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73. Dénoncer et casser les codes de la danse classique, avec Chloé Lopes Gomes

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1h03 |09/09/2025
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Description

🩰 Chloé Lopes Gomes - Danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse.


Formée à l’Académie du Bolchoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjart Ballet, l’Opéra de Nice ou encore le Staatsballett de Berlin.


Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels : la diversité, l’inclusion et l’identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd’hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique.


Nous évoquons ensemble son livre Le Cygne noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l’émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet BOLDSTEP, une initiative dédiée à l’enseignement, à l’empowerment et à l’innovation dans la danse.


Un échange qui questionne l’avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d’une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante.


📝 Chapitres :

02:57 - Parcours et inspirations

11:00 - Choix artistiques et carrière

15:37 - Rester aligné avec ses valeurs

20:29 - Changements positifs et défis à venir dans le ballet

27:30 - Représentation

31:00 - Son livre Le Cygne Noir et retombées

44:46 - Boldstep : pédagogie et transmission

55:54 - Projets futurs et fierté

01:01:33 - Message final



👉🏽 Pour retrouver Chloé Lopes Gomes sur les réseaux sociaux : Instagram / Boldstep / Achète son livre / Prends ses cours en ligne


👉🏽 Pour suivre Dance Lab, Le Podcast sur : Instagram / Tik Tok / YouTube


Si cet épisode t’a plu et que tu souhaites soutenir le podcast, je t’invite à le partager à tes proches et à me laisser une jolie note et un commentaire 🤎


[Cet épisode a été enregistré le 20 août 2025]


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, ne jamais prendre les choses pour acquises. Toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment c'est le talent. Donc on regardait mes proportions, mon coup de pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc le bolcher, ça a paru comme une évidence, mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Ce qui va faire la différence, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu, c'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement. Dans le ballet, il y a une omerta. Tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Contraire à vie, ça veut dire que si tu commets des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Ouais, big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans DanceLab, le podcast dynamique et éducatif où la passion de la danse rencontre le monde de l'entrepreneuriat, du bien-être, de la santé mentale et bien plus encore. Des conseils, des histoires, des conversations captivantes avec des experts et des personnalités où recommandations et partages d'expériences enrichissent le quotidien des danseurs et pas que. Je suis Maywen Bramoulé, danseuse professionnelle aux multicasquettes, passionnée de danse depuis toute petite, ayant pour objectif de lever les voiles sur les fantasmes et les clichés du métier, en vous partageant toutes les facettes, les difficultés, les richesses et les challenges que ce métier comporte. Si cet épisode t'a plu, n'hésite pas à le partager autour de toi, à me laisser une note et un commentaire sur Spotify ou Apple Podcast, et si tu souhaites participer au podcast, écris-moi ! Aujourd'hui j'accueille Chloé Lopez-Gomez, danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse. Formée à l'Académie du Bolshoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjar Ballet, l'Opéra de Nice ou encore le Stadtballett de Berlin. Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels, la diversité, l'inclusion et l'identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd'hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique. Nous évoquons ensemble son livre Le Signe Noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l'émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet Bold Step, une initiative dédiée à l'enseignement, à l'empowerment et à l'innovation dans la danse. Un échange qui questionne l'avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d'une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante. Salut Chloé !

  • Speaker #0

    Salut Maouen !

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast.

  • Speaker #0

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci de m'offrir de ton temps, parce que je sais que tu as un petit planning un petit peu chargé en ce moment. Donc, merci pour ça. Peux-tu nous parler de ton parcours ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers la danse classique ?

  • Speaker #0

    Alors, tout a commencé le jour de mon anniversaire, à l'âge de mes 8 ans. Pour mon anniversaire, ma mère m'a menée voir le lac des Cines pour la première fois, à l'Acropolis de Nice. Et c'était la première fois que je voyais un ballet. Donc tout de suite, j'ai été subjuguée par les corps, par l'histoire du lac des Cines, la scène, les décors, le maquillage. J'étais émerveillée. Et à ce moment-là, j'ai su que c'était ma vocation. Ça paraît fou parce que j'étais encore toute petite, mais j'ai dit à ma maman, j'ai vraiment envie de faire de la danse classique. Quelques semaines après, je prenais mon petit. mon premier cours de danse dans une petite école privée. Et six mois après, j'intégrais le conservatoire de Nice.

  • Speaker #1

    Wow.

  • Speaker #0

    Alors, j'avais huit ans. Quand t'as huit ans, c'est beaucoup plus facile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus facile, mais t'avais pas pris de cours de danse classique avant ?

  • Speaker #0

    Non, mais toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment, c'est le talent. Donc, on regardait mes... proportion, mon coup de pied qui est l'arc qui est prononcé sur le pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc, apparemment, j'avais tout ce qu'il fallait pour être une bonne ballerine. Et puis, la technique vient après, au fur et à mesure que tu évolues dans ce domaine. Donc, je suis restée quatre ans au conservatoire de Nice. Puis... j'ai intégré l'école nationale supérieure de danse de Marseille à l'âge de 11 ans et demi. S'en est suivi ma sœur, Chéryl, qui a commencé à faire de la danse classique. Et puis mon frère Isaac. Donc Isaac qui est actuellement à l'Opéra de Paris. On est aussi resté 4 ans à Marseille. Et puis j'ai senti à l'âge de 14 ans que je n'arrivais plus à évoluer. que j'avais atteint mon plein potentiel et que Si je voulais vraiment faire mon métier, il fallait que j'intègre une plus grande école de danse. Donc j'ai fait plusieurs auditions, notamment l'école de danse de l'Opéra de Paris, le Royal Ballet School et le Bolshoi. Je n'ai pas été prise à l'Opéra de Paris. En revanche, j'ai été prise au Royal Ballet School et au Bolshoi. Et vu que le Royal Ballet School, c'était extrêmement cher pour ma mère. C'est Londres. Oui, c'est Londres. et c'est 30... 5 000 pounds l'année avec l'internat. Ça,

  • Speaker #1

    c'était à l'époque ?

  • Speaker #0

    Ça, c'était à l'époque. Alors là, maintenant, je ne sais pas à combien c'est. Mais il fallait que je reste au moins 3 ans. Donc, ça te fait à peu près 100 000 pounds. Enfin, c'était énorme comme budget, sachant que je viens d'un milieu modeste. Ma mère est femme de ménage et mon père était maçon. Donc, le bolcher, ça a paru comme une évidence parce que déjà, j'avais un vrai coup de cœur pour les ballerines russes. En plus de ça, je suis allée là-bas en tant que boursière. Mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Donc à l'époque, c'était énorme. Voilà, et j'ai fait trois ans là-bas. Au Bolchevi. Au Bolchevi, oui.

  • Speaker #1

    Très bien. Et après, donc, t'as bougé.

  • Speaker #0

    Et puis après, j'ai eu mon diplôme après trois ans. Je suis devenue danseuse professionnelle, officiellement. Et oui, je suis revenue dans ma ville natale, Nice. J'ai intégré le ballet de Nice pendant quelques mois, j'ai vécu un drame familial, j'ai repris la danse quelques années après, d'ailleurs je pense qu'on va l'évoquer, et puis oui, je suis allée ensuite au Béjar Ballet, puis au Stade Ballet de Berlin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et tu me parlais donc que c'était le lac des signes qui t'avait inspirée, est-ce qu'il y a eu d'autres figures, danseurs, chorégraphes qui t'ont inspirée dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Oui, quand j'étais plus jeune... J'étais fan, c'est le mot, fan. J'avais des posters d'elle d'ailleurs partout, de Sivigem. C'était Sivigem, parce que je trouvais que c'était une danseuse déjà magnifique physiquement, avec un physique aussi très athlétique. Et puis j'ai découvert qu'elle venait de la gym, tu vois, elle avait un côté très GRS. Mais aussi je trouvais que c'était la seule danseuse à l'époque qui était aussi incroyable en contemporain. En néoclassique que en classique parce que je l'avais vu dans Mad Sec dans Appartement et dans Foresight, Samuel Leviti. Et Foresight d'ailleurs c'est mon chorégraphe préféré avec David Dawson. Moi je les adore et d'ailleurs je me considère plus comme une danseuse néoclassique que classique. Et puis aussi même en termes de personnalité je trouvais qu'elle avait un côté rebelle. hors normes. Elle ne rentrait pas forcément dans le moule. D'ailleurs, c'est pour ça aussi qu'elle a quitté l'Opéra de Paris parce qu'elle voulait faire autre chose. Et en plus, c'est une personne engagée vis-à-vis de la cause animale. Donc, je me retrouve beaucoup aussi actuellement dans ces valeurs. Et puis, Internet est arrivé à la maison, ainsi que YouTube. Et j'avais entendu parler des ballerines russes. Donc, j'ai tapé Bolshoi Ballet. Je me souviens, j'étais très jeune. Et là, pour la première fois, je découvrais les physiques, la technique des danseuses russes. Donc vraiment, pour moi, c'était des signes sur pattes. Très longues, très souples. Et aussi, je découvrais aussi leur repertoire. Comme Flamme de Paris, Spartacus, qui sont des balais qu'on ne danse pas en France. Donc oui, ça, ça m'a beaucoup inspirée et ça a dessiné un peu ma trajectoire. J'ai su aussi qu'un jour... probablement j'intégrerai le Bolshoï. En tout cas, c'était mon rêve. Après, je ne me suis pas dit que j'allais être prise, mais c'était mon rêve. Réalisé, check. Oui, mais je ne me suis pas dit que j'allais être prise, parce qu'en plus là-bas, ils prennent très peu d'étrangères. Mais voilà, je l'avais dans mon optique. Ok,

  • Speaker #1

    et tu trouves qu'il y a vraiment une différence entre la France, la Suisse, l'Allemagne et la Russie dans les physiques de danseuses classiques ?

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, la Suisse n'est pas vraiment un bon exemple, parce que La Suisse, ils n'ont pas vraiment de technique suisse. Tu vois, tu as le ballet français qui est très opéra de Paris, très sophistiqué. Le Royal Ballet School qui est très manieré. Et la Russie, en plus la Russie a deux écoles. Il y a Bolshoï Ballet qui est à Moscou et tu as le Mariinsky qui est à Saint-Pétersbourg. On va dire que le Bolshoï, comme ça on l'indique, ça veut dire grand en russe. Donc leur danse est très grande, ils prennent toute la scène. Il y a un côté très gymnase et performance, alors que le marinski, ils sont beaucoup plus délicats, on va dire. Et en termes de physique, alors, les Russes sont très longs, très fins. Les Françaises ont quelque chose de très élégant, je dirais. Et les États-Unis, c'est des physiques très athlétiques. Voilà, on n'a pas du tout les mêmes normes. Et d'ailleurs, pendant ma période d'audition, j'ai fait plusieurs compagnies aux Etats-Unis et je me suis vraiment rendu compte que je ne correspondais pas à leurs critères physiques. Et d'ailleurs, on me l'a fait comprendre, on m'a dit « vous êtes très fine » . Et c'est la première fois qu'on me disait « Chloé, tu es très fine » . Et je me suis dit « ah ! » et puis je me suis rendu compte que les filles elles avaient vraiment des cuisses et des dos mais en même temps c'est pas la même technique parce qu'elles sont aussi capables de faire des choses un peu plus grandieuses on va dire que

  • Speaker #1

    les russes que les françaises et qu'est-ce qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière j'ai noté que t'avais grandi en France que tu me disais, que t'as été formée à Ausha Avant d'intégrer toutes les précises compagnies dont on parlait, mais c'est quoi qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière ?

  • Speaker #0

    C'est cette envie d'émancipation, cette envie aussi de m'élever dans la société et surtout de vivre de ma passion. Parce que moi, comme je vous disais auparavant, j'ai un ami de très modeste et je voyais mes parents se saigner financièrement pour se loger et se nourrir. Et ce que je voyais aussi, c'était beaucoup d'amertume, de frustration. Quand je rentrais à la maison, moi j'avais fait une journée de dingue, j'étais allée à l'école, j'avais fait mes cours de danse classique, de piano à l'époque, d'alto aussi, je faisais plein de choses. Et quand je rentrais à la maison, il y avait une ambiance pesante, ils étaient tristes. Et je pense que c'est parce que mon père, en l'occurrence, il ne s'est jamais autorisé à rêver. Ma mère, elle avait ce rêve de devenir peintre, mais elle ne s'est jamais donné les moyens d'y arriver. Donc ça, ça m'a motivée à me battre pour mes rêves. Je me suis toujours dit, OK, sans aucune ingratitude, parce qu'ils ont fait beaucoup de choses pour moi, ainsi que pour mes frères et soeurs. Mais je ne veux pas finir comme eux. Ça ne m'inspirait pas. Leur vie ne m'inspirait pas. Et j'aspirais à avoir une belle vie, remplie de joie et de bonheur. Et ça, vraiment, ça passe par un accomplissement personnel.

  • Speaker #1

    Je suis très d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je reste un petit peu sur la danse classique, parce que du coup, tu me disais que toi, ça t'avait permis de t'émanciper. Mais qu'est-ce que la danse classique t'a appris aussi en tant qu'artiste, en tant que femme ?

  • Speaker #0

    Alors, la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, le bolcheuil. Je parle souvent du bolcheuil, parce que ça a été vraiment les plus belles années de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on parle souvent de ce côté russe, de la rigueur.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est vrai. Ils sont très stricts, ils sont très rigoureux. mais moi Ça me va parce que je suis une personne qui a besoin d'un cadre et d'une structure. Donc le Bolshevik m'a appris la persévérance, le dépassement de soi, ne jamais prendre les choses pour acquises, parce qu'en tant que danseur, même si tu atteins ce grade de danseuse étoile, tu peux toujours progresser dans ta danse. Mais aussi, ils nous ont enseigné à respecter les règles. Ils nous disaient que si tu travailles dur, tu n'aurais... Pas de problème à trouver un travail, ni à évoluer au sein d'une compagnie. Et quand j'ai rejoint le monde professionnel, je me suis rendu compte que la réalité était bien différente. Parce que déjà, tout le monde est bon dans une compagnie. Et aussi, parce que ce qui va faire la différence, en tout cas, selon mon expérience, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu. C'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement, ton aptitude à prendre. les corrections et à les appliquer. Est-ce que tu es une personne qui se blesse beaucoup ou est-ce que à l'inverse tu es un rock pour la compagnie ? Est-ce que tu évolues bien dans un groupe ? Ta singularité. Pourquoi moi en tant que directeur ou courrier grave je vais te choisir trois au détriment d'une autre ? T'as des artistes qui font l'unanimité bien évidemment mais c'est C'est palanant. Et je dirais que tout cela va définir... ta trajectoire dans une compagnie. Et en tant que femme, j'ai vécu une expérience très marquante. J'avais la vingtaine et j'ai rejoint une compagnie qui était exclusivement dirigée par des hommes. Je pense que tu sauras laquelle. Le directeur, c'était un homme. Le maître de ballet était un homme. Le répétiteur était un homme. Le chargé de production pour les tournées était un homme. Et il y avait une ambiance très masculine et très hiérarchisée. en même temps quelque chose de très malsain et j'ai appris à mes dépens le poids du copinage le poids des affinités personnelles du favoritisme aussi des gens qui semblait intouchables et qui du jour au lendemain était décasté d'un rôle sans aucune raison et tu as deux solutions soit tu Tu rentres dans le jeu, dans le game, soit tu refuses et pour faire évoluer ta carrière, c'est un peu plus compliqué. Donc je dirais que le ballet, c'est un art sublime qui fait rêver, mais le milieu dans lequel il évolue, finalement, est très humain avec ses failles, ses imperfections et ses défaillances.

  • Speaker #1

    Comment t'as jonglé toi avec ça, avec tes valeurs ? Tu sais quand on a des valeurs très fortes ?

  • Speaker #0

    Oui, moi j'ai des valeurs très fortes, oui.

  • Speaker #1

    et que t'es un peu... T'as un peu, comme on appelle ça, l'expression « je vais être au pied du mur » . Face à ça, comment tu t'alignes avec tes valeurs ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ce n'était même pas une question, parce que j'ai été éduquée d'une certaine manière et parce que je crois beaucoup dans les valeurs du travail. Et j'avais ce côté... Défensive, on va dire. Parce qu'il y avait, justement, certains hommes qui avaient eu des gestes déplacés envers certaines de mes collègues, et ça, je le savais, et qui auraient pu se répercuter sur moi si je n'avais pas mis les limites. Donc, à partir du moment où j'ai mis les limites, j'ai vu que ça s'est aussi répercuté sur le cast. Donc, moi, je suis une personne qui est très franche, très directe, et dès mon plus jeune âge aussi, je ne me laissais pas faire. Forcément, j'ai aussi dénoncé ces comportements. J'essayais vraiment de rester alignée avec mes valeurs. En fait, si tu ne mets pas des limites, les gens vont les pousser, repousser, repousser jusqu'à ce que le drame arrive. Donc pour éviter ça, tu mets tes limites, tu te fais respecter. Et si la personne n'est pas en adéquation avec ce que toi, tu crois être juste, tant pis en fait. Tant pis pour elle.

  • Speaker #1

    Tu as senti que tu pouvais être seule parfois dans ces combats, mais tu sais, de dénoncer des actes ?

  • Speaker #0

    Alors, en l'occurrence, dans cette compagnie, non, parce que toutes les femmes ont été dans le même bateau. Et puis, comme je te dis, c'était une compagnie plus pour les hommes que pour les femmes, même en termes de rôle, en fait. Donc non, je ne me suis pas forcément sentie seule. En revanche, c'est vrai que... Dans le ballet, il y a une omerta. Il y a une omerta, les danseurs ne prennent pas souvent la parole parce qu'on risque gros. On n'est pas en CDI. Dans la plupart des compagnies, tu n'as pas de syndicat, donc tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Et à l'inverse, il y a des maîtres de ballet qui sont protégés par des contrats CDI, voire des contrats à vie. En Allemagne, c'était ça. Donc, contrat à vie, ça veut dire que si tu commets... des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Voilà, oui, en Allemagne, c'est ça. Quand tu as travaillé pendant des années dans une institution, tu ne peux pas te faire licencier pour faute grave et du coup, si tu vas à un procès, l'employeur peut dédommager la personne, enfin l'employé. Donc voilà, ça crée vraiment une débalance quand tu as le danseur qui n'a rien. Et à côté de ça, tu as les maîtres de ballet qui ont le plein pouvoir. Ça, c'est en Allemagne. En France, il n'y a pas ça. En CDI, mais en France, il y a d'autres problèmes. Parce que dans certaines compagnies en France, tu dois attendre 6 ans pour avoir ton CDI. Donc ça va être la même chose. Si tu vis des abus, tu ne vas pas forcément avoir le courage de les dénoncer. parce qu'après ça, tu te dis... Je peux me faire licencier, donc comment je vais faire pour vivre ? Et tu sais très bien que trouver un travail dans le ballet, c'est extrêmement difficile.

  • Speaker #1

    Mais dans la danse de manière générale ?

  • Speaker #0

    De la danse, dans la manière générale. Et je dirais même que le ballet, c'est peut-être un peu plus facile que dans d'autres domaines. Parce que mon mari, il est issu du hip-hop. Et là, c'est vrai que dans le hip-hop, ça n'a pas du tout de contrat, enfin, fixe. Mais au bout du tunnel, parfois, tu as de la précarité. donc Tu réfléchis à deux fois avant de te battre et dénoncer, mais dénoncer à qui en fait ?

  • Speaker #1

    Pour remettre un peu dans le contexte, pour les personnes qui écoutent et qui ne sont pas dans la danse, il y a deux types de contrats, on va dire qu'il y a les freelance et les contrats CDD-CDI. Et c'est vrai que quand tu es en freelance, c'est un peu plus entre guillemets dit précaire parce que tu peux avoir deux contrats, deux dates dans le mois, comme être en tournée avec un artiste ou une comédie musicale ou un spectacle, tout est caché en deux mois. sachant qu'un statut intermittent il faut faire un an pour y arriver donc il y a une espèce d'insécurité de l'emploi qui a peut-être plus dans le CDD et le CDI juste pour donner un peu un contexte et c'est vrai que quand tu es que tu as toujours été Dans un cadre de compagnie, de CDD, de CDI et que, effectivement, tu te fais licencier, qu'est-ce qui se passe après derrière aussi pour retrouver du travail ?

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors moi, j'ai eu la chance, je n'ai jamais fait du freelance, mais j'ai beaucoup d'amis qui sont dans cette situation. Et c'est vrai, c'est très précaire, c'est très précaire.

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu sur l'évolution, les changements positifs que tu as pu observer ces dernières années, qu'est-ce qui reste à transformer ?

  • Speaker #0

    Alors, Dans le milieu de la danse, qui est quand même un milieu très élitiste, avec ses codes esthétiques et sociaux plutôt rigides, si on prend par exemple le sujet de la diversité, parce que c'est un peu mon sujet de prédilection, ce n'est que récemment qu'il y a eu des discussions qui ont émergé. Alors, ça ne paraît pas phénoménal, mais dans le milieu du ballet, c'est un grand pas, parce que ce sont des institutions qui sont traditionnelles, vieillissantes, et qui ne se remettent jamais en question. Par exemple, pendant des années, il y a eu des pratiques qui nous choqueraient tous, comme par exemple le blackface, qui consiste à se maquiller le visage en or pour ceux qui ne savent pas.

  • Speaker #1

    Qu'il ne faut pas faire.

  • Speaker #0

    Et qui a été fait pendant des décennies. Et à aucun moment les institutions se sont questionnées sur l'impact que ce genre de pratiques pouvait avoir sur ne serait-ce que le spectateur. Ça peut offenser une partie de la population. Et pareil pour les danseurs. Moi je me souviens que j'étais sur scène et pendant le casse-noisette, il y avait des petits enfants qui portaient le blackface et qui singaient en fait. Parce que ça ne vient pas juste avec un maquillage, ça vient aussi avec une danse. Aussi il y avait le white bleaching qui est une coutume. Alors les danseuses doivent se maquiller la peau en blanc, qu'elle soit noire ou blanche, qu'importe. Dans les ballets classiques, dites le lac des signes, Gisèle, l'acide-fide, l'objectif étant d'uniformiser l'ensemble, comme si ta singularité était un problème. Et ce n'est que récemment que les directeurs ont pris conscience que ces pratiques pouvaient avoir un impact psychologique sur les danseurs ainsi que sur les spectateurs. Il y a eu aussi des questions notamment autour du maquillage, des coiffures, des produits capillaires, des formations des coiffeurs ainsi que des maquilleurs. Quand tu commences une saison, normalement on te donne un 7. Donc quelle est ta surprise quand tu te rends compte que la fondation n'est pas du tout adaptée à ta couleur de peau ? Pareil pour les cheveux texturés, on a des produits adaptés. Voilà, ça, il ne s'était pas pris en considération. Pour certaines personnes, ça peut être des détails, mais pour les personnes concernées, ce n'est pas des détails, parce que déjà, c'est une charge mentale, parce que tu ne te sens pas considérée et tu te dis, si je me plains, on va me voir comme un drama king ou une drama queen. C'est une charge financière, parce que c'est cher d'acheter des produits capillaires pour les cheveux afros ainsi que pour le maquillage. Et de bout en bout, ces détails cumulés peuvent te faire te sentir différente, exclue. Et si tu n'as pas confiance en toi, tu peux te dire, ok, est-ce que je suis à la bonne place ? Est-ce que ce métier est fait pour moi ? Donc, c'est des précautions, ce n'est pas de la victimisation, mais c'est des précautions qu'en tout cas, moi, je me suis posé. Et ce n'est que récemment que les maisons comme Repetto, Freed, alors tu as quoi encore ? Bloch, qui ont commencé à s'intéresser aux danseurs de couleur de peau. Ils ont commencé à faire des points de différentes shades comme Tissier Rihanna et Fenty Beauty, ainsi que des collants de différentes couleurs. Alors moi, personnellement, j'ai toujours utilisé des pointes roses ainsi que des collants roses, sauf dans les pièces contemporaines où on est pieds nus. Mais le fait de savoir que j'ai le choix. Ça change tout, parce que du coup, je me sens considérée. Big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Et au niveau de, là on a beaucoup parlé de la diversité, mais au niveau de la santé, est-ce que tu as vu une évolution au niveau de la... De l'écoute et de la considération au niveau de la santé physique et de la santé mentale chez le danseur ?

  • Speaker #0

    Pas vraiment, c'est pas quelque chose je trouve qui est pris en considération. Alors dans les grandes compagnies effectivement, normalement tu as une cellule qui est constituée, enfin un pôle santé qui est constitué d'un physio, masseur, ostéopathe, tu as des machines. Mais vu qu'en France... Et dans beaucoup de pays, le ballet est considéré comme un art et pas un sport. Alors que c'est un sport aussi de haut niveau. Tu n'as pas les structures qui viennent avec. Alors que par exemple, dans les pays anglo-saxons et aux Etats-Unis, je pense notamment sur Francisco Ballet, ils ont un psychologue. Ils ont un coach de gyrotonique. Ils ont des machines pour faire leur sport. Tout est mis en place pour que... bien accompagner le danseur. Je ne trouve pas qu'en Europe, on ait ce mindset.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu trouves que c'est parce qu'on ne considère pas assez la danse comme un métier ?

  • Speaker #0

    Je dirais comme un sport. Je pense que c'est... En tout cas, le ballet, alors qu'on s'entraîne à raison de 8 heures par jour minimum, quand on n'a pas de spectacle, et que les blessures sont omniprésentes. Moi, dans ma carrière, je me suis blessée 4 fois. Trois fractures du métatar, c'est j'ai eu un problème au ménisque et la prise en charge est mauvaise parce que déjà c'est à toi de chercher ton médecin du sport alors que j'étais dans des grosses compagnies, c'est toi qui paye ta rééducation donc t'es un peu perdue quand t'as une blessure qui te tombe dessus.

  • Speaker #1

    Je parlais de métier parce que c'est vrai que quand tu regardes les autres sports qui se pratiquent à haut niveau J'ai l'impression qu'ils sont beaucoup plus visibles même au niveau des médias. Et j'ai l'impression qu'ils ont beaucoup plus aussi de structures et de référents au niveau médical qui les aident justement à prendre soin d'eux.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Mais après, je pense aussi, c'est encore le problème devant, c'est que le ballet a une image très inaccessible. Donc forcément, les gens ne s'intéressent pas forcément à cet art, à ce métier, à ce sport. Donc ils ne vont pas forcément mettre aussi les ressources financières là-dedans. Parce que c'est trop niche. Ce n'est pas comme le football ou l'athlétisme, ça parle à tout le monde. Oui,

  • Speaker #1

    exactement. Parce que c'est peut-être moins médiatisé. Même si quand même les grandes enseignes en France restent assez connues du grand public, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. Tu es une voix importante sur les questions de diversité et d'inclusion dans le ballet, notamment en ayant déjà dénoncé des comportements racistes dans le milieu. Comment tu définirais l'impact de la représentation et pourquoi est-ce que c'est important aujourd'hui pour les nouvelles générations de danseurs ?

  • Speaker #0

    La représentation, ce n'est pas juste une question d'image, parce que souvent c'est associé à l'image. C'est aussi une question de légitimité. Quand tu grandis et que tu n'as pas de modèle, quand tu grandis et que tu vois à la télé qu'il n'y a personne qui te ressemble, sur les affiches, sur les scènes, des postes de direction, et que les seules personnes qui sont susceptibles de te ressembler, elles font des métiers dits ingrats comme femmes de ménage ou maçons, tu vas finir par croire que ce monde n'est pas fait pour toi ou que ta place est en bas de l'échelle. Alors moi, j'ai eu la chance d'évoluer dans des institutions prestigieuses. Et en France, peut-être c'est une chance, à aucun moment j'ai senti que ma couleur de peau pouvait être un problème. En revanche, quand j'ai rejoint le milieu professionnel, on m'a très bien fait comprendre que le fait d'être métisse, parce que je suis une femme métissée, je ne suis pas noire, donc les personnes noires ont d'autres problématiques, c'était un problème. Donc ce que j'ai dénoncé il y a plusieurs années, ce n'était pas juste une question de racisme, c'était aussi un système... dans le ballet, qui est bien ficelé et qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d'abus. Et qui va faire comprendre à la personne concernée que sa différence, c'est un problème. Donc oui, la représentation, c'est très important, notamment chez les danseurs, parce que déjà, ils peuvent se projeter et aussi tu leur envoies le message clair que tu as ta place ici, en fait. Tu vois ? Et ça, ça change tout parce que du coup, le danseur, il va se sentir plus légitime, il va oser, il n'aura pas peur d'exister et surtout, il ne va pas s'acharner à essayer de rentrer dans un moule dans lequel il ne fit pas. Et je te dis tout ça parce que moi, étant plus jeune, j'aurais voulu entendre tout ça. Alors, je n'ai jamais eu besoin de m'identifier à quelqu'un parce que j'aimais tellement ça la danse. Et puis, je pense aussi que quand tu es métisse, tu peux t'identifier à tout le monde, à des blancs, à des noirs, à des asiatiques, à tout.

  • Speaker #1

    mais pour une personne qui a peut-être moins confiance en elle la représentation ça peut être vraiment un changement et une source aussi de motivation et qu'est-ce que tu dirais justement à un jeune danseur ou une jeune danseuse qui ne se reconnait pas dans les standards encore dominants de la danse du ballet de manière globale alors déjà je dirais que si c'est vraiment ce que tu veux faire Merci.

  • Speaker #0

    Fonce, t'as pas besoin de... de rôle modèle. Si vraiment ça, ça te démotive, c'est que peut-être effectivement, ce n'est pas le métier pour toi. Parce que moi, je pense que quand tu as un rêve, c'est mon mindset, tu dois vraiment foncer. Ne te poses pas 10 000 questions parce qu'à partir du moment où tu te poses 10 000 questions, déjà tu doutes et du coup, tu vas peut-être retarder le truc et au final, tu ne vas jamais passer le cap. Mais sinon, deviens ton propre rôle modèle et deviens le rôle modèle de la future génération. C'est ce que je lui dirais.

  • Speaker #1

    Ok, j'aime bien ça. Voilà. On va passer un petit peu sur ton livre, Le Signe Noir. Oui. On a abordé, là, depuis le début de l'épisode, quelques sujets que tu traites dans le livre, qui est juste ici, que j'ai eu grand plaisir à lire, que je vais mettre à la caméra. Voilà. Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire ce livre ? Quel a été le déclic et qu'espérais-tu transmettre à travers lui ? Il y a beaucoup de questions.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de questions, on attend.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire le livre ?

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    j'avais envie... Tu voulais être le rôle modèle, justement ?

  • Speaker #0

    Non, non, je n'ai pas cette prétention. Mais j'avais déjà envie d'éveiller déjà les consciences. Notamment quand tu es un privilégié. tu te trouves du bon côté. Donc, ta réalité n'est pas la même que les gens qui se trouvent dans la précarité. Tu es né dans la bonne famille, dans le bon cadre, dans le bon pays. Donc, les questions de guerre, de famine, d'éducation, c'est des choses qui ne t'interpellent pas, en fait. Et à travers le signe noir, ce que je voulais, c'était faire un wake-up call. Le signe noir, c'est avant tout un appel à avoir au-delà des apparences. Et aussi une invitation à s'intéresser à ton voisin, aux autres. Par exemple, quand tu es un privilégié, tu as souvent le pouvoir sur la vie d'une personne. Quand il y a une personne qui se présente à toi pour un entretien ou pour un appartement et que tu n'aimes pas forcément sa morphologie, son accent, tu vas automatiquement lui coller une étiquette. Tu vas lui fermer une porte au nez, sans forcément te projeter en elle et te demander qu'est-ce que cette personne a vécu dans sa vie pour se tenir là, aujourd'hui, en face de toi ? Et lorsque tu es un privilégié, tu te dois de te poser ce genre de questions avant de refuser une porte. Un peu d'empathie, d'intelligence émotionnelle. Que tout le monde ne ferait pas de mal.

  • Speaker #1

    Ok. Donc ça, c'est ce qui t'a poussé à écrire ce livre et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours... J'ai voulu écrire mon histoire, même étant plus jeune. Parce que quand on connaît un peu ma vie, on sait que j'ai eu une enfance pas forcément facile, mais je ne me suis jamais plein de ça. Et pour moi, c'était important de transmettre mon vécu, parce que je me suis dit peut-être que je peux inspirer des gens, notamment des enfants qui se sentent perdus dans nos sociétés, qui ne se sentent pas compris. par leur famille, j'avais envie de leur offrir une porte d'issue. Même si tu viens d'un milieu défavorisé, tu t'es agrandi dans des quartiers, tu peux quand même t'élever dans la société. Mais c'est une question de motivation, d'audace. Tu as la chance d'être née en France et d'avoir accès à l'éducation, à la culture. gratuitement. Ça, on l'oublie. Mais dans d'autres pays, c'est pas du tout acquis, l'éducation, notamment aux Etats-Unis. Donc, tu peux t'émanciper. Et parfois, ton environnement, ta famille, ça peut être un frein à ton épanouissement. C'est à toi aussi de faire la part des choses et de te faire violence, en fait. Il y a toujours une pente d'issue.

  • Speaker #1

    Et est-ce que justement l'écriture, elle a été pour toi une forme de libération, de thérapie, ou plutôt une manière de transmettre et d'éveiller les consciences ?

  • Speaker #0

    Comme on l'a dit, transmettre, éveiller les consciences, oui. Et une forme de thérapie aussi, parce que je me suis aussi replongée dans mon enfance, dans des traumas, même si j'ai fait un travail sans moi, dans des souvenirs douloureux. Et l'écriture, tout le processus, ça a été aussi un moyen de... De guérir de l'intérieur, ouais.

  • Speaker #1

    Comment t'as trouvé l'équilibre entre, tu vois, raconter ton vécu personnel et en faire un récit universel qui parle de ta vie aussi, et qui pourrait parler à d'autres danseurs et au grand public ?

  • Speaker #0

    L'équilibre s'est fait naturellement parce que dans Le Signe Noir, j'aborde des problématiques, des sujets universels. Tout le monde peut s'identifier. Violence familiale. Injustice sociale, inégalité, violence conjugale. Donc la femme qui se fait violenter peut s'identifier. L'enfant issu d'un métissage qui ne se reconnaît pas forcément dans l'éducation de ses parents peut s'identifier. À l'inverse, une jeune fille qui a envie de croquer la vie à plein de dents, mais qui sent que sa famille peut être aussi parfois un fardeau, peut s'identifier. Donc oui. pour moi ça s'est fait naturellement cet équilibre,

  • Speaker #1

    j'ai pas cherché à comprendre et c'était difficile pour toi d'accepter de t'exposer ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    oui ça a été difficile pour moi de m'exposer parce que quand tu t'exposes tu laisses aussi la place aux critiques mais ce qui a été le plus difficile c'est dans l'écriture de trouver les mots justes parce que je voulais que mon message soit puissant Fort, sans détour, sincère, mais sans violence, sans haine, sans forcément blâmer les gens, mon entourage.

  • Speaker #1

    Sans chercher la vengeance ou quoi que ce soit.

  • Speaker #0

    C'est ça, pas du tout, c'était pas ça le but. Mais je me suis vraiment dit que si je pouvais inspirer une personne, ne serait-ce qu'un enfant, qui a une vie difficile, ça valait le coup de le faire.

  • Speaker #1

    T'as eu des retours sur ça de lecteurs qui se sont... Retrouver dans ces problématiques entre guillemets sociales d'argent même au niveau de tout ce qui est j'ai pas envie de spoiler le livre mais tout ce qui est au niveau de la DAS etc de toutes les structures sociales quand t'es en foyer est-ce que t'as eu des retours aussi sur ça de personnes qui sont peut-être venues te demander conseils oui

  • Speaker #0

    alors beaucoup de retours beaucoup de retours surtout sur Instagram voilà Donc, des gens qui ont été touchés par mon livre, qui trouvaient que j'étais très courageuse. Alors, moi, ça me fait toujours plaisir d'avoir ce genre de message, mais pour moi, c'est la base. Tu vois, si tu ne te bats pas pour ta famille, si tu ne te bats pas pour ta vie, pour qui tu vas te battre ? Des questions aussi, notamment sur le milieu... des auditions, beaucoup de mamans. C'est beaucoup de mamans qui m'ont écrit, qui se sont reconnues à travers l'histoire de ma mère, des sacrifices financiers que tu dois faire pour accompagner ton enfant dans son rêve. Des gens aussi qui ont eu des enfances difficiles, sans forcément me dire qu'ils avaient fait la DAS, mais j'ai compris. Des conseils aussi. Que des retours positifs. Ça m'a vraiment touchée. Et aussi émue, bien évidemment. Et ça m'a encore plus confortée dans cette idée que j'ai bien fait d'écrire ce livre, parce que se dévoiler, ce n'est pas facile. Et surtout qu'une partie de ma famille était contre l'écriture de ce livre. Donc j'ai vraiment dû aller au-delà du jugement.

  • Speaker #1

    Tu as changé certains noms ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les noms de mes frères et sœurs, de ma mère. Des gens que j'évoque dans le milieu du palais, j'ai changé. Ok.

  • Speaker #1

    C'était la question que je me posais.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce que c'est facile aussi de... Tu vas sur Instagram, tu retrouves les gens facilement. Donc tu sais jamais aussi...

  • Speaker #1

    C'est une manière de protéger aussi tes proches et toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Moi, maintenant, je suis assez exposée médiatiquement.

  • Speaker #1

    Si tu devais résumer ce livre... Enfin, pardon. Si tu devais résumer en un message clé ce que tu aimerais que les lecteurs retiennent de ton livre, quel serait-il ?

  • Speaker #0

    Résilience, c'est juste le mot clé. Mon histoire, c'est de la résilience. C'est aussi ne jamais prendre les choses pour acquises, toujours viser l'excellence, mais toujours se donner les moyens aussi d'y arriver. Et je le disais auparavant, mais quand tu as un rêve, il ne faut pas trop réfléchir. Parce que si tu réfléchis trop... tu risques de ne pas le réaliser, fonce si tu as un objectif, un rêve, fonce et après tu réfléchis c'est ça que tu as mis comme stratégie c'est ça que tu dis alors attends qu'est-ce que je fais non mais en fait j'ai toujours été comme ça j'ai toujours été comme ça dès mon plus jeune âge je réfléchis pas trop j'ai envie de faire un truc, je le fais et après je réfléchis ça a été comme ça tout au long de ma carrière et ça m'a beaucoup aidé ça a été comme ça pour le livre et je pense que je continuerai à être comme ça Jusqu'à la fin.

  • Speaker #1

    Mais en vrai, c'est une bonne manière de penser. Parce que quand tu es un peu trop dans le syndrome de l'imposteur, où tu te sens illégitime, et tu as toutes ces questions de légitimité qui arrivent parce que tu réfléchis trop, ça peut effectivement bloquer.

  • Speaker #0

    Oui, et puis surtout, quand tu commences à trop écouter les gens. Alors, les gens, tu ne leur demandes absolument rien. Mais je ne sais pas pourquoi, ils te donnent leur avis gratuitement. Et surtout la famille. Et quand c'est tes parents qui essayent de te mettre des choses dans la tête, pas tu auras tendance à écouter tes parents. Alors que moi, c'était pas du tout

  • Speaker #1

    ça rentrait dans une oreille et ça ressortait de l'autre ça fonctionnait les avis non consentis je dirais de la part de personnes qui ne sont pas dans le milieu et qui ne savent pas ce que c'est mais des fois quand tu as des avis aussi de personnes qui sont dans le milieu tu te dis bon, est-ce que c'est il y a de la jalousie ou est-ce que c'est une bonne intention derrière pour m'aider parce que la personne a de l'expérience tu sais dans les milieux compétitifs il faut toujours se méfier des gens

  • Speaker #0

    Après, moi, j'ai appris à mes dépens, enfin, à mes dépens, non, c'est pas à mes dépens, j'ai appris toute seule que les amitiés existent dans ces milieux. Les ? Les amitiés. Ah oui, les amitiés. Les amitiés existent. Moi, je me suis vraiment faite des amies à vie. Parce que, justement, tu partages ce même rêve, tu partages les difficultés. Moi qui ne voulais pas finir avec un danseur, mon mari actuellement est un danseur. Parce qu'on se comprend. On n'a pas besoin de s'expliquer. il connait euh euh les difficultés du métier. Donc, c'est facile, en fait. Et c'est vrai que quand tu lis du lien avec les gens du milieu, c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, je te disais dans ton livre qu'au Bolshoi, tu avais rencontré trois filles. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai, tu as le bonheur. Oui,

  • Speaker #1

    attends, j'ai lu le livre et que ça a été...

  • Speaker #0

    Des coups de cœur.

  • Speaker #1

    Des coups de cœur et que tu mettais que vous vous retrouverez un jour. À

  • Speaker #0

    Manac, la guerre en Russie, c'est un peu compliqué. Mais avant, on essayait de se voir tous les deux ans. en Europe parce que pour la plupart, ils ont intégré le Bolshoï ou le Michalowski qui est un ballet à Saint-Pétersbourg. Donc c'est des grosses compagnies qui font beaucoup de tournées chaque année en Europe. Donc on essaie de se rejoindre soit à Barcelone, soit à Paris, soit à Londres. Donc on a fait ça pendant des années. Là, maintenant avec la guerre, c'est pas plus compliqué.

  • Speaker #1

    Après, il y a toujours moyen de garder contact avec les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Alors, eux, ils ont contact. Ils n'ont pas Instagram ou Facebook. Et puis, voilà, il faut vraiment être la guerre, c'est difficile. Parce que forcément, quand tu es engagée, je suis une personne quand même engagée, j'ai mon avis, elle aussi. Il y a eu quelques frictions, rien de grave. Mais voilà, ça peut être difficile dans le contexte guerre,

  • Speaker #1

    tu vois. Pour revenir sur le livre, comment t'aimerais que ce livre soit utilisé ? Comme un témoignage individuel, comme un outil de réflexion dans les écoles de danse ? Ou comme un manifeste pour le changement, ou les trois en même temps, ou autre chose ?

  • Speaker #0

    Les trois ? Je n'ai pas eu de mission claire. Je l'ai écrit vraiment pour inspirer les gens. Et pour questionner les privilégiés aussi. Mais si une personne lit ce livre et elle se dit « Oh, ok, un professeur, je ne sais pas, qui dit « Oh, j'aimerais bien éduquer mes élèves grâce à ce livre. » Go, en fait, ça peut être aussi un outil éducatif. L'important, c'est qu'il soit bien utilisé et qu'il continue d'inspirer.

  • Speaker #1

    Tu fais des interventions en école de danse avec le livre ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Des conférences, des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Des conférences, oui. Mais pas autour du livre. Je donne des conférences dans le cadre de la diversité. Sujet diversité, égalité des chances, inclusion. Mais c'est surtout des entreprises américaines qui ont fait appel à moi. Donc, entreprises françaises, je n'ai pas encore eu l'opportunité de donner des conférences.

  • Speaker #1

    C'est des personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Non, mais ça va en fait. Si, c'est très... Tu sais, d'avoir des cellules réservées à la diversité, c'est très américain. En France, ça s'appelle du RSE. En France, ça commence à se développer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose sur ce livre avant de passer au côté pédagogique ?

  • Speaker #0

    Je pense que tes questions ont été très deep, très claires.

  • Speaker #1

    Que je n'ai rien oublié.

  • Speaker #0

    Oui, achetez le livre.

  • Speaker #1

    Évidemment. Où est-ce qu'on peut l'acheter d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    Partout. Fnac, Amazon, en ligne. Vraiment partout.

  • Speaker #1

    Et on peut l'acheter via ton... Je crois que je suis allée là d'ailleurs. T'as un site sur ta biographie d'Instagram ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai le lien de ma méthode d'édition. Mais vraiment, tu peux l'acheter n'importe où. Ok,

  • Speaker #1

    je le remontre une dernière fois. Je vais passer du coup au côté pédagogie, parce qu'après la danse, la scène, le côté artiste, t'es passée plus dans la pédagogie. Pourquoi en fait t'as voulu... Toujours la transmission.

  • Speaker #0

    La transmission,

  • Speaker #1

    oui. c'est le lien, mais du coup quelle place t'accordes aujourd'hui à la pédagogie et à la transmission dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Alors la pédagogie a une place centrale dans ma vie actuellement parce que j'enseigne et aussi parce que j'ai créé mon studio en ligne de Ballstep et c'est vrai que depuis que je suis passée de l'autre côté je m'en rends compte, j'en avais déjà conscience, mais j'ai doublement conscience de ma responsabilité en tant que professeur, parce que ce que je transmets, ce n'est pas juste une technique ou une discipline, j'ai des trajectoires de vie dans mes mains. Et tout au long de ma carrière, je suis tombée sur des maîtres de ballet, des répétiteurs qui étaient investis, mais d'autres où tu te posais vraiment la question, est-ce que tu te rends compte que tu as des carrières entre tes mains en fait ? Et ne serait-ce qu'un choix, un geste, une parole peut radicalement éloigner affecter le mindset d'un danseur d'un point de vue positif mais aussi négatif. Donc je dirais qu'aujourd'hui, j'ai une approche très holistique, réelle, humaine dans ma pédagogie. Je coache. toutes sortes de personnes, tu vois, du petit réel opéra de Paris à la personne âgée de 73 ans. Et oui, j'ai une élève qui a 73 ans, c'est lui que j'adore. À la femme active, à la maman postpartum aussi.

  • Speaker #1

    Aux danseurs amateurs.

  • Speaker #0

    Aux danseurs amateurs. Alors attends, est-ce que j'ai des danseurs amateurs ? Je n'ai pas de danseurs amateurs. J'ai des danseurs en devenir, mais pas de danseurs amateurs. mais je suis ouverte à tout et euh euh Pour moi, c'est important en tant que professeur d'élever l'autre et aussi de faire en sorte que mon élève atteigne ses objectifs. Je suis pleinement investie. Et ça, ça passe aussi par le mindset. Parce que souvent, les personnes, elles se créent elles-mêmes des barrières dans leur tête. Elles se disent, je ne suis pas capable de faire ça. La danse classique, ce n'est pas fait pour moi parce que je suis une adulte, parce que je suis trop vieille. Non, non, non. La danse classique, c'est fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Complètement d'accord. Je reviens sur ton côté approche holistique. parce que du coup, dans... tu ne veux pas reproduire ce que tu as pu vivre aussi dans ta carrière. Merci. De parfois, ce côté où on nous fait croire qu'il faut être très très dur avec le danseur ou l'étudiant ou la personne qui se forme parce que ça va lui donner justement envie de se surpasser.

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, c'est marrant que tu me parles de ça parce que j'ai fait une vidéo sur Bollesep il y a, je crois, la semaine dernière. Tu l'as vue ou pas du tout ? Je crois que je ne l'ai pas vue.

  • Speaker #1

    C'est vraiment du hasard.

  • Speaker #0

    C'est ok ? Oui. elle s'appelle no pain no gain à l'américaine tu vois cette idée que tu dois souffrir pour montrer que t'as travaillé mais c'est complètement erroné en fait et je trouve au final c'est très américain de penser comme ça donc alors

  • Speaker #1

    pardon j'ai oublié ta question c'était le côté où tu sais on nous pousse un peu à aller enfin même jusqu'à des propos parfois pas très valorisants pour te dire en fait de... C'est ça qui va t'élever et qui va te donner envie de te surpasser ?

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Ça va plus... C'est contre-productif. Ça va plus inciter la personne à douter, à se dire, je ne suis pas faite pour ça, je suis nulle. Elle va se rabaisser et on ne veut pas ça, en fait. L'objectif, c'est de propulser une personne vers l'eau, qu'elle veuille en faire son métier ou pas. Et si j'ai fait ça, si je vois que la personne, que mon élève progresse en plus de ça, Elle se sent bien. Alors là, je trouve que j'ai tout gagné.

  • Speaker #1

    Pourquoi Bold Step ? C'est quoi ce nom ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas capté le Bold Step ?

  • Speaker #1

    Si ! Oui,

  • Speaker #0

    tu as capté. En fait, c'est deux mots. Bold qui veut dire audace. Donc moi, je pense qu'il faut être audacieux dans sa vie pour réussir, pour avancer. Il faut s'accomplir. C'est un peu ma philosophie. Il faut être audacieux pour faire du ballet et surtout quand tu es amateur et que tu décides de commencer à 40 ans. Et step, pas de danse mais aussi pas dans la vie, avancer, progresser. Donc je trouvais que bold step c'était assez représentatif. Ouais, de ma personne, en fait, tout simplement. J'aime les gens audacieux, j'adore ça.

  • Speaker #1

    Je pense que j'avais bien compris. Mais il faut, c'est ce que tu disais, à un moment donné,

  • Speaker #0

    quand tu veux aller quelque part, il faut te donner les moyens. C'est ça, et puis surtout, je ne sais pas si c'est le cas pour toi, mais dans mon entourage, j'ai tellement de gens qui sont frustrés. Mon entourage ne me suit plus maintenant parce que j'ai fait le ménage, mais j'avais tellement de gens qui étaient frustrés. Et souvent, les gens qui sont frustrés, c'est des gens qui donnent leur avis, tu vois. Et ils sont ultra négatifs, tu vois. Et d'où l'importance aussi de s'entourer des bonnes personnes, parce que si tu t'entoures de personnes bienveillantes, positives, tu ne peux que progresser. Et la plupart des gens, c'est des gens qui avaient des rêves, mais qu'ils avaient trop peur de les réaliser, qu'ils ont choisi la petite vie rangée avec leur CDI, leur... 2500 euros chaque mois qui tombent sur leur compte. C'est un choix de vie, ça convient à beaucoup de gens, mais ce n'est pas fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Comme la freelancing,

  • Speaker #0

    comme l'entrepreneuriat Voilà exactement, c'est parfait pour tout le monde Mais après ne t'étonne pas d'être frustrée Si tu t'es pas réalisée

  • Speaker #1

    Je reviens sur ça, on dit qu'on est la moyenne ou la somme des 5 personnes qui nous entourent Ah mais tu sais que c'est vrai

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est vrai Et on va prendre un exemple Tout bête, mais si demain T'as un rêve de devenir millionnaire Le rêve, tu deviens millionnaire Si tu traînes qu'avec des millionnaires Tu vas commencer à penser comme eux Donc tu auras plus de chances de devenir millionnaire. A l'inverse que si tu traînes avec des gens qui sont dans la précarité mais aussi qui pensent comme des pauvres, tu vas rester pauvre. C'est pareil dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Parce que la richesse, elle n'est pas que financière, elle est aussi dans l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Dans l'état d'esprit. Donc si tu es avec des gens inspirants, qui t'élèvent, qui te motivent, tu ne peux que progresser. Alors je vais... Encore complimenter mon mari. Eh oui. Mais c'est ce que j'ai trouvé avec lui. Tu vois. Je n'ai pas l'impression de regarder derrière. De me dire, est-ce qu'il a la traîne ? Non, j'ai vraiment mon égal. Et c'est pour ça aussi qu'on a une relation très fusionnelle. Parce que je le pousse vers le haut et il me pousse vers le haut. On peut dire qui c'est ou pas ? Bien sûr, on peut dire ça, c'est qui ?

  • Speaker #1

    Parce que comme j'ai fait un épisode avec lui... Oui,

  • Speaker #0

    d'ailleurs c'est lui qui m'a conseillé de faire l'épisode avec toi.

  • Speaker #1

    C'est Jérémy Parent, et je vous invite également à aller écouter l'épisode qui est sorti il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Hier, non ?

  • Speaker #1

    Qui est sorti hier, mais alors quand cet épisode-là sortira, du coup ça fera un petit gap de deux semaines. Mais voilà, ne pas hésiter peut-être aussi à aller écouter les deux pour comprendre un peu le mindset de chacun.

  • Speaker #0

    qui est génial aussi et on est complètement différents en termes de personnalité, de style de danse aussi de danse oui,

  • Speaker #1

    on va pas se foiler vous irez écouter c'est l'épisode 70 si je dis pas de bêtises quels sont les objectifs justement que tu souhaites atteindre avec Ballstep on en a un peu parlé mais si on peut peut-être j'aimerais

  • Speaker #0

    à terme que Ballstep s'invite dans chaque foyer c'est un peu ambitieux Merci. Grâce à ma plateforme en ligne.

  • Speaker #1

    Tu es pas audace alors. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Non, alors oui, ça serait l'une des missions, mais aussi justement de rendre la pratique du ballet plus accessible, tu vois. Parce que, comme on le disait auparavant, c'est un art, mais c'est aussi un sport de haut niveau. Cette discipline est exigeante, éprouvante, mais très structurante et elle a des bienfaits inestimables tant sur le corps que sur l'esprit. Et quand tu parles aux femmes, parce que les hommes, dès que tu leur parles de ballet, ils ne se sentent pas forcément concernés, dans l'imaginaire collectif, elles se disent « non, mais le ballet, ce n'est pas fait pour moi, je suis trop vieille, je ne suis pas assez gracieuse, je ne suis pas assez fine » et tout ça. Et l'idée avec Ball Step, c'était vraiment de casser ces barrières. de créer une méthode qui soit accessible pour tous les corps, pour tous les âges. Moi, par exemple, je suis en plein postpartum là maintenant, et je fais mon petit bolstèp trois fois par semaine. Et aussi, d'offrir aux gens cette opportunité de se réconcilier avec leur corps, mais sans le côté performance, tu vois. Parce qu'il y a beaucoup de femmes qui n'aiment pas leur corps. ça me paraît fou parce que je pense que chaque femme est belle et si grâce à travers le mouvement elles peuvent regagner confiance en elles, du coup j'ai tout gagné et aussi pour répondre à ta question précédente oui c'est inviter Borsalem dans chaque foyer de développer la méthode aussi dans des écoles de danse dans le monde de la danse classique ce que je suis déjà en train de faire parce que en tant que danseuse classique Merci. Tu te dois aussi de faire du rang fou à côté. Et c'est vrai que BOLSTEP, ça s'est adapté aussi aux danseurs. Et oui, de développer aussi dans des entreprises, éventuellement, tu sais, les cours collectifs et tout ça. Et d'enseigner ma méthode un peu worldwide à travers des danseuses classiques. Et d'ailleurs, c'est ce que je fais déjà. Ma méthode, elle est enseignée dans plusieurs hôtels. Donc j'ai des ambassadrices, des hôtels de luxe, notamment La Réserve, Le Four Seasons.

  • Speaker #1

    À Paris ?

  • Speaker #0

    Non, à Genève.

  • Speaker #1

    Ah oui, à Genève, oui, oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. À Paris, le Royal Monceau. Donc, c'est des choses qui sont en train de se mettre en place. Et je suis plutôt satisfaite de l'attendre que les choses sont en train de prendre, quoi.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Bah, j'essaye, tu vois. Alors, je suis partout, hein. Vraiment, on pose par Tom, j'allais... Je suis partout. J'appelle les hôtels, je crée du cantonnisme, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Surtout en postpartum. Je lui ai dit tout à l'heure, tu fais quoi en ce moment un peu ? Elle me dit, là, en postpartum. Je dis, d'accord, oui, c'est vrai que ça devient un métier quand tu vis un moment.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et pour revenir à Boldstep, tu es dans les hôtels, dans des institutions. Est-ce qu'en ligne aussi, donc on te retrouve ?

  • Speaker #0

    Surtout en ligne. Tu as un site,

  • Speaker #1

    je sais que c'est sur Instagram qu'il y est.

  • Speaker #0

    Oui, c'est boldstep.fr d'ailleurs. Donc je propose des... cours en ligne de ma méthode, mais aussi d'autres disciplines, ballet, renfort musculaire, abdos, mais là-bas, ça reste quand même le mouvement et le ballet. Donc, c'est des petits formats de 10-20 minutes pour faire à la maison. Et c'est très sympa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Chloé pour cet épisode. On arrive bientôt à la fin.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Quels sont tes projets futurs, tes aspirations artistiques et humaines pour les années à venir ? On a parlé de Bold Step.

  • Speaker #0

    Oui, de Bold Step, développer Bold Step à fond encore. Est-ce qu'il y a autre chose ? Travailler mon identité artistique aussi avec mon mari, parce qu'on a commencé à faire un peu de chorégraphie. Et c'est vrai qu'on a quelque chose qu'on aimerait bien développer. Je trouve qu'il y a un beau pont à faire entre nos deux entités. Lui, hip-hop, moi, ballet. Sans tomber dans le cliché, sans faire un truc à la step-up. Non, on a quand même deux carrières intéressantes. Et je pense qu'on a beaucoup de choses à dire à travers le mouvement.

  • Speaker #1

    Et puis step-up, il faut remettre dans un contexte, c'était il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est les gens, dès qu'ils pensent ballet, danse, hip-hop, ils se disent step-up, c'est la référence.

  • Speaker #1

    Ok, donc développer la chorégraphie, l'identité artistique, ball-step.

  • Speaker #0

    Voilà, et traduire mon livre aussi. À l'étranger, ça me tient à cœur.

  • Speaker #1

    Que je vous invite à lire, parce qu'il est disponible en langue française.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais réinventer le ballet du futur, sans forcément des naturels arts, bien sûr, à quoi il ressemblerait, selon toi ?

  • Speaker #0

    Un ballet avec de la diversité, déjà. Et quand je dis diversité, c'est de la diversité ethnique et diversité au niveau corporel aussi. Il ne s'agit pas là de prendre des personnes... Enrobés, même si je n'aime pas trop ce terme, parce que c'est vrai que quand tu as des kilos en trop, tu es limité techniquement parce que tu dois aller sur pointe en fait. Et du coup tes metatarses ne peuvent pas forcément supporter tout ton poids du corps. C'est pour ça aussi que tu vois que les danseuses sont très fines, ce n'est pas juste une question d'esthétisme, c'est aussi une question de technique. Même pour les porter tout ça, tu as vu les prises techniques qu'on fait. Si la fille est plutôt lourde, c'est difficile aussi pour le mec. Mais c'est vrai que j'aimerais bien avoir plus de diversité corporelle. Et aussi, la diversité, ça passe aussi dans la programmation. Donc garder les ballets classiques, mais aussi parler de vrais sujets de société. Ça peut être la religion, ça peut être le féminisme, ça peut être la guerre, qu'importe. je pense qu'à travers le mouvement tu peux dire beaucoup de choses et surtout la danse classique et la danse de manière plus générale c'est un langage que tout le monde comprend et qui du coup fédère et règne voilà je dirais ça complètement en

  • Speaker #1

    regardant en arrière quel moment de ta carrière de ta vie te rend la plus fière et pourquoi ?

  • Speaker #0

    quand j'ai intégré le Bolshoi parce que Je me souviens quand j'avais dit à mon professeur, je veux intégrer le Bolshoï. Elle m'avait fait des yeux ronds. Elle m'avait dit, oui, mais t'es très bien, mais pour la France, le Bolshoï, déjà t'es trop petite. Pourquoi y prendre une française ? Quand j'ai été prise dans cette école, j'étais tellement fière de moi. Et aussi, on n'en a pas parlé, mais j'ai vécu un drame familial quand j'étais plus jeune. Et du jour au lendemain, j'ai dû m'occuper de ma fratrie. et ça, ça m'a demandé... beaucoup d'énergie, d'être très courageuse. J'ai beaucoup douté, je me suis vraiment dit que je n'allais pas réussir en fait. Et maintenant avec du recul, j'ai 34 ans et en plus de ça je suis mère, je me rends compte de tout ce que j'ai accompli, de tout ce que j'ai fait pour ma famille. Et ça, ça me rend fière, ça me rend fière de moi. Voilà.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur quelque chose que tu as dit sur ta taille. Est-ce que tu serais ok de donner ta taille et de donner les tailles qui sont, on va dire...

  • Speaker #0

    normal,

  • Speaker #1

    standard quand tu veux intégrer des balais ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense aussi que le balai, les critères ont quand même évolué, mais c'est vrai que moi je me dis 1m60 et à l'époque, en France, on te disait que tu étais petite, 1m60, la moyenne, etc. 1m65, et d'ailleurs, certaines compagnies, je me souviens j'avais fait des auditions pour le balai de Bordeaux, ils te disaient que la taille minimum pour une fille c'était de 1m65. Bolshoï, la moyenne, je crois qu'elles font 1m70 les filles. Parce qu'après, quand tu vas sur pointe, tu prends automatiquement 10 cm. Donc tu peux pas être trop grande pour le... Pour l'homme, tu ne peux pas être trop petite. Et pourtant, ça ne m'a jamais empêché de rentrer au bolcheuil, d'évoluer au sein de grandes compagnies. Donc, il y a des critères physiques. Mais finalement, si le directeur a un coup de cœur pour toi, tu peux quand même faire ta carrière, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais il y a beaucoup de...

  • Speaker #0

    Oui, c'est très... Comme je te dis, c'est très codifié, mais après, tu as la réalité. Il y a des danseuses étoiles qui sont très petites. Je pense notamment à Alina Kojokaru, Tamara Roro, qui ont fait des carrières exceptionnelles.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais même au-delà de la danse classique, dans le milieu commercial.

  • Speaker #0

    Ils veulent des grandes ?

  • Speaker #1

    Non, c'est juste que ça évolue en termes de taille. Après, oui, tu as des milieux comme le cabaret.

  • Speaker #0

    Ils veulent quand même des grandes.

  • Speaker #1

    Ils veulent des grandes et je pense que ça n'a pas trop bougé. En même temps, est-ce que ce n'est pas... Bien aussi d'avoir des identités dans chaque style de danse.

  • Speaker #0

    Du coup, on revient toujours au même sujet, diversité, inclusion. Et moi, je trouve que c'est tellement intéressant d'avoir différents types de personnes dans une compagnie parce que ça apporte une richesse. T'imagines, tu as une asiatique à côté d'une personne noire, à côté d'une personne indienne, qu'importe, et elles font la même chorégraphie. Mais moi, je trouve ça incroyable. C'est ça la beauté de la danse. C'est mon avis.

  • Speaker #1

    Merci Chloé. Est-ce que tu aurais un dernier message pour clôturer cet épisode qui n'a pas forcément un lien avec l'épisode ou quelque chose que tu aimerais dire ?

  • Speaker #0

    Je le dis, je répéterai jamais assez. On n'a qu'une vie. Alors Carpe Diem ? Non mais Carpe Diem, pas forcément faites la fête, buvez, droguez-vous, pas du tout. Plutôt vivez-la pleinement. Et je vais le rabâcher. Ça passe par l'accomplissement de soi, vraiment. Et aussi en tant que danseuse ou autre, tu n'es pas obligé de te cantonner à un métier. Tu peux être danseuse, écrivaine, auto-entrepreneuse, styliste,

  • Speaker #1

    qu'importe.

  • Speaker #0

    La vie est trop courte, donc autant tester différentes choses sans forcément s'éparpiller. C'est ça que je suis en train de dire, parce que des fois, moi, je m'éparpille. Voilà, vis ta vie pleinement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Yes, merci beaucoup Chloé.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Pour ton temps, pour ton partage, pour la richesse de ton expérience de vie. Encore une fois, je vous invite à lire le livre qu'on a un petit peu spoilé.

  • Speaker #0

    Un petit peu.

  • Speaker #1

    Un petit peu, on a quasiment rien dit de tout ce qu'il y avait dedans. Et voilà, merci beaucoup Chloé. Merci à toi. Si vous avez aimé l'épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser une note et un commentaire sur Spotify et Apple Podcasts et évidemment allez vous abonner sur les réseaux sociaux de Chloé, je mettrai tout dans la biographie de l'épisode, la description et voilà, je vous souhaite une belle journée, une bonne soirée à bientôt, ciao ciao

Chapters

  • Parcours et inspirations

    02:57

  • Choix artistiques et carrière

    11:00

  • Rester aligné avec ses valeurs

    15:37

  • Changements positifs et défis à venir dans le ballet

    20:29

  • Représentation

    27:30

  • Son livre Le Cygne Noir et retombées

    31:00

  • Boldstep : pédagogie et transmission

    44:46

  • Projets futurs et fierté

    55:54

  • Message final

    01:01:33

Description

🩰 Chloé Lopes Gomes - Danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse.


Formée à l’Académie du Bolchoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjart Ballet, l’Opéra de Nice ou encore le Staatsballett de Berlin.


Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels : la diversité, l’inclusion et l’identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd’hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique.


Nous évoquons ensemble son livre Le Cygne noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l’émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet BOLDSTEP, une initiative dédiée à l’enseignement, à l’empowerment et à l’innovation dans la danse.


Un échange qui questionne l’avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d’une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante.


📝 Chapitres :

02:57 - Parcours et inspirations

11:00 - Choix artistiques et carrière

15:37 - Rester aligné avec ses valeurs

20:29 - Changements positifs et défis à venir dans le ballet

27:30 - Représentation

31:00 - Son livre Le Cygne Noir et retombées

44:46 - Boldstep : pédagogie et transmission

55:54 - Projets futurs et fierté

01:01:33 - Message final



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[Cet épisode a été enregistré le 20 août 2025]


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, ne jamais prendre les choses pour acquises. Toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment c'est le talent. Donc on regardait mes proportions, mon coup de pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc le bolcher, ça a paru comme une évidence, mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Ce qui va faire la différence, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu, c'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement. Dans le ballet, il y a une omerta. Tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Contraire à vie, ça veut dire que si tu commets des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Ouais, big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans DanceLab, le podcast dynamique et éducatif où la passion de la danse rencontre le monde de l'entrepreneuriat, du bien-être, de la santé mentale et bien plus encore. Des conseils, des histoires, des conversations captivantes avec des experts et des personnalités où recommandations et partages d'expériences enrichissent le quotidien des danseurs et pas que. Je suis Maywen Bramoulé, danseuse professionnelle aux multicasquettes, passionnée de danse depuis toute petite, ayant pour objectif de lever les voiles sur les fantasmes et les clichés du métier, en vous partageant toutes les facettes, les difficultés, les richesses et les challenges que ce métier comporte. Si cet épisode t'a plu, n'hésite pas à le partager autour de toi, à me laisser une note et un commentaire sur Spotify ou Apple Podcast, et si tu souhaites participer au podcast, écris-moi ! Aujourd'hui j'accueille Chloé Lopez-Gomez, danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse. Formée à l'Académie du Bolshoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjar Ballet, l'Opéra de Nice ou encore le Stadtballett de Berlin. Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels, la diversité, l'inclusion et l'identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd'hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique. Nous évoquons ensemble son livre Le Signe Noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l'émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet Bold Step, une initiative dédiée à l'enseignement, à l'empowerment et à l'innovation dans la danse. Un échange qui questionne l'avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d'une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante. Salut Chloé !

  • Speaker #0

    Salut Maouen !

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast.

  • Speaker #0

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci de m'offrir de ton temps, parce que je sais que tu as un petit planning un petit peu chargé en ce moment. Donc, merci pour ça. Peux-tu nous parler de ton parcours ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers la danse classique ?

  • Speaker #0

    Alors, tout a commencé le jour de mon anniversaire, à l'âge de mes 8 ans. Pour mon anniversaire, ma mère m'a menée voir le lac des Cines pour la première fois, à l'Acropolis de Nice. Et c'était la première fois que je voyais un ballet. Donc tout de suite, j'ai été subjuguée par les corps, par l'histoire du lac des Cines, la scène, les décors, le maquillage. J'étais émerveillée. Et à ce moment-là, j'ai su que c'était ma vocation. Ça paraît fou parce que j'étais encore toute petite, mais j'ai dit à ma maman, j'ai vraiment envie de faire de la danse classique. Quelques semaines après, je prenais mon petit. mon premier cours de danse dans une petite école privée. Et six mois après, j'intégrais le conservatoire de Nice.

  • Speaker #1

    Wow.

  • Speaker #0

    Alors, j'avais huit ans. Quand t'as huit ans, c'est beaucoup plus facile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus facile, mais t'avais pas pris de cours de danse classique avant ?

  • Speaker #0

    Non, mais toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment, c'est le talent. Donc, on regardait mes... proportion, mon coup de pied qui est l'arc qui est prononcé sur le pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc, apparemment, j'avais tout ce qu'il fallait pour être une bonne ballerine. Et puis, la technique vient après, au fur et à mesure que tu évolues dans ce domaine. Donc, je suis restée quatre ans au conservatoire de Nice. Puis... j'ai intégré l'école nationale supérieure de danse de Marseille à l'âge de 11 ans et demi. S'en est suivi ma sœur, Chéryl, qui a commencé à faire de la danse classique. Et puis mon frère Isaac. Donc Isaac qui est actuellement à l'Opéra de Paris. On est aussi resté 4 ans à Marseille. Et puis j'ai senti à l'âge de 14 ans que je n'arrivais plus à évoluer. que j'avais atteint mon plein potentiel et que Si je voulais vraiment faire mon métier, il fallait que j'intègre une plus grande école de danse. Donc j'ai fait plusieurs auditions, notamment l'école de danse de l'Opéra de Paris, le Royal Ballet School et le Bolshoi. Je n'ai pas été prise à l'Opéra de Paris. En revanche, j'ai été prise au Royal Ballet School et au Bolshoi. Et vu que le Royal Ballet School, c'était extrêmement cher pour ma mère. C'est Londres. Oui, c'est Londres. et c'est 30... 5 000 pounds l'année avec l'internat. Ça,

  • Speaker #1

    c'était à l'époque ?

  • Speaker #0

    Ça, c'était à l'époque. Alors là, maintenant, je ne sais pas à combien c'est. Mais il fallait que je reste au moins 3 ans. Donc, ça te fait à peu près 100 000 pounds. Enfin, c'était énorme comme budget, sachant que je viens d'un milieu modeste. Ma mère est femme de ménage et mon père était maçon. Donc, le bolcher, ça a paru comme une évidence parce que déjà, j'avais un vrai coup de cœur pour les ballerines russes. En plus de ça, je suis allée là-bas en tant que boursière. Mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Donc à l'époque, c'était énorme. Voilà, et j'ai fait trois ans là-bas. Au Bolchevi. Au Bolchevi, oui.

  • Speaker #1

    Très bien. Et après, donc, t'as bougé.

  • Speaker #0

    Et puis après, j'ai eu mon diplôme après trois ans. Je suis devenue danseuse professionnelle, officiellement. Et oui, je suis revenue dans ma ville natale, Nice. J'ai intégré le ballet de Nice pendant quelques mois, j'ai vécu un drame familial, j'ai repris la danse quelques années après, d'ailleurs je pense qu'on va l'évoquer, et puis oui, je suis allée ensuite au Béjar Ballet, puis au Stade Ballet de Berlin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et tu me parlais donc que c'était le lac des signes qui t'avait inspirée, est-ce qu'il y a eu d'autres figures, danseurs, chorégraphes qui t'ont inspirée dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Oui, quand j'étais plus jeune... J'étais fan, c'est le mot, fan. J'avais des posters d'elle d'ailleurs partout, de Sivigem. C'était Sivigem, parce que je trouvais que c'était une danseuse déjà magnifique physiquement, avec un physique aussi très athlétique. Et puis j'ai découvert qu'elle venait de la gym, tu vois, elle avait un côté très GRS. Mais aussi je trouvais que c'était la seule danseuse à l'époque qui était aussi incroyable en contemporain. En néoclassique que en classique parce que je l'avais vu dans Mad Sec dans Appartement et dans Foresight, Samuel Leviti. Et Foresight d'ailleurs c'est mon chorégraphe préféré avec David Dawson. Moi je les adore et d'ailleurs je me considère plus comme une danseuse néoclassique que classique. Et puis aussi même en termes de personnalité je trouvais qu'elle avait un côté rebelle. hors normes. Elle ne rentrait pas forcément dans le moule. D'ailleurs, c'est pour ça aussi qu'elle a quitté l'Opéra de Paris parce qu'elle voulait faire autre chose. Et en plus, c'est une personne engagée vis-à-vis de la cause animale. Donc, je me retrouve beaucoup aussi actuellement dans ces valeurs. Et puis, Internet est arrivé à la maison, ainsi que YouTube. Et j'avais entendu parler des ballerines russes. Donc, j'ai tapé Bolshoi Ballet. Je me souviens, j'étais très jeune. Et là, pour la première fois, je découvrais les physiques, la technique des danseuses russes. Donc vraiment, pour moi, c'était des signes sur pattes. Très longues, très souples. Et aussi, je découvrais aussi leur repertoire. Comme Flamme de Paris, Spartacus, qui sont des balais qu'on ne danse pas en France. Donc oui, ça, ça m'a beaucoup inspirée et ça a dessiné un peu ma trajectoire. J'ai su aussi qu'un jour... probablement j'intégrerai le Bolshoï. En tout cas, c'était mon rêve. Après, je ne me suis pas dit que j'allais être prise, mais c'était mon rêve. Réalisé, check. Oui, mais je ne me suis pas dit que j'allais être prise, parce qu'en plus là-bas, ils prennent très peu d'étrangères. Mais voilà, je l'avais dans mon optique. Ok,

  • Speaker #1

    et tu trouves qu'il y a vraiment une différence entre la France, la Suisse, l'Allemagne et la Russie dans les physiques de danseuses classiques ?

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, la Suisse n'est pas vraiment un bon exemple, parce que La Suisse, ils n'ont pas vraiment de technique suisse. Tu vois, tu as le ballet français qui est très opéra de Paris, très sophistiqué. Le Royal Ballet School qui est très manieré. Et la Russie, en plus la Russie a deux écoles. Il y a Bolshoï Ballet qui est à Moscou et tu as le Mariinsky qui est à Saint-Pétersbourg. On va dire que le Bolshoï, comme ça on l'indique, ça veut dire grand en russe. Donc leur danse est très grande, ils prennent toute la scène. Il y a un côté très gymnase et performance, alors que le marinski, ils sont beaucoup plus délicats, on va dire. Et en termes de physique, alors, les Russes sont très longs, très fins. Les Françaises ont quelque chose de très élégant, je dirais. Et les États-Unis, c'est des physiques très athlétiques. Voilà, on n'a pas du tout les mêmes normes. Et d'ailleurs, pendant ma période d'audition, j'ai fait plusieurs compagnies aux Etats-Unis et je me suis vraiment rendu compte que je ne correspondais pas à leurs critères physiques. Et d'ailleurs, on me l'a fait comprendre, on m'a dit « vous êtes très fine » . Et c'est la première fois qu'on me disait « Chloé, tu es très fine » . Et je me suis dit « ah ! » et puis je me suis rendu compte que les filles elles avaient vraiment des cuisses et des dos mais en même temps c'est pas la même technique parce qu'elles sont aussi capables de faire des choses un peu plus grandieuses on va dire que

  • Speaker #1

    les russes que les françaises et qu'est-ce qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière j'ai noté que t'avais grandi en France que tu me disais, que t'as été formée à Ausha Avant d'intégrer toutes les précises compagnies dont on parlait, mais c'est quoi qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière ?

  • Speaker #0

    C'est cette envie d'émancipation, cette envie aussi de m'élever dans la société et surtout de vivre de ma passion. Parce que moi, comme je vous disais auparavant, j'ai un ami de très modeste et je voyais mes parents se saigner financièrement pour se loger et se nourrir. Et ce que je voyais aussi, c'était beaucoup d'amertume, de frustration. Quand je rentrais à la maison, moi j'avais fait une journée de dingue, j'étais allée à l'école, j'avais fait mes cours de danse classique, de piano à l'époque, d'alto aussi, je faisais plein de choses. Et quand je rentrais à la maison, il y avait une ambiance pesante, ils étaient tristes. Et je pense que c'est parce que mon père, en l'occurrence, il ne s'est jamais autorisé à rêver. Ma mère, elle avait ce rêve de devenir peintre, mais elle ne s'est jamais donné les moyens d'y arriver. Donc ça, ça m'a motivée à me battre pour mes rêves. Je me suis toujours dit, OK, sans aucune ingratitude, parce qu'ils ont fait beaucoup de choses pour moi, ainsi que pour mes frères et soeurs. Mais je ne veux pas finir comme eux. Ça ne m'inspirait pas. Leur vie ne m'inspirait pas. Et j'aspirais à avoir une belle vie, remplie de joie et de bonheur. Et ça, vraiment, ça passe par un accomplissement personnel.

  • Speaker #1

    Je suis très d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je reste un petit peu sur la danse classique, parce que du coup, tu me disais que toi, ça t'avait permis de t'émanciper. Mais qu'est-ce que la danse classique t'a appris aussi en tant qu'artiste, en tant que femme ?

  • Speaker #0

    Alors, la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, le bolcheuil. Je parle souvent du bolcheuil, parce que ça a été vraiment les plus belles années de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on parle souvent de ce côté russe, de la rigueur.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est vrai. Ils sont très stricts, ils sont très rigoureux. mais moi Ça me va parce que je suis une personne qui a besoin d'un cadre et d'une structure. Donc le Bolshevik m'a appris la persévérance, le dépassement de soi, ne jamais prendre les choses pour acquises, parce qu'en tant que danseur, même si tu atteins ce grade de danseuse étoile, tu peux toujours progresser dans ta danse. Mais aussi, ils nous ont enseigné à respecter les règles. Ils nous disaient que si tu travailles dur, tu n'aurais... Pas de problème à trouver un travail, ni à évoluer au sein d'une compagnie. Et quand j'ai rejoint le monde professionnel, je me suis rendu compte que la réalité était bien différente. Parce que déjà, tout le monde est bon dans une compagnie. Et aussi, parce que ce qui va faire la différence, en tout cas, selon mon expérience, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu. C'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement, ton aptitude à prendre. les corrections et à les appliquer. Est-ce que tu es une personne qui se blesse beaucoup ou est-ce que à l'inverse tu es un rock pour la compagnie ? Est-ce que tu évolues bien dans un groupe ? Ta singularité. Pourquoi moi en tant que directeur ou courrier grave je vais te choisir trois au détriment d'une autre ? T'as des artistes qui font l'unanimité bien évidemment mais c'est C'est palanant. Et je dirais que tout cela va définir... ta trajectoire dans une compagnie. Et en tant que femme, j'ai vécu une expérience très marquante. J'avais la vingtaine et j'ai rejoint une compagnie qui était exclusivement dirigée par des hommes. Je pense que tu sauras laquelle. Le directeur, c'était un homme. Le maître de ballet était un homme. Le répétiteur était un homme. Le chargé de production pour les tournées était un homme. Et il y avait une ambiance très masculine et très hiérarchisée. en même temps quelque chose de très malsain et j'ai appris à mes dépens le poids du copinage le poids des affinités personnelles du favoritisme aussi des gens qui semblait intouchables et qui du jour au lendemain était décasté d'un rôle sans aucune raison et tu as deux solutions soit tu Tu rentres dans le jeu, dans le game, soit tu refuses et pour faire évoluer ta carrière, c'est un peu plus compliqué. Donc je dirais que le ballet, c'est un art sublime qui fait rêver, mais le milieu dans lequel il évolue, finalement, est très humain avec ses failles, ses imperfections et ses défaillances.

  • Speaker #1

    Comment t'as jonglé toi avec ça, avec tes valeurs ? Tu sais quand on a des valeurs très fortes ?

  • Speaker #0

    Oui, moi j'ai des valeurs très fortes, oui.

  • Speaker #1

    et que t'es un peu... T'as un peu, comme on appelle ça, l'expression « je vais être au pied du mur » . Face à ça, comment tu t'alignes avec tes valeurs ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ce n'était même pas une question, parce que j'ai été éduquée d'une certaine manière et parce que je crois beaucoup dans les valeurs du travail. Et j'avais ce côté... Défensive, on va dire. Parce qu'il y avait, justement, certains hommes qui avaient eu des gestes déplacés envers certaines de mes collègues, et ça, je le savais, et qui auraient pu se répercuter sur moi si je n'avais pas mis les limites. Donc, à partir du moment où j'ai mis les limites, j'ai vu que ça s'est aussi répercuté sur le cast. Donc, moi, je suis une personne qui est très franche, très directe, et dès mon plus jeune âge aussi, je ne me laissais pas faire. Forcément, j'ai aussi dénoncé ces comportements. J'essayais vraiment de rester alignée avec mes valeurs. En fait, si tu ne mets pas des limites, les gens vont les pousser, repousser, repousser jusqu'à ce que le drame arrive. Donc pour éviter ça, tu mets tes limites, tu te fais respecter. Et si la personne n'est pas en adéquation avec ce que toi, tu crois être juste, tant pis en fait. Tant pis pour elle.

  • Speaker #1

    Tu as senti que tu pouvais être seule parfois dans ces combats, mais tu sais, de dénoncer des actes ?

  • Speaker #0

    Alors, en l'occurrence, dans cette compagnie, non, parce que toutes les femmes ont été dans le même bateau. Et puis, comme je te dis, c'était une compagnie plus pour les hommes que pour les femmes, même en termes de rôle, en fait. Donc non, je ne me suis pas forcément sentie seule. En revanche, c'est vrai que... Dans le ballet, il y a une omerta. Il y a une omerta, les danseurs ne prennent pas souvent la parole parce qu'on risque gros. On n'est pas en CDI. Dans la plupart des compagnies, tu n'as pas de syndicat, donc tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Et à l'inverse, il y a des maîtres de ballet qui sont protégés par des contrats CDI, voire des contrats à vie. En Allemagne, c'était ça. Donc, contrat à vie, ça veut dire que si tu commets... des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Voilà, oui, en Allemagne, c'est ça. Quand tu as travaillé pendant des années dans une institution, tu ne peux pas te faire licencier pour faute grave et du coup, si tu vas à un procès, l'employeur peut dédommager la personne, enfin l'employé. Donc voilà, ça crée vraiment une débalance quand tu as le danseur qui n'a rien. Et à côté de ça, tu as les maîtres de ballet qui ont le plein pouvoir. Ça, c'est en Allemagne. En France, il n'y a pas ça. En CDI, mais en France, il y a d'autres problèmes. Parce que dans certaines compagnies en France, tu dois attendre 6 ans pour avoir ton CDI. Donc ça va être la même chose. Si tu vis des abus, tu ne vas pas forcément avoir le courage de les dénoncer. parce qu'après ça, tu te dis... Je peux me faire licencier, donc comment je vais faire pour vivre ? Et tu sais très bien que trouver un travail dans le ballet, c'est extrêmement difficile.

  • Speaker #1

    Mais dans la danse de manière générale ?

  • Speaker #0

    De la danse, dans la manière générale. Et je dirais même que le ballet, c'est peut-être un peu plus facile que dans d'autres domaines. Parce que mon mari, il est issu du hip-hop. Et là, c'est vrai que dans le hip-hop, ça n'a pas du tout de contrat, enfin, fixe. Mais au bout du tunnel, parfois, tu as de la précarité. donc Tu réfléchis à deux fois avant de te battre et dénoncer, mais dénoncer à qui en fait ?

  • Speaker #1

    Pour remettre un peu dans le contexte, pour les personnes qui écoutent et qui ne sont pas dans la danse, il y a deux types de contrats, on va dire qu'il y a les freelance et les contrats CDD-CDI. Et c'est vrai que quand tu es en freelance, c'est un peu plus entre guillemets dit précaire parce que tu peux avoir deux contrats, deux dates dans le mois, comme être en tournée avec un artiste ou une comédie musicale ou un spectacle, tout est caché en deux mois. sachant qu'un statut intermittent il faut faire un an pour y arriver donc il y a une espèce d'insécurité de l'emploi qui a peut-être plus dans le CDD et le CDI juste pour donner un peu un contexte et c'est vrai que quand tu es que tu as toujours été Dans un cadre de compagnie, de CDD, de CDI et que, effectivement, tu te fais licencier, qu'est-ce qui se passe après derrière aussi pour retrouver du travail ?

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors moi, j'ai eu la chance, je n'ai jamais fait du freelance, mais j'ai beaucoup d'amis qui sont dans cette situation. Et c'est vrai, c'est très précaire, c'est très précaire.

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu sur l'évolution, les changements positifs que tu as pu observer ces dernières années, qu'est-ce qui reste à transformer ?

  • Speaker #0

    Alors, Dans le milieu de la danse, qui est quand même un milieu très élitiste, avec ses codes esthétiques et sociaux plutôt rigides, si on prend par exemple le sujet de la diversité, parce que c'est un peu mon sujet de prédilection, ce n'est que récemment qu'il y a eu des discussions qui ont émergé. Alors, ça ne paraît pas phénoménal, mais dans le milieu du ballet, c'est un grand pas, parce que ce sont des institutions qui sont traditionnelles, vieillissantes, et qui ne se remettent jamais en question. Par exemple, pendant des années, il y a eu des pratiques qui nous choqueraient tous, comme par exemple le blackface, qui consiste à se maquiller le visage en or pour ceux qui ne savent pas.

  • Speaker #1

    Qu'il ne faut pas faire.

  • Speaker #0

    Et qui a été fait pendant des décennies. Et à aucun moment les institutions se sont questionnées sur l'impact que ce genre de pratiques pouvait avoir sur ne serait-ce que le spectateur. Ça peut offenser une partie de la population. Et pareil pour les danseurs. Moi je me souviens que j'étais sur scène et pendant le casse-noisette, il y avait des petits enfants qui portaient le blackface et qui singaient en fait. Parce que ça ne vient pas juste avec un maquillage, ça vient aussi avec une danse. Aussi il y avait le white bleaching qui est une coutume. Alors les danseuses doivent se maquiller la peau en blanc, qu'elle soit noire ou blanche, qu'importe. Dans les ballets classiques, dites le lac des signes, Gisèle, l'acide-fide, l'objectif étant d'uniformiser l'ensemble, comme si ta singularité était un problème. Et ce n'est que récemment que les directeurs ont pris conscience que ces pratiques pouvaient avoir un impact psychologique sur les danseurs ainsi que sur les spectateurs. Il y a eu aussi des questions notamment autour du maquillage, des coiffures, des produits capillaires, des formations des coiffeurs ainsi que des maquilleurs. Quand tu commences une saison, normalement on te donne un 7. Donc quelle est ta surprise quand tu te rends compte que la fondation n'est pas du tout adaptée à ta couleur de peau ? Pareil pour les cheveux texturés, on a des produits adaptés. Voilà, ça, il ne s'était pas pris en considération. Pour certaines personnes, ça peut être des détails, mais pour les personnes concernées, ce n'est pas des détails, parce que déjà, c'est une charge mentale, parce que tu ne te sens pas considérée et tu te dis, si je me plains, on va me voir comme un drama king ou une drama queen. C'est une charge financière, parce que c'est cher d'acheter des produits capillaires pour les cheveux afros ainsi que pour le maquillage. Et de bout en bout, ces détails cumulés peuvent te faire te sentir différente, exclue. Et si tu n'as pas confiance en toi, tu peux te dire, ok, est-ce que je suis à la bonne place ? Est-ce que ce métier est fait pour moi ? Donc, c'est des précautions, ce n'est pas de la victimisation, mais c'est des précautions qu'en tout cas, moi, je me suis posé. Et ce n'est que récemment que les maisons comme Repetto, Freed, alors tu as quoi encore ? Bloch, qui ont commencé à s'intéresser aux danseurs de couleur de peau. Ils ont commencé à faire des points de différentes shades comme Tissier Rihanna et Fenty Beauty, ainsi que des collants de différentes couleurs. Alors moi, personnellement, j'ai toujours utilisé des pointes roses ainsi que des collants roses, sauf dans les pièces contemporaines où on est pieds nus. Mais le fait de savoir que j'ai le choix. Ça change tout, parce que du coup, je me sens considérée. Big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Et au niveau de, là on a beaucoup parlé de la diversité, mais au niveau de la santé, est-ce que tu as vu une évolution au niveau de la... De l'écoute et de la considération au niveau de la santé physique et de la santé mentale chez le danseur ?

  • Speaker #0

    Pas vraiment, c'est pas quelque chose je trouve qui est pris en considération. Alors dans les grandes compagnies effectivement, normalement tu as une cellule qui est constituée, enfin un pôle santé qui est constitué d'un physio, masseur, ostéopathe, tu as des machines. Mais vu qu'en France... Et dans beaucoup de pays, le ballet est considéré comme un art et pas un sport. Alors que c'est un sport aussi de haut niveau. Tu n'as pas les structures qui viennent avec. Alors que par exemple, dans les pays anglo-saxons et aux Etats-Unis, je pense notamment sur Francisco Ballet, ils ont un psychologue. Ils ont un coach de gyrotonique. Ils ont des machines pour faire leur sport. Tout est mis en place pour que... bien accompagner le danseur. Je ne trouve pas qu'en Europe, on ait ce mindset.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu trouves que c'est parce qu'on ne considère pas assez la danse comme un métier ?

  • Speaker #0

    Je dirais comme un sport. Je pense que c'est... En tout cas, le ballet, alors qu'on s'entraîne à raison de 8 heures par jour minimum, quand on n'a pas de spectacle, et que les blessures sont omniprésentes. Moi, dans ma carrière, je me suis blessée 4 fois. Trois fractures du métatar, c'est j'ai eu un problème au ménisque et la prise en charge est mauvaise parce que déjà c'est à toi de chercher ton médecin du sport alors que j'étais dans des grosses compagnies, c'est toi qui paye ta rééducation donc t'es un peu perdue quand t'as une blessure qui te tombe dessus.

  • Speaker #1

    Je parlais de métier parce que c'est vrai que quand tu regardes les autres sports qui se pratiquent à haut niveau J'ai l'impression qu'ils sont beaucoup plus visibles même au niveau des médias. Et j'ai l'impression qu'ils ont beaucoup plus aussi de structures et de référents au niveau médical qui les aident justement à prendre soin d'eux.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Mais après, je pense aussi, c'est encore le problème devant, c'est que le ballet a une image très inaccessible. Donc forcément, les gens ne s'intéressent pas forcément à cet art, à ce métier, à ce sport. Donc ils ne vont pas forcément mettre aussi les ressources financières là-dedans. Parce que c'est trop niche. Ce n'est pas comme le football ou l'athlétisme, ça parle à tout le monde. Oui,

  • Speaker #1

    exactement. Parce que c'est peut-être moins médiatisé. Même si quand même les grandes enseignes en France restent assez connues du grand public, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. Tu es une voix importante sur les questions de diversité et d'inclusion dans le ballet, notamment en ayant déjà dénoncé des comportements racistes dans le milieu. Comment tu définirais l'impact de la représentation et pourquoi est-ce que c'est important aujourd'hui pour les nouvelles générations de danseurs ?

  • Speaker #0

    La représentation, ce n'est pas juste une question d'image, parce que souvent c'est associé à l'image. C'est aussi une question de légitimité. Quand tu grandis et que tu n'as pas de modèle, quand tu grandis et que tu vois à la télé qu'il n'y a personne qui te ressemble, sur les affiches, sur les scènes, des postes de direction, et que les seules personnes qui sont susceptibles de te ressembler, elles font des métiers dits ingrats comme femmes de ménage ou maçons, tu vas finir par croire que ce monde n'est pas fait pour toi ou que ta place est en bas de l'échelle. Alors moi, j'ai eu la chance d'évoluer dans des institutions prestigieuses. Et en France, peut-être c'est une chance, à aucun moment j'ai senti que ma couleur de peau pouvait être un problème. En revanche, quand j'ai rejoint le milieu professionnel, on m'a très bien fait comprendre que le fait d'être métisse, parce que je suis une femme métissée, je ne suis pas noire, donc les personnes noires ont d'autres problématiques, c'était un problème. Donc ce que j'ai dénoncé il y a plusieurs années, ce n'était pas juste une question de racisme, c'était aussi un système... dans le ballet, qui est bien ficelé et qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d'abus. Et qui va faire comprendre à la personne concernée que sa différence, c'est un problème. Donc oui, la représentation, c'est très important, notamment chez les danseurs, parce que déjà, ils peuvent se projeter et aussi tu leur envoies le message clair que tu as ta place ici, en fait. Tu vois ? Et ça, ça change tout parce que du coup, le danseur, il va se sentir plus légitime, il va oser, il n'aura pas peur d'exister et surtout, il ne va pas s'acharner à essayer de rentrer dans un moule dans lequel il ne fit pas. Et je te dis tout ça parce que moi, étant plus jeune, j'aurais voulu entendre tout ça. Alors, je n'ai jamais eu besoin de m'identifier à quelqu'un parce que j'aimais tellement ça la danse. Et puis, je pense aussi que quand tu es métisse, tu peux t'identifier à tout le monde, à des blancs, à des noirs, à des asiatiques, à tout.

  • Speaker #1

    mais pour une personne qui a peut-être moins confiance en elle la représentation ça peut être vraiment un changement et une source aussi de motivation et qu'est-ce que tu dirais justement à un jeune danseur ou une jeune danseuse qui ne se reconnait pas dans les standards encore dominants de la danse du ballet de manière globale alors déjà je dirais que si c'est vraiment ce que tu veux faire Merci.

  • Speaker #0

    Fonce, t'as pas besoin de... de rôle modèle. Si vraiment ça, ça te démotive, c'est que peut-être effectivement, ce n'est pas le métier pour toi. Parce que moi, je pense que quand tu as un rêve, c'est mon mindset, tu dois vraiment foncer. Ne te poses pas 10 000 questions parce qu'à partir du moment où tu te poses 10 000 questions, déjà tu doutes et du coup, tu vas peut-être retarder le truc et au final, tu ne vas jamais passer le cap. Mais sinon, deviens ton propre rôle modèle et deviens le rôle modèle de la future génération. C'est ce que je lui dirais.

  • Speaker #1

    Ok, j'aime bien ça. Voilà. On va passer un petit peu sur ton livre, Le Signe Noir. Oui. On a abordé, là, depuis le début de l'épisode, quelques sujets que tu traites dans le livre, qui est juste ici, que j'ai eu grand plaisir à lire, que je vais mettre à la caméra. Voilà. Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire ce livre ? Quel a été le déclic et qu'espérais-tu transmettre à travers lui ? Il y a beaucoup de questions.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de questions, on attend.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire le livre ?

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    j'avais envie... Tu voulais être le rôle modèle, justement ?

  • Speaker #0

    Non, non, je n'ai pas cette prétention. Mais j'avais déjà envie d'éveiller déjà les consciences. Notamment quand tu es un privilégié. tu te trouves du bon côté. Donc, ta réalité n'est pas la même que les gens qui se trouvent dans la précarité. Tu es né dans la bonne famille, dans le bon cadre, dans le bon pays. Donc, les questions de guerre, de famine, d'éducation, c'est des choses qui ne t'interpellent pas, en fait. Et à travers le signe noir, ce que je voulais, c'était faire un wake-up call. Le signe noir, c'est avant tout un appel à avoir au-delà des apparences. Et aussi une invitation à s'intéresser à ton voisin, aux autres. Par exemple, quand tu es un privilégié, tu as souvent le pouvoir sur la vie d'une personne. Quand il y a une personne qui se présente à toi pour un entretien ou pour un appartement et que tu n'aimes pas forcément sa morphologie, son accent, tu vas automatiquement lui coller une étiquette. Tu vas lui fermer une porte au nez, sans forcément te projeter en elle et te demander qu'est-ce que cette personne a vécu dans sa vie pour se tenir là, aujourd'hui, en face de toi ? Et lorsque tu es un privilégié, tu te dois de te poser ce genre de questions avant de refuser une porte. Un peu d'empathie, d'intelligence émotionnelle. Que tout le monde ne ferait pas de mal.

  • Speaker #1

    Ok. Donc ça, c'est ce qui t'a poussé à écrire ce livre et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours... J'ai voulu écrire mon histoire, même étant plus jeune. Parce que quand on connaît un peu ma vie, on sait que j'ai eu une enfance pas forcément facile, mais je ne me suis jamais plein de ça. Et pour moi, c'était important de transmettre mon vécu, parce que je me suis dit peut-être que je peux inspirer des gens, notamment des enfants qui se sentent perdus dans nos sociétés, qui ne se sentent pas compris. par leur famille, j'avais envie de leur offrir une porte d'issue. Même si tu viens d'un milieu défavorisé, tu t'es agrandi dans des quartiers, tu peux quand même t'élever dans la société. Mais c'est une question de motivation, d'audace. Tu as la chance d'être née en France et d'avoir accès à l'éducation, à la culture. gratuitement. Ça, on l'oublie. Mais dans d'autres pays, c'est pas du tout acquis, l'éducation, notamment aux Etats-Unis. Donc, tu peux t'émanciper. Et parfois, ton environnement, ta famille, ça peut être un frein à ton épanouissement. C'est à toi aussi de faire la part des choses et de te faire violence, en fait. Il y a toujours une pente d'issue.

  • Speaker #1

    Et est-ce que justement l'écriture, elle a été pour toi une forme de libération, de thérapie, ou plutôt une manière de transmettre et d'éveiller les consciences ?

  • Speaker #0

    Comme on l'a dit, transmettre, éveiller les consciences, oui. Et une forme de thérapie aussi, parce que je me suis aussi replongée dans mon enfance, dans des traumas, même si j'ai fait un travail sans moi, dans des souvenirs douloureux. Et l'écriture, tout le processus, ça a été aussi un moyen de... De guérir de l'intérieur, ouais.

  • Speaker #1

    Comment t'as trouvé l'équilibre entre, tu vois, raconter ton vécu personnel et en faire un récit universel qui parle de ta vie aussi, et qui pourrait parler à d'autres danseurs et au grand public ?

  • Speaker #0

    L'équilibre s'est fait naturellement parce que dans Le Signe Noir, j'aborde des problématiques, des sujets universels. Tout le monde peut s'identifier. Violence familiale. Injustice sociale, inégalité, violence conjugale. Donc la femme qui se fait violenter peut s'identifier. L'enfant issu d'un métissage qui ne se reconnaît pas forcément dans l'éducation de ses parents peut s'identifier. À l'inverse, une jeune fille qui a envie de croquer la vie à plein de dents, mais qui sent que sa famille peut être aussi parfois un fardeau, peut s'identifier. Donc oui. pour moi ça s'est fait naturellement cet équilibre,

  • Speaker #1

    j'ai pas cherché à comprendre et c'était difficile pour toi d'accepter de t'exposer ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    oui ça a été difficile pour moi de m'exposer parce que quand tu t'exposes tu laisses aussi la place aux critiques mais ce qui a été le plus difficile c'est dans l'écriture de trouver les mots justes parce que je voulais que mon message soit puissant Fort, sans détour, sincère, mais sans violence, sans haine, sans forcément blâmer les gens, mon entourage.

  • Speaker #1

    Sans chercher la vengeance ou quoi que ce soit.

  • Speaker #0

    C'est ça, pas du tout, c'était pas ça le but. Mais je me suis vraiment dit que si je pouvais inspirer une personne, ne serait-ce qu'un enfant, qui a une vie difficile, ça valait le coup de le faire.

  • Speaker #1

    T'as eu des retours sur ça de lecteurs qui se sont... Retrouver dans ces problématiques entre guillemets sociales d'argent même au niveau de tout ce qui est j'ai pas envie de spoiler le livre mais tout ce qui est au niveau de la DAS etc de toutes les structures sociales quand t'es en foyer est-ce que t'as eu des retours aussi sur ça de personnes qui sont peut-être venues te demander conseils oui

  • Speaker #0

    alors beaucoup de retours beaucoup de retours surtout sur Instagram voilà Donc, des gens qui ont été touchés par mon livre, qui trouvaient que j'étais très courageuse. Alors, moi, ça me fait toujours plaisir d'avoir ce genre de message, mais pour moi, c'est la base. Tu vois, si tu ne te bats pas pour ta famille, si tu ne te bats pas pour ta vie, pour qui tu vas te battre ? Des questions aussi, notamment sur le milieu... des auditions, beaucoup de mamans. C'est beaucoup de mamans qui m'ont écrit, qui se sont reconnues à travers l'histoire de ma mère, des sacrifices financiers que tu dois faire pour accompagner ton enfant dans son rêve. Des gens aussi qui ont eu des enfances difficiles, sans forcément me dire qu'ils avaient fait la DAS, mais j'ai compris. Des conseils aussi. Que des retours positifs. Ça m'a vraiment touchée. Et aussi émue, bien évidemment. Et ça m'a encore plus confortée dans cette idée que j'ai bien fait d'écrire ce livre, parce que se dévoiler, ce n'est pas facile. Et surtout qu'une partie de ma famille était contre l'écriture de ce livre. Donc j'ai vraiment dû aller au-delà du jugement.

  • Speaker #1

    Tu as changé certains noms ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les noms de mes frères et sœurs, de ma mère. Des gens que j'évoque dans le milieu du palais, j'ai changé. Ok.

  • Speaker #1

    C'était la question que je me posais.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce que c'est facile aussi de... Tu vas sur Instagram, tu retrouves les gens facilement. Donc tu sais jamais aussi...

  • Speaker #1

    C'est une manière de protéger aussi tes proches et toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Moi, maintenant, je suis assez exposée médiatiquement.

  • Speaker #1

    Si tu devais résumer ce livre... Enfin, pardon. Si tu devais résumer en un message clé ce que tu aimerais que les lecteurs retiennent de ton livre, quel serait-il ?

  • Speaker #0

    Résilience, c'est juste le mot clé. Mon histoire, c'est de la résilience. C'est aussi ne jamais prendre les choses pour acquises, toujours viser l'excellence, mais toujours se donner les moyens aussi d'y arriver. Et je le disais auparavant, mais quand tu as un rêve, il ne faut pas trop réfléchir. Parce que si tu réfléchis trop... tu risques de ne pas le réaliser, fonce si tu as un objectif, un rêve, fonce et après tu réfléchis c'est ça que tu as mis comme stratégie c'est ça que tu dis alors attends qu'est-ce que je fais non mais en fait j'ai toujours été comme ça j'ai toujours été comme ça dès mon plus jeune âge je réfléchis pas trop j'ai envie de faire un truc, je le fais et après je réfléchis ça a été comme ça tout au long de ma carrière et ça m'a beaucoup aidé ça a été comme ça pour le livre et je pense que je continuerai à être comme ça Jusqu'à la fin.

  • Speaker #1

    Mais en vrai, c'est une bonne manière de penser. Parce que quand tu es un peu trop dans le syndrome de l'imposteur, où tu te sens illégitime, et tu as toutes ces questions de légitimité qui arrivent parce que tu réfléchis trop, ça peut effectivement bloquer.

  • Speaker #0

    Oui, et puis surtout, quand tu commences à trop écouter les gens. Alors, les gens, tu ne leur demandes absolument rien. Mais je ne sais pas pourquoi, ils te donnent leur avis gratuitement. Et surtout la famille. Et quand c'est tes parents qui essayent de te mettre des choses dans la tête, pas tu auras tendance à écouter tes parents. Alors que moi, c'était pas du tout

  • Speaker #1

    ça rentrait dans une oreille et ça ressortait de l'autre ça fonctionnait les avis non consentis je dirais de la part de personnes qui ne sont pas dans le milieu et qui ne savent pas ce que c'est mais des fois quand tu as des avis aussi de personnes qui sont dans le milieu tu te dis bon, est-ce que c'est il y a de la jalousie ou est-ce que c'est une bonne intention derrière pour m'aider parce que la personne a de l'expérience tu sais dans les milieux compétitifs il faut toujours se méfier des gens

  • Speaker #0

    Après, moi, j'ai appris à mes dépens, enfin, à mes dépens, non, c'est pas à mes dépens, j'ai appris toute seule que les amitiés existent dans ces milieux. Les ? Les amitiés. Ah oui, les amitiés. Les amitiés existent. Moi, je me suis vraiment faite des amies à vie. Parce que, justement, tu partages ce même rêve, tu partages les difficultés. Moi qui ne voulais pas finir avec un danseur, mon mari actuellement est un danseur. Parce qu'on se comprend. On n'a pas besoin de s'expliquer. il connait euh euh les difficultés du métier. Donc, c'est facile, en fait. Et c'est vrai que quand tu lis du lien avec les gens du milieu, c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, je te disais dans ton livre qu'au Bolshoi, tu avais rencontré trois filles. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai, tu as le bonheur. Oui,

  • Speaker #1

    attends, j'ai lu le livre et que ça a été...

  • Speaker #0

    Des coups de cœur.

  • Speaker #1

    Des coups de cœur et que tu mettais que vous vous retrouverez un jour. À

  • Speaker #0

    Manac, la guerre en Russie, c'est un peu compliqué. Mais avant, on essayait de se voir tous les deux ans. en Europe parce que pour la plupart, ils ont intégré le Bolshoï ou le Michalowski qui est un ballet à Saint-Pétersbourg. Donc c'est des grosses compagnies qui font beaucoup de tournées chaque année en Europe. Donc on essaie de se rejoindre soit à Barcelone, soit à Paris, soit à Londres. Donc on a fait ça pendant des années. Là, maintenant avec la guerre, c'est pas plus compliqué.

  • Speaker #1

    Après, il y a toujours moyen de garder contact avec les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Alors, eux, ils ont contact. Ils n'ont pas Instagram ou Facebook. Et puis, voilà, il faut vraiment être la guerre, c'est difficile. Parce que forcément, quand tu es engagée, je suis une personne quand même engagée, j'ai mon avis, elle aussi. Il y a eu quelques frictions, rien de grave. Mais voilà, ça peut être difficile dans le contexte guerre,

  • Speaker #1

    tu vois. Pour revenir sur le livre, comment t'aimerais que ce livre soit utilisé ? Comme un témoignage individuel, comme un outil de réflexion dans les écoles de danse ? Ou comme un manifeste pour le changement, ou les trois en même temps, ou autre chose ?

  • Speaker #0

    Les trois ? Je n'ai pas eu de mission claire. Je l'ai écrit vraiment pour inspirer les gens. Et pour questionner les privilégiés aussi. Mais si une personne lit ce livre et elle se dit « Oh, ok, un professeur, je ne sais pas, qui dit « Oh, j'aimerais bien éduquer mes élèves grâce à ce livre. » Go, en fait, ça peut être aussi un outil éducatif. L'important, c'est qu'il soit bien utilisé et qu'il continue d'inspirer.

  • Speaker #1

    Tu fais des interventions en école de danse avec le livre ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Des conférences, des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Des conférences, oui. Mais pas autour du livre. Je donne des conférences dans le cadre de la diversité. Sujet diversité, égalité des chances, inclusion. Mais c'est surtout des entreprises américaines qui ont fait appel à moi. Donc, entreprises françaises, je n'ai pas encore eu l'opportunité de donner des conférences.

  • Speaker #1

    C'est des personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Non, mais ça va en fait. Si, c'est très... Tu sais, d'avoir des cellules réservées à la diversité, c'est très américain. En France, ça s'appelle du RSE. En France, ça commence à se développer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose sur ce livre avant de passer au côté pédagogique ?

  • Speaker #0

    Je pense que tes questions ont été très deep, très claires.

  • Speaker #1

    Que je n'ai rien oublié.

  • Speaker #0

    Oui, achetez le livre.

  • Speaker #1

    Évidemment. Où est-ce qu'on peut l'acheter d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    Partout. Fnac, Amazon, en ligne. Vraiment partout.

  • Speaker #1

    Et on peut l'acheter via ton... Je crois que je suis allée là d'ailleurs. T'as un site sur ta biographie d'Instagram ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai le lien de ma méthode d'édition. Mais vraiment, tu peux l'acheter n'importe où. Ok,

  • Speaker #1

    je le remontre une dernière fois. Je vais passer du coup au côté pédagogie, parce qu'après la danse, la scène, le côté artiste, t'es passée plus dans la pédagogie. Pourquoi en fait t'as voulu... Toujours la transmission.

  • Speaker #0

    La transmission,

  • Speaker #1

    oui. c'est le lien, mais du coup quelle place t'accordes aujourd'hui à la pédagogie et à la transmission dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Alors la pédagogie a une place centrale dans ma vie actuellement parce que j'enseigne et aussi parce que j'ai créé mon studio en ligne de Ballstep et c'est vrai que depuis que je suis passée de l'autre côté je m'en rends compte, j'en avais déjà conscience, mais j'ai doublement conscience de ma responsabilité en tant que professeur, parce que ce que je transmets, ce n'est pas juste une technique ou une discipline, j'ai des trajectoires de vie dans mes mains. Et tout au long de ma carrière, je suis tombée sur des maîtres de ballet, des répétiteurs qui étaient investis, mais d'autres où tu te posais vraiment la question, est-ce que tu te rends compte que tu as des carrières entre tes mains en fait ? Et ne serait-ce qu'un choix, un geste, une parole peut radicalement éloigner affecter le mindset d'un danseur d'un point de vue positif mais aussi négatif. Donc je dirais qu'aujourd'hui, j'ai une approche très holistique, réelle, humaine dans ma pédagogie. Je coache. toutes sortes de personnes, tu vois, du petit réel opéra de Paris à la personne âgée de 73 ans. Et oui, j'ai une élève qui a 73 ans, c'est lui que j'adore. À la femme active, à la maman postpartum aussi.

  • Speaker #1

    Aux danseurs amateurs.

  • Speaker #0

    Aux danseurs amateurs. Alors attends, est-ce que j'ai des danseurs amateurs ? Je n'ai pas de danseurs amateurs. J'ai des danseurs en devenir, mais pas de danseurs amateurs. mais je suis ouverte à tout et euh euh Pour moi, c'est important en tant que professeur d'élever l'autre et aussi de faire en sorte que mon élève atteigne ses objectifs. Je suis pleinement investie. Et ça, ça passe aussi par le mindset. Parce que souvent, les personnes, elles se créent elles-mêmes des barrières dans leur tête. Elles se disent, je ne suis pas capable de faire ça. La danse classique, ce n'est pas fait pour moi parce que je suis une adulte, parce que je suis trop vieille. Non, non, non. La danse classique, c'est fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Complètement d'accord. Je reviens sur ton côté approche holistique. parce que du coup, dans... tu ne veux pas reproduire ce que tu as pu vivre aussi dans ta carrière. Merci. De parfois, ce côté où on nous fait croire qu'il faut être très très dur avec le danseur ou l'étudiant ou la personne qui se forme parce que ça va lui donner justement envie de se surpasser.

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, c'est marrant que tu me parles de ça parce que j'ai fait une vidéo sur Bollesep il y a, je crois, la semaine dernière. Tu l'as vue ou pas du tout ? Je crois que je ne l'ai pas vue.

  • Speaker #1

    C'est vraiment du hasard.

  • Speaker #0

    C'est ok ? Oui. elle s'appelle no pain no gain à l'américaine tu vois cette idée que tu dois souffrir pour montrer que t'as travaillé mais c'est complètement erroné en fait et je trouve au final c'est très américain de penser comme ça donc alors

  • Speaker #1

    pardon j'ai oublié ta question c'était le côté où tu sais on nous pousse un peu à aller enfin même jusqu'à des propos parfois pas très valorisants pour te dire en fait de... C'est ça qui va t'élever et qui va te donner envie de te surpasser ?

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Ça va plus... C'est contre-productif. Ça va plus inciter la personne à douter, à se dire, je ne suis pas faite pour ça, je suis nulle. Elle va se rabaisser et on ne veut pas ça, en fait. L'objectif, c'est de propulser une personne vers l'eau, qu'elle veuille en faire son métier ou pas. Et si j'ai fait ça, si je vois que la personne, que mon élève progresse en plus de ça, Elle se sent bien. Alors là, je trouve que j'ai tout gagné.

  • Speaker #1

    Pourquoi Bold Step ? C'est quoi ce nom ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas capté le Bold Step ?

  • Speaker #1

    Si ! Oui,

  • Speaker #0

    tu as capté. En fait, c'est deux mots. Bold qui veut dire audace. Donc moi, je pense qu'il faut être audacieux dans sa vie pour réussir, pour avancer. Il faut s'accomplir. C'est un peu ma philosophie. Il faut être audacieux pour faire du ballet et surtout quand tu es amateur et que tu décides de commencer à 40 ans. Et step, pas de danse mais aussi pas dans la vie, avancer, progresser. Donc je trouvais que bold step c'était assez représentatif. Ouais, de ma personne, en fait, tout simplement. J'aime les gens audacieux, j'adore ça.

  • Speaker #1

    Je pense que j'avais bien compris. Mais il faut, c'est ce que tu disais, à un moment donné,

  • Speaker #0

    quand tu veux aller quelque part, il faut te donner les moyens. C'est ça, et puis surtout, je ne sais pas si c'est le cas pour toi, mais dans mon entourage, j'ai tellement de gens qui sont frustrés. Mon entourage ne me suit plus maintenant parce que j'ai fait le ménage, mais j'avais tellement de gens qui étaient frustrés. Et souvent, les gens qui sont frustrés, c'est des gens qui donnent leur avis, tu vois. Et ils sont ultra négatifs, tu vois. Et d'où l'importance aussi de s'entourer des bonnes personnes, parce que si tu t'entoures de personnes bienveillantes, positives, tu ne peux que progresser. Et la plupart des gens, c'est des gens qui avaient des rêves, mais qu'ils avaient trop peur de les réaliser, qu'ils ont choisi la petite vie rangée avec leur CDI, leur... 2500 euros chaque mois qui tombent sur leur compte. C'est un choix de vie, ça convient à beaucoup de gens, mais ce n'est pas fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Comme la freelancing,

  • Speaker #0

    comme l'entrepreneuriat Voilà exactement, c'est parfait pour tout le monde Mais après ne t'étonne pas d'être frustrée Si tu t'es pas réalisée

  • Speaker #1

    Je reviens sur ça, on dit qu'on est la moyenne ou la somme des 5 personnes qui nous entourent Ah mais tu sais que c'est vrai

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est vrai Et on va prendre un exemple Tout bête, mais si demain T'as un rêve de devenir millionnaire Le rêve, tu deviens millionnaire Si tu traînes qu'avec des millionnaires Tu vas commencer à penser comme eux Donc tu auras plus de chances de devenir millionnaire. A l'inverse que si tu traînes avec des gens qui sont dans la précarité mais aussi qui pensent comme des pauvres, tu vas rester pauvre. C'est pareil dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Parce que la richesse, elle n'est pas que financière, elle est aussi dans l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Dans l'état d'esprit. Donc si tu es avec des gens inspirants, qui t'élèvent, qui te motivent, tu ne peux que progresser. Alors je vais... Encore complimenter mon mari. Eh oui. Mais c'est ce que j'ai trouvé avec lui. Tu vois. Je n'ai pas l'impression de regarder derrière. De me dire, est-ce qu'il a la traîne ? Non, j'ai vraiment mon égal. Et c'est pour ça aussi qu'on a une relation très fusionnelle. Parce que je le pousse vers le haut et il me pousse vers le haut. On peut dire qui c'est ou pas ? Bien sûr, on peut dire ça, c'est qui ?

  • Speaker #1

    Parce que comme j'ai fait un épisode avec lui... Oui,

  • Speaker #0

    d'ailleurs c'est lui qui m'a conseillé de faire l'épisode avec toi.

  • Speaker #1

    C'est Jérémy Parent, et je vous invite également à aller écouter l'épisode qui est sorti il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Hier, non ?

  • Speaker #1

    Qui est sorti hier, mais alors quand cet épisode-là sortira, du coup ça fera un petit gap de deux semaines. Mais voilà, ne pas hésiter peut-être aussi à aller écouter les deux pour comprendre un peu le mindset de chacun.

  • Speaker #0

    qui est génial aussi et on est complètement différents en termes de personnalité, de style de danse aussi de danse oui,

  • Speaker #1

    on va pas se foiler vous irez écouter c'est l'épisode 70 si je dis pas de bêtises quels sont les objectifs justement que tu souhaites atteindre avec Ballstep on en a un peu parlé mais si on peut peut-être j'aimerais

  • Speaker #0

    à terme que Ballstep s'invite dans chaque foyer c'est un peu ambitieux Merci. Grâce à ma plateforme en ligne.

  • Speaker #1

    Tu es pas audace alors. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Non, alors oui, ça serait l'une des missions, mais aussi justement de rendre la pratique du ballet plus accessible, tu vois. Parce que, comme on le disait auparavant, c'est un art, mais c'est aussi un sport de haut niveau. Cette discipline est exigeante, éprouvante, mais très structurante et elle a des bienfaits inestimables tant sur le corps que sur l'esprit. Et quand tu parles aux femmes, parce que les hommes, dès que tu leur parles de ballet, ils ne se sentent pas forcément concernés, dans l'imaginaire collectif, elles se disent « non, mais le ballet, ce n'est pas fait pour moi, je suis trop vieille, je ne suis pas assez gracieuse, je ne suis pas assez fine » et tout ça. Et l'idée avec Ball Step, c'était vraiment de casser ces barrières. de créer une méthode qui soit accessible pour tous les corps, pour tous les âges. Moi, par exemple, je suis en plein postpartum là maintenant, et je fais mon petit bolstèp trois fois par semaine. Et aussi, d'offrir aux gens cette opportunité de se réconcilier avec leur corps, mais sans le côté performance, tu vois. Parce qu'il y a beaucoup de femmes qui n'aiment pas leur corps. ça me paraît fou parce que je pense que chaque femme est belle et si grâce à travers le mouvement elles peuvent regagner confiance en elles, du coup j'ai tout gagné et aussi pour répondre à ta question précédente oui c'est inviter Borsalem dans chaque foyer de développer la méthode aussi dans des écoles de danse dans le monde de la danse classique ce que je suis déjà en train de faire parce que en tant que danseuse classique Merci. Tu te dois aussi de faire du rang fou à côté. Et c'est vrai que BOLSTEP, ça s'est adapté aussi aux danseurs. Et oui, de développer aussi dans des entreprises, éventuellement, tu sais, les cours collectifs et tout ça. Et d'enseigner ma méthode un peu worldwide à travers des danseuses classiques. Et d'ailleurs, c'est ce que je fais déjà. Ma méthode, elle est enseignée dans plusieurs hôtels. Donc j'ai des ambassadrices, des hôtels de luxe, notamment La Réserve, Le Four Seasons.

  • Speaker #1

    À Paris ?

  • Speaker #0

    Non, à Genève.

  • Speaker #1

    Ah oui, à Genève, oui, oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. À Paris, le Royal Monceau. Donc, c'est des choses qui sont en train de se mettre en place. Et je suis plutôt satisfaite de l'attendre que les choses sont en train de prendre, quoi.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Bah, j'essaye, tu vois. Alors, je suis partout, hein. Vraiment, on pose par Tom, j'allais... Je suis partout. J'appelle les hôtels, je crée du cantonnisme, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Surtout en postpartum. Je lui ai dit tout à l'heure, tu fais quoi en ce moment un peu ? Elle me dit, là, en postpartum. Je dis, d'accord, oui, c'est vrai que ça devient un métier quand tu vis un moment.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et pour revenir à Boldstep, tu es dans les hôtels, dans des institutions. Est-ce qu'en ligne aussi, donc on te retrouve ?

  • Speaker #0

    Surtout en ligne. Tu as un site,

  • Speaker #1

    je sais que c'est sur Instagram qu'il y est.

  • Speaker #0

    Oui, c'est boldstep.fr d'ailleurs. Donc je propose des... cours en ligne de ma méthode, mais aussi d'autres disciplines, ballet, renfort musculaire, abdos, mais là-bas, ça reste quand même le mouvement et le ballet. Donc, c'est des petits formats de 10-20 minutes pour faire à la maison. Et c'est très sympa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Chloé pour cet épisode. On arrive bientôt à la fin.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Quels sont tes projets futurs, tes aspirations artistiques et humaines pour les années à venir ? On a parlé de Bold Step.

  • Speaker #0

    Oui, de Bold Step, développer Bold Step à fond encore. Est-ce qu'il y a autre chose ? Travailler mon identité artistique aussi avec mon mari, parce qu'on a commencé à faire un peu de chorégraphie. Et c'est vrai qu'on a quelque chose qu'on aimerait bien développer. Je trouve qu'il y a un beau pont à faire entre nos deux entités. Lui, hip-hop, moi, ballet. Sans tomber dans le cliché, sans faire un truc à la step-up. Non, on a quand même deux carrières intéressantes. Et je pense qu'on a beaucoup de choses à dire à travers le mouvement.

  • Speaker #1

    Et puis step-up, il faut remettre dans un contexte, c'était il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est les gens, dès qu'ils pensent ballet, danse, hip-hop, ils se disent step-up, c'est la référence.

  • Speaker #1

    Ok, donc développer la chorégraphie, l'identité artistique, ball-step.

  • Speaker #0

    Voilà, et traduire mon livre aussi. À l'étranger, ça me tient à cœur.

  • Speaker #1

    Que je vous invite à lire, parce qu'il est disponible en langue française.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais réinventer le ballet du futur, sans forcément des naturels arts, bien sûr, à quoi il ressemblerait, selon toi ?

  • Speaker #0

    Un ballet avec de la diversité, déjà. Et quand je dis diversité, c'est de la diversité ethnique et diversité au niveau corporel aussi. Il ne s'agit pas là de prendre des personnes... Enrobés, même si je n'aime pas trop ce terme, parce que c'est vrai que quand tu as des kilos en trop, tu es limité techniquement parce que tu dois aller sur pointe en fait. Et du coup tes metatarses ne peuvent pas forcément supporter tout ton poids du corps. C'est pour ça aussi que tu vois que les danseuses sont très fines, ce n'est pas juste une question d'esthétisme, c'est aussi une question de technique. Même pour les porter tout ça, tu as vu les prises techniques qu'on fait. Si la fille est plutôt lourde, c'est difficile aussi pour le mec. Mais c'est vrai que j'aimerais bien avoir plus de diversité corporelle. Et aussi, la diversité, ça passe aussi dans la programmation. Donc garder les ballets classiques, mais aussi parler de vrais sujets de société. Ça peut être la religion, ça peut être le féminisme, ça peut être la guerre, qu'importe. je pense qu'à travers le mouvement tu peux dire beaucoup de choses et surtout la danse classique et la danse de manière plus générale c'est un langage que tout le monde comprend et qui du coup fédère et règne voilà je dirais ça complètement en

  • Speaker #1

    regardant en arrière quel moment de ta carrière de ta vie te rend la plus fière et pourquoi ?

  • Speaker #0

    quand j'ai intégré le Bolshoi parce que Je me souviens quand j'avais dit à mon professeur, je veux intégrer le Bolshoï. Elle m'avait fait des yeux ronds. Elle m'avait dit, oui, mais t'es très bien, mais pour la France, le Bolshoï, déjà t'es trop petite. Pourquoi y prendre une française ? Quand j'ai été prise dans cette école, j'étais tellement fière de moi. Et aussi, on n'en a pas parlé, mais j'ai vécu un drame familial quand j'étais plus jeune. Et du jour au lendemain, j'ai dû m'occuper de ma fratrie. et ça, ça m'a demandé... beaucoup d'énergie, d'être très courageuse. J'ai beaucoup douté, je me suis vraiment dit que je n'allais pas réussir en fait. Et maintenant avec du recul, j'ai 34 ans et en plus de ça je suis mère, je me rends compte de tout ce que j'ai accompli, de tout ce que j'ai fait pour ma famille. Et ça, ça me rend fière, ça me rend fière de moi. Voilà.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur quelque chose que tu as dit sur ta taille. Est-ce que tu serais ok de donner ta taille et de donner les tailles qui sont, on va dire...

  • Speaker #0

    normal,

  • Speaker #1

    standard quand tu veux intégrer des balais ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense aussi que le balai, les critères ont quand même évolué, mais c'est vrai que moi je me dis 1m60 et à l'époque, en France, on te disait que tu étais petite, 1m60, la moyenne, etc. 1m65, et d'ailleurs, certaines compagnies, je me souviens j'avais fait des auditions pour le balai de Bordeaux, ils te disaient que la taille minimum pour une fille c'était de 1m65. Bolshoï, la moyenne, je crois qu'elles font 1m70 les filles. Parce qu'après, quand tu vas sur pointe, tu prends automatiquement 10 cm. Donc tu peux pas être trop grande pour le... Pour l'homme, tu ne peux pas être trop petite. Et pourtant, ça ne m'a jamais empêché de rentrer au bolcheuil, d'évoluer au sein de grandes compagnies. Donc, il y a des critères physiques. Mais finalement, si le directeur a un coup de cœur pour toi, tu peux quand même faire ta carrière, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais il y a beaucoup de...

  • Speaker #0

    Oui, c'est très... Comme je te dis, c'est très codifié, mais après, tu as la réalité. Il y a des danseuses étoiles qui sont très petites. Je pense notamment à Alina Kojokaru, Tamara Roro, qui ont fait des carrières exceptionnelles.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais même au-delà de la danse classique, dans le milieu commercial.

  • Speaker #0

    Ils veulent des grandes ?

  • Speaker #1

    Non, c'est juste que ça évolue en termes de taille. Après, oui, tu as des milieux comme le cabaret.

  • Speaker #0

    Ils veulent quand même des grandes.

  • Speaker #1

    Ils veulent des grandes et je pense que ça n'a pas trop bougé. En même temps, est-ce que ce n'est pas... Bien aussi d'avoir des identités dans chaque style de danse.

  • Speaker #0

    Du coup, on revient toujours au même sujet, diversité, inclusion. Et moi, je trouve que c'est tellement intéressant d'avoir différents types de personnes dans une compagnie parce que ça apporte une richesse. T'imagines, tu as une asiatique à côté d'une personne noire, à côté d'une personne indienne, qu'importe, et elles font la même chorégraphie. Mais moi, je trouve ça incroyable. C'est ça la beauté de la danse. C'est mon avis.

  • Speaker #1

    Merci Chloé. Est-ce que tu aurais un dernier message pour clôturer cet épisode qui n'a pas forcément un lien avec l'épisode ou quelque chose que tu aimerais dire ?

  • Speaker #0

    Je le dis, je répéterai jamais assez. On n'a qu'une vie. Alors Carpe Diem ? Non mais Carpe Diem, pas forcément faites la fête, buvez, droguez-vous, pas du tout. Plutôt vivez-la pleinement. Et je vais le rabâcher. Ça passe par l'accomplissement de soi, vraiment. Et aussi en tant que danseuse ou autre, tu n'es pas obligé de te cantonner à un métier. Tu peux être danseuse, écrivaine, auto-entrepreneuse, styliste,

  • Speaker #1

    qu'importe.

  • Speaker #0

    La vie est trop courte, donc autant tester différentes choses sans forcément s'éparpiller. C'est ça que je suis en train de dire, parce que des fois, moi, je m'éparpille. Voilà, vis ta vie pleinement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Yes, merci beaucoup Chloé.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Pour ton temps, pour ton partage, pour la richesse de ton expérience de vie. Encore une fois, je vous invite à lire le livre qu'on a un petit peu spoilé.

  • Speaker #0

    Un petit peu.

  • Speaker #1

    Un petit peu, on a quasiment rien dit de tout ce qu'il y avait dedans. Et voilà, merci beaucoup Chloé. Merci à toi. Si vous avez aimé l'épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser une note et un commentaire sur Spotify et Apple Podcasts et évidemment allez vous abonner sur les réseaux sociaux de Chloé, je mettrai tout dans la biographie de l'épisode, la description et voilà, je vous souhaite une belle journée, une bonne soirée à bientôt, ciao ciao

Chapters

  • Parcours et inspirations

    02:57

  • Choix artistiques et carrière

    11:00

  • Rester aligné avec ses valeurs

    15:37

  • Changements positifs et défis à venir dans le ballet

    20:29

  • Représentation

    27:30

  • Son livre Le Cygne Noir et retombées

    31:00

  • Boldstep : pédagogie et transmission

    44:46

  • Projets futurs et fierté

    55:54

  • Message final

    01:01:33

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Description

🩰 Chloé Lopes Gomes - Danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse.


Formée à l’Académie du Bolchoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjart Ballet, l’Opéra de Nice ou encore le Staatsballett de Berlin.


Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels : la diversité, l’inclusion et l’identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd’hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique.


Nous évoquons ensemble son livre Le Cygne noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l’émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet BOLDSTEP, une initiative dédiée à l’enseignement, à l’empowerment et à l’innovation dans la danse.


Un échange qui questionne l’avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d’une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante.


📝 Chapitres :

02:57 - Parcours et inspirations

11:00 - Choix artistiques et carrière

15:37 - Rester aligné avec ses valeurs

20:29 - Changements positifs et défis à venir dans le ballet

27:30 - Représentation

31:00 - Son livre Le Cygne Noir et retombées

44:46 - Boldstep : pédagogie et transmission

55:54 - Projets futurs et fierté

01:01:33 - Message final



👉🏽 Pour retrouver Chloé Lopes Gomes sur les réseaux sociaux : Instagram / Boldstep / Achète son livre / Prends ses cours en ligne


👉🏽 Pour suivre Dance Lab, Le Podcast sur : Instagram / Tik Tok / YouTube


Si cet épisode t’a plu et que tu souhaites soutenir le podcast, je t’invite à le partager à tes proches et à me laisser une jolie note et un commentaire 🤎


[Cet épisode a été enregistré le 20 août 2025]


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, ne jamais prendre les choses pour acquises. Toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment c'est le talent. Donc on regardait mes proportions, mon coup de pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc le bolcher, ça a paru comme une évidence, mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Ce qui va faire la différence, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu, c'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement. Dans le ballet, il y a une omerta. Tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Contraire à vie, ça veut dire que si tu commets des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Ouais, big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans DanceLab, le podcast dynamique et éducatif où la passion de la danse rencontre le monde de l'entrepreneuriat, du bien-être, de la santé mentale et bien plus encore. Des conseils, des histoires, des conversations captivantes avec des experts et des personnalités où recommandations et partages d'expériences enrichissent le quotidien des danseurs et pas que. Je suis Maywen Bramoulé, danseuse professionnelle aux multicasquettes, passionnée de danse depuis toute petite, ayant pour objectif de lever les voiles sur les fantasmes et les clichés du métier, en vous partageant toutes les facettes, les difficultés, les richesses et les challenges que ce métier comporte. Si cet épisode t'a plu, n'hésite pas à le partager autour de toi, à me laisser une note et un commentaire sur Spotify ou Apple Podcast, et si tu souhaites participer au podcast, écris-moi ! Aujourd'hui j'accueille Chloé Lopez-Gomez, danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse. Formée à l'Académie du Bolshoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjar Ballet, l'Opéra de Nice ou encore le Stadtballett de Berlin. Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels, la diversité, l'inclusion et l'identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd'hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique. Nous évoquons ensemble son livre Le Signe Noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l'émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet Bold Step, une initiative dédiée à l'enseignement, à l'empowerment et à l'innovation dans la danse. Un échange qui questionne l'avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d'une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante. Salut Chloé !

  • Speaker #0

    Salut Maouen !

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast.

  • Speaker #0

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci de m'offrir de ton temps, parce que je sais que tu as un petit planning un petit peu chargé en ce moment. Donc, merci pour ça. Peux-tu nous parler de ton parcours ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers la danse classique ?

  • Speaker #0

    Alors, tout a commencé le jour de mon anniversaire, à l'âge de mes 8 ans. Pour mon anniversaire, ma mère m'a menée voir le lac des Cines pour la première fois, à l'Acropolis de Nice. Et c'était la première fois que je voyais un ballet. Donc tout de suite, j'ai été subjuguée par les corps, par l'histoire du lac des Cines, la scène, les décors, le maquillage. J'étais émerveillée. Et à ce moment-là, j'ai su que c'était ma vocation. Ça paraît fou parce que j'étais encore toute petite, mais j'ai dit à ma maman, j'ai vraiment envie de faire de la danse classique. Quelques semaines après, je prenais mon petit. mon premier cours de danse dans une petite école privée. Et six mois après, j'intégrais le conservatoire de Nice.

  • Speaker #1

    Wow.

  • Speaker #0

    Alors, j'avais huit ans. Quand t'as huit ans, c'est beaucoup plus facile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus facile, mais t'avais pas pris de cours de danse classique avant ?

  • Speaker #0

    Non, mais toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment, c'est le talent. Donc, on regardait mes... proportion, mon coup de pied qui est l'arc qui est prononcé sur le pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc, apparemment, j'avais tout ce qu'il fallait pour être une bonne ballerine. Et puis, la technique vient après, au fur et à mesure que tu évolues dans ce domaine. Donc, je suis restée quatre ans au conservatoire de Nice. Puis... j'ai intégré l'école nationale supérieure de danse de Marseille à l'âge de 11 ans et demi. S'en est suivi ma sœur, Chéryl, qui a commencé à faire de la danse classique. Et puis mon frère Isaac. Donc Isaac qui est actuellement à l'Opéra de Paris. On est aussi resté 4 ans à Marseille. Et puis j'ai senti à l'âge de 14 ans que je n'arrivais plus à évoluer. que j'avais atteint mon plein potentiel et que Si je voulais vraiment faire mon métier, il fallait que j'intègre une plus grande école de danse. Donc j'ai fait plusieurs auditions, notamment l'école de danse de l'Opéra de Paris, le Royal Ballet School et le Bolshoi. Je n'ai pas été prise à l'Opéra de Paris. En revanche, j'ai été prise au Royal Ballet School et au Bolshoi. Et vu que le Royal Ballet School, c'était extrêmement cher pour ma mère. C'est Londres. Oui, c'est Londres. et c'est 30... 5 000 pounds l'année avec l'internat. Ça,

  • Speaker #1

    c'était à l'époque ?

  • Speaker #0

    Ça, c'était à l'époque. Alors là, maintenant, je ne sais pas à combien c'est. Mais il fallait que je reste au moins 3 ans. Donc, ça te fait à peu près 100 000 pounds. Enfin, c'était énorme comme budget, sachant que je viens d'un milieu modeste. Ma mère est femme de ménage et mon père était maçon. Donc, le bolcher, ça a paru comme une évidence parce que déjà, j'avais un vrai coup de cœur pour les ballerines russes. En plus de ça, je suis allée là-bas en tant que boursière. Mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Donc à l'époque, c'était énorme. Voilà, et j'ai fait trois ans là-bas. Au Bolchevi. Au Bolchevi, oui.

  • Speaker #1

    Très bien. Et après, donc, t'as bougé.

  • Speaker #0

    Et puis après, j'ai eu mon diplôme après trois ans. Je suis devenue danseuse professionnelle, officiellement. Et oui, je suis revenue dans ma ville natale, Nice. J'ai intégré le ballet de Nice pendant quelques mois, j'ai vécu un drame familial, j'ai repris la danse quelques années après, d'ailleurs je pense qu'on va l'évoquer, et puis oui, je suis allée ensuite au Béjar Ballet, puis au Stade Ballet de Berlin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et tu me parlais donc que c'était le lac des signes qui t'avait inspirée, est-ce qu'il y a eu d'autres figures, danseurs, chorégraphes qui t'ont inspirée dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Oui, quand j'étais plus jeune... J'étais fan, c'est le mot, fan. J'avais des posters d'elle d'ailleurs partout, de Sivigem. C'était Sivigem, parce que je trouvais que c'était une danseuse déjà magnifique physiquement, avec un physique aussi très athlétique. Et puis j'ai découvert qu'elle venait de la gym, tu vois, elle avait un côté très GRS. Mais aussi je trouvais que c'était la seule danseuse à l'époque qui était aussi incroyable en contemporain. En néoclassique que en classique parce que je l'avais vu dans Mad Sec dans Appartement et dans Foresight, Samuel Leviti. Et Foresight d'ailleurs c'est mon chorégraphe préféré avec David Dawson. Moi je les adore et d'ailleurs je me considère plus comme une danseuse néoclassique que classique. Et puis aussi même en termes de personnalité je trouvais qu'elle avait un côté rebelle. hors normes. Elle ne rentrait pas forcément dans le moule. D'ailleurs, c'est pour ça aussi qu'elle a quitté l'Opéra de Paris parce qu'elle voulait faire autre chose. Et en plus, c'est une personne engagée vis-à-vis de la cause animale. Donc, je me retrouve beaucoup aussi actuellement dans ces valeurs. Et puis, Internet est arrivé à la maison, ainsi que YouTube. Et j'avais entendu parler des ballerines russes. Donc, j'ai tapé Bolshoi Ballet. Je me souviens, j'étais très jeune. Et là, pour la première fois, je découvrais les physiques, la technique des danseuses russes. Donc vraiment, pour moi, c'était des signes sur pattes. Très longues, très souples. Et aussi, je découvrais aussi leur repertoire. Comme Flamme de Paris, Spartacus, qui sont des balais qu'on ne danse pas en France. Donc oui, ça, ça m'a beaucoup inspirée et ça a dessiné un peu ma trajectoire. J'ai su aussi qu'un jour... probablement j'intégrerai le Bolshoï. En tout cas, c'était mon rêve. Après, je ne me suis pas dit que j'allais être prise, mais c'était mon rêve. Réalisé, check. Oui, mais je ne me suis pas dit que j'allais être prise, parce qu'en plus là-bas, ils prennent très peu d'étrangères. Mais voilà, je l'avais dans mon optique. Ok,

  • Speaker #1

    et tu trouves qu'il y a vraiment une différence entre la France, la Suisse, l'Allemagne et la Russie dans les physiques de danseuses classiques ?

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, la Suisse n'est pas vraiment un bon exemple, parce que La Suisse, ils n'ont pas vraiment de technique suisse. Tu vois, tu as le ballet français qui est très opéra de Paris, très sophistiqué. Le Royal Ballet School qui est très manieré. Et la Russie, en plus la Russie a deux écoles. Il y a Bolshoï Ballet qui est à Moscou et tu as le Mariinsky qui est à Saint-Pétersbourg. On va dire que le Bolshoï, comme ça on l'indique, ça veut dire grand en russe. Donc leur danse est très grande, ils prennent toute la scène. Il y a un côté très gymnase et performance, alors que le marinski, ils sont beaucoup plus délicats, on va dire. Et en termes de physique, alors, les Russes sont très longs, très fins. Les Françaises ont quelque chose de très élégant, je dirais. Et les États-Unis, c'est des physiques très athlétiques. Voilà, on n'a pas du tout les mêmes normes. Et d'ailleurs, pendant ma période d'audition, j'ai fait plusieurs compagnies aux Etats-Unis et je me suis vraiment rendu compte que je ne correspondais pas à leurs critères physiques. Et d'ailleurs, on me l'a fait comprendre, on m'a dit « vous êtes très fine » . Et c'est la première fois qu'on me disait « Chloé, tu es très fine » . Et je me suis dit « ah ! » et puis je me suis rendu compte que les filles elles avaient vraiment des cuisses et des dos mais en même temps c'est pas la même technique parce qu'elles sont aussi capables de faire des choses un peu plus grandieuses on va dire que

  • Speaker #1

    les russes que les françaises et qu'est-ce qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière j'ai noté que t'avais grandi en France que tu me disais, que t'as été formée à Ausha Avant d'intégrer toutes les précises compagnies dont on parlait, mais c'est quoi qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière ?

  • Speaker #0

    C'est cette envie d'émancipation, cette envie aussi de m'élever dans la société et surtout de vivre de ma passion. Parce que moi, comme je vous disais auparavant, j'ai un ami de très modeste et je voyais mes parents se saigner financièrement pour se loger et se nourrir. Et ce que je voyais aussi, c'était beaucoup d'amertume, de frustration. Quand je rentrais à la maison, moi j'avais fait une journée de dingue, j'étais allée à l'école, j'avais fait mes cours de danse classique, de piano à l'époque, d'alto aussi, je faisais plein de choses. Et quand je rentrais à la maison, il y avait une ambiance pesante, ils étaient tristes. Et je pense que c'est parce que mon père, en l'occurrence, il ne s'est jamais autorisé à rêver. Ma mère, elle avait ce rêve de devenir peintre, mais elle ne s'est jamais donné les moyens d'y arriver. Donc ça, ça m'a motivée à me battre pour mes rêves. Je me suis toujours dit, OK, sans aucune ingratitude, parce qu'ils ont fait beaucoup de choses pour moi, ainsi que pour mes frères et soeurs. Mais je ne veux pas finir comme eux. Ça ne m'inspirait pas. Leur vie ne m'inspirait pas. Et j'aspirais à avoir une belle vie, remplie de joie et de bonheur. Et ça, vraiment, ça passe par un accomplissement personnel.

  • Speaker #1

    Je suis très d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je reste un petit peu sur la danse classique, parce que du coup, tu me disais que toi, ça t'avait permis de t'émanciper. Mais qu'est-ce que la danse classique t'a appris aussi en tant qu'artiste, en tant que femme ?

  • Speaker #0

    Alors, la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, le bolcheuil. Je parle souvent du bolcheuil, parce que ça a été vraiment les plus belles années de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on parle souvent de ce côté russe, de la rigueur.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est vrai. Ils sont très stricts, ils sont très rigoureux. mais moi Ça me va parce que je suis une personne qui a besoin d'un cadre et d'une structure. Donc le Bolshevik m'a appris la persévérance, le dépassement de soi, ne jamais prendre les choses pour acquises, parce qu'en tant que danseur, même si tu atteins ce grade de danseuse étoile, tu peux toujours progresser dans ta danse. Mais aussi, ils nous ont enseigné à respecter les règles. Ils nous disaient que si tu travailles dur, tu n'aurais... Pas de problème à trouver un travail, ni à évoluer au sein d'une compagnie. Et quand j'ai rejoint le monde professionnel, je me suis rendu compte que la réalité était bien différente. Parce que déjà, tout le monde est bon dans une compagnie. Et aussi, parce que ce qui va faire la différence, en tout cas, selon mon expérience, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu. C'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement, ton aptitude à prendre. les corrections et à les appliquer. Est-ce que tu es une personne qui se blesse beaucoup ou est-ce que à l'inverse tu es un rock pour la compagnie ? Est-ce que tu évolues bien dans un groupe ? Ta singularité. Pourquoi moi en tant que directeur ou courrier grave je vais te choisir trois au détriment d'une autre ? T'as des artistes qui font l'unanimité bien évidemment mais c'est C'est palanant. Et je dirais que tout cela va définir... ta trajectoire dans une compagnie. Et en tant que femme, j'ai vécu une expérience très marquante. J'avais la vingtaine et j'ai rejoint une compagnie qui était exclusivement dirigée par des hommes. Je pense que tu sauras laquelle. Le directeur, c'était un homme. Le maître de ballet était un homme. Le répétiteur était un homme. Le chargé de production pour les tournées était un homme. Et il y avait une ambiance très masculine et très hiérarchisée. en même temps quelque chose de très malsain et j'ai appris à mes dépens le poids du copinage le poids des affinités personnelles du favoritisme aussi des gens qui semblait intouchables et qui du jour au lendemain était décasté d'un rôle sans aucune raison et tu as deux solutions soit tu Tu rentres dans le jeu, dans le game, soit tu refuses et pour faire évoluer ta carrière, c'est un peu plus compliqué. Donc je dirais que le ballet, c'est un art sublime qui fait rêver, mais le milieu dans lequel il évolue, finalement, est très humain avec ses failles, ses imperfections et ses défaillances.

  • Speaker #1

    Comment t'as jonglé toi avec ça, avec tes valeurs ? Tu sais quand on a des valeurs très fortes ?

  • Speaker #0

    Oui, moi j'ai des valeurs très fortes, oui.

  • Speaker #1

    et que t'es un peu... T'as un peu, comme on appelle ça, l'expression « je vais être au pied du mur » . Face à ça, comment tu t'alignes avec tes valeurs ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ce n'était même pas une question, parce que j'ai été éduquée d'une certaine manière et parce que je crois beaucoup dans les valeurs du travail. Et j'avais ce côté... Défensive, on va dire. Parce qu'il y avait, justement, certains hommes qui avaient eu des gestes déplacés envers certaines de mes collègues, et ça, je le savais, et qui auraient pu se répercuter sur moi si je n'avais pas mis les limites. Donc, à partir du moment où j'ai mis les limites, j'ai vu que ça s'est aussi répercuté sur le cast. Donc, moi, je suis une personne qui est très franche, très directe, et dès mon plus jeune âge aussi, je ne me laissais pas faire. Forcément, j'ai aussi dénoncé ces comportements. J'essayais vraiment de rester alignée avec mes valeurs. En fait, si tu ne mets pas des limites, les gens vont les pousser, repousser, repousser jusqu'à ce que le drame arrive. Donc pour éviter ça, tu mets tes limites, tu te fais respecter. Et si la personne n'est pas en adéquation avec ce que toi, tu crois être juste, tant pis en fait. Tant pis pour elle.

  • Speaker #1

    Tu as senti que tu pouvais être seule parfois dans ces combats, mais tu sais, de dénoncer des actes ?

  • Speaker #0

    Alors, en l'occurrence, dans cette compagnie, non, parce que toutes les femmes ont été dans le même bateau. Et puis, comme je te dis, c'était une compagnie plus pour les hommes que pour les femmes, même en termes de rôle, en fait. Donc non, je ne me suis pas forcément sentie seule. En revanche, c'est vrai que... Dans le ballet, il y a une omerta. Il y a une omerta, les danseurs ne prennent pas souvent la parole parce qu'on risque gros. On n'est pas en CDI. Dans la plupart des compagnies, tu n'as pas de syndicat, donc tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Et à l'inverse, il y a des maîtres de ballet qui sont protégés par des contrats CDI, voire des contrats à vie. En Allemagne, c'était ça. Donc, contrat à vie, ça veut dire que si tu commets... des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Voilà, oui, en Allemagne, c'est ça. Quand tu as travaillé pendant des années dans une institution, tu ne peux pas te faire licencier pour faute grave et du coup, si tu vas à un procès, l'employeur peut dédommager la personne, enfin l'employé. Donc voilà, ça crée vraiment une débalance quand tu as le danseur qui n'a rien. Et à côté de ça, tu as les maîtres de ballet qui ont le plein pouvoir. Ça, c'est en Allemagne. En France, il n'y a pas ça. En CDI, mais en France, il y a d'autres problèmes. Parce que dans certaines compagnies en France, tu dois attendre 6 ans pour avoir ton CDI. Donc ça va être la même chose. Si tu vis des abus, tu ne vas pas forcément avoir le courage de les dénoncer. parce qu'après ça, tu te dis... Je peux me faire licencier, donc comment je vais faire pour vivre ? Et tu sais très bien que trouver un travail dans le ballet, c'est extrêmement difficile.

  • Speaker #1

    Mais dans la danse de manière générale ?

  • Speaker #0

    De la danse, dans la manière générale. Et je dirais même que le ballet, c'est peut-être un peu plus facile que dans d'autres domaines. Parce que mon mari, il est issu du hip-hop. Et là, c'est vrai que dans le hip-hop, ça n'a pas du tout de contrat, enfin, fixe. Mais au bout du tunnel, parfois, tu as de la précarité. donc Tu réfléchis à deux fois avant de te battre et dénoncer, mais dénoncer à qui en fait ?

  • Speaker #1

    Pour remettre un peu dans le contexte, pour les personnes qui écoutent et qui ne sont pas dans la danse, il y a deux types de contrats, on va dire qu'il y a les freelance et les contrats CDD-CDI. Et c'est vrai que quand tu es en freelance, c'est un peu plus entre guillemets dit précaire parce que tu peux avoir deux contrats, deux dates dans le mois, comme être en tournée avec un artiste ou une comédie musicale ou un spectacle, tout est caché en deux mois. sachant qu'un statut intermittent il faut faire un an pour y arriver donc il y a une espèce d'insécurité de l'emploi qui a peut-être plus dans le CDD et le CDI juste pour donner un peu un contexte et c'est vrai que quand tu es que tu as toujours été Dans un cadre de compagnie, de CDD, de CDI et que, effectivement, tu te fais licencier, qu'est-ce qui se passe après derrière aussi pour retrouver du travail ?

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors moi, j'ai eu la chance, je n'ai jamais fait du freelance, mais j'ai beaucoup d'amis qui sont dans cette situation. Et c'est vrai, c'est très précaire, c'est très précaire.

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu sur l'évolution, les changements positifs que tu as pu observer ces dernières années, qu'est-ce qui reste à transformer ?

  • Speaker #0

    Alors, Dans le milieu de la danse, qui est quand même un milieu très élitiste, avec ses codes esthétiques et sociaux plutôt rigides, si on prend par exemple le sujet de la diversité, parce que c'est un peu mon sujet de prédilection, ce n'est que récemment qu'il y a eu des discussions qui ont émergé. Alors, ça ne paraît pas phénoménal, mais dans le milieu du ballet, c'est un grand pas, parce que ce sont des institutions qui sont traditionnelles, vieillissantes, et qui ne se remettent jamais en question. Par exemple, pendant des années, il y a eu des pratiques qui nous choqueraient tous, comme par exemple le blackface, qui consiste à se maquiller le visage en or pour ceux qui ne savent pas.

  • Speaker #1

    Qu'il ne faut pas faire.

  • Speaker #0

    Et qui a été fait pendant des décennies. Et à aucun moment les institutions se sont questionnées sur l'impact que ce genre de pratiques pouvait avoir sur ne serait-ce que le spectateur. Ça peut offenser une partie de la population. Et pareil pour les danseurs. Moi je me souviens que j'étais sur scène et pendant le casse-noisette, il y avait des petits enfants qui portaient le blackface et qui singaient en fait. Parce que ça ne vient pas juste avec un maquillage, ça vient aussi avec une danse. Aussi il y avait le white bleaching qui est une coutume. Alors les danseuses doivent se maquiller la peau en blanc, qu'elle soit noire ou blanche, qu'importe. Dans les ballets classiques, dites le lac des signes, Gisèle, l'acide-fide, l'objectif étant d'uniformiser l'ensemble, comme si ta singularité était un problème. Et ce n'est que récemment que les directeurs ont pris conscience que ces pratiques pouvaient avoir un impact psychologique sur les danseurs ainsi que sur les spectateurs. Il y a eu aussi des questions notamment autour du maquillage, des coiffures, des produits capillaires, des formations des coiffeurs ainsi que des maquilleurs. Quand tu commences une saison, normalement on te donne un 7. Donc quelle est ta surprise quand tu te rends compte que la fondation n'est pas du tout adaptée à ta couleur de peau ? Pareil pour les cheveux texturés, on a des produits adaptés. Voilà, ça, il ne s'était pas pris en considération. Pour certaines personnes, ça peut être des détails, mais pour les personnes concernées, ce n'est pas des détails, parce que déjà, c'est une charge mentale, parce que tu ne te sens pas considérée et tu te dis, si je me plains, on va me voir comme un drama king ou une drama queen. C'est une charge financière, parce que c'est cher d'acheter des produits capillaires pour les cheveux afros ainsi que pour le maquillage. Et de bout en bout, ces détails cumulés peuvent te faire te sentir différente, exclue. Et si tu n'as pas confiance en toi, tu peux te dire, ok, est-ce que je suis à la bonne place ? Est-ce que ce métier est fait pour moi ? Donc, c'est des précautions, ce n'est pas de la victimisation, mais c'est des précautions qu'en tout cas, moi, je me suis posé. Et ce n'est que récemment que les maisons comme Repetto, Freed, alors tu as quoi encore ? Bloch, qui ont commencé à s'intéresser aux danseurs de couleur de peau. Ils ont commencé à faire des points de différentes shades comme Tissier Rihanna et Fenty Beauty, ainsi que des collants de différentes couleurs. Alors moi, personnellement, j'ai toujours utilisé des pointes roses ainsi que des collants roses, sauf dans les pièces contemporaines où on est pieds nus. Mais le fait de savoir que j'ai le choix. Ça change tout, parce que du coup, je me sens considérée. Big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Et au niveau de, là on a beaucoup parlé de la diversité, mais au niveau de la santé, est-ce que tu as vu une évolution au niveau de la... De l'écoute et de la considération au niveau de la santé physique et de la santé mentale chez le danseur ?

  • Speaker #0

    Pas vraiment, c'est pas quelque chose je trouve qui est pris en considération. Alors dans les grandes compagnies effectivement, normalement tu as une cellule qui est constituée, enfin un pôle santé qui est constitué d'un physio, masseur, ostéopathe, tu as des machines. Mais vu qu'en France... Et dans beaucoup de pays, le ballet est considéré comme un art et pas un sport. Alors que c'est un sport aussi de haut niveau. Tu n'as pas les structures qui viennent avec. Alors que par exemple, dans les pays anglo-saxons et aux Etats-Unis, je pense notamment sur Francisco Ballet, ils ont un psychologue. Ils ont un coach de gyrotonique. Ils ont des machines pour faire leur sport. Tout est mis en place pour que... bien accompagner le danseur. Je ne trouve pas qu'en Europe, on ait ce mindset.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu trouves que c'est parce qu'on ne considère pas assez la danse comme un métier ?

  • Speaker #0

    Je dirais comme un sport. Je pense que c'est... En tout cas, le ballet, alors qu'on s'entraîne à raison de 8 heures par jour minimum, quand on n'a pas de spectacle, et que les blessures sont omniprésentes. Moi, dans ma carrière, je me suis blessée 4 fois. Trois fractures du métatar, c'est j'ai eu un problème au ménisque et la prise en charge est mauvaise parce que déjà c'est à toi de chercher ton médecin du sport alors que j'étais dans des grosses compagnies, c'est toi qui paye ta rééducation donc t'es un peu perdue quand t'as une blessure qui te tombe dessus.

  • Speaker #1

    Je parlais de métier parce que c'est vrai que quand tu regardes les autres sports qui se pratiquent à haut niveau J'ai l'impression qu'ils sont beaucoup plus visibles même au niveau des médias. Et j'ai l'impression qu'ils ont beaucoup plus aussi de structures et de référents au niveau médical qui les aident justement à prendre soin d'eux.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Mais après, je pense aussi, c'est encore le problème devant, c'est que le ballet a une image très inaccessible. Donc forcément, les gens ne s'intéressent pas forcément à cet art, à ce métier, à ce sport. Donc ils ne vont pas forcément mettre aussi les ressources financières là-dedans. Parce que c'est trop niche. Ce n'est pas comme le football ou l'athlétisme, ça parle à tout le monde. Oui,

  • Speaker #1

    exactement. Parce que c'est peut-être moins médiatisé. Même si quand même les grandes enseignes en France restent assez connues du grand public, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. Tu es une voix importante sur les questions de diversité et d'inclusion dans le ballet, notamment en ayant déjà dénoncé des comportements racistes dans le milieu. Comment tu définirais l'impact de la représentation et pourquoi est-ce que c'est important aujourd'hui pour les nouvelles générations de danseurs ?

  • Speaker #0

    La représentation, ce n'est pas juste une question d'image, parce que souvent c'est associé à l'image. C'est aussi une question de légitimité. Quand tu grandis et que tu n'as pas de modèle, quand tu grandis et que tu vois à la télé qu'il n'y a personne qui te ressemble, sur les affiches, sur les scènes, des postes de direction, et que les seules personnes qui sont susceptibles de te ressembler, elles font des métiers dits ingrats comme femmes de ménage ou maçons, tu vas finir par croire que ce monde n'est pas fait pour toi ou que ta place est en bas de l'échelle. Alors moi, j'ai eu la chance d'évoluer dans des institutions prestigieuses. Et en France, peut-être c'est une chance, à aucun moment j'ai senti que ma couleur de peau pouvait être un problème. En revanche, quand j'ai rejoint le milieu professionnel, on m'a très bien fait comprendre que le fait d'être métisse, parce que je suis une femme métissée, je ne suis pas noire, donc les personnes noires ont d'autres problématiques, c'était un problème. Donc ce que j'ai dénoncé il y a plusieurs années, ce n'était pas juste une question de racisme, c'était aussi un système... dans le ballet, qui est bien ficelé et qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d'abus. Et qui va faire comprendre à la personne concernée que sa différence, c'est un problème. Donc oui, la représentation, c'est très important, notamment chez les danseurs, parce que déjà, ils peuvent se projeter et aussi tu leur envoies le message clair que tu as ta place ici, en fait. Tu vois ? Et ça, ça change tout parce que du coup, le danseur, il va se sentir plus légitime, il va oser, il n'aura pas peur d'exister et surtout, il ne va pas s'acharner à essayer de rentrer dans un moule dans lequel il ne fit pas. Et je te dis tout ça parce que moi, étant plus jeune, j'aurais voulu entendre tout ça. Alors, je n'ai jamais eu besoin de m'identifier à quelqu'un parce que j'aimais tellement ça la danse. Et puis, je pense aussi que quand tu es métisse, tu peux t'identifier à tout le monde, à des blancs, à des noirs, à des asiatiques, à tout.

  • Speaker #1

    mais pour une personne qui a peut-être moins confiance en elle la représentation ça peut être vraiment un changement et une source aussi de motivation et qu'est-ce que tu dirais justement à un jeune danseur ou une jeune danseuse qui ne se reconnait pas dans les standards encore dominants de la danse du ballet de manière globale alors déjà je dirais que si c'est vraiment ce que tu veux faire Merci.

  • Speaker #0

    Fonce, t'as pas besoin de... de rôle modèle. Si vraiment ça, ça te démotive, c'est que peut-être effectivement, ce n'est pas le métier pour toi. Parce que moi, je pense que quand tu as un rêve, c'est mon mindset, tu dois vraiment foncer. Ne te poses pas 10 000 questions parce qu'à partir du moment où tu te poses 10 000 questions, déjà tu doutes et du coup, tu vas peut-être retarder le truc et au final, tu ne vas jamais passer le cap. Mais sinon, deviens ton propre rôle modèle et deviens le rôle modèle de la future génération. C'est ce que je lui dirais.

  • Speaker #1

    Ok, j'aime bien ça. Voilà. On va passer un petit peu sur ton livre, Le Signe Noir. Oui. On a abordé, là, depuis le début de l'épisode, quelques sujets que tu traites dans le livre, qui est juste ici, que j'ai eu grand plaisir à lire, que je vais mettre à la caméra. Voilà. Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire ce livre ? Quel a été le déclic et qu'espérais-tu transmettre à travers lui ? Il y a beaucoup de questions.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de questions, on attend.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire le livre ?

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    j'avais envie... Tu voulais être le rôle modèle, justement ?

  • Speaker #0

    Non, non, je n'ai pas cette prétention. Mais j'avais déjà envie d'éveiller déjà les consciences. Notamment quand tu es un privilégié. tu te trouves du bon côté. Donc, ta réalité n'est pas la même que les gens qui se trouvent dans la précarité. Tu es né dans la bonne famille, dans le bon cadre, dans le bon pays. Donc, les questions de guerre, de famine, d'éducation, c'est des choses qui ne t'interpellent pas, en fait. Et à travers le signe noir, ce que je voulais, c'était faire un wake-up call. Le signe noir, c'est avant tout un appel à avoir au-delà des apparences. Et aussi une invitation à s'intéresser à ton voisin, aux autres. Par exemple, quand tu es un privilégié, tu as souvent le pouvoir sur la vie d'une personne. Quand il y a une personne qui se présente à toi pour un entretien ou pour un appartement et que tu n'aimes pas forcément sa morphologie, son accent, tu vas automatiquement lui coller une étiquette. Tu vas lui fermer une porte au nez, sans forcément te projeter en elle et te demander qu'est-ce que cette personne a vécu dans sa vie pour se tenir là, aujourd'hui, en face de toi ? Et lorsque tu es un privilégié, tu te dois de te poser ce genre de questions avant de refuser une porte. Un peu d'empathie, d'intelligence émotionnelle. Que tout le monde ne ferait pas de mal.

  • Speaker #1

    Ok. Donc ça, c'est ce qui t'a poussé à écrire ce livre et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours... J'ai voulu écrire mon histoire, même étant plus jeune. Parce que quand on connaît un peu ma vie, on sait que j'ai eu une enfance pas forcément facile, mais je ne me suis jamais plein de ça. Et pour moi, c'était important de transmettre mon vécu, parce que je me suis dit peut-être que je peux inspirer des gens, notamment des enfants qui se sentent perdus dans nos sociétés, qui ne se sentent pas compris. par leur famille, j'avais envie de leur offrir une porte d'issue. Même si tu viens d'un milieu défavorisé, tu t'es agrandi dans des quartiers, tu peux quand même t'élever dans la société. Mais c'est une question de motivation, d'audace. Tu as la chance d'être née en France et d'avoir accès à l'éducation, à la culture. gratuitement. Ça, on l'oublie. Mais dans d'autres pays, c'est pas du tout acquis, l'éducation, notamment aux Etats-Unis. Donc, tu peux t'émanciper. Et parfois, ton environnement, ta famille, ça peut être un frein à ton épanouissement. C'est à toi aussi de faire la part des choses et de te faire violence, en fait. Il y a toujours une pente d'issue.

  • Speaker #1

    Et est-ce que justement l'écriture, elle a été pour toi une forme de libération, de thérapie, ou plutôt une manière de transmettre et d'éveiller les consciences ?

  • Speaker #0

    Comme on l'a dit, transmettre, éveiller les consciences, oui. Et une forme de thérapie aussi, parce que je me suis aussi replongée dans mon enfance, dans des traumas, même si j'ai fait un travail sans moi, dans des souvenirs douloureux. Et l'écriture, tout le processus, ça a été aussi un moyen de... De guérir de l'intérieur, ouais.

  • Speaker #1

    Comment t'as trouvé l'équilibre entre, tu vois, raconter ton vécu personnel et en faire un récit universel qui parle de ta vie aussi, et qui pourrait parler à d'autres danseurs et au grand public ?

  • Speaker #0

    L'équilibre s'est fait naturellement parce que dans Le Signe Noir, j'aborde des problématiques, des sujets universels. Tout le monde peut s'identifier. Violence familiale. Injustice sociale, inégalité, violence conjugale. Donc la femme qui se fait violenter peut s'identifier. L'enfant issu d'un métissage qui ne se reconnaît pas forcément dans l'éducation de ses parents peut s'identifier. À l'inverse, une jeune fille qui a envie de croquer la vie à plein de dents, mais qui sent que sa famille peut être aussi parfois un fardeau, peut s'identifier. Donc oui. pour moi ça s'est fait naturellement cet équilibre,

  • Speaker #1

    j'ai pas cherché à comprendre et c'était difficile pour toi d'accepter de t'exposer ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    oui ça a été difficile pour moi de m'exposer parce que quand tu t'exposes tu laisses aussi la place aux critiques mais ce qui a été le plus difficile c'est dans l'écriture de trouver les mots justes parce que je voulais que mon message soit puissant Fort, sans détour, sincère, mais sans violence, sans haine, sans forcément blâmer les gens, mon entourage.

  • Speaker #1

    Sans chercher la vengeance ou quoi que ce soit.

  • Speaker #0

    C'est ça, pas du tout, c'était pas ça le but. Mais je me suis vraiment dit que si je pouvais inspirer une personne, ne serait-ce qu'un enfant, qui a une vie difficile, ça valait le coup de le faire.

  • Speaker #1

    T'as eu des retours sur ça de lecteurs qui se sont... Retrouver dans ces problématiques entre guillemets sociales d'argent même au niveau de tout ce qui est j'ai pas envie de spoiler le livre mais tout ce qui est au niveau de la DAS etc de toutes les structures sociales quand t'es en foyer est-ce que t'as eu des retours aussi sur ça de personnes qui sont peut-être venues te demander conseils oui

  • Speaker #0

    alors beaucoup de retours beaucoup de retours surtout sur Instagram voilà Donc, des gens qui ont été touchés par mon livre, qui trouvaient que j'étais très courageuse. Alors, moi, ça me fait toujours plaisir d'avoir ce genre de message, mais pour moi, c'est la base. Tu vois, si tu ne te bats pas pour ta famille, si tu ne te bats pas pour ta vie, pour qui tu vas te battre ? Des questions aussi, notamment sur le milieu... des auditions, beaucoup de mamans. C'est beaucoup de mamans qui m'ont écrit, qui se sont reconnues à travers l'histoire de ma mère, des sacrifices financiers que tu dois faire pour accompagner ton enfant dans son rêve. Des gens aussi qui ont eu des enfances difficiles, sans forcément me dire qu'ils avaient fait la DAS, mais j'ai compris. Des conseils aussi. Que des retours positifs. Ça m'a vraiment touchée. Et aussi émue, bien évidemment. Et ça m'a encore plus confortée dans cette idée que j'ai bien fait d'écrire ce livre, parce que se dévoiler, ce n'est pas facile. Et surtout qu'une partie de ma famille était contre l'écriture de ce livre. Donc j'ai vraiment dû aller au-delà du jugement.

  • Speaker #1

    Tu as changé certains noms ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les noms de mes frères et sœurs, de ma mère. Des gens que j'évoque dans le milieu du palais, j'ai changé. Ok.

  • Speaker #1

    C'était la question que je me posais.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce que c'est facile aussi de... Tu vas sur Instagram, tu retrouves les gens facilement. Donc tu sais jamais aussi...

  • Speaker #1

    C'est une manière de protéger aussi tes proches et toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Moi, maintenant, je suis assez exposée médiatiquement.

  • Speaker #1

    Si tu devais résumer ce livre... Enfin, pardon. Si tu devais résumer en un message clé ce que tu aimerais que les lecteurs retiennent de ton livre, quel serait-il ?

  • Speaker #0

    Résilience, c'est juste le mot clé. Mon histoire, c'est de la résilience. C'est aussi ne jamais prendre les choses pour acquises, toujours viser l'excellence, mais toujours se donner les moyens aussi d'y arriver. Et je le disais auparavant, mais quand tu as un rêve, il ne faut pas trop réfléchir. Parce que si tu réfléchis trop... tu risques de ne pas le réaliser, fonce si tu as un objectif, un rêve, fonce et après tu réfléchis c'est ça que tu as mis comme stratégie c'est ça que tu dis alors attends qu'est-ce que je fais non mais en fait j'ai toujours été comme ça j'ai toujours été comme ça dès mon plus jeune âge je réfléchis pas trop j'ai envie de faire un truc, je le fais et après je réfléchis ça a été comme ça tout au long de ma carrière et ça m'a beaucoup aidé ça a été comme ça pour le livre et je pense que je continuerai à être comme ça Jusqu'à la fin.

  • Speaker #1

    Mais en vrai, c'est une bonne manière de penser. Parce que quand tu es un peu trop dans le syndrome de l'imposteur, où tu te sens illégitime, et tu as toutes ces questions de légitimité qui arrivent parce que tu réfléchis trop, ça peut effectivement bloquer.

  • Speaker #0

    Oui, et puis surtout, quand tu commences à trop écouter les gens. Alors, les gens, tu ne leur demandes absolument rien. Mais je ne sais pas pourquoi, ils te donnent leur avis gratuitement. Et surtout la famille. Et quand c'est tes parents qui essayent de te mettre des choses dans la tête, pas tu auras tendance à écouter tes parents. Alors que moi, c'était pas du tout

  • Speaker #1

    ça rentrait dans une oreille et ça ressortait de l'autre ça fonctionnait les avis non consentis je dirais de la part de personnes qui ne sont pas dans le milieu et qui ne savent pas ce que c'est mais des fois quand tu as des avis aussi de personnes qui sont dans le milieu tu te dis bon, est-ce que c'est il y a de la jalousie ou est-ce que c'est une bonne intention derrière pour m'aider parce que la personne a de l'expérience tu sais dans les milieux compétitifs il faut toujours se méfier des gens

  • Speaker #0

    Après, moi, j'ai appris à mes dépens, enfin, à mes dépens, non, c'est pas à mes dépens, j'ai appris toute seule que les amitiés existent dans ces milieux. Les ? Les amitiés. Ah oui, les amitiés. Les amitiés existent. Moi, je me suis vraiment faite des amies à vie. Parce que, justement, tu partages ce même rêve, tu partages les difficultés. Moi qui ne voulais pas finir avec un danseur, mon mari actuellement est un danseur. Parce qu'on se comprend. On n'a pas besoin de s'expliquer. il connait euh euh les difficultés du métier. Donc, c'est facile, en fait. Et c'est vrai que quand tu lis du lien avec les gens du milieu, c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, je te disais dans ton livre qu'au Bolshoi, tu avais rencontré trois filles. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai, tu as le bonheur. Oui,

  • Speaker #1

    attends, j'ai lu le livre et que ça a été...

  • Speaker #0

    Des coups de cœur.

  • Speaker #1

    Des coups de cœur et que tu mettais que vous vous retrouverez un jour. À

  • Speaker #0

    Manac, la guerre en Russie, c'est un peu compliqué. Mais avant, on essayait de se voir tous les deux ans. en Europe parce que pour la plupart, ils ont intégré le Bolshoï ou le Michalowski qui est un ballet à Saint-Pétersbourg. Donc c'est des grosses compagnies qui font beaucoup de tournées chaque année en Europe. Donc on essaie de se rejoindre soit à Barcelone, soit à Paris, soit à Londres. Donc on a fait ça pendant des années. Là, maintenant avec la guerre, c'est pas plus compliqué.

  • Speaker #1

    Après, il y a toujours moyen de garder contact avec les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Alors, eux, ils ont contact. Ils n'ont pas Instagram ou Facebook. Et puis, voilà, il faut vraiment être la guerre, c'est difficile. Parce que forcément, quand tu es engagée, je suis une personne quand même engagée, j'ai mon avis, elle aussi. Il y a eu quelques frictions, rien de grave. Mais voilà, ça peut être difficile dans le contexte guerre,

  • Speaker #1

    tu vois. Pour revenir sur le livre, comment t'aimerais que ce livre soit utilisé ? Comme un témoignage individuel, comme un outil de réflexion dans les écoles de danse ? Ou comme un manifeste pour le changement, ou les trois en même temps, ou autre chose ?

  • Speaker #0

    Les trois ? Je n'ai pas eu de mission claire. Je l'ai écrit vraiment pour inspirer les gens. Et pour questionner les privilégiés aussi. Mais si une personne lit ce livre et elle se dit « Oh, ok, un professeur, je ne sais pas, qui dit « Oh, j'aimerais bien éduquer mes élèves grâce à ce livre. » Go, en fait, ça peut être aussi un outil éducatif. L'important, c'est qu'il soit bien utilisé et qu'il continue d'inspirer.

  • Speaker #1

    Tu fais des interventions en école de danse avec le livre ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Des conférences, des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Des conférences, oui. Mais pas autour du livre. Je donne des conférences dans le cadre de la diversité. Sujet diversité, égalité des chances, inclusion. Mais c'est surtout des entreprises américaines qui ont fait appel à moi. Donc, entreprises françaises, je n'ai pas encore eu l'opportunité de donner des conférences.

  • Speaker #1

    C'est des personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Non, mais ça va en fait. Si, c'est très... Tu sais, d'avoir des cellules réservées à la diversité, c'est très américain. En France, ça s'appelle du RSE. En France, ça commence à se développer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose sur ce livre avant de passer au côté pédagogique ?

  • Speaker #0

    Je pense que tes questions ont été très deep, très claires.

  • Speaker #1

    Que je n'ai rien oublié.

  • Speaker #0

    Oui, achetez le livre.

  • Speaker #1

    Évidemment. Où est-ce qu'on peut l'acheter d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    Partout. Fnac, Amazon, en ligne. Vraiment partout.

  • Speaker #1

    Et on peut l'acheter via ton... Je crois que je suis allée là d'ailleurs. T'as un site sur ta biographie d'Instagram ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai le lien de ma méthode d'édition. Mais vraiment, tu peux l'acheter n'importe où. Ok,

  • Speaker #1

    je le remontre une dernière fois. Je vais passer du coup au côté pédagogie, parce qu'après la danse, la scène, le côté artiste, t'es passée plus dans la pédagogie. Pourquoi en fait t'as voulu... Toujours la transmission.

  • Speaker #0

    La transmission,

  • Speaker #1

    oui. c'est le lien, mais du coup quelle place t'accordes aujourd'hui à la pédagogie et à la transmission dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Alors la pédagogie a une place centrale dans ma vie actuellement parce que j'enseigne et aussi parce que j'ai créé mon studio en ligne de Ballstep et c'est vrai que depuis que je suis passée de l'autre côté je m'en rends compte, j'en avais déjà conscience, mais j'ai doublement conscience de ma responsabilité en tant que professeur, parce que ce que je transmets, ce n'est pas juste une technique ou une discipline, j'ai des trajectoires de vie dans mes mains. Et tout au long de ma carrière, je suis tombée sur des maîtres de ballet, des répétiteurs qui étaient investis, mais d'autres où tu te posais vraiment la question, est-ce que tu te rends compte que tu as des carrières entre tes mains en fait ? Et ne serait-ce qu'un choix, un geste, une parole peut radicalement éloigner affecter le mindset d'un danseur d'un point de vue positif mais aussi négatif. Donc je dirais qu'aujourd'hui, j'ai une approche très holistique, réelle, humaine dans ma pédagogie. Je coache. toutes sortes de personnes, tu vois, du petit réel opéra de Paris à la personne âgée de 73 ans. Et oui, j'ai une élève qui a 73 ans, c'est lui que j'adore. À la femme active, à la maman postpartum aussi.

  • Speaker #1

    Aux danseurs amateurs.

  • Speaker #0

    Aux danseurs amateurs. Alors attends, est-ce que j'ai des danseurs amateurs ? Je n'ai pas de danseurs amateurs. J'ai des danseurs en devenir, mais pas de danseurs amateurs. mais je suis ouverte à tout et euh euh Pour moi, c'est important en tant que professeur d'élever l'autre et aussi de faire en sorte que mon élève atteigne ses objectifs. Je suis pleinement investie. Et ça, ça passe aussi par le mindset. Parce que souvent, les personnes, elles se créent elles-mêmes des barrières dans leur tête. Elles se disent, je ne suis pas capable de faire ça. La danse classique, ce n'est pas fait pour moi parce que je suis une adulte, parce que je suis trop vieille. Non, non, non. La danse classique, c'est fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Complètement d'accord. Je reviens sur ton côté approche holistique. parce que du coup, dans... tu ne veux pas reproduire ce que tu as pu vivre aussi dans ta carrière. Merci. De parfois, ce côté où on nous fait croire qu'il faut être très très dur avec le danseur ou l'étudiant ou la personne qui se forme parce que ça va lui donner justement envie de se surpasser.

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, c'est marrant que tu me parles de ça parce que j'ai fait une vidéo sur Bollesep il y a, je crois, la semaine dernière. Tu l'as vue ou pas du tout ? Je crois que je ne l'ai pas vue.

  • Speaker #1

    C'est vraiment du hasard.

  • Speaker #0

    C'est ok ? Oui. elle s'appelle no pain no gain à l'américaine tu vois cette idée que tu dois souffrir pour montrer que t'as travaillé mais c'est complètement erroné en fait et je trouve au final c'est très américain de penser comme ça donc alors

  • Speaker #1

    pardon j'ai oublié ta question c'était le côté où tu sais on nous pousse un peu à aller enfin même jusqu'à des propos parfois pas très valorisants pour te dire en fait de... C'est ça qui va t'élever et qui va te donner envie de te surpasser ?

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Ça va plus... C'est contre-productif. Ça va plus inciter la personne à douter, à se dire, je ne suis pas faite pour ça, je suis nulle. Elle va se rabaisser et on ne veut pas ça, en fait. L'objectif, c'est de propulser une personne vers l'eau, qu'elle veuille en faire son métier ou pas. Et si j'ai fait ça, si je vois que la personne, que mon élève progresse en plus de ça, Elle se sent bien. Alors là, je trouve que j'ai tout gagné.

  • Speaker #1

    Pourquoi Bold Step ? C'est quoi ce nom ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas capté le Bold Step ?

  • Speaker #1

    Si ! Oui,

  • Speaker #0

    tu as capté. En fait, c'est deux mots. Bold qui veut dire audace. Donc moi, je pense qu'il faut être audacieux dans sa vie pour réussir, pour avancer. Il faut s'accomplir. C'est un peu ma philosophie. Il faut être audacieux pour faire du ballet et surtout quand tu es amateur et que tu décides de commencer à 40 ans. Et step, pas de danse mais aussi pas dans la vie, avancer, progresser. Donc je trouvais que bold step c'était assez représentatif. Ouais, de ma personne, en fait, tout simplement. J'aime les gens audacieux, j'adore ça.

  • Speaker #1

    Je pense que j'avais bien compris. Mais il faut, c'est ce que tu disais, à un moment donné,

  • Speaker #0

    quand tu veux aller quelque part, il faut te donner les moyens. C'est ça, et puis surtout, je ne sais pas si c'est le cas pour toi, mais dans mon entourage, j'ai tellement de gens qui sont frustrés. Mon entourage ne me suit plus maintenant parce que j'ai fait le ménage, mais j'avais tellement de gens qui étaient frustrés. Et souvent, les gens qui sont frustrés, c'est des gens qui donnent leur avis, tu vois. Et ils sont ultra négatifs, tu vois. Et d'où l'importance aussi de s'entourer des bonnes personnes, parce que si tu t'entoures de personnes bienveillantes, positives, tu ne peux que progresser. Et la plupart des gens, c'est des gens qui avaient des rêves, mais qu'ils avaient trop peur de les réaliser, qu'ils ont choisi la petite vie rangée avec leur CDI, leur... 2500 euros chaque mois qui tombent sur leur compte. C'est un choix de vie, ça convient à beaucoup de gens, mais ce n'est pas fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Comme la freelancing,

  • Speaker #0

    comme l'entrepreneuriat Voilà exactement, c'est parfait pour tout le monde Mais après ne t'étonne pas d'être frustrée Si tu t'es pas réalisée

  • Speaker #1

    Je reviens sur ça, on dit qu'on est la moyenne ou la somme des 5 personnes qui nous entourent Ah mais tu sais que c'est vrai

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est vrai Et on va prendre un exemple Tout bête, mais si demain T'as un rêve de devenir millionnaire Le rêve, tu deviens millionnaire Si tu traînes qu'avec des millionnaires Tu vas commencer à penser comme eux Donc tu auras plus de chances de devenir millionnaire. A l'inverse que si tu traînes avec des gens qui sont dans la précarité mais aussi qui pensent comme des pauvres, tu vas rester pauvre. C'est pareil dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Parce que la richesse, elle n'est pas que financière, elle est aussi dans l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Dans l'état d'esprit. Donc si tu es avec des gens inspirants, qui t'élèvent, qui te motivent, tu ne peux que progresser. Alors je vais... Encore complimenter mon mari. Eh oui. Mais c'est ce que j'ai trouvé avec lui. Tu vois. Je n'ai pas l'impression de regarder derrière. De me dire, est-ce qu'il a la traîne ? Non, j'ai vraiment mon égal. Et c'est pour ça aussi qu'on a une relation très fusionnelle. Parce que je le pousse vers le haut et il me pousse vers le haut. On peut dire qui c'est ou pas ? Bien sûr, on peut dire ça, c'est qui ?

  • Speaker #1

    Parce que comme j'ai fait un épisode avec lui... Oui,

  • Speaker #0

    d'ailleurs c'est lui qui m'a conseillé de faire l'épisode avec toi.

  • Speaker #1

    C'est Jérémy Parent, et je vous invite également à aller écouter l'épisode qui est sorti il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Hier, non ?

  • Speaker #1

    Qui est sorti hier, mais alors quand cet épisode-là sortira, du coup ça fera un petit gap de deux semaines. Mais voilà, ne pas hésiter peut-être aussi à aller écouter les deux pour comprendre un peu le mindset de chacun.

  • Speaker #0

    qui est génial aussi et on est complètement différents en termes de personnalité, de style de danse aussi de danse oui,

  • Speaker #1

    on va pas se foiler vous irez écouter c'est l'épisode 70 si je dis pas de bêtises quels sont les objectifs justement que tu souhaites atteindre avec Ballstep on en a un peu parlé mais si on peut peut-être j'aimerais

  • Speaker #0

    à terme que Ballstep s'invite dans chaque foyer c'est un peu ambitieux Merci. Grâce à ma plateforme en ligne.

  • Speaker #1

    Tu es pas audace alors. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Non, alors oui, ça serait l'une des missions, mais aussi justement de rendre la pratique du ballet plus accessible, tu vois. Parce que, comme on le disait auparavant, c'est un art, mais c'est aussi un sport de haut niveau. Cette discipline est exigeante, éprouvante, mais très structurante et elle a des bienfaits inestimables tant sur le corps que sur l'esprit. Et quand tu parles aux femmes, parce que les hommes, dès que tu leur parles de ballet, ils ne se sentent pas forcément concernés, dans l'imaginaire collectif, elles se disent « non, mais le ballet, ce n'est pas fait pour moi, je suis trop vieille, je ne suis pas assez gracieuse, je ne suis pas assez fine » et tout ça. Et l'idée avec Ball Step, c'était vraiment de casser ces barrières. de créer une méthode qui soit accessible pour tous les corps, pour tous les âges. Moi, par exemple, je suis en plein postpartum là maintenant, et je fais mon petit bolstèp trois fois par semaine. Et aussi, d'offrir aux gens cette opportunité de se réconcilier avec leur corps, mais sans le côté performance, tu vois. Parce qu'il y a beaucoup de femmes qui n'aiment pas leur corps. ça me paraît fou parce que je pense que chaque femme est belle et si grâce à travers le mouvement elles peuvent regagner confiance en elles, du coup j'ai tout gagné et aussi pour répondre à ta question précédente oui c'est inviter Borsalem dans chaque foyer de développer la méthode aussi dans des écoles de danse dans le monde de la danse classique ce que je suis déjà en train de faire parce que en tant que danseuse classique Merci. Tu te dois aussi de faire du rang fou à côté. Et c'est vrai que BOLSTEP, ça s'est adapté aussi aux danseurs. Et oui, de développer aussi dans des entreprises, éventuellement, tu sais, les cours collectifs et tout ça. Et d'enseigner ma méthode un peu worldwide à travers des danseuses classiques. Et d'ailleurs, c'est ce que je fais déjà. Ma méthode, elle est enseignée dans plusieurs hôtels. Donc j'ai des ambassadrices, des hôtels de luxe, notamment La Réserve, Le Four Seasons.

  • Speaker #1

    À Paris ?

  • Speaker #0

    Non, à Genève.

  • Speaker #1

    Ah oui, à Genève, oui, oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. À Paris, le Royal Monceau. Donc, c'est des choses qui sont en train de se mettre en place. Et je suis plutôt satisfaite de l'attendre que les choses sont en train de prendre, quoi.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Bah, j'essaye, tu vois. Alors, je suis partout, hein. Vraiment, on pose par Tom, j'allais... Je suis partout. J'appelle les hôtels, je crée du cantonnisme, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Surtout en postpartum. Je lui ai dit tout à l'heure, tu fais quoi en ce moment un peu ? Elle me dit, là, en postpartum. Je dis, d'accord, oui, c'est vrai que ça devient un métier quand tu vis un moment.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et pour revenir à Boldstep, tu es dans les hôtels, dans des institutions. Est-ce qu'en ligne aussi, donc on te retrouve ?

  • Speaker #0

    Surtout en ligne. Tu as un site,

  • Speaker #1

    je sais que c'est sur Instagram qu'il y est.

  • Speaker #0

    Oui, c'est boldstep.fr d'ailleurs. Donc je propose des... cours en ligne de ma méthode, mais aussi d'autres disciplines, ballet, renfort musculaire, abdos, mais là-bas, ça reste quand même le mouvement et le ballet. Donc, c'est des petits formats de 10-20 minutes pour faire à la maison. Et c'est très sympa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Chloé pour cet épisode. On arrive bientôt à la fin.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Quels sont tes projets futurs, tes aspirations artistiques et humaines pour les années à venir ? On a parlé de Bold Step.

  • Speaker #0

    Oui, de Bold Step, développer Bold Step à fond encore. Est-ce qu'il y a autre chose ? Travailler mon identité artistique aussi avec mon mari, parce qu'on a commencé à faire un peu de chorégraphie. Et c'est vrai qu'on a quelque chose qu'on aimerait bien développer. Je trouve qu'il y a un beau pont à faire entre nos deux entités. Lui, hip-hop, moi, ballet. Sans tomber dans le cliché, sans faire un truc à la step-up. Non, on a quand même deux carrières intéressantes. Et je pense qu'on a beaucoup de choses à dire à travers le mouvement.

  • Speaker #1

    Et puis step-up, il faut remettre dans un contexte, c'était il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est les gens, dès qu'ils pensent ballet, danse, hip-hop, ils se disent step-up, c'est la référence.

  • Speaker #1

    Ok, donc développer la chorégraphie, l'identité artistique, ball-step.

  • Speaker #0

    Voilà, et traduire mon livre aussi. À l'étranger, ça me tient à cœur.

  • Speaker #1

    Que je vous invite à lire, parce qu'il est disponible en langue française.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais réinventer le ballet du futur, sans forcément des naturels arts, bien sûr, à quoi il ressemblerait, selon toi ?

  • Speaker #0

    Un ballet avec de la diversité, déjà. Et quand je dis diversité, c'est de la diversité ethnique et diversité au niveau corporel aussi. Il ne s'agit pas là de prendre des personnes... Enrobés, même si je n'aime pas trop ce terme, parce que c'est vrai que quand tu as des kilos en trop, tu es limité techniquement parce que tu dois aller sur pointe en fait. Et du coup tes metatarses ne peuvent pas forcément supporter tout ton poids du corps. C'est pour ça aussi que tu vois que les danseuses sont très fines, ce n'est pas juste une question d'esthétisme, c'est aussi une question de technique. Même pour les porter tout ça, tu as vu les prises techniques qu'on fait. Si la fille est plutôt lourde, c'est difficile aussi pour le mec. Mais c'est vrai que j'aimerais bien avoir plus de diversité corporelle. Et aussi, la diversité, ça passe aussi dans la programmation. Donc garder les ballets classiques, mais aussi parler de vrais sujets de société. Ça peut être la religion, ça peut être le féminisme, ça peut être la guerre, qu'importe. je pense qu'à travers le mouvement tu peux dire beaucoup de choses et surtout la danse classique et la danse de manière plus générale c'est un langage que tout le monde comprend et qui du coup fédère et règne voilà je dirais ça complètement en

  • Speaker #1

    regardant en arrière quel moment de ta carrière de ta vie te rend la plus fière et pourquoi ?

  • Speaker #0

    quand j'ai intégré le Bolshoi parce que Je me souviens quand j'avais dit à mon professeur, je veux intégrer le Bolshoï. Elle m'avait fait des yeux ronds. Elle m'avait dit, oui, mais t'es très bien, mais pour la France, le Bolshoï, déjà t'es trop petite. Pourquoi y prendre une française ? Quand j'ai été prise dans cette école, j'étais tellement fière de moi. Et aussi, on n'en a pas parlé, mais j'ai vécu un drame familial quand j'étais plus jeune. Et du jour au lendemain, j'ai dû m'occuper de ma fratrie. et ça, ça m'a demandé... beaucoup d'énergie, d'être très courageuse. J'ai beaucoup douté, je me suis vraiment dit que je n'allais pas réussir en fait. Et maintenant avec du recul, j'ai 34 ans et en plus de ça je suis mère, je me rends compte de tout ce que j'ai accompli, de tout ce que j'ai fait pour ma famille. Et ça, ça me rend fière, ça me rend fière de moi. Voilà.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur quelque chose que tu as dit sur ta taille. Est-ce que tu serais ok de donner ta taille et de donner les tailles qui sont, on va dire...

  • Speaker #0

    normal,

  • Speaker #1

    standard quand tu veux intégrer des balais ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense aussi que le balai, les critères ont quand même évolué, mais c'est vrai que moi je me dis 1m60 et à l'époque, en France, on te disait que tu étais petite, 1m60, la moyenne, etc. 1m65, et d'ailleurs, certaines compagnies, je me souviens j'avais fait des auditions pour le balai de Bordeaux, ils te disaient que la taille minimum pour une fille c'était de 1m65. Bolshoï, la moyenne, je crois qu'elles font 1m70 les filles. Parce qu'après, quand tu vas sur pointe, tu prends automatiquement 10 cm. Donc tu peux pas être trop grande pour le... Pour l'homme, tu ne peux pas être trop petite. Et pourtant, ça ne m'a jamais empêché de rentrer au bolcheuil, d'évoluer au sein de grandes compagnies. Donc, il y a des critères physiques. Mais finalement, si le directeur a un coup de cœur pour toi, tu peux quand même faire ta carrière, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais il y a beaucoup de...

  • Speaker #0

    Oui, c'est très... Comme je te dis, c'est très codifié, mais après, tu as la réalité. Il y a des danseuses étoiles qui sont très petites. Je pense notamment à Alina Kojokaru, Tamara Roro, qui ont fait des carrières exceptionnelles.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais même au-delà de la danse classique, dans le milieu commercial.

  • Speaker #0

    Ils veulent des grandes ?

  • Speaker #1

    Non, c'est juste que ça évolue en termes de taille. Après, oui, tu as des milieux comme le cabaret.

  • Speaker #0

    Ils veulent quand même des grandes.

  • Speaker #1

    Ils veulent des grandes et je pense que ça n'a pas trop bougé. En même temps, est-ce que ce n'est pas... Bien aussi d'avoir des identités dans chaque style de danse.

  • Speaker #0

    Du coup, on revient toujours au même sujet, diversité, inclusion. Et moi, je trouve que c'est tellement intéressant d'avoir différents types de personnes dans une compagnie parce que ça apporte une richesse. T'imagines, tu as une asiatique à côté d'une personne noire, à côté d'une personne indienne, qu'importe, et elles font la même chorégraphie. Mais moi, je trouve ça incroyable. C'est ça la beauté de la danse. C'est mon avis.

  • Speaker #1

    Merci Chloé. Est-ce que tu aurais un dernier message pour clôturer cet épisode qui n'a pas forcément un lien avec l'épisode ou quelque chose que tu aimerais dire ?

  • Speaker #0

    Je le dis, je répéterai jamais assez. On n'a qu'une vie. Alors Carpe Diem ? Non mais Carpe Diem, pas forcément faites la fête, buvez, droguez-vous, pas du tout. Plutôt vivez-la pleinement. Et je vais le rabâcher. Ça passe par l'accomplissement de soi, vraiment. Et aussi en tant que danseuse ou autre, tu n'es pas obligé de te cantonner à un métier. Tu peux être danseuse, écrivaine, auto-entrepreneuse, styliste,

  • Speaker #1

    qu'importe.

  • Speaker #0

    La vie est trop courte, donc autant tester différentes choses sans forcément s'éparpiller. C'est ça que je suis en train de dire, parce que des fois, moi, je m'éparpille. Voilà, vis ta vie pleinement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Yes, merci beaucoup Chloé.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Pour ton temps, pour ton partage, pour la richesse de ton expérience de vie. Encore une fois, je vous invite à lire le livre qu'on a un petit peu spoilé.

  • Speaker #0

    Un petit peu.

  • Speaker #1

    Un petit peu, on a quasiment rien dit de tout ce qu'il y avait dedans. Et voilà, merci beaucoup Chloé. Merci à toi. Si vous avez aimé l'épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser une note et un commentaire sur Spotify et Apple Podcasts et évidemment allez vous abonner sur les réseaux sociaux de Chloé, je mettrai tout dans la biographie de l'épisode, la description et voilà, je vous souhaite une belle journée, une bonne soirée à bientôt, ciao ciao

Chapters

  • Parcours et inspirations

    02:57

  • Choix artistiques et carrière

    11:00

  • Rester aligné avec ses valeurs

    15:37

  • Changements positifs et défis à venir dans le ballet

    20:29

  • Représentation

    27:30

  • Son livre Le Cygne Noir et retombées

    31:00

  • Boldstep : pédagogie et transmission

    44:46

  • Projets futurs et fierté

    55:54

  • Message final

    01:01:33

Description

🩰 Chloé Lopes Gomes - Danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse.


Formée à l’Académie du Bolchoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjart Ballet, l’Opéra de Nice ou encore le Staatsballett de Berlin.


Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels : la diversité, l’inclusion et l’identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd’hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique.


Nous évoquons ensemble son livre Le Cygne noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l’émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet BOLDSTEP, une initiative dédiée à l’enseignement, à l’empowerment et à l’innovation dans la danse.


Un échange qui questionne l’avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d’une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante.


📝 Chapitres :

02:57 - Parcours et inspirations

11:00 - Choix artistiques et carrière

15:37 - Rester aligné avec ses valeurs

20:29 - Changements positifs et défis à venir dans le ballet

27:30 - Représentation

31:00 - Son livre Le Cygne Noir et retombées

44:46 - Boldstep : pédagogie et transmission

55:54 - Projets futurs et fierté

01:01:33 - Message final



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[Cet épisode a été enregistré le 20 août 2025]


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, ne jamais prendre les choses pour acquises. Toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment c'est le talent. Donc on regardait mes proportions, mon coup de pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc le bolcher, ça a paru comme une évidence, mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Ce qui va faire la différence, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu, c'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement. Dans le ballet, il y a une omerta. Tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Contraire à vie, ça veut dire que si tu commets des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Ouais, big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans DanceLab, le podcast dynamique et éducatif où la passion de la danse rencontre le monde de l'entrepreneuriat, du bien-être, de la santé mentale et bien plus encore. Des conseils, des histoires, des conversations captivantes avec des experts et des personnalités où recommandations et partages d'expériences enrichissent le quotidien des danseurs et pas que. Je suis Maywen Bramoulé, danseuse professionnelle aux multicasquettes, passionnée de danse depuis toute petite, ayant pour objectif de lever les voiles sur les fantasmes et les clichés du métier, en vous partageant toutes les facettes, les difficultés, les richesses et les challenges que ce métier comporte. Si cet épisode t'a plu, n'hésite pas à le partager autour de toi, à me laisser une note et un commentaire sur Spotify ou Apple Podcast, et si tu souhaites participer au podcast, écris-moi ! Aujourd'hui j'accueille Chloé Lopez-Gomez, danseuse classique, écrivaine et entrepreneuse. Formée à l'Académie du Bolshoï de Moscou, elle a évolué dans des compagnies prestigieuses comme le Béjar Ballet, l'Opéra de Nice ou encore le Stadtballett de Berlin. Au-delà de son parcours de danseuse, Chloé est devenue une voix incontournable sur des sujets essentiels, la diversité, l'inclusion et l'identité dans le monde du ballet, un milieu encore trop marqué par des codes élitistes. Elle partage aujourd'hui son expérience et ses convictions pour inspirer les nouvelles générations et contribuer à transformer le paysage de la danse classique. Nous évoquons ensemble son livre Le Signe Noir, où elle raconte son histoire et livre un message fort sur la résilience, la représentation et l'émancipation. Chloé nous parle aussi de son projet Bold Step, une initiative dédiée à l'enseignement, à l'empowerment et à l'innovation dans la danse. Un échange qui questionne l'avenir du ballet et ouvre des perspectives nouvelles pour celles et ceux qui rêvent d'une danse plus ouverte, plus juste et plus vivante. Salut Chloé !

  • Speaker #0

    Salut Maouen !

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast.

  • Speaker #0

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci de m'offrir de ton temps, parce que je sais que tu as un petit planning un petit peu chargé en ce moment. Donc, merci pour ça. Peux-tu nous parler de ton parcours ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers la danse classique ?

  • Speaker #0

    Alors, tout a commencé le jour de mon anniversaire, à l'âge de mes 8 ans. Pour mon anniversaire, ma mère m'a menée voir le lac des Cines pour la première fois, à l'Acropolis de Nice. Et c'était la première fois que je voyais un ballet. Donc tout de suite, j'ai été subjuguée par les corps, par l'histoire du lac des Cines, la scène, les décors, le maquillage. J'étais émerveillée. Et à ce moment-là, j'ai su que c'était ma vocation. Ça paraît fou parce que j'étais encore toute petite, mais j'ai dit à ma maman, j'ai vraiment envie de faire de la danse classique. Quelques semaines après, je prenais mon petit. mon premier cours de danse dans une petite école privée. Et six mois après, j'intégrais le conservatoire de Nice.

  • Speaker #1

    Wow.

  • Speaker #0

    Alors, j'avais huit ans. Quand t'as huit ans, c'est beaucoup plus facile.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus facile, mais t'avais pas pris de cours de danse classique avant ?

  • Speaker #0

    Non, mais toi-même qui as fait de la danse classique, tu sais que lorsqu'on est jeune, ce qui compte vraiment, c'est le talent. Donc, on regardait mes... proportion, mon coup de pied qui est l'arc qui est prononcé sur le pied, si j'avais des longues jambes, des longs bras. Donc, apparemment, j'avais tout ce qu'il fallait pour être une bonne ballerine. Et puis, la technique vient après, au fur et à mesure que tu évolues dans ce domaine. Donc, je suis restée quatre ans au conservatoire de Nice. Puis... j'ai intégré l'école nationale supérieure de danse de Marseille à l'âge de 11 ans et demi. S'en est suivi ma sœur, Chéryl, qui a commencé à faire de la danse classique. Et puis mon frère Isaac. Donc Isaac qui est actuellement à l'Opéra de Paris. On est aussi resté 4 ans à Marseille. Et puis j'ai senti à l'âge de 14 ans que je n'arrivais plus à évoluer. que j'avais atteint mon plein potentiel et que Si je voulais vraiment faire mon métier, il fallait que j'intègre une plus grande école de danse. Donc j'ai fait plusieurs auditions, notamment l'école de danse de l'Opéra de Paris, le Royal Ballet School et le Bolshoi. Je n'ai pas été prise à l'Opéra de Paris. En revanche, j'ai été prise au Royal Ballet School et au Bolshoi. Et vu que le Royal Ballet School, c'était extrêmement cher pour ma mère. C'est Londres. Oui, c'est Londres. et c'est 30... 5 000 pounds l'année avec l'internat. Ça,

  • Speaker #1

    c'était à l'époque ?

  • Speaker #0

    Ça, c'était à l'époque. Alors là, maintenant, je ne sais pas à combien c'est. Mais il fallait que je reste au moins 3 ans. Donc, ça te fait à peu près 100 000 pounds. Enfin, c'était énorme comme budget, sachant que je viens d'un milieu modeste. Ma mère est femme de ménage et mon père était maçon. Donc, le bolcher, ça a paru comme une évidence parce que déjà, j'avais un vrai coup de cœur pour les ballerines russes. En plus de ça, je suis allée là-bas en tant que boursière. Mais c'était quand même budget parce que mes parents devaient payer 800 euros par mois. Donc à l'époque, c'était énorme. Voilà, et j'ai fait trois ans là-bas. Au Bolchevi. Au Bolchevi, oui.

  • Speaker #1

    Très bien. Et après, donc, t'as bougé.

  • Speaker #0

    Et puis après, j'ai eu mon diplôme après trois ans. Je suis devenue danseuse professionnelle, officiellement. Et oui, je suis revenue dans ma ville natale, Nice. J'ai intégré le ballet de Nice pendant quelques mois, j'ai vécu un drame familial, j'ai repris la danse quelques années après, d'ailleurs je pense qu'on va l'évoquer, et puis oui, je suis allée ensuite au Béjar Ballet, puis au Stade Ballet de Berlin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et tu me parlais donc que c'était le lac des signes qui t'avait inspirée, est-ce qu'il y a eu d'autres figures, danseurs, chorégraphes qui t'ont inspirée dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Oui, quand j'étais plus jeune... J'étais fan, c'est le mot, fan. J'avais des posters d'elle d'ailleurs partout, de Sivigem. C'était Sivigem, parce que je trouvais que c'était une danseuse déjà magnifique physiquement, avec un physique aussi très athlétique. Et puis j'ai découvert qu'elle venait de la gym, tu vois, elle avait un côté très GRS. Mais aussi je trouvais que c'était la seule danseuse à l'époque qui était aussi incroyable en contemporain. En néoclassique que en classique parce que je l'avais vu dans Mad Sec dans Appartement et dans Foresight, Samuel Leviti. Et Foresight d'ailleurs c'est mon chorégraphe préféré avec David Dawson. Moi je les adore et d'ailleurs je me considère plus comme une danseuse néoclassique que classique. Et puis aussi même en termes de personnalité je trouvais qu'elle avait un côté rebelle. hors normes. Elle ne rentrait pas forcément dans le moule. D'ailleurs, c'est pour ça aussi qu'elle a quitté l'Opéra de Paris parce qu'elle voulait faire autre chose. Et en plus, c'est une personne engagée vis-à-vis de la cause animale. Donc, je me retrouve beaucoup aussi actuellement dans ces valeurs. Et puis, Internet est arrivé à la maison, ainsi que YouTube. Et j'avais entendu parler des ballerines russes. Donc, j'ai tapé Bolshoi Ballet. Je me souviens, j'étais très jeune. Et là, pour la première fois, je découvrais les physiques, la technique des danseuses russes. Donc vraiment, pour moi, c'était des signes sur pattes. Très longues, très souples. Et aussi, je découvrais aussi leur repertoire. Comme Flamme de Paris, Spartacus, qui sont des balais qu'on ne danse pas en France. Donc oui, ça, ça m'a beaucoup inspirée et ça a dessiné un peu ma trajectoire. J'ai su aussi qu'un jour... probablement j'intégrerai le Bolshoï. En tout cas, c'était mon rêve. Après, je ne me suis pas dit que j'allais être prise, mais c'était mon rêve. Réalisé, check. Oui, mais je ne me suis pas dit que j'allais être prise, parce qu'en plus là-bas, ils prennent très peu d'étrangères. Mais voilà, je l'avais dans mon optique. Ok,

  • Speaker #1

    et tu trouves qu'il y a vraiment une différence entre la France, la Suisse, l'Allemagne et la Russie dans les physiques de danseuses classiques ?

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, la Suisse n'est pas vraiment un bon exemple, parce que La Suisse, ils n'ont pas vraiment de technique suisse. Tu vois, tu as le ballet français qui est très opéra de Paris, très sophistiqué. Le Royal Ballet School qui est très manieré. Et la Russie, en plus la Russie a deux écoles. Il y a Bolshoï Ballet qui est à Moscou et tu as le Mariinsky qui est à Saint-Pétersbourg. On va dire que le Bolshoï, comme ça on l'indique, ça veut dire grand en russe. Donc leur danse est très grande, ils prennent toute la scène. Il y a un côté très gymnase et performance, alors que le marinski, ils sont beaucoup plus délicats, on va dire. Et en termes de physique, alors, les Russes sont très longs, très fins. Les Françaises ont quelque chose de très élégant, je dirais. Et les États-Unis, c'est des physiques très athlétiques. Voilà, on n'a pas du tout les mêmes normes. Et d'ailleurs, pendant ma période d'audition, j'ai fait plusieurs compagnies aux Etats-Unis et je me suis vraiment rendu compte que je ne correspondais pas à leurs critères physiques. Et d'ailleurs, on me l'a fait comprendre, on m'a dit « vous êtes très fine » . Et c'est la première fois qu'on me disait « Chloé, tu es très fine » . Et je me suis dit « ah ! » et puis je me suis rendu compte que les filles elles avaient vraiment des cuisses et des dos mais en même temps c'est pas la même technique parce qu'elles sont aussi capables de faire des choses un peu plus grandieuses on va dire que

  • Speaker #1

    les russes que les françaises et qu'est-ce qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière j'ai noté que t'avais grandi en France que tu me disais, que t'as été formée à Ausha Avant d'intégrer toutes les précises compagnies dont on parlait, mais c'est quoi qui a guidé ton cheminement artistique et tes choix de carrière ?

  • Speaker #0

    C'est cette envie d'émancipation, cette envie aussi de m'élever dans la société et surtout de vivre de ma passion. Parce que moi, comme je vous disais auparavant, j'ai un ami de très modeste et je voyais mes parents se saigner financièrement pour se loger et se nourrir. Et ce que je voyais aussi, c'était beaucoup d'amertume, de frustration. Quand je rentrais à la maison, moi j'avais fait une journée de dingue, j'étais allée à l'école, j'avais fait mes cours de danse classique, de piano à l'époque, d'alto aussi, je faisais plein de choses. Et quand je rentrais à la maison, il y avait une ambiance pesante, ils étaient tristes. Et je pense que c'est parce que mon père, en l'occurrence, il ne s'est jamais autorisé à rêver. Ma mère, elle avait ce rêve de devenir peintre, mais elle ne s'est jamais donné les moyens d'y arriver. Donc ça, ça m'a motivée à me battre pour mes rêves. Je me suis toujours dit, OK, sans aucune ingratitude, parce qu'ils ont fait beaucoup de choses pour moi, ainsi que pour mes frères et soeurs. Mais je ne veux pas finir comme eux. Ça ne m'inspirait pas. Leur vie ne m'inspirait pas. Et j'aspirais à avoir une belle vie, remplie de joie et de bonheur. Et ça, vraiment, ça passe par un accomplissement personnel.

  • Speaker #1

    Je suis très d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je reste un petit peu sur la danse classique, parce que du coup, tu me disais que toi, ça t'avait permis de t'émanciper. Mais qu'est-ce que la danse classique t'a appris aussi en tant qu'artiste, en tant que femme ?

  • Speaker #0

    Alors, la danse classique m'a enseigné la discipline, la rigueur, le bolcheuil. Je parle souvent du bolcheuil, parce que ça a été vraiment les plus belles années de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on parle souvent de ce côté russe, de la rigueur.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est vrai. Ils sont très stricts, ils sont très rigoureux. mais moi Ça me va parce que je suis une personne qui a besoin d'un cadre et d'une structure. Donc le Bolshevik m'a appris la persévérance, le dépassement de soi, ne jamais prendre les choses pour acquises, parce qu'en tant que danseur, même si tu atteins ce grade de danseuse étoile, tu peux toujours progresser dans ta danse. Mais aussi, ils nous ont enseigné à respecter les règles. Ils nous disaient que si tu travailles dur, tu n'aurais... Pas de problème à trouver un travail, ni à évoluer au sein d'une compagnie. Et quand j'ai rejoint le monde professionnel, je me suis rendu compte que la réalité était bien différente. Parce que déjà, tout le monde est bon dans une compagnie. Et aussi, parce que ce qui va faire la différence, en tout cas, selon mon expérience, c'est ta capacité à comprendre les codes invisibles du milieu. C'est-à-dire ta manière de paraître, ton comportement, ton aptitude à prendre. les corrections et à les appliquer. Est-ce que tu es une personne qui se blesse beaucoup ou est-ce que à l'inverse tu es un rock pour la compagnie ? Est-ce que tu évolues bien dans un groupe ? Ta singularité. Pourquoi moi en tant que directeur ou courrier grave je vais te choisir trois au détriment d'une autre ? T'as des artistes qui font l'unanimité bien évidemment mais c'est C'est palanant. Et je dirais que tout cela va définir... ta trajectoire dans une compagnie. Et en tant que femme, j'ai vécu une expérience très marquante. J'avais la vingtaine et j'ai rejoint une compagnie qui était exclusivement dirigée par des hommes. Je pense que tu sauras laquelle. Le directeur, c'était un homme. Le maître de ballet était un homme. Le répétiteur était un homme. Le chargé de production pour les tournées était un homme. Et il y avait une ambiance très masculine et très hiérarchisée. en même temps quelque chose de très malsain et j'ai appris à mes dépens le poids du copinage le poids des affinités personnelles du favoritisme aussi des gens qui semblait intouchables et qui du jour au lendemain était décasté d'un rôle sans aucune raison et tu as deux solutions soit tu Tu rentres dans le jeu, dans le game, soit tu refuses et pour faire évoluer ta carrière, c'est un peu plus compliqué. Donc je dirais que le ballet, c'est un art sublime qui fait rêver, mais le milieu dans lequel il évolue, finalement, est très humain avec ses failles, ses imperfections et ses défaillances.

  • Speaker #1

    Comment t'as jonglé toi avec ça, avec tes valeurs ? Tu sais quand on a des valeurs très fortes ?

  • Speaker #0

    Oui, moi j'ai des valeurs très fortes, oui.

  • Speaker #1

    et que t'es un peu... T'as un peu, comme on appelle ça, l'expression « je vais être au pied du mur » . Face à ça, comment tu t'alignes avec tes valeurs ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ce n'était même pas une question, parce que j'ai été éduquée d'une certaine manière et parce que je crois beaucoup dans les valeurs du travail. Et j'avais ce côté... Défensive, on va dire. Parce qu'il y avait, justement, certains hommes qui avaient eu des gestes déplacés envers certaines de mes collègues, et ça, je le savais, et qui auraient pu se répercuter sur moi si je n'avais pas mis les limites. Donc, à partir du moment où j'ai mis les limites, j'ai vu que ça s'est aussi répercuté sur le cast. Donc, moi, je suis une personne qui est très franche, très directe, et dès mon plus jeune âge aussi, je ne me laissais pas faire. Forcément, j'ai aussi dénoncé ces comportements. J'essayais vraiment de rester alignée avec mes valeurs. En fait, si tu ne mets pas des limites, les gens vont les pousser, repousser, repousser jusqu'à ce que le drame arrive. Donc pour éviter ça, tu mets tes limites, tu te fais respecter. Et si la personne n'est pas en adéquation avec ce que toi, tu crois être juste, tant pis en fait. Tant pis pour elle.

  • Speaker #1

    Tu as senti que tu pouvais être seule parfois dans ces combats, mais tu sais, de dénoncer des actes ?

  • Speaker #0

    Alors, en l'occurrence, dans cette compagnie, non, parce que toutes les femmes ont été dans le même bateau. Et puis, comme je te dis, c'était une compagnie plus pour les hommes que pour les femmes, même en termes de rôle, en fait. Donc non, je ne me suis pas forcément sentie seule. En revanche, c'est vrai que... Dans le ballet, il y a une omerta. Il y a une omerta, les danseurs ne prennent pas souvent la parole parce qu'on risque gros. On n'est pas en CDI. Dans la plupart des compagnies, tu n'as pas de syndicat, donc tu n'as pas non plus de cellules où tu te sens safe pour dénoncer les comportements. Et à l'inverse, il y a des maîtres de ballet qui sont protégés par des contrats CDI, voire des contrats à vie. En Allemagne, c'était ça. Donc, contrat à vie, ça veut dire que si tu commets... des fautes graves, tu ne peux pas te faire licencier. Voilà, oui, en Allemagne, c'est ça. Quand tu as travaillé pendant des années dans une institution, tu ne peux pas te faire licencier pour faute grave et du coup, si tu vas à un procès, l'employeur peut dédommager la personne, enfin l'employé. Donc voilà, ça crée vraiment une débalance quand tu as le danseur qui n'a rien. Et à côté de ça, tu as les maîtres de ballet qui ont le plein pouvoir. Ça, c'est en Allemagne. En France, il n'y a pas ça. En CDI, mais en France, il y a d'autres problèmes. Parce que dans certaines compagnies en France, tu dois attendre 6 ans pour avoir ton CDI. Donc ça va être la même chose. Si tu vis des abus, tu ne vas pas forcément avoir le courage de les dénoncer. parce qu'après ça, tu te dis... Je peux me faire licencier, donc comment je vais faire pour vivre ? Et tu sais très bien que trouver un travail dans le ballet, c'est extrêmement difficile.

  • Speaker #1

    Mais dans la danse de manière générale ?

  • Speaker #0

    De la danse, dans la manière générale. Et je dirais même que le ballet, c'est peut-être un peu plus facile que dans d'autres domaines. Parce que mon mari, il est issu du hip-hop. Et là, c'est vrai que dans le hip-hop, ça n'a pas du tout de contrat, enfin, fixe. Mais au bout du tunnel, parfois, tu as de la précarité. donc Tu réfléchis à deux fois avant de te battre et dénoncer, mais dénoncer à qui en fait ?

  • Speaker #1

    Pour remettre un peu dans le contexte, pour les personnes qui écoutent et qui ne sont pas dans la danse, il y a deux types de contrats, on va dire qu'il y a les freelance et les contrats CDD-CDI. Et c'est vrai que quand tu es en freelance, c'est un peu plus entre guillemets dit précaire parce que tu peux avoir deux contrats, deux dates dans le mois, comme être en tournée avec un artiste ou une comédie musicale ou un spectacle, tout est caché en deux mois. sachant qu'un statut intermittent il faut faire un an pour y arriver donc il y a une espèce d'insécurité de l'emploi qui a peut-être plus dans le CDD et le CDI juste pour donner un peu un contexte et c'est vrai que quand tu es que tu as toujours été Dans un cadre de compagnie, de CDD, de CDI et que, effectivement, tu te fais licencier, qu'est-ce qui se passe après derrière aussi pour retrouver du travail ?

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors moi, j'ai eu la chance, je n'ai jamais fait du freelance, mais j'ai beaucoup d'amis qui sont dans cette situation. Et c'est vrai, c'est très précaire, c'est très précaire.

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu sur l'évolution, les changements positifs que tu as pu observer ces dernières années, qu'est-ce qui reste à transformer ?

  • Speaker #0

    Alors, Dans le milieu de la danse, qui est quand même un milieu très élitiste, avec ses codes esthétiques et sociaux plutôt rigides, si on prend par exemple le sujet de la diversité, parce que c'est un peu mon sujet de prédilection, ce n'est que récemment qu'il y a eu des discussions qui ont émergé. Alors, ça ne paraît pas phénoménal, mais dans le milieu du ballet, c'est un grand pas, parce que ce sont des institutions qui sont traditionnelles, vieillissantes, et qui ne se remettent jamais en question. Par exemple, pendant des années, il y a eu des pratiques qui nous choqueraient tous, comme par exemple le blackface, qui consiste à se maquiller le visage en or pour ceux qui ne savent pas.

  • Speaker #1

    Qu'il ne faut pas faire.

  • Speaker #0

    Et qui a été fait pendant des décennies. Et à aucun moment les institutions se sont questionnées sur l'impact que ce genre de pratiques pouvait avoir sur ne serait-ce que le spectateur. Ça peut offenser une partie de la population. Et pareil pour les danseurs. Moi je me souviens que j'étais sur scène et pendant le casse-noisette, il y avait des petits enfants qui portaient le blackface et qui singaient en fait. Parce que ça ne vient pas juste avec un maquillage, ça vient aussi avec une danse. Aussi il y avait le white bleaching qui est une coutume. Alors les danseuses doivent se maquiller la peau en blanc, qu'elle soit noire ou blanche, qu'importe. Dans les ballets classiques, dites le lac des signes, Gisèle, l'acide-fide, l'objectif étant d'uniformiser l'ensemble, comme si ta singularité était un problème. Et ce n'est que récemment que les directeurs ont pris conscience que ces pratiques pouvaient avoir un impact psychologique sur les danseurs ainsi que sur les spectateurs. Il y a eu aussi des questions notamment autour du maquillage, des coiffures, des produits capillaires, des formations des coiffeurs ainsi que des maquilleurs. Quand tu commences une saison, normalement on te donne un 7. Donc quelle est ta surprise quand tu te rends compte que la fondation n'est pas du tout adaptée à ta couleur de peau ? Pareil pour les cheveux texturés, on a des produits adaptés. Voilà, ça, il ne s'était pas pris en considération. Pour certaines personnes, ça peut être des détails, mais pour les personnes concernées, ce n'est pas des détails, parce que déjà, c'est une charge mentale, parce que tu ne te sens pas considérée et tu te dis, si je me plains, on va me voir comme un drama king ou une drama queen. C'est une charge financière, parce que c'est cher d'acheter des produits capillaires pour les cheveux afros ainsi que pour le maquillage. Et de bout en bout, ces détails cumulés peuvent te faire te sentir différente, exclue. Et si tu n'as pas confiance en toi, tu peux te dire, ok, est-ce que je suis à la bonne place ? Est-ce que ce métier est fait pour moi ? Donc, c'est des précautions, ce n'est pas de la victimisation, mais c'est des précautions qu'en tout cas, moi, je me suis posé. Et ce n'est que récemment que les maisons comme Repetto, Freed, alors tu as quoi encore ? Bloch, qui ont commencé à s'intéresser aux danseurs de couleur de peau. Ils ont commencé à faire des points de différentes shades comme Tissier Rihanna et Fenty Beauty, ainsi que des collants de différentes couleurs. Alors moi, personnellement, j'ai toujours utilisé des pointes roses ainsi que des collants roses, sauf dans les pièces contemporaines où on est pieds nus. Mais le fait de savoir que j'ai le choix. Ça change tout, parce que du coup, je me sens considérée. Big up pour tous les artistes, les danseurs qui sont engagés, parce qu'au final, c'est eux qui poussent les institutions à bouger. Et c'est ça le vrai levier du changement.

  • Speaker #1

    Et au niveau de, là on a beaucoup parlé de la diversité, mais au niveau de la santé, est-ce que tu as vu une évolution au niveau de la... De l'écoute et de la considération au niveau de la santé physique et de la santé mentale chez le danseur ?

  • Speaker #0

    Pas vraiment, c'est pas quelque chose je trouve qui est pris en considération. Alors dans les grandes compagnies effectivement, normalement tu as une cellule qui est constituée, enfin un pôle santé qui est constitué d'un physio, masseur, ostéopathe, tu as des machines. Mais vu qu'en France... Et dans beaucoup de pays, le ballet est considéré comme un art et pas un sport. Alors que c'est un sport aussi de haut niveau. Tu n'as pas les structures qui viennent avec. Alors que par exemple, dans les pays anglo-saxons et aux Etats-Unis, je pense notamment sur Francisco Ballet, ils ont un psychologue. Ils ont un coach de gyrotonique. Ils ont des machines pour faire leur sport. Tout est mis en place pour que... bien accompagner le danseur. Je ne trouve pas qu'en Europe, on ait ce mindset.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu trouves que c'est parce qu'on ne considère pas assez la danse comme un métier ?

  • Speaker #0

    Je dirais comme un sport. Je pense que c'est... En tout cas, le ballet, alors qu'on s'entraîne à raison de 8 heures par jour minimum, quand on n'a pas de spectacle, et que les blessures sont omniprésentes. Moi, dans ma carrière, je me suis blessée 4 fois. Trois fractures du métatar, c'est j'ai eu un problème au ménisque et la prise en charge est mauvaise parce que déjà c'est à toi de chercher ton médecin du sport alors que j'étais dans des grosses compagnies, c'est toi qui paye ta rééducation donc t'es un peu perdue quand t'as une blessure qui te tombe dessus.

  • Speaker #1

    Je parlais de métier parce que c'est vrai que quand tu regardes les autres sports qui se pratiquent à haut niveau J'ai l'impression qu'ils sont beaucoup plus visibles même au niveau des médias. Et j'ai l'impression qu'ils ont beaucoup plus aussi de structures et de référents au niveau médical qui les aident justement à prendre soin d'eux.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Mais après, je pense aussi, c'est encore le problème devant, c'est que le ballet a une image très inaccessible. Donc forcément, les gens ne s'intéressent pas forcément à cet art, à ce métier, à ce sport. Donc ils ne vont pas forcément mettre aussi les ressources financières là-dedans. Parce que c'est trop niche. Ce n'est pas comme le football ou l'athlétisme, ça parle à tout le monde. Oui,

  • Speaker #1

    exactement. Parce que c'est peut-être moins médiatisé. Même si quand même les grandes enseignes en France restent assez connues du grand public, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. Tu es une voix importante sur les questions de diversité et d'inclusion dans le ballet, notamment en ayant déjà dénoncé des comportements racistes dans le milieu. Comment tu définirais l'impact de la représentation et pourquoi est-ce que c'est important aujourd'hui pour les nouvelles générations de danseurs ?

  • Speaker #0

    La représentation, ce n'est pas juste une question d'image, parce que souvent c'est associé à l'image. C'est aussi une question de légitimité. Quand tu grandis et que tu n'as pas de modèle, quand tu grandis et que tu vois à la télé qu'il n'y a personne qui te ressemble, sur les affiches, sur les scènes, des postes de direction, et que les seules personnes qui sont susceptibles de te ressembler, elles font des métiers dits ingrats comme femmes de ménage ou maçons, tu vas finir par croire que ce monde n'est pas fait pour toi ou que ta place est en bas de l'échelle. Alors moi, j'ai eu la chance d'évoluer dans des institutions prestigieuses. Et en France, peut-être c'est une chance, à aucun moment j'ai senti que ma couleur de peau pouvait être un problème. En revanche, quand j'ai rejoint le milieu professionnel, on m'a très bien fait comprendre que le fait d'être métisse, parce que je suis une femme métissée, je ne suis pas noire, donc les personnes noires ont d'autres problématiques, c'était un problème. Donc ce que j'ai dénoncé il y a plusieurs années, ce n'était pas juste une question de racisme, c'était aussi un système... dans le ballet, qui est bien ficelé et qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d'abus. Et qui va faire comprendre à la personne concernée que sa différence, c'est un problème. Donc oui, la représentation, c'est très important, notamment chez les danseurs, parce que déjà, ils peuvent se projeter et aussi tu leur envoies le message clair que tu as ta place ici, en fait. Tu vois ? Et ça, ça change tout parce que du coup, le danseur, il va se sentir plus légitime, il va oser, il n'aura pas peur d'exister et surtout, il ne va pas s'acharner à essayer de rentrer dans un moule dans lequel il ne fit pas. Et je te dis tout ça parce que moi, étant plus jeune, j'aurais voulu entendre tout ça. Alors, je n'ai jamais eu besoin de m'identifier à quelqu'un parce que j'aimais tellement ça la danse. Et puis, je pense aussi que quand tu es métisse, tu peux t'identifier à tout le monde, à des blancs, à des noirs, à des asiatiques, à tout.

  • Speaker #1

    mais pour une personne qui a peut-être moins confiance en elle la représentation ça peut être vraiment un changement et une source aussi de motivation et qu'est-ce que tu dirais justement à un jeune danseur ou une jeune danseuse qui ne se reconnait pas dans les standards encore dominants de la danse du ballet de manière globale alors déjà je dirais que si c'est vraiment ce que tu veux faire Merci.

  • Speaker #0

    Fonce, t'as pas besoin de... de rôle modèle. Si vraiment ça, ça te démotive, c'est que peut-être effectivement, ce n'est pas le métier pour toi. Parce que moi, je pense que quand tu as un rêve, c'est mon mindset, tu dois vraiment foncer. Ne te poses pas 10 000 questions parce qu'à partir du moment où tu te poses 10 000 questions, déjà tu doutes et du coup, tu vas peut-être retarder le truc et au final, tu ne vas jamais passer le cap. Mais sinon, deviens ton propre rôle modèle et deviens le rôle modèle de la future génération. C'est ce que je lui dirais.

  • Speaker #1

    Ok, j'aime bien ça. Voilà. On va passer un petit peu sur ton livre, Le Signe Noir. Oui. On a abordé, là, depuis le début de l'épisode, quelques sujets que tu traites dans le livre, qui est juste ici, que j'ai eu grand plaisir à lire, que je vais mettre à la caméra. Voilà. Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire ce livre ? Quel a été le déclic et qu'espérais-tu transmettre à travers lui ? Il y a beaucoup de questions.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de questions, on attend.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire le livre ?

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    j'avais envie... Tu voulais être le rôle modèle, justement ?

  • Speaker #0

    Non, non, je n'ai pas cette prétention. Mais j'avais déjà envie d'éveiller déjà les consciences. Notamment quand tu es un privilégié. tu te trouves du bon côté. Donc, ta réalité n'est pas la même que les gens qui se trouvent dans la précarité. Tu es né dans la bonne famille, dans le bon cadre, dans le bon pays. Donc, les questions de guerre, de famine, d'éducation, c'est des choses qui ne t'interpellent pas, en fait. Et à travers le signe noir, ce que je voulais, c'était faire un wake-up call. Le signe noir, c'est avant tout un appel à avoir au-delà des apparences. Et aussi une invitation à s'intéresser à ton voisin, aux autres. Par exemple, quand tu es un privilégié, tu as souvent le pouvoir sur la vie d'une personne. Quand il y a une personne qui se présente à toi pour un entretien ou pour un appartement et que tu n'aimes pas forcément sa morphologie, son accent, tu vas automatiquement lui coller une étiquette. Tu vas lui fermer une porte au nez, sans forcément te projeter en elle et te demander qu'est-ce que cette personne a vécu dans sa vie pour se tenir là, aujourd'hui, en face de toi ? Et lorsque tu es un privilégié, tu te dois de te poser ce genre de questions avant de refuser une porte. Un peu d'empathie, d'intelligence émotionnelle. Que tout le monde ne ferait pas de mal.

  • Speaker #1

    Ok. Donc ça, c'est ce qui t'a poussé à écrire ce livre et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours... J'ai voulu écrire mon histoire, même étant plus jeune. Parce que quand on connaît un peu ma vie, on sait que j'ai eu une enfance pas forcément facile, mais je ne me suis jamais plein de ça. Et pour moi, c'était important de transmettre mon vécu, parce que je me suis dit peut-être que je peux inspirer des gens, notamment des enfants qui se sentent perdus dans nos sociétés, qui ne se sentent pas compris. par leur famille, j'avais envie de leur offrir une porte d'issue. Même si tu viens d'un milieu défavorisé, tu t'es agrandi dans des quartiers, tu peux quand même t'élever dans la société. Mais c'est une question de motivation, d'audace. Tu as la chance d'être née en France et d'avoir accès à l'éducation, à la culture. gratuitement. Ça, on l'oublie. Mais dans d'autres pays, c'est pas du tout acquis, l'éducation, notamment aux Etats-Unis. Donc, tu peux t'émanciper. Et parfois, ton environnement, ta famille, ça peut être un frein à ton épanouissement. C'est à toi aussi de faire la part des choses et de te faire violence, en fait. Il y a toujours une pente d'issue.

  • Speaker #1

    Et est-ce que justement l'écriture, elle a été pour toi une forme de libération, de thérapie, ou plutôt une manière de transmettre et d'éveiller les consciences ?

  • Speaker #0

    Comme on l'a dit, transmettre, éveiller les consciences, oui. Et une forme de thérapie aussi, parce que je me suis aussi replongée dans mon enfance, dans des traumas, même si j'ai fait un travail sans moi, dans des souvenirs douloureux. Et l'écriture, tout le processus, ça a été aussi un moyen de... De guérir de l'intérieur, ouais.

  • Speaker #1

    Comment t'as trouvé l'équilibre entre, tu vois, raconter ton vécu personnel et en faire un récit universel qui parle de ta vie aussi, et qui pourrait parler à d'autres danseurs et au grand public ?

  • Speaker #0

    L'équilibre s'est fait naturellement parce que dans Le Signe Noir, j'aborde des problématiques, des sujets universels. Tout le monde peut s'identifier. Violence familiale. Injustice sociale, inégalité, violence conjugale. Donc la femme qui se fait violenter peut s'identifier. L'enfant issu d'un métissage qui ne se reconnaît pas forcément dans l'éducation de ses parents peut s'identifier. À l'inverse, une jeune fille qui a envie de croquer la vie à plein de dents, mais qui sent que sa famille peut être aussi parfois un fardeau, peut s'identifier. Donc oui. pour moi ça s'est fait naturellement cet équilibre,

  • Speaker #1

    j'ai pas cherché à comprendre et c'était difficile pour toi d'accepter de t'exposer ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    oui ça a été difficile pour moi de m'exposer parce que quand tu t'exposes tu laisses aussi la place aux critiques mais ce qui a été le plus difficile c'est dans l'écriture de trouver les mots justes parce que je voulais que mon message soit puissant Fort, sans détour, sincère, mais sans violence, sans haine, sans forcément blâmer les gens, mon entourage.

  • Speaker #1

    Sans chercher la vengeance ou quoi que ce soit.

  • Speaker #0

    C'est ça, pas du tout, c'était pas ça le but. Mais je me suis vraiment dit que si je pouvais inspirer une personne, ne serait-ce qu'un enfant, qui a une vie difficile, ça valait le coup de le faire.

  • Speaker #1

    T'as eu des retours sur ça de lecteurs qui se sont... Retrouver dans ces problématiques entre guillemets sociales d'argent même au niveau de tout ce qui est j'ai pas envie de spoiler le livre mais tout ce qui est au niveau de la DAS etc de toutes les structures sociales quand t'es en foyer est-ce que t'as eu des retours aussi sur ça de personnes qui sont peut-être venues te demander conseils oui

  • Speaker #0

    alors beaucoup de retours beaucoup de retours surtout sur Instagram voilà Donc, des gens qui ont été touchés par mon livre, qui trouvaient que j'étais très courageuse. Alors, moi, ça me fait toujours plaisir d'avoir ce genre de message, mais pour moi, c'est la base. Tu vois, si tu ne te bats pas pour ta famille, si tu ne te bats pas pour ta vie, pour qui tu vas te battre ? Des questions aussi, notamment sur le milieu... des auditions, beaucoup de mamans. C'est beaucoup de mamans qui m'ont écrit, qui se sont reconnues à travers l'histoire de ma mère, des sacrifices financiers que tu dois faire pour accompagner ton enfant dans son rêve. Des gens aussi qui ont eu des enfances difficiles, sans forcément me dire qu'ils avaient fait la DAS, mais j'ai compris. Des conseils aussi. Que des retours positifs. Ça m'a vraiment touchée. Et aussi émue, bien évidemment. Et ça m'a encore plus confortée dans cette idée que j'ai bien fait d'écrire ce livre, parce que se dévoiler, ce n'est pas facile. Et surtout qu'une partie de ma famille était contre l'écriture de ce livre. Donc j'ai vraiment dû aller au-delà du jugement.

  • Speaker #1

    Tu as changé certains noms ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les noms de mes frères et sœurs, de ma mère. Des gens que j'évoque dans le milieu du palais, j'ai changé. Ok.

  • Speaker #1

    C'était la question que je me posais.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce que c'est facile aussi de... Tu vas sur Instagram, tu retrouves les gens facilement. Donc tu sais jamais aussi...

  • Speaker #1

    C'est une manière de protéger aussi tes proches et toi.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Moi, maintenant, je suis assez exposée médiatiquement.

  • Speaker #1

    Si tu devais résumer ce livre... Enfin, pardon. Si tu devais résumer en un message clé ce que tu aimerais que les lecteurs retiennent de ton livre, quel serait-il ?

  • Speaker #0

    Résilience, c'est juste le mot clé. Mon histoire, c'est de la résilience. C'est aussi ne jamais prendre les choses pour acquises, toujours viser l'excellence, mais toujours se donner les moyens aussi d'y arriver. Et je le disais auparavant, mais quand tu as un rêve, il ne faut pas trop réfléchir. Parce que si tu réfléchis trop... tu risques de ne pas le réaliser, fonce si tu as un objectif, un rêve, fonce et après tu réfléchis c'est ça que tu as mis comme stratégie c'est ça que tu dis alors attends qu'est-ce que je fais non mais en fait j'ai toujours été comme ça j'ai toujours été comme ça dès mon plus jeune âge je réfléchis pas trop j'ai envie de faire un truc, je le fais et après je réfléchis ça a été comme ça tout au long de ma carrière et ça m'a beaucoup aidé ça a été comme ça pour le livre et je pense que je continuerai à être comme ça Jusqu'à la fin.

  • Speaker #1

    Mais en vrai, c'est une bonne manière de penser. Parce que quand tu es un peu trop dans le syndrome de l'imposteur, où tu te sens illégitime, et tu as toutes ces questions de légitimité qui arrivent parce que tu réfléchis trop, ça peut effectivement bloquer.

  • Speaker #0

    Oui, et puis surtout, quand tu commences à trop écouter les gens. Alors, les gens, tu ne leur demandes absolument rien. Mais je ne sais pas pourquoi, ils te donnent leur avis gratuitement. Et surtout la famille. Et quand c'est tes parents qui essayent de te mettre des choses dans la tête, pas tu auras tendance à écouter tes parents. Alors que moi, c'était pas du tout

  • Speaker #1

    ça rentrait dans une oreille et ça ressortait de l'autre ça fonctionnait les avis non consentis je dirais de la part de personnes qui ne sont pas dans le milieu et qui ne savent pas ce que c'est mais des fois quand tu as des avis aussi de personnes qui sont dans le milieu tu te dis bon, est-ce que c'est il y a de la jalousie ou est-ce que c'est une bonne intention derrière pour m'aider parce que la personne a de l'expérience tu sais dans les milieux compétitifs il faut toujours se méfier des gens

  • Speaker #0

    Après, moi, j'ai appris à mes dépens, enfin, à mes dépens, non, c'est pas à mes dépens, j'ai appris toute seule que les amitiés existent dans ces milieux. Les ? Les amitiés. Ah oui, les amitiés. Les amitiés existent. Moi, je me suis vraiment faite des amies à vie. Parce que, justement, tu partages ce même rêve, tu partages les difficultés. Moi qui ne voulais pas finir avec un danseur, mon mari actuellement est un danseur. Parce qu'on se comprend. On n'a pas besoin de s'expliquer. il connait euh euh les difficultés du métier. Donc, c'est facile, en fait. Et c'est vrai que quand tu lis du lien avec les gens du milieu, c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, je te disais dans ton livre qu'au Bolshoi, tu avais rencontré trois filles. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai, tu as le bonheur. Oui,

  • Speaker #1

    attends, j'ai lu le livre et que ça a été...

  • Speaker #0

    Des coups de cœur.

  • Speaker #1

    Des coups de cœur et que tu mettais que vous vous retrouverez un jour. À

  • Speaker #0

    Manac, la guerre en Russie, c'est un peu compliqué. Mais avant, on essayait de se voir tous les deux ans. en Europe parce que pour la plupart, ils ont intégré le Bolshoï ou le Michalowski qui est un ballet à Saint-Pétersbourg. Donc c'est des grosses compagnies qui font beaucoup de tournées chaque année en Europe. Donc on essaie de se rejoindre soit à Barcelone, soit à Paris, soit à Londres. Donc on a fait ça pendant des années. Là, maintenant avec la guerre, c'est pas plus compliqué.

  • Speaker #1

    Après, il y a toujours moyen de garder contact avec les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    Alors, eux, ils ont contact. Ils n'ont pas Instagram ou Facebook. Et puis, voilà, il faut vraiment être la guerre, c'est difficile. Parce que forcément, quand tu es engagée, je suis une personne quand même engagée, j'ai mon avis, elle aussi. Il y a eu quelques frictions, rien de grave. Mais voilà, ça peut être difficile dans le contexte guerre,

  • Speaker #1

    tu vois. Pour revenir sur le livre, comment t'aimerais que ce livre soit utilisé ? Comme un témoignage individuel, comme un outil de réflexion dans les écoles de danse ? Ou comme un manifeste pour le changement, ou les trois en même temps, ou autre chose ?

  • Speaker #0

    Les trois ? Je n'ai pas eu de mission claire. Je l'ai écrit vraiment pour inspirer les gens. Et pour questionner les privilégiés aussi. Mais si une personne lit ce livre et elle se dit « Oh, ok, un professeur, je ne sais pas, qui dit « Oh, j'aimerais bien éduquer mes élèves grâce à ce livre. » Go, en fait, ça peut être aussi un outil éducatif. L'important, c'est qu'il soit bien utilisé et qu'il continue d'inspirer.

  • Speaker #1

    Tu fais des interventions en école de danse avec le livre ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Des conférences, des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Des conférences, oui. Mais pas autour du livre. Je donne des conférences dans le cadre de la diversité. Sujet diversité, égalité des chances, inclusion. Mais c'est surtout des entreprises américaines qui ont fait appel à moi. Donc, entreprises françaises, je n'ai pas encore eu l'opportunité de donner des conférences.

  • Speaker #1

    C'est des personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Non, mais ça va en fait. Si, c'est très... Tu sais, d'avoir des cellules réservées à la diversité, c'est très américain. En France, ça s'appelle du RSE. En France, ça commence à se développer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose sur ce livre avant de passer au côté pédagogique ?

  • Speaker #0

    Je pense que tes questions ont été très deep, très claires.

  • Speaker #1

    Que je n'ai rien oublié.

  • Speaker #0

    Oui, achetez le livre.

  • Speaker #1

    Évidemment. Où est-ce qu'on peut l'acheter d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    Partout. Fnac, Amazon, en ligne. Vraiment partout.

  • Speaker #1

    Et on peut l'acheter via ton... Je crois que je suis allée là d'ailleurs. T'as un site sur ta biographie d'Instagram ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai le lien de ma méthode d'édition. Mais vraiment, tu peux l'acheter n'importe où. Ok,

  • Speaker #1

    je le remontre une dernière fois. Je vais passer du coup au côté pédagogie, parce qu'après la danse, la scène, le côté artiste, t'es passée plus dans la pédagogie. Pourquoi en fait t'as voulu... Toujours la transmission.

  • Speaker #0

    La transmission,

  • Speaker #1

    oui. c'est le lien, mais du coup quelle place t'accordes aujourd'hui à la pédagogie et à la transmission dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    Alors la pédagogie a une place centrale dans ma vie actuellement parce que j'enseigne et aussi parce que j'ai créé mon studio en ligne de Ballstep et c'est vrai que depuis que je suis passée de l'autre côté je m'en rends compte, j'en avais déjà conscience, mais j'ai doublement conscience de ma responsabilité en tant que professeur, parce que ce que je transmets, ce n'est pas juste une technique ou une discipline, j'ai des trajectoires de vie dans mes mains. Et tout au long de ma carrière, je suis tombée sur des maîtres de ballet, des répétiteurs qui étaient investis, mais d'autres où tu te posais vraiment la question, est-ce que tu te rends compte que tu as des carrières entre tes mains en fait ? Et ne serait-ce qu'un choix, un geste, une parole peut radicalement éloigner affecter le mindset d'un danseur d'un point de vue positif mais aussi négatif. Donc je dirais qu'aujourd'hui, j'ai une approche très holistique, réelle, humaine dans ma pédagogie. Je coache. toutes sortes de personnes, tu vois, du petit réel opéra de Paris à la personne âgée de 73 ans. Et oui, j'ai une élève qui a 73 ans, c'est lui que j'adore. À la femme active, à la maman postpartum aussi.

  • Speaker #1

    Aux danseurs amateurs.

  • Speaker #0

    Aux danseurs amateurs. Alors attends, est-ce que j'ai des danseurs amateurs ? Je n'ai pas de danseurs amateurs. J'ai des danseurs en devenir, mais pas de danseurs amateurs. mais je suis ouverte à tout et euh euh Pour moi, c'est important en tant que professeur d'élever l'autre et aussi de faire en sorte que mon élève atteigne ses objectifs. Je suis pleinement investie. Et ça, ça passe aussi par le mindset. Parce que souvent, les personnes, elles se créent elles-mêmes des barrières dans leur tête. Elles se disent, je ne suis pas capable de faire ça. La danse classique, ce n'est pas fait pour moi parce que je suis une adulte, parce que je suis trop vieille. Non, non, non. La danse classique, c'est fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Complètement d'accord. Je reviens sur ton côté approche holistique. parce que du coup, dans... tu ne veux pas reproduire ce que tu as pu vivre aussi dans ta carrière. Merci. De parfois, ce côté où on nous fait croire qu'il faut être très très dur avec le danseur ou l'étudiant ou la personne qui se forme parce que ça va lui donner justement envie de se surpasser.

  • Speaker #0

    Oui, alors en plus, c'est marrant que tu me parles de ça parce que j'ai fait une vidéo sur Bollesep il y a, je crois, la semaine dernière. Tu l'as vue ou pas du tout ? Je crois que je ne l'ai pas vue.

  • Speaker #1

    C'est vraiment du hasard.

  • Speaker #0

    C'est ok ? Oui. elle s'appelle no pain no gain à l'américaine tu vois cette idée que tu dois souffrir pour montrer que t'as travaillé mais c'est complètement erroné en fait et je trouve au final c'est très américain de penser comme ça donc alors

  • Speaker #1

    pardon j'ai oublié ta question c'était le côté où tu sais on nous pousse un peu à aller enfin même jusqu'à des propos parfois pas très valorisants pour te dire en fait de... C'est ça qui va t'élever et qui va te donner envie de te surpasser ?

  • Speaker #0

    Non, au contraire. Ça va plus... C'est contre-productif. Ça va plus inciter la personne à douter, à se dire, je ne suis pas faite pour ça, je suis nulle. Elle va se rabaisser et on ne veut pas ça, en fait. L'objectif, c'est de propulser une personne vers l'eau, qu'elle veuille en faire son métier ou pas. Et si j'ai fait ça, si je vois que la personne, que mon élève progresse en plus de ça, Elle se sent bien. Alors là, je trouve que j'ai tout gagné.

  • Speaker #1

    Pourquoi Bold Step ? C'est quoi ce nom ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas capté le Bold Step ?

  • Speaker #1

    Si ! Oui,

  • Speaker #0

    tu as capté. En fait, c'est deux mots. Bold qui veut dire audace. Donc moi, je pense qu'il faut être audacieux dans sa vie pour réussir, pour avancer. Il faut s'accomplir. C'est un peu ma philosophie. Il faut être audacieux pour faire du ballet et surtout quand tu es amateur et que tu décides de commencer à 40 ans. Et step, pas de danse mais aussi pas dans la vie, avancer, progresser. Donc je trouvais que bold step c'était assez représentatif. Ouais, de ma personne, en fait, tout simplement. J'aime les gens audacieux, j'adore ça.

  • Speaker #1

    Je pense que j'avais bien compris. Mais il faut, c'est ce que tu disais, à un moment donné,

  • Speaker #0

    quand tu veux aller quelque part, il faut te donner les moyens. C'est ça, et puis surtout, je ne sais pas si c'est le cas pour toi, mais dans mon entourage, j'ai tellement de gens qui sont frustrés. Mon entourage ne me suit plus maintenant parce que j'ai fait le ménage, mais j'avais tellement de gens qui étaient frustrés. Et souvent, les gens qui sont frustrés, c'est des gens qui donnent leur avis, tu vois. Et ils sont ultra négatifs, tu vois. Et d'où l'importance aussi de s'entourer des bonnes personnes, parce que si tu t'entoures de personnes bienveillantes, positives, tu ne peux que progresser. Et la plupart des gens, c'est des gens qui avaient des rêves, mais qu'ils avaient trop peur de les réaliser, qu'ils ont choisi la petite vie rangée avec leur CDI, leur... 2500 euros chaque mois qui tombent sur leur compte. C'est un choix de vie, ça convient à beaucoup de gens, mais ce n'est pas fait pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Comme la freelancing,

  • Speaker #0

    comme l'entrepreneuriat Voilà exactement, c'est parfait pour tout le monde Mais après ne t'étonne pas d'être frustrée Si tu t'es pas réalisée

  • Speaker #1

    Je reviens sur ça, on dit qu'on est la moyenne ou la somme des 5 personnes qui nous entourent Ah mais tu sais que c'est vrai

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est vrai Et on va prendre un exemple Tout bête, mais si demain T'as un rêve de devenir millionnaire Le rêve, tu deviens millionnaire Si tu traînes qu'avec des millionnaires Tu vas commencer à penser comme eux Donc tu auras plus de chances de devenir millionnaire. A l'inverse que si tu traînes avec des gens qui sont dans la précarité mais aussi qui pensent comme des pauvres, tu vas rester pauvre. C'est pareil dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Parce que la richesse, elle n'est pas que financière, elle est aussi dans l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Dans l'état d'esprit. Donc si tu es avec des gens inspirants, qui t'élèvent, qui te motivent, tu ne peux que progresser. Alors je vais... Encore complimenter mon mari. Eh oui. Mais c'est ce que j'ai trouvé avec lui. Tu vois. Je n'ai pas l'impression de regarder derrière. De me dire, est-ce qu'il a la traîne ? Non, j'ai vraiment mon égal. Et c'est pour ça aussi qu'on a une relation très fusionnelle. Parce que je le pousse vers le haut et il me pousse vers le haut. On peut dire qui c'est ou pas ? Bien sûr, on peut dire ça, c'est qui ?

  • Speaker #1

    Parce que comme j'ai fait un épisode avec lui... Oui,

  • Speaker #0

    d'ailleurs c'est lui qui m'a conseillé de faire l'épisode avec toi.

  • Speaker #1

    C'est Jérémy Parent, et je vous invite également à aller écouter l'épisode qui est sorti il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Hier, non ?

  • Speaker #1

    Qui est sorti hier, mais alors quand cet épisode-là sortira, du coup ça fera un petit gap de deux semaines. Mais voilà, ne pas hésiter peut-être aussi à aller écouter les deux pour comprendre un peu le mindset de chacun.

  • Speaker #0

    qui est génial aussi et on est complètement différents en termes de personnalité, de style de danse aussi de danse oui,

  • Speaker #1

    on va pas se foiler vous irez écouter c'est l'épisode 70 si je dis pas de bêtises quels sont les objectifs justement que tu souhaites atteindre avec Ballstep on en a un peu parlé mais si on peut peut-être j'aimerais

  • Speaker #0

    à terme que Ballstep s'invite dans chaque foyer c'est un peu ambitieux Merci. Grâce à ma plateforme en ligne.

  • Speaker #1

    Tu es pas audace alors. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement. Non, alors oui, ça serait l'une des missions, mais aussi justement de rendre la pratique du ballet plus accessible, tu vois. Parce que, comme on le disait auparavant, c'est un art, mais c'est aussi un sport de haut niveau. Cette discipline est exigeante, éprouvante, mais très structurante et elle a des bienfaits inestimables tant sur le corps que sur l'esprit. Et quand tu parles aux femmes, parce que les hommes, dès que tu leur parles de ballet, ils ne se sentent pas forcément concernés, dans l'imaginaire collectif, elles se disent « non, mais le ballet, ce n'est pas fait pour moi, je suis trop vieille, je ne suis pas assez gracieuse, je ne suis pas assez fine » et tout ça. Et l'idée avec Ball Step, c'était vraiment de casser ces barrières. de créer une méthode qui soit accessible pour tous les corps, pour tous les âges. Moi, par exemple, je suis en plein postpartum là maintenant, et je fais mon petit bolstèp trois fois par semaine. Et aussi, d'offrir aux gens cette opportunité de se réconcilier avec leur corps, mais sans le côté performance, tu vois. Parce qu'il y a beaucoup de femmes qui n'aiment pas leur corps. ça me paraît fou parce que je pense que chaque femme est belle et si grâce à travers le mouvement elles peuvent regagner confiance en elles, du coup j'ai tout gagné et aussi pour répondre à ta question précédente oui c'est inviter Borsalem dans chaque foyer de développer la méthode aussi dans des écoles de danse dans le monde de la danse classique ce que je suis déjà en train de faire parce que en tant que danseuse classique Merci. Tu te dois aussi de faire du rang fou à côté. Et c'est vrai que BOLSTEP, ça s'est adapté aussi aux danseurs. Et oui, de développer aussi dans des entreprises, éventuellement, tu sais, les cours collectifs et tout ça. Et d'enseigner ma méthode un peu worldwide à travers des danseuses classiques. Et d'ailleurs, c'est ce que je fais déjà. Ma méthode, elle est enseignée dans plusieurs hôtels. Donc j'ai des ambassadrices, des hôtels de luxe, notamment La Réserve, Le Four Seasons.

  • Speaker #1

    À Paris ?

  • Speaker #0

    Non, à Genève.

  • Speaker #1

    Ah oui, à Genève, oui, oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. À Paris, le Royal Monceau. Donc, c'est des choses qui sont en train de se mettre en place. Et je suis plutôt satisfaite de l'attendre que les choses sont en train de prendre, quoi.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Bah, j'essaye, tu vois. Alors, je suis partout, hein. Vraiment, on pose par Tom, j'allais... Je suis partout. J'appelle les hôtels, je crée du cantonnisme, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Surtout en postpartum. Je lui ai dit tout à l'heure, tu fais quoi en ce moment un peu ? Elle me dit, là, en postpartum. Je dis, d'accord, oui, c'est vrai que ça devient un métier quand tu vis un moment.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et pour revenir à Boldstep, tu es dans les hôtels, dans des institutions. Est-ce qu'en ligne aussi, donc on te retrouve ?

  • Speaker #0

    Surtout en ligne. Tu as un site,

  • Speaker #1

    je sais que c'est sur Instagram qu'il y est.

  • Speaker #0

    Oui, c'est boldstep.fr d'ailleurs. Donc je propose des... cours en ligne de ma méthode, mais aussi d'autres disciplines, ballet, renfort musculaire, abdos, mais là-bas, ça reste quand même le mouvement et le ballet. Donc, c'est des petits formats de 10-20 minutes pour faire à la maison. Et c'est très sympa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Chloé pour cet épisode. On arrive bientôt à la fin.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Quels sont tes projets futurs, tes aspirations artistiques et humaines pour les années à venir ? On a parlé de Bold Step.

  • Speaker #0

    Oui, de Bold Step, développer Bold Step à fond encore. Est-ce qu'il y a autre chose ? Travailler mon identité artistique aussi avec mon mari, parce qu'on a commencé à faire un peu de chorégraphie. Et c'est vrai qu'on a quelque chose qu'on aimerait bien développer. Je trouve qu'il y a un beau pont à faire entre nos deux entités. Lui, hip-hop, moi, ballet. Sans tomber dans le cliché, sans faire un truc à la step-up. Non, on a quand même deux carrières intéressantes. Et je pense qu'on a beaucoup de choses à dire à travers le mouvement.

  • Speaker #1

    Et puis step-up, il faut remettre dans un contexte, c'était il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est les gens, dès qu'ils pensent ballet, danse, hip-hop, ils se disent step-up, c'est la référence.

  • Speaker #1

    Ok, donc développer la chorégraphie, l'identité artistique, ball-step.

  • Speaker #0

    Voilà, et traduire mon livre aussi. À l'étranger, ça me tient à cœur.

  • Speaker #1

    Que je vous invite à lire, parce qu'il est disponible en langue française.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais réinventer le ballet du futur, sans forcément des naturels arts, bien sûr, à quoi il ressemblerait, selon toi ?

  • Speaker #0

    Un ballet avec de la diversité, déjà. Et quand je dis diversité, c'est de la diversité ethnique et diversité au niveau corporel aussi. Il ne s'agit pas là de prendre des personnes... Enrobés, même si je n'aime pas trop ce terme, parce que c'est vrai que quand tu as des kilos en trop, tu es limité techniquement parce que tu dois aller sur pointe en fait. Et du coup tes metatarses ne peuvent pas forcément supporter tout ton poids du corps. C'est pour ça aussi que tu vois que les danseuses sont très fines, ce n'est pas juste une question d'esthétisme, c'est aussi une question de technique. Même pour les porter tout ça, tu as vu les prises techniques qu'on fait. Si la fille est plutôt lourde, c'est difficile aussi pour le mec. Mais c'est vrai que j'aimerais bien avoir plus de diversité corporelle. Et aussi, la diversité, ça passe aussi dans la programmation. Donc garder les ballets classiques, mais aussi parler de vrais sujets de société. Ça peut être la religion, ça peut être le féminisme, ça peut être la guerre, qu'importe. je pense qu'à travers le mouvement tu peux dire beaucoup de choses et surtout la danse classique et la danse de manière plus générale c'est un langage que tout le monde comprend et qui du coup fédère et règne voilà je dirais ça complètement en

  • Speaker #1

    regardant en arrière quel moment de ta carrière de ta vie te rend la plus fière et pourquoi ?

  • Speaker #0

    quand j'ai intégré le Bolshoi parce que Je me souviens quand j'avais dit à mon professeur, je veux intégrer le Bolshoï. Elle m'avait fait des yeux ronds. Elle m'avait dit, oui, mais t'es très bien, mais pour la France, le Bolshoï, déjà t'es trop petite. Pourquoi y prendre une française ? Quand j'ai été prise dans cette école, j'étais tellement fière de moi. Et aussi, on n'en a pas parlé, mais j'ai vécu un drame familial quand j'étais plus jeune. Et du jour au lendemain, j'ai dû m'occuper de ma fratrie. et ça, ça m'a demandé... beaucoup d'énergie, d'être très courageuse. J'ai beaucoup douté, je me suis vraiment dit que je n'allais pas réussir en fait. Et maintenant avec du recul, j'ai 34 ans et en plus de ça je suis mère, je me rends compte de tout ce que j'ai accompli, de tout ce que j'ai fait pour ma famille. Et ça, ça me rend fière, ça me rend fière de moi. Voilà.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur quelque chose que tu as dit sur ta taille. Est-ce que tu serais ok de donner ta taille et de donner les tailles qui sont, on va dire...

  • Speaker #0

    normal,

  • Speaker #1

    standard quand tu veux intégrer des balais ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense aussi que le balai, les critères ont quand même évolué, mais c'est vrai que moi je me dis 1m60 et à l'époque, en France, on te disait que tu étais petite, 1m60, la moyenne, etc. 1m65, et d'ailleurs, certaines compagnies, je me souviens j'avais fait des auditions pour le balai de Bordeaux, ils te disaient que la taille minimum pour une fille c'était de 1m65. Bolshoï, la moyenne, je crois qu'elles font 1m70 les filles. Parce qu'après, quand tu vas sur pointe, tu prends automatiquement 10 cm. Donc tu peux pas être trop grande pour le... Pour l'homme, tu ne peux pas être trop petite. Et pourtant, ça ne m'a jamais empêché de rentrer au bolcheuil, d'évoluer au sein de grandes compagnies. Donc, il y a des critères physiques. Mais finalement, si le directeur a un coup de cœur pour toi, tu peux quand même faire ta carrière, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais il y a beaucoup de...

  • Speaker #0

    Oui, c'est très... Comme je te dis, c'est très codifié, mais après, tu as la réalité. Il y a des danseuses étoiles qui sont très petites. Je pense notamment à Alina Kojokaru, Tamara Roro, qui ont fait des carrières exceptionnelles.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais même au-delà de la danse classique, dans le milieu commercial.

  • Speaker #0

    Ils veulent des grandes ?

  • Speaker #1

    Non, c'est juste que ça évolue en termes de taille. Après, oui, tu as des milieux comme le cabaret.

  • Speaker #0

    Ils veulent quand même des grandes.

  • Speaker #1

    Ils veulent des grandes et je pense que ça n'a pas trop bougé. En même temps, est-ce que ce n'est pas... Bien aussi d'avoir des identités dans chaque style de danse.

  • Speaker #0

    Du coup, on revient toujours au même sujet, diversité, inclusion. Et moi, je trouve que c'est tellement intéressant d'avoir différents types de personnes dans une compagnie parce que ça apporte une richesse. T'imagines, tu as une asiatique à côté d'une personne noire, à côté d'une personne indienne, qu'importe, et elles font la même chorégraphie. Mais moi, je trouve ça incroyable. C'est ça la beauté de la danse. C'est mon avis.

  • Speaker #1

    Merci Chloé. Est-ce que tu aurais un dernier message pour clôturer cet épisode qui n'a pas forcément un lien avec l'épisode ou quelque chose que tu aimerais dire ?

  • Speaker #0

    Je le dis, je répéterai jamais assez. On n'a qu'une vie. Alors Carpe Diem ? Non mais Carpe Diem, pas forcément faites la fête, buvez, droguez-vous, pas du tout. Plutôt vivez-la pleinement. Et je vais le rabâcher. Ça passe par l'accomplissement de soi, vraiment. Et aussi en tant que danseuse ou autre, tu n'es pas obligé de te cantonner à un métier. Tu peux être danseuse, écrivaine, auto-entrepreneuse, styliste,

  • Speaker #1

    qu'importe.

  • Speaker #0

    La vie est trop courte, donc autant tester différentes choses sans forcément s'éparpiller. C'est ça que je suis en train de dire, parce que des fois, moi, je m'éparpille. Voilà, vis ta vie pleinement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Yes, merci beaucoup Chloé.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Pour ton temps, pour ton partage, pour la richesse de ton expérience de vie. Encore une fois, je vous invite à lire le livre qu'on a un petit peu spoilé.

  • Speaker #0

    Un petit peu.

  • Speaker #1

    Un petit peu, on a quasiment rien dit de tout ce qu'il y avait dedans. Et voilà, merci beaucoup Chloé. Merci à toi. Si vous avez aimé l'épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser une note et un commentaire sur Spotify et Apple Podcasts et évidemment allez vous abonner sur les réseaux sociaux de Chloé, je mettrai tout dans la biographie de l'épisode, la description et voilà, je vous souhaite une belle journée, une bonne soirée à bientôt, ciao ciao

Chapters

  • Parcours et inspirations

    02:57

  • Choix artistiques et carrière

    11:00

  • Rester aligné avec ses valeurs

    15:37

  • Changements positifs et défis à venir dans le ballet

    20:29

  • Représentation

    27:30

  • Son livre Le Cygne Noir et retombées

    31:00

  • Boldstep : pédagogie et transmission

    44:46

  • Projets futurs et fierté

    55:54

  • Message final

    01:01:33

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