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Deep Seed - Regenerative Agriculture

Rewind #5 - 🇫🇷 MARC-ANDRE SELOSSE nous parle de microbiologie des sols et d'agriculture.

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15min |06/12/2025
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Description

Et si l’agriculture de demain passait par un retour aux racines?


Dans cet épisode, le professeur Marc-André Selosse, biologiste, mycologue et vulgarisateur hors pair, nous emmène dans l’univers fascinant du sol vivant et des réseaux mycorhiziens, ces alliances secrètes entre champignons et racines qui façonnent la fertilité de nos terres.


Avec passion et précision, il nous explique pourquoi la santé des sols est la clé de notre santé à tous, comment l’agriculture conventionnelle a sauvé l’humanité… mais aussi pourquoi elle atteint aujourd’hui ses limites.


Ce n’est pas une leçon de morale. C’est un appel à la lucidité. À la science. Et à la responsabilité collective.


Un épisode indispensable pour comprendre les fondations biologiques de l’agriculture régénérative, de l’agriculture de conservation, et du lien intime entre santé des sols et avenir de l’humanité.


🧠 Thèmes abordés :

• Microbiologie du sol et réseaux mycorhiziens

• Agriculture régénérative vs agriculture conventionnelle

• Pollution, pesticides, engrais et santé humaine

• Couverture végétale, non-labour et pratiques vertueuses

• Rôle des citoyens et des consommateurs dans la transition


🔁 Épisode original complet : https://youtu.be/UVYodvZ8sSU


-


Episode réalisé en partenariat avec Soil Capital www.soilcapital.com


Hosted on Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et il faut qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait, elle n'est pas au rendez-vous. Qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le, pour la santé humaine. Moi je suis venu au sol et à la plante d'ailleurs parce que je suis mycologue et notamment je me suis intéressé aux champignons qui s'associent aux racines des plantes. Ce ne sont pas des parasites comme les rhizoctonias, les rouilles ou les milieux. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières organiques mortes. Il y en a, les décomposeurs de matières organiques mortes, c'est ceux qu'on sait bien cultiver, tu vois, champignons de Paris, shiitake, pleurotes. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières mortes. Ce sont des champignons qui vont se nourrir en sucre sur les racines mais ils ne les abîment pas. en échange il ramène de l'eau et des sels minéraux qui vont capter dans un volume de sol plus étendu. Le contact avec le sol est augmenté d'un facteur 10 000 par le champignon par rapport au contact sol-racine. Et donc il exploite beaucoup mieux le sol et puis notamment toutes ces substances comme le phosphore ou le fer qui ne circulent pas. Donc il faut aller chercher au contact. En échange, la plante donne du sucre, mais ça coûte beaucoup moins cher de faire des filaments de champignon qu'une racine. Ça coûte 100 fois moins cher. Donc c'est une espèce de sous-traitance pour aller faire les courses. qui a une rentabilité en termes de contact avec le sol ramené au coût carbone d'un million de fois. 10 000 fois plus de surface de contact en fois moins de carbone pour faire les filaments qu'une racine. C'est énorme.

  • Speaker #1

    La plante investie dans ce système-là ?

  • Speaker #0

    L'eau, elle sort nouvelle, elle circule, les eaux littorales au moins sont assez riches. Le problème du sol, c'est que c'est très dilué. Les plantes sont sorties, ce sont des algues qui sont devenues terrestres, elles n'avaient pas de racines. Et on sait très bien qu'il y a 400 millions d'années, les premières plantes n'ont pas de racines, mais elles ont déjà des champignons associés à des tiges rampantes. Et elles forment, c'est Christine Sreludérien qui travaille dans mon équipe, qui travaille beaucoup sur ces fossiles-là, et on voit très bien qu'en fait les racines apparaissent comme une façon d'héberger plus de champignons. C'est leur première fonction, racines, ça a été ça. Alors maintenant il y a quelques plantes qui vivent dans des milieux riches, ou des milieux pionniers où il n'y a pas de champignons, notamment les crucifères, famille du chou, qui elles n'ont pas de mycorhizes, parce que dans ces conditions écologiques, soit il n'y a pas de champignons Soit il n'y a pas besoin de champignons parce que le sol est riche, mais en revanche, 90% des plantes ont toujours ces associations qu'on appelle les mycorhizes, myco-champignons-ryza, la racine. Et ce que toi tu appelles une racine quand tu déterres une plante, en fait, il y a du champignon dedans, c'est tout à fait normal, et le champignon aide la plante à se nourrir, et en plus, il protège la racine. Ce qui n'est pas un grand altruisme, il protège son garde-manger, c'est tout. Et donc, dans l'évolution, plus un champignon protège les racines, Plus un champignon qui fait des mycorhizes protège des racines, plus il a de descendants parce qu'il protège sa source de nourriture. Donc c'est mécanique cette histoire-là. Donc c'est un peu la protection et l'alimentation. Et ça, ça a commencé dès le début puisque les ancêtres des plantes étaient des algues qui n'avaient pas de racines.

  • Speaker #1

    Donc on a cette relation qui date de centaines de millions d'années.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Entre une plante qui a besoin de trouver des nutriments dans le sol, de l'eau, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique quoi.

  • Speaker #1

    Et de l'autre côté, on a des champignons qui, eux, ont besoin du... Le sucre, le carbone produit par la plante, et en fait les deux se complètent.

  • Speaker #0

    Alors ils se complètent, après tous les couples ne marchent pas, et c'est très important non pas de se prespider à inoculer une souche du commerce dans n'importe quel champ, mais toujours d'inoculer plusieurs souches, ou mieux de ne pas inoculer, mais d'avoir des processus qui protègent ces champignons, on va y revenir, des processus qui protègent ces champignons, de façon à ce que la plante puisse choisir ses partenaires parmi tous les champignons capables de faire des mycorhizes qui traînent autour d'elle. On sait très bien que les plantes discriminent, elles établissent des mycorhizes avec tout, Et puis, si... Elles obtiennent les choses dont elles ont besoin, elles continuent à donner du sucre, sinon elles interrompent l'interaction. C'est juste des mécanismes physiologiques. Donc il faut laisser le choix aux plantes, il ne faut pas vouloir inoculer, il faut laisser le choix aux plantes. Et de toute façon, même si tu inocules, tu ne t'exonères pas de deux choses qui vont permettre d'entretenir ces champignons. Un, tu ne laboures pas, parce que si tu laboures, tu fous en l'air le réseau de filaments, donc tu n'as plus que les sports pour refaire des mycorhizes Et puis 2, tu couvres toujours ton sol. Voilà une deuxième raison d'avoir des intercultures même si elles ne sont que techniques. Tu couvres toujours ton sol de végétation qui pousse et qui va nourrir ses champignons. Parce que si ton sol est brun en hiver, il meurt tous et il ne reste que des spores. Et donc au moment où tu vas replanter, la plantule va avec ses racines provoquer la germination des spores qui vont se connecter à la racine et puis commencer à, au dépend de ta jeune plantule, qui n'a pas encore beaucoup de moyens photosynthétiques, commencer à refaire des filaments pour explorer le sol. Tu n'hérites pas du réseau. Tu n'hérites du réseau que si tu ne perturbes pas le sol, ni la boue ni le travail du sol, et dès la surface, ceci, et si tu as une couverture végétale permanente. Alors évidemment, on ne peut pas... Si tu fais des carottes, tu vas perturber le sol. Si tu fais des patates, tu vas perturber le sol. C'est sûr. Le simple fait de récolter fait qu'il y a un moment transitoire où il n'y a pas beaucoup de végétation. Mais il faut minimiser ces deux choses. Il y a plein d'autres raisons dans la vie du sol de minimiser le laboure. Je disais tout à l'heure que ça aide à la respiration de certaines bactéries qui survivent au laboure et que ça déstocke du carbone, donc ça n'en veut pas. Première chose. Et puis deuxièmement, couvrir de végétation, on l'a dit aussi tout à l'heure, ça servait au cycle du carbone. Tu vois que là, il y a des bonnes solutions qui cochent plusieurs cases.

  • Speaker #1

    Je voudrais justement qu'on s'attarde un peu là-dessus, sur toutes ces solutions. Et en fait... Peut-être que pour commencer, on pourrait parler de ce qu'on appelle l'agriculture conventionnelle. Expliquez un peu, qu'est-ce que c'est en fait l'agriculture conventionnelle ?

  • Speaker #0

    C'est un enfer d'agribachine.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    L'agriculture conventionnelle, c'est quelque chose qui a permis de régulariser l'approvisionnement nutritionnel de toute la population. Au 19ème, il y avait une famine tous les 5 à 10 ans, enfin une disette au moins, sinon une famine. Et tu vois, quand tu es au milieu de la pomme de terre, par exemple en Irlande, ils ne mangeaient que ça parce qu'ils en faisaient plusieurs récoltes par an et puis c'est assez riche en protéines. plutôt équilibré, c'était plus de 90% de leur ration alimentaire, du jour au lendemain, il y a eu 1 million de morts et 2 millions d'émigrés. Donc il y a eu des catastrophes qu'on n'a plus maintenant, grâce aux engrais et aux pesticides. Donc l'agriculture conventionnelle, c'est celle qui a permis de nourrir l'humanité quantitativement, sauf qu'on voit aujourd'hui les limites de ça. Tu vois, en fait, on voit les limites parce qu'on commence... Ces limites reviennent à voir plus loin que ton objectif immédiat. mais avoir un monde en réseau et en interaction, et vraiment avoir un œil d'écologie au sens scientifique. Parce que ta plante est malade, tu lui fiches des pesticides, elle est guérie, c'est peut-être qu'elle y a des charges. Mais après tu t'aperçois que ça finit par s'accumuler dans le sol tellement que le sol n'arrive plus à purifier ça. Bien qu'on pense que le sol est capable de dégrader un peu plus de 80% des pesticides qui arrivent au sol, mais il y en a tellement qui vont rester dans le sol sous forme de résidus qui seront plutôt stables et qu'il y en a qui vont partir dans l'eau, respectivement 7% qui restent dans le sol. Et 10% qui partent dans l'eau, ça ne fait pas 100% le total parce qu'il y a des marges d'incertitude dans cette histoire-là. Donc, si tu veux, tu commences à polluer l'eau, polluer les aliments parce que celui qui mange, il va avoir des azides pesticides, polluer la vie des agriculteurs parce qu'on sait très bien qu'il y a des cancers agricoles qui sont très particuliers, qu'on ne retrouve pas dans la population, sauf chez les voisins des champs et qui correspondent aux pesticides. Et puis que ça abîme la vie des sols aussi, finalement. Donc, si tu dézoomes... C'est d'abord ça que ta solution n'est pas si bonne. C'est pareil pour les engrais. Tu amènes à manger la plante, elle pousse mieux. C'est bien, mais si tu dézoomes, ça ne marche pas très bien parce que tu auras des engrais qui vont passer dans l'eau. Ils suivent le chemin que je te disais, qu'une partie de la fertilité des sols passe dans les rivières et arrive à la mer. C'est ce qui fait des proliférations d'algues vertes sur le littoral breton. C'est ce qui fait que les engrais du Brésil finissent dans la mer des Sargasses et la font pousser plus que jamais. Elle est plus grosse qu'elle n'a jamais été. Il y a des lambeaux qui vont s'échouer dans les Caraïbes. Et ça, ça fait les marées d'algues brunes qu'on a dans les Caraïbes. Ailleurs, dans la Baie de Fundaï, c'est des marées d'algues rouges. Alors tu vois, tu as le choix de la couleur, mais pas de la nuisance. Ça émet du H2S qui est très toxique pour la santé des riverains. Donc, tu vois, les engrais, tu vas les retrouver partout. En plus, quand la plante a des engrais, elle licencie le champignon. Elle a plein d'azote, plein de phosphate, elle n'a plus besoin du champignon. Or, je te rappelle qu'elle ne maintient l'interaction que s'il lui arrive quelque chose dont elle a besoin par le champignon. Donc, plus de champignon, ah oui, mais alors du coup, plus de protection des racines, donc état phytosanitaire moins bon. Donc, il va falloir remettre des pesticides. Donc, si tu veux, à la fois ces engrais, on va les retrouver partout et ce n'est pas bon. En plus, le problème des engrais, c'est qu'il y a aussi un coût de production et de transport qui en... Bon, ça demande beaucoup d'énergie et souvent, en fait, ça fait des gaz à effet de serre. Et puis alors, il y a du cadmium qui contient mine, le phosphate, qu'on retrouve dans les sols, dans les plantes et dans les animaux qui viennent sur ces sols. Donc dans l'homme, en France par exemple, la moitié des gens sont en surcontamination de cadmium. Ça fait des cancers du pancréas, ça fait des dysfonctionnements hépatiques et rénaux. Le cancer du pancréas, c'est plus 3% par an en France. C'est une montée catastrophique. Et puis alors, la mortalité ne s'est pas tellement réduite ces dernières années, on ne sait pas le traiter ce cancer-là. Et puis ça provoque de l'esthéoporose parce que ça empêche l'ossification et on pense que 30% des symptômes d'esthéoporose en Europe sont liés au cadmium. Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait elle n'est pas au rendez-vous. La qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le. pour la santé humaine. Tu vois, le cadmium, le H2S, les résidus de pesticides, agriculteurs ou pas, on parle de la santé des gens.

  • Speaker #2

    C'est important ça. J'adore ce qu'ils font et je suis super fier de participer à leur part pour le podcast Deep Seat.

  • Speaker #0

    T'en s'en foutes. Le problème, c'est qu'en fait, c'est l'homme qu'on protège ainsi. Je te prends un exemple. Parce que, tu vois, on dit souvent, c'est bon pour la planète, c'est bon pour la nature. On s'en branle. Et d'ailleurs, j'insiste très lourdement. Je ne vais pas utiliser ce mot pour rien. La planète, tu bazardes des tas de pesticides, des tas de métaux lourds. T'auras toujours une vie résistante aux pesticides et aux métaux lourds. Nous, ça va être chaud. Mais la planète, ça va, merci, elle en a vu d'autres. On a vu d'autres. Elle s'est pris des météorites dans la gueule, elle s'est pris une invention de la photosynthèse qui a tout ratiboisé pour presque un milliard d'années. C'était il y a deux milliards d'années. Bon, depuis on s'en est remis. La preuve c'est que le problème de la photosynthèse c'était l'invention de l'oxygène qui était très toxique parce que ça n'existait pas à l'époque époque. Il y a 2 milliards d'années, cet oxygène va intoxiquer puissamment le milieu, rendre le fer indisponible, empêcher la fixation d'azote. Et ça va être... Pendant 1 milliard d'années, on a très peu de fossiles et pas d'évolution visible. Puis à la fin, on s'en sort quand même, et c'est nos ancêtres notamment qui non seulement tolèrent l'oxygène, mais en plus, ils s'en servent pour respirer. Bon. Donc moi, je suis inquiet pour la planète. Je suis inquiet pour mes enfants. Et je... Quand je dis que je suis inquiet pour mes enfants, je vais maintenant me replaquer sur un exemple américain paru le 6 septembre dernier dans la revue Science. Ça fait froid dans le dos, ce truc-là. Il y a une maladie des chauves-souris qui s'introduit là-bas. Tu vas me dire, ok, chauves-souris, c'est dommage parce que c'est sympa, mais on s'en fout. Non, en fait, les chauves-souris mangent des insectes. Non, alors il y a des comtés aux Etats-Unis où il y a encore des chauves-souris, puis décompté où il n'y a plus de chauves-souris parce qu'elles sont mortes cette maladie, c'est un champignon introduit d'Europe le géomycèse, peu importe Dans les comtés où il n'y a plus de chauves-souris, l'utilisation des pesticides a fait un saut de 31%. 31% de pesticides en plus. Parce que, et c'est surtout des insecticides. Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup plus de maladies qui passent. Les chauves-souris ne font plus leur boulot de becqueter les ravageurs des cultures. Enfin, elles ne becquent pas. Elles mâchent. Elles, elles n'ont pas de bec. Mais le pire est à venir. Dans les comtés en question, la mortalité infantile a monté de 8%. Elle a augmenté de 8%. Pourquoi ? Quand tu regardes, c'est des maladies métaboliques, c'est des cancers, des leucémies, des choses comme ça. Parce que c'est toxique les produits qu'on utilise en remplacement des chauves-souris. Donc tu te dis que défendre les chauves-souris, c'est pas défendre les chauves-souris, c'est défendre les enfants contre des cancers. Voilà, il faut poser les choses sur la table. Et donc moi je ne fais pas d'agribashing parce que les agriculteurs ne font que ce qu'on leur dit de faire. Et ils font aussi ce qu'on achète. Donc dès lors que les gens achètent n'importe quoi, sans se demander est-ce que ça a été produit d'une façon qui n'utilise pas trop de chimie de synthèse, genre... une nourriture bio. Est-ce que ça a été fait d'une façon qui respecte le sol, par exemple les agriculteurs non labourés ? Les gens, ils s'en foutent de ça. Et quelque part, le bilan, c'est pas que ça abîme la nature, c'est que ça abîme leurs enfants, tu vois. Et la capacité de transmettre un monde qui marche. Donc on est juste là-dedans. Et donc, je fais pas la gribe à Chine parce que les agriculteurs, au fond, ils ont raison de continuer à produire comme ça puisqu'il y a une demande. Et que les gens ne se servent pas de leur carte bleue et de leur carte d'électeur pour respectivement choisir des choses vertueuses et encourager le financement de la transition vers des choses vertueuses. Les agriculteurs, ils n'ont pas à faire bien contre vent et marée. Si tu veux que l'agriculture fasse aussi le cycle de l'eau correctement, le climat correctement, la santé des gens correctement et le paysage, il y a un prix. Ce n'est pas payé, les agriculteurs ont bien raison de ne pas se faire chier à faire ça. et d'ailleurs ce qui est assez intéressant c'est que le bio il est tiré par une demande C'est un peu plus cher. C'est moins cher qu'on croit, parce qu'il y a quand même des intervalles qui se sucrent. Le surcoût du bio, il est de quelques pourcents à la production, et il est de plus de 10-15% chez le marchand. Bon, mais le bio, il est tiré par la demande. Mais l'agriculture de mon labouré, elle n'est pas tirée par la demande. Elle est tirée par le fait que certains agriculteurs se rendent compte qu'en labourant plus, maintenant, les sols sont tellement endommagés par le labour que tu remontes ta réserve en eau, tu remontes ta porosité, tu remontes le drainage, donc tu peux rentrer plus souvent dans ta parcelle. Comme il y a plus de matière organique, tu as plus de vie et donc cette vie, elle fait des trous, donc tu as plus de porosité et la matière organique est plus stable, donc tu stockes du carbone. Enfin, là, dans ces cas-là, c'est vraiment la pratique qui guide l'augmentation de la surface en agriculture non labourée, qui est de 4-5% en Europe, c'est pas énorme, mais ça augmente de soi-même. Mais en fait, ça pourrait augmenter beaucoup plus vite s'il y avait une aide. Et pour le bio, là, ça réduit un peu les rendements, donc un peu ou beaucoup, ça dépend de ce que tu produis. Et des choses, ça ne le réduit pas, les céréales ont plutôt vers 40% de réduction de rendement. Il faut une incitation, il faut que ce soit tiré par le marché. Le marché tire un peu mais pas beaucoup, donc on est 10%, on a une surface en bio à 10%. L'agriculteur, de toute façon, le marché ne tire pas mais la solution technique est intéressante, on est à 4%. Et puis il y en a 80% de gens qui ne bougent pas et je vais te dire, ils ont raison de ne pas bouger. Ils ne sont pas sûrs que leurs produits seront achetés s'ils sont plus chers, ils n'ont pas d'aide à la conversion. Parce que quand tu ne laboures pas, il faut changer de semoir. Ce n'est pas le même semoir pour semer en semi-direct. C'est un coût. En plus, comme il y a peu de gens qui utilisent ces semoires-là, les coûts de production sont très peu amortis. Il n'y a pas d'économie d'échelle. Donc, ils sont chers, les semoires. Donc, je répète, je ne fais pas d'agribashing. Je dis qu'il faut absolument changer toute urgence. Mais c'est dans la tête des citoyens qu'il faut que la conscience de ça prenne forme. Tu vois, parce que les agriculteurs ne vont pas faire ça tout seuls. Si on veut avoir la santé, le paysage, le cycle de l'eau, le climat pour le prix de la bouffe, ça ne marchera pas. Il faut payer un peu plus. Ah !

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Et si l’agriculture de demain passait par un retour aux racines?


Dans cet épisode, le professeur Marc-André Selosse, biologiste, mycologue et vulgarisateur hors pair, nous emmène dans l’univers fascinant du sol vivant et des réseaux mycorhiziens, ces alliances secrètes entre champignons et racines qui façonnent la fertilité de nos terres.


Avec passion et précision, il nous explique pourquoi la santé des sols est la clé de notre santé à tous, comment l’agriculture conventionnelle a sauvé l’humanité… mais aussi pourquoi elle atteint aujourd’hui ses limites.


Ce n’est pas une leçon de morale. C’est un appel à la lucidité. À la science. Et à la responsabilité collective.


Un épisode indispensable pour comprendre les fondations biologiques de l’agriculture régénérative, de l’agriculture de conservation, et du lien intime entre santé des sols et avenir de l’humanité.


🧠 Thèmes abordés :

• Microbiologie du sol et réseaux mycorhiziens

• Agriculture régénérative vs agriculture conventionnelle

• Pollution, pesticides, engrais et santé humaine

• Couverture végétale, non-labour et pratiques vertueuses

• Rôle des citoyens et des consommateurs dans la transition


🔁 Épisode original complet : https://youtu.be/UVYodvZ8sSU


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Episode réalisé en partenariat avec Soil Capital www.soilcapital.com


Hosted on Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et il faut qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait, elle n'est pas au rendez-vous. Qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le, pour la santé humaine. Moi je suis venu au sol et à la plante d'ailleurs parce que je suis mycologue et notamment je me suis intéressé aux champignons qui s'associent aux racines des plantes. Ce ne sont pas des parasites comme les rhizoctonias, les rouilles ou les milieux. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières organiques mortes. Il y en a, les décomposeurs de matières organiques mortes, c'est ceux qu'on sait bien cultiver, tu vois, champignons de Paris, shiitake, pleurotes. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières mortes. Ce sont des champignons qui vont se nourrir en sucre sur les racines mais ils ne les abîment pas. en échange il ramène de l'eau et des sels minéraux qui vont capter dans un volume de sol plus étendu. Le contact avec le sol est augmenté d'un facteur 10 000 par le champignon par rapport au contact sol-racine. Et donc il exploite beaucoup mieux le sol et puis notamment toutes ces substances comme le phosphore ou le fer qui ne circulent pas. Donc il faut aller chercher au contact. En échange, la plante donne du sucre, mais ça coûte beaucoup moins cher de faire des filaments de champignon qu'une racine. Ça coûte 100 fois moins cher. Donc c'est une espèce de sous-traitance pour aller faire les courses. qui a une rentabilité en termes de contact avec le sol ramené au coût carbone d'un million de fois. 10 000 fois plus de surface de contact en fois moins de carbone pour faire les filaments qu'une racine. C'est énorme.

  • Speaker #1

    La plante investie dans ce système-là ?

  • Speaker #0

    L'eau, elle sort nouvelle, elle circule, les eaux littorales au moins sont assez riches. Le problème du sol, c'est que c'est très dilué. Les plantes sont sorties, ce sont des algues qui sont devenues terrestres, elles n'avaient pas de racines. Et on sait très bien qu'il y a 400 millions d'années, les premières plantes n'ont pas de racines, mais elles ont déjà des champignons associés à des tiges rampantes. Et elles forment, c'est Christine Sreludérien qui travaille dans mon équipe, qui travaille beaucoup sur ces fossiles-là, et on voit très bien qu'en fait les racines apparaissent comme une façon d'héberger plus de champignons. C'est leur première fonction, racines, ça a été ça. Alors maintenant il y a quelques plantes qui vivent dans des milieux riches, ou des milieux pionniers où il n'y a pas de champignons, notamment les crucifères, famille du chou, qui elles n'ont pas de mycorhizes, parce que dans ces conditions écologiques, soit il n'y a pas de champignons Soit il n'y a pas besoin de champignons parce que le sol est riche, mais en revanche, 90% des plantes ont toujours ces associations qu'on appelle les mycorhizes, myco-champignons-ryza, la racine. Et ce que toi tu appelles une racine quand tu déterres une plante, en fait, il y a du champignon dedans, c'est tout à fait normal, et le champignon aide la plante à se nourrir, et en plus, il protège la racine. Ce qui n'est pas un grand altruisme, il protège son garde-manger, c'est tout. Et donc, dans l'évolution, plus un champignon protège les racines, Plus un champignon qui fait des mycorhizes protège des racines, plus il a de descendants parce qu'il protège sa source de nourriture. Donc c'est mécanique cette histoire-là. Donc c'est un peu la protection et l'alimentation. Et ça, ça a commencé dès le début puisque les ancêtres des plantes étaient des algues qui n'avaient pas de racines.

  • Speaker #1

    Donc on a cette relation qui date de centaines de millions d'années.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Entre une plante qui a besoin de trouver des nutriments dans le sol, de l'eau, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique quoi.

  • Speaker #1

    Et de l'autre côté, on a des champignons qui, eux, ont besoin du... Le sucre, le carbone produit par la plante, et en fait les deux se complètent.

  • Speaker #0

    Alors ils se complètent, après tous les couples ne marchent pas, et c'est très important non pas de se prespider à inoculer une souche du commerce dans n'importe quel champ, mais toujours d'inoculer plusieurs souches, ou mieux de ne pas inoculer, mais d'avoir des processus qui protègent ces champignons, on va y revenir, des processus qui protègent ces champignons, de façon à ce que la plante puisse choisir ses partenaires parmi tous les champignons capables de faire des mycorhizes qui traînent autour d'elle. On sait très bien que les plantes discriminent, elles établissent des mycorhizes avec tout, Et puis, si... Elles obtiennent les choses dont elles ont besoin, elles continuent à donner du sucre, sinon elles interrompent l'interaction. C'est juste des mécanismes physiologiques. Donc il faut laisser le choix aux plantes, il ne faut pas vouloir inoculer, il faut laisser le choix aux plantes. Et de toute façon, même si tu inocules, tu ne t'exonères pas de deux choses qui vont permettre d'entretenir ces champignons. Un, tu ne laboures pas, parce que si tu laboures, tu fous en l'air le réseau de filaments, donc tu n'as plus que les sports pour refaire des mycorhizes Et puis 2, tu couvres toujours ton sol. Voilà une deuxième raison d'avoir des intercultures même si elles ne sont que techniques. Tu couvres toujours ton sol de végétation qui pousse et qui va nourrir ses champignons. Parce que si ton sol est brun en hiver, il meurt tous et il ne reste que des spores. Et donc au moment où tu vas replanter, la plantule va avec ses racines provoquer la germination des spores qui vont se connecter à la racine et puis commencer à, au dépend de ta jeune plantule, qui n'a pas encore beaucoup de moyens photosynthétiques, commencer à refaire des filaments pour explorer le sol. Tu n'hérites pas du réseau. Tu n'hérites du réseau que si tu ne perturbes pas le sol, ni la boue ni le travail du sol, et dès la surface, ceci, et si tu as une couverture végétale permanente. Alors évidemment, on ne peut pas... Si tu fais des carottes, tu vas perturber le sol. Si tu fais des patates, tu vas perturber le sol. C'est sûr. Le simple fait de récolter fait qu'il y a un moment transitoire où il n'y a pas beaucoup de végétation. Mais il faut minimiser ces deux choses. Il y a plein d'autres raisons dans la vie du sol de minimiser le laboure. Je disais tout à l'heure que ça aide à la respiration de certaines bactéries qui survivent au laboure et que ça déstocke du carbone, donc ça n'en veut pas. Première chose. Et puis deuxièmement, couvrir de végétation, on l'a dit aussi tout à l'heure, ça servait au cycle du carbone. Tu vois que là, il y a des bonnes solutions qui cochent plusieurs cases.

  • Speaker #1

    Je voudrais justement qu'on s'attarde un peu là-dessus, sur toutes ces solutions. Et en fait... Peut-être que pour commencer, on pourrait parler de ce qu'on appelle l'agriculture conventionnelle. Expliquez un peu, qu'est-ce que c'est en fait l'agriculture conventionnelle ?

  • Speaker #0

    C'est un enfer d'agribachine.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    L'agriculture conventionnelle, c'est quelque chose qui a permis de régulariser l'approvisionnement nutritionnel de toute la population. Au 19ème, il y avait une famine tous les 5 à 10 ans, enfin une disette au moins, sinon une famine. Et tu vois, quand tu es au milieu de la pomme de terre, par exemple en Irlande, ils ne mangeaient que ça parce qu'ils en faisaient plusieurs récoltes par an et puis c'est assez riche en protéines. plutôt équilibré, c'était plus de 90% de leur ration alimentaire, du jour au lendemain, il y a eu 1 million de morts et 2 millions d'émigrés. Donc il y a eu des catastrophes qu'on n'a plus maintenant, grâce aux engrais et aux pesticides. Donc l'agriculture conventionnelle, c'est celle qui a permis de nourrir l'humanité quantitativement, sauf qu'on voit aujourd'hui les limites de ça. Tu vois, en fait, on voit les limites parce qu'on commence... Ces limites reviennent à voir plus loin que ton objectif immédiat. mais avoir un monde en réseau et en interaction, et vraiment avoir un œil d'écologie au sens scientifique. Parce que ta plante est malade, tu lui fiches des pesticides, elle est guérie, c'est peut-être qu'elle y a des charges. Mais après tu t'aperçois que ça finit par s'accumuler dans le sol tellement que le sol n'arrive plus à purifier ça. Bien qu'on pense que le sol est capable de dégrader un peu plus de 80% des pesticides qui arrivent au sol, mais il y en a tellement qui vont rester dans le sol sous forme de résidus qui seront plutôt stables et qu'il y en a qui vont partir dans l'eau, respectivement 7% qui restent dans le sol. Et 10% qui partent dans l'eau, ça ne fait pas 100% le total parce qu'il y a des marges d'incertitude dans cette histoire-là. Donc, si tu veux, tu commences à polluer l'eau, polluer les aliments parce que celui qui mange, il va avoir des azides pesticides, polluer la vie des agriculteurs parce qu'on sait très bien qu'il y a des cancers agricoles qui sont très particuliers, qu'on ne retrouve pas dans la population, sauf chez les voisins des champs et qui correspondent aux pesticides. Et puis que ça abîme la vie des sols aussi, finalement. Donc, si tu dézoomes... C'est d'abord ça que ta solution n'est pas si bonne. C'est pareil pour les engrais. Tu amènes à manger la plante, elle pousse mieux. C'est bien, mais si tu dézoomes, ça ne marche pas très bien parce que tu auras des engrais qui vont passer dans l'eau. Ils suivent le chemin que je te disais, qu'une partie de la fertilité des sols passe dans les rivières et arrive à la mer. C'est ce qui fait des proliférations d'algues vertes sur le littoral breton. C'est ce qui fait que les engrais du Brésil finissent dans la mer des Sargasses et la font pousser plus que jamais. Elle est plus grosse qu'elle n'a jamais été. Il y a des lambeaux qui vont s'échouer dans les Caraïbes. Et ça, ça fait les marées d'algues brunes qu'on a dans les Caraïbes. Ailleurs, dans la Baie de Fundaï, c'est des marées d'algues rouges. Alors tu vois, tu as le choix de la couleur, mais pas de la nuisance. Ça émet du H2S qui est très toxique pour la santé des riverains. Donc, tu vois, les engrais, tu vas les retrouver partout. En plus, quand la plante a des engrais, elle licencie le champignon. Elle a plein d'azote, plein de phosphate, elle n'a plus besoin du champignon. Or, je te rappelle qu'elle ne maintient l'interaction que s'il lui arrive quelque chose dont elle a besoin par le champignon. Donc, plus de champignon, ah oui, mais alors du coup, plus de protection des racines, donc état phytosanitaire moins bon. Donc, il va falloir remettre des pesticides. Donc, si tu veux, à la fois ces engrais, on va les retrouver partout et ce n'est pas bon. En plus, le problème des engrais, c'est qu'il y a aussi un coût de production et de transport qui en... Bon, ça demande beaucoup d'énergie et souvent, en fait, ça fait des gaz à effet de serre. Et puis alors, il y a du cadmium qui contient mine, le phosphate, qu'on retrouve dans les sols, dans les plantes et dans les animaux qui viennent sur ces sols. Donc dans l'homme, en France par exemple, la moitié des gens sont en surcontamination de cadmium. Ça fait des cancers du pancréas, ça fait des dysfonctionnements hépatiques et rénaux. Le cancer du pancréas, c'est plus 3% par an en France. C'est une montée catastrophique. Et puis alors, la mortalité ne s'est pas tellement réduite ces dernières années, on ne sait pas le traiter ce cancer-là. Et puis ça provoque de l'esthéoporose parce que ça empêche l'ossification et on pense que 30% des symptômes d'esthéoporose en Europe sont liés au cadmium. Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait elle n'est pas au rendez-vous. La qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le. pour la santé humaine. Tu vois, le cadmium, le H2S, les résidus de pesticides, agriculteurs ou pas, on parle de la santé des gens.

  • Speaker #2

    C'est important ça. J'adore ce qu'ils font et je suis super fier de participer à leur part pour le podcast Deep Seat.

  • Speaker #0

    T'en s'en foutes. Le problème, c'est qu'en fait, c'est l'homme qu'on protège ainsi. Je te prends un exemple. Parce que, tu vois, on dit souvent, c'est bon pour la planète, c'est bon pour la nature. On s'en branle. Et d'ailleurs, j'insiste très lourdement. Je ne vais pas utiliser ce mot pour rien. La planète, tu bazardes des tas de pesticides, des tas de métaux lourds. T'auras toujours une vie résistante aux pesticides et aux métaux lourds. Nous, ça va être chaud. Mais la planète, ça va, merci, elle en a vu d'autres. On a vu d'autres. Elle s'est pris des météorites dans la gueule, elle s'est pris une invention de la photosynthèse qui a tout ratiboisé pour presque un milliard d'années. C'était il y a deux milliards d'années. Bon, depuis on s'en est remis. La preuve c'est que le problème de la photosynthèse c'était l'invention de l'oxygène qui était très toxique parce que ça n'existait pas à l'époque époque. Il y a 2 milliards d'années, cet oxygène va intoxiquer puissamment le milieu, rendre le fer indisponible, empêcher la fixation d'azote. Et ça va être... Pendant 1 milliard d'années, on a très peu de fossiles et pas d'évolution visible. Puis à la fin, on s'en sort quand même, et c'est nos ancêtres notamment qui non seulement tolèrent l'oxygène, mais en plus, ils s'en servent pour respirer. Bon. Donc moi, je suis inquiet pour la planète. Je suis inquiet pour mes enfants. Et je... Quand je dis que je suis inquiet pour mes enfants, je vais maintenant me replaquer sur un exemple américain paru le 6 septembre dernier dans la revue Science. Ça fait froid dans le dos, ce truc-là. Il y a une maladie des chauves-souris qui s'introduit là-bas. Tu vas me dire, ok, chauves-souris, c'est dommage parce que c'est sympa, mais on s'en fout. Non, en fait, les chauves-souris mangent des insectes. Non, alors il y a des comtés aux Etats-Unis où il y a encore des chauves-souris, puis décompté où il n'y a plus de chauves-souris parce qu'elles sont mortes cette maladie, c'est un champignon introduit d'Europe le géomycèse, peu importe Dans les comtés où il n'y a plus de chauves-souris, l'utilisation des pesticides a fait un saut de 31%. 31% de pesticides en plus. Parce que, et c'est surtout des insecticides. Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup plus de maladies qui passent. Les chauves-souris ne font plus leur boulot de becqueter les ravageurs des cultures. Enfin, elles ne becquent pas. Elles mâchent. Elles, elles n'ont pas de bec. Mais le pire est à venir. Dans les comtés en question, la mortalité infantile a monté de 8%. Elle a augmenté de 8%. Pourquoi ? Quand tu regardes, c'est des maladies métaboliques, c'est des cancers, des leucémies, des choses comme ça. Parce que c'est toxique les produits qu'on utilise en remplacement des chauves-souris. Donc tu te dis que défendre les chauves-souris, c'est pas défendre les chauves-souris, c'est défendre les enfants contre des cancers. Voilà, il faut poser les choses sur la table. Et donc moi je ne fais pas d'agribashing parce que les agriculteurs ne font que ce qu'on leur dit de faire. Et ils font aussi ce qu'on achète. Donc dès lors que les gens achètent n'importe quoi, sans se demander est-ce que ça a été produit d'une façon qui n'utilise pas trop de chimie de synthèse, genre... une nourriture bio. Est-ce que ça a été fait d'une façon qui respecte le sol, par exemple les agriculteurs non labourés ? Les gens, ils s'en foutent de ça. Et quelque part, le bilan, c'est pas que ça abîme la nature, c'est que ça abîme leurs enfants, tu vois. Et la capacité de transmettre un monde qui marche. Donc on est juste là-dedans. Et donc, je fais pas la gribe à Chine parce que les agriculteurs, au fond, ils ont raison de continuer à produire comme ça puisqu'il y a une demande. Et que les gens ne se servent pas de leur carte bleue et de leur carte d'électeur pour respectivement choisir des choses vertueuses et encourager le financement de la transition vers des choses vertueuses. Les agriculteurs, ils n'ont pas à faire bien contre vent et marée. Si tu veux que l'agriculture fasse aussi le cycle de l'eau correctement, le climat correctement, la santé des gens correctement et le paysage, il y a un prix. Ce n'est pas payé, les agriculteurs ont bien raison de ne pas se faire chier à faire ça. et d'ailleurs ce qui est assez intéressant c'est que le bio il est tiré par une demande C'est un peu plus cher. C'est moins cher qu'on croit, parce qu'il y a quand même des intervalles qui se sucrent. Le surcoût du bio, il est de quelques pourcents à la production, et il est de plus de 10-15% chez le marchand. Bon, mais le bio, il est tiré par la demande. Mais l'agriculture de mon labouré, elle n'est pas tirée par la demande. Elle est tirée par le fait que certains agriculteurs se rendent compte qu'en labourant plus, maintenant, les sols sont tellement endommagés par le labour que tu remontes ta réserve en eau, tu remontes ta porosité, tu remontes le drainage, donc tu peux rentrer plus souvent dans ta parcelle. Comme il y a plus de matière organique, tu as plus de vie et donc cette vie, elle fait des trous, donc tu as plus de porosité et la matière organique est plus stable, donc tu stockes du carbone. Enfin, là, dans ces cas-là, c'est vraiment la pratique qui guide l'augmentation de la surface en agriculture non labourée, qui est de 4-5% en Europe, c'est pas énorme, mais ça augmente de soi-même. Mais en fait, ça pourrait augmenter beaucoup plus vite s'il y avait une aide. Et pour le bio, là, ça réduit un peu les rendements, donc un peu ou beaucoup, ça dépend de ce que tu produis. Et des choses, ça ne le réduit pas, les céréales ont plutôt vers 40% de réduction de rendement. Il faut une incitation, il faut que ce soit tiré par le marché. Le marché tire un peu mais pas beaucoup, donc on est 10%, on a une surface en bio à 10%. L'agriculteur, de toute façon, le marché ne tire pas mais la solution technique est intéressante, on est à 4%. Et puis il y en a 80% de gens qui ne bougent pas et je vais te dire, ils ont raison de ne pas bouger. Ils ne sont pas sûrs que leurs produits seront achetés s'ils sont plus chers, ils n'ont pas d'aide à la conversion. Parce que quand tu ne laboures pas, il faut changer de semoir. Ce n'est pas le même semoir pour semer en semi-direct. C'est un coût. En plus, comme il y a peu de gens qui utilisent ces semoires-là, les coûts de production sont très peu amortis. Il n'y a pas d'économie d'échelle. Donc, ils sont chers, les semoires. Donc, je répète, je ne fais pas d'agribashing. Je dis qu'il faut absolument changer toute urgence. Mais c'est dans la tête des citoyens qu'il faut que la conscience de ça prenne forme. Tu vois, parce que les agriculteurs ne vont pas faire ça tout seuls. Si on veut avoir la santé, le paysage, le cycle de l'eau, le climat pour le prix de la bouffe, ça ne marchera pas. Il faut payer un peu plus. Ah !

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Description

Et si l’agriculture de demain passait par un retour aux racines?


Dans cet épisode, le professeur Marc-André Selosse, biologiste, mycologue et vulgarisateur hors pair, nous emmène dans l’univers fascinant du sol vivant et des réseaux mycorhiziens, ces alliances secrètes entre champignons et racines qui façonnent la fertilité de nos terres.


Avec passion et précision, il nous explique pourquoi la santé des sols est la clé de notre santé à tous, comment l’agriculture conventionnelle a sauvé l’humanité… mais aussi pourquoi elle atteint aujourd’hui ses limites.


Ce n’est pas une leçon de morale. C’est un appel à la lucidité. À la science. Et à la responsabilité collective.


Un épisode indispensable pour comprendre les fondations biologiques de l’agriculture régénérative, de l’agriculture de conservation, et du lien intime entre santé des sols et avenir de l’humanité.


🧠 Thèmes abordés :

• Microbiologie du sol et réseaux mycorhiziens

• Agriculture régénérative vs agriculture conventionnelle

• Pollution, pesticides, engrais et santé humaine

• Couverture végétale, non-labour et pratiques vertueuses

• Rôle des citoyens et des consommateurs dans la transition


🔁 Épisode original complet : https://youtu.be/UVYodvZ8sSU


-


Episode réalisé en partenariat avec Soil Capital www.soilcapital.com


Hosted on Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et il faut qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait, elle n'est pas au rendez-vous. Qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le, pour la santé humaine. Moi je suis venu au sol et à la plante d'ailleurs parce que je suis mycologue et notamment je me suis intéressé aux champignons qui s'associent aux racines des plantes. Ce ne sont pas des parasites comme les rhizoctonias, les rouilles ou les milieux. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières organiques mortes. Il y en a, les décomposeurs de matières organiques mortes, c'est ceux qu'on sait bien cultiver, tu vois, champignons de Paris, shiitake, pleurotes. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières mortes. Ce sont des champignons qui vont se nourrir en sucre sur les racines mais ils ne les abîment pas. en échange il ramène de l'eau et des sels minéraux qui vont capter dans un volume de sol plus étendu. Le contact avec le sol est augmenté d'un facteur 10 000 par le champignon par rapport au contact sol-racine. Et donc il exploite beaucoup mieux le sol et puis notamment toutes ces substances comme le phosphore ou le fer qui ne circulent pas. Donc il faut aller chercher au contact. En échange, la plante donne du sucre, mais ça coûte beaucoup moins cher de faire des filaments de champignon qu'une racine. Ça coûte 100 fois moins cher. Donc c'est une espèce de sous-traitance pour aller faire les courses. qui a une rentabilité en termes de contact avec le sol ramené au coût carbone d'un million de fois. 10 000 fois plus de surface de contact en fois moins de carbone pour faire les filaments qu'une racine. C'est énorme.

  • Speaker #1

    La plante investie dans ce système-là ?

  • Speaker #0

    L'eau, elle sort nouvelle, elle circule, les eaux littorales au moins sont assez riches. Le problème du sol, c'est que c'est très dilué. Les plantes sont sorties, ce sont des algues qui sont devenues terrestres, elles n'avaient pas de racines. Et on sait très bien qu'il y a 400 millions d'années, les premières plantes n'ont pas de racines, mais elles ont déjà des champignons associés à des tiges rampantes. Et elles forment, c'est Christine Sreludérien qui travaille dans mon équipe, qui travaille beaucoup sur ces fossiles-là, et on voit très bien qu'en fait les racines apparaissent comme une façon d'héberger plus de champignons. C'est leur première fonction, racines, ça a été ça. Alors maintenant il y a quelques plantes qui vivent dans des milieux riches, ou des milieux pionniers où il n'y a pas de champignons, notamment les crucifères, famille du chou, qui elles n'ont pas de mycorhizes, parce que dans ces conditions écologiques, soit il n'y a pas de champignons Soit il n'y a pas besoin de champignons parce que le sol est riche, mais en revanche, 90% des plantes ont toujours ces associations qu'on appelle les mycorhizes, myco-champignons-ryza, la racine. Et ce que toi tu appelles une racine quand tu déterres une plante, en fait, il y a du champignon dedans, c'est tout à fait normal, et le champignon aide la plante à se nourrir, et en plus, il protège la racine. Ce qui n'est pas un grand altruisme, il protège son garde-manger, c'est tout. Et donc, dans l'évolution, plus un champignon protège les racines, Plus un champignon qui fait des mycorhizes protège des racines, plus il a de descendants parce qu'il protège sa source de nourriture. Donc c'est mécanique cette histoire-là. Donc c'est un peu la protection et l'alimentation. Et ça, ça a commencé dès le début puisque les ancêtres des plantes étaient des algues qui n'avaient pas de racines.

  • Speaker #1

    Donc on a cette relation qui date de centaines de millions d'années.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Entre une plante qui a besoin de trouver des nutriments dans le sol, de l'eau, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique quoi.

  • Speaker #1

    Et de l'autre côté, on a des champignons qui, eux, ont besoin du... Le sucre, le carbone produit par la plante, et en fait les deux se complètent.

  • Speaker #0

    Alors ils se complètent, après tous les couples ne marchent pas, et c'est très important non pas de se prespider à inoculer une souche du commerce dans n'importe quel champ, mais toujours d'inoculer plusieurs souches, ou mieux de ne pas inoculer, mais d'avoir des processus qui protègent ces champignons, on va y revenir, des processus qui protègent ces champignons, de façon à ce que la plante puisse choisir ses partenaires parmi tous les champignons capables de faire des mycorhizes qui traînent autour d'elle. On sait très bien que les plantes discriminent, elles établissent des mycorhizes avec tout, Et puis, si... Elles obtiennent les choses dont elles ont besoin, elles continuent à donner du sucre, sinon elles interrompent l'interaction. C'est juste des mécanismes physiologiques. Donc il faut laisser le choix aux plantes, il ne faut pas vouloir inoculer, il faut laisser le choix aux plantes. Et de toute façon, même si tu inocules, tu ne t'exonères pas de deux choses qui vont permettre d'entretenir ces champignons. Un, tu ne laboures pas, parce que si tu laboures, tu fous en l'air le réseau de filaments, donc tu n'as plus que les sports pour refaire des mycorhizes Et puis 2, tu couvres toujours ton sol. Voilà une deuxième raison d'avoir des intercultures même si elles ne sont que techniques. Tu couvres toujours ton sol de végétation qui pousse et qui va nourrir ses champignons. Parce que si ton sol est brun en hiver, il meurt tous et il ne reste que des spores. Et donc au moment où tu vas replanter, la plantule va avec ses racines provoquer la germination des spores qui vont se connecter à la racine et puis commencer à, au dépend de ta jeune plantule, qui n'a pas encore beaucoup de moyens photosynthétiques, commencer à refaire des filaments pour explorer le sol. Tu n'hérites pas du réseau. Tu n'hérites du réseau que si tu ne perturbes pas le sol, ni la boue ni le travail du sol, et dès la surface, ceci, et si tu as une couverture végétale permanente. Alors évidemment, on ne peut pas... Si tu fais des carottes, tu vas perturber le sol. Si tu fais des patates, tu vas perturber le sol. C'est sûr. Le simple fait de récolter fait qu'il y a un moment transitoire où il n'y a pas beaucoup de végétation. Mais il faut minimiser ces deux choses. Il y a plein d'autres raisons dans la vie du sol de minimiser le laboure. Je disais tout à l'heure que ça aide à la respiration de certaines bactéries qui survivent au laboure et que ça déstocke du carbone, donc ça n'en veut pas. Première chose. Et puis deuxièmement, couvrir de végétation, on l'a dit aussi tout à l'heure, ça servait au cycle du carbone. Tu vois que là, il y a des bonnes solutions qui cochent plusieurs cases.

  • Speaker #1

    Je voudrais justement qu'on s'attarde un peu là-dessus, sur toutes ces solutions. Et en fait... Peut-être que pour commencer, on pourrait parler de ce qu'on appelle l'agriculture conventionnelle. Expliquez un peu, qu'est-ce que c'est en fait l'agriculture conventionnelle ?

  • Speaker #0

    C'est un enfer d'agribachine.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    L'agriculture conventionnelle, c'est quelque chose qui a permis de régulariser l'approvisionnement nutritionnel de toute la population. Au 19ème, il y avait une famine tous les 5 à 10 ans, enfin une disette au moins, sinon une famine. Et tu vois, quand tu es au milieu de la pomme de terre, par exemple en Irlande, ils ne mangeaient que ça parce qu'ils en faisaient plusieurs récoltes par an et puis c'est assez riche en protéines. plutôt équilibré, c'était plus de 90% de leur ration alimentaire, du jour au lendemain, il y a eu 1 million de morts et 2 millions d'émigrés. Donc il y a eu des catastrophes qu'on n'a plus maintenant, grâce aux engrais et aux pesticides. Donc l'agriculture conventionnelle, c'est celle qui a permis de nourrir l'humanité quantitativement, sauf qu'on voit aujourd'hui les limites de ça. Tu vois, en fait, on voit les limites parce qu'on commence... Ces limites reviennent à voir plus loin que ton objectif immédiat. mais avoir un monde en réseau et en interaction, et vraiment avoir un œil d'écologie au sens scientifique. Parce que ta plante est malade, tu lui fiches des pesticides, elle est guérie, c'est peut-être qu'elle y a des charges. Mais après tu t'aperçois que ça finit par s'accumuler dans le sol tellement que le sol n'arrive plus à purifier ça. Bien qu'on pense que le sol est capable de dégrader un peu plus de 80% des pesticides qui arrivent au sol, mais il y en a tellement qui vont rester dans le sol sous forme de résidus qui seront plutôt stables et qu'il y en a qui vont partir dans l'eau, respectivement 7% qui restent dans le sol. Et 10% qui partent dans l'eau, ça ne fait pas 100% le total parce qu'il y a des marges d'incertitude dans cette histoire-là. Donc, si tu veux, tu commences à polluer l'eau, polluer les aliments parce que celui qui mange, il va avoir des azides pesticides, polluer la vie des agriculteurs parce qu'on sait très bien qu'il y a des cancers agricoles qui sont très particuliers, qu'on ne retrouve pas dans la population, sauf chez les voisins des champs et qui correspondent aux pesticides. Et puis que ça abîme la vie des sols aussi, finalement. Donc, si tu dézoomes... C'est d'abord ça que ta solution n'est pas si bonne. C'est pareil pour les engrais. Tu amènes à manger la plante, elle pousse mieux. C'est bien, mais si tu dézoomes, ça ne marche pas très bien parce que tu auras des engrais qui vont passer dans l'eau. Ils suivent le chemin que je te disais, qu'une partie de la fertilité des sols passe dans les rivières et arrive à la mer. C'est ce qui fait des proliférations d'algues vertes sur le littoral breton. C'est ce qui fait que les engrais du Brésil finissent dans la mer des Sargasses et la font pousser plus que jamais. Elle est plus grosse qu'elle n'a jamais été. Il y a des lambeaux qui vont s'échouer dans les Caraïbes. Et ça, ça fait les marées d'algues brunes qu'on a dans les Caraïbes. Ailleurs, dans la Baie de Fundaï, c'est des marées d'algues rouges. Alors tu vois, tu as le choix de la couleur, mais pas de la nuisance. Ça émet du H2S qui est très toxique pour la santé des riverains. Donc, tu vois, les engrais, tu vas les retrouver partout. En plus, quand la plante a des engrais, elle licencie le champignon. Elle a plein d'azote, plein de phosphate, elle n'a plus besoin du champignon. Or, je te rappelle qu'elle ne maintient l'interaction que s'il lui arrive quelque chose dont elle a besoin par le champignon. Donc, plus de champignon, ah oui, mais alors du coup, plus de protection des racines, donc état phytosanitaire moins bon. Donc, il va falloir remettre des pesticides. Donc, si tu veux, à la fois ces engrais, on va les retrouver partout et ce n'est pas bon. En plus, le problème des engrais, c'est qu'il y a aussi un coût de production et de transport qui en... Bon, ça demande beaucoup d'énergie et souvent, en fait, ça fait des gaz à effet de serre. Et puis alors, il y a du cadmium qui contient mine, le phosphate, qu'on retrouve dans les sols, dans les plantes et dans les animaux qui viennent sur ces sols. Donc dans l'homme, en France par exemple, la moitié des gens sont en surcontamination de cadmium. Ça fait des cancers du pancréas, ça fait des dysfonctionnements hépatiques et rénaux. Le cancer du pancréas, c'est plus 3% par an en France. C'est une montée catastrophique. Et puis alors, la mortalité ne s'est pas tellement réduite ces dernières années, on ne sait pas le traiter ce cancer-là. Et puis ça provoque de l'esthéoporose parce que ça empêche l'ossification et on pense que 30% des symptômes d'esthéoporose en Europe sont liés au cadmium. Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait elle n'est pas au rendez-vous. La qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le. pour la santé humaine. Tu vois, le cadmium, le H2S, les résidus de pesticides, agriculteurs ou pas, on parle de la santé des gens.

  • Speaker #2

    C'est important ça. J'adore ce qu'ils font et je suis super fier de participer à leur part pour le podcast Deep Seat.

  • Speaker #0

    T'en s'en foutes. Le problème, c'est qu'en fait, c'est l'homme qu'on protège ainsi. Je te prends un exemple. Parce que, tu vois, on dit souvent, c'est bon pour la planète, c'est bon pour la nature. On s'en branle. Et d'ailleurs, j'insiste très lourdement. Je ne vais pas utiliser ce mot pour rien. La planète, tu bazardes des tas de pesticides, des tas de métaux lourds. T'auras toujours une vie résistante aux pesticides et aux métaux lourds. Nous, ça va être chaud. Mais la planète, ça va, merci, elle en a vu d'autres. On a vu d'autres. Elle s'est pris des météorites dans la gueule, elle s'est pris une invention de la photosynthèse qui a tout ratiboisé pour presque un milliard d'années. C'était il y a deux milliards d'années. Bon, depuis on s'en est remis. La preuve c'est que le problème de la photosynthèse c'était l'invention de l'oxygène qui était très toxique parce que ça n'existait pas à l'époque époque. Il y a 2 milliards d'années, cet oxygène va intoxiquer puissamment le milieu, rendre le fer indisponible, empêcher la fixation d'azote. Et ça va être... Pendant 1 milliard d'années, on a très peu de fossiles et pas d'évolution visible. Puis à la fin, on s'en sort quand même, et c'est nos ancêtres notamment qui non seulement tolèrent l'oxygène, mais en plus, ils s'en servent pour respirer. Bon. Donc moi, je suis inquiet pour la planète. Je suis inquiet pour mes enfants. Et je... Quand je dis que je suis inquiet pour mes enfants, je vais maintenant me replaquer sur un exemple américain paru le 6 septembre dernier dans la revue Science. Ça fait froid dans le dos, ce truc-là. Il y a une maladie des chauves-souris qui s'introduit là-bas. Tu vas me dire, ok, chauves-souris, c'est dommage parce que c'est sympa, mais on s'en fout. Non, en fait, les chauves-souris mangent des insectes. Non, alors il y a des comtés aux Etats-Unis où il y a encore des chauves-souris, puis décompté où il n'y a plus de chauves-souris parce qu'elles sont mortes cette maladie, c'est un champignon introduit d'Europe le géomycèse, peu importe Dans les comtés où il n'y a plus de chauves-souris, l'utilisation des pesticides a fait un saut de 31%. 31% de pesticides en plus. Parce que, et c'est surtout des insecticides. Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup plus de maladies qui passent. Les chauves-souris ne font plus leur boulot de becqueter les ravageurs des cultures. Enfin, elles ne becquent pas. Elles mâchent. Elles, elles n'ont pas de bec. Mais le pire est à venir. Dans les comtés en question, la mortalité infantile a monté de 8%. Elle a augmenté de 8%. Pourquoi ? Quand tu regardes, c'est des maladies métaboliques, c'est des cancers, des leucémies, des choses comme ça. Parce que c'est toxique les produits qu'on utilise en remplacement des chauves-souris. Donc tu te dis que défendre les chauves-souris, c'est pas défendre les chauves-souris, c'est défendre les enfants contre des cancers. Voilà, il faut poser les choses sur la table. Et donc moi je ne fais pas d'agribashing parce que les agriculteurs ne font que ce qu'on leur dit de faire. Et ils font aussi ce qu'on achète. Donc dès lors que les gens achètent n'importe quoi, sans se demander est-ce que ça a été produit d'une façon qui n'utilise pas trop de chimie de synthèse, genre... une nourriture bio. Est-ce que ça a été fait d'une façon qui respecte le sol, par exemple les agriculteurs non labourés ? Les gens, ils s'en foutent de ça. Et quelque part, le bilan, c'est pas que ça abîme la nature, c'est que ça abîme leurs enfants, tu vois. Et la capacité de transmettre un monde qui marche. Donc on est juste là-dedans. Et donc, je fais pas la gribe à Chine parce que les agriculteurs, au fond, ils ont raison de continuer à produire comme ça puisqu'il y a une demande. Et que les gens ne se servent pas de leur carte bleue et de leur carte d'électeur pour respectivement choisir des choses vertueuses et encourager le financement de la transition vers des choses vertueuses. Les agriculteurs, ils n'ont pas à faire bien contre vent et marée. Si tu veux que l'agriculture fasse aussi le cycle de l'eau correctement, le climat correctement, la santé des gens correctement et le paysage, il y a un prix. Ce n'est pas payé, les agriculteurs ont bien raison de ne pas se faire chier à faire ça. et d'ailleurs ce qui est assez intéressant c'est que le bio il est tiré par une demande C'est un peu plus cher. C'est moins cher qu'on croit, parce qu'il y a quand même des intervalles qui se sucrent. Le surcoût du bio, il est de quelques pourcents à la production, et il est de plus de 10-15% chez le marchand. Bon, mais le bio, il est tiré par la demande. Mais l'agriculture de mon labouré, elle n'est pas tirée par la demande. Elle est tirée par le fait que certains agriculteurs se rendent compte qu'en labourant plus, maintenant, les sols sont tellement endommagés par le labour que tu remontes ta réserve en eau, tu remontes ta porosité, tu remontes le drainage, donc tu peux rentrer plus souvent dans ta parcelle. Comme il y a plus de matière organique, tu as plus de vie et donc cette vie, elle fait des trous, donc tu as plus de porosité et la matière organique est plus stable, donc tu stockes du carbone. Enfin, là, dans ces cas-là, c'est vraiment la pratique qui guide l'augmentation de la surface en agriculture non labourée, qui est de 4-5% en Europe, c'est pas énorme, mais ça augmente de soi-même. Mais en fait, ça pourrait augmenter beaucoup plus vite s'il y avait une aide. Et pour le bio, là, ça réduit un peu les rendements, donc un peu ou beaucoup, ça dépend de ce que tu produis. Et des choses, ça ne le réduit pas, les céréales ont plutôt vers 40% de réduction de rendement. Il faut une incitation, il faut que ce soit tiré par le marché. Le marché tire un peu mais pas beaucoup, donc on est 10%, on a une surface en bio à 10%. L'agriculteur, de toute façon, le marché ne tire pas mais la solution technique est intéressante, on est à 4%. Et puis il y en a 80% de gens qui ne bougent pas et je vais te dire, ils ont raison de ne pas bouger. Ils ne sont pas sûrs que leurs produits seront achetés s'ils sont plus chers, ils n'ont pas d'aide à la conversion. Parce que quand tu ne laboures pas, il faut changer de semoir. Ce n'est pas le même semoir pour semer en semi-direct. C'est un coût. En plus, comme il y a peu de gens qui utilisent ces semoires-là, les coûts de production sont très peu amortis. Il n'y a pas d'économie d'échelle. Donc, ils sont chers, les semoires. Donc, je répète, je ne fais pas d'agribashing. Je dis qu'il faut absolument changer toute urgence. Mais c'est dans la tête des citoyens qu'il faut que la conscience de ça prenne forme. Tu vois, parce que les agriculteurs ne vont pas faire ça tout seuls. Si on veut avoir la santé, le paysage, le cycle de l'eau, le climat pour le prix de la bouffe, ça ne marchera pas. Il faut payer un peu plus. Ah !

Description

Et si l’agriculture de demain passait par un retour aux racines?


Dans cet épisode, le professeur Marc-André Selosse, biologiste, mycologue et vulgarisateur hors pair, nous emmène dans l’univers fascinant du sol vivant et des réseaux mycorhiziens, ces alliances secrètes entre champignons et racines qui façonnent la fertilité de nos terres.


Avec passion et précision, il nous explique pourquoi la santé des sols est la clé de notre santé à tous, comment l’agriculture conventionnelle a sauvé l’humanité… mais aussi pourquoi elle atteint aujourd’hui ses limites.


Ce n’est pas une leçon de morale. C’est un appel à la lucidité. À la science. Et à la responsabilité collective.


Un épisode indispensable pour comprendre les fondations biologiques de l’agriculture régénérative, de l’agriculture de conservation, et du lien intime entre santé des sols et avenir de l’humanité.


🧠 Thèmes abordés :

• Microbiologie du sol et réseaux mycorhiziens

• Agriculture régénérative vs agriculture conventionnelle

• Pollution, pesticides, engrais et santé humaine

• Couverture végétale, non-labour et pratiques vertueuses

• Rôle des citoyens et des consommateurs dans la transition


🔁 Épisode original complet : https://youtu.be/UVYodvZ8sSU


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Episode réalisé en partenariat avec Soil Capital www.soilcapital.com


Hosted on Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et il faut qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait, elle n'est pas au rendez-vous. Qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le, pour la santé humaine. Moi je suis venu au sol et à la plante d'ailleurs parce que je suis mycologue et notamment je me suis intéressé aux champignons qui s'associent aux racines des plantes. Ce ne sont pas des parasites comme les rhizoctonias, les rouilles ou les milieux. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières organiques mortes. Il y en a, les décomposeurs de matières organiques mortes, c'est ceux qu'on sait bien cultiver, tu vois, champignons de Paris, shiitake, pleurotes. Ce ne sont pas des décomposeurs de matières mortes. Ce sont des champignons qui vont se nourrir en sucre sur les racines mais ils ne les abîment pas. en échange il ramène de l'eau et des sels minéraux qui vont capter dans un volume de sol plus étendu. Le contact avec le sol est augmenté d'un facteur 10 000 par le champignon par rapport au contact sol-racine. Et donc il exploite beaucoup mieux le sol et puis notamment toutes ces substances comme le phosphore ou le fer qui ne circulent pas. Donc il faut aller chercher au contact. En échange, la plante donne du sucre, mais ça coûte beaucoup moins cher de faire des filaments de champignon qu'une racine. Ça coûte 100 fois moins cher. Donc c'est une espèce de sous-traitance pour aller faire les courses. qui a une rentabilité en termes de contact avec le sol ramené au coût carbone d'un million de fois. 10 000 fois plus de surface de contact en fois moins de carbone pour faire les filaments qu'une racine. C'est énorme.

  • Speaker #1

    La plante investie dans ce système-là ?

  • Speaker #0

    L'eau, elle sort nouvelle, elle circule, les eaux littorales au moins sont assez riches. Le problème du sol, c'est que c'est très dilué. Les plantes sont sorties, ce sont des algues qui sont devenues terrestres, elles n'avaient pas de racines. Et on sait très bien qu'il y a 400 millions d'années, les premières plantes n'ont pas de racines, mais elles ont déjà des champignons associés à des tiges rampantes. Et elles forment, c'est Christine Sreludérien qui travaille dans mon équipe, qui travaille beaucoup sur ces fossiles-là, et on voit très bien qu'en fait les racines apparaissent comme une façon d'héberger plus de champignons. C'est leur première fonction, racines, ça a été ça. Alors maintenant il y a quelques plantes qui vivent dans des milieux riches, ou des milieux pionniers où il n'y a pas de champignons, notamment les crucifères, famille du chou, qui elles n'ont pas de mycorhizes, parce que dans ces conditions écologiques, soit il n'y a pas de champignons Soit il n'y a pas besoin de champignons parce que le sol est riche, mais en revanche, 90% des plantes ont toujours ces associations qu'on appelle les mycorhizes, myco-champignons-ryza, la racine. Et ce que toi tu appelles une racine quand tu déterres une plante, en fait, il y a du champignon dedans, c'est tout à fait normal, et le champignon aide la plante à se nourrir, et en plus, il protège la racine. Ce qui n'est pas un grand altruisme, il protège son garde-manger, c'est tout. Et donc, dans l'évolution, plus un champignon protège les racines, Plus un champignon qui fait des mycorhizes protège des racines, plus il a de descendants parce qu'il protège sa source de nourriture. Donc c'est mécanique cette histoire-là. Donc c'est un peu la protection et l'alimentation. Et ça, ça a commencé dès le début puisque les ancêtres des plantes étaient des algues qui n'avaient pas de racines.

  • Speaker #1

    Donc on a cette relation qui date de centaines de millions d'années.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Entre une plante qui a besoin de trouver des nutriments dans le sol, de l'eau, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique quoi.

  • Speaker #1

    Et de l'autre côté, on a des champignons qui, eux, ont besoin du... Le sucre, le carbone produit par la plante, et en fait les deux se complètent.

  • Speaker #0

    Alors ils se complètent, après tous les couples ne marchent pas, et c'est très important non pas de se prespider à inoculer une souche du commerce dans n'importe quel champ, mais toujours d'inoculer plusieurs souches, ou mieux de ne pas inoculer, mais d'avoir des processus qui protègent ces champignons, on va y revenir, des processus qui protègent ces champignons, de façon à ce que la plante puisse choisir ses partenaires parmi tous les champignons capables de faire des mycorhizes qui traînent autour d'elle. On sait très bien que les plantes discriminent, elles établissent des mycorhizes avec tout, Et puis, si... Elles obtiennent les choses dont elles ont besoin, elles continuent à donner du sucre, sinon elles interrompent l'interaction. C'est juste des mécanismes physiologiques. Donc il faut laisser le choix aux plantes, il ne faut pas vouloir inoculer, il faut laisser le choix aux plantes. Et de toute façon, même si tu inocules, tu ne t'exonères pas de deux choses qui vont permettre d'entretenir ces champignons. Un, tu ne laboures pas, parce que si tu laboures, tu fous en l'air le réseau de filaments, donc tu n'as plus que les sports pour refaire des mycorhizes Et puis 2, tu couvres toujours ton sol. Voilà une deuxième raison d'avoir des intercultures même si elles ne sont que techniques. Tu couvres toujours ton sol de végétation qui pousse et qui va nourrir ses champignons. Parce que si ton sol est brun en hiver, il meurt tous et il ne reste que des spores. Et donc au moment où tu vas replanter, la plantule va avec ses racines provoquer la germination des spores qui vont se connecter à la racine et puis commencer à, au dépend de ta jeune plantule, qui n'a pas encore beaucoup de moyens photosynthétiques, commencer à refaire des filaments pour explorer le sol. Tu n'hérites pas du réseau. Tu n'hérites du réseau que si tu ne perturbes pas le sol, ni la boue ni le travail du sol, et dès la surface, ceci, et si tu as une couverture végétale permanente. Alors évidemment, on ne peut pas... Si tu fais des carottes, tu vas perturber le sol. Si tu fais des patates, tu vas perturber le sol. C'est sûr. Le simple fait de récolter fait qu'il y a un moment transitoire où il n'y a pas beaucoup de végétation. Mais il faut minimiser ces deux choses. Il y a plein d'autres raisons dans la vie du sol de minimiser le laboure. Je disais tout à l'heure que ça aide à la respiration de certaines bactéries qui survivent au laboure et que ça déstocke du carbone, donc ça n'en veut pas. Première chose. Et puis deuxièmement, couvrir de végétation, on l'a dit aussi tout à l'heure, ça servait au cycle du carbone. Tu vois que là, il y a des bonnes solutions qui cochent plusieurs cases.

  • Speaker #1

    Je voudrais justement qu'on s'attarde un peu là-dessus, sur toutes ces solutions. Et en fait... Peut-être que pour commencer, on pourrait parler de ce qu'on appelle l'agriculture conventionnelle. Expliquez un peu, qu'est-ce que c'est en fait l'agriculture conventionnelle ?

  • Speaker #0

    C'est un enfer d'agribachine.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    L'agriculture conventionnelle, c'est quelque chose qui a permis de régulariser l'approvisionnement nutritionnel de toute la population. Au 19ème, il y avait une famine tous les 5 à 10 ans, enfin une disette au moins, sinon une famine. Et tu vois, quand tu es au milieu de la pomme de terre, par exemple en Irlande, ils ne mangeaient que ça parce qu'ils en faisaient plusieurs récoltes par an et puis c'est assez riche en protéines. plutôt équilibré, c'était plus de 90% de leur ration alimentaire, du jour au lendemain, il y a eu 1 million de morts et 2 millions d'émigrés. Donc il y a eu des catastrophes qu'on n'a plus maintenant, grâce aux engrais et aux pesticides. Donc l'agriculture conventionnelle, c'est celle qui a permis de nourrir l'humanité quantitativement, sauf qu'on voit aujourd'hui les limites de ça. Tu vois, en fait, on voit les limites parce qu'on commence... Ces limites reviennent à voir plus loin que ton objectif immédiat. mais avoir un monde en réseau et en interaction, et vraiment avoir un œil d'écologie au sens scientifique. Parce que ta plante est malade, tu lui fiches des pesticides, elle est guérie, c'est peut-être qu'elle y a des charges. Mais après tu t'aperçois que ça finit par s'accumuler dans le sol tellement que le sol n'arrive plus à purifier ça. Bien qu'on pense que le sol est capable de dégrader un peu plus de 80% des pesticides qui arrivent au sol, mais il y en a tellement qui vont rester dans le sol sous forme de résidus qui seront plutôt stables et qu'il y en a qui vont partir dans l'eau, respectivement 7% qui restent dans le sol. Et 10% qui partent dans l'eau, ça ne fait pas 100% le total parce qu'il y a des marges d'incertitude dans cette histoire-là. Donc, si tu veux, tu commences à polluer l'eau, polluer les aliments parce que celui qui mange, il va avoir des azides pesticides, polluer la vie des agriculteurs parce qu'on sait très bien qu'il y a des cancers agricoles qui sont très particuliers, qu'on ne retrouve pas dans la population, sauf chez les voisins des champs et qui correspondent aux pesticides. Et puis que ça abîme la vie des sols aussi, finalement. Donc, si tu dézoomes... C'est d'abord ça que ta solution n'est pas si bonne. C'est pareil pour les engrais. Tu amènes à manger la plante, elle pousse mieux. C'est bien, mais si tu dézoomes, ça ne marche pas très bien parce que tu auras des engrais qui vont passer dans l'eau. Ils suivent le chemin que je te disais, qu'une partie de la fertilité des sols passe dans les rivières et arrive à la mer. C'est ce qui fait des proliférations d'algues vertes sur le littoral breton. C'est ce qui fait que les engrais du Brésil finissent dans la mer des Sargasses et la font pousser plus que jamais. Elle est plus grosse qu'elle n'a jamais été. Il y a des lambeaux qui vont s'échouer dans les Caraïbes. Et ça, ça fait les marées d'algues brunes qu'on a dans les Caraïbes. Ailleurs, dans la Baie de Fundaï, c'est des marées d'algues rouges. Alors tu vois, tu as le choix de la couleur, mais pas de la nuisance. Ça émet du H2S qui est très toxique pour la santé des riverains. Donc, tu vois, les engrais, tu vas les retrouver partout. En plus, quand la plante a des engrais, elle licencie le champignon. Elle a plein d'azote, plein de phosphate, elle n'a plus besoin du champignon. Or, je te rappelle qu'elle ne maintient l'interaction que s'il lui arrive quelque chose dont elle a besoin par le champignon. Donc, plus de champignon, ah oui, mais alors du coup, plus de protection des racines, donc état phytosanitaire moins bon. Donc, il va falloir remettre des pesticides. Donc, si tu veux, à la fois ces engrais, on va les retrouver partout et ce n'est pas bon. En plus, le problème des engrais, c'est qu'il y a aussi un coût de production et de transport qui en... Bon, ça demande beaucoup d'énergie et souvent, en fait, ça fait des gaz à effet de serre. Et puis alors, il y a du cadmium qui contient mine, le phosphate, qu'on retrouve dans les sols, dans les plantes et dans les animaux qui viennent sur ces sols. Donc dans l'homme, en France par exemple, la moitié des gens sont en surcontamination de cadmium. Ça fait des cancers du pancréas, ça fait des dysfonctionnements hépatiques et rénaux. Le cancer du pancréas, c'est plus 3% par an en France. C'est une montée catastrophique. Et puis alors, la mortalité ne s'est pas tellement réduite ces dernières années, on ne sait pas le traiter ce cancer-là. Et puis ça provoque de l'esthéoporose parce que ça empêche l'ossification et on pense que 30% des symptômes d'esthéoporose en Europe sont liés au cadmium. Donc tu vois, quand tu dézoomes, il y a des effets qu'on ne veut plus. Donc cette agriculture a sauvé le monde et ceux qui l'ont inventée étaient des héros. Il faut le dire, il ne faut pas faire d'agribashing. Mais maintenant, il faut qu'on bouge et qu'on gère la qualité dont on découvre qu'en fait elle n'est pas au rendez-vous. La qualité pour l'environnement, mais avant tout, disons-le. pour la santé humaine. Tu vois, le cadmium, le H2S, les résidus de pesticides, agriculteurs ou pas, on parle de la santé des gens.

  • Speaker #2

    C'est important ça. J'adore ce qu'ils font et je suis super fier de participer à leur part pour le podcast Deep Seat.

  • Speaker #0

    T'en s'en foutes. Le problème, c'est qu'en fait, c'est l'homme qu'on protège ainsi. Je te prends un exemple. Parce que, tu vois, on dit souvent, c'est bon pour la planète, c'est bon pour la nature. On s'en branle. Et d'ailleurs, j'insiste très lourdement. Je ne vais pas utiliser ce mot pour rien. La planète, tu bazardes des tas de pesticides, des tas de métaux lourds. T'auras toujours une vie résistante aux pesticides et aux métaux lourds. Nous, ça va être chaud. Mais la planète, ça va, merci, elle en a vu d'autres. On a vu d'autres. Elle s'est pris des météorites dans la gueule, elle s'est pris une invention de la photosynthèse qui a tout ratiboisé pour presque un milliard d'années. C'était il y a deux milliards d'années. Bon, depuis on s'en est remis. La preuve c'est que le problème de la photosynthèse c'était l'invention de l'oxygène qui était très toxique parce que ça n'existait pas à l'époque époque. Il y a 2 milliards d'années, cet oxygène va intoxiquer puissamment le milieu, rendre le fer indisponible, empêcher la fixation d'azote. Et ça va être... Pendant 1 milliard d'années, on a très peu de fossiles et pas d'évolution visible. Puis à la fin, on s'en sort quand même, et c'est nos ancêtres notamment qui non seulement tolèrent l'oxygène, mais en plus, ils s'en servent pour respirer. Bon. Donc moi, je suis inquiet pour la planète. Je suis inquiet pour mes enfants. Et je... Quand je dis que je suis inquiet pour mes enfants, je vais maintenant me replaquer sur un exemple américain paru le 6 septembre dernier dans la revue Science. Ça fait froid dans le dos, ce truc-là. Il y a une maladie des chauves-souris qui s'introduit là-bas. Tu vas me dire, ok, chauves-souris, c'est dommage parce que c'est sympa, mais on s'en fout. Non, en fait, les chauves-souris mangent des insectes. Non, alors il y a des comtés aux Etats-Unis où il y a encore des chauves-souris, puis décompté où il n'y a plus de chauves-souris parce qu'elles sont mortes cette maladie, c'est un champignon introduit d'Europe le géomycèse, peu importe Dans les comtés où il n'y a plus de chauves-souris, l'utilisation des pesticides a fait un saut de 31%. 31% de pesticides en plus. Parce que, et c'est surtout des insecticides. Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup plus de maladies qui passent. Les chauves-souris ne font plus leur boulot de becqueter les ravageurs des cultures. Enfin, elles ne becquent pas. Elles mâchent. Elles, elles n'ont pas de bec. Mais le pire est à venir. Dans les comtés en question, la mortalité infantile a monté de 8%. Elle a augmenté de 8%. Pourquoi ? Quand tu regardes, c'est des maladies métaboliques, c'est des cancers, des leucémies, des choses comme ça. Parce que c'est toxique les produits qu'on utilise en remplacement des chauves-souris. Donc tu te dis que défendre les chauves-souris, c'est pas défendre les chauves-souris, c'est défendre les enfants contre des cancers. Voilà, il faut poser les choses sur la table. Et donc moi je ne fais pas d'agribashing parce que les agriculteurs ne font que ce qu'on leur dit de faire. Et ils font aussi ce qu'on achète. Donc dès lors que les gens achètent n'importe quoi, sans se demander est-ce que ça a été produit d'une façon qui n'utilise pas trop de chimie de synthèse, genre... une nourriture bio. Est-ce que ça a été fait d'une façon qui respecte le sol, par exemple les agriculteurs non labourés ? Les gens, ils s'en foutent de ça. Et quelque part, le bilan, c'est pas que ça abîme la nature, c'est que ça abîme leurs enfants, tu vois. Et la capacité de transmettre un monde qui marche. Donc on est juste là-dedans. Et donc, je fais pas la gribe à Chine parce que les agriculteurs, au fond, ils ont raison de continuer à produire comme ça puisqu'il y a une demande. Et que les gens ne se servent pas de leur carte bleue et de leur carte d'électeur pour respectivement choisir des choses vertueuses et encourager le financement de la transition vers des choses vertueuses. Les agriculteurs, ils n'ont pas à faire bien contre vent et marée. Si tu veux que l'agriculture fasse aussi le cycle de l'eau correctement, le climat correctement, la santé des gens correctement et le paysage, il y a un prix. Ce n'est pas payé, les agriculteurs ont bien raison de ne pas se faire chier à faire ça. et d'ailleurs ce qui est assez intéressant c'est que le bio il est tiré par une demande C'est un peu plus cher. C'est moins cher qu'on croit, parce qu'il y a quand même des intervalles qui se sucrent. Le surcoût du bio, il est de quelques pourcents à la production, et il est de plus de 10-15% chez le marchand. Bon, mais le bio, il est tiré par la demande. Mais l'agriculture de mon labouré, elle n'est pas tirée par la demande. Elle est tirée par le fait que certains agriculteurs se rendent compte qu'en labourant plus, maintenant, les sols sont tellement endommagés par le labour que tu remontes ta réserve en eau, tu remontes ta porosité, tu remontes le drainage, donc tu peux rentrer plus souvent dans ta parcelle. Comme il y a plus de matière organique, tu as plus de vie et donc cette vie, elle fait des trous, donc tu as plus de porosité et la matière organique est plus stable, donc tu stockes du carbone. Enfin, là, dans ces cas-là, c'est vraiment la pratique qui guide l'augmentation de la surface en agriculture non labourée, qui est de 4-5% en Europe, c'est pas énorme, mais ça augmente de soi-même. Mais en fait, ça pourrait augmenter beaucoup plus vite s'il y avait une aide. Et pour le bio, là, ça réduit un peu les rendements, donc un peu ou beaucoup, ça dépend de ce que tu produis. Et des choses, ça ne le réduit pas, les céréales ont plutôt vers 40% de réduction de rendement. Il faut une incitation, il faut que ce soit tiré par le marché. Le marché tire un peu mais pas beaucoup, donc on est 10%, on a une surface en bio à 10%. L'agriculteur, de toute façon, le marché ne tire pas mais la solution technique est intéressante, on est à 4%. Et puis il y en a 80% de gens qui ne bougent pas et je vais te dire, ils ont raison de ne pas bouger. Ils ne sont pas sûrs que leurs produits seront achetés s'ils sont plus chers, ils n'ont pas d'aide à la conversion. Parce que quand tu ne laboures pas, il faut changer de semoir. Ce n'est pas le même semoir pour semer en semi-direct. C'est un coût. En plus, comme il y a peu de gens qui utilisent ces semoires-là, les coûts de production sont très peu amortis. Il n'y a pas d'économie d'échelle. Donc, ils sont chers, les semoires. Donc, je répète, je ne fais pas d'agribashing. Je dis qu'il faut absolument changer toute urgence. Mais c'est dans la tête des citoyens qu'il faut que la conscience de ça prenne forme. Tu vois, parce que les agriculteurs ne vont pas faire ça tout seuls. Si on veut avoir la santé, le paysage, le cycle de l'eau, le climat pour le prix de la bouffe, ça ne marchera pas. Il faut payer un peu plus. Ah !

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