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Curieuses Découvertes

E10 S1 - De la rue Mouffetard à la rue Thouin

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23min |11/06/2024
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Description

De George Orwell à Prosper Mérimée, de Eurythmics à Stromae, de Bizet à Bashung, de la Grosse Bertha à Renaud, de Diderot à Edith Piaf, ce sont encore beaucoup de belles histoires que les rues de Paris vont nous raconter dans cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Salut, c'est Olivier, bienvenue pour cet épisode 10 de Curieuse Découverte. On poursuit la balade dans le 5e arrondissement de Paris pour trouver des prétextes pour nous cultiver ensemble. Ce podcast demande un grand travail de recherche, d'écriture et de production. Alors la seule chose que je te demande, si tu le veux bien, c'est de le partager au maximum, de mettre des étoiles si tu l'apprécies et de le commenter sur Apple Podcast et sur Spotify. Je suis donc toujours à l'angle de la rue Mouffetard et de la rue du Pot de Fer. La rue du Pot de Fer s'est également appelée autrefois la rue du Bon Puy. C'est lié à cette fontaine devant laquelle je me trouve et qui fait l'angle avec les deux rues. Il s'agit d'une fontaine qui a été créée en 1624 et son histoire est intimement liée à l'aqueduc des eaux de Rungis. Un aqueduc, c'est un ouvrage maçonné qui a pour objectif d'acheminer de l'eau. Celui dont on parle a été mis en service en 1623 pour acheminer les eaux de source captées à Rungis, au sud de Paris jusqu'au centre de la capitale. C'est Marie de Médicis qui a donné l'ordre de cette construction, c'est pourquoi on l'appelle également l'aqueduc Médicis. Et c'est Sully, conseiller d'Henri IV, qui a commencé à réfléchir à l'idée de cet aqueduc. Et les premiers terrains ont été acquis à Rungis en 1609 sous le règne d'Henri IV. Mais en 1610, quand Henri IV fut assassiné, c'est Marie de Médicis qui devint régente. Louis XIII étant alors âgé de 8 ans seulement, Et Marie de Médicis, qui avait de la suite dans les idées, voyait d'un bon oeil l'arrivée de l'eau au centre de la capitale, car elle avait pour projet de se faire construire un palais, le futur palais du Luxembourg. Et elle souhaitait disposer dans ses jardins des fontaines et de jeux d'eau. Cette fontaine disposait d'un robinet, je vois d'ailleurs encore son emplacement. Mais il a été retiré en 2018. Il y a à l'angle de la fontaine un Space Invader, encore un. Celui-ci est génial, je trouve qu'il a parfaitement sa place sur le monument. Une belle harmonie entre l'architecture du passé et la culture contemporaine. Alors il n'y a plus de robinet, mais comme tu viens de l'entendre, il y a toujours de l'eau qui coule. Je m'en approche à nouveau. Alors je reviens sur la vie de Marie de Médicis et sa relation avec son fils Louis XIII, car tout cela est un peu compliqué. Si ça t'intéresse, je te propose une fresque chronologique pour situer les événements dans le temps. Cette chrono bio de Marie de Médicis est en lien sur CurieusesDécouvertes.com J'avance maintenant dans la rue du Pot-de-Père et je vais aller jusqu'au numéro 6, sur ma droite. Il y a eu un hôtel. George Orwell, l'écrivain britannique, y a été domicilié à la fin des années 20. Il parlera de cette vie de misère dans un livre qui sortira en 1933 dans la Dèche à Paris et à Londres. Dans le livre, la rue du Pot-de-Fer est renommée rue du coq d'or et il y décrit son hôtel. J'habitais à l'enseigne de l'hôtel des Trois Moineaux. Imaginez, une sorte de taupinière sombre et délabrée, abritant sur cinq étages 40 chambres délimitées par des cloisons de bois. Des chambres minuscules et irrémédiablement vouées à la saleté. Car tout le personnel se réduisait à la patronne, Madame F, qui avait d'autres chats à fouetter, que de donner un coup de balai. C'est beaucoup plus tard que George Orwell a écrit son plus grand succès. 1984, le livre est sorti en 1949, quelques mois avant sa mort. Dans cette fiction d'anticipation, il décrit une Grande-Bretagne qui a subi une guerre nucléaire et qui vit sous un régime totalitaire. C'est lui qui invente le terme de Big Brother. Big Brother is watching you, peut-on lire sur les affiches de propagande du régime en question. Big Brother, figure métaphorique du régime policier et totalitaire. Le réalisateur britannique Michael Radford a réalisé un film adapté du roman d'Orwell, le film 1984 sortira en 1984. Pour la musique du film, Radford s'est tourné vers le groupe Eurythmics. Dave Stewart et Annie Lennox de Eurythmics refusent. Une demande est donc faite à David Bowie qui refuse également. Radford et son producteur retournent voir Eurythmics en insistant un peu et Stewart et Lennox réfléchissent de leur côté et ils se mettent à travailler sur la bande originale du film. Mais ils ne donnent pas de nouvelles. Radford demande donc à un autre compositeur, Dominique Muldoney. Après une collaboration très fructueuse entre Radford et Muldoney, Eurythmics se rappelle au bon souvenir de Radford avec un album complet abouti. Grosse tension entre les producteurs de Eurythmics et les producteurs du film, car Radford ne veut pas revenir en arrière. La musique de son film est celle de Muldoney, point barre. Virgin Records, producteur de Eurythmics ayant mis de l'argent pour la production du film, ne l'entend pas de cette oreille. Finalement, la musique de Eurythmics ne servira que très peu pour le film, Mais le clip de Sex Crime 1984 contenant des images du film contribuera à sa promotion. Virgin décidera aussi de faire une deuxième version du film avec exclusivement la musique du groupe britannique. Il existe donc deux versions du film 1984, une première validée par Radford avec la musique de Muldoney, et environ 15% de Eurythmics, et une seconde mise sur le marché par Virgin avec l'intégralité de la musique de Eurythmics. Toute cette histoire est très bien racontée par Mathieu Blom sur sa chaîne YouTube. Je vais maintenant avancer tranquillement jusqu'à la prochaine intersection avec Dans les oreilles, Duritmix et Sexcrime 1984. J'arrive maintenant à la rue Tournefort. Cette rue porte ce nom depuis 1864, en hommage au botaniste Joseph Tournefort. Devant moi, un bâtiment cossu, à l'angle duquel je vois graver dans la pierre l'ancien nom de cette rue, la rue Neuve-Geneviève. En fait, il y a un carré piqueté à droite du mot Neuve c'est simplement parce que les lettres STE abréviation de Sainte ont été effacées à la Révolution. La rue s'appelait donc rue Neuve-Sainte-Geneviève. Ce bâtiment cossu du numéro 20 comme les suivants au XVIII et au XVI compose un ancien couvent du XVIe au XVIIIe siècle. Il abritait les bénédictines de l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Juste en face, au numéro 25, une plaque m'indique que Prosper Mérimée a vécu ici en 1826. Prosper Mérimée fut écrivain et historien, il entra à l'Académie française en 1844. Mérimée avait une amie espagnole, la comtesse de Montigeau, mère d'Eugénie, la future impératrice des Français, épouse de Napoléon III. La comtesse lui avait raconté l'histoire d'un fait divers. Prosper Mérimée en écrivit une nouvelle, et c'est cette nouvelle qui inspira à Georges Bizet l'opéra Carmen. L'amour est un oiseau rebelle, grand classique de l'opéra dont s'est inspiré Stromae pour son titre Carmen, qui évoque les travers des réseaux sociaux. C'est dingue de voir le trajet des influences d'un fait divers en Espagne au XIXe siècle, et naît une nouvelle, puis un opéra, et enfin un titre rap sur la folie des réseaux sociaux. Et on finit solo.

  • Speaker #0

    Et à tous ceux qui vous like, les sourires en plastique sont souvent des coups d'hashtag. Ah les amis, les potes, les followers, vous faites erreur, vous savez juste la cote.

  • Speaker #1

    Allez, j'avance maintenant jusqu'au numéro 19. Ici, au numéro 19, le 15 avril 1918, s'est abattu un obus, lancé par la Grosse Bertha. La Grosse Bertha était un surnom donné par les Français à un ensemble de canons allemands, qui étaient au nombre de 7. Les Allemands les appelaient les Canons de Paris, les Pariseurs-Canonnens. Ces canons avaient une portée de 120 km, et entre mars et août 1918, ce sont 367 obus qui ont été tirés sur Paris et les alentours. Ils ont causé la mort de 256 personnes. La grosse Bertha, c'était donc des canons impressionnants de 750 tonnes, de 34 à 36 mètres de long qui propulsaient des obus de plus de 125 kg, de 21 cm de diamètre et jusqu'à 1600 mètres secondes. C'est plus de Mach 5, plus de 5 fois la vitesse du son. En réalité, les Français ne donnaient pas le bon nom à ces canons, car les premiers qui ont entendu ce terme ont mal traduit. Pour les Allemands, les pièces d'artillerie appelées Grossbertha étaient d'autres canons qui tiraient à 9 km des obus de 42 cm. Des obus beaucoup plus gros, mais des canons plus petits qui les propulsaient moins loin. Ces canons étant destinés à la destruction de fortifications et pouvant percer jusqu'à 3 mètres de béton armé. Bertha vient du prénom de Bertha Krupp, propriétaire de l'entreprise à qui l'armée allemande a confié la fabrication des canons. Bertha a repris l'entreprise familiale créée par Friedrich Krupp, son arrière-grand-père, en 1811. L'entreprise a prospéré et existe toujours au sein du groupe sidérurgique allemand ThyssenKrupp. Le groupe emploie plus de 100 000 personnes en Europe. Il fabrique notamment des ascenseurs ou bien encore des escalators. Au numéro 10, le peintre Lucien Lautrec a vécu là de 1955 à 1991. Quand on regarde certaines de ses œuvres, on pourrait penser qu'il faisait de l'art abstrait, mais il refusait le terme. Il faisait selon lui de la peinture non figurative, ayant une base représentative. Il disait que les titres de ses œuvres en étaient la preuve. Je vois que la porte de l'immeuble est toujours celle qui était là du vivant de Lautrec, car il existe une photo où il est adossé ici devant l'entrée sur le bâton gauche de cette porte. Au numéro 8, une plaque commémore le groupe de Mme Andrée Goubillon, qui ici même, à partir de 1943, hébergait des parachutistes français des réseaux du plan Cesex. Comme il est indiqué sur la page d'accueil du site voué à la mémoire de celles et ceux qui ont participé au plan Cesex, ces soldats, femmes et hommes, furent de glorieux acteurs du plan Cesex, imaginés en mars 1943 par l'état-major du général Eisenhower, dans le but de faciliter les opérations de libération de la France. Ce plan visait à mettre en place dans toutes les régions au nord de la Loire, qui seraient zones de combat, des groupes de deux officiers observateurs et radio, placés en des points stratégiques. Pour accomplir cette mission, 120 volontaires, tous français, furent retenus, soumis à un entraînement intensif pendant plusieurs mois et formés à la technique du renseignement militaire par des instructeurs britanniques de l'Intelligence Service, l'IS et américain de l'Office of Strategic Services, l'OSS, à l'école de Prewood House, à une quarantaine de kilomètres de Londres. Ils furent parachutés par groupe de deux dans les régions concernées. Le travail de ces agents fut rude et difficile car la Gestapo et les services de détection allemands étaient de plus en plus performants et nombre d'entre eux furent arrêtés, torturés et abattus. Cependant le travail effectué par tous fut admirable et les américains ont pu déclarer après la guerre l'activité des Sussex a été intense et les informations transmises des plus importantes. Les résultats obtenus dépassèrent largement les prévisions les plus optimistes Et donc ici, ce sont 42 soldats sur les 120 parachutés qui ont été cachés. Sur ma droite une ancienne caserne des gardes françaises construite en 1772 sous Louis XV. Le roi avait en 1765 ordonné la construction de 17 casernes de ce type pour que les gardes n'aient plus à loger chez l'habitant. Ce mode d'hébergement était devenu très impopulaire. Cette caserne de la rue Tournefort a été abandonnée en 1830 au profit de la caserne Monge dont j'ai parlé lors de l'épisode précédent rue Mouffetard. Au numéro 6, Jacques Chiffrines, un éditeur né à New York en 1892, fonda en 1923 La Pléiade, La Pléiade qui intégra Gallimard à partir de 1933. Chiffrines sera alors directeur de la collection. Si La Pléiade est devenue une collection prestigieuse, l'idée initiale de Chiffrines était tout autre. Le but était pour lui de sélectionner les grands auteurs, les grandes œuvres et de les éditer en format poche pour en donner l'accès au plus grand nombre. Schifrin sera renvoyé par Gaston Gallimard en 1940, car sous l'occupation nazie, tous les éditeurs devaient se séparer de leurs employés juifs. Schifrin s'exila, grâce à l'appui financier d'André Gide, à New York, sans jamais revenir en France, jusqu'à son décès en 1950. J'avance maintenant jusqu'à la rue de l'Estrapade, que j'avais déjà empruntée lors de l'épisode 6, mais là, nous sommes à l'autre extrémité. Voilà ici, sur ma gauche, le 3 rue de l'Estrapade. L'immeuble où vécu Diderot à l'époque où il rédigeait l'encyclopédie. Denis Diderot est un érudit, philosophe des Lumières, son nom est pour l'histoire associée à l'encyclopédie, la première encyclopédie française dont il dirigea la rédaction. En tout, ce sont plus de 160 contributeurs qui écriront des articles de l'encyclopédie. Diderot, secondé par D'Alembert, ont sorti le premier volume de l'encyclopédie en 1751, mais dès février 1752, l'ouvrage fut interdit. Le Conseil d'État a subi des pressions des jésuites au motif qu'il contenait plusieurs maximes tendant à détruire l'autorité royale, à établir l'esprit d'indépendance et de révolte. et sous des termes obscurs et équivoques, a élevé les fondements de l'erreur, de la corruption des mœurs, de l'irréligion et de l'incrédulité. Bref, l'esprit des Lumières était battu en brèche. Grâce à Malzerbe, libraire chargé de la censure et favorable au projet, la publication a pu reprendre en 1756, mais... Ce n'était là que le début d'une longue histoire qui ne fut pas de tout repos. Opposition, menaces et procès ont émaillé toute la période de l'élaboration de l'encyclopédie jusqu'en 1772, parution des derniers volumes. L'essentiel est que l'encyclopédie a permis au plus grand nombre d'accéder au savoir, même si c'est dans la haute bourgeoisie que l'on compte les lecteurs, car se procurer les livres était très onéreux. J'avance au numéro 7. L'éditeur Bernard Grasset a vécu ici. C'est également l'adresse qui a donné son titre au film Rue de l'Estrapade de Jacques Becker, sorti en 1953 avec Anne Vernon, Louis Jourdan et Daniel Gélin. Là aussi, la porte cochère est restée identique, c'est bien celle du film. La musique de ce film a été co-écrite par Georges Van Paris et Marguerite Monod. Marguerite Monod a notamment eu un succès international avec sa comédie musicale Irma la Douce, qui a été jouée à Broadway et dont une adaptation a été faite au cinéma par Billy Wilder en 1963, avec une scène tournée à l'église Saint-Pierre-du-Mont, église dont j'ai déjà parlé dans l'épisode 5. Alors Marguerite Monod a écrit pour Edith Piaf plusieurs dizaines de musiques. Elle a composé la chanson Milord dont j'ai déjà parlé quand j'évoquais Moustaki dans l'épisode précédent. Elle a aussi composé L'hymne à l'amour une chanson écrite par Edith Piaf pour son amoureux, le boxeur Marcel Servan. Piaf interprétera cette chanson pour la première fois sur scène à New York le 14 septembre 1949, un mois et demi après Servan mourra dans un crash d'avion.

  • Speaker #0

    S'effondrerait la terre

  • Speaker #1

    Edith Piaf et Marguerite Monod ont été les toutes premières en France à former un duo d'auteurs-compositeurs féminins. Parmi les pépites de cette collaboration, les amants d'un jour, on écoute une version de cette chanson signée Alain Bachung. Le temps pour moi d'avancer jusqu'au numéro 9.

  • Speaker #0

    Sont arrivés, se tenant par la main, Père et mère veillées, de deux chérubins. Portant le soleil, ils ont demandé une voix tranquille à toi pour s'aimer au cœur de la ville. Et je me rappelle, ils ont regardé d'un air attendri. La chambre est boutée, au papier jeudi, et quand j'ai fermé la porte sur eux, il y avait un soleil au fond de leurs yeux, que ça m'a fait mal, ça m'a fait mal.

  • Speaker #1

    Ici un bâtiment jaune qui est classé au monument historique en forme de U. Au milieu, une belle grille derrière laquelle je vois une jolie cour pavée avec de nombreuses plantes en pot qui ornent l'espace. Et tout autour de cette cour, en U, le bâtiment qui abritait autrefois une brûlerie de café, la brûlerie Saint-Jacques. D'ailleurs, en haut de la grille, en médaillon, les trois lettres qui forment le logo de la brûlerie BSJ. Et la marque, qui avait disparu dans les années 70, a été ressuscitée en 2016 par une brûlerie artisanale installée à Pantin. Je repars maintenant là d'où je viens pour repasser devant le 7 pour arriver face à la petite place Emmanuel Lévinas sur laquelle se trouve une fontaine Wallace. Alors celle-ci est un grand modèle et je vois les quatre cariatides, ces statues de femmes qui soutiennent la partie supérieure de la fontaine. Ces cariatides représentent la simplicité, la charité, la sobriété et la bonté. Elles représentent également les quatre saisons. Bon, je vais maintenant quitter la rue de l'Estrapade pour aller sur ma gauche dans la rue Thouin. Comme j'ai parlé de Marguerite Monod à propos de la musique du film Rue de l'Estrapade, il faut aussi que je parle de son acolyte, Georges Van Paris, qui a co-composé la musique de ce film avec elle. Et j'en profite pour avancer jusqu'au prochain carrefour. Georges Van Paris a composé de très nombreuses musiques connues, il a contribué à plus d'une centaine de films, collaboré avec des réalisateurs aussi prestigieux que Gilles Grangier, Jean Renoir, Yves Robert, Jean Delanois ou bien encore Michel Audiard. On lui doit de grands standards de la chanson française comme C'est un mauvais garçon issu du film Un mauvais garçon sorti en 1936. Je te propose d'écouter la version de cette chanson de Renaud dans son album live enregistré à Bobineau en 1980.

  • Speaker #0

    Nous les paumés, nous ne sommes pas aimés, Les grands bourgeois qui agissent dans la poire, Ils ont d'abord, pour être à leur goût, Un grand faux col et un chapeau. Ça ne fait pas chier tout le quartier, Ça donne un sang pas d'honneur, Et c'est pourquoi quand un bourgeois nous boit, Ils y tendent au fond du doigt. C'est un mauvais garçon, il a des façons pas très jasolies. Je suis là, je vais dans le vide, pendant le rencontre la nuit. C'est un méchant gars qui fait du dégâts, c'est tout qui s'explique. Je sais où il vient de la tête, et je suis un mauvais garçon.

  • Speaker #1

    La première saison touche bientôt à sa fin. Je te donne donc rendez-vous pour le onzième et dernier épisode de cette saison qui va nous mener jusqu'à la place Maubert. Merci et à très bientôt.

Description

De George Orwell à Prosper Mérimée, de Eurythmics à Stromae, de Bizet à Bashung, de la Grosse Bertha à Renaud, de Diderot à Edith Piaf, ce sont encore beaucoup de belles histoires que les rues de Paris vont nous raconter dans cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Salut, c'est Olivier, bienvenue pour cet épisode 10 de Curieuse Découverte. On poursuit la balade dans le 5e arrondissement de Paris pour trouver des prétextes pour nous cultiver ensemble. Ce podcast demande un grand travail de recherche, d'écriture et de production. Alors la seule chose que je te demande, si tu le veux bien, c'est de le partager au maximum, de mettre des étoiles si tu l'apprécies et de le commenter sur Apple Podcast et sur Spotify. Je suis donc toujours à l'angle de la rue Mouffetard et de la rue du Pot de Fer. La rue du Pot de Fer s'est également appelée autrefois la rue du Bon Puy. C'est lié à cette fontaine devant laquelle je me trouve et qui fait l'angle avec les deux rues. Il s'agit d'une fontaine qui a été créée en 1624 et son histoire est intimement liée à l'aqueduc des eaux de Rungis. Un aqueduc, c'est un ouvrage maçonné qui a pour objectif d'acheminer de l'eau. Celui dont on parle a été mis en service en 1623 pour acheminer les eaux de source captées à Rungis, au sud de Paris jusqu'au centre de la capitale. C'est Marie de Médicis qui a donné l'ordre de cette construction, c'est pourquoi on l'appelle également l'aqueduc Médicis. Et c'est Sully, conseiller d'Henri IV, qui a commencé à réfléchir à l'idée de cet aqueduc. Et les premiers terrains ont été acquis à Rungis en 1609 sous le règne d'Henri IV. Mais en 1610, quand Henri IV fut assassiné, c'est Marie de Médicis qui devint régente. Louis XIII étant alors âgé de 8 ans seulement, Et Marie de Médicis, qui avait de la suite dans les idées, voyait d'un bon oeil l'arrivée de l'eau au centre de la capitale, car elle avait pour projet de se faire construire un palais, le futur palais du Luxembourg. Et elle souhaitait disposer dans ses jardins des fontaines et de jeux d'eau. Cette fontaine disposait d'un robinet, je vois d'ailleurs encore son emplacement. Mais il a été retiré en 2018. Il y a à l'angle de la fontaine un Space Invader, encore un. Celui-ci est génial, je trouve qu'il a parfaitement sa place sur le monument. Une belle harmonie entre l'architecture du passé et la culture contemporaine. Alors il n'y a plus de robinet, mais comme tu viens de l'entendre, il y a toujours de l'eau qui coule. Je m'en approche à nouveau. Alors je reviens sur la vie de Marie de Médicis et sa relation avec son fils Louis XIII, car tout cela est un peu compliqué. Si ça t'intéresse, je te propose une fresque chronologique pour situer les événements dans le temps. Cette chrono bio de Marie de Médicis est en lien sur CurieusesDécouvertes.com J'avance maintenant dans la rue du Pot-de-Père et je vais aller jusqu'au numéro 6, sur ma droite. Il y a eu un hôtel. George Orwell, l'écrivain britannique, y a été domicilié à la fin des années 20. Il parlera de cette vie de misère dans un livre qui sortira en 1933 dans la Dèche à Paris et à Londres. Dans le livre, la rue du Pot-de-Fer est renommée rue du coq d'or et il y décrit son hôtel. J'habitais à l'enseigne de l'hôtel des Trois Moineaux. Imaginez, une sorte de taupinière sombre et délabrée, abritant sur cinq étages 40 chambres délimitées par des cloisons de bois. Des chambres minuscules et irrémédiablement vouées à la saleté. Car tout le personnel se réduisait à la patronne, Madame F, qui avait d'autres chats à fouetter, que de donner un coup de balai. C'est beaucoup plus tard que George Orwell a écrit son plus grand succès. 1984, le livre est sorti en 1949, quelques mois avant sa mort. Dans cette fiction d'anticipation, il décrit une Grande-Bretagne qui a subi une guerre nucléaire et qui vit sous un régime totalitaire. C'est lui qui invente le terme de Big Brother. Big Brother is watching you, peut-on lire sur les affiches de propagande du régime en question. Big Brother, figure métaphorique du régime policier et totalitaire. Le réalisateur britannique Michael Radford a réalisé un film adapté du roman d'Orwell, le film 1984 sortira en 1984. Pour la musique du film, Radford s'est tourné vers le groupe Eurythmics. Dave Stewart et Annie Lennox de Eurythmics refusent. Une demande est donc faite à David Bowie qui refuse également. Radford et son producteur retournent voir Eurythmics en insistant un peu et Stewart et Lennox réfléchissent de leur côté et ils se mettent à travailler sur la bande originale du film. Mais ils ne donnent pas de nouvelles. Radford demande donc à un autre compositeur, Dominique Muldoney. Après une collaboration très fructueuse entre Radford et Muldoney, Eurythmics se rappelle au bon souvenir de Radford avec un album complet abouti. Grosse tension entre les producteurs de Eurythmics et les producteurs du film, car Radford ne veut pas revenir en arrière. La musique de son film est celle de Muldoney, point barre. Virgin Records, producteur de Eurythmics ayant mis de l'argent pour la production du film, ne l'entend pas de cette oreille. Finalement, la musique de Eurythmics ne servira que très peu pour le film, Mais le clip de Sex Crime 1984 contenant des images du film contribuera à sa promotion. Virgin décidera aussi de faire une deuxième version du film avec exclusivement la musique du groupe britannique. Il existe donc deux versions du film 1984, une première validée par Radford avec la musique de Muldoney, et environ 15% de Eurythmics, et une seconde mise sur le marché par Virgin avec l'intégralité de la musique de Eurythmics. Toute cette histoire est très bien racontée par Mathieu Blom sur sa chaîne YouTube. Je vais maintenant avancer tranquillement jusqu'à la prochaine intersection avec Dans les oreilles, Duritmix et Sexcrime 1984. J'arrive maintenant à la rue Tournefort. Cette rue porte ce nom depuis 1864, en hommage au botaniste Joseph Tournefort. Devant moi, un bâtiment cossu, à l'angle duquel je vois graver dans la pierre l'ancien nom de cette rue, la rue Neuve-Geneviève. En fait, il y a un carré piqueté à droite du mot Neuve c'est simplement parce que les lettres STE abréviation de Sainte ont été effacées à la Révolution. La rue s'appelait donc rue Neuve-Sainte-Geneviève. Ce bâtiment cossu du numéro 20 comme les suivants au XVIII et au XVI compose un ancien couvent du XVIe au XVIIIe siècle. Il abritait les bénédictines de l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Juste en face, au numéro 25, une plaque m'indique que Prosper Mérimée a vécu ici en 1826. Prosper Mérimée fut écrivain et historien, il entra à l'Académie française en 1844. Mérimée avait une amie espagnole, la comtesse de Montigeau, mère d'Eugénie, la future impératrice des Français, épouse de Napoléon III. La comtesse lui avait raconté l'histoire d'un fait divers. Prosper Mérimée en écrivit une nouvelle, et c'est cette nouvelle qui inspira à Georges Bizet l'opéra Carmen. L'amour est un oiseau rebelle, grand classique de l'opéra dont s'est inspiré Stromae pour son titre Carmen, qui évoque les travers des réseaux sociaux. C'est dingue de voir le trajet des influences d'un fait divers en Espagne au XIXe siècle, et naît une nouvelle, puis un opéra, et enfin un titre rap sur la folie des réseaux sociaux. Et on finit solo.

  • Speaker #0

    Et à tous ceux qui vous like, les sourires en plastique sont souvent des coups d'hashtag. Ah les amis, les potes, les followers, vous faites erreur, vous savez juste la cote.

  • Speaker #1

    Allez, j'avance maintenant jusqu'au numéro 19. Ici, au numéro 19, le 15 avril 1918, s'est abattu un obus, lancé par la Grosse Bertha. La Grosse Bertha était un surnom donné par les Français à un ensemble de canons allemands, qui étaient au nombre de 7. Les Allemands les appelaient les Canons de Paris, les Pariseurs-Canonnens. Ces canons avaient une portée de 120 km, et entre mars et août 1918, ce sont 367 obus qui ont été tirés sur Paris et les alentours. Ils ont causé la mort de 256 personnes. La grosse Bertha, c'était donc des canons impressionnants de 750 tonnes, de 34 à 36 mètres de long qui propulsaient des obus de plus de 125 kg, de 21 cm de diamètre et jusqu'à 1600 mètres secondes. C'est plus de Mach 5, plus de 5 fois la vitesse du son. En réalité, les Français ne donnaient pas le bon nom à ces canons, car les premiers qui ont entendu ce terme ont mal traduit. Pour les Allemands, les pièces d'artillerie appelées Grossbertha étaient d'autres canons qui tiraient à 9 km des obus de 42 cm. Des obus beaucoup plus gros, mais des canons plus petits qui les propulsaient moins loin. Ces canons étant destinés à la destruction de fortifications et pouvant percer jusqu'à 3 mètres de béton armé. Bertha vient du prénom de Bertha Krupp, propriétaire de l'entreprise à qui l'armée allemande a confié la fabrication des canons. Bertha a repris l'entreprise familiale créée par Friedrich Krupp, son arrière-grand-père, en 1811. L'entreprise a prospéré et existe toujours au sein du groupe sidérurgique allemand ThyssenKrupp. Le groupe emploie plus de 100 000 personnes en Europe. Il fabrique notamment des ascenseurs ou bien encore des escalators. Au numéro 10, le peintre Lucien Lautrec a vécu là de 1955 à 1991. Quand on regarde certaines de ses œuvres, on pourrait penser qu'il faisait de l'art abstrait, mais il refusait le terme. Il faisait selon lui de la peinture non figurative, ayant une base représentative. Il disait que les titres de ses œuvres en étaient la preuve. Je vois que la porte de l'immeuble est toujours celle qui était là du vivant de Lautrec, car il existe une photo où il est adossé ici devant l'entrée sur le bâton gauche de cette porte. Au numéro 8, une plaque commémore le groupe de Mme Andrée Goubillon, qui ici même, à partir de 1943, hébergait des parachutistes français des réseaux du plan Cesex. Comme il est indiqué sur la page d'accueil du site voué à la mémoire de celles et ceux qui ont participé au plan Cesex, ces soldats, femmes et hommes, furent de glorieux acteurs du plan Cesex, imaginés en mars 1943 par l'état-major du général Eisenhower, dans le but de faciliter les opérations de libération de la France. Ce plan visait à mettre en place dans toutes les régions au nord de la Loire, qui seraient zones de combat, des groupes de deux officiers observateurs et radio, placés en des points stratégiques. Pour accomplir cette mission, 120 volontaires, tous français, furent retenus, soumis à un entraînement intensif pendant plusieurs mois et formés à la technique du renseignement militaire par des instructeurs britanniques de l'Intelligence Service, l'IS et américain de l'Office of Strategic Services, l'OSS, à l'école de Prewood House, à une quarantaine de kilomètres de Londres. Ils furent parachutés par groupe de deux dans les régions concernées. Le travail de ces agents fut rude et difficile car la Gestapo et les services de détection allemands étaient de plus en plus performants et nombre d'entre eux furent arrêtés, torturés et abattus. Cependant le travail effectué par tous fut admirable et les américains ont pu déclarer après la guerre l'activité des Sussex a été intense et les informations transmises des plus importantes. Les résultats obtenus dépassèrent largement les prévisions les plus optimistes Et donc ici, ce sont 42 soldats sur les 120 parachutés qui ont été cachés. Sur ma droite une ancienne caserne des gardes françaises construite en 1772 sous Louis XV. Le roi avait en 1765 ordonné la construction de 17 casernes de ce type pour que les gardes n'aient plus à loger chez l'habitant. Ce mode d'hébergement était devenu très impopulaire. Cette caserne de la rue Tournefort a été abandonnée en 1830 au profit de la caserne Monge dont j'ai parlé lors de l'épisode précédent rue Mouffetard. Au numéro 6, Jacques Chiffrines, un éditeur né à New York en 1892, fonda en 1923 La Pléiade, La Pléiade qui intégra Gallimard à partir de 1933. Chiffrines sera alors directeur de la collection. Si La Pléiade est devenue une collection prestigieuse, l'idée initiale de Chiffrines était tout autre. Le but était pour lui de sélectionner les grands auteurs, les grandes œuvres et de les éditer en format poche pour en donner l'accès au plus grand nombre. Schifrin sera renvoyé par Gaston Gallimard en 1940, car sous l'occupation nazie, tous les éditeurs devaient se séparer de leurs employés juifs. Schifrin s'exila, grâce à l'appui financier d'André Gide, à New York, sans jamais revenir en France, jusqu'à son décès en 1950. J'avance maintenant jusqu'à la rue de l'Estrapade, que j'avais déjà empruntée lors de l'épisode 6, mais là, nous sommes à l'autre extrémité. Voilà ici, sur ma gauche, le 3 rue de l'Estrapade. L'immeuble où vécu Diderot à l'époque où il rédigeait l'encyclopédie. Denis Diderot est un érudit, philosophe des Lumières, son nom est pour l'histoire associée à l'encyclopédie, la première encyclopédie française dont il dirigea la rédaction. En tout, ce sont plus de 160 contributeurs qui écriront des articles de l'encyclopédie. Diderot, secondé par D'Alembert, ont sorti le premier volume de l'encyclopédie en 1751, mais dès février 1752, l'ouvrage fut interdit. Le Conseil d'État a subi des pressions des jésuites au motif qu'il contenait plusieurs maximes tendant à détruire l'autorité royale, à établir l'esprit d'indépendance et de révolte. et sous des termes obscurs et équivoques, a élevé les fondements de l'erreur, de la corruption des mœurs, de l'irréligion et de l'incrédulité. Bref, l'esprit des Lumières était battu en brèche. Grâce à Malzerbe, libraire chargé de la censure et favorable au projet, la publication a pu reprendre en 1756, mais... Ce n'était là que le début d'une longue histoire qui ne fut pas de tout repos. Opposition, menaces et procès ont émaillé toute la période de l'élaboration de l'encyclopédie jusqu'en 1772, parution des derniers volumes. L'essentiel est que l'encyclopédie a permis au plus grand nombre d'accéder au savoir, même si c'est dans la haute bourgeoisie que l'on compte les lecteurs, car se procurer les livres était très onéreux. J'avance au numéro 7. L'éditeur Bernard Grasset a vécu ici. C'est également l'adresse qui a donné son titre au film Rue de l'Estrapade de Jacques Becker, sorti en 1953 avec Anne Vernon, Louis Jourdan et Daniel Gélin. Là aussi, la porte cochère est restée identique, c'est bien celle du film. La musique de ce film a été co-écrite par Georges Van Paris et Marguerite Monod. Marguerite Monod a notamment eu un succès international avec sa comédie musicale Irma la Douce, qui a été jouée à Broadway et dont une adaptation a été faite au cinéma par Billy Wilder en 1963, avec une scène tournée à l'église Saint-Pierre-du-Mont, église dont j'ai déjà parlé dans l'épisode 5. Alors Marguerite Monod a écrit pour Edith Piaf plusieurs dizaines de musiques. Elle a composé la chanson Milord dont j'ai déjà parlé quand j'évoquais Moustaki dans l'épisode précédent. Elle a aussi composé L'hymne à l'amour une chanson écrite par Edith Piaf pour son amoureux, le boxeur Marcel Servan. Piaf interprétera cette chanson pour la première fois sur scène à New York le 14 septembre 1949, un mois et demi après Servan mourra dans un crash d'avion.

  • Speaker #0

    S'effondrerait la terre

  • Speaker #1

    Edith Piaf et Marguerite Monod ont été les toutes premières en France à former un duo d'auteurs-compositeurs féminins. Parmi les pépites de cette collaboration, les amants d'un jour, on écoute une version de cette chanson signée Alain Bachung. Le temps pour moi d'avancer jusqu'au numéro 9.

  • Speaker #0

    Sont arrivés, se tenant par la main, Père et mère veillées, de deux chérubins. Portant le soleil, ils ont demandé une voix tranquille à toi pour s'aimer au cœur de la ville. Et je me rappelle, ils ont regardé d'un air attendri. La chambre est boutée, au papier jeudi, et quand j'ai fermé la porte sur eux, il y avait un soleil au fond de leurs yeux, que ça m'a fait mal, ça m'a fait mal.

  • Speaker #1

    Ici un bâtiment jaune qui est classé au monument historique en forme de U. Au milieu, une belle grille derrière laquelle je vois une jolie cour pavée avec de nombreuses plantes en pot qui ornent l'espace. Et tout autour de cette cour, en U, le bâtiment qui abritait autrefois une brûlerie de café, la brûlerie Saint-Jacques. D'ailleurs, en haut de la grille, en médaillon, les trois lettres qui forment le logo de la brûlerie BSJ. Et la marque, qui avait disparu dans les années 70, a été ressuscitée en 2016 par une brûlerie artisanale installée à Pantin. Je repars maintenant là d'où je viens pour repasser devant le 7 pour arriver face à la petite place Emmanuel Lévinas sur laquelle se trouve une fontaine Wallace. Alors celle-ci est un grand modèle et je vois les quatre cariatides, ces statues de femmes qui soutiennent la partie supérieure de la fontaine. Ces cariatides représentent la simplicité, la charité, la sobriété et la bonté. Elles représentent également les quatre saisons. Bon, je vais maintenant quitter la rue de l'Estrapade pour aller sur ma gauche dans la rue Thouin. Comme j'ai parlé de Marguerite Monod à propos de la musique du film Rue de l'Estrapade, il faut aussi que je parle de son acolyte, Georges Van Paris, qui a co-composé la musique de ce film avec elle. Et j'en profite pour avancer jusqu'au prochain carrefour. Georges Van Paris a composé de très nombreuses musiques connues, il a contribué à plus d'une centaine de films, collaboré avec des réalisateurs aussi prestigieux que Gilles Grangier, Jean Renoir, Yves Robert, Jean Delanois ou bien encore Michel Audiard. On lui doit de grands standards de la chanson française comme C'est un mauvais garçon issu du film Un mauvais garçon sorti en 1936. Je te propose d'écouter la version de cette chanson de Renaud dans son album live enregistré à Bobineau en 1980.

  • Speaker #0

    Nous les paumés, nous ne sommes pas aimés, Les grands bourgeois qui agissent dans la poire, Ils ont d'abord, pour être à leur goût, Un grand faux col et un chapeau. Ça ne fait pas chier tout le quartier, Ça donne un sang pas d'honneur, Et c'est pourquoi quand un bourgeois nous boit, Ils y tendent au fond du doigt. C'est un mauvais garçon, il a des façons pas très jasolies. Je suis là, je vais dans le vide, pendant le rencontre la nuit. C'est un méchant gars qui fait du dégâts, c'est tout qui s'explique. Je sais où il vient de la tête, et je suis un mauvais garçon.

  • Speaker #1

    La première saison touche bientôt à sa fin. Je te donne donc rendez-vous pour le onzième et dernier épisode de cette saison qui va nous mener jusqu'à la place Maubert. Merci et à très bientôt.

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Description

De George Orwell à Prosper Mérimée, de Eurythmics à Stromae, de Bizet à Bashung, de la Grosse Bertha à Renaud, de Diderot à Edith Piaf, ce sont encore beaucoup de belles histoires que les rues de Paris vont nous raconter dans cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Salut, c'est Olivier, bienvenue pour cet épisode 10 de Curieuse Découverte. On poursuit la balade dans le 5e arrondissement de Paris pour trouver des prétextes pour nous cultiver ensemble. Ce podcast demande un grand travail de recherche, d'écriture et de production. Alors la seule chose que je te demande, si tu le veux bien, c'est de le partager au maximum, de mettre des étoiles si tu l'apprécies et de le commenter sur Apple Podcast et sur Spotify. Je suis donc toujours à l'angle de la rue Mouffetard et de la rue du Pot de Fer. La rue du Pot de Fer s'est également appelée autrefois la rue du Bon Puy. C'est lié à cette fontaine devant laquelle je me trouve et qui fait l'angle avec les deux rues. Il s'agit d'une fontaine qui a été créée en 1624 et son histoire est intimement liée à l'aqueduc des eaux de Rungis. Un aqueduc, c'est un ouvrage maçonné qui a pour objectif d'acheminer de l'eau. Celui dont on parle a été mis en service en 1623 pour acheminer les eaux de source captées à Rungis, au sud de Paris jusqu'au centre de la capitale. C'est Marie de Médicis qui a donné l'ordre de cette construction, c'est pourquoi on l'appelle également l'aqueduc Médicis. Et c'est Sully, conseiller d'Henri IV, qui a commencé à réfléchir à l'idée de cet aqueduc. Et les premiers terrains ont été acquis à Rungis en 1609 sous le règne d'Henri IV. Mais en 1610, quand Henri IV fut assassiné, c'est Marie de Médicis qui devint régente. Louis XIII étant alors âgé de 8 ans seulement, Et Marie de Médicis, qui avait de la suite dans les idées, voyait d'un bon oeil l'arrivée de l'eau au centre de la capitale, car elle avait pour projet de se faire construire un palais, le futur palais du Luxembourg. Et elle souhaitait disposer dans ses jardins des fontaines et de jeux d'eau. Cette fontaine disposait d'un robinet, je vois d'ailleurs encore son emplacement. Mais il a été retiré en 2018. Il y a à l'angle de la fontaine un Space Invader, encore un. Celui-ci est génial, je trouve qu'il a parfaitement sa place sur le monument. Une belle harmonie entre l'architecture du passé et la culture contemporaine. Alors il n'y a plus de robinet, mais comme tu viens de l'entendre, il y a toujours de l'eau qui coule. Je m'en approche à nouveau. Alors je reviens sur la vie de Marie de Médicis et sa relation avec son fils Louis XIII, car tout cela est un peu compliqué. Si ça t'intéresse, je te propose une fresque chronologique pour situer les événements dans le temps. Cette chrono bio de Marie de Médicis est en lien sur CurieusesDécouvertes.com J'avance maintenant dans la rue du Pot-de-Père et je vais aller jusqu'au numéro 6, sur ma droite. Il y a eu un hôtel. George Orwell, l'écrivain britannique, y a été domicilié à la fin des années 20. Il parlera de cette vie de misère dans un livre qui sortira en 1933 dans la Dèche à Paris et à Londres. Dans le livre, la rue du Pot-de-Fer est renommée rue du coq d'or et il y décrit son hôtel. J'habitais à l'enseigne de l'hôtel des Trois Moineaux. Imaginez, une sorte de taupinière sombre et délabrée, abritant sur cinq étages 40 chambres délimitées par des cloisons de bois. Des chambres minuscules et irrémédiablement vouées à la saleté. Car tout le personnel se réduisait à la patronne, Madame F, qui avait d'autres chats à fouetter, que de donner un coup de balai. C'est beaucoup plus tard que George Orwell a écrit son plus grand succès. 1984, le livre est sorti en 1949, quelques mois avant sa mort. Dans cette fiction d'anticipation, il décrit une Grande-Bretagne qui a subi une guerre nucléaire et qui vit sous un régime totalitaire. C'est lui qui invente le terme de Big Brother. Big Brother is watching you, peut-on lire sur les affiches de propagande du régime en question. Big Brother, figure métaphorique du régime policier et totalitaire. Le réalisateur britannique Michael Radford a réalisé un film adapté du roman d'Orwell, le film 1984 sortira en 1984. Pour la musique du film, Radford s'est tourné vers le groupe Eurythmics. Dave Stewart et Annie Lennox de Eurythmics refusent. Une demande est donc faite à David Bowie qui refuse également. Radford et son producteur retournent voir Eurythmics en insistant un peu et Stewart et Lennox réfléchissent de leur côté et ils se mettent à travailler sur la bande originale du film. Mais ils ne donnent pas de nouvelles. Radford demande donc à un autre compositeur, Dominique Muldoney. Après une collaboration très fructueuse entre Radford et Muldoney, Eurythmics se rappelle au bon souvenir de Radford avec un album complet abouti. Grosse tension entre les producteurs de Eurythmics et les producteurs du film, car Radford ne veut pas revenir en arrière. La musique de son film est celle de Muldoney, point barre. Virgin Records, producteur de Eurythmics ayant mis de l'argent pour la production du film, ne l'entend pas de cette oreille. Finalement, la musique de Eurythmics ne servira que très peu pour le film, Mais le clip de Sex Crime 1984 contenant des images du film contribuera à sa promotion. Virgin décidera aussi de faire une deuxième version du film avec exclusivement la musique du groupe britannique. Il existe donc deux versions du film 1984, une première validée par Radford avec la musique de Muldoney, et environ 15% de Eurythmics, et une seconde mise sur le marché par Virgin avec l'intégralité de la musique de Eurythmics. Toute cette histoire est très bien racontée par Mathieu Blom sur sa chaîne YouTube. Je vais maintenant avancer tranquillement jusqu'à la prochaine intersection avec Dans les oreilles, Duritmix et Sexcrime 1984. J'arrive maintenant à la rue Tournefort. Cette rue porte ce nom depuis 1864, en hommage au botaniste Joseph Tournefort. Devant moi, un bâtiment cossu, à l'angle duquel je vois graver dans la pierre l'ancien nom de cette rue, la rue Neuve-Geneviève. En fait, il y a un carré piqueté à droite du mot Neuve c'est simplement parce que les lettres STE abréviation de Sainte ont été effacées à la Révolution. La rue s'appelait donc rue Neuve-Sainte-Geneviève. Ce bâtiment cossu du numéro 20 comme les suivants au XVIII et au XVI compose un ancien couvent du XVIe au XVIIIe siècle. Il abritait les bénédictines de l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Juste en face, au numéro 25, une plaque m'indique que Prosper Mérimée a vécu ici en 1826. Prosper Mérimée fut écrivain et historien, il entra à l'Académie française en 1844. Mérimée avait une amie espagnole, la comtesse de Montigeau, mère d'Eugénie, la future impératrice des Français, épouse de Napoléon III. La comtesse lui avait raconté l'histoire d'un fait divers. Prosper Mérimée en écrivit une nouvelle, et c'est cette nouvelle qui inspira à Georges Bizet l'opéra Carmen. L'amour est un oiseau rebelle, grand classique de l'opéra dont s'est inspiré Stromae pour son titre Carmen, qui évoque les travers des réseaux sociaux. C'est dingue de voir le trajet des influences d'un fait divers en Espagne au XIXe siècle, et naît une nouvelle, puis un opéra, et enfin un titre rap sur la folie des réseaux sociaux. Et on finit solo.

  • Speaker #0

    Et à tous ceux qui vous like, les sourires en plastique sont souvent des coups d'hashtag. Ah les amis, les potes, les followers, vous faites erreur, vous savez juste la cote.

  • Speaker #1

    Allez, j'avance maintenant jusqu'au numéro 19. Ici, au numéro 19, le 15 avril 1918, s'est abattu un obus, lancé par la Grosse Bertha. La Grosse Bertha était un surnom donné par les Français à un ensemble de canons allemands, qui étaient au nombre de 7. Les Allemands les appelaient les Canons de Paris, les Pariseurs-Canonnens. Ces canons avaient une portée de 120 km, et entre mars et août 1918, ce sont 367 obus qui ont été tirés sur Paris et les alentours. Ils ont causé la mort de 256 personnes. La grosse Bertha, c'était donc des canons impressionnants de 750 tonnes, de 34 à 36 mètres de long qui propulsaient des obus de plus de 125 kg, de 21 cm de diamètre et jusqu'à 1600 mètres secondes. C'est plus de Mach 5, plus de 5 fois la vitesse du son. En réalité, les Français ne donnaient pas le bon nom à ces canons, car les premiers qui ont entendu ce terme ont mal traduit. Pour les Allemands, les pièces d'artillerie appelées Grossbertha étaient d'autres canons qui tiraient à 9 km des obus de 42 cm. Des obus beaucoup plus gros, mais des canons plus petits qui les propulsaient moins loin. Ces canons étant destinés à la destruction de fortifications et pouvant percer jusqu'à 3 mètres de béton armé. Bertha vient du prénom de Bertha Krupp, propriétaire de l'entreprise à qui l'armée allemande a confié la fabrication des canons. Bertha a repris l'entreprise familiale créée par Friedrich Krupp, son arrière-grand-père, en 1811. L'entreprise a prospéré et existe toujours au sein du groupe sidérurgique allemand ThyssenKrupp. Le groupe emploie plus de 100 000 personnes en Europe. Il fabrique notamment des ascenseurs ou bien encore des escalators. Au numéro 10, le peintre Lucien Lautrec a vécu là de 1955 à 1991. Quand on regarde certaines de ses œuvres, on pourrait penser qu'il faisait de l'art abstrait, mais il refusait le terme. Il faisait selon lui de la peinture non figurative, ayant une base représentative. Il disait que les titres de ses œuvres en étaient la preuve. Je vois que la porte de l'immeuble est toujours celle qui était là du vivant de Lautrec, car il existe une photo où il est adossé ici devant l'entrée sur le bâton gauche de cette porte. Au numéro 8, une plaque commémore le groupe de Mme Andrée Goubillon, qui ici même, à partir de 1943, hébergait des parachutistes français des réseaux du plan Cesex. Comme il est indiqué sur la page d'accueil du site voué à la mémoire de celles et ceux qui ont participé au plan Cesex, ces soldats, femmes et hommes, furent de glorieux acteurs du plan Cesex, imaginés en mars 1943 par l'état-major du général Eisenhower, dans le but de faciliter les opérations de libération de la France. Ce plan visait à mettre en place dans toutes les régions au nord de la Loire, qui seraient zones de combat, des groupes de deux officiers observateurs et radio, placés en des points stratégiques. Pour accomplir cette mission, 120 volontaires, tous français, furent retenus, soumis à un entraînement intensif pendant plusieurs mois et formés à la technique du renseignement militaire par des instructeurs britanniques de l'Intelligence Service, l'IS et américain de l'Office of Strategic Services, l'OSS, à l'école de Prewood House, à une quarantaine de kilomètres de Londres. Ils furent parachutés par groupe de deux dans les régions concernées. Le travail de ces agents fut rude et difficile car la Gestapo et les services de détection allemands étaient de plus en plus performants et nombre d'entre eux furent arrêtés, torturés et abattus. Cependant le travail effectué par tous fut admirable et les américains ont pu déclarer après la guerre l'activité des Sussex a été intense et les informations transmises des plus importantes. Les résultats obtenus dépassèrent largement les prévisions les plus optimistes Et donc ici, ce sont 42 soldats sur les 120 parachutés qui ont été cachés. Sur ma droite une ancienne caserne des gardes françaises construite en 1772 sous Louis XV. Le roi avait en 1765 ordonné la construction de 17 casernes de ce type pour que les gardes n'aient plus à loger chez l'habitant. Ce mode d'hébergement était devenu très impopulaire. Cette caserne de la rue Tournefort a été abandonnée en 1830 au profit de la caserne Monge dont j'ai parlé lors de l'épisode précédent rue Mouffetard. Au numéro 6, Jacques Chiffrines, un éditeur né à New York en 1892, fonda en 1923 La Pléiade, La Pléiade qui intégra Gallimard à partir de 1933. Chiffrines sera alors directeur de la collection. Si La Pléiade est devenue une collection prestigieuse, l'idée initiale de Chiffrines était tout autre. Le but était pour lui de sélectionner les grands auteurs, les grandes œuvres et de les éditer en format poche pour en donner l'accès au plus grand nombre. Schifrin sera renvoyé par Gaston Gallimard en 1940, car sous l'occupation nazie, tous les éditeurs devaient se séparer de leurs employés juifs. Schifrin s'exila, grâce à l'appui financier d'André Gide, à New York, sans jamais revenir en France, jusqu'à son décès en 1950. J'avance maintenant jusqu'à la rue de l'Estrapade, que j'avais déjà empruntée lors de l'épisode 6, mais là, nous sommes à l'autre extrémité. Voilà ici, sur ma gauche, le 3 rue de l'Estrapade. L'immeuble où vécu Diderot à l'époque où il rédigeait l'encyclopédie. Denis Diderot est un érudit, philosophe des Lumières, son nom est pour l'histoire associée à l'encyclopédie, la première encyclopédie française dont il dirigea la rédaction. En tout, ce sont plus de 160 contributeurs qui écriront des articles de l'encyclopédie. Diderot, secondé par D'Alembert, ont sorti le premier volume de l'encyclopédie en 1751, mais dès février 1752, l'ouvrage fut interdit. Le Conseil d'État a subi des pressions des jésuites au motif qu'il contenait plusieurs maximes tendant à détruire l'autorité royale, à établir l'esprit d'indépendance et de révolte. et sous des termes obscurs et équivoques, a élevé les fondements de l'erreur, de la corruption des mœurs, de l'irréligion et de l'incrédulité. Bref, l'esprit des Lumières était battu en brèche. Grâce à Malzerbe, libraire chargé de la censure et favorable au projet, la publication a pu reprendre en 1756, mais... Ce n'était là que le début d'une longue histoire qui ne fut pas de tout repos. Opposition, menaces et procès ont émaillé toute la période de l'élaboration de l'encyclopédie jusqu'en 1772, parution des derniers volumes. L'essentiel est que l'encyclopédie a permis au plus grand nombre d'accéder au savoir, même si c'est dans la haute bourgeoisie que l'on compte les lecteurs, car se procurer les livres était très onéreux. J'avance au numéro 7. L'éditeur Bernard Grasset a vécu ici. C'est également l'adresse qui a donné son titre au film Rue de l'Estrapade de Jacques Becker, sorti en 1953 avec Anne Vernon, Louis Jourdan et Daniel Gélin. Là aussi, la porte cochère est restée identique, c'est bien celle du film. La musique de ce film a été co-écrite par Georges Van Paris et Marguerite Monod. Marguerite Monod a notamment eu un succès international avec sa comédie musicale Irma la Douce, qui a été jouée à Broadway et dont une adaptation a été faite au cinéma par Billy Wilder en 1963, avec une scène tournée à l'église Saint-Pierre-du-Mont, église dont j'ai déjà parlé dans l'épisode 5. Alors Marguerite Monod a écrit pour Edith Piaf plusieurs dizaines de musiques. Elle a composé la chanson Milord dont j'ai déjà parlé quand j'évoquais Moustaki dans l'épisode précédent. Elle a aussi composé L'hymne à l'amour une chanson écrite par Edith Piaf pour son amoureux, le boxeur Marcel Servan. Piaf interprétera cette chanson pour la première fois sur scène à New York le 14 septembre 1949, un mois et demi après Servan mourra dans un crash d'avion.

  • Speaker #0

    S'effondrerait la terre

  • Speaker #1

    Edith Piaf et Marguerite Monod ont été les toutes premières en France à former un duo d'auteurs-compositeurs féminins. Parmi les pépites de cette collaboration, les amants d'un jour, on écoute une version de cette chanson signée Alain Bachung. Le temps pour moi d'avancer jusqu'au numéro 9.

  • Speaker #0

    Sont arrivés, se tenant par la main, Père et mère veillées, de deux chérubins. Portant le soleil, ils ont demandé une voix tranquille à toi pour s'aimer au cœur de la ville. Et je me rappelle, ils ont regardé d'un air attendri. La chambre est boutée, au papier jeudi, et quand j'ai fermé la porte sur eux, il y avait un soleil au fond de leurs yeux, que ça m'a fait mal, ça m'a fait mal.

  • Speaker #1

    Ici un bâtiment jaune qui est classé au monument historique en forme de U. Au milieu, une belle grille derrière laquelle je vois une jolie cour pavée avec de nombreuses plantes en pot qui ornent l'espace. Et tout autour de cette cour, en U, le bâtiment qui abritait autrefois une brûlerie de café, la brûlerie Saint-Jacques. D'ailleurs, en haut de la grille, en médaillon, les trois lettres qui forment le logo de la brûlerie BSJ. Et la marque, qui avait disparu dans les années 70, a été ressuscitée en 2016 par une brûlerie artisanale installée à Pantin. Je repars maintenant là d'où je viens pour repasser devant le 7 pour arriver face à la petite place Emmanuel Lévinas sur laquelle se trouve une fontaine Wallace. Alors celle-ci est un grand modèle et je vois les quatre cariatides, ces statues de femmes qui soutiennent la partie supérieure de la fontaine. Ces cariatides représentent la simplicité, la charité, la sobriété et la bonté. Elles représentent également les quatre saisons. Bon, je vais maintenant quitter la rue de l'Estrapade pour aller sur ma gauche dans la rue Thouin. Comme j'ai parlé de Marguerite Monod à propos de la musique du film Rue de l'Estrapade, il faut aussi que je parle de son acolyte, Georges Van Paris, qui a co-composé la musique de ce film avec elle. Et j'en profite pour avancer jusqu'au prochain carrefour. Georges Van Paris a composé de très nombreuses musiques connues, il a contribué à plus d'une centaine de films, collaboré avec des réalisateurs aussi prestigieux que Gilles Grangier, Jean Renoir, Yves Robert, Jean Delanois ou bien encore Michel Audiard. On lui doit de grands standards de la chanson française comme C'est un mauvais garçon issu du film Un mauvais garçon sorti en 1936. Je te propose d'écouter la version de cette chanson de Renaud dans son album live enregistré à Bobineau en 1980.

  • Speaker #0

    Nous les paumés, nous ne sommes pas aimés, Les grands bourgeois qui agissent dans la poire, Ils ont d'abord, pour être à leur goût, Un grand faux col et un chapeau. Ça ne fait pas chier tout le quartier, Ça donne un sang pas d'honneur, Et c'est pourquoi quand un bourgeois nous boit, Ils y tendent au fond du doigt. C'est un mauvais garçon, il a des façons pas très jasolies. Je suis là, je vais dans le vide, pendant le rencontre la nuit. C'est un méchant gars qui fait du dégâts, c'est tout qui s'explique. Je sais où il vient de la tête, et je suis un mauvais garçon.

  • Speaker #1

    La première saison touche bientôt à sa fin. Je te donne donc rendez-vous pour le onzième et dernier épisode de cette saison qui va nous mener jusqu'à la place Maubert. Merci et à très bientôt.

Description

De George Orwell à Prosper Mérimée, de Eurythmics à Stromae, de Bizet à Bashung, de la Grosse Bertha à Renaud, de Diderot à Edith Piaf, ce sont encore beaucoup de belles histoires que les rues de Paris vont nous raconter dans cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Salut, c'est Olivier, bienvenue pour cet épisode 10 de Curieuse Découverte. On poursuit la balade dans le 5e arrondissement de Paris pour trouver des prétextes pour nous cultiver ensemble. Ce podcast demande un grand travail de recherche, d'écriture et de production. Alors la seule chose que je te demande, si tu le veux bien, c'est de le partager au maximum, de mettre des étoiles si tu l'apprécies et de le commenter sur Apple Podcast et sur Spotify. Je suis donc toujours à l'angle de la rue Mouffetard et de la rue du Pot de Fer. La rue du Pot de Fer s'est également appelée autrefois la rue du Bon Puy. C'est lié à cette fontaine devant laquelle je me trouve et qui fait l'angle avec les deux rues. Il s'agit d'une fontaine qui a été créée en 1624 et son histoire est intimement liée à l'aqueduc des eaux de Rungis. Un aqueduc, c'est un ouvrage maçonné qui a pour objectif d'acheminer de l'eau. Celui dont on parle a été mis en service en 1623 pour acheminer les eaux de source captées à Rungis, au sud de Paris jusqu'au centre de la capitale. C'est Marie de Médicis qui a donné l'ordre de cette construction, c'est pourquoi on l'appelle également l'aqueduc Médicis. Et c'est Sully, conseiller d'Henri IV, qui a commencé à réfléchir à l'idée de cet aqueduc. Et les premiers terrains ont été acquis à Rungis en 1609 sous le règne d'Henri IV. Mais en 1610, quand Henri IV fut assassiné, c'est Marie de Médicis qui devint régente. Louis XIII étant alors âgé de 8 ans seulement, Et Marie de Médicis, qui avait de la suite dans les idées, voyait d'un bon oeil l'arrivée de l'eau au centre de la capitale, car elle avait pour projet de se faire construire un palais, le futur palais du Luxembourg. Et elle souhaitait disposer dans ses jardins des fontaines et de jeux d'eau. Cette fontaine disposait d'un robinet, je vois d'ailleurs encore son emplacement. Mais il a été retiré en 2018. Il y a à l'angle de la fontaine un Space Invader, encore un. Celui-ci est génial, je trouve qu'il a parfaitement sa place sur le monument. Une belle harmonie entre l'architecture du passé et la culture contemporaine. Alors il n'y a plus de robinet, mais comme tu viens de l'entendre, il y a toujours de l'eau qui coule. Je m'en approche à nouveau. Alors je reviens sur la vie de Marie de Médicis et sa relation avec son fils Louis XIII, car tout cela est un peu compliqué. Si ça t'intéresse, je te propose une fresque chronologique pour situer les événements dans le temps. Cette chrono bio de Marie de Médicis est en lien sur CurieusesDécouvertes.com J'avance maintenant dans la rue du Pot-de-Père et je vais aller jusqu'au numéro 6, sur ma droite. Il y a eu un hôtel. George Orwell, l'écrivain britannique, y a été domicilié à la fin des années 20. Il parlera de cette vie de misère dans un livre qui sortira en 1933 dans la Dèche à Paris et à Londres. Dans le livre, la rue du Pot-de-Fer est renommée rue du coq d'or et il y décrit son hôtel. J'habitais à l'enseigne de l'hôtel des Trois Moineaux. Imaginez, une sorte de taupinière sombre et délabrée, abritant sur cinq étages 40 chambres délimitées par des cloisons de bois. Des chambres minuscules et irrémédiablement vouées à la saleté. Car tout le personnel se réduisait à la patronne, Madame F, qui avait d'autres chats à fouetter, que de donner un coup de balai. C'est beaucoup plus tard que George Orwell a écrit son plus grand succès. 1984, le livre est sorti en 1949, quelques mois avant sa mort. Dans cette fiction d'anticipation, il décrit une Grande-Bretagne qui a subi une guerre nucléaire et qui vit sous un régime totalitaire. C'est lui qui invente le terme de Big Brother. Big Brother is watching you, peut-on lire sur les affiches de propagande du régime en question. Big Brother, figure métaphorique du régime policier et totalitaire. Le réalisateur britannique Michael Radford a réalisé un film adapté du roman d'Orwell, le film 1984 sortira en 1984. Pour la musique du film, Radford s'est tourné vers le groupe Eurythmics. Dave Stewart et Annie Lennox de Eurythmics refusent. Une demande est donc faite à David Bowie qui refuse également. Radford et son producteur retournent voir Eurythmics en insistant un peu et Stewart et Lennox réfléchissent de leur côté et ils se mettent à travailler sur la bande originale du film. Mais ils ne donnent pas de nouvelles. Radford demande donc à un autre compositeur, Dominique Muldoney. Après une collaboration très fructueuse entre Radford et Muldoney, Eurythmics se rappelle au bon souvenir de Radford avec un album complet abouti. Grosse tension entre les producteurs de Eurythmics et les producteurs du film, car Radford ne veut pas revenir en arrière. La musique de son film est celle de Muldoney, point barre. Virgin Records, producteur de Eurythmics ayant mis de l'argent pour la production du film, ne l'entend pas de cette oreille. Finalement, la musique de Eurythmics ne servira que très peu pour le film, Mais le clip de Sex Crime 1984 contenant des images du film contribuera à sa promotion. Virgin décidera aussi de faire une deuxième version du film avec exclusivement la musique du groupe britannique. Il existe donc deux versions du film 1984, une première validée par Radford avec la musique de Muldoney, et environ 15% de Eurythmics, et une seconde mise sur le marché par Virgin avec l'intégralité de la musique de Eurythmics. Toute cette histoire est très bien racontée par Mathieu Blom sur sa chaîne YouTube. Je vais maintenant avancer tranquillement jusqu'à la prochaine intersection avec Dans les oreilles, Duritmix et Sexcrime 1984. J'arrive maintenant à la rue Tournefort. Cette rue porte ce nom depuis 1864, en hommage au botaniste Joseph Tournefort. Devant moi, un bâtiment cossu, à l'angle duquel je vois graver dans la pierre l'ancien nom de cette rue, la rue Neuve-Geneviève. En fait, il y a un carré piqueté à droite du mot Neuve c'est simplement parce que les lettres STE abréviation de Sainte ont été effacées à la Révolution. La rue s'appelait donc rue Neuve-Sainte-Geneviève. Ce bâtiment cossu du numéro 20 comme les suivants au XVIII et au XVI compose un ancien couvent du XVIe au XVIIIe siècle. Il abritait les bénédictines de l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Juste en face, au numéro 25, une plaque m'indique que Prosper Mérimée a vécu ici en 1826. Prosper Mérimée fut écrivain et historien, il entra à l'Académie française en 1844. Mérimée avait une amie espagnole, la comtesse de Montigeau, mère d'Eugénie, la future impératrice des Français, épouse de Napoléon III. La comtesse lui avait raconté l'histoire d'un fait divers. Prosper Mérimée en écrivit une nouvelle, et c'est cette nouvelle qui inspira à Georges Bizet l'opéra Carmen. L'amour est un oiseau rebelle, grand classique de l'opéra dont s'est inspiré Stromae pour son titre Carmen, qui évoque les travers des réseaux sociaux. C'est dingue de voir le trajet des influences d'un fait divers en Espagne au XIXe siècle, et naît une nouvelle, puis un opéra, et enfin un titre rap sur la folie des réseaux sociaux. Et on finit solo.

  • Speaker #0

    Et à tous ceux qui vous like, les sourires en plastique sont souvent des coups d'hashtag. Ah les amis, les potes, les followers, vous faites erreur, vous savez juste la cote.

  • Speaker #1

    Allez, j'avance maintenant jusqu'au numéro 19. Ici, au numéro 19, le 15 avril 1918, s'est abattu un obus, lancé par la Grosse Bertha. La Grosse Bertha était un surnom donné par les Français à un ensemble de canons allemands, qui étaient au nombre de 7. Les Allemands les appelaient les Canons de Paris, les Pariseurs-Canonnens. Ces canons avaient une portée de 120 km, et entre mars et août 1918, ce sont 367 obus qui ont été tirés sur Paris et les alentours. Ils ont causé la mort de 256 personnes. La grosse Bertha, c'était donc des canons impressionnants de 750 tonnes, de 34 à 36 mètres de long qui propulsaient des obus de plus de 125 kg, de 21 cm de diamètre et jusqu'à 1600 mètres secondes. C'est plus de Mach 5, plus de 5 fois la vitesse du son. En réalité, les Français ne donnaient pas le bon nom à ces canons, car les premiers qui ont entendu ce terme ont mal traduit. Pour les Allemands, les pièces d'artillerie appelées Grossbertha étaient d'autres canons qui tiraient à 9 km des obus de 42 cm. Des obus beaucoup plus gros, mais des canons plus petits qui les propulsaient moins loin. Ces canons étant destinés à la destruction de fortifications et pouvant percer jusqu'à 3 mètres de béton armé. Bertha vient du prénom de Bertha Krupp, propriétaire de l'entreprise à qui l'armée allemande a confié la fabrication des canons. Bertha a repris l'entreprise familiale créée par Friedrich Krupp, son arrière-grand-père, en 1811. L'entreprise a prospéré et existe toujours au sein du groupe sidérurgique allemand ThyssenKrupp. Le groupe emploie plus de 100 000 personnes en Europe. Il fabrique notamment des ascenseurs ou bien encore des escalators. Au numéro 10, le peintre Lucien Lautrec a vécu là de 1955 à 1991. Quand on regarde certaines de ses œuvres, on pourrait penser qu'il faisait de l'art abstrait, mais il refusait le terme. Il faisait selon lui de la peinture non figurative, ayant une base représentative. Il disait que les titres de ses œuvres en étaient la preuve. Je vois que la porte de l'immeuble est toujours celle qui était là du vivant de Lautrec, car il existe une photo où il est adossé ici devant l'entrée sur le bâton gauche de cette porte. Au numéro 8, une plaque commémore le groupe de Mme Andrée Goubillon, qui ici même, à partir de 1943, hébergait des parachutistes français des réseaux du plan Cesex. Comme il est indiqué sur la page d'accueil du site voué à la mémoire de celles et ceux qui ont participé au plan Cesex, ces soldats, femmes et hommes, furent de glorieux acteurs du plan Cesex, imaginés en mars 1943 par l'état-major du général Eisenhower, dans le but de faciliter les opérations de libération de la France. Ce plan visait à mettre en place dans toutes les régions au nord de la Loire, qui seraient zones de combat, des groupes de deux officiers observateurs et radio, placés en des points stratégiques. Pour accomplir cette mission, 120 volontaires, tous français, furent retenus, soumis à un entraînement intensif pendant plusieurs mois et formés à la technique du renseignement militaire par des instructeurs britanniques de l'Intelligence Service, l'IS et américain de l'Office of Strategic Services, l'OSS, à l'école de Prewood House, à une quarantaine de kilomètres de Londres. Ils furent parachutés par groupe de deux dans les régions concernées. Le travail de ces agents fut rude et difficile car la Gestapo et les services de détection allemands étaient de plus en plus performants et nombre d'entre eux furent arrêtés, torturés et abattus. Cependant le travail effectué par tous fut admirable et les américains ont pu déclarer après la guerre l'activité des Sussex a été intense et les informations transmises des plus importantes. Les résultats obtenus dépassèrent largement les prévisions les plus optimistes Et donc ici, ce sont 42 soldats sur les 120 parachutés qui ont été cachés. Sur ma droite une ancienne caserne des gardes françaises construite en 1772 sous Louis XV. Le roi avait en 1765 ordonné la construction de 17 casernes de ce type pour que les gardes n'aient plus à loger chez l'habitant. Ce mode d'hébergement était devenu très impopulaire. Cette caserne de la rue Tournefort a été abandonnée en 1830 au profit de la caserne Monge dont j'ai parlé lors de l'épisode précédent rue Mouffetard. Au numéro 6, Jacques Chiffrines, un éditeur né à New York en 1892, fonda en 1923 La Pléiade, La Pléiade qui intégra Gallimard à partir de 1933. Chiffrines sera alors directeur de la collection. Si La Pléiade est devenue une collection prestigieuse, l'idée initiale de Chiffrines était tout autre. Le but était pour lui de sélectionner les grands auteurs, les grandes œuvres et de les éditer en format poche pour en donner l'accès au plus grand nombre. Schifrin sera renvoyé par Gaston Gallimard en 1940, car sous l'occupation nazie, tous les éditeurs devaient se séparer de leurs employés juifs. Schifrin s'exila, grâce à l'appui financier d'André Gide, à New York, sans jamais revenir en France, jusqu'à son décès en 1950. J'avance maintenant jusqu'à la rue de l'Estrapade, que j'avais déjà empruntée lors de l'épisode 6, mais là, nous sommes à l'autre extrémité. Voilà ici, sur ma gauche, le 3 rue de l'Estrapade. L'immeuble où vécu Diderot à l'époque où il rédigeait l'encyclopédie. Denis Diderot est un érudit, philosophe des Lumières, son nom est pour l'histoire associée à l'encyclopédie, la première encyclopédie française dont il dirigea la rédaction. En tout, ce sont plus de 160 contributeurs qui écriront des articles de l'encyclopédie. Diderot, secondé par D'Alembert, ont sorti le premier volume de l'encyclopédie en 1751, mais dès février 1752, l'ouvrage fut interdit. Le Conseil d'État a subi des pressions des jésuites au motif qu'il contenait plusieurs maximes tendant à détruire l'autorité royale, à établir l'esprit d'indépendance et de révolte. et sous des termes obscurs et équivoques, a élevé les fondements de l'erreur, de la corruption des mœurs, de l'irréligion et de l'incrédulité. Bref, l'esprit des Lumières était battu en brèche. Grâce à Malzerbe, libraire chargé de la censure et favorable au projet, la publication a pu reprendre en 1756, mais... Ce n'était là que le début d'une longue histoire qui ne fut pas de tout repos. Opposition, menaces et procès ont émaillé toute la période de l'élaboration de l'encyclopédie jusqu'en 1772, parution des derniers volumes. L'essentiel est que l'encyclopédie a permis au plus grand nombre d'accéder au savoir, même si c'est dans la haute bourgeoisie que l'on compte les lecteurs, car se procurer les livres était très onéreux. J'avance au numéro 7. L'éditeur Bernard Grasset a vécu ici. C'est également l'adresse qui a donné son titre au film Rue de l'Estrapade de Jacques Becker, sorti en 1953 avec Anne Vernon, Louis Jourdan et Daniel Gélin. Là aussi, la porte cochère est restée identique, c'est bien celle du film. La musique de ce film a été co-écrite par Georges Van Paris et Marguerite Monod. Marguerite Monod a notamment eu un succès international avec sa comédie musicale Irma la Douce, qui a été jouée à Broadway et dont une adaptation a été faite au cinéma par Billy Wilder en 1963, avec une scène tournée à l'église Saint-Pierre-du-Mont, église dont j'ai déjà parlé dans l'épisode 5. Alors Marguerite Monod a écrit pour Edith Piaf plusieurs dizaines de musiques. Elle a composé la chanson Milord dont j'ai déjà parlé quand j'évoquais Moustaki dans l'épisode précédent. Elle a aussi composé L'hymne à l'amour une chanson écrite par Edith Piaf pour son amoureux, le boxeur Marcel Servan. Piaf interprétera cette chanson pour la première fois sur scène à New York le 14 septembre 1949, un mois et demi après Servan mourra dans un crash d'avion.

  • Speaker #0

    S'effondrerait la terre

  • Speaker #1

    Edith Piaf et Marguerite Monod ont été les toutes premières en France à former un duo d'auteurs-compositeurs féminins. Parmi les pépites de cette collaboration, les amants d'un jour, on écoute une version de cette chanson signée Alain Bachung. Le temps pour moi d'avancer jusqu'au numéro 9.

  • Speaker #0

    Sont arrivés, se tenant par la main, Père et mère veillées, de deux chérubins. Portant le soleil, ils ont demandé une voix tranquille à toi pour s'aimer au cœur de la ville. Et je me rappelle, ils ont regardé d'un air attendri. La chambre est boutée, au papier jeudi, et quand j'ai fermé la porte sur eux, il y avait un soleil au fond de leurs yeux, que ça m'a fait mal, ça m'a fait mal.

  • Speaker #1

    Ici un bâtiment jaune qui est classé au monument historique en forme de U. Au milieu, une belle grille derrière laquelle je vois une jolie cour pavée avec de nombreuses plantes en pot qui ornent l'espace. Et tout autour de cette cour, en U, le bâtiment qui abritait autrefois une brûlerie de café, la brûlerie Saint-Jacques. D'ailleurs, en haut de la grille, en médaillon, les trois lettres qui forment le logo de la brûlerie BSJ. Et la marque, qui avait disparu dans les années 70, a été ressuscitée en 2016 par une brûlerie artisanale installée à Pantin. Je repars maintenant là d'où je viens pour repasser devant le 7 pour arriver face à la petite place Emmanuel Lévinas sur laquelle se trouve une fontaine Wallace. Alors celle-ci est un grand modèle et je vois les quatre cariatides, ces statues de femmes qui soutiennent la partie supérieure de la fontaine. Ces cariatides représentent la simplicité, la charité, la sobriété et la bonté. Elles représentent également les quatre saisons. Bon, je vais maintenant quitter la rue de l'Estrapade pour aller sur ma gauche dans la rue Thouin. Comme j'ai parlé de Marguerite Monod à propos de la musique du film Rue de l'Estrapade, il faut aussi que je parle de son acolyte, Georges Van Paris, qui a co-composé la musique de ce film avec elle. Et j'en profite pour avancer jusqu'au prochain carrefour. Georges Van Paris a composé de très nombreuses musiques connues, il a contribué à plus d'une centaine de films, collaboré avec des réalisateurs aussi prestigieux que Gilles Grangier, Jean Renoir, Yves Robert, Jean Delanois ou bien encore Michel Audiard. On lui doit de grands standards de la chanson française comme C'est un mauvais garçon issu du film Un mauvais garçon sorti en 1936. Je te propose d'écouter la version de cette chanson de Renaud dans son album live enregistré à Bobineau en 1980.

  • Speaker #0

    Nous les paumés, nous ne sommes pas aimés, Les grands bourgeois qui agissent dans la poire, Ils ont d'abord, pour être à leur goût, Un grand faux col et un chapeau. Ça ne fait pas chier tout le quartier, Ça donne un sang pas d'honneur, Et c'est pourquoi quand un bourgeois nous boit, Ils y tendent au fond du doigt. C'est un mauvais garçon, il a des façons pas très jasolies. Je suis là, je vais dans le vide, pendant le rencontre la nuit. C'est un méchant gars qui fait du dégâts, c'est tout qui s'explique. Je sais où il vient de la tête, et je suis un mauvais garçon.

  • Speaker #1

    La première saison touche bientôt à sa fin. Je te donne donc rendez-vous pour le onzième et dernier épisode de cette saison qui va nous mener jusqu'à la place Maubert. Merci et à très bientôt.

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