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Tommy Recco | Hors-Série n°3 cover
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Dinastia | A Storia di Corsica

Tommy Recco | Hors-Série n°3

Tommy Recco | Hors-Série n°3

24min |05/12/2025
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Tommy Recco | Hors-Série n°3

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Description

Tommy Recco.
Le nom résonne encore comme un vertige dans l’histoire criminelle française. Un homme à la fois terrifiant, insaisissable, et d’une violence presque primitive. Un homme qui, jusqu’au bout, a proclamé son innocence… tout en laissant derrière lui l’un des dossiers les plus déroutants du XXᵉ siècle. Dans cet épisode, je vous raconte : l’itinéraire d’un tueur hors normes, les scènes de procès qui ont marqué les chroniqueurs, le rôle central de sa mère, figure tragique et déchirante, ses dernières années, ses demandes de libération, et la fin d’un homme devenu le plus vieux détenu de France. Au-delà du fait divers, c’est une plongée dans une époque, une justice, et une humanité qui vacille. Un récit où se mêlent fatalité, incompréhension… et un portrait de violence brute. Bienvenue dans une histoire que beaucoup préfèrent oublier.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mesdames, Messieurs, bonsoir, soyez les bienvenus sur France 3 Corse, Via Stella Dans l'actualité, le décès du plus vieux détenu de France, Tommy Récaud, est mort à l'âge de 91 ans. Originaire de Propriano, il avait été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait par ailleurs déposé une vingtaine de demandes de remise en liberté qui lui ont toujours été refusées. Nous reviendrons sur son parcours judiciaire dans ce journal.

  • Speaker #1

    Joseph Thomas Recco plus connu sous le nom de Tommy Recco, plus vieux prisonnier de France, condamné deux fois à la perpétuité et ayant échappé de peu à la peine capitale, vient de passer l'arme à gauche ce jeudi 20 novembre 2025. L'occasion pour le podcast Dynastia de revenir sur sa vie. Né au bord des rivages du Valinque ou dans un petit village de pêcheurs où les filets sèchent au soleil et où les noms de famille portent l'odeur du sel marin, Tommy Récaud était connu comme un fils de pêcheur parmi d'autres. Un enfant qui a probablement grandi trop vite, habitué à la rudesse du travail et au silence du large. Mais rien ne destinait le petit Récaud à devenir l'un des criminels les plus redoutés de France. Et pourtant, au fil des années, sa vie est devenue un calvaire qu'il s'est lui-même infligé. La pauvreté, les violences contenues. et les mauvaises décisions n'ont pas arrangé son tempérament et les autorités n'ont jamais semblé pouvoir le maîtriser réellement. Dans les dédales des prisons qu'il a visitées dans les couloirs des commissariats, on le surnommait Géronimo à cause de ses longs cheveux, de sa carrure imposante et de sa nature fougueuse et sauvage. En fait, il ressemblait à peu de choses près à un chef de tribu amérindien, sauf que lui, il portait des costards. Un homme d'un autre temps, somme toute. En Corse, certains destins s'inscrivent dans la pierre. d'autres s'effondrent sous leur propre poids. Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire d'un homme brisé, d'un tueur impitoyable et de sa vie rongée par la violence. Voici l'histoire d'un homme dont le nom, encore aujourd'hui, évoque un mélange singulier de peur, de fascination et de malaise. Voici l'histoire de Tommy Reko. Notre histoire commence le 10 mai 1934 à Propriano, au cœur du golfe du Valinque, où là, dans ce village battu constamment par les vents marins, vient au monde un certain Joseph Thomas Recault. Il pousse son premier cri au milieu d'une large fratrie de 11 enfants dans une famille de pêcheurs qui tient une modeste poissonnerie sur le port. A 13 ans, alors que d'autres enfants sont encore sur les bancs de l'école, Tommy, comme on le surnomme, est déjà sur la barque familiale, en train de caler les filets avec son père. C'est dans ce décor, entre l'odeur du poisson frais et celle du gasoil que se forge l'homme qu'il deviendra, un homme marqué par la rudesse du quotidien et la nécessité. De cette enfance pourtant austère, rien ne laissait présager le carnage à venir. Au milieu des années 50, Tommy accomplit son service militaire dans la marine nationale. Il entre dans le peloton des nageurs de combat et revient médaillé en Corse pour ses aptitudes physiques. A son retour, il reprend le bateau de son père vieillissant et repart en mer au large des côtes proprianaises, parfois avec ses frères. Il se marie avec une certaine Giselle et de cette union naît un fils, Paul-Louis, en 1956. L'été, Tommy a pris pour habitude d'embarquer sur son bateau quelques belles touristes de passage. Il leur montre la pêche à la langouste et joue probablement les marins charmeurs. Une vie simple en apparence, mais en 1960, tout bascule. Quelques mois plus tôt déjà, en 1959, deux jeunes touristes allemandes disparaissent dans le golfe d'Ajaccio. à cette époque. La Corse n'est pas encore l'Eldorado touristique que l'on connaît aujourd'hui. Les routes sont rares, les plages isolées et la mer n'appartient qu'aux pêcheurs du coin. Les gendarmes avaient cherché les disparus, mais toutes étaient demeurées introuvables. Les hommes chargés de l'enquête avaient pourtant plusieurs pistes. C'était pour eux soit un accident, soit une fugue, soit une mauvaise rencontre. Mais aucun témoin ne s'était présenté à eux. Parmi les personnes interrogées, comme c'était la procédure, figurait Tommy Reco. Il était connu sur le port de Propriano pour embarquer des touristes sur son bateau. Pendant que les recherches se poursuivaient, Les gendarmes l'entendaient comme d'autres marins des environs et Tommy répondait normalement en ayant tout lien avec cette affaire. Aucune preuve, aucun témoin. Pire, aucun indice matériel, pas même le corps des jeunes femmes ne permettait de relier Reco ou quiconque à leur disparition. L'affaire avait été classée faute d'éléments et les touristes jamais retrouvés. Le 28 octobre 1960, sur une plage près de Propriane, Tommy et son frère Pierre pratiquent une méthode dangereuse et illégale. La pêche à la dynamite. Cette pratique était courante à l'époque, mais formellement interdite. C'est alors que la pêche a été cré qu'un garde maritime du nom de Joseph Casabianca surprend les frères Reco en flagrant délit. Joseph est un homme respecté et approprié, mais il est aussi et surtout le parrain de Tommy. Quand Tommy se rend compte que son parrain l'a vu, il dit à son frère de se cacher dans la cabine du bateau. Pris d'une colère noire, il démarre la barque de pêche et fonce vers Joseph en accostant sur la plage. Il débarque en prenant le fusil qu'il avait toujours près de lui, l'enclenche et n'entend même pas son parrain le supplier qu'il tire déjà une balle de chevrotis. Pour s'assurer de la mort du garde-côte, il le massacre à coups de crosse et le finit avec une pierre lourde de 30 kilos. Au petit matin, le corps de M. Casabianca est retrouvé après qu'on ait signalé sa disparition. Les gendarmes constatent alors avec effroi le cadavre du brave homme qu'ils connaissent sûrement. Dans ce village de Propriano, c'est la consternation. Et déjà, le nom de Tommy Rico circule et la rumeur renfle. En effet, les enquêteurs avaient découvert des débris de bois peints en vert, ce qui pourrait correspondre à la crosse de son fusil. Qui d'autre que lui aurait pu tuer un homme si gentil ? Qui, malgré son métier de garde-pêche, n'avait jamais mis une amende à qui que ce soit. Pourtant, lors de l'enterrement de Joseph Casabianca, Tommy porte son cercueil. Mais des éléments de l'enquête viendront très tôt confirmer ce qui n'était alors qu'un écho villageois. Pierrot Reco, qui était avec son frère le soir du meurtre, est entendu par les policiers quelques jours plus tard. Sous la pression et les menaces d'inculpation, il flanche. Il dénonce son frère, raconte tout dans les moindres détails et explique comment ils étaient rentrés au port après avoir jeté à la mer le fusil qui avait servi à tuer Joseph Casabianco. Tommy Reco est arrêté fin novembre 1960 et placé en garde à vue. Interrogé, il parle d'abord d'une altercation, d'un moment d'affolement, mais la thèse de la légitime défense ne tient absolument pas la route. Reiko avoue à demi-mot puis se rétracte le lendemain, ce qui rend la décision d'inculpation compliquée. Mais l'information judiciaire ouverte s'appuie sur les expertises balistiques, les analyses du corps, le témoignage des autres pêcheurs, la réputation de Reiko et surtout sur le témoignage de son frère. Tous les faits l'accusent. L'instruction établit que Reiko a tiré, qu'il a ensuite voulu achever méthodiquement son parrain et qu'il a volontairement tenté d'effacer les traces en jetant le fusil à la mer. Tommy Reiko est donc inculpé pour meurtre avec préméditation. et écroué à la maison d'arrêt d'Ajaccio en attendant son procès. Le procès s'ouvre le 6 décembre 1962, deux ans après les faits. Tommy comparaît pour la première fois devant les jurés qu'il a 28 ans. Il est accusé du meurtre de son propre parrain, un salarié de l'État, tué dans l'exercice de ses fonctions. La cour retient l'accusation de meurtre avec préméditation. Devant le juge, Tommy Récaud avoue. Mais il nie toute circonstance aggravante. Sa défense le décrit d'homme simple et dépassé, teinté d'impulsivité mal contenue. Mais après les réquisitions, les jurés délibèrent et le verdict tombe. Joseph Thomas Recault est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est reconnu coupable de l'assassinat de son parrain et est enfermé le 8 décembre 1962. Les années qui suivent la première incarcération de Tommy ne laisseront aucun répit à la famille Recault. Comme si le destin s'acharnait, les malheurs s'accumulent, les coups du sort et les tragédies se succèdent sans pause.

  • Speaker #2

    Toussaint Récaud, corailleur du Valenco, premier prud'homme pêcheur de Propriano n'est plus. Victime non pas comme on l'appréhendait d'un accident de plongée profonde mais d'un absurde coup de feu.

  • Speaker #1

    En 1973, alors que Tommy est toujours en prison pour purger sa peine, son frère Ernest Toussaint Récaud, plongeur confirmé qui travaillait aux côtés du célèbre commandant Cousteau, meurt brutalement lors d'une violente altercation familiale. Au cours de cette dispute, son propre beau-frère lui tire dessus et le tue. Trois ans plus tard, c'est Pierre Reco, le frère qui avait dénoncé Tommy en 1960, qui tombe sous les balles. Parti péché comme à son habitude, il rentre au port sans se douter que deux hommes cagoulés l'attendent sur le rivage. Ils abattent froidement le frère de Tommy avant de disparaître. D'abord interprété comme une probable vindette, le meurtre révélera plus tard que Pierre fréquentait le milieu proprieranné dans lequel les règlements de comptes étaient courants. Dans le Valienco. certains se souviennent alors d'une ancienne croyance, celle de la malédiction de la tortue. Une légende proprianaise transmise à voix basse depuis des décennies. On raconte que le père de Reiko aurait découvert une tortue géante échouée sur la plage du phare. Tandis que le village souhaitait le remettre à la mer, il l'aurait décapité à la scie avant de transformer sa carapace en berceau. Un berceau utilisé pour chacun des 11 enfants de la famille. Et de cette histoire transmise comme un avertissement, serait né ce que les anciens appellent encore aujourd'hui La malédiction de la tortue. Selon ceux qui y croient, cette faute originelle aurait marqué la famille Gusteau du Malheur. Une malédiction lente, tenace, qui reviendrait frapper génération après génération. Alors, lorsque les drames commencent à s'enchaîner, beaucoup y voient la confirmation de cette vieille histoire. Et si on ajoute à cela la mort de Francine Récaud, suite à une chute dans les escaliers et d'un nourrisson en bas âge, forçait de constater que cette malédiction pèse, comme si la fatalité, patiente et implacable, poursuivait les récots depuis ce geste commis autrefois sur cette plage proprianaise. Paul-Louis Récaud, fils de Tommy né en 1956, raconte dans l'émission Justice sur Viastil.

  • Speaker #3

    On ne comprend pas trop, on va dire ton papa est parti, il va revenir. Il revient quand papa ? Il fait le tour du monde, il voyage, il va revenir bientôt, ne t'inquiète pas. Et je l'ai appris, j'avais dix ans ici. Un vieux vieil veuille du village qui m'a dit, « Poupou, venez là, je vais te dire quelque chose. Il faut que tu le saches. » Je lui dis, « Passe, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? » « Tu sais, tu es le fils de Réco. » Tommy Rekou, il a tué des gens, il a tué une personne, il a pris un dos comme ça et comme ça. Alors là, je crois que le ciel m'est tombé sur la tête, je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne sais pas, c'est pas possible. Je suis parti dans le maquis, j'ai pleuré de tout ce que j'ai pu pleurer, de toutes les larmes de mon corps, c'était atroce.

  • Speaker #1

    En 1966, une décision présidentielle obscure réduit la peine de Tommy Récaud. Cette mesure, ajoutée à son comportement jugé correct en détention, ouvre la voie à sa libération conditionnelle en 1977, assortie d'une interdiction formelle de revenir en Corse. Après 17 ans de prison, il est envoyé sur le continent pour se réinsérer. A Marseille, il est embauché par une société de livraison de matériel de plongée et mène une vie discrète, presque banale en apparence. Pour l'administration pénitentiaire, le dossier est clos. Reco était un détenu facile à vivre et sa réhabilitation éclaire le prouve. Pourtant, sous cette façade, quelque chose couvre. Deux ans plus tard, à Béziers, la violence refera surface. Cette fois, elle frappera par trois fois. Nous sommes le 23 décembre 1979, en fin de journée, dans le supermarché Mammouth de Béziers. Comme partout à l'approche de Noël, le magasin ferme après une longue journée et de forte affluence. Trois caissières se retrouvent dans une petite salle de comptage occupée à rassembler la recette du jour. A ce moment-là, Tommy Reco se trouve dans les couloirs de service, il connaît les lieux. Il y avait déjà effectué des livraisons et avait réussi à observer les habitudes des employés. Il parvient alors à pénétrer la salle de comptage, l'espace est restreint et les trois caissières ne s'attendent à rien. La suite est rapide et brutale. Réco ouvre le feu et tue les trois femmes d'une balle chacune dans la tête sans même les laisser parler. Il récupère alors l'argent, environ 400 000 francs selon les estimations de l'époque, et quitte les lieux sans attirer l'attention, profitant du désordre habituel des fermetures de fin d'année. Ce 23 décembre 1979, en quelques minutes, trois caissières sont abattues et le mammouth de Béziers devient la scène d'un triple meurtre qui marquera durablement la région et déclenchera l'une des enquêtes criminelles les plus importantes de France.

  • Speaker #4

    C'est pour l'univers 13h, Mammouth de Béziers, et trois employés féminines ont été tués par balle. L'enquête continue.

  • Speaker #1

    Les policiers arrivés sur place sont sidérés. René Chamayou, 28 ans, Josette Alcaraz, 27 ans, et Sylvette Morel, 30 ans, sont retrouvées mortes avec chacune, une balle logée dans le crâne.

  • Speaker #5

    Je suis arrivé, ça devait être d'aller 19h01 à Béziers. sur le parking du magasin. Bien sûr, il y avait les incenses, les pompiers, la police. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et elle me dit, non mais ils ne sont plus là. Et je suis allé chercher ma femme le 24 décembre au soir à la morgue. Et le jour de Noël, le 25, chez moi, j'avais un cercueil.

  • Speaker #1

    Mais l'enquête sur le triple meurtre de Bézé n'avance pas. Les enquêteurs tournent en rond et les recherches ne donnent rien. Rien ne semble inquiéter Tommy Récaud. Il vit alors toujours en Provence et rien dans son comportement ne laisse penser qu'il se sent recherché ou menacé. Mais moins d'un mois plus tard, le 18 janvier 1980, un nouveau drame survient à Carquerane, près de Toulon. Ce jour-là, Réco se présente chez un couple qu'il connaît, les Le Goff, sans doute pour régler un différent personnel. La discussion tourne rapidement à l'altercation. Il bat d'abord Gilles Le Goff puis leur voisin M. Courtrix venu voir ce qui se passait après avoir entendu du bruit. Il tue ensuite froidement Sandrine, la fille de Gilles, une fillette de 11 ans qui venait de passer un appel téléphonique. Averti par la femme du voisin, inquiète de ne pas voir son mari revenir, les gendarmes arrivent sur place et découvrent trois corps. Ceux de Gilles Le Goff, de sa fille Sandrine et de M. Courtrix. Trois victimes supplémentaires presque en pleine journée, sans fuite organisée ni mise en scène. Le mode opératoire est net, rapide, sans véritable plan et identique à celui constaté à Béziers. Une balle dans la tête de chacune des trois victimes. Cette fois, les enquêteurs recoupent leurs informations. L'appel passé par la fillette est retrouvé. Cherchant à joindre sa mère, elle est tombée sur la directrice du centre où elle travaillait. Terrifiée, elle lui aurait confié que quelqu'un voulait du mal à son papa. Et que ce quelqu'un, c'était le cousin de René. Un détail qui rapidement orientera les enquêteurs vers Tommy Récaud. Les gendarmes cherchent alors à identifier ce René mentionné par la fillette. Ils découvrent rapidement que Tommy Reco a bien un cousin portant ce prénom et que celui-ci connaît le père Le Goff. L'enquête se resserre aussitôt, les recoupements convergent et les éléments s'accumulent contre Reco. L'affaire avance vite tant les indices sont concordants. Dès le lendemain, il est interpellé à Marseille. Au cours de sa garde à vue, un gendarme parvient à le faire parler. Reco passe aux aveux. Il explique froidement avoir tué les trois personnes à la villa de Carquerane parce qu'il souhaitait acheter une arme à Gilles Le Goff. qui refusait de conclure la vente. Une dispute aurait alors éclaté, au cours de laquelle il abat le père de famille. En sortant, il croise le voisin, venu voir ce qui se passait, et lui tire une balle dans la nuque pour ne laisser aucun témoin. Enfin, s'étant retrouvé face à la fillette, il déclare avoir paniqué avant de la tuer, sans, dit-il, l'avoir réellement voulu. Mais fidèle à ses contradictions, Rico se rétracte quelques jours plus tard et clame son innocence. Il crie au scandale, dénonce une machination et accuse même les gendarmes de l'avoir forcé à parler et de l'avoir violé. Les enquêteurs sont alors contraints à devoir trouver de nouvelles preuves. Les analyses balistiques établissent alors un lien direct entre la tuerie de Bézier et celle de Carquerat. Le mode opératoire avait déjà attiré l'attention, mais ce sont désormais les douilles qui confirment la connexion. Le même calibre d'un revolver Smith & Wesson a été utilisé dans les deux affaires. D'autres éléments s'ajoutent rapidement. De la boue provenant du terrain des Legoff est retrouvée sur ses bottes, et un témoin, après avoir vu son portrait aux yeux bleus perçant dans la presse, se présente à la gendarmerie pour l'identifier comme l'auteur du braquage du mammouth de Bézier. L'ensemble des indices convergent vers Tommy Récaud. Pourtant, lors de son procès devant la cour d'assises de Draguignan en 1983, il continue d'affirmer qu'il est innocent.

  • Speaker #6

    Je suis innocent, sans pour ça. Je suis victime d'ignorance de la promenade de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je ne parlais pas de Corée à travers. Je ne dis pas de Corée à travers. Je suis innocent. Je suis innocent.

  • Speaker #1

    Réco persiste à se dire innocent, allant même jusqu'à se comparer à Jésus-Christ, condamné à tort. Il en profite pour mettre la pression sur les jurés, leur intimant d'être raisonnable. A plusieurs reprises, il coupe la parole du président de la cour d'assises, répétant qu'il est victime d'un complot. La scène est surréaliste, lunaire même. Elle fait le tour des médias de l'époque et reste encore visible aujourd'hui dans les archives audiovisuelles.

  • Speaker #7

    Dans la salle, c'est l'effervescence permanente. La mère de Tommy Récaud, qui défend son fils, est prise à partie par les familles de victimes. Le procès devient un spectacle.

  • Speaker #8

    Il va avoir un comportement tellement insupportable que, à un moment donné, je crois que c'est... L'époux de l'une des victimes de Béziers va lui jeter une chaussure à la figure. Il y a toute une mise en scène christique de la part de Tommy Rico. Il a les cheveux très longs, il a souvent les bras en croix, et quand je commence à plaider, inspiré sans doute par Dalila, il chantonne parole, Ce qui n'a absolument pas pour effet de me perturber, bien au contraire. Mais on se rend compte qu'il est dans une espèce de dérision morbide. Peut-être veut-il donner l'impression qu'il est fou, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Sur le parvis du tribunal de Draguignan, on crie au rétablissement de la peine de mort. Les avocats de Récaud sont conspués et atteints physiquement à chaque fois qu'ils sortent de l'enceinte juridique. Défendu par Paul Lombard, avocat pourtant renommé et connu pour faire acquitter la plupart de ses clients, Tommy Récaud est reconnu coupable des deux triples meurtres et écope de la peine maximale. Après son premier voyage en prison quelques années plus tôt, il est condamné une deuxième fois à la réclusion criminelle à perpétuité.

  • Speaker #9

    Parce que je le dis bien aujourd'hui, Récaud fera mal encore. Parce que je vous dis une chose, c'est que le jour où ma femme est rentrée, comme on dit dans le caveau, je lui ai dit je te vengerai. que ça ne déplaise à qui que ce soit, si Réco un jour retrouve la liberté, vous voyez, je ne m'en cache pas, je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un assassin, mais croyez-moi, je ne laisserai pas un jour de liberté. Même dans 18 ans, si comme on dit, j'ai les pieds sur terre, j'irai au-devant de Réco.

  • Speaker #1

    Après sa condamnation de 1983, Tommy Reko passe le reste de sa vie derrière les barreaux. Il multiplie les demandes de remise en liberté, toutes rejetées. La dernière, déposée dans les années 2020, invoquait son grand âge et son état de santé déclinant. Mais la justice estime alors que la dangerosité demeure et refuse à nouveau sa libération. Les drames familiaux, eux, avaient continué de s'accumuler autour de lui. Son frère aîné, Antoine, avait été condamné pour un double meurtre commis sur deux touristes appropriés à nous, ajoutant un chapitre tragique supplémentaire à l'histoire déjà lourde de sa famille. Leur mère, elle, Meurt plus tard lors d'un pèlerinage à Lourdes, comme un coup du sort envoyé directement par le ciel. Reiko termine sa vie en prison après plus de 60 ans d'incarcération. En 2024, en raison de son état de santé dégradé, Il est transféré du centre pénitentiaire de Borgaux vers un établissement spécialisé de Marseille. Il y meurt le 20 novembre 2025 à l'âge de 91 ans. A sa disparition, il est le plus vieux détenu de France, symbole d'une trajectoire criminelle qui n'aura jamais quitté les murs de la prison. En définitive, Tommy Reko apparaît comme un homme d'un autre temps, étranger aux règles et aux limites de la société contemporaine, alignant les victimes pour ne pas se faire démasquer. Un homme mu par une violence brute, archaïque et irréfléchie, qui n'a jamais trouvé sa place ailleurs que dans la transgression. Sans doute, dans un autre siècle, aurait-il été projeté sur des champs de bataille, où cette force et cette brutalité auraient pu s'exprimer contre d'autres hommes de son gabarit, plutôt que de s'abattre sur des innocents. Sous-titrage

Description

Tommy Recco.
Le nom résonne encore comme un vertige dans l’histoire criminelle française. Un homme à la fois terrifiant, insaisissable, et d’une violence presque primitive. Un homme qui, jusqu’au bout, a proclamé son innocence… tout en laissant derrière lui l’un des dossiers les plus déroutants du XXᵉ siècle. Dans cet épisode, je vous raconte : l’itinéraire d’un tueur hors normes, les scènes de procès qui ont marqué les chroniqueurs, le rôle central de sa mère, figure tragique et déchirante, ses dernières années, ses demandes de libération, et la fin d’un homme devenu le plus vieux détenu de France. Au-delà du fait divers, c’est une plongée dans une époque, une justice, et une humanité qui vacille. Un récit où se mêlent fatalité, incompréhension… et un portrait de violence brute. Bienvenue dans une histoire que beaucoup préfèrent oublier.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Mesdames, Messieurs, bonsoir, soyez les bienvenus sur France 3 Corse, Via Stella Dans l'actualité, le décès du plus vieux détenu de France, Tommy Récaud, est mort à l'âge de 91 ans. Originaire de Propriano, il avait été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait par ailleurs déposé une vingtaine de demandes de remise en liberté qui lui ont toujours été refusées. Nous reviendrons sur son parcours judiciaire dans ce journal.

  • Speaker #1

    Joseph Thomas Recco plus connu sous le nom de Tommy Recco, plus vieux prisonnier de France, condamné deux fois à la perpétuité et ayant échappé de peu à la peine capitale, vient de passer l'arme à gauche ce jeudi 20 novembre 2025. L'occasion pour le podcast Dynastia de revenir sur sa vie. Né au bord des rivages du Valinque ou dans un petit village de pêcheurs où les filets sèchent au soleil et où les noms de famille portent l'odeur du sel marin, Tommy Récaud était connu comme un fils de pêcheur parmi d'autres. Un enfant qui a probablement grandi trop vite, habitué à la rudesse du travail et au silence du large. Mais rien ne destinait le petit Récaud à devenir l'un des criminels les plus redoutés de France. Et pourtant, au fil des années, sa vie est devenue un calvaire qu'il s'est lui-même infligé. La pauvreté, les violences contenues. et les mauvaises décisions n'ont pas arrangé son tempérament et les autorités n'ont jamais semblé pouvoir le maîtriser réellement. Dans les dédales des prisons qu'il a visitées dans les couloirs des commissariats, on le surnommait Géronimo à cause de ses longs cheveux, de sa carrure imposante et de sa nature fougueuse et sauvage. En fait, il ressemblait à peu de choses près à un chef de tribu amérindien, sauf que lui, il portait des costards. Un homme d'un autre temps, somme toute. En Corse, certains destins s'inscrivent dans la pierre. d'autres s'effondrent sous leur propre poids. Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire d'un homme brisé, d'un tueur impitoyable et de sa vie rongée par la violence. Voici l'histoire d'un homme dont le nom, encore aujourd'hui, évoque un mélange singulier de peur, de fascination et de malaise. Voici l'histoire de Tommy Reko. Notre histoire commence le 10 mai 1934 à Propriano, au cœur du golfe du Valinque, où là, dans ce village battu constamment par les vents marins, vient au monde un certain Joseph Thomas Recault. Il pousse son premier cri au milieu d'une large fratrie de 11 enfants dans une famille de pêcheurs qui tient une modeste poissonnerie sur le port. A 13 ans, alors que d'autres enfants sont encore sur les bancs de l'école, Tommy, comme on le surnomme, est déjà sur la barque familiale, en train de caler les filets avec son père. C'est dans ce décor, entre l'odeur du poisson frais et celle du gasoil que se forge l'homme qu'il deviendra, un homme marqué par la rudesse du quotidien et la nécessité. De cette enfance pourtant austère, rien ne laissait présager le carnage à venir. Au milieu des années 50, Tommy accomplit son service militaire dans la marine nationale. Il entre dans le peloton des nageurs de combat et revient médaillé en Corse pour ses aptitudes physiques. A son retour, il reprend le bateau de son père vieillissant et repart en mer au large des côtes proprianaises, parfois avec ses frères. Il se marie avec une certaine Giselle et de cette union naît un fils, Paul-Louis, en 1956. L'été, Tommy a pris pour habitude d'embarquer sur son bateau quelques belles touristes de passage. Il leur montre la pêche à la langouste et joue probablement les marins charmeurs. Une vie simple en apparence, mais en 1960, tout bascule. Quelques mois plus tôt déjà, en 1959, deux jeunes touristes allemandes disparaissent dans le golfe d'Ajaccio. à cette époque. La Corse n'est pas encore l'Eldorado touristique que l'on connaît aujourd'hui. Les routes sont rares, les plages isolées et la mer n'appartient qu'aux pêcheurs du coin. Les gendarmes avaient cherché les disparus, mais toutes étaient demeurées introuvables. Les hommes chargés de l'enquête avaient pourtant plusieurs pistes. C'était pour eux soit un accident, soit une fugue, soit une mauvaise rencontre. Mais aucun témoin ne s'était présenté à eux. Parmi les personnes interrogées, comme c'était la procédure, figurait Tommy Reco. Il était connu sur le port de Propriano pour embarquer des touristes sur son bateau. Pendant que les recherches se poursuivaient, Les gendarmes l'entendaient comme d'autres marins des environs et Tommy répondait normalement en ayant tout lien avec cette affaire. Aucune preuve, aucun témoin. Pire, aucun indice matériel, pas même le corps des jeunes femmes ne permettait de relier Reco ou quiconque à leur disparition. L'affaire avait été classée faute d'éléments et les touristes jamais retrouvés. Le 28 octobre 1960, sur une plage près de Propriane, Tommy et son frère Pierre pratiquent une méthode dangereuse et illégale. La pêche à la dynamite. Cette pratique était courante à l'époque, mais formellement interdite. C'est alors que la pêche a été cré qu'un garde maritime du nom de Joseph Casabianca surprend les frères Reco en flagrant délit. Joseph est un homme respecté et approprié, mais il est aussi et surtout le parrain de Tommy. Quand Tommy se rend compte que son parrain l'a vu, il dit à son frère de se cacher dans la cabine du bateau. Pris d'une colère noire, il démarre la barque de pêche et fonce vers Joseph en accostant sur la plage. Il débarque en prenant le fusil qu'il avait toujours près de lui, l'enclenche et n'entend même pas son parrain le supplier qu'il tire déjà une balle de chevrotis. Pour s'assurer de la mort du garde-côte, il le massacre à coups de crosse et le finit avec une pierre lourde de 30 kilos. Au petit matin, le corps de M. Casabianca est retrouvé après qu'on ait signalé sa disparition. Les gendarmes constatent alors avec effroi le cadavre du brave homme qu'ils connaissent sûrement. Dans ce village de Propriano, c'est la consternation. Et déjà, le nom de Tommy Rico circule et la rumeur renfle. En effet, les enquêteurs avaient découvert des débris de bois peints en vert, ce qui pourrait correspondre à la crosse de son fusil. Qui d'autre que lui aurait pu tuer un homme si gentil ? Qui, malgré son métier de garde-pêche, n'avait jamais mis une amende à qui que ce soit. Pourtant, lors de l'enterrement de Joseph Casabianca, Tommy porte son cercueil. Mais des éléments de l'enquête viendront très tôt confirmer ce qui n'était alors qu'un écho villageois. Pierrot Reco, qui était avec son frère le soir du meurtre, est entendu par les policiers quelques jours plus tard. Sous la pression et les menaces d'inculpation, il flanche. Il dénonce son frère, raconte tout dans les moindres détails et explique comment ils étaient rentrés au port après avoir jeté à la mer le fusil qui avait servi à tuer Joseph Casabianco. Tommy Reco est arrêté fin novembre 1960 et placé en garde à vue. Interrogé, il parle d'abord d'une altercation, d'un moment d'affolement, mais la thèse de la légitime défense ne tient absolument pas la route. Reiko avoue à demi-mot puis se rétracte le lendemain, ce qui rend la décision d'inculpation compliquée. Mais l'information judiciaire ouverte s'appuie sur les expertises balistiques, les analyses du corps, le témoignage des autres pêcheurs, la réputation de Reiko et surtout sur le témoignage de son frère. Tous les faits l'accusent. L'instruction établit que Reiko a tiré, qu'il a ensuite voulu achever méthodiquement son parrain et qu'il a volontairement tenté d'effacer les traces en jetant le fusil à la mer. Tommy Reiko est donc inculpé pour meurtre avec préméditation. et écroué à la maison d'arrêt d'Ajaccio en attendant son procès. Le procès s'ouvre le 6 décembre 1962, deux ans après les faits. Tommy comparaît pour la première fois devant les jurés qu'il a 28 ans. Il est accusé du meurtre de son propre parrain, un salarié de l'État, tué dans l'exercice de ses fonctions. La cour retient l'accusation de meurtre avec préméditation. Devant le juge, Tommy Récaud avoue. Mais il nie toute circonstance aggravante. Sa défense le décrit d'homme simple et dépassé, teinté d'impulsivité mal contenue. Mais après les réquisitions, les jurés délibèrent et le verdict tombe. Joseph Thomas Recault est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est reconnu coupable de l'assassinat de son parrain et est enfermé le 8 décembre 1962. Les années qui suivent la première incarcération de Tommy ne laisseront aucun répit à la famille Recault. Comme si le destin s'acharnait, les malheurs s'accumulent, les coups du sort et les tragédies se succèdent sans pause.

  • Speaker #2

    Toussaint Récaud, corailleur du Valenco, premier prud'homme pêcheur de Propriano n'est plus. Victime non pas comme on l'appréhendait d'un accident de plongée profonde mais d'un absurde coup de feu.

  • Speaker #1

    En 1973, alors que Tommy est toujours en prison pour purger sa peine, son frère Ernest Toussaint Récaud, plongeur confirmé qui travaillait aux côtés du célèbre commandant Cousteau, meurt brutalement lors d'une violente altercation familiale. Au cours de cette dispute, son propre beau-frère lui tire dessus et le tue. Trois ans plus tard, c'est Pierre Reco, le frère qui avait dénoncé Tommy en 1960, qui tombe sous les balles. Parti péché comme à son habitude, il rentre au port sans se douter que deux hommes cagoulés l'attendent sur le rivage. Ils abattent froidement le frère de Tommy avant de disparaître. D'abord interprété comme une probable vindette, le meurtre révélera plus tard que Pierre fréquentait le milieu proprieranné dans lequel les règlements de comptes étaient courants. Dans le Valienco. certains se souviennent alors d'une ancienne croyance, celle de la malédiction de la tortue. Une légende proprianaise transmise à voix basse depuis des décennies. On raconte que le père de Reiko aurait découvert une tortue géante échouée sur la plage du phare. Tandis que le village souhaitait le remettre à la mer, il l'aurait décapité à la scie avant de transformer sa carapace en berceau. Un berceau utilisé pour chacun des 11 enfants de la famille. Et de cette histoire transmise comme un avertissement, serait né ce que les anciens appellent encore aujourd'hui La malédiction de la tortue. Selon ceux qui y croient, cette faute originelle aurait marqué la famille Gusteau du Malheur. Une malédiction lente, tenace, qui reviendrait frapper génération après génération. Alors, lorsque les drames commencent à s'enchaîner, beaucoup y voient la confirmation de cette vieille histoire. Et si on ajoute à cela la mort de Francine Récaud, suite à une chute dans les escaliers et d'un nourrisson en bas âge, forçait de constater que cette malédiction pèse, comme si la fatalité, patiente et implacable, poursuivait les récots depuis ce geste commis autrefois sur cette plage proprianaise. Paul-Louis Récaud, fils de Tommy né en 1956, raconte dans l'émission Justice sur Viastil.

  • Speaker #3

    On ne comprend pas trop, on va dire ton papa est parti, il va revenir. Il revient quand papa ? Il fait le tour du monde, il voyage, il va revenir bientôt, ne t'inquiète pas. Et je l'ai appris, j'avais dix ans ici. Un vieux vieil veuille du village qui m'a dit, « Poupou, venez là, je vais te dire quelque chose. Il faut que tu le saches. » Je lui dis, « Passe, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? » « Tu sais, tu es le fils de Réco. » Tommy Rekou, il a tué des gens, il a tué une personne, il a pris un dos comme ça et comme ça. Alors là, je crois que le ciel m'est tombé sur la tête, je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne sais pas, c'est pas possible. Je suis parti dans le maquis, j'ai pleuré de tout ce que j'ai pu pleurer, de toutes les larmes de mon corps, c'était atroce.

  • Speaker #1

    En 1966, une décision présidentielle obscure réduit la peine de Tommy Récaud. Cette mesure, ajoutée à son comportement jugé correct en détention, ouvre la voie à sa libération conditionnelle en 1977, assortie d'une interdiction formelle de revenir en Corse. Après 17 ans de prison, il est envoyé sur le continent pour se réinsérer. A Marseille, il est embauché par une société de livraison de matériel de plongée et mène une vie discrète, presque banale en apparence. Pour l'administration pénitentiaire, le dossier est clos. Reco était un détenu facile à vivre et sa réhabilitation éclaire le prouve. Pourtant, sous cette façade, quelque chose couvre. Deux ans plus tard, à Béziers, la violence refera surface. Cette fois, elle frappera par trois fois. Nous sommes le 23 décembre 1979, en fin de journée, dans le supermarché Mammouth de Béziers. Comme partout à l'approche de Noël, le magasin ferme après une longue journée et de forte affluence. Trois caissières se retrouvent dans une petite salle de comptage occupée à rassembler la recette du jour. A ce moment-là, Tommy Reco se trouve dans les couloirs de service, il connaît les lieux. Il y avait déjà effectué des livraisons et avait réussi à observer les habitudes des employés. Il parvient alors à pénétrer la salle de comptage, l'espace est restreint et les trois caissières ne s'attendent à rien. La suite est rapide et brutale. Réco ouvre le feu et tue les trois femmes d'une balle chacune dans la tête sans même les laisser parler. Il récupère alors l'argent, environ 400 000 francs selon les estimations de l'époque, et quitte les lieux sans attirer l'attention, profitant du désordre habituel des fermetures de fin d'année. Ce 23 décembre 1979, en quelques minutes, trois caissières sont abattues et le mammouth de Béziers devient la scène d'un triple meurtre qui marquera durablement la région et déclenchera l'une des enquêtes criminelles les plus importantes de France.

  • Speaker #4

    C'est pour l'univers 13h, Mammouth de Béziers, et trois employés féminines ont été tués par balle. L'enquête continue.

  • Speaker #1

    Les policiers arrivés sur place sont sidérés. René Chamayou, 28 ans, Josette Alcaraz, 27 ans, et Sylvette Morel, 30 ans, sont retrouvées mortes avec chacune, une balle logée dans le crâne.

  • Speaker #5

    Je suis arrivé, ça devait être d'aller 19h01 à Béziers. sur le parking du magasin. Bien sûr, il y avait les incenses, les pompiers, la police. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et elle me dit, non mais ils ne sont plus là. Et je suis allé chercher ma femme le 24 décembre au soir à la morgue. Et le jour de Noël, le 25, chez moi, j'avais un cercueil.

  • Speaker #1

    Mais l'enquête sur le triple meurtre de Bézé n'avance pas. Les enquêteurs tournent en rond et les recherches ne donnent rien. Rien ne semble inquiéter Tommy Récaud. Il vit alors toujours en Provence et rien dans son comportement ne laisse penser qu'il se sent recherché ou menacé. Mais moins d'un mois plus tard, le 18 janvier 1980, un nouveau drame survient à Carquerane, près de Toulon. Ce jour-là, Réco se présente chez un couple qu'il connaît, les Le Goff, sans doute pour régler un différent personnel. La discussion tourne rapidement à l'altercation. Il bat d'abord Gilles Le Goff puis leur voisin M. Courtrix venu voir ce qui se passait après avoir entendu du bruit. Il tue ensuite froidement Sandrine, la fille de Gilles, une fillette de 11 ans qui venait de passer un appel téléphonique. Averti par la femme du voisin, inquiète de ne pas voir son mari revenir, les gendarmes arrivent sur place et découvrent trois corps. Ceux de Gilles Le Goff, de sa fille Sandrine et de M. Courtrix. Trois victimes supplémentaires presque en pleine journée, sans fuite organisée ni mise en scène. Le mode opératoire est net, rapide, sans véritable plan et identique à celui constaté à Béziers. Une balle dans la tête de chacune des trois victimes. Cette fois, les enquêteurs recoupent leurs informations. L'appel passé par la fillette est retrouvé. Cherchant à joindre sa mère, elle est tombée sur la directrice du centre où elle travaillait. Terrifiée, elle lui aurait confié que quelqu'un voulait du mal à son papa. Et que ce quelqu'un, c'était le cousin de René. Un détail qui rapidement orientera les enquêteurs vers Tommy Récaud. Les gendarmes cherchent alors à identifier ce René mentionné par la fillette. Ils découvrent rapidement que Tommy Reco a bien un cousin portant ce prénom et que celui-ci connaît le père Le Goff. L'enquête se resserre aussitôt, les recoupements convergent et les éléments s'accumulent contre Reco. L'affaire avance vite tant les indices sont concordants. Dès le lendemain, il est interpellé à Marseille. Au cours de sa garde à vue, un gendarme parvient à le faire parler. Reco passe aux aveux. Il explique froidement avoir tué les trois personnes à la villa de Carquerane parce qu'il souhaitait acheter une arme à Gilles Le Goff. qui refusait de conclure la vente. Une dispute aurait alors éclaté, au cours de laquelle il abat le père de famille. En sortant, il croise le voisin, venu voir ce qui se passait, et lui tire une balle dans la nuque pour ne laisser aucun témoin. Enfin, s'étant retrouvé face à la fillette, il déclare avoir paniqué avant de la tuer, sans, dit-il, l'avoir réellement voulu. Mais fidèle à ses contradictions, Rico se rétracte quelques jours plus tard et clame son innocence. Il crie au scandale, dénonce une machination et accuse même les gendarmes de l'avoir forcé à parler et de l'avoir violé. Les enquêteurs sont alors contraints à devoir trouver de nouvelles preuves. Les analyses balistiques établissent alors un lien direct entre la tuerie de Bézier et celle de Carquerat. Le mode opératoire avait déjà attiré l'attention, mais ce sont désormais les douilles qui confirment la connexion. Le même calibre d'un revolver Smith & Wesson a été utilisé dans les deux affaires. D'autres éléments s'ajoutent rapidement. De la boue provenant du terrain des Legoff est retrouvée sur ses bottes, et un témoin, après avoir vu son portrait aux yeux bleus perçant dans la presse, se présente à la gendarmerie pour l'identifier comme l'auteur du braquage du mammouth de Bézier. L'ensemble des indices convergent vers Tommy Récaud. Pourtant, lors de son procès devant la cour d'assises de Draguignan en 1983, il continue d'affirmer qu'il est innocent.

  • Speaker #6

    Je suis innocent, sans pour ça. Je suis victime d'ignorance de la promenade de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je ne parlais pas de Corée à travers. Je ne dis pas de Corée à travers. Je suis innocent. Je suis innocent.

  • Speaker #1

    Réco persiste à se dire innocent, allant même jusqu'à se comparer à Jésus-Christ, condamné à tort. Il en profite pour mettre la pression sur les jurés, leur intimant d'être raisonnable. A plusieurs reprises, il coupe la parole du président de la cour d'assises, répétant qu'il est victime d'un complot. La scène est surréaliste, lunaire même. Elle fait le tour des médias de l'époque et reste encore visible aujourd'hui dans les archives audiovisuelles.

  • Speaker #7

    Dans la salle, c'est l'effervescence permanente. La mère de Tommy Récaud, qui défend son fils, est prise à partie par les familles de victimes. Le procès devient un spectacle.

  • Speaker #8

    Il va avoir un comportement tellement insupportable que, à un moment donné, je crois que c'est... L'époux de l'une des victimes de Béziers va lui jeter une chaussure à la figure. Il y a toute une mise en scène christique de la part de Tommy Rico. Il a les cheveux très longs, il a souvent les bras en croix, et quand je commence à plaider, inspiré sans doute par Dalila, il chantonne parole, Ce qui n'a absolument pas pour effet de me perturber, bien au contraire. Mais on se rend compte qu'il est dans une espèce de dérision morbide. Peut-être veut-il donner l'impression qu'il est fou, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Sur le parvis du tribunal de Draguignan, on crie au rétablissement de la peine de mort. Les avocats de Récaud sont conspués et atteints physiquement à chaque fois qu'ils sortent de l'enceinte juridique. Défendu par Paul Lombard, avocat pourtant renommé et connu pour faire acquitter la plupart de ses clients, Tommy Récaud est reconnu coupable des deux triples meurtres et écope de la peine maximale. Après son premier voyage en prison quelques années plus tôt, il est condamné une deuxième fois à la réclusion criminelle à perpétuité.

  • Speaker #9

    Parce que je le dis bien aujourd'hui, Récaud fera mal encore. Parce que je vous dis une chose, c'est que le jour où ma femme est rentrée, comme on dit dans le caveau, je lui ai dit je te vengerai. que ça ne déplaise à qui que ce soit, si Réco un jour retrouve la liberté, vous voyez, je ne m'en cache pas, je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un assassin, mais croyez-moi, je ne laisserai pas un jour de liberté. Même dans 18 ans, si comme on dit, j'ai les pieds sur terre, j'irai au-devant de Réco.

  • Speaker #1

    Après sa condamnation de 1983, Tommy Reko passe le reste de sa vie derrière les barreaux. Il multiplie les demandes de remise en liberté, toutes rejetées. La dernière, déposée dans les années 2020, invoquait son grand âge et son état de santé déclinant. Mais la justice estime alors que la dangerosité demeure et refuse à nouveau sa libération. Les drames familiaux, eux, avaient continué de s'accumuler autour de lui. Son frère aîné, Antoine, avait été condamné pour un double meurtre commis sur deux touristes appropriés à nous, ajoutant un chapitre tragique supplémentaire à l'histoire déjà lourde de sa famille. Leur mère, elle, Meurt plus tard lors d'un pèlerinage à Lourdes, comme un coup du sort envoyé directement par le ciel. Reiko termine sa vie en prison après plus de 60 ans d'incarcération. En 2024, en raison de son état de santé dégradé, Il est transféré du centre pénitentiaire de Borgaux vers un établissement spécialisé de Marseille. Il y meurt le 20 novembre 2025 à l'âge de 91 ans. A sa disparition, il est le plus vieux détenu de France, symbole d'une trajectoire criminelle qui n'aura jamais quitté les murs de la prison. En définitive, Tommy Reko apparaît comme un homme d'un autre temps, étranger aux règles et aux limites de la société contemporaine, alignant les victimes pour ne pas se faire démasquer. Un homme mu par une violence brute, archaïque et irréfléchie, qui n'a jamais trouvé sa place ailleurs que dans la transgression. Sans doute, dans un autre siècle, aurait-il été projeté sur des champs de bataille, où cette force et cette brutalité auraient pu s'exprimer contre d'autres hommes de son gabarit, plutôt que de s'abattre sur des innocents. Sous-titrage

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Description

Tommy Recco.
Le nom résonne encore comme un vertige dans l’histoire criminelle française. Un homme à la fois terrifiant, insaisissable, et d’une violence presque primitive. Un homme qui, jusqu’au bout, a proclamé son innocence… tout en laissant derrière lui l’un des dossiers les plus déroutants du XXᵉ siècle. Dans cet épisode, je vous raconte : l’itinéraire d’un tueur hors normes, les scènes de procès qui ont marqué les chroniqueurs, le rôle central de sa mère, figure tragique et déchirante, ses dernières années, ses demandes de libération, et la fin d’un homme devenu le plus vieux détenu de France. Au-delà du fait divers, c’est une plongée dans une époque, une justice, et une humanité qui vacille. Un récit où se mêlent fatalité, incompréhension… et un portrait de violence brute. Bienvenue dans une histoire que beaucoup préfèrent oublier.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mesdames, Messieurs, bonsoir, soyez les bienvenus sur France 3 Corse, Via Stella Dans l'actualité, le décès du plus vieux détenu de France, Tommy Récaud, est mort à l'âge de 91 ans. Originaire de Propriano, il avait été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait par ailleurs déposé une vingtaine de demandes de remise en liberté qui lui ont toujours été refusées. Nous reviendrons sur son parcours judiciaire dans ce journal.

  • Speaker #1

    Joseph Thomas Recco plus connu sous le nom de Tommy Recco, plus vieux prisonnier de France, condamné deux fois à la perpétuité et ayant échappé de peu à la peine capitale, vient de passer l'arme à gauche ce jeudi 20 novembre 2025. L'occasion pour le podcast Dynastia de revenir sur sa vie. Né au bord des rivages du Valinque ou dans un petit village de pêcheurs où les filets sèchent au soleil et où les noms de famille portent l'odeur du sel marin, Tommy Récaud était connu comme un fils de pêcheur parmi d'autres. Un enfant qui a probablement grandi trop vite, habitué à la rudesse du travail et au silence du large. Mais rien ne destinait le petit Récaud à devenir l'un des criminels les plus redoutés de France. Et pourtant, au fil des années, sa vie est devenue un calvaire qu'il s'est lui-même infligé. La pauvreté, les violences contenues. et les mauvaises décisions n'ont pas arrangé son tempérament et les autorités n'ont jamais semblé pouvoir le maîtriser réellement. Dans les dédales des prisons qu'il a visitées dans les couloirs des commissariats, on le surnommait Géronimo à cause de ses longs cheveux, de sa carrure imposante et de sa nature fougueuse et sauvage. En fait, il ressemblait à peu de choses près à un chef de tribu amérindien, sauf que lui, il portait des costards. Un homme d'un autre temps, somme toute. En Corse, certains destins s'inscrivent dans la pierre. d'autres s'effondrent sous leur propre poids. Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire d'un homme brisé, d'un tueur impitoyable et de sa vie rongée par la violence. Voici l'histoire d'un homme dont le nom, encore aujourd'hui, évoque un mélange singulier de peur, de fascination et de malaise. Voici l'histoire de Tommy Reko. Notre histoire commence le 10 mai 1934 à Propriano, au cœur du golfe du Valinque, où là, dans ce village battu constamment par les vents marins, vient au monde un certain Joseph Thomas Recault. Il pousse son premier cri au milieu d'une large fratrie de 11 enfants dans une famille de pêcheurs qui tient une modeste poissonnerie sur le port. A 13 ans, alors que d'autres enfants sont encore sur les bancs de l'école, Tommy, comme on le surnomme, est déjà sur la barque familiale, en train de caler les filets avec son père. C'est dans ce décor, entre l'odeur du poisson frais et celle du gasoil que se forge l'homme qu'il deviendra, un homme marqué par la rudesse du quotidien et la nécessité. De cette enfance pourtant austère, rien ne laissait présager le carnage à venir. Au milieu des années 50, Tommy accomplit son service militaire dans la marine nationale. Il entre dans le peloton des nageurs de combat et revient médaillé en Corse pour ses aptitudes physiques. A son retour, il reprend le bateau de son père vieillissant et repart en mer au large des côtes proprianaises, parfois avec ses frères. Il se marie avec une certaine Giselle et de cette union naît un fils, Paul-Louis, en 1956. L'été, Tommy a pris pour habitude d'embarquer sur son bateau quelques belles touristes de passage. Il leur montre la pêche à la langouste et joue probablement les marins charmeurs. Une vie simple en apparence, mais en 1960, tout bascule. Quelques mois plus tôt déjà, en 1959, deux jeunes touristes allemandes disparaissent dans le golfe d'Ajaccio. à cette époque. La Corse n'est pas encore l'Eldorado touristique que l'on connaît aujourd'hui. Les routes sont rares, les plages isolées et la mer n'appartient qu'aux pêcheurs du coin. Les gendarmes avaient cherché les disparus, mais toutes étaient demeurées introuvables. Les hommes chargés de l'enquête avaient pourtant plusieurs pistes. C'était pour eux soit un accident, soit une fugue, soit une mauvaise rencontre. Mais aucun témoin ne s'était présenté à eux. Parmi les personnes interrogées, comme c'était la procédure, figurait Tommy Reco. Il était connu sur le port de Propriano pour embarquer des touristes sur son bateau. Pendant que les recherches se poursuivaient, Les gendarmes l'entendaient comme d'autres marins des environs et Tommy répondait normalement en ayant tout lien avec cette affaire. Aucune preuve, aucun témoin. Pire, aucun indice matériel, pas même le corps des jeunes femmes ne permettait de relier Reco ou quiconque à leur disparition. L'affaire avait été classée faute d'éléments et les touristes jamais retrouvés. Le 28 octobre 1960, sur une plage près de Propriane, Tommy et son frère Pierre pratiquent une méthode dangereuse et illégale. La pêche à la dynamite. Cette pratique était courante à l'époque, mais formellement interdite. C'est alors que la pêche a été cré qu'un garde maritime du nom de Joseph Casabianca surprend les frères Reco en flagrant délit. Joseph est un homme respecté et approprié, mais il est aussi et surtout le parrain de Tommy. Quand Tommy se rend compte que son parrain l'a vu, il dit à son frère de se cacher dans la cabine du bateau. Pris d'une colère noire, il démarre la barque de pêche et fonce vers Joseph en accostant sur la plage. Il débarque en prenant le fusil qu'il avait toujours près de lui, l'enclenche et n'entend même pas son parrain le supplier qu'il tire déjà une balle de chevrotis. Pour s'assurer de la mort du garde-côte, il le massacre à coups de crosse et le finit avec une pierre lourde de 30 kilos. Au petit matin, le corps de M. Casabianca est retrouvé après qu'on ait signalé sa disparition. Les gendarmes constatent alors avec effroi le cadavre du brave homme qu'ils connaissent sûrement. Dans ce village de Propriano, c'est la consternation. Et déjà, le nom de Tommy Rico circule et la rumeur renfle. En effet, les enquêteurs avaient découvert des débris de bois peints en vert, ce qui pourrait correspondre à la crosse de son fusil. Qui d'autre que lui aurait pu tuer un homme si gentil ? Qui, malgré son métier de garde-pêche, n'avait jamais mis une amende à qui que ce soit. Pourtant, lors de l'enterrement de Joseph Casabianca, Tommy porte son cercueil. Mais des éléments de l'enquête viendront très tôt confirmer ce qui n'était alors qu'un écho villageois. Pierrot Reco, qui était avec son frère le soir du meurtre, est entendu par les policiers quelques jours plus tard. Sous la pression et les menaces d'inculpation, il flanche. Il dénonce son frère, raconte tout dans les moindres détails et explique comment ils étaient rentrés au port après avoir jeté à la mer le fusil qui avait servi à tuer Joseph Casabianco. Tommy Reco est arrêté fin novembre 1960 et placé en garde à vue. Interrogé, il parle d'abord d'une altercation, d'un moment d'affolement, mais la thèse de la légitime défense ne tient absolument pas la route. Reiko avoue à demi-mot puis se rétracte le lendemain, ce qui rend la décision d'inculpation compliquée. Mais l'information judiciaire ouverte s'appuie sur les expertises balistiques, les analyses du corps, le témoignage des autres pêcheurs, la réputation de Reiko et surtout sur le témoignage de son frère. Tous les faits l'accusent. L'instruction établit que Reiko a tiré, qu'il a ensuite voulu achever méthodiquement son parrain et qu'il a volontairement tenté d'effacer les traces en jetant le fusil à la mer. Tommy Reiko est donc inculpé pour meurtre avec préméditation. et écroué à la maison d'arrêt d'Ajaccio en attendant son procès. Le procès s'ouvre le 6 décembre 1962, deux ans après les faits. Tommy comparaît pour la première fois devant les jurés qu'il a 28 ans. Il est accusé du meurtre de son propre parrain, un salarié de l'État, tué dans l'exercice de ses fonctions. La cour retient l'accusation de meurtre avec préméditation. Devant le juge, Tommy Récaud avoue. Mais il nie toute circonstance aggravante. Sa défense le décrit d'homme simple et dépassé, teinté d'impulsivité mal contenue. Mais après les réquisitions, les jurés délibèrent et le verdict tombe. Joseph Thomas Recault est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est reconnu coupable de l'assassinat de son parrain et est enfermé le 8 décembre 1962. Les années qui suivent la première incarcération de Tommy ne laisseront aucun répit à la famille Recault. Comme si le destin s'acharnait, les malheurs s'accumulent, les coups du sort et les tragédies se succèdent sans pause.

  • Speaker #2

    Toussaint Récaud, corailleur du Valenco, premier prud'homme pêcheur de Propriano n'est plus. Victime non pas comme on l'appréhendait d'un accident de plongée profonde mais d'un absurde coup de feu.

  • Speaker #1

    En 1973, alors que Tommy est toujours en prison pour purger sa peine, son frère Ernest Toussaint Récaud, plongeur confirmé qui travaillait aux côtés du célèbre commandant Cousteau, meurt brutalement lors d'une violente altercation familiale. Au cours de cette dispute, son propre beau-frère lui tire dessus et le tue. Trois ans plus tard, c'est Pierre Reco, le frère qui avait dénoncé Tommy en 1960, qui tombe sous les balles. Parti péché comme à son habitude, il rentre au port sans se douter que deux hommes cagoulés l'attendent sur le rivage. Ils abattent froidement le frère de Tommy avant de disparaître. D'abord interprété comme une probable vindette, le meurtre révélera plus tard que Pierre fréquentait le milieu proprieranné dans lequel les règlements de comptes étaient courants. Dans le Valienco. certains se souviennent alors d'une ancienne croyance, celle de la malédiction de la tortue. Une légende proprianaise transmise à voix basse depuis des décennies. On raconte que le père de Reiko aurait découvert une tortue géante échouée sur la plage du phare. Tandis que le village souhaitait le remettre à la mer, il l'aurait décapité à la scie avant de transformer sa carapace en berceau. Un berceau utilisé pour chacun des 11 enfants de la famille. Et de cette histoire transmise comme un avertissement, serait né ce que les anciens appellent encore aujourd'hui La malédiction de la tortue. Selon ceux qui y croient, cette faute originelle aurait marqué la famille Gusteau du Malheur. Une malédiction lente, tenace, qui reviendrait frapper génération après génération. Alors, lorsque les drames commencent à s'enchaîner, beaucoup y voient la confirmation de cette vieille histoire. Et si on ajoute à cela la mort de Francine Récaud, suite à une chute dans les escaliers et d'un nourrisson en bas âge, forçait de constater que cette malédiction pèse, comme si la fatalité, patiente et implacable, poursuivait les récots depuis ce geste commis autrefois sur cette plage proprianaise. Paul-Louis Récaud, fils de Tommy né en 1956, raconte dans l'émission Justice sur Viastil.

  • Speaker #3

    On ne comprend pas trop, on va dire ton papa est parti, il va revenir. Il revient quand papa ? Il fait le tour du monde, il voyage, il va revenir bientôt, ne t'inquiète pas. Et je l'ai appris, j'avais dix ans ici. Un vieux vieil veuille du village qui m'a dit, « Poupou, venez là, je vais te dire quelque chose. Il faut que tu le saches. » Je lui dis, « Passe, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? » « Tu sais, tu es le fils de Réco. » Tommy Rekou, il a tué des gens, il a tué une personne, il a pris un dos comme ça et comme ça. Alors là, je crois que le ciel m'est tombé sur la tête, je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne sais pas, c'est pas possible. Je suis parti dans le maquis, j'ai pleuré de tout ce que j'ai pu pleurer, de toutes les larmes de mon corps, c'était atroce.

  • Speaker #1

    En 1966, une décision présidentielle obscure réduit la peine de Tommy Récaud. Cette mesure, ajoutée à son comportement jugé correct en détention, ouvre la voie à sa libération conditionnelle en 1977, assortie d'une interdiction formelle de revenir en Corse. Après 17 ans de prison, il est envoyé sur le continent pour se réinsérer. A Marseille, il est embauché par une société de livraison de matériel de plongée et mène une vie discrète, presque banale en apparence. Pour l'administration pénitentiaire, le dossier est clos. Reco était un détenu facile à vivre et sa réhabilitation éclaire le prouve. Pourtant, sous cette façade, quelque chose couvre. Deux ans plus tard, à Béziers, la violence refera surface. Cette fois, elle frappera par trois fois. Nous sommes le 23 décembre 1979, en fin de journée, dans le supermarché Mammouth de Béziers. Comme partout à l'approche de Noël, le magasin ferme après une longue journée et de forte affluence. Trois caissières se retrouvent dans une petite salle de comptage occupée à rassembler la recette du jour. A ce moment-là, Tommy Reco se trouve dans les couloirs de service, il connaît les lieux. Il y avait déjà effectué des livraisons et avait réussi à observer les habitudes des employés. Il parvient alors à pénétrer la salle de comptage, l'espace est restreint et les trois caissières ne s'attendent à rien. La suite est rapide et brutale. Réco ouvre le feu et tue les trois femmes d'une balle chacune dans la tête sans même les laisser parler. Il récupère alors l'argent, environ 400 000 francs selon les estimations de l'époque, et quitte les lieux sans attirer l'attention, profitant du désordre habituel des fermetures de fin d'année. Ce 23 décembre 1979, en quelques minutes, trois caissières sont abattues et le mammouth de Béziers devient la scène d'un triple meurtre qui marquera durablement la région et déclenchera l'une des enquêtes criminelles les plus importantes de France.

  • Speaker #4

    C'est pour l'univers 13h, Mammouth de Béziers, et trois employés féminines ont été tués par balle. L'enquête continue.

  • Speaker #1

    Les policiers arrivés sur place sont sidérés. René Chamayou, 28 ans, Josette Alcaraz, 27 ans, et Sylvette Morel, 30 ans, sont retrouvées mortes avec chacune, une balle logée dans le crâne.

  • Speaker #5

    Je suis arrivé, ça devait être d'aller 19h01 à Béziers. sur le parking du magasin. Bien sûr, il y avait les incenses, les pompiers, la police. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et elle me dit, non mais ils ne sont plus là. Et je suis allé chercher ma femme le 24 décembre au soir à la morgue. Et le jour de Noël, le 25, chez moi, j'avais un cercueil.

  • Speaker #1

    Mais l'enquête sur le triple meurtre de Bézé n'avance pas. Les enquêteurs tournent en rond et les recherches ne donnent rien. Rien ne semble inquiéter Tommy Récaud. Il vit alors toujours en Provence et rien dans son comportement ne laisse penser qu'il se sent recherché ou menacé. Mais moins d'un mois plus tard, le 18 janvier 1980, un nouveau drame survient à Carquerane, près de Toulon. Ce jour-là, Réco se présente chez un couple qu'il connaît, les Le Goff, sans doute pour régler un différent personnel. La discussion tourne rapidement à l'altercation. Il bat d'abord Gilles Le Goff puis leur voisin M. Courtrix venu voir ce qui se passait après avoir entendu du bruit. Il tue ensuite froidement Sandrine, la fille de Gilles, une fillette de 11 ans qui venait de passer un appel téléphonique. Averti par la femme du voisin, inquiète de ne pas voir son mari revenir, les gendarmes arrivent sur place et découvrent trois corps. Ceux de Gilles Le Goff, de sa fille Sandrine et de M. Courtrix. Trois victimes supplémentaires presque en pleine journée, sans fuite organisée ni mise en scène. Le mode opératoire est net, rapide, sans véritable plan et identique à celui constaté à Béziers. Une balle dans la tête de chacune des trois victimes. Cette fois, les enquêteurs recoupent leurs informations. L'appel passé par la fillette est retrouvé. Cherchant à joindre sa mère, elle est tombée sur la directrice du centre où elle travaillait. Terrifiée, elle lui aurait confié que quelqu'un voulait du mal à son papa. Et que ce quelqu'un, c'était le cousin de René. Un détail qui rapidement orientera les enquêteurs vers Tommy Récaud. Les gendarmes cherchent alors à identifier ce René mentionné par la fillette. Ils découvrent rapidement que Tommy Reco a bien un cousin portant ce prénom et que celui-ci connaît le père Le Goff. L'enquête se resserre aussitôt, les recoupements convergent et les éléments s'accumulent contre Reco. L'affaire avance vite tant les indices sont concordants. Dès le lendemain, il est interpellé à Marseille. Au cours de sa garde à vue, un gendarme parvient à le faire parler. Reco passe aux aveux. Il explique froidement avoir tué les trois personnes à la villa de Carquerane parce qu'il souhaitait acheter une arme à Gilles Le Goff. qui refusait de conclure la vente. Une dispute aurait alors éclaté, au cours de laquelle il abat le père de famille. En sortant, il croise le voisin, venu voir ce qui se passait, et lui tire une balle dans la nuque pour ne laisser aucun témoin. Enfin, s'étant retrouvé face à la fillette, il déclare avoir paniqué avant de la tuer, sans, dit-il, l'avoir réellement voulu. Mais fidèle à ses contradictions, Rico se rétracte quelques jours plus tard et clame son innocence. Il crie au scandale, dénonce une machination et accuse même les gendarmes de l'avoir forcé à parler et de l'avoir violé. Les enquêteurs sont alors contraints à devoir trouver de nouvelles preuves. Les analyses balistiques établissent alors un lien direct entre la tuerie de Bézier et celle de Carquerat. Le mode opératoire avait déjà attiré l'attention, mais ce sont désormais les douilles qui confirment la connexion. Le même calibre d'un revolver Smith & Wesson a été utilisé dans les deux affaires. D'autres éléments s'ajoutent rapidement. De la boue provenant du terrain des Legoff est retrouvée sur ses bottes, et un témoin, après avoir vu son portrait aux yeux bleus perçant dans la presse, se présente à la gendarmerie pour l'identifier comme l'auteur du braquage du mammouth de Bézier. L'ensemble des indices convergent vers Tommy Récaud. Pourtant, lors de son procès devant la cour d'assises de Draguignan en 1983, il continue d'affirmer qu'il est innocent.

  • Speaker #6

    Je suis innocent, sans pour ça. Je suis victime d'ignorance de la promenade de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je ne parlais pas de Corée à travers. Je ne dis pas de Corée à travers. Je suis innocent. Je suis innocent.

  • Speaker #1

    Réco persiste à se dire innocent, allant même jusqu'à se comparer à Jésus-Christ, condamné à tort. Il en profite pour mettre la pression sur les jurés, leur intimant d'être raisonnable. A plusieurs reprises, il coupe la parole du président de la cour d'assises, répétant qu'il est victime d'un complot. La scène est surréaliste, lunaire même. Elle fait le tour des médias de l'époque et reste encore visible aujourd'hui dans les archives audiovisuelles.

  • Speaker #7

    Dans la salle, c'est l'effervescence permanente. La mère de Tommy Récaud, qui défend son fils, est prise à partie par les familles de victimes. Le procès devient un spectacle.

  • Speaker #8

    Il va avoir un comportement tellement insupportable que, à un moment donné, je crois que c'est... L'époux de l'une des victimes de Béziers va lui jeter une chaussure à la figure. Il y a toute une mise en scène christique de la part de Tommy Rico. Il a les cheveux très longs, il a souvent les bras en croix, et quand je commence à plaider, inspiré sans doute par Dalila, il chantonne parole, Ce qui n'a absolument pas pour effet de me perturber, bien au contraire. Mais on se rend compte qu'il est dans une espèce de dérision morbide. Peut-être veut-il donner l'impression qu'il est fou, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Sur le parvis du tribunal de Draguignan, on crie au rétablissement de la peine de mort. Les avocats de Récaud sont conspués et atteints physiquement à chaque fois qu'ils sortent de l'enceinte juridique. Défendu par Paul Lombard, avocat pourtant renommé et connu pour faire acquitter la plupart de ses clients, Tommy Récaud est reconnu coupable des deux triples meurtres et écope de la peine maximale. Après son premier voyage en prison quelques années plus tôt, il est condamné une deuxième fois à la réclusion criminelle à perpétuité.

  • Speaker #9

    Parce que je le dis bien aujourd'hui, Récaud fera mal encore. Parce que je vous dis une chose, c'est que le jour où ma femme est rentrée, comme on dit dans le caveau, je lui ai dit je te vengerai. que ça ne déplaise à qui que ce soit, si Réco un jour retrouve la liberté, vous voyez, je ne m'en cache pas, je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un assassin, mais croyez-moi, je ne laisserai pas un jour de liberté. Même dans 18 ans, si comme on dit, j'ai les pieds sur terre, j'irai au-devant de Réco.

  • Speaker #1

    Après sa condamnation de 1983, Tommy Reko passe le reste de sa vie derrière les barreaux. Il multiplie les demandes de remise en liberté, toutes rejetées. La dernière, déposée dans les années 2020, invoquait son grand âge et son état de santé déclinant. Mais la justice estime alors que la dangerosité demeure et refuse à nouveau sa libération. Les drames familiaux, eux, avaient continué de s'accumuler autour de lui. Son frère aîné, Antoine, avait été condamné pour un double meurtre commis sur deux touristes appropriés à nous, ajoutant un chapitre tragique supplémentaire à l'histoire déjà lourde de sa famille. Leur mère, elle, Meurt plus tard lors d'un pèlerinage à Lourdes, comme un coup du sort envoyé directement par le ciel. Reiko termine sa vie en prison après plus de 60 ans d'incarcération. En 2024, en raison de son état de santé dégradé, Il est transféré du centre pénitentiaire de Borgaux vers un établissement spécialisé de Marseille. Il y meurt le 20 novembre 2025 à l'âge de 91 ans. A sa disparition, il est le plus vieux détenu de France, symbole d'une trajectoire criminelle qui n'aura jamais quitté les murs de la prison. En définitive, Tommy Reko apparaît comme un homme d'un autre temps, étranger aux règles et aux limites de la société contemporaine, alignant les victimes pour ne pas se faire démasquer. Un homme mu par une violence brute, archaïque et irréfléchie, qui n'a jamais trouvé sa place ailleurs que dans la transgression. Sans doute, dans un autre siècle, aurait-il été projeté sur des champs de bataille, où cette force et cette brutalité auraient pu s'exprimer contre d'autres hommes de son gabarit, plutôt que de s'abattre sur des innocents. Sous-titrage

Description

Tommy Recco.
Le nom résonne encore comme un vertige dans l’histoire criminelle française. Un homme à la fois terrifiant, insaisissable, et d’une violence presque primitive. Un homme qui, jusqu’au bout, a proclamé son innocence… tout en laissant derrière lui l’un des dossiers les plus déroutants du XXᵉ siècle. Dans cet épisode, je vous raconte : l’itinéraire d’un tueur hors normes, les scènes de procès qui ont marqué les chroniqueurs, le rôle central de sa mère, figure tragique et déchirante, ses dernières années, ses demandes de libération, et la fin d’un homme devenu le plus vieux détenu de France. Au-delà du fait divers, c’est une plongée dans une époque, une justice, et une humanité qui vacille. Un récit où se mêlent fatalité, incompréhension… et un portrait de violence brute. Bienvenue dans une histoire que beaucoup préfèrent oublier.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mesdames, Messieurs, bonsoir, soyez les bienvenus sur France 3 Corse, Via Stella Dans l'actualité, le décès du plus vieux détenu de France, Tommy Récaud, est mort à l'âge de 91 ans. Originaire de Propriano, il avait été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait par ailleurs déposé une vingtaine de demandes de remise en liberté qui lui ont toujours été refusées. Nous reviendrons sur son parcours judiciaire dans ce journal.

  • Speaker #1

    Joseph Thomas Recco plus connu sous le nom de Tommy Recco, plus vieux prisonnier de France, condamné deux fois à la perpétuité et ayant échappé de peu à la peine capitale, vient de passer l'arme à gauche ce jeudi 20 novembre 2025. L'occasion pour le podcast Dynastia de revenir sur sa vie. Né au bord des rivages du Valinque ou dans un petit village de pêcheurs où les filets sèchent au soleil et où les noms de famille portent l'odeur du sel marin, Tommy Récaud était connu comme un fils de pêcheur parmi d'autres. Un enfant qui a probablement grandi trop vite, habitué à la rudesse du travail et au silence du large. Mais rien ne destinait le petit Récaud à devenir l'un des criminels les plus redoutés de France. Et pourtant, au fil des années, sa vie est devenue un calvaire qu'il s'est lui-même infligé. La pauvreté, les violences contenues. et les mauvaises décisions n'ont pas arrangé son tempérament et les autorités n'ont jamais semblé pouvoir le maîtriser réellement. Dans les dédales des prisons qu'il a visitées dans les couloirs des commissariats, on le surnommait Géronimo à cause de ses longs cheveux, de sa carrure imposante et de sa nature fougueuse et sauvage. En fait, il ressemblait à peu de choses près à un chef de tribu amérindien, sauf que lui, il portait des costards. Un homme d'un autre temps, somme toute. En Corse, certains destins s'inscrivent dans la pierre. d'autres s'effondrent sous leur propre poids. Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire d'un homme brisé, d'un tueur impitoyable et de sa vie rongée par la violence. Voici l'histoire d'un homme dont le nom, encore aujourd'hui, évoque un mélange singulier de peur, de fascination et de malaise. Voici l'histoire de Tommy Reko. Notre histoire commence le 10 mai 1934 à Propriano, au cœur du golfe du Valinque, où là, dans ce village battu constamment par les vents marins, vient au monde un certain Joseph Thomas Recault. Il pousse son premier cri au milieu d'une large fratrie de 11 enfants dans une famille de pêcheurs qui tient une modeste poissonnerie sur le port. A 13 ans, alors que d'autres enfants sont encore sur les bancs de l'école, Tommy, comme on le surnomme, est déjà sur la barque familiale, en train de caler les filets avec son père. C'est dans ce décor, entre l'odeur du poisson frais et celle du gasoil que se forge l'homme qu'il deviendra, un homme marqué par la rudesse du quotidien et la nécessité. De cette enfance pourtant austère, rien ne laissait présager le carnage à venir. Au milieu des années 50, Tommy accomplit son service militaire dans la marine nationale. Il entre dans le peloton des nageurs de combat et revient médaillé en Corse pour ses aptitudes physiques. A son retour, il reprend le bateau de son père vieillissant et repart en mer au large des côtes proprianaises, parfois avec ses frères. Il se marie avec une certaine Giselle et de cette union naît un fils, Paul-Louis, en 1956. L'été, Tommy a pris pour habitude d'embarquer sur son bateau quelques belles touristes de passage. Il leur montre la pêche à la langouste et joue probablement les marins charmeurs. Une vie simple en apparence, mais en 1960, tout bascule. Quelques mois plus tôt déjà, en 1959, deux jeunes touristes allemandes disparaissent dans le golfe d'Ajaccio. à cette époque. La Corse n'est pas encore l'Eldorado touristique que l'on connaît aujourd'hui. Les routes sont rares, les plages isolées et la mer n'appartient qu'aux pêcheurs du coin. Les gendarmes avaient cherché les disparus, mais toutes étaient demeurées introuvables. Les hommes chargés de l'enquête avaient pourtant plusieurs pistes. C'était pour eux soit un accident, soit une fugue, soit une mauvaise rencontre. Mais aucun témoin ne s'était présenté à eux. Parmi les personnes interrogées, comme c'était la procédure, figurait Tommy Reco. Il était connu sur le port de Propriano pour embarquer des touristes sur son bateau. Pendant que les recherches se poursuivaient, Les gendarmes l'entendaient comme d'autres marins des environs et Tommy répondait normalement en ayant tout lien avec cette affaire. Aucune preuve, aucun témoin. Pire, aucun indice matériel, pas même le corps des jeunes femmes ne permettait de relier Reco ou quiconque à leur disparition. L'affaire avait été classée faute d'éléments et les touristes jamais retrouvés. Le 28 octobre 1960, sur une plage près de Propriane, Tommy et son frère Pierre pratiquent une méthode dangereuse et illégale. La pêche à la dynamite. Cette pratique était courante à l'époque, mais formellement interdite. C'est alors que la pêche a été cré qu'un garde maritime du nom de Joseph Casabianca surprend les frères Reco en flagrant délit. Joseph est un homme respecté et approprié, mais il est aussi et surtout le parrain de Tommy. Quand Tommy se rend compte que son parrain l'a vu, il dit à son frère de se cacher dans la cabine du bateau. Pris d'une colère noire, il démarre la barque de pêche et fonce vers Joseph en accostant sur la plage. Il débarque en prenant le fusil qu'il avait toujours près de lui, l'enclenche et n'entend même pas son parrain le supplier qu'il tire déjà une balle de chevrotis. Pour s'assurer de la mort du garde-côte, il le massacre à coups de crosse et le finit avec une pierre lourde de 30 kilos. Au petit matin, le corps de M. Casabianca est retrouvé après qu'on ait signalé sa disparition. Les gendarmes constatent alors avec effroi le cadavre du brave homme qu'ils connaissent sûrement. Dans ce village de Propriano, c'est la consternation. Et déjà, le nom de Tommy Rico circule et la rumeur renfle. En effet, les enquêteurs avaient découvert des débris de bois peints en vert, ce qui pourrait correspondre à la crosse de son fusil. Qui d'autre que lui aurait pu tuer un homme si gentil ? Qui, malgré son métier de garde-pêche, n'avait jamais mis une amende à qui que ce soit. Pourtant, lors de l'enterrement de Joseph Casabianca, Tommy porte son cercueil. Mais des éléments de l'enquête viendront très tôt confirmer ce qui n'était alors qu'un écho villageois. Pierrot Reco, qui était avec son frère le soir du meurtre, est entendu par les policiers quelques jours plus tard. Sous la pression et les menaces d'inculpation, il flanche. Il dénonce son frère, raconte tout dans les moindres détails et explique comment ils étaient rentrés au port après avoir jeté à la mer le fusil qui avait servi à tuer Joseph Casabianco. Tommy Reco est arrêté fin novembre 1960 et placé en garde à vue. Interrogé, il parle d'abord d'une altercation, d'un moment d'affolement, mais la thèse de la légitime défense ne tient absolument pas la route. Reiko avoue à demi-mot puis se rétracte le lendemain, ce qui rend la décision d'inculpation compliquée. Mais l'information judiciaire ouverte s'appuie sur les expertises balistiques, les analyses du corps, le témoignage des autres pêcheurs, la réputation de Reiko et surtout sur le témoignage de son frère. Tous les faits l'accusent. L'instruction établit que Reiko a tiré, qu'il a ensuite voulu achever méthodiquement son parrain et qu'il a volontairement tenté d'effacer les traces en jetant le fusil à la mer. Tommy Reiko est donc inculpé pour meurtre avec préméditation. et écroué à la maison d'arrêt d'Ajaccio en attendant son procès. Le procès s'ouvre le 6 décembre 1962, deux ans après les faits. Tommy comparaît pour la première fois devant les jurés qu'il a 28 ans. Il est accusé du meurtre de son propre parrain, un salarié de l'État, tué dans l'exercice de ses fonctions. La cour retient l'accusation de meurtre avec préméditation. Devant le juge, Tommy Récaud avoue. Mais il nie toute circonstance aggravante. Sa défense le décrit d'homme simple et dépassé, teinté d'impulsivité mal contenue. Mais après les réquisitions, les jurés délibèrent et le verdict tombe. Joseph Thomas Recault est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est reconnu coupable de l'assassinat de son parrain et est enfermé le 8 décembre 1962. Les années qui suivent la première incarcération de Tommy ne laisseront aucun répit à la famille Recault. Comme si le destin s'acharnait, les malheurs s'accumulent, les coups du sort et les tragédies se succèdent sans pause.

  • Speaker #2

    Toussaint Récaud, corailleur du Valenco, premier prud'homme pêcheur de Propriano n'est plus. Victime non pas comme on l'appréhendait d'un accident de plongée profonde mais d'un absurde coup de feu.

  • Speaker #1

    En 1973, alors que Tommy est toujours en prison pour purger sa peine, son frère Ernest Toussaint Récaud, plongeur confirmé qui travaillait aux côtés du célèbre commandant Cousteau, meurt brutalement lors d'une violente altercation familiale. Au cours de cette dispute, son propre beau-frère lui tire dessus et le tue. Trois ans plus tard, c'est Pierre Reco, le frère qui avait dénoncé Tommy en 1960, qui tombe sous les balles. Parti péché comme à son habitude, il rentre au port sans se douter que deux hommes cagoulés l'attendent sur le rivage. Ils abattent froidement le frère de Tommy avant de disparaître. D'abord interprété comme une probable vindette, le meurtre révélera plus tard que Pierre fréquentait le milieu proprieranné dans lequel les règlements de comptes étaient courants. Dans le Valienco. certains se souviennent alors d'une ancienne croyance, celle de la malédiction de la tortue. Une légende proprianaise transmise à voix basse depuis des décennies. On raconte que le père de Reiko aurait découvert une tortue géante échouée sur la plage du phare. Tandis que le village souhaitait le remettre à la mer, il l'aurait décapité à la scie avant de transformer sa carapace en berceau. Un berceau utilisé pour chacun des 11 enfants de la famille. Et de cette histoire transmise comme un avertissement, serait né ce que les anciens appellent encore aujourd'hui La malédiction de la tortue. Selon ceux qui y croient, cette faute originelle aurait marqué la famille Gusteau du Malheur. Une malédiction lente, tenace, qui reviendrait frapper génération après génération. Alors, lorsque les drames commencent à s'enchaîner, beaucoup y voient la confirmation de cette vieille histoire. Et si on ajoute à cela la mort de Francine Récaud, suite à une chute dans les escaliers et d'un nourrisson en bas âge, forçait de constater que cette malédiction pèse, comme si la fatalité, patiente et implacable, poursuivait les récots depuis ce geste commis autrefois sur cette plage proprianaise. Paul-Louis Récaud, fils de Tommy né en 1956, raconte dans l'émission Justice sur Viastil.

  • Speaker #3

    On ne comprend pas trop, on va dire ton papa est parti, il va revenir. Il revient quand papa ? Il fait le tour du monde, il voyage, il va revenir bientôt, ne t'inquiète pas. Et je l'ai appris, j'avais dix ans ici. Un vieux vieil veuille du village qui m'a dit, « Poupou, venez là, je vais te dire quelque chose. Il faut que tu le saches. » Je lui dis, « Passe, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? » « Tu sais, tu es le fils de Réco. » Tommy Rekou, il a tué des gens, il a tué une personne, il a pris un dos comme ça et comme ça. Alors là, je crois que le ciel m'est tombé sur la tête, je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne sais pas, c'est pas possible. Je suis parti dans le maquis, j'ai pleuré de tout ce que j'ai pu pleurer, de toutes les larmes de mon corps, c'était atroce.

  • Speaker #1

    En 1966, une décision présidentielle obscure réduit la peine de Tommy Récaud. Cette mesure, ajoutée à son comportement jugé correct en détention, ouvre la voie à sa libération conditionnelle en 1977, assortie d'une interdiction formelle de revenir en Corse. Après 17 ans de prison, il est envoyé sur le continent pour se réinsérer. A Marseille, il est embauché par une société de livraison de matériel de plongée et mène une vie discrète, presque banale en apparence. Pour l'administration pénitentiaire, le dossier est clos. Reco était un détenu facile à vivre et sa réhabilitation éclaire le prouve. Pourtant, sous cette façade, quelque chose couvre. Deux ans plus tard, à Béziers, la violence refera surface. Cette fois, elle frappera par trois fois. Nous sommes le 23 décembre 1979, en fin de journée, dans le supermarché Mammouth de Béziers. Comme partout à l'approche de Noël, le magasin ferme après une longue journée et de forte affluence. Trois caissières se retrouvent dans une petite salle de comptage occupée à rassembler la recette du jour. A ce moment-là, Tommy Reco se trouve dans les couloirs de service, il connaît les lieux. Il y avait déjà effectué des livraisons et avait réussi à observer les habitudes des employés. Il parvient alors à pénétrer la salle de comptage, l'espace est restreint et les trois caissières ne s'attendent à rien. La suite est rapide et brutale. Réco ouvre le feu et tue les trois femmes d'une balle chacune dans la tête sans même les laisser parler. Il récupère alors l'argent, environ 400 000 francs selon les estimations de l'époque, et quitte les lieux sans attirer l'attention, profitant du désordre habituel des fermetures de fin d'année. Ce 23 décembre 1979, en quelques minutes, trois caissières sont abattues et le mammouth de Béziers devient la scène d'un triple meurtre qui marquera durablement la région et déclenchera l'une des enquêtes criminelles les plus importantes de France.

  • Speaker #4

    C'est pour l'univers 13h, Mammouth de Béziers, et trois employés féminines ont été tués par balle. L'enquête continue.

  • Speaker #1

    Les policiers arrivés sur place sont sidérés. René Chamayou, 28 ans, Josette Alcaraz, 27 ans, et Sylvette Morel, 30 ans, sont retrouvées mortes avec chacune, une balle logée dans le crâne.

  • Speaker #5

    Je suis arrivé, ça devait être d'aller 19h01 à Béziers. sur le parking du magasin. Bien sûr, il y avait les incenses, les pompiers, la police. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et elle me dit, non mais ils ne sont plus là. Et je suis allé chercher ma femme le 24 décembre au soir à la morgue. Et le jour de Noël, le 25, chez moi, j'avais un cercueil.

  • Speaker #1

    Mais l'enquête sur le triple meurtre de Bézé n'avance pas. Les enquêteurs tournent en rond et les recherches ne donnent rien. Rien ne semble inquiéter Tommy Récaud. Il vit alors toujours en Provence et rien dans son comportement ne laisse penser qu'il se sent recherché ou menacé. Mais moins d'un mois plus tard, le 18 janvier 1980, un nouveau drame survient à Carquerane, près de Toulon. Ce jour-là, Réco se présente chez un couple qu'il connaît, les Le Goff, sans doute pour régler un différent personnel. La discussion tourne rapidement à l'altercation. Il bat d'abord Gilles Le Goff puis leur voisin M. Courtrix venu voir ce qui se passait après avoir entendu du bruit. Il tue ensuite froidement Sandrine, la fille de Gilles, une fillette de 11 ans qui venait de passer un appel téléphonique. Averti par la femme du voisin, inquiète de ne pas voir son mari revenir, les gendarmes arrivent sur place et découvrent trois corps. Ceux de Gilles Le Goff, de sa fille Sandrine et de M. Courtrix. Trois victimes supplémentaires presque en pleine journée, sans fuite organisée ni mise en scène. Le mode opératoire est net, rapide, sans véritable plan et identique à celui constaté à Béziers. Une balle dans la tête de chacune des trois victimes. Cette fois, les enquêteurs recoupent leurs informations. L'appel passé par la fillette est retrouvé. Cherchant à joindre sa mère, elle est tombée sur la directrice du centre où elle travaillait. Terrifiée, elle lui aurait confié que quelqu'un voulait du mal à son papa. Et que ce quelqu'un, c'était le cousin de René. Un détail qui rapidement orientera les enquêteurs vers Tommy Récaud. Les gendarmes cherchent alors à identifier ce René mentionné par la fillette. Ils découvrent rapidement que Tommy Reco a bien un cousin portant ce prénom et que celui-ci connaît le père Le Goff. L'enquête se resserre aussitôt, les recoupements convergent et les éléments s'accumulent contre Reco. L'affaire avance vite tant les indices sont concordants. Dès le lendemain, il est interpellé à Marseille. Au cours de sa garde à vue, un gendarme parvient à le faire parler. Reco passe aux aveux. Il explique froidement avoir tué les trois personnes à la villa de Carquerane parce qu'il souhaitait acheter une arme à Gilles Le Goff. qui refusait de conclure la vente. Une dispute aurait alors éclaté, au cours de laquelle il abat le père de famille. En sortant, il croise le voisin, venu voir ce qui se passait, et lui tire une balle dans la nuque pour ne laisser aucun témoin. Enfin, s'étant retrouvé face à la fillette, il déclare avoir paniqué avant de la tuer, sans, dit-il, l'avoir réellement voulu. Mais fidèle à ses contradictions, Rico se rétracte quelques jours plus tard et clame son innocence. Il crie au scandale, dénonce une machination et accuse même les gendarmes de l'avoir forcé à parler et de l'avoir violé. Les enquêteurs sont alors contraints à devoir trouver de nouvelles preuves. Les analyses balistiques établissent alors un lien direct entre la tuerie de Bézier et celle de Carquerat. Le mode opératoire avait déjà attiré l'attention, mais ce sont désormais les douilles qui confirment la connexion. Le même calibre d'un revolver Smith & Wesson a été utilisé dans les deux affaires. D'autres éléments s'ajoutent rapidement. De la boue provenant du terrain des Legoff est retrouvée sur ses bottes, et un témoin, après avoir vu son portrait aux yeux bleus perçant dans la presse, se présente à la gendarmerie pour l'identifier comme l'auteur du braquage du mammouth de Bézier. L'ensemble des indices convergent vers Tommy Récaud. Pourtant, lors de son procès devant la cour d'assises de Draguignan en 1983, il continue d'affirmer qu'il est innocent.

  • Speaker #6

    Je suis innocent, sans pour ça. Je suis victime d'ignorance de la promenade de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je suis le coup d'initiative de la FNAC. Je ne parlais pas de Corée à travers. Je ne dis pas de Corée à travers. Je suis innocent. Je suis innocent.

  • Speaker #1

    Réco persiste à se dire innocent, allant même jusqu'à se comparer à Jésus-Christ, condamné à tort. Il en profite pour mettre la pression sur les jurés, leur intimant d'être raisonnable. A plusieurs reprises, il coupe la parole du président de la cour d'assises, répétant qu'il est victime d'un complot. La scène est surréaliste, lunaire même. Elle fait le tour des médias de l'époque et reste encore visible aujourd'hui dans les archives audiovisuelles.

  • Speaker #7

    Dans la salle, c'est l'effervescence permanente. La mère de Tommy Récaud, qui défend son fils, est prise à partie par les familles de victimes. Le procès devient un spectacle.

  • Speaker #8

    Il va avoir un comportement tellement insupportable que, à un moment donné, je crois que c'est... L'époux de l'une des victimes de Béziers va lui jeter une chaussure à la figure. Il y a toute une mise en scène christique de la part de Tommy Rico. Il a les cheveux très longs, il a souvent les bras en croix, et quand je commence à plaider, inspiré sans doute par Dalila, il chantonne parole, Ce qui n'a absolument pas pour effet de me perturber, bien au contraire. Mais on se rend compte qu'il est dans une espèce de dérision morbide. Peut-être veut-il donner l'impression qu'il est fou, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Sur le parvis du tribunal de Draguignan, on crie au rétablissement de la peine de mort. Les avocats de Récaud sont conspués et atteints physiquement à chaque fois qu'ils sortent de l'enceinte juridique. Défendu par Paul Lombard, avocat pourtant renommé et connu pour faire acquitter la plupart de ses clients, Tommy Récaud est reconnu coupable des deux triples meurtres et écope de la peine maximale. Après son premier voyage en prison quelques années plus tôt, il est condamné une deuxième fois à la réclusion criminelle à perpétuité.

  • Speaker #9

    Parce que je le dis bien aujourd'hui, Récaud fera mal encore. Parce que je vous dis une chose, c'est que le jour où ma femme est rentrée, comme on dit dans le caveau, je lui ai dit je te vengerai. que ça ne déplaise à qui que ce soit, si Réco un jour retrouve la liberté, vous voyez, je ne m'en cache pas, je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un assassin, mais croyez-moi, je ne laisserai pas un jour de liberté. Même dans 18 ans, si comme on dit, j'ai les pieds sur terre, j'irai au-devant de Réco.

  • Speaker #1

    Après sa condamnation de 1983, Tommy Reko passe le reste de sa vie derrière les barreaux. Il multiplie les demandes de remise en liberté, toutes rejetées. La dernière, déposée dans les années 2020, invoquait son grand âge et son état de santé déclinant. Mais la justice estime alors que la dangerosité demeure et refuse à nouveau sa libération. Les drames familiaux, eux, avaient continué de s'accumuler autour de lui. Son frère aîné, Antoine, avait été condamné pour un double meurtre commis sur deux touristes appropriés à nous, ajoutant un chapitre tragique supplémentaire à l'histoire déjà lourde de sa famille. Leur mère, elle, Meurt plus tard lors d'un pèlerinage à Lourdes, comme un coup du sort envoyé directement par le ciel. Reiko termine sa vie en prison après plus de 60 ans d'incarcération. En 2024, en raison de son état de santé dégradé, Il est transféré du centre pénitentiaire de Borgaux vers un établissement spécialisé de Marseille. Il y meurt le 20 novembre 2025 à l'âge de 91 ans. A sa disparition, il est le plus vieux détenu de France, symbole d'une trajectoire criminelle qui n'aura jamais quitté les murs de la prison. En définitive, Tommy Reko apparaît comme un homme d'un autre temps, étranger aux règles et aux limites de la société contemporaine, alignant les victimes pour ne pas se faire démasquer. Un homme mu par une violence brute, archaïque et irréfléchie, qui n'a jamais trouvé sa place ailleurs que dans la transgression. Sans doute, dans un autre siècle, aurait-il été projeté sur des champs de bataille, où cette force et cette brutalité auraient pu s'exprimer contre d'autres hommes de son gabarit, plutôt que de s'abattre sur des innocents. Sous-titrage

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