Speaker #0« Bienvenue sur Design Café, le podcast à la croisée des arts avec David Chervé-Brenac. » « Salut chers auditeurs, chères auditrices, j'espère que vous avez passé de chouettes vacances comme moi et que vous savez combien aujourd'hui je suis content de vous retrouver pour ce tout nouvel épisode inédit de Design Café qui ouvre la saison 4 de l'émission. Et oui, déjà trois ans que je partage avec vous mon intérêt et ma passion dans ce podcast consacré au design des objets du quotidien. » et à l'univers très large qui les entoure, les hommes, les femmes, les entreprises, les marques, les matières, les styles et l'actu. Merci donc pour votre fidélité et votre curiosité. Vous êtes de plus en plus nombreux à écouter cette émission, et ce, de plus en plus souvent, et ça me fait évidemment très, très plaisir. Continuez surtout à la partager et à la commenter, 5 étoiles s'il vous plaît, et à la suivre. Et si ce n'est pas déjà fait, alors abonnez-vous pour ne rien rater de nouveau, et surtout pour ne pas passer à côté de tout le monde. toutes les belles surprises qui vous attendent dans cette saison. Design Café saison 4, c'est parti ! Mesdames, Messieurs, bienvenue dans Design Café, le podcast où, vous le savez, l'on parle d'objets, d'espaces, de couleurs et de formes. Et aujourd'hui, de formes en contact avec des parties de notre corps très, très, très intimes. Oui, aujourd'hui, on va s'intéresser aux sextoys, ces objets de plaisir trop longtemps planqués au fond des tiroirs et qui aujourd'hui trônent fièrement sur nos étagères design entre un vase hay et un bouquin. d'André Poudman. On va plonger dans l'histoire, le business, s'intéresser aux designers qui font vibrer le marché et les critères esthétiques et bien évidemment fonctionnels qui font d'un sextoy un bel objet de plaisir, nous l'avons vu, mais aussi de désir et surtout de design. Alors, attachez vos ceintures ou détachez-les selon l'ambiance. On démarre immédiatement. Alors, le sextoy n'est pas du tout une invention moderne, loin de là. En Grèce antique, on utilisait déjà des olisbos, des pénis sculptés en bois ou façonnés en cuir, parfois même enduits d'huile d'olive pour que ça glisse davantage. Et en Chine, il y a plus de 3000 ans, on façonnait des objets en jade ou en bronze pour stimuler l'énergie sexuelle. Et oui, même Confucius avait peut-être déjà un tiroir coquin. Mais le grand tournant, il arrive avec la médecine victorienne, dans les années 1800 où les médecins prescrivent des massages « pelviens » pour soigner. L'hystérie féminine, rien que ça. Sans commentaire sur le fond. Leur solution à l'époque ? L'invention du vibrateur électro-mécanique. Et oui, ce qui était prescrit comme un traitement est devenu au fil du temps un plaisir, bien que non remboursé par la Sécurité sociale. Vraiment, c'était déjà une drôle d'époque. En 1883, le docteur Granville sort alors un vibromasseur à piles qui était grosse comme le poing. A l'époque, il est vendu toujours en pharmacie. Et dans les années 20... Les publicités pour ces appareils de massage, entre guillemets, inondent les magazines féminins. Il y a même des pubs qui en vantent les mérites. Et que disent ces pubs ? Que montrent-elles ? Des femmes ravies, souriantes, qui se soignent, toujours entre guillemets, si possible, tous les soirs. Et puis, patatras, les années 50, puritaines, arrivent. La chasse aux sorcières sexuelles, tout ça, tout ça. Le vibro devient alors tabou, honteux et presque criminel. Jusqu'à ce que les mouvements féministes des années 70 reprennent le contrôle de leur corps. de leur plaisir et des télécommandes. Le vibro devient alors politique, subversif et sexy. Une révolution à pile. Aujourd'hui, le sextoy, c'est un gros business qui vibre. Un milliard de sextoys vendus chaque année dans le monde. Le marché mondial est d'ailleurs estimé à 30 milliards d'euros d'ici à 2030. Mais alors, qui achète ? D'abord les femmes, puis les couples, puis les hommes, puis tout le monde en fait. Les sexshops poussiéreux laissent la place à des boutiques design façon... Apple Store avec béton ciré, mur blanc et conseillère ou conseillé looké Fashion Week. Et surtout, la vente en ligne explose. Acheter un vibro, c'est devenu aussi banal que de commander un chargeur USB sur Amazon. Mais alors, si on en revient au design, qu'est-ce qui fait qu'un sextoy est bien dessiné ? Eh bien tout d'abord, l'esthétique. Fini le plastique rose fluo en forme de Godzilla. On veut du silicone velouté, des courbes douces, du pastel chic ou du noir mat sexy. L'ergonomie, bien sûr, il doit tenir bien en main. Le design épouse le corps et non l'inverse. Le silence, il doit être plus discret qu'un iPhone en mode vibreur. Et les matériaux, hypoallergéniques, lavables, souvent vegan. Et oui, même au lit, le greenwashing est là. Et surtout, la facilité d'utilisation. Des boutons intuitifs, une recharge USB et parfois même une application connectée. L'orgasme devient UX-friendly. Et pour créer ces objets formidables, il faut bien évidemment des talents. Oui, il y a de vrais designers derrière. C'est merveilleux. On peut en citer pour commencer quelques-unes comme ça ou quelques-uns des plus connus et puis on rentrera dans le détail. On pense notamment à Jenna Resnick, fondatrice de Crave, qui a créé des vibros qu'on porte en pendentif. J'ai dit vibro, excusez-moi, ça paraît vulgaire, mais c'est typiquement le diminutif de vibromasseur. Donc en gros, avec son produit, tu passes d'un dîner chic à une vibe rapide sans changer de tenue. On pense aussi à Yves Béart, le gourou du design futuriste, qui lui a dessiné pour la Sextech et a créé le produit Forme 3. que je vous invite à découvrir ou, pourquoi pas, à essayer. Comme on le voit, le sextoy est longtemps resté dans l'ombre, caché dans des tiroirs ou sous des appellations médicales douteuses. Mais depuis une vingtaine d'années, il est enfin, comme d'autres, sorti du placard. Et certains grands noms du design ont accepté de s'y frotter, sans mauvais jeu de mots, avec des objets beaux, assumés et parfois même iconiques. Je vais vous donner quelques exemples plutôt bien documentés. Vous avez évidemment l'incontournable Philip Stark. Toujours là où on ne l'attend pas, il a calombré... collaboré, j'en perds mes mots, avec la marque française Lelo, leader du Luxury Sex Toy. Luxury Sex Toy, pardon. Pour dessiner des objets sensuels en gardant son vocabulaire formel, minimaliste et un brin futuriste. On n'oubliera pas non plus le fameux Karim Rachid, apôtre du sensual minimalisme. Décidément, j'ai du mal avec l'anglais aujourd'hui. Il a dessiné, quant à lui, des sex toys pour Jimmy Jane, avec ses formes biomorphiques, pastelles et glossies qu'on lui connaît. Très bien, ces objets ressemblent à des galets organiques, autant sculptures, coutis, intimes. Il y a également Mark Newson, là je pense que j'ai bien prononcé, plus discret dans ce domaine, mais son nom a circulé autour de collaborations ponctuelles. Ses formes aérodynamiques se prêtent parfaitement à ce type d'objet coquin. Enfin, enfin, enfin. Ensuite, Mathalie Crassé, que l'on ne présente plus, designer français, designeuse française, star du fonctionnel poétique, a quant à elle travaillé avec la marque Lust. Au début des années 2000, on proposait des objets aux formes sobres, pensés comme des objets du quotidien, mais détournés. On retiendra notamment son fameux 8e ciel, un objet de massage des plus esthétiques. Et le studio Tord Bontje, réputé pour ses objets poétiques, qui a participé à des expositions autour du design érotique avec des propositions plus conceptuelles qu'industrielles. Voilà donc quand le design thinking devient pleasure thinking, on applaudit dès demain. Le sextoy devient un manifeste. designée par et pour des corps divers qui ne cachent plus sa fonction, mais au contraire, qui la revendiquent. Petit tour d'horizon à présent des grandes marques qui font rimer orgasme, esthétique et fonctionnalité. On l'a vu, les sextoys ne se cachent plus. Ils ont leur grande maison, un peu comme Vitra ou Knoll pour le mobilier. Voici donc une liste non exhaustive des plus célèbres, mais qui ont quand même changé la donne. Alors vous avez tout d'abord Lelo. C'est une marque suédoise créée en 2003. C'est un peu la Rolls des sex toys, positionnés comme le Apple du plaisir, design minimaliste, matériaux premium, silicone médical, métal doré, prix élevé mais packaging luxueux. Ils ont, comme on l'a vu, collaboré avec Philip Stark, entre autres. Leur best-seller, le Lelo Soda, un stimulateur clitoridien par ronde sonore. Rien que ça. Ensuite, vous avez les Allemands de Fun Factory, créés en 1996. Eux, ce sont plutôt les pionniers de l'objet ludique, des couleurs. pop, des formes joyeuses, pas de honte, bien au contraire. Premier fabricant a utilisé le silicone médical coloré dans les sextoys, donc c'est fabriqué notamment à Brehm, avec un vrai savoir-faire industriel, du design quoi. Leur icône à eux, donc le Stronik, un vibromasseur pulsateur, pulsateur, j'aurais dû mettre mon filtre anti-pop, donc un vibromasseur pulsateur, unique en son genre. On reste en Allemagne avec, depuis 2014, la société Womanizer. qui nous fait penser à un titre bien connu de Britney Spears. Donc eux, c'est plutôt la révolution du plaisir clitoridien. Rappelons les choses par leur nom. Ils sont inventeurs de la technologie Pleasure Hair, une stimulation par onde d'air sans contact direct. Un vrai succès planétaire repris ensuite par Lelo, dont on a parlé plus haut, mais également par la marque Satisfyer. Et puis d'autres aussi. Leur best-seller, c'est le Womanizer Premium 2. Et justement, on en parle de la marque Satisfyer, qui est aussi une marque allemande créée en 2016. Décisément, les Allemands, ils aiment bien créer du design de sex toys. Womanizer, Satisfyer, Fun Factory. Alors Satisfyer, eux, c'est le bulldozer accessible. Ce n'est pas le nom du sex toy, mais ça serait un petit peu leur baseline. Il faut vraiment que je fasse attention à ce que je dis. Même baseline, ça peut porter à confusion. Bon, les communicants savent ce qu'est une baseline, demandez-leur. Donc, le bulldozer, pourquoi ? Parce qu'ils ont démocratisé le concept de womanizer vu plus haut, mais à des prix plus abordables. Donc, avec des designs variés, du gadget fun, mais quand même des produits premium. Donc, ils sont distribués partout, Amazon et même les grandes surfaces. Leur icône, c'est le Satisfyer Pro 2, le Hitachi des années 2010. Vous comprendrez dans un instant pourquoi je parle de Hitachi des années 2010. On a ensuite WeVibe de 2008, donc une marque créée en 2008 qui, elle, est canadienne. Alors eux, c'est plutôt les rois du sextoy connecté pour couple. Attention, c'est très ciblé, c'est une niche qui fonctionne très bien. les sextoys à partager dans le couple. Donc, leurs vibromasseurs s'utilisent à deux et ils sont contrôlables par une application sur votre smartphone. Donc, l'idée, c'est clairement de jouer ensemble à côté et à distance. Donc, c'est un énorme succès avec la montée du smartphone, des smartphones, bien entendu. On comprend très bien. Et leur icône, à eux, c'est le WeVibe Sync. Sync pour synchronisation. Donc, les voilà, les japonais de Hitachi, enfin, un partenariat Japon-USA même. Donc je disais que tout à l'heure, Satisfyer était le Itachi des années 2010, parce que eux, Itachi, Itachi Magic Wand, le vrai nom complet, ont été créés en 1968. Donc c'est un petit peu le dinosaure, mais qui malgré tout est devenu culte. Au départ, c'était un masseur pour les épaules. Faut bien démarrer avec quelque chose, donc adopté par la communauté féministe et queer dans les années 70, comme sextoy incontournable. Bah oui. On peut détourner des masseurs d'épaule pour masser autre chose, la preuve. Donc encore aujourd'hui, c'est une vraie légende pop qui apparaît même dans Sex and the City, qui apparaît dans Fifty Shades of Grey. Je vais y arriver. Cinquante nuances de Grey, j'aurais mieux fait de le dire en français, c'était beaucoup plus facile. Ensuite, nous avons toujours aux Etats-Unis, créé en 2003, la marque Jimmy Jane. Donc ça, c'est le luxe californien. Et j'envoie un petit clin d'œil à Maison California et à Sophie, sa créatrice. Non, pas parce que ça peut l'intéresser, mais tout simplement parce que la Californie et le luxe californien m'a fait penser à sa marque. Mais ça ne va pas plus loin dans la similitude. Alors, Jimmy Jane, les Californiens et le luxe californien du sextoy, eux, prônent un design très pur. Avec notamment, on en a aussi parlé, des collaborations au pluriel avec le talentueux. Karim Rachid, designer qu'on ne présente plus. Toujours avec un packaging sobre, des produits plus proches d'objets de galerie que de sextoys. Il faut bien regarder pour essayer de comprendre comment ça peut fonctionner. Mais par contre, l'utilisation est sans détour. Leur icône, c'est le Little Chroma. C'est un vibromasseur en aluminium rechargeable ou par pile AA. Je suis très précis. Faites votre stock de piles AA si vous voulez un Little Chroma. Voilà, et pour terminer, je vous donne comme ça en vrac quelques autres marques cultes, donc Tenga, bien sûr, les japonais, créés en 2005, qui révolutionnent, eux, les masturbateurs masculins, avec un design futuriste. Vous avez donc la collection officielle de Fifty Shades of Grey, voilà, donc 50 nuances de grey, qui a lancé donc sa marque de sextoy, donc pour surfer sur le phénomène marketing lié au best-seller et au succès des films. Et puis vous avez, comme ça, toujours en vrac, donc... Smile Makers, donc une marque de Singapour, qui a choisi, elle, une démocratisation chic des sextoys et qui sont même vendus en pharmacie. Donc voilà, vous voyez, on a à peu près, on discerne deux dynamiques. Donc vous avez des maisons iconiques comme Lilo, Womanizer, Fun Factory, qui innovent avec la technologie plus le design. Et vous avez donc des bulldozers populaires comme Satisfyer ou Tenga qui, eux, cassent les prix et saturent le marché. Donc c'est un peu comme dans le mobilier, finalement. On pourrait comparer Vitra pour la qualité contre Ikea pour la diffusion massive. Voilà, donc c'est en tout cas comme ça qu'il faut le voir. Ces marques, quoi qu'on en dise, misent soit sur le beau, soit sur le rapide et le pas cher, mais en tout cas le rassurant, l'élégant, et prouvent en tout cas toutes, chacun sur leur créneau, que le plaisir devient vraiment l'iStyle. Attardons-nous à présent sur le top des best-sellers mondiaux des ventes. Alors en numéro 1... Peut-être que vous en avez déjà entendu parler, il s'agit du Haig de Tenga, véritable superstar des ventes. C'est un petit oeuf discret venu du Japon et il n'est pas tombé de l'arbre du plaisir par hasard. En 2024, plus de 2,7 millions d'exemplaires vendus ont été enregistrés. Et rien qu'avec ça, il caracole en tête des ventes mondiales. Sa forme anonyme, avec un prix d'environ 6 dollars, est enjetable. En fond, une star du voyage et une star du premier achat. Donc c'est un sextoy à usage unique, c'est un masturbateur essentiellement destiné aux hommes. En numéro 2, vous avez donc un vibromasseur pour couple, le WeWibe. Donc certains modèles de la marque WeWibe se sont écoulés à près de 4 millions d'unités. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, depuis tout à l'heure j'énonce des chiffres, mais c'est quand même énorme. Donc 4 millions d'unités vendues depuis leur lancement en 2008. Donc ce qui est assez fort pour un sextoy qui en plus se partage à deux. Ensuite, en numéro 3, le Hitachi Magic Wand. Donc ça, c'est un classique indétronable. On a déjà parlé de la marque Hitachi plusieurs fois précédemment, donc ce géant de 1968 fait toujours vibrer les étagères. C'est le meilleur vendeur des vibrateurs dans les années 90 aux Etats-Unis et un rituel incontournable pour beaucoup. Alors j'ai pas de chiffre annuel exact à vous communiquer, mais bon retenons qu'il se maintient parmi les sextoys les plus vendus de tous les temps. Ensuite le chouchou des femmes, le Womanizer. Womanizer, Womanizer... J'ai la... La chanson de Britney Spears depuis le début dans la tête. Donc, selon le média suisse Blic, le womanizer est le sextoy féminin le plus vendu au monde. Voilà, comme ça c'est dit. Avec sa technologie AR pulsée, le Pleasure Hair, qui le rend irrésistible et visiblement très populaire. Donc, voilà pour le top 4. Ce que je vous propose maintenant, parce que j'en ai relevé pas mal pendant que je préparais et que je rédigeais cet épisode avant l'enregistrement, je vous propose de partager avec vous quelques anecdotes. de design et de démesure concernant les sextoys. Quelques petites pépites si vous avez besoin de briller dans les dîners mondains ou coquins. Du côté du Cap d'Ague, par exemple, pour les métropolitains, ou deux ou trois endroits à La Réunion aussi, que vous connaissez bien. Ne dites pas le contraire. Alors, est-ce que vous connaissez Gwyneth Paltrow ? Oui, évidemment, une actrice américaine. Elle, sur son site Goop, vend un vibro masseur en or massif à 15 000 euros. À ce prix-là, l'objet fait aussi presse-papier, si vous voulez. Il existe, nouvelle anecdote, un vibro Totoro. Eh oui, Totoro, qui a vu le jour au Japon. Alors, rien d'inégal, mais à mon avis, c'est quand même un petit peu traumatisant pour les enfants. Et autre anecdote, le MoMA de New York, dont je parle souvent quand je fais des capsules design pour ce... podcast, ainsi que le Design Museum de Londres, d'ailleurs, dont j'ai également déjà parlé, expose aussi désormais des sextoys dans leurs collections permanentes. Ce qui est bien une preuve que l'objet du plaisir est devenu également un objet culte et de culture, car oui ! Mesdames et messieurs, il existe bien plusieurs musées du sextoy ou de l'érotisme à travers le monde, consacrés à l'histoire, la culture et même la technologie sexuelle, la sextech, dont voici une sélection des plus célèbres que j'ai réalisées pour vous. Alors déjà, vous avez le Sex Machine Museum de Prague. C'est un musée entièrement dédié aux sextoys, principalement mécanique avec plus de 200 appareils étonnants, exposés sur trois étages, des vibromasseurs d'époque jusqu'aux ceintures de chasteté du XVIe siècle. Si on continue de voyager et qu'on va à Amsterdam, on a le Sex Museum qui est né en 1985. C'est le plus ancien musée du sexe en activité, d'après mes recherches. Et on y retrouve environ 4000 objets retraçant l'histoire de la sexualité à travers les âges. Faisons un petit tour par New York au Museum of Sex, ouvert en 2002. Donc le Mosex, après le MoMA, le Mosex, présente des expositions sur l'art érotique, la science du sexe, l'histoire des sex toys, la culture et plus de 15 000 objets exposés. Donc ça doit être quand même... assez intéressant. Vous avez l'érotique Heritage Museum de Las Vegas, donc un très gros musée de 24 000 m² avec des sex toys anciens, des artefacts en pierre précieuse datant de 1500 avant Jésus-Christ et même un sex bike ludique, donc un vélo sex toy. Et vous avez également d'autres musées érotiques qui sont notables, comme le musée de l'érotisme à Paris. Enfin, il y avait à Paris, entre 1997 et 2016, qui a fermé, mais qui restait l'un des plus emblématiques en Europe. Comme il a affirmé, vous pouvez vous rabattre sur le Museum of Erotism à Barcelone, également celui de Copenhague et celui de Berlin. Donc ça apparemment, c'est une chaîne qui, eux, sont plus axées sur l'art érotique et les objets divers. Et vous avez enfin le Phallological Museum à Reykjavik, qui lui est uniquement consacré à l'anatomie et à l'érotisme. Voilà, donc en résumé, oui, des musées du sextoy existent. Et après tout, pourquoi pas, puisqu'on parle d'objets, de design, d'histoire, de culture et de culte, ça me paraît tout à fait logique. Ils sont souvent appelés des Sex Museums ou Museums of Erotica. Donc les plus axés sextoy, pour résumer, sont Prague, Amsterdam et New York, avec un gros choix d'objets. Et à Paris, malheureusement, il n'en existe plus aujourd'hui. Mais alors, parmi tous ces objets créés dans toute cette histoire et au milieu de tous ces objets exposés dans les musées qui y sont consacrés, quel est le sextoy finalement le plus connu au monde ? Eh bien ça, c'est vraiment une bonne question qui titille la curiosité et je vais vous le dire tout de suite. Le sextoy le plus connu au monde, c'est le Rabbit Vibrator ou Vibrolapinou pour les intimes. Alors pourquoi lui ? Tout simplement parce qu'il a du succès. évidemment, sinon il y aurait un problème, et parce qu'il stimule simultanément, donc plutôt destiné aux madames, le clitoris et le point G en même temps grâce à ses deux embouts. Un pour l'intérieur, l'autre avec des petites oreillettes, oreilles, pourquoi oreillettes ? Des petites oreilles pour l'intérieur. Il est devenu une star planétaire en 1998 grâce à l'épisode culte de Sex and the City dans lequel notre bien-aimée Charlotte en devient complètement accro. Pour les fans de la série, je pense que cet épisode et cette anecdote doivent vous parler. Depuis, il a connu 1000 déclinaisons. Il est devenu waterproof, connecté, chauffant, version de luxe, silicone médical, rechargeable USB et même avec une appli Bluetooth. Quelques chiffres croustillants concernant le Ray-Bit Vibrator. Il est présent dans plus de 80 pays et il existe plus de 400 modèles différents. Et certaines marques comme Lelo, Wevibe... ou Love Honey, on en fait des objets presque design, allant de 200 euros à plus de 10 000 euros. Une petite anecdote pour terminer, le rabbit est inspiré à l'origine des jouets japonais en forme d'animaux pour contourner les lois sur l'obscénité. Eh oui, il fallait être malin. D'où ses petites oreilles mignonnes et redoutablement efficaces, paraît-il. Et pourtant, lorsque l'on parle de sex toy... phare de sextoy, vedette de sextoy superstar, ce n'est pas le rabbit qui me vient à l'esprit, mais bien le tout petit mignon canard vibrant. Mais oui, le joujou le plus mignon et le plus trompeur est probablement le sextoy que ta grand-mère pourrait confondre avec un accessoire de salle de bain. Parlons donc du mythique I Rub My Ducky, le lapin coquin le plus célèbre de la planète plaisir. Alors l'histoire du canard n'est pas si innocente. Lancé au début des années 2000 par la marque Big Teeth Toys, ce petit canard jaune à l'apparence d'un jouet pour le bain cache en réalité un vibro, ma sœur, et pas un vibro hardcore, non, non, non. Un engin tout doux conçu pour une stimulation externe, subtile, ludique et décomplexée. Son bulle, son bulle, j'ai pensé au bain, son bulle, son but, rendre le plaisir intime plus fun, plus accessible et surtout moins intimidant. Fini les objets médicaux en plastique rigide et les formes phalliques gênantes, avec lui on rigole, on explore et on se fait du bien. Alors pourquoi ce canard à cartonner ? Et bien il y a pour moi quatre raisons essentielles. Tout d'abord un design innocent, il passe crème sur le bord de la baignoire, même chez belle-maman. Discrétion donc absolue, pas besoin de tiroir secret, il est son propre camouflage. Des vibrations efficaces, donc malgré sa petite tête de bisounours, il sait y faire côté stimulation et un marketing génial. avec des slogans décalés, des campagnes kitsch et des clins d'œil au tabou. Là, avec ça, vous avez un buzz assuré. Ce petit palmi-pais de coquin s'est vendu à des millions d'exemplaires dans plus de 40 pays. Il a été décliné en version punk, gothique, marin, pirate, disco et même camouflage militaire. Oui, oui, pour les missions coquines en terrain hostile. Il est aussi devenu un objet de collection, une icône pop dans l'univers du design érotique et parfois même exposés dans des salons de design contemporains, mais aussi... des musées du sexe, et notamment à Amsterdam et à Las Vegas. À ses débuts, il était souvent acheté comme cadeau pour faire une blague, jusqu'à ce que les gens découvrent que le canard vibrait vraiment, vraiment bien. Du coup, plus personne ne rigolait, ou plutôt si, mais pour d'autres raisons. Bon, alors sinon, depuis le début de cet épisode, je parle un petit peu de tout, de l'histoire, des cultes, de la culture, des grandes marques, des objets superstars, etc. Mais j'ai un petit peu l'impression que vous pensez que je m'adresse sur surtout dans cet épisode, aux femmes. Mais pas du tout. En fait, tout ce que je viens de dire peut totalement être appliqué aux hommes, mais je vais quand même, les hommes qui sont des consommateurs de sextoys, mais je vais quand même faire un petit focus sur la masculinité et les sextoys et les mecs. Alors, les hommes dans tout ça ? C'est une excellente question, n'empêche, parce que l'histoire du sextoy est souvent racontée comme un conte pour dames, alors que les hommes ont eux aussi leur panthéon d'objets fétiches. Le marché masculin est certes plus récent, mais explose. depuis les années 2000 avec des marques très inventives. Je vais donc tenter de faire un tour d'horizon des champions du plaisir, mais cette fois-ci au masculin. On va plonger dans cette histoire un peu méconnue, car les sextoys pour hommes ont longtemps été les oubliés de la grande saga erotico-design. Pourtant, ils ont une trajectoire fascinante qui dit beaucoup des tabous et des évolutions de notre société. On peut comme les femmes remonter à l'Antiquité et au Moyen-Âge, où là régnait plutôt un silence radio, en tout cas en apparence. On retrouve des traces de phallus sculptés, des gaudes michées et des amulettes de fertilité dans l'Antiquité, donc la Grèce, la Rome antique et même l'Asie, mais rien de spécifique au plaisir masculin, du moins en tant qu'objet assumé. Le plaisir masculin était plutôt associé à l'époque à la prostitution ou à l'imaginaire. Les hommes n'avaient pas besoin d'outils, pensait-on, la nature et les partenaires semblaient suffire. Il faut attendre le XIXe siècle et, comme toujours, le médical. Les premiers vibromasseurs inventés comme outils médicaux pour soigner l'hystérie féminine, on en parlait en début d'épisode, ont évidemment été détournés par les hommes aussi, même si leur usage restait plutôt secret. Pour les hommes, les catalogues médicaux proposaient parfois des pompes ou des stimulateurs électriques pour traiter l'impuissance. Ce n'est pas du plaisir revendiqué, mais à l'époque du traitement pseudo-scientifique. Dans les années 1960, enfin entre 1960 et 1970, arrive le Magic Wand et les débuts de son utilisation détournée. Le Magic Wand, le fameux par Hitachi de 1968, conçu à la base comme un masseur pour les épaules, il est vite adopté, on l'a vu, par les femmes, mais aussi bien rapidement par les hommes, surtout dans les milieux queer et BDSM. À cette époque, les sextoys masculins ne sont pas censés être pensés pour eux, mais certains objets sont détournés de leur usage officiel pour que les hommes se fassent aussi plaisir. Dans les années 1990, on assiste à la naissance du masturbateur moderne. C'est la grande rupture, et notamment à la fin, en 1998, avec le lancement du Flashlight aux États-Unis. Le Flashlight, vous savez, ce sextoy qui, fermé, ressemble à une lampe torche et qui... ou vert n'est plus du tout une lampe-torche. Forme discrète au départ, gaine souple et réaliste à l'intérieur, déclinée en de multiples textures. C'est un énorme succès avec plus de 10 millions d'exemplaires vendus à ce jour. Parallèlement, au Japon, des prototypes jetables commencent à circuler, donc préfigurant de l'œuf Leg de Tenga dont on a parlé un petit peu plus tôt. Justement, la révolution japonaise apparaît plutôt dans les années 2000 et plus précisément autour de 2005. avec Tenga justement qui débarque au Japon et là c'est une révolution. Ce petit œuf au design épuré futuriste, sans honte du coup, une forme de cup en forme d'œuf, donc qui est un petit masturbateur à usage unique, donc vendu dans les super-êtes comme un paquet de chewing-gum, très discrètement en tête de gondole comme ça à la sortie, à la caisse juste avant de payer. Résultat, banalisation du sex-toy masculin dans la société japonaise et très vite dans le monde. Dans les années 2010, les hommes aussi ont droit à l'ère du connectique. et du premium, avec donc WeVibe et Womanizer, qui inspirent le marché masculin. C'est vrai, pourquoi les hommes n'auraient-ils pas aussi des jouets high-tech ? Naissent des marques comme Hot Octopus, du Royaume-Uni, avec son Pulse, surnommé Guy Brattor. Franchement, les gars ou les femmes, pour les noms, ils cherchaient loin. Des masturbateurs connectés, bien évidemment, font leur apparition, comme les célèbres Kiiroo, K-I-I-R-O-O, et... ne le présentons plus, le fameux Lovense, qui permet le jeu individuel, mais également à distance, synchronisé même avec une application ou avec des vidéos et des partenaires. Et on parle alors de télé dildonics, dildo étant le mot anglais pour désigner une certaine catégorie de sex toys. On se rapproche un petit peu de notre ère à nous, enfin de notre ère actuelle en tout cas, les années 2020 où enfin le plaisir atteint. la parité. Avec Arc Wave Ion en 2020, qui est un produit créé par la maison qui est déjà derrière le Womanizer et qui applique la technologie d'air pulsé au pénis. Les sex toys pour hommes sortent de l'ombre, ciblant le design, le luxe et l'expérience sensorielle, comme les sex toys féminins disant plus tôt finalement. Vous rajoutez à ça l'AVR connecté et puis vous ouvrez la voie à des expériences immersives inédites. Et aujourd'hui, le marché des sextoys pour hommes est en pleine explosion. La croissance annuelle des sextoys masculins dépasse 10% dans certaines régions. Trois archétypes dominent, les objets réalistes comme le flashlight et ses dérivés, le design discret comme le Hex de Tenga et le techno premium comme les ArcWave, le Kiro ou le Hot Octopus. Voilà, l'homme est enfin reconnu comme cible à part entière de ce marché avec ses propres besoins spécifiques. et une approche moins honteuse qu'avant. L'histoire des sex toys masculins, c'est finalement un chemin qui va de l'invisibilité à la reconnaissance. Longtemps considérés comme inutiles, c'est vrai, après tout, on disait à l'époque qu'il suffisait d'avoir une main, ils sont aujourd'hui devenus des objets d'innovation, de design et de culture pop. Autrement dit, le fleshlight a fait pour les hommes ce que le womanizer a fait pour les femmes, donner une légitimité sociale et commerciale à un plaisir longtemps tabou. Alors mes chères auditrices et chers auditeurs, Twitter coquinou et coquinette, que retenir de cette joyeuse plongée dans l'univers des sex toys ? Que le plaisir n'a jamais été aussi bien designé, que l'ergonomie, la beauté, l'innovation, tout ce qui fait un bon objet de design s'applique au sexe comme au salon. Le sex toy s'affranchit de la ronde pour devenir un produit de bien-être, de liberté et d'art de vivre. Et vous savez quoi ? C'est assez logique parce qu'après tout, le plaisir, c'est aussi du design d'extérieur et d'intérieur. Très intérieur, certes. Mais du design quand même. Allez, ciao !
