Speaker #0Je ne sais pas si c'est lié à l'odeur de masculinité toxique qui émane de la politique mondiale de ces dernières semaines, ou si c'est lié au nombre toujours important, même en 2024, de personnes qui me font la remarque mais tu verras, quand tu auras des enfants, tu changeras d'avis Mais j'ai commencé à avoir une grosse douleur dans le balvrante, un peu comme si j'avais un groupe de piranhas accrochés à l'utérus. Il est donc temps de rappeler, encore une fois, que chacun fait ce qu'il veut avec son corps, Alors lâchez-moi l'utérus. Moi c'est Viviane, et ça c'est Corpus Oriot, le podcast hors normes. Personnellement, ça ne me poserait pas de problème de vous expliquer le choix de ma non-maternité. J'ai une liste longue comme le bras, je pourrais faire un épisode entier dédié au sujet, ou même une thèse, mais je suis fatiguée de toujours répéter la même chose depuis plus de 15 ans. Et puisque nous voulons une société égalitaire et paritaire, il faudrait que nous soyons tous logés à la même enseigne. Ce que je veux dire, c'est que si moi et toutes les femmes sans enfants devons justifier notre choix, alors il en est de même pour les hommes en couple ou non, mais surtout pour tous les parents, hommes et femmes, qui amènent dans le monde un enfant. Et là, je ne parle pas du sang péternel, c'est le symbole de notre amour. J'ai toujours rêvé d'être une maman. On voulait fonder une famille, on avait tellement envie d'un enfant. Non, je parle de vrais arguments, des trucs qui ont du corps, parce que pour moi, avoir envie, on a envie d'une paire de baskets, peut-être envie de manger une pizza, mais on n'a pas juste envie d'amener un être humain dans le monde, de l'éduquer suffisamment pour qu'il puisse se démerder tout seul dans le monde ensuite. C'est pas... pas quelque chose de ponctuel, c'est vraiment un projet d'avenir, d'avoir un enfant. Donc soit on muscle tous notre argumentaire, soit on ferme tous notre gueule. Si vous mourrez encore d'envie de faire un commentaire sur l'utérus d'une femme, voici quelques pistes de réflexion qui vous feront comprendre qu'il vaut mieux vous abstenir. Tout d'abord, je ne sais pas si vous vous rappelez, mais en fait on ne choisit pas vraiment à quoi on ressemble quand on est, d'ailleurs même nos parents. Donc... Moi, je suis née avec un utérus, mais je n'avais rien demandé. Donc désolé, mais je ne vais pas l'utiliser. Je veux dire, il y a des gens qui sont nés avec des pieds, mais qui ne les utilisent jamais parce qu'ils sont tout le temps dans leur voiture. Ou c'est un peu comme si vous n'aimiez pas lire et qu'on vous offrait un abonnement à vie dans une bibliothèque. Eh bien, vous n'auriez pas envie d'y aller pour autant. Et pire encore, vous n'aimeriez pas que les gens vous fassent remarquer que vous n'allez pas à la bibliothèque. Donc, ne me demandez pas. pourquoi je n'utilise pas mon utérus, si vous ne voulez pas avoir à m'expliquer pourquoi vous, vous n'utilisez pas votre cerveau. Deuxièmement, ce n'est pas parce qu'une femme a un utérus que de un, il est fonctionnel, et de deux, qu'elle a les capacités physiques et mentales de porter à bien une grossesse. Je ne vous apprends rien en vous disant qu'une grossesse, c'est à la fois challengeant pour le corps, mais aussi pour l'esprit. Il y a certaines femmes qui essayent et qui se rendent compte que ce n'est pas possible. Et il y a d'autres femmes qui n'essayent même pas car elles savent d'avance qu'elles ne seront pas en capacité physique ou mentale d'assumer une grossesse et la maternité. Troisièmement, des fois quand je parle avec des gens du fait que je n'ai pas d'enfant, j'ai vraiment l'impression qu'ils me considèrent comme une looseuse, j'ai raté ma vie. Et donc, pourquoi la réussite d'une femme est-elle si intrinsèquement liée au fait de porter la vie ? Parce que dans ce cas-là... Une femme qui a fait 4 enfants, elle a vachement mieux réussi qu'une femme qui a fait 2 enfants. Et si on continue à pousser le bouchon, et bien les hommes qui ne sont pas en capacité de porter la vie, mais juste d'en semencer, seraient-ils les plus gros losers de la Terre ? Et bien non, parce que les hommes ont une échelle de réussite qui n'est pas liée uniquement à leur capacité reproductrice, mais à d'autres éléments qui les font s'éloigner tout doucement de statut du simple animal. Quatrième idée. Un utérus ne fait pas de toi une mère, tout comme le fait de ne pas avoir porté un enfant t'empêchera d'être un bon parent. Je développe, je pense qu'on a suffisamment entendu d'histoires sur des jeunes mamans de mères porteuses, d'enfants abandonnés, pire encore des mères qui ont élevé leur enfant et qui ont reconnu qu'elle n'avait jamais eu d'affection pour eux, et de très bons exemples de pères tout simplement, d'hommes qui ne portent pas l'enfant et pourtant qui sont capables de créer un vrai lien avec l'enfant, ou de parents adoptifs. Et oui, aussi, on peut avoir un instinct parental ou maternel pour un être qui n'est pas un enfant. Pour terminer, on va reprendre une petite dose de parité, car si nous femmes, nous sommes simplement réduits à notre valeur de reproduction, et donc d'utérus sur pattes, pourquoi n'en fait-on pas le même avec les hommes ? Pourquoi ne réduit-on pas les hommes à de simples bourses sur pattes, simplement capables d'en semencer à tout va ? Mais dites-moi, c'est pas ce que certains feraient déjà ? En tout cas, pour tous les autres, je pense qu'on vaut mieux que tout ça, et qu'on s'est pas fait chier d'évoluer de quadrupède à bipède et de développer un cerveau, Tout ça pour simplement être réduit à notre appareil reproducteur. Mais donc, si on ne s'est résumé plus à un appareil reproducteur, notre genre a-t-il encore un sens ? Eh bien ça, on en parlera dans un autre épisode. D'ici là, je vous donne rendez-vous sur Instagram, pour discuter division cellulaire, contraception et football. Comme toujours, je compte sur vous pour partager la bonne parole de Corpus Riot. N'oubliez pas de foutre la paix aux gonades et aux ovaires de vos petits camarades. Et merci à Simone et à toutes les femmes et les hommes qui se sont battus pour qu'aujourd'hui on ait le choix.
