'isolement. Le programme Entourage Pro qui est une idée qui est née aussi du comité de la rue, donc un organe de gouvernement.

  • Daniel Baal

    On en parlera tout à l'heure du comité.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà, et qui vise à se dire, pareil, en fait, si vous avez déjà des freins à l'emploi et à la recherche d'emploi, si en plus vous n'avez pas de réseau professionnel, alors qu'aujourd'hui la plupart des offres, elles sont cachées, elles sont non publiques, c'est hyper compliqué. Et donc... comment on peut mobiliser un certain nombre de citoyens, d'acteurs, d'autres personnes dans le projet professionnel de quelqu'un. Ce programme s'appelait avant Linked Out, et maintenant c'est Entourage Pro. Et puis le dernier né, c'est Entourage Sport, parce que pareil, on s'est rendu compte que le sport, au-delà de toutes les valeurs qu'on connaît tous et qu'on a tous vécues particulièrement cet été, pouvait vraiment aussi avoir un côté de catalyseur, de lien, à la fois quand on vibre ensemble dans les événements, on regarde un match ensemble, quelque chose comme ça, c'est une émotion partagée assez forte. Et puis on permet aussi à des clubs de sport de devenir inclusifs. en accueillant des personnes en précarité dans leurs équipes. Et ça, en termes de réinsertion, d'inclusion sociale, c'est extrêmement fort parce qu'évidemment, avoir une équipe qui compte sur vous chaque semaine et qui vous encourage à venir vous entraîner, c'est super puissant.

  • Daniel Baal

    Le sport nous a d'ailleurs fait nous rencontrer puisque c'est à Charletti qu'on s'est vus. Charletti pour un grand meeting international juste avant les Jeux Olympiques de Paris, à l'occasion duquel Entourage s'est vu remettre un chèque par la fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale. un chèque qui a été le fruit des actions collectives de l'ensemble de nos collaboratrices, collaborateurs, nos élus mutualistes qui ont couru pour une bonne cause et la bonne cause que nous avons retenue était Entourage. Et c'est clair que que sans doute le sport est un vecteur d'inclusion, un vecteur de cohésion et que vous puissiez l'appliquer également pour essayer de réinsérer des personnes isolées, quelque chose qui nous parle beaucoup au Crédit Mutuel où nous avons de très forts engagements dans la vie associative et en général mais aussi dans la vie associative sportive. J'aimerais parler d'un sujet qui m'a frappé c'est que lorsque j'ai lu votre tribune, vous avez signé une tribune, dans Ouest France avec un thème fort quand même, la fraternité. Parlez-nous de ça s'il vous plaît.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors cette tribune elle est née de l'initiative du Labo de la Fraternité qui est un collectif qui regroupe différentes associations actives sur le champ de la fraternité et cette idée c'était aussi de répondre à l'interpellation du Premier ministre qui a rappelé dans son discours de politique générale l'importance de la fraternité et de proposer en fait de le prendre au mot mais de manière très positive en soulignant déjà pendant les 100 prochains jours toutes les initiatives qui contribuent aujourd'hui au quotidien à la fraternité sur nos territoires et la fraternité c'est à la fois plein d'actions individuelles c'est le voisin qui vous a rendu un service ce matin mais c'est aussi cette rencontre avec des gens qui sont en tout peut-être un peu plus différent de vous, un peu plus éloigné, et la façon dont on active des solidarités. La fraternité, c'est l'ensemble des bénévoles sur le territoire, ils sont très très nombreux, on a un tissu associatif qui est très actif en France.

  • Daniel Baal

    Un mot fort, un mot fort qui est dans la devise républicaine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Qui est dans la devise, et souvent un petit peu laissé de côté.

  • Daniel Baal

    Exactement, alors que c'est quelque chose qui est vraiment le ciment de ce que doit être la société, une société qui doit être plus... et au Crédit Mutuel, on n'utilise pas souvent le mot de fraternité, on utilise plus souvent celui de solidarité, mais je crois que ce sont deux valeurs qui sont très proches et qui, en tout cas, correspondent pleinement aux actions dans lesquelles vous êtes engagé. et dans lequel nous voulons nous engager en soutenant le monde associatif, et notamment par ce dividende sociétal. Alors vous communiquez, vous communiquez fort actuellement avec une campagne choc.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui.

  • Daniel Baal

    Vous nous en dites quelques mots ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors on a lancé pour cette fin d'année une campagne qui est d'abord une campagne d'interpellation, et puis qui se transformera en campagne de dons ensuite. On est très heureux de l'avoir montée avec des équipes très talentueuses. On a engagé des... photographes et des réalisateurs avec nous, qui ont accepté de bosser avec nous. Et cette campagne, elle visait à avoir un... à résoudre un problème un peu compliqué. En fait, entourage, on parle d'isolement, on parle de lien social, c'est pas hyper visuel. Et donc, comment on fait pour rendre visible ce qui, par définition, est pas visible ? Si vous êtes isolé, c'est que, bah, globalement, on vous voit pas, quoi. Et donc, on est partis sur une idée... que je trouve très sympa, de se dire en fait cet isolement, et c'est ce qu'on disait tout à l'heure, il va vous marquer à vie, parce qu'il va vous empêcher d'être acteur de votre vie, il va vous empêcher d'être à l'initiative de votre vie. Et donc l'idée c'était de se dire, en fait il est là, il vous marque à vie, il est ancré en vous, ses conséquences sont très présentes. Donc ça a débouché sur l'idée de tatouage, et donc on a aujourd'hui une super campagne avec quatre...... personnes qui sont autant de personnes en situation d'isolement qui portent un tatouage qui signifie un peu qui elles sont et les conséquences de l'isolement aussi sur leur vie.

  • Daniel Baal

    On peut parler un petit peu de vous ?

  • Marie-Flore Leclercq

    On peut.

  • Daniel Baal

    Vous avez travaillé en Inde, en Afrique, vous avez rencontré Entourage en 2023. À l'issue d'un processus de recrutement assez long, ça a matché, pour utiliser un terme que vous-même avez utilisé. Alors pourquoi ça a matché et que recherchiez-vous en candidatant pour devenir directrice générale d'Entourage ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors ça a matché. Moi, je n'ai pas candidaté au départ pour ce job. On est venu me chercher. Je connaissais Entourage un peu d'avant parce que je connaissais... un membre de notre conseil d'administration. Et je discutais avec lui de mes réflexions pro. Et puis, il m'a renvoyé un SMS une semaine après en me disant Mais en fait, je suis trop bête. C'est faux, mais bon. On cherche une nouvelle DG pour Entourage. Tu as le profil parfait, parlons-en. Je lui dis Bon, très bien, parlons-en. Et en fait, la première... Évidemment, ça a matché sur les compétences, les savoir-faire, les savoir-être, etc. Mais là où ça a vraiment profondément matché, c'est... La première question que j'ai posée, c'était, vous êtes sympas, mais moi je viens d'une expérience axée à l'énergie en Afrique. La précarité en France et le monde social et associatif en France, j'y connais rien. Comment sont associées les personnes premières concernées ? Parce que je ne connais pas le monde de l'isolement, je ne connais pas de situation de rue. J'espère ne jamais en connaître et comment je risque de faire beaucoup d'erreurs. Et donc, pour moi, le meilleur moyen de se prémunir de ça, c'est d'impliquer les personnes. Et la réponse m'a beaucoup rassurée, puisque c'était le fameux comité de la rue qu'on évoquait tout à l'heure, qui est vraiment un organe qui est dans notre gouvernance et qui nous permet de viser juste, parce qu'il est composé de personnes qui sont ou étaient en situation d'isolement et qui choisissent de bénévolement passer du temps à co-construire avec nous les programmes de l'association. Et c'est là que ça a vraiment matché sur le cœur de ce qui fait pour moi une grande partie d'entourage, c'est la question de l'altérité. Et c'est une question qui, moi, m'intéresse depuis très longtemps.

  • Daniel Baal

    Et donc, vous faites le choix de rejoindre une... une ONG alors que vous pourriez être aujourd'hui cadre dirigeant d'Orange, de Thalès ou d'autres... Oui,

  • Marie-Flore Leclercq

    on ne se serait pas connus.

  • Daniel Baal

    On ne se serait pas connus, mais c'est un choix quand même d'aller dans une ONG plutôt que dans une société capitaliste. Ça signifie aussi que ce monde des ONG, ce monde associatif, représente des valeurs et que vous avez envie de vous engager pour ces valeurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    c'est bien ça oui oui alors moi je trouve enfin entre guillemets le bien sûr c'est très différent évidemment mais j'étais déjà dans un job engagé ou sans certes d'un groupe du cac 40 mais pour autant en faisant le choix d'aller chez entourage c'est aussi un choix qui est Relativement facile dans le sens où l'entourage on a vraiment cet ADN entrepreneurial, cet ADN de social tech. On a un fonctionnement qui est, et comme beaucoup d'associations en fait aujourd'hui, ce sont des personnes qui sont très bien formées, qui sont passées par du privé lucratif ou pas d'ailleurs, mais qui ont, le secteur s'est énormément professionnalisé par rapport à ce que ça pouvait être probablement il y a quelques dizaines d'années. Et donc en fait aujourd'hui on... On retrouve les mêmes méthodes, les mêmes approches, etc. Moi, je trouve que le glissement n'est pas si grand.

  • Daniel Baal

    Cette professionnalisation dont vous parlez est en soi révélatrice. C'est qu'on est obligé aujourd'hui de se professionnaliser dans la lutte contre l'exclusion, parce que malheureusement, cette exclusion est complètement ancrée.

  • Marie-Flore Leclercq

    Parce que cette exclusion est complètement ancrée, et aussi, si on dézoome un peu, les associations répondent à des problèmes. extrêmement complexes, sur lesquels on n'a pas trouvé de business model lucratif, etc. qui pourrait motiver un certain nombre de personnes. Et en fait, évidemment, pour résoudre ce genre de questions, on a besoin de personnes qui soient très organisées, très bien câblées, très intelligentes, très créatives. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, les équipes des associations, ce sont des personnes absolument époustouflantes.

  • Daniel Baal

    Et clés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Et clés, absolument clés.

  • Daniel Baal

    Que serait notre société aujourd'hui, la société française, parlant de ce qu'on connaît, sans le concours des associations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je me suis demandé ce matin ce qui se passerait si tout le monde social se mettait en grève pendant une semaine,

  • Daniel Baal

    pour voir. Ben non, ça serait un drame. Alors, ce comité de la rue, on en a parlé deux, trois fois. Je voudrais vraiment qu'on rentre dedans parce que c'est vraiment un point fondamental. Vous l'avez dit, c'est grâce à ce comité de la rue que l'entourage reste constamment au contact du terrain, ce qui est essentiel. Alors, parlez-nous un peu du fonctionnement de ce comité de la rue. Je suis très curieux.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui, alors le comité de la rue, c'est un organe de gouvernance. Il est défini dans nos statuts. Donc ça, c'est assez important. Ce n'est pas quelque chose... Ça existe depuis le départ et c'est la continuité des premières conversations de Jean-Marc Potvin avec ses voisins de la rue. Et ça a donné naissance dès le départ à ce comité qui est composé de personnes qui ont vécu une expérience significative de l'isolement et qui sont partantes pour témoigner de cette expérience et avoir une réflexion dessus. Qu'est-ce qui s'est joué ? Comment ça aurait pu se jouer différemment ? Aujourd'hui, elles sont réparties. On a des comités de la rue dans différentes antennes. Donc là, on a une présence salariale dans cinq territoires. Antoine, j'ai actif sur plus de territoires. On a des salariés dans cinq territoires. Et ils ont un... Il y a des comités de la rue locaux qui se réunissent chaque mois pour discuter des enjeux locaux du territoire. Et puis un comité de la rue national qui se réunit mensuellement et auquel viennent présenter les membres du comité de la rue qui ont pu choisir d'être référents thématiques, par exemple sur les questions de communication, sur entourage sport, sur entourage pro, sur l'engagement des bénévoles, etc. Et donc chacun... de ces référents thématiques vient présenter au reste du comité ce qui a avancé pendant le mois. Donc le but du comité de la rue, c'est vraiment, dans les comités de la rue nationaux sont présents la directrice générale, un autre membre du Codire au moins, et puis notre président, Jean-Marc Podvin, et les membres du comité de la rue. Et c'est vraiment l'idée de, moi je résume leur mission en trois phases, initier, co-construire et valider. Et toutes les grandes orientations de l'association passent par eux. Par exemple, on parlait de la campagne de com. Une fois qu'il y a eu cette première idée de campagne de com, elle a été présentée au comité de la rue, qui a aidé à l'améliorer, à améliorer qui devaient être les profils des personnes, qu'est-ce qui devrait être écrit sur les tatouages, quel est le texte qui doit accompagner. Et typiquement, l'année dernière, on avait eu une autre idée d'une autre campagne, qui a été complètement rejetée par le comité de la rue, dans les grandes largeurs. Et en fait... Nous, c'était... Leur crainte, c'était quelque chose que nous, on avait identifié en bon, peut-être que ça Et en fait, eux, c'était avec leur expérience et avec... En sachant comment ça allait être ressenti par les personnes en situation d'isolement, ils nous ont dit ça c'est pas possible, c'est peut-être très rigolo, mais c'est pas possible C'était rigolo, mais ça ne suffit pas.

  • Daniel Baal

    Et là, vous parlez de communication, mais j'imagine que dans ce comité de la rue, tout au long de l'année, on est sur des réponses très concrètes à des problématiques qui peuvent se poser. Est-ce que vous pourriez donner quelques illustrations ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr, alors au comité de la rue, on aborde plein de sujets. Comment on engage les bénévoles ? Qu'est-ce qu'on fait à tel événement ? Comment on s'y prend pour le réveillon de Noël cette année ? Et puis, on aborde des questions stratégiques. Dans quelle direction doit aller l'association ? Et puis, on aborde aussi, il y a plusieurs projets qui ont été initiés par le comité de la rue. Entourage pro, typiquement, c'est... on organise des sensibilisations en entreprise avec des témoignages des membres du comité de la rue. Et donc Eric, qui était membre du comité de la rue, qui a partagé son expérience à la BNP. Puis il y a quelqu'un qui est venu le voir à la fin, qui lui a dit Attends, c'est pas possible, tu parles cinq langues, c'est sûr qu'on va te trouver quelque chose Et aujourd'hui, Eric bosse à la BNP depuis plusieurs années désormais. Et à ce moment-là, Eric nous a dit En fait, ce qu'on fait chez Antoine, avec cette notion de réseau, de lien social, ça pourrait aussi servir dans une visée d'insertion professionnelle.

  • Daniel Baal

    C'est vraiment très vertueux comme démarche.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est très intégré, très horizontal, et surtout, je trouve que ce n'est absolument pas cosmétique. C'est vraiment au cœur de ce qu'on fait, et c'est un impact phénoménal, parce qu'en fait, une association a des moyens forcément limités par rapport à l'ampleur de la tâche qui est la nôtre. Et en fait, ce comité de la rue, leur présence, ça nous permet d'aller viser beaucoup plus juste. Donc ça nous permet d'itérer... d'avoir moins besoin d'itérer, de savoir quand on lance quelque chose, les gros chantiers, alors bien sûr il y a des choses qu'on teste et qui ne marchent pas, mais les gros chantiers, les grosses choses, à chaque fois, elles sont justes, et à chaque fois elles fonctionnent.

  • Daniel Baal

    Vous venez de parler d'horizontale, et je sais que l'horizontalité est une idée qui vous tient beaucoup à cœur, ce serait intéressant que vous nous disiez ce que cela représente pour vous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors l'horizontalité, c'est vrai que c'est un... terme parfois un peu compliqué. Notre valeur, c'est même promouvoir l'horizontalité. C'est aussi l'idée de témoigner de ce qu'on vit, de ce qui se vit chez Entourage. Et chez Entourage, on a vraiment cette... En fait, on ne parle pas d'aide, on ne parle pas de bénéficiaires. Nos bénéficiaires, ce sont aussi bien les personnes en situation d'isolement que hors situation d'isolement. En fait, ce qu'on se rend compte, c'est que souvent, les personnes en situation d'inclusion Elles viennent avec un peu l'idée d'aller faire leur bonne action, d'agir, etc. Et c'est très bien. Et nous, on utilise un peu ce prétexte-là pour les faire venir. Mais à la fin, elles s'en retrouvent transformées. C'est 94% des gens qui changent leur rapport aux autres. Du coup, ce que je trouve très, très fort là-dedans, c'est que ce n'est pas uniquement leur regard sur la personne en pr��carité qu'elles ont rencontré, pas uniquement leur regard sur la précarité, mais vraiment leur rapport à l'autre de manière générale. Et ça c'est aussi assez puissant quand on engage des entreprises et qu'on propose à leurs collaborateurs de participer à nos actions, parce qu'en fait ils en retirent un collectif qui est plus uni, plus résilient et donc plus performant, parce qu'au sein même de leur équipe, le fait d'avoir partagé un moment avec des personnes en situation d'isolement, ça va permettre à chacun de... considérer un tout petit peu différemment peut-être qu'en fait la personne en face de moi là elle dit que tout va bien en même temps qu'elle boit un café mais peut-être qu'en train de traverser une épreuve et ça je dois le prendre en considération et ça vous le faites dans le quotidien et vous

  • Daniel Baal

    donner une notion concrète à cette horizontalité. Il y a un autre sujet qui, lorsqu'on parle d'exclusion, m'interpelle toujours, c'est le sujet des préjugés. Et j'imagine que c'est quelque chose contre quoi vous devez lutter constamment dans votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Oui et non. Bien sûr, on a tous énormément de préjugés. Ce n'est pas franchement une lutte. C'est normal. Et je pense qu'on en a tous, même ceux qui sont chez Entourage depuis très longtemps, on continue d'avoir des préjugés. C'est complètement normal. Nous, notre rôle, c'est aussi d'aller les débunker, de proposer une information, de proposer aussi des formats où les gens sont justement libres de venir de manière absolument... où ils ne vont être absolument pas jugés. de dire bon, moi j'avoue qu'en fait, j'ai un peu cette image-là, je ne sais pas si c'est très vrai, ou pour moi, c'est sûr que toutes les personnes SDF sont ceci, sont cela. Et donc nous, on essaye de casser ça.

  • Daniel Baal

    La précarité, c'est un thème malheureusement trop présent aujourd'hui. Des rapports sont régulièrement écrits sur le sujet. Malheureusement, on voit que cette précarité est en hausse. Au-delà des chiffres, quels sont les points qui vous alertent le plus sur ce sujet de précarité en France ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Il y en a beaucoup. Déjà, il y a des chiffres qui sont vraiment alarmants. Il y a cette année plus de personnes qui sont mortes à la rue que l'année dernière. Il y a cette année plus d'enfants qui dorment dehors que l'année dernière.

  • Daniel Baal

    On cite le chiffre de 3000 enfants.

  • Marie-Flore Leclercq

    3000 enfants, oui.

  • Daniel Baal

    C'est insupportable.

  • Marie-Flore Leclercq

    C'est insupportable, exactement. Et c'est pour ça que ce que je disais au départ, on a besoin aussi de toutes les actions qui sont destinées au logement, à l'aide alimentaire, etc. On a besoin de tout ça. Et puis d'autres chiffres qui sont sur l'isolement et qui sont impressionnants, c'est la part de l'isolement qui est toujours croissante. Aujourd'hui, en France, une personne sur cinq se sent seule. régulièrement. Alors la solitude, c'est différent de l'isolement, mais on a un sentiment de solitude. 4,3% de ces personnes-là en souffrent. Une personne sur trois a un réseau de sociabilité au moins 12% qui est totalement isolé. En fait, ces chiffres-là, ils ne font que croître. Et ce qui est assez... ce qui moi m'inquiète aussi, c'est que c'est extrêmement corrélé à la santé mentale des personnes. Et c'est très présent dans toutes les classes d'âge en fait. Il y a à la fois des personnes âgées isolées, ça c'est un peu l'image qu'on peut avoir, mais il y a aussi beaucoup beaucoup de jeunes. Et nous, on voit pas mal de jeunes dans nos programmes qui souffrent aujourd'hui d'un véritable isolement à une période de leur vie où on imagine qu'ils sont plutôt en train de la construire, en train de nouer énormément d'opportunités, etc. Et en fait, en plus, ils souffrent particulièrement de ce décalage entre ce qu'ils vivent et ce qu'on leur renvoie de ce que cette période de la vie devrait être.

  • Daniel Baal

    Et vous tendez la main pour justement sortir de cet isolement ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Bien sûr. Et on permet surtout à chacun.

  • Daniel Baal

    de temps de la main. Exactement et c'est ce qui est tout à fait intéressant et grâce notamment à l'application dont on parlait depuis l'origine. Alors vous êtes une association, vos revenus c'est essentiellement les soutiens que vous apportent des entreprises et nous sommes ravis chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale d'être à vos côtés notamment grâce aux dividendes sociétal. Comment résumez-vous l'impact d'Entourage grâce à ses financements ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Aujourd'hui, Entourage vit des dons des particuliers et des entreprises, et une toute petite partie de subventions publiques. L'impact est majeur. Tout ce qu'on fait n'existe que grâce à ça, et à l'engagement de nos bénévoles. En gros, c'est ça nos deux ressources principales. Et donc, ce qu'on a fait avec le Crédit Mutuel depuis 2022, ça nous a permis d'essaimer Entourage dans huit nouveaux territoires. Ça nous permet aujourd'hui de lancer Entourage Sport, qui initialement était uniquement à Paris, qui depuis septembre est à Lyon. Ça cartonne et de continuer de le déployer dans de nouvelles villes, ainsi que le programme Entourage Local. Et donc, ça nous permet, nous, de remplir notre mission.

  • Daniel Baal

    Entourage à 10 ans, quel chemin parcouru ? On est en fin d'année, généralement on se projette sur l'année suivante. Quels sont vos grands projets pour 2025 ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Alors nos grands projets, nos grands enjeux surtout, c'est la question de la complémentarité. Avoir 10 ans, ça nous place dans une position, initialement, ce côté très innovant, tech, etc. Ça a fait lever quelques sourcils de personnes, de structures qui aujourd'hui sont nos partenaires associés. Mais c'est aujourd'hui, du coup, on a été au départ, du coup, aussi été obligé de faire un peu tout nous-mêmes. Et aujourd'hui, on est reconnu et légitime pour construire des partenariats et se concentrer là où Entourage apporte un impact ajouté, différenciant vraiment sur cette partie réseau. Et donc, typiquement, dans nos grands enjeux de l'année, il y a comment j'arrive à... ce qu'on sait faire, la magie d'entourage, de créer de la mixité sociale dans des événements, comment j'arrive à faire en sorte qu'elle existe aussi dans des événements qui ne sont pas organisés par entourage. Aujourd'hui, sur l'application, c'est 50% d'événements organisés par nos bénévoles, 50% organisés par d'autres. Et cette proportion, en fait, on espère que Satan a de plus en plus d'événements externes, qu'ils soient de plus en plus nombreux, et qu'en fait, nos bénévoles, ils ont un rôle de garant, d'animateur de la mixité sociale dans des événements qu'ils n'auraient pas forcément organisés. Parce qu'ils organisent des événements super, mais ça, il y a plein de gens qui savent le faire.

  • Daniel Baal

    Une autre forme d'horizontalité, d'ailleurs.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement.

  • Daniel Baal

    On va arriver au terme de cet échange et j'espère que la diffusion de cet échange contribuera justement à mieux faire connaître encore en toi, à créer davantage de liens. Et pour terminer, ces quelques questions, c'est un peu personnel que j'aimerais vous poser.

  • Marie-Flore Leclercq

    Ok, allons-y.

  • Daniel Baal

    D'abord, quelle personne vous inspire ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Quelle personne m'inspire ? Beaucoup de monde. Déjà, en réalité, je trouve ça super ce que fait le Crédit Mutuel, l'Alliance fédérale.

  • Daniel Baal

    On ne peut pas demander à ce que vous êtes bien de nous.

  • Marie-Flore Leclercq

    Mais une personne,

  • Daniel Baal

    c'est vrai. C'est fondamental pour nous d'être dans l'action et en tant qu'entreprise à mission. Notre première finalité, c'est évidemment d'apporter la satisfaction à nos sociétés et clients, de veiller à la pérennité de l'entreprise, à être performant, mais être acteur du bien commun est pour nous important.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, et c'est très inspirant. Et sinon, je dirais Gaëtan Noyer, qui dirige avec un fondé de Good Lobby, qui est un lobby au service du bien commun, et qui a entre autres monté une initiative qui s'appelle Les Oubliés de la République. entourage fait partie, qui vise à promouvoir la parole et le savoir et l'expertise des personnes oubliées de la République, donc détenues, sortant de prison, personnes à rue, en situation de prostitution ou avec l'aide sociale à l'enfance auprès des des élus locaux et nationaux.

  • Daniel Baal

    Nous aurons dans quelques jours un deuxième épisode de conversation et mon invité sera Patrice Douré, président des Restos du Coeur. J'aimerais bien qu'on puisse avoir un lien entre les uns et les autres. Tout simplement, quelle est la question que vous aimeriez poser à Patrice Douré ?

  • Marie-Flore Leclercq

    Je finirais assise sur ce canapé. je pense qu'on a beaucoup parlé d'horizontalité je pense que chez Entourage on est assez pionniers là-dessus, assez reconnus pour ça et on témoigne auprès d'autres acteurs et ce qu'on voit c'est aussi que c'est très compliqué pour les autres quand c'est pas forcément dans leur ADN au départ et peut-être que la question Patrice ce serait comment dans une organisation aussi grande avec autant d'histoires... et puis une organisation aussi très territorialisée, etc. Comment les Restos du Coeur impliquent les personnes premières concernées ?

  • Daniel Baal

    Je lui poserai la question. C'est 40 ans d'histoire pour les Restos du Coeur, c'est 10 ans pour Antoine.

  • Marie-Flore Leclercq

    Voilà.

  • Daniel Baal

    Et j'espère, je souhaite en tout cas à Antoine de continuer à faire cette œuvre extrêmement utile que vous faites. Merci beaucoup Marie-Flore d'avoir accepté. cette invitation. Ça a été une première. En tout cas, pour notre public, je vais lui dire que je l'invite à aller sur le site d'Entourage pour en savoir plus. Et puis, peut-être aller plus loin qu'aller juste sur le site. pour être un acteur, puisque chacun peut finalement être acteur à vos côtés.

  • Marie-Flore Leclercq

    Exactement, vous pouvez nous soutenir à travers nos actions. Et puis, c'est la fin de l'année, cette campagne dont on a parlé, dans les enjeux 2025. Et puis, avec toutes les inquiétudes qu'il y a sur les soutiens publics, on compte aussi sur les acteurs individuels et les acteurs comme Crédit Mutuel.

  • Daniel Baal

    Merci beaucoup, Marie-Flore, et bonne continuation de votre action.

  • Marie-Flore Leclercq

    Merci beaucoup.

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