- Speaker #0
Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrypte les médias à l'ère du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media, IA génératif et formateur depuis plusieurs années. Mais avant tout, je suis un passionné et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans. Aujourd'hui, je vous propose une série de micro-épisodes spéciaux en direct depuis la 7ème édition du Festival de l'Info Locale qui se déroule actuellement à Nantes. Un événement porté par West Media Lab qui réunit les professionnels des médias locaux de tous les horizons. Sans plus attendre. Partons à la rencontre des festivaliers.
- Speaker #1
Tinrex, bonjour et merci de participer à cet épisode spécial de Deep Media en direct depuis la 7ème édition du FIL, du Festival de l'Info Locale. Donc tu sors tout juste d'un atelier où tu as parlé de l'incarnation des vidéos, et donc c'est ton métier au quotidien, tu fais ça pour un certain nombre de médias, je crois. Déjà dans les grandes lignes, l'incarnation maintenant des vidéos sur les réseaux, en tout cas pour des médias en ligne, c'est quoi les grandes caractéristiques dans ce domaine-là pour que l'incarnation soit efficace ?
- Speaker #2
Alors les médias c'est évidemment forcément différent dans le sens où il faut qu'on garde notre professionnalisme. Souvent c'est ce qui fait un peu peur aux journalistes quand on leur demande d'incarner. Moi, on va dire mon maître mot c'est la narration, le storytelling, où je pense qu'on peut tout à fait emprunter des codes de la fiction et l'appliquer au journalisme. où on va essayer justement de ne pas forcément tout dire au départ, pour essayer de maintenir l'attention. On sait aujourd'hui que les gens, en fait, perdent vite de l'attention, et c'est difficile en fait de les happer. On appelle ça même un hook, donc en fait c'est tout simplement une accroche au début des vidéos, que ce soit du vertical, de l'horizontal, à destination des réseaux sociaux. Donc je dirais que moi, principalement, je travaille beaucoup beaucoup sur la narration et le storytelling, c'est vraiment ça qui va faire que l'incarnation, elle marche, et après évidemment, le côté humain, montrer comment on travaille en tant que journaliste. Essayer de montrer aussi ces faiblesses qu'on ressent. Évidemment, l'idée, ce n'est pas de devenir un sujet à part entière, par exemple, de notre reportage, mais je n'ai jamais eu autant de retours que depuis que je me montre, et justement, je montre comment, par exemple, je vais galérer, je vais me prendre plein de refus, plein de vent, ou au contraire, à un moment, je suis touchée en interview, et en fait, il faut que, justement, je me calme, parce qu'il faut que l'interview, en fait, elle se passe bien, et il ne faut pas que, justement, ce que moi, je ressens, ça impacte, justement, la personne qui est en face de moi. Pour moi, tout ça, c'est des petits outils qui vont faire que l'incarnation va bien fonctionner.
- Speaker #1
D'accord. Donc effectivement, tu as donné le mot-clé, le hook, le fameux hook. Tu as tes techniques un peu spéciales. Comment est-ce que tu adaptes un petit peu ce hook selon les médias sur lesquels tu travailles ? Parce que tout le monde n'a pas tout à fait le même ADN et les mêmes objectifs.
- Speaker #2
En fait, il faut tout simplement voir un petit peu l'identité, la ligne éditoriale, se dire ce qu'on peut se permettre de faire ou non. Moi, je travaille par exemple avec des créateurs de contenu qui ne sont pas journalistes. C'est beaucoup plus facile de faire des blagues. Et si je bosse, par exemple, pour Hugo Décrypte ou Charles Villa, avec lesquels j'ai travaillé, on est sur des sujets, des fois, un petit peu plus sérieux. Donc, on peut moins se permettre, on va dire, de déconner. Mais il y a quand même des moyens, on va dire, d'apper les gens et de les intriguer. Donc, pour le coup, moi, j'essaie juste de bien, bien m'approprier la ligne d'éthorial. J'essaie de travailler qu'avec des gens ou des médias. que j'aime et que je consomme, parce qu'en fait, ça va être la manière la plus facile de m'adapter en tant que telle. Mais il y a un côté un petit peu schizophrénique.
- Speaker #1
Et un petit sujet autour de... Comment est-ce que ces nouvelles formes de narration, finalement, est-ce que tu as l'impression qu'elles peuvent un peu imprégner les médias dits traditionnels ? Allez, on va caricaturer la télé. Est-ce que tu sens que dans la présentation de sujets de télé, on commence à retrouver quelques marqueurs qu'on retrouve déjà activement sur les réseaux ?
- Speaker #2
En fait, ça a commencé un peu avec les duplexes, et de plus en plus, il y a des incarnations en tant que telles, où on va avoir des fois des sujets presque à la première personne, ça reste rare, mais ça peut arriver, en tout cas j'en ai déjà vu au JT, et le JT qui le fait le plus, c'est par exemple M6, où on a de plus en plus de journalistes qui font du mojo, donc du mobile journalism, où ils se filment tout seuls avec leur portable, on n'est pas du tout sur cette distance, on va dire, de tournage habituel, où on a le GRI, qui fait qu'on a le micro, etc. Donc tout ça, ça reste des codes qui sont emprunts finalement aux réseaux sociaux et qu'on commence à voir de plus en plus à la télé.
- Speaker #1
Ça marche. Une dernière petite question, parce que je sais que le temps nous est compté. Est-ce que, selon toi, le journalisme incarné tel que tu le pratiques, il est plus adapté à certaines plateformes ? Est-ce que tu sens que sur certaines plateformes, c'est plus rétif ? Il faut peut-être plus passer par de la voix off. Et d'autres, au contraire, l'incarnant est très fort et indispensable.
- Speaker #2
Je trouve que l'incarnation, elle marche presque partout. Franchement, il suffit que la personne soit relativement à l'aise, ça marche. En fait, c'est humain. C'est-à -dire qu'on va forcément être attiré par un visage. C'est pas pour rien, c'est quand on regarde les nuages, on a l'impression de voir un visage, c'est parce que vraiment, on a cette tendance à être attiré par ça. Par exemple, moi qui travaille sur YouTube, sur les miniatures, mieux vaut toujours mettre un visage, parce que du coup, on va être attiré par ça. Donc évidemment, il y a des très bons sujets où il n'y a pas d'incarnation, il y a une bonne voix off, et probablement aussi parce que le storytelling a été énormément construit et que les images sont belles, mais pour moi, l'incarnation, c'est un moyen assez facile de garder les gens... intéressés et d'avoir ce qu'on appelle la fameuse bonne rétention, ce qui fait que les gens vont regarder jusqu'au bout.
- Speaker #1
C'est ça, ça permet d'avoir une consommation de vidéos plus longue et aussi de peut-être aller un peu plus loin que le snack content pour expliquer aussi, faire un peu plus de pédagogie sur certains sujets.
- Speaker #2
Tout Ă fait.
- Speaker #1
Ça marche. Merci beaucoup du temps que tu m'as consacré et à très bientôt. Au revoir.
- Speaker #0
Je vous remercie d'avoir écouté cet épisode spécial en direct depuis l'édition 2025 du Festival de l'Info Locale qui se déroule actuellement à Nantes. Je vous donne rendez-vous. prochainement pour de nouveaux épisodes plus classiques de Deep Media. A bientôt !