undefined cover
undefined cover
#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage cover
#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage cover
Des Habits et Vous - Le Podcast qui effeuille les looks des créatifs

#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage

#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage

1h12 |09/06/2024
Play
undefined cover
undefined cover
#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage cover
#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage cover
Des Habits et Vous - Le Podcast qui effeuille les looks des créatifs

#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage

#4 Histoires de nos vêtements, mode vintage et archives familiales, avec Laetitia Jeurissen - Propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage

1h12 |09/06/2024
Play

Description

Dans ce quatrième épisode de “Des Habits Et Vous”, je t’emmène à la rencontre de Laetitia Jeurissen, propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage située au coeur du centre historique de Bruxelles, modeuse, collectionneuse et passionnée de mode vintage.

Laetitia Jeurissen vient d'une famille qui baigne dans le commerce du textile depuis quatre générations. Son arrière-grand-mère vendait des tissus dans les années 30, et ses grands-parents ont ensuite évolué vers le prêt-à-porter de luxe dans les années 60, faisant de la boutique Jeurissen, une référence dans toute la Belgique.

Aujourd'hui, Laetitia perpétue cette tradition familiale avec sa boutique vintage à Bruxelles, où elle propose des pièces uniques et rares de marques de luxe et de créateurs tout en racontant et en archivant, l'histoire de chaque vêtement.

De son rejet de la mode à 20 ans jusqu’à l’ouverture de sa propre boutique vintage, Laetitia nous partage des anecdotes fascinantes sur ses archives familiales et le déclic qui lui a donné l’envie d’honorer la mémoire de ses grands-parents.

Elle aborde également sa vision du style (plutôt éclectique), de ce que nos chaussures disent de nous ou encore comment (bien) faire vivre nos vêtements.

Belle écoute 🎧

Samia


-


Liens et ressources mentionnés dans l’épisode :

- Compte Instagram de l'artiste plasticien qui porte la veste gaufrée Comme des Garçons achetée dans la boutique de Laetitia : https://www.instagram.com/racso_jugarap/

- Post Instagram pour voir des photos de la pièce Krizia : https://www.instagram.com/p/C3kH2xatqrB/

- Compte Instagram de la marque de la créatrice du pantalon qu’elle porte et dont elle parle lors du portrait chinois : https://www.instagram.com/januebrussels/


-


Tu peux retrouver retrouver Laetitia Jeurissen :

Sur Instagram : https://www.instagram.com/lupita_lupis_x/?hl=fr

Instagram de sa boutique Heterodoxa : https://www.instagram.com/heterodoxa.vintage/

Site internet d’Heterodoxa : https://heterodoxavintage.com


-


En attendant de nous retrouver pour un prochain épisode, je t’invite à t’abonner, à laisser 5 étoiles et un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute préférée 💌


Si tu souhaites continuer la discussion et découvrir les coulisses de DHV, retrouve-moi au quotidien sur Instagram à @samiabouhjar


👗 Et si la curiosité te titille encore, viens découvrir mon travail de Directrice Artistique, Styliste, Costumière pour la Télévision et le monde du Spectacle, rendez-vous sur  https://samiabouhjar.com


Des bises,

Samia


-


Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    s'habiller ou ne pas s'habiller, ça te dit quel qu'on se trouve de chez une personne.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous. HV. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillée, que tu te trouves prêt ou fraîche quand tu te regardes, eh ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar, et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Laetitia Jorisenne. Bonjour Laetitia !

  • Speaker #1

    Bonjour Samia !

  • Speaker #0

    On peut dire bonsoir parce qu'en fait on est en fin de journée.

  • Speaker #1

    C'est vrai, on boit un petit verre de vin.

  • Speaker #0

    Dans ta boutique.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Heterodoxa Vintage.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    Je suis très contente d'être là parce qu'on s'est rencontré cet été. Je ne savais pas qui tu étais. On m'a donné ton nom dans le cadre de la préparation du styling de Drag Race 2, Drag Race Belgique 2. et je cherchais des pièces hors du commun évidemment pour un programme hors du commun et on m'a dit va voir cette nana, je la connais c'est ma copine elle a des super chouettes pièces vintage je suis sûre que tu vas trouver des trucs cool et effectivement j'ai trouvé des trucs cool alors pas beaucoup de trucs que j'ai utilisé pour le programme mais une pièce très particulière auquel

  • Speaker #1

    je tiens beaucoup

  • Speaker #0

    Et qui est juste magnifique. De laquelle tu parles ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on parle même de la blouse Chrysia, qui appartenait à ma grand-mère et qui est une pièce archive de la boutique. Donc, je ne compte jamais la vendre. Magnifique.

  • Speaker #0

    Un haut Chrysia, je mettrai la photo, je ne sais pas encore où, mais je la mettrai à disposition, avec laquelle j'ai créé un look pour Lio, pour un des épisodes de Drag Race saison 2, que j'ai coordonné avec une jupe d'un jeune créateur belge. qui fait partie du showroom, là où je rassemble tous les créateurs belges émergents que j'adore et que j'ai envie de mettre en lumière, avec une magnifique jupe, des chaussures à plateforme et à talons d'inspiration Westwood, un chapeau métallique fait par le talentueux, l'incomparable Elvis Pompidou. Et donc cette pièce, ce chemisier, ce top Chrysia que tu m'as prêté, est la pièce centrale de ce look, et ce look est juste top. et puis il y avait plein d'autres trucs que j'ai beaucoup aimé mais qui n'ont pas fonctionné et surtout en fait moi ce que je retiens c'est que je suis devenue cliente c'est hyper dangereux pour moi d'obtenir parce qu'en plus quand je flash sur un truc c'est pas le joli, top, sympa,

  • Speaker #1

    à 100 balles tu as acheté deux pièces vraiment magnifiques dans un je pense même pas que j'ai eu le temps de la photographier mais pour mon site, mais qui est cette veste, ce manteau...

  • Speaker #0

    Non, tu ne l'avais pas encore photographié. Non, le Comme des Garçons. Gaufré, avec des volumes, un double volume incroyable. Petit, comment est-ce qu'on dit, spoiler. Ce manteau, je l'ai utilisé pour un styling,

  • Speaker #1

    il n'y a pas très longtemps,

  • Speaker #0

    pour une publication dans un Vogue. Je ne te dis pas quel Vogue de quel pays, parce que je n'ai pas le droit de le dire.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Ce manteau, il mérite d'avoir son moment vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand je le mets, j'adore. Et donc, oui, j'ai acheté deux pièces. C'est la deuxième pièce qui est en bas, que je n'ai pas encore emportée à la maison, que je n'ai pas encore présentée à ma garde-robe, qui est un manteau en velours, Anne de Meulemister. Magnifique !

  • Speaker #1

    Dans un vert, avec des reflets rouges. et il fait un peu avec des détails un peu victoriennes on dirait un manteau de lord on dirait un manteau de lord mais ça te va super bien parce qu'à chaque fois tu choisis des pièces très fortes et très haute couture et tu arrives quand tu les mets de le porter d'une façon où tu mélanges un peu avec du streetwear et que du coup ça marche super bien en fait

  • Speaker #0

    Mais c'est ça que j'aime bien chez toi, c'est que dans ta boutique, il y a plein de choses différentes. C'est ce qui fait aussi ta particularité. On est dans une boutique vintage, alors une boutique vintage pointue quand même. On va y venir, je vais expliquer un petit peu. Mais ce que j'aime bien, c'est qu'il y en a pour tout le monde, je trouve. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Et en fait, grâce à toi, d'une certaine manière, je m'éduque aussi aux vêtements haute couture, aux vêtements de luxe, tu vois, auprès de ta portée, qualitatif, vraiment de qualité. Et je m'aperçois en fait que au-delà de la beauté du vêtement, il y a aussi la personnalité qui a énormément d'importance dans un look. Je me suis rendue compte avec les vêtements que tu proposes ici que le vêtement n'est pas tout. Je le savais déjà. quand tu as des belles pièces comme ça, il y a vraiment une rencontre, en fait. Tu vois, je peux flasher sur une pièce comme, par exemple, le manteau, le plissé qui est en bas, que tu as dans ta boutique, qui est magnifique. J'adore le plissé, j'adore l'histoire de ce travail technique.

  • Speaker #1

    Les émiakés.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore. J'aime beaucoup le travail d'issémiaké. J'aime bien l'histoire derrière, j'adore la recherche qu'il y a derrière. Mais après, il y a une question aussi de rencontre. Tu vois, il y a un corps qui rencontre un... une forme qui doit épouser ce corps. Et dans un vêtement qui est vraiment travaillé, et ce qui est le cas pour les vêtements qui sortent de grandes maisons, on est vraiment dans la rencontre de deux corps. Parce que tu ne peux pas porter quelque chose qui n'est pas fait... Tu ne peux pas faire semblant, en fait.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire semblant.

  • Speaker #1

    Non, oui, c'est vrai. Pour moi, dans la boutique et la sélection que j'ai, je pense que c'est très varié. Et c'est aussi parce que je suis une personne qui n'est pas... Je pense que mon propre style est très éclectique et je suis assez démocratique dans mes choix. C'est-à-dire que je peux aimer beaucoup de choses, mais comme tu dis... Je pense que chaque vêtement dans la boutique, je l'aime d'une certaine forme. Évidemment, il y a des pièces que tout de suite, moi, je voudrais me mettre moi-même. Mais il y a aussi plein de pièces que j'aime, mais que je ne mettrais pas forcément, mais qui ont une qualité par la coupe, par la matière, par tous les détails que cette pièce a. Et je sais que cette pièce va rencontrer... la personne qui va le porter et qui va à la fois mettre en valeur l'habit et à la fois la personne. Oui,

  • Speaker #0

    on rencontre vraiment des deux.

  • Speaker #1

    La chose que j'aime le plus dans la mode, c'est le stylisme. Et ce n'est pas parce qu'on peut acheter une pièce très chère ou on peut acheter une pièce bon marché. Mais pour moi, le style, ce n'est pas quelque chose qu'on peut acheter. C'est quelque chose qu'on a ou on n'a pas et ça a à voir avec la façon comment on se réapproprie des vêtements, des styles, la confiance qu'on a, la créativité avec laquelle on essaye de faire des combinaisons. Pour moi, c'est ça le plus excitant dans la mode.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord. Avoir une super belle pièce, mais après, ce qui est encore plus chouette, c'est vraiment de lui trouver des copains, des copines, les bijoux, les chaussures. C'est vraiment de créer une silhouette complète. C'est un des trucs les plus chouettes. D'ailleurs, c'est pour ça que j'en ai fait mon métier, n'est-ce pas ? Bon, allez, on va faire une sorte de CV. Tu vois, je vais te dire un peu tout ce que je sais sur toi, tout ce que j'ai découvert en grattant un petit peu et en allant fouiller les internets. Alors, ce que je sais... c'est que tu viens d'Acelte, mais ça je le savais déjà, tu me l'avais dit. Par contre, ce que je ne savais pas, c'est que ta famille travaille dans le commerce du textile, on va prendre de manière générale, depuis 80 ans. Ça date de tes arrières-grands-parents. Je me suis dit, ok, family business.

  • Speaker #1

    It's really a family business, yes.

  • Speaker #0

    Donc, quatre générations. D'abord, ton arrière-grand-mère dans les années 30. Tu me corriges si je me trompe. Qui vendait du tissu. C'était l'époque où il n'y avait pas encore de magasins, de boutiques, de grands magasins. On s'habillait, on allait chercher du tissu. On achetait des magazines parce qu'il y avait des magazines. Et on faisait faire sa tenue. On allait chez les couturières et on faisait faire sa tenue. Ensuite, tes parents ont investi dans la fourrure, dans le commerce de la fourrure. Et puis, je ne sais pas à quel moment, dis-nous, tes grands-parents ont switché vers le prêt-à-porter. Et puis... Ils ont eu l'opportunité dans les années 60, là où le prêt-à-porter a commencé à connaître son essor, les grands magasins, le prêt-à-porter. Puis, je ne sais pas, ça tu vas nous raconter si tu le sais, comment est-ce que de fil en aiguille, ils ont rencontré les grands designers de Paris ? Et ils sont devenus une des... Il y avait une dizaine de boutiques en Belgique qui distribuaient des vêtements de prêt-à-porter de luxe. et la boutique de tes grands-parents à Esselte en faisait partie.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Comment ils en sont venus à rencontrer ces gens-là ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que c'était un moment très révolutionnaire dans les années 60, où la plupart des gens ne se rendent pas compte, parce que... Pour nous, c'est tellement normalisé. Mais le moment où on passait de venir dans une boutique et choisir les tissus, et que les gens prennent notre mesure, et qu'on pouvait venir chercher notre habit une ou deux semaines plus tard, avec le prêt-à-porter, on pouvait rentrer dans une boutique et il y avait la pièce multipliée dans différentes tailles. universelle et on pouvait prendre notre taille et sortir avec l'habit. Et ça, ça a été complètement révolutionnaire dans l'industrie de la mode. Et à ce moment-là, dans les années 60, c'était aussi le début, du coup, des grands créateurs du prêt-à-porter. Et comme ma famille, ils avaient déjà une boutique, ils ont connu cette révolution. Je ne pense pas qu'il y avait tellement de choix. Je pense qu'il y avait une dizaine, peut-être une centaine de créateurs qui existaient à ce moment, qui étaient importantes. Et donc mes grands-parents, ils ont décidé de... Voilà, d'aller dans cette aventure, dans cette révolution et de commencer à vendre du prêt-à-porter au début de Courrèges. Et Courrèges, ça, c'était génial. C'était révolutionnaire. En fait, c'est assez intéressant si on revoit cette époque, parce que Courrèges, c'était très futuristique. C'était super avant-garde, très futuristique, mais incroyablement populaire. Tout le monde voulait porter des robes Courrèges. avoir des...

  • Speaker #0

    Des robes trois trous, les petites jupes.

  • Speaker #1

    Exactement, les tailleurs Courrèges, les petites vestes en vinyle. Et à Asselt, qui est relativement une petite ville en Belgique, à travers la boutique de mes grands-parents, c'est devenu vraiment une ville connue pour la mode, où tout le monde venait de différentes parties de la Belgique et de l'étranger pour s'acheter. des pièces Kouresh. Et comme il n'y avait pas beaucoup de boutiques, la boutique de mes grands-parents, ça faisait vraiment porte entre ce qui se passait à Paris, à Milan, à Londres et eux, pour te dire l'importance de ce magasin, ce qui est, je pense, impossible de concevoir aujourd'hui qu'on ait un magasin qui vende des vêtements de luxe, like a multi-brand store. C'est qu'eux, ils faisaient leur propre défilé. Ils organisaient le défilé. Et j'ai plein d'images, d'archives, et les histoires où ils louaient le centre culturel à Asselt. où ils faisaient les défilés et ils invitaient tous les clients, etc.

  • Speaker #0

    De toutes les marques qu'ils avaient dans la boîte.

  • Speaker #1

    Et donc la sélection, ils montraient la sélection qu'ils avaient faite à Paris et à Milan, de Thierry Mugler, d'Alaya, d'Isemi Ake, de Roberto Cavalli. Et il y avait mon grand-père, ça c'est quand même très drôle, qui est une personne avec beaucoup de sens d'humour. Donc j'imagine... qu'à la fois, il doit se tenir très sérieusement, mais à la fois, il y avait, je pense, un côté un peu ludique où il annonce tous les mannequins qui arrivent sur le défilé et tout ce qu'ils portent. Ok,

  • Speaker #0

    à l'ancienne, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, au micro. Magdalena,

  • Speaker #0

    avec une robe blanche de sa collection, disponible en taille SM. Comment est-ce qu'ils ont eu accès ? tu vois, à ces marques-là ? Parce qu'en fait, j'imagine que c'est parce qu'elles n'avaient pas encore la réputation et le prestige peut-être qu'elles ont maintenant.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y avait, comme ils étaient déjà connus, ils avaient une boutique dans la mode et il n'y en avait pas beaucoup. Et ils avaient aussi du capital à acheter des collections parce qu'il faut quand même les acheter pour ensuite les revendre à ses propres clients. C'était le début, il y avait très peu de boutiques et mon grand-père quand même et ma grand-mère, ils étaient aussi... mon grand-père c'était un collectionneur d'art. Donc, il s'est intéressé très fort à ce qui se passait dans l'art, dans le design, et donc forcément aussi dans ce qui se passait dans la mode, parce que c'est des milieux qui se touchent. Il a toujours été très intéressé par des jeunes artistes, des jeunes créateurs, que ce soit dans la mode, dans le design, et à les suivre et à les soutenir et à créer des collections.

  • Speaker #0

    Rencontrer des gens, ça s'est fait, j'imagine, de manière humaine. Parce qu'il n'y avait pas tellement d'intermédiaires comme aujourd'hui où tu dois passer par des...

  • Speaker #1

    Oui, humaines et je pense aussi vraiment par intérêt, par un partage esthétique, philosophique qui était présent dans l'art contemporain, dans la mode, dans le design de cette époque-là, dans le cinéma. Et donc du coup, voilà, ils ont commencé avec Courrèges, ça a été un succès énorme. Et ensuite, ils ont continué et ils avaient vraiment un contact très, très proche avec les créateurs. Ce qui est aussi impossible d'imaginer aujourd'hui, parce que si tu as une marque, déjà, le créateur, tu as tout un tour de management, sales people, people that are dealing with communication. Then you have the investors, then you have blah, blah, blah. Then you have all the interns. Mais à ce moment-là, à l'époque de mes grands-parents, ils étaient carrément invités. à tous les défilés, ils avaient une si bonne relation avec Roberto Cavalli qui...

  • Speaker #0

    Je trouve cette anecdote, elle est incroyable cette anecdote !

  • Speaker #1

    Donc avec Roberto Cavalli, ils étaient tellement proches. De niveau business, Roberto Cavalli invitait mes grands-parents en hélicoptère privé d'aller dans son Holiday Mansion. Parce qu'il y a eu aussi une exposition dans le musée de la mode à Hasselt qui a été dédiée au magasin de ma famille. Pendant cette exposition, il y a eu pas mal d'articles dans la presse belge, dans les journaux belges qui sont sortis. Et dans un, le titre de l'article, c'était Roberto Cavalli. une cotation de mes parents, de mes grands-parents, Robert Cavalli fait un très bon spaghetti.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il les a invités chez lui. Exactement. Et donc ils sont allés en hélico chez lui et il a fait des pâtes avec sa petite machine dans sa cuisine à l'ancienne.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc ça, c'était un peu le rapport qu'il y avait entre les gens qui tenaient une boutique et les créateurs de mode. Ça n'a rien à voir avec aujourd'hui. Et moi, je retiens vraiment de l'époque de mes grands-parents, cette proximité avec les créateurs, avec Alaya, Azadine Alaya. Ils allaient par exemple acheter les collections dans l'appartement d'Alaya à Paris, qui habitait dans un petit appartement. Et c'est là où ils recevaient les acheteurs qui venaient. faire leur sélection pour leur magasin. Et il y a aussi une lettre très touchante. que j'ai retrouvée dans les archives, où mes grands-parents, ils annoncent à leurs clients comme quoi ils ne vont plus vendre Alaya dans la boutique, parce qu'Alaya avait décidé qu'il ne voulait plus refaire à chaque saison des nouvelles collections, que c'était un tempo qui était trop...

  • Speaker #0

    Trop soutenu, trop difficile.

  • Speaker #1

    Trop difficile, et que ça lui enlevait sa créativité. Et que du coup, voilà, ils ne pouvaient pas rassurer qu'il y avait des prochaines collections d'Alaïa qui allaient arriver. Ils parlent dans cette lettre des chiens patapouf et je ne sais pas comment ils appellent l'autre.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une lettre qu'Azédine a écrite à tes parents ?

  • Speaker #1

    Non, mais que mes grands-parents ont écrite pour dire à leurs clients, on est désolés, on ne va pas pouvoir continuer avec Alaïa parce qu'il nous a expliqué comme quoi... Et pourquoi... garder une certaine créativité, il ne peut plus continuer à crier à chaque saison des nouvelles pièces. Exactement.

  • Speaker #0

    Donc, voilà. Là, je n'ai pas beaucoup parlé de toi. J'ai parlé plus de ta famille jusqu'à présent. Ah oui, et puis, il faut dire le nom. Ton nom de famille, c'est Jurysen. Jurysen. Mais Laetitia, toi, par contre, tu ne travailles pas dans la mode, à la base. C'est-à-dire que tu n'as pas fait un métier de mode ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai choisi un autre parcours parce que je pense que c'est quelque chose qui est assez typique. Quand on est jeune et on vit dans un milieu qui est tellement présent et où on attend de toi. que c'est toi la nouvelle génération comme on a un family business qui va continuer à reprendre. Et moi, même si j'adorais passer du temps dans la boutique, tous les jours après l'école, j'y allais jusqu'à la fermeture de la boutique, je passais regarder des revues de mode, j'allais en haut, j'allais coudre des vêtements avec les seamstresses qu'il y avait dans la boutique parce qu'ils avaient leurs propres... pour faire les retouches et tout ça. où j'allais faire des photoshoots et me déguiser avec des pièces que je trouvais dans du stock, des pièces qui étaient déjà tellement anciennes que personne ne savait quoi faire avec, ce qui a été par la suite la base de mon projet. Mais pour moi, après 18 ans, la première chose que je voulais c'était quitter Asselt et de... Et à ce moment-là, je disais, la mode, c'est chouette, mais c'est trop superficiel. Moi, j'ai envie d'apprendre l'art. Parce que je pense qu'à ce moment-là, il y avait un grand... Je pense que ce cru est en train de diminuer beaucoup. L'art et la mode. Parce que c'est tous des milieux créatifs, mais la mode a été, pendant longtemps, c'est comme ça que je l'ai aperçu, vu comme quelque chose de beaucoup plus... C'est juste de l'esthétique. Superficiel, esthétique. Et là, il y a une profondeur, il y a une réflexion philosophique, poétique, etc. Et donc, moi, dans ma tête, c'était Ok, mais moi, je ne veux pas être dans la mode. Moi, je veux aller dans une école d'art et je veux, là pour le coup, étudier la photographie. J'ai fait la cambre en photo, mais en même temps, quand j'étais là, je... C'était un très chouette moment parce que je réfléchissais beaucoup surtout à l'image de la femme et à la sexualité. Donc ça c'était des sujets qui étaient importants pour moi pendant mes études. Mais, en même temps, on avait à la cambre aussi les départements de mode, de design textile. Et j'ai beaucoup travaillé avec eux en faisant des photos.

  • Speaker #0

    Tu as l'écharpé comme ressource pour pouvoir faire tes images ?

  • Speaker #1

    Non, c'était vraiment des collaborations. C'était les étudiants en design textile qui avaient besoin de quelqu'un pour photographier leurs pièces. Ah ok, ok,

  • Speaker #0

    comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, et j'ai trouvé beaucoup de plaisir. en faisant ça. Mais voilà, pour moi la mode c'était quelque chose que je mettais un peu de côté et ensuite je suis partie après mes études au Mexique. Et là j'ai encore travaillé dans le monde de l'art. Pendant cinq ans j'ai habité là-bas, j'ai travaillé pour des galeries et ensuite j'ai aussi eu un collectif interdisciplinaire avec lequel on organisait des expositions et des différentes... conférences, c'était plus... On essayait de mélanger politique, art et les arts appliqués et les sciences sociales et on faisait des projets ensemble et à côté, je travaillais pour des galeries pour gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Tu faisais quoi ? Tu faisais des photos pour les galeries ? Tu faisais genre quoi ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai beaucoup travaillé dans les archives. Ok. Souvent, j'étais un peu... Ce qui me convenait très bien. C'est de... d'être... emplacé pour étudier et organiser l'histoire de la galerie et des pièces. Et c'est quelque chose que je continue à aimer faire aujourd'hui avec les vêtements. Mais c'est vraiment comme la vie fonctionne parfois d'une façon assez... Inattendue. Inattendue. Et c'est avec le décès de mon grand-père, qui était en 2020, Juste avant le Covid. Ok. Donc, lui, il a toujours été quelqu'un de très malin. Donc, je pense qu'il a vu le truc arriver. Il a vu le Covid arriver. Il a dit, oh là là, moi, je n'ai pas envie de vivre ça.

  • Speaker #0

    Je me casse. Je me casse.

  • Speaker #1

    Il est décédé deux semaines avant le lockdown en Belgique. Et donc, moi, j'étais venue du Mexique en Belgique pour être avec lui à son lit de mort. et pour l'accompagner. Et deux semaines après son enterrement, les frontières étaient bloquées. Et c'est un moment, je pense pour beaucoup de gens, le Covid, ça a fait vivre beaucoup de changements, beaucoup de questionnements de qu'est-ce qu'on fait, où on est. Et pour moi, ce moment coïncidait justement avec une grande partie de l'histoire de ma famille qui était en train de se clôturer, à la fois la mort de mon grand-père et à la fois le magasin de ma famille, qu'ils avaient décidé, ça faisait quelques années déjà, qu'ils étaient en train de contempler de fermer. Et là, juste cette année-là, ils avaient décidé que...

  • Speaker #0

    Donc le Covid les a aidés d'une certaine manière à concrétiser cette fermeture ?

  • Speaker #1

    Ils avaient déjà décidé de fermer avant le Covid. Et le Covid, ça n'a pas forcément aidé, parce qu'ils avaient trouvé des gens pour reprendre.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, ok. Ils voulaient arrêter eux, mais laisser le... le commerce repris par quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Oui, avec tout un autre concept de magasin. Mais donc, ces personnes-là, à cause du Covid, ils sont retirés. Et donc, du coup, en fait, on était tous un peu avec toute la famille, en train de vivre ce moment d'un certain chapitre dans la famille. Et donc, moi, j'avais à la fois, j'avais très besoin... de faire cette clôture et aussi de commémorer mon grand-père avec qui j'étais très proche, ma grand-mère, ce magasin auquel on allait devoir... Et donc du coup, j'avais proposé à mes parents de les aider pour vider le magasin. Et je leur ai dit, comme j'étais probablement la seule dans la famille, avec ma petite sœur aussi, elle aime bien le vintage, mais elle a 8 ans de moins, donc elle a un peu moins eu cette relation avec mes grands-parents. qui avait grandi avec ce vintage et qui a toujours été intéressé depuis que je suis toute jeune. Le temps que je passais après l'école, je montais au troisième étage du magasin et j'allais chercher des fouillées, chercher dans des pièces. Cette veste que je porte maintenant, c'est une veste que j'ai prise quand j'avais, je pense, 18 ans. Un veste Versace des années 80, qui était gardé là, mais personne ne s'intéressait dans ces pièces-là. On ne savait pas quelle valeur ça avait. C'était tout sur un grenier. C'est vraiment comme si c'était tout stocké dans un grenier.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et quoi ?

  • Speaker #0

    Elles étaient dans des cartons ? Maintenant, j'essaie d'imaginer. Elles étaient quoi, dans des cartons ? Elles étaient sur des cintres, accrochées sur un portant, tout au fond d'un étage ?

  • Speaker #1

    Imagine, je pense, l'espace d'ici, au-dessus, rempli de pièces.

  • Speaker #0

    Mais genre sur des cintres ?

  • Speaker #1

    Sur des cintres, mais il y avait aussi des chaussures, des accessoires dans des boîtes. Il y avait aussi l'armoire de ma grand-mère, avec ses pièces à elle, qui étaient dans une armoire séparée. Mais c'était rempli de pièces. On pouvait même... Il fallait vraiment passer. Oui, fouiller. C'était la porte à la peine, elle ne pouvait plus bien se fermer et s'ouvrir. Le plancher était tellement vieux, on marchait dessus. Donc, t'es vraiment comme dans une chambre de trésor. Oui, oui. Mais poussièreux.

  • Speaker #0

    Narnia. Tu connais Narnia ? Oui. On est sur Narnia.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi j'adorais, quand j'étais jeune, j'allais toujours là-bas. Ça doit être extraordinaire. Oui. Et j'ai toujours eu quelque chose comme quoi je ne voulais pas jamais m'habiller. comme les autres. Donc, j'adorais trouver des pièces là-bas qui étaient juste trop cool.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as jamais acheté des vêtements dans des magasins ?

  • Speaker #1

    Quand même. Moi, je pense que je fais partie de la génération qui a grandi avec l'arrivée de H&M. Et donc, quand j'étais adolescente, H&M, c'était cool quand même. J'avais la chance que ma famille avait une boutique, donc de temps en temps pour Noël, pour mon anniversaire, je recevais des pièces et je pouvais piquer des pièces. dans le grenier que personne n'en avait rien à faire ou qu'ils se rendaient compte et ta mère elle disait pas ta maman,

  • Speaker #0

    ton papa, ta grand-mère ou ton grand-père parfois quand tu portais un vêtement dire ah mais je me souviens parce que j'imagine qu'ils n'avaient pas d'acheteur c'est eux qui achetaient ils trouvaient ça trop chouette que j'étais la seule à trouver l'intérêt là-dedans

  • Speaker #1

    Et qu'ils disaient, ah oui, mais moi, j'aime bien ça. Et ils étaient là, genre, oh, ok. Trop bien.

  • Speaker #0

    Donc, 2020, le grand-père s'en va. Corona, lockdown, le magasin, on ferme. Tu reviens du Mexique pour le deuil. Finalement, tu restes ici.

  • Speaker #1

    Je reste ici pendant six mois. Et j'aide, du coup, ma famille à vider le magasin. Et ce que je leur disais, parce que ça, c'était quand même un moment où le... où le vintage est le marché du seconde main. commençait à vraiment intéresser beaucoup de gens. Et je pense que ce n'est pas une coïncidence que ça s'est passé pendant le Covid, parce que c'était vraiment un moment où l'industrie de la mode a connu un arrêt. Quelqu'un a pris le... Des rênes.

  • Speaker #0

    La poignée ?

  • Speaker #1

    Non, le frein. Le frein, d'une manière brutale, où l'industrie de la mode a complètement... dû arrêter de produire. Et ça a été un grand moment, je pense, où beaucoup de gens se sont dit Wow, ok, en fait, j'ai tellement de choses, j'ai tellement de choses chez moi, c'est tellement pas normal la façon à laquelle on est en train de produire toutes les saisons, des nouvelles collections. On a tellement de choses, du surplus. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Des pièces... Après,

  • Speaker #1

    je pense qu'il y avait deux teams. Il y a la team commande, où là, justement, les commandes... de vêtements en ligne, le commerce en ligne, c'est très, très fort activé. Le besoin de consommer, tu sais, d'exister au travers de la consommation n'a pas disparu. Il a juste été transposé du physique au digital.

  • Speaker #0

    Et d'acheter du nouveau, d'acheter du seconde main.

  • Speaker #1

    Voilà, et là, le seconde main, tu vois, peut-être d'échanger, machin, ouais.

  • Speaker #0

    Absolument. L'envie de consommer, arrêter,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Les gens ont vu qu'on a tellement de pièces dans notre armoire qu'on ne met plus. On peut les vendre en ligne. Et en même temps, il y a eu beaucoup de gens qui sont commencés à s'intéresser dans le vintage, et dans des pièces rares, et dans des pièces... qui peuvent avoir une certaine valeur parce que ça appartient à une certaine époque, à un certain créateur, etc., à une certaine phase de savoir-faire. Et donc, plutôt d'acheter de nouveau, ça crée tout un marché entre vendeurs et acheteurs qui achètent juste du second même et qui vendent du second même parce que c'est des choses qui sont déjà en circulation. De toute façon, on ne peut pas acheter de nouveau parce que COVID a fait que... Pendant deux ans, tout a été ralenti et de là est surgit cet énorme boom dans l'industrie ou le commerce du vintage et les collectionneurs qui sont venus là-bas où ils ont commencé à voir. la mode et des pièces de mode comme des pièces qu'on peut collectionner autant que des pièces de design.

  • Speaker #1

    Comme un objecte de design, oui. Et donc, tu vides le magasin, tu aides à vider le magasin. À quel moment te vient l'idée ? Est-ce qu'il y a un moment comme ça, un momentum où tu as cette idée ? Ou alors c'est venu de manière organique, tout doucement, de manière totalement naturelle, de dire, OK, mais en fait, là, il y a une mine d'or. J'aime faire ça, je connais, je sais faire ça. Et puis c'est une manière, je crois que tu m'avais dit ça, que c'était une manière aussi pour toi d'honorer la mémoire de tes grands-parents que de continuer dans ce business-là.

  • Speaker #0

    Oui, moi je me rappelle très bien un moment, parce qu'au début, quand je commençais à vendre les pièces, d'archives du magasin, je les vendais sur Vestiaire Collectif. Et donc, je prenais les photos des pièces. Et Vestiaire Collectif, en fait, il découpe les pièces, il les met sur un fond blanc. Et tu fais partie de leur site. Mais en fait, tu n'existes pas en tant que vendeur et tu ne connais pas la personne qui achète. Donc tout passe à travers eux et moi je trouvais ça trop chiante en fait. Parce que je me dis, ok, en fait moi j'ai beaucoup de choses à dire par rapport à ces pièces et ces pièces sont importantes pour moi. Et j'ai envie de les raconter et de savoir qui sont les personnes qui les achètent. Et donc là je me suis dit, bon ok, pourquoi pas, plutôt que de passer par Vestiaire Collectif, j'essaye de les vendre moi-même sur Instagram. Mais bon, je dois faire à leur compte Instagram et alors je dois... Tu n'en avais pas avant. J'avais un compte personnel, mais je me disais, ok, alors il faut que j'invente un compte, il faut que je prenne un nom. Il faut que, voilà, ce que je veux faire, c'est donner une personnalité à la personne et à toutes ses pièces et de raconter l'histoire familiale à travers ce compte. Et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de créer Hétorodoxa. Parce que je me suis dit, bon, si je garde le nom de ma famille, c'est quand même un peu old school. Genre, Yerison Couture ? I don't know. Try hard ! Maybe, maybe, mais...

  • Speaker #1

    T'étais pas dans ce mood-là, quoi.

  • Speaker #0

    Non. Oui, en même temps, j'étais là, genre, ok, je vois le magasin de ma famille, ils ont eu leur moment de succès. Aujourd'hui, ça marche pas. Il faut... Donner un nouveau souffle et donner un côté un peu contemporain. Donc, ok, c'est cool de garder certaines choses de l'histoire familiale, mais peut-être que le branding serait bien. Et de donner un peu un nom un peu plus... mystérieux, intriguant, qui aussi fait que je suis en train de faire mon propre projet. À la fois en gardant l'histoire de la famille. Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu n'as pas gommé l'histoire de ta famille.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Tu rappelles toujours l'histoire. Tu sais, à chaque fois, tu expliques d'où ça vient, d'où tu viens.

  • Speaker #0

    Non, c'est très, très important pour moi.

  • Speaker #1

    À ce moment-là. je veux dire, tu as un stock. Donc, ça veut dire que tes parents avaient dans leur grenier, on va l'appeler le grenier, dans leur grenier de leur boutique, ils avaient combien d'années et combien de pièces ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il doit y avoir genre 500 pièces, ce qui est énorme, avec des très, très belles pièces. Et évidemment, au début, quand j'ai commencé Hétérodoxe, j'ai vendu des pièces où aujourd'hui, je suis là genre j'aurais jamais dû les vendre. Où je les ai vendues. Pas assez cher. J'ai aussi eu des bijoux. Ce que je regrette le plus, c'est des bijoux que j'avais de ma grand-mère, de Christian Lacroix. C'était des bijoux magnifiques, des broches. Et je les ai vendus beaucoup. Vraiment pas assez cher.

  • Speaker #1

    Parce que tu ne connaissais pas ? Est-ce que depuis, tu...

  • Speaker #0

    Évidemment, oui. Et parfois, il y a des choses qu'il faut mieux garder et les vendre plus tard. Et aussi, pour moi, c'est un côté aussi émotionnel. J'aurais bien voulu... J'ai gardé... deux bijoux de ma grand-mère, mais j'aurais peut-être quand même voulu garder plus. Ok.

  • Speaker #1

    Donc, disons que tu as approximativement 500 pièces, vêtements, chaussures, accessoires inclus.

  • Speaker #0

    Oui, mais après, il y a un truc qui est arrivé qui est aussi assez dingue, c'est qu'au moment où je commençais de vendre les pièces en ligne, la boutique de ma famille à Asselt, ils avaient vidé, ils avaient fait leur stock sale, et... Tout doit partir, les liquidations, décorations de Noël, tout doit partir. Donc le magasin était vide. Et à ce moment-là, les personnes qui allaient louer le magasin, à cause du Covid, ils avaient...

  • Speaker #1

    Ils s'étaient retirés,

  • Speaker #0

    comme on le disait. Donc ce magasin, il était disponible. Donc mes parents, ils me disaient, tant qu'on n'a personne...

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que le bâtiment appartient à ta famille, j'imagine. Parce qu'à beau bout de 80 ans...

  • Speaker #0

    Ouais, et donc ils ont dit que... Tant qu'il n'y a personne qui occupe ce magasin...

  • Speaker #1

    Faisant quelque chose ?

  • Speaker #0

    Faisant quelque chose. Et donc, du coup, pendant 6-8 mois, j'ai occupé ce magasin. Je n'ai fait que du vintage. Hétérodoxa ou c'était... C'était hétérodoxa. Donc,

  • Speaker #1

    tu as changé le nom sur la vitrine ?

  • Speaker #0

    Il y avait toujours, en gros, un grand jurysen sur la façade. Mais il y avait hétérodoxa...

  • Speaker #1

    Sur la vitrine.

  • Speaker #0

    Sur la vitrine. Et en fait... Quand j'ai commencé à faire ça, plein de gens ont commencé à venir me voir parce qu'ils avaient encore des pièces qu'ils avaient achetées de l'époque de mes grands-parents. Ils sont chez eux, dans leur armoire, où ils ne rentrent plus dedans. Ils n'ont pas les petits-enfants, ils n'ont pas intéressé. Ils ne savent pas encore quoi faire. Donc, si j'étais intéressée de les revendre, de les revendre en dépôt-vente.

  • Speaker #1

    Ah, dépôt-vente pour eux, ok.

  • Speaker #0

    Et au début, il y avait quelques personnes qui venaient. Mais après quelques semaines, j'avais des personnes toutes les 3-4 jours qui venaient en disant Voilà, moi j'ai encore des pièces de tes grands-pas que j'ai achetées.

  • Speaker #1

    Une pièce ou des valises entières ?

  • Speaker #0

    Non, il y avait des personnes qui arrivaient avec 10, 20, 30 pièces. Mais non,

  • Speaker #1

    des garde-robes entières. Des garde-robes entières. Tu as dû découvrir des trucs fous.

  • Speaker #0

    Et c'était super chouette parce que la plupart des gens... C'était des pièces, beaucoup de pièces qu'ils avaient achetées à mes grands-parents à l'époque. Donc,

  • Speaker #1

    ils connaissaient.

  • Speaker #0

    Donc, ils connaissaient mes grands-parents, ils me racontaient.

  • Speaker #1

    Ils t'avaient déjà vue peut-être aussi, non ?

  • Speaker #0

    Ils me connaissaient évidemment. Je suis la petite fille de Maurice et Brigitte. Tout le monde avait des histoires à raconter. Et c'était trop chouette, quoi, parce que pendant tout ce moment où j'étais à Celtes, je pouvais vraiment revivre la réputation et l'échange. que mes grands-parents avaient avec leurs clients. Oui,

  • Speaker #1

    ils ont construit en fait une sorte de communauté. Parce que malgré qu'ils vendaient des vêtements de luxe, qui n'étaient pas accessibles à tout le monde, il y avait quand même un esprit un peu, j'imagine, familial. Parce que comme Asselt n'est pas une petite ville, même si les gens venaient de loin, justement, ils devaient parler.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait plein de clients fidèles. Il y avait aussi des personnes qui venaient juste pour s'acheter une pièce. pour une occasion très particulière. J'avais aussi des personnes comme ça qui venaient, en disant, oui, moi, dans les années 60, j'ai une robe, je l'ai toujours, qu'on m'avait offerte, je ne sais pas quelle occasion. Et aussi des histoires assez marrantes. Il y a une histoire qui est... Ce qui est trop drôle, c'est que tous les ans, il y a la kermesse à Asselt, comme partout, et la dame des voitures...

  • Speaker #1

    Les autotamponneuses ?

  • Speaker #0

    Yes. Ok. Exactement. Ça, c'est une cliente de la boutique. Et donc, à chaque fois, après la kermesse, elle venait dans la boutique. elle gagnait beaucoup d'argent et elle achetait toujours des tailleurs Thierry Mugler et c'est une femme assez grosse assez grosse et donc du coup ma grand-mère, toutes les ans quand elles allaient acheter les collections elle prenait une grande taille exprès elle prenait 5 tailleurs dont taille 50 pour cette dame ah ouais taille 50 oh my god fois, elle revenait.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! C'est trop bien !

  • Speaker #0

    C'est trop chouette comme histoire, non ? Et moi j'adore cette idée qu'on a des clients fidèles qui reviennent parce qu'ils aiment bien ce que tu fais, ils aiment bien le service que tu leur donnes et que tu peux même commencer à chercher des pièces spécialement pour eux.

  • Speaker #1

    Ah moi j'adorerais que tu fasses ça pour moi. Maintenant que tu le dis, tu m'as tendu la perche. j'adorerais parce qu'en plus tu sais à peu près j'adorerais je trouve que ça c'est le ça fait partie un peu des choses je trouve très luxueuses qu'on peut s'offrir je trouve que c'est vraiment un luxe c'est un luxe de pouvoir s'offrir une belle pièce une pièce vintage qui est bien faite qui a une histoire et tout ça déjà ça c'est un luxe mais alors avoir quelqu'un qui a ton oeil parce que pour moi tu es une collectionneuse. Je te vois aujourd'hui comme je vois les gens que je ne connais pas, c'est un milieu que je ne connais pas, que toi tu connais, comme je vois par exemple un galeriste. En ce moment, je vois un peu une espèce de passion étrange, je ne sais pas d'où elle me vient, pour Peggy Guggenheim. Je lis tout ce qui a été écrit à son sujet et ce truc de l'œil, ce truc de la passion, ce truc hyper créatif, hyper... hyper émotionnel, tu vois, avec quelque chose, avec une œuvre, avec une pièce. Moi, je te vois un peu comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, je pense que je dois avoir hérité ce côté collectionniste de mon grand-père. C'est vrai que j'aime bien des belles choses et j'aime bien... J'apprécie beaucoup.

  • Speaker #1

    S'entourer de beaux,

  • Speaker #0

    ça... Et de savoir-faire, de gens, de pièces, à la fois esthétiquement et à la fois aussi, ce que j'aime bien. Et ce que je trouve qui est le plus intéressant par rapport à quelqu'un qui collectionne, c'est justement cet aspect démocratique, c'est-à-dire de ne pas avoir une collection qui est obsédée par une certaine chose, mais d'avoir quelque chose d'éclectique et de pouvoir mélanger dans sa propre collection. des pièces de différentes époques, de différents créateurs, de différentes valeurs aussi.

  • Speaker #1

    Tu sais qui tu me fais penser quand tu dis ça ? Tu me fais penser à Iris Apfel. Iris Apfel, elle a des pièces incroyables. Elle a des pièces qui ont énormément de valeur parce qu'elle y avait accès dans les années 60. Et puis j'ai lu une interview d'elle. où elle expliquait qu'en fait, que dans sa collection, et elle, elle a vraiment une collection de malades, il y a des appartements entiers à Manhattan qui sont inhabités, enfin si, ils sont habités par des vêtements. Des centaines de mètres carrés habités par des vêtements. C'est une collection au sens strict du terme, mais ce qu'elle expliquait, ce que je trouve intéressant, et qui rejoint ce que tu es en train de dire, c'est qu'elle n'a pas que des vêtements de grandes maisons de couture, ou de couturiers, ou de créateurs. Il y a des pièces qu'elle a achetées dans des marchés, au moment de ses voyages, Parce qu'en fait, c'était des vêtements traditionnels de la région, du village, du pays où elle était. Ou c'est des vêtements qu'elle a fait faire avec des tissus qu'elle a appareils, qu'elle a trouvé à un endroit, qu'elle a un peu détourné, transformé. Il y a un docu à son sujet où on la voit aller chercher des bracelets de 2 francs 6 sous dans une petite boutique à Harlem, je pense. Et en fait, elle cumule et cumule et cumule sur son poignet. Ça ne vaut rien, ça vaut 50 cents. Tu vois, ça rejoint plusieurs choses que tu as dites. Le fait de s'approprier, d'avoir un style, d'un coup, ça prend une certaine valeur. Tu vois, ça prend une valeur esthétique. Donc, il y a ce mélange que tu as, que tu fais toi aussi, c'est d'avoir des choses qui ont énormément de valeur. Tu as des pièces qui sont extrêmement rares, celles que tu gardes pour tes archives, en l'occurrence. Et puis, tu as des pièces qui sont rares dans le sens où elles sont anciennes et qu'on ne peut pas en retrouver 50.

  • Speaker #0

    Mais qui ne sont plus accessibles. Voilà,

  • Speaker #1

    mais qui ne sont pas non plus... extraordinaire dans la confection ou dans le tissu qui est utilisé, mais quand tu les assembles avec d'autres pièces, c'est l'ensemble qui devient extraordinaire. Donc ouais, j'entends comment est-ce que tu conçois ta collection et moi je trouve ça fascinant. Quand je viens et que je regarde, quand je regarde les pièces que tu as ici, je me dis pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Et puis quand je te vois t'habiller... Je vois aussi ce qui attire ton œil, tu vois.

  • Speaker #0

    Je me retrouve à fond dans ce que tu viens de dire. La seule chose que je n'ai pas héritée de cet aspect de collectionneur. Et donc, mon grand-père qui est collectionneur et qui m'a certainement influencée dans beaucoup de façons comment je suis et je vis aujourd'hui. Je n'ai jamais eu tellement de besoin de garder des choses pour moi.

  • Speaker #1

    Posséder ?

  • Speaker #0

    De posséder des choses. Donc, moi, j'aime bien. Je suis quelqu'un qui consomme beaucoup. Donc, voilà. Même si je me considère quelqu'un qui est très critique par rapport au capitalisme, je suis quelqu'un qui aime bien consommer, mais j'aime bien ce que je consomme, de le remettre dans un circuit de partage et que ce ne sont pas des choses qui m'appartiennent.

  • Speaker #1

    Donc tu n'es pas une collectionneuse au sens strict du terme ?

  • Speaker #0

    Non, je crois que j'ai quelque chose par rapport... parce qu'ils ont un rapport très émotionnel pour moi, que je garde. Mais sinon, par rapport à des pièces, pour moi, c'est important que ça soit passé par moi et qu'ensuite, je le rediffuse. Donc pour moi, c'est par exemple un livre, je fais des notes dedans, je le lis et après, je le prête à quelqu'un. Et j'ai fait comme ça avec plein plein de livres et je ne sais même pas où ils sont maintenant. Et les mêmes choses avec les vêtements, je pense que j'ai besoin qu'ils passent par moi, donc donner, de l'inscrire un peu dans un parcours.

  • Speaker #1

    Je crois que le vêtement il a une mémoire.

  • Speaker #0

    Oui, je pense à fond que les vêtements ont des mémoires. Et moi, j'ai créé mes propres mémoires parce que c'est pour ça que je trouve que c'est important pour moi de la photographie. J'aime bien photographier, au moins avoir une trace photographique des pièces qui sont passées par moi, par Hétérodoxa, par ma famille. On peut faire ça, moi j'aime bien faire ça par la photo, porter les pièces et les photographier. Je sais que par exemple pour la boutique de ma famille, ce qu'ils faisaient pour marquer le passage de ces vêtements dans la boutique, ils posaient le logo de la boutique dans... les vêtements. Donc, tu avais les vêtements... Donc,

  • Speaker #1

    tu achetais un tailleur Mugler et tu avais une étiquette jurysen dedans.

  • Speaker #0

    Jurysen était cousu ici. Et donc... Les gens savaient où tu avais trouvé cette pièce. Et ça, je trouve ça super chouette. C'est très old school. On ne fait plus ça aujourd'hui. Mais c'est quelque chose auquel je pense maintenant. C'est que je me dis ça peut être trop chouette de toutes les pièces qui passent par Hedrodoxa. de leur donner une petite marque. Je ne sais pas, ça ne doit pas être un truc très voyant, mais juste une petite trace, peut-être un petit logo qui est cousu dans le vêtement quelque part. Et je trouverais ça super chouette si d'autres boutiques avaient

  • Speaker #1

    ou d'autres même des personnes qui avaient porté cette pièce faisaient la même chose et que dans du coup dans dans le vêtement un peu comme l'éventement des enfants tu sais quand tu mets leur nom sur tu sais tu les pousses ou repasses et t'as leur nom pour qu'ils perdent pas leur truc et ils passent au petit frère et au machin chacun son nom dessus ouais mais ça serait trop chouette si moi je voilà j'ai un chèque j'ai

  • Speaker #0

    une pièce de de la boutique de ma famille ouais avec l'étiquette juriste dedans ouais ça passe par ma boutique donc je mets mon petit logo Heterodoxa, c'est acheté par quelqu'un, cette personne peut-être elle veut aussi mettre un petit truc, genre ses initiales dans la pièce,

  • Speaker #1

    elle revend et si on fait ça t'as une espèce de parchemin comme ça du chemin de vie du vêtement c'est hyper poétique je trouve ah ouais je trouve ça hyper poétique c'est super chouette, je voudrais revenir sur un truc parce que c'est quelque chose que je partage avec toi C'est que moi j'aime bien avoir des pièces, des jolies pièces. J'aime bien vivre dedans. Parfois je suis un petit peu tiraillée, tu sais, parce que quand tu vis dans un vêtement, forcément, ça laisse des traces. Tu vois, ça laisse des traces, ça laisse des marques, quoi. Différentes en fonction du type de tissu, du type de vêtement aussi, des mouvements que tu fais, tout ça. Mais en même temps, je n'arrive pas à concevoir d'avoir un vêtement qui reste sur un cintre ou dans une boîte. En tout cas, un vêtement que j'aurais acheté pour moi, qui n'est pas une œuvre d'art. Tu vois ce que je veux dire ? Si j'achetais maintenant, j'en sais rien, un corset de Marie-Antoinette, ça ne me viendrait pas à l'idée de le porter. j'aime bien les corsets, mais quelque chose qui... Même si ce n'est pas une pièce contemporaine. Tu vois, même une pièce qui a, je ne sais pas moi, 50 ans, si elle me va et que je l'intègre dans ma manière de m'habiller, eh bien, j'ai besoin de la porter. Par contre, je constate qu'il y a beaucoup de gens qui sont des amoureux des belles choses, des amoureux des beaux vêtements ou des belles chaussures. mais qui alors sont hyper méticuleux, tu vois. Toi, tu as des pompes que j'adore. Je ne sais pas ce que c'est. C'est quoi le nom encore ?

  • Speaker #0

    C'est un trippin.

  • Speaker #1

    C'est super bon avec les semelles un peu comme les chaussures sandales japonaises.

  • Speaker #0

    mais elles vivent quoi elles ont vécu elles ont super vécu elles sont crades mais elles ne sont pas crades mais on voit qu'elles ne sont pas sales,

  • Speaker #1

    on voit juste qu'elles ont vécu, tu marches avec tu marches avec et donc je me demande toujours est-ce qu'il y a une bonne manière de vivre avec un vêtement Parce que ce qu'il y a aussi, c'est qu'aujourd'hui, comment est-ce qu'on fait pour entretenir un beau vêtement ? Moi, je n'ai pas le time de commencer à faire tremper mes fringues ou aller brosser avec une petite brosse à dents. J'aimerais bien avoir cette patience-là, je ne l'ai pas. J'ai de la chance, une chance énouie d'avoir dans ma vie un homme incroyable qui est hyper méticuleux. Et donc, dès qu'il y a une tâche sur un vêtement, c'est lui qui s'en occupe. Et franchement, il a sauvé des choses. Je ne sais pas comment il a fait. Mais moi, je ne peux pas. Je me dis, mais... Est-ce que je prends le risque d'abîmer ce vêtement ? Ou alors je ne le mets pas ? Ou alors je ne le mets que quand je suis sûre que je ne vais pas devoir courir ? Je ne sais plus, je m'étais acheté un truc, je crois que c'était le premier jour. C'était un truc noir. Alors qu'est-ce que c'est ? Je ne sais plus maintenant. Bref, je me suis acheté un truc il n'y a pas très très longtemps. C'est un haut noir. Et parfois je dessine dans des magazines avec des poscas. Mais donc c'est de la peinture le posca. Et en fait, j'ai posé ma manche dessus. Et donc j'ai des taches vertes sur le poignet. Je ne sais même plus ce que c'est ce vêtement. Et en fait, au moment où c'est arrivé, j'étais en train de me dire, Samia, qu'est-ce que tu fais ? Tu ne prends pas soin des choses. Et puis il y a une autre petite voix qui m'a dit, mais en fait, ce n'est pas grave. En fait, il y a une petite tache dessus. C'est parce que tu as vécu avec. En plus, j'ai fait un truc que j'aimais bien. C'était dessiner, colorier dans un magazine, avec les fédéposcas que j'aimais bien. Toi, tu penses quoi de ça ? Est-ce que tu penses qu'il y a une bonne manière d'utiliser, de vivre avec un vêtement ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est des différentes personnes qui ont un rapport différent avec les objets auxquels on vit. Moi, par exemple, je suis une personne, même si j'aimerais le porter le plus grand soin possible, je suis quelqu'un qui use, j'use des choses. Et donc, du coup, en me connaissant, les vêtements... je les porte et elles sont usées. Ce ne sont pas des choses que je peux garder, que je prends soin. Ce sont des choses avec lesquelles je vis dedans et à la fin, elles sont usées. à la fois c'est quelque chose qui est important moi j'aime bien des choses qui vivent quand je parlais des livres ou des habits l'idée de partage que les choses circulent qui prend leur vie qu'ils vivent vraiment mais à la fois je pense que c'est bien que des personnes comme moi soient balancé avec des personnes qui sont dans l'entretien.

  • Speaker #1

    Un équilibre, tu veux dire. Il n'y a pas de bonne manière.

  • Speaker #0

    Il y a des collectionneurs, il y a des musées, il y a des gens qui préservent des pièces pour qu'on puisse les voir dans 10 ans, 20 ans, 50 ans, 100 ans. Et que ces pièces-là, elles sont... conservé. Je pense que les deux choses ont une importance. Oui,

  • Speaker #1

    c'est deux manières différentes.

  • Speaker #0

    Deux manières différentes de voir les choses et les deux choses se valent. Se valent. Et se maintiennent en équilibre.

  • Speaker #1

    Parce que la majorité des pièces qui arrivent jusqu'à toi, c'est parce que les gens sont hyper méticuleux avec, quand même. Parce que tu vois...

  • Speaker #0

    ouais toutes les pièces dans ma boutique elles sont quand même bien conservées tout est en hyper bon état je suis jamais tombée,

  • Speaker #1

    j'ai jamais regardé une pièce où je me suis dit oh celle-là elle a vécu quand même non tout est nickel tout est super nickel bon si tu étais une paire de chaussures tu serais quelle paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que je serais la paire de chaussures que je porte aujourd'hui. Ok. Avec les chaussures, j'adore les chaussures, mais j'ai toujours eu un truc pour des chaussures un peu étranges et hors du commun et bizarres. Donc, pour moi, la chaussure... Elle parle beaucoup de ta caractère, ta personnalité. Et pour moi, je suis vraiment très attirée par des chaussures qui ne sont pas... forcément belles ou conventionnelles, je suis vraiment toujours attirée par des trucs, par des chaussures qui sont un peu weird, en commun.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense que cette marque Trippen, que j'aime beaucoup, elle est à la fois, ils font des trucs très beaux, et à la fois, je trouve qu'ils font aussi des trucs moches. Mais ils ont créé cette espèce d'adaptation du sandal japonais en faisant...

  • Speaker #1

    une version allemande en cuir qui est très cool quoi la version allemande du sabot japonais en cuir exactement c'est

  • Speaker #0

    juste très étrange et j'aime bien j'aime bien et je ressens tout complètement moi je les adore je pense que la chaussure ça donne beaucoup de caractère

  • Speaker #1

    à une tenue si tu étais un pantalon quel genre de pantalon ? quelle longueur ?

  • Speaker #0

    quelle hauteur ? justement je viens de m'acheter deux nouveaux pantalons chez ma voisine qui est une créatrice belge qui s'appelle Janu La marque s'appelle Jeannine, elle s'appelle Céline. Et les pantalons que j'ai achetés, c'est des pantalons qui sont très amples, taille haute et très amples, très larges, et qui font beaucoup penser aux années 30. Et j'ai mon... meilleure amie, voisin, qui m'a donné un petit cours de l'histoire de la mode sur ce type de pantalon qui vient des années 30 et qui s'appelle des pantalons Zouk, Zout.

  • Speaker #1

    Zout ou Zouk ?

  • Speaker #0

    Non, c'est Zout, je crois. Zout ? Ok. Il faut vérifier. Ok, on va vérifier. Mais donc, c'est des pantalons qui étaient portés dans les années 30 par un mouvement contre-culture qui fait partie du mouvement jazz. Ils voulaient manifester une espèce de richesse et de... C'est quoi l'autre ? D'opulence ? D'opulence, peut-être. Par rapport à un moment dans les États-Unis où c'était la dépression. Et donc, voilà, il m'a montré les photos. Et tu ne savais pas avant d'avoir choisi ? Non, je ne savais pas que ça faisait partie de ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je me suis dit,

  • Speaker #0

    ça me va très bien. Je me sens vraiment très dandy avec ce pantalon.

  • Speaker #1

    Si tu devais être un O ? Est-ce que tu serais un chemisier, un top, j'en sais rien ? Tube ?

  • Speaker #0

    Si je devrais être un haut ? Oui, peut-être que je serais aussi un peu le haut que je porte aujourd'hui. Donc, moi j'aime bien des trucs... qu'on a du mal à déchiffrer.

  • Speaker #1

    On a du mal à déterminer. C'est un top, c'est un filet de pêche.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est ? C'est un haut mèche sur lequel on a tricoté juste les fils de laine qui fait comme une espèce de motif rectangulaire sur le haut.

  • Speaker #1

    Juste sur le devant. juste sur le devant et l'arrière c'est juste du mèche avec un petit col cheminé comme ça qui monte et j'aime bien des trucs où je me dis tiens

  • Speaker #0

    C'est quand même drôle.

  • Speaker #1

    C'est quand même bizarre.

  • Speaker #0

    On en revient au bizarre. C'est qu'on a eu cette idée de faire ça, mais en même temps, c'est super bien. Et donc voilà, j'aime bien des trucs où je suis surpris par l'idée du créateur. Ok,

  • Speaker #1

    il y a un autre haut hors du commun.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un autre haut que je viens de vendre récemment. qui était complètement fou. Alors c'était un crop top en lin d'un créateur qui s'appelle Rifat Ozbek, qui est un créateur qui est un peu tombé à l'oubli aujourd'hui, mais qui était un Turc, qui a fait sa marque à Londres, et qui a été quand même très connu, qui a fait beaucoup des grands défilés. Il avait cette particularité où il mélangeait la folklore turque avec l'avant-garde et ce qui était en mode à l'Occident, à Londres, à ce moment-là. Et moi, j'ai trouvé un top en lin court avec des franges en bas. Il y avait un CD. brodés sur le haut un CD et le CD est tricoté sur le haut avec des petits détails triangulaires qui entouraient le CD en plastique ou en plastique-pierre et donc on avait l'impression qu'on était devant des trucs ésotériques pour...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    pour faire la paix des esprits ! Et en plus avec le CD, quand tu baladais avec, ça reflétait le soleil. Ah oui, ok. Donc il y avait vraiment un truc comme quoi entre l'esprit moderne, la technologie moderne et une philosophie plutôt de tribu. qui était mélangé dans ce haut et je me dis mais c'est improbable que quelqu'un a cette idée et on dit ok bon on fait ça vas-y viens on peut faire un haut avec un CD au milieu et des triangles en gros des autour donc pour moi il y a toujours un truc entre des choses créateurs et des choses faites par des grand-mères à leur maison tu veux dire c'est entre les deux tu sais pas ça c'est les choses qui m'intéressent le plus c'est inc wow, this is brilliant, it's genius who would have thought of it et tu te dis, est-ce que c'est moche ou est-ce que c'est beau ou est-ce que c'est tellement moche que c'est beau exactement et que ça devient intéressant et oui, pour moi ça c'est des pièces qui m'intéressent le plus C'est à la fois le truc du créateur, de l'artiste, mais moi j'aime autant des trucs où on dit Oh là là !

  • Speaker #1

    C'est un interroge, quoi.

  • Speaker #0

    J'aime bien la grand-mère, en fait, qui est en train de faire un truc chez elle, à la maison.

  • Speaker #1

    Et elle trouve que c'est trop bien.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est trop bien. Et c'est trop bien. Et c'est repris par des créateurs, quoi.

  • Speaker #1

    donc voilà et si t'étais une veste est-ce que tu serais une veste ou un manteau ? ou alors tu pourrais être l'un et l'autre ?

  • Speaker #0

    ouais je pense que c'est difficile de faire une c'est quoi pour toi une veste ?

  • Speaker #1

    on va dire que ça là, ce que t'as là ta veste Versace que t'as shippée dans le grenier de tes grands-parents, ça c'est une veste et un manteau c'est plutôt ce que tu portais tout à l'heure, la super pièce que tu m'as montrée Dries Van Noten en fait dénime enduit, ça s'apparente un peu plus à un manteau pour moi.

  • Speaker #0

    Je pense que je suis quelqu'un qui met beaucoup de couches. Oui. Et évidemment, s'il fait beau, j'aime bien que porter une veste. Et je suis très contente de mettre mes manteaux de côté. Mais s'il y a un truc que j'aime bien dans la mode en hiver, c'est avoir un manteau. qui a beaucoup de présence. Parce que voilà, c'est la chose qui te couvre pendant... 4 mois de l'année, donc pour moi c'est quelque chose qui est quand même près du moi, important, c'est quelque chose qui me couvre.

  • Speaker #1

    Tu serais quel genre de manteau ? Est-ce que tu serais un gros manteau genre en laine avec une ceinture ? Je l'imagine déjà. Ou alors tu serais plutôt un trench ou une cape. Je cite toutes les choses avec lesquelles je t'ai déjà vue.

  • Speaker #0

    C'est difficile. Moi, je ne peux pas faire des choix parce que, comme je disais, je suis quelqu'un qui aime tellement des choses. Donc, mais quand j'aime quelque chose, je peux le porter pendant très longtemps.

  • Speaker #1

    Tu l'uses jusqu'à la corde ?

  • Speaker #0

    Je l'utilise jusqu'à la corde. J'ai juste, voilà, là je peux peut-être citer deux manteaux. Un qui, malheureusement, parce que la façon comment elle a été faite et la matière, je ne peux que l'utiliser dans certaines... Certaines températures. Ok. J'ai une doudoune des années 80, avec un motif de chien. Oui. Mais elle est faite en soie et c'est un peu comme un kimono.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais comme elle est faite de soie, il n'y a pas moyen de la porter quand il pleut. Donc il faut qu'il fasse froid.

  • Speaker #1

    Froid mais sec.

  • Speaker #0

    Sec, avec du soleil. Donc, ça réduit les moments où je peux le porter. Et j'ai eu le malheur de le porter le matin quand il faisait beau, l'après-midi. Et que le soir, j'ai dû rentrer chez moi avec cette veste. Et il a commencé à pleuvoir d'un seul coup. J'ai quand même un peu ruiné cette magnifique manteau. Mais parce qu'il n'y avait pas moyen. Donc voilà, j'ai cette pièce auquel je pense que j'adore et une autre pièce que j'ai mis pendant les six derniers mois c'est ma veste de ma voisine qui n'est pas du vintage mais qui est une créatrice belge qui fait des choses incroyables je pense et cette veste c'est en coton elle est assez fine elle a une petite doublure elle est très ample

  • Speaker #1

    C'est la kaki ?

  • Speaker #0

    avec une grande ceinture et en fait je l'ai mis depuis septembre je pense jusqu'à aujourd'hui je l'ai mis avec en août l'année dernière de août et en fait même en hiver je mettais juste une autre veste en dessous

  • Speaker #1

    tu vois la petite ima n'hésitez pas parce que j'aime beaucoup tu vois ces grands drapés blancs dans son atelier boutique je pense que je vais pousser la porte prochainement ok c'est une vraie si tu étais un accessoire Parce que je constate, avec le temps, je te connais un petit peu, tu portes très très peu d'accessoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Ça vient un peu de mon souci de perdre des choses. Je suis quelqu'un qui ne fait pas très très attention, comme j'avais déjà dit. Donc les accessoires pour moi, ça me cause du stress. Mais je m'imagine moi, plus tard, dans 30 ans, quelqu'un qui porte beaucoup d'accessoires. Pour l'instant, je n'y suis pas. Donc, les bijoux, pour moi, j'en ai quelques-unes que je porte juste occasionnellement. Mais sinon, les sacs à main, j'avoue aussi que je n'ai jamais été quelqu'un qui était très intéressée par les sacs à main. Pour moi, j'ai toujours été quelqu'un qui me baladait avec plein de sacs, avec plein de trucs. Donc, il y avait un truc très... pratique, utilitaire, et genre un petit sac à main, ça ne servait à rien. Même si je sais que le sac à main, c'est quand même un accessoire très important. Et aussi, commercialement, c'est quelque chose auquel il faudrait que je me...

  • Speaker #1

    C'est un autre marché.

  • Speaker #0

    Je m'intéresse un peu à marcher en soi,

  • Speaker #1

    le sac.

  • Speaker #0

    Mais pour toi,

  • Speaker #1

    à titre personnel...

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu en as des bijoux ? Je veux dire, est-ce que tu en collectionnes ? Genre, est-ce que tu as une boîte quelque part ? Ou un tiroir, tu vois, où il y a plein de petits trucs et que tu vas pouvoir ressortir dans 30 ans ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas énormément de bijoux. J'en ai juste quelques-unes. J'ai hérité justement un très bel objet en plexi transparent. C'est un objet, un carré. De quelle part des structures ondulées, comme des branches d'arbres, qui sont dans la chambre, que ma grand-mère utilisait pour mettre ses bijoux.

  • Speaker #1

    Comme un arbre à bijoux, comme ça ?

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Et donc, ça, j'utilise pour mettre mes bijoux. Mais j'en ai très peu. J'ai un très beau touche-bois. quartier de ma grand-mère qui était sa pièce qu'elle m'a donnée sur son lit.

  • Speaker #1

    C'est quoi un touche-bois ?

  • Speaker #0

    Je ne connais pas. Un touche-bois, c'est un morceau de bois qu'on touche pour avoir de la chance. Un touche-bois, c'est si on dit quelque chose... Et pour do not jinx it tu touches du bois.

  • Speaker #1

    Oui, l'expression je touche du bois Et c'est quoi le bijou ? Il est en bois ?

  • Speaker #0

    C'est un petit morceau de bois. Certi dans un collier quartier. Exactement. Oh,

  • Speaker #1

    ça c'est la classe,

  • Speaker #0

    ça. Oui, ça c'est super chouette. Et donc ça c'est le bijou de ma grand-mère qui m'a donné sur son lit de mort. Donc si je perds ce bijou, je ne me pardonnerai plus jamais de ma vie. Donc je le garde chez moi. Ok. Et sinon, oui, j'ai quelques pièces, mais pas beaucoup. Je pense que c'est quelque chose que je ferai un peu plus tard dans ma vie. Et sinon, l'accessoire que j'aime le plus, je pense que c'est les chaussures.

  • Speaker #1

    Tu considères la chaussure comme un accessoire. Dernière question, Laetitia. Si on devait réécrire la définition du vêtement dans le dictionnaire ? tu dois figure out, que tu prends le dictionnaire, tu ouvres, A, V, vêtements, deux points, définition.

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'un vêtement, de la façon la plus primitive, c'est quelque chose qu'on utilise pour couvrir notre corps, donc pour se protéger contre le froid, le chaud, pour se couvrir dedans. Deuxièmement, c'est... Une fois que cette première nécessité est trouvée, c'est quelque chose par lequel on s'exprime. Donc ça a une connotation sociale. À travers le vêtement, on peut lire plus ou moins comment la personne... a envie de s'exprimer, qu'on a le choix de choisir, ou comment la personne, elle vit par rapport à la société dans laquelle elle grandit, ou par rapport à ses moyens sociaux. Donc le vêtement, c'est à la fois quelque chose qui nous protège, une nécessité, et à la fois une forme d'expression.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laetitia. Je pourrais encore papoter des heures avec toi. À mon avis, on va continuer notre conversation un peu après. Merci beaucoup de m'avoir reçue dans ta super boutique. Je renoterai toutes les informations concernant cette boutique. Merci de nous partager ton histoire. Merci de nous partager ta passion.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. pour m'avoir écoutée et m'avoir invitée. C'était trop chouette.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Ciao.

  • Speaker #1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode avec Laetitia, la reine du vintage de créateurs de luxe, t'a plu. Si jamais tu as envie de me laisser un commentaire, me poser une question à moi ou à Laetitia, n'hésite pas à me laisser un commentaire et surtout, surtout, surtout, si ce n'est pas déjà fait, à t'abonner à DHV. Dans le prochain épisode, je reçois Coralie Barbier. J'espère que tu seras au rendez-vous. Allez, à vite ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïeva Fiston alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. DHV, déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Le style éclectique de Laetitia

    05:58

  • Le prêt-à-porter de luxe : Une histoire de famille depuis 80 ans

    07:45

  • Son enfance, ses études artistiques et ses années au Mexique

    18:31

  • Le décès de son grand-père et la fin d’un chapitre

    23:02

  • Le BOOM dans le commerce du vintage

    28:30

  • Son momentum et ses débuts dans la revente de Luxe

    31:56

  • La (re)naissance du magasin familial à travers Heterodoxa

    33:44

  • L’héritage de son grand-père

    40:33

  • La mémoire de nos vêtements

    46:41

  • Comment faire (bien) vivre nos vêtements

    49:06

  • Le portrait chinois de Laetitia

    54:38

  • Sa définition du vêtement

    01:09:32

  • Conclusion

    01:10:57

Description

Dans ce quatrième épisode de “Des Habits Et Vous”, je t’emmène à la rencontre de Laetitia Jeurissen, propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage située au coeur du centre historique de Bruxelles, modeuse, collectionneuse et passionnée de mode vintage.

Laetitia Jeurissen vient d'une famille qui baigne dans le commerce du textile depuis quatre générations. Son arrière-grand-mère vendait des tissus dans les années 30, et ses grands-parents ont ensuite évolué vers le prêt-à-porter de luxe dans les années 60, faisant de la boutique Jeurissen, une référence dans toute la Belgique.

Aujourd'hui, Laetitia perpétue cette tradition familiale avec sa boutique vintage à Bruxelles, où elle propose des pièces uniques et rares de marques de luxe et de créateurs tout en racontant et en archivant, l'histoire de chaque vêtement.

De son rejet de la mode à 20 ans jusqu’à l’ouverture de sa propre boutique vintage, Laetitia nous partage des anecdotes fascinantes sur ses archives familiales et le déclic qui lui a donné l’envie d’honorer la mémoire de ses grands-parents.

Elle aborde également sa vision du style (plutôt éclectique), de ce que nos chaussures disent de nous ou encore comment (bien) faire vivre nos vêtements.

Belle écoute 🎧

Samia


-


Liens et ressources mentionnés dans l’épisode :

- Compte Instagram de l'artiste plasticien qui porte la veste gaufrée Comme des Garçons achetée dans la boutique de Laetitia : https://www.instagram.com/racso_jugarap/

- Post Instagram pour voir des photos de la pièce Krizia : https://www.instagram.com/p/C3kH2xatqrB/

- Compte Instagram de la marque de la créatrice du pantalon qu’elle porte et dont elle parle lors du portrait chinois : https://www.instagram.com/januebrussels/


-


Tu peux retrouver retrouver Laetitia Jeurissen :

Sur Instagram : https://www.instagram.com/lupita_lupis_x/?hl=fr

Instagram de sa boutique Heterodoxa : https://www.instagram.com/heterodoxa.vintage/

Site internet d’Heterodoxa : https://heterodoxavintage.com


-


En attendant de nous retrouver pour un prochain épisode, je t’invite à t’abonner, à laisser 5 étoiles et un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute préférée 💌


Si tu souhaites continuer la discussion et découvrir les coulisses de DHV, retrouve-moi au quotidien sur Instagram à @samiabouhjar


👗 Et si la curiosité te titille encore, viens découvrir mon travail de Directrice Artistique, Styliste, Costumière pour la Télévision et le monde du Spectacle, rendez-vous sur  https://samiabouhjar.com


Des bises,

Samia


-


Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    s'habiller ou ne pas s'habiller, ça te dit quel qu'on se trouve de chez une personne.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous. HV. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillée, que tu te trouves prêt ou fraîche quand tu te regardes, eh ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar, et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Laetitia Jorisenne. Bonjour Laetitia !

  • Speaker #1

    Bonjour Samia !

  • Speaker #0

    On peut dire bonsoir parce qu'en fait on est en fin de journée.

  • Speaker #1

    C'est vrai, on boit un petit verre de vin.

  • Speaker #0

    Dans ta boutique.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Heterodoxa Vintage.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    Je suis très contente d'être là parce qu'on s'est rencontré cet été. Je ne savais pas qui tu étais. On m'a donné ton nom dans le cadre de la préparation du styling de Drag Race 2, Drag Race Belgique 2. et je cherchais des pièces hors du commun évidemment pour un programme hors du commun et on m'a dit va voir cette nana, je la connais c'est ma copine elle a des super chouettes pièces vintage je suis sûre que tu vas trouver des trucs cool et effectivement j'ai trouvé des trucs cool alors pas beaucoup de trucs que j'ai utilisé pour le programme mais une pièce très particulière auquel

  • Speaker #1

    je tiens beaucoup

  • Speaker #0

    Et qui est juste magnifique. De laquelle tu parles ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on parle même de la blouse Chrysia, qui appartenait à ma grand-mère et qui est une pièce archive de la boutique. Donc, je ne compte jamais la vendre. Magnifique.

  • Speaker #0

    Un haut Chrysia, je mettrai la photo, je ne sais pas encore où, mais je la mettrai à disposition, avec laquelle j'ai créé un look pour Lio, pour un des épisodes de Drag Race saison 2, que j'ai coordonné avec une jupe d'un jeune créateur belge. qui fait partie du showroom, là où je rassemble tous les créateurs belges émergents que j'adore et que j'ai envie de mettre en lumière, avec une magnifique jupe, des chaussures à plateforme et à talons d'inspiration Westwood, un chapeau métallique fait par le talentueux, l'incomparable Elvis Pompidou. Et donc cette pièce, ce chemisier, ce top Chrysia que tu m'as prêté, est la pièce centrale de ce look, et ce look est juste top. et puis il y avait plein d'autres trucs que j'ai beaucoup aimé mais qui n'ont pas fonctionné et surtout en fait moi ce que je retiens c'est que je suis devenue cliente c'est hyper dangereux pour moi d'obtenir parce qu'en plus quand je flash sur un truc c'est pas le joli, top, sympa,

  • Speaker #1

    à 100 balles tu as acheté deux pièces vraiment magnifiques dans un je pense même pas que j'ai eu le temps de la photographier mais pour mon site, mais qui est cette veste, ce manteau...

  • Speaker #0

    Non, tu ne l'avais pas encore photographié. Non, le Comme des Garçons. Gaufré, avec des volumes, un double volume incroyable. Petit, comment est-ce qu'on dit, spoiler. Ce manteau, je l'ai utilisé pour un styling,

  • Speaker #1

    il n'y a pas très longtemps,

  • Speaker #0

    pour une publication dans un Vogue. Je ne te dis pas quel Vogue de quel pays, parce que je n'ai pas le droit de le dire.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Ce manteau, il mérite d'avoir son moment vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand je le mets, j'adore. Et donc, oui, j'ai acheté deux pièces. C'est la deuxième pièce qui est en bas, que je n'ai pas encore emportée à la maison, que je n'ai pas encore présentée à ma garde-robe, qui est un manteau en velours, Anne de Meulemister. Magnifique !

  • Speaker #1

    Dans un vert, avec des reflets rouges. et il fait un peu avec des détails un peu victoriennes on dirait un manteau de lord on dirait un manteau de lord mais ça te va super bien parce qu'à chaque fois tu choisis des pièces très fortes et très haute couture et tu arrives quand tu les mets de le porter d'une façon où tu mélanges un peu avec du streetwear et que du coup ça marche super bien en fait

  • Speaker #0

    Mais c'est ça que j'aime bien chez toi, c'est que dans ta boutique, il y a plein de choses différentes. C'est ce qui fait aussi ta particularité. On est dans une boutique vintage, alors une boutique vintage pointue quand même. On va y venir, je vais expliquer un petit peu. Mais ce que j'aime bien, c'est qu'il y en a pour tout le monde, je trouve. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Et en fait, grâce à toi, d'une certaine manière, je m'éduque aussi aux vêtements haute couture, aux vêtements de luxe, tu vois, auprès de ta portée, qualitatif, vraiment de qualité. Et je m'aperçois en fait que au-delà de la beauté du vêtement, il y a aussi la personnalité qui a énormément d'importance dans un look. Je me suis rendue compte avec les vêtements que tu proposes ici que le vêtement n'est pas tout. Je le savais déjà. quand tu as des belles pièces comme ça, il y a vraiment une rencontre, en fait. Tu vois, je peux flasher sur une pièce comme, par exemple, le manteau, le plissé qui est en bas, que tu as dans ta boutique, qui est magnifique. J'adore le plissé, j'adore l'histoire de ce travail technique.

  • Speaker #1

    Les émiakés.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore. J'aime beaucoup le travail d'issémiaké. J'aime bien l'histoire derrière, j'adore la recherche qu'il y a derrière. Mais après, il y a une question aussi de rencontre. Tu vois, il y a un corps qui rencontre un... une forme qui doit épouser ce corps. Et dans un vêtement qui est vraiment travaillé, et ce qui est le cas pour les vêtements qui sortent de grandes maisons, on est vraiment dans la rencontre de deux corps. Parce que tu ne peux pas porter quelque chose qui n'est pas fait... Tu ne peux pas faire semblant, en fait.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire semblant.

  • Speaker #1

    Non, oui, c'est vrai. Pour moi, dans la boutique et la sélection que j'ai, je pense que c'est très varié. Et c'est aussi parce que je suis une personne qui n'est pas... Je pense que mon propre style est très éclectique et je suis assez démocratique dans mes choix. C'est-à-dire que je peux aimer beaucoup de choses, mais comme tu dis... Je pense que chaque vêtement dans la boutique, je l'aime d'une certaine forme. Évidemment, il y a des pièces que tout de suite, moi, je voudrais me mettre moi-même. Mais il y a aussi plein de pièces que j'aime, mais que je ne mettrais pas forcément, mais qui ont une qualité par la coupe, par la matière, par tous les détails que cette pièce a. Et je sais que cette pièce va rencontrer... la personne qui va le porter et qui va à la fois mettre en valeur l'habit et à la fois la personne. Oui,

  • Speaker #0

    on rencontre vraiment des deux.

  • Speaker #1

    La chose que j'aime le plus dans la mode, c'est le stylisme. Et ce n'est pas parce qu'on peut acheter une pièce très chère ou on peut acheter une pièce bon marché. Mais pour moi, le style, ce n'est pas quelque chose qu'on peut acheter. C'est quelque chose qu'on a ou on n'a pas et ça a à voir avec la façon comment on se réapproprie des vêtements, des styles, la confiance qu'on a, la créativité avec laquelle on essaye de faire des combinaisons. Pour moi, c'est ça le plus excitant dans la mode.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord. Avoir une super belle pièce, mais après, ce qui est encore plus chouette, c'est vraiment de lui trouver des copains, des copines, les bijoux, les chaussures. C'est vraiment de créer une silhouette complète. C'est un des trucs les plus chouettes. D'ailleurs, c'est pour ça que j'en ai fait mon métier, n'est-ce pas ? Bon, allez, on va faire une sorte de CV. Tu vois, je vais te dire un peu tout ce que je sais sur toi, tout ce que j'ai découvert en grattant un petit peu et en allant fouiller les internets. Alors, ce que je sais... c'est que tu viens d'Acelte, mais ça je le savais déjà, tu me l'avais dit. Par contre, ce que je ne savais pas, c'est que ta famille travaille dans le commerce du textile, on va prendre de manière générale, depuis 80 ans. Ça date de tes arrières-grands-parents. Je me suis dit, ok, family business.

  • Speaker #1

    It's really a family business, yes.

  • Speaker #0

    Donc, quatre générations. D'abord, ton arrière-grand-mère dans les années 30. Tu me corriges si je me trompe. Qui vendait du tissu. C'était l'époque où il n'y avait pas encore de magasins, de boutiques, de grands magasins. On s'habillait, on allait chercher du tissu. On achetait des magazines parce qu'il y avait des magazines. Et on faisait faire sa tenue. On allait chez les couturières et on faisait faire sa tenue. Ensuite, tes parents ont investi dans la fourrure, dans le commerce de la fourrure. Et puis, je ne sais pas à quel moment, dis-nous, tes grands-parents ont switché vers le prêt-à-porter. Et puis... Ils ont eu l'opportunité dans les années 60, là où le prêt-à-porter a commencé à connaître son essor, les grands magasins, le prêt-à-porter. Puis, je ne sais pas, ça tu vas nous raconter si tu le sais, comment est-ce que de fil en aiguille, ils ont rencontré les grands designers de Paris ? Et ils sont devenus une des... Il y avait une dizaine de boutiques en Belgique qui distribuaient des vêtements de prêt-à-porter de luxe. et la boutique de tes grands-parents à Esselte en faisait partie.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Comment ils en sont venus à rencontrer ces gens-là ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que c'était un moment très révolutionnaire dans les années 60, où la plupart des gens ne se rendent pas compte, parce que... Pour nous, c'est tellement normalisé. Mais le moment où on passait de venir dans une boutique et choisir les tissus, et que les gens prennent notre mesure, et qu'on pouvait venir chercher notre habit une ou deux semaines plus tard, avec le prêt-à-porter, on pouvait rentrer dans une boutique et il y avait la pièce multipliée dans différentes tailles. universelle et on pouvait prendre notre taille et sortir avec l'habit. Et ça, ça a été complètement révolutionnaire dans l'industrie de la mode. Et à ce moment-là, dans les années 60, c'était aussi le début, du coup, des grands créateurs du prêt-à-porter. Et comme ma famille, ils avaient déjà une boutique, ils ont connu cette révolution. Je ne pense pas qu'il y avait tellement de choix. Je pense qu'il y avait une dizaine, peut-être une centaine de créateurs qui existaient à ce moment, qui étaient importantes. Et donc mes grands-parents, ils ont décidé de... Voilà, d'aller dans cette aventure, dans cette révolution et de commencer à vendre du prêt-à-porter au début de Courrèges. Et Courrèges, ça, c'était génial. C'était révolutionnaire. En fait, c'est assez intéressant si on revoit cette époque, parce que Courrèges, c'était très futuristique. C'était super avant-garde, très futuristique, mais incroyablement populaire. Tout le monde voulait porter des robes Courrèges. avoir des...

  • Speaker #0

    Des robes trois trous, les petites jupes.

  • Speaker #1

    Exactement, les tailleurs Courrèges, les petites vestes en vinyle. Et à Asselt, qui est relativement une petite ville en Belgique, à travers la boutique de mes grands-parents, c'est devenu vraiment une ville connue pour la mode, où tout le monde venait de différentes parties de la Belgique et de l'étranger pour s'acheter. des pièces Kouresh. Et comme il n'y avait pas beaucoup de boutiques, la boutique de mes grands-parents, ça faisait vraiment porte entre ce qui se passait à Paris, à Milan, à Londres et eux, pour te dire l'importance de ce magasin, ce qui est, je pense, impossible de concevoir aujourd'hui qu'on ait un magasin qui vende des vêtements de luxe, like a multi-brand store. C'est qu'eux, ils faisaient leur propre défilé. Ils organisaient le défilé. Et j'ai plein d'images, d'archives, et les histoires où ils louaient le centre culturel à Asselt. où ils faisaient les défilés et ils invitaient tous les clients, etc.

  • Speaker #0

    De toutes les marques qu'ils avaient dans la boîte.

  • Speaker #1

    Et donc la sélection, ils montraient la sélection qu'ils avaient faite à Paris et à Milan, de Thierry Mugler, d'Alaya, d'Isemi Ake, de Roberto Cavalli. Et il y avait mon grand-père, ça c'est quand même très drôle, qui est une personne avec beaucoup de sens d'humour. Donc j'imagine... qu'à la fois, il doit se tenir très sérieusement, mais à la fois, il y avait, je pense, un côté un peu ludique où il annonce tous les mannequins qui arrivent sur le défilé et tout ce qu'ils portent. Ok,

  • Speaker #0

    à l'ancienne, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, au micro. Magdalena,

  • Speaker #0

    avec une robe blanche de sa collection, disponible en taille SM. Comment est-ce qu'ils ont eu accès ? tu vois, à ces marques-là ? Parce qu'en fait, j'imagine que c'est parce qu'elles n'avaient pas encore la réputation et le prestige peut-être qu'elles ont maintenant.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y avait, comme ils étaient déjà connus, ils avaient une boutique dans la mode et il n'y en avait pas beaucoup. Et ils avaient aussi du capital à acheter des collections parce qu'il faut quand même les acheter pour ensuite les revendre à ses propres clients. C'était le début, il y avait très peu de boutiques et mon grand-père quand même et ma grand-mère, ils étaient aussi... mon grand-père c'était un collectionneur d'art. Donc, il s'est intéressé très fort à ce qui se passait dans l'art, dans le design, et donc forcément aussi dans ce qui se passait dans la mode, parce que c'est des milieux qui se touchent. Il a toujours été très intéressé par des jeunes artistes, des jeunes créateurs, que ce soit dans la mode, dans le design, et à les suivre et à les soutenir et à créer des collections.

  • Speaker #0

    Rencontrer des gens, ça s'est fait, j'imagine, de manière humaine. Parce qu'il n'y avait pas tellement d'intermédiaires comme aujourd'hui où tu dois passer par des...

  • Speaker #1

    Oui, humaines et je pense aussi vraiment par intérêt, par un partage esthétique, philosophique qui était présent dans l'art contemporain, dans la mode, dans le design de cette époque-là, dans le cinéma. Et donc du coup, voilà, ils ont commencé avec Courrèges, ça a été un succès énorme. Et ensuite, ils ont continué et ils avaient vraiment un contact très, très proche avec les créateurs. Ce qui est aussi impossible d'imaginer aujourd'hui, parce que si tu as une marque, déjà, le créateur, tu as tout un tour de management, sales people, people that are dealing with communication. Then you have the investors, then you have blah, blah, blah. Then you have all the interns. Mais à ce moment-là, à l'époque de mes grands-parents, ils étaient carrément invités. à tous les défilés, ils avaient une si bonne relation avec Roberto Cavalli qui...

  • Speaker #0

    Je trouve cette anecdote, elle est incroyable cette anecdote !

  • Speaker #1

    Donc avec Roberto Cavalli, ils étaient tellement proches. De niveau business, Roberto Cavalli invitait mes grands-parents en hélicoptère privé d'aller dans son Holiday Mansion. Parce qu'il y a eu aussi une exposition dans le musée de la mode à Hasselt qui a été dédiée au magasin de ma famille. Pendant cette exposition, il y a eu pas mal d'articles dans la presse belge, dans les journaux belges qui sont sortis. Et dans un, le titre de l'article, c'était Roberto Cavalli. une cotation de mes parents, de mes grands-parents, Robert Cavalli fait un très bon spaghetti.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il les a invités chez lui. Exactement. Et donc ils sont allés en hélico chez lui et il a fait des pâtes avec sa petite machine dans sa cuisine à l'ancienne.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc ça, c'était un peu le rapport qu'il y avait entre les gens qui tenaient une boutique et les créateurs de mode. Ça n'a rien à voir avec aujourd'hui. Et moi, je retiens vraiment de l'époque de mes grands-parents, cette proximité avec les créateurs, avec Alaya, Azadine Alaya. Ils allaient par exemple acheter les collections dans l'appartement d'Alaya à Paris, qui habitait dans un petit appartement. Et c'est là où ils recevaient les acheteurs qui venaient. faire leur sélection pour leur magasin. Et il y a aussi une lettre très touchante. que j'ai retrouvée dans les archives, où mes grands-parents, ils annoncent à leurs clients comme quoi ils ne vont plus vendre Alaya dans la boutique, parce qu'Alaya avait décidé qu'il ne voulait plus refaire à chaque saison des nouvelles collections, que c'était un tempo qui était trop...

  • Speaker #0

    Trop soutenu, trop difficile.

  • Speaker #1

    Trop difficile, et que ça lui enlevait sa créativité. Et que du coup, voilà, ils ne pouvaient pas rassurer qu'il y avait des prochaines collections d'Alaïa qui allaient arriver. Ils parlent dans cette lettre des chiens patapouf et je ne sais pas comment ils appellent l'autre.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une lettre qu'Azédine a écrite à tes parents ?

  • Speaker #1

    Non, mais que mes grands-parents ont écrite pour dire à leurs clients, on est désolés, on ne va pas pouvoir continuer avec Alaïa parce qu'il nous a expliqué comme quoi... Et pourquoi... garder une certaine créativité, il ne peut plus continuer à crier à chaque saison des nouvelles pièces. Exactement.

  • Speaker #0

    Donc, voilà. Là, je n'ai pas beaucoup parlé de toi. J'ai parlé plus de ta famille jusqu'à présent. Ah oui, et puis, il faut dire le nom. Ton nom de famille, c'est Jurysen. Jurysen. Mais Laetitia, toi, par contre, tu ne travailles pas dans la mode, à la base. C'est-à-dire que tu n'as pas fait un métier de mode ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai choisi un autre parcours parce que je pense que c'est quelque chose qui est assez typique. Quand on est jeune et on vit dans un milieu qui est tellement présent et où on attend de toi. que c'est toi la nouvelle génération comme on a un family business qui va continuer à reprendre. Et moi, même si j'adorais passer du temps dans la boutique, tous les jours après l'école, j'y allais jusqu'à la fermeture de la boutique, je passais regarder des revues de mode, j'allais en haut, j'allais coudre des vêtements avec les seamstresses qu'il y avait dans la boutique parce qu'ils avaient leurs propres... pour faire les retouches et tout ça. où j'allais faire des photoshoots et me déguiser avec des pièces que je trouvais dans du stock, des pièces qui étaient déjà tellement anciennes que personne ne savait quoi faire avec, ce qui a été par la suite la base de mon projet. Mais pour moi, après 18 ans, la première chose que je voulais c'était quitter Asselt et de... Et à ce moment-là, je disais, la mode, c'est chouette, mais c'est trop superficiel. Moi, j'ai envie d'apprendre l'art. Parce que je pense qu'à ce moment-là, il y avait un grand... Je pense que ce cru est en train de diminuer beaucoup. L'art et la mode. Parce que c'est tous des milieux créatifs, mais la mode a été, pendant longtemps, c'est comme ça que je l'ai aperçu, vu comme quelque chose de beaucoup plus... C'est juste de l'esthétique. Superficiel, esthétique. Et là, il y a une profondeur, il y a une réflexion philosophique, poétique, etc. Et donc, moi, dans ma tête, c'était Ok, mais moi, je ne veux pas être dans la mode. Moi, je veux aller dans une école d'art et je veux, là pour le coup, étudier la photographie. J'ai fait la cambre en photo, mais en même temps, quand j'étais là, je... C'était un très chouette moment parce que je réfléchissais beaucoup surtout à l'image de la femme et à la sexualité. Donc ça c'était des sujets qui étaient importants pour moi pendant mes études. Mais, en même temps, on avait à la cambre aussi les départements de mode, de design textile. Et j'ai beaucoup travaillé avec eux en faisant des photos.

  • Speaker #0

    Tu as l'écharpé comme ressource pour pouvoir faire tes images ?

  • Speaker #1

    Non, c'était vraiment des collaborations. C'était les étudiants en design textile qui avaient besoin de quelqu'un pour photographier leurs pièces. Ah ok, ok,

  • Speaker #0

    comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, et j'ai trouvé beaucoup de plaisir. en faisant ça. Mais voilà, pour moi la mode c'était quelque chose que je mettais un peu de côté et ensuite je suis partie après mes études au Mexique. Et là j'ai encore travaillé dans le monde de l'art. Pendant cinq ans j'ai habité là-bas, j'ai travaillé pour des galeries et ensuite j'ai aussi eu un collectif interdisciplinaire avec lequel on organisait des expositions et des différentes... conférences, c'était plus... On essayait de mélanger politique, art et les arts appliqués et les sciences sociales et on faisait des projets ensemble et à côté, je travaillais pour des galeries pour gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Tu faisais quoi ? Tu faisais des photos pour les galeries ? Tu faisais genre quoi ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai beaucoup travaillé dans les archives. Ok. Souvent, j'étais un peu... Ce qui me convenait très bien. C'est de... d'être... emplacé pour étudier et organiser l'histoire de la galerie et des pièces. Et c'est quelque chose que je continue à aimer faire aujourd'hui avec les vêtements. Mais c'est vraiment comme la vie fonctionne parfois d'une façon assez... Inattendue. Inattendue. Et c'est avec le décès de mon grand-père, qui était en 2020, Juste avant le Covid. Ok. Donc, lui, il a toujours été quelqu'un de très malin. Donc, je pense qu'il a vu le truc arriver. Il a vu le Covid arriver. Il a dit, oh là là, moi, je n'ai pas envie de vivre ça.

  • Speaker #0

    Je me casse. Je me casse.

  • Speaker #1

    Il est décédé deux semaines avant le lockdown en Belgique. Et donc, moi, j'étais venue du Mexique en Belgique pour être avec lui à son lit de mort. et pour l'accompagner. Et deux semaines après son enterrement, les frontières étaient bloquées. Et c'est un moment, je pense pour beaucoup de gens, le Covid, ça a fait vivre beaucoup de changements, beaucoup de questionnements de qu'est-ce qu'on fait, où on est. Et pour moi, ce moment coïncidait justement avec une grande partie de l'histoire de ma famille qui était en train de se clôturer, à la fois la mort de mon grand-père et à la fois le magasin de ma famille, qu'ils avaient décidé, ça faisait quelques années déjà, qu'ils étaient en train de contempler de fermer. Et là, juste cette année-là, ils avaient décidé que...

  • Speaker #0

    Donc le Covid les a aidés d'une certaine manière à concrétiser cette fermeture ?

  • Speaker #1

    Ils avaient déjà décidé de fermer avant le Covid. Et le Covid, ça n'a pas forcément aidé, parce qu'ils avaient trouvé des gens pour reprendre.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, ok. Ils voulaient arrêter eux, mais laisser le... le commerce repris par quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Oui, avec tout un autre concept de magasin. Mais donc, ces personnes-là, à cause du Covid, ils sont retirés. Et donc, du coup, en fait, on était tous un peu avec toute la famille, en train de vivre ce moment d'un certain chapitre dans la famille. Et donc, moi, j'avais à la fois, j'avais très besoin... de faire cette clôture et aussi de commémorer mon grand-père avec qui j'étais très proche, ma grand-mère, ce magasin auquel on allait devoir... Et donc du coup, j'avais proposé à mes parents de les aider pour vider le magasin. Et je leur ai dit, comme j'étais probablement la seule dans la famille, avec ma petite sœur aussi, elle aime bien le vintage, mais elle a 8 ans de moins, donc elle a un peu moins eu cette relation avec mes grands-parents. qui avait grandi avec ce vintage et qui a toujours été intéressé depuis que je suis toute jeune. Le temps que je passais après l'école, je montais au troisième étage du magasin et j'allais chercher des fouillées, chercher dans des pièces. Cette veste que je porte maintenant, c'est une veste que j'ai prise quand j'avais, je pense, 18 ans. Un veste Versace des années 80, qui était gardé là, mais personne ne s'intéressait dans ces pièces-là. On ne savait pas quelle valeur ça avait. C'était tout sur un grenier. C'est vraiment comme si c'était tout stocké dans un grenier.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et quoi ?

  • Speaker #0

    Elles étaient dans des cartons ? Maintenant, j'essaie d'imaginer. Elles étaient quoi, dans des cartons ? Elles étaient sur des cintres, accrochées sur un portant, tout au fond d'un étage ?

  • Speaker #1

    Imagine, je pense, l'espace d'ici, au-dessus, rempli de pièces.

  • Speaker #0

    Mais genre sur des cintres ?

  • Speaker #1

    Sur des cintres, mais il y avait aussi des chaussures, des accessoires dans des boîtes. Il y avait aussi l'armoire de ma grand-mère, avec ses pièces à elle, qui étaient dans une armoire séparée. Mais c'était rempli de pièces. On pouvait même... Il fallait vraiment passer. Oui, fouiller. C'était la porte à la peine, elle ne pouvait plus bien se fermer et s'ouvrir. Le plancher était tellement vieux, on marchait dessus. Donc, t'es vraiment comme dans une chambre de trésor. Oui, oui. Mais poussièreux.

  • Speaker #0

    Narnia. Tu connais Narnia ? Oui. On est sur Narnia.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi j'adorais, quand j'étais jeune, j'allais toujours là-bas. Ça doit être extraordinaire. Oui. Et j'ai toujours eu quelque chose comme quoi je ne voulais pas jamais m'habiller. comme les autres. Donc, j'adorais trouver des pièces là-bas qui étaient juste trop cool.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as jamais acheté des vêtements dans des magasins ?

  • Speaker #1

    Quand même. Moi, je pense que je fais partie de la génération qui a grandi avec l'arrivée de H&M. Et donc, quand j'étais adolescente, H&M, c'était cool quand même. J'avais la chance que ma famille avait une boutique, donc de temps en temps pour Noël, pour mon anniversaire, je recevais des pièces et je pouvais piquer des pièces. dans le grenier que personne n'en avait rien à faire ou qu'ils se rendaient compte et ta mère elle disait pas ta maman,

  • Speaker #0

    ton papa, ta grand-mère ou ton grand-père parfois quand tu portais un vêtement dire ah mais je me souviens parce que j'imagine qu'ils n'avaient pas d'acheteur c'est eux qui achetaient ils trouvaient ça trop chouette que j'étais la seule à trouver l'intérêt là-dedans

  • Speaker #1

    Et qu'ils disaient, ah oui, mais moi, j'aime bien ça. Et ils étaient là, genre, oh, ok. Trop bien.

  • Speaker #0

    Donc, 2020, le grand-père s'en va. Corona, lockdown, le magasin, on ferme. Tu reviens du Mexique pour le deuil. Finalement, tu restes ici.

  • Speaker #1

    Je reste ici pendant six mois. Et j'aide, du coup, ma famille à vider le magasin. Et ce que je leur disais, parce que ça, c'était quand même un moment où le... où le vintage est le marché du seconde main. commençait à vraiment intéresser beaucoup de gens. Et je pense que ce n'est pas une coïncidence que ça s'est passé pendant le Covid, parce que c'était vraiment un moment où l'industrie de la mode a connu un arrêt. Quelqu'un a pris le... Des rênes.

  • Speaker #0

    La poignée ?

  • Speaker #1

    Non, le frein. Le frein, d'une manière brutale, où l'industrie de la mode a complètement... dû arrêter de produire. Et ça a été un grand moment, je pense, où beaucoup de gens se sont dit Wow, ok, en fait, j'ai tellement de choses, j'ai tellement de choses chez moi, c'est tellement pas normal la façon à laquelle on est en train de produire toutes les saisons, des nouvelles collections. On a tellement de choses, du surplus. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Des pièces... Après,

  • Speaker #1

    je pense qu'il y avait deux teams. Il y a la team commande, où là, justement, les commandes... de vêtements en ligne, le commerce en ligne, c'est très, très fort activé. Le besoin de consommer, tu sais, d'exister au travers de la consommation n'a pas disparu. Il a juste été transposé du physique au digital.

  • Speaker #0

    Et d'acheter du nouveau, d'acheter du seconde main.

  • Speaker #1

    Voilà, et là, le seconde main, tu vois, peut-être d'échanger, machin, ouais.

  • Speaker #0

    Absolument. L'envie de consommer, arrêter,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Les gens ont vu qu'on a tellement de pièces dans notre armoire qu'on ne met plus. On peut les vendre en ligne. Et en même temps, il y a eu beaucoup de gens qui sont commencés à s'intéresser dans le vintage, et dans des pièces rares, et dans des pièces... qui peuvent avoir une certaine valeur parce que ça appartient à une certaine époque, à un certain créateur, etc., à une certaine phase de savoir-faire. Et donc, plutôt d'acheter de nouveau, ça crée tout un marché entre vendeurs et acheteurs qui achètent juste du second même et qui vendent du second même parce que c'est des choses qui sont déjà en circulation. De toute façon, on ne peut pas acheter de nouveau parce que COVID a fait que... Pendant deux ans, tout a été ralenti et de là est surgit cet énorme boom dans l'industrie ou le commerce du vintage et les collectionneurs qui sont venus là-bas où ils ont commencé à voir. la mode et des pièces de mode comme des pièces qu'on peut collectionner autant que des pièces de design.

  • Speaker #1

    Comme un objecte de design, oui. Et donc, tu vides le magasin, tu aides à vider le magasin. À quel moment te vient l'idée ? Est-ce qu'il y a un moment comme ça, un momentum où tu as cette idée ? Ou alors c'est venu de manière organique, tout doucement, de manière totalement naturelle, de dire, OK, mais en fait, là, il y a une mine d'or. J'aime faire ça, je connais, je sais faire ça. Et puis c'est une manière, je crois que tu m'avais dit ça, que c'était une manière aussi pour toi d'honorer la mémoire de tes grands-parents que de continuer dans ce business-là.

  • Speaker #0

    Oui, moi je me rappelle très bien un moment, parce qu'au début, quand je commençais à vendre les pièces, d'archives du magasin, je les vendais sur Vestiaire Collectif. Et donc, je prenais les photos des pièces. Et Vestiaire Collectif, en fait, il découpe les pièces, il les met sur un fond blanc. Et tu fais partie de leur site. Mais en fait, tu n'existes pas en tant que vendeur et tu ne connais pas la personne qui achète. Donc tout passe à travers eux et moi je trouvais ça trop chiante en fait. Parce que je me dis, ok, en fait moi j'ai beaucoup de choses à dire par rapport à ces pièces et ces pièces sont importantes pour moi. Et j'ai envie de les raconter et de savoir qui sont les personnes qui les achètent. Et donc là je me suis dit, bon ok, pourquoi pas, plutôt que de passer par Vestiaire Collectif, j'essaye de les vendre moi-même sur Instagram. Mais bon, je dois faire à leur compte Instagram et alors je dois... Tu n'en avais pas avant. J'avais un compte personnel, mais je me disais, ok, alors il faut que j'invente un compte, il faut que je prenne un nom. Il faut que, voilà, ce que je veux faire, c'est donner une personnalité à la personne et à toutes ses pièces et de raconter l'histoire familiale à travers ce compte. Et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de créer Hétorodoxa. Parce que je me suis dit, bon, si je garde le nom de ma famille, c'est quand même un peu old school. Genre, Yerison Couture ? I don't know. Try hard ! Maybe, maybe, mais...

  • Speaker #1

    T'étais pas dans ce mood-là, quoi.

  • Speaker #0

    Non. Oui, en même temps, j'étais là, genre, ok, je vois le magasin de ma famille, ils ont eu leur moment de succès. Aujourd'hui, ça marche pas. Il faut... Donner un nouveau souffle et donner un côté un peu contemporain. Donc, ok, c'est cool de garder certaines choses de l'histoire familiale, mais peut-être que le branding serait bien. Et de donner un peu un nom un peu plus... mystérieux, intriguant, qui aussi fait que je suis en train de faire mon propre projet. À la fois en gardant l'histoire de la famille. Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu n'as pas gommé l'histoire de ta famille.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Tu rappelles toujours l'histoire. Tu sais, à chaque fois, tu expliques d'où ça vient, d'où tu viens.

  • Speaker #0

    Non, c'est très, très important pour moi.

  • Speaker #1

    À ce moment-là. je veux dire, tu as un stock. Donc, ça veut dire que tes parents avaient dans leur grenier, on va l'appeler le grenier, dans leur grenier de leur boutique, ils avaient combien d'années et combien de pièces ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il doit y avoir genre 500 pièces, ce qui est énorme, avec des très, très belles pièces. Et évidemment, au début, quand j'ai commencé Hétérodoxe, j'ai vendu des pièces où aujourd'hui, je suis là genre j'aurais jamais dû les vendre. Où je les ai vendues. Pas assez cher. J'ai aussi eu des bijoux. Ce que je regrette le plus, c'est des bijoux que j'avais de ma grand-mère, de Christian Lacroix. C'était des bijoux magnifiques, des broches. Et je les ai vendus beaucoup. Vraiment pas assez cher.

  • Speaker #1

    Parce que tu ne connaissais pas ? Est-ce que depuis, tu...

  • Speaker #0

    Évidemment, oui. Et parfois, il y a des choses qu'il faut mieux garder et les vendre plus tard. Et aussi, pour moi, c'est un côté aussi émotionnel. J'aurais bien voulu... J'ai gardé... deux bijoux de ma grand-mère, mais j'aurais peut-être quand même voulu garder plus. Ok.

  • Speaker #1

    Donc, disons que tu as approximativement 500 pièces, vêtements, chaussures, accessoires inclus.

  • Speaker #0

    Oui, mais après, il y a un truc qui est arrivé qui est aussi assez dingue, c'est qu'au moment où je commençais de vendre les pièces en ligne, la boutique de ma famille à Asselt, ils avaient vidé, ils avaient fait leur stock sale, et... Tout doit partir, les liquidations, décorations de Noël, tout doit partir. Donc le magasin était vide. Et à ce moment-là, les personnes qui allaient louer le magasin, à cause du Covid, ils avaient...

  • Speaker #1

    Ils s'étaient retirés,

  • Speaker #0

    comme on le disait. Donc ce magasin, il était disponible. Donc mes parents, ils me disaient, tant qu'on n'a personne...

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que le bâtiment appartient à ta famille, j'imagine. Parce qu'à beau bout de 80 ans...

  • Speaker #0

    Ouais, et donc ils ont dit que... Tant qu'il n'y a personne qui occupe ce magasin...

  • Speaker #1

    Faisant quelque chose ?

  • Speaker #0

    Faisant quelque chose. Et donc, du coup, pendant 6-8 mois, j'ai occupé ce magasin. Je n'ai fait que du vintage. Hétérodoxa ou c'était... C'était hétérodoxa. Donc,

  • Speaker #1

    tu as changé le nom sur la vitrine ?

  • Speaker #0

    Il y avait toujours, en gros, un grand jurysen sur la façade. Mais il y avait hétérodoxa...

  • Speaker #1

    Sur la vitrine.

  • Speaker #0

    Sur la vitrine. Et en fait... Quand j'ai commencé à faire ça, plein de gens ont commencé à venir me voir parce qu'ils avaient encore des pièces qu'ils avaient achetées de l'époque de mes grands-parents. Ils sont chez eux, dans leur armoire, où ils ne rentrent plus dedans. Ils n'ont pas les petits-enfants, ils n'ont pas intéressé. Ils ne savent pas encore quoi faire. Donc, si j'étais intéressée de les revendre, de les revendre en dépôt-vente.

  • Speaker #1

    Ah, dépôt-vente pour eux, ok.

  • Speaker #0

    Et au début, il y avait quelques personnes qui venaient. Mais après quelques semaines, j'avais des personnes toutes les 3-4 jours qui venaient en disant Voilà, moi j'ai encore des pièces de tes grands-pas que j'ai achetées.

  • Speaker #1

    Une pièce ou des valises entières ?

  • Speaker #0

    Non, il y avait des personnes qui arrivaient avec 10, 20, 30 pièces. Mais non,

  • Speaker #1

    des garde-robes entières. Des garde-robes entières. Tu as dû découvrir des trucs fous.

  • Speaker #0

    Et c'était super chouette parce que la plupart des gens... C'était des pièces, beaucoup de pièces qu'ils avaient achetées à mes grands-parents à l'époque. Donc,

  • Speaker #1

    ils connaissaient.

  • Speaker #0

    Donc, ils connaissaient mes grands-parents, ils me racontaient.

  • Speaker #1

    Ils t'avaient déjà vue peut-être aussi, non ?

  • Speaker #0

    Ils me connaissaient évidemment. Je suis la petite fille de Maurice et Brigitte. Tout le monde avait des histoires à raconter. Et c'était trop chouette, quoi, parce que pendant tout ce moment où j'étais à Celtes, je pouvais vraiment revivre la réputation et l'échange. que mes grands-parents avaient avec leurs clients. Oui,

  • Speaker #1

    ils ont construit en fait une sorte de communauté. Parce que malgré qu'ils vendaient des vêtements de luxe, qui n'étaient pas accessibles à tout le monde, il y avait quand même un esprit un peu, j'imagine, familial. Parce que comme Asselt n'est pas une petite ville, même si les gens venaient de loin, justement, ils devaient parler.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait plein de clients fidèles. Il y avait aussi des personnes qui venaient juste pour s'acheter une pièce. pour une occasion très particulière. J'avais aussi des personnes comme ça qui venaient, en disant, oui, moi, dans les années 60, j'ai une robe, je l'ai toujours, qu'on m'avait offerte, je ne sais pas quelle occasion. Et aussi des histoires assez marrantes. Il y a une histoire qui est... Ce qui est trop drôle, c'est que tous les ans, il y a la kermesse à Asselt, comme partout, et la dame des voitures...

  • Speaker #1

    Les autotamponneuses ?

  • Speaker #0

    Yes. Ok. Exactement. Ça, c'est une cliente de la boutique. Et donc, à chaque fois, après la kermesse, elle venait dans la boutique. elle gagnait beaucoup d'argent et elle achetait toujours des tailleurs Thierry Mugler et c'est une femme assez grosse assez grosse et donc du coup ma grand-mère, toutes les ans quand elles allaient acheter les collections elle prenait une grande taille exprès elle prenait 5 tailleurs dont taille 50 pour cette dame ah ouais taille 50 oh my god fois, elle revenait.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! C'est trop bien !

  • Speaker #0

    C'est trop chouette comme histoire, non ? Et moi j'adore cette idée qu'on a des clients fidèles qui reviennent parce qu'ils aiment bien ce que tu fais, ils aiment bien le service que tu leur donnes et que tu peux même commencer à chercher des pièces spécialement pour eux.

  • Speaker #1

    Ah moi j'adorerais que tu fasses ça pour moi. Maintenant que tu le dis, tu m'as tendu la perche. j'adorerais parce qu'en plus tu sais à peu près j'adorerais je trouve que ça c'est le ça fait partie un peu des choses je trouve très luxueuses qu'on peut s'offrir je trouve que c'est vraiment un luxe c'est un luxe de pouvoir s'offrir une belle pièce une pièce vintage qui est bien faite qui a une histoire et tout ça déjà ça c'est un luxe mais alors avoir quelqu'un qui a ton oeil parce que pour moi tu es une collectionneuse. Je te vois aujourd'hui comme je vois les gens que je ne connais pas, c'est un milieu que je ne connais pas, que toi tu connais, comme je vois par exemple un galeriste. En ce moment, je vois un peu une espèce de passion étrange, je ne sais pas d'où elle me vient, pour Peggy Guggenheim. Je lis tout ce qui a été écrit à son sujet et ce truc de l'œil, ce truc de la passion, ce truc hyper créatif, hyper... hyper émotionnel, tu vois, avec quelque chose, avec une œuvre, avec une pièce. Moi, je te vois un peu comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, je pense que je dois avoir hérité ce côté collectionniste de mon grand-père. C'est vrai que j'aime bien des belles choses et j'aime bien... J'apprécie beaucoup.

  • Speaker #1

    S'entourer de beaux,

  • Speaker #0

    ça... Et de savoir-faire, de gens, de pièces, à la fois esthétiquement et à la fois aussi, ce que j'aime bien. Et ce que je trouve qui est le plus intéressant par rapport à quelqu'un qui collectionne, c'est justement cet aspect démocratique, c'est-à-dire de ne pas avoir une collection qui est obsédée par une certaine chose, mais d'avoir quelque chose d'éclectique et de pouvoir mélanger dans sa propre collection. des pièces de différentes époques, de différents créateurs, de différentes valeurs aussi.

  • Speaker #1

    Tu sais qui tu me fais penser quand tu dis ça ? Tu me fais penser à Iris Apfel. Iris Apfel, elle a des pièces incroyables. Elle a des pièces qui ont énormément de valeur parce qu'elle y avait accès dans les années 60. Et puis j'ai lu une interview d'elle. où elle expliquait qu'en fait, que dans sa collection, et elle, elle a vraiment une collection de malades, il y a des appartements entiers à Manhattan qui sont inhabités, enfin si, ils sont habités par des vêtements. Des centaines de mètres carrés habités par des vêtements. C'est une collection au sens strict du terme, mais ce qu'elle expliquait, ce que je trouve intéressant, et qui rejoint ce que tu es en train de dire, c'est qu'elle n'a pas que des vêtements de grandes maisons de couture, ou de couturiers, ou de créateurs. Il y a des pièces qu'elle a achetées dans des marchés, au moment de ses voyages, Parce qu'en fait, c'était des vêtements traditionnels de la région, du village, du pays où elle était. Ou c'est des vêtements qu'elle a fait faire avec des tissus qu'elle a appareils, qu'elle a trouvé à un endroit, qu'elle a un peu détourné, transformé. Il y a un docu à son sujet où on la voit aller chercher des bracelets de 2 francs 6 sous dans une petite boutique à Harlem, je pense. Et en fait, elle cumule et cumule et cumule sur son poignet. Ça ne vaut rien, ça vaut 50 cents. Tu vois, ça rejoint plusieurs choses que tu as dites. Le fait de s'approprier, d'avoir un style, d'un coup, ça prend une certaine valeur. Tu vois, ça prend une valeur esthétique. Donc, il y a ce mélange que tu as, que tu fais toi aussi, c'est d'avoir des choses qui ont énormément de valeur. Tu as des pièces qui sont extrêmement rares, celles que tu gardes pour tes archives, en l'occurrence. Et puis, tu as des pièces qui sont rares dans le sens où elles sont anciennes et qu'on ne peut pas en retrouver 50.

  • Speaker #0

    Mais qui ne sont plus accessibles. Voilà,

  • Speaker #1

    mais qui ne sont pas non plus... extraordinaire dans la confection ou dans le tissu qui est utilisé, mais quand tu les assembles avec d'autres pièces, c'est l'ensemble qui devient extraordinaire. Donc ouais, j'entends comment est-ce que tu conçois ta collection et moi je trouve ça fascinant. Quand je viens et que je regarde, quand je regarde les pièces que tu as ici, je me dis pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Et puis quand je te vois t'habiller... Je vois aussi ce qui attire ton œil, tu vois.

  • Speaker #0

    Je me retrouve à fond dans ce que tu viens de dire. La seule chose que je n'ai pas héritée de cet aspect de collectionneur. Et donc, mon grand-père qui est collectionneur et qui m'a certainement influencée dans beaucoup de façons comment je suis et je vis aujourd'hui. Je n'ai jamais eu tellement de besoin de garder des choses pour moi.

  • Speaker #1

    Posséder ?

  • Speaker #0

    De posséder des choses. Donc, moi, j'aime bien. Je suis quelqu'un qui consomme beaucoup. Donc, voilà. Même si je me considère quelqu'un qui est très critique par rapport au capitalisme, je suis quelqu'un qui aime bien consommer, mais j'aime bien ce que je consomme, de le remettre dans un circuit de partage et que ce ne sont pas des choses qui m'appartiennent.

  • Speaker #1

    Donc tu n'es pas une collectionneuse au sens strict du terme ?

  • Speaker #0

    Non, je crois que j'ai quelque chose par rapport... parce qu'ils ont un rapport très émotionnel pour moi, que je garde. Mais sinon, par rapport à des pièces, pour moi, c'est important que ça soit passé par moi et qu'ensuite, je le rediffuse. Donc pour moi, c'est par exemple un livre, je fais des notes dedans, je le lis et après, je le prête à quelqu'un. Et j'ai fait comme ça avec plein plein de livres et je ne sais même pas où ils sont maintenant. Et les mêmes choses avec les vêtements, je pense que j'ai besoin qu'ils passent par moi, donc donner, de l'inscrire un peu dans un parcours.

  • Speaker #1

    Je crois que le vêtement il a une mémoire.

  • Speaker #0

    Oui, je pense à fond que les vêtements ont des mémoires. Et moi, j'ai créé mes propres mémoires parce que c'est pour ça que je trouve que c'est important pour moi de la photographie. J'aime bien photographier, au moins avoir une trace photographique des pièces qui sont passées par moi, par Hétérodoxa, par ma famille. On peut faire ça, moi j'aime bien faire ça par la photo, porter les pièces et les photographier. Je sais que par exemple pour la boutique de ma famille, ce qu'ils faisaient pour marquer le passage de ces vêtements dans la boutique, ils posaient le logo de la boutique dans... les vêtements. Donc, tu avais les vêtements... Donc,

  • Speaker #1

    tu achetais un tailleur Mugler et tu avais une étiquette jurysen dedans.

  • Speaker #0

    Jurysen était cousu ici. Et donc... Les gens savaient où tu avais trouvé cette pièce. Et ça, je trouve ça super chouette. C'est très old school. On ne fait plus ça aujourd'hui. Mais c'est quelque chose auquel je pense maintenant. C'est que je me dis ça peut être trop chouette de toutes les pièces qui passent par Hedrodoxa. de leur donner une petite marque. Je ne sais pas, ça ne doit pas être un truc très voyant, mais juste une petite trace, peut-être un petit logo qui est cousu dans le vêtement quelque part. Et je trouverais ça super chouette si d'autres boutiques avaient

  • Speaker #1

    ou d'autres même des personnes qui avaient porté cette pièce faisaient la même chose et que dans du coup dans dans le vêtement un peu comme l'éventement des enfants tu sais quand tu mets leur nom sur tu sais tu les pousses ou repasses et t'as leur nom pour qu'ils perdent pas leur truc et ils passent au petit frère et au machin chacun son nom dessus ouais mais ça serait trop chouette si moi je voilà j'ai un chèque j'ai

  • Speaker #0

    une pièce de de la boutique de ma famille ouais avec l'étiquette juriste dedans ouais ça passe par ma boutique donc je mets mon petit logo Heterodoxa, c'est acheté par quelqu'un, cette personne peut-être elle veut aussi mettre un petit truc, genre ses initiales dans la pièce,

  • Speaker #1

    elle revend et si on fait ça t'as une espèce de parchemin comme ça du chemin de vie du vêtement c'est hyper poétique je trouve ah ouais je trouve ça hyper poétique c'est super chouette, je voudrais revenir sur un truc parce que c'est quelque chose que je partage avec toi C'est que moi j'aime bien avoir des pièces, des jolies pièces. J'aime bien vivre dedans. Parfois je suis un petit peu tiraillée, tu sais, parce que quand tu vis dans un vêtement, forcément, ça laisse des traces. Tu vois, ça laisse des traces, ça laisse des marques, quoi. Différentes en fonction du type de tissu, du type de vêtement aussi, des mouvements que tu fais, tout ça. Mais en même temps, je n'arrive pas à concevoir d'avoir un vêtement qui reste sur un cintre ou dans une boîte. En tout cas, un vêtement que j'aurais acheté pour moi, qui n'est pas une œuvre d'art. Tu vois ce que je veux dire ? Si j'achetais maintenant, j'en sais rien, un corset de Marie-Antoinette, ça ne me viendrait pas à l'idée de le porter. j'aime bien les corsets, mais quelque chose qui... Même si ce n'est pas une pièce contemporaine. Tu vois, même une pièce qui a, je ne sais pas moi, 50 ans, si elle me va et que je l'intègre dans ma manière de m'habiller, eh bien, j'ai besoin de la porter. Par contre, je constate qu'il y a beaucoup de gens qui sont des amoureux des belles choses, des amoureux des beaux vêtements ou des belles chaussures. mais qui alors sont hyper méticuleux, tu vois. Toi, tu as des pompes que j'adore. Je ne sais pas ce que c'est. C'est quoi le nom encore ?

  • Speaker #0

    C'est un trippin.

  • Speaker #1

    C'est super bon avec les semelles un peu comme les chaussures sandales japonaises.

  • Speaker #0

    mais elles vivent quoi elles ont vécu elles ont super vécu elles sont crades mais elles ne sont pas crades mais on voit qu'elles ne sont pas sales,

  • Speaker #1

    on voit juste qu'elles ont vécu, tu marches avec tu marches avec et donc je me demande toujours est-ce qu'il y a une bonne manière de vivre avec un vêtement Parce que ce qu'il y a aussi, c'est qu'aujourd'hui, comment est-ce qu'on fait pour entretenir un beau vêtement ? Moi, je n'ai pas le time de commencer à faire tremper mes fringues ou aller brosser avec une petite brosse à dents. J'aimerais bien avoir cette patience-là, je ne l'ai pas. J'ai de la chance, une chance énouie d'avoir dans ma vie un homme incroyable qui est hyper méticuleux. Et donc, dès qu'il y a une tâche sur un vêtement, c'est lui qui s'en occupe. Et franchement, il a sauvé des choses. Je ne sais pas comment il a fait. Mais moi, je ne peux pas. Je me dis, mais... Est-ce que je prends le risque d'abîmer ce vêtement ? Ou alors je ne le mets pas ? Ou alors je ne le mets que quand je suis sûre que je ne vais pas devoir courir ? Je ne sais plus, je m'étais acheté un truc, je crois que c'était le premier jour. C'était un truc noir. Alors qu'est-ce que c'est ? Je ne sais plus maintenant. Bref, je me suis acheté un truc il n'y a pas très très longtemps. C'est un haut noir. Et parfois je dessine dans des magazines avec des poscas. Mais donc c'est de la peinture le posca. Et en fait, j'ai posé ma manche dessus. Et donc j'ai des taches vertes sur le poignet. Je ne sais même plus ce que c'est ce vêtement. Et en fait, au moment où c'est arrivé, j'étais en train de me dire, Samia, qu'est-ce que tu fais ? Tu ne prends pas soin des choses. Et puis il y a une autre petite voix qui m'a dit, mais en fait, ce n'est pas grave. En fait, il y a une petite tache dessus. C'est parce que tu as vécu avec. En plus, j'ai fait un truc que j'aimais bien. C'était dessiner, colorier dans un magazine, avec les fédéposcas que j'aimais bien. Toi, tu penses quoi de ça ? Est-ce que tu penses qu'il y a une bonne manière d'utiliser, de vivre avec un vêtement ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est des différentes personnes qui ont un rapport différent avec les objets auxquels on vit. Moi, par exemple, je suis une personne, même si j'aimerais le porter le plus grand soin possible, je suis quelqu'un qui use, j'use des choses. Et donc, du coup, en me connaissant, les vêtements... je les porte et elles sont usées. Ce ne sont pas des choses que je peux garder, que je prends soin. Ce sont des choses avec lesquelles je vis dedans et à la fin, elles sont usées. à la fois c'est quelque chose qui est important moi j'aime bien des choses qui vivent quand je parlais des livres ou des habits l'idée de partage que les choses circulent qui prend leur vie qu'ils vivent vraiment mais à la fois je pense que c'est bien que des personnes comme moi soient balancé avec des personnes qui sont dans l'entretien.

  • Speaker #1

    Un équilibre, tu veux dire. Il n'y a pas de bonne manière.

  • Speaker #0

    Il y a des collectionneurs, il y a des musées, il y a des gens qui préservent des pièces pour qu'on puisse les voir dans 10 ans, 20 ans, 50 ans, 100 ans. Et que ces pièces-là, elles sont... conservé. Je pense que les deux choses ont une importance. Oui,

  • Speaker #1

    c'est deux manières différentes.

  • Speaker #0

    Deux manières différentes de voir les choses et les deux choses se valent. Se valent. Et se maintiennent en équilibre.

  • Speaker #1

    Parce que la majorité des pièces qui arrivent jusqu'à toi, c'est parce que les gens sont hyper méticuleux avec, quand même. Parce que tu vois...

  • Speaker #0

    ouais toutes les pièces dans ma boutique elles sont quand même bien conservées tout est en hyper bon état je suis jamais tombée,

  • Speaker #1

    j'ai jamais regardé une pièce où je me suis dit oh celle-là elle a vécu quand même non tout est nickel tout est super nickel bon si tu étais une paire de chaussures tu serais quelle paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que je serais la paire de chaussures que je porte aujourd'hui. Ok. Avec les chaussures, j'adore les chaussures, mais j'ai toujours eu un truc pour des chaussures un peu étranges et hors du commun et bizarres. Donc, pour moi, la chaussure... Elle parle beaucoup de ta caractère, ta personnalité. Et pour moi, je suis vraiment très attirée par des chaussures qui ne sont pas... forcément belles ou conventionnelles, je suis vraiment toujours attirée par des trucs, par des chaussures qui sont un peu weird, en commun.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense que cette marque Trippen, que j'aime beaucoup, elle est à la fois, ils font des trucs très beaux, et à la fois, je trouve qu'ils font aussi des trucs moches. Mais ils ont créé cette espèce d'adaptation du sandal japonais en faisant...

  • Speaker #1

    une version allemande en cuir qui est très cool quoi la version allemande du sabot japonais en cuir exactement c'est

  • Speaker #0

    juste très étrange et j'aime bien j'aime bien et je ressens tout complètement moi je les adore je pense que la chaussure ça donne beaucoup de caractère

  • Speaker #1

    à une tenue si tu étais un pantalon quel genre de pantalon ? quelle longueur ?

  • Speaker #0

    quelle hauteur ? justement je viens de m'acheter deux nouveaux pantalons chez ma voisine qui est une créatrice belge qui s'appelle Janu La marque s'appelle Jeannine, elle s'appelle Céline. Et les pantalons que j'ai achetés, c'est des pantalons qui sont très amples, taille haute et très amples, très larges, et qui font beaucoup penser aux années 30. Et j'ai mon... meilleure amie, voisin, qui m'a donné un petit cours de l'histoire de la mode sur ce type de pantalon qui vient des années 30 et qui s'appelle des pantalons Zouk, Zout.

  • Speaker #1

    Zout ou Zouk ?

  • Speaker #0

    Non, c'est Zout, je crois. Zout ? Ok. Il faut vérifier. Ok, on va vérifier. Mais donc, c'est des pantalons qui étaient portés dans les années 30 par un mouvement contre-culture qui fait partie du mouvement jazz. Ils voulaient manifester une espèce de richesse et de... C'est quoi l'autre ? D'opulence ? D'opulence, peut-être. Par rapport à un moment dans les États-Unis où c'était la dépression. Et donc, voilà, il m'a montré les photos. Et tu ne savais pas avant d'avoir choisi ? Non, je ne savais pas que ça faisait partie de ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je me suis dit,

  • Speaker #0

    ça me va très bien. Je me sens vraiment très dandy avec ce pantalon.

  • Speaker #1

    Si tu devais être un O ? Est-ce que tu serais un chemisier, un top, j'en sais rien ? Tube ?

  • Speaker #0

    Si je devrais être un haut ? Oui, peut-être que je serais aussi un peu le haut que je porte aujourd'hui. Donc, moi j'aime bien des trucs... qu'on a du mal à déchiffrer.

  • Speaker #1

    On a du mal à déterminer. C'est un top, c'est un filet de pêche.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est ? C'est un haut mèche sur lequel on a tricoté juste les fils de laine qui fait comme une espèce de motif rectangulaire sur le haut.

  • Speaker #1

    Juste sur le devant. juste sur le devant et l'arrière c'est juste du mèche avec un petit col cheminé comme ça qui monte et j'aime bien des trucs où je me dis tiens

  • Speaker #0

    C'est quand même drôle.

  • Speaker #1

    C'est quand même bizarre.

  • Speaker #0

    On en revient au bizarre. C'est qu'on a eu cette idée de faire ça, mais en même temps, c'est super bien. Et donc voilà, j'aime bien des trucs où je suis surpris par l'idée du créateur. Ok,

  • Speaker #1

    il y a un autre haut hors du commun.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un autre haut que je viens de vendre récemment. qui était complètement fou. Alors c'était un crop top en lin d'un créateur qui s'appelle Rifat Ozbek, qui est un créateur qui est un peu tombé à l'oubli aujourd'hui, mais qui était un Turc, qui a fait sa marque à Londres, et qui a été quand même très connu, qui a fait beaucoup des grands défilés. Il avait cette particularité où il mélangeait la folklore turque avec l'avant-garde et ce qui était en mode à l'Occident, à Londres, à ce moment-là. Et moi, j'ai trouvé un top en lin court avec des franges en bas. Il y avait un CD. brodés sur le haut un CD et le CD est tricoté sur le haut avec des petits détails triangulaires qui entouraient le CD en plastique ou en plastique-pierre et donc on avait l'impression qu'on était devant des trucs ésotériques pour...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    pour faire la paix des esprits ! Et en plus avec le CD, quand tu baladais avec, ça reflétait le soleil. Ah oui, ok. Donc il y avait vraiment un truc comme quoi entre l'esprit moderne, la technologie moderne et une philosophie plutôt de tribu. qui était mélangé dans ce haut et je me dis mais c'est improbable que quelqu'un a cette idée et on dit ok bon on fait ça vas-y viens on peut faire un haut avec un CD au milieu et des triangles en gros des autour donc pour moi il y a toujours un truc entre des choses créateurs et des choses faites par des grand-mères à leur maison tu veux dire c'est entre les deux tu sais pas ça c'est les choses qui m'intéressent le plus c'est inc wow, this is brilliant, it's genius who would have thought of it et tu te dis, est-ce que c'est moche ou est-ce que c'est beau ou est-ce que c'est tellement moche que c'est beau exactement et que ça devient intéressant et oui, pour moi ça c'est des pièces qui m'intéressent le plus C'est à la fois le truc du créateur, de l'artiste, mais moi j'aime autant des trucs où on dit Oh là là !

  • Speaker #1

    C'est un interroge, quoi.

  • Speaker #0

    J'aime bien la grand-mère, en fait, qui est en train de faire un truc chez elle, à la maison.

  • Speaker #1

    Et elle trouve que c'est trop bien.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est trop bien. Et c'est trop bien. Et c'est repris par des créateurs, quoi.

  • Speaker #1

    donc voilà et si t'étais une veste est-ce que tu serais une veste ou un manteau ? ou alors tu pourrais être l'un et l'autre ?

  • Speaker #0

    ouais je pense que c'est difficile de faire une c'est quoi pour toi une veste ?

  • Speaker #1

    on va dire que ça là, ce que t'as là ta veste Versace que t'as shippée dans le grenier de tes grands-parents, ça c'est une veste et un manteau c'est plutôt ce que tu portais tout à l'heure, la super pièce que tu m'as montrée Dries Van Noten en fait dénime enduit, ça s'apparente un peu plus à un manteau pour moi.

  • Speaker #0

    Je pense que je suis quelqu'un qui met beaucoup de couches. Oui. Et évidemment, s'il fait beau, j'aime bien que porter une veste. Et je suis très contente de mettre mes manteaux de côté. Mais s'il y a un truc que j'aime bien dans la mode en hiver, c'est avoir un manteau. qui a beaucoup de présence. Parce que voilà, c'est la chose qui te couvre pendant... 4 mois de l'année, donc pour moi c'est quelque chose qui est quand même près du moi, important, c'est quelque chose qui me couvre.

  • Speaker #1

    Tu serais quel genre de manteau ? Est-ce que tu serais un gros manteau genre en laine avec une ceinture ? Je l'imagine déjà. Ou alors tu serais plutôt un trench ou une cape. Je cite toutes les choses avec lesquelles je t'ai déjà vue.

  • Speaker #0

    C'est difficile. Moi, je ne peux pas faire des choix parce que, comme je disais, je suis quelqu'un qui aime tellement des choses. Donc, mais quand j'aime quelque chose, je peux le porter pendant très longtemps.

  • Speaker #1

    Tu l'uses jusqu'à la corde ?

  • Speaker #0

    Je l'utilise jusqu'à la corde. J'ai juste, voilà, là je peux peut-être citer deux manteaux. Un qui, malheureusement, parce que la façon comment elle a été faite et la matière, je ne peux que l'utiliser dans certaines... Certaines températures. Ok. J'ai une doudoune des années 80, avec un motif de chien. Oui. Mais elle est faite en soie et c'est un peu comme un kimono.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais comme elle est faite de soie, il n'y a pas moyen de la porter quand il pleut. Donc il faut qu'il fasse froid.

  • Speaker #1

    Froid mais sec.

  • Speaker #0

    Sec, avec du soleil. Donc, ça réduit les moments où je peux le porter. Et j'ai eu le malheur de le porter le matin quand il faisait beau, l'après-midi. Et que le soir, j'ai dû rentrer chez moi avec cette veste. Et il a commencé à pleuvoir d'un seul coup. J'ai quand même un peu ruiné cette magnifique manteau. Mais parce qu'il n'y avait pas moyen. Donc voilà, j'ai cette pièce auquel je pense que j'adore et une autre pièce que j'ai mis pendant les six derniers mois c'est ma veste de ma voisine qui n'est pas du vintage mais qui est une créatrice belge qui fait des choses incroyables je pense et cette veste c'est en coton elle est assez fine elle a une petite doublure elle est très ample

  • Speaker #1

    C'est la kaki ?

  • Speaker #0

    avec une grande ceinture et en fait je l'ai mis depuis septembre je pense jusqu'à aujourd'hui je l'ai mis avec en août l'année dernière de août et en fait même en hiver je mettais juste une autre veste en dessous

  • Speaker #1

    tu vois la petite ima n'hésitez pas parce que j'aime beaucoup tu vois ces grands drapés blancs dans son atelier boutique je pense que je vais pousser la porte prochainement ok c'est une vraie si tu étais un accessoire Parce que je constate, avec le temps, je te connais un petit peu, tu portes très très peu d'accessoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Ça vient un peu de mon souci de perdre des choses. Je suis quelqu'un qui ne fait pas très très attention, comme j'avais déjà dit. Donc les accessoires pour moi, ça me cause du stress. Mais je m'imagine moi, plus tard, dans 30 ans, quelqu'un qui porte beaucoup d'accessoires. Pour l'instant, je n'y suis pas. Donc, les bijoux, pour moi, j'en ai quelques-unes que je porte juste occasionnellement. Mais sinon, les sacs à main, j'avoue aussi que je n'ai jamais été quelqu'un qui était très intéressée par les sacs à main. Pour moi, j'ai toujours été quelqu'un qui me baladait avec plein de sacs, avec plein de trucs. Donc, il y avait un truc très... pratique, utilitaire, et genre un petit sac à main, ça ne servait à rien. Même si je sais que le sac à main, c'est quand même un accessoire très important. Et aussi, commercialement, c'est quelque chose auquel il faudrait que je me...

  • Speaker #1

    C'est un autre marché.

  • Speaker #0

    Je m'intéresse un peu à marcher en soi,

  • Speaker #1

    le sac.

  • Speaker #0

    Mais pour toi,

  • Speaker #1

    à titre personnel...

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu en as des bijoux ? Je veux dire, est-ce que tu en collectionnes ? Genre, est-ce que tu as une boîte quelque part ? Ou un tiroir, tu vois, où il y a plein de petits trucs et que tu vas pouvoir ressortir dans 30 ans ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas énormément de bijoux. J'en ai juste quelques-unes. J'ai hérité justement un très bel objet en plexi transparent. C'est un objet, un carré. De quelle part des structures ondulées, comme des branches d'arbres, qui sont dans la chambre, que ma grand-mère utilisait pour mettre ses bijoux.

  • Speaker #1

    Comme un arbre à bijoux, comme ça ?

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Et donc, ça, j'utilise pour mettre mes bijoux. Mais j'en ai très peu. J'ai un très beau touche-bois. quartier de ma grand-mère qui était sa pièce qu'elle m'a donnée sur son lit.

  • Speaker #1

    C'est quoi un touche-bois ?

  • Speaker #0

    Je ne connais pas. Un touche-bois, c'est un morceau de bois qu'on touche pour avoir de la chance. Un touche-bois, c'est si on dit quelque chose... Et pour do not jinx it tu touches du bois.

  • Speaker #1

    Oui, l'expression je touche du bois Et c'est quoi le bijou ? Il est en bois ?

  • Speaker #0

    C'est un petit morceau de bois. Certi dans un collier quartier. Exactement. Oh,

  • Speaker #1

    ça c'est la classe,

  • Speaker #0

    ça. Oui, ça c'est super chouette. Et donc ça c'est le bijou de ma grand-mère qui m'a donné sur son lit de mort. Donc si je perds ce bijou, je ne me pardonnerai plus jamais de ma vie. Donc je le garde chez moi. Ok. Et sinon, oui, j'ai quelques pièces, mais pas beaucoup. Je pense que c'est quelque chose que je ferai un peu plus tard dans ma vie. Et sinon, l'accessoire que j'aime le plus, je pense que c'est les chaussures.

  • Speaker #1

    Tu considères la chaussure comme un accessoire. Dernière question, Laetitia. Si on devait réécrire la définition du vêtement dans le dictionnaire ? tu dois figure out, que tu prends le dictionnaire, tu ouvres, A, V, vêtements, deux points, définition.

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'un vêtement, de la façon la plus primitive, c'est quelque chose qu'on utilise pour couvrir notre corps, donc pour se protéger contre le froid, le chaud, pour se couvrir dedans. Deuxièmement, c'est... Une fois que cette première nécessité est trouvée, c'est quelque chose par lequel on s'exprime. Donc ça a une connotation sociale. À travers le vêtement, on peut lire plus ou moins comment la personne... a envie de s'exprimer, qu'on a le choix de choisir, ou comment la personne, elle vit par rapport à la société dans laquelle elle grandit, ou par rapport à ses moyens sociaux. Donc le vêtement, c'est à la fois quelque chose qui nous protège, une nécessité, et à la fois une forme d'expression.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laetitia. Je pourrais encore papoter des heures avec toi. À mon avis, on va continuer notre conversation un peu après. Merci beaucoup de m'avoir reçue dans ta super boutique. Je renoterai toutes les informations concernant cette boutique. Merci de nous partager ton histoire. Merci de nous partager ta passion.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. pour m'avoir écoutée et m'avoir invitée. C'était trop chouette.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Ciao.

  • Speaker #1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode avec Laetitia, la reine du vintage de créateurs de luxe, t'a plu. Si jamais tu as envie de me laisser un commentaire, me poser une question à moi ou à Laetitia, n'hésite pas à me laisser un commentaire et surtout, surtout, surtout, si ce n'est pas déjà fait, à t'abonner à DHV. Dans le prochain épisode, je reçois Coralie Barbier. J'espère que tu seras au rendez-vous. Allez, à vite ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïeva Fiston alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. DHV, déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Le style éclectique de Laetitia

    05:58

  • Le prêt-à-porter de luxe : Une histoire de famille depuis 80 ans

    07:45

  • Son enfance, ses études artistiques et ses années au Mexique

    18:31

  • Le décès de son grand-père et la fin d’un chapitre

    23:02

  • Le BOOM dans le commerce du vintage

    28:30

  • Son momentum et ses débuts dans la revente de Luxe

    31:56

  • La (re)naissance du magasin familial à travers Heterodoxa

    33:44

  • L’héritage de son grand-père

    40:33

  • La mémoire de nos vêtements

    46:41

  • Comment faire (bien) vivre nos vêtements

    49:06

  • Le portrait chinois de Laetitia

    54:38

  • Sa définition du vêtement

    01:09:32

  • Conclusion

    01:10:57

Share

Embed

You may also like

Description

Dans ce quatrième épisode de “Des Habits Et Vous”, je t’emmène à la rencontre de Laetitia Jeurissen, propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage située au coeur du centre historique de Bruxelles, modeuse, collectionneuse et passionnée de mode vintage.

Laetitia Jeurissen vient d'une famille qui baigne dans le commerce du textile depuis quatre générations. Son arrière-grand-mère vendait des tissus dans les années 30, et ses grands-parents ont ensuite évolué vers le prêt-à-porter de luxe dans les années 60, faisant de la boutique Jeurissen, une référence dans toute la Belgique.

Aujourd'hui, Laetitia perpétue cette tradition familiale avec sa boutique vintage à Bruxelles, où elle propose des pièces uniques et rares de marques de luxe et de créateurs tout en racontant et en archivant, l'histoire de chaque vêtement.

De son rejet de la mode à 20 ans jusqu’à l’ouverture de sa propre boutique vintage, Laetitia nous partage des anecdotes fascinantes sur ses archives familiales et le déclic qui lui a donné l’envie d’honorer la mémoire de ses grands-parents.

Elle aborde également sa vision du style (plutôt éclectique), de ce que nos chaussures disent de nous ou encore comment (bien) faire vivre nos vêtements.

Belle écoute 🎧

Samia


-


Liens et ressources mentionnés dans l’épisode :

- Compte Instagram de l'artiste plasticien qui porte la veste gaufrée Comme des Garçons achetée dans la boutique de Laetitia : https://www.instagram.com/racso_jugarap/

- Post Instagram pour voir des photos de la pièce Krizia : https://www.instagram.com/p/C3kH2xatqrB/

- Compte Instagram de la marque de la créatrice du pantalon qu’elle porte et dont elle parle lors du portrait chinois : https://www.instagram.com/januebrussels/


-


Tu peux retrouver retrouver Laetitia Jeurissen :

Sur Instagram : https://www.instagram.com/lupita_lupis_x/?hl=fr

Instagram de sa boutique Heterodoxa : https://www.instagram.com/heterodoxa.vintage/

Site internet d’Heterodoxa : https://heterodoxavintage.com


-


En attendant de nous retrouver pour un prochain épisode, je t’invite à t’abonner, à laisser 5 étoiles et un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute préférée 💌


Si tu souhaites continuer la discussion et découvrir les coulisses de DHV, retrouve-moi au quotidien sur Instagram à @samiabouhjar


👗 Et si la curiosité te titille encore, viens découvrir mon travail de Directrice Artistique, Styliste, Costumière pour la Télévision et le monde du Spectacle, rendez-vous sur  https://samiabouhjar.com


Des bises,

Samia


-


Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    s'habiller ou ne pas s'habiller, ça te dit quel qu'on se trouve de chez une personne.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous. HV. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillée, que tu te trouves prêt ou fraîche quand tu te regardes, eh ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar, et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Laetitia Jorisenne. Bonjour Laetitia !

  • Speaker #1

    Bonjour Samia !

  • Speaker #0

    On peut dire bonsoir parce qu'en fait on est en fin de journée.

  • Speaker #1

    C'est vrai, on boit un petit verre de vin.

  • Speaker #0

    Dans ta boutique.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Heterodoxa Vintage.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    Je suis très contente d'être là parce qu'on s'est rencontré cet été. Je ne savais pas qui tu étais. On m'a donné ton nom dans le cadre de la préparation du styling de Drag Race 2, Drag Race Belgique 2. et je cherchais des pièces hors du commun évidemment pour un programme hors du commun et on m'a dit va voir cette nana, je la connais c'est ma copine elle a des super chouettes pièces vintage je suis sûre que tu vas trouver des trucs cool et effectivement j'ai trouvé des trucs cool alors pas beaucoup de trucs que j'ai utilisé pour le programme mais une pièce très particulière auquel

  • Speaker #1

    je tiens beaucoup

  • Speaker #0

    Et qui est juste magnifique. De laquelle tu parles ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on parle même de la blouse Chrysia, qui appartenait à ma grand-mère et qui est une pièce archive de la boutique. Donc, je ne compte jamais la vendre. Magnifique.

  • Speaker #0

    Un haut Chrysia, je mettrai la photo, je ne sais pas encore où, mais je la mettrai à disposition, avec laquelle j'ai créé un look pour Lio, pour un des épisodes de Drag Race saison 2, que j'ai coordonné avec une jupe d'un jeune créateur belge. qui fait partie du showroom, là où je rassemble tous les créateurs belges émergents que j'adore et que j'ai envie de mettre en lumière, avec une magnifique jupe, des chaussures à plateforme et à talons d'inspiration Westwood, un chapeau métallique fait par le talentueux, l'incomparable Elvis Pompidou. Et donc cette pièce, ce chemisier, ce top Chrysia que tu m'as prêté, est la pièce centrale de ce look, et ce look est juste top. et puis il y avait plein d'autres trucs que j'ai beaucoup aimé mais qui n'ont pas fonctionné et surtout en fait moi ce que je retiens c'est que je suis devenue cliente c'est hyper dangereux pour moi d'obtenir parce qu'en plus quand je flash sur un truc c'est pas le joli, top, sympa,

  • Speaker #1

    à 100 balles tu as acheté deux pièces vraiment magnifiques dans un je pense même pas que j'ai eu le temps de la photographier mais pour mon site, mais qui est cette veste, ce manteau...

  • Speaker #0

    Non, tu ne l'avais pas encore photographié. Non, le Comme des Garçons. Gaufré, avec des volumes, un double volume incroyable. Petit, comment est-ce qu'on dit, spoiler. Ce manteau, je l'ai utilisé pour un styling,

  • Speaker #1

    il n'y a pas très longtemps,

  • Speaker #0

    pour une publication dans un Vogue. Je ne te dis pas quel Vogue de quel pays, parce que je n'ai pas le droit de le dire.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Ce manteau, il mérite d'avoir son moment vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand je le mets, j'adore. Et donc, oui, j'ai acheté deux pièces. C'est la deuxième pièce qui est en bas, que je n'ai pas encore emportée à la maison, que je n'ai pas encore présentée à ma garde-robe, qui est un manteau en velours, Anne de Meulemister. Magnifique !

  • Speaker #1

    Dans un vert, avec des reflets rouges. et il fait un peu avec des détails un peu victoriennes on dirait un manteau de lord on dirait un manteau de lord mais ça te va super bien parce qu'à chaque fois tu choisis des pièces très fortes et très haute couture et tu arrives quand tu les mets de le porter d'une façon où tu mélanges un peu avec du streetwear et que du coup ça marche super bien en fait

  • Speaker #0

    Mais c'est ça que j'aime bien chez toi, c'est que dans ta boutique, il y a plein de choses différentes. C'est ce qui fait aussi ta particularité. On est dans une boutique vintage, alors une boutique vintage pointue quand même. On va y venir, je vais expliquer un petit peu. Mais ce que j'aime bien, c'est qu'il y en a pour tout le monde, je trouve. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Et en fait, grâce à toi, d'une certaine manière, je m'éduque aussi aux vêtements haute couture, aux vêtements de luxe, tu vois, auprès de ta portée, qualitatif, vraiment de qualité. Et je m'aperçois en fait que au-delà de la beauté du vêtement, il y a aussi la personnalité qui a énormément d'importance dans un look. Je me suis rendue compte avec les vêtements que tu proposes ici que le vêtement n'est pas tout. Je le savais déjà. quand tu as des belles pièces comme ça, il y a vraiment une rencontre, en fait. Tu vois, je peux flasher sur une pièce comme, par exemple, le manteau, le plissé qui est en bas, que tu as dans ta boutique, qui est magnifique. J'adore le plissé, j'adore l'histoire de ce travail technique.

  • Speaker #1

    Les émiakés.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore. J'aime beaucoup le travail d'issémiaké. J'aime bien l'histoire derrière, j'adore la recherche qu'il y a derrière. Mais après, il y a une question aussi de rencontre. Tu vois, il y a un corps qui rencontre un... une forme qui doit épouser ce corps. Et dans un vêtement qui est vraiment travaillé, et ce qui est le cas pour les vêtements qui sortent de grandes maisons, on est vraiment dans la rencontre de deux corps. Parce que tu ne peux pas porter quelque chose qui n'est pas fait... Tu ne peux pas faire semblant, en fait.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire semblant.

  • Speaker #1

    Non, oui, c'est vrai. Pour moi, dans la boutique et la sélection que j'ai, je pense que c'est très varié. Et c'est aussi parce que je suis une personne qui n'est pas... Je pense que mon propre style est très éclectique et je suis assez démocratique dans mes choix. C'est-à-dire que je peux aimer beaucoup de choses, mais comme tu dis... Je pense que chaque vêtement dans la boutique, je l'aime d'une certaine forme. Évidemment, il y a des pièces que tout de suite, moi, je voudrais me mettre moi-même. Mais il y a aussi plein de pièces que j'aime, mais que je ne mettrais pas forcément, mais qui ont une qualité par la coupe, par la matière, par tous les détails que cette pièce a. Et je sais que cette pièce va rencontrer... la personne qui va le porter et qui va à la fois mettre en valeur l'habit et à la fois la personne. Oui,

  • Speaker #0

    on rencontre vraiment des deux.

  • Speaker #1

    La chose que j'aime le plus dans la mode, c'est le stylisme. Et ce n'est pas parce qu'on peut acheter une pièce très chère ou on peut acheter une pièce bon marché. Mais pour moi, le style, ce n'est pas quelque chose qu'on peut acheter. C'est quelque chose qu'on a ou on n'a pas et ça a à voir avec la façon comment on se réapproprie des vêtements, des styles, la confiance qu'on a, la créativité avec laquelle on essaye de faire des combinaisons. Pour moi, c'est ça le plus excitant dans la mode.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord. Avoir une super belle pièce, mais après, ce qui est encore plus chouette, c'est vraiment de lui trouver des copains, des copines, les bijoux, les chaussures. C'est vraiment de créer une silhouette complète. C'est un des trucs les plus chouettes. D'ailleurs, c'est pour ça que j'en ai fait mon métier, n'est-ce pas ? Bon, allez, on va faire une sorte de CV. Tu vois, je vais te dire un peu tout ce que je sais sur toi, tout ce que j'ai découvert en grattant un petit peu et en allant fouiller les internets. Alors, ce que je sais... c'est que tu viens d'Acelte, mais ça je le savais déjà, tu me l'avais dit. Par contre, ce que je ne savais pas, c'est que ta famille travaille dans le commerce du textile, on va prendre de manière générale, depuis 80 ans. Ça date de tes arrières-grands-parents. Je me suis dit, ok, family business.

  • Speaker #1

    It's really a family business, yes.

  • Speaker #0

    Donc, quatre générations. D'abord, ton arrière-grand-mère dans les années 30. Tu me corriges si je me trompe. Qui vendait du tissu. C'était l'époque où il n'y avait pas encore de magasins, de boutiques, de grands magasins. On s'habillait, on allait chercher du tissu. On achetait des magazines parce qu'il y avait des magazines. Et on faisait faire sa tenue. On allait chez les couturières et on faisait faire sa tenue. Ensuite, tes parents ont investi dans la fourrure, dans le commerce de la fourrure. Et puis, je ne sais pas à quel moment, dis-nous, tes grands-parents ont switché vers le prêt-à-porter. Et puis... Ils ont eu l'opportunité dans les années 60, là où le prêt-à-porter a commencé à connaître son essor, les grands magasins, le prêt-à-porter. Puis, je ne sais pas, ça tu vas nous raconter si tu le sais, comment est-ce que de fil en aiguille, ils ont rencontré les grands designers de Paris ? Et ils sont devenus une des... Il y avait une dizaine de boutiques en Belgique qui distribuaient des vêtements de prêt-à-porter de luxe. et la boutique de tes grands-parents à Esselte en faisait partie.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Comment ils en sont venus à rencontrer ces gens-là ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que c'était un moment très révolutionnaire dans les années 60, où la plupart des gens ne se rendent pas compte, parce que... Pour nous, c'est tellement normalisé. Mais le moment où on passait de venir dans une boutique et choisir les tissus, et que les gens prennent notre mesure, et qu'on pouvait venir chercher notre habit une ou deux semaines plus tard, avec le prêt-à-porter, on pouvait rentrer dans une boutique et il y avait la pièce multipliée dans différentes tailles. universelle et on pouvait prendre notre taille et sortir avec l'habit. Et ça, ça a été complètement révolutionnaire dans l'industrie de la mode. Et à ce moment-là, dans les années 60, c'était aussi le début, du coup, des grands créateurs du prêt-à-porter. Et comme ma famille, ils avaient déjà une boutique, ils ont connu cette révolution. Je ne pense pas qu'il y avait tellement de choix. Je pense qu'il y avait une dizaine, peut-être une centaine de créateurs qui existaient à ce moment, qui étaient importantes. Et donc mes grands-parents, ils ont décidé de... Voilà, d'aller dans cette aventure, dans cette révolution et de commencer à vendre du prêt-à-porter au début de Courrèges. Et Courrèges, ça, c'était génial. C'était révolutionnaire. En fait, c'est assez intéressant si on revoit cette époque, parce que Courrèges, c'était très futuristique. C'était super avant-garde, très futuristique, mais incroyablement populaire. Tout le monde voulait porter des robes Courrèges. avoir des...

  • Speaker #0

    Des robes trois trous, les petites jupes.

  • Speaker #1

    Exactement, les tailleurs Courrèges, les petites vestes en vinyle. Et à Asselt, qui est relativement une petite ville en Belgique, à travers la boutique de mes grands-parents, c'est devenu vraiment une ville connue pour la mode, où tout le monde venait de différentes parties de la Belgique et de l'étranger pour s'acheter. des pièces Kouresh. Et comme il n'y avait pas beaucoup de boutiques, la boutique de mes grands-parents, ça faisait vraiment porte entre ce qui se passait à Paris, à Milan, à Londres et eux, pour te dire l'importance de ce magasin, ce qui est, je pense, impossible de concevoir aujourd'hui qu'on ait un magasin qui vende des vêtements de luxe, like a multi-brand store. C'est qu'eux, ils faisaient leur propre défilé. Ils organisaient le défilé. Et j'ai plein d'images, d'archives, et les histoires où ils louaient le centre culturel à Asselt. où ils faisaient les défilés et ils invitaient tous les clients, etc.

  • Speaker #0

    De toutes les marques qu'ils avaient dans la boîte.

  • Speaker #1

    Et donc la sélection, ils montraient la sélection qu'ils avaient faite à Paris et à Milan, de Thierry Mugler, d'Alaya, d'Isemi Ake, de Roberto Cavalli. Et il y avait mon grand-père, ça c'est quand même très drôle, qui est une personne avec beaucoup de sens d'humour. Donc j'imagine... qu'à la fois, il doit se tenir très sérieusement, mais à la fois, il y avait, je pense, un côté un peu ludique où il annonce tous les mannequins qui arrivent sur le défilé et tout ce qu'ils portent. Ok,

  • Speaker #0

    à l'ancienne, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, au micro. Magdalena,

  • Speaker #0

    avec une robe blanche de sa collection, disponible en taille SM. Comment est-ce qu'ils ont eu accès ? tu vois, à ces marques-là ? Parce qu'en fait, j'imagine que c'est parce qu'elles n'avaient pas encore la réputation et le prestige peut-être qu'elles ont maintenant.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y avait, comme ils étaient déjà connus, ils avaient une boutique dans la mode et il n'y en avait pas beaucoup. Et ils avaient aussi du capital à acheter des collections parce qu'il faut quand même les acheter pour ensuite les revendre à ses propres clients. C'était le début, il y avait très peu de boutiques et mon grand-père quand même et ma grand-mère, ils étaient aussi... mon grand-père c'était un collectionneur d'art. Donc, il s'est intéressé très fort à ce qui se passait dans l'art, dans le design, et donc forcément aussi dans ce qui se passait dans la mode, parce que c'est des milieux qui se touchent. Il a toujours été très intéressé par des jeunes artistes, des jeunes créateurs, que ce soit dans la mode, dans le design, et à les suivre et à les soutenir et à créer des collections.

  • Speaker #0

    Rencontrer des gens, ça s'est fait, j'imagine, de manière humaine. Parce qu'il n'y avait pas tellement d'intermédiaires comme aujourd'hui où tu dois passer par des...

  • Speaker #1

    Oui, humaines et je pense aussi vraiment par intérêt, par un partage esthétique, philosophique qui était présent dans l'art contemporain, dans la mode, dans le design de cette époque-là, dans le cinéma. Et donc du coup, voilà, ils ont commencé avec Courrèges, ça a été un succès énorme. Et ensuite, ils ont continué et ils avaient vraiment un contact très, très proche avec les créateurs. Ce qui est aussi impossible d'imaginer aujourd'hui, parce que si tu as une marque, déjà, le créateur, tu as tout un tour de management, sales people, people that are dealing with communication. Then you have the investors, then you have blah, blah, blah. Then you have all the interns. Mais à ce moment-là, à l'époque de mes grands-parents, ils étaient carrément invités. à tous les défilés, ils avaient une si bonne relation avec Roberto Cavalli qui...

  • Speaker #0

    Je trouve cette anecdote, elle est incroyable cette anecdote !

  • Speaker #1

    Donc avec Roberto Cavalli, ils étaient tellement proches. De niveau business, Roberto Cavalli invitait mes grands-parents en hélicoptère privé d'aller dans son Holiday Mansion. Parce qu'il y a eu aussi une exposition dans le musée de la mode à Hasselt qui a été dédiée au magasin de ma famille. Pendant cette exposition, il y a eu pas mal d'articles dans la presse belge, dans les journaux belges qui sont sortis. Et dans un, le titre de l'article, c'était Roberto Cavalli. une cotation de mes parents, de mes grands-parents, Robert Cavalli fait un très bon spaghetti.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il les a invités chez lui. Exactement. Et donc ils sont allés en hélico chez lui et il a fait des pâtes avec sa petite machine dans sa cuisine à l'ancienne.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc ça, c'était un peu le rapport qu'il y avait entre les gens qui tenaient une boutique et les créateurs de mode. Ça n'a rien à voir avec aujourd'hui. Et moi, je retiens vraiment de l'époque de mes grands-parents, cette proximité avec les créateurs, avec Alaya, Azadine Alaya. Ils allaient par exemple acheter les collections dans l'appartement d'Alaya à Paris, qui habitait dans un petit appartement. Et c'est là où ils recevaient les acheteurs qui venaient. faire leur sélection pour leur magasin. Et il y a aussi une lettre très touchante. que j'ai retrouvée dans les archives, où mes grands-parents, ils annoncent à leurs clients comme quoi ils ne vont plus vendre Alaya dans la boutique, parce qu'Alaya avait décidé qu'il ne voulait plus refaire à chaque saison des nouvelles collections, que c'était un tempo qui était trop...

  • Speaker #0

    Trop soutenu, trop difficile.

  • Speaker #1

    Trop difficile, et que ça lui enlevait sa créativité. Et que du coup, voilà, ils ne pouvaient pas rassurer qu'il y avait des prochaines collections d'Alaïa qui allaient arriver. Ils parlent dans cette lettre des chiens patapouf et je ne sais pas comment ils appellent l'autre.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une lettre qu'Azédine a écrite à tes parents ?

  • Speaker #1

    Non, mais que mes grands-parents ont écrite pour dire à leurs clients, on est désolés, on ne va pas pouvoir continuer avec Alaïa parce qu'il nous a expliqué comme quoi... Et pourquoi... garder une certaine créativité, il ne peut plus continuer à crier à chaque saison des nouvelles pièces. Exactement.

  • Speaker #0

    Donc, voilà. Là, je n'ai pas beaucoup parlé de toi. J'ai parlé plus de ta famille jusqu'à présent. Ah oui, et puis, il faut dire le nom. Ton nom de famille, c'est Jurysen. Jurysen. Mais Laetitia, toi, par contre, tu ne travailles pas dans la mode, à la base. C'est-à-dire que tu n'as pas fait un métier de mode ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai choisi un autre parcours parce que je pense que c'est quelque chose qui est assez typique. Quand on est jeune et on vit dans un milieu qui est tellement présent et où on attend de toi. que c'est toi la nouvelle génération comme on a un family business qui va continuer à reprendre. Et moi, même si j'adorais passer du temps dans la boutique, tous les jours après l'école, j'y allais jusqu'à la fermeture de la boutique, je passais regarder des revues de mode, j'allais en haut, j'allais coudre des vêtements avec les seamstresses qu'il y avait dans la boutique parce qu'ils avaient leurs propres... pour faire les retouches et tout ça. où j'allais faire des photoshoots et me déguiser avec des pièces que je trouvais dans du stock, des pièces qui étaient déjà tellement anciennes que personne ne savait quoi faire avec, ce qui a été par la suite la base de mon projet. Mais pour moi, après 18 ans, la première chose que je voulais c'était quitter Asselt et de... Et à ce moment-là, je disais, la mode, c'est chouette, mais c'est trop superficiel. Moi, j'ai envie d'apprendre l'art. Parce que je pense qu'à ce moment-là, il y avait un grand... Je pense que ce cru est en train de diminuer beaucoup. L'art et la mode. Parce que c'est tous des milieux créatifs, mais la mode a été, pendant longtemps, c'est comme ça que je l'ai aperçu, vu comme quelque chose de beaucoup plus... C'est juste de l'esthétique. Superficiel, esthétique. Et là, il y a une profondeur, il y a une réflexion philosophique, poétique, etc. Et donc, moi, dans ma tête, c'était Ok, mais moi, je ne veux pas être dans la mode. Moi, je veux aller dans une école d'art et je veux, là pour le coup, étudier la photographie. J'ai fait la cambre en photo, mais en même temps, quand j'étais là, je... C'était un très chouette moment parce que je réfléchissais beaucoup surtout à l'image de la femme et à la sexualité. Donc ça c'était des sujets qui étaient importants pour moi pendant mes études. Mais, en même temps, on avait à la cambre aussi les départements de mode, de design textile. Et j'ai beaucoup travaillé avec eux en faisant des photos.

  • Speaker #0

    Tu as l'écharpé comme ressource pour pouvoir faire tes images ?

  • Speaker #1

    Non, c'était vraiment des collaborations. C'était les étudiants en design textile qui avaient besoin de quelqu'un pour photographier leurs pièces. Ah ok, ok,

  • Speaker #0

    comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, et j'ai trouvé beaucoup de plaisir. en faisant ça. Mais voilà, pour moi la mode c'était quelque chose que je mettais un peu de côté et ensuite je suis partie après mes études au Mexique. Et là j'ai encore travaillé dans le monde de l'art. Pendant cinq ans j'ai habité là-bas, j'ai travaillé pour des galeries et ensuite j'ai aussi eu un collectif interdisciplinaire avec lequel on organisait des expositions et des différentes... conférences, c'était plus... On essayait de mélanger politique, art et les arts appliqués et les sciences sociales et on faisait des projets ensemble et à côté, je travaillais pour des galeries pour gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Tu faisais quoi ? Tu faisais des photos pour les galeries ? Tu faisais genre quoi ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai beaucoup travaillé dans les archives. Ok. Souvent, j'étais un peu... Ce qui me convenait très bien. C'est de... d'être... emplacé pour étudier et organiser l'histoire de la galerie et des pièces. Et c'est quelque chose que je continue à aimer faire aujourd'hui avec les vêtements. Mais c'est vraiment comme la vie fonctionne parfois d'une façon assez... Inattendue. Inattendue. Et c'est avec le décès de mon grand-père, qui était en 2020, Juste avant le Covid. Ok. Donc, lui, il a toujours été quelqu'un de très malin. Donc, je pense qu'il a vu le truc arriver. Il a vu le Covid arriver. Il a dit, oh là là, moi, je n'ai pas envie de vivre ça.

  • Speaker #0

    Je me casse. Je me casse.

  • Speaker #1

    Il est décédé deux semaines avant le lockdown en Belgique. Et donc, moi, j'étais venue du Mexique en Belgique pour être avec lui à son lit de mort. et pour l'accompagner. Et deux semaines après son enterrement, les frontières étaient bloquées. Et c'est un moment, je pense pour beaucoup de gens, le Covid, ça a fait vivre beaucoup de changements, beaucoup de questionnements de qu'est-ce qu'on fait, où on est. Et pour moi, ce moment coïncidait justement avec une grande partie de l'histoire de ma famille qui était en train de se clôturer, à la fois la mort de mon grand-père et à la fois le magasin de ma famille, qu'ils avaient décidé, ça faisait quelques années déjà, qu'ils étaient en train de contempler de fermer. Et là, juste cette année-là, ils avaient décidé que...

  • Speaker #0

    Donc le Covid les a aidés d'une certaine manière à concrétiser cette fermeture ?

  • Speaker #1

    Ils avaient déjà décidé de fermer avant le Covid. Et le Covid, ça n'a pas forcément aidé, parce qu'ils avaient trouvé des gens pour reprendre.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, ok. Ils voulaient arrêter eux, mais laisser le... le commerce repris par quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Oui, avec tout un autre concept de magasin. Mais donc, ces personnes-là, à cause du Covid, ils sont retirés. Et donc, du coup, en fait, on était tous un peu avec toute la famille, en train de vivre ce moment d'un certain chapitre dans la famille. Et donc, moi, j'avais à la fois, j'avais très besoin... de faire cette clôture et aussi de commémorer mon grand-père avec qui j'étais très proche, ma grand-mère, ce magasin auquel on allait devoir... Et donc du coup, j'avais proposé à mes parents de les aider pour vider le magasin. Et je leur ai dit, comme j'étais probablement la seule dans la famille, avec ma petite sœur aussi, elle aime bien le vintage, mais elle a 8 ans de moins, donc elle a un peu moins eu cette relation avec mes grands-parents. qui avait grandi avec ce vintage et qui a toujours été intéressé depuis que je suis toute jeune. Le temps que je passais après l'école, je montais au troisième étage du magasin et j'allais chercher des fouillées, chercher dans des pièces. Cette veste que je porte maintenant, c'est une veste que j'ai prise quand j'avais, je pense, 18 ans. Un veste Versace des années 80, qui était gardé là, mais personne ne s'intéressait dans ces pièces-là. On ne savait pas quelle valeur ça avait. C'était tout sur un grenier. C'est vraiment comme si c'était tout stocké dans un grenier.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et quoi ?

  • Speaker #0

    Elles étaient dans des cartons ? Maintenant, j'essaie d'imaginer. Elles étaient quoi, dans des cartons ? Elles étaient sur des cintres, accrochées sur un portant, tout au fond d'un étage ?

  • Speaker #1

    Imagine, je pense, l'espace d'ici, au-dessus, rempli de pièces.

  • Speaker #0

    Mais genre sur des cintres ?

  • Speaker #1

    Sur des cintres, mais il y avait aussi des chaussures, des accessoires dans des boîtes. Il y avait aussi l'armoire de ma grand-mère, avec ses pièces à elle, qui étaient dans une armoire séparée. Mais c'était rempli de pièces. On pouvait même... Il fallait vraiment passer. Oui, fouiller. C'était la porte à la peine, elle ne pouvait plus bien se fermer et s'ouvrir. Le plancher était tellement vieux, on marchait dessus. Donc, t'es vraiment comme dans une chambre de trésor. Oui, oui. Mais poussièreux.

  • Speaker #0

    Narnia. Tu connais Narnia ? Oui. On est sur Narnia.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi j'adorais, quand j'étais jeune, j'allais toujours là-bas. Ça doit être extraordinaire. Oui. Et j'ai toujours eu quelque chose comme quoi je ne voulais pas jamais m'habiller. comme les autres. Donc, j'adorais trouver des pièces là-bas qui étaient juste trop cool.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as jamais acheté des vêtements dans des magasins ?

  • Speaker #1

    Quand même. Moi, je pense que je fais partie de la génération qui a grandi avec l'arrivée de H&M. Et donc, quand j'étais adolescente, H&M, c'était cool quand même. J'avais la chance que ma famille avait une boutique, donc de temps en temps pour Noël, pour mon anniversaire, je recevais des pièces et je pouvais piquer des pièces. dans le grenier que personne n'en avait rien à faire ou qu'ils se rendaient compte et ta mère elle disait pas ta maman,

  • Speaker #0

    ton papa, ta grand-mère ou ton grand-père parfois quand tu portais un vêtement dire ah mais je me souviens parce que j'imagine qu'ils n'avaient pas d'acheteur c'est eux qui achetaient ils trouvaient ça trop chouette que j'étais la seule à trouver l'intérêt là-dedans

  • Speaker #1

    Et qu'ils disaient, ah oui, mais moi, j'aime bien ça. Et ils étaient là, genre, oh, ok. Trop bien.

  • Speaker #0

    Donc, 2020, le grand-père s'en va. Corona, lockdown, le magasin, on ferme. Tu reviens du Mexique pour le deuil. Finalement, tu restes ici.

  • Speaker #1

    Je reste ici pendant six mois. Et j'aide, du coup, ma famille à vider le magasin. Et ce que je leur disais, parce que ça, c'était quand même un moment où le... où le vintage est le marché du seconde main. commençait à vraiment intéresser beaucoup de gens. Et je pense que ce n'est pas une coïncidence que ça s'est passé pendant le Covid, parce que c'était vraiment un moment où l'industrie de la mode a connu un arrêt. Quelqu'un a pris le... Des rênes.

  • Speaker #0

    La poignée ?

  • Speaker #1

    Non, le frein. Le frein, d'une manière brutale, où l'industrie de la mode a complètement... dû arrêter de produire. Et ça a été un grand moment, je pense, où beaucoup de gens se sont dit Wow, ok, en fait, j'ai tellement de choses, j'ai tellement de choses chez moi, c'est tellement pas normal la façon à laquelle on est en train de produire toutes les saisons, des nouvelles collections. On a tellement de choses, du surplus. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Des pièces... Après,

  • Speaker #1

    je pense qu'il y avait deux teams. Il y a la team commande, où là, justement, les commandes... de vêtements en ligne, le commerce en ligne, c'est très, très fort activé. Le besoin de consommer, tu sais, d'exister au travers de la consommation n'a pas disparu. Il a juste été transposé du physique au digital.

  • Speaker #0

    Et d'acheter du nouveau, d'acheter du seconde main.

  • Speaker #1

    Voilà, et là, le seconde main, tu vois, peut-être d'échanger, machin, ouais.

  • Speaker #0

    Absolument. L'envie de consommer, arrêter,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Les gens ont vu qu'on a tellement de pièces dans notre armoire qu'on ne met plus. On peut les vendre en ligne. Et en même temps, il y a eu beaucoup de gens qui sont commencés à s'intéresser dans le vintage, et dans des pièces rares, et dans des pièces... qui peuvent avoir une certaine valeur parce que ça appartient à une certaine époque, à un certain créateur, etc., à une certaine phase de savoir-faire. Et donc, plutôt d'acheter de nouveau, ça crée tout un marché entre vendeurs et acheteurs qui achètent juste du second même et qui vendent du second même parce que c'est des choses qui sont déjà en circulation. De toute façon, on ne peut pas acheter de nouveau parce que COVID a fait que... Pendant deux ans, tout a été ralenti et de là est surgit cet énorme boom dans l'industrie ou le commerce du vintage et les collectionneurs qui sont venus là-bas où ils ont commencé à voir. la mode et des pièces de mode comme des pièces qu'on peut collectionner autant que des pièces de design.

  • Speaker #1

    Comme un objecte de design, oui. Et donc, tu vides le magasin, tu aides à vider le magasin. À quel moment te vient l'idée ? Est-ce qu'il y a un moment comme ça, un momentum où tu as cette idée ? Ou alors c'est venu de manière organique, tout doucement, de manière totalement naturelle, de dire, OK, mais en fait, là, il y a une mine d'or. J'aime faire ça, je connais, je sais faire ça. Et puis c'est une manière, je crois que tu m'avais dit ça, que c'était une manière aussi pour toi d'honorer la mémoire de tes grands-parents que de continuer dans ce business-là.

  • Speaker #0

    Oui, moi je me rappelle très bien un moment, parce qu'au début, quand je commençais à vendre les pièces, d'archives du magasin, je les vendais sur Vestiaire Collectif. Et donc, je prenais les photos des pièces. Et Vestiaire Collectif, en fait, il découpe les pièces, il les met sur un fond blanc. Et tu fais partie de leur site. Mais en fait, tu n'existes pas en tant que vendeur et tu ne connais pas la personne qui achète. Donc tout passe à travers eux et moi je trouvais ça trop chiante en fait. Parce que je me dis, ok, en fait moi j'ai beaucoup de choses à dire par rapport à ces pièces et ces pièces sont importantes pour moi. Et j'ai envie de les raconter et de savoir qui sont les personnes qui les achètent. Et donc là je me suis dit, bon ok, pourquoi pas, plutôt que de passer par Vestiaire Collectif, j'essaye de les vendre moi-même sur Instagram. Mais bon, je dois faire à leur compte Instagram et alors je dois... Tu n'en avais pas avant. J'avais un compte personnel, mais je me disais, ok, alors il faut que j'invente un compte, il faut que je prenne un nom. Il faut que, voilà, ce que je veux faire, c'est donner une personnalité à la personne et à toutes ses pièces et de raconter l'histoire familiale à travers ce compte. Et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de créer Hétorodoxa. Parce que je me suis dit, bon, si je garde le nom de ma famille, c'est quand même un peu old school. Genre, Yerison Couture ? I don't know. Try hard ! Maybe, maybe, mais...

  • Speaker #1

    T'étais pas dans ce mood-là, quoi.

  • Speaker #0

    Non. Oui, en même temps, j'étais là, genre, ok, je vois le magasin de ma famille, ils ont eu leur moment de succès. Aujourd'hui, ça marche pas. Il faut... Donner un nouveau souffle et donner un côté un peu contemporain. Donc, ok, c'est cool de garder certaines choses de l'histoire familiale, mais peut-être que le branding serait bien. Et de donner un peu un nom un peu plus... mystérieux, intriguant, qui aussi fait que je suis en train de faire mon propre projet. À la fois en gardant l'histoire de la famille. Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu n'as pas gommé l'histoire de ta famille.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Tu rappelles toujours l'histoire. Tu sais, à chaque fois, tu expliques d'où ça vient, d'où tu viens.

  • Speaker #0

    Non, c'est très, très important pour moi.

  • Speaker #1

    À ce moment-là. je veux dire, tu as un stock. Donc, ça veut dire que tes parents avaient dans leur grenier, on va l'appeler le grenier, dans leur grenier de leur boutique, ils avaient combien d'années et combien de pièces ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il doit y avoir genre 500 pièces, ce qui est énorme, avec des très, très belles pièces. Et évidemment, au début, quand j'ai commencé Hétérodoxe, j'ai vendu des pièces où aujourd'hui, je suis là genre j'aurais jamais dû les vendre. Où je les ai vendues. Pas assez cher. J'ai aussi eu des bijoux. Ce que je regrette le plus, c'est des bijoux que j'avais de ma grand-mère, de Christian Lacroix. C'était des bijoux magnifiques, des broches. Et je les ai vendus beaucoup. Vraiment pas assez cher.

  • Speaker #1

    Parce que tu ne connaissais pas ? Est-ce que depuis, tu...

  • Speaker #0

    Évidemment, oui. Et parfois, il y a des choses qu'il faut mieux garder et les vendre plus tard. Et aussi, pour moi, c'est un côté aussi émotionnel. J'aurais bien voulu... J'ai gardé... deux bijoux de ma grand-mère, mais j'aurais peut-être quand même voulu garder plus. Ok.

  • Speaker #1

    Donc, disons que tu as approximativement 500 pièces, vêtements, chaussures, accessoires inclus.

  • Speaker #0

    Oui, mais après, il y a un truc qui est arrivé qui est aussi assez dingue, c'est qu'au moment où je commençais de vendre les pièces en ligne, la boutique de ma famille à Asselt, ils avaient vidé, ils avaient fait leur stock sale, et... Tout doit partir, les liquidations, décorations de Noël, tout doit partir. Donc le magasin était vide. Et à ce moment-là, les personnes qui allaient louer le magasin, à cause du Covid, ils avaient...

  • Speaker #1

    Ils s'étaient retirés,

  • Speaker #0

    comme on le disait. Donc ce magasin, il était disponible. Donc mes parents, ils me disaient, tant qu'on n'a personne...

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que le bâtiment appartient à ta famille, j'imagine. Parce qu'à beau bout de 80 ans...

  • Speaker #0

    Ouais, et donc ils ont dit que... Tant qu'il n'y a personne qui occupe ce magasin...

  • Speaker #1

    Faisant quelque chose ?

  • Speaker #0

    Faisant quelque chose. Et donc, du coup, pendant 6-8 mois, j'ai occupé ce magasin. Je n'ai fait que du vintage. Hétérodoxa ou c'était... C'était hétérodoxa. Donc,

  • Speaker #1

    tu as changé le nom sur la vitrine ?

  • Speaker #0

    Il y avait toujours, en gros, un grand jurysen sur la façade. Mais il y avait hétérodoxa...

  • Speaker #1

    Sur la vitrine.

  • Speaker #0

    Sur la vitrine. Et en fait... Quand j'ai commencé à faire ça, plein de gens ont commencé à venir me voir parce qu'ils avaient encore des pièces qu'ils avaient achetées de l'époque de mes grands-parents. Ils sont chez eux, dans leur armoire, où ils ne rentrent plus dedans. Ils n'ont pas les petits-enfants, ils n'ont pas intéressé. Ils ne savent pas encore quoi faire. Donc, si j'étais intéressée de les revendre, de les revendre en dépôt-vente.

  • Speaker #1

    Ah, dépôt-vente pour eux, ok.

  • Speaker #0

    Et au début, il y avait quelques personnes qui venaient. Mais après quelques semaines, j'avais des personnes toutes les 3-4 jours qui venaient en disant Voilà, moi j'ai encore des pièces de tes grands-pas que j'ai achetées.

  • Speaker #1

    Une pièce ou des valises entières ?

  • Speaker #0

    Non, il y avait des personnes qui arrivaient avec 10, 20, 30 pièces. Mais non,

  • Speaker #1

    des garde-robes entières. Des garde-robes entières. Tu as dû découvrir des trucs fous.

  • Speaker #0

    Et c'était super chouette parce que la plupart des gens... C'était des pièces, beaucoup de pièces qu'ils avaient achetées à mes grands-parents à l'époque. Donc,

  • Speaker #1

    ils connaissaient.

  • Speaker #0

    Donc, ils connaissaient mes grands-parents, ils me racontaient.

  • Speaker #1

    Ils t'avaient déjà vue peut-être aussi, non ?

  • Speaker #0

    Ils me connaissaient évidemment. Je suis la petite fille de Maurice et Brigitte. Tout le monde avait des histoires à raconter. Et c'était trop chouette, quoi, parce que pendant tout ce moment où j'étais à Celtes, je pouvais vraiment revivre la réputation et l'échange. que mes grands-parents avaient avec leurs clients. Oui,

  • Speaker #1

    ils ont construit en fait une sorte de communauté. Parce que malgré qu'ils vendaient des vêtements de luxe, qui n'étaient pas accessibles à tout le monde, il y avait quand même un esprit un peu, j'imagine, familial. Parce que comme Asselt n'est pas une petite ville, même si les gens venaient de loin, justement, ils devaient parler.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait plein de clients fidèles. Il y avait aussi des personnes qui venaient juste pour s'acheter une pièce. pour une occasion très particulière. J'avais aussi des personnes comme ça qui venaient, en disant, oui, moi, dans les années 60, j'ai une robe, je l'ai toujours, qu'on m'avait offerte, je ne sais pas quelle occasion. Et aussi des histoires assez marrantes. Il y a une histoire qui est... Ce qui est trop drôle, c'est que tous les ans, il y a la kermesse à Asselt, comme partout, et la dame des voitures...

  • Speaker #1

    Les autotamponneuses ?

  • Speaker #0

    Yes. Ok. Exactement. Ça, c'est une cliente de la boutique. Et donc, à chaque fois, après la kermesse, elle venait dans la boutique. elle gagnait beaucoup d'argent et elle achetait toujours des tailleurs Thierry Mugler et c'est une femme assez grosse assez grosse et donc du coup ma grand-mère, toutes les ans quand elles allaient acheter les collections elle prenait une grande taille exprès elle prenait 5 tailleurs dont taille 50 pour cette dame ah ouais taille 50 oh my god fois, elle revenait.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! C'est trop bien !

  • Speaker #0

    C'est trop chouette comme histoire, non ? Et moi j'adore cette idée qu'on a des clients fidèles qui reviennent parce qu'ils aiment bien ce que tu fais, ils aiment bien le service que tu leur donnes et que tu peux même commencer à chercher des pièces spécialement pour eux.

  • Speaker #1

    Ah moi j'adorerais que tu fasses ça pour moi. Maintenant que tu le dis, tu m'as tendu la perche. j'adorerais parce qu'en plus tu sais à peu près j'adorerais je trouve que ça c'est le ça fait partie un peu des choses je trouve très luxueuses qu'on peut s'offrir je trouve que c'est vraiment un luxe c'est un luxe de pouvoir s'offrir une belle pièce une pièce vintage qui est bien faite qui a une histoire et tout ça déjà ça c'est un luxe mais alors avoir quelqu'un qui a ton oeil parce que pour moi tu es une collectionneuse. Je te vois aujourd'hui comme je vois les gens que je ne connais pas, c'est un milieu que je ne connais pas, que toi tu connais, comme je vois par exemple un galeriste. En ce moment, je vois un peu une espèce de passion étrange, je ne sais pas d'où elle me vient, pour Peggy Guggenheim. Je lis tout ce qui a été écrit à son sujet et ce truc de l'œil, ce truc de la passion, ce truc hyper créatif, hyper... hyper émotionnel, tu vois, avec quelque chose, avec une œuvre, avec une pièce. Moi, je te vois un peu comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, je pense que je dois avoir hérité ce côté collectionniste de mon grand-père. C'est vrai que j'aime bien des belles choses et j'aime bien... J'apprécie beaucoup.

  • Speaker #1

    S'entourer de beaux,

  • Speaker #0

    ça... Et de savoir-faire, de gens, de pièces, à la fois esthétiquement et à la fois aussi, ce que j'aime bien. Et ce que je trouve qui est le plus intéressant par rapport à quelqu'un qui collectionne, c'est justement cet aspect démocratique, c'est-à-dire de ne pas avoir une collection qui est obsédée par une certaine chose, mais d'avoir quelque chose d'éclectique et de pouvoir mélanger dans sa propre collection. des pièces de différentes époques, de différents créateurs, de différentes valeurs aussi.

  • Speaker #1

    Tu sais qui tu me fais penser quand tu dis ça ? Tu me fais penser à Iris Apfel. Iris Apfel, elle a des pièces incroyables. Elle a des pièces qui ont énormément de valeur parce qu'elle y avait accès dans les années 60. Et puis j'ai lu une interview d'elle. où elle expliquait qu'en fait, que dans sa collection, et elle, elle a vraiment une collection de malades, il y a des appartements entiers à Manhattan qui sont inhabités, enfin si, ils sont habités par des vêtements. Des centaines de mètres carrés habités par des vêtements. C'est une collection au sens strict du terme, mais ce qu'elle expliquait, ce que je trouve intéressant, et qui rejoint ce que tu es en train de dire, c'est qu'elle n'a pas que des vêtements de grandes maisons de couture, ou de couturiers, ou de créateurs. Il y a des pièces qu'elle a achetées dans des marchés, au moment de ses voyages, Parce qu'en fait, c'était des vêtements traditionnels de la région, du village, du pays où elle était. Ou c'est des vêtements qu'elle a fait faire avec des tissus qu'elle a appareils, qu'elle a trouvé à un endroit, qu'elle a un peu détourné, transformé. Il y a un docu à son sujet où on la voit aller chercher des bracelets de 2 francs 6 sous dans une petite boutique à Harlem, je pense. Et en fait, elle cumule et cumule et cumule sur son poignet. Ça ne vaut rien, ça vaut 50 cents. Tu vois, ça rejoint plusieurs choses que tu as dites. Le fait de s'approprier, d'avoir un style, d'un coup, ça prend une certaine valeur. Tu vois, ça prend une valeur esthétique. Donc, il y a ce mélange que tu as, que tu fais toi aussi, c'est d'avoir des choses qui ont énormément de valeur. Tu as des pièces qui sont extrêmement rares, celles que tu gardes pour tes archives, en l'occurrence. Et puis, tu as des pièces qui sont rares dans le sens où elles sont anciennes et qu'on ne peut pas en retrouver 50.

  • Speaker #0

    Mais qui ne sont plus accessibles. Voilà,

  • Speaker #1

    mais qui ne sont pas non plus... extraordinaire dans la confection ou dans le tissu qui est utilisé, mais quand tu les assembles avec d'autres pièces, c'est l'ensemble qui devient extraordinaire. Donc ouais, j'entends comment est-ce que tu conçois ta collection et moi je trouve ça fascinant. Quand je viens et que je regarde, quand je regarde les pièces que tu as ici, je me dis pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Et puis quand je te vois t'habiller... Je vois aussi ce qui attire ton œil, tu vois.

  • Speaker #0

    Je me retrouve à fond dans ce que tu viens de dire. La seule chose que je n'ai pas héritée de cet aspect de collectionneur. Et donc, mon grand-père qui est collectionneur et qui m'a certainement influencée dans beaucoup de façons comment je suis et je vis aujourd'hui. Je n'ai jamais eu tellement de besoin de garder des choses pour moi.

  • Speaker #1

    Posséder ?

  • Speaker #0

    De posséder des choses. Donc, moi, j'aime bien. Je suis quelqu'un qui consomme beaucoup. Donc, voilà. Même si je me considère quelqu'un qui est très critique par rapport au capitalisme, je suis quelqu'un qui aime bien consommer, mais j'aime bien ce que je consomme, de le remettre dans un circuit de partage et que ce ne sont pas des choses qui m'appartiennent.

  • Speaker #1

    Donc tu n'es pas une collectionneuse au sens strict du terme ?

  • Speaker #0

    Non, je crois que j'ai quelque chose par rapport... parce qu'ils ont un rapport très émotionnel pour moi, que je garde. Mais sinon, par rapport à des pièces, pour moi, c'est important que ça soit passé par moi et qu'ensuite, je le rediffuse. Donc pour moi, c'est par exemple un livre, je fais des notes dedans, je le lis et après, je le prête à quelqu'un. Et j'ai fait comme ça avec plein plein de livres et je ne sais même pas où ils sont maintenant. Et les mêmes choses avec les vêtements, je pense que j'ai besoin qu'ils passent par moi, donc donner, de l'inscrire un peu dans un parcours.

  • Speaker #1

    Je crois que le vêtement il a une mémoire.

  • Speaker #0

    Oui, je pense à fond que les vêtements ont des mémoires. Et moi, j'ai créé mes propres mémoires parce que c'est pour ça que je trouve que c'est important pour moi de la photographie. J'aime bien photographier, au moins avoir une trace photographique des pièces qui sont passées par moi, par Hétérodoxa, par ma famille. On peut faire ça, moi j'aime bien faire ça par la photo, porter les pièces et les photographier. Je sais que par exemple pour la boutique de ma famille, ce qu'ils faisaient pour marquer le passage de ces vêtements dans la boutique, ils posaient le logo de la boutique dans... les vêtements. Donc, tu avais les vêtements... Donc,

  • Speaker #1

    tu achetais un tailleur Mugler et tu avais une étiquette jurysen dedans.

  • Speaker #0

    Jurysen était cousu ici. Et donc... Les gens savaient où tu avais trouvé cette pièce. Et ça, je trouve ça super chouette. C'est très old school. On ne fait plus ça aujourd'hui. Mais c'est quelque chose auquel je pense maintenant. C'est que je me dis ça peut être trop chouette de toutes les pièces qui passent par Hedrodoxa. de leur donner une petite marque. Je ne sais pas, ça ne doit pas être un truc très voyant, mais juste une petite trace, peut-être un petit logo qui est cousu dans le vêtement quelque part. Et je trouverais ça super chouette si d'autres boutiques avaient

  • Speaker #1

    ou d'autres même des personnes qui avaient porté cette pièce faisaient la même chose et que dans du coup dans dans le vêtement un peu comme l'éventement des enfants tu sais quand tu mets leur nom sur tu sais tu les pousses ou repasses et t'as leur nom pour qu'ils perdent pas leur truc et ils passent au petit frère et au machin chacun son nom dessus ouais mais ça serait trop chouette si moi je voilà j'ai un chèque j'ai

  • Speaker #0

    une pièce de de la boutique de ma famille ouais avec l'étiquette juriste dedans ouais ça passe par ma boutique donc je mets mon petit logo Heterodoxa, c'est acheté par quelqu'un, cette personne peut-être elle veut aussi mettre un petit truc, genre ses initiales dans la pièce,

  • Speaker #1

    elle revend et si on fait ça t'as une espèce de parchemin comme ça du chemin de vie du vêtement c'est hyper poétique je trouve ah ouais je trouve ça hyper poétique c'est super chouette, je voudrais revenir sur un truc parce que c'est quelque chose que je partage avec toi C'est que moi j'aime bien avoir des pièces, des jolies pièces. J'aime bien vivre dedans. Parfois je suis un petit peu tiraillée, tu sais, parce que quand tu vis dans un vêtement, forcément, ça laisse des traces. Tu vois, ça laisse des traces, ça laisse des marques, quoi. Différentes en fonction du type de tissu, du type de vêtement aussi, des mouvements que tu fais, tout ça. Mais en même temps, je n'arrive pas à concevoir d'avoir un vêtement qui reste sur un cintre ou dans une boîte. En tout cas, un vêtement que j'aurais acheté pour moi, qui n'est pas une œuvre d'art. Tu vois ce que je veux dire ? Si j'achetais maintenant, j'en sais rien, un corset de Marie-Antoinette, ça ne me viendrait pas à l'idée de le porter. j'aime bien les corsets, mais quelque chose qui... Même si ce n'est pas une pièce contemporaine. Tu vois, même une pièce qui a, je ne sais pas moi, 50 ans, si elle me va et que je l'intègre dans ma manière de m'habiller, eh bien, j'ai besoin de la porter. Par contre, je constate qu'il y a beaucoup de gens qui sont des amoureux des belles choses, des amoureux des beaux vêtements ou des belles chaussures. mais qui alors sont hyper méticuleux, tu vois. Toi, tu as des pompes que j'adore. Je ne sais pas ce que c'est. C'est quoi le nom encore ?

  • Speaker #0

    C'est un trippin.

  • Speaker #1

    C'est super bon avec les semelles un peu comme les chaussures sandales japonaises.

  • Speaker #0

    mais elles vivent quoi elles ont vécu elles ont super vécu elles sont crades mais elles ne sont pas crades mais on voit qu'elles ne sont pas sales,

  • Speaker #1

    on voit juste qu'elles ont vécu, tu marches avec tu marches avec et donc je me demande toujours est-ce qu'il y a une bonne manière de vivre avec un vêtement Parce que ce qu'il y a aussi, c'est qu'aujourd'hui, comment est-ce qu'on fait pour entretenir un beau vêtement ? Moi, je n'ai pas le time de commencer à faire tremper mes fringues ou aller brosser avec une petite brosse à dents. J'aimerais bien avoir cette patience-là, je ne l'ai pas. J'ai de la chance, une chance énouie d'avoir dans ma vie un homme incroyable qui est hyper méticuleux. Et donc, dès qu'il y a une tâche sur un vêtement, c'est lui qui s'en occupe. Et franchement, il a sauvé des choses. Je ne sais pas comment il a fait. Mais moi, je ne peux pas. Je me dis, mais... Est-ce que je prends le risque d'abîmer ce vêtement ? Ou alors je ne le mets pas ? Ou alors je ne le mets que quand je suis sûre que je ne vais pas devoir courir ? Je ne sais plus, je m'étais acheté un truc, je crois que c'était le premier jour. C'était un truc noir. Alors qu'est-ce que c'est ? Je ne sais plus maintenant. Bref, je me suis acheté un truc il n'y a pas très très longtemps. C'est un haut noir. Et parfois je dessine dans des magazines avec des poscas. Mais donc c'est de la peinture le posca. Et en fait, j'ai posé ma manche dessus. Et donc j'ai des taches vertes sur le poignet. Je ne sais même plus ce que c'est ce vêtement. Et en fait, au moment où c'est arrivé, j'étais en train de me dire, Samia, qu'est-ce que tu fais ? Tu ne prends pas soin des choses. Et puis il y a une autre petite voix qui m'a dit, mais en fait, ce n'est pas grave. En fait, il y a une petite tache dessus. C'est parce que tu as vécu avec. En plus, j'ai fait un truc que j'aimais bien. C'était dessiner, colorier dans un magazine, avec les fédéposcas que j'aimais bien. Toi, tu penses quoi de ça ? Est-ce que tu penses qu'il y a une bonne manière d'utiliser, de vivre avec un vêtement ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est des différentes personnes qui ont un rapport différent avec les objets auxquels on vit. Moi, par exemple, je suis une personne, même si j'aimerais le porter le plus grand soin possible, je suis quelqu'un qui use, j'use des choses. Et donc, du coup, en me connaissant, les vêtements... je les porte et elles sont usées. Ce ne sont pas des choses que je peux garder, que je prends soin. Ce sont des choses avec lesquelles je vis dedans et à la fin, elles sont usées. à la fois c'est quelque chose qui est important moi j'aime bien des choses qui vivent quand je parlais des livres ou des habits l'idée de partage que les choses circulent qui prend leur vie qu'ils vivent vraiment mais à la fois je pense que c'est bien que des personnes comme moi soient balancé avec des personnes qui sont dans l'entretien.

  • Speaker #1

    Un équilibre, tu veux dire. Il n'y a pas de bonne manière.

  • Speaker #0

    Il y a des collectionneurs, il y a des musées, il y a des gens qui préservent des pièces pour qu'on puisse les voir dans 10 ans, 20 ans, 50 ans, 100 ans. Et que ces pièces-là, elles sont... conservé. Je pense que les deux choses ont une importance. Oui,

  • Speaker #1

    c'est deux manières différentes.

  • Speaker #0

    Deux manières différentes de voir les choses et les deux choses se valent. Se valent. Et se maintiennent en équilibre.

  • Speaker #1

    Parce que la majorité des pièces qui arrivent jusqu'à toi, c'est parce que les gens sont hyper méticuleux avec, quand même. Parce que tu vois...

  • Speaker #0

    ouais toutes les pièces dans ma boutique elles sont quand même bien conservées tout est en hyper bon état je suis jamais tombée,

  • Speaker #1

    j'ai jamais regardé une pièce où je me suis dit oh celle-là elle a vécu quand même non tout est nickel tout est super nickel bon si tu étais une paire de chaussures tu serais quelle paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que je serais la paire de chaussures que je porte aujourd'hui. Ok. Avec les chaussures, j'adore les chaussures, mais j'ai toujours eu un truc pour des chaussures un peu étranges et hors du commun et bizarres. Donc, pour moi, la chaussure... Elle parle beaucoup de ta caractère, ta personnalité. Et pour moi, je suis vraiment très attirée par des chaussures qui ne sont pas... forcément belles ou conventionnelles, je suis vraiment toujours attirée par des trucs, par des chaussures qui sont un peu weird, en commun.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense que cette marque Trippen, que j'aime beaucoup, elle est à la fois, ils font des trucs très beaux, et à la fois, je trouve qu'ils font aussi des trucs moches. Mais ils ont créé cette espèce d'adaptation du sandal japonais en faisant...

  • Speaker #1

    une version allemande en cuir qui est très cool quoi la version allemande du sabot japonais en cuir exactement c'est

  • Speaker #0

    juste très étrange et j'aime bien j'aime bien et je ressens tout complètement moi je les adore je pense que la chaussure ça donne beaucoup de caractère

  • Speaker #1

    à une tenue si tu étais un pantalon quel genre de pantalon ? quelle longueur ?

  • Speaker #0

    quelle hauteur ? justement je viens de m'acheter deux nouveaux pantalons chez ma voisine qui est une créatrice belge qui s'appelle Janu La marque s'appelle Jeannine, elle s'appelle Céline. Et les pantalons que j'ai achetés, c'est des pantalons qui sont très amples, taille haute et très amples, très larges, et qui font beaucoup penser aux années 30. Et j'ai mon... meilleure amie, voisin, qui m'a donné un petit cours de l'histoire de la mode sur ce type de pantalon qui vient des années 30 et qui s'appelle des pantalons Zouk, Zout.

  • Speaker #1

    Zout ou Zouk ?

  • Speaker #0

    Non, c'est Zout, je crois. Zout ? Ok. Il faut vérifier. Ok, on va vérifier. Mais donc, c'est des pantalons qui étaient portés dans les années 30 par un mouvement contre-culture qui fait partie du mouvement jazz. Ils voulaient manifester une espèce de richesse et de... C'est quoi l'autre ? D'opulence ? D'opulence, peut-être. Par rapport à un moment dans les États-Unis où c'était la dépression. Et donc, voilà, il m'a montré les photos. Et tu ne savais pas avant d'avoir choisi ? Non, je ne savais pas que ça faisait partie de ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je me suis dit,

  • Speaker #0

    ça me va très bien. Je me sens vraiment très dandy avec ce pantalon.

  • Speaker #1

    Si tu devais être un O ? Est-ce que tu serais un chemisier, un top, j'en sais rien ? Tube ?

  • Speaker #0

    Si je devrais être un haut ? Oui, peut-être que je serais aussi un peu le haut que je porte aujourd'hui. Donc, moi j'aime bien des trucs... qu'on a du mal à déchiffrer.

  • Speaker #1

    On a du mal à déterminer. C'est un top, c'est un filet de pêche.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est ? C'est un haut mèche sur lequel on a tricoté juste les fils de laine qui fait comme une espèce de motif rectangulaire sur le haut.

  • Speaker #1

    Juste sur le devant. juste sur le devant et l'arrière c'est juste du mèche avec un petit col cheminé comme ça qui monte et j'aime bien des trucs où je me dis tiens

  • Speaker #0

    C'est quand même drôle.

  • Speaker #1

    C'est quand même bizarre.

  • Speaker #0

    On en revient au bizarre. C'est qu'on a eu cette idée de faire ça, mais en même temps, c'est super bien. Et donc voilà, j'aime bien des trucs où je suis surpris par l'idée du créateur. Ok,

  • Speaker #1

    il y a un autre haut hors du commun.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un autre haut que je viens de vendre récemment. qui était complètement fou. Alors c'était un crop top en lin d'un créateur qui s'appelle Rifat Ozbek, qui est un créateur qui est un peu tombé à l'oubli aujourd'hui, mais qui était un Turc, qui a fait sa marque à Londres, et qui a été quand même très connu, qui a fait beaucoup des grands défilés. Il avait cette particularité où il mélangeait la folklore turque avec l'avant-garde et ce qui était en mode à l'Occident, à Londres, à ce moment-là. Et moi, j'ai trouvé un top en lin court avec des franges en bas. Il y avait un CD. brodés sur le haut un CD et le CD est tricoté sur le haut avec des petits détails triangulaires qui entouraient le CD en plastique ou en plastique-pierre et donc on avait l'impression qu'on était devant des trucs ésotériques pour...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    pour faire la paix des esprits ! Et en plus avec le CD, quand tu baladais avec, ça reflétait le soleil. Ah oui, ok. Donc il y avait vraiment un truc comme quoi entre l'esprit moderne, la technologie moderne et une philosophie plutôt de tribu. qui était mélangé dans ce haut et je me dis mais c'est improbable que quelqu'un a cette idée et on dit ok bon on fait ça vas-y viens on peut faire un haut avec un CD au milieu et des triangles en gros des autour donc pour moi il y a toujours un truc entre des choses créateurs et des choses faites par des grand-mères à leur maison tu veux dire c'est entre les deux tu sais pas ça c'est les choses qui m'intéressent le plus c'est inc wow, this is brilliant, it's genius who would have thought of it et tu te dis, est-ce que c'est moche ou est-ce que c'est beau ou est-ce que c'est tellement moche que c'est beau exactement et que ça devient intéressant et oui, pour moi ça c'est des pièces qui m'intéressent le plus C'est à la fois le truc du créateur, de l'artiste, mais moi j'aime autant des trucs où on dit Oh là là !

  • Speaker #1

    C'est un interroge, quoi.

  • Speaker #0

    J'aime bien la grand-mère, en fait, qui est en train de faire un truc chez elle, à la maison.

  • Speaker #1

    Et elle trouve que c'est trop bien.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est trop bien. Et c'est trop bien. Et c'est repris par des créateurs, quoi.

  • Speaker #1

    donc voilà et si t'étais une veste est-ce que tu serais une veste ou un manteau ? ou alors tu pourrais être l'un et l'autre ?

  • Speaker #0

    ouais je pense que c'est difficile de faire une c'est quoi pour toi une veste ?

  • Speaker #1

    on va dire que ça là, ce que t'as là ta veste Versace que t'as shippée dans le grenier de tes grands-parents, ça c'est une veste et un manteau c'est plutôt ce que tu portais tout à l'heure, la super pièce que tu m'as montrée Dries Van Noten en fait dénime enduit, ça s'apparente un peu plus à un manteau pour moi.

  • Speaker #0

    Je pense que je suis quelqu'un qui met beaucoup de couches. Oui. Et évidemment, s'il fait beau, j'aime bien que porter une veste. Et je suis très contente de mettre mes manteaux de côté. Mais s'il y a un truc que j'aime bien dans la mode en hiver, c'est avoir un manteau. qui a beaucoup de présence. Parce que voilà, c'est la chose qui te couvre pendant... 4 mois de l'année, donc pour moi c'est quelque chose qui est quand même près du moi, important, c'est quelque chose qui me couvre.

  • Speaker #1

    Tu serais quel genre de manteau ? Est-ce que tu serais un gros manteau genre en laine avec une ceinture ? Je l'imagine déjà. Ou alors tu serais plutôt un trench ou une cape. Je cite toutes les choses avec lesquelles je t'ai déjà vue.

  • Speaker #0

    C'est difficile. Moi, je ne peux pas faire des choix parce que, comme je disais, je suis quelqu'un qui aime tellement des choses. Donc, mais quand j'aime quelque chose, je peux le porter pendant très longtemps.

  • Speaker #1

    Tu l'uses jusqu'à la corde ?

  • Speaker #0

    Je l'utilise jusqu'à la corde. J'ai juste, voilà, là je peux peut-être citer deux manteaux. Un qui, malheureusement, parce que la façon comment elle a été faite et la matière, je ne peux que l'utiliser dans certaines... Certaines températures. Ok. J'ai une doudoune des années 80, avec un motif de chien. Oui. Mais elle est faite en soie et c'est un peu comme un kimono.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais comme elle est faite de soie, il n'y a pas moyen de la porter quand il pleut. Donc il faut qu'il fasse froid.

  • Speaker #1

    Froid mais sec.

  • Speaker #0

    Sec, avec du soleil. Donc, ça réduit les moments où je peux le porter. Et j'ai eu le malheur de le porter le matin quand il faisait beau, l'après-midi. Et que le soir, j'ai dû rentrer chez moi avec cette veste. Et il a commencé à pleuvoir d'un seul coup. J'ai quand même un peu ruiné cette magnifique manteau. Mais parce qu'il n'y avait pas moyen. Donc voilà, j'ai cette pièce auquel je pense que j'adore et une autre pièce que j'ai mis pendant les six derniers mois c'est ma veste de ma voisine qui n'est pas du vintage mais qui est une créatrice belge qui fait des choses incroyables je pense et cette veste c'est en coton elle est assez fine elle a une petite doublure elle est très ample

  • Speaker #1

    C'est la kaki ?

  • Speaker #0

    avec une grande ceinture et en fait je l'ai mis depuis septembre je pense jusqu'à aujourd'hui je l'ai mis avec en août l'année dernière de août et en fait même en hiver je mettais juste une autre veste en dessous

  • Speaker #1

    tu vois la petite ima n'hésitez pas parce que j'aime beaucoup tu vois ces grands drapés blancs dans son atelier boutique je pense que je vais pousser la porte prochainement ok c'est une vraie si tu étais un accessoire Parce que je constate, avec le temps, je te connais un petit peu, tu portes très très peu d'accessoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Ça vient un peu de mon souci de perdre des choses. Je suis quelqu'un qui ne fait pas très très attention, comme j'avais déjà dit. Donc les accessoires pour moi, ça me cause du stress. Mais je m'imagine moi, plus tard, dans 30 ans, quelqu'un qui porte beaucoup d'accessoires. Pour l'instant, je n'y suis pas. Donc, les bijoux, pour moi, j'en ai quelques-unes que je porte juste occasionnellement. Mais sinon, les sacs à main, j'avoue aussi que je n'ai jamais été quelqu'un qui était très intéressée par les sacs à main. Pour moi, j'ai toujours été quelqu'un qui me baladait avec plein de sacs, avec plein de trucs. Donc, il y avait un truc très... pratique, utilitaire, et genre un petit sac à main, ça ne servait à rien. Même si je sais que le sac à main, c'est quand même un accessoire très important. Et aussi, commercialement, c'est quelque chose auquel il faudrait que je me...

  • Speaker #1

    C'est un autre marché.

  • Speaker #0

    Je m'intéresse un peu à marcher en soi,

  • Speaker #1

    le sac.

  • Speaker #0

    Mais pour toi,

  • Speaker #1

    à titre personnel...

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu en as des bijoux ? Je veux dire, est-ce que tu en collectionnes ? Genre, est-ce que tu as une boîte quelque part ? Ou un tiroir, tu vois, où il y a plein de petits trucs et que tu vas pouvoir ressortir dans 30 ans ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas énormément de bijoux. J'en ai juste quelques-unes. J'ai hérité justement un très bel objet en plexi transparent. C'est un objet, un carré. De quelle part des structures ondulées, comme des branches d'arbres, qui sont dans la chambre, que ma grand-mère utilisait pour mettre ses bijoux.

  • Speaker #1

    Comme un arbre à bijoux, comme ça ?

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Et donc, ça, j'utilise pour mettre mes bijoux. Mais j'en ai très peu. J'ai un très beau touche-bois. quartier de ma grand-mère qui était sa pièce qu'elle m'a donnée sur son lit.

  • Speaker #1

    C'est quoi un touche-bois ?

  • Speaker #0

    Je ne connais pas. Un touche-bois, c'est un morceau de bois qu'on touche pour avoir de la chance. Un touche-bois, c'est si on dit quelque chose... Et pour do not jinx it tu touches du bois.

  • Speaker #1

    Oui, l'expression je touche du bois Et c'est quoi le bijou ? Il est en bois ?

  • Speaker #0

    C'est un petit morceau de bois. Certi dans un collier quartier. Exactement. Oh,

  • Speaker #1

    ça c'est la classe,

  • Speaker #0

    ça. Oui, ça c'est super chouette. Et donc ça c'est le bijou de ma grand-mère qui m'a donné sur son lit de mort. Donc si je perds ce bijou, je ne me pardonnerai plus jamais de ma vie. Donc je le garde chez moi. Ok. Et sinon, oui, j'ai quelques pièces, mais pas beaucoup. Je pense que c'est quelque chose que je ferai un peu plus tard dans ma vie. Et sinon, l'accessoire que j'aime le plus, je pense que c'est les chaussures.

  • Speaker #1

    Tu considères la chaussure comme un accessoire. Dernière question, Laetitia. Si on devait réécrire la définition du vêtement dans le dictionnaire ? tu dois figure out, que tu prends le dictionnaire, tu ouvres, A, V, vêtements, deux points, définition.

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'un vêtement, de la façon la plus primitive, c'est quelque chose qu'on utilise pour couvrir notre corps, donc pour se protéger contre le froid, le chaud, pour se couvrir dedans. Deuxièmement, c'est... Une fois que cette première nécessité est trouvée, c'est quelque chose par lequel on s'exprime. Donc ça a une connotation sociale. À travers le vêtement, on peut lire plus ou moins comment la personne... a envie de s'exprimer, qu'on a le choix de choisir, ou comment la personne, elle vit par rapport à la société dans laquelle elle grandit, ou par rapport à ses moyens sociaux. Donc le vêtement, c'est à la fois quelque chose qui nous protège, une nécessité, et à la fois une forme d'expression.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laetitia. Je pourrais encore papoter des heures avec toi. À mon avis, on va continuer notre conversation un peu après. Merci beaucoup de m'avoir reçue dans ta super boutique. Je renoterai toutes les informations concernant cette boutique. Merci de nous partager ton histoire. Merci de nous partager ta passion.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. pour m'avoir écoutée et m'avoir invitée. C'était trop chouette.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Ciao.

  • Speaker #1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode avec Laetitia, la reine du vintage de créateurs de luxe, t'a plu. Si jamais tu as envie de me laisser un commentaire, me poser une question à moi ou à Laetitia, n'hésite pas à me laisser un commentaire et surtout, surtout, surtout, si ce n'est pas déjà fait, à t'abonner à DHV. Dans le prochain épisode, je reçois Coralie Barbier. J'espère que tu seras au rendez-vous. Allez, à vite ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïeva Fiston alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. DHV, déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Le style éclectique de Laetitia

    05:58

  • Le prêt-à-porter de luxe : Une histoire de famille depuis 80 ans

    07:45

  • Son enfance, ses études artistiques et ses années au Mexique

    18:31

  • Le décès de son grand-père et la fin d’un chapitre

    23:02

  • Le BOOM dans le commerce du vintage

    28:30

  • Son momentum et ses débuts dans la revente de Luxe

    31:56

  • La (re)naissance du magasin familial à travers Heterodoxa

    33:44

  • L’héritage de son grand-père

    40:33

  • La mémoire de nos vêtements

    46:41

  • Comment faire (bien) vivre nos vêtements

    49:06

  • Le portrait chinois de Laetitia

    54:38

  • Sa définition du vêtement

    01:09:32

  • Conclusion

    01:10:57

Description

Dans ce quatrième épisode de “Des Habits Et Vous”, je t’emmène à la rencontre de Laetitia Jeurissen, propriétaire de la boutique Heterodoxa Vintage située au coeur du centre historique de Bruxelles, modeuse, collectionneuse et passionnée de mode vintage.

Laetitia Jeurissen vient d'une famille qui baigne dans le commerce du textile depuis quatre générations. Son arrière-grand-mère vendait des tissus dans les années 30, et ses grands-parents ont ensuite évolué vers le prêt-à-porter de luxe dans les années 60, faisant de la boutique Jeurissen, une référence dans toute la Belgique.

Aujourd'hui, Laetitia perpétue cette tradition familiale avec sa boutique vintage à Bruxelles, où elle propose des pièces uniques et rares de marques de luxe et de créateurs tout en racontant et en archivant, l'histoire de chaque vêtement.

De son rejet de la mode à 20 ans jusqu’à l’ouverture de sa propre boutique vintage, Laetitia nous partage des anecdotes fascinantes sur ses archives familiales et le déclic qui lui a donné l’envie d’honorer la mémoire de ses grands-parents.

Elle aborde également sa vision du style (plutôt éclectique), de ce que nos chaussures disent de nous ou encore comment (bien) faire vivre nos vêtements.

Belle écoute 🎧

Samia


-


Liens et ressources mentionnés dans l’épisode :

- Compte Instagram de l'artiste plasticien qui porte la veste gaufrée Comme des Garçons achetée dans la boutique de Laetitia : https://www.instagram.com/racso_jugarap/

- Post Instagram pour voir des photos de la pièce Krizia : https://www.instagram.com/p/C3kH2xatqrB/

- Compte Instagram de la marque de la créatrice du pantalon qu’elle porte et dont elle parle lors du portrait chinois : https://www.instagram.com/januebrussels/


-


Tu peux retrouver retrouver Laetitia Jeurissen :

Sur Instagram : https://www.instagram.com/lupita_lupis_x/?hl=fr

Instagram de sa boutique Heterodoxa : https://www.instagram.com/heterodoxa.vintage/

Site internet d’Heterodoxa : https://heterodoxavintage.com


-


En attendant de nous retrouver pour un prochain épisode, je t’invite à t’abonner, à laisser 5 étoiles et un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute préférée 💌


Si tu souhaites continuer la discussion et découvrir les coulisses de DHV, retrouve-moi au quotidien sur Instagram à @samiabouhjar


👗 Et si la curiosité te titille encore, viens découvrir mon travail de Directrice Artistique, Styliste, Costumière pour la Télévision et le monde du Spectacle, rendez-vous sur  https://samiabouhjar.com


Des bises,

Samia


-


Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    s'habiller ou ne pas s'habiller, ça te dit quel qu'on se trouve de chez une personne.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous. HV. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillée, que tu te trouves prêt ou fraîche quand tu te regardes, eh ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar, et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Laetitia Jorisenne. Bonjour Laetitia !

  • Speaker #1

    Bonjour Samia !

  • Speaker #0

    On peut dire bonsoir parce qu'en fait on est en fin de journée.

  • Speaker #1

    C'est vrai, on boit un petit verre de vin.

  • Speaker #0

    Dans ta boutique.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Heterodoxa Vintage.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    Je suis très contente d'être là parce qu'on s'est rencontré cet été. Je ne savais pas qui tu étais. On m'a donné ton nom dans le cadre de la préparation du styling de Drag Race 2, Drag Race Belgique 2. et je cherchais des pièces hors du commun évidemment pour un programme hors du commun et on m'a dit va voir cette nana, je la connais c'est ma copine elle a des super chouettes pièces vintage je suis sûre que tu vas trouver des trucs cool et effectivement j'ai trouvé des trucs cool alors pas beaucoup de trucs que j'ai utilisé pour le programme mais une pièce très particulière auquel

  • Speaker #1

    je tiens beaucoup

  • Speaker #0

    Et qui est juste magnifique. De laquelle tu parles ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on parle même de la blouse Chrysia, qui appartenait à ma grand-mère et qui est une pièce archive de la boutique. Donc, je ne compte jamais la vendre. Magnifique.

  • Speaker #0

    Un haut Chrysia, je mettrai la photo, je ne sais pas encore où, mais je la mettrai à disposition, avec laquelle j'ai créé un look pour Lio, pour un des épisodes de Drag Race saison 2, que j'ai coordonné avec une jupe d'un jeune créateur belge. qui fait partie du showroom, là où je rassemble tous les créateurs belges émergents que j'adore et que j'ai envie de mettre en lumière, avec une magnifique jupe, des chaussures à plateforme et à talons d'inspiration Westwood, un chapeau métallique fait par le talentueux, l'incomparable Elvis Pompidou. Et donc cette pièce, ce chemisier, ce top Chrysia que tu m'as prêté, est la pièce centrale de ce look, et ce look est juste top. et puis il y avait plein d'autres trucs que j'ai beaucoup aimé mais qui n'ont pas fonctionné et surtout en fait moi ce que je retiens c'est que je suis devenue cliente c'est hyper dangereux pour moi d'obtenir parce qu'en plus quand je flash sur un truc c'est pas le joli, top, sympa,

  • Speaker #1

    à 100 balles tu as acheté deux pièces vraiment magnifiques dans un je pense même pas que j'ai eu le temps de la photographier mais pour mon site, mais qui est cette veste, ce manteau...

  • Speaker #0

    Non, tu ne l'avais pas encore photographié. Non, le Comme des Garçons. Gaufré, avec des volumes, un double volume incroyable. Petit, comment est-ce qu'on dit, spoiler. Ce manteau, je l'ai utilisé pour un styling,

  • Speaker #1

    il n'y a pas très longtemps,

  • Speaker #0

    pour une publication dans un Vogue. Je ne te dis pas quel Vogue de quel pays, parce que je n'ai pas le droit de le dire.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Ce manteau, il mérite d'avoir son moment vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand je le mets, j'adore. Et donc, oui, j'ai acheté deux pièces. C'est la deuxième pièce qui est en bas, que je n'ai pas encore emportée à la maison, que je n'ai pas encore présentée à ma garde-robe, qui est un manteau en velours, Anne de Meulemister. Magnifique !

  • Speaker #1

    Dans un vert, avec des reflets rouges. et il fait un peu avec des détails un peu victoriennes on dirait un manteau de lord on dirait un manteau de lord mais ça te va super bien parce qu'à chaque fois tu choisis des pièces très fortes et très haute couture et tu arrives quand tu les mets de le porter d'une façon où tu mélanges un peu avec du streetwear et que du coup ça marche super bien en fait

  • Speaker #0

    Mais c'est ça que j'aime bien chez toi, c'est que dans ta boutique, il y a plein de choses différentes. C'est ce qui fait aussi ta particularité. On est dans une boutique vintage, alors une boutique vintage pointue quand même. On va y venir, je vais expliquer un petit peu. Mais ce que j'aime bien, c'est qu'il y en a pour tout le monde, je trouve. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Et en fait, grâce à toi, d'une certaine manière, je m'éduque aussi aux vêtements haute couture, aux vêtements de luxe, tu vois, auprès de ta portée, qualitatif, vraiment de qualité. Et je m'aperçois en fait que au-delà de la beauté du vêtement, il y a aussi la personnalité qui a énormément d'importance dans un look. Je me suis rendue compte avec les vêtements que tu proposes ici que le vêtement n'est pas tout. Je le savais déjà. quand tu as des belles pièces comme ça, il y a vraiment une rencontre, en fait. Tu vois, je peux flasher sur une pièce comme, par exemple, le manteau, le plissé qui est en bas, que tu as dans ta boutique, qui est magnifique. J'adore le plissé, j'adore l'histoire de ce travail technique.

  • Speaker #1

    Les émiakés.

  • Speaker #0

    Oui, j'adore. J'aime beaucoup le travail d'issémiaké. J'aime bien l'histoire derrière, j'adore la recherche qu'il y a derrière. Mais après, il y a une question aussi de rencontre. Tu vois, il y a un corps qui rencontre un... une forme qui doit épouser ce corps. Et dans un vêtement qui est vraiment travaillé, et ce qui est le cas pour les vêtements qui sortent de grandes maisons, on est vraiment dans la rencontre de deux corps. Parce que tu ne peux pas porter quelque chose qui n'est pas fait... Tu ne peux pas faire semblant, en fait.

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire semblant.

  • Speaker #1

    Non, oui, c'est vrai. Pour moi, dans la boutique et la sélection que j'ai, je pense que c'est très varié. Et c'est aussi parce que je suis une personne qui n'est pas... Je pense que mon propre style est très éclectique et je suis assez démocratique dans mes choix. C'est-à-dire que je peux aimer beaucoup de choses, mais comme tu dis... Je pense que chaque vêtement dans la boutique, je l'aime d'une certaine forme. Évidemment, il y a des pièces que tout de suite, moi, je voudrais me mettre moi-même. Mais il y a aussi plein de pièces que j'aime, mais que je ne mettrais pas forcément, mais qui ont une qualité par la coupe, par la matière, par tous les détails que cette pièce a. Et je sais que cette pièce va rencontrer... la personne qui va le porter et qui va à la fois mettre en valeur l'habit et à la fois la personne. Oui,

  • Speaker #0

    on rencontre vraiment des deux.

  • Speaker #1

    La chose que j'aime le plus dans la mode, c'est le stylisme. Et ce n'est pas parce qu'on peut acheter une pièce très chère ou on peut acheter une pièce bon marché. Mais pour moi, le style, ce n'est pas quelque chose qu'on peut acheter. C'est quelque chose qu'on a ou on n'a pas et ça a à voir avec la façon comment on se réapproprie des vêtements, des styles, la confiance qu'on a, la créativité avec laquelle on essaye de faire des combinaisons. Pour moi, c'est ça le plus excitant dans la mode.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord. Avoir une super belle pièce, mais après, ce qui est encore plus chouette, c'est vraiment de lui trouver des copains, des copines, les bijoux, les chaussures. C'est vraiment de créer une silhouette complète. C'est un des trucs les plus chouettes. D'ailleurs, c'est pour ça que j'en ai fait mon métier, n'est-ce pas ? Bon, allez, on va faire une sorte de CV. Tu vois, je vais te dire un peu tout ce que je sais sur toi, tout ce que j'ai découvert en grattant un petit peu et en allant fouiller les internets. Alors, ce que je sais... c'est que tu viens d'Acelte, mais ça je le savais déjà, tu me l'avais dit. Par contre, ce que je ne savais pas, c'est que ta famille travaille dans le commerce du textile, on va prendre de manière générale, depuis 80 ans. Ça date de tes arrières-grands-parents. Je me suis dit, ok, family business.

  • Speaker #1

    It's really a family business, yes.

  • Speaker #0

    Donc, quatre générations. D'abord, ton arrière-grand-mère dans les années 30. Tu me corriges si je me trompe. Qui vendait du tissu. C'était l'époque où il n'y avait pas encore de magasins, de boutiques, de grands magasins. On s'habillait, on allait chercher du tissu. On achetait des magazines parce qu'il y avait des magazines. Et on faisait faire sa tenue. On allait chez les couturières et on faisait faire sa tenue. Ensuite, tes parents ont investi dans la fourrure, dans le commerce de la fourrure. Et puis, je ne sais pas à quel moment, dis-nous, tes grands-parents ont switché vers le prêt-à-porter. Et puis... Ils ont eu l'opportunité dans les années 60, là où le prêt-à-porter a commencé à connaître son essor, les grands magasins, le prêt-à-porter. Puis, je ne sais pas, ça tu vas nous raconter si tu le sais, comment est-ce que de fil en aiguille, ils ont rencontré les grands designers de Paris ? Et ils sont devenus une des... Il y avait une dizaine de boutiques en Belgique qui distribuaient des vêtements de prêt-à-porter de luxe. et la boutique de tes grands-parents à Esselte en faisait partie.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Comment ils en sont venus à rencontrer ces gens-là ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que c'était un moment très révolutionnaire dans les années 60, où la plupart des gens ne se rendent pas compte, parce que... Pour nous, c'est tellement normalisé. Mais le moment où on passait de venir dans une boutique et choisir les tissus, et que les gens prennent notre mesure, et qu'on pouvait venir chercher notre habit une ou deux semaines plus tard, avec le prêt-à-porter, on pouvait rentrer dans une boutique et il y avait la pièce multipliée dans différentes tailles. universelle et on pouvait prendre notre taille et sortir avec l'habit. Et ça, ça a été complètement révolutionnaire dans l'industrie de la mode. Et à ce moment-là, dans les années 60, c'était aussi le début, du coup, des grands créateurs du prêt-à-porter. Et comme ma famille, ils avaient déjà une boutique, ils ont connu cette révolution. Je ne pense pas qu'il y avait tellement de choix. Je pense qu'il y avait une dizaine, peut-être une centaine de créateurs qui existaient à ce moment, qui étaient importantes. Et donc mes grands-parents, ils ont décidé de... Voilà, d'aller dans cette aventure, dans cette révolution et de commencer à vendre du prêt-à-porter au début de Courrèges. Et Courrèges, ça, c'était génial. C'était révolutionnaire. En fait, c'est assez intéressant si on revoit cette époque, parce que Courrèges, c'était très futuristique. C'était super avant-garde, très futuristique, mais incroyablement populaire. Tout le monde voulait porter des robes Courrèges. avoir des...

  • Speaker #0

    Des robes trois trous, les petites jupes.

  • Speaker #1

    Exactement, les tailleurs Courrèges, les petites vestes en vinyle. Et à Asselt, qui est relativement une petite ville en Belgique, à travers la boutique de mes grands-parents, c'est devenu vraiment une ville connue pour la mode, où tout le monde venait de différentes parties de la Belgique et de l'étranger pour s'acheter. des pièces Kouresh. Et comme il n'y avait pas beaucoup de boutiques, la boutique de mes grands-parents, ça faisait vraiment porte entre ce qui se passait à Paris, à Milan, à Londres et eux, pour te dire l'importance de ce magasin, ce qui est, je pense, impossible de concevoir aujourd'hui qu'on ait un magasin qui vende des vêtements de luxe, like a multi-brand store. C'est qu'eux, ils faisaient leur propre défilé. Ils organisaient le défilé. Et j'ai plein d'images, d'archives, et les histoires où ils louaient le centre culturel à Asselt. où ils faisaient les défilés et ils invitaient tous les clients, etc.

  • Speaker #0

    De toutes les marques qu'ils avaient dans la boîte.

  • Speaker #1

    Et donc la sélection, ils montraient la sélection qu'ils avaient faite à Paris et à Milan, de Thierry Mugler, d'Alaya, d'Isemi Ake, de Roberto Cavalli. Et il y avait mon grand-père, ça c'est quand même très drôle, qui est une personne avec beaucoup de sens d'humour. Donc j'imagine... qu'à la fois, il doit se tenir très sérieusement, mais à la fois, il y avait, je pense, un côté un peu ludique où il annonce tous les mannequins qui arrivent sur le défilé et tout ce qu'ils portent. Ok,

  • Speaker #0

    à l'ancienne, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, au micro. Magdalena,

  • Speaker #0

    avec une robe blanche de sa collection, disponible en taille SM. Comment est-ce qu'ils ont eu accès ? tu vois, à ces marques-là ? Parce qu'en fait, j'imagine que c'est parce qu'elles n'avaient pas encore la réputation et le prestige peut-être qu'elles ont maintenant.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y avait, comme ils étaient déjà connus, ils avaient une boutique dans la mode et il n'y en avait pas beaucoup. Et ils avaient aussi du capital à acheter des collections parce qu'il faut quand même les acheter pour ensuite les revendre à ses propres clients. C'était le début, il y avait très peu de boutiques et mon grand-père quand même et ma grand-mère, ils étaient aussi... mon grand-père c'était un collectionneur d'art. Donc, il s'est intéressé très fort à ce qui se passait dans l'art, dans le design, et donc forcément aussi dans ce qui se passait dans la mode, parce que c'est des milieux qui se touchent. Il a toujours été très intéressé par des jeunes artistes, des jeunes créateurs, que ce soit dans la mode, dans le design, et à les suivre et à les soutenir et à créer des collections.

  • Speaker #0

    Rencontrer des gens, ça s'est fait, j'imagine, de manière humaine. Parce qu'il n'y avait pas tellement d'intermédiaires comme aujourd'hui où tu dois passer par des...

  • Speaker #1

    Oui, humaines et je pense aussi vraiment par intérêt, par un partage esthétique, philosophique qui était présent dans l'art contemporain, dans la mode, dans le design de cette époque-là, dans le cinéma. Et donc du coup, voilà, ils ont commencé avec Courrèges, ça a été un succès énorme. Et ensuite, ils ont continué et ils avaient vraiment un contact très, très proche avec les créateurs. Ce qui est aussi impossible d'imaginer aujourd'hui, parce que si tu as une marque, déjà, le créateur, tu as tout un tour de management, sales people, people that are dealing with communication. Then you have the investors, then you have blah, blah, blah. Then you have all the interns. Mais à ce moment-là, à l'époque de mes grands-parents, ils étaient carrément invités. à tous les défilés, ils avaient une si bonne relation avec Roberto Cavalli qui...

  • Speaker #0

    Je trouve cette anecdote, elle est incroyable cette anecdote !

  • Speaker #1

    Donc avec Roberto Cavalli, ils étaient tellement proches. De niveau business, Roberto Cavalli invitait mes grands-parents en hélicoptère privé d'aller dans son Holiday Mansion. Parce qu'il y a eu aussi une exposition dans le musée de la mode à Hasselt qui a été dédiée au magasin de ma famille. Pendant cette exposition, il y a eu pas mal d'articles dans la presse belge, dans les journaux belges qui sont sortis. Et dans un, le titre de l'article, c'était Roberto Cavalli. une cotation de mes parents, de mes grands-parents, Robert Cavalli fait un très bon spaghetti.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il les a invités chez lui. Exactement. Et donc ils sont allés en hélico chez lui et il a fait des pâtes avec sa petite machine dans sa cuisine à l'ancienne.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc ça, c'était un peu le rapport qu'il y avait entre les gens qui tenaient une boutique et les créateurs de mode. Ça n'a rien à voir avec aujourd'hui. Et moi, je retiens vraiment de l'époque de mes grands-parents, cette proximité avec les créateurs, avec Alaya, Azadine Alaya. Ils allaient par exemple acheter les collections dans l'appartement d'Alaya à Paris, qui habitait dans un petit appartement. Et c'est là où ils recevaient les acheteurs qui venaient. faire leur sélection pour leur magasin. Et il y a aussi une lettre très touchante. que j'ai retrouvée dans les archives, où mes grands-parents, ils annoncent à leurs clients comme quoi ils ne vont plus vendre Alaya dans la boutique, parce qu'Alaya avait décidé qu'il ne voulait plus refaire à chaque saison des nouvelles collections, que c'était un tempo qui était trop...

  • Speaker #0

    Trop soutenu, trop difficile.

  • Speaker #1

    Trop difficile, et que ça lui enlevait sa créativité. Et que du coup, voilà, ils ne pouvaient pas rassurer qu'il y avait des prochaines collections d'Alaïa qui allaient arriver. Ils parlent dans cette lettre des chiens patapouf et je ne sais pas comment ils appellent l'autre.

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une lettre qu'Azédine a écrite à tes parents ?

  • Speaker #1

    Non, mais que mes grands-parents ont écrite pour dire à leurs clients, on est désolés, on ne va pas pouvoir continuer avec Alaïa parce qu'il nous a expliqué comme quoi... Et pourquoi... garder une certaine créativité, il ne peut plus continuer à crier à chaque saison des nouvelles pièces. Exactement.

  • Speaker #0

    Donc, voilà. Là, je n'ai pas beaucoup parlé de toi. J'ai parlé plus de ta famille jusqu'à présent. Ah oui, et puis, il faut dire le nom. Ton nom de famille, c'est Jurysen. Jurysen. Mais Laetitia, toi, par contre, tu ne travailles pas dans la mode, à la base. C'est-à-dire que tu n'as pas fait un métier de mode ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai choisi un autre parcours parce que je pense que c'est quelque chose qui est assez typique. Quand on est jeune et on vit dans un milieu qui est tellement présent et où on attend de toi. que c'est toi la nouvelle génération comme on a un family business qui va continuer à reprendre. Et moi, même si j'adorais passer du temps dans la boutique, tous les jours après l'école, j'y allais jusqu'à la fermeture de la boutique, je passais regarder des revues de mode, j'allais en haut, j'allais coudre des vêtements avec les seamstresses qu'il y avait dans la boutique parce qu'ils avaient leurs propres... pour faire les retouches et tout ça. où j'allais faire des photoshoots et me déguiser avec des pièces que je trouvais dans du stock, des pièces qui étaient déjà tellement anciennes que personne ne savait quoi faire avec, ce qui a été par la suite la base de mon projet. Mais pour moi, après 18 ans, la première chose que je voulais c'était quitter Asselt et de... Et à ce moment-là, je disais, la mode, c'est chouette, mais c'est trop superficiel. Moi, j'ai envie d'apprendre l'art. Parce que je pense qu'à ce moment-là, il y avait un grand... Je pense que ce cru est en train de diminuer beaucoup. L'art et la mode. Parce que c'est tous des milieux créatifs, mais la mode a été, pendant longtemps, c'est comme ça que je l'ai aperçu, vu comme quelque chose de beaucoup plus... C'est juste de l'esthétique. Superficiel, esthétique. Et là, il y a une profondeur, il y a une réflexion philosophique, poétique, etc. Et donc, moi, dans ma tête, c'était Ok, mais moi, je ne veux pas être dans la mode. Moi, je veux aller dans une école d'art et je veux, là pour le coup, étudier la photographie. J'ai fait la cambre en photo, mais en même temps, quand j'étais là, je... C'était un très chouette moment parce que je réfléchissais beaucoup surtout à l'image de la femme et à la sexualité. Donc ça c'était des sujets qui étaient importants pour moi pendant mes études. Mais, en même temps, on avait à la cambre aussi les départements de mode, de design textile. Et j'ai beaucoup travaillé avec eux en faisant des photos.

  • Speaker #0

    Tu as l'écharpé comme ressource pour pouvoir faire tes images ?

  • Speaker #1

    Non, c'était vraiment des collaborations. C'était les étudiants en design textile qui avaient besoin de quelqu'un pour photographier leurs pièces. Ah ok, ok,

  • Speaker #0

    comme ça.

  • Speaker #1

    Oui, et j'ai trouvé beaucoup de plaisir. en faisant ça. Mais voilà, pour moi la mode c'était quelque chose que je mettais un peu de côté et ensuite je suis partie après mes études au Mexique. Et là j'ai encore travaillé dans le monde de l'art. Pendant cinq ans j'ai habité là-bas, j'ai travaillé pour des galeries et ensuite j'ai aussi eu un collectif interdisciplinaire avec lequel on organisait des expositions et des différentes... conférences, c'était plus... On essayait de mélanger politique, art et les arts appliqués et les sciences sociales et on faisait des projets ensemble et à côté, je travaillais pour des galeries pour gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Tu faisais quoi ? Tu faisais des photos pour les galeries ? Tu faisais genre quoi ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai beaucoup travaillé dans les archives. Ok. Souvent, j'étais un peu... Ce qui me convenait très bien. C'est de... d'être... emplacé pour étudier et organiser l'histoire de la galerie et des pièces. Et c'est quelque chose que je continue à aimer faire aujourd'hui avec les vêtements. Mais c'est vraiment comme la vie fonctionne parfois d'une façon assez... Inattendue. Inattendue. Et c'est avec le décès de mon grand-père, qui était en 2020, Juste avant le Covid. Ok. Donc, lui, il a toujours été quelqu'un de très malin. Donc, je pense qu'il a vu le truc arriver. Il a vu le Covid arriver. Il a dit, oh là là, moi, je n'ai pas envie de vivre ça.

  • Speaker #0

    Je me casse. Je me casse.

  • Speaker #1

    Il est décédé deux semaines avant le lockdown en Belgique. Et donc, moi, j'étais venue du Mexique en Belgique pour être avec lui à son lit de mort. et pour l'accompagner. Et deux semaines après son enterrement, les frontières étaient bloquées. Et c'est un moment, je pense pour beaucoup de gens, le Covid, ça a fait vivre beaucoup de changements, beaucoup de questionnements de qu'est-ce qu'on fait, où on est. Et pour moi, ce moment coïncidait justement avec une grande partie de l'histoire de ma famille qui était en train de se clôturer, à la fois la mort de mon grand-père et à la fois le magasin de ma famille, qu'ils avaient décidé, ça faisait quelques années déjà, qu'ils étaient en train de contempler de fermer. Et là, juste cette année-là, ils avaient décidé que...

  • Speaker #0

    Donc le Covid les a aidés d'une certaine manière à concrétiser cette fermeture ?

  • Speaker #1

    Ils avaient déjà décidé de fermer avant le Covid. Et le Covid, ça n'a pas forcément aidé, parce qu'ils avaient trouvé des gens pour reprendre.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, ok. Ils voulaient arrêter eux, mais laisser le... le commerce repris par quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Oui, avec tout un autre concept de magasin. Mais donc, ces personnes-là, à cause du Covid, ils sont retirés. Et donc, du coup, en fait, on était tous un peu avec toute la famille, en train de vivre ce moment d'un certain chapitre dans la famille. Et donc, moi, j'avais à la fois, j'avais très besoin... de faire cette clôture et aussi de commémorer mon grand-père avec qui j'étais très proche, ma grand-mère, ce magasin auquel on allait devoir... Et donc du coup, j'avais proposé à mes parents de les aider pour vider le magasin. Et je leur ai dit, comme j'étais probablement la seule dans la famille, avec ma petite sœur aussi, elle aime bien le vintage, mais elle a 8 ans de moins, donc elle a un peu moins eu cette relation avec mes grands-parents. qui avait grandi avec ce vintage et qui a toujours été intéressé depuis que je suis toute jeune. Le temps que je passais après l'école, je montais au troisième étage du magasin et j'allais chercher des fouillées, chercher dans des pièces. Cette veste que je porte maintenant, c'est une veste que j'ai prise quand j'avais, je pense, 18 ans. Un veste Versace des années 80, qui était gardé là, mais personne ne s'intéressait dans ces pièces-là. On ne savait pas quelle valeur ça avait. C'était tout sur un grenier. C'est vraiment comme si c'était tout stocké dans un grenier.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et quoi ?

  • Speaker #0

    Elles étaient dans des cartons ? Maintenant, j'essaie d'imaginer. Elles étaient quoi, dans des cartons ? Elles étaient sur des cintres, accrochées sur un portant, tout au fond d'un étage ?

  • Speaker #1

    Imagine, je pense, l'espace d'ici, au-dessus, rempli de pièces.

  • Speaker #0

    Mais genre sur des cintres ?

  • Speaker #1

    Sur des cintres, mais il y avait aussi des chaussures, des accessoires dans des boîtes. Il y avait aussi l'armoire de ma grand-mère, avec ses pièces à elle, qui étaient dans une armoire séparée. Mais c'était rempli de pièces. On pouvait même... Il fallait vraiment passer. Oui, fouiller. C'était la porte à la peine, elle ne pouvait plus bien se fermer et s'ouvrir. Le plancher était tellement vieux, on marchait dessus. Donc, t'es vraiment comme dans une chambre de trésor. Oui, oui. Mais poussièreux.

  • Speaker #0

    Narnia. Tu connais Narnia ? Oui. On est sur Narnia.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi j'adorais, quand j'étais jeune, j'allais toujours là-bas. Ça doit être extraordinaire. Oui. Et j'ai toujours eu quelque chose comme quoi je ne voulais pas jamais m'habiller. comme les autres. Donc, j'adorais trouver des pièces là-bas qui étaient juste trop cool.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as jamais acheté des vêtements dans des magasins ?

  • Speaker #1

    Quand même. Moi, je pense que je fais partie de la génération qui a grandi avec l'arrivée de H&M. Et donc, quand j'étais adolescente, H&M, c'était cool quand même. J'avais la chance que ma famille avait une boutique, donc de temps en temps pour Noël, pour mon anniversaire, je recevais des pièces et je pouvais piquer des pièces. dans le grenier que personne n'en avait rien à faire ou qu'ils se rendaient compte et ta mère elle disait pas ta maman,

  • Speaker #0

    ton papa, ta grand-mère ou ton grand-père parfois quand tu portais un vêtement dire ah mais je me souviens parce que j'imagine qu'ils n'avaient pas d'acheteur c'est eux qui achetaient ils trouvaient ça trop chouette que j'étais la seule à trouver l'intérêt là-dedans

  • Speaker #1

    Et qu'ils disaient, ah oui, mais moi, j'aime bien ça. Et ils étaient là, genre, oh, ok. Trop bien.

  • Speaker #0

    Donc, 2020, le grand-père s'en va. Corona, lockdown, le magasin, on ferme. Tu reviens du Mexique pour le deuil. Finalement, tu restes ici.

  • Speaker #1

    Je reste ici pendant six mois. Et j'aide, du coup, ma famille à vider le magasin. Et ce que je leur disais, parce que ça, c'était quand même un moment où le... où le vintage est le marché du seconde main. commençait à vraiment intéresser beaucoup de gens. Et je pense que ce n'est pas une coïncidence que ça s'est passé pendant le Covid, parce que c'était vraiment un moment où l'industrie de la mode a connu un arrêt. Quelqu'un a pris le... Des rênes.

  • Speaker #0

    La poignée ?

  • Speaker #1

    Non, le frein. Le frein, d'une manière brutale, où l'industrie de la mode a complètement... dû arrêter de produire. Et ça a été un grand moment, je pense, où beaucoup de gens se sont dit Wow, ok, en fait, j'ai tellement de choses, j'ai tellement de choses chez moi, c'est tellement pas normal la façon à laquelle on est en train de produire toutes les saisons, des nouvelles collections. On a tellement de choses, du surplus. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Des pièces... Après,

  • Speaker #1

    je pense qu'il y avait deux teams. Il y a la team commande, où là, justement, les commandes... de vêtements en ligne, le commerce en ligne, c'est très, très fort activé. Le besoin de consommer, tu sais, d'exister au travers de la consommation n'a pas disparu. Il a juste été transposé du physique au digital.

  • Speaker #0

    Et d'acheter du nouveau, d'acheter du seconde main.

  • Speaker #1

    Voilà, et là, le seconde main, tu vois, peut-être d'échanger, machin, ouais.

  • Speaker #0

    Absolument. L'envie de consommer, arrêter,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Les gens ont vu qu'on a tellement de pièces dans notre armoire qu'on ne met plus. On peut les vendre en ligne. Et en même temps, il y a eu beaucoup de gens qui sont commencés à s'intéresser dans le vintage, et dans des pièces rares, et dans des pièces... qui peuvent avoir une certaine valeur parce que ça appartient à une certaine époque, à un certain créateur, etc., à une certaine phase de savoir-faire. Et donc, plutôt d'acheter de nouveau, ça crée tout un marché entre vendeurs et acheteurs qui achètent juste du second même et qui vendent du second même parce que c'est des choses qui sont déjà en circulation. De toute façon, on ne peut pas acheter de nouveau parce que COVID a fait que... Pendant deux ans, tout a été ralenti et de là est surgit cet énorme boom dans l'industrie ou le commerce du vintage et les collectionneurs qui sont venus là-bas où ils ont commencé à voir. la mode et des pièces de mode comme des pièces qu'on peut collectionner autant que des pièces de design.

  • Speaker #1

    Comme un objecte de design, oui. Et donc, tu vides le magasin, tu aides à vider le magasin. À quel moment te vient l'idée ? Est-ce qu'il y a un moment comme ça, un momentum où tu as cette idée ? Ou alors c'est venu de manière organique, tout doucement, de manière totalement naturelle, de dire, OK, mais en fait, là, il y a une mine d'or. J'aime faire ça, je connais, je sais faire ça. Et puis c'est une manière, je crois que tu m'avais dit ça, que c'était une manière aussi pour toi d'honorer la mémoire de tes grands-parents que de continuer dans ce business-là.

  • Speaker #0

    Oui, moi je me rappelle très bien un moment, parce qu'au début, quand je commençais à vendre les pièces, d'archives du magasin, je les vendais sur Vestiaire Collectif. Et donc, je prenais les photos des pièces. Et Vestiaire Collectif, en fait, il découpe les pièces, il les met sur un fond blanc. Et tu fais partie de leur site. Mais en fait, tu n'existes pas en tant que vendeur et tu ne connais pas la personne qui achète. Donc tout passe à travers eux et moi je trouvais ça trop chiante en fait. Parce que je me dis, ok, en fait moi j'ai beaucoup de choses à dire par rapport à ces pièces et ces pièces sont importantes pour moi. Et j'ai envie de les raconter et de savoir qui sont les personnes qui les achètent. Et donc là je me suis dit, bon ok, pourquoi pas, plutôt que de passer par Vestiaire Collectif, j'essaye de les vendre moi-même sur Instagram. Mais bon, je dois faire à leur compte Instagram et alors je dois... Tu n'en avais pas avant. J'avais un compte personnel, mais je me disais, ok, alors il faut que j'invente un compte, il faut que je prenne un nom. Il faut que, voilà, ce que je veux faire, c'est donner une personnalité à la personne et à toutes ses pièces et de raconter l'histoire familiale à travers ce compte. Et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de créer Hétorodoxa. Parce que je me suis dit, bon, si je garde le nom de ma famille, c'est quand même un peu old school. Genre, Yerison Couture ? I don't know. Try hard ! Maybe, maybe, mais...

  • Speaker #1

    T'étais pas dans ce mood-là, quoi.

  • Speaker #0

    Non. Oui, en même temps, j'étais là, genre, ok, je vois le magasin de ma famille, ils ont eu leur moment de succès. Aujourd'hui, ça marche pas. Il faut... Donner un nouveau souffle et donner un côté un peu contemporain. Donc, ok, c'est cool de garder certaines choses de l'histoire familiale, mais peut-être que le branding serait bien. Et de donner un peu un nom un peu plus... mystérieux, intriguant, qui aussi fait que je suis en train de faire mon propre projet. À la fois en gardant l'histoire de la famille. Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu n'as pas gommé l'histoire de ta famille.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Tu rappelles toujours l'histoire. Tu sais, à chaque fois, tu expliques d'où ça vient, d'où tu viens.

  • Speaker #0

    Non, c'est très, très important pour moi.

  • Speaker #1

    À ce moment-là. je veux dire, tu as un stock. Donc, ça veut dire que tes parents avaient dans leur grenier, on va l'appeler le grenier, dans leur grenier de leur boutique, ils avaient combien d'années et combien de pièces ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il doit y avoir genre 500 pièces, ce qui est énorme, avec des très, très belles pièces. Et évidemment, au début, quand j'ai commencé Hétérodoxe, j'ai vendu des pièces où aujourd'hui, je suis là genre j'aurais jamais dû les vendre. Où je les ai vendues. Pas assez cher. J'ai aussi eu des bijoux. Ce que je regrette le plus, c'est des bijoux que j'avais de ma grand-mère, de Christian Lacroix. C'était des bijoux magnifiques, des broches. Et je les ai vendus beaucoup. Vraiment pas assez cher.

  • Speaker #1

    Parce que tu ne connaissais pas ? Est-ce que depuis, tu...

  • Speaker #0

    Évidemment, oui. Et parfois, il y a des choses qu'il faut mieux garder et les vendre plus tard. Et aussi, pour moi, c'est un côté aussi émotionnel. J'aurais bien voulu... J'ai gardé... deux bijoux de ma grand-mère, mais j'aurais peut-être quand même voulu garder plus. Ok.

  • Speaker #1

    Donc, disons que tu as approximativement 500 pièces, vêtements, chaussures, accessoires inclus.

  • Speaker #0

    Oui, mais après, il y a un truc qui est arrivé qui est aussi assez dingue, c'est qu'au moment où je commençais de vendre les pièces en ligne, la boutique de ma famille à Asselt, ils avaient vidé, ils avaient fait leur stock sale, et... Tout doit partir, les liquidations, décorations de Noël, tout doit partir. Donc le magasin était vide. Et à ce moment-là, les personnes qui allaient louer le magasin, à cause du Covid, ils avaient...

  • Speaker #1

    Ils s'étaient retirés,

  • Speaker #0

    comme on le disait. Donc ce magasin, il était disponible. Donc mes parents, ils me disaient, tant qu'on n'a personne...

  • Speaker #1

    Ah oui, parce que le bâtiment appartient à ta famille, j'imagine. Parce qu'à beau bout de 80 ans...

  • Speaker #0

    Ouais, et donc ils ont dit que... Tant qu'il n'y a personne qui occupe ce magasin...

  • Speaker #1

    Faisant quelque chose ?

  • Speaker #0

    Faisant quelque chose. Et donc, du coup, pendant 6-8 mois, j'ai occupé ce magasin. Je n'ai fait que du vintage. Hétérodoxa ou c'était... C'était hétérodoxa. Donc,

  • Speaker #1

    tu as changé le nom sur la vitrine ?

  • Speaker #0

    Il y avait toujours, en gros, un grand jurysen sur la façade. Mais il y avait hétérodoxa...

  • Speaker #1

    Sur la vitrine.

  • Speaker #0

    Sur la vitrine. Et en fait... Quand j'ai commencé à faire ça, plein de gens ont commencé à venir me voir parce qu'ils avaient encore des pièces qu'ils avaient achetées de l'époque de mes grands-parents. Ils sont chez eux, dans leur armoire, où ils ne rentrent plus dedans. Ils n'ont pas les petits-enfants, ils n'ont pas intéressé. Ils ne savent pas encore quoi faire. Donc, si j'étais intéressée de les revendre, de les revendre en dépôt-vente.

  • Speaker #1

    Ah, dépôt-vente pour eux, ok.

  • Speaker #0

    Et au début, il y avait quelques personnes qui venaient. Mais après quelques semaines, j'avais des personnes toutes les 3-4 jours qui venaient en disant Voilà, moi j'ai encore des pièces de tes grands-pas que j'ai achetées.

  • Speaker #1

    Une pièce ou des valises entières ?

  • Speaker #0

    Non, il y avait des personnes qui arrivaient avec 10, 20, 30 pièces. Mais non,

  • Speaker #1

    des garde-robes entières. Des garde-robes entières. Tu as dû découvrir des trucs fous.

  • Speaker #0

    Et c'était super chouette parce que la plupart des gens... C'était des pièces, beaucoup de pièces qu'ils avaient achetées à mes grands-parents à l'époque. Donc,

  • Speaker #1

    ils connaissaient.

  • Speaker #0

    Donc, ils connaissaient mes grands-parents, ils me racontaient.

  • Speaker #1

    Ils t'avaient déjà vue peut-être aussi, non ?

  • Speaker #0

    Ils me connaissaient évidemment. Je suis la petite fille de Maurice et Brigitte. Tout le monde avait des histoires à raconter. Et c'était trop chouette, quoi, parce que pendant tout ce moment où j'étais à Celtes, je pouvais vraiment revivre la réputation et l'échange. que mes grands-parents avaient avec leurs clients. Oui,

  • Speaker #1

    ils ont construit en fait une sorte de communauté. Parce que malgré qu'ils vendaient des vêtements de luxe, qui n'étaient pas accessibles à tout le monde, il y avait quand même un esprit un peu, j'imagine, familial. Parce que comme Asselt n'est pas une petite ville, même si les gens venaient de loin, justement, ils devaient parler.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait plein de clients fidèles. Il y avait aussi des personnes qui venaient juste pour s'acheter une pièce. pour une occasion très particulière. J'avais aussi des personnes comme ça qui venaient, en disant, oui, moi, dans les années 60, j'ai une robe, je l'ai toujours, qu'on m'avait offerte, je ne sais pas quelle occasion. Et aussi des histoires assez marrantes. Il y a une histoire qui est... Ce qui est trop drôle, c'est que tous les ans, il y a la kermesse à Asselt, comme partout, et la dame des voitures...

  • Speaker #1

    Les autotamponneuses ?

  • Speaker #0

    Yes. Ok. Exactement. Ça, c'est une cliente de la boutique. Et donc, à chaque fois, après la kermesse, elle venait dans la boutique. elle gagnait beaucoup d'argent et elle achetait toujours des tailleurs Thierry Mugler et c'est une femme assez grosse assez grosse et donc du coup ma grand-mère, toutes les ans quand elles allaient acheter les collections elle prenait une grande taille exprès elle prenait 5 tailleurs dont taille 50 pour cette dame ah ouais taille 50 oh my god fois, elle revenait.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! C'est trop bien !

  • Speaker #0

    C'est trop chouette comme histoire, non ? Et moi j'adore cette idée qu'on a des clients fidèles qui reviennent parce qu'ils aiment bien ce que tu fais, ils aiment bien le service que tu leur donnes et que tu peux même commencer à chercher des pièces spécialement pour eux.

  • Speaker #1

    Ah moi j'adorerais que tu fasses ça pour moi. Maintenant que tu le dis, tu m'as tendu la perche. j'adorerais parce qu'en plus tu sais à peu près j'adorerais je trouve que ça c'est le ça fait partie un peu des choses je trouve très luxueuses qu'on peut s'offrir je trouve que c'est vraiment un luxe c'est un luxe de pouvoir s'offrir une belle pièce une pièce vintage qui est bien faite qui a une histoire et tout ça déjà ça c'est un luxe mais alors avoir quelqu'un qui a ton oeil parce que pour moi tu es une collectionneuse. Je te vois aujourd'hui comme je vois les gens que je ne connais pas, c'est un milieu que je ne connais pas, que toi tu connais, comme je vois par exemple un galeriste. En ce moment, je vois un peu une espèce de passion étrange, je ne sais pas d'où elle me vient, pour Peggy Guggenheim. Je lis tout ce qui a été écrit à son sujet et ce truc de l'œil, ce truc de la passion, ce truc hyper créatif, hyper... hyper émotionnel, tu vois, avec quelque chose, avec une œuvre, avec une pièce. Moi, je te vois un peu comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, je pense que je dois avoir hérité ce côté collectionniste de mon grand-père. C'est vrai que j'aime bien des belles choses et j'aime bien... J'apprécie beaucoup.

  • Speaker #1

    S'entourer de beaux,

  • Speaker #0

    ça... Et de savoir-faire, de gens, de pièces, à la fois esthétiquement et à la fois aussi, ce que j'aime bien. Et ce que je trouve qui est le plus intéressant par rapport à quelqu'un qui collectionne, c'est justement cet aspect démocratique, c'est-à-dire de ne pas avoir une collection qui est obsédée par une certaine chose, mais d'avoir quelque chose d'éclectique et de pouvoir mélanger dans sa propre collection. des pièces de différentes époques, de différents créateurs, de différentes valeurs aussi.

  • Speaker #1

    Tu sais qui tu me fais penser quand tu dis ça ? Tu me fais penser à Iris Apfel. Iris Apfel, elle a des pièces incroyables. Elle a des pièces qui ont énormément de valeur parce qu'elle y avait accès dans les années 60. Et puis j'ai lu une interview d'elle. où elle expliquait qu'en fait, que dans sa collection, et elle, elle a vraiment une collection de malades, il y a des appartements entiers à Manhattan qui sont inhabités, enfin si, ils sont habités par des vêtements. Des centaines de mètres carrés habités par des vêtements. C'est une collection au sens strict du terme, mais ce qu'elle expliquait, ce que je trouve intéressant, et qui rejoint ce que tu es en train de dire, c'est qu'elle n'a pas que des vêtements de grandes maisons de couture, ou de couturiers, ou de créateurs. Il y a des pièces qu'elle a achetées dans des marchés, au moment de ses voyages, Parce qu'en fait, c'était des vêtements traditionnels de la région, du village, du pays où elle était. Ou c'est des vêtements qu'elle a fait faire avec des tissus qu'elle a appareils, qu'elle a trouvé à un endroit, qu'elle a un peu détourné, transformé. Il y a un docu à son sujet où on la voit aller chercher des bracelets de 2 francs 6 sous dans une petite boutique à Harlem, je pense. Et en fait, elle cumule et cumule et cumule sur son poignet. Ça ne vaut rien, ça vaut 50 cents. Tu vois, ça rejoint plusieurs choses que tu as dites. Le fait de s'approprier, d'avoir un style, d'un coup, ça prend une certaine valeur. Tu vois, ça prend une valeur esthétique. Donc, il y a ce mélange que tu as, que tu fais toi aussi, c'est d'avoir des choses qui ont énormément de valeur. Tu as des pièces qui sont extrêmement rares, celles que tu gardes pour tes archives, en l'occurrence. Et puis, tu as des pièces qui sont rares dans le sens où elles sont anciennes et qu'on ne peut pas en retrouver 50.

  • Speaker #0

    Mais qui ne sont plus accessibles. Voilà,

  • Speaker #1

    mais qui ne sont pas non plus... extraordinaire dans la confection ou dans le tissu qui est utilisé, mais quand tu les assembles avec d'autres pièces, c'est l'ensemble qui devient extraordinaire. Donc ouais, j'entends comment est-ce que tu conçois ta collection et moi je trouve ça fascinant. Quand je viens et que je regarde, quand je regarde les pièces que tu as ici, je me dis pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Pourquoi est-ce que tu as choisi ça ? Et puis quand je te vois t'habiller... Je vois aussi ce qui attire ton œil, tu vois.

  • Speaker #0

    Je me retrouve à fond dans ce que tu viens de dire. La seule chose que je n'ai pas héritée de cet aspect de collectionneur. Et donc, mon grand-père qui est collectionneur et qui m'a certainement influencée dans beaucoup de façons comment je suis et je vis aujourd'hui. Je n'ai jamais eu tellement de besoin de garder des choses pour moi.

  • Speaker #1

    Posséder ?

  • Speaker #0

    De posséder des choses. Donc, moi, j'aime bien. Je suis quelqu'un qui consomme beaucoup. Donc, voilà. Même si je me considère quelqu'un qui est très critique par rapport au capitalisme, je suis quelqu'un qui aime bien consommer, mais j'aime bien ce que je consomme, de le remettre dans un circuit de partage et que ce ne sont pas des choses qui m'appartiennent.

  • Speaker #1

    Donc tu n'es pas une collectionneuse au sens strict du terme ?

  • Speaker #0

    Non, je crois que j'ai quelque chose par rapport... parce qu'ils ont un rapport très émotionnel pour moi, que je garde. Mais sinon, par rapport à des pièces, pour moi, c'est important que ça soit passé par moi et qu'ensuite, je le rediffuse. Donc pour moi, c'est par exemple un livre, je fais des notes dedans, je le lis et après, je le prête à quelqu'un. Et j'ai fait comme ça avec plein plein de livres et je ne sais même pas où ils sont maintenant. Et les mêmes choses avec les vêtements, je pense que j'ai besoin qu'ils passent par moi, donc donner, de l'inscrire un peu dans un parcours.

  • Speaker #1

    Je crois que le vêtement il a une mémoire.

  • Speaker #0

    Oui, je pense à fond que les vêtements ont des mémoires. Et moi, j'ai créé mes propres mémoires parce que c'est pour ça que je trouve que c'est important pour moi de la photographie. J'aime bien photographier, au moins avoir une trace photographique des pièces qui sont passées par moi, par Hétérodoxa, par ma famille. On peut faire ça, moi j'aime bien faire ça par la photo, porter les pièces et les photographier. Je sais que par exemple pour la boutique de ma famille, ce qu'ils faisaient pour marquer le passage de ces vêtements dans la boutique, ils posaient le logo de la boutique dans... les vêtements. Donc, tu avais les vêtements... Donc,

  • Speaker #1

    tu achetais un tailleur Mugler et tu avais une étiquette jurysen dedans.

  • Speaker #0

    Jurysen était cousu ici. Et donc... Les gens savaient où tu avais trouvé cette pièce. Et ça, je trouve ça super chouette. C'est très old school. On ne fait plus ça aujourd'hui. Mais c'est quelque chose auquel je pense maintenant. C'est que je me dis ça peut être trop chouette de toutes les pièces qui passent par Hedrodoxa. de leur donner une petite marque. Je ne sais pas, ça ne doit pas être un truc très voyant, mais juste une petite trace, peut-être un petit logo qui est cousu dans le vêtement quelque part. Et je trouverais ça super chouette si d'autres boutiques avaient

  • Speaker #1

    ou d'autres même des personnes qui avaient porté cette pièce faisaient la même chose et que dans du coup dans dans le vêtement un peu comme l'éventement des enfants tu sais quand tu mets leur nom sur tu sais tu les pousses ou repasses et t'as leur nom pour qu'ils perdent pas leur truc et ils passent au petit frère et au machin chacun son nom dessus ouais mais ça serait trop chouette si moi je voilà j'ai un chèque j'ai

  • Speaker #0

    une pièce de de la boutique de ma famille ouais avec l'étiquette juriste dedans ouais ça passe par ma boutique donc je mets mon petit logo Heterodoxa, c'est acheté par quelqu'un, cette personne peut-être elle veut aussi mettre un petit truc, genre ses initiales dans la pièce,

  • Speaker #1

    elle revend et si on fait ça t'as une espèce de parchemin comme ça du chemin de vie du vêtement c'est hyper poétique je trouve ah ouais je trouve ça hyper poétique c'est super chouette, je voudrais revenir sur un truc parce que c'est quelque chose que je partage avec toi C'est que moi j'aime bien avoir des pièces, des jolies pièces. J'aime bien vivre dedans. Parfois je suis un petit peu tiraillée, tu sais, parce que quand tu vis dans un vêtement, forcément, ça laisse des traces. Tu vois, ça laisse des traces, ça laisse des marques, quoi. Différentes en fonction du type de tissu, du type de vêtement aussi, des mouvements que tu fais, tout ça. Mais en même temps, je n'arrive pas à concevoir d'avoir un vêtement qui reste sur un cintre ou dans une boîte. En tout cas, un vêtement que j'aurais acheté pour moi, qui n'est pas une œuvre d'art. Tu vois ce que je veux dire ? Si j'achetais maintenant, j'en sais rien, un corset de Marie-Antoinette, ça ne me viendrait pas à l'idée de le porter. j'aime bien les corsets, mais quelque chose qui... Même si ce n'est pas une pièce contemporaine. Tu vois, même une pièce qui a, je ne sais pas moi, 50 ans, si elle me va et que je l'intègre dans ma manière de m'habiller, eh bien, j'ai besoin de la porter. Par contre, je constate qu'il y a beaucoup de gens qui sont des amoureux des belles choses, des amoureux des beaux vêtements ou des belles chaussures. mais qui alors sont hyper méticuleux, tu vois. Toi, tu as des pompes que j'adore. Je ne sais pas ce que c'est. C'est quoi le nom encore ?

  • Speaker #0

    C'est un trippin.

  • Speaker #1

    C'est super bon avec les semelles un peu comme les chaussures sandales japonaises.

  • Speaker #0

    mais elles vivent quoi elles ont vécu elles ont super vécu elles sont crades mais elles ne sont pas crades mais on voit qu'elles ne sont pas sales,

  • Speaker #1

    on voit juste qu'elles ont vécu, tu marches avec tu marches avec et donc je me demande toujours est-ce qu'il y a une bonne manière de vivre avec un vêtement Parce que ce qu'il y a aussi, c'est qu'aujourd'hui, comment est-ce qu'on fait pour entretenir un beau vêtement ? Moi, je n'ai pas le time de commencer à faire tremper mes fringues ou aller brosser avec une petite brosse à dents. J'aimerais bien avoir cette patience-là, je ne l'ai pas. J'ai de la chance, une chance énouie d'avoir dans ma vie un homme incroyable qui est hyper méticuleux. Et donc, dès qu'il y a une tâche sur un vêtement, c'est lui qui s'en occupe. Et franchement, il a sauvé des choses. Je ne sais pas comment il a fait. Mais moi, je ne peux pas. Je me dis, mais... Est-ce que je prends le risque d'abîmer ce vêtement ? Ou alors je ne le mets pas ? Ou alors je ne le mets que quand je suis sûre que je ne vais pas devoir courir ? Je ne sais plus, je m'étais acheté un truc, je crois que c'était le premier jour. C'était un truc noir. Alors qu'est-ce que c'est ? Je ne sais plus maintenant. Bref, je me suis acheté un truc il n'y a pas très très longtemps. C'est un haut noir. Et parfois je dessine dans des magazines avec des poscas. Mais donc c'est de la peinture le posca. Et en fait, j'ai posé ma manche dessus. Et donc j'ai des taches vertes sur le poignet. Je ne sais même plus ce que c'est ce vêtement. Et en fait, au moment où c'est arrivé, j'étais en train de me dire, Samia, qu'est-ce que tu fais ? Tu ne prends pas soin des choses. Et puis il y a une autre petite voix qui m'a dit, mais en fait, ce n'est pas grave. En fait, il y a une petite tache dessus. C'est parce que tu as vécu avec. En plus, j'ai fait un truc que j'aimais bien. C'était dessiner, colorier dans un magazine, avec les fédéposcas que j'aimais bien. Toi, tu penses quoi de ça ? Est-ce que tu penses qu'il y a une bonne manière d'utiliser, de vivre avec un vêtement ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est des différentes personnes qui ont un rapport différent avec les objets auxquels on vit. Moi, par exemple, je suis une personne, même si j'aimerais le porter le plus grand soin possible, je suis quelqu'un qui use, j'use des choses. Et donc, du coup, en me connaissant, les vêtements... je les porte et elles sont usées. Ce ne sont pas des choses que je peux garder, que je prends soin. Ce sont des choses avec lesquelles je vis dedans et à la fin, elles sont usées. à la fois c'est quelque chose qui est important moi j'aime bien des choses qui vivent quand je parlais des livres ou des habits l'idée de partage que les choses circulent qui prend leur vie qu'ils vivent vraiment mais à la fois je pense que c'est bien que des personnes comme moi soient balancé avec des personnes qui sont dans l'entretien.

  • Speaker #1

    Un équilibre, tu veux dire. Il n'y a pas de bonne manière.

  • Speaker #0

    Il y a des collectionneurs, il y a des musées, il y a des gens qui préservent des pièces pour qu'on puisse les voir dans 10 ans, 20 ans, 50 ans, 100 ans. Et que ces pièces-là, elles sont... conservé. Je pense que les deux choses ont une importance. Oui,

  • Speaker #1

    c'est deux manières différentes.

  • Speaker #0

    Deux manières différentes de voir les choses et les deux choses se valent. Se valent. Et se maintiennent en équilibre.

  • Speaker #1

    Parce que la majorité des pièces qui arrivent jusqu'à toi, c'est parce que les gens sont hyper méticuleux avec, quand même. Parce que tu vois...

  • Speaker #0

    ouais toutes les pièces dans ma boutique elles sont quand même bien conservées tout est en hyper bon état je suis jamais tombée,

  • Speaker #1

    j'ai jamais regardé une pièce où je me suis dit oh celle-là elle a vécu quand même non tout est nickel tout est super nickel bon si tu étais une paire de chaussures tu serais quelle paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que je serais la paire de chaussures que je porte aujourd'hui. Ok. Avec les chaussures, j'adore les chaussures, mais j'ai toujours eu un truc pour des chaussures un peu étranges et hors du commun et bizarres. Donc, pour moi, la chaussure... Elle parle beaucoup de ta caractère, ta personnalité. Et pour moi, je suis vraiment très attirée par des chaussures qui ne sont pas... forcément belles ou conventionnelles, je suis vraiment toujours attirée par des trucs, par des chaussures qui sont un peu weird, en commun.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense que cette marque Trippen, que j'aime beaucoup, elle est à la fois, ils font des trucs très beaux, et à la fois, je trouve qu'ils font aussi des trucs moches. Mais ils ont créé cette espèce d'adaptation du sandal japonais en faisant...

  • Speaker #1

    une version allemande en cuir qui est très cool quoi la version allemande du sabot japonais en cuir exactement c'est

  • Speaker #0

    juste très étrange et j'aime bien j'aime bien et je ressens tout complètement moi je les adore je pense que la chaussure ça donne beaucoup de caractère

  • Speaker #1

    à une tenue si tu étais un pantalon quel genre de pantalon ? quelle longueur ?

  • Speaker #0

    quelle hauteur ? justement je viens de m'acheter deux nouveaux pantalons chez ma voisine qui est une créatrice belge qui s'appelle Janu La marque s'appelle Jeannine, elle s'appelle Céline. Et les pantalons que j'ai achetés, c'est des pantalons qui sont très amples, taille haute et très amples, très larges, et qui font beaucoup penser aux années 30. Et j'ai mon... meilleure amie, voisin, qui m'a donné un petit cours de l'histoire de la mode sur ce type de pantalon qui vient des années 30 et qui s'appelle des pantalons Zouk, Zout.

  • Speaker #1

    Zout ou Zouk ?

  • Speaker #0

    Non, c'est Zout, je crois. Zout ? Ok. Il faut vérifier. Ok, on va vérifier. Mais donc, c'est des pantalons qui étaient portés dans les années 30 par un mouvement contre-culture qui fait partie du mouvement jazz. Ils voulaient manifester une espèce de richesse et de... C'est quoi l'autre ? D'opulence ? D'opulence, peut-être. Par rapport à un moment dans les États-Unis où c'était la dépression. Et donc, voilà, il m'a montré les photos. Et tu ne savais pas avant d'avoir choisi ? Non, je ne savais pas que ça faisait partie de ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je me suis dit,

  • Speaker #0

    ça me va très bien. Je me sens vraiment très dandy avec ce pantalon.

  • Speaker #1

    Si tu devais être un O ? Est-ce que tu serais un chemisier, un top, j'en sais rien ? Tube ?

  • Speaker #0

    Si je devrais être un haut ? Oui, peut-être que je serais aussi un peu le haut que je porte aujourd'hui. Donc, moi j'aime bien des trucs... qu'on a du mal à déchiffrer.

  • Speaker #1

    On a du mal à déterminer. C'est un top, c'est un filet de pêche.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est ? C'est un haut mèche sur lequel on a tricoté juste les fils de laine qui fait comme une espèce de motif rectangulaire sur le haut.

  • Speaker #1

    Juste sur le devant. juste sur le devant et l'arrière c'est juste du mèche avec un petit col cheminé comme ça qui monte et j'aime bien des trucs où je me dis tiens

  • Speaker #0

    C'est quand même drôle.

  • Speaker #1

    C'est quand même bizarre.

  • Speaker #0

    On en revient au bizarre. C'est qu'on a eu cette idée de faire ça, mais en même temps, c'est super bien. Et donc voilà, j'aime bien des trucs où je suis surpris par l'idée du créateur. Ok,

  • Speaker #1

    il y a un autre haut hors du commun.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un autre haut que je viens de vendre récemment. qui était complètement fou. Alors c'était un crop top en lin d'un créateur qui s'appelle Rifat Ozbek, qui est un créateur qui est un peu tombé à l'oubli aujourd'hui, mais qui était un Turc, qui a fait sa marque à Londres, et qui a été quand même très connu, qui a fait beaucoup des grands défilés. Il avait cette particularité où il mélangeait la folklore turque avec l'avant-garde et ce qui était en mode à l'Occident, à Londres, à ce moment-là. Et moi, j'ai trouvé un top en lin court avec des franges en bas. Il y avait un CD. brodés sur le haut un CD et le CD est tricoté sur le haut avec des petits détails triangulaires qui entouraient le CD en plastique ou en plastique-pierre et donc on avait l'impression qu'on était devant des trucs ésotériques pour...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    pour faire la paix des esprits ! Et en plus avec le CD, quand tu baladais avec, ça reflétait le soleil. Ah oui, ok. Donc il y avait vraiment un truc comme quoi entre l'esprit moderne, la technologie moderne et une philosophie plutôt de tribu. qui était mélangé dans ce haut et je me dis mais c'est improbable que quelqu'un a cette idée et on dit ok bon on fait ça vas-y viens on peut faire un haut avec un CD au milieu et des triangles en gros des autour donc pour moi il y a toujours un truc entre des choses créateurs et des choses faites par des grand-mères à leur maison tu veux dire c'est entre les deux tu sais pas ça c'est les choses qui m'intéressent le plus c'est inc wow, this is brilliant, it's genius who would have thought of it et tu te dis, est-ce que c'est moche ou est-ce que c'est beau ou est-ce que c'est tellement moche que c'est beau exactement et que ça devient intéressant et oui, pour moi ça c'est des pièces qui m'intéressent le plus C'est à la fois le truc du créateur, de l'artiste, mais moi j'aime autant des trucs où on dit Oh là là !

  • Speaker #1

    C'est un interroge, quoi.

  • Speaker #0

    J'aime bien la grand-mère, en fait, qui est en train de faire un truc chez elle, à la maison.

  • Speaker #1

    Et elle trouve que c'est trop bien.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est trop bien. Et c'est trop bien. Et c'est repris par des créateurs, quoi.

  • Speaker #1

    donc voilà et si t'étais une veste est-ce que tu serais une veste ou un manteau ? ou alors tu pourrais être l'un et l'autre ?

  • Speaker #0

    ouais je pense que c'est difficile de faire une c'est quoi pour toi une veste ?

  • Speaker #1

    on va dire que ça là, ce que t'as là ta veste Versace que t'as shippée dans le grenier de tes grands-parents, ça c'est une veste et un manteau c'est plutôt ce que tu portais tout à l'heure, la super pièce que tu m'as montrée Dries Van Noten en fait dénime enduit, ça s'apparente un peu plus à un manteau pour moi.

  • Speaker #0

    Je pense que je suis quelqu'un qui met beaucoup de couches. Oui. Et évidemment, s'il fait beau, j'aime bien que porter une veste. Et je suis très contente de mettre mes manteaux de côté. Mais s'il y a un truc que j'aime bien dans la mode en hiver, c'est avoir un manteau. qui a beaucoup de présence. Parce que voilà, c'est la chose qui te couvre pendant... 4 mois de l'année, donc pour moi c'est quelque chose qui est quand même près du moi, important, c'est quelque chose qui me couvre.

  • Speaker #1

    Tu serais quel genre de manteau ? Est-ce que tu serais un gros manteau genre en laine avec une ceinture ? Je l'imagine déjà. Ou alors tu serais plutôt un trench ou une cape. Je cite toutes les choses avec lesquelles je t'ai déjà vue.

  • Speaker #0

    C'est difficile. Moi, je ne peux pas faire des choix parce que, comme je disais, je suis quelqu'un qui aime tellement des choses. Donc, mais quand j'aime quelque chose, je peux le porter pendant très longtemps.

  • Speaker #1

    Tu l'uses jusqu'à la corde ?

  • Speaker #0

    Je l'utilise jusqu'à la corde. J'ai juste, voilà, là je peux peut-être citer deux manteaux. Un qui, malheureusement, parce que la façon comment elle a été faite et la matière, je ne peux que l'utiliser dans certaines... Certaines températures. Ok. J'ai une doudoune des années 80, avec un motif de chien. Oui. Mais elle est faite en soie et c'est un peu comme un kimono.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais comme elle est faite de soie, il n'y a pas moyen de la porter quand il pleut. Donc il faut qu'il fasse froid.

  • Speaker #1

    Froid mais sec.

  • Speaker #0

    Sec, avec du soleil. Donc, ça réduit les moments où je peux le porter. Et j'ai eu le malheur de le porter le matin quand il faisait beau, l'après-midi. Et que le soir, j'ai dû rentrer chez moi avec cette veste. Et il a commencé à pleuvoir d'un seul coup. J'ai quand même un peu ruiné cette magnifique manteau. Mais parce qu'il n'y avait pas moyen. Donc voilà, j'ai cette pièce auquel je pense que j'adore et une autre pièce que j'ai mis pendant les six derniers mois c'est ma veste de ma voisine qui n'est pas du vintage mais qui est une créatrice belge qui fait des choses incroyables je pense et cette veste c'est en coton elle est assez fine elle a une petite doublure elle est très ample

  • Speaker #1

    C'est la kaki ?

  • Speaker #0

    avec une grande ceinture et en fait je l'ai mis depuis septembre je pense jusqu'à aujourd'hui je l'ai mis avec en août l'année dernière de août et en fait même en hiver je mettais juste une autre veste en dessous

  • Speaker #1

    tu vois la petite ima n'hésitez pas parce que j'aime beaucoup tu vois ces grands drapés blancs dans son atelier boutique je pense que je vais pousser la porte prochainement ok c'est une vraie si tu étais un accessoire Parce que je constate, avec le temps, je te connais un petit peu, tu portes très très peu d'accessoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Ça vient un peu de mon souci de perdre des choses. Je suis quelqu'un qui ne fait pas très très attention, comme j'avais déjà dit. Donc les accessoires pour moi, ça me cause du stress. Mais je m'imagine moi, plus tard, dans 30 ans, quelqu'un qui porte beaucoup d'accessoires. Pour l'instant, je n'y suis pas. Donc, les bijoux, pour moi, j'en ai quelques-unes que je porte juste occasionnellement. Mais sinon, les sacs à main, j'avoue aussi que je n'ai jamais été quelqu'un qui était très intéressée par les sacs à main. Pour moi, j'ai toujours été quelqu'un qui me baladait avec plein de sacs, avec plein de trucs. Donc, il y avait un truc très... pratique, utilitaire, et genre un petit sac à main, ça ne servait à rien. Même si je sais que le sac à main, c'est quand même un accessoire très important. Et aussi, commercialement, c'est quelque chose auquel il faudrait que je me...

  • Speaker #1

    C'est un autre marché.

  • Speaker #0

    Je m'intéresse un peu à marcher en soi,

  • Speaker #1

    le sac.

  • Speaker #0

    Mais pour toi,

  • Speaker #1

    à titre personnel...

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que tu en as des bijoux ? Je veux dire, est-ce que tu en collectionnes ? Genre, est-ce que tu as une boîte quelque part ? Ou un tiroir, tu vois, où il y a plein de petits trucs et que tu vas pouvoir ressortir dans 30 ans ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas énormément de bijoux. J'en ai juste quelques-unes. J'ai hérité justement un très bel objet en plexi transparent. C'est un objet, un carré. De quelle part des structures ondulées, comme des branches d'arbres, qui sont dans la chambre, que ma grand-mère utilisait pour mettre ses bijoux.

  • Speaker #1

    Comme un arbre à bijoux, comme ça ?

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Et donc, ça, j'utilise pour mettre mes bijoux. Mais j'en ai très peu. J'ai un très beau touche-bois. quartier de ma grand-mère qui était sa pièce qu'elle m'a donnée sur son lit.

  • Speaker #1

    C'est quoi un touche-bois ?

  • Speaker #0

    Je ne connais pas. Un touche-bois, c'est un morceau de bois qu'on touche pour avoir de la chance. Un touche-bois, c'est si on dit quelque chose... Et pour do not jinx it tu touches du bois.

  • Speaker #1

    Oui, l'expression je touche du bois Et c'est quoi le bijou ? Il est en bois ?

  • Speaker #0

    C'est un petit morceau de bois. Certi dans un collier quartier. Exactement. Oh,

  • Speaker #1

    ça c'est la classe,

  • Speaker #0

    ça. Oui, ça c'est super chouette. Et donc ça c'est le bijou de ma grand-mère qui m'a donné sur son lit de mort. Donc si je perds ce bijou, je ne me pardonnerai plus jamais de ma vie. Donc je le garde chez moi. Ok. Et sinon, oui, j'ai quelques pièces, mais pas beaucoup. Je pense que c'est quelque chose que je ferai un peu plus tard dans ma vie. Et sinon, l'accessoire que j'aime le plus, je pense que c'est les chaussures.

  • Speaker #1

    Tu considères la chaussure comme un accessoire. Dernière question, Laetitia. Si on devait réécrire la définition du vêtement dans le dictionnaire ? tu dois figure out, que tu prends le dictionnaire, tu ouvres, A, V, vêtements, deux points, définition.

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'un vêtement, de la façon la plus primitive, c'est quelque chose qu'on utilise pour couvrir notre corps, donc pour se protéger contre le froid, le chaud, pour se couvrir dedans. Deuxièmement, c'est... Une fois que cette première nécessité est trouvée, c'est quelque chose par lequel on s'exprime. Donc ça a une connotation sociale. À travers le vêtement, on peut lire plus ou moins comment la personne... a envie de s'exprimer, qu'on a le choix de choisir, ou comment la personne, elle vit par rapport à la société dans laquelle elle grandit, ou par rapport à ses moyens sociaux. Donc le vêtement, c'est à la fois quelque chose qui nous protège, une nécessité, et à la fois une forme d'expression.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laetitia. Je pourrais encore papoter des heures avec toi. À mon avis, on va continuer notre conversation un peu après. Merci beaucoup de m'avoir reçue dans ta super boutique. Je renoterai toutes les informations concernant cette boutique. Merci de nous partager ton histoire. Merci de nous partager ta passion.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. pour m'avoir écoutée et m'avoir invitée. C'était trop chouette.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    Ciao.

  • Speaker #1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode avec Laetitia, la reine du vintage de créateurs de luxe, t'a plu. Si jamais tu as envie de me laisser un commentaire, me poser une question à moi ou à Laetitia, n'hésite pas à me laisser un commentaire et surtout, surtout, surtout, si ce n'est pas déjà fait, à t'abonner à DHV. Dans le prochain épisode, je reçois Coralie Barbier. J'espère que tu seras au rendez-vous. Allez, à vite ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïeva Fiston alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. DHV, déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Le style éclectique de Laetitia

    05:58

  • Le prêt-à-porter de luxe : Une histoire de famille depuis 80 ans

    07:45

  • Son enfance, ses études artistiques et ses années au Mexique

    18:31

  • Le décès de son grand-père et la fin d’un chapitre

    23:02

  • Le BOOM dans le commerce du vintage

    28:30

  • Son momentum et ses débuts dans la revente de Luxe

    31:56

  • La (re)naissance du magasin familial à travers Heterodoxa

    33:44

  • L’héritage de son grand-père

    40:33

  • La mémoire de nos vêtements

    46:41

  • Comment faire (bien) vivre nos vêtements

    49:06

  • Le portrait chinois de Laetitia

    54:38

  • Sa définition du vêtement

    01:09:32

  • Conclusion

    01:10:57

Share

Embed

You may also like