- Speaker #0
Bienvenue dans DanceLab, le podcast dynamique et éducatif où la passion de la danse rencontre le monde de l'entrepreneuriat, du bien-être, de la santé mentale et bien plus encore. Des conseils, des histoires, des conversations captivantes avec des experts et des personnalités où recommandations et partages d'expériences enrichissent le quotidien des danseurs et facules. Je suis Maywen Barmoulé, danseuse professionnelle au Multicasquette, passionnée de danse depuis toute petite. ayant pour objectif de lever les voiles sur les fantasmes et les clichés du métier, en vous partageant toutes les facettes, les difficultés, les richesses et les challenges que ce métier comporte. Si cet épisode t'a plu, n'hésite pas à le partager autour de toi, à me laisser une note et un commentaire sur Spotify ou Apple Podcasts, et si tu souhaites participer au podcast, écris-moi !
- Speaker #1
Aujourd'hui j'accueille Yaman Okour, danseur, chorégraphe, photographe, performeur et directeur artistique. Yaman n'est pas seulement un danseur, c'est une véritable icône et référence du hip-hop français. Depuis ses débuts dans les années 90, il a marqué de son empreinte le monde de la danse urbaine, tant par son talent que par sa vision artistique. Originaire de Sergi, Yaman a découvert le break à l'adolescence. Très vite, son talent s'est révélé et il a intégré des groupes de renom comme Trafic de Style et Wanted Pussy, avec lesquels il a remporté de nombreux titres prestigieux, dont celui de champion du monde au Battle of the Year en 2001. Parallèlement à sa carrière de danseur, Yaman a collaboré avec les plus grands noms de la scène artistique, il a dansé pour Madonna pendant plusieurs années, participé à des comédies musicales à succès comme Les Dix Commandements et Le Roi Soleil, et a également chorégraphié pour le Cirque du Soleil. Mais Yaman ne se limite pas à la danse, son travail est reconnu pour sa créativité, sa virtuosité technique et son engagement à faire évoluer la danse urbaine. Aujourd'hui, il continue de transmettre sa passion aux nouvelles générations, il insiste sur l'importance de l'originalité et de la créativité dans la danse, encourageant. les jeunes à développer leur propre style. Dans cet épisode, nous aborderons plusieurs sujets comme notamment l'importance de l'originalité, pourquoi il est essentiel pour un danseur de se démarquer et de créer son propre univers, et ainsi comment la danse peut être un moyen de s'exprimer, de raconter des histoires et de toucher le public. Nous reviendrons également sur le projet La Haine, une création originale qui mêle danse et musique et qui a suscité un grand intérêt. Salut Yaman !
- Speaker #2
Salut Maywen !
- Speaker #1
Ça va ? Je serais contente de t'avoir au micro.
- Speaker #2
Je suis content d'être là.
- Speaker #1
Merci de m'offrir un peu de ton temps. Écoute, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler de ton parcours ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers le break à l'adolescence ? Même si tu peux nous dire un peu quelles étaient tes influences à l'époque.
- Speaker #2
Alors le break, c'est arrivé assez tôt dans ma vie, mais j'ai commencé assez tard. Moi, dans mon quartier, on était plus à la base dans les sports de combat. Donc je faisais beaucoup de boxe, kickboxing. Et quand j'étais... Petit, il y avait une espèce de kermesse, je me rappelle très très bien, j'étais avec ma mère, il y avait ma petite sœur, et il y avait une espèce de cercle, et des gens autour, et je me suis dit tiens qu'est-ce qu'il se passe ? Et au centre du cercle, j'ai vu un ado faire des figures, et je me disais waouh, qu'est-ce qu'il fait ? C'est fort ! Et ça m'avait beaucoup impacté, et ça m'était resté dans la tête.
- Speaker #1
T'avais quel âge ?
- Speaker #2
Là, j'avais 8 ans, 8-9 ans. Et bon, après, moi, adolescence, sport de combat, beaucoup de sport, très agité, très actif, beaucoup de cascades à la maison, beaucoup de sauts, je rendais ma mère... Elle était très anxieuse. Et après, au fil du temps, dans un quartier, à l'époque, Il y a souvent les VHS qui tournaient des films, tu vois, des films de gangsters, des films de ci, de ça. Et un jour, il y a un film qui tournait qui s'appelle Beat Street, qui parle, c'est un film axé sur la culture hip-hop, plutôt West Coast, donc New York, tout ça. Et il y a cette cassette qui arrive à la maison. Donc là, j'ai 16 ans. Et c'est à propos de la culture hip hop, donc il y a les b-boys, les b-girls, il y a du graffiti, m-sing, rap, tout ça, DJ. Et dans ce film, il y a la fameuse scène du battle au Roxy Club entre les New York City Breakers et les Rocksteady Crew. Et là, cette scène de battle, je suis wow, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que c'est ? Et je me rappelle de ce mec que j'avais vu à la Kermesse, donc je raccorde à ça.
- Speaker #1
Flashback.
- Speaker #2
Flashback, et ouais je suis piqué, je suis touché, je me dis mais qu'est-ce que c'est ? Donc tout de suite j'essaye de faire, de reproduire les mouvements qu'ils font mais impossible. Je me dis mais pourquoi j'arrive pas quoi, qu'est-ce qui se passe ? Parce que je suis déjà à l'époque très, très athlétique, très, très acrobatique, voilà. Mes héros à l'époque c'est Belmondo, c'est Charlie Chaplin, Buster Keaton, tout ça. Donc beaucoup de corps. Et là je me dis, bon j'y arrive pas, c'est relou, il faut que j'y arrive. Et j'ai commencé, j'avais 16, 17, et après je me suis plus jamais arrêté. C'est-à-dire que c'est resté dans ma tête et tout ce que je voulais c'était trouver des gens. qui faisait cette danse pour que je puisse m'en imprégner et l'apprendre.
- Speaker #1
Tu as pris des cours du coup après ?
- Speaker #2
Non. Non,
- Speaker #1
pas de cours. Autodidacte ?
- Speaker #2
Aucun cours. À l'époque, il n'y avait pas de cours de break. Ça n'existait pas. C'était un truc assez... C'était niche, tu vois. Pas beaucoup de gens en faisaient. Pas beaucoup de gens savaient ce que c'était.
- Speaker #1
Pardon, je te coupe. Quand tu parles de l'époque, c'est quoi les années ?
- Speaker #2
Là, c'est 94-95. Enfin, ça commence à émerger en France, mais ça reste quand même niche, tu vois, c'est pas encore un truc mainstream. Et du coup, j'apprends qu'à Paris, à Châtelet, tous les meilleurs breakers se rassemblent. Donc moi de Sergi, je prends le RER jusqu'à Châtelet, sauf que c'est le soir, donc c'est tard, j'y vais, je m'assois, je me fais tout petit, je regarde. Entre temps, je commence avec un pote. que tu dois connaître c'est un excellent house dancer maintenant qu'il était breaker avant sharks il donne des cours relax de house dance donc on est piqué tous les deux alors qu'on n'a rien à voir à la base et donc on y va ensemble à châtelet on s'échange des mouvements on essaye des trucs et voilà comme ça de petit à petit on découvre qui sont ces mecs à châtelet les actuelles forces je suis subjugué par karim barouch paix à son âme qui était c'était un C'était une panthère le type. J'avais envie de bouger comme lui. Il y avait Gabin, il y avait Nabil, qui n'était pas des Actual Force, mais qui était d'un autre crew. Pareil, j'étais piqué. Il fallait que je fasse ça. Je regardais. Jusqu'à pas d'heure, je ratais le train. Il fallait que j'attende jusqu'à 4h du mat. Le premier train pour rentrer à Sergi. Je me donnais du mal. Et puis, voilà, il fallait que ça mûrisse, que je digère les infos et que petit à petit, ça prenait plus de temps à l'époque, mais j'ai réussi.
- Speaker #1
Et tu as fait l'AID aussi, non ?
- Speaker #2
Ouais. Je ne l'ai pas dit. En 98 ou 17, ouais, 17, 97, ouais, j'ai 20 ans. Non, 96, 19 ans. J'avais 19 ans, ça je me rappelle. 96, 19 ans, j'arrive à la idée. Une école, cool, il n'y a que des filles, génial. J'arrive d'une cité où, tu vois, je suis qu'avec mes potes qu'entre gars. J'étais dans un lycée, il n'y avait que des mecs, que des cassos, enfin bref. Là j'arrive dans une école dedans et c'est que des filles. Je dis, waouh, trop bien et tout. Donc j'arrive là un peu par hasard.
- Speaker #1
Ouais justement, pourquoi la idée ?
- Speaker #2
Parce qu'en fait dans mon quartier, il y a un mec qui s'appelle Sébastien Lefrançois, donc compagnie Trafic de Style, qui vient d'être diplômé d'État en danse contemporaine et qui décide un jour de transmettre la danse à des jeunes de quartier. Et il vient dans mon quartier à Sergy. Il a failli se faire dégommer les premiers jours quand il arrive. Pourquoi ? Parce qu'il n'est pas d'ici et que le look est différent et qu'il n'a rien à faire là. Mais moi j'avais déjà vu avant deux trois fois, pas dans mon quartier mais ailleurs. Et quand il est arrivé j'ai dû dire au gars non non je le connais, c'est mon pote, il est danseur blablabla. C'était un peu chaud, mais il a commencé à donner des ateliers. Donc c'est lui qui me... qui m'apprend que la danse c'est un métier, qu'on compte la musique, qu'on crée des mouvements, des suites de mouvements, donc des chorégraphies et on commence à faire un duo ensemble, voilà comme ça, qu'on a tourné un peu dans les quartiers, je te cache pas qu'on s'est mangé pas mal de... tomates et des mecs qui font de la danse c'était mal vu non c'était pas que c'était mal vu ils comprennent pas donc ils font pas l'effort de comprendre moi ça allait parce que je faisais déjà quelques figures cool même si j'étais pas encore au niveau mais mais bon c'était un peu abstrait ils comprennent pas donc ça leur plaît pas voilà quoi mais moi je lâche pas le steak même si c'est un petit peu angoissant de traverser ce truc là Et lui, il me rassure. Il est plus âgé que moi. Il me dit, mais non, t'inquiète pas, ça ira et tout. Et puis voilà, de fil en aiguille, comme ça, du duo, il me dit, écoute, j'ai envie de créer une compagnie. On va l'appeler Trafic de Style. Il y a d'autres danseurs qui rentrent dans la compagnie, dont Sharks. Je suis hyper content parce qu'on a déjà un truc qu'on partage entre nous, qui est très fort. Il y a un autre danseur qui s'appelle Salem qui vient. Enfin voilà, on se retrouve à 6-7 et on fait la première créa. On a des subventions. Il était très fort Sébastien à l'époque. On a des subventions, on arrive à avoir une scéno, on arrive à avoir des costumes, on arrive à avoir... créa musicale. Et on fait la première créa et on tourne. Et moi, je suis là, je passe d'un lycée où je suis en train de souder des pièces métalliques à une école de danse où il n'y a que des filles et où je me teste au classique, danse contemporaine, je ne capte rien du tout. Mais on me dit, ouais, t'es doué, vas-y, continue. Ou je croise des chorégraphes à l'époque comme Reda qui me disent, viens faire des trucs à la télé. Je dis, ah ouais, cool. Je me retrouve à passer à la télé, ma mère super contente. Les gens du quartier, ah je t'ai vu mon fils à la télé, ouais cool. Et ouais, j'arrive dans cet univers un petit peu comme ça, sans... Je me dis, ouais c'est cool, qu'est-ce qui s'est passé tu vois ? Mais je ne me pose pas plus de questions et avec Seb on est à fond dans la compagnie. Et on fait cette créa et ça tourne. On va à l'île de la Réunion. On va en Italie, on va dans plein d'endroits comme ça, on voyage, on va à Madagascar, on fait une tournée océan indien, on va au Kenya, Namibie, Mozambique. A l'époque j'ai 22 ans et je me dis « waouh, la vie est belle ! »
- Speaker #1
Tu conscientises que tu es en train de vivre à cet âge-là ?
- Speaker #2
Pas du tout. Moi je danse, je kiffe, c'est tout ce qui m'importe. Bien sûr je voyage. Et on va dans des pays où il y a énormément de pauvreté, beaucoup de misère. Je me dis « Waouh ! Ça existe ça ! » Et je prends une grosse claque. Je prends conscience de comment la vie peut être dure, cruelle, comment je suis très privilégié. Et il faut savoir qu'avant que je fasse cette tournée en Afrique, Je vis un tremblement de terre en Turquie qui fait 50 000 morts, qui était une expérience très troublante, mais inspirante au final. Et tu vois c'est un événement, j'ai vu des morts tout autour de chez moi, c'était le chaos quoi, c'était des bâtiments à plat, c'est vision d'horreur quoi. Et puis le fait de vivre un tremblement de terre, la terre qui tremble, le bruit que ça fait alors que moi je suis breaker, je danse au sol, je suis un amoureux du sol, il se passe un truc tu vois. J'arrive pas à conscientiser, j'arrive pas à dire ce que c'est sur le moment. Je me rends compte qu'il se passe un truc, mais plus tard. Mais c'est un événement tragique qui m'a transformé et qui a fait que j'ai compris énormément de choses. Le tremblement de terre plus le voyage en Afrique avec cette tournée au sein indien, c'est là que j'ai compris que... ce que c'était la vie, comment on pouvait être dur, comment on pouvait être très belle. Et j'ai compris que tout pouvait s'arrêter en une seconde. Donc il se passe beaucoup de choses dans ma tête.
- Speaker #1
Quand tu parles d'inspiration, quand tu as vécu ce tremblement de terre, c'est ce qui t'a inspiré du coup à faire tes photos où tu voles au-dessus du sol ?
- Speaker #2
Ouais. Complètement. C'est complètement lié en fait. Et même à travers ma danse. C'est-à-dire que moi, avant le tremblement de terre, j'étais très aérien. C'était des accros dans tous les sens. J'étais vraiment très, très, très aérien. Et après le tremblement de terre, sans que je m'en rende compte, c'est les gens autour de moi, mes potes avec qui je danse, mes gars de mon crew de Wanted, qui me le font remarquer, qui me disent « Putain, ta danse, elle change ! Il y a un truc plus doux, les effets spéciaux qui glissent au sol et tout. » Moi je me dis ouais ouais ouais c'est vrai mais je me dis pas que c'est lié tu vois c'est trop frais encore et j'ai mis beaucoup de temps à digérer tout ça. Ça m'a pas traumatisé hein, c'était pas un traumatisme, sur le coup oui sur le moment, la terre qui tremble, le bruit que ça fait c'est indescriptible mais voilà je suis vite sorti de ça et inconsciemment il s'est passé plein de choses dans ma tête, dans mon corps. qui ont transformé ma danse, ma vision de la danse, ma vision de la vie, enfin, ma vision sur tout, en fait.
- Speaker #1
Est-ce que c'est ça qui a fait que tu as pu te démarquer un peu dans un milieu aussi compétitif que le break ? Est-ce que ce sont tes...
- Speaker #2
C'est complètement mes expériences de vie qui m'ont... C'est pas moi qui ai décidé à un moment donné de... J'ai pas décidé d'adopter une danse qui sort du lot. Je me suis pas dit, tiens, j'ai envie de danser autrement. C'est des événements qui m'ont transformé, qui m'ont inconsciemment guidé vers autre chose, en fait. C'est des cadeaux. Moi, tout ça, c'est comme si on m'avait offert tout ça, tu vois. Et après, il y a un autre facteur aussi, c'est que moi, à l'époque, quand je commence le break, j'ai vraiment une très mauvaise mobilité des genoux. Et le break, les bases du break, les footwork, font une très bonne flexibilité des genoux.
- Speaker #1
Tu peux expliquer ce que c'est qu'un footwork ?
- Speaker #2
Les footwork, c'est les... comment je pourrais dire ? C'est tous les... on appelle ça les passes au sol en France. Les six steps, les trois steps, c'est des pas au sol avec les deux mains au sol et les deux jambes au sol. Et c'est des pas de danse, mais au sol. Donc il y a six steps, il y a le trois steps, il y a le deux steps. C'est tous les fondamentaux du break en fait. Et pour pouvoir faire ces mouvements, donc c'est les fondations, il faut une très bonne mobilité des genoux et flexion des genoux que je n'ai pas. Parce que j'ai des cuisses de malade. Et trop de densité musculaire au niveau des cuisses, pas souple du tout, donc j'y arrive pas, ça me fait mal, je me pète les ménisques carrément. Et du coup, moi je me dis, putain, mais moi j'ai toujours envie de braquer en fait, donc il fallait que je trouve ma façon de braquer, en écoutant mes douleurs, donc physiques, en écoutant ma morphologie, qu'est-ce qu'elle me permet de faire. Mais tout ça encore, c'est inconscient. C'est plus tard que je me dis que c'est ce que j'ai...
- Speaker #1
En fait, tu transformes les contraintes très rapidement en opportunités.
- Speaker #2
Oui, parce que Sébastien Lefrançois, trafic de style, donc je fais un petit flashback, il me parle de contraintes dans la danse. Il me donne des contraintes pour créer des mouvements. Et moi, ça me fait chier au début. Mais il m'explique, il me dit, mais tu verras, c'est grâce à ça que tu trouveras des mouvements, que tu trouveras des thèmes.
- Speaker #1
Des propres mouvements.
- Speaker #2
Oui, et que tu trouveras des chemins corporels. Et, bon, il me dit ça, mais à l'époque, je capte rien. Mais, il avait raison. Et entre-temps, je tombe sur des CD-ROM, s'il te plaît, de William Forsythe.
- Speaker #1
Le retour en arrière.
- Speaker #2
De William Forsythe, donc très grand chorégraphe. qui te donne des techniques d'improvisation avec des formes dans les airs, alors on voit il fait ça, il y a un rond qui se dessine et il improvise autour de ce cercle, après c'est des lignes droites, machin, et je me dis mais putain, moi je vais utiliser ça pour... pour développer des mouvements de break en fait. Mais j'en parle à personne, c'est un petit peu secret. Je me dis, c'est comme si j'avais trouvé un trésor. Quand je vois ça, c'est Tommy Pascal, un danseur contemporain de l'époque, qui me file ce CD-ROM. Lui, il dansait chez Béjar, Préjlocage. Il me dit, tiens, regarde, ça pourrait t'aider. Mais ça m'a...
- Speaker #1
En plus, c'est fou parce que c'est... Préjlo, enfin tout ça, ce sont des compagnies qui sont à l'antipode du hip-hop. Je te parle de l'époque en plus.
- Speaker #2
Complètement,
- Speaker #1
rien à voir. Pourquoi tu viens te nourrir d'autres styles de danse alors que personne n'a peut-être... Moi,
- Speaker #2
William Forsythe, je ne sais pas qui il est. Je ne sais pas ce qu'il fait, qui il est. Sauf que les exercices d'improvisation qu'il donne, je kiffe. Je me dis, je vais prendre ça, je vais le mettre en break. Et là, je commence à développer des tonnes de mouvements, des tonnes de chemins. Et là, d'un coup, je sens que j'ai pris un autre chemin, tu vois, plus le fait que ma danse devienne beaucoup plus douce, que je commence à caresser le sol du haut tremblement de terre, que je n'ai pas encore conscientisé. Mais je sens que, voilà, dans la danse, je développe quelque chose.
- Speaker #1
Et pourquoi, pour toi, c'est important de...
- Speaker #0
pour un danseur de développer sa propre identité artistique ?
- Speaker #1
C'est important parce que, tu sais, déjà dans le break à l'époque, il fallait exister par des mouvements signatures. C'est-à-dire que chaque breaker avait un mouvement qu'il définissait, que lui-même avait créé, que lui-même avait trouvé. Et on était capable de dire déjà à l'époque, même sans voir le visage du breaker ou de la brequeuse, on pouvait reconnaître la personne par le mouvement. Ah ça c'est Karim qui fait ça Ah ça c'est Hassan, ah ça c'est Gabin Parce que c'était leur mouvement A eux Et je trouvais ça fort Et fascinant et je me suis dit Mais ouais c'est génial moi aussi Il faut que je trouve mes propres mouvements Et ça c'est un truc qui a toujours existé dans le break Et à l'époque Quand on se faisait copier c'était bagarre Quand il y a un mec qui faisait le move d'un autre C'était bagarre, y'avait pas de... Oh tu m'as copié... Non non non, tu te manges une patate, tout ça allait loin des fois, je te jure. C'était vraiment précieux.
- Speaker #0
Je rigole mais je sais que j'ai entendu des histoires sur ça et oui c'est...
- Speaker #1
Ouais ouais, ça rigolait pas, vraiment. Et j'ai plein d'exemples comme ça, et du coup c'est un truc qui est propre vraiment au break au début, parce que je viens de là, et propre au milieu hip-hop en fait. À la danse hip-hop et partout ailleurs dans la culture hip-hop. Et si tu veux, j'ai travaillé avec beaucoup de danseurs contemporains ou d'autres styles et à chaque fois, tu sais, j'avais ce discours-là, je leur demandais « mais quel mouvement te définit ? » Et ils n'étaient pas capables de me répondre parce que c'était un style de danse qui les définissait, pas spécialement un mouvement. Et ils trouvaient cette question étrange et me demandaient pourquoi, alors j'en expliquais. Et à l'époque, je travaillais beaucoup avec Maëlle, Maëlle Dufour. À un moment donné, j'étais fasciné par sa danse et elle a commencé à s'entraîner avec des breakers et elle a commencé à trouver des mouvements. signature qui la définissait elle et que seule elle faisait et je faisais waouh putain ça me touchait parce que elle avait vraiment son délire dans la danse contemporaine et tout ça et elle avait vraiment aussi son style par ses mouvements signature qui était assez impressionnant tu vois prenait des risques physiquement quoi la meuf et du coup je me suis mis à bosser avec elle parce que je trouvais qu'elle était super et du coup je la donnais toujours un exemple en disant mais mais vous voyez, enfin... Il y a des chanteuses par exemple, tu ne vois pas leur visage de par leur grain de voix, Patricia Cass tu la reconnais direct, Thème ou Thème pas, tu la reconnais direct, Michael Jackson, Thème ou Thème pas, il ouvre la bouche, tu la reconnais direct, Vanessa Paradis, Thème ou Thème pas, elle ouvre la bouche, tu la reconnais direct, et ça, ça donne une identité forte, tu vois, et j'estime que, pas que dans la danse, que ce soit dans ton métier d'entrepreneur, d'artiste, dans tous les métiers en fait, Il faut pouvoir créer quelque chose qui te définit sans qu'on ait vu ton visage, sans qu'on ait cité ton nom, tu vois ce que je veux dire ? Il y a plein d'exemples comme ça dans l'industrie, dans plein de trucs en fait. Et c'est un truc, je pense, qu'il faut appliquer dans l'art parce que je trouve que c'est fort. Et puis c'est bien d'avoir plusieurs mouvements signatures ou plusieurs choses signatures. Et tu te feras copier. Et puis, tu en inventeras d'autres. Enfin, tu en trouveras d'autres. Et puis, ces mouvements que tu as créés, peut-être qu'à un moment donné, ça deviendra des bases. Et que ce sera cité par tes pairs. Tu vois ? Et c'est génial.
- Speaker #0
Justement, qu'est-ce que tu dirais aux personnes qui se font copier ? Parce que ça vient toucher un peu l'ego, tu vois ? Ça vient toucher aussi ton histoire personnelle. Quand tu as créé des choses en fonction de tes histoires perso, qu'est-ce que tu dirais ?
- Speaker #1
Alors aux gens qui se font copier qu'est ce que je leur dirais ? Je leur dirais que déjà avant tout c'est un compliment si on te copie c'est que ce que tu fais ça marche mais ça fait chier quand même ça fait énormément chier franchement c'est c'est dur c'est dur c'est dur moi ça m'est arrivé c'est arrivé par exemple à SADEC mais là c'était tu vois enfin tu sais des gens quand ils copient moi quand j'ai commencé à danser par exemple quand je voyais karim barouch bboy karim qui était mon héros absolu il faisait des mouvements qui me qui m'impressionnait par lesquels j'étais fasciné et j'essaie de faire pareil tu vois j'essaie de faire pareil parce que ça me plaît parce que ça me touche et des fois j'y Des fois j'y arrivais pas mais quand j'y arrivais, j'allais pas le refaire dans un battle ou ailleurs. Interdit. Je veux dire, même moi pour ma conscience, c'était impossible que je fasse ça. Mais je me disais, bon, à partir de ça, comment je peux en faire autre chose ? Tu vois ? Sans forcément que ça devienne trop similaire. Je voulais pas que ce soit similaire du tout. Tu vois ? Et du coup, c'est là où le gap entre l'inspiration et la copie, elle est... C'est un peu border. Bon, il y a plein de gens qui m'ont dit « Ouais, on s'est inspiré, toi, sur ça, machin. » En fait, gars, t'es en train de faire le même mouvement. C'est pas inspiré. Tu vois, inspiré, c'est quand tu vois quelque chose qui te touche.
- Speaker #0
On t'en prend qu'une partie.
- Speaker #1
C'est même pas temps prend c'est que moi des fois j'ai été inspiré par par un film par une phrase par des mouvements aussi ou par Par des événements mais ça veut pas dire que ces événements là je les ai mis dans non tu vois ce que je veux dire c'est que qu'est ce que ça provoque dans ta capacité à créer à partir de ce que tu as vu tu vois ça veut pas dire prendre refaire la même chose avec deux trois petits changements en disant ouais mais t'as vu toi tu glisse en arrière moi je glisse sur le côté en fait enfin tu vois ce que je veux dire ça peut être très limite et en fait l'inspiration c'est vraiment c'est qu'est ce que ça t'insuffle mais au sens large qu'est ce que ça a provoqué en toi et qu'est ce que toi tu vas créer à partir de cette provocation tu vois ce que je veux dire et pour moi c'est ça l'inspiration et moi charlie chaplin est une très grosse inspiration. Tu vois ? Je ne danse pas comme Charlie Chaplin.
- Speaker #0
Pas du tout.
- Speaker #1
Il y a plein de choses comme ça. Même pas des gens, il y a des choses, des événements qui m'ont inspiré. Le tremblement de terre m'a inspiré. Alors que c'était chaotique, tu vois ? J'ai vu des documentaires qui m'ont inspiré des vidéos, notamment une vidéo que j'ai faite avec Émilie. Et voilà, c'est comme ça. En fait, c'est qu'est-ce que ça provoque qui va faire que tu vas créer ? On ne te demande pas si tu m'as inspiré le mouvement, du coup moi je vais le faire... Toi tu le fais à gauche, moi je vais le faire à droite. Non ? Non ? Et je l'ai vécu à travers toute... tout mon travail photographique où là le mec copier coller tu vois copier coller et moi je n'ai rien inventé c'est à dire que sur les photos des mecs qui sautent il y en a toujours eu mais oui des danseurs classiques par exemple bien sûr absolument rien inventé sauf que mon histoire avec le tremblement de terre m'a inspiré moi breaker qui danse au sol amoureux du sol m'a inspiré des photos au dessus du sol parce que ça a été mon premier réflexe de sauter au dessus du sol quand Carlito m'a pris en photo la première fois j'ai aimé le rendu et peu de temps après non beaucoup de temps après après cette photo quelques années plus tard j'ai un flash où il y a la terre a arrêté de trembler je suis dans le couloir de l'appartement et c'est pas écroulé dieu merci beaucoup de chance et je me rappelle que je me suis fait cette réflexion je l'ai dit de cette phrase J'ai tellement flippé en fait que je me suis dit putain si je volais j'aurais jamais senti la terre trembler. C'est une phrase qui est sortie de ma bouche quand la terre a arrêté de trembler et que j'étais dans le couloir de l'appartement en 99. Et ma première photo avec Carlito quand je saute au dessus du... du sol c'est 2009 tu vois du coup moi je fais cette photo je saute je saute je saute j'arrête pas de sauter je me procure un appareil photo je mets le timer petit trépied tac je saute je saute je saute un jour sébastien lefrançois je reviens toujours à lui parce que c'est une personne assez c'est une clé dans ma carrière Il me dit, mais pourquoi tu sautes sur toutes tes photos, en fait ? Et moi, je me dis, mais parce que, tu vois, c'est aérien, c'est le break, c'est athlétique. Mais en lui disant ça, je sens que ça sonne faux, en fait. Il y a une espèce de petite dissonance, tu vois, quand je lui dis ça. Mais je le dis quand même. Et lui, il me dit, OK, ouais. Il sait très bien, lui, ce que j'ai vécu.
- Speaker #0
T'avais pas envie d'être vulnérable devant lui ?
- Speaker #1
J'avais pas.
- Speaker #0
Envie d'être vulnérable un peu ?
- Speaker #1
Non, non, non, non, mais tu sais, devant lui, j'étais très à l'aise. C'est-à-dire qu'il savait très bien d'où je venais, ce que j'avais vécu, que je venais de vivre un tremblement de terre. Il a assisté à ma plus grosse rupture avec ma première copine, enfin bref. Il a tout vu. Il m'a vu dans les pires conditions, malade à Madagascar, soigné à l'opium, enfin bref. On a vraiment vécu des trucs forts, tu vois. Donc il me connaît, et il n'y a pas de filtre entre nous. Donc je lui dis ça, il me dit, ouais, ouais, lui, Il avait déjà capté en fait tu vois et il me dit rien et moi je continue à faire toutes ces photos les gens commencent à kiffer waouh donc ça c'est 2009 2010 11 12 13 je continue je continue Et un jour, je sais pas, je me rappelle de cette phrase que je me dis. Après, je fais le lien avec ma danse qui a changé. Je fais des effets au sol, je glisse. Les photos au-dessus du sol. Et la plupart des photos, je regarde le sol. Il y en a où on dirait que je vole, mais beaucoup, il y en a où je regarde le sol. Et là, je... ça me ça me fait un truc bizarre tu vois je me dis ah ouais d'accord ok et j'en parle à sébastien il me dit bah oui me dis moi je le savais il est plus âgé que moi la plus d'expérience c'est un artiste très ingénieux fin Et il avait capté, il ne me l'a pas dit, il voulait que je le découvre par moi-même et je lui dis merci parce que ça a eu encore plus d'impact et ça a ajouté encore plus de sens à toute cette série de photos. Je n'ai rien inventé. Il y a un mec qui s'appelle Denis Darsac qui le faisait déjà bien avant moi. Il y a même Yves Klein, dans les années 50, qui avait fait une série de photos, « Leap into the Void » , où il se jette, c'est une photo magnifique en noir et blanc, où il se jette dans le vide d'un toit d'un petit immeuble. Et je ne sais pas comment ils ont fait, il y avait un matelas pour réceptionner, ils ont réussi à enlever le matelas et tout. Je n'ai rien inventé, mais moi, c'est mon truc lié au tremblement de terre, lié au sol qui a tremblé et au fait que je sois au-dessus du sol. je me photographie moi-même et je surveille le sol au cas où il retremble rétroit enfin et j'ai fait le lien en fait et ça a donné cet événement tragique a donné à naissance à des choses artistiques qui me sont chères et que je trouve hyper hyper belle je reviens un peu sur le du Du coup,
- Speaker #0
la copie et l'inspiration... Quand on se fait copier d'une certaine manière, ça peut aussi un peu décourager. Ou pas. Mais du coup, moi, je voulais savoir comment tu fais pour rester créatif dans ces moments-là. Et même de manière générale, hors copie, plagiat, tout ça, pour éviter la répétition.
- Speaker #1
Tu sais, de se faire copier comme ça, mais quand je dis copier, copier-coller. C'est comme si on avait violé ton intimité quelque part. Vraiment. Parce que... Moi je sais pourquoi je fais ça, c'est lié à une histoire, tu vois, c'est profond, je veux dire, moi à l'époque quand je dansais pas, alors que danser c'est ma vie, je faisais mes photos, tu vois, c'était une manière pour moi d'exister, de me connecter à moi-même, de me rencontrer moi-même. Du coup, c'est très intime. Et quand tu vois quelqu'un qui fait tout à l'identique et qui prétend être à l'origine de tout ça, c'est violent. Franchement, c'est très violent. Donc au début, comme n'importe quel être humain, c'est beaucoup de colère, beaucoup de... l'ego aussi qui réagit à tout ça, tu vois. Donc il faut un temps de digestion. Pour moi ça a été assez long parce que psychologiquement ça m'a impacté. Les photos, en danse on m'a pris plein de moves mais c'était tellement facile en danse pour moi de créer des mouvements que je me disais bon ça va.
- Speaker #0
Parce que t'avais rien d'émotionnel qui était rattaché à ça ?
- Speaker #1
Mais pour moi c'était tellement large, c'était tellement... Il y avait tellement de vocabulaire à développer que je me disais oh là là, mais je vais en trouver d'autres des moves. Après en battle, quand les mecs faisaient des moves face à moi, là, tu vois, on n'a pas... même qui dit pompeur copieur voilà je je me gardais pas de je les faisais quoi je leur faisais comprendre que c'est à moi poto mais vas-y fait le donc il y avait un peu de ça parce que dans le break c'est très voilà très provocateur très très comme ça mais mais ce qui était lié à la photo ça c'était violent pour moi franchement c'était violent ça m'a psychologiquement impacté mais il ya eu un temps de digestion qui était assez long et j'ai vu des documentaires des choses qui m'ont apaisé sur d'autres personnalités, d'autres artistes. Et j'en suis arrivé à la conclusion, enfin, j'avais déjà cette phrase qui tournait dans ma tête, mais j'ai réussi à digérer cette phrase et à l'appliquer vraiment pas mal de temps après, c'est que j'arriverais à créer autre chose et que, en tant qu'artiste, ok, je me fais copier. Mais je serais capable de créer autre chose à partir de la photographie, tu vois. Et j'ai réussi. Et je me suis fait recopier. Mais toujours un peu sournoisement. Tu vois, avec cette histoire de ouais, mais toi c'est à gauche, moi c'est à droite. Ok, ok.
- Speaker #0
Il y a des gens en vrai...
- Speaker #1
Et c'est pas grave parce que je me dis, je trouverai encore autre chose. Mais ça fait chier, franchement ça fait chier.
- Speaker #0
C'est iné... Merci. En fait, ça te prend de l'énergie quand même, ça te pompe ton énergie.
- Speaker #1
Ça me prend de l'énergie, tu sais, il y a des avocats qui m'ont contacté, qui m'ont dit « c'est attaquable, viens on attaque » et tout, mais je leur ai dit « mais je ne peux pas mettre de l'énergie là-dedans, parce que je vais y mettre de l'énergie, ça va me prendre de l'énergie, c'est émotionnel, je n'ai pas envie d'aller là-dedans » . Donc, il fallait être résilient, et il fallait que je reconnecte au fait que l'art, c'est très large, et que c'est illimité. et que j'arriverai toujours à pondre quelque chose d'autre. Tu vois, donc il y a eu des potos mous.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Donc j'ai vu d'autres gars qui font du parcours et qui dansent un peu, commencer à faire des trucs. Et en plus, c'est même pas moi qui tombe dessus, c'est les gens qui m'envoient sur les réseaux, qui me taguent. Yaman, Yaman. Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne vais pas interdire aux gens de faire des choses que j'ai faites. Mais ce n'est pas grave.
- Speaker #0
En fait, moi, ce qui me dérange un peu dans ce côté inspiration copie, c'est que tu reproduises le mouvement de quelqu'un ou la signature de quelqu'un et que tu l'identifies derrière. C'est un peu pour moi une forme d'hommage. Tu vois, pour moi, ça, c'est encore autre chose à part. Mais que tu viennes... prétexté c'est que c'est toi qui l'a inventé moi j'avoue ça c'est un truc qui me dérange un peu parce que il ya des gens qui aiment ce que tu fais et se disent ça lui fera plaisir parce que c'est un hommage mais oui mais si tu le l'identifient pas et que tu le notifie pas la personne ne sait pas que c'est un hommage peut-être
- Speaker #1
que dans la tête des gens et certaines personnes qui n'ont pas conscience de ça mais le pire c'est que ces gens là bon j'ai un exemple très concret c'est que ils finissent par penser que c'est eux qui sont à l'origine de tout ça Et il est là le danger, c'est qu'à un moment donné, tu vois, le retour de flamme, pour eux, en tant que copieurs, il peut être violent. Mais tu sais, j'ai un ami poète qui s'appelle Suleyman Diamanka, que je trouve absolument génial. Il m'a dit, tu sais, le mot copier, c'est l'anagramme du mot picor. Il m'a dit, ceux qui copient, finalement... il picore. Et ça m'a tellement apaisé quand il m'a dit ça. Je me suis dit, ouais, c'est vrai.
- Speaker #0
C'est beau. Ouais,
- Speaker #1
c'est beau, c'est... C'est... Ça m'a beaucoup... Ça a été comme un espèce de médicament pour moi d'entendre cette phrase de la part de Souleymane et je l'expliquerai. Et moi... Tu l'as dit déjà en 2007,
- Speaker #0
c'est ça ?
- Speaker #1
Ouais, ouais, mais après, tu sais, rien n'est... Comment dire ? Il y a des industries par exemple dans la musique où quand tu copies, là tu peux les allumer les mecs, tu vois. Dans la danse, il n'y a pas ça. Et dans la photo peut-être, mais je ne sais pas. En tout cas, moi je ne suis pas encore assez calé sur le sujet. Même si tu vois, il y a des avocats qui m'ont contacté pour me dire, mais c'est attaquable, attaquons. Je ne peux pas mettre d'énergie là-dedans, mais...
- Speaker #0
si on te copie c'est que ça marche ce que tu fais ça marche même très bien merci Yaman je reviens un peu sur le côté de la singularité en tant que danseur est-ce que le fait de vouloir se démarquer ne peut pas parfois conduire à l'échec dans le sens où d'être moins polyvalent tu peux aussi toucher moins de domaines
- Speaker #1
de toucher moins de domaines en étant moins polyvalent.
- Speaker #0
Oui, parce que du coup, tu es trop singulier, donc du coup, tu ne te démarres que par ta singularité. Et on peut croire que, OK, tu ne sais faire que ça.
- Speaker #1
Je vais te donner un exemple très concret. Il y a Sala, un danseur Sala, où on a commencé à danser en même temps. Spider Sala, ou Sala the Entertainer sur Insta, qui est exceptionnel. et qui a développé un truc tellement singulier et il ne fait que ça sauf que le mec toute sa vie il a bossé parce que les gens voulaient voir du salat les gens contactaient l'agent de salat pour avoir du salat dans leur show en fait et c'est ce qui se passe aujourd'hui avec Sadek c'est très fort ce qu'il a créé pour moi salat ou Sadek Ils ont créé une marque. Tu vois ce que je veux dire ? Quand je dis une marque, ils ont créé une marque, pour moi c'est comme Apple. C'est devenu mainstream et les gens veulent voir du géométrie variable ou du murmuration. Tu vois ? Ou du Spider Salah à l'époque. Et c'est hyper fort. Et à aucun moment ça les a mis en danger. Tu vois ? Parce qu'ils ont tellement poussé le truc à un niveau... Tellement fort que... Et puis en plus, c'est des trucs, c'est que dès que tu copies, ça se voit direct.
- Speaker #0
Ah bah oui.
- Speaker #1
Je veux dire, tu copies, tu te jettes dans les flammes de l'enfer. Tu vois ? Et c'est très très fort parce qu'ils ont créé une marque, ces gens-là.
- Speaker #0
Donc il vaut mieux pour toi rester aligné avec ta singularité et ton idée en tête que de commencer à être... à vouloir être trop polyvalent parce qu'en fait tu te rends compte que ça marche pas des gens.
- Speaker #1
Alors après attention, je dis pas que ces gens-là ils savent pas faire autre chose.
- Speaker #0
Non non non, c'est pas ça.
- Speaker #1
Mais ils excellent dans ça. Et ils restent alignés. Ils restent alignés à ça. Parce qu'ils le font avec beaucoup de sincérité, avec beaucoup d'ingéniosité. C'est eux quoi. C'est leur âme que tu vois dans ce qu'ils te présentent, tu vois ce que je veux dire ? Hum. Et... Et à côté de ça, il y a un autre groupe qui s'appelle Urban Theory, qui sont dans la même lignée que fait SADEC, mais c'est différent. Et ça coexiste très bien. Mais tu vois la différence. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, non, il faut rester aligné dans vraiment déjà ce qui te fait vibrer. Si tu vibres avec ce que tu fais, pourquoi tu ferais autre chose ? Ça finira. Ça finira par payer quoi qu'il arrive. Après, c'est bien d'être versatile aussi, d'être polyvalent. C'est vachement bien même. Et moi, quand j'étais plus jeune, je me suis retrouvé à danser avec des danseurs contemporains. Et je ne faisais pas du break, tu vois. Et dans mes workshops, quand j'en donnais ma méthode au sol, la majorité des danseurs qui sont venus, c'était des contemporains,
- Speaker #0
tu vois. Mais regarde, aujourd'hui, la plupart des compagnies sont... Les compagnies contemporaines recherchent des breakers. Et inversement, parce qu'on est aussi dans une ère où on mixe les univers.
- Speaker #1
Et tu vois des breakers, breakers, qui pourraient totalement être contemporains. Moi, je vois une crise Fargeau. Pour moi, elle a sa place partout en fait. Elle est tout terrain, elle correspond à tout, tu vois. Elle a développé un truc comme ça, qui est hyper beau, qui est hyper singulier, hyper, comment dire, reconnaissable. Et c'est génial. Et ça ne veut pas dire qu'elle ne sait pas faire autre chose.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Donc non, je pense que quand tu as trouvé le truc qui te fait vibrer et qui te permet d'exister en tant qu'artiste... Et qui vient de toi, que tu n'as pas extirpé à quelqu'un d'autre. Non, vas-y, reste là en fait. C'est ta maison, c'est ta zone... De génie. De génie, ta zone, c'est ton pays magique, imaginaire, enfin tout ce que tu veux, tu vois. Il faut y rester. Et de temps en temps, ouais, aller voir ailleurs.
- Speaker #0
Yes. Je vais un peu sur les réseaux sociaux aussi, comment un danseur peut utiliser les réseaux pour montrer sa polyvalence et son originalité tout en évitant de tomber dans la standardisation du côté un peu chorégraphie, trend ?
- Speaker #1
Ouais, les réseaux c'est particulier parce que les réseaux ça a tendance à créer une espèce de modification du comportement je trouve.
- Speaker #0
Humainement ?
- Speaker #1
Ouais. humainement artistiquement dans plein de trucs psychologiquement voilà donc ça peut être très dangereux enfin dangereux on s'entend ça peut être tricky on va dire en fait il faut capter les réseaux enfin capter comment ça marche pour pouvoir adapter un contenu intelligent qui ne te desservent pas mais qui en même temps te servent pour pouvoir exister artistiquement, pour pouvoir booker un job. Et je reviens sur Sadek, sur les réseaux, mais le mec cartonne. Tu vois ? Et c'est via les réseaux qu'il book plein de super jobs. Salif, je ne sais pas si tu connais Salif. Oui,
- Speaker #0
on en a parlé dans l'épisode avec Jérémy.
- Speaker #1
Ben ouais, Salif, moi je l'ai connu, il avait 2000 followers. Il y a une vidéo qui a explosé. En une semaine, il est passé de 2000 à 1 million. Et on peut dire ce qu'on veut, mais les réseaux sociaux te permettent bouquet et des jobs. Donc, il faut être... Il faut éviter la modification du comportement. Il faut rester aligné. Il faut être sincère avec ce qu'on est, ce qu'on fait. Et se présenter comme tel, en fait, sur les réseaux, comme tu te présenterais à... Il faut être sincère.
- Speaker #0
T'entends quoi par modification de comportement ?
- Speaker #1
T'as des exemples ? C'est d'essayer d'adapter, de s'adapter à des trends complètement... Parfois qui sont très ridicules et très... Ouais, qui te... qui desservent un petit peu l'art ou d'autres choses. Il faut faire attention. Ça peut être un piège. Il faut rester aligné. Il faut rester dans son truc. Et si ça ne fait pas beaucoup de vues, ce n'est pas grave. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas bien. Ça ne veut pas dire du tout que ce n'est pas bien.
- Speaker #0
Parce qu'on ne contrôle pas les algorithmes.
- Speaker #1
Non. Et puis, Et puis, c'est pas les réseaux sociaux qui décident de l'artiste que tu es, en fait. C'est pas les réseaux sociaux qui définissent la qualité de ton travail. Rien à voir, tu vois. Des fois, je vois des vidéos, c'est des millions de vues d'un mec qui nettoie sa terrasse au Karcher.
- Speaker #0
Et qu'on regarde.
- Speaker #1
Et qu'on regarde parce que c'est satisfaisant. Tu vois ce que je veux dire ?
- Speaker #0
C'est fou ça, quand même.
- Speaker #1
Ouais ! Donc, il y a plein de pièges comme ça à éviter. dans lesquels il faut pas tomber qui pourrait te sortir un peu de ton équilibre, de ton alignement justement. Et surtout aujourd'hui il y a énormément de concurrence sur les réseaux, il y a énormément de concurrence. Et voilà donc c'est une nouvelle ère à laquelle il faut s'adapter ou pas.
- Speaker #0
Toi à l'époque quand tu as travaillé avec des artistes comme Madonna, participé à des productions comme le Cirque du Soleil, pas les réseaux, on les utilisait. Il y avait, mais d'une autre manière.
- Speaker #1
Il y avait, mais ce n'était pas aussi important. Ce n'était pas aussi omniprésent. L'impact n'était pas le même. Et moi, si tu veux, je n'ai pas eu besoin des réseaux. à l'époque pour pouvoir danser et chorégraphier pour madonna ou pour le cirque du soleil ou me retrouver avec les soeurs labecq qui sont deux monstres de la musique classique enfin tu vois je me suis retrouvé à faire des trucs les
- Speaker #0
gens des artistes sans les réseaux quoi c'est en ça où je vais arriver à dire que les réseaux ça fait pas tout parce qu'après c'est en casting que tu dois faire tes preuves tu vois alors moi j'ai vu plein de gens sur les réseaux vachement bien vachement fort
- Speaker #1
que j'ai vu après en live c'est bien pendant 15 secondes mais au delà de 15 secondes je me suis dit ouais moi je vois j'ai capté quoi je j'étais un peu déçu et pas seulement en danse c'est là où c'est tu peux être très fort sur les réseaux pendant 15 secondes le temps d'un réel tu vois Mais qu'est-ce que tu donnes sur scène, en spectacle, pendant 10-15 minutes sur scène ? Après, il y en a, ils sont très bons dans les deux.
- Speaker #0
Bien sûr, et humainement aussi, des fois tu ne captes pas tout sur les réseaux.
- Speaker #1
C'est ce que je voulais dire avant que la mouche nous coupe. C'est ce que je voulais dire, c'est que ce n'est pas que dans la danse. Même humainement, il y a des gens sur les réseaux que j'adorais, que j'avais une très grande estime d'eux et je les ai rencontrés en vrai, des grosses pourritures. Tu vois, je me suis dit, ah waouh, le gap entre ce que cette personne présente sur les réseaux et ce qu'elle est en vrai. Bon, je l'avais déjà vu dans le milieu de la télé parce que j'en ai fait beaucoup, mais en vrai, sur les réseaux, c'est pareil. Ouais. C'est vraiment, ouais, c'est l'extension un peu du monde de la télé, les réseaux, tu vois, mais sous un autre angle, un autre prisme, avec un autre matériel. Voilà.
- Speaker #0
Comment les expériences avec Madonna, le Cirque du Soleil, tout ce que tu as fait, ont influencé ta vision de la danse et ton approche chorégraphique ?
- Speaker #1
Alors déjà, de travailler avec Madonna, moi je n'ai jamais été fan d'elle, mais j'avais déjà vu un spectacle où j'avais pris une claque parce que je me suis dit « Waouh, putain c'est fort ! » La meuf, son spectacle c'est un film en fait. La scénographie incroyable, des chorégraphies de ouf, le storytelling il est fort. Donc j'ai eu un grand respect pour cette bête. démarche artistique qu'elle avait sur scène mais sa musique ça ne touchait pas forcément tu vois je connaissais vogue il est intemporel ce morceau ou d'autres et est en fait quand tu travailles avec elle tu te rends compte que Elle a travaillé avec les plus grands en fait, que ce soit avec les premiers street artistes comme Case Herring, elle était pote avec Jean-Mille, avec Basquiat, elle était pote avec Tupac, elle était pote avec Michael Jackson, elle côtoyait... Mohamed Ali, Tyson, en fait, que ce soit dans le sport ou dans l'art, elle a côtoyé les meilleurs. C'est-à-dire qu'elle vient d'une école très, très costaud, tu vois. Et ils étaient, tu vois, elle vient d'une époque où il y a eu une émergence d'artistes incroyables. Et ils ont vivoté ensemble, tu vois, ils ont créé, ils ont grandi ensemble. Et... Et quand tu travailles avec elle, bah t'apprends en fait. T'apprends parce qu'elle a des références incroyables liées à ces gens-là, à ces artistes-là. Donc c'est cool parce que ça t'élargit ta vision artistique, tu vois, en passant. par exemple je donne un exemple on est à amsterdam il ya le musée van gogh et elle décide de le privatiser pour que nous enfin pour qu'elle avec ses danseurs puissent le visiter donc tu apprends sur van gogh et tu découvres van gogh et c'est kiffant tu vois c'est que des trucs comme ça donc
- Speaker #0
c'est fort ouais ça t'apprend à être peut-être un peu plus original aussi dans le milieu à s'adapter
- Speaker #1
Non, moi, ce n'est pas ce que ça m'a fait, ça m'a vraiment ouvert mon champ artistique.
- Speaker #0
Oui, alors quand je veux dire adapter, c'est adapter les connaissances, dans le sens où ne pas rester fermée, justement, se dire, ok, je vais peut-être là où je ne serai jamais allée.
- Speaker #1
Alors avec elle, c'est impossible que tu restes fermée. Impossible. Impossible. Et elle refuse. Et si tu restes fermée, tu ne travailles pas avec elle, en fait. Et on a vu des danseurs partir en plein milieu de... du processus de création parce que ils étaient fermés il y en a eu donc non non c'est une ouverture incroyable et ouais moi aussi c'est ouais c'est une forme d'adaptation en vrai parce que du coup moi je suis allé vers des vers des angles dans lesquels je serais pas allé si je l'avais pas rencontré. Donc forcément que j'ai appris et que ça m'a ouvert sur plein de trucs. Et c'est génial. Mais après, c'est... Comment dire ? Ouais, c'est une école en fait. Tu vas à l'école, tu vas à l'école. C'est une école d'art.
- Speaker #0
C'est l'école de la vie.
- Speaker #1
Ouais, parce que quand il y a un événement, tac, tout de suite, c'est raccordé à un artiste et elle t'explique pourquoi et qui était cet artiste. Et c'est des artistes que je connaissais pas. Ou des orateurs politisés, tu vois. James Baldwin, je savais pas qui c'était moi, ce type-là. Je l'ai découvert à travers elle. J'ai découvert plein d'autres trucs comme ça. À propos de plein de gens... qu'elle n'avait pas côtoyé directement, mais en tout cas des gens de la famille de cette personne. C'est infini en fait. C'est inspirant. Ouais, de ouf.
- Speaker #0
Et quand tu t'es inspiré un peu d'elle et de son univers, justement tu me disais que tu allais voir des concerts et que tu aimais la démarche artistique. Est-ce que c'est ce qui t'a nourri et inspiré pour construire La Haine aussi ? Parce que La Haine c'est un film, tu vois, à la base. Est-ce que ça t'a aidé dans ta démarche justement de construire ton corps chorégraphique, scénique, etc ?
- Speaker #1
Moi, ce qui m'a... Ce que ça m'a apporté, c'est que, tu vois, je viens du break. Le break, c'est la performance, le mouvement, la beauté du mouvement et ce que ça crée. Il faut faire crier les gens, en fait. C'est du mouvement brut, pur et dur qui fait crier les gens. Je viens de là. En travaillant avec Madonna, je découvre que ces mouvements-là, avec ces mouvements-là, tu peux raconter une histoire en respectant ton identité. culturel quand je dis pas lié à l'art à l'art tu parles de la communauté non ton identité culturelle liée à tes racines tes origines à tout ça lié à ta morphologie lié à ta vision de la danse de l'art du monde de tout en fait et qu'avec tout ça tu peux raconter une histoire qui vient de toi qui t'es propre et qui est sincère. Donc, moi, je me rends compte de ça. Et à partir de là, je me dis, OK, je peux faire voyager les gens dans un univers sans pour autant faire des mouvements de fous. Tu vois ce que je veux dire ? Et c'est la première chose que j'ai appris en sortant de l'école Madonna, on va dire. Vraiment. c'est comment avec un mouvement tu racontes un mot comment avec plusieurs mouvements tu racontes une histoire comment avec un spectacle entier tu as fait un film en fait donc je commence avec une pièce solo ou avec d'autres petites pièces que je fais ici et là que des marques me commandent tu vois un jour Je suis chez moi, on n'a pas d'enfant à l'époque. C'est après la tournée de Madonna, je tombe sur une grosse éponge à la maison, une grosse éponge tu vois. Je me dis, tiens, c'est marrant cette éponge. Et je me dis, putain, je peux raconter un truc avec cette éponge. Ça me vient tout de suite. Et avec cette éponge, je commence à l'utiliser en tant que telle, une éponge. Donc je nettoie, j'éponge quelque chose sur un mur. Et tac, et le mouvement, il devient dansé. Et cette éponge très moelleuse devient rebondissante. Donc mon corps commence à rebondir sur l'éponge et tout, tac, tac, tac, boum. Et bim, après ça, je suis contacté par l'équipe de Philippe Stark, qui lui-même a designé un revêtement industriel. et il voudrait que je l'inaugure avec cette histoire d'éponge c'est incroyable tu vois ce que je veux dire ?
- Speaker #0
bien sûr, mais en fait c'est tellement smart ouais, mais moi la mouche pardon, on a rejeté la mouche elle est partie c'est smart alors qu'à la base c'était pas peut-être pas genre prévu
- Speaker #1
Alors, un petit peu.
- Speaker #0
Ah.
- Speaker #1
Un petit peu, parce qu'à l'époque...
- Speaker #0
C'est quoi tes stratégies ?
- Speaker #1
À l'époque, je me dis, est-ce que si je fais un truc avec ça, je peux débloquer un job ? Et ça a marché. Donc je me dis, ah ouais, ok. Mais ça, je te parle de ça, c'est 2015, 2014, tu vois.
- Speaker #0
C'est récent.
- Speaker #1
Et les réseaux, c'était pas ce que c'est aujourd'hui, encore à l'époque. Et je me dis, putain, mais ça a marché. Je recommence en fait, et ça marche.
- Speaker #0
Mais quand tu vois les danseurs aujourd'hui, il y a eu beaucoup ça à un moment donné, où prenaient un danseur pour se mettre à la place d'un chanteur et autour faisaient une chorégraphie pour ensuite le vendre potentiellement à un plateau télé, aux chanteurs, à l'artiste en question, ça marche aussi. Peut-être que l'artiste est touché par le style chorégraphique du danseur, du chorégraphe. Bien sûr. Attends, si ça marche en studio, ça va marcher sur scène ?
- Speaker #1
Bien sûr, bien sûr. En fait, il ne faut pas se poser de questions. Et il ne faut pas oublier de s'amuser. Surtout. Parce que, avant tout, c'est pour exister artistiquement et tout, mais on s'amuse. T'as l'impression de travailler ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Moi, je n'ai jamais eu l'impression de travailler. Je m'amuse.
- Speaker #0
Je pense d'ailleurs que quand t'as l'impression de travailler, que tu vois reculant au travail, peut-être revoir un peu sa santé mentale aussi.
- Speaker #1
Elle n'est pas productive déjà et tu te fais beaucoup de mal. Et moi ça a toujours été un amusement, que ce soit sur scène ou pas sur scène en fait.
- Speaker #0
T'as jamais douté ?
- Speaker #1
Douter de quoi ?
- Speaker #0
Si t'étais toujours à la bonne place.
- Speaker #1
Mais c'est moi qui décide à quelle place je suis. C'est pas les autres. Moi, c'est ce que je suis en train de faire. Ça me fait vibrer et je kiffe. Qui va décider à ma place que je suis pas à ma place ? Tu vois ? Donc, non. Après, il y a toujours des personnes malveillantes. Et c'est arrivé à Émilie. qui l'ont fait douter en étant très méchant. Tu vois, c'est des directeurs artistiques, des chorégraphes. Et donc, ça peut arriver si tu tombes sur des personnes malveillantes, en fait. Mais non, moi, je n'ai jamais douté. Je me dis, attends, ce que je suis en train de faire là, ça me fait un truc. Je vibre, j'existe et je suis heureux. Je suis à la bonne place, en fait, que ce soit sur scène avec Madonna ou que ce soit au spectacle de fin d'année de mon pote et de son association.
- Speaker #0
Donc, tu as toujours été au bon endroit et tu ne t'es jamais dit à un moment donné... Oula, là je suis pas au bon endroit,
- Speaker #1
je... Alors, j'ai fait des jobs peu valorisants en tant que danseur. Tu vois, je le dis et j'en ai pas honte parce que ça m'a ouvert des portes. J'ai fait un truc pour le clip de la chanson Chihuahua. Je suis dans le clip.
- Speaker #0
C'est vrai ?
- Speaker #1
Je danse dans le clip, une chorégraphie éclatée. Mais, je le fais Merci. Je vois le résultat, j'en ai honte, parce que je me dis putain, c'était bien payé, mais au final, pourquoi j'ai fait ça ? Donc je m'en suis un petit peu voulu, dans le sens où, parce que j'ai eu un petit peu honte, où je me suis dit, c'est pas une danse qui me correspond, mais je me suis dit, ouais, qui me valorise, mais je me suis dit bon. Qu'est-ce que ça va m'apporter de bien ? Là, ce que ça m'apporte de mal, c'est que c'est ça, c'est un peu égo, c'est un peu mon égo, c'est un peu... J'estime que la chorégraphie que je fais, elle est dévalorisante. En plus, ça a tourné, je fais des battles, quand c'est un mois de passé, en plein battle, les mecs en face, ils me font un chihuahua. Mais parce qu'ils me font ça, du coup, je lâche un passage de malade, je les efface, tu vois, donc... Après je me dis qu'est ce que ce truc là va m'apporter de bien et ben ça m'a apporté des trucs positifs parce que quand j'ai fait ça le réal faisait d'autres trucs beaucoup plus artistique plus intéressant il m'a rappelé parce qu'il a vu que je faisais d'autres trucs tu vois donc ça m'a ouvert d'autres portes donc il ya toujours la chaise tu l'entendant ouais faudrait que je mette de l'huile donc je me dis toujours dans Dans un truc un peu comme ça, qui est pas mal en soi, mais qu'on estime pas ouf, qui est un peu pourri ou dévalorisant,
- Speaker #0
qui ne te convient pas,
- Speaker #1
il y aura toujours un bienfait ou une porte intéressante qui sera ouverte. Et j'en ai eu la preuve plusieurs fois.
- Speaker #0
Yes.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, tu vois... J'ai fait beaucoup de Starac, moi, à l'époque. Et parfois, des tableaux éclatés avec des costumes horribles. Mais j'assume, parce que ça m'a ouvert d'autres trucs. Et ça m'a appris à m'adapter à un style qui n'est pas le mien, à un truc qui ne me convient pas. Ça a calmé mon égo, tu vois. En fait, tais-toi, t'es en train de travailler. Donc là, je m'amusais moins, mais je travaillais.
- Speaker #0
Tu vois. Ouais,
- Speaker #1
il y a ça aussi. Ouais, il y a aussi ce truc de... Ouais, il y a un truc un peu de dualité où, tu vois, on disait on s'amuse, mais il y a des fois, je ne me suis pas amusé. Mais ça m'a apporté des choses. Ça m'a apporté des choses dans le sens où je n'étais pas dans ma zone de confort. Ça m'a sorti de ma zone de confort. Ça ne me plaisait pas. Je luttais contre mon égo, mais ça m'a appris et apporté des choses.
- Speaker #0
ok je reviens sur la haine je l'ai vite fait aborder tout à l'heure comment est née l'idée de créer la haine qu'est-ce que Qu'est-ce qui t'a donné envie de mêler la danse et la musique de cette manière ? Alors toi, Émilie et la production, évidemment, tu n'étais pas tout seul. Oui,
- Speaker #1
la haine, c'est... Je sors des trois mousquetaires, donc j'étais chorégraphe. Et lesquels sont les trois mousquetaires ? 2016.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et j'assume pleinement en disant que c'était le pire job de ma vie. Et c'est un des jobs dans lesquels j'ai été le plus mauvais. Et il y a eu plein de facteurs. lié à ça. Donc, expérience pas cool. Émotionnellement, humainement, je viens d'être papa, j'avais pas envie de le faire à la base, mais c'était très bien payé. Donc je l'ai fait pour l'argent et au final c'était très éprouvant et ça m'a servi de leçon. Et du coup je sors de ça. Donc moi faut plus me parler de comédie musicale. Je suis vite retourné dans l'underground en faisant mes trucs, les battles, des shows dans l'underground liés au break, au hip hop, voilà. Enfin un gros retour aux sources. Entrecoupé de projets artistiques vachement cool. et donc moi je fais mes trucs et Farid, Farid Ben Laga qui était si je ne me trompe pas producteur exécutif sur les 3 mousquetaires il me contacte en 2019 avec Emilie, on vient d'avoir notre deuxième enfant Maywen quel honneur vous ne vous présentez pas le prénom ? j'adore ce prénom il m'appelle et me dit Yaman faisons un rendez-vous essayons de créer nous un spectacle de nous pour nous je trouve la démarche hyper cool et je dis à emilie vient avec moi on me dit oh non non mais j'insiste je sais pas pourquoi j'insiste alors que d'habitude elle vient jamais avec moi mais je sais pas là j'avais j'avais envie qu'elle vienne et bien on va au rendez vous on se pose et farid il nous parle d'un projet de vouloir faire un spectacle comme je te disais de nous pour nous par nous enfin je dis ouais ok donc il a une petite idée c'est un truc un peu Un peu à l'eau de rose, un peu tu vois bon... Et là, Emily, elle sort de ses gonds comme ça. Mais vous en avez pas marre de faire des trucs éclatés comme ça là ? Elle dit ouais, vous avez pas envie de faire un truc qui vous ressemble ? Un truc de quartier, un truc avec la culture hip-hop ? Enfin, vous quoi ! Je la regarde comme ça, je me dis qu'est-ce qu'elle a elle ? Et tiens, elle nous a secoué tu vois ! Farid il est là comme ça. Et moi je dis, bah ouais, elle a raison. Elle a raison. Et Farid, il est là, il dit, bah ouais, carrément. Et en fait, il y a un blanc comme ça et il dit, la haine. Et moi je dis, bah oui, la haine. C'est parfait, la haine. C'est la culture hip-hop, c'est le rap, c'est la danse, ça regroupe tout en fait, la culture de quartier, la culture hip-hop. Emily, ben voilà, la haine ! Ok ? Et on reste vraiment bloqué sur ça. Et ça, c'est en 2019. J'ai 20 2019. Ok, vas-y. Farahidi nous dit, Yaman, Emily, faites un dossier. On va faire un rendez-vous avec Kassovitz pour avoir l'autorisation, les droits, enfin, pour qu'il nous donne le go, quoi.
- Speaker #0
Réalisateur de la haine, pour ce qu'on veut.
- Speaker #1
Réalisateur de la haine, exactement. Donc avec Émilie, on se penche sur un dossier, clac, si les idées, ça fosse fort, clac. On imagine une scéno, des trucs et tout. On prépare, on fait le rendez-vous. On a une heure de retard avec Émilie. Parce que des bouchons de ouf bref donc on fait le rendez vous on lui explique ce qu'on veut faire d'où on vient ce qu'on a fait et il se trouve que moi il me suis sur insta je savais pas et il kiffe ce que je fais mais il dit rien il dit rien il est vénère parce qu'on était en retard Et on fait le rendez vous on lui présente le truc aucune réaction on se dit bon il s'en bat les yuck il s'en fout il kiffe pas et là il dit bah ouais mais c'est cool mais moi j'aimerais le faire avec vous Nous on s'est dit, ben ok, Kasowitz, tu vois, le nom il est connu, c'est le réalisateur du film culte, ça ajoutera du power au projet, tu vois. Donc ok, directeur artistique, ouais, enfin, plus qu'auméteur en scène, et ouais, directeur artistique aussi. Emilie et moi chorégraphes mais Emilie elle a un oeil sur tout sur la mise en scène sur la scéno, elle propose plein d'idées et beaucoup de ses idées sont... les costumes aussi les bières, tout tout tout je précise que quand on est chorégraphe on n'est pas que chorégraphe parfois aussi on va au delà de la vision du mouvement du step tu vois exactement et là d'autant plus que l'idée vient de nous donc on exige à avoir un Un œil sur tout ce qui se fait, tu vois, et d'être en capacité de refuser si ça ne correspond pas à la vision qu'on a de telle ou telle chose. Et Farid arrive à lever le financement nécessaire pour pouvoir entamer la création. On entame la création, donc attends, l'idée elle est en 2019, on entame la création en 2024. Oui. Il y a eu le Covid. Entre-temps, il y a des investisseurs qui ont dit non, on ne fait plus.
- Speaker #0
Tu m'étonnes.
- Speaker #1
Donc, Farid, il n'a pas lâché le steak. En même temps, il est Algérien-Breton. Donc, voilà.
- Speaker #0
Attention, je suis Bretonne.
- Speaker #1
Oui, non, mais j'adore. J'adore. Les mecs, quand ils ont une idée, ils ne lâchent pas, tu vois. il a pas lâché, donc Il a réussi à soulever les fonds. On a réussi à faire ce qu'on avait envie de faire.
- Speaker #0
Incroyable.
- Speaker #1
Donc, de nous, pour nous, un truc fidèle à ce qu'on est, fidèle à d'où on vient. Et voilà.
- Speaker #0
Et après, il y a eu les castings aussi ?
- Speaker #1
Oui, casting.
- Speaker #0
Processus de casting.
- Speaker #1
Casting comédien.
- Speaker #0
Comédien chez les danseurs, vous ? Moi j'avoue, c'est toujours une question que je me pose. Peut-être que ça va répondre à la question de beaucoup de danseurs. Est-ce qu'une production sait exactement le nombre de danseurs qu'elle veut ? Ou est-ce qu'elle est ouverte à en prendre plus ou moins, selon ce qu'elle a en face d'elle ?
- Speaker #1
Alors ?
- Speaker #0
Eh ! Du coup par rapport à vous...
- Speaker #1
On a une tranche. Ok. On décide d'une tranche. Ouais, on a une tranche de danseurs, enfin une tranche sur le nombre de danseurs qu'on veut, qui est approximative. Elle n'est pas arrêtée, mais voilà, on part quand même sur un... une tranche à pas dépasser tu vois après ça peut être plus ça peut être beaucoup moins mais on est pas arrêté en se disant ah mais tu vois et après donc nous on a fait une sélection de danseurs avec Émilie mais après le metteur en scène Serge de Longcourt nous a dit ouais mais attention moi j'ai des rôles qu'il faut que j'attribue il faut que ce soit des comédiens donc il faut enlever 8 danseurs on a dit mais non non en fait tu fais pas un spectacle comme ça avec 8 danseurs si on en a Donc on a dit mais donne la chance aux danseurs En les mettant dans des rôles de comédiens C'est ce qu'on a fait Et là des révélations Là il y a des On a vu des danseurs Tu vois c'est là où il y a dans un projet artistique Quand t'es danseur il y a une autre vocation D'un coup qui naît Ou un autre talent qui apparaît que t'avais Que tu savais pas que t'avais Mais que quelqu'un d'autre a pu mettre en lumière Et là t'as d'autres perspectives en fait Ok t'es danseur sur ce projet mais T'as d'autres perspectives tant que comédien maintenant.
- Speaker #0
Et puis encore une fois, la contrainte de « il me faut des rôles » et donc du coup de « comment je joue avec cette contrainte-là ? »
- Speaker #1
Exactement. Et ces rôles que le metteur en scène voulait et il voulait que ce soit joué par des acteurs, ce sont nos danseurs à Émilie et moi qu'on a choisis qui jouent ces rôles-là et ils sont vachement bien joués. Au début, il y a eu un temps d'adaptation, il fallait qu'ils apprennent et tout, mais aujourd'hui, ils sont vachement bien et je trouve ça génial.
- Speaker #0
C'est gratifiant même en tant que chorégraphe de dire « attends, j'ai placé des danseurs, ils sont peut-être en train de développer une carrière de comédien » .
- Speaker #1
Ouais, non, non, non, c'est pas gratifiant parce que c'est un talent qu'ils avaient, c'est pas nous qui leur avons donné ce talent. et en fait euh Ça devait être comme ça. C'était le projet qui allait révéler un autre talent que ces artistes avaient en eux. Et qu'ils n'auraient peut-être pas découvert, peut-être plus tard, mais en tout cas, en faisant ce projet, ils se disent, finalement, je suis bon comédien, peut-être que j'aurai une carrière d'acteur plus tard.
- Speaker #0
Yes. Et c'était quoi le message que vous souhaitiez transmettre justement à travers cette création ?
- Speaker #1
Chorégraphiquement, tu veux dire ?
- Speaker #0
Chorégraphiquement, même au niveau du spectacle.
- Speaker #1
Déjà au niveau du spectacle, il fallait rester fidèle au film et à ses codes. Et à ses codes de quartier notamment, qui sont pour moi super importants. Alors là, il n'y avait aucune concession à faire. C'était ça déjà dans un premier temps. Et puis c'était aussi, tu vois, La Haine c'est quand même un film assez violent dans le sens où la fin elle est tragique et le sujet du film, tu vois, il est toujours d'actualité malheureusement. Et c'était comment dans le spectacle on apporte une touche positive, une touche d'espoir en questionnant le public. Pas en faisant un constat assez sombre, parce que la fin du film est assez sombre, mais en essayant d'y apporter des solutions. Et je pense qu'on a réussi. Moi en tant qu'artiste, en tant que créateur, en tant que chorégraphe, ce qui se passe avec la haine, je ne l'ai jamais vu ailleurs aussi, enfin sur la durée, c'est-à-dire que tous les soirs, tous les soirs, après chaque spectacle n'importe où, les gens se lèvent. Pas parce qu'ils partent, non, ils se lèvent, ils crient, j'ai vu des mecs de quartier pleurer à chaque fois. à chaudes larmes en disant mais ça c'est mon histoire, c'est moi, je me vois dedans. J'ai vu des rangées de mecs de quartier qui ont acheté leur ticket pour venir voir le spectacle. Et je me suis dit mais on a réussi en fait. Je vois des gens de toutes sortes, de tout âge. Il y a des jeunes qui n'ont pas vu le film, qui viennent voir le spectacle et qui voient le film après. Des gens de ma génération, des générations plus d'avant, qui connaissent le film, qui viennent voir, et qui sont frileux au début parce que c'est un classique, il ne faut pas y toucher. Et ça, Dieu sait qu'on a eu cette réflexion, oula, tellement de fois. Et non, en fait, c'est le pari, il est réussi. Et en danse, avec Émilie, on n'avait pas envie de faire les danseurs derrière, et on fait une chorégraphie. Non, moi je voulais que ce soit un peu chaotique, je voulais que ce soit... parce que c'est... on parle du quartier en fait, on parle du quartier et il y a dans la vie de quartier un espèce de chaos organisé, un truc comme ça qui nous est familier, auquel on s'est adapté, qu'on gère plutôt bien, mais c'est comme ça, il n'y a pas une méthode, tu vois, et on ne voulait pas que ce soit comme ça dans les chorégraphistes, et moi je me suis dit mais comment, vas-y comment on chorégraphie un bordel, tu vois. Imagine au quartier il y a Silsboll, comment on chorégraphie ça sur scène ? On s'en fout beau, pas beau, non, il faut que ce soit sincère. Et moi, en tant que chorégraphe, j'estime que j'ai été très sincère. J'ai pas cherché à mettre plein la vue au monde de la danse, pas du tout. C'était vraiment pas mon but. Je voulais que ce soit sincère, je voulais que ce soit fidèle au quartier, je voulais pas que ce soit fidèle au monde du spectacle, au monde artiste. Non, non, je voulais que ce soit fidèle au quartier et fidèle à... à ce que je suis moi et ce qu'est Émilie en tant qu'artiste et chorégraphe, tu vois. Et voilà.
- Speaker #0
Et ça marche ?
- Speaker #1
Ben moi, j'estime que ça marche. Non,
- Speaker #0
mais moi je te le dis.
- Speaker #1
Ah ouais, ok.
- Speaker #0
Je ne suis pas personne parce que je suis venue voir le spectacle, tu vois, et que j'ai envie d'y rincher d'œuvre dans le milieu du spectacle vivant parce que tu vois même, il y a eu quand même beaucoup de nouvelles technologies, on peut dire, qui ont été mises au service. Oui. Et ce qui a été intelligemment fait, c'est qu'on n'a pas mis... Ça n'a pas pris le dessus sur l'artiste qui était sur scène. j'ai trouvé et je trouve que c'est en ça aussi que c'est intelligent c'est que vous avez réussi à faire collaborer les deux et puis dès le début on savait qu'avec Émilie c'était pas un spectacle de danse tu vois donc il fallait trouver un équilibre il fallait
- Speaker #1
pas que le danse prenne le dessus sur sur tout le reste ou que la vidéo prenne le dessus sur tout le reste ou autre chose tu vois il fallait trouver un équilibre Je pense qu'on a... à mon sens, trouvés. Les trois rôles principaux, ils sont exceptionnels. Incroyable. Le rôle du frère d'Abdel et qui fait le flic, il est incroyable. Le rôle de Leïla, la fille qui a été ajoutée, qui n'existe pas dans le film, il est chanmé. Je suis hyper content du tableau où elle est attachée. Dieu sait que c'est le tableau qui nous a le plus fait flipper avec Émilie. Parce qu'on s'est dit, ça peut vite devenir un truc un peu cirque, tu vois, et on voulait pas. Donc, non, pour moi, On a réussi.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
On a réussi. Et c'était pas l'endroit.
- Speaker #0
Pour nous en tant que chorégraphe, pour en mettre plein la vue en danse, c'était pas ça. C'était pas... c'était pas l'endroit pour ça. Pas du tout.
- Speaker #1
Alors... Bah moi j'ai trouvé que vous en aviez mis plein la vue, donc tu vois...
- Speaker #0
Moi je trouve que c'est juste.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Je trouve que... c'est juste. Bon alors, y'a beaucoup de danseurs qui sont venus à l'avant-première, tu vois, la couturière. Donc bon, forcément, c'est... c'est les premiers, tu vois, c'était... C'était pas encore assumé par les danseurs, pas encore, tu vois, c'était un peu... Donc clairement, il y a des danseurs qui sont venus prendre des notes au lieu de voir un spectacle, tu vois. Après, je leur en veux pas, pas du tout, parce qu'il y a des critiques, même si elles sont pas fondées et constructives, on les entend, moi en tout cas je les entends, et ça me va, tu vois, il n'y a pas de problème. Donc, moi, je savais qu'il fallait juste qu'on laisse le temps aux danseurs de s'adapter et de comprendre ce qui se passait et d'assumer pleinement leur rôle. Et aujourd'hui, presque un an après, c'est le cas. Donc, j'invite tous ces preneurs de notes à revenir reprendre des notes.
- Speaker #1
C'est ce qu'on disait avec Pab dans un des épisodes qui est sorti. Il dit, en fait, si tu viens pour critiquer un spectacle, reste chez toi. Parce que des fois, t'es pas sur ton meilleur jour aussi. Quand t'es sur scène.
- Speaker #0
Et puis,
- Speaker #1
ça peut être aussi en évolu... Enfin, c'est un produit qui vient de sortir. Donc... La mouche. Donc, faut aussi être indulgent. Surtout quand t'es dans le milieu. Je pense que quand tu sais comment ça se passe, c'est important d'être indulgent. Je trouve avec tes pairs et avec...
- Speaker #0
Même pas au-delà. Tu sais, moi, quand je vais voir un spectacle, j'éteins mon cerveau d'artiste.
- Speaker #1
Ouais, bah oui.
- Speaker #0
J'y vais en tant que spectateur. J'ai envie de voyager. Et je vais toujours trouver quelque chose qui va me faire voyager, qui va me faire kiffer. Et je suis à la recherche de ça en fait. Et je sors pas de là, bon après il y a des loupés. Tu vois, un loupé c'est un loupé. C'est comme ça, mais c'est pas pour autant que après je vais prendre un malin plaisir à démonter le truc. Tu vois, en en parlant aux autres ou pas. Mais non, il faut être bon public, il faut savoir décrocher de ce qu'on est en tant qu'artiste et d'aller voir un film ou un spectacle comme un être humain qui a besoin de...
- Speaker #1
Divertissement. Oui,
- Speaker #0
exactement. Qui a besoin d'être diverti. Voilà.
- Speaker #1
Merci Yaman, on arrive bientôt à la fin de l'épisode. J'ai trois dernières questions à te poser. En espérant que la mouche arrête. C'est un enfant. En regardant en arrière, quel moment de ta carrière te rend le plus fier et pourquoi ? Ça peut être un ou plusieurs.
- Speaker #0
Je ne sais pas s'il y a un moment qui me rend plus fier que d'autres. Je suis tout simplement fier d'être un artiste et d'avoir pu vivre de ma passion. Vraiment, je suis vraiment fier de ça en fait. Je suis vraiment fier de... De dire que tout au long de ma carrière, en majorité, je me suis beaucoup amusé et que j'ai eu l'impression de vivre un monde parallèle si je comparais à des individus qui avaient un travail normal, à des potes qui ont des jobs. plus comment dire moins moins excitant mais non non moi je suis très fier d'avoir pu vivre comme comme j'avais envie de vivre en fait comme l'artiste que j'avais envie d'être et de pouvoir me rencontrer en tant qu'artiste et en tant qu'être humain surtout parce que c'est ce que ça m'a permis en fait de vraiment me rencontrer moi même c'est pas chose facile Mais c'est essentiel et je dis pas que j'ai totalement accompli ce truc là. Mais ouais, je suis fier de ça en fait. Je suis fier d'avoir pu vivre de ma passion. C'est le truc dont je suis le plus fier. Après, bon allez. S'il y avait vraiment un événement, c'est un battle avec mon groupe Wanted. Pour la qualification des championnats du monde, c'était à Montpellier, on était en finale contre les Vagabond Crew. Très très très fort, très très très fort. On avait une rivalité incroyable. Et c'était soit eux, soit nous qui allions représenter la France aux championnats du monde. Et on a gagné. Et je crois que ça c'est le moment le plus fort que j'ai partagé avec les gars de mon crew. Cet effort, je me souviens encore de la sensation que ça a provoqué. Parce qu'on a gagné en étant nous-mêmes, parce qu'on a pris le risque de sortir des sentiers battus, de ne pas refaire un break qui existait déjà, de ne pas rentrer dans les cases, de ne pas reproduire ce qui s'était déjà vu. Et on a laissé une grosse trace et ça, j'en suis très très très fier. Bravo.
- Speaker #1
Ouais. C'est quoi tes projets futurs, Yaman ?
- Speaker #0
Mes projets futurs ? Écoute, c'est pas moi qui décide. J'ai une idée. de je crois que je vais peut-être pouvoir finalement réaliser mon fantasme artistique et de créer quelque chose qui qui est 100% du yamane quoi du yamane avec tout ce que ça implique avec du charlie chapin du buster keaton de tous mes héros du break de des films que j'ai vu de des gens que j'ai rencontrés et dans un futur proche Je pense que ça va pouvoir être possible. En tout cas, je vais m'en donner les moyens.
- Speaker #1
Je te le souhaite.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Est-ce que tu auras un dernier message pour clôturer cet épisode ? Il n'y a peut-être rien à voir avec l'épisode. Quelque chose que tu aimerais dire ?
- Speaker #0
Restons solides. C'est dur en ce moment. Il faut rester solide avec tout ce qui se passe. Restons solides et continuons de créer. Peut-être qu'à un moment donné, la création sera un mode de survie. voilà, instant solide merci Yaman,
- Speaker #1
merci pour ton temps merci pour ce merveilleux partage dans cet épisode si vous avez aimé l'épisode n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser 5 étoiles sur le podcast et à aller voir évidemment ce que fait Yaman sur ses réseaux sociaux que je mettrai dans la description de l'épisode voilà, je te remercie encore merci pour ton temps Yaman, à bientôt ciao