Hervé ne s’illustre pas à l’école car il est dyslexique et daltonien : cela ne facilite pas les choses. Pour autant, il rêve de concret et les études ne l’attirent guère. Le directeur convoque un jour ses parents et la sentence est irrévocable : il est fait pour un CAP de
bijoutier. Hervé ne se ressent aucune vocation pour la bijouterie et ses parents le changent d’école sur le champ ! Ce choix s’avère payant puisque ses résultats s’améliorent, il obtient son bac et décroche une place sur un BTS compta. Malheureusement, il n'obtient pas son diplôme et part faire son service militaire. A son retour, il comprend qu’il va falloir aller de l’avant. Il entre dans une agence d’interim qui lui propose un job de commis de bourse. C’est le début d’une histoire avec la finance de marché.  

Il gravit les échelons progressivement pour devenir trader. Son but est simple : investir dans un portefeuille de petites et moyennes entreprises. Ses succès l’amènent à gérer une salle de marché à Lyon. A l’occasion de cet interview Il nous révèle l’envers du décor de la finance de marché midcap des années 90 – 2000 : "un milieu dynamique, bon enfant avec de belles perspectives de gain". Pourtant, cela ne lui suffit plus. Il supporte
mal les remarques de ses collègues sur les performances des entreprises : « parfois les mecs te disaient que la boite n’avait fait QUE 20% de croissance au lieu de 30% et que c’était naze. Je trouvais cela complètement absurde ». C’est ce qui le pousse à rejoindre l’économie réelle.  

Pendant 7 ans, Hervé met ses compétences au service de PME en croissance. Il retrouve le pragmatisme et la notion du « concret » qui lui manquaient : « clairement, après la finance, je me suis demandé ce que j’allais faire. Certes, j’avais des compétences pointues sur des sujets finance de marché. Mais comment valoriser ça ailleurs ? En
revanche, le fait d’avoir suivi pendant 20 ans la stratégie de sociétés ayant réussi me conférait une expérience assez riche ». Il accompagne donc ces sociétés sur des postes plus opérationnels et y prend un certain plaisir.  

C’est en 2017 qu’il décide de faire un saut vers l’inconnu : « depuis des années, nous avions envie avec mon épouse de lancer une maison d’hôte. Nous étions à l'aise avec le bricolage, la déco et la cuisine mais nous n’avions jamais géré un lieu comme
celui-là ». Ils cherchent une bâtisse à retaper dans un rayon de 2h autour de Lyon et tombent sur le domaine Céladon à Pont Saint Esprit dans le Gard. C’est le coup de foudre. « C’était un gros défi. Au début, tout le monde nous disait qu’on avait vu trop gros. Il a fallu se retrousser les manches et y aller ». 6 mois plus tard, le couple reçoit ses premiers convives autour d’un petit apéro au soleil avec le sourire aux lèvres. 

Hervé nous livre avec beaucoup de tendresse et de simplicité un parcours atypique qui nous fait voyager dans différents univers. Il nous assure aussi qu’on ne doit pas rester statique quand on a un rêve : « il faut y aller. Au pire tu te plantes. Et alors ? ».  

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