undefined cover
undefined cover
🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud] cover
🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud] cover
Deep Seed - Regenerative Agriculture

🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud]

🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud]

1h14 |02/04/2025
Play
undefined cover
undefined cover
🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud] cover
🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud] cover
Deep Seed - Regenerative Agriculture

🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud]

🇫🇷 La Production d'Amandes Bio Régénératives en France [Martin d’Archimbaud]

1h14 |02/04/2025
Play

Description

Un épisode fascinant à ne pas manquer ! On part en immersion dans le sud-ouest de la France, sur une ferme d’amandes bio-régénérative à la vision radicale. Martin d’Archimbaud, co-fondateur de GreenPods, nous ouvre les portes de La Granja, un projet agricole unique qui pourrait bien changer le visage de la filière amande en Europe.


Moins d’eau, plus de biodiversité, zéro chimie, des couverts végétaux colorés et une passion débordante pour les arbres : ici, on ne se contente pas de planter, on régénère les sols, on construit un modèle agricole résilient et local, et on s’attaque à l’hégémonie californienne sur la production d’amandes.


Si vous pensez que l’agriculture peut être à la fois belle, rentable et régénératrice, cet épisode est pour vous.


Dans cet épisode, on parle de :

  • L’histoire d’une reconversion de monoculture de maïs vers une ferme d’amandes bio régénérative

  • Comment l’arbre devient un allié du climat et un levier de relocalisation alimentaire

  • Les secrets agronomiques pour créer un verger résilient : irrigation de précision, taille, variétés, fumier, biochar…

  • L’impact des couverts végétaux et des pratiques bio sur la santé des sols

  • Et pourquoi la résilience long terme est bien plus rentable que la productivité court terme


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


This podcast was produced in partnership with Soil Capital, a company that supports #regenerativeagriculture by financially rewarding farmers who improve soil health.


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


Useful links: 

  • GREENPODS / LA GRANJA - Link

  • Acheter des amandes - Link

  • Martin d’Archimbaud - Linkedin


Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je fais la visite d'une ferme d'amandes bio-régénératives dans le sud-ouest de la France, à à peu près 20 minutes de Toulouse. Mon interlocuteur principal dans cet épisode, c'est l'un des deux fondateurs de la ferme, Martin d'Archimbeau, et il va nous décrire en détail le fonctionnement de son exploitation. On a aussi un passage avec Clément, qui est le chef d'exploitation, pour entrer un peu plus en détail dans les questions d'agronomie et de santé des sols. Franchement, moi, je n'y connaissais absolument rien à la culture de la bande. En arrivant, cette interview m'a donné un niveau de compréhension vraiment assez complet. C'est un épisode qu'on retrouve aussi en version vidéo sur YouTube. Et à voir la vidéo, ça aide quand même fort à visualiser ce dont on parle. Cela dit, le montage audio a été prévu pour que vous puissiez suivre la conversation et tout comprendre même sans la vidéo. Donc voilà, c'est à vous de choisir. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Seul Capital. Moi, c'est Raphaël et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    On est ici sur notre exploitation agricole qu'on a développée avec Boris, mon associé. Et c'est une exploitation qui fait 150 hectares au global, qu'on a reprise récemment, puisque ça fait seulement 4 ans qu'on est installé. Et donc je pourrais t'en dire un peu plus sur le passif et l'historique de la ferme, qui est assez unique, on va dire, et qui nécessite pas mal de travaux de régénération au niveau des sols et au niveau de l'écosystème.

  • Speaker #0

    On peut peut-être commencer par là. Est-ce que tu peux me dire ce qui s'est passé ici avant que vous arriviez Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. C'était une exploitation assez typique de ce qu'on retrouve dans la région. On est vraiment dans la plaine de la Garonne, dans le sud-ouest. Une exploitation qui était en monoculture de maïs, grosso modo depuis 30 ans, avec des pratiques conventionnelles, maïs sur maïs de manière assez classique, un labour à 30-40 cm. Et donc, ce passif fait qu'on est arrivé, nous, avec un projet qui était totalement nouveau, puisqu'à la fois on a transitionné vers... de l'arboriculture et donc des cultures pérennes. Donc il y avait déjà ce changement de culture. Et puis on a transitionné vers des pratiques biologiques et régénératives. Donc il y avait aussi un changement de pratiques. Et donc en fait, c'était un peu le double enjeu. Tout en sachant que du coup, cette historique culturelle maïs a un peu finalement détruit la qualité de nos sols. Tu vois, on a des indices de matières organiques qui sont très faibles, autour de 1,5, entre 1,3 et 1,6%. Donc voilà, je sais que ça va prendre du temps. On sait qu'on s'inscrit dans un projet sur le long terme. à horizon 10 ans minimum. Les arbres auront une durée de vie beaucoup plus longue, autour de 25 à 30 ans. Mais il va falloir du temps pour réussir à régénérer un peu tout ça.

  • Speaker #0

    Pourquoi avoir choisi de faire des amendes ici

  • Speaker #1

    Avec Boris, on est un peu tombé amoureux des cultures pérennes et de l'idée de pouvoir planter les arbres et de participer à notre façon à la régénération des écosystèmes et à l'adaptation et à l'atténuation du changement climatique. Pour nous, les cultures pérennes, c'est quelque chose d'assez romantique. C'est des cultures qui sont là pour des dizaines, des vingtaines, peut-être plus en termes d'années. Tu vois, l'amande, c'est autour de 30 ans, mais on regarde aussi des projets avec de la pistache, avec de la noisette, où tu t'inscris vraiment sur des horizons de temps très longs. Et donc ça, c'est assez chouette. Tu capitalises vraiment sur un arbre qui a plein de vertus, d'un point de vue notamment environnemental. Alors, on parle beaucoup de la séquestration de carbone, évidemment, c'est important. Mais si tu regardes aussi au niveau du sol, au niveau des systèmes racinaires, l'infiltration de l'eau dans les sols, de la faune, de la flore. En fait, tu as plein de bénéfices écosystémiques qui sont super intéressants. Et donc, voilà, c'était vraiment le point de départ, travailler sur l'éculture pérenne. Et ensuite, on s'est demandé un peu qu'est-ce qu'on allait planter. Et en fait, on est assez rapidement, on avait beaucoup regardé les filières de fruits à coque, dont fait partie évidemment l'amande, au même titre que la noisette, que la noix, que la pistache. Et en fait, le point de départ, c'est de dire qu'aujourd'hui, sur l'amande, 80% de la production d'amande au niveau mondial. c'est la Californie, donc c'est produit en Californie. Alors même que dans le même temps, l'Europe est le premier marché de consommation au niveau mondial, et en Europe on produit grosso modo 20% de ce qu'on consomme. Donc tu as un énorme déficit de production. Et si je fais un zoom sur la France, c'est encore plus marquant, parce qu'en France on consomme 45 000 tonnes chaque année, et on en produit autour de 1000, on va dire. Donc il y avait vraiment cet enjeu de relocaliser la production, au niveau français, et même au niveau européen. Et le projet, tu vois, on l'a lancé pendant le Covid, qui était un moment, je pense, où on a tous un peu réalisé l'importance, finalement, de retrouver une certaine forme d'autonomie alimentaire et d'être souverain, finalement, sur notre alimentation. Donc ça faisait beaucoup de sens pour nous de planter les amandiers. Et en fait, en France, tu ne peux pas en planter partout, des amandiers, parce que d'un point de vue climatique et pédologique aussi, ça ne convient pas. C'est surtout le sud de la France qui est le plus idoine, on va dire. Il faut retrouver un climat un peu méditerranéen, avec des étés chauds, avec de la chaleur, des heures d'ensoleillement, c'est hyper important. Et donc, on s'est retrouvé sur ce site qui était à nos yeux, on avait fait beaucoup d'analyses en amont du projet, mais qui était idoine pour planter les amandiers.

  • Speaker #0

    Donc voilà, maintenant qu'on a établi un peu les bases et le contexte de cette conversation, j'ai voulu demander à Martin de nous parler de la culture de l'amande conventionnelle pour qu'on ait un point de référence et qu'on puisse comparer ce qui se fait dans l'amande conventionnelle, intensive et ce que font Martin et Boris à la Granja.

  • Speaker #1

    Alors donc aujourd'hui, comme je te le disais, le benchmark, on va dire, l'acteur de référence, c'est la Californie. En Californie, c'est 95% de production conventionnelle. Et c'est un système qui est globalement très productiviste et très intensif dans la manière de conduire, en tout cas d'un point de vue agronomique, les vergers. Tu as, si tu veux, donc, c'est souvent des vergers à très grande échelle, avec des fermes qui font parfois des milliers d'hectares. Tu as des groupes qui détiennent 20, 30, 40, 50 000 hectares d'amandiers d'un seul tenant, avec très peu de diversité culturelle, on va dire. C'est de la monoculture à perte de vue, sans se soucier finalement de ce que tu peux avoir dans ton écosystème, avec des haies, avec d'autres cultures, avec des bois ou autre, ce qui est totalement différent de ce qu'on a nous en Europe. Donc voilà, ce côté monoculture qui est important. Au niveau de la gestion agronomique sur des grosses fermes conventionnelles, très souvent, et pour des raisons... purement opérationnelle et financière, court-termiste du coup, tu as une gestion qui est assez drastique, on va dire. Tu vois, les sols, c'est vraiment sols nus à 100%. Alors parce qu'eux récoltent au sol, tu vois, ils font vibrer l'arbre, les amandes tombent au sol et après ils récoltent au sol. Donc ils ont besoin d'avoir des sols comme des dalles de béton. Donc si tu veux, tu as zéro vie au niveau du sol.

  • Speaker #0

    C'est la raison principale pour laquelle ils ont les sols nus Ou bien c'est aussi, ils essayent de...

  • Speaker #1

    C'est une des raisons. Je pense que la seconde raison, c'est aussi parce qu'eux considèrent que tu peux avoir une compétition au niveau nutriments et au niveau eau. Donc, irrigation entre les arbres et les couverts au niveau du sol. Mais la récolte au sol est la raison principale, numéro une. Et par ailleurs, ils ne s'embêtent pas aussi à entretenir et à ressemer potentiellement chaque année des couverts ou autre. Donc, ils ont vraiment cette vision, voilà, sol nu. champs à perte de vue monoculture et puis surtout le vrai sujet c'est sur l'usage de l'eau puisque là-bas et c'est je pense la grosse différence par rapport à l'Europe c'est qu'en Europe l'eau fait partie des communs c'est un bien commun donc c'est géré par le pouvoir public tu vois nous sur cette ferme l'agence de l'eau locale nous octroie chaque année un certain volume d'eau qu'on a le droit de consommer Je te montrerai un peu nos points d'irrigation, mais c'est géré administrativement et publiquement. Alors qu'aux États-Unis, c'est un bien privé. Ils sont même venus à créer des contrats à terme sur l'eau et sur les droits de l'eau, à titre de liser les droits à l'eau. Et donc, eux utilisent des volumes d'eau considérables pour irriguer leurs arbres. Ils sont à 12 000 m3 par hectare par an pour certaines fermes, parfois même un peu plus. Quand nous, si tu veux, ici sur la ferme, on est autour de 6 000. au maximum, c'est le quota maximum. Donc déjà, tu coupes en deux. Et donc cet usage de l'eau de manière un peu démesurée, environnementalement parlant, il n'est pas tenable et il n'est pas durable. Et d'ailleurs, beaucoup de vergers aujourd'hui commencent à être arrachés parce qu'il y a un problème de durabilité du système hydrique.

  • Speaker #0

    C'est justement ce que j'allais te demander. Tu as dit que c'était une vision court-termiste. Qu'est-ce qui se passe à long terme si on continue cette vision-là

  • Speaker #1

    À long terme, c'est assez simple. Le verger californien, si tu veux, dans sa globalité, il commence... Il a beaucoup augmenté ces 10-15 dernières années. Depuis 2-3 ans, on voit qu'il y a un ralentissement en termes de plantation et tu as même certains vergers qui commencent à être arrachés. Donc si on se projette maintenant dans le futur à horizon 10 ans, si les conditions restent, enfin s'ils continuent à faire ce qu'ils font actuellement, forcément le verger californien va diminuer en termes de surface. Et donc je pense que c'est une belle opportunité justement pour les acteurs européens, à commencer par Green Pods et d'autres, justement de battre. promouvoir et d'essayer de faire connaître aussi d'autres systèmes de production plus durables pour justement mettre en avant des pratiques et préserver nos écosystèmes.

  • Speaker #0

    La question suivante que j'ai voulu poser à Martin c'est est-ce que cette décision d'investir dans un système de production qui est beaucoup plus extensif, qui est plus résilient, moins gourmand en eau, moins gourmand en intrants mais peut-être moins productif, est-ce que c'est une décision stratégique à long terme en sachant que la culture de la moindre Productiviste, intensive, conventionnelle, elle commence déjà à atteindre ses limites.

  • Speaker #1

    Encore récemment, je parlais avec un industriel qui m'expliquait que lui avait pour habitude justement d'acheter ses amendes en Californie et qu'aujourd'hui, en fait, pour des considérations environnementales, mais aussi pour des... considération d'approvisionnement et de savoir est-ce que demain je pourrais continuer à acheter des amendes en fait c'est aussi très m'a dit moi j'ai besoin d'aujourd'hui de revoir complètement ma chaîne d'approvisionnement et j'ai besoin de diversifier et de travailler des approvisionnements plus locaux européens plus durable sur lesquels je sais que voilà sur dix ans sur quinze ans je vais avoir de la de la matière première disponible de qualité traçable et avec des gages justement environnementaux donc nous le projet green pods il s'inscrit totalement dans cette idée De relocalisation, mais l'idée ce n'est pas de relocaliser ce qui se fait en Californie, mais c'est de relocaliser en le faisant différemment. Et donc le faire différemment, c'est avoir une approche différente sur l'environnement, sur les sols, sur la biodiversité, sur l'usage de l'eau, sur les circuits de commercialisation. Voilà, de revoir un peu totalement l'échec, on va dire.

  • Speaker #0

    Super, là tu viens de nous faire la liste de toutes les choses qu'on doit aborder dans cette conversation, parce que maintenant qu'on a un peu établi le contexte et tout ça, on va essayer de creuser en profondeur dans votre système, dans ce que vous faites. Merci à tous. C'est un peu le but du podcast, et comme ça qu'on aborde les choses ici, c'est vraiment d'aller en profondeur dans les choses, de comprendre comment tout ça fonctionne. Et donc, allons-y peut-être. Avec plaisir. Nous, peut-être, en exploitation. Oui,

  • Speaker #1

    comme je te le disais en introduction, c'est une exploitation qu'on a reprise en 2021, en plein Covid quasiment. Et donc, on a 145 hectares au global sur la ferme, et on a planté aujourd'hui 64 hectares d'amandiers. Donc avec une plantation qui s'est réalisée en deux temps, en deux étapes. On a voulu commencer doucement à apprendre, puis conforter Ausha, on va dire. Tu es ici sur une des parcelles les plus vieilles, si je puis dire, de la ferme, qui a été plantée en 2022.

  • Speaker #0

    Donc il y a trois ans Il y a trois ans,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    C'est déjà des très beaux arbres, quoi.

  • Speaker #1

    C'est déjà des très beaux arbres,

  • Speaker #0

    oui. En plus, je suis... J'ai de la chance au niveau du timing parce qu'on est mi-mars et les amandiers viennent de commencer à fleurir.

  • Speaker #1

    Ils sont exactement en pleine période de floraison. Ici, sur une des variétés les plus précoces qu'on a sur la ferme, on a au total quatre variétés. Avec justement le choix de diversifier les variétés qui est dicté par une diversification des risques, notamment liés à la floraison. Parce que là, l'arbre est en fleurs, on est effectivement début mars. tu as toujours un risque potentiel de gel sur les fleurs et sur les petits fruits. Et donc l'idée, c'est de diversifier les calendriers de floraison à l'échelle de la ferme pour, en cas d'épisode un peu gélif, tu sais que tu as des variétés qui sont plus tardives et donc le risque est un peu différent. Donc tu es là au bon moment, on va dire. Et pour revenir effectivement sur la plantation de ces arbres, plantés en février 2022, ce sont des arbres qui ont grandi en pépinière, donc qui avaient un an quand ils sont arrivés. Ce sont des arbres qui sont greffés. qui sont greffés sur un porte greffe qui est un prunus, qui a la capacité justement de résister à un certain nombre de maladies, d'asphyxie racinaire, de toutes les contraintes que ton sol a sur l'exploitation. Si tu veux, dans l'ordre, la chose la plus importante, quand on monte un projet comme en arboriculture, c'est un projet, quand tu plantes ton arbre pendant 20 ans, 30 ans, t'es marié avec lui et tu peux pas le déplacer, c'est pas comme un champ de blé où année après année tu peux faire des ajustements. Là, il faut pas se tromper dès le début. Une des choses les plus importantes, je trouve, et sur laquelle on insiste vraiment chez Greenpod, c'est en amont des projets, c'est de faire ce qu'on appelle une phase de due diligence, d'analyse, très structurée et très profonde de tout notre environnement. A commencer par les sols, et donc c'est ce qui a dicté notamment le choix du porte-greffe. Mais on regarde aussi l'écosystème, l'hydro, le climat évidemment, tout ce qui se passe au niveau social, sociétal autour du projet. Tous les paramètres qui peuvent jouer sur la réussite de ton verger. Grosso modo, il n'y avait pas de red flag sur l'ensemble de ces paramètres. En revanche, il y avait évidemment des pistes d'amélioration et de travail où tu sais que tu vas mettre un accent à ce que je te disais, notamment sur les sols. Tu sais qu'il faut vraiment être vigilant et faire attention à améliorer justement la santé de ton sol. Un des enjeux aussi, je pense pour nous, c'est le risque, la partie gel, parce qu'on n'est pas en Espagne, on est plutôt, je pense, au nord de l'air de culture sur l'amandier. Et donc, tu as potentiellement un risque de gel sur fleurs, parce que l'amandier, c'est un des arbres qui fleurit le plus tôt, avec notamment la bricotier aussi, en France, qui fleurit le plus tôt dans la saison. Donc, tu vois, on est début mars. Voilà, ça reste une période assez... qui peut être compliquée, on va dire. On voit qu'il a été il y a 2-3 ans encore, donc on y reviendra. Mais tu vois, on a installé des moyens de protection aussi contre le gel. Ouais,

  • Speaker #0

    parce que là, si maintenant on est mi-mars, c'est déjà en fleurs. Si il gèle...

  • Speaker #1

    On suit en fait le développement phénologique de nos arbres, grosso modo depuis la mi-février, la fin février, on va dire, jusqu'au mois, mi-avril, fin avril. où tu vas suivre l'évolution de tes bourgeons floraux jusqu'à la nouaison. et donc la formation de petits fruits. Et en fait, le seuil de résistance au gel évolue au fur et à mesure du développement de la fleur et du petit fruit. On considère que sur fleurs aujourd'hui, ça peut geler jusqu'à moins 2, moins 3, la fleur va tenir. Donc en revanche, quand tu avances dans la saison et quand le petit fruit va commencer à se développer, là pour le coup, la sensibilité au gel sera beaucoup plus forte. et donc même à 0,1 tu peux avoir des dégâts dans ton verger. Donc en fait tu suis vraiment au fur et à mesure du développement de ton arbre et de ta fleur.

  • Speaker #0

    C'est vraiment quelque chose de clé j'imagine.

  • Speaker #1

    C'est clé, parce que si tu gèles sur fleurs derrière ta production, elle peut diminuer très fortement, donc en fait tu perds ton revenu sur l'année, parce qu'il ne faut pas oublier que dans l'agriculture c'est ta récolte. qui génère ton revenu, ton chiffre d'affaires. Donc si tu n'as pas de fleurs ou si tu n'as pas de fruits, tu n'as pas de récolte et tu as eu un an de coût d'entretien pour mettre de l'engrais, pour arroser, pour tailler, pour gérer tout le verger. Donc c'est la période critique, vraiment, hyper importante.

  • Speaker #0

    Une des clés de l'agriculture régénérative, de manière générale, c'est d'améliorer la résilience des systèmes. Dans ce cas-ci, on ne sait pas vraiment améliorer la protection au gel par le régénératif.

  • Speaker #1

    Sur le gel, je trouve qu'on n'a pas encore trouvé la bonne solution. Je trouve que c'est assez compliqué par le régénératif. La première chose à faire, c'est de diversifier les variétés et de travailler sur des calendriers de floraison qui sont adaptés au climat que tu as sur la ferme. Je reviens encore une fois à cette phase d'analyse en amont des projets. C'est celle-ci qui conditionne le choix de tes variétés. On a analysé, alors là on est sur une parcelle qui est plutôt plate, mais on a des parcelles qui sont un peu en coteau, donc qui descendent un petit peu. Parfois tu as des petits bas-fonds où tu sais que le froid, c'est des parties qui sont un peu plus gélives potentiellement, et donc tu sais que tu vas là mettre des variétés plutôt très tardives, alors que sur une zone moins gélive, tu peux te permettre d'avoir des variétés un peu différentes. Donc cette phase d'analyse, elle est super importante. Et cette diversification variétale, pour moi c'est une des premières étapes pour mitiger justement ce risque gel. Après, tu en as d'autres, mais plus d'ordre mécanique, avec des moyens de protection. Comme une tour avant, tu peux avoir des brûleurs à pellets par exemple pour chauffer. Tu as l'aspersion aussi, tu sais, où tu envoies de l'eau justement autour de ta fleur ou de ton petit fruit et qui crée une coque dure et qui protège contre le gel. Mais ça c'est plutôt des moyens, des outils que tu vas utiliser, qui sont disponibles, alors qu'on a coup, donc c'est toujours pareil.

  • Speaker #0

    Je me disais des brûleurs sur 65 hectares de...

  • Speaker #1

    Oui, ça fait beaucoup. Le verger,

  • Speaker #0

    ça fait beaucoup.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup. En fait, alors, brûleur, il y a deux outils un peu différents. Il y a ce qu'on appelle les bougies. Donc là, les bougies, c'est quelque chose que tu vas positionner sur ton rang d'arbre. avec des centaines de bougies par hectare. Et donc là, déjà, c'est un coût. Et puis, tu as un énorme travail humain, enfin de manutention, tu vois, pour poser les bougies, les allumer, les remplacer si ça gèle. Et puis, tu as les brûleurs. Et donc, le brûleur, mais je t'en montrerai un tout à l'heure. Le brûleur, pour le coup, nous, on l'associe avec une tour avant. Donc, tu en as une derrière toi. Et en fait, cet ensemble va protéger Grosso modo, entre 5 et 7 hectares d'un seul tenant. Tu sais que tu as un point à gérer qui va protéger 5 à 7 hectares. Le fonctionnement est assez simple. Tu as une tour qui fonctionne un peu comme un moulin. Un moulin avant, c'est une tour qui fait environ 18 mètres de haut, 18,50 mètres, avec des pales. Au-dessus, tu as deux pales qui tournent. Ces pales ont une rotation à 360 degrés, qui permettent de pivoter. tout le long du mât. L'idée, c'est de brasser des courants d'air pour homogénéiser la température de l'air. Il faut savoir que quand il fait froid, quand tu as un épisode de gel, sans qu'il soit trop extrême, on va dire, l'air chaud a tendance à rester en hauteur et l'air froid a plutôt tendance à descendre et à se mettre au niveau du sol. Et donc, l'idée, c'est justement d'homogénéiser ces courants d'air chaud et froid pour essayer de réchauffer la température ambiante. Ok. Donc... Quand la température commence à diminuer et à se rapprocher d'un seuil critique en fonction du développement phénologique de ta plante, on en parlait sur Fleur, il est plutôt autour de moins 3 degrés, tu vas déclencher et allumer automatiquement la tour, c'est un allumage automatique, pour que l'air ambiant puisse commencer à se réchauffer. Une tour seule, elle te protège jusqu'à moins 2, moins 3 degrés. Pas moins, donc il ne faut pas qu'il fasse moins 5 ou moins 7. Ça arrive pas ici Ça peut arriver. Normalement, ça n'arrivera pas sur Fleur ou autre, mais ça peut arriver. Et donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a installé en plus de la tour un brûleur. Alors, il n'est pas encore là, donc malheureusement, tu ne pourras pas le voir, mais qui arrive la semaine prochaine, un brûleur à pellets, où en fait, tu vas générer de la chaleur. avec ce brûleur en allumant tes pellettes de bois et en fait ça va permettre à la tour d'être beaucoup plus efficace dans la protection contre le gel puisque tu vas pouvoir protéger jusqu'à des températures à moins 5 degrés en couplant les deux donc ça c'est la première chose ça dépend de l'épisode de de gel et la deuxième c'est quand même que ça a un coût donc oui effectivement c'est 5-6 hectares mais derrière il faut qu'on imagine que cette tour avec le brûleur a un investissement d'environ 70 000 euros entre 70 et 80 000 euros d'installation. Et après, tu as un coût de fonctionnement, parce que malheureusement, la tour aujourd'hui, elle marche au gasoil. Le brûleur marche au pellet, pour nous. Et donc, tu as un coût de fonctionnement derrière qui est quand même assez important. Mais encore une fois, c'est un outil qui est dans le contexte actuel, on va dire, du changement climatique, des épisodes de dérèglement qui est quand même indispensable pour...

  • Speaker #0

    Ouais, en fait... Le coût, c'est un peu ta police d'assurance.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Parce que si tu as vraiment un gros épisode de gel au mauvais moment, tu perds tout, c'est énorme. Énorme.

  • Speaker #1

    Et on ne se rend pas compte de l'importance, parce que l'arboriculture, c'est hyper capitalistique. Je suis sûr qu'on en parlera tout à l'heure, mais sur les sujets de financement, c'est très lourd à porter. Tu as des coûts, même des OPEX, donc des coûts d'opération tout au long de l'année lourds. d'un point de vue taille, d'un point de vue engrais, fertilisation, protection maladie, etc. Donc, tu ne peux pas te passer d'une récolte. Ça impacte trop ton panel. Donc, en fait, c'est l'élément qui équivaut d'une certaine manière à une forme de police d'assurance.

  • Speaker #0

    Revenons un petit peu à nos amendes. Bien sûr. Combien d'arbres est-ce que vous plantez par hectare Quels sont les espacements Quelles sont les règles de base que vous devez respecter Alors,

  • Speaker #1

    en fait, il n'y a pas vraiment de règles de base à respecter. Tu as plein de modèles différents qui existent. Du modèle très intensif où tu auras 2000 arbres par hectare, où tu vas les conduire plutôt comme de la vigne, on va dire, ou plutôt comme des pommiers en arbres un peu palissés, vraiment effrutières. Ça, c'est le modèle le plus intensif. Et après, tu as des modèles beaucoup plus extensifs, comme ici d'ailleurs, où pour le coup, tu es autour de 285 arbres par hectare. Et donc, tu es sur un modèle où tu as... grosso modo 7 mètres entre tes rangées d'arbres et tu as 5 mètres entre tes arbres. Et nous on a fait ce choix-là parce qu'on considère que c'est le plus durable dans le temps, si je me projette encore une fois à horizon 15, 20, 30 ans, parce que le modèle super intensif il a certainement son intérêt au début parce que tu as une production qui est plus rapide et tu as plus de production tôt. les cinq, six premières années, alors que nous, la production est un peu plus lente au début, mais je pense qu'à long terme, encore une fois, c'est toujours cet arbitrage court terme, long terme, je pense qu'à long terme, on va être gagnant. Et donc ça, c'est le premier objectif, c'est la notion de durabilité du système. Et puis, on est dans un climat, donc à côté de Toulouse, où tu as une humidité relative qui est assez importante au printemps. Alors là, tu viens, il ne fait pas très beau, mais effectivement, tu as un enjeu quand même, surtout quand tu es en bio, tu vois, de contrôler tes maladies ou tous tes agents pathogènes. Et l'ennemi, on va dire, du bio, c'est l'humidité, parce que dans un environnement humide, les maladies, elles ont tendance à se développer, à se fixer et donc à abîmer tes arbres. Donc nous, on considère qu'en aérant le verger, en apportant justement du... de la place entre les arbres, on permet à l'air de circuler et donc aux arbres de sécher et de limiter, on va dire, cet environnement favorable aux maladies. Donc voilà, c'est la raison pour laquelle on essaye d'espacer nos arbres et puis de travailler plutôt sur la formation de l'arbre pour en faire un arbre, un bel arbre. Tu vois, un peu la construction de l'arbre, on pourrait y revenir, où tu construis un peu l'arbre par étage. Tu vois, quand on l'a planté, je te disais, ils avaient un an, ils sortaient de la pépinière. On les a reçus, on les a plantés et en fait on les a taillés, c'est ce qu'on appelle un sion. Donc on a planté un sion qu'on a taillé environ à 90 cm au-dessus du sol. Et donc on avait vraiment une brindille, on va dire, unique. Et cette première taille qu'on a faite à la plantation, au mois de février, elle a permis à l'arbre... de recréer des branches latérales au niveau du point de coupe. Elle en a créé, il y en avait certainement autour d'une petite dizaine. Et ce qu'on a fait en fin d'année, on a planté en février et au mois de décembre de l'année, on a sélectionné trois à quatre, selon les arbres, branches qui vont structurer l'arbre, ce qu'on appelle des charpentières, et qui vont permettre la formation de l'arbre. Donc là, tu vois, il y en a trois sur celui-ci. Ah et à partir de celle-ci on va vraiment essayer de construire l'arbre par étage pour apporter en fait un maximum de lumière dans l'arbre parce que la lumière c'est ce qui permet de faire des fruits, il faut éviter d'avoir trop de bois parce que le bois tu vois c'est pas ça qui va te donner des fruits donc tu vois là tu retrouves cette idée d'étage où en fait l'année suivante on a refait une taille manuelle ici ce qui a reforcé l'arbre à refaire des branches latérales, etc. Et donc, tu construis un peu ton arbre comme ça par étage. Et là, tu vois, tu as un puits de lumière au milieu qui te permet d'aller justement générer de la fleur, tu vois, vraiment sur l'ensemble de ton cercle au milieu de l'arbre.

  • Speaker #0

    Ça demande un gros travail de taille chaque année

  • Speaker #1

    Tu as pas mal de travail. En fait, tu as deux types de taille. Tu as une taille manuelle où tu vas vraiment former l'arbre, justement, un travail de formation. Alors... Sur des jeunes arbres, ça se fait assez bien parce que le bois est assez tendre. Tu vois, c'est des rameaux qui sont relativement souples, donc ils se taillent assez bien au sécateur. Donc aujourd'hui, on fait une taille manuelle chaque année. Et puis par ailleurs, on fait des tailles mécaniques au lamier, donc vraiment mécanisé, tracteur, où pour le coup, on fait ce qu'on appelle un topping. Donc on vient tailler et mettre un coup de barre de coupe sur le haut de la canopée. le haut des branches, pour justement forcer l'arbre, tu as un bon exemple ici, pour forcer l'arbre à générer des rameaux horizontaux, et retrouver cette notion, encore une fois, d'étage, qui est hyper importante. On voit ici le... le trait de coupe et la formation de céramo. Et ça, pour le coup, on en fait une à deux fois par an. En général, on fait une taille en vert au mois de juin pour forcer l'arbre justement à se structurer, on va dire. Et puis après, quand l'arbre vieillit, on n'est pas concerné aujourd'hui, tu fais des tailles manuelles aussi pour éclaircir à l'intérieur, enlever des bois morts et travailler un peu ton...

  • Speaker #0

    Rappelle-moi, combien d'hectares, combien d'arbres au total par hectare et tout ça Écoute,

  • Speaker #1

    on a 285 arbres par hectare et on a environ 20 000 arbres. Grosso modo, 20 000 à 25 000 arbres qui ont été plantés. Donc, il y a eu un peu de boulot. Heureusement, la plantation, elle est mécanisée. Donc, tu ne plantes pas arbre par arbre à la main. Ça se fait plutôt bien. C'est un chantier, tu vois, qui a duré à chaque fois entre 4 et 5 jours, on va dire. Tout se fait au GPS. pour que les lignes soient vraiment droites et que les distances soient respectées parce que derrière ça conditionne le travail d'entretien et de récolte.

  • Speaker #0

    Oui, je vois que ce sont de belles lignes ici, on a des lignes parallèles. Mais si on regarde de côté, il y a aussi en biais comme ça des lignes.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, les arbres sont plantés en quinconce. Effectivement, tu vois là, tu as deux arbres et tu en as un au milieu. L'idée, c'est d'apporter un maximum de lumière. Parce que ce qu'il faut que tu imagines, c'est dur, il faut se projeter, mais là les arbres sont encore petits, demain ils vont presque se toucher. Enfin demain dans quelques années. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc ça va encore grandir beaucoup Beaucoup, oui. Ça va faire des très beaux arbres Oui,

  • Speaker #1

    ça va faire des très beaux arbres.

  • Speaker #0

    Et donc là, vous récoltez déjà des amandes sur ces arbres Oui,

  • Speaker #1

    on a fait une première récolte manuelle l'année dernière, donc en septembre 2024.

  • Speaker #0

    assez symbolique on va dire.

  • Speaker #1

    Manuel ça va être bien.

  • Speaker #0

    Ouais, c'était un peu de travail, mais c'était assez agréable parce que ça vient quand même récompenser un peu le travail en amont. On va récolter un peu plus de 800 kg sur l'ensemble de la ferme, donc c'est rien, parce que l'objectif à terme, c'est de produire autour de 50 à 60 tonnes d'amandes. Et cette année, donc en 2025, on va faire notre première récolte mécanisée, où pour le coup, on a un objectif entre 2 et 3 tonnes. de récolte. Et là, si tu veux, la récolte, c'est un peu comme pour l'olive. Tu viens, tu vibres l'arbre et les amandes tombent soit dans un parapluie, comme un parapluie que tu prends à l'envers. Et après, tu les mets dans une remorque et après, tu les ramènes à la ferme pour traiter, les nettoyer, enlever l'enveloppe verte que tu peux avoir autour.

  • Speaker #1

    Et ça, ça ne fait pas du tout de mal à ton arbre, le fait de le secouer comme ça

  • Speaker #0

    Alors, il faut faire attention justement au réglage de ta machine. Et tu vois, c'est aussi pour ça que sur des jeunes arbres, on ne l'a pas fait cette année, on l'a été en manuel, parce que tu veux aussi préserver un peu, évidemment, la santé de ton tronc pour ne pas abîmer l'arbre. Mais les modèles aujourd'hui sont suffisamment éprouvés pour être certain que ça n'abîme pas de manière définitive. Ça, ça se fait bien.

  • Speaker #1

    Et donc, pour avoir une petite idée, à ce stade-ci, sur un arbre comme ça, tu récoltes combien

  • Speaker #0

    Écoute, nous, l'objectif, ce serait de récolter autour de 5 et 7 kilos d'amandes cassées. Donc, moi, quand on parle de rendement, en tout cas sur l'amande, on raisonne en amandons, donc vraiment le fruit que tu consommes. En sachant que tu as, en fait, quand tu récoltes l'amande, tu as deux coques autour de l'amande. Tu as une coque verte, tu sais, comme pour la noix, c'est peut-être plus commun. On achète souvent des noix avec la coque verte, ce qu'on appelle une gove, qu'on enlève au champ, qu'on enlève à la ferme et qu'on remet dans le champ, c'est de la matière organique. Et après, tu as la coque dure, et que là, on fait casser dans une casserie, pour enlever cette coque dure et donc récupérer l'amandon. Et donc, en fait, quand tu... récolte ce que tu as dans ta remorque, il faut que tu enlèves beaucoup de poids pour avoir les kilos d'amandons à consommer en équivalent. Ouais. Donc, il faut avoir la vision finale, et la vision finale, c'est autour de 5 à 7 kilos par arbre. Il faut savoir qu'en bio, évidemment, la matière azotée, le plus important, c'est de ramener de la matière animale, donc du fumier, et donc il faut en trouver. Nous, c'est un peu le challenge aujourd'hui. justement de créer des partenariats avec des éleveurs. Donc on en trouve quand même. Et c'est un peu la première étape de notre plan d'amendement et de fertilisation. Tu vois, sur une plantation comme celle-ci, on apporte environ 10 à 12 tonnes de fumier de cheval chaque année. Par hectare.

  • Speaker #1

    Par hectare,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc tu vois, là, tu l'as ici. Donc ça, c'est du fumier de cheval qu'on a apporté, qu'on a épandu il y a quelques semaines, on va dire au début du mois de décembre, même quelques mois du coup. Donc ça, on l'épand... uniquement sur le rang. Je te montrerai la machine avec laquelle on fait ça. C'est grosso modo un tapis, si tu veux, qui projette le compost uniquement sur le rang. Donc ça, c'est plutôt bien.

  • Speaker #1

    Pour être sûr de concentrer la question vraiment là où se trouvent les racines de l'arbre.

  • Speaker #0

    Exactement. En sachant qu'aujourd'hui, tu es encore sur un arbre qui est assez jeune, donc tu as un système racinaire qui est assez concentré au pied de l'arbre. Si tu reviens dans 5 ans, il faut que tu imagines que les racines de l'arbre, si tu veux, viendront quasiment carrément dans l'allée et viendront jusqu'à la moitié, à 2 mètres de l'arbre. Ça, c'est un point important. Et par ailleurs, on fait aussi, d'un point de vue amendement, on fait des apports de déchets verts, donc de déchets végétaux, pour apporter vraiment de la matière carbonée. Donc on l'a fait beaucoup, notamment au moment de la plantation, où on a apporté environ 20 tonnes hectares. Et là, pour le coup, on a fait un apport essentiellement dans les allées, tu vois, entre les arbres, en considérant que c'est de la matière carbonée qui va mettre du temps aussi à se minéraliser. Donc ça, c'est vraiment la partie amendement qui est importante. Donc ça, c'est un travail qu'on fait essentiellement pendant l'hiver. Et après, on a un plan de fertilisation entre la fin mars. et la fin juin où pour le coup on va apporter deux types d'engrais, de l'engrais solide, donc là c'est essentiellement du granulé, si tu veux qu'on va pareil. apporter en localisé au pied de l'arbre. Donc là, je te montrerai aussi la machine qui est intéressante, parce que tu as des radars, si tu veux, qui détectent les arbres et qui permettent justement d'apporter uniquement au pied de l'arbre une concentration de granulés. L'objectif sur la saison, c'est d'apporter, aujourd'hui sur les arbres comme ça, autour de 120 unités d'azote, entre le mois de mars et le mois de juillet. Et donc, les apports en solide sont intéressants, mais nous, on les complémente avec de l'apport liquide. par l'irrigation. Donc si tu veux, on a la capacité d'apporter, je te montrerai au niveau des stations d'irrigation, on a donc des stations d'injection où on injecte directement nos produits de fertilité dans l'irrigation et donc c'est du liquide, ce qui a pas mal d'intérêt en fait. Le premier, c'est que c'est très facilement assimilable par l'arbre et par la plante. Et c'est tout de suite assimilable. Un engrais solide, il faut attendre qu'il se décompose, il faut qu'il pleuve. Donc ça peut prendre un mois, deux mois, trois mois. avant que la plante tire tous les bénéfices de ce ferti. Alors que sur du liquide, c'est immédiat. Tu fais un apport et presque une semaine après, tu peux voir un verdissement de tes feuilles, tu peux voir un impact. Donc ça, c'est sympa, c'est intéressant. Par ailleurs, tu évites aussi de tasser tes sols en passant avec des machines lourdes pour apporter ton ingrès solide. Là, ça se passe à la station et ça part direct. dans les différents secteurs. Et le troisième élément, c'est que tu gagnes aussi du temps parce que tu as un seul point d'injection et donc tu évites de passer des heures à traverser ton verger. Donc, mis bout à bout, c'est une solution qui est intéressante. Qui est un peu plus chère en revanche, mais qui est intéressante.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un système d'irrigation partout sur l'exploitation. Donc, au pied de chaque arbre, de chaque ligne, j'imagine qu'il y a une ligne d'irrigation qui passe.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as deux lignes même. Deux lignes par arbre Oui, on travaille avec deux lignes de goutte à goutte. C'est du matériel Netafim, matériel israélien, qui est le matériel de pointe pour l'irrigation de goutte à goutte, ou irrigation de précision. L'idée pour nous, c'était d'avoir deux lignes de goutteur de pareille d'autre des arbres pour travailler sur le développement d'un bulbe racinaire homogène, si tu veux, de pareille d'autre de l'arbre, pour garder quelque chose d'équilibré, pour éviter que ça ne se développe qu'à droite, en fonction de où tu as mis ton goutteur.

  • Speaker #1

    Parce que typiquement, la ligne passe d'un côté de l'arbre à quelques centimètres et donc du coup apporte plus d'eau d'un côté que de l'autre.

  • Speaker #0

    Potentiellement, voilà exactement. Alors que si tu veux, nous aujourd'hui, donc tu as l'arbre et en fait, on a tiré des lignes de goutteur environ à 1 mètre 50, 1 mètre de part et d'autre de chaque arbre. Tu vois, la ligne de goutteur, si tu veux, elle est à ce niveau-là. Et tu as la même de l'autre côté. Voilà, ce qui permet d'équilibrer, d'anticiper le développement racinaire en latéral. Oui. Parce que, encore une fois, demain, les racines, elles sont là. Elles ne seront plus uniquement là. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Parce que j'imagine qu'au moment où tu plantes ton petit arbre, à un mètre, tu es quand même assez loin. Voilà, exactement. Mais tu penses au futur en disant, à un moment donné, les racines vont se développer, il faut que je ne sois quand même pas trop proche de...

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, exactement. Non, c'est exactement ça. Et donc, et là, on est avec du goutte-à-goutte enterré. Pour la petite histoire, au début, on avait un système où nos tuyaux de goutte-à-goutte étaient posés au sol, simplement. Et en fait, en bio, la gestion... de l'enherbement était devenue quelque chose de trop compliqué. Et donc, on a pris la décision d'enterrer l'égoutteur. Ça a aussi certainement ses inconvénients, parce que tu vois moins facilement si tu as un petit pépin, une fuite ou quelque chose, c'est quand même moins accessible et tu ne le vois pas tout de suite. Mais l'avantage, encore une fois en bio, c'est que tu peux contrôler facilement ce qui se passe au niveau du sol. Tu limites l'évaporation aussi de tes apports en eau. C'est directement dans le sol. Oui, ça c'est important. L'herbe en profite moins. Donc voilà, c'est directement pour l'arbre, donc tu fais des économies d'eau. Et donc les lignes de goutteurs, elles sont enterrées, grosso modo, à 30 cm, 35 cm sous la surface du sol.

  • Speaker #1

    Ok, c'est un système ici qui est encore assez jeune. Ouais. J'imagine qu'il y a encore une grosse marge de progression pour le rendre de plus en plus résilient et régénératif. Est-ce qu'il est possible à un moment donné d'avoir un sol, d'avoir un système qui capte suffisamment d'eau dans les périodes plus pluvieuses que pour pouvoir se passer d'irrigation à un moment donné

  • Speaker #0

    Écoute, ça paraît compliqué. Je pense qu'il faut plutôt essayer de travailler. Il faut essayer de mettre en place plusieurs solutions qui, chacune à leur échelle, vont permettre d'améliorer la rétention en eau du sol, mais sans que ça devienne non plus trop d'eau dans le sol, parce que l'amandier, comme beaucoup d'arbres fruitiers d'ailleurs, peut souffrir de ce qu'on appelle l'asphyxie racinaire. Et donc quand tu as un sol qui est trop hydromorphe, qui a une capacité de rétention en eau trop importante, l'amandier va passer des heures les pieds dans l'eau. et en fait il va mourir. Donc il faut trouver le juste milieu justement entre la rétention en eau. mais aussi de la bonne circulation et de l'infiltration. Je pense que quand on parle de régénératif, la chose la plus importante, c'est certainement le couvert végétal, qui permet quand même de travailler sur la perméabilité et la porosité de ton sol avec le système racinaire. Ici, on avait un couvert qui était en févrole et en avoine, avec justement une association graminée et légumineuse. Et l'objectif avec l'avoine, c'était justement de travailler avec un système racinaire très profond, de travailler sur la porosité et l'infiltration de l'eau dans le sol, pour justement gagner de la rétention. Donc pour moi, ça c'est une des premières solutions que tu peux assez facilement mettre en place. Tu sèmes des couverts, tu le travailles. Et après, on fait un test aussi en ce moment avec une société qui produit du biochar. Donc le biochar, c'est de la matière végétale qui est pyrolysée. Pour simplifier un peu la chose, on pourrait dire que c'est un peu du charbon végétal et qui justement joue un peu ce rôle d'éponge dans le sol et si tu veux, se gorge d'eau quand il pleut et ensuite redistribue, redonne l'eau petit à petit au sol. Et donc voilà, joue un peu ce que tu viens de dire, et une solution en tout cas pour essayer de garder l'eau quand il pleut et de la redistribuer ensuite aux arbres. Donc on a un petit essai nous sur 2000 m² avec une société qui s'appelle Novocarbo. une startup allemande. C'est trop récent pour te dire ça marche, ça marche pas. C'était seulement il y a un an au moment de l'implantation en 2024. Mais je pense que c'est quelque chose qu'il faut creuser, au même titre que beaucoup d'autres solutions, pour justement essayer d'améliorer les cycles.

  • Speaker #1

    Je pose la question, et j'insiste un peu sur ce sujet-là, parce que je sais qu'à terme, on risque d'avoir pas mal de problèmes avec l'eau. Tu mentionnais la... production de l'amande en Californie, qui est extrêmement gourmande en eau, en irrigation, qui vient des nappes phréatiques. Il y a une limite à tout ça à un moment donné. Et donc, j'imagine que dans la vision long terme de votre exploitation, être capable de pouvoir résister à des problèmes d'eau et d'avoir...

  • Speaker #0

    C'est clé. En fait, c'est clé. Nous, déjà, sur la ferme, si tu veux, la ressource en eau, c'est de l'eau de surface. On n'est pas en train de puiser dans les nappes phréatiques, dans l'eau, dans le souterrain. On bénéficie d'un fleuve qui s'appelle la Garonne, qui est un des plus grands fleuves en France, avec une gestion durable du système hydrique. Tu as un canal qui s'appelle le canal de Saint-Marthory, qui est un ouvrage de Napoléonien, c'est Napoléon III qui a construit ce canal, et qui permet de capter les excédents d'eau de la Garonne pour irriguer 10 000 hectares. sur le bassin toulousain, avant que l'eau revienne dans la Garonne. C'est un modèle qui est très durable, qui est géré publiquement, encore une fois, c'est important. Ça, c'est le premier élément. Et le deuxième élément, sur la durabilité de la disponibilité en eau dans le temps, en fait, nous, si tu veux, en travaillant avec un amendier, on a choisi de travailler sur une essence méditerranéenne par excellence, qui résiste très bien. à des épisodes de sécheresse, à des épisodes où il fait très chaud et où il ne pleut pas. En fait, l'arbre en tant que tel, c'est ce qu'on appelle un arbre plastique, c'est-à-dire qu'il ne va pas forcément souffrir d'un manque d'eau pendant de longues semaines, pendant quelques semaines ou quelques mois. Ce qui va en revanche, évidemment, en pâtissière, c'est la production de fruits. Mais si je regarde l'arbre, l'actif arbre, il va être hyper résistant dans des épisodes de sécheresse. Donc, c'est quand même pas mal. Si effectivement tu as une année qui est compliquée et où tu n'as pas les autorisations que tu pensais avoir sur la capacité d'irrigation, en fait ton arbre l'année d'après il sera toujours là déjà, alors que ce n'est pas le cas sur d'autres filières fruitières. Et il s'adapte bien, il s'adapte très bien.

  • Speaker #1

    Ok, trop bien. Tu mentionnais les couverts végétaux, on peut peut-être en parler un peu. Ici pour l'instant il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Oui, ici, on n'a pas ressemé en couvert d'hiver cette année, parce qu'on a fait nos travaux d'irrigation, on a enterré justement les goutteurs. Et donc, en fait, le fait de faire ce travail, si tu veux, il y a eu beaucoup de machines, donc on avait décidé de ne pas mettre de couvert cette année, exceptionnellement. Mais tu verras tout à l'heure sur les parcelles plus récentes, pour le coup, on a travaillé sur une association légumineuse graminée, environ 65 kg hectares de chaque, un peu moins. Avec l'idée d'avoir une approche un peu double sur la structuration de ton sol, en sachant que l'historique maïs conventionnel a quand même eu cet inconvénient de tasser les sols énormément. Tu avais une belle semelle de labour, donc il y a un enjeu pour nous de décompacter. Et donc, je pense que le choix de l'avoine est bon de ce point de vue-là, justement. Et on l'a couplé avec une légumineuse, donc la févrole, qui permet de capter, de ramener de l'azote, donc en captant effectivement de l'azote atmosphérique. Donc ça, c'est quelque chose de très bien. L'idée, c'est les 4-5 premières années, c'est de travailler sur des couverts végétaux non permanents, on va dire. Donc tu vois, chaque année, on va réimplanter un couvert. On va pouvoir aussi selon comment le sol se comporte adapter les essences qu'on y met. Mais l'idée au bout de 5-6 ans c'est d'avoir un couvert permanent sur l'ensemble du verger. Pour le coup. Permanent Oui permanent. En fait permanent parce qu'on considérera si tu veux que gros des travaux déjà d'installation du verger auront été faits. Tu vois l'irrigation, la plantation etc. On considérera que le système racinaire des arbres sera suffisamment développé pour éviter justement la concurrence entre ton couvert et ton arbre. C'est quelque chose où il faut rester quand même vigilant. Tu parlais de l'eau notamment, mais tu vois, les premières années, nous, on a eu des sujets justement parce qu'il y avait trop d'herbes au pied des arbres. Et en fait, ces adventices dont on ne voulait pas forcément, en fait, pompaient beaucoup d'eau au détriment de l'arbre. Et donc, on avait des partes de croissance au niveau de l'arbre et qui n'étaient pas forcément cohérentes avec ce qu'on voulait faire. Donc voilà, au bout de cinq, six ans, ton arbre est suffisamment replanté, donc tu peux vraiment couvrir de manière permanente. Tu vois, aujourd'hui... Le système qu'on a choisi, c'est de nettoyer le sol sur un mètre, on va dire, sur le rang d'arbre. Ça, c'est quelque chose qui est assez important. Les premières années, encore une fois, quand le système racinaire est peu développé, et après, on en arbera 100% du verger.

  • Speaker #1

    En dessous des arbres aussi En dessous des arbres aussi.

  • Speaker #0

    Alors après, les arbres prendront de l'envergure, tu auras de l'ombrage. Donc, en fait, finalement, tu auras moins de croissance au niveau du sol parce que ce sera beaucoup moins lumineux.

  • Speaker #1

    Oui, ok.

  • Speaker #0

    Plus abragé.

  • Speaker #1

    Déjà, ici, ce matin, tu m'as montré des images de cette parcelle ici. En tout cas, ici. Et je voyais ces couverts vraiment haut, magnifiques.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Et puis tu avais plein de coquelicots au pied des arbres. C'était super coloré. Peut être que tu peux me filer des images que je vais mettre dans la vidéo comme ça les gens pourront s'en prendre quand le couvert est vraiment...

  • Speaker #0

    Avec plaisir, c'est vrai qu'on a eu des scènes, c'était super joli. On était au mois de mai et effectivement, le couvert, c'était très bien implanté, déjà de une. Et de deux, sur le rang, on avait effectivement pas mal de coquelicots. C'était très joli.

  • Speaker #1

    Et vous faites quoi avec votre couvert

  • Speaker #0

    Le couvert, en fait, pour nous, il n'a aucune vocation commerciale ou alimentaire, d'un point de vue humain, je veux dire. Il est purement pour les sols. pour l'écosystème. On a travaillé jusqu'à maintenant sur des couverts plutôt d'hiver. On a implémenté qu'on sème au début du mois de décembre, fin mi-novembre même cette année. L'idée c'est de le laisser se développer pendant l'hiver, de s'installer, de lui laisser de la croissance sur la partie printemps, avec des beaux mois de croissance, mois de mars, avril. Et en fait, courant du mois de juin, On va le détruire. Alors, on va le détruire, en fait, l'idéal. Jusqu'à maintenant, on le broyait. Et donc, si tu veux, le résidu végétal restait vraiment au niveau des sols, dans les allées. Ça apportait beaucoup de matière organique. Ça permettait de limiter aussi l'évaporation pendant les mois d'été, qui sont des mois secs. Et cette année, on va essayer justement de les rouler pour les détruire, mais sans casser toutes les fibres. Et donc, tu passes ce qu'on appelle un rouleau FACA, qui te permet justement de coucher ton couvert et de le détruire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est quelque chose qui est assez important je pense pour stabiliser aussi tes sols et participer un peu à la restructuration et à la régénération.

  • Speaker #1

    Comme je l'avais annoncé en intro de cet épisode, il y a un deuxième interlocuteur dans cet épisode, c'est Clément, le chef d'exploitation de la Granja. Donc là je suis avec Clément qui est le chef d'exploitation ici à la Granja, donc un peu le chef d'orchestre, c'est ça

  • Speaker #2

    Exactement, oui bonjour. Raphaël, voilà donc chef d'orchestre, on peut dire ça comme ça, chef d'exploitation, je m'occupe de toutes les opérations culturales et de la gestion globale de l'exploitation sur place.

  • Speaker #1

    Super, je voulais profiter de t'avoir sous la main pendant quelques minutes pour te poser quelques questions un peu techniques. On a déjà pas mal discuté avec Martin de tout ce que vous faites ici mais il y a une question qui me taraudait un peu, c'était de savoir quels sont les... Les mesures, les études, les analyses que vous avez faites au début, quand vous avez commencé l'exploitation il y a 4 ans, et quels ont été les résultats de ces études-là On n'est pas obligé de me donner le détail ultra-technique, mais en tout cas les grandes lignes, et puis surtout, comment est-ce que ça a évolué En 4 ans, c'est pas super long, mais peut-être qu'il y a déjà eu des résultats, donc je suis curieux de savoir plus sur tout ça.

  • Speaker #2

    Oui, très bien. Alors, on travaille avec Genesis. Au moment du rachat de cette ferme, ils sont venus faire des analyses de sol complètes et on a eu un résumé global de l'état des sols, donc à T0. Le résultat de toutes ces analyses, de toutes ces mesures, c'était qu'on était sur des sols érodés, des sols dégradés, très peu de matière organique, des sols assez tassés. Chaque année, on refait des mêmes mesures avec ces mêmes personnes et on se rend compte, on a eu les résultats sur toutes les analyses de 2024 et on voit que on est dans la gradation des sols d'année en année. Donc, les indicateurs qui sont en augmentation et qui deviennent de mieux en mieux, c'est le taux de matière organique dans les sols. le ratio carbone sur azote de cette matière organique là. On a des indicateurs de capacité d'échange cationique qui sont aussi mieux. Donc c'est la CEC du sol, on va dire que c'est la capacité du sol à retenir les éléments qu'on lui apporte ou qui sont minéralisés à l'intérieur de celui-ci. Donc ça c'est les principaux éléments.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux me donner des chiffres

  • Speaker #2

    Alors au départ on était à un... 1,5% de matière organique au moment de l'entrée dans les lieux. Et là, on tend vers les 2% déjà sur certaines parties. A savoir qu'on a une très grande hétérogénéité dans nos parcelles, avec une granulométrie qui n'est pas pareille, un relief qui change un peu, et notamment le pourcentage de terre fine dans nos sols qui diffère énormément. On a des zones avec beaucoup de cailloux, des zones avec moins de cailloux. Ces zones avec beaucoup de cailloux sont peut-être un peu moins fertiles, mais on gagne au niveau du tassement des sols, puisque les particules comme des cailloux permettent de structurer le sol un peu mieux au niveau du tassement. Ça, ça nous aide bien. Au niveau des chiffres matière organique, au niveau de la CEC, on a gagné un point de CO6, ce qui est énorme. Et après, il y a une autre dimension aussi dans l'analyse d'un sol, c'est l'analyse plutôt physique. qui est faite avec des profils de sol. Donc on en fait régulièrement et on voit qu'on a plus de semelles de labour, on a des horizons qui sont assez noyés l'un dans l'autre, on va dire. On n'a pas des horizons qui sont identifiables, mais on voit que les horizons sont assez diffus, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, et ça veut dire quoi ça

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'on tend vers une verticalité dans nos sols, un bon fonctionnement de celui-ci, et des bons transferts d'eau, d'oxygène et d'éléments minéraux de la surface vers la profondeur.

  • Speaker #1

    Et comment tu expliques ces résultats Donc quand même une amélioration considérable de matière organique en seulement 3-4 ans Exactement. Tu parlais du CEC, peut-être que tu peux aussi m'expliquer un peu plus en détail ce que c'est, parce que je ne connais pas.

  • Speaker #2

    D'accord, alors la CEC, on va dire que c'est le frigo du sol. Le frigo, comme à la maison, qu'est-ce qu'on fait On stocke des aliments, on ouvre. Et on va dire que la CEC, au plus elle est grande, au plus notre frigo est grand. Si on a une petite CEC, c'est un petit frigo d'appartement. Et si on a une grande CEC, ça veut dire qu'à la maison, on n'a pas un petit frigo, mais on a un frigo américain, double porte. Et donc à l'intérieur de celui-là, on ne peut plus stocker. Et au plus on peut stocker dans un sol, au mieux c'est. Ça veut dire que les apports qu'on fait annuellement, ils vont pouvoir être stockés à l'intérieur de celui-ci sans être lixiviés, sans être perdus dans la nappe phréatique.

  • Speaker #1

    Et donc pour revenir à ma question, comment est-ce que tu expliques tous ces résultats assez impressionnants en seulement trois ans

  • Speaker #2

    Alors on explique ces résultats par plusieurs leviers qu'on a mis en place. Premièrement, c'est beaucoup d'apports de matière végétale, matière organique. Deuxième élément, c'est le non-travail du sol. Et le troisième élément, c'est les couverts végétaux.

  • Speaker #1

    Ok, on peut peut-être en parler un par un. Donc l'apport de matières organiques et tout ça.

  • Speaker #2

    L'apport de matières organiques, c'est des apports qui permettent d'augmenter notre bilan humique, d'avoir un bilan humique positif, c'est-à-dire que toutes les exportations qu'on fait dans nos cultures soient compensées par des apports. Donc ça, c'est vraiment l'augmentation de la matière organique. et c'est des apports avec des matériaux avec un C sur N assez élevé pour avoir une dégradation lente dans le temps, étant donné qu'on a une faible capacité de rétention de minéraux, c'est la CEC, on vient d'en parler. Donc voilà, fumier et déchets verts. Le deuxième levier qu'on a mis en place, c'est... Le non-travail du sol dans nos vergers, c'est la culture pérenne aussi qui facilite tout ce travail, puisqu'une fois que les arbres sont plantés, on n'a plus besoin d'intervenir. Mis à part, si on voit que les tracteurs avec les passages répétés tassent le sol, on peut passer pour décompacter un peu. Mais sinon le non travail du sol il est bénéfique puisque on mélange pas les horizons du sol, on laisse le sol se stabiliser, se structurer tout seul et et donc il y a toute une vie, tout un système qui se met en place qui va être bénéfique dans les années à venir.

  • Speaker #1

    Et alors troisième partie on parlait découvertes, on peut peut-être même se rapprocher un peu des couverts ici derrière, on peut en parler directement donc ici Je décris pour ceux qui écoutent la version audio et qui ne voient pas la vidéo, on a des rangées d'amandiers qui sont espacées chacun entre 5 mètres, c'est ça Et 7 mètres entre les rangées. Donc au milieu de ces rangées de 7 mètres, on a un magnifique couvert. Tu peux nous expliquer de quoi est-il

  • Speaker #2

    Alors c'était un mélange d'avoine et de févrole. Donc deux espèces différentes qui vont être complémentaires dans leur cycle végétal. L'avantage de l'avoine, ça va être un chevelu racinaire qui va pénétrer en profondeur, même dans les endroits un peu tassés, avec aussi un apport de matière sèche conséquent. Et la deuxième espèce c'est la fèvreole, donc une légumineuse autonome en azote avec un système racinaire qui est complètement différent de l'avoine. C'est plutôt un pivot qui va aussi travailler en profondeur.

  • Speaker #1

    C'est bien pour décompacter.

  • Speaker #2

    Exactement, et beaucoup de matière sèche aussi.

  • Speaker #1

    Beaucoup de matière sèche.

  • Speaker #2

    Beaucoup de matière sèche, oui. Le végétal est très dense sur la fèvreole. Donc voilà, on va essayer d'amener cette... plante donc jusqu'à la fin de son cycle pour avoir un reliquat très riche en carbone. La fèvrole n'est pas la plante la plus riche en carbone mais quand même on va essayer d'avoir de la lignine et donc de la détruire le plus tard possible donc fin juin ou début juillet.

  • Speaker #1

    Ok, vous détruisez comment

  • Speaker #2

    Alors soit on va le rouler soit on va le broyer.

  • Speaker #1

    Le but est de laisser la matière sur place pour qu'elle se décompose et qu'elle nourrisse le sol.

  • Speaker #2

    Voilà la matière sur place. place, plante entière le mieux pour qu'elle se décompose lentement.

  • Speaker #1

    Ok, génial. Un tout grand merci pour ces informations complémentaires qui sont vraiment top. Courage pour la suite, en tout cas le travail que vous faites est génial, donc continuez comme ça.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Raphaël, à bientôt.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je referme cette petite parenthèse super intéressante avec Clément et je reviens à ma conversation avec Martin et dans ce passage suivant, on discute des outils de mesure qu'ils utilisent pour mieux piloter la ferme au jour le jour. Je vois que tu as un petit appareil ici au pied de ton arbre. Tu peux peut-être nous expliquer de quoi il s'agit Oui,

  • Speaker #0

    carrément. La partie mesure de données est hyper importante sur la ferme, et notamment sur l'irrigation et toute la partie météo. On travaille depuis quelques années avec une société qui s'appelle Winat pour justement la collecte de toutes ces données. Et donc ici, ce que tu as ici, c'est ce qu'on appelle une sonde capacitive qui vient mesurer dans le sol. l'humidité de ton sol à différents niveaux de profondeur. Ce qui est toujours compliqué, c'est que là, tu vois, tu as l'impression que ton sol, en grosso modo, il a pris la plume et il est relativement humide. Mais en fait, quand tu vas regarder ce qui se passe à 20 à 40 cm, ça peut être totalement différent. Et donc, cette sonde capacitive, elle mesure en gros 60 cm et elle mesure l'humidité tous les 15 cm, donc à différents niveaux de profondeur. Ça nous permet de piloter au mieux notre irrigation, en essayant d'être le plus lisse possible dans les courbes d'humidité. L'idée, c'est d'éviter d'avoir des mouvements un peu trop erratiques, mais plutôt d'homogénéiser les courbes. Et donc de piloter, d'être… De faire des économies d'eau, pour ne pas mettre trop d'eau. Surtout qu'ici, sur cette parcelle, on est sur une parcelle qui est assez filtrante. Tu as un pourcentage de sable qui est assez important, ça se voit un peu à l'œil nu, mais qui est autour de 35-40%. Et donc... d'apporter trop d'eau, ça ne rimerait à rien, elle percolerait, elle s'infiltrerait, elle descendrait dans la nappe et que tu n'utiliserais pas à bon escient. Donc voilà, ce suivi est hyper important. Donc tout est connecté sur ce matériel. Tu vois, on a un pilotage informatique en temps réel pour optimiser tout ça.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et t'en as beaucoup sur les plantations Ouais,

  • Speaker #0

    on en a plusieurs. En fait, on a raisonné en ce qu'on appelle en unités homogènes de sol. La difficulté en fait avec ces appareils, c'est que ton sol peut être très différent d'une parcelle à l'autre. Et donc en fait, on a essayé de catégoriser nous nos sols, et on a grosso modo 4-5 unités un peu différentes, où t'as des caractéristiques qui sont différentes. Et donc on a installé des sondes sur chacune de ces zones. de ces soldes un peu différents. Après, on pilote différemment l'irrigation. Tu vois, sur cette parcelle, comme je te le disais, elle est un peu plus filtrante. On met, par exemple, 10 à 15 de plus d'eau que sur les parcelles en bas, qui sont un peu plus argileuses, avec autour de 35 à 40 d'argile.

  • Speaker #1

    Du coup, j'imaginais ça un coût aussi au départ, mais tu récupères ça en économisant sur ton utilisation.

  • Speaker #0

    Oui, tu as un petit investissement sur l'outil, mais derrière... Effectivement, tu économises sur l'eau, donc économiquement c'est intéressant, mais surtout environnementalement parlant, tu as une gestion beaucoup plus durable de tes ressources, de ta ressource hydrique. Et puis je pense qu'agronomiquement pour la plante aussi, c'est hyper intéressant parce que tu t'optimises, tu vois, sa capacité à prendre l'eau et à voir ce dont elle a besoin. Et selon le développement de ton fruit, par exemple, etc. Donc, j'ai... C'est super, c'est un très bel outil. Et à côté, là, tu vois, tu as l'équivalent, donc c'est toujours chez Winat. Et c'est la... C'est assez classique, c'est une station météo où on va suivre des paramètres comme évidemment la température. On va suivre le vent, donc tu as un anémomètre. On va suivre la pluviométrie, ce que tu vois là-haut. Et ça, pour le coup, c'est quelque chose qui est indispensable, je pense. Derrière nous, ça nous permet de piloter nos... nos traitements par exemple, si tu sais qu'il a... en fonction de l'humidité que tu peux avoir, l'humidité relative, la pluviométrie, tu vas plus positionner des traitements de prévention, parce que nous en bio c'est vraiment du préventif, on ne fait pas du tout de curatif, c'est que du préventif, donc il y a un sujet d'anticipation. Le vent, l'anémomètre c'est hyper important pour les traitements encore une fois, pour savoir quand est-ce que tu peux traiter ou pas, que tu as trop de vent, voilà. La température, on a aussi tu vois... des capteurs gel qui nous mesurent justement les températures très précises pour éventuellement déclencher des actions de protection gel, qu'on a pareil sur différentes parcelles. Donc oui, c'est important. Et puis après, derrière, ça nous fait un historique en plus de nos températures. Aujourd'hui, encore une fois, on l'a sur 4 ans, mais dans 10 ans, on aura quand même 10 ans de données, ce qui est plutôt pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez... Vous pensez à intégrer des animaux sur l'exploitation

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Je pense que c'est hyper intéressant. On a eu du mal à trouver, mais là on a trouvé un berger qui habite pas très loin de la ferme et qui serait OK pour faire des tests, déjà. Je pense que les premières années, ce qui était compliqué, c'est que les arbres étant tout petits, t'avais cet enjeu que les moutons ne mangent pas les jeunes arbres. Aujourd'hui, maintenant que les arbres ont pris un peu de hauteur, On va faire des tests probablement à l'automne prochain, justement des copaturages, pour venir entretenir le verger. Je pense que les bénéfices sont hyper intéressants sur l'entretien de l'enherbement, le fait que les déjections des moutons permettent d'apporter de l'engrais au niveau des sols. C'est les ongulés qui ne sont pas trop lourds, donc tu n'as pas du tout de problème de tassement du sol ou autre, comme tu pourrais avoir peut-être avec des bovins. Au contraire, je pense que ça peut aérer le sol et avoir des effets plutôt bénéfiques. Donc oui, on va mettre en place des essais prochainement. Après, l'idée, c'est que moi je ne connais pas du tout le… on va dire que c'est un métier qui est totalement nouveau, et donc l'idée c'est vraiment de déléguer toute la gestion opérationnelle du troupeau à un verger et de dire nous, on met plutôt à disposition des terres avec des contraintes où il faut quand même qu'on puisse continuer à passer. à gérer l'irrigation, mais ça, elle a enterré. Donc ça, c'est plutôt un bon point.

  • Speaker #1

    Parce que du coup, c'est l'éleveur qui gère tout. A priori, vous en tirez des bénéfices sans avoir vraiment trop de complications. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Et l'éleveur, lui, en tire aussi des bénéfices. J'imagine que vous êtes complètement en bio avec des beaux couverts diversifiés, avec la bonne nutrition pour leurs bêtes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, on leur donne du foncier de manière un peu gratuite. Donc c'est une disponibilité en foncier qui est intéressante aussi pour l'éleveur. Je pense que c'est un modèle qui peut être intéressant.

  • Speaker #1

    On a toute une série de ruches ici.

  • Speaker #0

    Oui, écoute... L'avantage, c'est qu'on travaille avec des variétés qui sont auto-fertiles. La majorité des variétés en Europe sont auto-fertiles. Théoriquement, tu n'as pas besoin d'arbres pollinisateurs. C'est d'arbres mâles et femelles. Sur la pistache, par exemple, c'est différent. Sur l'amande, c'est des variétés auto-fertiles. Mais ce qui est conseillé, on pense que c'est pertinent, de pouvoir ajouter une pollinisation entomophile, avec des abeilles, en l'occurrence ici, pour maximiser la pollinisation. On considère... que tu peux augmenter de 15 à 20% le potentiel de fructification de tes arbres. C'est quand même significatif. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a un partenariat avec un apiculteur où il nous met à disposition... Sur la ferme, on a en général un rucher permanent qui reste là tout le long de l'année. Pas beaucoup de ruches, parce qu'il n'y a pas non plus... Il faut vraiment calculer le nombre de ruches en fonction de ce que tu as. en termes d'un point de vue mellifères pour les nourrir. Donc on a 5-6 ruches à l'année. Et puis par ailleurs, sur les périodes de floraison, là on a une vingtaine de ruches. Non, je dis une bêtise, mais on a une cinquantaine sur ce site qui sont arrivées il y a trois semaines pour la période de floraison. Et donc l'idée, c'est que les abeilles puissent travailler. Alors là, on est sur une journée un peu venteuse, donc il n'y en a pas beaucoup qui sont sorties. Mais voilà, elles permettent de favoriser un peu la pollinisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un service que vous payez Aux apiculteurs, ou bien est-ce qu'eux sont contents justement d'avoir autant de fleurs Cette année,

  • Speaker #0

    on n'a pas payé. Je pense qu'effectivement, contents d'avoir des fleurs, encore une fois, en début de saison. Parce que tu vois, aujourd'hui, il n'y a pas... Quand on regarde le biotope autour, tu n'as pas beaucoup d'arbres en fleurs, tu n'as pas beaucoup de fleurs même au sol, etc. Donc c'est quand même pas mal pour eux. Je pense qu'ils y trouvent aussi leur intérêt. Mais je pense qu'à long terme, il y aura certainement des... Voilà, peut-être une contrepartie financière.

  • Speaker #1

    Et la production de miel, c'est lui qui s'en...

  • Speaker #0

    Et la production de miel, elle est pour lui. Après, on va essayer de négocier quelques pots de miel avec les couleurs de la ferme.

  • Speaker #1

    Oui, ce serait sympa. Oui,

  • Speaker #0

    ce serait sympa.

  • Speaker #1

    On parlait de la production aux États-Unis, en Californie. Je me souviens avoir vu passer des sujets avec les apiculteurs qui amènent des abeilles. Ces abeilles meurent en masse à cause des pesticides et tout ça.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ça c'est un bon exemple, tu me posais la question tout à l'heure du système conventionnel américain. Effectivement, aujourd'hui, je crois que c'est l'équivalent un tiers ou la moitié du rucher américain qui est amené au moment de la pollinisation et de la floraison des arbres. Donc essentiellement, je crois que c'est le même de Floride, ils emmènent beaucoup de ruches dans les trains, etc. Et le problème, c'est que déjà les colonies se mélangent un peu entre elles. Donc si tu as une colonie qui est malade, il y a des sujets de contamination entre les colonies. Donc tu as beaucoup de mortalité en fait, à la fois pendant les transports. et à la fois sur le surplace, parce qu'en fait, déjà, la période de floraison, les abeilles, on les bouge pour seulement 3-4 semaines, un mois peut-être, maximum, donc c'est très court. Et comme il n'y a rien d'autre autour, tu es obligé de les amener et de les enlever tout de suite. Alors que nous, tu vois, c'est très boisé quand même autour, donc même quand les fleurs commenceront à diminuer ou que la pollinisation sera terminée, tu as toujours, en fait, dans... un garde-manger, si je puis dire, assez conséquent pour les abeilles.

  • Speaker #1

    Et les pollinisateurs, il n'y a pas que les abeilles, vraiment. Est-ce que vous mettez des choses en place pour favoriser

  • Speaker #0

    On ne l'a pas encore fait, mais je pense qu'à la prochaine, on mettra effectivement des abris, des bourdons, des abeilles sauvages, pour mettre en place effectivement des installations. En fait, cette année, on avait focalisé sur la partie oiseaux, plutôt. avec perchoir, nichoir, mais l'année prochaine, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Des bandes, par exemple, de fleurs,

  • Speaker #0

    de melifères,

  • Speaker #1

    et ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    Oui, carrément, c'est quelque chose qui est important, je pense, pour apporter des compléments.

  • Speaker #1

    Et dans le choix de vos couverts aussi Oui. Vous pensez aussi à… Oui,

  • Speaker #0

    carrément. Justement, oui, pour moi, c'est ici qu'on pourrait installer des bandes un peu melifères. Oui. pour leur permettre d'avoir accès à d'autres choses, à d'autres essences. Donc ça, ça, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Donc voilà qui clôture la partie visite de la ferme. Mais on a quand même été s'asseoir encore quelques minutes avec Martin pour discuter de sujets que je n'avais pas encore eu l'occasion d'aborder par rapport au modèle économique, aux canaux de distribution, à la transformation des aliments et d'autres choses comme ça que je trouvais vraiment intéressants d'aborder pour avoir l'image complète de ce qui se passe ici. Une fois que vous avez produit vos amandes, qu'est-ce qui se passe après Est-ce que vous les vendez Est-ce qu'il y a d'autres processus de transformation

  • Speaker #0

    Les amandes, ça reste des fruits à coque, des fruits secs, ils se conservent assez bien. Aujourd'hui, quand on récolte au champ, on récolte nos amandes, et derrière, tu as une étape indispensable, tu as plusieurs étapes. La première étape, c'est de nettoyer, de sécher les amandes, pour descendre le niveau d'humidité du fruit à environ 6-7%, pour que tu les stabilises et que derrière, ils puissent se conserver de la manière des manières. Ensuite, on doit casser la coque dure autour de l'amande, comme dans beaucoup de fruits à coque. On envoie nos amandes dans une casserie pour casser la coque. On obtient en principale une amande entière, que tu as l'habitude de consommer à l'apéritif par exemple, avec du sel ou autre chose. Mais surtout, on peut derrière décliner sur une palette d'ingrédients, de différents ingrédients, en allant de la poudre d'amande par exemple à de l'amande émondée. Donc blanchi, c'est-à-dire qu'on enlève la peau. Tu peux faire de l'amande et filet. Tu peux décliner comme ça sur une certaine palette d'ingrédients. Et derrière, nous, l'histoire, on va dire l'ADN du projet, c'est d'essayer de désintermédier un petit peu la filière et de s'affranchir de l'étape coopérative, où tu sais, beaucoup d'agriculteurs vendent finalement la coopérative. Et après, tu as souvent beaucoup d'intermédiaires finalement jusqu'au client final, consommateur. Nous, l'idée, c'est plutôt de s'intégrer verticalement. Et de se dire qu'on veut se donner les moyens de pouvoir commercialiser nous-mêmes nos amendes. Alors aujourd'hui, en travaillant en direct avec des artisans, par exemple, sur l'industrie de la chocolaterie, de la confiserie, du nougat. Donc ça, aujourd'hui, c'est la grosse majorité de nos clients. Après, tu as des industriels aussi qui sont soucieux justement de mieux gérer leur chaîne d'approvisionnement et qui s'intéressent beaucoup et je trouve que c'est les bons signaux positifs dans le marché. au sujet justement de l'agriculture régénérative, du carbone, de l'origine, de la traçabilité. C'est plein de mots clés, mais c'est plein de mots qui sont de plus en plus pertinents pour ces acteurs-là. Et puis après, on a une gamme de produits aussi pour le client final, la destination du client final. Je te montrerai avec des volumes plus petits, en 800 grammes ou en 150 grammes, où pour le coup, l'idée, c'est de pouvoir vendre en direct, alors via des plateformes comme Crowdfarming, on en parlait, où justement, on a accès directement au client.

  • Speaker #1

    Et toujours dans cette idée de s'intégrer verticalement, comme tu l'as dit tout à l'heure Tout ce qui est le processing, donc la transformation, est-ce qu'il y a des étapes que vous essayez de rajouter de votre côté Oui,

  • Speaker #0

    écoute, aujourd'hui, c'est un peu quelque chose, tu vois, en France, on évoquait tout à l'heure le fait que la filière est assez jeune, côté production en France, mais ça se traduit aussi par le fait qu'il y a très peu d'infrastructures pour transformer les produits. Et donc, c'est un peu, en tout cas, c'est un de nos enjeux chez Greenpods, on va dire à moyen terme, c'est de pouvoir se doter d'un outil industriel qui nous permette justement de... de gérer pour le coup de A à Z en interne les process de transformation. Alors pour ne pas faire les choses à l'envers, on s'est dit qu'on allait d'abord monter nos capacités de production. C'est pour ça qu'aujourd'hui on a deux exploitations opérationnelles sur un peu plus de 250 hectares. L'objectif c'est de continuer à monter d'autres fermes avec toujours ce même esprit et ce même cahier des charges communs d'agri-région, qui est quand même un des ADN fondamentaux pour nous. de rester sur de l'arboriculture et donc des fruits à coque, de l'amande, de la noisette, de la pistache. Et puis quand on aura atteint un certain seuil de production, de pouvoir justement se doter du soutien industriel et de valoriser nous-mêmes nos produits.

  • Speaker #1

    Vous avez des équipes, évidemment, vous vous occupez d'acheter des fermes, de gérer le management. Oui. Mais j'imagine qu'à chaque fois, il faut trouver des équipes sur place, de gens qui soient qualifiés, qui comprennent le régénératif, qui soient motivés.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est la clé numéro... Une, je pense dans le développement de nos projets, effectivement, tu as un capital humain qui est hyper important. Donc tu as fait la rencontre ici de Clément, qui est notre directeur d'exploitation, qui est un jeune qui a 30 ans, qui est fils d'arboriculteur et qui est hyper motivé par le projet. Je pense que l'arboriculture, ça nécessite quand même pas mal de main d'œuvre, entre guillemets, de capital humain, parce qu'à la différence des grandes cultures, tu as beaucoup plus d'opérations dans les champs. Et donc tu dois constituer des équipes, tu dois les motiver, tu dois les incentiver. C'est un peu aussi notre challenge avec Boris et avec l'ensemble de l'équipe de mettre un peu en marche tout ce système. Nous, on a différencié, c'est peut-être un peu unique dans le monde agricole, je ne sais pas, mais en tout cas, on a différencié des fonctions très opérationnelles sur les projets. Chaque projet est autonome au niveau de ses équipes. Ici, tu as trois personnes qui travaillent tous les jours sur la ferme, dont Clément. En Espagne, tu as la même chose, la même équipe, grosso modo, trois personnes. Et puis, au-dessus de ces équipes terrain, tu as des fonctions un peu plus... transverses, on va dire, qui concernent les sujets de financement, les sujets de valorisation du carbone, de marketing, de vente, de suivi agronomique, tu vois, et ces fonctions transverses, en fait, elles Ausha un peu l'ensemble des projets en dessous. Donc c'est un peu un fonctionnement à deux étages, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, super. Mais écoute, je pense que tu nous as déjà donné un aperçu de ce que vous faites ici, de la culture régénérative de la bande, de plein de choses. On a appris plein de choses aujourd'hui. Un tout grand merci. Pour toute cette information, pour ta disponibilité et pour le travail formidable que vous faites ici.

  • Speaker #0

    Merci d'être venu, c'est sympa. Et puis j'espère que tu reviendras déjà pour la récolte et puis peut-être dans quelques années, tu verras que ça aura bien poussé.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir,

  • Speaker #0

    j'espère aussi. Vous êtes les bienvenus.

Description

Un épisode fascinant à ne pas manquer ! On part en immersion dans le sud-ouest de la France, sur une ferme d’amandes bio-régénérative à la vision radicale. Martin d’Archimbaud, co-fondateur de GreenPods, nous ouvre les portes de La Granja, un projet agricole unique qui pourrait bien changer le visage de la filière amande en Europe.


Moins d’eau, plus de biodiversité, zéro chimie, des couverts végétaux colorés et une passion débordante pour les arbres : ici, on ne se contente pas de planter, on régénère les sols, on construit un modèle agricole résilient et local, et on s’attaque à l’hégémonie californienne sur la production d’amandes.


Si vous pensez que l’agriculture peut être à la fois belle, rentable et régénératrice, cet épisode est pour vous.


Dans cet épisode, on parle de :

  • L’histoire d’une reconversion de monoculture de maïs vers une ferme d’amandes bio régénérative

  • Comment l’arbre devient un allié du climat et un levier de relocalisation alimentaire

  • Les secrets agronomiques pour créer un verger résilient : irrigation de précision, taille, variétés, fumier, biochar…

  • L’impact des couverts végétaux et des pratiques bio sur la santé des sols

  • Et pourquoi la résilience long terme est bien plus rentable que la productivité court terme


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


This podcast was produced in partnership with Soil Capital, a company that supports #regenerativeagriculture by financially rewarding farmers who improve soil health.


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


Useful links: 

  • GREENPODS / LA GRANJA - Link

  • Acheter des amandes - Link

  • Martin d’Archimbaud - Linkedin


Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je fais la visite d'une ferme d'amandes bio-régénératives dans le sud-ouest de la France, à à peu près 20 minutes de Toulouse. Mon interlocuteur principal dans cet épisode, c'est l'un des deux fondateurs de la ferme, Martin d'Archimbeau, et il va nous décrire en détail le fonctionnement de son exploitation. On a aussi un passage avec Clément, qui est le chef d'exploitation, pour entrer un peu plus en détail dans les questions d'agronomie et de santé des sols. Franchement, moi, je n'y connaissais absolument rien à la culture de la bande. En arrivant, cette interview m'a donné un niveau de compréhension vraiment assez complet. C'est un épisode qu'on retrouve aussi en version vidéo sur YouTube. Et à voir la vidéo, ça aide quand même fort à visualiser ce dont on parle. Cela dit, le montage audio a été prévu pour que vous puissiez suivre la conversation et tout comprendre même sans la vidéo. Donc voilà, c'est à vous de choisir. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Seul Capital. Moi, c'est Raphaël et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    On est ici sur notre exploitation agricole qu'on a développée avec Boris, mon associé. Et c'est une exploitation qui fait 150 hectares au global, qu'on a reprise récemment, puisque ça fait seulement 4 ans qu'on est installé. Et donc je pourrais t'en dire un peu plus sur le passif et l'historique de la ferme, qui est assez unique, on va dire, et qui nécessite pas mal de travaux de régénération au niveau des sols et au niveau de l'écosystème.

  • Speaker #0

    On peut peut-être commencer par là. Est-ce que tu peux me dire ce qui s'est passé ici avant que vous arriviez Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. C'était une exploitation assez typique de ce qu'on retrouve dans la région. On est vraiment dans la plaine de la Garonne, dans le sud-ouest. Une exploitation qui était en monoculture de maïs, grosso modo depuis 30 ans, avec des pratiques conventionnelles, maïs sur maïs de manière assez classique, un labour à 30-40 cm. Et donc, ce passif fait qu'on est arrivé, nous, avec un projet qui était totalement nouveau, puisqu'à la fois on a transitionné vers... de l'arboriculture et donc des cultures pérennes. Donc il y avait déjà ce changement de culture. Et puis on a transitionné vers des pratiques biologiques et régénératives. Donc il y avait aussi un changement de pratiques. Et donc en fait, c'était un peu le double enjeu. Tout en sachant que du coup, cette historique culturelle maïs a un peu finalement détruit la qualité de nos sols. Tu vois, on a des indices de matières organiques qui sont très faibles, autour de 1,5, entre 1,3 et 1,6%. Donc voilà, je sais que ça va prendre du temps. On sait qu'on s'inscrit dans un projet sur le long terme. à horizon 10 ans minimum. Les arbres auront une durée de vie beaucoup plus longue, autour de 25 à 30 ans. Mais il va falloir du temps pour réussir à régénérer un peu tout ça.

  • Speaker #0

    Pourquoi avoir choisi de faire des amendes ici

  • Speaker #1

    Avec Boris, on est un peu tombé amoureux des cultures pérennes et de l'idée de pouvoir planter les arbres et de participer à notre façon à la régénération des écosystèmes et à l'adaptation et à l'atténuation du changement climatique. Pour nous, les cultures pérennes, c'est quelque chose d'assez romantique. C'est des cultures qui sont là pour des dizaines, des vingtaines, peut-être plus en termes d'années. Tu vois, l'amande, c'est autour de 30 ans, mais on regarde aussi des projets avec de la pistache, avec de la noisette, où tu t'inscris vraiment sur des horizons de temps très longs. Et donc ça, c'est assez chouette. Tu capitalises vraiment sur un arbre qui a plein de vertus, d'un point de vue notamment environnemental. Alors, on parle beaucoup de la séquestration de carbone, évidemment, c'est important. Mais si tu regardes aussi au niveau du sol, au niveau des systèmes racinaires, l'infiltration de l'eau dans les sols, de la faune, de la flore. En fait, tu as plein de bénéfices écosystémiques qui sont super intéressants. Et donc, voilà, c'était vraiment le point de départ, travailler sur l'éculture pérenne. Et ensuite, on s'est demandé un peu qu'est-ce qu'on allait planter. Et en fait, on est assez rapidement, on avait beaucoup regardé les filières de fruits à coque, dont fait partie évidemment l'amande, au même titre que la noisette, que la noix, que la pistache. Et en fait, le point de départ, c'est de dire qu'aujourd'hui, sur l'amande, 80% de la production d'amande au niveau mondial. c'est la Californie, donc c'est produit en Californie. Alors même que dans le même temps, l'Europe est le premier marché de consommation au niveau mondial, et en Europe on produit grosso modo 20% de ce qu'on consomme. Donc tu as un énorme déficit de production. Et si je fais un zoom sur la France, c'est encore plus marquant, parce qu'en France on consomme 45 000 tonnes chaque année, et on en produit autour de 1000, on va dire. Donc il y avait vraiment cet enjeu de relocaliser la production, au niveau français, et même au niveau européen. Et le projet, tu vois, on l'a lancé pendant le Covid, qui était un moment, je pense, où on a tous un peu réalisé l'importance, finalement, de retrouver une certaine forme d'autonomie alimentaire et d'être souverain, finalement, sur notre alimentation. Donc ça faisait beaucoup de sens pour nous de planter les amandiers. Et en fait, en France, tu ne peux pas en planter partout, des amandiers, parce que d'un point de vue climatique et pédologique aussi, ça ne convient pas. C'est surtout le sud de la France qui est le plus idoine, on va dire. Il faut retrouver un climat un peu méditerranéen, avec des étés chauds, avec de la chaleur, des heures d'ensoleillement, c'est hyper important. Et donc, on s'est retrouvé sur ce site qui était à nos yeux, on avait fait beaucoup d'analyses en amont du projet, mais qui était idoine pour planter les amandiers.

  • Speaker #0

    Donc voilà, maintenant qu'on a établi un peu les bases et le contexte de cette conversation, j'ai voulu demander à Martin de nous parler de la culture de l'amande conventionnelle pour qu'on ait un point de référence et qu'on puisse comparer ce qui se fait dans l'amande conventionnelle, intensive et ce que font Martin et Boris à la Granja.

  • Speaker #1

    Alors donc aujourd'hui, comme je te le disais, le benchmark, on va dire, l'acteur de référence, c'est la Californie. En Californie, c'est 95% de production conventionnelle. Et c'est un système qui est globalement très productiviste et très intensif dans la manière de conduire, en tout cas d'un point de vue agronomique, les vergers. Tu as, si tu veux, donc, c'est souvent des vergers à très grande échelle, avec des fermes qui font parfois des milliers d'hectares. Tu as des groupes qui détiennent 20, 30, 40, 50 000 hectares d'amandiers d'un seul tenant, avec très peu de diversité culturelle, on va dire. C'est de la monoculture à perte de vue, sans se soucier finalement de ce que tu peux avoir dans ton écosystème, avec des haies, avec d'autres cultures, avec des bois ou autre, ce qui est totalement différent de ce qu'on a nous en Europe. Donc voilà, ce côté monoculture qui est important. Au niveau de la gestion agronomique sur des grosses fermes conventionnelles, très souvent, et pour des raisons... purement opérationnelle et financière, court-termiste du coup, tu as une gestion qui est assez drastique, on va dire. Tu vois, les sols, c'est vraiment sols nus à 100%. Alors parce qu'eux récoltent au sol, tu vois, ils font vibrer l'arbre, les amandes tombent au sol et après ils récoltent au sol. Donc ils ont besoin d'avoir des sols comme des dalles de béton. Donc si tu veux, tu as zéro vie au niveau du sol.

  • Speaker #0

    C'est la raison principale pour laquelle ils ont les sols nus Ou bien c'est aussi, ils essayent de...

  • Speaker #1

    C'est une des raisons. Je pense que la seconde raison, c'est aussi parce qu'eux considèrent que tu peux avoir une compétition au niveau nutriments et au niveau eau. Donc, irrigation entre les arbres et les couverts au niveau du sol. Mais la récolte au sol est la raison principale, numéro une. Et par ailleurs, ils ne s'embêtent pas aussi à entretenir et à ressemer potentiellement chaque année des couverts ou autre. Donc, ils ont vraiment cette vision, voilà, sol nu. champs à perte de vue monoculture et puis surtout le vrai sujet c'est sur l'usage de l'eau puisque là-bas et c'est je pense la grosse différence par rapport à l'Europe c'est qu'en Europe l'eau fait partie des communs c'est un bien commun donc c'est géré par le pouvoir public tu vois nous sur cette ferme l'agence de l'eau locale nous octroie chaque année un certain volume d'eau qu'on a le droit de consommer Je te montrerai un peu nos points d'irrigation, mais c'est géré administrativement et publiquement. Alors qu'aux États-Unis, c'est un bien privé. Ils sont même venus à créer des contrats à terme sur l'eau et sur les droits de l'eau, à titre de liser les droits à l'eau. Et donc, eux utilisent des volumes d'eau considérables pour irriguer leurs arbres. Ils sont à 12 000 m3 par hectare par an pour certaines fermes, parfois même un peu plus. Quand nous, si tu veux, ici sur la ferme, on est autour de 6 000. au maximum, c'est le quota maximum. Donc déjà, tu coupes en deux. Et donc cet usage de l'eau de manière un peu démesurée, environnementalement parlant, il n'est pas tenable et il n'est pas durable. Et d'ailleurs, beaucoup de vergers aujourd'hui commencent à être arrachés parce qu'il y a un problème de durabilité du système hydrique.

  • Speaker #0

    C'est justement ce que j'allais te demander. Tu as dit que c'était une vision court-termiste. Qu'est-ce qui se passe à long terme si on continue cette vision-là

  • Speaker #1

    À long terme, c'est assez simple. Le verger californien, si tu veux, dans sa globalité, il commence... Il a beaucoup augmenté ces 10-15 dernières années. Depuis 2-3 ans, on voit qu'il y a un ralentissement en termes de plantation et tu as même certains vergers qui commencent à être arrachés. Donc si on se projette maintenant dans le futur à horizon 10 ans, si les conditions restent, enfin s'ils continuent à faire ce qu'ils font actuellement, forcément le verger californien va diminuer en termes de surface. Et donc je pense que c'est une belle opportunité justement pour les acteurs européens, à commencer par Green Pods et d'autres, justement de battre. promouvoir et d'essayer de faire connaître aussi d'autres systèmes de production plus durables pour justement mettre en avant des pratiques et préserver nos écosystèmes.

  • Speaker #0

    La question suivante que j'ai voulu poser à Martin c'est est-ce que cette décision d'investir dans un système de production qui est beaucoup plus extensif, qui est plus résilient, moins gourmand en eau, moins gourmand en intrants mais peut-être moins productif, est-ce que c'est une décision stratégique à long terme en sachant que la culture de la moindre Productiviste, intensive, conventionnelle, elle commence déjà à atteindre ses limites.

  • Speaker #1

    Encore récemment, je parlais avec un industriel qui m'expliquait que lui avait pour habitude justement d'acheter ses amendes en Californie et qu'aujourd'hui, en fait, pour des considérations environnementales, mais aussi pour des... considération d'approvisionnement et de savoir est-ce que demain je pourrais continuer à acheter des amendes en fait c'est aussi très m'a dit moi j'ai besoin d'aujourd'hui de revoir complètement ma chaîne d'approvisionnement et j'ai besoin de diversifier et de travailler des approvisionnements plus locaux européens plus durable sur lesquels je sais que voilà sur dix ans sur quinze ans je vais avoir de la de la matière première disponible de qualité traçable et avec des gages justement environnementaux donc nous le projet green pods il s'inscrit totalement dans cette idée De relocalisation, mais l'idée ce n'est pas de relocaliser ce qui se fait en Californie, mais c'est de relocaliser en le faisant différemment. Et donc le faire différemment, c'est avoir une approche différente sur l'environnement, sur les sols, sur la biodiversité, sur l'usage de l'eau, sur les circuits de commercialisation. Voilà, de revoir un peu totalement l'échec, on va dire.

  • Speaker #0

    Super, là tu viens de nous faire la liste de toutes les choses qu'on doit aborder dans cette conversation, parce que maintenant qu'on a un peu établi le contexte et tout ça, on va essayer de creuser en profondeur dans votre système, dans ce que vous faites. Merci à tous. C'est un peu le but du podcast, et comme ça qu'on aborde les choses ici, c'est vraiment d'aller en profondeur dans les choses, de comprendre comment tout ça fonctionne. Et donc, allons-y peut-être. Avec plaisir. Nous, peut-être, en exploitation. Oui,

  • Speaker #1

    comme je te le disais en introduction, c'est une exploitation qu'on a reprise en 2021, en plein Covid quasiment. Et donc, on a 145 hectares au global sur la ferme, et on a planté aujourd'hui 64 hectares d'amandiers. Donc avec une plantation qui s'est réalisée en deux temps, en deux étapes. On a voulu commencer doucement à apprendre, puis conforter Ausha, on va dire. Tu es ici sur une des parcelles les plus vieilles, si je puis dire, de la ferme, qui a été plantée en 2022.

  • Speaker #0

    Donc il y a trois ans Il y a trois ans,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    C'est déjà des très beaux arbres, quoi.

  • Speaker #1

    C'est déjà des très beaux arbres,

  • Speaker #0

    oui. En plus, je suis... J'ai de la chance au niveau du timing parce qu'on est mi-mars et les amandiers viennent de commencer à fleurir.

  • Speaker #1

    Ils sont exactement en pleine période de floraison. Ici, sur une des variétés les plus précoces qu'on a sur la ferme, on a au total quatre variétés. Avec justement le choix de diversifier les variétés qui est dicté par une diversification des risques, notamment liés à la floraison. Parce que là, l'arbre est en fleurs, on est effectivement début mars. tu as toujours un risque potentiel de gel sur les fleurs et sur les petits fruits. Et donc l'idée, c'est de diversifier les calendriers de floraison à l'échelle de la ferme pour, en cas d'épisode un peu gélif, tu sais que tu as des variétés qui sont plus tardives et donc le risque est un peu différent. Donc tu es là au bon moment, on va dire. Et pour revenir effectivement sur la plantation de ces arbres, plantés en février 2022, ce sont des arbres qui ont grandi en pépinière, donc qui avaient un an quand ils sont arrivés. Ce sont des arbres qui sont greffés. qui sont greffés sur un porte greffe qui est un prunus, qui a la capacité justement de résister à un certain nombre de maladies, d'asphyxie racinaire, de toutes les contraintes que ton sol a sur l'exploitation. Si tu veux, dans l'ordre, la chose la plus importante, quand on monte un projet comme en arboriculture, c'est un projet, quand tu plantes ton arbre pendant 20 ans, 30 ans, t'es marié avec lui et tu peux pas le déplacer, c'est pas comme un champ de blé où année après année tu peux faire des ajustements. Là, il faut pas se tromper dès le début. Une des choses les plus importantes, je trouve, et sur laquelle on insiste vraiment chez Greenpod, c'est en amont des projets, c'est de faire ce qu'on appelle une phase de due diligence, d'analyse, très structurée et très profonde de tout notre environnement. A commencer par les sols, et donc c'est ce qui a dicté notamment le choix du porte-greffe. Mais on regarde aussi l'écosystème, l'hydro, le climat évidemment, tout ce qui se passe au niveau social, sociétal autour du projet. Tous les paramètres qui peuvent jouer sur la réussite de ton verger. Grosso modo, il n'y avait pas de red flag sur l'ensemble de ces paramètres. En revanche, il y avait évidemment des pistes d'amélioration et de travail où tu sais que tu vas mettre un accent à ce que je te disais, notamment sur les sols. Tu sais qu'il faut vraiment être vigilant et faire attention à améliorer justement la santé de ton sol. Un des enjeux aussi, je pense pour nous, c'est le risque, la partie gel, parce qu'on n'est pas en Espagne, on est plutôt, je pense, au nord de l'air de culture sur l'amandier. Et donc, tu as potentiellement un risque de gel sur fleurs, parce que l'amandier, c'est un des arbres qui fleurit le plus tôt, avec notamment la bricotier aussi, en France, qui fleurit le plus tôt dans la saison. Donc, tu vois, on est début mars. Voilà, ça reste une période assez... qui peut être compliquée, on va dire. On voit qu'il a été il y a 2-3 ans encore, donc on y reviendra. Mais tu vois, on a installé des moyens de protection aussi contre le gel. Ouais,

  • Speaker #0

    parce que là, si maintenant on est mi-mars, c'est déjà en fleurs. Si il gèle...

  • Speaker #1

    On suit en fait le développement phénologique de nos arbres, grosso modo depuis la mi-février, la fin février, on va dire, jusqu'au mois, mi-avril, fin avril. où tu vas suivre l'évolution de tes bourgeons floraux jusqu'à la nouaison. et donc la formation de petits fruits. Et en fait, le seuil de résistance au gel évolue au fur et à mesure du développement de la fleur et du petit fruit. On considère que sur fleurs aujourd'hui, ça peut geler jusqu'à moins 2, moins 3, la fleur va tenir. Donc en revanche, quand tu avances dans la saison et quand le petit fruit va commencer à se développer, là pour le coup, la sensibilité au gel sera beaucoup plus forte. et donc même à 0,1 tu peux avoir des dégâts dans ton verger. Donc en fait tu suis vraiment au fur et à mesure du développement de ton arbre et de ta fleur.

  • Speaker #0

    C'est vraiment quelque chose de clé j'imagine.

  • Speaker #1

    C'est clé, parce que si tu gèles sur fleurs derrière ta production, elle peut diminuer très fortement, donc en fait tu perds ton revenu sur l'année, parce qu'il ne faut pas oublier que dans l'agriculture c'est ta récolte. qui génère ton revenu, ton chiffre d'affaires. Donc si tu n'as pas de fleurs ou si tu n'as pas de fruits, tu n'as pas de récolte et tu as eu un an de coût d'entretien pour mettre de l'engrais, pour arroser, pour tailler, pour gérer tout le verger. Donc c'est la période critique, vraiment, hyper importante.

  • Speaker #0

    Une des clés de l'agriculture régénérative, de manière générale, c'est d'améliorer la résilience des systèmes. Dans ce cas-ci, on ne sait pas vraiment améliorer la protection au gel par le régénératif.

  • Speaker #1

    Sur le gel, je trouve qu'on n'a pas encore trouvé la bonne solution. Je trouve que c'est assez compliqué par le régénératif. La première chose à faire, c'est de diversifier les variétés et de travailler sur des calendriers de floraison qui sont adaptés au climat que tu as sur la ferme. Je reviens encore une fois à cette phase d'analyse en amont des projets. C'est celle-ci qui conditionne le choix de tes variétés. On a analysé, alors là on est sur une parcelle qui est plutôt plate, mais on a des parcelles qui sont un peu en coteau, donc qui descendent un petit peu. Parfois tu as des petits bas-fonds où tu sais que le froid, c'est des parties qui sont un peu plus gélives potentiellement, et donc tu sais que tu vas là mettre des variétés plutôt très tardives, alors que sur une zone moins gélive, tu peux te permettre d'avoir des variétés un peu différentes. Donc cette phase d'analyse, elle est super importante. Et cette diversification variétale, pour moi c'est une des premières étapes pour mitiger justement ce risque gel. Après, tu en as d'autres, mais plus d'ordre mécanique, avec des moyens de protection. Comme une tour avant, tu peux avoir des brûleurs à pellets par exemple pour chauffer. Tu as l'aspersion aussi, tu sais, où tu envoies de l'eau justement autour de ta fleur ou de ton petit fruit et qui crée une coque dure et qui protège contre le gel. Mais ça c'est plutôt des moyens, des outils que tu vas utiliser, qui sont disponibles, alors qu'on a coup, donc c'est toujours pareil.

  • Speaker #0

    Je me disais des brûleurs sur 65 hectares de...

  • Speaker #1

    Oui, ça fait beaucoup. Le verger,

  • Speaker #0

    ça fait beaucoup.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup. En fait, alors, brûleur, il y a deux outils un peu différents. Il y a ce qu'on appelle les bougies. Donc là, les bougies, c'est quelque chose que tu vas positionner sur ton rang d'arbre. avec des centaines de bougies par hectare. Et donc là, déjà, c'est un coût. Et puis, tu as un énorme travail humain, enfin de manutention, tu vois, pour poser les bougies, les allumer, les remplacer si ça gèle. Et puis, tu as les brûleurs. Et donc, le brûleur, mais je t'en montrerai un tout à l'heure. Le brûleur, pour le coup, nous, on l'associe avec une tour avant. Donc, tu en as une derrière toi. Et en fait, cet ensemble va protéger Grosso modo, entre 5 et 7 hectares d'un seul tenant. Tu sais que tu as un point à gérer qui va protéger 5 à 7 hectares. Le fonctionnement est assez simple. Tu as une tour qui fonctionne un peu comme un moulin. Un moulin avant, c'est une tour qui fait environ 18 mètres de haut, 18,50 mètres, avec des pales. Au-dessus, tu as deux pales qui tournent. Ces pales ont une rotation à 360 degrés, qui permettent de pivoter. tout le long du mât. L'idée, c'est de brasser des courants d'air pour homogénéiser la température de l'air. Il faut savoir que quand il fait froid, quand tu as un épisode de gel, sans qu'il soit trop extrême, on va dire, l'air chaud a tendance à rester en hauteur et l'air froid a plutôt tendance à descendre et à se mettre au niveau du sol. Et donc, l'idée, c'est justement d'homogénéiser ces courants d'air chaud et froid pour essayer de réchauffer la température ambiante. Ok. Donc... Quand la température commence à diminuer et à se rapprocher d'un seuil critique en fonction du développement phénologique de ta plante, on en parlait sur Fleur, il est plutôt autour de moins 3 degrés, tu vas déclencher et allumer automatiquement la tour, c'est un allumage automatique, pour que l'air ambiant puisse commencer à se réchauffer. Une tour seule, elle te protège jusqu'à moins 2, moins 3 degrés. Pas moins, donc il ne faut pas qu'il fasse moins 5 ou moins 7. Ça arrive pas ici Ça peut arriver. Normalement, ça n'arrivera pas sur Fleur ou autre, mais ça peut arriver. Et donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a installé en plus de la tour un brûleur. Alors, il n'est pas encore là, donc malheureusement, tu ne pourras pas le voir, mais qui arrive la semaine prochaine, un brûleur à pellets, où en fait, tu vas générer de la chaleur. avec ce brûleur en allumant tes pellettes de bois et en fait ça va permettre à la tour d'être beaucoup plus efficace dans la protection contre le gel puisque tu vas pouvoir protéger jusqu'à des températures à moins 5 degrés en couplant les deux donc ça c'est la première chose ça dépend de l'épisode de de gel et la deuxième c'est quand même que ça a un coût donc oui effectivement c'est 5-6 hectares mais derrière il faut qu'on imagine que cette tour avec le brûleur a un investissement d'environ 70 000 euros entre 70 et 80 000 euros d'installation. Et après, tu as un coût de fonctionnement, parce que malheureusement, la tour aujourd'hui, elle marche au gasoil. Le brûleur marche au pellet, pour nous. Et donc, tu as un coût de fonctionnement derrière qui est quand même assez important. Mais encore une fois, c'est un outil qui est dans le contexte actuel, on va dire, du changement climatique, des épisodes de dérèglement qui est quand même indispensable pour...

  • Speaker #0

    Ouais, en fait... Le coût, c'est un peu ta police d'assurance.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Parce que si tu as vraiment un gros épisode de gel au mauvais moment, tu perds tout, c'est énorme. Énorme.

  • Speaker #1

    Et on ne se rend pas compte de l'importance, parce que l'arboriculture, c'est hyper capitalistique. Je suis sûr qu'on en parlera tout à l'heure, mais sur les sujets de financement, c'est très lourd à porter. Tu as des coûts, même des OPEX, donc des coûts d'opération tout au long de l'année lourds. d'un point de vue taille, d'un point de vue engrais, fertilisation, protection maladie, etc. Donc, tu ne peux pas te passer d'une récolte. Ça impacte trop ton panel. Donc, en fait, c'est l'élément qui équivaut d'une certaine manière à une forme de police d'assurance.

  • Speaker #0

    Revenons un petit peu à nos amendes. Bien sûr. Combien d'arbres est-ce que vous plantez par hectare Quels sont les espacements Quelles sont les règles de base que vous devez respecter Alors,

  • Speaker #1

    en fait, il n'y a pas vraiment de règles de base à respecter. Tu as plein de modèles différents qui existent. Du modèle très intensif où tu auras 2000 arbres par hectare, où tu vas les conduire plutôt comme de la vigne, on va dire, ou plutôt comme des pommiers en arbres un peu palissés, vraiment effrutières. Ça, c'est le modèle le plus intensif. Et après, tu as des modèles beaucoup plus extensifs, comme ici d'ailleurs, où pour le coup, tu es autour de 285 arbres par hectare. Et donc, tu es sur un modèle où tu as... grosso modo 7 mètres entre tes rangées d'arbres et tu as 5 mètres entre tes arbres. Et nous on a fait ce choix-là parce qu'on considère que c'est le plus durable dans le temps, si je me projette encore une fois à horizon 15, 20, 30 ans, parce que le modèle super intensif il a certainement son intérêt au début parce que tu as une production qui est plus rapide et tu as plus de production tôt. les cinq, six premières années, alors que nous, la production est un peu plus lente au début, mais je pense qu'à long terme, encore une fois, c'est toujours cet arbitrage court terme, long terme, je pense qu'à long terme, on va être gagnant. Et donc ça, c'est le premier objectif, c'est la notion de durabilité du système. Et puis, on est dans un climat, donc à côté de Toulouse, où tu as une humidité relative qui est assez importante au printemps. Alors là, tu viens, il ne fait pas très beau, mais effectivement, tu as un enjeu quand même, surtout quand tu es en bio, tu vois, de contrôler tes maladies ou tous tes agents pathogènes. Et l'ennemi, on va dire, du bio, c'est l'humidité, parce que dans un environnement humide, les maladies, elles ont tendance à se développer, à se fixer et donc à abîmer tes arbres. Donc nous, on considère qu'en aérant le verger, en apportant justement du... de la place entre les arbres, on permet à l'air de circuler et donc aux arbres de sécher et de limiter, on va dire, cet environnement favorable aux maladies. Donc voilà, c'est la raison pour laquelle on essaye d'espacer nos arbres et puis de travailler plutôt sur la formation de l'arbre pour en faire un arbre, un bel arbre. Tu vois, un peu la construction de l'arbre, on pourrait y revenir, où tu construis un peu l'arbre par étage. Tu vois, quand on l'a planté, je te disais, ils avaient un an, ils sortaient de la pépinière. On les a reçus, on les a plantés et en fait on les a taillés, c'est ce qu'on appelle un sion. Donc on a planté un sion qu'on a taillé environ à 90 cm au-dessus du sol. Et donc on avait vraiment une brindille, on va dire, unique. Et cette première taille qu'on a faite à la plantation, au mois de février, elle a permis à l'arbre... de recréer des branches latérales au niveau du point de coupe. Elle en a créé, il y en avait certainement autour d'une petite dizaine. Et ce qu'on a fait en fin d'année, on a planté en février et au mois de décembre de l'année, on a sélectionné trois à quatre, selon les arbres, branches qui vont structurer l'arbre, ce qu'on appelle des charpentières, et qui vont permettre la formation de l'arbre. Donc là, tu vois, il y en a trois sur celui-ci. Ah et à partir de celle-ci on va vraiment essayer de construire l'arbre par étage pour apporter en fait un maximum de lumière dans l'arbre parce que la lumière c'est ce qui permet de faire des fruits, il faut éviter d'avoir trop de bois parce que le bois tu vois c'est pas ça qui va te donner des fruits donc tu vois là tu retrouves cette idée d'étage où en fait l'année suivante on a refait une taille manuelle ici ce qui a reforcé l'arbre à refaire des branches latérales, etc. Et donc, tu construis un peu ton arbre comme ça par étage. Et là, tu vois, tu as un puits de lumière au milieu qui te permet d'aller justement générer de la fleur, tu vois, vraiment sur l'ensemble de ton cercle au milieu de l'arbre.

  • Speaker #0

    Ça demande un gros travail de taille chaque année

  • Speaker #1

    Tu as pas mal de travail. En fait, tu as deux types de taille. Tu as une taille manuelle où tu vas vraiment former l'arbre, justement, un travail de formation. Alors... Sur des jeunes arbres, ça se fait assez bien parce que le bois est assez tendre. Tu vois, c'est des rameaux qui sont relativement souples, donc ils se taillent assez bien au sécateur. Donc aujourd'hui, on fait une taille manuelle chaque année. Et puis par ailleurs, on fait des tailles mécaniques au lamier, donc vraiment mécanisé, tracteur, où pour le coup, on fait ce qu'on appelle un topping. Donc on vient tailler et mettre un coup de barre de coupe sur le haut de la canopée. le haut des branches, pour justement forcer l'arbre, tu as un bon exemple ici, pour forcer l'arbre à générer des rameaux horizontaux, et retrouver cette notion, encore une fois, d'étage, qui est hyper importante. On voit ici le... le trait de coupe et la formation de céramo. Et ça, pour le coup, on en fait une à deux fois par an. En général, on fait une taille en vert au mois de juin pour forcer l'arbre justement à se structurer, on va dire. Et puis après, quand l'arbre vieillit, on n'est pas concerné aujourd'hui, tu fais des tailles manuelles aussi pour éclaircir à l'intérieur, enlever des bois morts et travailler un peu ton...

  • Speaker #0

    Rappelle-moi, combien d'hectares, combien d'arbres au total par hectare et tout ça Écoute,

  • Speaker #1

    on a 285 arbres par hectare et on a environ 20 000 arbres. Grosso modo, 20 000 à 25 000 arbres qui ont été plantés. Donc, il y a eu un peu de boulot. Heureusement, la plantation, elle est mécanisée. Donc, tu ne plantes pas arbre par arbre à la main. Ça se fait plutôt bien. C'est un chantier, tu vois, qui a duré à chaque fois entre 4 et 5 jours, on va dire. Tout se fait au GPS. pour que les lignes soient vraiment droites et que les distances soient respectées parce que derrière ça conditionne le travail d'entretien et de récolte.

  • Speaker #0

    Oui, je vois que ce sont de belles lignes ici, on a des lignes parallèles. Mais si on regarde de côté, il y a aussi en biais comme ça des lignes.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, les arbres sont plantés en quinconce. Effectivement, tu vois là, tu as deux arbres et tu en as un au milieu. L'idée, c'est d'apporter un maximum de lumière. Parce que ce qu'il faut que tu imagines, c'est dur, il faut se projeter, mais là les arbres sont encore petits, demain ils vont presque se toucher. Enfin demain dans quelques années. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc ça va encore grandir beaucoup Beaucoup, oui. Ça va faire des très beaux arbres Oui,

  • Speaker #1

    ça va faire des très beaux arbres.

  • Speaker #0

    Et donc là, vous récoltez déjà des amandes sur ces arbres Oui,

  • Speaker #1

    on a fait une première récolte manuelle l'année dernière, donc en septembre 2024.

  • Speaker #0

    assez symbolique on va dire.

  • Speaker #1

    Manuel ça va être bien.

  • Speaker #0

    Ouais, c'était un peu de travail, mais c'était assez agréable parce que ça vient quand même récompenser un peu le travail en amont. On va récolter un peu plus de 800 kg sur l'ensemble de la ferme, donc c'est rien, parce que l'objectif à terme, c'est de produire autour de 50 à 60 tonnes d'amandes. Et cette année, donc en 2025, on va faire notre première récolte mécanisée, où pour le coup, on a un objectif entre 2 et 3 tonnes. de récolte. Et là, si tu veux, la récolte, c'est un peu comme pour l'olive. Tu viens, tu vibres l'arbre et les amandes tombent soit dans un parapluie, comme un parapluie que tu prends à l'envers. Et après, tu les mets dans une remorque et après, tu les ramènes à la ferme pour traiter, les nettoyer, enlever l'enveloppe verte que tu peux avoir autour.

  • Speaker #1

    Et ça, ça ne fait pas du tout de mal à ton arbre, le fait de le secouer comme ça

  • Speaker #0

    Alors, il faut faire attention justement au réglage de ta machine. Et tu vois, c'est aussi pour ça que sur des jeunes arbres, on ne l'a pas fait cette année, on l'a été en manuel, parce que tu veux aussi préserver un peu, évidemment, la santé de ton tronc pour ne pas abîmer l'arbre. Mais les modèles aujourd'hui sont suffisamment éprouvés pour être certain que ça n'abîme pas de manière définitive. Ça, ça se fait bien.

  • Speaker #1

    Et donc, pour avoir une petite idée, à ce stade-ci, sur un arbre comme ça, tu récoltes combien

  • Speaker #0

    Écoute, nous, l'objectif, ce serait de récolter autour de 5 et 7 kilos d'amandes cassées. Donc, moi, quand on parle de rendement, en tout cas sur l'amande, on raisonne en amandons, donc vraiment le fruit que tu consommes. En sachant que tu as, en fait, quand tu récoltes l'amande, tu as deux coques autour de l'amande. Tu as une coque verte, tu sais, comme pour la noix, c'est peut-être plus commun. On achète souvent des noix avec la coque verte, ce qu'on appelle une gove, qu'on enlève au champ, qu'on enlève à la ferme et qu'on remet dans le champ, c'est de la matière organique. Et après, tu as la coque dure, et que là, on fait casser dans une casserie, pour enlever cette coque dure et donc récupérer l'amandon. Et donc, en fait, quand tu... récolte ce que tu as dans ta remorque, il faut que tu enlèves beaucoup de poids pour avoir les kilos d'amandons à consommer en équivalent. Ouais. Donc, il faut avoir la vision finale, et la vision finale, c'est autour de 5 à 7 kilos par arbre. Il faut savoir qu'en bio, évidemment, la matière azotée, le plus important, c'est de ramener de la matière animale, donc du fumier, et donc il faut en trouver. Nous, c'est un peu le challenge aujourd'hui. justement de créer des partenariats avec des éleveurs. Donc on en trouve quand même. Et c'est un peu la première étape de notre plan d'amendement et de fertilisation. Tu vois, sur une plantation comme celle-ci, on apporte environ 10 à 12 tonnes de fumier de cheval chaque année. Par hectare.

  • Speaker #1

    Par hectare,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc tu vois, là, tu l'as ici. Donc ça, c'est du fumier de cheval qu'on a apporté, qu'on a épandu il y a quelques semaines, on va dire au début du mois de décembre, même quelques mois du coup. Donc ça, on l'épand... uniquement sur le rang. Je te montrerai la machine avec laquelle on fait ça. C'est grosso modo un tapis, si tu veux, qui projette le compost uniquement sur le rang. Donc ça, c'est plutôt bien.

  • Speaker #1

    Pour être sûr de concentrer la question vraiment là où se trouvent les racines de l'arbre.

  • Speaker #0

    Exactement. En sachant qu'aujourd'hui, tu es encore sur un arbre qui est assez jeune, donc tu as un système racinaire qui est assez concentré au pied de l'arbre. Si tu reviens dans 5 ans, il faut que tu imagines que les racines de l'arbre, si tu veux, viendront quasiment carrément dans l'allée et viendront jusqu'à la moitié, à 2 mètres de l'arbre. Ça, c'est un point important. Et par ailleurs, on fait aussi, d'un point de vue amendement, on fait des apports de déchets verts, donc de déchets végétaux, pour apporter vraiment de la matière carbonée. Donc on l'a fait beaucoup, notamment au moment de la plantation, où on a apporté environ 20 tonnes hectares. Et là, pour le coup, on a fait un apport essentiellement dans les allées, tu vois, entre les arbres, en considérant que c'est de la matière carbonée qui va mettre du temps aussi à se minéraliser. Donc ça, c'est vraiment la partie amendement qui est importante. Donc ça, c'est un travail qu'on fait essentiellement pendant l'hiver. Et après, on a un plan de fertilisation entre la fin mars. et la fin juin où pour le coup on va apporter deux types d'engrais, de l'engrais solide, donc là c'est essentiellement du granulé, si tu veux qu'on va pareil. apporter en localisé au pied de l'arbre. Donc là, je te montrerai aussi la machine qui est intéressante, parce que tu as des radars, si tu veux, qui détectent les arbres et qui permettent justement d'apporter uniquement au pied de l'arbre une concentration de granulés. L'objectif sur la saison, c'est d'apporter, aujourd'hui sur les arbres comme ça, autour de 120 unités d'azote, entre le mois de mars et le mois de juillet. Et donc, les apports en solide sont intéressants, mais nous, on les complémente avec de l'apport liquide. par l'irrigation. Donc si tu veux, on a la capacité d'apporter, je te montrerai au niveau des stations d'irrigation, on a donc des stations d'injection où on injecte directement nos produits de fertilité dans l'irrigation et donc c'est du liquide, ce qui a pas mal d'intérêt en fait. Le premier, c'est que c'est très facilement assimilable par l'arbre et par la plante. Et c'est tout de suite assimilable. Un engrais solide, il faut attendre qu'il se décompose, il faut qu'il pleuve. Donc ça peut prendre un mois, deux mois, trois mois. avant que la plante tire tous les bénéfices de ce ferti. Alors que sur du liquide, c'est immédiat. Tu fais un apport et presque une semaine après, tu peux voir un verdissement de tes feuilles, tu peux voir un impact. Donc ça, c'est sympa, c'est intéressant. Par ailleurs, tu évites aussi de tasser tes sols en passant avec des machines lourdes pour apporter ton ingrès solide. Là, ça se passe à la station et ça part direct. dans les différents secteurs. Et le troisième élément, c'est que tu gagnes aussi du temps parce que tu as un seul point d'injection et donc tu évites de passer des heures à traverser ton verger. Donc, mis bout à bout, c'est une solution qui est intéressante. Qui est un peu plus chère en revanche, mais qui est intéressante.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un système d'irrigation partout sur l'exploitation. Donc, au pied de chaque arbre, de chaque ligne, j'imagine qu'il y a une ligne d'irrigation qui passe.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as deux lignes même. Deux lignes par arbre Oui, on travaille avec deux lignes de goutte à goutte. C'est du matériel Netafim, matériel israélien, qui est le matériel de pointe pour l'irrigation de goutte à goutte, ou irrigation de précision. L'idée pour nous, c'était d'avoir deux lignes de goutteur de pareille d'autre des arbres pour travailler sur le développement d'un bulbe racinaire homogène, si tu veux, de pareille d'autre de l'arbre, pour garder quelque chose d'équilibré, pour éviter que ça ne se développe qu'à droite, en fonction de où tu as mis ton goutteur.

  • Speaker #1

    Parce que typiquement, la ligne passe d'un côté de l'arbre à quelques centimètres et donc du coup apporte plus d'eau d'un côté que de l'autre.

  • Speaker #0

    Potentiellement, voilà exactement. Alors que si tu veux, nous aujourd'hui, donc tu as l'arbre et en fait, on a tiré des lignes de goutteur environ à 1 mètre 50, 1 mètre de part et d'autre de chaque arbre. Tu vois, la ligne de goutteur, si tu veux, elle est à ce niveau-là. Et tu as la même de l'autre côté. Voilà, ce qui permet d'équilibrer, d'anticiper le développement racinaire en latéral. Oui. Parce que, encore une fois, demain, les racines, elles sont là. Elles ne seront plus uniquement là. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Parce que j'imagine qu'au moment où tu plantes ton petit arbre, à un mètre, tu es quand même assez loin. Voilà, exactement. Mais tu penses au futur en disant, à un moment donné, les racines vont se développer, il faut que je ne sois quand même pas trop proche de...

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, exactement. Non, c'est exactement ça. Et donc, et là, on est avec du goutte-à-goutte enterré. Pour la petite histoire, au début, on avait un système où nos tuyaux de goutte-à-goutte étaient posés au sol, simplement. Et en fait, en bio, la gestion... de l'enherbement était devenue quelque chose de trop compliqué. Et donc, on a pris la décision d'enterrer l'égoutteur. Ça a aussi certainement ses inconvénients, parce que tu vois moins facilement si tu as un petit pépin, une fuite ou quelque chose, c'est quand même moins accessible et tu ne le vois pas tout de suite. Mais l'avantage, encore une fois en bio, c'est que tu peux contrôler facilement ce qui se passe au niveau du sol. Tu limites l'évaporation aussi de tes apports en eau. C'est directement dans le sol. Oui, ça c'est important. L'herbe en profite moins. Donc voilà, c'est directement pour l'arbre, donc tu fais des économies d'eau. Et donc les lignes de goutteurs, elles sont enterrées, grosso modo, à 30 cm, 35 cm sous la surface du sol.

  • Speaker #1

    Ok, c'est un système ici qui est encore assez jeune. Ouais. J'imagine qu'il y a encore une grosse marge de progression pour le rendre de plus en plus résilient et régénératif. Est-ce qu'il est possible à un moment donné d'avoir un sol, d'avoir un système qui capte suffisamment d'eau dans les périodes plus pluvieuses que pour pouvoir se passer d'irrigation à un moment donné

  • Speaker #0

    Écoute, ça paraît compliqué. Je pense qu'il faut plutôt essayer de travailler. Il faut essayer de mettre en place plusieurs solutions qui, chacune à leur échelle, vont permettre d'améliorer la rétention en eau du sol, mais sans que ça devienne non plus trop d'eau dans le sol, parce que l'amandier, comme beaucoup d'arbres fruitiers d'ailleurs, peut souffrir de ce qu'on appelle l'asphyxie racinaire. Et donc quand tu as un sol qui est trop hydromorphe, qui a une capacité de rétention en eau trop importante, l'amandier va passer des heures les pieds dans l'eau. et en fait il va mourir. Donc il faut trouver le juste milieu justement entre la rétention en eau. mais aussi de la bonne circulation et de l'infiltration. Je pense que quand on parle de régénératif, la chose la plus importante, c'est certainement le couvert végétal, qui permet quand même de travailler sur la perméabilité et la porosité de ton sol avec le système racinaire. Ici, on avait un couvert qui était en févrole et en avoine, avec justement une association graminée et légumineuse. Et l'objectif avec l'avoine, c'était justement de travailler avec un système racinaire très profond, de travailler sur la porosité et l'infiltration de l'eau dans le sol, pour justement gagner de la rétention. Donc pour moi, ça c'est une des premières solutions que tu peux assez facilement mettre en place. Tu sèmes des couverts, tu le travailles. Et après, on fait un test aussi en ce moment avec une société qui produit du biochar. Donc le biochar, c'est de la matière végétale qui est pyrolysée. Pour simplifier un peu la chose, on pourrait dire que c'est un peu du charbon végétal et qui justement joue un peu ce rôle d'éponge dans le sol et si tu veux, se gorge d'eau quand il pleut et ensuite redistribue, redonne l'eau petit à petit au sol. Et donc voilà, joue un peu ce que tu viens de dire, et une solution en tout cas pour essayer de garder l'eau quand il pleut et de la redistribuer ensuite aux arbres. Donc on a un petit essai nous sur 2000 m² avec une société qui s'appelle Novocarbo. une startup allemande. C'est trop récent pour te dire ça marche, ça marche pas. C'était seulement il y a un an au moment de l'implantation en 2024. Mais je pense que c'est quelque chose qu'il faut creuser, au même titre que beaucoup d'autres solutions, pour justement essayer d'améliorer les cycles.

  • Speaker #1

    Je pose la question, et j'insiste un peu sur ce sujet-là, parce que je sais qu'à terme, on risque d'avoir pas mal de problèmes avec l'eau. Tu mentionnais la... production de l'amande en Californie, qui est extrêmement gourmande en eau, en irrigation, qui vient des nappes phréatiques. Il y a une limite à tout ça à un moment donné. Et donc, j'imagine que dans la vision long terme de votre exploitation, être capable de pouvoir résister à des problèmes d'eau et d'avoir...

  • Speaker #0

    C'est clé. En fait, c'est clé. Nous, déjà, sur la ferme, si tu veux, la ressource en eau, c'est de l'eau de surface. On n'est pas en train de puiser dans les nappes phréatiques, dans l'eau, dans le souterrain. On bénéficie d'un fleuve qui s'appelle la Garonne, qui est un des plus grands fleuves en France, avec une gestion durable du système hydrique. Tu as un canal qui s'appelle le canal de Saint-Marthory, qui est un ouvrage de Napoléonien, c'est Napoléon III qui a construit ce canal, et qui permet de capter les excédents d'eau de la Garonne pour irriguer 10 000 hectares. sur le bassin toulousain, avant que l'eau revienne dans la Garonne. C'est un modèle qui est très durable, qui est géré publiquement, encore une fois, c'est important. Ça, c'est le premier élément. Et le deuxième élément, sur la durabilité de la disponibilité en eau dans le temps, en fait, nous, si tu veux, en travaillant avec un amendier, on a choisi de travailler sur une essence méditerranéenne par excellence, qui résiste très bien. à des épisodes de sécheresse, à des épisodes où il fait très chaud et où il ne pleut pas. En fait, l'arbre en tant que tel, c'est ce qu'on appelle un arbre plastique, c'est-à-dire qu'il ne va pas forcément souffrir d'un manque d'eau pendant de longues semaines, pendant quelques semaines ou quelques mois. Ce qui va en revanche, évidemment, en pâtissière, c'est la production de fruits. Mais si je regarde l'arbre, l'actif arbre, il va être hyper résistant dans des épisodes de sécheresse. Donc, c'est quand même pas mal. Si effectivement tu as une année qui est compliquée et où tu n'as pas les autorisations que tu pensais avoir sur la capacité d'irrigation, en fait ton arbre l'année d'après il sera toujours là déjà, alors que ce n'est pas le cas sur d'autres filières fruitières. Et il s'adapte bien, il s'adapte très bien.

  • Speaker #1

    Ok, trop bien. Tu mentionnais les couverts végétaux, on peut peut-être en parler un peu. Ici pour l'instant il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Oui, ici, on n'a pas ressemé en couvert d'hiver cette année, parce qu'on a fait nos travaux d'irrigation, on a enterré justement les goutteurs. Et donc, en fait, le fait de faire ce travail, si tu veux, il y a eu beaucoup de machines, donc on avait décidé de ne pas mettre de couvert cette année, exceptionnellement. Mais tu verras tout à l'heure sur les parcelles plus récentes, pour le coup, on a travaillé sur une association légumineuse graminée, environ 65 kg hectares de chaque, un peu moins. Avec l'idée d'avoir une approche un peu double sur la structuration de ton sol, en sachant que l'historique maïs conventionnel a quand même eu cet inconvénient de tasser les sols énormément. Tu avais une belle semelle de labour, donc il y a un enjeu pour nous de décompacter. Et donc, je pense que le choix de l'avoine est bon de ce point de vue-là, justement. Et on l'a couplé avec une légumineuse, donc la févrole, qui permet de capter, de ramener de l'azote, donc en captant effectivement de l'azote atmosphérique. Donc ça, c'est quelque chose de très bien. L'idée, c'est les 4-5 premières années, c'est de travailler sur des couverts végétaux non permanents, on va dire. Donc tu vois, chaque année, on va réimplanter un couvert. On va pouvoir aussi selon comment le sol se comporte adapter les essences qu'on y met. Mais l'idée au bout de 5-6 ans c'est d'avoir un couvert permanent sur l'ensemble du verger. Pour le coup. Permanent Oui permanent. En fait permanent parce qu'on considérera si tu veux que gros des travaux déjà d'installation du verger auront été faits. Tu vois l'irrigation, la plantation etc. On considérera que le système racinaire des arbres sera suffisamment développé pour éviter justement la concurrence entre ton couvert et ton arbre. C'est quelque chose où il faut rester quand même vigilant. Tu parlais de l'eau notamment, mais tu vois, les premières années, nous, on a eu des sujets justement parce qu'il y avait trop d'herbes au pied des arbres. Et en fait, ces adventices dont on ne voulait pas forcément, en fait, pompaient beaucoup d'eau au détriment de l'arbre. Et donc, on avait des partes de croissance au niveau de l'arbre et qui n'étaient pas forcément cohérentes avec ce qu'on voulait faire. Donc voilà, au bout de cinq, six ans, ton arbre est suffisamment replanté, donc tu peux vraiment couvrir de manière permanente. Tu vois, aujourd'hui... Le système qu'on a choisi, c'est de nettoyer le sol sur un mètre, on va dire, sur le rang d'arbre. Ça, c'est quelque chose qui est assez important. Les premières années, encore une fois, quand le système racinaire est peu développé, et après, on en arbera 100% du verger.

  • Speaker #1

    En dessous des arbres aussi En dessous des arbres aussi.

  • Speaker #0

    Alors après, les arbres prendront de l'envergure, tu auras de l'ombrage. Donc, en fait, finalement, tu auras moins de croissance au niveau du sol parce que ce sera beaucoup moins lumineux.

  • Speaker #1

    Oui, ok.

  • Speaker #0

    Plus abragé.

  • Speaker #1

    Déjà, ici, ce matin, tu m'as montré des images de cette parcelle ici. En tout cas, ici. Et je voyais ces couverts vraiment haut, magnifiques.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Et puis tu avais plein de coquelicots au pied des arbres. C'était super coloré. Peut être que tu peux me filer des images que je vais mettre dans la vidéo comme ça les gens pourront s'en prendre quand le couvert est vraiment...

  • Speaker #0

    Avec plaisir, c'est vrai qu'on a eu des scènes, c'était super joli. On était au mois de mai et effectivement, le couvert, c'était très bien implanté, déjà de une. Et de deux, sur le rang, on avait effectivement pas mal de coquelicots. C'était très joli.

  • Speaker #1

    Et vous faites quoi avec votre couvert

  • Speaker #0

    Le couvert, en fait, pour nous, il n'a aucune vocation commerciale ou alimentaire, d'un point de vue humain, je veux dire. Il est purement pour les sols. pour l'écosystème. On a travaillé jusqu'à maintenant sur des couverts plutôt d'hiver. On a implémenté qu'on sème au début du mois de décembre, fin mi-novembre même cette année. L'idée c'est de le laisser se développer pendant l'hiver, de s'installer, de lui laisser de la croissance sur la partie printemps, avec des beaux mois de croissance, mois de mars, avril. Et en fait, courant du mois de juin, On va le détruire. Alors, on va le détruire, en fait, l'idéal. Jusqu'à maintenant, on le broyait. Et donc, si tu veux, le résidu végétal restait vraiment au niveau des sols, dans les allées. Ça apportait beaucoup de matière organique. Ça permettait de limiter aussi l'évaporation pendant les mois d'été, qui sont des mois secs. Et cette année, on va essayer justement de les rouler pour les détruire, mais sans casser toutes les fibres. Et donc, tu passes ce qu'on appelle un rouleau FACA, qui te permet justement de coucher ton couvert et de le détruire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est quelque chose qui est assez important je pense pour stabiliser aussi tes sols et participer un peu à la restructuration et à la régénération.

  • Speaker #1

    Comme je l'avais annoncé en intro de cet épisode, il y a un deuxième interlocuteur dans cet épisode, c'est Clément, le chef d'exploitation de la Granja. Donc là je suis avec Clément qui est le chef d'exploitation ici à la Granja, donc un peu le chef d'orchestre, c'est ça

  • Speaker #2

    Exactement, oui bonjour. Raphaël, voilà donc chef d'orchestre, on peut dire ça comme ça, chef d'exploitation, je m'occupe de toutes les opérations culturales et de la gestion globale de l'exploitation sur place.

  • Speaker #1

    Super, je voulais profiter de t'avoir sous la main pendant quelques minutes pour te poser quelques questions un peu techniques. On a déjà pas mal discuté avec Martin de tout ce que vous faites ici mais il y a une question qui me taraudait un peu, c'était de savoir quels sont les... Les mesures, les études, les analyses que vous avez faites au début, quand vous avez commencé l'exploitation il y a 4 ans, et quels ont été les résultats de ces études-là On n'est pas obligé de me donner le détail ultra-technique, mais en tout cas les grandes lignes, et puis surtout, comment est-ce que ça a évolué En 4 ans, c'est pas super long, mais peut-être qu'il y a déjà eu des résultats, donc je suis curieux de savoir plus sur tout ça.

  • Speaker #2

    Oui, très bien. Alors, on travaille avec Genesis. Au moment du rachat de cette ferme, ils sont venus faire des analyses de sol complètes et on a eu un résumé global de l'état des sols, donc à T0. Le résultat de toutes ces analyses, de toutes ces mesures, c'était qu'on était sur des sols érodés, des sols dégradés, très peu de matière organique, des sols assez tassés. Chaque année, on refait des mêmes mesures avec ces mêmes personnes et on se rend compte, on a eu les résultats sur toutes les analyses de 2024 et on voit que on est dans la gradation des sols d'année en année. Donc, les indicateurs qui sont en augmentation et qui deviennent de mieux en mieux, c'est le taux de matière organique dans les sols. le ratio carbone sur azote de cette matière organique là. On a des indicateurs de capacité d'échange cationique qui sont aussi mieux. Donc c'est la CEC du sol, on va dire que c'est la capacité du sol à retenir les éléments qu'on lui apporte ou qui sont minéralisés à l'intérieur de celui-ci. Donc ça c'est les principaux éléments.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux me donner des chiffres

  • Speaker #2

    Alors au départ on était à un... 1,5% de matière organique au moment de l'entrée dans les lieux. Et là, on tend vers les 2% déjà sur certaines parties. A savoir qu'on a une très grande hétérogénéité dans nos parcelles, avec une granulométrie qui n'est pas pareille, un relief qui change un peu, et notamment le pourcentage de terre fine dans nos sols qui diffère énormément. On a des zones avec beaucoup de cailloux, des zones avec moins de cailloux. Ces zones avec beaucoup de cailloux sont peut-être un peu moins fertiles, mais on gagne au niveau du tassement des sols, puisque les particules comme des cailloux permettent de structurer le sol un peu mieux au niveau du tassement. Ça, ça nous aide bien. Au niveau des chiffres matière organique, au niveau de la CEC, on a gagné un point de CO6, ce qui est énorme. Et après, il y a une autre dimension aussi dans l'analyse d'un sol, c'est l'analyse plutôt physique. qui est faite avec des profils de sol. Donc on en fait régulièrement et on voit qu'on a plus de semelles de labour, on a des horizons qui sont assez noyés l'un dans l'autre, on va dire. On n'a pas des horizons qui sont identifiables, mais on voit que les horizons sont assez diffus, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, et ça veut dire quoi ça

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'on tend vers une verticalité dans nos sols, un bon fonctionnement de celui-ci, et des bons transferts d'eau, d'oxygène et d'éléments minéraux de la surface vers la profondeur.

  • Speaker #1

    Et comment tu expliques ces résultats Donc quand même une amélioration considérable de matière organique en seulement 3-4 ans Exactement. Tu parlais du CEC, peut-être que tu peux aussi m'expliquer un peu plus en détail ce que c'est, parce que je ne connais pas.

  • Speaker #2

    D'accord, alors la CEC, on va dire que c'est le frigo du sol. Le frigo, comme à la maison, qu'est-ce qu'on fait On stocke des aliments, on ouvre. Et on va dire que la CEC, au plus elle est grande, au plus notre frigo est grand. Si on a une petite CEC, c'est un petit frigo d'appartement. Et si on a une grande CEC, ça veut dire qu'à la maison, on n'a pas un petit frigo, mais on a un frigo américain, double porte. Et donc à l'intérieur de celui-là, on ne peut plus stocker. Et au plus on peut stocker dans un sol, au mieux c'est. Ça veut dire que les apports qu'on fait annuellement, ils vont pouvoir être stockés à l'intérieur de celui-ci sans être lixiviés, sans être perdus dans la nappe phréatique.

  • Speaker #1

    Et donc pour revenir à ma question, comment est-ce que tu expliques tous ces résultats assez impressionnants en seulement trois ans

  • Speaker #2

    Alors on explique ces résultats par plusieurs leviers qu'on a mis en place. Premièrement, c'est beaucoup d'apports de matière végétale, matière organique. Deuxième élément, c'est le non-travail du sol. Et le troisième élément, c'est les couverts végétaux.

  • Speaker #1

    Ok, on peut peut-être en parler un par un. Donc l'apport de matières organiques et tout ça.

  • Speaker #2

    L'apport de matières organiques, c'est des apports qui permettent d'augmenter notre bilan humique, d'avoir un bilan humique positif, c'est-à-dire que toutes les exportations qu'on fait dans nos cultures soient compensées par des apports. Donc ça, c'est vraiment l'augmentation de la matière organique. et c'est des apports avec des matériaux avec un C sur N assez élevé pour avoir une dégradation lente dans le temps, étant donné qu'on a une faible capacité de rétention de minéraux, c'est la CEC, on vient d'en parler. Donc voilà, fumier et déchets verts. Le deuxième levier qu'on a mis en place, c'est... Le non-travail du sol dans nos vergers, c'est la culture pérenne aussi qui facilite tout ce travail, puisqu'une fois que les arbres sont plantés, on n'a plus besoin d'intervenir. Mis à part, si on voit que les tracteurs avec les passages répétés tassent le sol, on peut passer pour décompacter un peu. Mais sinon le non travail du sol il est bénéfique puisque on mélange pas les horizons du sol, on laisse le sol se stabiliser, se structurer tout seul et et donc il y a toute une vie, tout un système qui se met en place qui va être bénéfique dans les années à venir.

  • Speaker #1

    Et alors troisième partie on parlait découvertes, on peut peut-être même se rapprocher un peu des couverts ici derrière, on peut en parler directement donc ici Je décris pour ceux qui écoutent la version audio et qui ne voient pas la vidéo, on a des rangées d'amandiers qui sont espacées chacun entre 5 mètres, c'est ça Et 7 mètres entre les rangées. Donc au milieu de ces rangées de 7 mètres, on a un magnifique couvert. Tu peux nous expliquer de quoi est-il

  • Speaker #2

    Alors c'était un mélange d'avoine et de févrole. Donc deux espèces différentes qui vont être complémentaires dans leur cycle végétal. L'avantage de l'avoine, ça va être un chevelu racinaire qui va pénétrer en profondeur, même dans les endroits un peu tassés, avec aussi un apport de matière sèche conséquent. Et la deuxième espèce c'est la fèvreole, donc une légumineuse autonome en azote avec un système racinaire qui est complètement différent de l'avoine. C'est plutôt un pivot qui va aussi travailler en profondeur.

  • Speaker #1

    C'est bien pour décompacter.

  • Speaker #2

    Exactement, et beaucoup de matière sèche aussi.

  • Speaker #1

    Beaucoup de matière sèche.

  • Speaker #2

    Beaucoup de matière sèche, oui. Le végétal est très dense sur la fèvreole. Donc voilà, on va essayer d'amener cette... plante donc jusqu'à la fin de son cycle pour avoir un reliquat très riche en carbone. La fèvrole n'est pas la plante la plus riche en carbone mais quand même on va essayer d'avoir de la lignine et donc de la détruire le plus tard possible donc fin juin ou début juillet.

  • Speaker #1

    Ok, vous détruisez comment

  • Speaker #2

    Alors soit on va le rouler soit on va le broyer.

  • Speaker #1

    Le but est de laisser la matière sur place pour qu'elle se décompose et qu'elle nourrisse le sol.

  • Speaker #2

    Voilà la matière sur place. place, plante entière le mieux pour qu'elle se décompose lentement.

  • Speaker #1

    Ok, génial. Un tout grand merci pour ces informations complémentaires qui sont vraiment top. Courage pour la suite, en tout cas le travail que vous faites est génial, donc continuez comme ça.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Raphaël, à bientôt.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je referme cette petite parenthèse super intéressante avec Clément et je reviens à ma conversation avec Martin et dans ce passage suivant, on discute des outils de mesure qu'ils utilisent pour mieux piloter la ferme au jour le jour. Je vois que tu as un petit appareil ici au pied de ton arbre. Tu peux peut-être nous expliquer de quoi il s'agit Oui,

  • Speaker #0

    carrément. La partie mesure de données est hyper importante sur la ferme, et notamment sur l'irrigation et toute la partie météo. On travaille depuis quelques années avec une société qui s'appelle Winat pour justement la collecte de toutes ces données. Et donc ici, ce que tu as ici, c'est ce qu'on appelle une sonde capacitive qui vient mesurer dans le sol. l'humidité de ton sol à différents niveaux de profondeur. Ce qui est toujours compliqué, c'est que là, tu vois, tu as l'impression que ton sol, en grosso modo, il a pris la plume et il est relativement humide. Mais en fait, quand tu vas regarder ce qui se passe à 20 à 40 cm, ça peut être totalement différent. Et donc, cette sonde capacitive, elle mesure en gros 60 cm et elle mesure l'humidité tous les 15 cm, donc à différents niveaux de profondeur. Ça nous permet de piloter au mieux notre irrigation, en essayant d'être le plus lisse possible dans les courbes d'humidité. L'idée, c'est d'éviter d'avoir des mouvements un peu trop erratiques, mais plutôt d'homogénéiser les courbes. Et donc de piloter, d'être… De faire des économies d'eau, pour ne pas mettre trop d'eau. Surtout qu'ici, sur cette parcelle, on est sur une parcelle qui est assez filtrante. Tu as un pourcentage de sable qui est assez important, ça se voit un peu à l'œil nu, mais qui est autour de 35-40%. Et donc... d'apporter trop d'eau, ça ne rimerait à rien, elle percolerait, elle s'infiltrerait, elle descendrait dans la nappe et que tu n'utiliserais pas à bon escient. Donc voilà, ce suivi est hyper important. Donc tout est connecté sur ce matériel. Tu vois, on a un pilotage informatique en temps réel pour optimiser tout ça.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et t'en as beaucoup sur les plantations Ouais,

  • Speaker #0

    on en a plusieurs. En fait, on a raisonné en ce qu'on appelle en unités homogènes de sol. La difficulté en fait avec ces appareils, c'est que ton sol peut être très différent d'une parcelle à l'autre. Et donc en fait, on a essayé de catégoriser nous nos sols, et on a grosso modo 4-5 unités un peu différentes, où t'as des caractéristiques qui sont différentes. Et donc on a installé des sondes sur chacune de ces zones. de ces soldes un peu différents. Après, on pilote différemment l'irrigation. Tu vois, sur cette parcelle, comme je te le disais, elle est un peu plus filtrante. On met, par exemple, 10 à 15 de plus d'eau que sur les parcelles en bas, qui sont un peu plus argileuses, avec autour de 35 à 40 d'argile.

  • Speaker #1

    Du coup, j'imaginais ça un coût aussi au départ, mais tu récupères ça en économisant sur ton utilisation.

  • Speaker #0

    Oui, tu as un petit investissement sur l'outil, mais derrière... Effectivement, tu économises sur l'eau, donc économiquement c'est intéressant, mais surtout environnementalement parlant, tu as une gestion beaucoup plus durable de tes ressources, de ta ressource hydrique. Et puis je pense qu'agronomiquement pour la plante aussi, c'est hyper intéressant parce que tu t'optimises, tu vois, sa capacité à prendre l'eau et à voir ce dont elle a besoin. Et selon le développement de ton fruit, par exemple, etc. Donc, j'ai... C'est super, c'est un très bel outil. Et à côté, là, tu vois, tu as l'équivalent, donc c'est toujours chez Winat. Et c'est la... C'est assez classique, c'est une station météo où on va suivre des paramètres comme évidemment la température. On va suivre le vent, donc tu as un anémomètre. On va suivre la pluviométrie, ce que tu vois là-haut. Et ça, pour le coup, c'est quelque chose qui est indispensable, je pense. Derrière nous, ça nous permet de piloter nos... nos traitements par exemple, si tu sais qu'il a... en fonction de l'humidité que tu peux avoir, l'humidité relative, la pluviométrie, tu vas plus positionner des traitements de prévention, parce que nous en bio c'est vraiment du préventif, on ne fait pas du tout de curatif, c'est que du préventif, donc il y a un sujet d'anticipation. Le vent, l'anémomètre c'est hyper important pour les traitements encore une fois, pour savoir quand est-ce que tu peux traiter ou pas, que tu as trop de vent, voilà. La température, on a aussi tu vois... des capteurs gel qui nous mesurent justement les températures très précises pour éventuellement déclencher des actions de protection gel, qu'on a pareil sur différentes parcelles. Donc oui, c'est important. Et puis après, derrière, ça nous fait un historique en plus de nos températures. Aujourd'hui, encore une fois, on l'a sur 4 ans, mais dans 10 ans, on aura quand même 10 ans de données, ce qui est plutôt pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez... Vous pensez à intégrer des animaux sur l'exploitation

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Je pense que c'est hyper intéressant. On a eu du mal à trouver, mais là on a trouvé un berger qui habite pas très loin de la ferme et qui serait OK pour faire des tests, déjà. Je pense que les premières années, ce qui était compliqué, c'est que les arbres étant tout petits, t'avais cet enjeu que les moutons ne mangent pas les jeunes arbres. Aujourd'hui, maintenant que les arbres ont pris un peu de hauteur, On va faire des tests probablement à l'automne prochain, justement des copaturages, pour venir entretenir le verger. Je pense que les bénéfices sont hyper intéressants sur l'entretien de l'enherbement, le fait que les déjections des moutons permettent d'apporter de l'engrais au niveau des sols. C'est les ongulés qui ne sont pas trop lourds, donc tu n'as pas du tout de problème de tassement du sol ou autre, comme tu pourrais avoir peut-être avec des bovins. Au contraire, je pense que ça peut aérer le sol et avoir des effets plutôt bénéfiques. Donc oui, on va mettre en place des essais prochainement. Après, l'idée, c'est que moi je ne connais pas du tout le… on va dire que c'est un métier qui est totalement nouveau, et donc l'idée c'est vraiment de déléguer toute la gestion opérationnelle du troupeau à un verger et de dire nous, on met plutôt à disposition des terres avec des contraintes où il faut quand même qu'on puisse continuer à passer. à gérer l'irrigation, mais ça, elle a enterré. Donc ça, c'est plutôt un bon point.

  • Speaker #1

    Parce que du coup, c'est l'éleveur qui gère tout. A priori, vous en tirez des bénéfices sans avoir vraiment trop de complications. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Et l'éleveur, lui, en tire aussi des bénéfices. J'imagine que vous êtes complètement en bio avec des beaux couverts diversifiés, avec la bonne nutrition pour leurs bêtes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, on leur donne du foncier de manière un peu gratuite. Donc c'est une disponibilité en foncier qui est intéressante aussi pour l'éleveur. Je pense que c'est un modèle qui peut être intéressant.

  • Speaker #1

    On a toute une série de ruches ici.

  • Speaker #0

    Oui, écoute... L'avantage, c'est qu'on travaille avec des variétés qui sont auto-fertiles. La majorité des variétés en Europe sont auto-fertiles. Théoriquement, tu n'as pas besoin d'arbres pollinisateurs. C'est d'arbres mâles et femelles. Sur la pistache, par exemple, c'est différent. Sur l'amande, c'est des variétés auto-fertiles. Mais ce qui est conseillé, on pense que c'est pertinent, de pouvoir ajouter une pollinisation entomophile, avec des abeilles, en l'occurrence ici, pour maximiser la pollinisation. On considère... que tu peux augmenter de 15 à 20% le potentiel de fructification de tes arbres. C'est quand même significatif. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a un partenariat avec un apiculteur où il nous met à disposition... Sur la ferme, on a en général un rucher permanent qui reste là tout le long de l'année. Pas beaucoup de ruches, parce qu'il n'y a pas non plus... Il faut vraiment calculer le nombre de ruches en fonction de ce que tu as. en termes d'un point de vue mellifères pour les nourrir. Donc on a 5-6 ruches à l'année. Et puis par ailleurs, sur les périodes de floraison, là on a une vingtaine de ruches. Non, je dis une bêtise, mais on a une cinquantaine sur ce site qui sont arrivées il y a trois semaines pour la période de floraison. Et donc l'idée, c'est que les abeilles puissent travailler. Alors là, on est sur une journée un peu venteuse, donc il n'y en a pas beaucoup qui sont sorties. Mais voilà, elles permettent de favoriser un peu la pollinisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un service que vous payez Aux apiculteurs, ou bien est-ce qu'eux sont contents justement d'avoir autant de fleurs Cette année,

  • Speaker #0

    on n'a pas payé. Je pense qu'effectivement, contents d'avoir des fleurs, encore une fois, en début de saison. Parce que tu vois, aujourd'hui, il n'y a pas... Quand on regarde le biotope autour, tu n'as pas beaucoup d'arbres en fleurs, tu n'as pas beaucoup de fleurs même au sol, etc. Donc c'est quand même pas mal pour eux. Je pense qu'ils y trouvent aussi leur intérêt. Mais je pense qu'à long terme, il y aura certainement des... Voilà, peut-être une contrepartie financière.

  • Speaker #1

    Et la production de miel, c'est lui qui s'en...

  • Speaker #0

    Et la production de miel, elle est pour lui. Après, on va essayer de négocier quelques pots de miel avec les couleurs de la ferme.

  • Speaker #1

    Oui, ce serait sympa. Oui,

  • Speaker #0

    ce serait sympa.

  • Speaker #1

    On parlait de la production aux États-Unis, en Californie. Je me souviens avoir vu passer des sujets avec les apiculteurs qui amènent des abeilles. Ces abeilles meurent en masse à cause des pesticides et tout ça.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ça c'est un bon exemple, tu me posais la question tout à l'heure du système conventionnel américain. Effectivement, aujourd'hui, je crois que c'est l'équivalent un tiers ou la moitié du rucher américain qui est amené au moment de la pollinisation et de la floraison des arbres. Donc essentiellement, je crois que c'est le même de Floride, ils emmènent beaucoup de ruches dans les trains, etc. Et le problème, c'est que déjà les colonies se mélangent un peu entre elles. Donc si tu as une colonie qui est malade, il y a des sujets de contamination entre les colonies. Donc tu as beaucoup de mortalité en fait, à la fois pendant les transports. et à la fois sur le surplace, parce qu'en fait, déjà, la période de floraison, les abeilles, on les bouge pour seulement 3-4 semaines, un mois peut-être, maximum, donc c'est très court. Et comme il n'y a rien d'autre autour, tu es obligé de les amener et de les enlever tout de suite. Alors que nous, tu vois, c'est très boisé quand même autour, donc même quand les fleurs commenceront à diminuer ou que la pollinisation sera terminée, tu as toujours, en fait, dans... un garde-manger, si je puis dire, assez conséquent pour les abeilles.

  • Speaker #1

    Et les pollinisateurs, il n'y a pas que les abeilles, vraiment. Est-ce que vous mettez des choses en place pour favoriser

  • Speaker #0

    On ne l'a pas encore fait, mais je pense qu'à la prochaine, on mettra effectivement des abris, des bourdons, des abeilles sauvages, pour mettre en place effectivement des installations. En fait, cette année, on avait focalisé sur la partie oiseaux, plutôt. avec perchoir, nichoir, mais l'année prochaine, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Des bandes, par exemple, de fleurs,

  • Speaker #0

    de melifères,

  • Speaker #1

    et ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    Oui, carrément, c'est quelque chose qui est important, je pense, pour apporter des compléments.

  • Speaker #1

    Et dans le choix de vos couverts aussi Oui. Vous pensez aussi à… Oui,

  • Speaker #0

    carrément. Justement, oui, pour moi, c'est ici qu'on pourrait installer des bandes un peu melifères. Oui. pour leur permettre d'avoir accès à d'autres choses, à d'autres essences. Donc ça, ça, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Donc voilà qui clôture la partie visite de la ferme. Mais on a quand même été s'asseoir encore quelques minutes avec Martin pour discuter de sujets que je n'avais pas encore eu l'occasion d'aborder par rapport au modèle économique, aux canaux de distribution, à la transformation des aliments et d'autres choses comme ça que je trouvais vraiment intéressants d'aborder pour avoir l'image complète de ce qui se passe ici. Une fois que vous avez produit vos amandes, qu'est-ce qui se passe après Est-ce que vous les vendez Est-ce qu'il y a d'autres processus de transformation

  • Speaker #0

    Les amandes, ça reste des fruits à coque, des fruits secs, ils se conservent assez bien. Aujourd'hui, quand on récolte au champ, on récolte nos amandes, et derrière, tu as une étape indispensable, tu as plusieurs étapes. La première étape, c'est de nettoyer, de sécher les amandes, pour descendre le niveau d'humidité du fruit à environ 6-7%, pour que tu les stabilises et que derrière, ils puissent se conserver de la manière des manières. Ensuite, on doit casser la coque dure autour de l'amande, comme dans beaucoup de fruits à coque. On envoie nos amandes dans une casserie pour casser la coque. On obtient en principale une amande entière, que tu as l'habitude de consommer à l'apéritif par exemple, avec du sel ou autre chose. Mais surtout, on peut derrière décliner sur une palette d'ingrédients, de différents ingrédients, en allant de la poudre d'amande par exemple à de l'amande émondée. Donc blanchi, c'est-à-dire qu'on enlève la peau. Tu peux faire de l'amande et filet. Tu peux décliner comme ça sur une certaine palette d'ingrédients. Et derrière, nous, l'histoire, on va dire l'ADN du projet, c'est d'essayer de désintermédier un petit peu la filière et de s'affranchir de l'étape coopérative, où tu sais, beaucoup d'agriculteurs vendent finalement la coopérative. Et après, tu as souvent beaucoup d'intermédiaires finalement jusqu'au client final, consommateur. Nous, l'idée, c'est plutôt de s'intégrer verticalement. Et de se dire qu'on veut se donner les moyens de pouvoir commercialiser nous-mêmes nos amendes. Alors aujourd'hui, en travaillant en direct avec des artisans, par exemple, sur l'industrie de la chocolaterie, de la confiserie, du nougat. Donc ça, aujourd'hui, c'est la grosse majorité de nos clients. Après, tu as des industriels aussi qui sont soucieux justement de mieux gérer leur chaîne d'approvisionnement et qui s'intéressent beaucoup et je trouve que c'est les bons signaux positifs dans le marché. au sujet justement de l'agriculture régénérative, du carbone, de l'origine, de la traçabilité. C'est plein de mots clés, mais c'est plein de mots qui sont de plus en plus pertinents pour ces acteurs-là. Et puis après, on a une gamme de produits aussi pour le client final, la destination du client final. Je te montrerai avec des volumes plus petits, en 800 grammes ou en 150 grammes, où pour le coup, l'idée, c'est de pouvoir vendre en direct, alors via des plateformes comme Crowdfarming, on en parlait, où justement, on a accès directement au client.

  • Speaker #1

    Et toujours dans cette idée de s'intégrer verticalement, comme tu l'as dit tout à l'heure Tout ce qui est le processing, donc la transformation, est-ce qu'il y a des étapes que vous essayez de rajouter de votre côté Oui,

  • Speaker #0

    écoute, aujourd'hui, c'est un peu quelque chose, tu vois, en France, on évoquait tout à l'heure le fait que la filière est assez jeune, côté production en France, mais ça se traduit aussi par le fait qu'il y a très peu d'infrastructures pour transformer les produits. Et donc, c'est un peu, en tout cas, c'est un de nos enjeux chez Greenpods, on va dire à moyen terme, c'est de pouvoir se doter d'un outil industriel qui nous permette justement de... de gérer pour le coup de A à Z en interne les process de transformation. Alors pour ne pas faire les choses à l'envers, on s'est dit qu'on allait d'abord monter nos capacités de production. C'est pour ça qu'aujourd'hui on a deux exploitations opérationnelles sur un peu plus de 250 hectares. L'objectif c'est de continuer à monter d'autres fermes avec toujours ce même esprit et ce même cahier des charges communs d'agri-région, qui est quand même un des ADN fondamentaux pour nous. de rester sur de l'arboriculture et donc des fruits à coque, de l'amande, de la noisette, de la pistache. Et puis quand on aura atteint un certain seuil de production, de pouvoir justement se doter du soutien industriel et de valoriser nous-mêmes nos produits.

  • Speaker #1

    Vous avez des équipes, évidemment, vous vous occupez d'acheter des fermes, de gérer le management. Oui. Mais j'imagine qu'à chaque fois, il faut trouver des équipes sur place, de gens qui soient qualifiés, qui comprennent le régénératif, qui soient motivés.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est la clé numéro... Une, je pense dans le développement de nos projets, effectivement, tu as un capital humain qui est hyper important. Donc tu as fait la rencontre ici de Clément, qui est notre directeur d'exploitation, qui est un jeune qui a 30 ans, qui est fils d'arboriculteur et qui est hyper motivé par le projet. Je pense que l'arboriculture, ça nécessite quand même pas mal de main d'œuvre, entre guillemets, de capital humain, parce qu'à la différence des grandes cultures, tu as beaucoup plus d'opérations dans les champs. Et donc tu dois constituer des équipes, tu dois les motiver, tu dois les incentiver. C'est un peu aussi notre challenge avec Boris et avec l'ensemble de l'équipe de mettre un peu en marche tout ce système. Nous, on a différencié, c'est peut-être un peu unique dans le monde agricole, je ne sais pas, mais en tout cas, on a différencié des fonctions très opérationnelles sur les projets. Chaque projet est autonome au niveau de ses équipes. Ici, tu as trois personnes qui travaillent tous les jours sur la ferme, dont Clément. En Espagne, tu as la même chose, la même équipe, grosso modo, trois personnes. Et puis, au-dessus de ces équipes terrain, tu as des fonctions un peu plus... transverses, on va dire, qui concernent les sujets de financement, les sujets de valorisation du carbone, de marketing, de vente, de suivi agronomique, tu vois, et ces fonctions transverses, en fait, elles Ausha un peu l'ensemble des projets en dessous. Donc c'est un peu un fonctionnement à deux étages, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, super. Mais écoute, je pense que tu nous as déjà donné un aperçu de ce que vous faites ici, de la culture régénérative de la bande, de plein de choses. On a appris plein de choses aujourd'hui. Un tout grand merci. Pour toute cette information, pour ta disponibilité et pour le travail formidable que vous faites ici.

  • Speaker #0

    Merci d'être venu, c'est sympa. Et puis j'espère que tu reviendras déjà pour la récolte et puis peut-être dans quelques années, tu verras que ça aura bien poussé.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir,

  • Speaker #0

    j'espère aussi. Vous êtes les bienvenus.

Share

Embed

You may also like

Description

Un épisode fascinant à ne pas manquer ! On part en immersion dans le sud-ouest de la France, sur une ferme d’amandes bio-régénérative à la vision radicale. Martin d’Archimbaud, co-fondateur de GreenPods, nous ouvre les portes de La Granja, un projet agricole unique qui pourrait bien changer le visage de la filière amande en Europe.


Moins d’eau, plus de biodiversité, zéro chimie, des couverts végétaux colorés et une passion débordante pour les arbres : ici, on ne se contente pas de planter, on régénère les sols, on construit un modèle agricole résilient et local, et on s’attaque à l’hégémonie californienne sur la production d’amandes.


Si vous pensez que l’agriculture peut être à la fois belle, rentable et régénératrice, cet épisode est pour vous.


Dans cet épisode, on parle de :

  • L’histoire d’une reconversion de monoculture de maïs vers une ferme d’amandes bio régénérative

  • Comment l’arbre devient un allié du climat et un levier de relocalisation alimentaire

  • Les secrets agronomiques pour créer un verger résilient : irrigation de précision, taille, variétés, fumier, biochar…

  • L’impact des couverts végétaux et des pratiques bio sur la santé des sols

  • Et pourquoi la résilience long terme est bien plus rentable que la productivité court terme


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


This podcast was produced in partnership with Soil Capital, a company that supports #regenerativeagriculture by financially rewarding farmers who improve soil health.


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


Useful links: 

  • GREENPODS / LA GRANJA - Link

  • Acheter des amandes - Link

  • Martin d’Archimbaud - Linkedin


Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je fais la visite d'une ferme d'amandes bio-régénératives dans le sud-ouest de la France, à à peu près 20 minutes de Toulouse. Mon interlocuteur principal dans cet épisode, c'est l'un des deux fondateurs de la ferme, Martin d'Archimbeau, et il va nous décrire en détail le fonctionnement de son exploitation. On a aussi un passage avec Clément, qui est le chef d'exploitation, pour entrer un peu plus en détail dans les questions d'agronomie et de santé des sols. Franchement, moi, je n'y connaissais absolument rien à la culture de la bande. En arrivant, cette interview m'a donné un niveau de compréhension vraiment assez complet. C'est un épisode qu'on retrouve aussi en version vidéo sur YouTube. Et à voir la vidéo, ça aide quand même fort à visualiser ce dont on parle. Cela dit, le montage audio a été prévu pour que vous puissiez suivre la conversation et tout comprendre même sans la vidéo. Donc voilà, c'est à vous de choisir. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Seul Capital. Moi, c'est Raphaël et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    On est ici sur notre exploitation agricole qu'on a développée avec Boris, mon associé. Et c'est une exploitation qui fait 150 hectares au global, qu'on a reprise récemment, puisque ça fait seulement 4 ans qu'on est installé. Et donc je pourrais t'en dire un peu plus sur le passif et l'historique de la ferme, qui est assez unique, on va dire, et qui nécessite pas mal de travaux de régénération au niveau des sols et au niveau de l'écosystème.

  • Speaker #0

    On peut peut-être commencer par là. Est-ce que tu peux me dire ce qui s'est passé ici avant que vous arriviez Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. C'était une exploitation assez typique de ce qu'on retrouve dans la région. On est vraiment dans la plaine de la Garonne, dans le sud-ouest. Une exploitation qui était en monoculture de maïs, grosso modo depuis 30 ans, avec des pratiques conventionnelles, maïs sur maïs de manière assez classique, un labour à 30-40 cm. Et donc, ce passif fait qu'on est arrivé, nous, avec un projet qui était totalement nouveau, puisqu'à la fois on a transitionné vers... de l'arboriculture et donc des cultures pérennes. Donc il y avait déjà ce changement de culture. Et puis on a transitionné vers des pratiques biologiques et régénératives. Donc il y avait aussi un changement de pratiques. Et donc en fait, c'était un peu le double enjeu. Tout en sachant que du coup, cette historique culturelle maïs a un peu finalement détruit la qualité de nos sols. Tu vois, on a des indices de matières organiques qui sont très faibles, autour de 1,5, entre 1,3 et 1,6%. Donc voilà, je sais que ça va prendre du temps. On sait qu'on s'inscrit dans un projet sur le long terme. à horizon 10 ans minimum. Les arbres auront une durée de vie beaucoup plus longue, autour de 25 à 30 ans. Mais il va falloir du temps pour réussir à régénérer un peu tout ça.

  • Speaker #0

    Pourquoi avoir choisi de faire des amendes ici

  • Speaker #1

    Avec Boris, on est un peu tombé amoureux des cultures pérennes et de l'idée de pouvoir planter les arbres et de participer à notre façon à la régénération des écosystèmes et à l'adaptation et à l'atténuation du changement climatique. Pour nous, les cultures pérennes, c'est quelque chose d'assez romantique. C'est des cultures qui sont là pour des dizaines, des vingtaines, peut-être plus en termes d'années. Tu vois, l'amande, c'est autour de 30 ans, mais on regarde aussi des projets avec de la pistache, avec de la noisette, où tu t'inscris vraiment sur des horizons de temps très longs. Et donc ça, c'est assez chouette. Tu capitalises vraiment sur un arbre qui a plein de vertus, d'un point de vue notamment environnemental. Alors, on parle beaucoup de la séquestration de carbone, évidemment, c'est important. Mais si tu regardes aussi au niveau du sol, au niveau des systèmes racinaires, l'infiltration de l'eau dans les sols, de la faune, de la flore. En fait, tu as plein de bénéfices écosystémiques qui sont super intéressants. Et donc, voilà, c'était vraiment le point de départ, travailler sur l'éculture pérenne. Et ensuite, on s'est demandé un peu qu'est-ce qu'on allait planter. Et en fait, on est assez rapidement, on avait beaucoup regardé les filières de fruits à coque, dont fait partie évidemment l'amande, au même titre que la noisette, que la noix, que la pistache. Et en fait, le point de départ, c'est de dire qu'aujourd'hui, sur l'amande, 80% de la production d'amande au niveau mondial. c'est la Californie, donc c'est produit en Californie. Alors même que dans le même temps, l'Europe est le premier marché de consommation au niveau mondial, et en Europe on produit grosso modo 20% de ce qu'on consomme. Donc tu as un énorme déficit de production. Et si je fais un zoom sur la France, c'est encore plus marquant, parce qu'en France on consomme 45 000 tonnes chaque année, et on en produit autour de 1000, on va dire. Donc il y avait vraiment cet enjeu de relocaliser la production, au niveau français, et même au niveau européen. Et le projet, tu vois, on l'a lancé pendant le Covid, qui était un moment, je pense, où on a tous un peu réalisé l'importance, finalement, de retrouver une certaine forme d'autonomie alimentaire et d'être souverain, finalement, sur notre alimentation. Donc ça faisait beaucoup de sens pour nous de planter les amandiers. Et en fait, en France, tu ne peux pas en planter partout, des amandiers, parce que d'un point de vue climatique et pédologique aussi, ça ne convient pas. C'est surtout le sud de la France qui est le plus idoine, on va dire. Il faut retrouver un climat un peu méditerranéen, avec des étés chauds, avec de la chaleur, des heures d'ensoleillement, c'est hyper important. Et donc, on s'est retrouvé sur ce site qui était à nos yeux, on avait fait beaucoup d'analyses en amont du projet, mais qui était idoine pour planter les amandiers.

  • Speaker #0

    Donc voilà, maintenant qu'on a établi un peu les bases et le contexte de cette conversation, j'ai voulu demander à Martin de nous parler de la culture de l'amande conventionnelle pour qu'on ait un point de référence et qu'on puisse comparer ce qui se fait dans l'amande conventionnelle, intensive et ce que font Martin et Boris à la Granja.

  • Speaker #1

    Alors donc aujourd'hui, comme je te le disais, le benchmark, on va dire, l'acteur de référence, c'est la Californie. En Californie, c'est 95% de production conventionnelle. Et c'est un système qui est globalement très productiviste et très intensif dans la manière de conduire, en tout cas d'un point de vue agronomique, les vergers. Tu as, si tu veux, donc, c'est souvent des vergers à très grande échelle, avec des fermes qui font parfois des milliers d'hectares. Tu as des groupes qui détiennent 20, 30, 40, 50 000 hectares d'amandiers d'un seul tenant, avec très peu de diversité culturelle, on va dire. C'est de la monoculture à perte de vue, sans se soucier finalement de ce que tu peux avoir dans ton écosystème, avec des haies, avec d'autres cultures, avec des bois ou autre, ce qui est totalement différent de ce qu'on a nous en Europe. Donc voilà, ce côté monoculture qui est important. Au niveau de la gestion agronomique sur des grosses fermes conventionnelles, très souvent, et pour des raisons... purement opérationnelle et financière, court-termiste du coup, tu as une gestion qui est assez drastique, on va dire. Tu vois, les sols, c'est vraiment sols nus à 100%. Alors parce qu'eux récoltent au sol, tu vois, ils font vibrer l'arbre, les amandes tombent au sol et après ils récoltent au sol. Donc ils ont besoin d'avoir des sols comme des dalles de béton. Donc si tu veux, tu as zéro vie au niveau du sol.

  • Speaker #0

    C'est la raison principale pour laquelle ils ont les sols nus Ou bien c'est aussi, ils essayent de...

  • Speaker #1

    C'est une des raisons. Je pense que la seconde raison, c'est aussi parce qu'eux considèrent que tu peux avoir une compétition au niveau nutriments et au niveau eau. Donc, irrigation entre les arbres et les couverts au niveau du sol. Mais la récolte au sol est la raison principale, numéro une. Et par ailleurs, ils ne s'embêtent pas aussi à entretenir et à ressemer potentiellement chaque année des couverts ou autre. Donc, ils ont vraiment cette vision, voilà, sol nu. champs à perte de vue monoculture et puis surtout le vrai sujet c'est sur l'usage de l'eau puisque là-bas et c'est je pense la grosse différence par rapport à l'Europe c'est qu'en Europe l'eau fait partie des communs c'est un bien commun donc c'est géré par le pouvoir public tu vois nous sur cette ferme l'agence de l'eau locale nous octroie chaque année un certain volume d'eau qu'on a le droit de consommer Je te montrerai un peu nos points d'irrigation, mais c'est géré administrativement et publiquement. Alors qu'aux États-Unis, c'est un bien privé. Ils sont même venus à créer des contrats à terme sur l'eau et sur les droits de l'eau, à titre de liser les droits à l'eau. Et donc, eux utilisent des volumes d'eau considérables pour irriguer leurs arbres. Ils sont à 12 000 m3 par hectare par an pour certaines fermes, parfois même un peu plus. Quand nous, si tu veux, ici sur la ferme, on est autour de 6 000. au maximum, c'est le quota maximum. Donc déjà, tu coupes en deux. Et donc cet usage de l'eau de manière un peu démesurée, environnementalement parlant, il n'est pas tenable et il n'est pas durable. Et d'ailleurs, beaucoup de vergers aujourd'hui commencent à être arrachés parce qu'il y a un problème de durabilité du système hydrique.

  • Speaker #0

    C'est justement ce que j'allais te demander. Tu as dit que c'était une vision court-termiste. Qu'est-ce qui se passe à long terme si on continue cette vision-là

  • Speaker #1

    À long terme, c'est assez simple. Le verger californien, si tu veux, dans sa globalité, il commence... Il a beaucoup augmenté ces 10-15 dernières années. Depuis 2-3 ans, on voit qu'il y a un ralentissement en termes de plantation et tu as même certains vergers qui commencent à être arrachés. Donc si on se projette maintenant dans le futur à horizon 10 ans, si les conditions restent, enfin s'ils continuent à faire ce qu'ils font actuellement, forcément le verger californien va diminuer en termes de surface. Et donc je pense que c'est une belle opportunité justement pour les acteurs européens, à commencer par Green Pods et d'autres, justement de battre. promouvoir et d'essayer de faire connaître aussi d'autres systèmes de production plus durables pour justement mettre en avant des pratiques et préserver nos écosystèmes.

  • Speaker #0

    La question suivante que j'ai voulu poser à Martin c'est est-ce que cette décision d'investir dans un système de production qui est beaucoup plus extensif, qui est plus résilient, moins gourmand en eau, moins gourmand en intrants mais peut-être moins productif, est-ce que c'est une décision stratégique à long terme en sachant que la culture de la moindre Productiviste, intensive, conventionnelle, elle commence déjà à atteindre ses limites.

  • Speaker #1

    Encore récemment, je parlais avec un industriel qui m'expliquait que lui avait pour habitude justement d'acheter ses amendes en Californie et qu'aujourd'hui, en fait, pour des considérations environnementales, mais aussi pour des... considération d'approvisionnement et de savoir est-ce que demain je pourrais continuer à acheter des amendes en fait c'est aussi très m'a dit moi j'ai besoin d'aujourd'hui de revoir complètement ma chaîne d'approvisionnement et j'ai besoin de diversifier et de travailler des approvisionnements plus locaux européens plus durable sur lesquels je sais que voilà sur dix ans sur quinze ans je vais avoir de la de la matière première disponible de qualité traçable et avec des gages justement environnementaux donc nous le projet green pods il s'inscrit totalement dans cette idée De relocalisation, mais l'idée ce n'est pas de relocaliser ce qui se fait en Californie, mais c'est de relocaliser en le faisant différemment. Et donc le faire différemment, c'est avoir une approche différente sur l'environnement, sur les sols, sur la biodiversité, sur l'usage de l'eau, sur les circuits de commercialisation. Voilà, de revoir un peu totalement l'échec, on va dire.

  • Speaker #0

    Super, là tu viens de nous faire la liste de toutes les choses qu'on doit aborder dans cette conversation, parce que maintenant qu'on a un peu établi le contexte et tout ça, on va essayer de creuser en profondeur dans votre système, dans ce que vous faites. Merci à tous. C'est un peu le but du podcast, et comme ça qu'on aborde les choses ici, c'est vraiment d'aller en profondeur dans les choses, de comprendre comment tout ça fonctionne. Et donc, allons-y peut-être. Avec plaisir. Nous, peut-être, en exploitation. Oui,

  • Speaker #1

    comme je te le disais en introduction, c'est une exploitation qu'on a reprise en 2021, en plein Covid quasiment. Et donc, on a 145 hectares au global sur la ferme, et on a planté aujourd'hui 64 hectares d'amandiers. Donc avec une plantation qui s'est réalisée en deux temps, en deux étapes. On a voulu commencer doucement à apprendre, puis conforter Ausha, on va dire. Tu es ici sur une des parcelles les plus vieilles, si je puis dire, de la ferme, qui a été plantée en 2022.

  • Speaker #0

    Donc il y a trois ans Il y a trois ans,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    C'est déjà des très beaux arbres, quoi.

  • Speaker #1

    C'est déjà des très beaux arbres,

  • Speaker #0

    oui. En plus, je suis... J'ai de la chance au niveau du timing parce qu'on est mi-mars et les amandiers viennent de commencer à fleurir.

  • Speaker #1

    Ils sont exactement en pleine période de floraison. Ici, sur une des variétés les plus précoces qu'on a sur la ferme, on a au total quatre variétés. Avec justement le choix de diversifier les variétés qui est dicté par une diversification des risques, notamment liés à la floraison. Parce que là, l'arbre est en fleurs, on est effectivement début mars. tu as toujours un risque potentiel de gel sur les fleurs et sur les petits fruits. Et donc l'idée, c'est de diversifier les calendriers de floraison à l'échelle de la ferme pour, en cas d'épisode un peu gélif, tu sais que tu as des variétés qui sont plus tardives et donc le risque est un peu différent. Donc tu es là au bon moment, on va dire. Et pour revenir effectivement sur la plantation de ces arbres, plantés en février 2022, ce sont des arbres qui ont grandi en pépinière, donc qui avaient un an quand ils sont arrivés. Ce sont des arbres qui sont greffés. qui sont greffés sur un porte greffe qui est un prunus, qui a la capacité justement de résister à un certain nombre de maladies, d'asphyxie racinaire, de toutes les contraintes que ton sol a sur l'exploitation. Si tu veux, dans l'ordre, la chose la plus importante, quand on monte un projet comme en arboriculture, c'est un projet, quand tu plantes ton arbre pendant 20 ans, 30 ans, t'es marié avec lui et tu peux pas le déplacer, c'est pas comme un champ de blé où année après année tu peux faire des ajustements. Là, il faut pas se tromper dès le début. Une des choses les plus importantes, je trouve, et sur laquelle on insiste vraiment chez Greenpod, c'est en amont des projets, c'est de faire ce qu'on appelle une phase de due diligence, d'analyse, très structurée et très profonde de tout notre environnement. A commencer par les sols, et donc c'est ce qui a dicté notamment le choix du porte-greffe. Mais on regarde aussi l'écosystème, l'hydro, le climat évidemment, tout ce qui se passe au niveau social, sociétal autour du projet. Tous les paramètres qui peuvent jouer sur la réussite de ton verger. Grosso modo, il n'y avait pas de red flag sur l'ensemble de ces paramètres. En revanche, il y avait évidemment des pistes d'amélioration et de travail où tu sais que tu vas mettre un accent à ce que je te disais, notamment sur les sols. Tu sais qu'il faut vraiment être vigilant et faire attention à améliorer justement la santé de ton sol. Un des enjeux aussi, je pense pour nous, c'est le risque, la partie gel, parce qu'on n'est pas en Espagne, on est plutôt, je pense, au nord de l'air de culture sur l'amandier. Et donc, tu as potentiellement un risque de gel sur fleurs, parce que l'amandier, c'est un des arbres qui fleurit le plus tôt, avec notamment la bricotier aussi, en France, qui fleurit le plus tôt dans la saison. Donc, tu vois, on est début mars. Voilà, ça reste une période assez... qui peut être compliquée, on va dire. On voit qu'il a été il y a 2-3 ans encore, donc on y reviendra. Mais tu vois, on a installé des moyens de protection aussi contre le gel. Ouais,

  • Speaker #0

    parce que là, si maintenant on est mi-mars, c'est déjà en fleurs. Si il gèle...

  • Speaker #1

    On suit en fait le développement phénologique de nos arbres, grosso modo depuis la mi-février, la fin février, on va dire, jusqu'au mois, mi-avril, fin avril. où tu vas suivre l'évolution de tes bourgeons floraux jusqu'à la nouaison. et donc la formation de petits fruits. Et en fait, le seuil de résistance au gel évolue au fur et à mesure du développement de la fleur et du petit fruit. On considère que sur fleurs aujourd'hui, ça peut geler jusqu'à moins 2, moins 3, la fleur va tenir. Donc en revanche, quand tu avances dans la saison et quand le petit fruit va commencer à se développer, là pour le coup, la sensibilité au gel sera beaucoup plus forte. et donc même à 0,1 tu peux avoir des dégâts dans ton verger. Donc en fait tu suis vraiment au fur et à mesure du développement de ton arbre et de ta fleur.

  • Speaker #0

    C'est vraiment quelque chose de clé j'imagine.

  • Speaker #1

    C'est clé, parce que si tu gèles sur fleurs derrière ta production, elle peut diminuer très fortement, donc en fait tu perds ton revenu sur l'année, parce qu'il ne faut pas oublier que dans l'agriculture c'est ta récolte. qui génère ton revenu, ton chiffre d'affaires. Donc si tu n'as pas de fleurs ou si tu n'as pas de fruits, tu n'as pas de récolte et tu as eu un an de coût d'entretien pour mettre de l'engrais, pour arroser, pour tailler, pour gérer tout le verger. Donc c'est la période critique, vraiment, hyper importante.

  • Speaker #0

    Une des clés de l'agriculture régénérative, de manière générale, c'est d'améliorer la résilience des systèmes. Dans ce cas-ci, on ne sait pas vraiment améliorer la protection au gel par le régénératif.

  • Speaker #1

    Sur le gel, je trouve qu'on n'a pas encore trouvé la bonne solution. Je trouve que c'est assez compliqué par le régénératif. La première chose à faire, c'est de diversifier les variétés et de travailler sur des calendriers de floraison qui sont adaptés au climat que tu as sur la ferme. Je reviens encore une fois à cette phase d'analyse en amont des projets. C'est celle-ci qui conditionne le choix de tes variétés. On a analysé, alors là on est sur une parcelle qui est plutôt plate, mais on a des parcelles qui sont un peu en coteau, donc qui descendent un petit peu. Parfois tu as des petits bas-fonds où tu sais que le froid, c'est des parties qui sont un peu plus gélives potentiellement, et donc tu sais que tu vas là mettre des variétés plutôt très tardives, alors que sur une zone moins gélive, tu peux te permettre d'avoir des variétés un peu différentes. Donc cette phase d'analyse, elle est super importante. Et cette diversification variétale, pour moi c'est une des premières étapes pour mitiger justement ce risque gel. Après, tu en as d'autres, mais plus d'ordre mécanique, avec des moyens de protection. Comme une tour avant, tu peux avoir des brûleurs à pellets par exemple pour chauffer. Tu as l'aspersion aussi, tu sais, où tu envoies de l'eau justement autour de ta fleur ou de ton petit fruit et qui crée une coque dure et qui protège contre le gel. Mais ça c'est plutôt des moyens, des outils que tu vas utiliser, qui sont disponibles, alors qu'on a coup, donc c'est toujours pareil.

  • Speaker #0

    Je me disais des brûleurs sur 65 hectares de...

  • Speaker #1

    Oui, ça fait beaucoup. Le verger,

  • Speaker #0

    ça fait beaucoup.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup. En fait, alors, brûleur, il y a deux outils un peu différents. Il y a ce qu'on appelle les bougies. Donc là, les bougies, c'est quelque chose que tu vas positionner sur ton rang d'arbre. avec des centaines de bougies par hectare. Et donc là, déjà, c'est un coût. Et puis, tu as un énorme travail humain, enfin de manutention, tu vois, pour poser les bougies, les allumer, les remplacer si ça gèle. Et puis, tu as les brûleurs. Et donc, le brûleur, mais je t'en montrerai un tout à l'heure. Le brûleur, pour le coup, nous, on l'associe avec une tour avant. Donc, tu en as une derrière toi. Et en fait, cet ensemble va protéger Grosso modo, entre 5 et 7 hectares d'un seul tenant. Tu sais que tu as un point à gérer qui va protéger 5 à 7 hectares. Le fonctionnement est assez simple. Tu as une tour qui fonctionne un peu comme un moulin. Un moulin avant, c'est une tour qui fait environ 18 mètres de haut, 18,50 mètres, avec des pales. Au-dessus, tu as deux pales qui tournent. Ces pales ont une rotation à 360 degrés, qui permettent de pivoter. tout le long du mât. L'idée, c'est de brasser des courants d'air pour homogénéiser la température de l'air. Il faut savoir que quand il fait froid, quand tu as un épisode de gel, sans qu'il soit trop extrême, on va dire, l'air chaud a tendance à rester en hauteur et l'air froid a plutôt tendance à descendre et à se mettre au niveau du sol. Et donc, l'idée, c'est justement d'homogénéiser ces courants d'air chaud et froid pour essayer de réchauffer la température ambiante. Ok. Donc... Quand la température commence à diminuer et à se rapprocher d'un seuil critique en fonction du développement phénologique de ta plante, on en parlait sur Fleur, il est plutôt autour de moins 3 degrés, tu vas déclencher et allumer automatiquement la tour, c'est un allumage automatique, pour que l'air ambiant puisse commencer à se réchauffer. Une tour seule, elle te protège jusqu'à moins 2, moins 3 degrés. Pas moins, donc il ne faut pas qu'il fasse moins 5 ou moins 7. Ça arrive pas ici Ça peut arriver. Normalement, ça n'arrivera pas sur Fleur ou autre, mais ça peut arriver. Et donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a installé en plus de la tour un brûleur. Alors, il n'est pas encore là, donc malheureusement, tu ne pourras pas le voir, mais qui arrive la semaine prochaine, un brûleur à pellets, où en fait, tu vas générer de la chaleur. avec ce brûleur en allumant tes pellettes de bois et en fait ça va permettre à la tour d'être beaucoup plus efficace dans la protection contre le gel puisque tu vas pouvoir protéger jusqu'à des températures à moins 5 degrés en couplant les deux donc ça c'est la première chose ça dépend de l'épisode de de gel et la deuxième c'est quand même que ça a un coût donc oui effectivement c'est 5-6 hectares mais derrière il faut qu'on imagine que cette tour avec le brûleur a un investissement d'environ 70 000 euros entre 70 et 80 000 euros d'installation. Et après, tu as un coût de fonctionnement, parce que malheureusement, la tour aujourd'hui, elle marche au gasoil. Le brûleur marche au pellet, pour nous. Et donc, tu as un coût de fonctionnement derrière qui est quand même assez important. Mais encore une fois, c'est un outil qui est dans le contexte actuel, on va dire, du changement climatique, des épisodes de dérèglement qui est quand même indispensable pour...

  • Speaker #0

    Ouais, en fait... Le coût, c'est un peu ta police d'assurance.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Parce que si tu as vraiment un gros épisode de gel au mauvais moment, tu perds tout, c'est énorme. Énorme.

  • Speaker #1

    Et on ne se rend pas compte de l'importance, parce que l'arboriculture, c'est hyper capitalistique. Je suis sûr qu'on en parlera tout à l'heure, mais sur les sujets de financement, c'est très lourd à porter. Tu as des coûts, même des OPEX, donc des coûts d'opération tout au long de l'année lourds. d'un point de vue taille, d'un point de vue engrais, fertilisation, protection maladie, etc. Donc, tu ne peux pas te passer d'une récolte. Ça impacte trop ton panel. Donc, en fait, c'est l'élément qui équivaut d'une certaine manière à une forme de police d'assurance.

  • Speaker #0

    Revenons un petit peu à nos amendes. Bien sûr. Combien d'arbres est-ce que vous plantez par hectare Quels sont les espacements Quelles sont les règles de base que vous devez respecter Alors,

  • Speaker #1

    en fait, il n'y a pas vraiment de règles de base à respecter. Tu as plein de modèles différents qui existent. Du modèle très intensif où tu auras 2000 arbres par hectare, où tu vas les conduire plutôt comme de la vigne, on va dire, ou plutôt comme des pommiers en arbres un peu palissés, vraiment effrutières. Ça, c'est le modèle le plus intensif. Et après, tu as des modèles beaucoup plus extensifs, comme ici d'ailleurs, où pour le coup, tu es autour de 285 arbres par hectare. Et donc, tu es sur un modèle où tu as... grosso modo 7 mètres entre tes rangées d'arbres et tu as 5 mètres entre tes arbres. Et nous on a fait ce choix-là parce qu'on considère que c'est le plus durable dans le temps, si je me projette encore une fois à horizon 15, 20, 30 ans, parce que le modèle super intensif il a certainement son intérêt au début parce que tu as une production qui est plus rapide et tu as plus de production tôt. les cinq, six premières années, alors que nous, la production est un peu plus lente au début, mais je pense qu'à long terme, encore une fois, c'est toujours cet arbitrage court terme, long terme, je pense qu'à long terme, on va être gagnant. Et donc ça, c'est le premier objectif, c'est la notion de durabilité du système. Et puis, on est dans un climat, donc à côté de Toulouse, où tu as une humidité relative qui est assez importante au printemps. Alors là, tu viens, il ne fait pas très beau, mais effectivement, tu as un enjeu quand même, surtout quand tu es en bio, tu vois, de contrôler tes maladies ou tous tes agents pathogènes. Et l'ennemi, on va dire, du bio, c'est l'humidité, parce que dans un environnement humide, les maladies, elles ont tendance à se développer, à se fixer et donc à abîmer tes arbres. Donc nous, on considère qu'en aérant le verger, en apportant justement du... de la place entre les arbres, on permet à l'air de circuler et donc aux arbres de sécher et de limiter, on va dire, cet environnement favorable aux maladies. Donc voilà, c'est la raison pour laquelle on essaye d'espacer nos arbres et puis de travailler plutôt sur la formation de l'arbre pour en faire un arbre, un bel arbre. Tu vois, un peu la construction de l'arbre, on pourrait y revenir, où tu construis un peu l'arbre par étage. Tu vois, quand on l'a planté, je te disais, ils avaient un an, ils sortaient de la pépinière. On les a reçus, on les a plantés et en fait on les a taillés, c'est ce qu'on appelle un sion. Donc on a planté un sion qu'on a taillé environ à 90 cm au-dessus du sol. Et donc on avait vraiment une brindille, on va dire, unique. Et cette première taille qu'on a faite à la plantation, au mois de février, elle a permis à l'arbre... de recréer des branches latérales au niveau du point de coupe. Elle en a créé, il y en avait certainement autour d'une petite dizaine. Et ce qu'on a fait en fin d'année, on a planté en février et au mois de décembre de l'année, on a sélectionné trois à quatre, selon les arbres, branches qui vont structurer l'arbre, ce qu'on appelle des charpentières, et qui vont permettre la formation de l'arbre. Donc là, tu vois, il y en a trois sur celui-ci. Ah et à partir de celle-ci on va vraiment essayer de construire l'arbre par étage pour apporter en fait un maximum de lumière dans l'arbre parce que la lumière c'est ce qui permet de faire des fruits, il faut éviter d'avoir trop de bois parce que le bois tu vois c'est pas ça qui va te donner des fruits donc tu vois là tu retrouves cette idée d'étage où en fait l'année suivante on a refait une taille manuelle ici ce qui a reforcé l'arbre à refaire des branches latérales, etc. Et donc, tu construis un peu ton arbre comme ça par étage. Et là, tu vois, tu as un puits de lumière au milieu qui te permet d'aller justement générer de la fleur, tu vois, vraiment sur l'ensemble de ton cercle au milieu de l'arbre.

  • Speaker #0

    Ça demande un gros travail de taille chaque année

  • Speaker #1

    Tu as pas mal de travail. En fait, tu as deux types de taille. Tu as une taille manuelle où tu vas vraiment former l'arbre, justement, un travail de formation. Alors... Sur des jeunes arbres, ça se fait assez bien parce que le bois est assez tendre. Tu vois, c'est des rameaux qui sont relativement souples, donc ils se taillent assez bien au sécateur. Donc aujourd'hui, on fait une taille manuelle chaque année. Et puis par ailleurs, on fait des tailles mécaniques au lamier, donc vraiment mécanisé, tracteur, où pour le coup, on fait ce qu'on appelle un topping. Donc on vient tailler et mettre un coup de barre de coupe sur le haut de la canopée. le haut des branches, pour justement forcer l'arbre, tu as un bon exemple ici, pour forcer l'arbre à générer des rameaux horizontaux, et retrouver cette notion, encore une fois, d'étage, qui est hyper importante. On voit ici le... le trait de coupe et la formation de céramo. Et ça, pour le coup, on en fait une à deux fois par an. En général, on fait une taille en vert au mois de juin pour forcer l'arbre justement à se structurer, on va dire. Et puis après, quand l'arbre vieillit, on n'est pas concerné aujourd'hui, tu fais des tailles manuelles aussi pour éclaircir à l'intérieur, enlever des bois morts et travailler un peu ton...

  • Speaker #0

    Rappelle-moi, combien d'hectares, combien d'arbres au total par hectare et tout ça Écoute,

  • Speaker #1

    on a 285 arbres par hectare et on a environ 20 000 arbres. Grosso modo, 20 000 à 25 000 arbres qui ont été plantés. Donc, il y a eu un peu de boulot. Heureusement, la plantation, elle est mécanisée. Donc, tu ne plantes pas arbre par arbre à la main. Ça se fait plutôt bien. C'est un chantier, tu vois, qui a duré à chaque fois entre 4 et 5 jours, on va dire. Tout se fait au GPS. pour que les lignes soient vraiment droites et que les distances soient respectées parce que derrière ça conditionne le travail d'entretien et de récolte.

  • Speaker #0

    Oui, je vois que ce sont de belles lignes ici, on a des lignes parallèles. Mais si on regarde de côté, il y a aussi en biais comme ça des lignes.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, les arbres sont plantés en quinconce. Effectivement, tu vois là, tu as deux arbres et tu en as un au milieu. L'idée, c'est d'apporter un maximum de lumière. Parce que ce qu'il faut que tu imagines, c'est dur, il faut se projeter, mais là les arbres sont encore petits, demain ils vont presque se toucher. Enfin demain dans quelques années. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc ça va encore grandir beaucoup Beaucoup, oui. Ça va faire des très beaux arbres Oui,

  • Speaker #1

    ça va faire des très beaux arbres.

  • Speaker #0

    Et donc là, vous récoltez déjà des amandes sur ces arbres Oui,

  • Speaker #1

    on a fait une première récolte manuelle l'année dernière, donc en septembre 2024.

  • Speaker #0

    assez symbolique on va dire.

  • Speaker #1

    Manuel ça va être bien.

  • Speaker #0

    Ouais, c'était un peu de travail, mais c'était assez agréable parce que ça vient quand même récompenser un peu le travail en amont. On va récolter un peu plus de 800 kg sur l'ensemble de la ferme, donc c'est rien, parce que l'objectif à terme, c'est de produire autour de 50 à 60 tonnes d'amandes. Et cette année, donc en 2025, on va faire notre première récolte mécanisée, où pour le coup, on a un objectif entre 2 et 3 tonnes. de récolte. Et là, si tu veux, la récolte, c'est un peu comme pour l'olive. Tu viens, tu vibres l'arbre et les amandes tombent soit dans un parapluie, comme un parapluie que tu prends à l'envers. Et après, tu les mets dans une remorque et après, tu les ramènes à la ferme pour traiter, les nettoyer, enlever l'enveloppe verte que tu peux avoir autour.

  • Speaker #1

    Et ça, ça ne fait pas du tout de mal à ton arbre, le fait de le secouer comme ça

  • Speaker #0

    Alors, il faut faire attention justement au réglage de ta machine. Et tu vois, c'est aussi pour ça que sur des jeunes arbres, on ne l'a pas fait cette année, on l'a été en manuel, parce que tu veux aussi préserver un peu, évidemment, la santé de ton tronc pour ne pas abîmer l'arbre. Mais les modèles aujourd'hui sont suffisamment éprouvés pour être certain que ça n'abîme pas de manière définitive. Ça, ça se fait bien.

  • Speaker #1

    Et donc, pour avoir une petite idée, à ce stade-ci, sur un arbre comme ça, tu récoltes combien

  • Speaker #0

    Écoute, nous, l'objectif, ce serait de récolter autour de 5 et 7 kilos d'amandes cassées. Donc, moi, quand on parle de rendement, en tout cas sur l'amande, on raisonne en amandons, donc vraiment le fruit que tu consommes. En sachant que tu as, en fait, quand tu récoltes l'amande, tu as deux coques autour de l'amande. Tu as une coque verte, tu sais, comme pour la noix, c'est peut-être plus commun. On achète souvent des noix avec la coque verte, ce qu'on appelle une gove, qu'on enlève au champ, qu'on enlève à la ferme et qu'on remet dans le champ, c'est de la matière organique. Et après, tu as la coque dure, et que là, on fait casser dans une casserie, pour enlever cette coque dure et donc récupérer l'amandon. Et donc, en fait, quand tu... récolte ce que tu as dans ta remorque, il faut que tu enlèves beaucoup de poids pour avoir les kilos d'amandons à consommer en équivalent. Ouais. Donc, il faut avoir la vision finale, et la vision finale, c'est autour de 5 à 7 kilos par arbre. Il faut savoir qu'en bio, évidemment, la matière azotée, le plus important, c'est de ramener de la matière animale, donc du fumier, et donc il faut en trouver. Nous, c'est un peu le challenge aujourd'hui. justement de créer des partenariats avec des éleveurs. Donc on en trouve quand même. Et c'est un peu la première étape de notre plan d'amendement et de fertilisation. Tu vois, sur une plantation comme celle-ci, on apporte environ 10 à 12 tonnes de fumier de cheval chaque année. Par hectare.

  • Speaker #1

    Par hectare,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc tu vois, là, tu l'as ici. Donc ça, c'est du fumier de cheval qu'on a apporté, qu'on a épandu il y a quelques semaines, on va dire au début du mois de décembre, même quelques mois du coup. Donc ça, on l'épand... uniquement sur le rang. Je te montrerai la machine avec laquelle on fait ça. C'est grosso modo un tapis, si tu veux, qui projette le compost uniquement sur le rang. Donc ça, c'est plutôt bien.

  • Speaker #1

    Pour être sûr de concentrer la question vraiment là où se trouvent les racines de l'arbre.

  • Speaker #0

    Exactement. En sachant qu'aujourd'hui, tu es encore sur un arbre qui est assez jeune, donc tu as un système racinaire qui est assez concentré au pied de l'arbre. Si tu reviens dans 5 ans, il faut que tu imagines que les racines de l'arbre, si tu veux, viendront quasiment carrément dans l'allée et viendront jusqu'à la moitié, à 2 mètres de l'arbre. Ça, c'est un point important. Et par ailleurs, on fait aussi, d'un point de vue amendement, on fait des apports de déchets verts, donc de déchets végétaux, pour apporter vraiment de la matière carbonée. Donc on l'a fait beaucoup, notamment au moment de la plantation, où on a apporté environ 20 tonnes hectares. Et là, pour le coup, on a fait un apport essentiellement dans les allées, tu vois, entre les arbres, en considérant que c'est de la matière carbonée qui va mettre du temps aussi à se minéraliser. Donc ça, c'est vraiment la partie amendement qui est importante. Donc ça, c'est un travail qu'on fait essentiellement pendant l'hiver. Et après, on a un plan de fertilisation entre la fin mars. et la fin juin où pour le coup on va apporter deux types d'engrais, de l'engrais solide, donc là c'est essentiellement du granulé, si tu veux qu'on va pareil. apporter en localisé au pied de l'arbre. Donc là, je te montrerai aussi la machine qui est intéressante, parce que tu as des radars, si tu veux, qui détectent les arbres et qui permettent justement d'apporter uniquement au pied de l'arbre une concentration de granulés. L'objectif sur la saison, c'est d'apporter, aujourd'hui sur les arbres comme ça, autour de 120 unités d'azote, entre le mois de mars et le mois de juillet. Et donc, les apports en solide sont intéressants, mais nous, on les complémente avec de l'apport liquide. par l'irrigation. Donc si tu veux, on a la capacité d'apporter, je te montrerai au niveau des stations d'irrigation, on a donc des stations d'injection où on injecte directement nos produits de fertilité dans l'irrigation et donc c'est du liquide, ce qui a pas mal d'intérêt en fait. Le premier, c'est que c'est très facilement assimilable par l'arbre et par la plante. Et c'est tout de suite assimilable. Un engrais solide, il faut attendre qu'il se décompose, il faut qu'il pleuve. Donc ça peut prendre un mois, deux mois, trois mois. avant que la plante tire tous les bénéfices de ce ferti. Alors que sur du liquide, c'est immédiat. Tu fais un apport et presque une semaine après, tu peux voir un verdissement de tes feuilles, tu peux voir un impact. Donc ça, c'est sympa, c'est intéressant. Par ailleurs, tu évites aussi de tasser tes sols en passant avec des machines lourdes pour apporter ton ingrès solide. Là, ça se passe à la station et ça part direct. dans les différents secteurs. Et le troisième élément, c'est que tu gagnes aussi du temps parce que tu as un seul point d'injection et donc tu évites de passer des heures à traverser ton verger. Donc, mis bout à bout, c'est une solution qui est intéressante. Qui est un peu plus chère en revanche, mais qui est intéressante.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un système d'irrigation partout sur l'exploitation. Donc, au pied de chaque arbre, de chaque ligne, j'imagine qu'il y a une ligne d'irrigation qui passe.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as deux lignes même. Deux lignes par arbre Oui, on travaille avec deux lignes de goutte à goutte. C'est du matériel Netafim, matériel israélien, qui est le matériel de pointe pour l'irrigation de goutte à goutte, ou irrigation de précision. L'idée pour nous, c'était d'avoir deux lignes de goutteur de pareille d'autre des arbres pour travailler sur le développement d'un bulbe racinaire homogène, si tu veux, de pareille d'autre de l'arbre, pour garder quelque chose d'équilibré, pour éviter que ça ne se développe qu'à droite, en fonction de où tu as mis ton goutteur.

  • Speaker #1

    Parce que typiquement, la ligne passe d'un côté de l'arbre à quelques centimètres et donc du coup apporte plus d'eau d'un côté que de l'autre.

  • Speaker #0

    Potentiellement, voilà exactement. Alors que si tu veux, nous aujourd'hui, donc tu as l'arbre et en fait, on a tiré des lignes de goutteur environ à 1 mètre 50, 1 mètre de part et d'autre de chaque arbre. Tu vois, la ligne de goutteur, si tu veux, elle est à ce niveau-là. Et tu as la même de l'autre côté. Voilà, ce qui permet d'équilibrer, d'anticiper le développement racinaire en latéral. Oui. Parce que, encore une fois, demain, les racines, elles sont là. Elles ne seront plus uniquement là. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Parce que j'imagine qu'au moment où tu plantes ton petit arbre, à un mètre, tu es quand même assez loin. Voilà, exactement. Mais tu penses au futur en disant, à un moment donné, les racines vont se développer, il faut que je ne sois quand même pas trop proche de...

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, exactement. Non, c'est exactement ça. Et donc, et là, on est avec du goutte-à-goutte enterré. Pour la petite histoire, au début, on avait un système où nos tuyaux de goutte-à-goutte étaient posés au sol, simplement. Et en fait, en bio, la gestion... de l'enherbement était devenue quelque chose de trop compliqué. Et donc, on a pris la décision d'enterrer l'égoutteur. Ça a aussi certainement ses inconvénients, parce que tu vois moins facilement si tu as un petit pépin, une fuite ou quelque chose, c'est quand même moins accessible et tu ne le vois pas tout de suite. Mais l'avantage, encore une fois en bio, c'est que tu peux contrôler facilement ce qui se passe au niveau du sol. Tu limites l'évaporation aussi de tes apports en eau. C'est directement dans le sol. Oui, ça c'est important. L'herbe en profite moins. Donc voilà, c'est directement pour l'arbre, donc tu fais des économies d'eau. Et donc les lignes de goutteurs, elles sont enterrées, grosso modo, à 30 cm, 35 cm sous la surface du sol.

  • Speaker #1

    Ok, c'est un système ici qui est encore assez jeune. Ouais. J'imagine qu'il y a encore une grosse marge de progression pour le rendre de plus en plus résilient et régénératif. Est-ce qu'il est possible à un moment donné d'avoir un sol, d'avoir un système qui capte suffisamment d'eau dans les périodes plus pluvieuses que pour pouvoir se passer d'irrigation à un moment donné

  • Speaker #0

    Écoute, ça paraît compliqué. Je pense qu'il faut plutôt essayer de travailler. Il faut essayer de mettre en place plusieurs solutions qui, chacune à leur échelle, vont permettre d'améliorer la rétention en eau du sol, mais sans que ça devienne non plus trop d'eau dans le sol, parce que l'amandier, comme beaucoup d'arbres fruitiers d'ailleurs, peut souffrir de ce qu'on appelle l'asphyxie racinaire. Et donc quand tu as un sol qui est trop hydromorphe, qui a une capacité de rétention en eau trop importante, l'amandier va passer des heures les pieds dans l'eau. et en fait il va mourir. Donc il faut trouver le juste milieu justement entre la rétention en eau. mais aussi de la bonne circulation et de l'infiltration. Je pense que quand on parle de régénératif, la chose la plus importante, c'est certainement le couvert végétal, qui permet quand même de travailler sur la perméabilité et la porosité de ton sol avec le système racinaire. Ici, on avait un couvert qui était en févrole et en avoine, avec justement une association graminée et légumineuse. Et l'objectif avec l'avoine, c'était justement de travailler avec un système racinaire très profond, de travailler sur la porosité et l'infiltration de l'eau dans le sol, pour justement gagner de la rétention. Donc pour moi, ça c'est une des premières solutions que tu peux assez facilement mettre en place. Tu sèmes des couverts, tu le travailles. Et après, on fait un test aussi en ce moment avec une société qui produit du biochar. Donc le biochar, c'est de la matière végétale qui est pyrolysée. Pour simplifier un peu la chose, on pourrait dire que c'est un peu du charbon végétal et qui justement joue un peu ce rôle d'éponge dans le sol et si tu veux, se gorge d'eau quand il pleut et ensuite redistribue, redonne l'eau petit à petit au sol. Et donc voilà, joue un peu ce que tu viens de dire, et une solution en tout cas pour essayer de garder l'eau quand il pleut et de la redistribuer ensuite aux arbres. Donc on a un petit essai nous sur 2000 m² avec une société qui s'appelle Novocarbo. une startup allemande. C'est trop récent pour te dire ça marche, ça marche pas. C'était seulement il y a un an au moment de l'implantation en 2024. Mais je pense que c'est quelque chose qu'il faut creuser, au même titre que beaucoup d'autres solutions, pour justement essayer d'améliorer les cycles.

  • Speaker #1

    Je pose la question, et j'insiste un peu sur ce sujet-là, parce que je sais qu'à terme, on risque d'avoir pas mal de problèmes avec l'eau. Tu mentionnais la... production de l'amande en Californie, qui est extrêmement gourmande en eau, en irrigation, qui vient des nappes phréatiques. Il y a une limite à tout ça à un moment donné. Et donc, j'imagine que dans la vision long terme de votre exploitation, être capable de pouvoir résister à des problèmes d'eau et d'avoir...

  • Speaker #0

    C'est clé. En fait, c'est clé. Nous, déjà, sur la ferme, si tu veux, la ressource en eau, c'est de l'eau de surface. On n'est pas en train de puiser dans les nappes phréatiques, dans l'eau, dans le souterrain. On bénéficie d'un fleuve qui s'appelle la Garonne, qui est un des plus grands fleuves en France, avec une gestion durable du système hydrique. Tu as un canal qui s'appelle le canal de Saint-Marthory, qui est un ouvrage de Napoléonien, c'est Napoléon III qui a construit ce canal, et qui permet de capter les excédents d'eau de la Garonne pour irriguer 10 000 hectares. sur le bassin toulousain, avant que l'eau revienne dans la Garonne. C'est un modèle qui est très durable, qui est géré publiquement, encore une fois, c'est important. Ça, c'est le premier élément. Et le deuxième élément, sur la durabilité de la disponibilité en eau dans le temps, en fait, nous, si tu veux, en travaillant avec un amendier, on a choisi de travailler sur une essence méditerranéenne par excellence, qui résiste très bien. à des épisodes de sécheresse, à des épisodes où il fait très chaud et où il ne pleut pas. En fait, l'arbre en tant que tel, c'est ce qu'on appelle un arbre plastique, c'est-à-dire qu'il ne va pas forcément souffrir d'un manque d'eau pendant de longues semaines, pendant quelques semaines ou quelques mois. Ce qui va en revanche, évidemment, en pâtissière, c'est la production de fruits. Mais si je regarde l'arbre, l'actif arbre, il va être hyper résistant dans des épisodes de sécheresse. Donc, c'est quand même pas mal. Si effectivement tu as une année qui est compliquée et où tu n'as pas les autorisations que tu pensais avoir sur la capacité d'irrigation, en fait ton arbre l'année d'après il sera toujours là déjà, alors que ce n'est pas le cas sur d'autres filières fruitières. Et il s'adapte bien, il s'adapte très bien.

  • Speaker #1

    Ok, trop bien. Tu mentionnais les couverts végétaux, on peut peut-être en parler un peu. Ici pour l'instant il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Oui, ici, on n'a pas ressemé en couvert d'hiver cette année, parce qu'on a fait nos travaux d'irrigation, on a enterré justement les goutteurs. Et donc, en fait, le fait de faire ce travail, si tu veux, il y a eu beaucoup de machines, donc on avait décidé de ne pas mettre de couvert cette année, exceptionnellement. Mais tu verras tout à l'heure sur les parcelles plus récentes, pour le coup, on a travaillé sur une association légumineuse graminée, environ 65 kg hectares de chaque, un peu moins. Avec l'idée d'avoir une approche un peu double sur la structuration de ton sol, en sachant que l'historique maïs conventionnel a quand même eu cet inconvénient de tasser les sols énormément. Tu avais une belle semelle de labour, donc il y a un enjeu pour nous de décompacter. Et donc, je pense que le choix de l'avoine est bon de ce point de vue-là, justement. Et on l'a couplé avec une légumineuse, donc la févrole, qui permet de capter, de ramener de l'azote, donc en captant effectivement de l'azote atmosphérique. Donc ça, c'est quelque chose de très bien. L'idée, c'est les 4-5 premières années, c'est de travailler sur des couverts végétaux non permanents, on va dire. Donc tu vois, chaque année, on va réimplanter un couvert. On va pouvoir aussi selon comment le sol se comporte adapter les essences qu'on y met. Mais l'idée au bout de 5-6 ans c'est d'avoir un couvert permanent sur l'ensemble du verger. Pour le coup. Permanent Oui permanent. En fait permanent parce qu'on considérera si tu veux que gros des travaux déjà d'installation du verger auront été faits. Tu vois l'irrigation, la plantation etc. On considérera que le système racinaire des arbres sera suffisamment développé pour éviter justement la concurrence entre ton couvert et ton arbre. C'est quelque chose où il faut rester quand même vigilant. Tu parlais de l'eau notamment, mais tu vois, les premières années, nous, on a eu des sujets justement parce qu'il y avait trop d'herbes au pied des arbres. Et en fait, ces adventices dont on ne voulait pas forcément, en fait, pompaient beaucoup d'eau au détriment de l'arbre. Et donc, on avait des partes de croissance au niveau de l'arbre et qui n'étaient pas forcément cohérentes avec ce qu'on voulait faire. Donc voilà, au bout de cinq, six ans, ton arbre est suffisamment replanté, donc tu peux vraiment couvrir de manière permanente. Tu vois, aujourd'hui... Le système qu'on a choisi, c'est de nettoyer le sol sur un mètre, on va dire, sur le rang d'arbre. Ça, c'est quelque chose qui est assez important. Les premières années, encore une fois, quand le système racinaire est peu développé, et après, on en arbera 100% du verger.

  • Speaker #1

    En dessous des arbres aussi En dessous des arbres aussi.

  • Speaker #0

    Alors après, les arbres prendront de l'envergure, tu auras de l'ombrage. Donc, en fait, finalement, tu auras moins de croissance au niveau du sol parce que ce sera beaucoup moins lumineux.

  • Speaker #1

    Oui, ok.

  • Speaker #0

    Plus abragé.

  • Speaker #1

    Déjà, ici, ce matin, tu m'as montré des images de cette parcelle ici. En tout cas, ici. Et je voyais ces couverts vraiment haut, magnifiques.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Et puis tu avais plein de coquelicots au pied des arbres. C'était super coloré. Peut être que tu peux me filer des images que je vais mettre dans la vidéo comme ça les gens pourront s'en prendre quand le couvert est vraiment...

  • Speaker #0

    Avec plaisir, c'est vrai qu'on a eu des scènes, c'était super joli. On était au mois de mai et effectivement, le couvert, c'était très bien implanté, déjà de une. Et de deux, sur le rang, on avait effectivement pas mal de coquelicots. C'était très joli.

  • Speaker #1

    Et vous faites quoi avec votre couvert

  • Speaker #0

    Le couvert, en fait, pour nous, il n'a aucune vocation commerciale ou alimentaire, d'un point de vue humain, je veux dire. Il est purement pour les sols. pour l'écosystème. On a travaillé jusqu'à maintenant sur des couverts plutôt d'hiver. On a implémenté qu'on sème au début du mois de décembre, fin mi-novembre même cette année. L'idée c'est de le laisser se développer pendant l'hiver, de s'installer, de lui laisser de la croissance sur la partie printemps, avec des beaux mois de croissance, mois de mars, avril. Et en fait, courant du mois de juin, On va le détruire. Alors, on va le détruire, en fait, l'idéal. Jusqu'à maintenant, on le broyait. Et donc, si tu veux, le résidu végétal restait vraiment au niveau des sols, dans les allées. Ça apportait beaucoup de matière organique. Ça permettait de limiter aussi l'évaporation pendant les mois d'été, qui sont des mois secs. Et cette année, on va essayer justement de les rouler pour les détruire, mais sans casser toutes les fibres. Et donc, tu passes ce qu'on appelle un rouleau FACA, qui te permet justement de coucher ton couvert et de le détruire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est quelque chose qui est assez important je pense pour stabiliser aussi tes sols et participer un peu à la restructuration et à la régénération.

  • Speaker #1

    Comme je l'avais annoncé en intro de cet épisode, il y a un deuxième interlocuteur dans cet épisode, c'est Clément, le chef d'exploitation de la Granja. Donc là je suis avec Clément qui est le chef d'exploitation ici à la Granja, donc un peu le chef d'orchestre, c'est ça

  • Speaker #2

    Exactement, oui bonjour. Raphaël, voilà donc chef d'orchestre, on peut dire ça comme ça, chef d'exploitation, je m'occupe de toutes les opérations culturales et de la gestion globale de l'exploitation sur place.

  • Speaker #1

    Super, je voulais profiter de t'avoir sous la main pendant quelques minutes pour te poser quelques questions un peu techniques. On a déjà pas mal discuté avec Martin de tout ce que vous faites ici mais il y a une question qui me taraudait un peu, c'était de savoir quels sont les... Les mesures, les études, les analyses que vous avez faites au début, quand vous avez commencé l'exploitation il y a 4 ans, et quels ont été les résultats de ces études-là On n'est pas obligé de me donner le détail ultra-technique, mais en tout cas les grandes lignes, et puis surtout, comment est-ce que ça a évolué En 4 ans, c'est pas super long, mais peut-être qu'il y a déjà eu des résultats, donc je suis curieux de savoir plus sur tout ça.

  • Speaker #2

    Oui, très bien. Alors, on travaille avec Genesis. Au moment du rachat de cette ferme, ils sont venus faire des analyses de sol complètes et on a eu un résumé global de l'état des sols, donc à T0. Le résultat de toutes ces analyses, de toutes ces mesures, c'était qu'on était sur des sols érodés, des sols dégradés, très peu de matière organique, des sols assez tassés. Chaque année, on refait des mêmes mesures avec ces mêmes personnes et on se rend compte, on a eu les résultats sur toutes les analyses de 2024 et on voit que on est dans la gradation des sols d'année en année. Donc, les indicateurs qui sont en augmentation et qui deviennent de mieux en mieux, c'est le taux de matière organique dans les sols. le ratio carbone sur azote de cette matière organique là. On a des indicateurs de capacité d'échange cationique qui sont aussi mieux. Donc c'est la CEC du sol, on va dire que c'est la capacité du sol à retenir les éléments qu'on lui apporte ou qui sont minéralisés à l'intérieur de celui-ci. Donc ça c'est les principaux éléments.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux me donner des chiffres

  • Speaker #2

    Alors au départ on était à un... 1,5% de matière organique au moment de l'entrée dans les lieux. Et là, on tend vers les 2% déjà sur certaines parties. A savoir qu'on a une très grande hétérogénéité dans nos parcelles, avec une granulométrie qui n'est pas pareille, un relief qui change un peu, et notamment le pourcentage de terre fine dans nos sols qui diffère énormément. On a des zones avec beaucoup de cailloux, des zones avec moins de cailloux. Ces zones avec beaucoup de cailloux sont peut-être un peu moins fertiles, mais on gagne au niveau du tassement des sols, puisque les particules comme des cailloux permettent de structurer le sol un peu mieux au niveau du tassement. Ça, ça nous aide bien. Au niveau des chiffres matière organique, au niveau de la CEC, on a gagné un point de CO6, ce qui est énorme. Et après, il y a une autre dimension aussi dans l'analyse d'un sol, c'est l'analyse plutôt physique. qui est faite avec des profils de sol. Donc on en fait régulièrement et on voit qu'on a plus de semelles de labour, on a des horizons qui sont assez noyés l'un dans l'autre, on va dire. On n'a pas des horizons qui sont identifiables, mais on voit que les horizons sont assez diffus, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, et ça veut dire quoi ça

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'on tend vers une verticalité dans nos sols, un bon fonctionnement de celui-ci, et des bons transferts d'eau, d'oxygène et d'éléments minéraux de la surface vers la profondeur.

  • Speaker #1

    Et comment tu expliques ces résultats Donc quand même une amélioration considérable de matière organique en seulement 3-4 ans Exactement. Tu parlais du CEC, peut-être que tu peux aussi m'expliquer un peu plus en détail ce que c'est, parce que je ne connais pas.

  • Speaker #2

    D'accord, alors la CEC, on va dire que c'est le frigo du sol. Le frigo, comme à la maison, qu'est-ce qu'on fait On stocke des aliments, on ouvre. Et on va dire que la CEC, au plus elle est grande, au plus notre frigo est grand. Si on a une petite CEC, c'est un petit frigo d'appartement. Et si on a une grande CEC, ça veut dire qu'à la maison, on n'a pas un petit frigo, mais on a un frigo américain, double porte. Et donc à l'intérieur de celui-là, on ne peut plus stocker. Et au plus on peut stocker dans un sol, au mieux c'est. Ça veut dire que les apports qu'on fait annuellement, ils vont pouvoir être stockés à l'intérieur de celui-ci sans être lixiviés, sans être perdus dans la nappe phréatique.

  • Speaker #1

    Et donc pour revenir à ma question, comment est-ce que tu expliques tous ces résultats assez impressionnants en seulement trois ans

  • Speaker #2

    Alors on explique ces résultats par plusieurs leviers qu'on a mis en place. Premièrement, c'est beaucoup d'apports de matière végétale, matière organique. Deuxième élément, c'est le non-travail du sol. Et le troisième élément, c'est les couverts végétaux.

  • Speaker #1

    Ok, on peut peut-être en parler un par un. Donc l'apport de matières organiques et tout ça.

  • Speaker #2

    L'apport de matières organiques, c'est des apports qui permettent d'augmenter notre bilan humique, d'avoir un bilan humique positif, c'est-à-dire que toutes les exportations qu'on fait dans nos cultures soient compensées par des apports. Donc ça, c'est vraiment l'augmentation de la matière organique. et c'est des apports avec des matériaux avec un C sur N assez élevé pour avoir une dégradation lente dans le temps, étant donné qu'on a une faible capacité de rétention de minéraux, c'est la CEC, on vient d'en parler. Donc voilà, fumier et déchets verts. Le deuxième levier qu'on a mis en place, c'est... Le non-travail du sol dans nos vergers, c'est la culture pérenne aussi qui facilite tout ce travail, puisqu'une fois que les arbres sont plantés, on n'a plus besoin d'intervenir. Mis à part, si on voit que les tracteurs avec les passages répétés tassent le sol, on peut passer pour décompacter un peu. Mais sinon le non travail du sol il est bénéfique puisque on mélange pas les horizons du sol, on laisse le sol se stabiliser, se structurer tout seul et et donc il y a toute une vie, tout un système qui se met en place qui va être bénéfique dans les années à venir.

  • Speaker #1

    Et alors troisième partie on parlait découvertes, on peut peut-être même se rapprocher un peu des couverts ici derrière, on peut en parler directement donc ici Je décris pour ceux qui écoutent la version audio et qui ne voient pas la vidéo, on a des rangées d'amandiers qui sont espacées chacun entre 5 mètres, c'est ça Et 7 mètres entre les rangées. Donc au milieu de ces rangées de 7 mètres, on a un magnifique couvert. Tu peux nous expliquer de quoi est-il

  • Speaker #2

    Alors c'était un mélange d'avoine et de févrole. Donc deux espèces différentes qui vont être complémentaires dans leur cycle végétal. L'avantage de l'avoine, ça va être un chevelu racinaire qui va pénétrer en profondeur, même dans les endroits un peu tassés, avec aussi un apport de matière sèche conséquent. Et la deuxième espèce c'est la fèvreole, donc une légumineuse autonome en azote avec un système racinaire qui est complètement différent de l'avoine. C'est plutôt un pivot qui va aussi travailler en profondeur.

  • Speaker #1

    C'est bien pour décompacter.

  • Speaker #2

    Exactement, et beaucoup de matière sèche aussi.

  • Speaker #1

    Beaucoup de matière sèche.

  • Speaker #2

    Beaucoup de matière sèche, oui. Le végétal est très dense sur la fèvreole. Donc voilà, on va essayer d'amener cette... plante donc jusqu'à la fin de son cycle pour avoir un reliquat très riche en carbone. La fèvrole n'est pas la plante la plus riche en carbone mais quand même on va essayer d'avoir de la lignine et donc de la détruire le plus tard possible donc fin juin ou début juillet.

  • Speaker #1

    Ok, vous détruisez comment

  • Speaker #2

    Alors soit on va le rouler soit on va le broyer.

  • Speaker #1

    Le but est de laisser la matière sur place pour qu'elle se décompose et qu'elle nourrisse le sol.

  • Speaker #2

    Voilà la matière sur place. place, plante entière le mieux pour qu'elle se décompose lentement.

  • Speaker #1

    Ok, génial. Un tout grand merci pour ces informations complémentaires qui sont vraiment top. Courage pour la suite, en tout cas le travail que vous faites est génial, donc continuez comme ça.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Raphaël, à bientôt.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je referme cette petite parenthèse super intéressante avec Clément et je reviens à ma conversation avec Martin et dans ce passage suivant, on discute des outils de mesure qu'ils utilisent pour mieux piloter la ferme au jour le jour. Je vois que tu as un petit appareil ici au pied de ton arbre. Tu peux peut-être nous expliquer de quoi il s'agit Oui,

  • Speaker #0

    carrément. La partie mesure de données est hyper importante sur la ferme, et notamment sur l'irrigation et toute la partie météo. On travaille depuis quelques années avec une société qui s'appelle Winat pour justement la collecte de toutes ces données. Et donc ici, ce que tu as ici, c'est ce qu'on appelle une sonde capacitive qui vient mesurer dans le sol. l'humidité de ton sol à différents niveaux de profondeur. Ce qui est toujours compliqué, c'est que là, tu vois, tu as l'impression que ton sol, en grosso modo, il a pris la plume et il est relativement humide. Mais en fait, quand tu vas regarder ce qui se passe à 20 à 40 cm, ça peut être totalement différent. Et donc, cette sonde capacitive, elle mesure en gros 60 cm et elle mesure l'humidité tous les 15 cm, donc à différents niveaux de profondeur. Ça nous permet de piloter au mieux notre irrigation, en essayant d'être le plus lisse possible dans les courbes d'humidité. L'idée, c'est d'éviter d'avoir des mouvements un peu trop erratiques, mais plutôt d'homogénéiser les courbes. Et donc de piloter, d'être… De faire des économies d'eau, pour ne pas mettre trop d'eau. Surtout qu'ici, sur cette parcelle, on est sur une parcelle qui est assez filtrante. Tu as un pourcentage de sable qui est assez important, ça se voit un peu à l'œil nu, mais qui est autour de 35-40%. Et donc... d'apporter trop d'eau, ça ne rimerait à rien, elle percolerait, elle s'infiltrerait, elle descendrait dans la nappe et que tu n'utiliserais pas à bon escient. Donc voilà, ce suivi est hyper important. Donc tout est connecté sur ce matériel. Tu vois, on a un pilotage informatique en temps réel pour optimiser tout ça.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et t'en as beaucoup sur les plantations Ouais,

  • Speaker #0

    on en a plusieurs. En fait, on a raisonné en ce qu'on appelle en unités homogènes de sol. La difficulté en fait avec ces appareils, c'est que ton sol peut être très différent d'une parcelle à l'autre. Et donc en fait, on a essayé de catégoriser nous nos sols, et on a grosso modo 4-5 unités un peu différentes, où t'as des caractéristiques qui sont différentes. Et donc on a installé des sondes sur chacune de ces zones. de ces soldes un peu différents. Après, on pilote différemment l'irrigation. Tu vois, sur cette parcelle, comme je te le disais, elle est un peu plus filtrante. On met, par exemple, 10 à 15 de plus d'eau que sur les parcelles en bas, qui sont un peu plus argileuses, avec autour de 35 à 40 d'argile.

  • Speaker #1

    Du coup, j'imaginais ça un coût aussi au départ, mais tu récupères ça en économisant sur ton utilisation.

  • Speaker #0

    Oui, tu as un petit investissement sur l'outil, mais derrière... Effectivement, tu économises sur l'eau, donc économiquement c'est intéressant, mais surtout environnementalement parlant, tu as une gestion beaucoup plus durable de tes ressources, de ta ressource hydrique. Et puis je pense qu'agronomiquement pour la plante aussi, c'est hyper intéressant parce que tu t'optimises, tu vois, sa capacité à prendre l'eau et à voir ce dont elle a besoin. Et selon le développement de ton fruit, par exemple, etc. Donc, j'ai... C'est super, c'est un très bel outil. Et à côté, là, tu vois, tu as l'équivalent, donc c'est toujours chez Winat. Et c'est la... C'est assez classique, c'est une station météo où on va suivre des paramètres comme évidemment la température. On va suivre le vent, donc tu as un anémomètre. On va suivre la pluviométrie, ce que tu vois là-haut. Et ça, pour le coup, c'est quelque chose qui est indispensable, je pense. Derrière nous, ça nous permet de piloter nos... nos traitements par exemple, si tu sais qu'il a... en fonction de l'humidité que tu peux avoir, l'humidité relative, la pluviométrie, tu vas plus positionner des traitements de prévention, parce que nous en bio c'est vraiment du préventif, on ne fait pas du tout de curatif, c'est que du préventif, donc il y a un sujet d'anticipation. Le vent, l'anémomètre c'est hyper important pour les traitements encore une fois, pour savoir quand est-ce que tu peux traiter ou pas, que tu as trop de vent, voilà. La température, on a aussi tu vois... des capteurs gel qui nous mesurent justement les températures très précises pour éventuellement déclencher des actions de protection gel, qu'on a pareil sur différentes parcelles. Donc oui, c'est important. Et puis après, derrière, ça nous fait un historique en plus de nos températures. Aujourd'hui, encore une fois, on l'a sur 4 ans, mais dans 10 ans, on aura quand même 10 ans de données, ce qui est plutôt pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez... Vous pensez à intégrer des animaux sur l'exploitation

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Je pense que c'est hyper intéressant. On a eu du mal à trouver, mais là on a trouvé un berger qui habite pas très loin de la ferme et qui serait OK pour faire des tests, déjà. Je pense que les premières années, ce qui était compliqué, c'est que les arbres étant tout petits, t'avais cet enjeu que les moutons ne mangent pas les jeunes arbres. Aujourd'hui, maintenant que les arbres ont pris un peu de hauteur, On va faire des tests probablement à l'automne prochain, justement des copaturages, pour venir entretenir le verger. Je pense que les bénéfices sont hyper intéressants sur l'entretien de l'enherbement, le fait que les déjections des moutons permettent d'apporter de l'engrais au niveau des sols. C'est les ongulés qui ne sont pas trop lourds, donc tu n'as pas du tout de problème de tassement du sol ou autre, comme tu pourrais avoir peut-être avec des bovins. Au contraire, je pense que ça peut aérer le sol et avoir des effets plutôt bénéfiques. Donc oui, on va mettre en place des essais prochainement. Après, l'idée, c'est que moi je ne connais pas du tout le… on va dire que c'est un métier qui est totalement nouveau, et donc l'idée c'est vraiment de déléguer toute la gestion opérationnelle du troupeau à un verger et de dire nous, on met plutôt à disposition des terres avec des contraintes où il faut quand même qu'on puisse continuer à passer. à gérer l'irrigation, mais ça, elle a enterré. Donc ça, c'est plutôt un bon point.

  • Speaker #1

    Parce que du coup, c'est l'éleveur qui gère tout. A priori, vous en tirez des bénéfices sans avoir vraiment trop de complications. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Et l'éleveur, lui, en tire aussi des bénéfices. J'imagine que vous êtes complètement en bio avec des beaux couverts diversifiés, avec la bonne nutrition pour leurs bêtes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, on leur donne du foncier de manière un peu gratuite. Donc c'est une disponibilité en foncier qui est intéressante aussi pour l'éleveur. Je pense que c'est un modèle qui peut être intéressant.

  • Speaker #1

    On a toute une série de ruches ici.

  • Speaker #0

    Oui, écoute... L'avantage, c'est qu'on travaille avec des variétés qui sont auto-fertiles. La majorité des variétés en Europe sont auto-fertiles. Théoriquement, tu n'as pas besoin d'arbres pollinisateurs. C'est d'arbres mâles et femelles. Sur la pistache, par exemple, c'est différent. Sur l'amande, c'est des variétés auto-fertiles. Mais ce qui est conseillé, on pense que c'est pertinent, de pouvoir ajouter une pollinisation entomophile, avec des abeilles, en l'occurrence ici, pour maximiser la pollinisation. On considère... que tu peux augmenter de 15 à 20% le potentiel de fructification de tes arbres. C'est quand même significatif. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a un partenariat avec un apiculteur où il nous met à disposition... Sur la ferme, on a en général un rucher permanent qui reste là tout le long de l'année. Pas beaucoup de ruches, parce qu'il n'y a pas non plus... Il faut vraiment calculer le nombre de ruches en fonction de ce que tu as. en termes d'un point de vue mellifères pour les nourrir. Donc on a 5-6 ruches à l'année. Et puis par ailleurs, sur les périodes de floraison, là on a une vingtaine de ruches. Non, je dis une bêtise, mais on a une cinquantaine sur ce site qui sont arrivées il y a trois semaines pour la période de floraison. Et donc l'idée, c'est que les abeilles puissent travailler. Alors là, on est sur une journée un peu venteuse, donc il n'y en a pas beaucoup qui sont sorties. Mais voilà, elles permettent de favoriser un peu la pollinisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un service que vous payez Aux apiculteurs, ou bien est-ce qu'eux sont contents justement d'avoir autant de fleurs Cette année,

  • Speaker #0

    on n'a pas payé. Je pense qu'effectivement, contents d'avoir des fleurs, encore une fois, en début de saison. Parce que tu vois, aujourd'hui, il n'y a pas... Quand on regarde le biotope autour, tu n'as pas beaucoup d'arbres en fleurs, tu n'as pas beaucoup de fleurs même au sol, etc. Donc c'est quand même pas mal pour eux. Je pense qu'ils y trouvent aussi leur intérêt. Mais je pense qu'à long terme, il y aura certainement des... Voilà, peut-être une contrepartie financière.

  • Speaker #1

    Et la production de miel, c'est lui qui s'en...

  • Speaker #0

    Et la production de miel, elle est pour lui. Après, on va essayer de négocier quelques pots de miel avec les couleurs de la ferme.

  • Speaker #1

    Oui, ce serait sympa. Oui,

  • Speaker #0

    ce serait sympa.

  • Speaker #1

    On parlait de la production aux États-Unis, en Californie. Je me souviens avoir vu passer des sujets avec les apiculteurs qui amènent des abeilles. Ces abeilles meurent en masse à cause des pesticides et tout ça.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ça c'est un bon exemple, tu me posais la question tout à l'heure du système conventionnel américain. Effectivement, aujourd'hui, je crois que c'est l'équivalent un tiers ou la moitié du rucher américain qui est amené au moment de la pollinisation et de la floraison des arbres. Donc essentiellement, je crois que c'est le même de Floride, ils emmènent beaucoup de ruches dans les trains, etc. Et le problème, c'est que déjà les colonies se mélangent un peu entre elles. Donc si tu as une colonie qui est malade, il y a des sujets de contamination entre les colonies. Donc tu as beaucoup de mortalité en fait, à la fois pendant les transports. et à la fois sur le surplace, parce qu'en fait, déjà, la période de floraison, les abeilles, on les bouge pour seulement 3-4 semaines, un mois peut-être, maximum, donc c'est très court. Et comme il n'y a rien d'autre autour, tu es obligé de les amener et de les enlever tout de suite. Alors que nous, tu vois, c'est très boisé quand même autour, donc même quand les fleurs commenceront à diminuer ou que la pollinisation sera terminée, tu as toujours, en fait, dans... un garde-manger, si je puis dire, assez conséquent pour les abeilles.

  • Speaker #1

    Et les pollinisateurs, il n'y a pas que les abeilles, vraiment. Est-ce que vous mettez des choses en place pour favoriser

  • Speaker #0

    On ne l'a pas encore fait, mais je pense qu'à la prochaine, on mettra effectivement des abris, des bourdons, des abeilles sauvages, pour mettre en place effectivement des installations. En fait, cette année, on avait focalisé sur la partie oiseaux, plutôt. avec perchoir, nichoir, mais l'année prochaine, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Des bandes, par exemple, de fleurs,

  • Speaker #0

    de melifères,

  • Speaker #1

    et ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    Oui, carrément, c'est quelque chose qui est important, je pense, pour apporter des compléments.

  • Speaker #1

    Et dans le choix de vos couverts aussi Oui. Vous pensez aussi à… Oui,

  • Speaker #0

    carrément. Justement, oui, pour moi, c'est ici qu'on pourrait installer des bandes un peu melifères. Oui. pour leur permettre d'avoir accès à d'autres choses, à d'autres essences. Donc ça, ça, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Donc voilà qui clôture la partie visite de la ferme. Mais on a quand même été s'asseoir encore quelques minutes avec Martin pour discuter de sujets que je n'avais pas encore eu l'occasion d'aborder par rapport au modèle économique, aux canaux de distribution, à la transformation des aliments et d'autres choses comme ça que je trouvais vraiment intéressants d'aborder pour avoir l'image complète de ce qui se passe ici. Une fois que vous avez produit vos amandes, qu'est-ce qui se passe après Est-ce que vous les vendez Est-ce qu'il y a d'autres processus de transformation

  • Speaker #0

    Les amandes, ça reste des fruits à coque, des fruits secs, ils se conservent assez bien. Aujourd'hui, quand on récolte au champ, on récolte nos amandes, et derrière, tu as une étape indispensable, tu as plusieurs étapes. La première étape, c'est de nettoyer, de sécher les amandes, pour descendre le niveau d'humidité du fruit à environ 6-7%, pour que tu les stabilises et que derrière, ils puissent se conserver de la manière des manières. Ensuite, on doit casser la coque dure autour de l'amande, comme dans beaucoup de fruits à coque. On envoie nos amandes dans une casserie pour casser la coque. On obtient en principale une amande entière, que tu as l'habitude de consommer à l'apéritif par exemple, avec du sel ou autre chose. Mais surtout, on peut derrière décliner sur une palette d'ingrédients, de différents ingrédients, en allant de la poudre d'amande par exemple à de l'amande émondée. Donc blanchi, c'est-à-dire qu'on enlève la peau. Tu peux faire de l'amande et filet. Tu peux décliner comme ça sur une certaine palette d'ingrédients. Et derrière, nous, l'histoire, on va dire l'ADN du projet, c'est d'essayer de désintermédier un petit peu la filière et de s'affranchir de l'étape coopérative, où tu sais, beaucoup d'agriculteurs vendent finalement la coopérative. Et après, tu as souvent beaucoup d'intermédiaires finalement jusqu'au client final, consommateur. Nous, l'idée, c'est plutôt de s'intégrer verticalement. Et de se dire qu'on veut se donner les moyens de pouvoir commercialiser nous-mêmes nos amendes. Alors aujourd'hui, en travaillant en direct avec des artisans, par exemple, sur l'industrie de la chocolaterie, de la confiserie, du nougat. Donc ça, aujourd'hui, c'est la grosse majorité de nos clients. Après, tu as des industriels aussi qui sont soucieux justement de mieux gérer leur chaîne d'approvisionnement et qui s'intéressent beaucoup et je trouve que c'est les bons signaux positifs dans le marché. au sujet justement de l'agriculture régénérative, du carbone, de l'origine, de la traçabilité. C'est plein de mots clés, mais c'est plein de mots qui sont de plus en plus pertinents pour ces acteurs-là. Et puis après, on a une gamme de produits aussi pour le client final, la destination du client final. Je te montrerai avec des volumes plus petits, en 800 grammes ou en 150 grammes, où pour le coup, l'idée, c'est de pouvoir vendre en direct, alors via des plateformes comme Crowdfarming, on en parlait, où justement, on a accès directement au client.

  • Speaker #1

    Et toujours dans cette idée de s'intégrer verticalement, comme tu l'as dit tout à l'heure Tout ce qui est le processing, donc la transformation, est-ce qu'il y a des étapes que vous essayez de rajouter de votre côté Oui,

  • Speaker #0

    écoute, aujourd'hui, c'est un peu quelque chose, tu vois, en France, on évoquait tout à l'heure le fait que la filière est assez jeune, côté production en France, mais ça se traduit aussi par le fait qu'il y a très peu d'infrastructures pour transformer les produits. Et donc, c'est un peu, en tout cas, c'est un de nos enjeux chez Greenpods, on va dire à moyen terme, c'est de pouvoir se doter d'un outil industriel qui nous permette justement de... de gérer pour le coup de A à Z en interne les process de transformation. Alors pour ne pas faire les choses à l'envers, on s'est dit qu'on allait d'abord monter nos capacités de production. C'est pour ça qu'aujourd'hui on a deux exploitations opérationnelles sur un peu plus de 250 hectares. L'objectif c'est de continuer à monter d'autres fermes avec toujours ce même esprit et ce même cahier des charges communs d'agri-région, qui est quand même un des ADN fondamentaux pour nous. de rester sur de l'arboriculture et donc des fruits à coque, de l'amande, de la noisette, de la pistache. Et puis quand on aura atteint un certain seuil de production, de pouvoir justement se doter du soutien industriel et de valoriser nous-mêmes nos produits.

  • Speaker #1

    Vous avez des équipes, évidemment, vous vous occupez d'acheter des fermes, de gérer le management. Oui. Mais j'imagine qu'à chaque fois, il faut trouver des équipes sur place, de gens qui soient qualifiés, qui comprennent le régénératif, qui soient motivés.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est la clé numéro... Une, je pense dans le développement de nos projets, effectivement, tu as un capital humain qui est hyper important. Donc tu as fait la rencontre ici de Clément, qui est notre directeur d'exploitation, qui est un jeune qui a 30 ans, qui est fils d'arboriculteur et qui est hyper motivé par le projet. Je pense que l'arboriculture, ça nécessite quand même pas mal de main d'œuvre, entre guillemets, de capital humain, parce qu'à la différence des grandes cultures, tu as beaucoup plus d'opérations dans les champs. Et donc tu dois constituer des équipes, tu dois les motiver, tu dois les incentiver. C'est un peu aussi notre challenge avec Boris et avec l'ensemble de l'équipe de mettre un peu en marche tout ce système. Nous, on a différencié, c'est peut-être un peu unique dans le monde agricole, je ne sais pas, mais en tout cas, on a différencié des fonctions très opérationnelles sur les projets. Chaque projet est autonome au niveau de ses équipes. Ici, tu as trois personnes qui travaillent tous les jours sur la ferme, dont Clément. En Espagne, tu as la même chose, la même équipe, grosso modo, trois personnes. Et puis, au-dessus de ces équipes terrain, tu as des fonctions un peu plus... transverses, on va dire, qui concernent les sujets de financement, les sujets de valorisation du carbone, de marketing, de vente, de suivi agronomique, tu vois, et ces fonctions transverses, en fait, elles Ausha un peu l'ensemble des projets en dessous. Donc c'est un peu un fonctionnement à deux étages, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, super. Mais écoute, je pense que tu nous as déjà donné un aperçu de ce que vous faites ici, de la culture régénérative de la bande, de plein de choses. On a appris plein de choses aujourd'hui. Un tout grand merci. Pour toute cette information, pour ta disponibilité et pour le travail formidable que vous faites ici.

  • Speaker #0

    Merci d'être venu, c'est sympa. Et puis j'espère que tu reviendras déjà pour la récolte et puis peut-être dans quelques années, tu verras que ça aura bien poussé.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir,

  • Speaker #0

    j'espère aussi. Vous êtes les bienvenus.

Description

Un épisode fascinant à ne pas manquer ! On part en immersion dans le sud-ouest de la France, sur une ferme d’amandes bio-régénérative à la vision radicale. Martin d’Archimbaud, co-fondateur de GreenPods, nous ouvre les portes de La Granja, un projet agricole unique qui pourrait bien changer le visage de la filière amande en Europe.


Moins d’eau, plus de biodiversité, zéro chimie, des couverts végétaux colorés et une passion débordante pour les arbres : ici, on ne se contente pas de planter, on régénère les sols, on construit un modèle agricole résilient et local, et on s’attaque à l’hégémonie californienne sur la production d’amandes.


Si vous pensez que l’agriculture peut être à la fois belle, rentable et régénératrice, cet épisode est pour vous.


Dans cet épisode, on parle de :

  • L’histoire d’une reconversion de monoculture de maïs vers une ferme d’amandes bio régénérative

  • Comment l’arbre devient un allié du climat et un levier de relocalisation alimentaire

  • Les secrets agronomiques pour créer un verger résilient : irrigation de précision, taille, variétés, fumier, biochar…

  • L’impact des couverts végétaux et des pratiques bio sur la santé des sols

  • Et pourquoi la résilience long terme est bien plus rentable que la productivité court terme


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


This podcast was produced in partnership with Soil Capital, a company that supports #regenerativeagriculture by financially rewarding farmers who improve soil health.


⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯


Useful links: 

  • GREENPODS / LA GRANJA - Link

  • Acheter des amandes - Link

  • Martin d’Archimbaud - Linkedin


Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je fais la visite d'une ferme d'amandes bio-régénératives dans le sud-ouest de la France, à à peu près 20 minutes de Toulouse. Mon interlocuteur principal dans cet épisode, c'est l'un des deux fondateurs de la ferme, Martin d'Archimbeau, et il va nous décrire en détail le fonctionnement de son exploitation. On a aussi un passage avec Clément, qui est le chef d'exploitation, pour entrer un peu plus en détail dans les questions d'agronomie et de santé des sols. Franchement, moi, je n'y connaissais absolument rien à la culture de la bande. En arrivant, cette interview m'a donné un niveau de compréhension vraiment assez complet. C'est un épisode qu'on retrouve aussi en version vidéo sur YouTube. Et à voir la vidéo, ça aide quand même fort à visualiser ce dont on parle. Cela dit, le montage audio a été prévu pour que vous puissiez suivre la conversation et tout comprendre même sans la vidéo. Donc voilà, c'est à vous de choisir. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Seul Capital. Moi, c'est Raphaël et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    On est ici sur notre exploitation agricole qu'on a développée avec Boris, mon associé. Et c'est une exploitation qui fait 150 hectares au global, qu'on a reprise récemment, puisque ça fait seulement 4 ans qu'on est installé. Et donc je pourrais t'en dire un peu plus sur le passif et l'historique de la ferme, qui est assez unique, on va dire, et qui nécessite pas mal de travaux de régénération au niveau des sols et au niveau de l'écosystème.

  • Speaker #0

    On peut peut-être commencer par là. Est-ce que tu peux me dire ce qui s'est passé ici avant que vous arriviez Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. C'était une exploitation assez typique de ce qu'on retrouve dans la région. On est vraiment dans la plaine de la Garonne, dans le sud-ouest. Une exploitation qui était en monoculture de maïs, grosso modo depuis 30 ans, avec des pratiques conventionnelles, maïs sur maïs de manière assez classique, un labour à 30-40 cm. Et donc, ce passif fait qu'on est arrivé, nous, avec un projet qui était totalement nouveau, puisqu'à la fois on a transitionné vers... de l'arboriculture et donc des cultures pérennes. Donc il y avait déjà ce changement de culture. Et puis on a transitionné vers des pratiques biologiques et régénératives. Donc il y avait aussi un changement de pratiques. Et donc en fait, c'était un peu le double enjeu. Tout en sachant que du coup, cette historique culturelle maïs a un peu finalement détruit la qualité de nos sols. Tu vois, on a des indices de matières organiques qui sont très faibles, autour de 1,5, entre 1,3 et 1,6%. Donc voilà, je sais que ça va prendre du temps. On sait qu'on s'inscrit dans un projet sur le long terme. à horizon 10 ans minimum. Les arbres auront une durée de vie beaucoup plus longue, autour de 25 à 30 ans. Mais il va falloir du temps pour réussir à régénérer un peu tout ça.

  • Speaker #0

    Pourquoi avoir choisi de faire des amendes ici

  • Speaker #1

    Avec Boris, on est un peu tombé amoureux des cultures pérennes et de l'idée de pouvoir planter les arbres et de participer à notre façon à la régénération des écosystèmes et à l'adaptation et à l'atténuation du changement climatique. Pour nous, les cultures pérennes, c'est quelque chose d'assez romantique. C'est des cultures qui sont là pour des dizaines, des vingtaines, peut-être plus en termes d'années. Tu vois, l'amande, c'est autour de 30 ans, mais on regarde aussi des projets avec de la pistache, avec de la noisette, où tu t'inscris vraiment sur des horizons de temps très longs. Et donc ça, c'est assez chouette. Tu capitalises vraiment sur un arbre qui a plein de vertus, d'un point de vue notamment environnemental. Alors, on parle beaucoup de la séquestration de carbone, évidemment, c'est important. Mais si tu regardes aussi au niveau du sol, au niveau des systèmes racinaires, l'infiltration de l'eau dans les sols, de la faune, de la flore. En fait, tu as plein de bénéfices écosystémiques qui sont super intéressants. Et donc, voilà, c'était vraiment le point de départ, travailler sur l'éculture pérenne. Et ensuite, on s'est demandé un peu qu'est-ce qu'on allait planter. Et en fait, on est assez rapidement, on avait beaucoup regardé les filières de fruits à coque, dont fait partie évidemment l'amande, au même titre que la noisette, que la noix, que la pistache. Et en fait, le point de départ, c'est de dire qu'aujourd'hui, sur l'amande, 80% de la production d'amande au niveau mondial. c'est la Californie, donc c'est produit en Californie. Alors même que dans le même temps, l'Europe est le premier marché de consommation au niveau mondial, et en Europe on produit grosso modo 20% de ce qu'on consomme. Donc tu as un énorme déficit de production. Et si je fais un zoom sur la France, c'est encore plus marquant, parce qu'en France on consomme 45 000 tonnes chaque année, et on en produit autour de 1000, on va dire. Donc il y avait vraiment cet enjeu de relocaliser la production, au niveau français, et même au niveau européen. Et le projet, tu vois, on l'a lancé pendant le Covid, qui était un moment, je pense, où on a tous un peu réalisé l'importance, finalement, de retrouver une certaine forme d'autonomie alimentaire et d'être souverain, finalement, sur notre alimentation. Donc ça faisait beaucoup de sens pour nous de planter les amandiers. Et en fait, en France, tu ne peux pas en planter partout, des amandiers, parce que d'un point de vue climatique et pédologique aussi, ça ne convient pas. C'est surtout le sud de la France qui est le plus idoine, on va dire. Il faut retrouver un climat un peu méditerranéen, avec des étés chauds, avec de la chaleur, des heures d'ensoleillement, c'est hyper important. Et donc, on s'est retrouvé sur ce site qui était à nos yeux, on avait fait beaucoup d'analyses en amont du projet, mais qui était idoine pour planter les amandiers.

  • Speaker #0

    Donc voilà, maintenant qu'on a établi un peu les bases et le contexte de cette conversation, j'ai voulu demander à Martin de nous parler de la culture de l'amande conventionnelle pour qu'on ait un point de référence et qu'on puisse comparer ce qui se fait dans l'amande conventionnelle, intensive et ce que font Martin et Boris à la Granja.

  • Speaker #1

    Alors donc aujourd'hui, comme je te le disais, le benchmark, on va dire, l'acteur de référence, c'est la Californie. En Californie, c'est 95% de production conventionnelle. Et c'est un système qui est globalement très productiviste et très intensif dans la manière de conduire, en tout cas d'un point de vue agronomique, les vergers. Tu as, si tu veux, donc, c'est souvent des vergers à très grande échelle, avec des fermes qui font parfois des milliers d'hectares. Tu as des groupes qui détiennent 20, 30, 40, 50 000 hectares d'amandiers d'un seul tenant, avec très peu de diversité culturelle, on va dire. C'est de la monoculture à perte de vue, sans se soucier finalement de ce que tu peux avoir dans ton écosystème, avec des haies, avec d'autres cultures, avec des bois ou autre, ce qui est totalement différent de ce qu'on a nous en Europe. Donc voilà, ce côté monoculture qui est important. Au niveau de la gestion agronomique sur des grosses fermes conventionnelles, très souvent, et pour des raisons... purement opérationnelle et financière, court-termiste du coup, tu as une gestion qui est assez drastique, on va dire. Tu vois, les sols, c'est vraiment sols nus à 100%. Alors parce qu'eux récoltent au sol, tu vois, ils font vibrer l'arbre, les amandes tombent au sol et après ils récoltent au sol. Donc ils ont besoin d'avoir des sols comme des dalles de béton. Donc si tu veux, tu as zéro vie au niveau du sol.

  • Speaker #0

    C'est la raison principale pour laquelle ils ont les sols nus Ou bien c'est aussi, ils essayent de...

  • Speaker #1

    C'est une des raisons. Je pense que la seconde raison, c'est aussi parce qu'eux considèrent que tu peux avoir une compétition au niveau nutriments et au niveau eau. Donc, irrigation entre les arbres et les couverts au niveau du sol. Mais la récolte au sol est la raison principale, numéro une. Et par ailleurs, ils ne s'embêtent pas aussi à entretenir et à ressemer potentiellement chaque année des couverts ou autre. Donc, ils ont vraiment cette vision, voilà, sol nu. champs à perte de vue monoculture et puis surtout le vrai sujet c'est sur l'usage de l'eau puisque là-bas et c'est je pense la grosse différence par rapport à l'Europe c'est qu'en Europe l'eau fait partie des communs c'est un bien commun donc c'est géré par le pouvoir public tu vois nous sur cette ferme l'agence de l'eau locale nous octroie chaque année un certain volume d'eau qu'on a le droit de consommer Je te montrerai un peu nos points d'irrigation, mais c'est géré administrativement et publiquement. Alors qu'aux États-Unis, c'est un bien privé. Ils sont même venus à créer des contrats à terme sur l'eau et sur les droits de l'eau, à titre de liser les droits à l'eau. Et donc, eux utilisent des volumes d'eau considérables pour irriguer leurs arbres. Ils sont à 12 000 m3 par hectare par an pour certaines fermes, parfois même un peu plus. Quand nous, si tu veux, ici sur la ferme, on est autour de 6 000. au maximum, c'est le quota maximum. Donc déjà, tu coupes en deux. Et donc cet usage de l'eau de manière un peu démesurée, environnementalement parlant, il n'est pas tenable et il n'est pas durable. Et d'ailleurs, beaucoup de vergers aujourd'hui commencent à être arrachés parce qu'il y a un problème de durabilité du système hydrique.

  • Speaker #0

    C'est justement ce que j'allais te demander. Tu as dit que c'était une vision court-termiste. Qu'est-ce qui se passe à long terme si on continue cette vision-là

  • Speaker #1

    À long terme, c'est assez simple. Le verger californien, si tu veux, dans sa globalité, il commence... Il a beaucoup augmenté ces 10-15 dernières années. Depuis 2-3 ans, on voit qu'il y a un ralentissement en termes de plantation et tu as même certains vergers qui commencent à être arrachés. Donc si on se projette maintenant dans le futur à horizon 10 ans, si les conditions restent, enfin s'ils continuent à faire ce qu'ils font actuellement, forcément le verger californien va diminuer en termes de surface. Et donc je pense que c'est une belle opportunité justement pour les acteurs européens, à commencer par Green Pods et d'autres, justement de battre. promouvoir et d'essayer de faire connaître aussi d'autres systèmes de production plus durables pour justement mettre en avant des pratiques et préserver nos écosystèmes.

  • Speaker #0

    La question suivante que j'ai voulu poser à Martin c'est est-ce que cette décision d'investir dans un système de production qui est beaucoup plus extensif, qui est plus résilient, moins gourmand en eau, moins gourmand en intrants mais peut-être moins productif, est-ce que c'est une décision stratégique à long terme en sachant que la culture de la moindre Productiviste, intensive, conventionnelle, elle commence déjà à atteindre ses limites.

  • Speaker #1

    Encore récemment, je parlais avec un industriel qui m'expliquait que lui avait pour habitude justement d'acheter ses amendes en Californie et qu'aujourd'hui, en fait, pour des considérations environnementales, mais aussi pour des... considération d'approvisionnement et de savoir est-ce que demain je pourrais continuer à acheter des amendes en fait c'est aussi très m'a dit moi j'ai besoin d'aujourd'hui de revoir complètement ma chaîne d'approvisionnement et j'ai besoin de diversifier et de travailler des approvisionnements plus locaux européens plus durable sur lesquels je sais que voilà sur dix ans sur quinze ans je vais avoir de la de la matière première disponible de qualité traçable et avec des gages justement environnementaux donc nous le projet green pods il s'inscrit totalement dans cette idée De relocalisation, mais l'idée ce n'est pas de relocaliser ce qui se fait en Californie, mais c'est de relocaliser en le faisant différemment. Et donc le faire différemment, c'est avoir une approche différente sur l'environnement, sur les sols, sur la biodiversité, sur l'usage de l'eau, sur les circuits de commercialisation. Voilà, de revoir un peu totalement l'échec, on va dire.

  • Speaker #0

    Super, là tu viens de nous faire la liste de toutes les choses qu'on doit aborder dans cette conversation, parce que maintenant qu'on a un peu établi le contexte et tout ça, on va essayer de creuser en profondeur dans votre système, dans ce que vous faites. Merci à tous. C'est un peu le but du podcast, et comme ça qu'on aborde les choses ici, c'est vraiment d'aller en profondeur dans les choses, de comprendre comment tout ça fonctionne. Et donc, allons-y peut-être. Avec plaisir. Nous, peut-être, en exploitation. Oui,

  • Speaker #1

    comme je te le disais en introduction, c'est une exploitation qu'on a reprise en 2021, en plein Covid quasiment. Et donc, on a 145 hectares au global sur la ferme, et on a planté aujourd'hui 64 hectares d'amandiers. Donc avec une plantation qui s'est réalisée en deux temps, en deux étapes. On a voulu commencer doucement à apprendre, puis conforter Ausha, on va dire. Tu es ici sur une des parcelles les plus vieilles, si je puis dire, de la ferme, qui a été plantée en 2022.

  • Speaker #0

    Donc il y a trois ans Il y a trois ans,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    C'est déjà des très beaux arbres, quoi.

  • Speaker #1

    C'est déjà des très beaux arbres,

  • Speaker #0

    oui. En plus, je suis... J'ai de la chance au niveau du timing parce qu'on est mi-mars et les amandiers viennent de commencer à fleurir.

  • Speaker #1

    Ils sont exactement en pleine période de floraison. Ici, sur une des variétés les plus précoces qu'on a sur la ferme, on a au total quatre variétés. Avec justement le choix de diversifier les variétés qui est dicté par une diversification des risques, notamment liés à la floraison. Parce que là, l'arbre est en fleurs, on est effectivement début mars. tu as toujours un risque potentiel de gel sur les fleurs et sur les petits fruits. Et donc l'idée, c'est de diversifier les calendriers de floraison à l'échelle de la ferme pour, en cas d'épisode un peu gélif, tu sais que tu as des variétés qui sont plus tardives et donc le risque est un peu différent. Donc tu es là au bon moment, on va dire. Et pour revenir effectivement sur la plantation de ces arbres, plantés en février 2022, ce sont des arbres qui ont grandi en pépinière, donc qui avaient un an quand ils sont arrivés. Ce sont des arbres qui sont greffés. qui sont greffés sur un porte greffe qui est un prunus, qui a la capacité justement de résister à un certain nombre de maladies, d'asphyxie racinaire, de toutes les contraintes que ton sol a sur l'exploitation. Si tu veux, dans l'ordre, la chose la plus importante, quand on monte un projet comme en arboriculture, c'est un projet, quand tu plantes ton arbre pendant 20 ans, 30 ans, t'es marié avec lui et tu peux pas le déplacer, c'est pas comme un champ de blé où année après année tu peux faire des ajustements. Là, il faut pas se tromper dès le début. Une des choses les plus importantes, je trouve, et sur laquelle on insiste vraiment chez Greenpod, c'est en amont des projets, c'est de faire ce qu'on appelle une phase de due diligence, d'analyse, très structurée et très profonde de tout notre environnement. A commencer par les sols, et donc c'est ce qui a dicté notamment le choix du porte-greffe. Mais on regarde aussi l'écosystème, l'hydro, le climat évidemment, tout ce qui se passe au niveau social, sociétal autour du projet. Tous les paramètres qui peuvent jouer sur la réussite de ton verger. Grosso modo, il n'y avait pas de red flag sur l'ensemble de ces paramètres. En revanche, il y avait évidemment des pistes d'amélioration et de travail où tu sais que tu vas mettre un accent à ce que je te disais, notamment sur les sols. Tu sais qu'il faut vraiment être vigilant et faire attention à améliorer justement la santé de ton sol. Un des enjeux aussi, je pense pour nous, c'est le risque, la partie gel, parce qu'on n'est pas en Espagne, on est plutôt, je pense, au nord de l'air de culture sur l'amandier. Et donc, tu as potentiellement un risque de gel sur fleurs, parce que l'amandier, c'est un des arbres qui fleurit le plus tôt, avec notamment la bricotier aussi, en France, qui fleurit le plus tôt dans la saison. Donc, tu vois, on est début mars. Voilà, ça reste une période assez... qui peut être compliquée, on va dire. On voit qu'il a été il y a 2-3 ans encore, donc on y reviendra. Mais tu vois, on a installé des moyens de protection aussi contre le gel. Ouais,

  • Speaker #0

    parce que là, si maintenant on est mi-mars, c'est déjà en fleurs. Si il gèle...

  • Speaker #1

    On suit en fait le développement phénologique de nos arbres, grosso modo depuis la mi-février, la fin février, on va dire, jusqu'au mois, mi-avril, fin avril. où tu vas suivre l'évolution de tes bourgeons floraux jusqu'à la nouaison. et donc la formation de petits fruits. Et en fait, le seuil de résistance au gel évolue au fur et à mesure du développement de la fleur et du petit fruit. On considère que sur fleurs aujourd'hui, ça peut geler jusqu'à moins 2, moins 3, la fleur va tenir. Donc en revanche, quand tu avances dans la saison et quand le petit fruit va commencer à se développer, là pour le coup, la sensibilité au gel sera beaucoup plus forte. et donc même à 0,1 tu peux avoir des dégâts dans ton verger. Donc en fait tu suis vraiment au fur et à mesure du développement de ton arbre et de ta fleur.

  • Speaker #0

    C'est vraiment quelque chose de clé j'imagine.

  • Speaker #1

    C'est clé, parce que si tu gèles sur fleurs derrière ta production, elle peut diminuer très fortement, donc en fait tu perds ton revenu sur l'année, parce qu'il ne faut pas oublier que dans l'agriculture c'est ta récolte. qui génère ton revenu, ton chiffre d'affaires. Donc si tu n'as pas de fleurs ou si tu n'as pas de fruits, tu n'as pas de récolte et tu as eu un an de coût d'entretien pour mettre de l'engrais, pour arroser, pour tailler, pour gérer tout le verger. Donc c'est la période critique, vraiment, hyper importante.

  • Speaker #0

    Une des clés de l'agriculture régénérative, de manière générale, c'est d'améliorer la résilience des systèmes. Dans ce cas-ci, on ne sait pas vraiment améliorer la protection au gel par le régénératif.

  • Speaker #1

    Sur le gel, je trouve qu'on n'a pas encore trouvé la bonne solution. Je trouve que c'est assez compliqué par le régénératif. La première chose à faire, c'est de diversifier les variétés et de travailler sur des calendriers de floraison qui sont adaptés au climat que tu as sur la ferme. Je reviens encore une fois à cette phase d'analyse en amont des projets. C'est celle-ci qui conditionne le choix de tes variétés. On a analysé, alors là on est sur une parcelle qui est plutôt plate, mais on a des parcelles qui sont un peu en coteau, donc qui descendent un petit peu. Parfois tu as des petits bas-fonds où tu sais que le froid, c'est des parties qui sont un peu plus gélives potentiellement, et donc tu sais que tu vas là mettre des variétés plutôt très tardives, alors que sur une zone moins gélive, tu peux te permettre d'avoir des variétés un peu différentes. Donc cette phase d'analyse, elle est super importante. Et cette diversification variétale, pour moi c'est une des premières étapes pour mitiger justement ce risque gel. Après, tu en as d'autres, mais plus d'ordre mécanique, avec des moyens de protection. Comme une tour avant, tu peux avoir des brûleurs à pellets par exemple pour chauffer. Tu as l'aspersion aussi, tu sais, où tu envoies de l'eau justement autour de ta fleur ou de ton petit fruit et qui crée une coque dure et qui protège contre le gel. Mais ça c'est plutôt des moyens, des outils que tu vas utiliser, qui sont disponibles, alors qu'on a coup, donc c'est toujours pareil.

  • Speaker #0

    Je me disais des brûleurs sur 65 hectares de...

  • Speaker #1

    Oui, ça fait beaucoup. Le verger,

  • Speaker #0

    ça fait beaucoup.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup. En fait, alors, brûleur, il y a deux outils un peu différents. Il y a ce qu'on appelle les bougies. Donc là, les bougies, c'est quelque chose que tu vas positionner sur ton rang d'arbre. avec des centaines de bougies par hectare. Et donc là, déjà, c'est un coût. Et puis, tu as un énorme travail humain, enfin de manutention, tu vois, pour poser les bougies, les allumer, les remplacer si ça gèle. Et puis, tu as les brûleurs. Et donc, le brûleur, mais je t'en montrerai un tout à l'heure. Le brûleur, pour le coup, nous, on l'associe avec une tour avant. Donc, tu en as une derrière toi. Et en fait, cet ensemble va protéger Grosso modo, entre 5 et 7 hectares d'un seul tenant. Tu sais que tu as un point à gérer qui va protéger 5 à 7 hectares. Le fonctionnement est assez simple. Tu as une tour qui fonctionne un peu comme un moulin. Un moulin avant, c'est une tour qui fait environ 18 mètres de haut, 18,50 mètres, avec des pales. Au-dessus, tu as deux pales qui tournent. Ces pales ont une rotation à 360 degrés, qui permettent de pivoter. tout le long du mât. L'idée, c'est de brasser des courants d'air pour homogénéiser la température de l'air. Il faut savoir que quand il fait froid, quand tu as un épisode de gel, sans qu'il soit trop extrême, on va dire, l'air chaud a tendance à rester en hauteur et l'air froid a plutôt tendance à descendre et à se mettre au niveau du sol. Et donc, l'idée, c'est justement d'homogénéiser ces courants d'air chaud et froid pour essayer de réchauffer la température ambiante. Ok. Donc... Quand la température commence à diminuer et à se rapprocher d'un seuil critique en fonction du développement phénologique de ta plante, on en parlait sur Fleur, il est plutôt autour de moins 3 degrés, tu vas déclencher et allumer automatiquement la tour, c'est un allumage automatique, pour que l'air ambiant puisse commencer à se réchauffer. Une tour seule, elle te protège jusqu'à moins 2, moins 3 degrés. Pas moins, donc il ne faut pas qu'il fasse moins 5 ou moins 7. Ça arrive pas ici Ça peut arriver. Normalement, ça n'arrivera pas sur Fleur ou autre, mais ça peut arriver. Et donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a installé en plus de la tour un brûleur. Alors, il n'est pas encore là, donc malheureusement, tu ne pourras pas le voir, mais qui arrive la semaine prochaine, un brûleur à pellets, où en fait, tu vas générer de la chaleur. avec ce brûleur en allumant tes pellettes de bois et en fait ça va permettre à la tour d'être beaucoup plus efficace dans la protection contre le gel puisque tu vas pouvoir protéger jusqu'à des températures à moins 5 degrés en couplant les deux donc ça c'est la première chose ça dépend de l'épisode de de gel et la deuxième c'est quand même que ça a un coût donc oui effectivement c'est 5-6 hectares mais derrière il faut qu'on imagine que cette tour avec le brûleur a un investissement d'environ 70 000 euros entre 70 et 80 000 euros d'installation. Et après, tu as un coût de fonctionnement, parce que malheureusement, la tour aujourd'hui, elle marche au gasoil. Le brûleur marche au pellet, pour nous. Et donc, tu as un coût de fonctionnement derrière qui est quand même assez important. Mais encore une fois, c'est un outil qui est dans le contexte actuel, on va dire, du changement climatique, des épisodes de dérèglement qui est quand même indispensable pour...

  • Speaker #0

    Ouais, en fait... Le coût, c'est un peu ta police d'assurance.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Parce que si tu as vraiment un gros épisode de gel au mauvais moment, tu perds tout, c'est énorme. Énorme.

  • Speaker #1

    Et on ne se rend pas compte de l'importance, parce que l'arboriculture, c'est hyper capitalistique. Je suis sûr qu'on en parlera tout à l'heure, mais sur les sujets de financement, c'est très lourd à porter. Tu as des coûts, même des OPEX, donc des coûts d'opération tout au long de l'année lourds. d'un point de vue taille, d'un point de vue engrais, fertilisation, protection maladie, etc. Donc, tu ne peux pas te passer d'une récolte. Ça impacte trop ton panel. Donc, en fait, c'est l'élément qui équivaut d'une certaine manière à une forme de police d'assurance.

  • Speaker #0

    Revenons un petit peu à nos amendes. Bien sûr. Combien d'arbres est-ce que vous plantez par hectare Quels sont les espacements Quelles sont les règles de base que vous devez respecter Alors,

  • Speaker #1

    en fait, il n'y a pas vraiment de règles de base à respecter. Tu as plein de modèles différents qui existent. Du modèle très intensif où tu auras 2000 arbres par hectare, où tu vas les conduire plutôt comme de la vigne, on va dire, ou plutôt comme des pommiers en arbres un peu palissés, vraiment effrutières. Ça, c'est le modèle le plus intensif. Et après, tu as des modèles beaucoup plus extensifs, comme ici d'ailleurs, où pour le coup, tu es autour de 285 arbres par hectare. Et donc, tu es sur un modèle où tu as... grosso modo 7 mètres entre tes rangées d'arbres et tu as 5 mètres entre tes arbres. Et nous on a fait ce choix-là parce qu'on considère que c'est le plus durable dans le temps, si je me projette encore une fois à horizon 15, 20, 30 ans, parce que le modèle super intensif il a certainement son intérêt au début parce que tu as une production qui est plus rapide et tu as plus de production tôt. les cinq, six premières années, alors que nous, la production est un peu plus lente au début, mais je pense qu'à long terme, encore une fois, c'est toujours cet arbitrage court terme, long terme, je pense qu'à long terme, on va être gagnant. Et donc ça, c'est le premier objectif, c'est la notion de durabilité du système. Et puis, on est dans un climat, donc à côté de Toulouse, où tu as une humidité relative qui est assez importante au printemps. Alors là, tu viens, il ne fait pas très beau, mais effectivement, tu as un enjeu quand même, surtout quand tu es en bio, tu vois, de contrôler tes maladies ou tous tes agents pathogènes. Et l'ennemi, on va dire, du bio, c'est l'humidité, parce que dans un environnement humide, les maladies, elles ont tendance à se développer, à se fixer et donc à abîmer tes arbres. Donc nous, on considère qu'en aérant le verger, en apportant justement du... de la place entre les arbres, on permet à l'air de circuler et donc aux arbres de sécher et de limiter, on va dire, cet environnement favorable aux maladies. Donc voilà, c'est la raison pour laquelle on essaye d'espacer nos arbres et puis de travailler plutôt sur la formation de l'arbre pour en faire un arbre, un bel arbre. Tu vois, un peu la construction de l'arbre, on pourrait y revenir, où tu construis un peu l'arbre par étage. Tu vois, quand on l'a planté, je te disais, ils avaient un an, ils sortaient de la pépinière. On les a reçus, on les a plantés et en fait on les a taillés, c'est ce qu'on appelle un sion. Donc on a planté un sion qu'on a taillé environ à 90 cm au-dessus du sol. Et donc on avait vraiment une brindille, on va dire, unique. Et cette première taille qu'on a faite à la plantation, au mois de février, elle a permis à l'arbre... de recréer des branches latérales au niveau du point de coupe. Elle en a créé, il y en avait certainement autour d'une petite dizaine. Et ce qu'on a fait en fin d'année, on a planté en février et au mois de décembre de l'année, on a sélectionné trois à quatre, selon les arbres, branches qui vont structurer l'arbre, ce qu'on appelle des charpentières, et qui vont permettre la formation de l'arbre. Donc là, tu vois, il y en a trois sur celui-ci. Ah et à partir de celle-ci on va vraiment essayer de construire l'arbre par étage pour apporter en fait un maximum de lumière dans l'arbre parce que la lumière c'est ce qui permet de faire des fruits, il faut éviter d'avoir trop de bois parce que le bois tu vois c'est pas ça qui va te donner des fruits donc tu vois là tu retrouves cette idée d'étage où en fait l'année suivante on a refait une taille manuelle ici ce qui a reforcé l'arbre à refaire des branches latérales, etc. Et donc, tu construis un peu ton arbre comme ça par étage. Et là, tu vois, tu as un puits de lumière au milieu qui te permet d'aller justement générer de la fleur, tu vois, vraiment sur l'ensemble de ton cercle au milieu de l'arbre.

  • Speaker #0

    Ça demande un gros travail de taille chaque année

  • Speaker #1

    Tu as pas mal de travail. En fait, tu as deux types de taille. Tu as une taille manuelle où tu vas vraiment former l'arbre, justement, un travail de formation. Alors... Sur des jeunes arbres, ça se fait assez bien parce que le bois est assez tendre. Tu vois, c'est des rameaux qui sont relativement souples, donc ils se taillent assez bien au sécateur. Donc aujourd'hui, on fait une taille manuelle chaque année. Et puis par ailleurs, on fait des tailles mécaniques au lamier, donc vraiment mécanisé, tracteur, où pour le coup, on fait ce qu'on appelle un topping. Donc on vient tailler et mettre un coup de barre de coupe sur le haut de la canopée. le haut des branches, pour justement forcer l'arbre, tu as un bon exemple ici, pour forcer l'arbre à générer des rameaux horizontaux, et retrouver cette notion, encore une fois, d'étage, qui est hyper importante. On voit ici le... le trait de coupe et la formation de céramo. Et ça, pour le coup, on en fait une à deux fois par an. En général, on fait une taille en vert au mois de juin pour forcer l'arbre justement à se structurer, on va dire. Et puis après, quand l'arbre vieillit, on n'est pas concerné aujourd'hui, tu fais des tailles manuelles aussi pour éclaircir à l'intérieur, enlever des bois morts et travailler un peu ton...

  • Speaker #0

    Rappelle-moi, combien d'hectares, combien d'arbres au total par hectare et tout ça Écoute,

  • Speaker #1

    on a 285 arbres par hectare et on a environ 20 000 arbres. Grosso modo, 20 000 à 25 000 arbres qui ont été plantés. Donc, il y a eu un peu de boulot. Heureusement, la plantation, elle est mécanisée. Donc, tu ne plantes pas arbre par arbre à la main. Ça se fait plutôt bien. C'est un chantier, tu vois, qui a duré à chaque fois entre 4 et 5 jours, on va dire. Tout se fait au GPS. pour que les lignes soient vraiment droites et que les distances soient respectées parce que derrière ça conditionne le travail d'entretien et de récolte.

  • Speaker #0

    Oui, je vois que ce sont de belles lignes ici, on a des lignes parallèles. Mais si on regarde de côté, il y a aussi en biais comme ça des lignes.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, les arbres sont plantés en quinconce. Effectivement, tu vois là, tu as deux arbres et tu en as un au milieu. L'idée, c'est d'apporter un maximum de lumière. Parce que ce qu'il faut que tu imagines, c'est dur, il faut se projeter, mais là les arbres sont encore petits, demain ils vont presque se toucher. Enfin demain dans quelques années. Ah oui,

  • Speaker #0

    donc ça va encore grandir beaucoup Beaucoup, oui. Ça va faire des très beaux arbres Oui,

  • Speaker #1

    ça va faire des très beaux arbres.

  • Speaker #0

    Et donc là, vous récoltez déjà des amandes sur ces arbres Oui,

  • Speaker #1

    on a fait une première récolte manuelle l'année dernière, donc en septembre 2024.

  • Speaker #0

    assez symbolique on va dire.

  • Speaker #1

    Manuel ça va être bien.

  • Speaker #0

    Ouais, c'était un peu de travail, mais c'était assez agréable parce que ça vient quand même récompenser un peu le travail en amont. On va récolter un peu plus de 800 kg sur l'ensemble de la ferme, donc c'est rien, parce que l'objectif à terme, c'est de produire autour de 50 à 60 tonnes d'amandes. Et cette année, donc en 2025, on va faire notre première récolte mécanisée, où pour le coup, on a un objectif entre 2 et 3 tonnes. de récolte. Et là, si tu veux, la récolte, c'est un peu comme pour l'olive. Tu viens, tu vibres l'arbre et les amandes tombent soit dans un parapluie, comme un parapluie que tu prends à l'envers. Et après, tu les mets dans une remorque et après, tu les ramènes à la ferme pour traiter, les nettoyer, enlever l'enveloppe verte que tu peux avoir autour.

  • Speaker #1

    Et ça, ça ne fait pas du tout de mal à ton arbre, le fait de le secouer comme ça

  • Speaker #0

    Alors, il faut faire attention justement au réglage de ta machine. Et tu vois, c'est aussi pour ça que sur des jeunes arbres, on ne l'a pas fait cette année, on l'a été en manuel, parce que tu veux aussi préserver un peu, évidemment, la santé de ton tronc pour ne pas abîmer l'arbre. Mais les modèles aujourd'hui sont suffisamment éprouvés pour être certain que ça n'abîme pas de manière définitive. Ça, ça se fait bien.

  • Speaker #1

    Et donc, pour avoir une petite idée, à ce stade-ci, sur un arbre comme ça, tu récoltes combien

  • Speaker #0

    Écoute, nous, l'objectif, ce serait de récolter autour de 5 et 7 kilos d'amandes cassées. Donc, moi, quand on parle de rendement, en tout cas sur l'amande, on raisonne en amandons, donc vraiment le fruit que tu consommes. En sachant que tu as, en fait, quand tu récoltes l'amande, tu as deux coques autour de l'amande. Tu as une coque verte, tu sais, comme pour la noix, c'est peut-être plus commun. On achète souvent des noix avec la coque verte, ce qu'on appelle une gove, qu'on enlève au champ, qu'on enlève à la ferme et qu'on remet dans le champ, c'est de la matière organique. Et après, tu as la coque dure, et que là, on fait casser dans une casserie, pour enlever cette coque dure et donc récupérer l'amandon. Et donc, en fait, quand tu... récolte ce que tu as dans ta remorque, il faut que tu enlèves beaucoup de poids pour avoir les kilos d'amandons à consommer en équivalent. Ouais. Donc, il faut avoir la vision finale, et la vision finale, c'est autour de 5 à 7 kilos par arbre. Il faut savoir qu'en bio, évidemment, la matière azotée, le plus important, c'est de ramener de la matière animale, donc du fumier, et donc il faut en trouver. Nous, c'est un peu le challenge aujourd'hui. justement de créer des partenariats avec des éleveurs. Donc on en trouve quand même. Et c'est un peu la première étape de notre plan d'amendement et de fertilisation. Tu vois, sur une plantation comme celle-ci, on apporte environ 10 à 12 tonnes de fumier de cheval chaque année. Par hectare.

  • Speaker #1

    Par hectare,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc tu vois, là, tu l'as ici. Donc ça, c'est du fumier de cheval qu'on a apporté, qu'on a épandu il y a quelques semaines, on va dire au début du mois de décembre, même quelques mois du coup. Donc ça, on l'épand... uniquement sur le rang. Je te montrerai la machine avec laquelle on fait ça. C'est grosso modo un tapis, si tu veux, qui projette le compost uniquement sur le rang. Donc ça, c'est plutôt bien.

  • Speaker #1

    Pour être sûr de concentrer la question vraiment là où se trouvent les racines de l'arbre.

  • Speaker #0

    Exactement. En sachant qu'aujourd'hui, tu es encore sur un arbre qui est assez jeune, donc tu as un système racinaire qui est assez concentré au pied de l'arbre. Si tu reviens dans 5 ans, il faut que tu imagines que les racines de l'arbre, si tu veux, viendront quasiment carrément dans l'allée et viendront jusqu'à la moitié, à 2 mètres de l'arbre. Ça, c'est un point important. Et par ailleurs, on fait aussi, d'un point de vue amendement, on fait des apports de déchets verts, donc de déchets végétaux, pour apporter vraiment de la matière carbonée. Donc on l'a fait beaucoup, notamment au moment de la plantation, où on a apporté environ 20 tonnes hectares. Et là, pour le coup, on a fait un apport essentiellement dans les allées, tu vois, entre les arbres, en considérant que c'est de la matière carbonée qui va mettre du temps aussi à se minéraliser. Donc ça, c'est vraiment la partie amendement qui est importante. Donc ça, c'est un travail qu'on fait essentiellement pendant l'hiver. Et après, on a un plan de fertilisation entre la fin mars. et la fin juin où pour le coup on va apporter deux types d'engrais, de l'engrais solide, donc là c'est essentiellement du granulé, si tu veux qu'on va pareil. apporter en localisé au pied de l'arbre. Donc là, je te montrerai aussi la machine qui est intéressante, parce que tu as des radars, si tu veux, qui détectent les arbres et qui permettent justement d'apporter uniquement au pied de l'arbre une concentration de granulés. L'objectif sur la saison, c'est d'apporter, aujourd'hui sur les arbres comme ça, autour de 120 unités d'azote, entre le mois de mars et le mois de juillet. Et donc, les apports en solide sont intéressants, mais nous, on les complémente avec de l'apport liquide. par l'irrigation. Donc si tu veux, on a la capacité d'apporter, je te montrerai au niveau des stations d'irrigation, on a donc des stations d'injection où on injecte directement nos produits de fertilité dans l'irrigation et donc c'est du liquide, ce qui a pas mal d'intérêt en fait. Le premier, c'est que c'est très facilement assimilable par l'arbre et par la plante. Et c'est tout de suite assimilable. Un engrais solide, il faut attendre qu'il se décompose, il faut qu'il pleuve. Donc ça peut prendre un mois, deux mois, trois mois. avant que la plante tire tous les bénéfices de ce ferti. Alors que sur du liquide, c'est immédiat. Tu fais un apport et presque une semaine après, tu peux voir un verdissement de tes feuilles, tu peux voir un impact. Donc ça, c'est sympa, c'est intéressant. Par ailleurs, tu évites aussi de tasser tes sols en passant avec des machines lourdes pour apporter ton ingrès solide. Là, ça se passe à la station et ça part direct. dans les différents secteurs. Et le troisième élément, c'est que tu gagnes aussi du temps parce que tu as un seul point d'injection et donc tu évites de passer des heures à traverser ton verger. Donc, mis bout à bout, c'est une solution qui est intéressante. Qui est un peu plus chère en revanche, mais qui est intéressante.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un système d'irrigation partout sur l'exploitation. Donc, au pied de chaque arbre, de chaque ligne, j'imagine qu'il y a une ligne d'irrigation qui passe.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu as deux lignes même. Deux lignes par arbre Oui, on travaille avec deux lignes de goutte à goutte. C'est du matériel Netafim, matériel israélien, qui est le matériel de pointe pour l'irrigation de goutte à goutte, ou irrigation de précision. L'idée pour nous, c'était d'avoir deux lignes de goutteur de pareille d'autre des arbres pour travailler sur le développement d'un bulbe racinaire homogène, si tu veux, de pareille d'autre de l'arbre, pour garder quelque chose d'équilibré, pour éviter que ça ne se développe qu'à droite, en fonction de où tu as mis ton goutteur.

  • Speaker #1

    Parce que typiquement, la ligne passe d'un côté de l'arbre à quelques centimètres et donc du coup apporte plus d'eau d'un côté que de l'autre.

  • Speaker #0

    Potentiellement, voilà exactement. Alors que si tu veux, nous aujourd'hui, donc tu as l'arbre et en fait, on a tiré des lignes de goutteur environ à 1 mètre 50, 1 mètre de part et d'autre de chaque arbre. Tu vois, la ligne de goutteur, si tu veux, elle est à ce niveau-là. Et tu as la même de l'autre côté. Voilà, ce qui permet d'équilibrer, d'anticiper le développement racinaire en latéral. Oui. Parce que, encore une fois, demain, les racines, elles sont là. Elles ne seront plus uniquement là. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Parce que j'imagine qu'au moment où tu plantes ton petit arbre, à un mètre, tu es quand même assez loin. Voilà, exactement. Mais tu penses au futur en disant, à un moment donné, les racines vont se développer, il faut que je ne sois quand même pas trop proche de...

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, exactement. Non, c'est exactement ça. Et donc, et là, on est avec du goutte-à-goutte enterré. Pour la petite histoire, au début, on avait un système où nos tuyaux de goutte-à-goutte étaient posés au sol, simplement. Et en fait, en bio, la gestion... de l'enherbement était devenue quelque chose de trop compliqué. Et donc, on a pris la décision d'enterrer l'égoutteur. Ça a aussi certainement ses inconvénients, parce que tu vois moins facilement si tu as un petit pépin, une fuite ou quelque chose, c'est quand même moins accessible et tu ne le vois pas tout de suite. Mais l'avantage, encore une fois en bio, c'est que tu peux contrôler facilement ce qui se passe au niveau du sol. Tu limites l'évaporation aussi de tes apports en eau. C'est directement dans le sol. Oui, ça c'est important. L'herbe en profite moins. Donc voilà, c'est directement pour l'arbre, donc tu fais des économies d'eau. Et donc les lignes de goutteurs, elles sont enterrées, grosso modo, à 30 cm, 35 cm sous la surface du sol.

  • Speaker #1

    Ok, c'est un système ici qui est encore assez jeune. Ouais. J'imagine qu'il y a encore une grosse marge de progression pour le rendre de plus en plus résilient et régénératif. Est-ce qu'il est possible à un moment donné d'avoir un sol, d'avoir un système qui capte suffisamment d'eau dans les périodes plus pluvieuses que pour pouvoir se passer d'irrigation à un moment donné

  • Speaker #0

    Écoute, ça paraît compliqué. Je pense qu'il faut plutôt essayer de travailler. Il faut essayer de mettre en place plusieurs solutions qui, chacune à leur échelle, vont permettre d'améliorer la rétention en eau du sol, mais sans que ça devienne non plus trop d'eau dans le sol, parce que l'amandier, comme beaucoup d'arbres fruitiers d'ailleurs, peut souffrir de ce qu'on appelle l'asphyxie racinaire. Et donc quand tu as un sol qui est trop hydromorphe, qui a une capacité de rétention en eau trop importante, l'amandier va passer des heures les pieds dans l'eau. et en fait il va mourir. Donc il faut trouver le juste milieu justement entre la rétention en eau. mais aussi de la bonne circulation et de l'infiltration. Je pense que quand on parle de régénératif, la chose la plus importante, c'est certainement le couvert végétal, qui permet quand même de travailler sur la perméabilité et la porosité de ton sol avec le système racinaire. Ici, on avait un couvert qui était en févrole et en avoine, avec justement une association graminée et légumineuse. Et l'objectif avec l'avoine, c'était justement de travailler avec un système racinaire très profond, de travailler sur la porosité et l'infiltration de l'eau dans le sol, pour justement gagner de la rétention. Donc pour moi, ça c'est une des premières solutions que tu peux assez facilement mettre en place. Tu sèmes des couverts, tu le travailles. Et après, on fait un test aussi en ce moment avec une société qui produit du biochar. Donc le biochar, c'est de la matière végétale qui est pyrolysée. Pour simplifier un peu la chose, on pourrait dire que c'est un peu du charbon végétal et qui justement joue un peu ce rôle d'éponge dans le sol et si tu veux, se gorge d'eau quand il pleut et ensuite redistribue, redonne l'eau petit à petit au sol. Et donc voilà, joue un peu ce que tu viens de dire, et une solution en tout cas pour essayer de garder l'eau quand il pleut et de la redistribuer ensuite aux arbres. Donc on a un petit essai nous sur 2000 m² avec une société qui s'appelle Novocarbo. une startup allemande. C'est trop récent pour te dire ça marche, ça marche pas. C'était seulement il y a un an au moment de l'implantation en 2024. Mais je pense que c'est quelque chose qu'il faut creuser, au même titre que beaucoup d'autres solutions, pour justement essayer d'améliorer les cycles.

  • Speaker #1

    Je pose la question, et j'insiste un peu sur ce sujet-là, parce que je sais qu'à terme, on risque d'avoir pas mal de problèmes avec l'eau. Tu mentionnais la... production de l'amande en Californie, qui est extrêmement gourmande en eau, en irrigation, qui vient des nappes phréatiques. Il y a une limite à tout ça à un moment donné. Et donc, j'imagine que dans la vision long terme de votre exploitation, être capable de pouvoir résister à des problèmes d'eau et d'avoir...

  • Speaker #0

    C'est clé. En fait, c'est clé. Nous, déjà, sur la ferme, si tu veux, la ressource en eau, c'est de l'eau de surface. On n'est pas en train de puiser dans les nappes phréatiques, dans l'eau, dans le souterrain. On bénéficie d'un fleuve qui s'appelle la Garonne, qui est un des plus grands fleuves en France, avec une gestion durable du système hydrique. Tu as un canal qui s'appelle le canal de Saint-Marthory, qui est un ouvrage de Napoléonien, c'est Napoléon III qui a construit ce canal, et qui permet de capter les excédents d'eau de la Garonne pour irriguer 10 000 hectares. sur le bassin toulousain, avant que l'eau revienne dans la Garonne. C'est un modèle qui est très durable, qui est géré publiquement, encore une fois, c'est important. Ça, c'est le premier élément. Et le deuxième élément, sur la durabilité de la disponibilité en eau dans le temps, en fait, nous, si tu veux, en travaillant avec un amendier, on a choisi de travailler sur une essence méditerranéenne par excellence, qui résiste très bien. à des épisodes de sécheresse, à des épisodes où il fait très chaud et où il ne pleut pas. En fait, l'arbre en tant que tel, c'est ce qu'on appelle un arbre plastique, c'est-à-dire qu'il ne va pas forcément souffrir d'un manque d'eau pendant de longues semaines, pendant quelques semaines ou quelques mois. Ce qui va en revanche, évidemment, en pâtissière, c'est la production de fruits. Mais si je regarde l'arbre, l'actif arbre, il va être hyper résistant dans des épisodes de sécheresse. Donc, c'est quand même pas mal. Si effectivement tu as une année qui est compliquée et où tu n'as pas les autorisations que tu pensais avoir sur la capacité d'irrigation, en fait ton arbre l'année d'après il sera toujours là déjà, alors que ce n'est pas le cas sur d'autres filières fruitières. Et il s'adapte bien, il s'adapte très bien.

  • Speaker #1

    Ok, trop bien. Tu mentionnais les couverts végétaux, on peut peut-être en parler un peu. Ici pour l'instant il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Oui, ici, on n'a pas ressemé en couvert d'hiver cette année, parce qu'on a fait nos travaux d'irrigation, on a enterré justement les goutteurs. Et donc, en fait, le fait de faire ce travail, si tu veux, il y a eu beaucoup de machines, donc on avait décidé de ne pas mettre de couvert cette année, exceptionnellement. Mais tu verras tout à l'heure sur les parcelles plus récentes, pour le coup, on a travaillé sur une association légumineuse graminée, environ 65 kg hectares de chaque, un peu moins. Avec l'idée d'avoir une approche un peu double sur la structuration de ton sol, en sachant que l'historique maïs conventionnel a quand même eu cet inconvénient de tasser les sols énormément. Tu avais une belle semelle de labour, donc il y a un enjeu pour nous de décompacter. Et donc, je pense que le choix de l'avoine est bon de ce point de vue-là, justement. Et on l'a couplé avec une légumineuse, donc la févrole, qui permet de capter, de ramener de l'azote, donc en captant effectivement de l'azote atmosphérique. Donc ça, c'est quelque chose de très bien. L'idée, c'est les 4-5 premières années, c'est de travailler sur des couverts végétaux non permanents, on va dire. Donc tu vois, chaque année, on va réimplanter un couvert. On va pouvoir aussi selon comment le sol se comporte adapter les essences qu'on y met. Mais l'idée au bout de 5-6 ans c'est d'avoir un couvert permanent sur l'ensemble du verger. Pour le coup. Permanent Oui permanent. En fait permanent parce qu'on considérera si tu veux que gros des travaux déjà d'installation du verger auront été faits. Tu vois l'irrigation, la plantation etc. On considérera que le système racinaire des arbres sera suffisamment développé pour éviter justement la concurrence entre ton couvert et ton arbre. C'est quelque chose où il faut rester quand même vigilant. Tu parlais de l'eau notamment, mais tu vois, les premières années, nous, on a eu des sujets justement parce qu'il y avait trop d'herbes au pied des arbres. Et en fait, ces adventices dont on ne voulait pas forcément, en fait, pompaient beaucoup d'eau au détriment de l'arbre. Et donc, on avait des partes de croissance au niveau de l'arbre et qui n'étaient pas forcément cohérentes avec ce qu'on voulait faire. Donc voilà, au bout de cinq, six ans, ton arbre est suffisamment replanté, donc tu peux vraiment couvrir de manière permanente. Tu vois, aujourd'hui... Le système qu'on a choisi, c'est de nettoyer le sol sur un mètre, on va dire, sur le rang d'arbre. Ça, c'est quelque chose qui est assez important. Les premières années, encore une fois, quand le système racinaire est peu développé, et après, on en arbera 100% du verger.

  • Speaker #1

    En dessous des arbres aussi En dessous des arbres aussi.

  • Speaker #0

    Alors après, les arbres prendront de l'envergure, tu auras de l'ombrage. Donc, en fait, finalement, tu auras moins de croissance au niveau du sol parce que ce sera beaucoup moins lumineux.

  • Speaker #1

    Oui, ok.

  • Speaker #0

    Plus abragé.

  • Speaker #1

    Déjà, ici, ce matin, tu m'as montré des images de cette parcelle ici. En tout cas, ici. Et je voyais ces couverts vraiment haut, magnifiques.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    Et puis tu avais plein de coquelicots au pied des arbres. C'était super coloré. Peut être que tu peux me filer des images que je vais mettre dans la vidéo comme ça les gens pourront s'en prendre quand le couvert est vraiment...

  • Speaker #0

    Avec plaisir, c'est vrai qu'on a eu des scènes, c'était super joli. On était au mois de mai et effectivement, le couvert, c'était très bien implanté, déjà de une. Et de deux, sur le rang, on avait effectivement pas mal de coquelicots. C'était très joli.

  • Speaker #1

    Et vous faites quoi avec votre couvert

  • Speaker #0

    Le couvert, en fait, pour nous, il n'a aucune vocation commerciale ou alimentaire, d'un point de vue humain, je veux dire. Il est purement pour les sols. pour l'écosystème. On a travaillé jusqu'à maintenant sur des couverts plutôt d'hiver. On a implémenté qu'on sème au début du mois de décembre, fin mi-novembre même cette année. L'idée c'est de le laisser se développer pendant l'hiver, de s'installer, de lui laisser de la croissance sur la partie printemps, avec des beaux mois de croissance, mois de mars, avril. Et en fait, courant du mois de juin, On va le détruire. Alors, on va le détruire, en fait, l'idéal. Jusqu'à maintenant, on le broyait. Et donc, si tu veux, le résidu végétal restait vraiment au niveau des sols, dans les allées. Ça apportait beaucoup de matière organique. Ça permettait de limiter aussi l'évaporation pendant les mois d'été, qui sont des mois secs. Et cette année, on va essayer justement de les rouler pour les détruire, mais sans casser toutes les fibres. Et donc, tu passes ce qu'on appelle un rouleau FACA, qui te permet justement de coucher ton couvert et de le détruire.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est quelque chose qui est assez important je pense pour stabiliser aussi tes sols et participer un peu à la restructuration et à la régénération.

  • Speaker #1

    Comme je l'avais annoncé en intro de cet épisode, il y a un deuxième interlocuteur dans cet épisode, c'est Clément, le chef d'exploitation de la Granja. Donc là je suis avec Clément qui est le chef d'exploitation ici à la Granja, donc un peu le chef d'orchestre, c'est ça

  • Speaker #2

    Exactement, oui bonjour. Raphaël, voilà donc chef d'orchestre, on peut dire ça comme ça, chef d'exploitation, je m'occupe de toutes les opérations culturales et de la gestion globale de l'exploitation sur place.

  • Speaker #1

    Super, je voulais profiter de t'avoir sous la main pendant quelques minutes pour te poser quelques questions un peu techniques. On a déjà pas mal discuté avec Martin de tout ce que vous faites ici mais il y a une question qui me taraudait un peu, c'était de savoir quels sont les... Les mesures, les études, les analyses que vous avez faites au début, quand vous avez commencé l'exploitation il y a 4 ans, et quels ont été les résultats de ces études-là On n'est pas obligé de me donner le détail ultra-technique, mais en tout cas les grandes lignes, et puis surtout, comment est-ce que ça a évolué En 4 ans, c'est pas super long, mais peut-être qu'il y a déjà eu des résultats, donc je suis curieux de savoir plus sur tout ça.

  • Speaker #2

    Oui, très bien. Alors, on travaille avec Genesis. Au moment du rachat de cette ferme, ils sont venus faire des analyses de sol complètes et on a eu un résumé global de l'état des sols, donc à T0. Le résultat de toutes ces analyses, de toutes ces mesures, c'était qu'on était sur des sols érodés, des sols dégradés, très peu de matière organique, des sols assez tassés. Chaque année, on refait des mêmes mesures avec ces mêmes personnes et on se rend compte, on a eu les résultats sur toutes les analyses de 2024 et on voit que on est dans la gradation des sols d'année en année. Donc, les indicateurs qui sont en augmentation et qui deviennent de mieux en mieux, c'est le taux de matière organique dans les sols. le ratio carbone sur azote de cette matière organique là. On a des indicateurs de capacité d'échange cationique qui sont aussi mieux. Donc c'est la CEC du sol, on va dire que c'est la capacité du sol à retenir les éléments qu'on lui apporte ou qui sont minéralisés à l'intérieur de celui-ci. Donc ça c'est les principaux éléments.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux me donner des chiffres

  • Speaker #2

    Alors au départ on était à un... 1,5% de matière organique au moment de l'entrée dans les lieux. Et là, on tend vers les 2% déjà sur certaines parties. A savoir qu'on a une très grande hétérogénéité dans nos parcelles, avec une granulométrie qui n'est pas pareille, un relief qui change un peu, et notamment le pourcentage de terre fine dans nos sols qui diffère énormément. On a des zones avec beaucoup de cailloux, des zones avec moins de cailloux. Ces zones avec beaucoup de cailloux sont peut-être un peu moins fertiles, mais on gagne au niveau du tassement des sols, puisque les particules comme des cailloux permettent de structurer le sol un peu mieux au niveau du tassement. Ça, ça nous aide bien. Au niveau des chiffres matière organique, au niveau de la CEC, on a gagné un point de CO6, ce qui est énorme. Et après, il y a une autre dimension aussi dans l'analyse d'un sol, c'est l'analyse plutôt physique. qui est faite avec des profils de sol. Donc on en fait régulièrement et on voit qu'on a plus de semelles de labour, on a des horizons qui sont assez noyés l'un dans l'autre, on va dire. On n'a pas des horizons qui sont identifiables, mais on voit que les horizons sont assez diffus, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, et ça veut dire quoi ça

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'on tend vers une verticalité dans nos sols, un bon fonctionnement de celui-ci, et des bons transferts d'eau, d'oxygène et d'éléments minéraux de la surface vers la profondeur.

  • Speaker #1

    Et comment tu expliques ces résultats Donc quand même une amélioration considérable de matière organique en seulement 3-4 ans Exactement. Tu parlais du CEC, peut-être que tu peux aussi m'expliquer un peu plus en détail ce que c'est, parce que je ne connais pas.

  • Speaker #2

    D'accord, alors la CEC, on va dire que c'est le frigo du sol. Le frigo, comme à la maison, qu'est-ce qu'on fait On stocke des aliments, on ouvre. Et on va dire que la CEC, au plus elle est grande, au plus notre frigo est grand. Si on a une petite CEC, c'est un petit frigo d'appartement. Et si on a une grande CEC, ça veut dire qu'à la maison, on n'a pas un petit frigo, mais on a un frigo américain, double porte. Et donc à l'intérieur de celui-là, on ne peut plus stocker. Et au plus on peut stocker dans un sol, au mieux c'est. Ça veut dire que les apports qu'on fait annuellement, ils vont pouvoir être stockés à l'intérieur de celui-ci sans être lixiviés, sans être perdus dans la nappe phréatique.

  • Speaker #1

    Et donc pour revenir à ma question, comment est-ce que tu expliques tous ces résultats assez impressionnants en seulement trois ans

  • Speaker #2

    Alors on explique ces résultats par plusieurs leviers qu'on a mis en place. Premièrement, c'est beaucoup d'apports de matière végétale, matière organique. Deuxième élément, c'est le non-travail du sol. Et le troisième élément, c'est les couverts végétaux.

  • Speaker #1

    Ok, on peut peut-être en parler un par un. Donc l'apport de matières organiques et tout ça.

  • Speaker #2

    L'apport de matières organiques, c'est des apports qui permettent d'augmenter notre bilan humique, d'avoir un bilan humique positif, c'est-à-dire que toutes les exportations qu'on fait dans nos cultures soient compensées par des apports. Donc ça, c'est vraiment l'augmentation de la matière organique. et c'est des apports avec des matériaux avec un C sur N assez élevé pour avoir une dégradation lente dans le temps, étant donné qu'on a une faible capacité de rétention de minéraux, c'est la CEC, on vient d'en parler. Donc voilà, fumier et déchets verts. Le deuxième levier qu'on a mis en place, c'est... Le non-travail du sol dans nos vergers, c'est la culture pérenne aussi qui facilite tout ce travail, puisqu'une fois que les arbres sont plantés, on n'a plus besoin d'intervenir. Mis à part, si on voit que les tracteurs avec les passages répétés tassent le sol, on peut passer pour décompacter un peu. Mais sinon le non travail du sol il est bénéfique puisque on mélange pas les horizons du sol, on laisse le sol se stabiliser, se structurer tout seul et et donc il y a toute une vie, tout un système qui se met en place qui va être bénéfique dans les années à venir.

  • Speaker #1

    Et alors troisième partie on parlait découvertes, on peut peut-être même se rapprocher un peu des couverts ici derrière, on peut en parler directement donc ici Je décris pour ceux qui écoutent la version audio et qui ne voient pas la vidéo, on a des rangées d'amandiers qui sont espacées chacun entre 5 mètres, c'est ça Et 7 mètres entre les rangées. Donc au milieu de ces rangées de 7 mètres, on a un magnifique couvert. Tu peux nous expliquer de quoi est-il

  • Speaker #2

    Alors c'était un mélange d'avoine et de févrole. Donc deux espèces différentes qui vont être complémentaires dans leur cycle végétal. L'avantage de l'avoine, ça va être un chevelu racinaire qui va pénétrer en profondeur, même dans les endroits un peu tassés, avec aussi un apport de matière sèche conséquent. Et la deuxième espèce c'est la fèvreole, donc une légumineuse autonome en azote avec un système racinaire qui est complètement différent de l'avoine. C'est plutôt un pivot qui va aussi travailler en profondeur.

  • Speaker #1

    C'est bien pour décompacter.

  • Speaker #2

    Exactement, et beaucoup de matière sèche aussi.

  • Speaker #1

    Beaucoup de matière sèche.

  • Speaker #2

    Beaucoup de matière sèche, oui. Le végétal est très dense sur la fèvreole. Donc voilà, on va essayer d'amener cette... plante donc jusqu'à la fin de son cycle pour avoir un reliquat très riche en carbone. La fèvrole n'est pas la plante la plus riche en carbone mais quand même on va essayer d'avoir de la lignine et donc de la détruire le plus tard possible donc fin juin ou début juillet.

  • Speaker #1

    Ok, vous détruisez comment

  • Speaker #2

    Alors soit on va le rouler soit on va le broyer.

  • Speaker #1

    Le but est de laisser la matière sur place pour qu'elle se décompose et qu'elle nourrisse le sol.

  • Speaker #2

    Voilà la matière sur place. place, plante entière le mieux pour qu'elle se décompose lentement.

  • Speaker #1

    Ok, génial. Un tout grand merci pour ces informations complémentaires qui sont vraiment top. Courage pour la suite, en tout cas le travail que vous faites est génial, donc continuez comme ça.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Raphaël, à bientôt.

  • Speaker #1

    Donc voilà, je referme cette petite parenthèse super intéressante avec Clément et je reviens à ma conversation avec Martin et dans ce passage suivant, on discute des outils de mesure qu'ils utilisent pour mieux piloter la ferme au jour le jour. Je vois que tu as un petit appareil ici au pied de ton arbre. Tu peux peut-être nous expliquer de quoi il s'agit Oui,

  • Speaker #0

    carrément. La partie mesure de données est hyper importante sur la ferme, et notamment sur l'irrigation et toute la partie météo. On travaille depuis quelques années avec une société qui s'appelle Winat pour justement la collecte de toutes ces données. Et donc ici, ce que tu as ici, c'est ce qu'on appelle une sonde capacitive qui vient mesurer dans le sol. l'humidité de ton sol à différents niveaux de profondeur. Ce qui est toujours compliqué, c'est que là, tu vois, tu as l'impression que ton sol, en grosso modo, il a pris la plume et il est relativement humide. Mais en fait, quand tu vas regarder ce qui se passe à 20 à 40 cm, ça peut être totalement différent. Et donc, cette sonde capacitive, elle mesure en gros 60 cm et elle mesure l'humidité tous les 15 cm, donc à différents niveaux de profondeur. Ça nous permet de piloter au mieux notre irrigation, en essayant d'être le plus lisse possible dans les courbes d'humidité. L'idée, c'est d'éviter d'avoir des mouvements un peu trop erratiques, mais plutôt d'homogénéiser les courbes. Et donc de piloter, d'être… De faire des économies d'eau, pour ne pas mettre trop d'eau. Surtout qu'ici, sur cette parcelle, on est sur une parcelle qui est assez filtrante. Tu as un pourcentage de sable qui est assez important, ça se voit un peu à l'œil nu, mais qui est autour de 35-40%. Et donc... d'apporter trop d'eau, ça ne rimerait à rien, elle percolerait, elle s'infiltrerait, elle descendrait dans la nappe et que tu n'utiliserais pas à bon escient. Donc voilà, ce suivi est hyper important. Donc tout est connecté sur ce matériel. Tu vois, on a un pilotage informatique en temps réel pour optimiser tout ça.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et t'en as beaucoup sur les plantations Ouais,

  • Speaker #0

    on en a plusieurs. En fait, on a raisonné en ce qu'on appelle en unités homogènes de sol. La difficulté en fait avec ces appareils, c'est que ton sol peut être très différent d'une parcelle à l'autre. Et donc en fait, on a essayé de catégoriser nous nos sols, et on a grosso modo 4-5 unités un peu différentes, où t'as des caractéristiques qui sont différentes. Et donc on a installé des sondes sur chacune de ces zones. de ces soldes un peu différents. Après, on pilote différemment l'irrigation. Tu vois, sur cette parcelle, comme je te le disais, elle est un peu plus filtrante. On met, par exemple, 10 à 15 de plus d'eau que sur les parcelles en bas, qui sont un peu plus argileuses, avec autour de 35 à 40 d'argile.

  • Speaker #1

    Du coup, j'imaginais ça un coût aussi au départ, mais tu récupères ça en économisant sur ton utilisation.

  • Speaker #0

    Oui, tu as un petit investissement sur l'outil, mais derrière... Effectivement, tu économises sur l'eau, donc économiquement c'est intéressant, mais surtout environnementalement parlant, tu as une gestion beaucoup plus durable de tes ressources, de ta ressource hydrique. Et puis je pense qu'agronomiquement pour la plante aussi, c'est hyper intéressant parce que tu t'optimises, tu vois, sa capacité à prendre l'eau et à voir ce dont elle a besoin. Et selon le développement de ton fruit, par exemple, etc. Donc, j'ai... C'est super, c'est un très bel outil. Et à côté, là, tu vois, tu as l'équivalent, donc c'est toujours chez Winat. Et c'est la... C'est assez classique, c'est une station météo où on va suivre des paramètres comme évidemment la température. On va suivre le vent, donc tu as un anémomètre. On va suivre la pluviométrie, ce que tu vois là-haut. Et ça, pour le coup, c'est quelque chose qui est indispensable, je pense. Derrière nous, ça nous permet de piloter nos... nos traitements par exemple, si tu sais qu'il a... en fonction de l'humidité que tu peux avoir, l'humidité relative, la pluviométrie, tu vas plus positionner des traitements de prévention, parce que nous en bio c'est vraiment du préventif, on ne fait pas du tout de curatif, c'est que du préventif, donc il y a un sujet d'anticipation. Le vent, l'anémomètre c'est hyper important pour les traitements encore une fois, pour savoir quand est-ce que tu peux traiter ou pas, que tu as trop de vent, voilà. La température, on a aussi tu vois... des capteurs gel qui nous mesurent justement les températures très précises pour éventuellement déclencher des actions de protection gel, qu'on a pareil sur différentes parcelles. Donc oui, c'est important. Et puis après, derrière, ça nous fait un historique en plus de nos températures. Aujourd'hui, encore une fois, on l'a sur 4 ans, mais dans 10 ans, on aura quand même 10 ans de données, ce qui est plutôt pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez... Vous pensez à intégrer des animaux sur l'exploitation

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Je pense que c'est hyper intéressant. On a eu du mal à trouver, mais là on a trouvé un berger qui habite pas très loin de la ferme et qui serait OK pour faire des tests, déjà. Je pense que les premières années, ce qui était compliqué, c'est que les arbres étant tout petits, t'avais cet enjeu que les moutons ne mangent pas les jeunes arbres. Aujourd'hui, maintenant que les arbres ont pris un peu de hauteur, On va faire des tests probablement à l'automne prochain, justement des copaturages, pour venir entretenir le verger. Je pense que les bénéfices sont hyper intéressants sur l'entretien de l'enherbement, le fait que les déjections des moutons permettent d'apporter de l'engrais au niveau des sols. C'est les ongulés qui ne sont pas trop lourds, donc tu n'as pas du tout de problème de tassement du sol ou autre, comme tu pourrais avoir peut-être avec des bovins. Au contraire, je pense que ça peut aérer le sol et avoir des effets plutôt bénéfiques. Donc oui, on va mettre en place des essais prochainement. Après, l'idée, c'est que moi je ne connais pas du tout le… on va dire que c'est un métier qui est totalement nouveau, et donc l'idée c'est vraiment de déléguer toute la gestion opérationnelle du troupeau à un verger et de dire nous, on met plutôt à disposition des terres avec des contraintes où il faut quand même qu'on puisse continuer à passer. à gérer l'irrigation, mais ça, elle a enterré. Donc ça, c'est plutôt un bon point.

  • Speaker #1

    Parce que du coup, c'est l'éleveur qui gère tout. A priori, vous en tirez des bénéfices sans avoir vraiment trop de complications. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Et l'éleveur, lui, en tire aussi des bénéfices. J'imagine que vous êtes complètement en bio avec des beaux couverts diversifiés, avec la bonne nutrition pour leurs bêtes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, on leur donne du foncier de manière un peu gratuite. Donc c'est une disponibilité en foncier qui est intéressante aussi pour l'éleveur. Je pense que c'est un modèle qui peut être intéressant.

  • Speaker #1

    On a toute une série de ruches ici.

  • Speaker #0

    Oui, écoute... L'avantage, c'est qu'on travaille avec des variétés qui sont auto-fertiles. La majorité des variétés en Europe sont auto-fertiles. Théoriquement, tu n'as pas besoin d'arbres pollinisateurs. C'est d'arbres mâles et femelles. Sur la pistache, par exemple, c'est différent. Sur l'amande, c'est des variétés auto-fertiles. Mais ce qui est conseillé, on pense que c'est pertinent, de pouvoir ajouter une pollinisation entomophile, avec des abeilles, en l'occurrence ici, pour maximiser la pollinisation. On considère... que tu peux augmenter de 15 à 20% le potentiel de fructification de tes arbres. C'est quand même significatif. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a un partenariat avec un apiculteur où il nous met à disposition... Sur la ferme, on a en général un rucher permanent qui reste là tout le long de l'année. Pas beaucoup de ruches, parce qu'il n'y a pas non plus... Il faut vraiment calculer le nombre de ruches en fonction de ce que tu as. en termes d'un point de vue mellifères pour les nourrir. Donc on a 5-6 ruches à l'année. Et puis par ailleurs, sur les périodes de floraison, là on a une vingtaine de ruches. Non, je dis une bêtise, mais on a une cinquantaine sur ce site qui sont arrivées il y a trois semaines pour la période de floraison. Et donc l'idée, c'est que les abeilles puissent travailler. Alors là, on est sur une journée un peu venteuse, donc il n'y en a pas beaucoup qui sont sorties. Mais voilà, elles permettent de favoriser un peu la pollinisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un service que vous payez Aux apiculteurs, ou bien est-ce qu'eux sont contents justement d'avoir autant de fleurs Cette année,

  • Speaker #0

    on n'a pas payé. Je pense qu'effectivement, contents d'avoir des fleurs, encore une fois, en début de saison. Parce que tu vois, aujourd'hui, il n'y a pas... Quand on regarde le biotope autour, tu n'as pas beaucoup d'arbres en fleurs, tu n'as pas beaucoup de fleurs même au sol, etc. Donc c'est quand même pas mal pour eux. Je pense qu'ils y trouvent aussi leur intérêt. Mais je pense qu'à long terme, il y aura certainement des... Voilà, peut-être une contrepartie financière.

  • Speaker #1

    Et la production de miel, c'est lui qui s'en...

  • Speaker #0

    Et la production de miel, elle est pour lui. Après, on va essayer de négocier quelques pots de miel avec les couleurs de la ferme.

  • Speaker #1

    Oui, ce serait sympa. Oui,

  • Speaker #0

    ce serait sympa.

  • Speaker #1

    On parlait de la production aux États-Unis, en Californie. Je me souviens avoir vu passer des sujets avec les apiculteurs qui amènent des abeilles. Ces abeilles meurent en masse à cause des pesticides et tout ça.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ça c'est un bon exemple, tu me posais la question tout à l'heure du système conventionnel américain. Effectivement, aujourd'hui, je crois que c'est l'équivalent un tiers ou la moitié du rucher américain qui est amené au moment de la pollinisation et de la floraison des arbres. Donc essentiellement, je crois que c'est le même de Floride, ils emmènent beaucoup de ruches dans les trains, etc. Et le problème, c'est que déjà les colonies se mélangent un peu entre elles. Donc si tu as une colonie qui est malade, il y a des sujets de contamination entre les colonies. Donc tu as beaucoup de mortalité en fait, à la fois pendant les transports. et à la fois sur le surplace, parce qu'en fait, déjà, la période de floraison, les abeilles, on les bouge pour seulement 3-4 semaines, un mois peut-être, maximum, donc c'est très court. Et comme il n'y a rien d'autre autour, tu es obligé de les amener et de les enlever tout de suite. Alors que nous, tu vois, c'est très boisé quand même autour, donc même quand les fleurs commenceront à diminuer ou que la pollinisation sera terminée, tu as toujours, en fait, dans... un garde-manger, si je puis dire, assez conséquent pour les abeilles.

  • Speaker #1

    Et les pollinisateurs, il n'y a pas que les abeilles, vraiment. Est-ce que vous mettez des choses en place pour favoriser

  • Speaker #0

    On ne l'a pas encore fait, mais je pense qu'à la prochaine, on mettra effectivement des abris, des bourdons, des abeilles sauvages, pour mettre en place effectivement des installations. En fait, cette année, on avait focalisé sur la partie oiseaux, plutôt. avec perchoir, nichoir, mais l'année prochaine, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Des bandes, par exemple, de fleurs,

  • Speaker #0

    de melifères,

  • Speaker #1

    et ce genre de choses-là.

  • Speaker #0

    Oui, carrément, c'est quelque chose qui est important, je pense, pour apporter des compléments.

  • Speaker #1

    Et dans le choix de vos couverts aussi Oui. Vous pensez aussi à… Oui,

  • Speaker #0

    carrément. Justement, oui, pour moi, c'est ici qu'on pourrait installer des bandes un peu melifères. Oui. pour leur permettre d'avoir accès à d'autres choses, à d'autres essences. Donc ça, ça, c'est prévu.

  • Speaker #1

    Donc voilà qui clôture la partie visite de la ferme. Mais on a quand même été s'asseoir encore quelques minutes avec Martin pour discuter de sujets que je n'avais pas encore eu l'occasion d'aborder par rapport au modèle économique, aux canaux de distribution, à la transformation des aliments et d'autres choses comme ça que je trouvais vraiment intéressants d'aborder pour avoir l'image complète de ce qui se passe ici. Une fois que vous avez produit vos amandes, qu'est-ce qui se passe après Est-ce que vous les vendez Est-ce qu'il y a d'autres processus de transformation

  • Speaker #0

    Les amandes, ça reste des fruits à coque, des fruits secs, ils se conservent assez bien. Aujourd'hui, quand on récolte au champ, on récolte nos amandes, et derrière, tu as une étape indispensable, tu as plusieurs étapes. La première étape, c'est de nettoyer, de sécher les amandes, pour descendre le niveau d'humidité du fruit à environ 6-7%, pour que tu les stabilises et que derrière, ils puissent se conserver de la manière des manières. Ensuite, on doit casser la coque dure autour de l'amande, comme dans beaucoup de fruits à coque. On envoie nos amandes dans une casserie pour casser la coque. On obtient en principale une amande entière, que tu as l'habitude de consommer à l'apéritif par exemple, avec du sel ou autre chose. Mais surtout, on peut derrière décliner sur une palette d'ingrédients, de différents ingrédients, en allant de la poudre d'amande par exemple à de l'amande émondée. Donc blanchi, c'est-à-dire qu'on enlève la peau. Tu peux faire de l'amande et filet. Tu peux décliner comme ça sur une certaine palette d'ingrédients. Et derrière, nous, l'histoire, on va dire l'ADN du projet, c'est d'essayer de désintermédier un petit peu la filière et de s'affranchir de l'étape coopérative, où tu sais, beaucoup d'agriculteurs vendent finalement la coopérative. Et après, tu as souvent beaucoup d'intermédiaires finalement jusqu'au client final, consommateur. Nous, l'idée, c'est plutôt de s'intégrer verticalement. Et de se dire qu'on veut se donner les moyens de pouvoir commercialiser nous-mêmes nos amendes. Alors aujourd'hui, en travaillant en direct avec des artisans, par exemple, sur l'industrie de la chocolaterie, de la confiserie, du nougat. Donc ça, aujourd'hui, c'est la grosse majorité de nos clients. Après, tu as des industriels aussi qui sont soucieux justement de mieux gérer leur chaîne d'approvisionnement et qui s'intéressent beaucoup et je trouve que c'est les bons signaux positifs dans le marché. au sujet justement de l'agriculture régénérative, du carbone, de l'origine, de la traçabilité. C'est plein de mots clés, mais c'est plein de mots qui sont de plus en plus pertinents pour ces acteurs-là. Et puis après, on a une gamme de produits aussi pour le client final, la destination du client final. Je te montrerai avec des volumes plus petits, en 800 grammes ou en 150 grammes, où pour le coup, l'idée, c'est de pouvoir vendre en direct, alors via des plateformes comme Crowdfarming, on en parlait, où justement, on a accès directement au client.

  • Speaker #1

    Et toujours dans cette idée de s'intégrer verticalement, comme tu l'as dit tout à l'heure Tout ce qui est le processing, donc la transformation, est-ce qu'il y a des étapes que vous essayez de rajouter de votre côté Oui,

  • Speaker #0

    écoute, aujourd'hui, c'est un peu quelque chose, tu vois, en France, on évoquait tout à l'heure le fait que la filière est assez jeune, côté production en France, mais ça se traduit aussi par le fait qu'il y a très peu d'infrastructures pour transformer les produits. Et donc, c'est un peu, en tout cas, c'est un de nos enjeux chez Greenpods, on va dire à moyen terme, c'est de pouvoir se doter d'un outil industriel qui nous permette justement de... de gérer pour le coup de A à Z en interne les process de transformation. Alors pour ne pas faire les choses à l'envers, on s'est dit qu'on allait d'abord monter nos capacités de production. C'est pour ça qu'aujourd'hui on a deux exploitations opérationnelles sur un peu plus de 250 hectares. L'objectif c'est de continuer à monter d'autres fermes avec toujours ce même esprit et ce même cahier des charges communs d'agri-région, qui est quand même un des ADN fondamentaux pour nous. de rester sur de l'arboriculture et donc des fruits à coque, de l'amande, de la noisette, de la pistache. Et puis quand on aura atteint un certain seuil de production, de pouvoir justement se doter du soutien industriel et de valoriser nous-mêmes nos produits.

  • Speaker #1

    Vous avez des équipes, évidemment, vous vous occupez d'acheter des fermes, de gérer le management. Oui. Mais j'imagine qu'à chaque fois, il faut trouver des équipes sur place, de gens qui soient qualifiés, qui comprennent le régénératif, qui soient motivés.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est la clé numéro... Une, je pense dans le développement de nos projets, effectivement, tu as un capital humain qui est hyper important. Donc tu as fait la rencontre ici de Clément, qui est notre directeur d'exploitation, qui est un jeune qui a 30 ans, qui est fils d'arboriculteur et qui est hyper motivé par le projet. Je pense que l'arboriculture, ça nécessite quand même pas mal de main d'œuvre, entre guillemets, de capital humain, parce qu'à la différence des grandes cultures, tu as beaucoup plus d'opérations dans les champs. Et donc tu dois constituer des équipes, tu dois les motiver, tu dois les incentiver. C'est un peu aussi notre challenge avec Boris et avec l'ensemble de l'équipe de mettre un peu en marche tout ce système. Nous, on a différencié, c'est peut-être un peu unique dans le monde agricole, je ne sais pas, mais en tout cas, on a différencié des fonctions très opérationnelles sur les projets. Chaque projet est autonome au niveau de ses équipes. Ici, tu as trois personnes qui travaillent tous les jours sur la ferme, dont Clément. En Espagne, tu as la même chose, la même équipe, grosso modo, trois personnes. Et puis, au-dessus de ces équipes terrain, tu as des fonctions un peu plus... transverses, on va dire, qui concernent les sujets de financement, les sujets de valorisation du carbone, de marketing, de vente, de suivi agronomique, tu vois, et ces fonctions transverses, en fait, elles Ausha un peu l'ensemble des projets en dessous. Donc c'est un peu un fonctionnement à deux étages, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok, super. Mais écoute, je pense que tu nous as déjà donné un aperçu de ce que vous faites ici, de la culture régénérative de la bande, de plein de choses. On a appris plein de choses aujourd'hui. Un tout grand merci. Pour toute cette information, pour ta disponibilité et pour le travail formidable que vous faites ici.

  • Speaker #0

    Merci d'être venu, c'est sympa. Et puis j'espère que tu reviendras déjà pour la récolte et puis peut-être dans quelques années, tu verras que ça aura bien poussé.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir,

  • Speaker #0

    j'espère aussi. Vous êtes les bienvenus.

Share

Embed

You may also like