Speaker #1Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce tout nouveau numéro de Design Café, le podcast où l'on décrypte le monde du design, du goût, des idées et de la création, tout en s'intéressant aux tenants et aux aboutissants d'une discipline qui, on le sait maintenant, nous entoure de toutes parts, nous oriente, nous façonne et donc nous questionne et nous fait... Réagir, je vous invite chaleureusement à vous abonner à l'émission pour ne pas rater les prochains épisodes, mais aussi découvrir les premiers et les différents formats déjà mis en ligne depuis plus de deux ans. N'hésitez pas non plus à nous partager si vous pensez que certaines personnes de votre entourage pourraient aimer ce podcast et à commenter si vous souhaitez réagir au sujet abordé aujourd'hui. Au sommaire cette fois-ci, deux phénomènes qui en réalité n'en forment qu'un et qui a tout changé dans beaucoup d'armoires ou de dressings et plus largement dans beaucoup d'intérieur. et qui viennent de nous offrir un nouveau chapitre retentissant au regard de l'actualité sociale et économique en France. J'ai nommé la fast fashion et la fast déco. Deux faces d'une même pièce, brillantes, clinquantes, mais malheureusement aussi creuses que lourdes. Et c'est là tout le paradoxe. On va remonter aux origines de ce raz-de-marée consumériste, comprendre comment il s'est répandu, quels avantages il a pu apporter, et surtout pourquoi ces dérives sont devenues un problème à la fois social, économique, écologique et art. artistique et bien sûr, on parlera de ce qui reste du design créatif au milieu de tout ça. Alors c'est parti et je vous souhaite un très bon épisode à tous. Tout commence dans les années 1990, quand certaines marques de mode décident de rompre avec les rythmes traditionnels de la création. Avant, il y avait deux saisons par an, printemps-été et automne-hiver. Puis Zara, H&M et plus tard Shein ont cassé ce calendrier. Désormais, on le sait, une nouveauté peut arriver en boutique chaque semaine. C'est la naissance de la fast fashion, cette mode ultra rapide conçue, produite et vendue à la vitesse d'un like sur Instagram. Quelques années plus tard, le même phénomène gagne la maison et c'est la faste déco. Des enseignes comme Maison du Monde, H&M Home, Action ou Shein Home se mettent à proposer des objets au même rythme inspirés des tendances Pinterest et Instagram, mais à prix cassé. Un coussin à 4 euros, une lampe à 12, une table d'appoint style scandinave en kit à moins de 50 euros. Le design devient un produit d'humeur. On change son intérieur comme on change de chemise ou sa photo de profil. Soyons honnêtes, la faste fashion et la faste déco ont d'abord eu un effet démocratisant. Elles ont permis à des millions de gens d'accéder au style. Avant, un meuble de design ou une robe tendance s'était réservé à une élite. Aujourd'hui, tout le monde peut copier un intérieur vu sur les réseaux sociaux ou s'offrir un look créateur sans trop se ruiner. Elles ont aussi stimulé la créativité commerciale, logistique éclair, réactivité aux tendances, marketing digital redoutablement efficace. Et dans certains cas, elles ont même révélé de nouveaux talents. De jeunes stylistes ou designers qui, faute de moyens, ont d'abord travaillé pour ces géants avant, une fois le pied à l'étrier, de s'émanciper et de taper à la porte des plus grandes maisons. Mais cette démocratisation a un revers, un effet pervers large, lourd et bien moins reluisant. Commençons par le plus dramatique, le coût humain. Derrière un t-shirt à 5 euros ou une lampe à 9,99 euros, il y a souvent des vies fragilisées. des ouvriers et ouvrières bangladaises, pakistanaises, vietnamiennes ou chinoises payé quelques centimes de l'heure, travaillant parfois dans des conditions indignes et plus de 50 heures par jour, entassé la nuit venue dans des villes-usines aux abords des ateliers, à huit couchages par chambre de 9 mètres carrés. Parce que ça coûte moins cher que de produire en France, par exemple, et que surtout, ça va plus vite. L'effondrement du Rana Plaza en 2013 à Dhaka, la capitale du Bangladesh, et qui a tué plus de 1100 personnes, reste le symbole tragique de cette industrie déshumanisée. en arborant victorieusement son t-shirt. te glaner à 5 euros. On sait tous que la maison brûle, mais on préfère regarder du côté de la défense du pouvoir d'achat occidental que de celui du piétement des valeurs fondamentales des droits humains de populations entières qui, puisqu'elles sont si éloignées de nous, nous paraissent irréelles, ce qui arrange quasiment tout le monde. Et dans la phase déco, humainement, c'est quasiment la même logique. Des meubles ou objets produits à la chaîne en Asie du Sud-Est, souvent à partir de matériaux bon marché, parfois toxiques et rarement recyclables. Derrière le fameux coussin à 4 euros, il y a souvent une chaîne de production mondialisée qui repose sur ces travailleurs sous-payés et surexposés à des substances toxiques. Les ouvriers de la phase déco, souvent situés, comme on l'a vu, en Asie du Sud-Est, mais aussi en Afrique du Nord ou en Europe de l'Est, manipulent des solvants, des cols, des vernis, sans protection suffisante. Les cadences sont intenables, les contrats précaires et les salaires dérisoires. C'est, pour ainsi dire, un design du Nord produit par des corps du Sud. L'esthétique du confort occidental se bâtit sur l'inconfort industriel ailleurs. On présente souvent la phase déco comme un moyen de démocratiser le design, de permettre à chacun d'avoir un intérieur stylé. En réalité, elle crée une illusion de liberté de choix. Tout le monde achète les mêmes produits dans les mêmes enseignes, selon les mêmes tendances éphémères dictées par les algorithmes. Résultat ? Une standardisation culturelle et une perte de singularité. Nos intérieurs se ressemblent et nos désirs aussi. Et comme les objets cassent ou se démodent vite, on remplace sans cesse ce qui entretient un cercle vicieux d'endettement léger mais permanent. Une précarité douce, esthétiquement séduisante mais économiquement piégeuse. Ce système nourrit un rapport anxieux au statut social. Avoir un intérieur dans la tendance devient un signe de réussite au même titre que les vêtements ou les voyages. Ce besoin de mise en scène permanent épuise. Il entretient un sentiment de comparaison et d'insuffisance, notamment sur les réseaux. Les intérieurs parfaits de Pinterest deviennent une norme implicite. Et cette norme exclue, culpabilise, creuse les inégalités symboliques. La phase déco tue aussi la culture du métier. Artisans, tapissiers, céramistes, menuisiers disparaissent, remplacés par des chaînes de production anonymes. C'est la perte d'une mémoire technique et émotionnelle. celle du beau geste du... temps, de la patine, du lien humain entre le créateur et l'usager. En somme, la phase déco, c'est une promesse de beauté rapide qui repose sur une injustice lente. Elle fragilise les corps, uniformise les goûts et efface la main humaine derrière la matière. Une société qui se meuble à toute vitesse, c'est une société, selon moi, qui oublie tout simplement de prendre le temps de s'asseoir. Les produits de phase déco, meubles, textiles, bougies, revêtements, peintures, sont souvent fabriqués avec des matériaux synthétiques et des colles à base de solvants bon marché. Ils dégagent ce qu'on appelle des COV, des composés organiques volatiles, formadéides, benzène, toluène. Ces molécules s'évaporent lentement dans l'air intérieur. Résultat ? Maux de tête, irritation, allergie, troubles du sommeil et sur le long terme, un risque accru de cancer ou de perturbations hormonales, dans les pires des cas, bien sûr. Les mousses polyuréthanes des canapés, par exemple, peuvent relâcher des retardateurs de flammes bromées qui se fixent sur les poussières et pénètrent dans l'organisme par inhalation. La faste déco encourage la consommation impulsive, renouvelée sans cesse pour suivre la tendance. Mais ce style génère une fatigue mentale et visuelle. On ne vit plus dans un lieu construit, mais dans un décor transitoire. Cette instabilité esthétique et matérielle altère le sentiment d'ancrage. La maison cesse d'être un refuge. et devient un espace de performance. Cela peut favoriser le stress, la distraction et l'insatisfaction chronique. Certains psychologues parlent même de syndrome de l'habitat jetable, où la perte de lien émotionnel avec les objets augmente le sentiment de vide existentiel. Oui, ça va loin, mais c'est vérifié et c'est de plus en plus fréquent. Produire du mobilier low-cost signifie polluer ailleurs, on l'a vu. Extraction, transport, usine à charbon, décharge saturée de meubles traités. Or, cette pollution ne reste pas là-bas. Les microplastiques, les métaux lourds, les composés toxiques reviennent dans la chaîne alimentaire. Dans l'eau, les poissons, l'air. En somme, la phase déco finit littéralement dans nos assiettes et dans nos corps. En résumé, la phase déco nous rendrait malades deux fois. Directement via les produits toxiques dans nos intérieurs et indirectement en fragilisant notre rapport à l'espace et par extension à la nature. Un bon slogan de santé publique serait presque de dire « ralentir » . c'est se soigner. Mais bon, nous verrons en conclusion que des alternatives existent, fort heureusement. Pour en revenir à l'environnement, il faut savoir qu'un meuble de faste déco vit en moyenne moins de cinq ans, parfois même quelques mois seulement avant d'être remplacé. Mais les matériaux dont ils sont faits, plastique, panneaux de particules, vernis, mousse, mettent au mieux des dizaines d'années à se décomposer. Ces déchets, souvent volumineux, finissent souvent en décharge ou incinéré, libérant alors CO2. dioxines et métaux lourds. Chaque renouvellement de déco est donc une contribution directe à la crise des déchets et au réchauffement climatique. Pour réduire les coûts, les fabricants utilisent souvent du bois aggloméré plutôt que du bois massif. Un mélange de sciure, de colle et de formadéhyde. Ce n'est pas recyclable et sa production implique une déforestation massive et une chimie polluante. Les tissus synthétiques, quant à eux polyester, acrylique, polypropylène proviennent de la... pétrochimie, donc du pétrole, et libère des microplastiques à chaque lavage ou usure. Ces fibres finissent dans les océans et donc les organismes vivants. Concernant le transport, un coussin de Fast Deco peut parcourir plus de 20 000 km avant d'arriver dans ton salon. Chaque étape, extraction des matières premières, fabrication, emballage, transport, stockage, livraison, ajoute une couche de carbone à son empreinte écologique. La mondialisation logistique de la déco low cost est l'exemple parfait d'un système absurde. Déplacer des tonnes de plastique et de MDF à travers la planète pour produire un produit jetable. Certaines marques n'hésitent pas à surfer sur la mode du naturel, bambou, rotin, lin éco-responsable. Mais la plupart du temps, il s'agit de fausses matières écologiques, vernis, teinture et mélange synthétique déguisés en produits plus nature. Ce verdissement de façade, aussi appelé greenwashing, entretient une écologie d'apparence qui soulage la conscience sans changer le modèle. Même après leur achat, les produits de phase déco continuent de polluer. Les COV dans l'air intérieur contribuent à une pollution domestique plus importante que celle de l'extérieur. C'est un paradoxe saisissant. On empoisonne son coco tout simplement pour l'embellir. L'intérieur aussi doit souffrir et faire souffrir pour être beau. Une raison de plus s'il en fallait pour aérer régulièrement son habitat. Si l'on considère que la faste déco prend le même chemin que la faste fashion, il y a de quoi s'inquiéter. Et en effet, la fast fashion représente environ... 10% des émissions mondiales de CO2, plus que les vols internationaux et le transport maritime réunis. Le désastre est abyssal. Chaque année, des milliards de vêtements invendus sont brûlés ou enfouis. Au Ghana, par exemple, où ils contaminent sol, air, végétation et les animaux d'élevage. Dans la déco, le gaspillage est tout aussi absurde. Le mobilier bas de gamme se casse vite, finit sur les trottoirs, puis dans les décharges des pays du Sud. Le cycle du jetable est devenu la norme au prix d'une pollution. et d'une déforestation qui n'est plus à démontrer, mais dont on doit pour autant continuer de parler. Il existe une blague de mauvais goût qui circule en Chine et qui, en substance, dit ceci. Si tu veux connaître la couleur tendance de la mode ou de la déco en Occident, tu n'as qu'à regarder la couleur des rivières chez nous. Cynique, mais claire comme de l'eau de roche. La faste déco est une esthétique à courte vue. Elle donne l'illusion d'un intérieur moderne, mais laisse un monde plus sale derrière elle. Je le résumerai ainsi. Le beau jetable, c'est le lait durable. Là encore, nous verrons que des alternatives existent. Seconde main, upcycling, artisanat local, meubles réparables et surtout une réconciliation avec la lenteur. Car un bel et bon objet, c'est aussi et surtout un objet qui dure et du coup que l'on remplacera bien plus tard, nous permettant ainsi de faire des économies. C'est logique et génial, non ? Et si vous avez peur qu'il vous lasse trop rapidement, alors prenez tout simplement plus de temps pour le choisir. Murisson. nos achats plutôt que d'être compulsifs. Et la création artistique dans tout ça ? Eh bien, on y vient. Et c'est un vol gigantesque, plus discret, mais tout aussi grave, le vol d'idées. Les plateformes de fast fashion et de fast déco pillent sans vergogne les créateurs indépendants. Des centaines d'artistes, illustrateurs, designers voient leurs œuvres copiées, déformées, vendues en masse, sans autorisation, sans crédit et sans rémunération. Des marques comme Shein ou Zara ont été régulièrement accusées d'avoir plagié des motifs ou des modèles issus de créateurs indépendants. Même combat dans la déco, une lampe signée d'un designer devient un modèle anonyme fabriqué en Chine, vendu dix fois moins cher, sans que le public ne soupçonne la différence et surtout ne reconnaisse son créateur. Ce piratage du génie créatif n'est pas seulement une injustice économique, c'est une érosion culturelle. culturelle, car le design, au fond, Ce n'est pas la forme, c'est la pensée. Et quand on vole les idées, on vide le design de son sens. L'intelligence artificielle crée les tendances à partir de ce qu'elle interprète comme vos désirs et auxquels les marques vous rendent accros à coups de visuels qui donnent envie et sont eux-mêmes générés par l'intelligence artificielle. Et ainsi, la boucle est bouclée de façon très cynique. Il y a moins de designers derrière la phase déco qu'il n'y a d'algorithmes en réalité. Et voilà donc le volet le plus subtil et peut-être même le plus tragique, mais en tous les cas le plus ancré dans la ligne éditoriale de Design Café. L'impact de la faste déco sur la création artistique et intellectuelle. Parce qu'au fond, ce modèle ne détruit pas seulement la planète ou les savoir-faire comme nous venons de le voir, il appauvrit également l'imaginaire collectif. La faste déco fonctionne comme un algorithme visuel. Les grandes enseignes ne créent pas, elles copient, remixent. Standardiz. Les tendances sont décidées par des tableaux Pinterest, des datas de consommation, des moods globaux calculés à la seconde. Résultat, les designers indépendants, les artisans et les artistes voient leurs idées pillées, édulcorées et revendues en masse à bas prix. Ce processus étouffe la prise de risque esthétique. Pourquoi inventer quand on peut reproduire ? On ne pense plus la forme, on la clone. L'acte de décorer devient un geste de consommation et non plus de réflexion. La déco rapide remplace la recherche du beau par celle du vu ou du liké. On ne compose plus un intérieur à partir de son histoire. On l'imite à partir d'un flux ou d'un feed. Cette uniformisation érode la culture du goût, autrefois nourrie par le dialogue entre artistes, designers et usagers. C'est une perte intellectuelle. Le design cesse d'être un langage. Il devient un décor neutre, muet, interchangeable. L'art, le design, la pensée, tout cela demande du temps pour exprimer, douter, affiner. La faste déco impose l'immédiateté et la rotation rapide. Les créateurs doivent produire vite, beaucoup et de façon instagrammable. Le résultat ? Une créativité compressée, standardisée, où l'émotion se dissout dans le flux. On ne crée plus pour durer, on crée pour faire défiler sur un écran de 5 pouces. Chaque objet de faste déco est conçu pour soi-disant signifier quelque chose, mais sans rien dire vraiment. Un miroir bohème symbolise la liberté, une lampe industrielle, la modernité, une table scandinave, la sobriété. mais ses signes sont vidés. de leur sens originel. Le vocabulaire esthétique devient tout simplement une grammaire publicitaire et rien de plus. On ne vit plus avec des objets qui nous racontent quelque chose, mais avec des slogans matérialisés. L'un des effets les plus visibles est culturel. La même chambre, le même salon, la même étagère que l'on soit à Paris, Shanghai ou Rio. Ce n'est plus seulement une question de style, c'est une homogénéisation de la pensée visuelle. Quand tout se ressemble, la créativité se rétrécit. La diversité des formes, cette vitalité de la culture matérielle, s'éteint tout doucement sous le poids du consensus esthétique. La faste déco ne tue pas seulement le goût, elle affaiblit la pensée. Elle transforme l'art du décor en consommation d'images, le geste créatif en simple ajustement algorithmique. C'est une esthétique sans racines, sans mémoire, sans débat. On pourrait presque dire que la faste déco, c'est le design sans designer. Elle ne montre rien du monde, elle le masque derrière un filtre beige. La fast fashion et la fast déco ont imposé une nouvelle temporalité, celle du tout de suite et déjà dépassée. Ce qui plaît aujourd'hui sera ringard dans trois mois. Le minimalisme scandinave a cédé la place au beige bohème, puis au maximalisme coloré, puis au retour du brutalisme doux. Et demain, ce sera autre chose. Le problème, c'est que cette vitesse permanente détruit la profondeur esthétique. On n'a plus le temps d'aimer un objet. On consomme un style comme on scrolle sur un feed. La maison devient un décor de contenu. et la mode, un fond d'écran corporel. Et le design, lui, perd son rôle culturel. Ce n'est plus une recherche du juste, du durable, du sens. C'est une mise à jour de tendance. La créativité se dissout tout simplement dans la statistique. Heureusement, face à cette déferlante, un contre-mouvement s'organise. On parle aujourd'hui de slow design et de slow fashion. Des créateurs revendiquent la lenteur, la transparence, la réparation, la proximité. Le vêtement redevient un geste intime, un acte de sens. Le meuble redevient un compagnon de vie et non pas un consommable. Des plateformes valorisent même la seconde main, l'upcycling. Les circuits courts, le local, des artisans redonnent du souffle à la matière, du respect aux gestes. Et les consommateurs, surtout les jeunes générations, commencent elles aussi à comprendre qu'un t-shirt pas cher coûte très cher à quelqu'un d'autre ou à la planète. Le design créatif, le vrai, celui qui pense à la réalité. avant de produire, celui qui cherche à améliorer la vie sans l'abîmer revient en force. Il ne se mesure plus au nombre de likes, mais à la qualité de la relation qu'il crée entre l'objet et celui qu'il utilise. Mais alors, que faire pour renverser la tendance, sans mauvais jeu de mots d'écho ? Alors déjà, il ne faut pas culpabiliser. Et même si je suis conscient de ne pas avoir dressé un tableau très positif, je n'ai fait qu'exposer des faits que j'ai ensuite interprétés au travers de mon prisme de vulgarisateur. passionnés de design. Nous avons tous une bonne raison d'avoir succombé aux sirènes du fast design. pouvoir d'achat, confiance aveugle dans les enseignes, profusion des offres, rapidité d'expédition et de réception, méconnaissance de la réalité et de l'envers du décor, etc. Ça ne manque pas. Il faut juste accepter l'idée que tous ces arguments sont davantage des explications que des excuses. En s'excusant et en culpabilisant, on ne règle rien. Mais lorsque l'on explique, on comprend. Et lorsque l'on comprend, on peut réagir. Hors de toute émotion et de toute démagogie. Ce qui est fait est fait et il faut dorénavant regarder devant. Parce que maintenant, on sait et on doit continuer à le faire savoir. On sait que les marques de fast design profitent de l'appauvrissement d'une partie de la population, notamment occidentale, pour justifier sa grille de tarifs attractives tout en continuant à créer de la pauvreté ailleurs et de malmener la planète. On sait qu'elles se positionnent fortuitement et cyniquement en défenderesse du pouvoir d'achat tout en entretenant des salaires dérisoires sur leur propre territoire. Et en se gardant bien, d'ailleurs, et pour la plupart, de vendre leurs produits dans leur propre pays. Et cela pour leur seul et unique profit, pas pour celui des consommateurs, bien évidemment. Et d'ailleurs, on peut se poser la question de savoir si on ne devrait pas également s'indigner de la méthode. Défendre le pouvoir d'achat ne serait-il pas plus efficace si les salaires s'indexaient sur le vrai prix des produits de qualité, plutôt que de niveler les prix et cette même qualité sur les revenus toujours revus à la baisse ? Ça, c'est une question. Et nos politiques ? Pourquoi ne les interpellons-nous pas plus sur le sujet ? Pourquoi d'eux-mêmes ne nous défendent-ils pas plus contre ces monstres, au sens dimension du terme, mais aussi au sens littéral d'ailleurs ? Et à notre niveau, que pouvons-nous faire ? Comment pouvons-nous réagir ? J'ai quelques pistes, elles n'engagent que moi, mais je vous les donne. Entre le luxe et le discount, il y a le prix juste, et des enseignes qui le défendent existent. Sachez les reconnaître, même si leur budget publicitaire, et donc leur visibilité, sont plus faibles que les discounters. que les acteurs du fast design. Allons les chercher, elles et les bons produits de qualité, durables, éthiques et à prix raisonnable. Quel que soit notre niveau de vie, une autre voie existe. C'est vrai que c'est plus compliqué et que ça prend plus de temps de chercher que d'attendre que la pub ou les influenceurs, à la solde des marques d'ailleurs, vous disent quoi choisir à votre place. Réagissons avant que nos enfants ne considèrent comme étant normal qu'un t-shirt coûte 5 euros ou un canapé 300. alors que plus personne n'est choqué aujourd'hui qu'un smartphone en coûte minimum 4 fois plus. Faisons l'effort de comprendre que l'on vit aussi bien 10 ans avec un canapé à 3000 euros que 1 an avec un canapé à 300. Je le dis depuis le premier épisode de ce podcast, tout acte d'achat est politique parce qu'il a des conséquences pour nous, pour nos enfants, pour la sécurité, pour les ouvriers, pour les artisans, pour l'humanité, pour la planète et bien évidemment pour l'avenir de tous. Oui, le pouvoir d'achat est un facteur. essentiel, mais il ne doit pas être une excuse. Quand c'est trop cher, ce n'est pas normal, mais quand ça ne l'est pas assez, ce n'est pas normal non plus. Acheter un produit de qualité au prix juste, c'est respecter un tas de choses, mais avant tout, c'est tout simplement se respecter soi-même. Alors merci d'avoir écouté ce nouvel épisode jusqu'à la fin, car vous n'y étiez pas obligé. N'oubliez pas de vous abonner, de me donner 5 étoiles, de commenter et de parler de l'émission autour de vous. Ça m'aide beaucoup à me faire connaître. et à faire connaître l'émission. Design Café est un podcast autoproduit à La Réunion, sans sponsor ni publicité. Les propos et les arguments tenus ne reflètent que mon avis et n'engagent que moi, ce qui est normal. Après tout, c'est mon podcast. Encore merci et à très bientôt. Allez, ciao !