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D'Kalé - Le podkast

Détak : un regard qui comprend, un lien qui soutient

Détak : un regard qui comprend, un lien qui soutient

47min |06/06/2025
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Description

🎧 Dans cet épisode, je tends le micro à celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre pour accompagner la santé mentale.


Je rencontre les membres du dispositif Détak, une ligne d’écoute et d’accompagnement dédiée aux personnes vivant avec des troubles psychiques. Ensemble, on parle de pair-aidance, de soutien humain, d’écoute à hauteur d’âme — et de ce que ça change, quand on n’est plus seul.e face à la tempête.

Au fil de l’entretien, je partage aussi mon propre vécu avec le trouble borderline, ce que cela signifie au quotidien, les hauts, les bas — et comment un lien, parfois, peut faire toute la différence.


Des échanges passionnants avec Claire, Félix, Eric, Cindy, Fabienne et Corinne, que je remercie.

Un épisode pour comprendre, pour ressentir, et peut-être, pour se reconnaître.


Dispositif Détak : 0262 737 737 (Ile de la Réunion)

Pour les professionnels : detak@apajh.re


Retrouvez Félix.B sur Spotify



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Elodie Maillot et aujourd'hui on va découvrir le dispositif DETAC porté par l'association LAPAGE de La Réunion qui offre un accompagnement aux personnes souffrant de troubles psychiques ainsi qu'à leurs proches et aux professionnels. J'ai rencontré une partie de l'équipe qui s'occupe de ce dispositif composé de travailleurs sociaux et de pairs aidants ensemble. Ils vont nous présenter le dispositif, ainsi que le métier de père aidant, et je leur expliquerai comment je vis le trouble de la personnalité borderline, dont je souffre. Bienvenue sur Décalé, où l'on recueille les témoignages de personnes inspirantes dont les vies peu ordinaires les font vivre hors du cadre, légèrement décalées. Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie d'être ici aujourd'hui dans vos locaux d'ETAC qui est porté par l'APAJ, donc l'association pour adultes et jeunes handicapés. Donc moi j'ai découvert votre dispositif il n'y a pas très longtemps et Et je l'ai trouvé vraiment super intéressant. que vous puissiez accompagner les personnes en situation de difficulté mentale ou de maladie mentale. Et donc, j'aimerais déjà faire un petit tour de table pour se présenter.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi je m'appelle Claire Lery, je suis psychologue et je travaille sur l'antenne Est du DETAC.

  • Speaker #2

    Bonjour, moi c'est Félix, je suis père aidant dans le DETAC dans l'espace Nord.

  • Speaker #3

    Bonjour, je m'appelle Egeke Lonan, je suis médiateur père dans le dispositif Métap Nord.

  • Speaker #4

    Bonjour, Cindy Gara, monétrice éducatrice sur le dispositif Nord.

  • Speaker #5

    Bonjour à tous, moi c'est Fabienne, je suis père aidante au niveau du dispositif Nord.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous, Corinne Occiovini, médiatrice père secteur Est.

  • Speaker #0

    Merci d'être tous là, ça me fait super plaisir de voir que vous êtes intéressés par mon podcast et que vous avez des choses à dire. Déjà, qui pourrait m'expliquer c'est quoi le dispositif DETAC ?

  • Speaker #1

    Le dispositif DETAC, piloté par la page, il s'adresse à toute personne qui à un moment dans sa vie rencontre une difficulté psy. Donc on intervient auprès de gens. sans notification, sans orientation MDPH, sans reconnaissance de quoi. C'est vraiment toute personne qui à un moment se retrouve en difficulté et qui aurait besoin un peu de soutien. Il y a une plateforme téléphonique, c'est un peu la porte d'entrée, c'est-à-dire qu'on a vraiment une ligne téléphonique où toutes les personnes, on peut appeler pour soi, ça peut être un aidant pour quelqu'un de son entourage, ça peut être un professionnel par rapport à quelqu'un qui l'accompagne et qui se retrouverait un peu en difficulté ou qui aurait besoin d'éclairage. Donc on propose la plateforme téléphonique, l'espace écoute, et ensuite si la personne le souhaite, on propose des rencontres, des interventions en binôme, c'est-à-dire soit un travailleur social, psychologue, avec un père aidant, et ensemble on va rencontrer la personne concernée, et avec elle on évalue les besoins, et ensuite on accompagne aux demandes de la personne du mieux qu'on peut. Ça peut être des demandes principales, il peut y avoir tout ce qui est quand même accès aux soins. Ça peut être sur des démarches administratives, ça peut être sur la vie quotidienne, ça peut être tout ce qui est en lien avec la vie sociale, retrouver, aller faire du sport, rencontrer des gens. Ça peut être en lien avec le logement, ça peut être en lien avec le transport. vraiment, la personne... et nous on s'annonce un peu ses difficultés si elle le souhaite, et nous on accompagne comme on le peut pour ensuite réorienter vers les partenaires principaux. Alors on ne reçoit pas dans nos locaux, mais on ne va pas forcément chez les gens, c'est eux qui choisissent le lieu de la rencontre. Ça peut être dans un parc, dans un café, au domicile effectivement. Voilà, c'est vraiment la personne qui choisit aussi.

  • Speaker #0

    Donc un endroit où elle se sent bien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en sécurité. Tout à fait.

  • Speaker #4

    Alors, on est joignable au 02 62 737 737, c'est par téléphone, ou par mail pour les partenaires au détac.apage.re.

  • Speaker #0

    Et moi ce qui m'interpelle beaucoup dans ce dispositif c'est la pérédance. Donc j'aimerais bien que un des pérédants m'explique ce que c'est.

  • Speaker #2

    Donc en fait la pérédance c'est une personne qui a une expérience avec une difficulté dans sa vie et par son expérience il va pouvoir accompagner quelqu'un qui rencontre cette difficulté. Et il y a vraiment à côté une figure d'espoir le fait que la personne en face elle a réussi déjà à affronter et à surmonter la difficulté.

  • Speaker #0

    Et comment toi tu es devenu père aidant ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, pour être père aidant, il faut être déjà sur un chemin de rétablissement. Il faut avoir une sorte de stabilisation parce qu'on ne peut pas pleurer avec les personnes qu'on accompagne. Il faut pouvoir aussi les aider à surmonter les difficultés, mais pas être dans la compassion, être dans l'empathie.

  • Speaker #0

    Et après il y a une formation, comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Le dispositif était expérimental au début, il a été en expérimentation pendant... deux ans. Et pendant cette expérimentation, on a été formé par l'IRSAM.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi, qu'est-ce qu'on vous a appris dans cette formation ?

  • Speaker #2

    Ce qui a été le plus important pour moi, c'était la posture professionnelle. Parce que quand on est père aidant, on n'a pas forcément, on n'a pas tous une expérience avec le milieu professionnel médico-social. Et du coup, on n'a pas forcément le côté posture professionnelle. on peut avoir des mots qui ne sont pas forcément adaptés au milieu professionnel.

  • Speaker #0

    Pour les autres, qu'est-ce qui vous a marqué dans cette formation, que vous avez appris, que vous ne connaissiez pas avant ?

  • Speaker #5

    En fait, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup marqué, c'est une infirmière qui nous avait fait une formation, qui nous disait comme ça qu'en fait, on avait chacun notre carte du monde. Par exemple, pour moi, je sais que la famille, elle est au centre de... de mes intérêts. Donc du coup, quand je vais lire ma carte du monde, c'est le premier truc que je vais voir. Mais qu'en allant voir la carte du monde de quelqu'un d'autre, la famille ne sera peut-être pas placée au même endroit.

  • Speaker #0

    Donc du coup,

  • Speaker #5

    l'importance de se dire qu'on va voir quelqu'un, mais il ne faut pas que je me dise que ma carte du monde, c'est sa carte du monde en fait. Donc c'est me mettre en retrait par rapport à ce que moi je suis et accepter l'autre avec ses différences. essayer de comprendre ses besoins à lui qui ne sont pas les mêmes que les miens.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile à mettre en place concrètement ? On va dire que ce n'est pas que c'est facile,

  • Speaker #5

    mais on fait avec parce qu'on ne connaît pas la personne en fait. Donc on ne peut pas la juger non plus, on ne peut pas dire que en regardant la personne, la famille c'est important pour lui, les amis c'est moins important, on ne sait pas. on va vers l'inconnu. Donc je pense qu'il faut du temps avec les différentes interventions qu'on a, ça nous permet de connaître la personne et de voir un peu plus ses centres d'intérêt en fait. Donc le fait de discuter et tout, ça nous permet d'avoir, même si ce n'est pas une carte du monde où on va dessiner précisément ce qui est plus important pour lui ou pas. on va le ressentir quand lui va parler en fait. Il y aura une sensibilité, une émotion qui fait qu'on va se dire « Ah ben là,

  • Speaker #0

    on a touché un point qui est sensible,

  • Speaker #5

    du coup on va approfondir un peu » et ça va créer une relation plus intime avec la personne en fait.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui vous plaît dans le fait d'être père aidant ?

  • Speaker #3

    Moi ce qui me plaît dans la paix aidante, C'est que on a passé... Un moment de notre vie de souffrance. Et cette souffrance-là, à force de travailler, de réfléchir, de passer toute sa journée, eh bien, ça m'a apporté du courage, de la persévérance. Et je me suis dit aussi, une fois j'étais dans ma chambre, je me suis dit « Eric, tu es malade, mais tes parents sont encore là » . J'avais des tentations de suicide, mais je ne l'ai pas fait. Quand ça me passait dans la tête, je me disais « Eric, oublie ça » . Mais là, j'étais vraiment dans un stade au début de la maladie. Je suis tombé malade, j'avais 19 ans. Aujourd'hui, j'en ai 51. Et j'ai passé dans des chemins, même mes amis sont passés dans des chemins qui nous ont renforcés, parce que moi ça m'a renforcé, ça m'a permis aujourd'hui de travailler dans le DETAT. Et ça m'a permis d'avancer encore un peu plus dans la vie. Avec les formations qu'on a eues, ça m'a vraiment plu. Et aujourd'hui, je suis là, je suis content.

  • Speaker #0

    Donc, ça t'a aidé toi-même dans ton cheminement ?

  • Speaker #3

    Oui, ça m'a aidé beaucoup dans mon cheminement. Aujourd'hui, je suis là, je suis fier d'être avec mes collègues et de partager cette expérience avec les gens qui en ont besoin.

  • Speaker #0

    Où est-ce que tu es apporté aux gens, aux malades ?

  • Speaker #3

    On va déjà écouter la personne. Les gens qui sont en psychique, qui prennent un médicament ou un traitement, ils sont obligés d'avoir un effet secondaire de ce médicament. Et cet effet secondaire-là, soit il est visible, soit il n'est pas visible. Quand on va à une intervention, des fois cette personne-là, elle a un signe, soit elle bouge de la tête, soit elle trempe des mains, soit dans sa parole, soit elle a un, comment on dit ça, un tic. Si moi je suis passé par ce chemin, je sais que cette personne-là aussi, elle a sa difficulté là, donc moi je lui donne des conseils. Au fil des interventions, cette personne-là, soit elle dit que ce monsieur-là me dit ça, parce que c'est vrai, c'est pas vrai. La deuxième fois qu'on va voir la personne, la personne dit bonjour monsieur, oui ça m'a aidé. Vous avez dit des choses qui m'ont vraiment touché et je vous remercie. Et moi, je dis que c'est normal. On est là pour vous aider et on aide la personne du mieux que possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, c'est compliqué ? Est-ce que ça fait écho à ce que vous avez vécu ? Ou bien vous arrivez à gérer ça ?

  • Speaker #6

    Pour avoir accompagné certaines personnes, effectivement, ça fait écho, ça fait résonance. chez moi, puisque elle vit ce que j'ai vécu, moi, il y a quelques années ou pas si longtemps que ça. Et il faut arriver, quelquefois j'arrive, quelquefois j'arrive pas, mais maintenant j'arrive beaucoup mieux à gérer mes émotions, parce que ça remonte et il faut que ça sorte. Parce que c'est tellement... Les années passent, mais ça reste ancré en nous. Et juste pour revenir, moi j'ai toujours été dans le médico-social. Et quand ça allait bien, on avait beaucoup d'amis, beaucoup de personnes qui nous entouraient, mais ce n'était pas forcément des personnes de qualité. Tout le monde sait que ce n'est pas la quantité qui compte. mais c'est la qualité. Et quand on traverse une situation familiale ou professionnelle qui nous touche et qu'on est au plus bas et qu'on tombe et on se dit « quand est-ce que le fond arrive ? » parce qu'on descend, descend, descend, mais il n'y a pas de fond, il n'y a plus personne autour de nous. Quand on a des parents qui nous soutiennent, mais ils comprennent, mais en même temps ils ne comprennent pas. parce que dans la culture, je dis rayonnaise parce que je suis rayonnaise, mais je pense que c'est partout dans le monde, quand on voit un psy, on est fou. Non, on n'est pas fou. On a besoin de parler, de mettre de l'ordre, de discuter et sortir de là, même si on n'a pas la réponse, la solution, mais le fait d'avoir pu en parler, ça fait du bien. Pour ma part, j'ai... pas mal d'amis qui me confiaient pas mal de choses. Et je faisais moi toujours la météo, je leur disais « comment tu te sens là maintenant ? » Après la discussion, je leur demande « comment tu te sens après ? » Elle me dit « ça va super bien, j'ai pu vider. Chez la psychologue, je dois payer et avec toi, ce qui est cool, je ne paye pas. » Et je suis bien. Et même avec les personnes qu'on accompagne, on fait un point météo en arrivant et en partant, ils se sentent beaucoup mieux. On n'a pas la solution, mais le fait d'avoir mis les choses à plat, d'avoir vidé, partagé, par rapport à mon parcours aussi, il y a eu pas mal de similitudes. Donc, ils voient qu'ils ne sont pas des cas à part. J'ai été concernée, ils sont concernés, on arrive à mettre des mots et à avancer. dit si je suis arrivé là, vous pouvez aussi vous projeter dans un avenir.

  • Speaker #2

    Pour moi, en fait, avant que je sois sur un parcours d'établissement, j'aurais bien aimé avoir un père aidant, justement. Ça n'existait pas encore, enfin pas à l'OGT en tout cas. Et c'est quelque chose qui m'aurait vraiment plu d'avoir un père aidant. Et du coup, c'est pour ça que je suis de la paire aidante aussi. C'est pour donner ce que je n'ai pas eu dans mes moments de crise ou des moments de souffrance psychique. Et en fait, ce qui est bien, c'est que quand on rencontre une personne qui a un trouble psy dans notre travail, on partage une réalité. Parce qu'on a tous une certaine réalité, que ce soit avec les troubles ou la vie personnelle, comme la religion ou n'importe quelle culture dans notre vie. Le fait de parler avec quelqu'un, ça crée du lien social. Et le lien social, c'est un peu la source de toute maladie. Le fait de ne pas avoir de contact avec d'autres personnes, de connecter la réalité avec une autre personne, d'être connecté à quelqu'un, ça recrée ce lien social et ça recrée un peu l'espoir.

  • Speaker #0

    Moi, je suis borderline. Et est-ce que vous, vous connaissiez ce trouble ?

  • Speaker #5

    Moi, personnellement, je connaissais ce trouble juste par rapport à une personne, parce que quand j'étais hospitalisée, j'entendais ce terme-là. Il s'est passé des choses avec cette personne qui m'ont donné quelques pistes, mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose, enfin, ce n'est pas une partie de la psychiatrie que je connais vraiment, en fait. Donc, non.

  • Speaker #2

    Moi je ne connais pas particulièrement ce trouble, mais je me suis un peu renseigné quand même. Parce que c'est quand même important de connaître pour nous les différentes pathologies. Et donc pour moi borderline c'est les états limites. C'est un trouble au niveau émotionnel. Ce n'est pas de la communication, c'est vraiment au niveau des émotions, la gestion des émotions. Et ce n'est ni des troubles de l'humeur, ni des psychoses, ni des névroses. C'est vraiment à part, c'est les troubles borderline de l'état limite.

  • Speaker #0

    Oui c'est ça, en fait on dit que c'est un trouble de la personnalité. Après moi je peux vous expliquer un peu comment je vis ce trouble là. Donc effectivement il y a une grande instabilité au niveau de l'humeur, c'est-à-dire que dans la même journée on peut se sentir très bien et après très très mal. Après on a des difficultés relationnelles avec les autres personnes. On a aussi du mal avec l'image qu'on a de soi, on peut se sentir vraiment quelqu'un de très bien et juste après totalement inutile, totalement nul, donc ça aussi beaucoup. Après, il y a aussi la peur de l'abandon qui est très très forte. Et aussi un sentiment de vide un peu permanent. Après, il y a aussi pour certaines personnes des colères intenses. Il peut y avoir aussi des impulsivités dans des domaines qui sont dangereux pour la personne. Ça peut être des achats compulsifs, ça peut être de la drogue, ça peut être le sexe. Il y a neuf en tout, je ne sais pas si j'ai fait le tour. Il y a aussi des dissociations. Donc c'est un état où soit on n'est plus en contact avec son corps, ça s'appelle la dépersonnalisation, ou soit on a l'impression de ne plus être dans la réalité, donc la déréalisation. Et je crois que j'ai fait le tour. En fait, il faut avoir au moins cinq de ces symptômes pour être diagnostiqué borderline, et il faut aussi que les symptômes soient importants et qui durent dans le temps. Parce que moi, souvent, ce qu'on me dit, c'est « mais tout le monde a ça » . Donc, effectivement, beaucoup de personnes peuvent avoir peur de l'abandon, par exemple. Sauf que chez les personnes borderline, par exemple, chez moi, c'est quasiment constant. Et même un tout petit événement peut déclencher ça. Quelque chose que quelqu'un a fait, quelque chose que quelqu'un n'a pas fait, ou juste, moi, un truc que j'imagine.

  • Speaker #2

    Je peux dire, le trouble borderline, c'est que tu trouves trois femmes pour un homme. C'est un trouble qui touche beaucoup plus de femmes que d'hommes.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. Et après, il se pourrait que les hommes aient moins tendance à exprimer leurs émotions, plus à cacher. Donc ça serait peut-être pour ça qu'il y a moins d'hommes diagnostiqués. Et en fait, pour revenir sur les origines du trouble, il y a une partie génétique, il y a une partie liée au vécu de la personne. Souvent, les personnes qui ont vécu des traumatismes, Mais par exemple, pour moi, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas vécu un gros traumatisme. C'est plus des petits éléments répétitifs tout le long de mon enfance. Après, les premiers symptômes se déclarent vers l'adolescence. Et on attend le début de l'âge adulte pour diagnostiquer ce trouble, parce qu'au niveau de l'adolescence, ça peut encore évoluer. Donc, il faut que les psychiatres préfèrent attendre que les personnes soient adultes pour le diagnostiquer. Et est-ce qu'il y a des questions que vous aimeriez me poser ?

  • Speaker #2

    Le trouble hors de langue, c'est proche de la bipolarité ou pas le trouble de l'humeur, le fait que vous disiez que des fois vous aviez des moments up et down.

  • Speaker #0

    Alors, comme dirait ma psychiatre, elle dit que c'est une petite cousine. Donc, c'est différent dans le sens où la bipolarité, c'est un trouble de l'humeur, et le trouble borderline, c'est un trouble de la personnalité. Un point commun, c'est que l'humeur varie beaucoup. La différence, c'est qu'il n'y a pas d'épisode maniaque chez les borderline. Donc, il y a des phases dépressives, des phases où on se sent très bien, mais il n'y a pas d'épisode maniaque.

  • Speaker #6

    Je voulais savoir au niveau du traitement médical, est-ce qu'il y avait des effets secondaires ? Est-ce que c'est réajustable ? Dans la vie de tous les jours, comment on le vit avec le traitement ?

  • Speaker #0

    Alors le traitement n'est pas obligatoire puisque c'est surtout la psychothérapie qui va aider la personne à se sentir mieux. Mais les médicaments aident souvent. Alors moi par exemple, ce que j'ai, c'est des antidépresseurs, des anxiolytiques. et un régulateur d'humeur. Donc les effets secondaires, ce sont ce que ces symptômes, ces médicaments provoquent en général. Chez moi, c'est surtout de la fatigue, enfin de très grande fatigue, qui est difficile à faire comprendre aux gens parce qu'ils pensent peut-être qu'on est paresseux ou qu'on n'a pas envie de faire des choses. Même dans le quotidien, dans le ménage, la cuisine, les gens ont un peu du mal à comprendre qu'on n'a aucune énergie, c'est pas un manque de volonté. ou d'envie de participer, c'est vraiment un épuisement total. Après, il doit y avoir d'autres effets secondaires, mais moi, c'est celui que j'ai principalement. Et oui, on peut réajuster le traitement au fil du temps. Par exemple, moi, ça fait quatre ans que je suis diagnostiquée, donc au fur et à mesure, on a changé de posologie et aussi de traitement pour le régulateur d'humeur, notamment. On a essayé plusieurs en fonction de ce qui m'allait le mieux ou pas.

  • Speaker #5

    Je voulais savoir par rapport à la gestion des émotions justement, comment vous faites par exemple quand vous êtes très en colère, comme maintenant vous concrétisez bien vos symptômes et tout, comment vous faites pour gérer les grosses colères ou sinon les grosses tristesses ?

  • Speaker #0

    Avec ma psychiatre, elle m'a donné des outils de thérapie comportementale. Donc j'ai une sorte de mini-protocole à appliquer. La première étape, c'est que je me mets en sécurité. Je m'isole, je me mets dans un endroit où je me sens en sécurité et bien. Ensuite, j'ai des petits outils pour faire baisser les émotions, pour calmer les émotions. Et ensuite, maintenant comme je suis un peu plus avancée dans mon cheminement, j'arrive à analyser la situation et déterminer qu'est-ce qui a déclenché cette émotion vive, parce que des fois c'est tellement petit. Moi j'ai l'impression que mon humeur change pour rien, alors qu'en fait il y a vraiment un élément déclencheur. Ça j'ai eu beaucoup de mal à accepter, parce que j'avais vraiment l'impression que mon humeur variait tout le temps, sans aucune raison. Et après la dernière étape, c'est d'essayer de comprendre de quoi j'ai besoin à ce moment-là, pour me sentir mieux. et qu'est-ce que je peux faire pour que la prochaine fois, ça soit plus facile à gérer ou moins important.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que vous pensez de la représentation du borderline par le grand public ? Parce que pour moi, je trouve que c'est plus diffuser les idées au niveau des polarités, de la schizophrénie, mais beaucoup moins, j'ai l'impression en fait, qu'on parle beaucoup moins d'état limite et de borderline dans les médias.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, c'est très peu connu par le grand public. Et même des fois dans le milieu, alors pas forcément médical, mais en tout cas dans les gens qui accompagnent, j'ai déjà rencontré des gens qui me disent « le trouble borderline, tout le monde a ça, ça passe » et que les personnes ne se rendent pas compte de l'impact au quotidien et de la souffrance très importante qu'il y a. Puisqu'il y a quand même des gens qui se suicident avec ce trouble. Et c'est vrai que c'est vraiment assez méconnu. Et moi j'ai cherché en fait, il n'y a pas longtemps, quelles sont les célébrités qui sont borderline. Et je n'ai pas trouvé de célébrité française. Donc il y a quelques célébrités américaines. Enfin il y a Van Gogh, qui n'est pas américain, mais après dans les américains il y a Amy Winehouse, Britney Spears, il y avait qui encore ? Marilyn Monroe et Angelina Jolie, voilà c'est ça. Mais après, ce que j'ai vu dans les articles sur Internet, ce n'est pas forcément les personnes qui se disent borderline, c'est surtout les gens autour qui déduisent qu'elles sont borderline. Donc du coup, ce n'est pas évident de savoir si elles le sont vraiment ou pas. Mais c'est vrai que ça, c'est aussi un... un élément qui montre que on n'en parle pas.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'ils ne sont pas diagnostiqués en France. C'est possible ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait possible. Parce que c'est un des troubles les plus compliqués à diagnostiquer. Parce que justement les symptômes sont très variés et que ça dépend vraiment de l'intensité chez les gens. Donc c'est vrai que c'est un peu plus... De ce que j'ai compris, ce serait un peu plus compliqué à diagnostiquer.

  • Speaker #3

    Du coup, j'avais une question à vous poser, c'était nous, le schizophrénie, on dit que ça déclare à partir de 19 ans, 18 ans pour moi, dans la jeunesse. Mais vous, ça a déclaré, vous avez 41 ans, est-ce qu'il y a un âge exprès, un âge que ça déclenche ?

  • Speaker #0

    Alors moi, j'ai été diagnostiquée à 41 ans, mais les premiers symptômes sont apparus à l'adolescence, vers 14-15 ans. C'est ce qui arrive en général, c'est des premiers symptômes à l'adolescence et après soit effectivement la personnalité évolue ou sinon ça se transforme en trouble. Donc du coup moi depuis l'âge de 15 ans jusqu'à 41 ans, soit je n'étais pas suivie, soit on me disait que j'étais dépressive. Et c'est seulement à 41 ans où j'ai eu une très grosse dépression, où j'ai été hospitalisée. à la clinique des Flamboyants pendant 4 mois et c'est là qu'on m'a diagnostiquée.

  • Speaker #5

    Et du coup, le fait d'avoir été diagnostiquée, qu'est-ce que ça a procuré chez vous en fait ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ça a été un grand soulagement de savoir ce que j'ai et de savoir que je ne l'ai pas inventé, que ce n'est pas de la paresse ou que ce n'est pas… On me disait aussi que j'étais soit lunatique, soit susceptible. Voilà, on me disait que j'étais susceptible. Et en fait, ça m'a rassurée. Bon, il y a bien un problème. C'est médical. Ce n'est pas juste moi qui n'arrive pas à m'intégrer dans le monde. Effectivement, j'ai du mal à m'intégrer dans le monde, mais il y a des vraies raisons. Et il y a un non dessus. Et s'il y a un non, c'est qu'il y a aussi une façon de le traiter et un espoir de me dire que je pourrais aller mieux après.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce podcast, ce n'est pas... un moyen de donner un sens à cette maladie, de la combattre, de mettre en lumière cette maladie qui n'est pas forcément connue par tout grand public, et de combattre, de croire en soi, de diffuser un peu un message qu'on n'est pas seul, qu'il y a d'autres personnes qui ont aussi cette maladie, qui peuvent avoir cette maladie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait ça. C'est pour ça que j'ai créé ce podcast, parce que je me disais, voilà, les gens, ils ne connaissent pas ce que c'est. Et en même temps, si on n'en parle pas, ça ne peut pas être connu. les personnes les mieux placées ce sont les malades eux-mêmes mais en même temps moi j'ai du mal à en parler donc du coup je suis passée par le podcast pour pouvoir en parler de manière un peu plus distante en fait c'est-à-dire que je ne parle pas aux gens directement devant moi je parle derrière un micro et mon podcast au départ il s'appelait Décalé parce que je ne voulais pas vraiment parler directement de ma maladie donc j'ai pris un peu plus large je me suis dit je vais parler de toutes les personnes un peu décalées Et là, récemment, j'ai beaucoup réfléchi à ça et je vais lancer un nouveau podcast qui va s'appeler « Vivre Borderline » où je parlerai uniquement du trouble borderline, de ce qu'on peut faire, ce que vivent les proches aussi, etc. Donc je vais, disons, assumer un peu plus ma maladie et d'en parler.

  • Speaker #2

    Ce podcast, c'est peut-être un moyen d'aller vers le rétablissement ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Ça fait partie du chemin de rétablissement, je pense. C'est une étape de se dire... J'accepte complètement. J'ai du mal à dire j'accepte, juste de le penser. C'est pas évident.

  • Speaker #2

    Ici, on est censé avoir juste accepté. Enfin, je parle pour les autres.

  • Speaker #0

    L'accepter c'est un grand mot, mais vivre avec c'est plus dur. De vivre avec et de gérer ça pendant toute sa vie, c'est autre chose. Parce que pour vous, vous dites, des fois j'ai des montées d'adrénaline, c'est dur à contrôler, des fois tu te renfermes. Et nous aussi c'est pareil, moi je me suis renfermé à chez moi pendant deux ans, au début de ma maladie. Je ne savais pas comment faire. Je prie le bon Dieu, ma mère me dit arrête de faire ça, mon frère me dit tu fais n'importe quoi. Bon, c'était pas mon but, c'était pas ma réaction normale. Du coup, à force de prendre le médicament, j'ai dit bah Eric, tu prends le médicament, tu es malade. C'est sûr que tu es malade. Donc maintenant, il faut que tu l'acceptes et que tu le vis avec. Sinon, qui va vivre avec ? C'est toi-même. Des fois, on est malade, nous on voit pas qu'on est malade. C'est les autres qui disent, ah lui il est bizarre. Il est pas bizarre, il est en train de vivre. une émotion de la journée, il se sent mal là tout d'un coup. Avec du recul dans la journée, il va trouver une solution. Moi, je trouve toujours une solution pour m'éclipser, pour oublier tout ça.

  • Speaker #1

    On parlait d'acceptation. Moi, il y a un mot qui m'interpelle, c'est la stabilisation. J'ai toujours un peu de mal avec ça. Est-ce que vous l'utilisez pour cette expression, c'est-à-dire être stabilisé ?

  • Speaker #2

    En fait, il y a la stabilisation au niveau chimique, c'est-à-dire quand le traitement donne un équilibre à la personne entre les troubles et les médicaments, le résultat des médicaments sur le corps, mais il y a aussi la stabilité émotionnelle aussi. Il y a aussi le travail, la vie sociale, tout ce qui est autour de l'humain, le lien social. Pour moi, c'est les deux, c'est un équilibre entre les médicaments et le lien social.

  • Speaker #3

    Moi je voulais juste revenir sur le fait d'acceptation. Moi par exemple, mes collègues, ils ne savent pas la maladie que j'ai en fait. Ils savent que j'ai un trouble psy, mais lequel ils ne savent pas. Donc je pense que c'est personnel, c'est pas parce que je ne parle pas de ma maladie que je n'ai pas accepté en fait. Donc c'est en fonction de chacun, je pense qu'on ne peut pas dire que... Enfin c'est mon avis personnel encore une fois, c'est que... Je pense être rétablie, j'ai des choses que je dois améliorer encore parce que quand je vais voir des bénéficiaires par exemple, j'ai l'impression qu'eux-mêmes vont mieux que moi en fait. Parce qu'il y a des choses que je vois que moi je n'arrive pas à faire. Donc je suis qui pour juger ? Je ne peux pas en fait. Pour moi je suis rétablie parce que je n'ai plus les symptômes, je me sens bien. Je ne suis plus hospitalisée. Il y a des signes qui montrent que ça va mieux. Mais je ne suis pas totalement rétablie, en fait. Il y a des choses qui restent que je dois continuer à m'améliorer. Mais le rétablissement, ce n'est pas quelque chose qui se dit « Ah ben, c'est tout au long de la vie, en fait. On peut rechuter, on ne sait pas ce qui peut se passer dans la vie, en fait. » Donc, le rétablissement, il n'est pas acquis. Le fait d'accepter, ce n'est pas une obligation non plus. On peut vivre avec sans avoir accepté. Donc du coup, parce que moi, par exemple, ma maladie, j'ai du mal à la partager parce que je ne dirais pas que ce n'est pas que je ne l'accepte pas, mais c'est que pour moi, c'est mon jardin secret en fait. Je ne suis pas ma maladie, donc les gens ne vont pas dire « ah ben ouais, c'est Fabienne, elle a telle pathologie » . Il y a des gens, des fois, ils arrivent devant moi, comme je donne une association, ils me demandent « oui, mais toi, t'as quoi ? » Et je trouve que c'est... entrer dans ma vie personnelle alors qu'on n'a pas le droit en fait. Je suis un être humain avant tout, je suis pas ma maladie encore une fois et je pense que moi ce que je leur dis c'est que écoutez, si le feeling passe entre nous, on peut discuter, il n'y a pas de souci, on peut parler de maladie, de ce que vous avez, de tout et de n'importe quoi mais vous n'avez pas forcément besoin de connaître ma pathologie pour dire elle c'est une bonne personne, elle c'est une mauvaise personne en fait. Je suis peut-être pas la même qu'il y a dix ans. Mais je suis ce que je suis et on me prend comme je suis. J'essaie de m'améliorer et voilà, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu fais une différence entre être rétablie et être stabilisée ?

  • Speaker #3

    Pour moi, stabiliser, c'est plutôt au niveau des médicaments. Parce que j'ai testé beaucoup de médicaments. Je pense que j'ai trouvé la stabilité à travers celui que je prends actuellement. Au niveau émotionnel, je pense être stable. Après, j'ai toujours... Par exemple, je suis parano. Ça, de ce côté-là, c'est quelque chose que je sais que c'est compliqué. Je ne suis pas stable à ce niveau-là. Après, pour moi, je ne suis pas stable. Toute ma vie n'est pas stable, en fait. Il y a des variations, j'ai des émotions et tout. Au niveau émotionnel, par exemple, j'ai retrouvé mes émotions. Chose que j'avais perdu avec certains médicaments. Donc du coup, je me sens plus vivante, en fait. Même si des fois, il y a des émotions que je devrais avoir, mais je ne les ai pas. ça me perturbe quand même, donc du coup c'est compliqué.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que ça donne du sens un peu à ta vie, le fait d'être pérédante. Ce que tu disais après, ça m'évoquait... Oui, quand tu disais que c'est le bénéficiaire qui est au centre, je me disais aussi qu'il faut arriver à ne pas s'oublier soi-même, parce qu'il faut d'abord être solide soi-même pour pouvoir aider les autres, et comment vous gérez ça ?

  • Speaker #0

    Pendant mon quotidien, soit je vais faire des courses, soit je vais courir un peu, soit je vais marcher, soit je vais voir des collègues, on regarde un film chez eux, tranquille. Voilà, moi je gère comme ça. Maintenant, je ne reste plus à la maison tout seul. Ça c'est clair. Si je rentre juste le soir pour dormir, à partir de 7h, 6h30, je suis à la maison. Je ne reste pas toute la nuit sur la route. Mais il y a un petit hic qui me dit, vas-y, là c'est temps, tu rentres. Tu es fatigué, tu as essayé d'en profiter, tu rentres chez toi, tu as la vaisselle à faire, tu as le manger à faire cuire, tu as les vêtements à laver, tu as les courses à faire, donc il faut gérer tout ça. Et des fois, je me sens tellement fatigué, tellement fatigué que je prends deux ou trois jours avant d'aller faire les courses, au lieu de bouger pour faire mes papiers. On a tout ça à gérer. Et en tant que malade, on le gère comme ça.

  • Speaker #2

    Alors du coup, je fais de la musique, ça m'a beaucoup aidé dans mon parcours de rétablissement. Et je fais du piano et je chante un petit peu, je compose et je fais des reprises arrangées à ma façon, avec ma touche personnelle et ce que j'aime dans la musique. Mon harmonisation entre classique et jazz. Et du coup, mon profil sur Spotify, c'est félix.b. F-E-L-I-X.B

  • Speaker #3

    Moi, personnellement, quand je sors du boulot, je sors du boulot en fait. Des fois, quand il faut envoyer un message au collègue, il n'y a pas de souci. On s'envoie un message quand il le faut, si on a besoin. Mais quand je sors du boulot, j'ai besoin de faire autre chose, de prendre l'air. J'ai beaucoup la religion, moi, personnellement, qui m'a aidée, qui m'aide toujours. Et après, c'est plutôt les sorties entre amis, en famille, où là, ça me permet de... d'évacuer en fait. Mais je ne parle pas du boulot forcément avec mes amis ou quoi que ce soit. Ce qui se passe au boulot, pour moi, ça reste au boulot en fait. Et ça me fait du bien. Quand je pars en vacances aussi, des fois j'y pense quand même au boulot. Mais il faut aussi qu'on s'accorde du temps pour nous parce que c'est important de ne pas ramener toutes les situations qu'on... qu'on entend parce qu'on entend des choses qui sont vraiment dures aussi. C'est-à-dire la vie des personnes, c'est quand même pas facile ce qu'elles vivent en fait. Et il faut... Nous, ce qu'on nous avait dit en formation en fait, c'est qu'il faut prendre un... Enfin, moi ce que j'avais retenu, c'est qu'il faut avoir un sac devant nous. On écoute en fait, bien sûr, mais qu'on ne comprenne pas pour nous directement. Il ne faut pas que ça nous touche, nous personnellement en fait. Donc on écoute, on écoute, mais que... On est cette distance, en fait. Ce n'est pas notre vie, c'est la vie des autres. On peut l'entendre, mais on n'est pas des éponges, en fait. Parce que si on commence à être des éponges, on ne va faire que pleurer avec les bénéficiaires. Et je pense que les bénéficiaires, ils n'ont pas besoin qu'on pleure avec eux. Ce n'est pas ça qui va les aider. Et puis après, je pense que c'est important aussi de ne pas être là aussi. Par exemple, moi, quand je partage des passages de ma vie, Je ne suis pas forcément dans la lamentation ou quoi que ce soit. On n'est pas dans cette partie-là, en fait. Donc, du coup, c'est vraiment, soit je disais que le bénéficiaire, on va l'écouter, on va partager notre expérience, mais on sait très bien que malgré nous, ce qu'on peut vivre actuellement, même s'il y a des périodes où c'est plus difficile pour nous, on va mettre une distance entre ce que l'on vit et ce que vit la personne elle-même, en fait, pour ne pas non plus impacter la personne par notre vécu à nous. De toute façon, nous, on n'est pas sauveurs, en fait. On ne sauve personne. On n'est que des êtres humains. Là, on peut apporter notre soutien. Mais si on n'est pas bien nous-mêmes, on ne peut pas aider l'autre. Donc, on prend soin de nous d'abord et après, quand nous, ça va mieux, on va aider les autres aussi.

  • Speaker #4

    Pour ma part, je travaille à mi-temps, ce qui est très appréciable parce que quand je viens travailler trois jours, semaines, je suis vraiment disponible et dans l'écoute. Et quand je pars, je me déconnecte. Même si je reçois, de toute façon j'ai dit, si je reçois un mail ou un texto, je ne réponds pas. Quand je suis partie, je suis partie. Mais quand je suis là, je suis là à 100% et ça me permet de revenir ressourcer.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te ressource ?

  • Speaker #4

    Quand j'arrive chez moi, c'est de passer du temps avec les gens que j'aime, faire du shopping ou du lèche-vitrine, pas forcément. acheter du lèche-vitrine, s'aérer la tête, être entre amis, partager un petit apéro ou même rester devant un bon film et se détendre. Ou moi, c'est la plage ou le jardinage qui me détend.

  • Speaker #2

    Alors l'appareil dansant, ce n'est pas fait pour toutes les personnes. C'est quelque chose, c'est un chemin qu'on prend quand ce n'est pas accessible. n'importe quelle personne qui sort de l'hospitalisation ou qui a un parcours psy. C'est vraiment une vocation qu'on choisit, on prend le temps de prendre le choix. On peut se rendre compte après que ce n'est pas notre voie, mais c'est un chemin qui n'est pas fait pour tout le monde. On ne peut pas dire, toi tu sors de ce pied, forcément tu peux devenir pérédant. C'est vraiment un chemin où il faut avoir une stabilité émotionnelle, une certaine rigueur aussi, de ne pas se laisser prendre par la résonance, pas résister, mais avoir un équilibre entre son vécu et son côté professionnel.

  • Speaker #4

    Lors de la formation, on a été sélectionnés pour intégrer cette formation-là. Et sur le parcours, il y a des gens qui étaient là au début, qui n'étaient pas stabilisés, qui n'étaient pas faits pour ça, ou alors ce n'était pas encore le bon moment. Donc ils sont partis et à l'heure actuelle, c'est encore le cas. Si on n'est pas stabilisés, si on n'est pas en accord, avec ce qu'on fait actuellement, on ne peut pas aider les autres.

  • Speaker #1

    Alors du coup, on a beaucoup parlé de l'épargne dense, mais c'est vrai que moi ça m'interpelle beaucoup. Mais je voulais revenir un petit peu sur le dispositif des TAC et avoir un peu votre ressenti en tant que travailleur social.

  • Speaker #5

    Alors moi, quand j'avais commencé, on était d'abord en formation plus de deux ans avec les collègues. Du coup, on détachait, auparavant on était vraiment affecté à notre propre poste professionnel dans des structures. Moi, j'étais une ancienne collègue de la fondation Perfavon. Du coup, il y avait six professionnels avec six pères aidants qui étaient détachés. une fois par semaine sur les interventions pour le DETA. Du coup, depuis l'année dernière, j'ai démissionné de mon poste pour intégrer le dispositif à plein temps. Aujourd'hui, comme d'autant je le dis avec mes collègues, moi je suis toujours en mode formation parce qu'on apprend toujours. J'apprends avec les collègues, j'apprends aussi par les missions, des interventions qu'on a avec les bénéficiaires. Pour moi, c'est un truc génial.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demandais si pour vous, en tant que psychologue, il y a une différence entre recevoir un cabinet et ce dispositif d'ÉTAC ?

  • Speaker #6

    Ah oui, le cadre étant différent, oui, ce n'est pas du tout le même type d'accompagnement. Alors déjà, au sein du dispositif, l'idée n'est pas de proposer un suivi psychologique par la psychologue du service. C'est vraiment de... Oui, effectivement, il y a l'espace écoute. Je peux apporter une certaine expertise du fait de ma formation, mais l'idée, c'est vraiment que ces personnes-là, ensuite, puissent retrouver un autre espace pour pouvoir travailler, si elles le souhaitent, avec un ou une psychologue. L'idée, ce n'est pas qu'on reste très longtemps sur la situation. C'est vraiment de pouvoir stabiliser les choses et puis de réouvrir, d'aider la personne à ouvrir d'autres portes pour quelque chose de plus pérenne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une limite en nombre d'interventions, de durée, ou bien ça dépend vraiment de la situation ?

  • Speaker #6

    Ça dépend vraiment des personnes. Il y a des accompagnements qu'on dit de courte durée, c'est-à-dire on les voit une fois ou deux sur vraiment des problématiques très précises, que ce soit une démarche administrative, des papiers peut-être à refaire, des rendez-vous de soins qui ont été annulés, donc on les reprend. Et voilà, la personne reprend son cours, mais de toute façon on reste en veille, elle peut nous recontacter à tout moment. Et il y a des accompagnements effectivement qui durent aussi beaucoup plus longtemps. Ça peut être une année. Après, c'est pareil. Il y a vraiment les interventions. Ça peut être de manière régulière, des fois avec une temporalité plus éloignée. Mais oui, ça peut durer un an, voire peut-être un peu plus.

  • Speaker #1

    On arrive presque à la fin. Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter et surtout quelque chose à dire aux personnes qui sont dans les situations de difficulté ?

  • Speaker #5

    Alors moi, ce que j'ai à dire, c'est qu'en gros, il faut que les personnes gardent espoir. La vie n'est pas terminée. Il faut toujours essayer. C'est un combat. Pour moi, la vie, c'est un combat. Il faut essayer de surmonter tout ça. C'est facile de dire quand la personne ne vit pas. C'est très compliqué pour la personne en lui-même qui est malade. Mais du moment où il y a une oreille, il y a un écoute, il y a un soutien, je pense que ces personnes peuvent s'en sortir.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas avoir honte et en parler. Parce que c'est des choses... qui touche le cœur, l'esprit. Et il faut vraiment en parler pour pouvoir libérer, un peu décharger émotionnellement toute la charge que les maladies apportent.

  • Speaker #3

    Du coup, moi, ce que je voulais dire, c'est que vous n'êtes pas seul, qu'on est là, on peut vous écouter. Et que ce que moi, je n'ai pas eu, j'aimerais pouvoir le donner. Et ce qu'on le fait, on le fait avec le cœur, en fait. On ne le fait pas parce qu'on est payé ou quoi que ce soit. c'est sûr que Voilà, c'est notre travail, mais on est là parce que vraiment, on a envie de faire avancer les personnes qui sont en souffrance psychique. Et moi, tout ce que je peux vous souhaiter, en fait, c'est de trouver la paix intérieure que moi j'ai trouvée aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ben, moi, ce que j'ai rajouté pour les gens qui sont en souffrance, c'est de persévérer, de prendre ses médicaments, même si c'est pas bien, même si... Si ça a un mauvais goût, même pour vous dire d'avoir des médicaments, ça sert à rien. Parce qu'on est tombé sur des cas comme ça, des gens qui ne voulaient plus prendre de traitement. Ils étaient en sort au soleil et tout. Il y avait des cas comme ça en 2017. Et nous, on respectait la religion. On les accompagnait au cimetière de poser un bouquet de fleurs. C'était là. C'était leur besoin. Donc, moi, ce que j'ai à dire, c'est que tout le monde peut être en bonne santé s'il suit bien son échéanement, qu'il persévère, que tous les jours, il se dise à la tête, je suis malade, mais je vais guérir bientôt. Je crois en tout ça et voilà.

  • Speaker #4

    Alors, notre dispositif DETAC, je voulais rajouter le petit point qui me tient à cœur, Merci. détacent le cœur, détacent la parole, détacent l'esprit. Et à mon sens, quand on associe tout ça, eh bien derrière, il y a juste la zénitude vers un meilleur.

  • Speaker #5

    Alors si Zotty veut que nous interviennes dans le lieu ou l'endroit que Zotty a décidé, chez Zotty ou un endroit neutre, n'hésite pas à appeler à nous au 02 62 737 737.

  • Speaker #1

    appel à nous merci beaucoup à tous c'est un super bel échange, j'ai beaucoup apprécié j'espère que vous aussi, à bientôt à bientôt, merci au revoir

Description

🎧 Dans cet épisode, je tends le micro à celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre pour accompagner la santé mentale.


Je rencontre les membres du dispositif Détak, une ligne d’écoute et d’accompagnement dédiée aux personnes vivant avec des troubles psychiques. Ensemble, on parle de pair-aidance, de soutien humain, d’écoute à hauteur d’âme — et de ce que ça change, quand on n’est plus seul.e face à la tempête.

Au fil de l’entretien, je partage aussi mon propre vécu avec le trouble borderline, ce que cela signifie au quotidien, les hauts, les bas — et comment un lien, parfois, peut faire toute la différence.


Des échanges passionnants avec Claire, Félix, Eric, Cindy, Fabienne et Corinne, que je remercie.

Un épisode pour comprendre, pour ressentir, et peut-être, pour se reconnaître.


Dispositif Détak : 0262 737 737 (Ile de la Réunion)

Pour les professionnels : detak@apajh.re


Retrouvez Félix.B sur Spotify



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Elodie Maillot et aujourd'hui on va découvrir le dispositif DETAC porté par l'association LAPAGE de La Réunion qui offre un accompagnement aux personnes souffrant de troubles psychiques ainsi qu'à leurs proches et aux professionnels. J'ai rencontré une partie de l'équipe qui s'occupe de ce dispositif composé de travailleurs sociaux et de pairs aidants ensemble. Ils vont nous présenter le dispositif, ainsi que le métier de père aidant, et je leur expliquerai comment je vis le trouble de la personnalité borderline, dont je souffre. Bienvenue sur Décalé, où l'on recueille les témoignages de personnes inspirantes dont les vies peu ordinaires les font vivre hors du cadre, légèrement décalées. Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie d'être ici aujourd'hui dans vos locaux d'ETAC qui est porté par l'APAJ, donc l'association pour adultes et jeunes handicapés. Donc moi j'ai découvert votre dispositif il n'y a pas très longtemps et Et je l'ai trouvé vraiment super intéressant. que vous puissiez accompagner les personnes en situation de difficulté mentale ou de maladie mentale. Et donc, j'aimerais déjà faire un petit tour de table pour se présenter.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi je m'appelle Claire Lery, je suis psychologue et je travaille sur l'antenne Est du DETAC.

  • Speaker #2

    Bonjour, moi c'est Félix, je suis père aidant dans le DETAC dans l'espace Nord.

  • Speaker #3

    Bonjour, je m'appelle Egeke Lonan, je suis médiateur père dans le dispositif Métap Nord.

  • Speaker #4

    Bonjour, Cindy Gara, monétrice éducatrice sur le dispositif Nord.

  • Speaker #5

    Bonjour à tous, moi c'est Fabienne, je suis père aidante au niveau du dispositif Nord.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous, Corinne Occiovini, médiatrice père secteur Est.

  • Speaker #0

    Merci d'être tous là, ça me fait super plaisir de voir que vous êtes intéressés par mon podcast et que vous avez des choses à dire. Déjà, qui pourrait m'expliquer c'est quoi le dispositif DETAC ?

  • Speaker #1

    Le dispositif DETAC, piloté par la page, il s'adresse à toute personne qui à un moment dans sa vie rencontre une difficulté psy. Donc on intervient auprès de gens. sans notification, sans orientation MDPH, sans reconnaissance de quoi. C'est vraiment toute personne qui à un moment se retrouve en difficulté et qui aurait besoin un peu de soutien. Il y a une plateforme téléphonique, c'est un peu la porte d'entrée, c'est-à-dire qu'on a vraiment une ligne téléphonique où toutes les personnes, on peut appeler pour soi, ça peut être un aidant pour quelqu'un de son entourage, ça peut être un professionnel par rapport à quelqu'un qui l'accompagne et qui se retrouverait un peu en difficulté ou qui aurait besoin d'éclairage. Donc on propose la plateforme téléphonique, l'espace écoute, et ensuite si la personne le souhaite, on propose des rencontres, des interventions en binôme, c'est-à-dire soit un travailleur social, psychologue, avec un père aidant, et ensemble on va rencontrer la personne concernée, et avec elle on évalue les besoins, et ensuite on accompagne aux demandes de la personne du mieux qu'on peut. Ça peut être des demandes principales, il peut y avoir tout ce qui est quand même accès aux soins. Ça peut être sur des démarches administratives, ça peut être sur la vie quotidienne, ça peut être tout ce qui est en lien avec la vie sociale, retrouver, aller faire du sport, rencontrer des gens. Ça peut être en lien avec le logement, ça peut être en lien avec le transport. vraiment, la personne... et nous on s'annonce un peu ses difficultés si elle le souhaite, et nous on accompagne comme on le peut pour ensuite réorienter vers les partenaires principaux. Alors on ne reçoit pas dans nos locaux, mais on ne va pas forcément chez les gens, c'est eux qui choisissent le lieu de la rencontre. Ça peut être dans un parc, dans un café, au domicile effectivement. Voilà, c'est vraiment la personne qui choisit aussi.

  • Speaker #0

    Donc un endroit où elle se sent bien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en sécurité. Tout à fait.

  • Speaker #4

    Alors, on est joignable au 02 62 737 737, c'est par téléphone, ou par mail pour les partenaires au détac.apage.re.

  • Speaker #0

    Et moi ce qui m'interpelle beaucoup dans ce dispositif c'est la pérédance. Donc j'aimerais bien que un des pérédants m'explique ce que c'est.

  • Speaker #2

    Donc en fait la pérédance c'est une personne qui a une expérience avec une difficulté dans sa vie et par son expérience il va pouvoir accompagner quelqu'un qui rencontre cette difficulté. Et il y a vraiment à côté une figure d'espoir le fait que la personne en face elle a réussi déjà à affronter et à surmonter la difficulté.

  • Speaker #0

    Et comment toi tu es devenu père aidant ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, pour être père aidant, il faut être déjà sur un chemin de rétablissement. Il faut avoir une sorte de stabilisation parce qu'on ne peut pas pleurer avec les personnes qu'on accompagne. Il faut pouvoir aussi les aider à surmonter les difficultés, mais pas être dans la compassion, être dans l'empathie.

  • Speaker #0

    Et après il y a une formation, comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Le dispositif était expérimental au début, il a été en expérimentation pendant... deux ans. Et pendant cette expérimentation, on a été formé par l'IRSAM.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi, qu'est-ce qu'on vous a appris dans cette formation ?

  • Speaker #2

    Ce qui a été le plus important pour moi, c'était la posture professionnelle. Parce que quand on est père aidant, on n'a pas forcément, on n'a pas tous une expérience avec le milieu professionnel médico-social. Et du coup, on n'a pas forcément le côté posture professionnelle. on peut avoir des mots qui ne sont pas forcément adaptés au milieu professionnel.

  • Speaker #0

    Pour les autres, qu'est-ce qui vous a marqué dans cette formation, que vous avez appris, que vous ne connaissiez pas avant ?

  • Speaker #5

    En fait, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup marqué, c'est une infirmière qui nous avait fait une formation, qui nous disait comme ça qu'en fait, on avait chacun notre carte du monde. Par exemple, pour moi, je sais que la famille, elle est au centre de... de mes intérêts. Donc du coup, quand je vais lire ma carte du monde, c'est le premier truc que je vais voir. Mais qu'en allant voir la carte du monde de quelqu'un d'autre, la famille ne sera peut-être pas placée au même endroit.

  • Speaker #0

    Donc du coup,

  • Speaker #5

    l'importance de se dire qu'on va voir quelqu'un, mais il ne faut pas que je me dise que ma carte du monde, c'est sa carte du monde en fait. Donc c'est me mettre en retrait par rapport à ce que moi je suis et accepter l'autre avec ses différences. essayer de comprendre ses besoins à lui qui ne sont pas les mêmes que les miens.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile à mettre en place concrètement ? On va dire que ce n'est pas que c'est facile,

  • Speaker #5

    mais on fait avec parce qu'on ne connaît pas la personne en fait. Donc on ne peut pas la juger non plus, on ne peut pas dire que en regardant la personne, la famille c'est important pour lui, les amis c'est moins important, on ne sait pas. on va vers l'inconnu. Donc je pense qu'il faut du temps avec les différentes interventions qu'on a, ça nous permet de connaître la personne et de voir un peu plus ses centres d'intérêt en fait. Donc le fait de discuter et tout, ça nous permet d'avoir, même si ce n'est pas une carte du monde où on va dessiner précisément ce qui est plus important pour lui ou pas. on va le ressentir quand lui va parler en fait. Il y aura une sensibilité, une émotion qui fait qu'on va se dire « Ah ben là,

  • Speaker #0

    on a touché un point qui est sensible,

  • Speaker #5

    du coup on va approfondir un peu » et ça va créer une relation plus intime avec la personne en fait.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui vous plaît dans le fait d'être père aidant ?

  • Speaker #3

    Moi ce qui me plaît dans la paix aidante, C'est que on a passé... Un moment de notre vie de souffrance. Et cette souffrance-là, à force de travailler, de réfléchir, de passer toute sa journée, eh bien, ça m'a apporté du courage, de la persévérance. Et je me suis dit aussi, une fois j'étais dans ma chambre, je me suis dit « Eric, tu es malade, mais tes parents sont encore là » . J'avais des tentations de suicide, mais je ne l'ai pas fait. Quand ça me passait dans la tête, je me disais « Eric, oublie ça » . Mais là, j'étais vraiment dans un stade au début de la maladie. Je suis tombé malade, j'avais 19 ans. Aujourd'hui, j'en ai 51. Et j'ai passé dans des chemins, même mes amis sont passés dans des chemins qui nous ont renforcés, parce que moi ça m'a renforcé, ça m'a permis aujourd'hui de travailler dans le DETAT. Et ça m'a permis d'avancer encore un peu plus dans la vie. Avec les formations qu'on a eues, ça m'a vraiment plu. Et aujourd'hui, je suis là, je suis content.

  • Speaker #0

    Donc, ça t'a aidé toi-même dans ton cheminement ?

  • Speaker #3

    Oui, ça m'a aidé beaucoup dans mon cheminement. Aujourd'hui, je suis là, je suis fier d'être avec mes collègues et de partager cette expérience avec les gens qui en ont besoin.

  • Speaker #0

    Où est-ce que tu es apporté aux gens, aux malades ?

  • Speaker #3

    On va déjà écouter la personne. Les gens qui sont en psychique, qui prennent un médicament ou un traitement, ils sont obligés d'avoir un effet secondaire de ce médicament. Et cet effet secondaire-là, soit il est visible, soit il n'est pas visible. Quand on va à une intervention, des fois cette personne-là, elle a un signe, soit elle bouge de la tête, soit elle trempe des mains, soit dans sa parole, soit elle a un, comment on dit ça, un tic. Si moi je suis passé par ce chemin, je sais que cette personne-là aussi, elle a sa difficulté là, donc moi je lui donne des conseils. Au fil des interventions, cette personne-là, soit elle dit que ce monsieur-là me dit ça, parce que c'est vrai, c'est pas vrai. La deuxième fois qu'on va voir la personne, la personne dit bonjour monsieur, oui ça m'a aidé. Vous avez dit des choses qui m'ont vraiment touché et je vous remercie. Et moi, je dis que c'est normal. On est là pour vous aider et on aide la personne du mieux que possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, c'est compliqué ? Est-ce que ça fait écho à ce que vous avez vécu ? Ou bien vous arrivez à gérer ça ?

  • Speaker #6

    Pour avoir accompagné certaines personnes, effectivement, ça fait écho, ça fait résonance. chez moi, puisque elle vit ce que j'ai vécu, moi, il y a quelques années ou pas si longtemps que ça. Et il faut arriver, quelquefois j'arrive, quelquefois j'arrive pas, mais maintenant j'arrive beaucoup mieux à gérer mes émotions, parce que ça remonte et il faut que ça sorte. Parce que c'est tellement... Les années passent, mais ça reste ancré en nous. Et juste pour revenir, moi j'ai toujours été dans le médico-social. Et quand ça allait bien, on avait beaucoup d'amis, beaucoup de personnes qui nous entouraient, mais ce n'était pas forcément des personnes de qualité. Tout le monde sait que ce n'est pas la quantité qui compte. mais c'est la qualité. Et quand on traverse une situation familiale ou professionnelle qui nous touche et qu'on est au plus bas et qu'on tombe et on se dit « quand est-ce que le fond arrive ? » parce qu'on descend, descend, descend, mais il n'y a pas de fond, il n'y a plus personne autour de nous. Quand on a des parents qui nous soutiennent, mais ils comprennent, mais en même temps ils ne comprennent pas. parce que dans la culture, je dis rayonnaise parce que je suis rayonnaise, mais je pense que c'est partout dans le monde, quand on voit un psy, on est fou. Non, on n'est pas fou. On a besoin de parler, de mettre de l'ordre, de discuter et sortir de là, même si on n'a pas la réponse, la solution, mais le fait d'avoir pu en parler, ça fait du bien. Pour ma part, j'ai... pas mal d'amis qui me confiaient pas mal de choses. Et je faisais moi toujours la météo, je leur disais « comment tu te sens là maintenant ? » Après la discussion, je leur demande « comment tu te sens après ? » Elle me dit « ça va super bien, j'ai pu vider. Chez la psychologue, je dois payer et avec toi, ce qui est cool, je ne paye pas. » Et je suis bien. Et même avec les personnes qu'on accompagne, on fait un point météo en arrivant et en partant, ils se sentent beaucoup mieux. On n'a pas la solution, mais le fait d'avoir mis les choses à plat, d'avoir vidé, partagé, par rapport à mon parcours aussi, il y a eu pas mal de similitudes. Donc, ils voient qu'ils ne sont pas des cas à part. J'ai été concernée, ils sont concernés, on arrive à mettre des mots et à avancer. dit si je suis arrivé là, vous pouvez aussi vous projeter dans un avenir.

  • Speaker #2

    Pour moi, en fait, avant que je sois sur un parcours d'établissement, j'aurais bien aimé avoir un père aidant, justement. Ça n'existait pas encore, enfin pas à l'OGT en tout cas. Et c'est quelque chose qui m'aurait vraiment plu d'avoir un père aidant. Et du coup, c'est pour ça que je suis de la paire aidante aussi. C'est pour donner ce que je n'ai pas eu dans mes moments de crise ou des moments de souffrance psychique. Et en fait, ce qui est bien, c'est que quand on rencontre une personne qui a un trouble psy dans notre travail, on partage une réalité. Parce qu'on a tous une certaine réalité, que ce soit avec les troubles ou la vie personnelle, comme la religion ou n'importe quelle culture dans notre vie. Le fait de parler avec quelqu'un, ça crée du lien social. Et le lien social, c'est un peu la source de toute maladie. Le fait de ne pas avoir de contact avec d'autres personnes, de connecter la réalité avec une autre personne, d'être connecté à quelqu'un, ça recrée ce lien social et ça recrée un peu l'espoir.

  • Speaker #0

    Moi, je suis borderline. Et est-ce que vous, vous connaissiez ce trouble ?

  • Speaker #5

    Moi, personnellement, je connaissais ce trouble juste par rapport à une personne, parce que quand j'étais hospitalisée, j'entendais ce terme-là. Il s'est passé des choses avec cette personne qui m'ont donné quelques pistes, mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose, enfin, ce n'est pas une partie de la psychiatrie que je connais vraiment, en fait. Donc, non.

  • Speaker #2

    Moi je ne connais pas particulièrement ce trouble, mais je me suis un peu renseigné quand même. Parce que c'est quand même important de connaître pour nous les différentes pathologies. Et donc pour moi borderline c'est les états limites. C'est un trouble au niveau émotionnel. Ce n'est pas de la communication, c'est vraiment au niveau des émotions, la gestion des émotions. Et ce n'est ni des troubles de l'humeur, ni des psychoses, ni des névroses. C'est vraiment à part, c'est les troubles borderline de l'état limite.

  • Speaker #0

    Oui c'est ça, en fait on dit que c'est un trouble de la personnalité. Après moi je peux vous expliquer un peu comment je vis ce trouble là. Donc effectivement il y a une grande instabilité au niveau de l'humeur, c'est-à-dire que dans la même journée on peut se sentir très bien et après très très mal. Après on a des difficultés relationnelles avec les autres personnes. On a aussi du mal avec l'image qu'on a de soi, on peut se sentir vraiment quelqu'un de très bien et juste après totalement inutile, totalement nul, donc ça aussi beaucoup. Après, il y a aussi la peur de l'abandon qui est très très forte. Et aussi un sentiment de vide un peu permanent. Après, il y a aussi pour certaines personnes des colères intenses. Il peut y avoir aussi des impulsivités dans des domaines qui sont dangereux pour la personne. Ça peut être des achats compulsifs, ça peut être de la drogue, ça peut être le sexe. Il y a neuf en tout, je ne sais pas si j'ai fait le tour. Il y a aussi des dissociations. Donc c'est un état où soit on n'est plus en contact avec son corps, ça s'appelle la dépersonnalisation, ou soit on a l'impression de ne plus être dans la réalité, donc la déréalisation. Et je crois que j'ai fait le tour. En fait, il faut avoir au moins cinq de ces symptômes pour être diagnostiqué borderline, et il faut aussi que les symptômes soient importants et qui durent dans le temps. Parce que moi, souvent, ce qu'on me dit, c'est « mais tout le monde a ça » . Donc, effectivement, beaucoup de personnes peuvent avoir peur de l'abandon, par exemple. Sauf que chez les personnes borderline, par exemple, chez moi, c'est quasiment constant. Et même un tout petit événement peut déclencher ça. Quelque chose que quelqu'un a fait, quelque chose que quelqu'un n'a pas fait, ou juste, moi, un truc que j'imagine.

  • Speaker #2

    Je peux dire, le trouble borderline, c'est que tu trouves trois femmes pour un homme. C'est un trouble qui touche beaucoup plus de femmes que d'hommes.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. Et après, il se pourrait que les hommes aient moins tendance à exprimer leurs émotions, plus à cacher. Donc ça serait peut-être pour ça qu'il y a moins d'hommes diagnostiqués. Et en fait, pour revenir sur les origines du trouble, il y a une partie génétique, il y a une partie liée au vécu de la personne. Souvent, les personnes qui ont vécu des traumatismes, Mais par exemple, pour moi, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas vécu un gros traumatisme. C'est plus des petits éléments répétitifs tout le long de mon enfance. Après, les premiers symptômes se déclarent vers l'adolescence. Et on attend le début de l'âge adulte pour diagnostiquer ce trouble, parce qu'au niveau de l'adolescence, ça peut encore évoluer. Donc, il faut que les psychiatres préfèrent attendre que les personnes soient adultes pour le diagnostiquer. Et est-ce qu'il y a des questions que vous aimeriez me poser ?

  • Speaker #2

    Le trouble hors de langue, c'est proche de la bipolarité ou pas le trouble de l'humeur, le fait que vous disiez que des fois vous aviez des moments up et down.

  • Speaker #0

    Alors, comme dirait ma psychiatre, elle dit que c'est une petite cousine. Donc, c'est différent dans le sens où la bipolarité, c'est un trouble de l'humeur, et le trouble borderline, c'est un trouble de la personnalité. Un point commun, c'est que l'humeur varie beaucoup. La différence, c'est qu'il n'y a pas d'épisode maniaque chez les borderline. Donc, il y a des phases dépressives, des phases où on se sent très bien, mais il n'y a pas d'épisode maniaque.

  • Speaker #6

    Je voulais savoir au niveau du traitement médical, est-ce qu'il y avait des effets secondaires ? Est-ce que c'est réajustable ? Dans la vie de tous les jours, comment on le vit avec le traitement ?

  • Speaker #0

    Alors le traitement n'est pas obligatoire puisque c'est surtout la psychothérapie qui va aider la personne à se sentir mieux. Mais les médicaments aident souvent. Alors moi par exemple, ce que j'ai, c'est des antidépresseurs, des anxiolytiques. et un régulateur d'humeur. Donc les effets secondaires, ce sont ce que ces symptômes, ces médicaments provoquent en général. Chez moi, c'est surtout de la fatigue, enfin de très grande fatigue, qui est difficile à faire comprendre aux gens parce qu'ils pensent peut-être qu'on est paresseux ou qu'on n'a pas envie de faire des choses. Même dans le quotidien, dans le ménage, la cuisine, les gens ont un peu du mal à comprendre qu'on n'a aucune énergie, c'est pas un manque de volonté. ou d'envie de participer, c'est vraiment un épuisement total. Après, il doit y avoir d'autres effets secondaires, mais moi, c'est celui que j'ai principalement. Et oui, on peut réajuster le traitement au fil du temps. Par exemple, moi, ça fait quatre ans que je suis diagnostiquée, donc au fur et à mesure, on a changé de posologie et aussi de traitement pour le régulateur d'humeur, notamment. On a essayé plusieurs en fonction de ce qui m'allait le mieux ou pas.

  • Speaker #5

    Je voulais savoir par rapport à la gestion des émotions justement, comment vous faites par exemple quand vous êtes très en colère, comme maintenant vous concrétisez bien vos symptômes et tout, comment vous faites pour gérer les grosses colères ou sinon les grosses tristesses ?

  • Speaker #0

    Avec ma psychiatre, elle m'a donné des outils de thérapie comportementale. Donc j'ai une sorte de mini-protocole à appliquer. La première étape, c'est que je me mets en sécurité. Je m'isole, je me mets dans un endroit où je me sens en sécurité et bien. Ensuite, j'ai des petits outils pour faire baisser les émotions, pour calmer les émotions. Et ensuite, maintenant comme je suis un peu plus avancée dans mon cheminement, j'arrive à analyser la situation et déterminer qu'est-ce qui a déclenché cette émotion vive, parce que des fois c'est tellement petit. Moi j'ai l'impression que mon humeur change pour rien, alors qu'en fait il y a vraiment un élément déclencheur. Ça j'ai eu beaucoup de mal à accepter, parce que j'avais vraiment l'impression que mon humeur variait tout le temps, sans aucune raison. Et après la dernière étape, c'est d'essayer de comprendre de quoi j'ai besoin à ce moment-là, pour me sentir mieux. et qu'est-ce que je peux faire pour que la prochaine fois, ça soit plus facile à gérer ou moins important.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que vous pensez de la représentation du borderline par le grand public ? Parce que pour moi, je trouve que c'est plus diffuser les idées au niveau des polarités, de la schizophrénie, mais beaucoup moins, j'ai l'impression en fait, qu'on parle beaucoup moins d'état limite et de borderline dans les médias.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, c'est très peu connu par le grand public. Et même des fois dans le milieu, alors pas forcément médical, mais en tout cas dans les gens qui accompagnent, j'ai déjà rencontré des gens qui me disent « le trouble borderline, tout le monde a ça, ça passe » et que les personnes ne se rendent pas compte de l'impact au quotidien et de la souffrance très importante qu'il y a. Puisqu'il y a quand même des gens qui se suicident avec ce trouble. Et c'est vrai que c'est vraiment assez méconnu. Et moi j'ai cherché en fait, il n'y a pas longtemps, quelles sont les célébrités qui sont borderline. Et je n'ai pas trouvé de célébrité française. Donc il y a quelques célébrités américaines. Enfin il y a Van Gogh, qui n'est pas américain, mais après dans les américains il y a Amy Winehouse, Britney Spears, il y avait qui encore ? Marilyn Monroe et Angelina Jolie, voilà c'est ça. Mais après, ce que j'ai vu dans les articles sur Internet, ce n'est pas forcément les personnes qui se disent borderline, c'est surtout les gens autour qui déduisent qu'elles sont borderline. Donc du coup, ce n'est pas évident de savoir si elles le sont vraiment ou pas. Mais c'est vrai que ça, c'est aussi un... un élément qui montre que on n'en parle pas.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'ils ne sont pas diagnostiqués en France. C'est possible ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait possible. Parce que c'est un des troubles les plus compliqués à diagnostiquer. Parce que justement les symptômes sont très variés et que ça dépend vraiment de l'intensité chez les gens. Donc c'est vrai que c'est un peu plus... De ce que j'ai compris, ce serait un peu plus compliqué à diagnostiquer.

  • Speaker #3

    Du coup, j'avais une question à vous poser, c'était nous, le schizophrénie, on dit que ça déclare à partir de 19 ans, 18 ans pour moi, dans la jeunesse. Mais vous, ça a déclaré, vous avez 41 ans, est-ce qu'il y a un âge exprès, un âge que ça déclenche ?

  • Speaker #0

    Alors moi, j'ai été diagnostiquée à 41 ans, mais les premiers symptômes sont apparus à l'adolescence, vers 14-15 ans. C'est ce qui arrive en général, c'est des premiers symptômes à l'adolescence et après soit effectivement la personnalité évolue ou sinon ça se transforme en trouble. Donc du coup moi depuis l'âge de 15 ans jusqu'à 41 ans, soit je n'étais pas suivie, soit on me disait que j'étais dépressive. Et c'est seulement à 41 ans où j'ai eu une très grosse dépression, où j'ai été hospitalisée. à la clinique des Flamboyants pendant 4 mois et c'est là qu'on m'a diagnostiquée.

  • Speaker #5

    Et du coup, le fait d'avoir été diagnostiquée, qu'est-ce que ça a procuré chez vous en fait ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ça a été un grand soulagement de savoir ce que j'ai et de savoir que je ne l'ai pas inventé, que ce n'est pas de la paresse ou que ce n'est pas… On me disait aussi que j'étais soit lunatique, soit susceptible. Voilà, on me disait que j'étais susceptible. Et en fait, ça m'a rassurée. Bon, il y a bien un problème. C'est médical. Ce n'est pas juste moi qui n'arrive pas à m'intégrer dans le monde. Effectivement, j'ai du mal à m'intégrer dans le monde, mais il y a des vraies raisons. Et il y a un non dessus. Et s'il y a un non, c'est qu'il y a aussi une façon de le traiter et un espoir de me dire que je pourrais aller mieux après.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce podcast, ce n'est pas... un moyen de donner un sens à cette maladie, de la combattre, de mettre en lumière cette maladie qui n'est pas forcément connue par tout grand public, et de combattre, de croire en soi, de diffuser un peu un message qu'on n'est pas seul, qu'il y a d'autres personnes qui ont aussi cette maladie, qui peuvent avoir cette maladie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait ça. C'est pour ça que j'ai créé ce podcast, parce que je me disais, voilà, les gens, ils ne connaissent pas ce que c'est. Et en même temps, si on n'en parle pas, ça ne peut pas être connu. les personnes les mieux placées ce sont les malades eux-mêmes mais en même temps moi j'ai du mal à en parler donc du coup je suis passée par le podcast pour pouvoir en parler de manière un peu plus distante en fait c'est-à-dire que je ne parle pas aux gens directement devant moi je parle derrière un micro et mon podcast au départ il s'appelait Décalé parce que je ne voulais pas vraiment parler directement de ma maladie donc j'ai pris un peu plus large je me suis dit je vais parler de toutes les personnes un peu décalées Et là, récemment, j'ai beaucoup réfléchi à ça et je vais lancer un nouveau podcast qui va s'appeler « Vivre Borderline » où je parlerai uniquement du trouble borderline, de ce qu'on peut faire, ce que vivent les proches aussi, etc. Donc je vais, disons, assumer un peu plus ma maladie et d'en parler.

  • Speaker #2

    Ce podcast, c'est peut-être un moyen d'aller vers le rétablissement ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Ça fait partie du chemin de rétablissement, je pense. C'est une étape de se dire... J'accepte complètement. J'ai du mal à dire j'accepte, juste de le penser. C'est pas évident.

  • Speaker #2

    Ici, on est censé avoir juste accepté. Enfin, je parle pour les autres.

  • Speaker #0

    L'accepter c'est un grand mot, mais vivre avec c'est plus dur. De vivre avec et de gérer ça pendant toute sa vie, c'est autre chose. Parce que pour vous, vous dites, des fois j'ai des montées d'adrénaline, c'est dur à contrôler, des fois tu te renfermes. Et nous aussi c'est pareil, moi je me suis renfermé à chez moi pendant deux ans, au début de ma maladie. Je ne savais pas comment faire. Je prie le bon Dieu, ma mère me dit arrête de faire ça, mon frère me dit tu fais n'importe quoi. Bon, c'était pas mon but, c'était pas ma réaction normale. Du coup, à force de prendre le médicament, j'ai dit bah Eric, tu prends le médicament, tu es malade. C'est sûr que tu es malade. Donc maintenant, il faut que tu l'acceptes et que tu le vis avec. Sinon, qui va vivre avec ? C'est toi-même. Des fois, on est malade, nous on voit pas qu'on est malade. C'est les autres qui disent, ah lui il est bizarre. Il est pas bizarre, il est en train de vivre. une émotion de la journée, il se sent mal là tout d'un coup. Avec du recul dans la journée, il va trouver une solution. Moi, je trouve toujours une solution pour m'éclipser, pour oublier tout ça.

  • Speaker #1

    On parlait d'acceptation. Moi, il y a un mot qui m'interpelle, c'est la stabilisation. J'ai toujours un peu de mal avec ça. Est-ce que vous l'utilisez pour cette expression, c'est-à-dire être stabilisé ?

  • Speaker #2

    En fait, il y a la stabilisation au niveau chimique, c'est-à-dire quand le traitement donne un équilibre à la personne entre les troubles et les médicaments, le résultat des médicaments sur le corps, mais il y a aussi la stabilité émotionnelle aussi. Il y a aussi le travail, la vie sociale, tout ce qui est autour de l'humain, le lien social. Pour moi, c'est les deux, c'est un équilibre entre les médicaments et le lien social.

  • Speaker #3

    Moi je voulais juste revenir sur le fait d'acceptation. Moi par exemple, mes collègues, ils ne savent pas la maladie que j'ai en fait. Ils savent que j'ai un trouble psy, mais lequel ils ne savent pas. Donc je pense que c'est personnel, c'est pas parce que je ne parle pas de ma maladie que je n'ai pas accepté en fait. Donc c'est en fonction de chacun, je pense qu'on ne peut pas dire que... Enfin c'est mon avis personnel encore une fois, c'est que... Je pense être rétablie, j'ai des choses que je dois améliorer encore parce que quand je vais voir des bénéficiaires par exemple, j'ai l'impression qu'eux-mêmes vont mieux que moi en fait. Parce qu'il y a des choses que je vois que moi je n'arrive pas à faire. Donc je suis qui pour juger ? Je ne peux pas en fait. Pour moi je suis rétablie parce que je n'ai plus les symptômes, je me sens bien. Je ne suis plus hospitalisée. Il y a des signes qui montrent que ça va mieux. Mais je ne suis pas totalement rétablie, en fait. Il y a des choses qui restent que je dois continuer à m'améliorer. Mais le rétablissement, ce n'est pas quelque chose qui se dit « Ah ben, c'est tout au long de la vie, en fait. On peut rechuter, on ne sait pas ce qui peut se passer dans la vie, en fait. » Donc, le rétablissement, il n'est pas acquis. Le fait d'accepter, ce n'est pas une obligation non plus. On peut vivre avec sans avoir accepté. Donc du coup, parce que moi, par exemple, ma maladie, j'ai du mal à la partager parce que je ne dirais pas que ce n'est pas que je ne l'accepte pas, mais c'est que pour moi, c'est mon jardin secret en fait. Je ne suis pas ma maladie, donc les gens ne vont pas dire « ah ben ouais, c'est Fabienne, elle a telle pathologie » . Il y a des gens, des fois, ils arrivent devant moi, comme je donne une association, ils me demandent « oui, mais toi, t'as quoi ? » Et je trouve que c'est... entrer dans ma vie personnelle alors qu'on n'a pas le droit en fait. Je suis un être humain avant tout, je suis pas ma maladie encore une fois et je pense que moi ce que je leur dis c'est que écoutez, si le feeling passe entre nous, on peut discuter, il n'y a pas de souci, on peut parler de maladie, de ce que vous avez, de tout et de n'importe quoi mais vous n'avez pas forcément besoin de connaître ma pathologie pour dire elle c'est une bonne personne, elle c'est une mauvaise personne en fait. Je suis peut-être pas la même qu'il y a dix ans. Mais je suis ce que je suis et on me prend comme je suis. J'essaie de m'améliorer et voilà, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu fais une différence entre être rétablie et être stabilisée ?

  • Speaker #3

    Pour moi, stabiliser, c'est plutôt au niveau des médicaments. Parce que j'ai testé beaucoup de médicaments. Je pense que j'ai trouvé la stabilité à travers celui que je prends actuellement. Au niveau émotionnel, je pense être stable. Après, j'ai toujours... Par exemple, je suis parano. Ça, de ce côté-là, c'est quelque chose que je sais que c'est compliqué. Je ne suis pas stable à ce niveau-là. Après, pour moi, je ne suis pas stable. Toute ma vie n'est pas stable, en fait. Il y a des variations, j'ai des émotions et tout. Au niveau émotionnel, par exemple, j'ai retrouvé mes émotions. Chose que j'avais perdu avec certains médicaments. Donc du coup, je me sens plus vivante, en fait. Même si des fois, il y a des émotions que je devrais avoir, mais je ne les ai pas. ça me perturbe quand même, donc du coup c'est compliqué.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que ça donne du sens un peu à ta vie, le fait d'être pérédante. Ce que tu disais après, ça m'évoquait... Oui, quand tu disais que c'est le bénéficiaire qui est au centre, je me disais aussi qu'il faut arriver à ne pas s'oublier soi-même, parce qu'il faut d'abord être solide soi-même pour pouvoir aider les autres, et comment vous gérez ça ?

  • Speaker #0

    Pendant mon quotidien, soit je vais faire des courses, soit je vais courir un peu, soit je vais marcher, soit je vais voir des collègues, on regarde un film chez eux, tranquille. Voilà, moi je gère comme ça. Maintenant, je ne reste plus à la maison tout seul. Ça c'est clair. Si je rentre juste le soir pour dormir, à partir de 7h, 6h30, je suis à la maison. Je ne reste pas toute la nuit sur la route. Mais il y a un petit hic qui me dit, vas-y, là c'est temps, tu rentres. Tu es fatigué, tu as essayé d'en profiter, tu rentres chez toi, tu as la vaisselle à faire, tu as le manger à faire cuire, tu as les vêtements à laver, tu as les courses à faire, donc il faut gérer tout ça. Et des fois, je me sens tellement fatigué, tellement fatigué que je prends deux ou trois jours avant d'aller faire les courses, au lieu de bouger pour faire mes papiers. On a tout ça à gérer. Et en tant que malade, on le gère comme ça.

  • Speaker #2

    Alors du coup, je fais de la musique, ça m'a beaucoup aidé dans mon parcours de rétablissement. Et je fais du piano et je chante un petit peu, je compose et je fais des reprises arrangées à ma façon, avec ma touche personnelle et ce que j'aime dans la musique. Mon harmonisation entre classique et jazz. Et du coup, mon profil sur Spotify, c'est félix.b. F-E-L-I-X.B

  • Speaker #3

    Moi, personnellement, quand je sors du boulot, je sors du boulot en fait. Des fois, quand il faut envoyer un message au collègue, il n'y a pas de souci. On s'envoie un message quand il le faut, si on a besoin. Mais quand je sors du boulot, j'ai besoin de faire autre chose, de prendre l'air. J'ai beaucoup la religion, moi, personnellement, qui m'a aidée, qui m'aide toujours. Et après, c'est plutôt les sorties entre amis, en famille, où là, ça me permet de... d'évacuer en fait. Mais je ne parle pas du boulot forcément avec mes amis ou quoi que ce soit. Ce qui se passe au boulot, pour moi, ça reste au boulot en fait. Et ça me fait du bien. Quand je pars en vacances aussi, des fois j'y pense quand même au boulot. Mais il faut aussi qu'on s'accorde du temps pour nous parce que c'est important de ne pas ramener toutes les situations qu'on... qu'on entend parce qu'on entend des choses qui sont vraiment dures aussi. C'est-à-dire la vie des personnes, c'est quand même pas facile ce qu'elles vivent en fait. Et il faut... Nous, ce qu'on nous avait dit en formation en fait, c'est qu'il faut prendre un... Enfin, moi ce que j'avais retenu, c'est qu'il faut avoir un sac devant nous. On écoute en fait, bien sûr, mais qu'on ne comprenne pas pour nous directement. Il ne faut pas que ça nous touche, nous personnellement en fait. Donc on écoute, on écoute, mais que... On est cette distance, en fait. Ce n'est pas notre vie, c'est la vie des autres. On peut l'entendre, mais on n'est pas des éponges, en fait. Parce que si on commence à être des éponges, on ne va faire que pleurer avec les bénéficiaires. Et je pense que les bénéficiaires, ils n'ont pas besoin qu'on pleure avec eux. Ce n'est pas ça qui va les aider. Et puis après, je pense que c'est important aussi de ne pas être là aussi. Par exemple, moi, quand je partage des passages de ma vie, Je ne suis pas forcément dans la lamentation ou quoi que ce soit. On n'est pas dans cette partie-là, en fait. Donc, du coup, c'est vraiment, soit je disais que le bénéficiaire, on va l'écouter, on va partager notre expérience, mais on sait très bien que malgré nous, ce qu'on peut vivre actuellement, même s'il y a des périodes où c'est plus difficile pour nous, on va mettre une distance entre ce que l'on vit et ce que vit la personne elle-même, en fait, pour ne pas non plus impacter la personne par notre vécu à nous. De toute façon, nous, on n'est pas sauveurs, en fait. On ne sauve personne. On n'est que des êtres humains. Là, on peut apporter notre soutien. Mais si on n'est pas bien nous-mêmes, on ne peut pas aider l'autre. Donc, on prend soin de nous d'abord et après, quand nous, ça va mieux, on va aider les autres aussi.

  • Speaker #4

    Pour ma part, je travaille à mi-temps, ce qui est très appréciable parce que quand je viens travailler trois jours, semaines, je suis vraiment disponible et dans l'écoute. Et quand je pars, je me déconnecte. Même si je reçois, de toute façon j'ai dit, si je reçois un mail ou un texto, je ne réponds pas. Quand je suis partie, je suis partie. Mais quand je suis là, je suis là à 100% et ça me permet de revenir ressourcer.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te ressource ?

  • Speaker #4

    Quand j'arrive chez moi, c'est de passer du temps avec les gens que j'aime, faire du shopping ou du lèche-vitrine, pas forcément. acheter du lèche-vitrine, s'aérer la tête, être entre amis, partager un petit apéro ou même rester devant un bon film et se détendre. Ou moi, c'est la plage ou le jardinage qui me détend.

  • Speaker #2

    Alors l'appareil dansant, ce n'est pas fait pour toutes les personnes. C'est quelque chose, c'est un chemin qu'on prend quand ce n'est pas accessible. n'importe quelle personne qui sort de l'hospitalisation ou qui a un parcours psy. C'est vraiment une vocation qu'on choisit, on prend le temps de prendre le choix. On peut se rendre compte après que ce n'est pas notre voie, mais c'est un chemin qui n'est pas fait pour tout le monde. On ne peut pas dire, toi tu sors de ce pied, forcément tu peux devenir pérédant. C'est vraiment un chemin où il faut avoir une stabilité émotionnelle, une certaine rigueur aussi, de ne pas se laisser prendre par la résonance, pas résister, mais avoir un équilibre entre son vécu et son côté professionnel.

  • Speaker #4

    Lors de la formation, on a été sélectionnés pour intégrer cette formation-là. Et sur le parcours, il y a des gens qui étaient là au début, qui n'étaient pas stabilisés, qui n'étaient pas faits pour ça, ou alors ce n'était pas encore le bon moment. Donc ils sont partis et à l'heure actuelle, c'est encore le cas. Si on n'est pas stabilisés, si on n'est pas en accord, avec ce qu'on fait actuellement, on ne peut pas aider les autres.

  • Speaker #1

    Alors du coup, on a beaucoup parlé de l'épargne dense, mais c'est vrai que moi ça m'interpelle beaucoup. Mais je voulais revenir un petit peu sur le dispositif des TAC et avoir un peu votre ressenti en tant que travailleur social.

  • Speaker #5

    Alors moi, quand j'avais commencé, on était d'abord en formation plus de deux ans avec les collègues. Du coup, on détachait, auparavant on était vraiment affecté à notre propre poste professionnel dans des structures. Moi, j'étais une ancienne collègue de la fondation Perfavon. Du coup, il y avait six professionnels avec six pères aidants qui étaient détachés. une fois par semaine sur les interventions pour le DETA. Du coup, depuis l'année dernière, j'ai démissionné de mon poste pour intégrer le dispositif à plein temps. Aujourd'hui, comme d'autant je le dis avec mes collègues, moi je suis toujours en mode formation parce qu'on apprend toujours. J'apprends avec les collègues, j'apprends aussi par les missions, des interventions qu'on a avec les bénéficiaires. Pour moi, c'est un truc génial.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demandais si pour vous, en tant que psychologue, il y a une différence entre recevoir un cabinet et ce dispositif d'ÉTAC ?

  • Speaker #6

    Ah oui, le cadre étant différent, oui, ce n'est pas du tout le même type d'accompagnement. Alors déjà, au sein du dispositif, l'idée n'est pas de proposer un suivi psychologique par la psychologue du service. C'est vraiment de... Oui, effectivement, il y a l'espace écoute. Je peux apporter une certaine expertise du fait de ma formation, mais l'idée, c'est vraiment que ces personnes-là, ensuite, puissent retrouver un autre espace pour pouvoir travailler, si elles le souhaitent, avec un ou une psychologue. L'idée, ce n'est pas qu'on reste très longtemps sur la situation. C'est vraiment de pouvoir stabiliser les choses et puis de réouvrir, d'aider la personne à ouvrir d'autres portes pour quelque chose de plus pérenne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une limite en nombre d'interventions, de durée, ou bien ça dépend vraiment de la situation ?

  • Speaker #6

    Ça dépend vraiment des personnes. Il y a des accompagnements qu'on dit de courte durée, c'est-à-dire on les voit une fois ou deux sur vraiment des problématiques très précises, que ce soit une démarche administrative, des papiers peut-être à refaire, des rendez-vous de soins qui ont été annulés, donc on les reprend. Et voilà, la personne reprend son cours, mais de toute façon on reste en veille, elle peut nous recontacter à tout moment. Et il y a des accompagnements effectivement qui durent aussi beaucoup plus longtemps. Ça peut être une année. Après, c'est pareil. Il y a vraiment les interventions. Ça peut être de manière régulière, des fois avec une temporalité plus éloignée. Mais oui, ça peut durer un an, voire peut-être un peu plus.

  • Speaker #1

    On arrive presque à la fin. Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter et surtout quelque chose à dire aux personnes qui sont dans les situations de difficulté ?

  • Speaker #5

    Alors moi, ce que j'ai à dire, c'est qu'en gros, il faut que les personnes gardent espoir. La vie n'est pas terminée. Il faut toujours essayer. C'est un combat. Pour moi, la vie, c'est un combat. Il faut essayer de surmonter tout ça. C'est facile de dire quand la personne ne vit pas. C'est très compliqué pour la personne en lui-même qui est malade. Mais du moment où il y a une oreille, il y a un écoute, il y a un soutien, je pense que ces personnes peuvent s'en sortir.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas avoir honte et en parler. Parce que c'est des choses... qui touche le cœur, l'esprit. Et il faut vraiment en parler pour pouvoir libérer, un peu décharger émotionnellement toute la charge que les maladies apportent.

  • Speaker #3

    Du coup, moi, ce que je voulais dire, c'est que vous n'êtes pas seul, qu'on est là, on peut vous écouter. Et que ce que moi, je n'ai pas eu, j'aimerais pouvoir le donner. Et ce qu'on le fait, on le fait avec le cœur, en fait. On ne le fait pas parce qu'on est payé ou quoi que ce soit. c'est sûr que Voilà, c'est notre travail, mais on est là parce que vraiment, on a envie de faire avancer les personnes qui sont en souffrance psychique. Et moi, tout ce que je peux vous souhaiter, en fait, c'est de trouver la paix intérieure que moi j'ai trouvée aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ben, moi, ce que j'ai rajouté pour les gens qui sont en souffrance, c'est de persévérer, de prendre ses médicaments, même si c'est pas bien, même si... Si ça a un mauvais goût, même pour vous dire d'avoir des médicaments, ça sert à rien. Parce qu'on est tombé sur des cas comme ça, des gens qui ne voulaient plus prendre de traitement. Ils étaient en sort au soleil et tout. Il y avait des cas comme ça en 2017. Et nous, on respectait la religion. On les accompagnait au cimetière de poser un bouquet de fleurs. C'était là. C'était leur besoin. Donc, moi, ce que j'ai à dire, c'est que tout le monde peut être en bonne santé s'il suit bien son échéanement, qu'il persévère, que tous les jours, il se dise à la tête, je suis malade, mais je vais guérir bientôt. Je crois en tout ça et voilà.

  • Speaker #4

    Alors, notre dispositif DETAC, je voulais rajouter le petit point qui me tient à cœur, Merci. détacent le cœur, détacent la parole, détacent l'esprit. Et à mon sens, quand on associe tout ça, eh bien derrière, il y a juste la zénitude vers un meilleur.

  • Speaker #5

    Alors si Zotty veut que nous interviennes dans le lieu ou l'endroit que Zotty a décidé, chez Zotty ou un endroit neutre, n'hésite pas à appeler à nous au 02 62 737 737.

  • Speaker #1

    appel à nous merci beaucoup à tous c'est un super bel échange, j'ai beaucoup apprécié j'espère que vous aussi, à bientôt à bientôt, merci au revoir

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Description

🎧 Dans cet épisode, je tends le micro à celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre pour accompagner la santé mentale.


Je rencontre les membres du dispositif Détak, une ligne d’écoute et d’accompagnement dédiée aux personnes vivant avec des troubles psychiques. Ensemble, on parle de pair-aidance, de soutien humain, d’écoute à hauteur d’âme — et de ce que ça change, quand on n’est plus seul.e face à la tempête.

Au fil de l’entretien, je partage aussi mon propre vécu avec le trouble borderline, ce que cela signifie au quotidien, les hauts, les bas — et comment un lien, parfois, peut faire toute la différence.


Des échanges passionnants avec Claire, Félix, Eric, Cindy, Fabienne et Corinne, que je remercie.

Un épisode pour comprendre, pour ressentir, et peut-être, pour se reconnaître.


Dispositif Détak : 0262 737 737 (Ile de la Réunion)

Pour les professionnels : detak@apajh.re


Retrouvez Félix.B sur Spotify



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Elodie Maillot et aujourd'hui on va découvrir le dispositif DETAC porté par l'association LAPAGE de La Réunion qui offre un accompagnement aux personnes souffrant de troubles psychiques ainsi qu'à leurs proches et aux professionnels. J'ai rencontré une partie de l'équipe qui s'occupe de ce dispositif composé de travailleurs sociaux et de pairs aidants ensemble. Ils vont nous présenter le dispositif, ainsi que le métier de père aidant, et je leur expliquerai comment je vis le trouble de la personnalité borderline, dont je souffre. Bienvenue sur Décalé, où l'on recueille les témoignages de personnes inspirantes dont les vies peu ordinaires les font vivre hors du cadre, légèrement décalées. Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie d'être ici aujourd'hui dans vos locaux d'ETAC qui est porté par l'APAJ, donc l'association pour adultes et jeunes handicapés. Donc moi j'ai découvert votre dispositif il n'y a pas très longtemps et Et je l'ai trouvé vraiment super intéressant. que vous puissiez accompagner les personnes en situation de difficulté mentale ou de maladie mentale. Et donc, j'aimerais déjà faire un petit tour de table pour se présenter.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi je m'appelle Claire Lery, je suis psychologue et je travaille sur l'antenne Est du DETAC.

  • Speaker #2

    Bonjour, moi c'est Félix, je suis père aidant dans le DETAC dans l'espace Nord.

  • Speaker #3

    Bonjour, je m'appelle Egeke Lonan, je suis médiateur père dans le dispositif Métap Nord.

  • Speaker #4

    Bonjour, Cindy Gara, monétrice éducatrice sur le dispositif Nord.

  • Speaker #5

    Bonjour à tous, moi c'est Fabienne, je suis père aidante au niveau du dispositif Nord.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous, Corinne Occiovini, médiatrice père secteur Est.

  • Speaker #0

    Merci d'être tous là, ça me fait super plaisir de voir que vous êtes intéressés par mon podcast et que vous avez des choses à dire. Déjà, qui pourrait m'expliquer c'est quoi le dispositif DETAC ?

  • Speaker #1

    Le dispositif DETAC, piloté par la page, il s'adresse à toute personne qui à un moment dans sa vie rencontre une difficulté psy. Donc on intervient auprès de gens. sans notification, sans orientation MDPH, sans reconnaissance de quoi. C'est vraiment toute personne qui à un moment se retrouve en difficulté et qui aurait besoin un peu de soutien. Il y a une plateforme téléphonique, c'est un peu la porte d'entrée, c'est-à-dire qu'on a vraiment une ligne téléphonique où toutes les personnes, on peut appeler pour soi, ça peut être un aidant pour quelqu'un de son entourage, ça peut être un professionnel par rapport à quelqu'un qui l'accompagne et qui se retrouverait un peu en difficulté ou qui aurait besoin d'éclairage. Donc on propose la plateforme téléphonique, l'espace écoute, et ensuite si la personne le souhaite, on propose des rencontres, des interventions en binôme, c'est-à-dire soit un travailleur social, psychologue, avec un père aidant, et ensemble on va rencontrer la personne concernée, et avec elle on évalue les besoins, et ensuite on accompagne aux demandes de la personne du mieux qu'on peut. Ça peut être des demandes principales, il peut y avoir tout ce qui est quand même accès aux soins. Ça peut être sur des démarches administratives, ça peut être sur la vie quotidienne, ça peut être tout ce qui est en lien avec la vie sociale, retrouver, aller faire du sport, rencontrer des gens. Ça peut être en lien avec le logement, ça peut être en lien avec le transport. vraiment, la personne... et nous on s'annonce un peu ses difficultés si elle le souhaite, et nous on accompagne comme on le peut pour ensuite réorienter vers les partenaires principaux. Alors on ne reçoit pas dans nos locaux, mais on ne va pas forcément chez les gens, c'est eux qui choisissent le lieu de la rencontre. Ça peut être dans un parc, dans un café, au domicile effectivement. Voilà, c'est vraiment la personne qui choisit aussi.

  • Speaker #0

    Donc un endroit où elle se sent bien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en sécurité. Tout à fait.

  • Speaker #4

    Alors, on est joignable au 02 62 737 737, c'est par téléphone, ou par mail pour les partenaires au détac.apage.re.

  • Speaker #0

    Et moi ce qui m'interpelle beaucoup dans ce dispositif c'est la pérédance. Donc j'aimerais bien que un des pérédants m'explique ce que c'est.

  • Speaker #2

    Donc en fait la pérédance c'est une personne qui a une expérience avec une difficulté dans sa vie et par son expérience il va pouvoir accompagner quelqu'un qui rencontre cette difficulté. Et il y a vraiment à côté une figure d'espoir le fait que la personne en face elle a réussi déjà à affronter et à surmonter la difficulté.

  • Speaker #0

    Et comment toi tu es devenu père aidant ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, pour être père aidant, il faut être déjà sur un chemin de rétablissement. Il faut avoir une sorte de stabilisation parce qu'on ne peut pas pleurer avec les personnes qu'on accompagne. Il faut pouvoir aussi les aider à surmonter les difficultés, mais pas être dans la compassion, être dans l'empathie.

  • Speaker #0

    Et après il y a une formation, comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Le dispositif était expérimental au début, il a été en expérimentation pendant... deux ans. Et pendant cette expérimentation, on a été formé par l'IRSAM.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi, qu'est-ce qu'on vous a appris dans cette formation ?

  • Speaker #2

    Ce qui a été le plus important pour moi, c'était la posture professionnelle. Parce que quand on est père aidant, on n'a pas forcément, on n'a pas tous une expérience avec le milieu professionnel médico-social. Et du coup, on n'a pas forcément le côté posture professionnelle. on peut avoir des mots qui ne sont pas forcément adaptés au milieu professionnel.

  • Speaker #0

    Pour les autres, qu'est-ce qui vous a marqué dans cette formation, que vous avez appris, que vous ne connaissiez pas avant ?

  • Speaker #5

    En fait, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup marqué, c'est une infirmière qui nous avait fait une formation, qui nous disait comme ça qu'en fait, on avait chacun notre carte du monde. Par exemple, pour moi, je sais que la famille, elle est au centre de... de mes intérêts. Donc du coup, quand je vais lire ma carte du monde, c'est le premier truc que je vais voir. Mais qu'en allant voir la carte du monde de quelqu'un d'autre, la famille ne sera peut-être pas placée au même endroit.

  • Speaker #0

    Donc du coup,

  • Speaker #5

    l'importance de se dire qu'on va voir quelqu'un, mais il ne faut pas que je me dise que ma carte du monde, c'est sa carte du monde en fait. Donc c'est me mettre en retrait par rapport à ce que moi je suis et accepter l'autre avec ses différences. essayer de comprendre ses besoins à lui qui ne sont pas les mêmes que les miens.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile à mettre en place concrètement ? On va dire que ce n'est pas que c'est facile,

  • Speaker #5

    mais on fait avec parce qu'on ne connaît pas la personne en fait. Donc on ne peut pas la juger non plus, on ne peut pas dire que en regardant la personne, la famille c'est important pour lui, les amis c'est moins important, on ne sait pas. on va vers l'inconnu. Donc je pense qu'il faut du temps avec les différentes interventions qu'on a, ça nous permet de connaître la personne et de voir un peu plus ses centres d'intérêt en fait. Donc le fait de discuter et tout, ça nous permet d'avoir, même si ce n'est pas une carte du monde où on va dessiner précisément ce qui est plus important pour lui ou pas. on va le ressentir quand lui va parler en fait. Il y aura une sensibilité, une émotion qui fait qu'on va se dire « Ah ben là,

  • Speaker #0

    on a touché un point qui est sensible,

  • Speaker #5

    du coup on va approfondir un peu » et ça va créer une relation plus intime avec la personne en fait.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui vous plaît dans le fait d'être père aidant ?

  • Speaker #3

    Moi ce qui me plaît dans la paix aidante, C'est que on a passé... Un moment de notre vie de souffrance. Et cette souffrance-là, à force de travailler, de réfléchir, de passer toute sa journée, eh bien, ça m'a apporté du courage, de la persévérance. Et je me suis dit aussi, une fois j'étais dans ma chambre, je me suis dit « Eric, tu es malade, mais tes parents sont encore là » . J'avais des tentations de suicide, mais je ne l'ai pas fait. Quand ça me passait dans la tête, je me disais « Eric, oublie ça » . Mais là, j'étais vraiment dans un stade au début de la maladie. Je suis tombé malade, j'avais 19 ans. Aujourd'hui, j'en ai 51. Et j'ai passé dans des chemins, même mes amis sont passés dans des chemins qui nous ont renforcés, parce que moi ça m'a renforcé, ça m'a permis aujourd'hui de travailler dans le DETAT. Et ça m'a permis d'avancer encore un peu plus dans la vie. Avec les formations qu'on a eues, ça m'a vraiment plu. Et aujourd'hui, je suis là, je suis content.

  • Speaker #0

    Donc, ça t'a aidé toi-même dans ton cheminement ?

  • Speaker #3

    Oui, ça m'a aidé beaucoup dans mon cheminement. Aujourd'hui, je suis là, je suis fier d'être avec mes collègues et de partager cette expérience avec les gens qui en ont besoin.

  • Speaker #0

    Où est-ce que tu es apporté aux gens, aux malades ?

  • Speaker #3

    On va déjà écouter la personne. Les gens qui sont en psychique, qui prennent un médicament ou un traitement, ils sont obligés d'avoir un effet secondaire de ce médicament. Et cet effet secondaire-là, soit il est visible, soit il n'est pas visible. Quand on va à une intervention, des fois cette personne-là, elle a un signe, soit elle bouge de la tête, soit elle trempe des mains, soit dans sa parole, soit elle a un, comment on dit ça, un tic. Si moi je suis passé par ce chemin, je sais que cette personne-là aussi, elle a sa difficulté là, donc moi je lui donne des conseils. Au fil des interventions, cette personne-là, soit elle dit que ce monsieur-là me dit ça, parce que c'est vrai, c'est pas vrai. La deuxième fois qu'on va voir la personne, la personne dit bonjour monsieur, oui ça m'a aidé. Vous avez dit des choses qui m'ont vraiment touché et je vous remercie. Et moi, je dis que c'est normal. On est là pour vous aider et on aide la personne du mieux que possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, c'est compliqué ? Est-ce que ça fait écho à ce que vous avez vécu ? Ou bien vous arrivez à gérer ça ?

  • Speaker #6

    Pour avoir accompagné certaines personnes, effectivement, ça fait écho, ça fait résonance. chez moi, puisque elle vit ce que j'ai vécu, moi, il y a quelques années ou pas si longtemps que ça. Et il faut arriver, quelquefois j'arrive, quelquefois j'arrive pas, mais maintenant j'arrive beaucoup mieux à gérer mes émotions, parce que ça remonte et il faut que ça sorte. Parce que c'est tellement... Les années passent, mais ça reste ancré en nous. Et juste pour revenir, moi j'ai toujours été dans le médico-social. Et quand ça allait bien, on avait beaucoup d'amis, beaucoup de personnes qui nous entouraient, mais ce n'était pas forcément des personnes de qualité. Tout le monde sait que ce n'est pas la quantité qui compte. mais c'est la qualité. Et quand on traverse une situation familiale ou professionnelle qui nous touche et qu'on est au plus bas et qu'on tombe et on se dit « quand est-ce que le fond arrive ? » parce qu'on descend, descend, descend, mais il n'y a pas de fond, il n'y a plus personne autour de nous. Quand on a des parents qui nous soutiennent, mais ils comprennent, mais en même temps ils ne comprennent pas. parce que dans la culture, je dis rayonnaise parce que je suis rayonnaise, mais je pense que c'est partout dans le monde, quand on voit un psy, on est fou. Non, on n'est pas fou. On a besoin de parler, de mettre de l'ordre, de discuter et sortir de là, même si on n'a pas la réponse, la solution, mais le fait d'avoir pu en parler, ça fait du bien. Pour ma part, j'ai... pas mal d'amis qui me confiaient pas mal de choses. Et je faisais moi toujours la météo, je leur disais « comment tu te sens là maintenant ? » Après la discussion, je leur demande « comment tu te sens après ? » Elle me dit « ça va super bien, j'ai pu vider. Chez la psychologue, je dois payer et avec toi, ce qui est cool, je ne paye pas. » Et je suis bien. Et même avec les personnes qu'on accompagne, on fait un point météo en arrivant et en partant, ils se sentent beaucoup mieux. On n'a pas la solution, mais le fait d'avoir mis les choses à plat, d'avoir vidé, partagé, par rapport à mon parcours aussi, il y a eu pas mal de similitudes. Donc, ils voient qu'ils ne sont pas des cas à part. J'ai été concernée, ils sont concernés, on arrive à mettre des mots et à avancer. dit si je suis arrivé là, vous pouvez aussi vous projeter dans un avenir.

  • Speaker #2

    Pour moi, en fait, avant que je sois sur un parcours d'établissement, j'aurais bien aimé avoir un père aidant, justement. Ça n'existait pas encore, enfin pas à l'OGT en tout cas. Et c'est quelque chose qui m'aurait vraiment plu d'avoir un père aidant. Et du coup, c'est pour ça que je suis de la paire aidante aussi. C'est pour donner ce que je n'ai pas eu dans mes moments de crise ou des moments de souffrance psychique. Et en fait, ce qui est bien, c'est que quand on rencontre une personne qui a un trouble psy dans notre travail, on partage une réalité. Parce qu'on a tous une certaine réalité, que ce soit avec les troubles ou la vie personnelle, comme la religion ou n'importe quelle culture dans notre vie. Le fait de parler avec quelqu'un, ça crée du lien social. Et le lien social, c'est un peu la source de toute maladie. Le fait de ne pas avoir de contact avec d'autres personnes, de connecter la réalité avec une autre personne, d'être connecté à quelqu'un, ça recrée ce lien social et ça recrée un peu l'espoir.

  • Speaker #0

    Moi, je suis borderline. Et est-ce que vous, vous connaissiez ce trouble ?

  • Speaker #5

    Moi, personnellement, je connaissais ce trouble juste par rapport à une personne, parce que quand j'étais hospitalisée, j'entendais ce terme-là. Il s'est passé des choses avec cette personne qui m'ont donné quelques pistes, mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose, enfin, ce n'est pas une partie de la psychiatrie que je connais vraiment, en fait. Donc, non.

  • Speaker #2

    Moi je ne connais pas particulièrement ce trouble, mais je me suis un peu renseigné quand même. Parce que c'est quand même important de connaître pour nous les différentes pathologies. Et donc pour moi borderline c'est les états limites. C'est un trouble au niveau émotionnel. Ce n'est pas de la communication, c'est vraiment au niveau des émotions, la gestion des émotions. Et ce n'est ni des troubles de l'humeur, ni des psychoses, ni des névroses. C'est vraiment à part, c'est les troubles borderline de l'état limite.

  • Speaker #0

    Oui c'est ça, en fait on dit que c'est un trouble de la personnalité. Après moi je peux vous expliquer un peu comment je vis ce trouble là. Donc effectivement il y a une grande instabilité au niveau de l'humeur, c'est-à-dire que dans la même journée on peut se sentir très bien et après très très mal. Après on a des difficultés relationnelles avec les autres personnes. On a aussi du mal avec l'image qu'on a de soi, on peut se sentir vraiment quelqu'un de très bien et juste après totalement inutile, totalement nul, donc ça aussi beaucoup. Après, il y a aussi la peur de l'abandon qui est très très forte. Et aussi un sentiment de vide un peu permanent. Après, il y a aussi pour certaines personnes des colères intenses. Il peut y avoir aussi des impulsivités dans des domaines qui sont dangereux pour la personne. Ça peut être des achats compulsifs, ça peut être de la drogue, ça peut être le sexe. Il y a neuf en tout, je ne sais pas si j'ai fait le tour. Il y a aussi des dissociations. Donc c'est un état où soit on n'est plus en contact avec son corps, ça s'appelle la dépersonnalisation, ou soit on a l'impression de ne plus être dans la réalité, donc la déréalisation. Et je crois que j'ai fait le tour. En fait, il faut avoir au moins cinq de ces symptômes pour être diagnostiqué borderline, et il faut aussi que les symptômes soient importants et qui durent dans le temps. Parce que moi, souvent, ce qu'on me dit, c'est « mais tout le monde a ça » . Donc, effectivement, beaucoup de personnes peuvent avoir peur de l'abandon, par exemple. Sauf que chez les personnes borderline, par exemple, chez moi, c'est quasiment constant. Et même un tout petit événement peut déclencher ça. Quelque chose que quelqu'un a fait, quelque chose que quelqu'un n'a pas fait, ou juste, moi, un truc que j'imagine.

  • Speaker #2

    Je peux dire, le trouble borderline, c'est que tu trouves trois femmes pour un homme. C'est un trouble qui touche beaucoup plus de femmes que d'hommes.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. Et après, il se pourrait que les hommes aient moins tendance à exprimer leurs émotions, plus à cacher. Donc ça serait peut-être pour ça qu'il y a moins d'hommes diagnostiqués. Et en fait, pour revenir sur les origines du trouble, il y a une partie génétique, il y a une partie liée au vécu de la personne. Souvent, les personnes qui ont vécu des traumatismes, Mais par exemple, pour moi, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas vécu un gros traumatisme. C'est plus des petits éléments répétitifs tout le long de mon enfance. Après, les premiers symptômes se déclarent vers l'adolescence. Et on attend le début de l'âge adulte pour diagnostiquer ce trouble, parce qu'au niveau de l'adolescence, ça peut encore évoluer. Donc, il faut que les psychiatres préfèrent attendre que les personnes soient adultes pour le diagnostiquer. Et est-ce qu'il y a des questions que vous aimeriez me poser ?

  • Speaker #2

    Le trouble hors de langue, c'est proche de la bipolarité ou pas le trouble de l'humeur, le fait que vous disiez que des fois vous aviez des moments up et down.

  • Speaker #0

    Alors, comme dirait ma psychiatre, elle dit que c'est une petite cousine. Donc, c'est différent dans le sens où la bipolarité, c'est un trouble de l'humeur, et le trouble borderline, c'est un trouble de la personnalité. Un point commun, c'est que l'humeur varie beaucoup. La différence, c'est qu'il n'y a pas d'épisode maniaque chez les borderline. Donc, il y a des phases dépressives, des phases où on se sent très bien, mais il n'y a pas d'épisode maniaque.

  • Speaker #6

    Je voulais savoir au niveau du traitement médical, est-ce qu'il y avait des effets secondaires ? Est-ce que c'est réajustable ? Dans la vie de tous les jours, comment on le vit avec le traitement ?

  • Speaker #0

    Alors le traitement n'est pas obligatoire puisque c'est surtout la psychothérapie qui va aider la personne à se sentir mieux. Mais les médicaments aident souvent. Alors moi par exemple, ce que j'ai, c'est des antidépresseurs, des anxiolytiques. et un régulateur d'humeur. Donc les effets secondaires, ce sont ce que ces symptômes, ces médicaments provoquent en général. Chez moi, c'est surtout de la fatigue, enfin de très grande fatigue, qui est difficile à faire comprendre aux gens parce qu'ils pensent peut-être qu'on est paresseux ou qu'on n'a pas envie de faire des choses. Même dans le quotidien, dans le ménage, la cuisine, les gens ont un peu du mal à comprendre qu'on n'a aucune énergie, c'est pas un manque de volonté. ou d'envie de participer, c'est vraiment un épuisement total. Après, il doit y avoir d'autres effets secondaires, mais moi, c'est celui que j'ai principalement. Et oui, on peut réajuster le traitement au fil du temps. Par exemple, moi, ça fait quatre ans que je suis diagnostiquée, donc au fur et à mesure, on a changé de posologie et aussi de traitement pour le régulateur d'humeur, notamment. On a essayé plusieurs en fonction de ce qui m'allait le mieux ou pas.

  • Speaker #5

    Je voulais savoir par rapport à la gestion des émotions justement, comment vous faites par exemple quand vous êtes très en colère, comme maintenant vous concrétisez bien vos symptômes et tout, comment vous faites pour gérer les grosses colères ou sinon les grosses tristesses ?

  • Speaker #0

    Avec ma psychiatre, elle m'a donné des outils de thérapie comportementale. Donc j'ai une sorte de mini-protocole à appliquer. La première étape, c'est que je me mets en sécurité. Je m'isole, je me mets dans un endroit où je me sens en sécurité et bien. Ensuite, j'ai des petits outils pour faire baisser les émotions, pour calmer les émotions. Et ensuite, maintenant comme je suis un peu plus avancée dans mon cheminement, j'arrive à analyser la situation et déterminer qu'est-ce qui a déclenché cette émotion vive, parce que des fois c'est tellement petit. Moi j'ai l'impression que mon humeur change pour rien, alors qu'en fait il y a vraiment un élément déclencheur. Ça j'ai eu beaucoup de mal à accepter, parce que j'avais vraiment l'impression que mon humeur variait tout le temps, sans aucune raison. Et après la dernière étape, c'est d'essayer de comprendre de quoi j'ai besoin à ce moment-là, pour me sentir mieux. et qu'est-ce que je peux faire pour que la prochaine fois, ça soit plus facile à gérer ou moins important.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que vous pensez de la représentation du borderline par le grand public ? Parce que pour moi, je trouve que c'est plus diffuser les idées au niveau des polarités, de la schizophrénie, mais beaucoup moins, j'ai l'impression en fait, qu'on parle beaucoup moins d'état limite et de borderline dans les médias.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, c'est très peu connu par le grand public. Et même des fois dans le milieu, alors pas forcément médical, mais en tout cas dans les gens qui accompagnent, j'ai déjà rencontré des gens qui me disent « le trouble borderline, tout le monde a ça, ça passe » et que les personnes ne se rendent pas compte de l'impact au quotidien et de la souffrance très importante qu'il y a. Puisqu'il y a quand même des gens qui se suicident avec ce trouble. Et c'est vrai que c'est vraiment assez méconnu. Et moi j'ai cherché en fait, il n'y a pas longtemps, quelles sont les célébrités qui sont borderline. Et je n'ai pas trouvé de célébrité française. Donc il y a quelques célébrités américaines. Enfin il y a Van Gogh, qui n'est pas américain, mais après dans les américains il y a Amy Winehouse, Britney Spears, il y avait qui encore ? Marilyn Monroe et Angelina Jolie, voilà c'est ça. Mais après, ce que j'ai vu dans les articles sur Internet, ce n'est pas forcément les personnes qui se disent borderline, c'est surtout les gens autour qui déduisent qu'elles sont borderline. Donc du coup, ce n'est pas évident de savoir si elles le sont vraiment ou pas. Mais c'est vrai que ça, c'est aussi un... un élément qui montre que on n'en parle pas.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'ils ne sont pas diagnostiqués en France. C'est possible ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait possible. Parce que c'est un des troubles les plus compliqués à diagnostiquer. Parce que justement les symptômes sont très variés et que ça dépend vraiment de l'intensité chez les gens. Donc c'est vrai que c'est un peu plus... De ce que j'ai compris, ce serait un peu plus compliqué à diagnostiquer.

  • Speaker #3

    Du coup, j'avais une question à vous poser, c'était nous, le schizophrénie, on dit que ça déclare à partir de 19 ans, 18 ans pour moi, dans la jeunesse. Mais vous, ça a déclaré, vous avez 41 ans, est-ce qu'il y a un âge exprès, un âge que ça déclenche ?

  • Speaker #0

    Alors moi, j'ai été diagnostiquée à 41 ans, mais les premiers symptômes sont apparus à l'adolescence, vers 14-15 ans. C'est ce qui arrive en général, c'est des premiers symptômes à l'adolescence et après soit effectivement la personnalité évolue ou sinon ça se transforme en trouble. Donc du coup moi depuis l'âge de 15 ans jusqu'à 41 ans, soit je n'étais pas suivie, soit on me disait que j'étais dépressive. Et c'est seulement à 41 ans où j'ai eu une très grosse dépression, où j'ai été hospitalisée. à la clinique des Flamboyants pendant 4 mois et c'est là qu'on m'a diagnostiquée.

  • Speaker #5

    Et du coup, le fait d'avoir été diagnostiquée, qu'est-ce que ça a procuré chez vous en fait ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ça a été un grand soulagement de savoir ce que j'ai et de savoir que je ne l'ai pas inventé, que ce n'est pas de la paresse ou que ce n'est pas… On me disait aussi que j'étais soit lunatique, soit susceptible. Voilà, on me disait que j'étais susceptible. Et en fait, ça m'a rassurée. Bon, il y a bien un problème. C'est médical. Ce n'est pas juste moi qui n'arrive pas à m'intégrer dans le monde. Effectivement, j'ai du mal à m'intégrer dans le monde, mais il y a des vraies raisons. Et il y a un non dessus. Et s'il y a un non, c'est qu'il y a aussi une façon de le traiter et un espoir de me dire que je pourrais aller mieux après.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce podcast, ce n'est pas... un moyen de donner un sens à cette maladie, de la combattre, de mettre en lumière cette maladie qui n'est pas forcément connue par tout grand public, et de combattre, de croire en soi, de diffuser un peu un message qu'on n'est pas seul, qu'il y a d'autres personnes qui ont aussi cette maladie, qui peuvent avoir cette maladie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait ça. C'est pour ça que j'ai créé ce podcast, parce que je me disais, voilà, les gens, ils ne connaissent pas ce que c'est. Et en même temps, si on n'en parle pas, ça ne peut pas être connu. les personnes les mieux placées ce sont les malades eux-mêmes mais en même temps moi j'ai du mal à en parler donc du coup je suis passée par le podcast pour pouvoir en parler de manière un peu plus distante en fait c'est-à-dire que je ne parle pas aux gens directement devant moi je parle derrière un micro et mon podcast au départ il s'appelait Décalé parce que je ne voulais pas vraiment parler directement de ma maladie donc j'ai pris un peu plus large je me suis dit je vais parler de toutes les personnes un peu décalées Et là, récemment, j'ai beaucoup réfléchi à ça et je vais lancer un nouveau podcast qui va s'appeler « Vivre Borderline » où je parlerai uniquement du trouble borderline, de ce qu'on peut faire, ce que vivent les proches aussi, etc. Donc je vais, disons, assumer un peu plus ma maladie et d'en parler.

  • Speaker #2

    Ce podcast, c'est peut-être un moyen d'aller vers le rétablissement ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Ça fait partie du chemin de rétablissement, je pense. C'est une étape de se dire... J'accepte complètement. J'ai du mal à dire j'accepte, juste de le penser. C'est pas évident.

  • Speaker #2

    Ici, on est censé avoir juste accepté. Enfin, je parle pour les autres.

  • Speaker #0

    L'accepter c'est un grand mot, mais vivre avec c'est plus dur. De vivre avec et de gérer ça pendant toute sa vie, c'est autre chose. Parce que pour vous, vous dites, des fois j'ai des montées d'adrénaline, c'est dur à contrôler, des fois tu te renfermes. Et nous aussi c'est pareil, moi je me suis renfermé à chez moi pendant deux ans, au début de ma maladie. Je ne savais pas comment faire. Je prie le bon Dieu, ma mère me dit arrête de faire ça, mon frère me dit tu fais n'importe quoi. Bon, c'était pas mon but, c'était pas ma réaction normale. Du coup, à force de prendre le médicament, j'ai dit bah Eric, tu prends le médicament, tu es malade. C'est sûr que tu es malade. Donc maintenant, il faut que tu l'acceptes et que tu le vis avec. Sinon, qui va vivre avec ? C'est toi-même. Des fois, on est malade, nous on voit pas qu'on est malade. C'est les autres qui disent, ah lui il est bizarre. Il est pas bizarre, il est en train de vivre. une émotion de la journée, il se sent mal là tout d'un coup. Avec du recul dans la journée, il va trouver une solution. Moi, je trouve toujours une solution pour m'éclipser, pour oublier tout ça.

  • Speaker #1

    On parlait d'acceptation. Moi, il y a un mot qui m'interpelle, c'est la stabilisation. J'ai toujours un peu de mal avec ça. Est-ce que vous l'utilisez pour cette expression, c'est-à-dire être stabilisé ?

  • Speaker #2

    En fait, il y a la stabilisation au niveau chimique, c'est-à-dire quand le traitement donne un équilibre à la personne entre les troubles et les médicaments, le résultat des médicaments sur le corps, mais il y a aussi la stabilité émotionnelle aussi. Il y a aussi le travail, la vie sociale, tout ce qui est autour de l'humain, le lien social. Pour moi, c'est les deux, c'est un équilibre entre les médicaments et le lien social.

  • Speaker #3

    Moi je voulais juste revenir sur le fait d'acceptation. Moi par exemple, mes collègues, ils ne savent pas la maladie que j'ai en fait. Ils savent que j'ai un trouble psy, mais lequel ils ne savent pas. Donc je pense que c'est personnel, c'est pas parce que je ne parle pas de ma maladie que je n'ai pas accepté en fait. Donc c'est en fonction de chacun, je pense qu'on ne peut pas dire que... Enfin c'est mon avis personnel encore une fois, c'est que... Je pense être rétablie, j'ai des choses que je dois améliorer encore parce que quand je vais voir des bénéficiaires par exemple, j'ai l'impression qu'eux-mêmes vont mieux que moi en fait. Parce qu'il y a des choses que je vois que moi je n'arrive pas à faire. Donc je suis qui pour juger ? Je ne peux pas en fait. Pour moi je suis rétablie parce que je n'ai plus les symptômes, je me sens bien. Je ne suis plus hospitalisée. Il y a des signes qui montrent que ça va mieux. Mais je ne suis pas totalement rétablie, en fait. Il y a des choses qui restent que je dois continuer à m'améliorer. Mais le rétablissement, ce n'est pas quelque chose qui se dit « Ah ben, c'est tout au long de la vie, en fait. On peut rechuter, on ne sait pas ce qui peut se passer dans la vie, en fait. » Donc, le rétablissement, il n'est pas acquis. Le fait d'accepter, ce n'est pas une obligation non plus. On peut vivre avec sans avoir accepté. Donc du coup, parce que moi, par exemple, ma maladie, j'ai du mal à la partager parce que je ne dirais pas que ce n'est pas que je ne l'accepte pas, mais c'est que pour moi, c'est mon jardin secret en fait. Je ne suis pas ma maladie, donc les gens ne vont pas dire « ah ben ouais, c'est Fabienne, elle a telle pathologie » . Il y a des gens, des fois, ils arrivent devant moi, comme je donne une association, ils me demandent « oui, mais toi, t'as quoi ? » Et je trouve que c'est... entrer dans ma vie personnelle alors qu'on n'a pas le droit en fait. Je suis un être humain avant tout, je suis pas ma maladie encore une fois et je pense que moi ce que je leur dis c'est que écoutez, si le feeling passe entre nous, on peut discuter, il n'y a pas de souci, on peut parler de maladie, de ce que vous avez, de tout et de n'importe quoi mais vous n'avez pas forcément besoin de connaître ma pathologie pour dire elle c'est une bonne personne, elle c'est une mauvaise personne en fait. Je suis peut-être pas la même qu'il y a dix ans. Mais je suis ce que je suis et on me prend comme je suis. J'essaie de m'améliorer et voilà, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu fais une différence entre être rétablie et être stabilisée ?

  • Speaker #3

    Pour moi, stabiliser, c'est plutôt au niveau des médicaments. Parce que j'ai testé beaucoup de médicaments. Je pense que j'ai trouvé la stabilité à travers celui que je prends actuellement. Au niveau émotionnel, je pense être stable. Après, j'ai toujours... Par exemple, je suis parano. Ça, de ce côté-là, c'est quelque chose que je sais que c'est compliqué. Je ne suis pas stable à ce niveau-là. Après, pour moi, je ne suis pas stable. Toute ma vie n'est pas stable, en fait. Il y a des variations, j'ai des émotions et tout. Au niveau émotionnel, par exemple, j'ai retrouvé mes émotions. Chose que j'avais perdu avec certains médicaments. Donc du coup, je me sens plus vivante, en fait. Même si des fois, il y a des émotions que je devrais avoir, mais je ne les ai pas. ça me perturbe quand même, donc du coup c'est compliqué.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que ça donne du sens un peu à ta vie, le fait d'être pérédante. Ce que tu disais après, ça m'évoquait... Oui, quand tu disais que c'est le bénéficiaire qui est au centre, je me disais aussi qu'il faut arriver à ne pas s'oublier soi-même, parce qu'il faut d'abord être solide soi-même pour pouvoir aider les autres, et comment vous gérez ça ?

  • Speaker #0

    Pendant mon quotidien, soit je vais faire des courses, soit je vais courir un peu, soit je vais marcher, soit je vais voir des collègues, on regarde un film chez eux, tranquille. Voilà, moi je gère comme ça. Maintenant, je ne reste plus à la maison tout seul. Ça c'est clair. Si je rentre juste le soir pour dormir, à partir de 7h, 6h30, je suis à la maison. Je ne reste pas toute la nuit sur la route. Mais il y a un petit hic qui me dit, vas-y, là c'est temps, tu rentres. Tu es fatigué, tu as essayé d'en profiter, tu rentres chez toi, tu as la vaisselle à faire, tu as le manger à faire cuire, tu as les vêtements à laver, tu as les courses à faire, donc il faut gérer tout ça. Et des fois, je me sens tellement fatigué, tellement fatigué que je prends deux ou trois jours avant d'aller faire les courses, au lieu de bouger pour faire mes papiers. On a tout ça à gérer. Et en tant que malade, on le gère comme ça.

  • Speaker #2

    Alors du coup, je fais de la musique, ça m'a beaucoup aidé dans mon parcours de rétablissement. Et je fais du piano et je chante un petit peu, je compose et je fais des reprises arrangées à ma façon, avec ma touche personnelle et ce que j'aime dans la musique. Mon harmonisation entre classique et jazz. Et du coup, mon profil sur Spotify, c'est félix.b. F-E-L-I-X.B

  • Speaker #3

    Moi, personnellement, quand je sors du boulot, je sors du boulot en fait. Des fois, quand il faut envoyer un message au collègue, il n'y a pas de souci. On s'envoie un message quand il le faut, si on a besoin. Mais quand je sors du boulot, j'ai besoin de faire autre chose, de prendre l'air. J'ai beaucoup la religion, moi, personnellement, qui m'a aidée, qui m'aide toujours. Et après, c'est plutôt les sorties entre amis, en famille, où là, ça me permet de... d'évacuer en fait. Mais je ne parle pas du boulot forcément avec mes amis ou quoi que ce soit. Ce qui se passe au boulot, pour moi, ça reste au boulot en fait. Et ça me fait du bien. Quand je pars en vacances aussi, des fois j'y pense quand même au boulot. Mais il faut aussi qu'on s'accorde du temps pour nous parce que c'est important de ne pas ramener toutes les situations qu'on... qu'on entend parce qu'on entend des choses qui sont vraiment dures aussi. C'est-à-dire la vie des personnes, c'est quand même pas facile ce qu'elles vivent en fait. Et il faut... Nous, ce qu'on nous avait dit en formation en fait, c'est qu'il faut prendre un... Enfin, moi ce que j'avais retenu, c'est qu'il faut avoir un sac devant nous. On écoute en fait, bien sûr, mais qu'on ne comprenne pas pour nous directement. Il ne faut pas que ça nous touche, nous personnellement en fait. Donc on écoute, on écoute, mais que... On est cette distance, en fait. Ce n'est pas notre vie, c'est la vie des autres. On peut l'entendre, mais on n'est pas des éponges, en fait. Parce que si on commence à être des éponges, on ne va faire que pleurer avec les bénéficiaires. Et je pense que les bénéficiaires, ils n'ont pas besoin qu'on pleure avec eux. Ce n'est pas ça qui va les aider. Et puis après, je pense que c'est important aussi de ne pas être là aussi. Par exemple, moi, quand je partage des passages de ma vie, Je ne suis pas forcément dans la lamentation ou quoi que ce soit. On n'est pas dans cette partie-là, en fait. Donc, du coup, c'est vraiment, soit je disais que le bénéficiaire, on va l'écouter, on va partager notre expérience, mais on sait très bien que malgré nous, ce qu'on peut vivre actuellement, même s'il y a des périodes où c'est plus difficile pour nous, on va mettre une distance entre ce que l'on vit et ce que vit la personne elle-même, en fait, pour ne pas non plus impacter la personne par notre vécu à nous. De toute façon, nous, on n'est pas sauveurs, en fait. On ne sauve personne. On n'est que des êtres humains. Là, on peut apporter notre soutien. Mais si on n'est pas bien nous-mêmes, on ne peut pas aider l'autre. Donc, on prend soin de nous d'abord et après, quand nous, ça va mieux, on va aider les autres aussi.

  • Speaker #4

    Pour ma part, je travaille à mi-temps, ce qui est très appréciable parce que quand je viens travailler trois jours, semaines, je suis vraiment disponible et dans l'écoute. Et quand je pars, je me déconnecte. Même si je reçois, de toute façon j'ai dit, si je reçois un mail ou un texto, je ne réponds pas. Quand je suis partie, je suis partie. Mais quand je suis là, je suis là à 100% et ça me permet de revenir ressourcer.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te ressource ?

  • Speaker #4

    Quand j'arrive chez moi, c'est de passer du temps avec les gens que j'aime, faire du shopping ou du lèche-vitrine, pas forcément. acheter du lèche-vitrine, s'aérer la tête, être entre amis, partager un petit apéro ou même rester devant un bon film et se détendre. Ou moi, c'est la plage ou le jardinage qui me détend.

  • Speaker #2

    Alors l'appareil dansant, ce n'est pas fait pour toutes les personnes. C'est quelque chose, c'est un chemin qu'on prend quand ce n'est pas accessible. n'importe quelle personne qui sort de l'hospitalisation ou qui a un parcours psy. C'est vraiment une vocation qu'on choisit, on prend le temps de prendre le choix. On peut se rendre compte après que ce n'est pas notre voie, mais c'est un chemin qui n'est pas fait pour tout le monde. On ne peut pas dire, toi tu sors de ce pied, forcément tu peux devenir pérédant. C'est vraiment un chemin où il faut avoir une stabilité émotionnelle, une certaine rigueur aussi, de ne pas se laisser prendre par la résonance, pas résister, mais avoir un équilibre entre son vécu et son côté professionnel.

  • Speaker #4

    Lors de la formation, on a été sélectionnés pour intégrer cette formation-là. Et sur le parcours, il y a des gens qui étaient là au début, qui n'étaient pas stabilisés, qui n'étaient pas faits pour ça, ou alors ce n'était pas encore le bon moment. Donc ils sont partis et à l'heure actuelle, c'est encore le cas. Si on n'est pas stabilisés, si on n'est pas en accord, avec ce qu'on fait actuellement, on ne peut pas aider les autres.

  • Speaker #1

    Alors du coup, on a beaucoup parlé de l'épargne dense, mais c'est vrai que moi ça m'interpelle beaucoup. Mais je voulais revenir un petit peu sur le dispositif des TAC et avoir un peu votre ressenti en tant que travailleur social.

  • Speaker #5

    Alors moi, quand j'avais commencé, on était d'abord en formation plus de deux ans avec les collègues. Du coup, on détachait, auparavant on était vraiment affecté à notre propre poste professionnel dans des structures. Moi, j'étais une ancienne collègue de la fondation Perfavon. Du coup, il y avait six professionnels avec six pères aidants qui étaient détachés. une fois par semaine sur les interventions pour le DETA. Du coup, depuis l'année dernière, j'ai démissionné de mon poste pour intégrer le dispositif à plein temps. Aujourd'hui, comme d'autant je le dis avec mes collègues, moi je suis toujours en mode formation parce qu'on apprend toujours. J'apprends avec les collègues, j'apprends aussi par les missions, des interventions qu'on a avec les bénéficiaires. Pour moi, c'est un truc génial.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demandais si pour vous, en tant que psychologue, il y a une différence entre recevoir un cabinet et ce dispositif d'ÉTAC ?

  • Speaker #6

    Ah oui, le cadre étant différent, oui, ce n'est pas du tout le même type d'accompagnement. Alors déjà, au sein du dispositif, l'idée n'est pas de proposer un suivi psychologique par la psychologue du service. C'est vraiment de... Oui, effectivement, il y a l'espace écoute. Je peux apporter une certaine expertise du fait de ma formation, mais l'idée, c'est vraiment que ces personnes-là, ensuite, puissent retrouver un autre espace pour pouvoir travailler, si elles le souhaitent, avec un ou une psychologue. L'idée, ce n'est pas qu'on reste très longtemps sur la situation. C'est vraiment de pouvoir stabiliser les choses et puis de réouvrir, d'aider la personne à ouvrir d'autres portes pour quelque chose de plus pérenne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une limite en nombre d'interventions, de durée, ou bien ça dépend vraiment de la situation ?

  • Speaker #6

    Ça dépend vraiment des personnes. Il y a des accompagnements qu'on dit de courte durée, c'est-à-dire on les voit une fois ou deux sur vraiment des problématiques très précises, que ce soit une démarche administrative, des papiers peut-être à refaire, des rendez-vous de soins qui ont été annulés, donc on les reprend. Et voilà, la personne reprend son cours, mais de toute façon on reste en veille, elle peut nous recontacter à tout moment. Et il y a des accompagnements effectivement qui durent aussi beaucoup plus longtemps. Ça peut être une année. Après, c'est pareil. Il y a vraiment les interventions. Ça peut être de manière régulière, des fois avec une temporalité plus éloignée. Mais oui, ça peut durer un an, voire peut-être un peu plus.

  • Speaker #1

    On arrive presque à la fin. Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter et surtout quelque chose à dire aux personnes qui sont dans les situations de difficulté ?

  • Speaker #5

    Alors moi, ce que j'ai à dire, c'est qu'en gros, il faut que les personnes gardent espoir. La vie n'est pas terminée. Il faut toujours essayer. C'est un combat. Pour moi, la vie, c'est un combat. Il faut essayer de surmonter tout ça. C'est facile de dire quand la personne ne vit pas. C'est très compliqué pour la personne en lui-même qui est malade. Mais du moment où il y a une oreille, il y a un écoute, il y a un soutien, je pense que ces personnes peuvent s'en sortir.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas avoir honte et en parler. Parce que c'est des choses... qui touche le cœur, l'esprit. Et il faut vraiment en parler pour pouvoir libérer, un peu décharger émotionnellement toute la charge que les maladies apportent.

  • Speaker #3

    Du coup, moi, ce que je voulais dire, c'est que vous n'êtes pas seul, qu'on est là, on peut vous écouter. Et que ce que moi, je n'ai pas eu, j'aimerais pouvoir le donner. Et ce qu'on le fait, on le fait avec le cœur, en fait. On ne le fait pas parce qu'on est payé ou quoi que ce soit. c'est sûr que Voilà, c'est notre travail, mais on est là parce que vraiment, on a envie de faire avancer les personnes qui sont en souffrance psychique. Et moi, tout ce que je peux vous souhaiter, en fait, c'est de trouver la paix intérieure que moi j'ai trouvée aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ben, moi, ce que j'ai rajouté pour les gens qui sont en souffrance, c'est de persévérer, de prendre ses médicaments, même si c'est pas bien, même si... Si ça a un mauvais goût, même pour vous dire d'avoir des médicaments, ça sert à rien. Parce qu'on est tombé sur des cas comme ça, des gens qui ne voulaient plus prendre de traitement. Ils étaient en sort au soleil et tout. Il y avait des cas comme ça en 2017. Et nous, on respectait la religion. On les accompagnait au cimetière de poser un bouquet de fleurs. C'était là. C'était leur besoin. Donc, moi, ce que j'ai à dire, c'est que tout le monde peut être en bonne santé s'il suit bien son échéanement, qu'il persévère, que tous les jours, il se dise à la tête, je suis malade, mais je vais guérir bientôt. Je crois en tout ça et voilà.

  • Speaker #4

    Alors, notre dispositif DETAC, je voulais rajouter le petit point qui me tient à cœur, Merci. détacent le cœur, détacent la parole, détacent l'esprit. Et à mon sens, quand on associe tout ça, eh bien derrière, il y a juste la zénitude vers un meilleur.

  • Speaker #5

    Alors si Zotty veut que nous interviennes dans le lieu ou l'endroit que Zotty a décidé, chez Zotty ou un endroit neutre, n'hésite pas à appeler à nous au 02 62 737 737.

  • Speaker #1

    appel à nous merci beaucoup à tous c'est un super bel échange, j'ai beaucoup apprécié j'espère que vous aussi, à bientôt à bientôt, merci au revoir

Description

🎧 Dans cet épisode, je tends le micro à celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre pour accompagner la santé mentale.


Je rencontre les membres du dispositif Détak, une ligne d’écoute et d’accompagnement dédiée aux personnes vivant avec des troubles psychiques. Ensemble, on parle de pair-aidance, de soutien humain, d’écoute à hauteur d’âme — et de ce que ça change, quand on n’est plus seul.e face à la tempête.

Au fil de l’entretien, je partage aussi mon propre vécu avec le trouble borderline, ce que cela signifie au quotidien, les hauts, les bas — et comment un lien, parfois, peut faire toute la différence.


Des échanges passionnants avec Claire, Félix, Eric, Cindy, Fabienne et Corinne, que je remercie.

Un épisode pour comprendre, pour ressentir, et peut-être, pour se reconnaître.


Dispositif Détak : 0262 737 737 (Ile de la Réunion)

Pour les professionnels : detak@apajh.re


Retrouvez Félix.B sur Spotify



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Elodie Maillot et aujourd'hui on va découvrir le dispositif DETAC porté par l'association LAPAGE de La Réunion qui offre un accompagnement aux personnes souffrant de troubles psychiques ainsi qu'à leurs proches et aux professionnels. J'ai rencontré une partie de l'équipe qui s'occupe de ce dispositif composé de travailleurs sociaux et de pairs aidants ensemble. Ils vont nous présenter le dispositif, ainsi que le métier de père aidant, et je leur expliquerai comment je vis le trouble de la personnalité borderline, dont je souffre. Bienvenue sur Décalé, où l'on recueille les témoignages de personnes inspirantes dont les vies peu ordinaires les font vivre hors du cadre, légèrement décalées. Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie d'être ici aujourd'hui dans vos locaux d'ETAC qui est porté par l'APAJ, donc l'association pour adultes et jeunes handicapés. Donc moi j'ai découvert votre dispositif il n'y a pas très longtemps et Et je l'ai trouvé vraiment super intéressant. que vous puissiez accompagner les personnes en situation de difficulté mentale ou de maladie mentale. Et donc, j'aimerais déjà faire un petit tour de table pour se présenter.

  • Speaker #1

    Bonjour, moi je m'appelle Claire Lery, je suis psychologue et je travaille sur l'antenne Est du DETAC.

  • Speaker #2

    Bonjour, moi c'est Félix, je suis père aidant dans le DETAC dans l'espace Nord.

  • Speaker #3

    Bonjour, je m'appelle Egeke Lonan, je suis médiateur père dans le dispositif Métap Nord.

  • Speaker #4

    Bonjour, Cindy Gara, monétrice éducatrice sur le dispositif Nord.

  • Speaker #5

    Bonjour à tous, moi c'est Fabienne, je suis père aidante au niveau du dispositif Nord.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous, Corinne Occiovini, médiatrice père secteur Est.

  • Speaker #0

    Merci d'être tous là, ça me fait super plaisir de voir que vous êtes intéressés par mon podcast et que vous avez des choses à dire. Déjà, qui pourrait m'expliquer c'est quoi le dispositif DETAC ?

  • Speaker #1

    Le dispositif DETAC, piloté par la page, il s'adresse à toute personne qui à un moment dans sa vie rencontre une difficulté psy. Donc on intervient auprès de gens. sans notification, sans orientation MDPH, sans reconnaissance de quoi. C'est vraiment toute personne qui à un moment se retrouve en difficulté et qui aurait besoin un peu de soutien. Il y a une plateforme téléphonique, c'est un peu la porte d'entrée, c'est-à-dire qu'on a vraiment une ligne téléphonique où toutes les personnes, on peut appeler pour soi, ça peut être un aidant pour quelqu'un de son entourage, ça peut être un professionnel par rapport à quelqu'un qui l'accompagne et qui se retrouverait un peu en difficulté ou qui aurait besoin d'éclairage. Donc on propose la plateforme téléphonique, l'espace écoute, et ensuite si la personne le souhaite, on propose des rencontres, des interventions en binôme, c'est-à-dire soit un travailleur social, psychologue, avec un père aidant, et ensemble on va rencontrer la personne concernée, et avec elle on évalue les besoins, et ensuite on accompagne aux demandes de la personne du mieux qu'on peut. Ça peut être des demandes principales, il peut y avoir tout ce qui est quand même accès aux soins. Ça peut être sur des démarches administratives, ça peut être sur la vie quotidienne, ça peut être tout ce qui est en lien avec la vie sociale, retrouver, aller faire du sport, rencontrer des gens. Ça peut être en lien avec le logement, ça peut être en lien avec le transport. vraiment, la personne... et nous on s'annonce un peu ses difficultés si elle le souhaite, et nous on accompagne comme on le peut pour ensuite réorienter vers les partenaires principaux. Alors on ne reçoit pas dans nos locaux, mais on ne va pas forcément chez les gens, c'est eux qui choisissent le lieu de la rencontre. Ça peut être dans un parc, dans un café, au domicile effectivement. Voilà, c'est vraiment la personne qui choisit aussi.

  • Speaker #0

    Donc un endroit où elle se sent bien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en sécurité. Tout à fait.

  • Speaker #4

    Alors, on est joignable au 02 62 737 737, c'est par téléphone, ou par mail pour les partenaires au détac.apage.re.

  • Speaker #0

    Et moi ce qui m'interpelle beaucoup dans ce dispositif c'est la pérédance. Donc j'aimerais bien que un des pérédants m'explique ce que c'est.

  • Speaker #2

    Donc en fait la pérédance c'est une personne qui a une expérience avec une difficulté dans sa vie et par son expérience il va pouvoir accompagner quelqu'un qui rencontre cette difficulté. Et il y a vraiment à côté une figure d'espoir le fait que la personne en face elle a réussi déjà à affronter et à surmonter la difficulté.

  • Speaker #0

    Et comment toi tu es devenu père aidant ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, pour être père aidant, il faut être déjà sur un chemin de rétablissement. Il faut avoir une sorte de stabilisation parce qu'on ne peut pas pleurer avec les personnes qu'on accompagne. Il faut pouvoir aussi les aider à surmonter les difficultés, mais pas être dans la compassion, être dans l'empathie.

  • Speaker #0

    Et après il y a une formation, comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Le dispositif était expérimental au début, il a été en expérimentation pendant... deux ans. Et pendant cette expérimentation, on a été formé par l'IRSAM.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi, qu'est-ce qu'on vous a appris dans cette formation ?

  • Speaker #2

    Ce qui a été le plus important pour moi, c'était la posture professionnelle. Parce que quand on est père aidant, on n'a pas forcément, on n'a pas tous une expérience avec le milieu professionnel médico-social. Et du coup, on n'a pas forcément le côté posture professionnelle. on peut avoir des mots qui ne sont pas forcément adaptés au milieu professionnel.

  • Speaker #0

    Pour les autres, qu'est-ce qui vous a marqué dans cette formation, que vous avez appris, que vous ne connaissiez pas avant ?

  • Speaker #5

    En fait, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup marqué, c'est une infirmière qui nous avait fait une formation, qui nous disait comme ça qu'en fait, on avait chacun notre carte du monde. Par exemple, pour moi, je sais que la famille, elle est au centre de... de mes intérêts. Donc du coup, quand je vais lire ma carte du monde, c'est le premier truc que je vais voir. Mais qu'en allant voir la carte du monde de quelqu'un d'autre, la famille ne sera peut-être pas placée au même endroit.

  • Speaker #0

    Donc du coup,

  • Speaker #5

    l'importance de se dire qu'on va voir quelqu'un, mais il ne faut pas que je me dise que ma carte du monde, c'est sa carte du monde en fait. Donc c'est me mettre en retrait par rapport à ce que moi je suis et accepter l'autre avec ses différences. essayer de comprendre ses besoins à lui qui ne sont pas les mêmes que les miens.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile à mettre en place concrètement ? On va dire que ce n'est pas que c'est facile,

  • Speaker #5

    mais on fait avec parce qu'on ne connaît pas la personne en fait. Donc on ne peut pas la juger non plus, on ne peut pas dire que en regardant la personne, la famille c'est important pour lui, les amis c'est moins important, on ne sait pas. on va vers l'inconnu. Donc je pense qu'il faut du temps avec les différentes interventions qu'on a, ça nous permet de connaître la personne et de voir un peu plus ses centres d'intérêt en fait. Donc le fait de discuter et tout, ça nous permet d'avoir, même si ce n'est pas une carte du monde où on va dessiner précisément ce qui est plus important pour lui ou pas. on va le ressentir quand lui va parler en fait. Il y aura une sensibilité, une émotion qui fait qu'on va se dire « Ah ben là,

  • Speaker #0

    on a touché un point qui est sensible,

  • Speaker #5

    du coup on va approfondir un peu » et ça va créer une relation plus intime avec la personne en fait.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui vous plaît dans le fait d'être père aidant ?

  • Speaker #3

    Moi ce qui me plaît dans la paix aidante, C'est que on a passé... Un moment de notre vie de souffrance. Et cette souffrance-là, à force de travailler, de réfléchir, de passer toute sa journée, eh bien, ça m'a apporté du courage, de la persévérance. Et je me suis dit aussi, une fois j'étais dans ma chambre, je me suis dit « Eric, tu es malade, mais tes parents sont encore là » . J'avais des tentations de suicide, mais je ne l'ai pas fait. Quand ça me passait dans la tête, je me disais « Eric, oublie ça » . Mais là, j'étais vraiment dans un stade au début de la maladie. Je suis tombé malade, j'avais 19 ans. Aujourd'hui, j'en ai 51. Et j'ai passé dans des chemins, même mes amis sont passés dans des chemins qui nous ont renforcés, parce que moi ça m'a renforcé, ça m'a permis aujourd'hui de travailler dans le DETAT. Et ça m'a permis d'avancer encore un peu plus dans la vie. Avec les formations qu'on a eues, ça m'a vraiment plu. Et aujourd'hui, je suis là, je suis content.

  • Speaker #0

    Donc, ça t'a aidé toi-même dans ton cheminement ?

  • Speaker #3

    Oui, ça m'a aidé beaucoup dans mon cheminement. Aujourd'hui, je suis là, je suis fier d'être avec mes collègues et de partager cette expérience avec les gens qui en ont besoin.

  • Speaker #0

    Où est-ce que tu es apporté aux gens, aux malades ?

  • Speaker #3

    On va déjà écouter la personne. Les gens qui sont en psychique, qui prennent un médicament ou un traitement, ils sont obligés d'avoir un effet secondaire de ce médicament. Et cet effet secondaire-là, soit il est visible, soit il n'est pas visible. Quand on va à une intervention, des fois cette personne-là, elle a un signe, soit elle bouge de la tête, soit elle trempe des mains, soit dans sa parole, soit elle a un, comment on dit ça, un tic. Si moi je suis passé par ce chemin, je sais que cette personne-là aussi, elle a sa difficulté là, donc moi je lui donne des conseils. Au fil des interventions, cette personne-là, soit elle dit que ce monsieur-là me dit ça, parce que c'est vrai, c'est pas vrai. La deuxième fois qu'on va voir la personne, la personne dit bonjour monsieur, oui ça m'a aidé. Vous avez dit des choses qui m'ont vraiment touché et je vous remercie. Et moi, je dis que c'est normal. On est là pour vous aider et on aide la personne du mieux que possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, c'est compliqué ? Est-ce que ça fait écho à ce que vous avez vécu ? Ou bien vous arrivez à gérer ça ?

  • Speaker #6

    Pour avoir accompagné certaines personnes, effectivement, ça fait écho, ça fait résonance. chez moi, puisque elle vit ce que j'ai vécu, moi, il y a quelques années ou pas si longtemps que ça. Et il faut arriver, quelquefois j'arrive, quelquefois j'arrive pas, mais maintenant j'arrive beaucoup mieux à gérer mes émotions, parce que ça remonte et il faut que ça sorte. Parce que c'est tellement... Les années passent, mais ça reste ancré en nous. Et juste pour revenir, moi j'ai toujours été dans le médico-social. Et quand ça allait bien, on avait beaucoup d'amis, beaucoup de personnes qui nous entouraient, mais ce n'était pas forcément des personnes de qualité. Tout le monde sait que ce n'est pas la quantité qui compte. mais c'est la qualité. Et quand on traverse une situation familiale ou professionnelle qui nous touche et qu'on est au plus bas et qu'on tombe et on se dit « quand est-ce que le fond arrive ? » parce qu'on descend, descend, descend, mais il n'y a pas de fond, il n'y a plus personne autour de nous. Quand on a des parents qui nous soutiennent, mais ils comprennent, mais en même temps ils ne comprennent pas. parce que dans la culture, je dis rayonnaise parce que je suis rayonnaise, mais je pense que c'est partout dans le monde, quand on voit un psy, on est fou. Non, on n'est pas fou. On a besoin de parler, de mettre de l'ordre, de discuter et sortir de là, même si on n'a pas la réponse, la solution, mais le fait d'avoir pu en parler, ça fait du bien. Pour ma part, j'ai... pas mal d'amis qui me confiaient pas mal de choses. Et je faisais moi toujours la météo, je leur disais « comment tu te sens là maintenant ? » Après la discussion, je leur demande « comment tu te sens après ? » Elle me dit « ça va super bien, j'ai pu vider. Chez la psychologue, je dois payer et avec toi, ce qui est cool, je ne paye pas. » Et je suis bien. Et même avec les personnes qu'on accompagne, on fait un point météo en arrivant et en partant, ils se sentent beaucoup mieux. On n'a pas la solution, mais le fait d'avoir mis les choses à plat, d'avoir vidé, partagé, par rapport à mon parcours aussi, il y a eu pas mal de similitudes. Donc, ils voient qu'ils ne sont pas des cas à part. J'ai été concernée, ils sont concernés, on arrive à mettre des mots et à avancer. dit si je suis arrivé là, vous pouvez aussi vous projeter dans un avenir.

  • Speaker #2

    Pour moi, en fait, avant que je sois sur un parcours d'établissement, j'aurais bien aimé avoir un père aidant, justement. Ça n'existait pas encore, enfin pas à l'OGT en tout cas. Et c'est quelque chose qui m'aurait vraiment plu d'avoir un père aidant. Et du coup, c'est pour ça que je suis de la paire aidante aussi. C'est pour donner ce que je n'ai pas eu dans mes moments de crise ou des moments de souffrance psychique. Et en fait, ce qui est bien, c'est que quand on rencontre une personne qui a un trouble psy dans notre travail, on partage une réalité. Parce qu'on a tous une certaine réalité, que ce soit avec les troubles ou la vie personnelle, comme la religion ou n'importe quelle culture dans notre vie. Le fait de parler avec quelqu'un, ça crée du lien social. Et le lien social, c'est un peu la source de toute maladie. Le fait de ne pas avoir de contact avec d'autres personnes, de connecter la réalité avec une autre personne, d'être connecté à quelqu'un, ça recrée ce lien social et ça recrée un peu l'espoir.

  • Speaker #0

    Moi, je suis borderline. Et est-ce que vous, vous connaissiez ce trouble ?

  • Speaker #5

    Moi, personnellement, je connaissais ce trouble juste par rapport à une personne, parce que quand j'étais hospitalisée, j'entendais ce terme-là. Il s'est passé des choses avec cette personne qui m'ont donné quelques pistes, mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose, enfin, ce n'est pas une partie de la psychiatrie que je connais vraiment, en fait. Donc, non.

  • Speaker #2

    Moi je ne connais pas particulièrement ce trouble, mais je me suis un peu renseigné quand même. Parce que c'est quand même important de connaître pour nous les différentes pathologies. Et donc pour moi borderline c'est les états limites. C'est un trouble au niveau émotionnel. Ce n'est pas de la communication, c'est vraiment au niveau des émotions, la gestion des émotions. Et ce n'est ni des troubles de l'humeur, ni des psychoses, ni des névroses. C'est vraiment à part, c'est les troubles borderline de l'état limite.

  • Speaker #0

    Oui c'est ça, en fait on dit que c'est un trouble de la personnalité. Après moi je peux vous expliquer un peu comment je vis ce trouble là. Donc effectivement il y a une grande instabilité au niveau de l'humeur, c'est-à-dire que dans la même journée on peut se sentir très bien et après très très mal. Après on a des difficultés relationnelles avec les autres personnes. On a aussi du mal avec l'image qu'on a de soi, on peut se sentir vraiment quelqu'un de très bien et juste après totalement inutile, totalement nul, donc ça aussi beaucoup. Après, il y a aussi la peur de l'abandon qui est très très forte. Et aussi un sentiment de vide un peu permanent. Après, il y a aussi pour certaines personnes des colères intenses. Il peut y avoir aussi des impulsivités dans des domaines qui sont dangereux pour la personne. Ça peut être des achats compulsifs, ça peut être de la drogue, ça peut être le sexe. Il y a neuf en tout, je ne sais pas si j'ai fait le tour. Il y a aussi des dissociations. Donc c'est un état où soit on n'est plus en contact avec son corps, ça s'appelle la dépersonnalisation, ou soit on a l'impression de ne plus être dans la réalité, donc la déréalisation. Et je crois que j'ai fait le tour. En fait, il faut avoir au moins cinq de ces symptômes pour être diagnostiqué borderline, et il faut aussi que les symptômes soient importants et qui durent dans le temps. Parce que moi, souvent, ce qu'on me dit, c'est « mais tout le monde a ça » . Donc, effectivement, beaucoup de personnes peuvent avoir peur de l'abandon, par exemple. Sauf que chez les personnes borderline, par exemple, chez moi, c'est quasiment constant. Et même un tout petit événement peut déclencher ça. Quelque chose que quelqu'un a fait, quelque chose que quelqu'un n'a pas fait, ou juste, moi, un truc que j'imagine.

  • Speaker #2

    Je peux dire, le trouble borderline, c'est que tu trouves trois femmes pour un homme. C'est un trouble qui touche beaucoup plus de femmes que d'hommes.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. Et après, il se pourrait que les hommes aient moins tendance à exprimer leurs émotions, plus à cacher. Donc ça serait peut-être pour ça qu'il y a moins d'hommes diagnostiqués. Et en fait, pour revenir sur les origines du trouble, il y a une partie génétique, il y a une partie liée au vécu de la personne. Souvent, les personnes qui ont vécu des traumatismes, Mais par exemple, pour moi, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas vécu un gros traumatisme. C'est plus des petits éléments répétitifs tout le long de mon enfance. Après, les premiers symptômes se déclarent vers l'adolescence. Et on attend le début de l'âge adulte pour diagnostiquer ce trouble, parce qu'au niveau de l'adolescence, ça peut encore évoluer. Donc, il faut que les psychiatres préfèrent attendre que les personnes soient adultes pour le diagnostiquer. Et est-ce qu'il y a des questions que vous aimeriez me poser ?

  • Speaker #2

    Le trouble hors de langue, c'est proche de la bipolarité ou pas le trouble de l'humeur, le fait que vous disiez que des fois vous aviez des moments up et down.

  • Speaker #0

    Alors, comme dirait ma psychiatre, elle dit que c'est une petite cousine. Donc, c'est différent dans le sens où la bipolarité, c'est un trouble de l'humeur, et le trouble borderline, c'est un trouble de la personnalité. Un point commun, c'est que l'humeur varie beaucoup. La différence, c'est qu'il n'y a pas d'épisode maniaque chez les borderline. Donc, il y a des phases dépressives, des phases où on se sent très bien, mais il n'y a pas d'épisode maniaque.

  • Speaker #6

    Je voulais savoir au niveau du traitement médical, est-ce qu'il y avait des effets secondaires ? Est-ce que c'est réajustable ? Dans la vie de tous les jours, comment on le vit avec le traitement ?

  • Speaker #0

    Alors le traitement n'est pas obligatoire puisque c'est surtout la psychothérapie qui va aider la personne à se sentir mieux. Mais les médicaments aident souvent. Alors moi par exemple, ce que j'ai, c'est des antidépresseurs, des anxiolytiques. et un régulateur d'humeur. Donc les effets secondaires, ce sont ce que ces symptômes, ces médicaments provoquent en général. Chez moi, c'est surtout de la fatigue, enfin de très grande fatigue, qui est difficile à faire comprendre aux gens parce qu'ils pensent peut-être qu'on est paresseux ou qu'on n'a pas envie de faire des choses. Même dans le quotidien, dans le ménage, la cuisine, les gens ont un peu du mal à comprendre qu'on n'a aucune énergie, c'est pas un manque de volonté. ou d'envie de participer, c'est vraiment un épuisement total. Après, il doit y avoir d'autres effets secondaires, mais moi, c'est celui que j'ai principalement. Et oui, on peut réajuster le traitement au fil du temps. Par exemple, moi, ça fait quatre ans que je suis diagnostiquée, donc au fur et à mesure, on a changé de posologie et aussi de traitement pour le régulateur d'humeur, notamment. On a essayé plusieurs en fonction de ce qui m'allait le mieux ou pas.

  • Speaker #5

    Je voulais savoir par rapport à la gestion des émotions justement, comment vous faites par exemple quand vous êtes très en colère, comme maintenant vous concrétisez bien vos symptômes et tout, comment vous faites pour gérer les grosses colères ou sinon les grosses tristesses ?

  • Speaker #0

    Avec ma psychiatre, elle m'a donné des outils de thérapie comportementale. Donc j'ai une sorte de mini-protocole à appliquer. La première étape, c'est que je me mets en sécurité. Je m'isole, je me mets dans un endroit où je me sens en sécurité et bien. Ensuite, j'ai des petits outils pour faire baisser les émotions, pour calmer les émotions. Et ensuite, maintenant comme je suis un peu plus avancée dans mon cheminement, j'arrive à analyser la situation et déterminer qu'est-ce qui a déclenché cette émotion vive, parce que des fois c'est tellement petit. Moi j'ai l'impression que mon humeur change pour rien, alors qu'en fait il y a vraiment un élément déclencheur. Ça j'ai eu beaucoup de mal à accepter, parce que j'avais vraiment l'impression que mon humeur variait tout le temps, sans aucune raison. Et après la dernière étape, c'est d'essayer de comprendre de quoi j'ai besoin à ce moment-là, pour me sentir mieux. et qu'est-ce que je peux faire pour que la prochaine fois, ça soit plus facile à gérer ou moins important.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que vous pensez de la représentation du borderline par le grand public ? Parce que pour moi, je trouve que c'est plus diffuser les idées au niveau des polarités, de la schizophrénie, mais beaucoup moins, j'ai l'impression en fait, qu'on parle beaucoup moins d'état limite et de borderline dans les médias.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, c'est très peu connu par le grand public. Et même des fois dans le milieu, alors pas forcément médical, mais en tout cas dans les gens qui accompagnent, j'ai déjà rencontré des gens qui me disent « le trouble borderline, tout le monde a ça, ça passe » et que les personnes ne se rendent pas compte de l'impact au quotidien et de la souffrance très importante qu'il y a. Puisqu'il y a quand même des gens qui se suicident avec ce trouble. Et c'est vrai que c'est vraiment assez méconnu. Et moi j'ai cherché en fait, il n'y a pas longtemps, quelles sont les célébrités qui sont borderline. Et je n'ai pas trouvé de célébrité française. Donc il y a quelques célébrités américaines. Enfin il y a Van Gogh, qui n'est pas américain, mais après dans les américains il y a Amy Winehouse, Britney Spears, il y avait qui encore ? Marilyn Monroe et Angelina Jolie, voilà c'est ça. Mais après, ce que j'ai vu dans les articles sur Internet, ce n'est pas forcément les personnes qui se disent borderline, c'est surtout les gens autour qui déduisent qu'elles sont borderline. Donc du coup, ce n'est pas évident de savoir si elles le sont vraiment ou pas. Mais c'est vrai que ça, c'est aussi un... un élément qui montre que on n'en parle pas.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'ils ne sont pas diagnostiqués en France. C'est possible ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait possible. Parce que c'est un des troubles les plus compliqués à diagnostiquer. Parce que justement les symptômes sont très variés et que ça dépend vraiment de l'intensité chez les gens. Donc c'est vrai que c'est un peu plus... De ce que j'ai compris, ce serait un peu plus compliqué à diagnostiquer.

  • Speaker #3

    Du coup, j'avais une question à vous poser, c'était nous, le schizophrénie, on dit que ça déclare à partir de 19 ans, 18 ans pour moi, dans la jeunesse. Mais vous, ça a déclaré, vous avez 41 ans, est-ce qu'il y a un âge exprès, un âge que ça déclenche ?

  • Speaker #0

    Alors moi, j'ai été diagnostiquée à 41 ans, mais les premiers symptômes sont apparus à l'adolescence, vers 14-15 ans. C'est ce qui arrive en général, c'est des premiers symptômes à l'adolescence et après soit effectivement la personnalité évolue ou sinon ça se transforme en trouble. Donc du coup moi depuis l'âge de 15 ans jusqu'à 41 ans, soit je n'étais pas suivie, soit on me disait que j'étais dépressive. Et c'est seulement à 41 ans où j'ai eu une très grosse dépression, où j'ai été hospitalisée. à la clinique des Flamboyants pendant 4 mois et c'est là qu'on m'a diagnostiquée.

  • Speaker #5

    Et du coup, le fait d'avoir été diagnostiquée, qu'est-ce que ça a procuré chez vous en fait ?

  • Speaker #0

    Pour moi, ça a été un grand soulagement de savoir ce que j'ai et de savoir que je ne l'ai pas inventé, que ce n'est pas de la paresse ou que ce n'est pas… On me disait aussi que j'étais soit lunatique, soit susceptible. Voilà, on me disait que j'étais susceptible. Et en fait, ça m'a rassurée. Bon, il y a bien un problème. C'est médical. Ce n'est pas juste moi qui n'arrive pas à m'intégrer dans le monde. Effectivement, j'ai du mal à m'intégrer dans le monde, mais il y a des vraies raisons. Et il y a un non dessus. Et s'il y a un non, c'est qu'il y a aussi une façon de le traiter et un espoir de me dire que je pourrais aller mieux après.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce podcast, ce n'est pas... un moyen de donner un sens à cette maladie, de la combattre, de mettre en lumière cette maladie qui n'est pas forcément connue par tout grand public, et de combattre, de croire en soi, de diffuser un peu un message qu'on n'est pas seul, qu'il y a d'autres personnes qui ont aussi cette maladie, qui peuvent avoir cette maladie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout à fait ça. C'est pour ça que j'ai créé ce podcast, parce que je me disais, voilà, les gens, ils ne connaissent pas ce que c'est. Et en même temps, si on n'en parle pas, ça ne peut pas être connu. les personnes les mieux placées ce sont les malades eux-mêmes mais en même temps moi j'ai du mal à en parler donc du coup je suis passée par le podcast pour pouvoir en parler de manière un peu plus distante en fait c'est-à-dire que je ne parle pas aux gens directement devant moi je parle derrière un micro et mon podcast au départ il s'appelait Décalé parce que je ne voulais pas vraiment parler directement de ma maladie donc j'ai pris un peu plus large je me suis dit je vais parler de toutes les personnes un peu décalées Et là, récemment, j'ai beaucoup réfléchi à ça et je vais lancer un nouveau podcast qui va s'appeler « Vivre Borderline » où je parlerai uniquement du trouble borderline, de ce qu'on peut faire, ce que vivent les proches aussi, etc. Donc je vais, disons, assumer un peu plus ma maladie et d'en parler.

  • Speaker #2

    Ce podcast, c'est peut-être un moyen d'aller vers le rétablissement ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Ça fait partie du chemin de rétablissement, je pense. C'est une étape de se dire... J'accepte complètement. J'ai du mal à dire j'accepte, juste de le penser. C'est pas évident.

  • Speaker #2

    Ici, on est censé avoir juste accepté. Enfin, je parle pour les autres.

  • Speaker #0

    L'accepter c'est un grand mot, mais vivre avec c'est plus dur. De vivre avec et de gérer ça pendant toute sa vie, c'est autre chose. Parce que pour vous, vous dites, des fois j'ai des montées d'adrénaline, c'est dur à contrôler, des fois tu te renfermes. Et nous aussi c'est pareil, moi je me suis renfermé à chez moi pendant deux ans, au début de ma maladie. Je ne savais pas comment faire. Je prie le bon Dieu, ma mère me dit arrête de faire ça, mon frère me dit tu fais n'importe quoi. Bon, c'était pas mon but, c'était pas ma réaction normale. Du coup, à force de prendre le médicament, j'ai dit bah Eric, tu prends le médicament, tu es malade. C'est sûr que tu es malade. Donc maintenant, il faut que tu l'acceptes et que tu le vis avec. Sinon, qui va vivre avec ? C'est toi-même. Des fois, on est malade, nous on voit pas qu'on est malade. C'est les autres qui disent, ah lui il est bizarre. Il est pas bizarre, il est en train de vivre. une émotion de la journée, il se sent mal là tout d'un coup. Avec du recul dans la journée, il va trouver une solution. Moi, je trouve toujours une solution pour m'éclipser, pour oublier tout ça.

  • Speaker #1

    On parlait d'acceptation. Moi, il y a un mot qui m'interpelle, c'est la stabilisation. J'ai toujours un peu de mal avec ça. Est-ce que vous l'utilisez pour cette expression, c'est-à-dire être stabilisé ?

  • Speaker #2

    En fait, il y a la stabilisation au niveau chimique, c'est-à-dire quand le traitement donne un équilibre à la personne entre les troubles et les médicaments, le résultat des médicaments sur le corps, mais il y a aussi la stabilité émotionnelle aussi. Il y a aussi le travail, la vie sociale, tout ce qui est autour de l'humain, le lien social. Pour moi, c'est les deux, c'est un équilibre entre les médicaments et le lien social.

  • Speaker #3

    Moi je voulais juste revenir sur le fait d'acceptation. Moi par exemple, mes collègues, ils ne savent pas la maladie que j'ai en fait. Ils savent que j'ai un trouble psy, mais lequel ils ne savent pas. Donc je pense que c'est personnel, c'est pas parce que je ne parle pas de ma maladie que je n'ai pas accepté en fait. Donc c'est en fonction de chacun, je pense qu'on ne peut pas dire que... Enfin c'est mon avis personnel encore une fois, c'est que... Je pense être rétablie, j'ai des choses que je dois améliorer encore parce que quand je vais voir des bénéficiaires par exemple, j'ai l'impression qu'eux-mêmes vont mieux que moi en fait. Parce qu'il y a des choses que je vois que moi je n'arrive pas à faire. Donc je suis qui pour juger ? Je ne peux pas en fait. Pour moi je suis rétablie parce que je n'ai plus les symptômes, je me sens bien. Je ne suis plus hospitalisée. Il y a des signes qui montrent que ça va mieux. Mais je ne suis pas totalement rétablie, en fait. Il y a des choses qui restent que je dois continuer à m'améliorer. Mais le rétablissement, ce n'est pas quelque chose qui se dit « Ah ben, c'est tout au long de la vie, en fait. On peut rechuter, on ne sait pas ce qui peut se passer dans la vie, en fait. » Donc, le rétablissement, il n'est pas acquis. Le fait d'accepter, ce n'est pas une obligation non plus. On peut vivre avec sans avoir accepté. Donc du coup, parce que moi, par exemple, ma maladie, j'ai du mal à la partager parce que je ne dirais pas que ce n'est pas que je ne l'accepte pas, mais c'est que pour moi, c'est mon jardin secret en fait. Je ne suis pas ma maladie, donc les gens ne vont pas dire « ah ben ouais, c'est Fabienne, elle a telle pathologie » . Il y a des gens, des fois, ils arrivent devant moi, comme je donne une association, ils me demandent « oui, mais toi, t'as quoi ? » Et je trouve que c'est... entrer dans ma vie personnelle alors qu'on n'a pas le droit en fait. Je suis un être humain avant tout, je suis pas ma maladie encore une fois et je pense que moi ce que je leur dis c'est que écoutez, si le feeling passe entre nous, on peut discuter, il n'y a pas de souci, on peut parler de maladie, de ce que vous avez, de tout et de n'importe quoi mais vous n'avez pas forcément besoin de connaître ma pathologie pour dire elle c'est une bonne personne, elle c'est une mauvaise personne en fait. Je suis peut-être pas la même qu'il y a dix ans. Mais je suis ce que je suis et on me prend comme je suis. J'essaie de m'améliorer et voilà, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu fais une différence entre être rétablie et être stabilisée ?

  • Speaker #3

    Pour moi, stabiliser, c'est plutôt au niveau des médicaments. Parce que j'ai testé beaucoup de médicaments. Je pense que j'ai trouvé la stabilité à travers celui que je prends actuellement. Au niveau émotionnel, je pense être stable. Après, j'ai toujours... Par exemple, je suis parano. Ça, de ce côté-là, c'est quelque chose que je sais que c'est compliqué. Je ne suis pas stable à ce niveau-là. Après, pour moi, je ne suis pas stable. Toute ma vie n'est pas stable, en fait. Il y a des variations, j'ai des émotions et tout. Au niveau émotionnel, par exemple, j'ai retrouvé mes émotions. Chose que j'avais perdu avec certains médicaments. Donc du coup, je me sens plus vivante, en fait. Même si des fois, il y a des émotions que je devrais avoir, mais je ne les ai pas. ça me perturbe quand même, donc du coup c'est compliqué.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que ça donne du sens un peu à ta vie, le fait d'être pérédante. Ce que tu disais après, ça m'évoquait... Oui, quand tu disais que c'est le bénéficiaire qui est au centre, je me disais aussi qu'il faut arriver à ne pas s'oublier soi-même, parce qu'il faut d'abord être solide soi-même pour pouvoir aider les autres, et comment vous gérez ça ?

  • Speaker #0

    Pendant mon quotidien, soit je vais faire des courses, soit je vais courir un peu, soit je vais marcher, soit je vais voir des collègues, on regarde un film chez eux, tranquille. Voilà, moi je gère comme ça. Maintenant, je ne reste plus à la maison tout seul. Ça c'est clair. Si je rentre juste le soir pour dormir, à partir de 7h, 6h30, je suis à la maison. Je ne reste pas toute la nuit sur la route. Mais il y a un petit hic qui me dit, vas-y, là c'est temps, tu rentres. Tu es fatigué, tu as essayé d'en profiter, tu rentres chez toi, tu as la vaisselle à faire, tu as le manger à faire cuire, tu as les vêtements à laver, tu as les courses à faire, donc il faut gérer tout ça. Et des fois, je me sens tellement fatigué, tellement fatigué que je prends deux ou trois jours avant d'aller faire les courses, au lieu de bouger pour faire mes papiers. On a tout ça à gérer. Et en tant que malade, on le gère comme ça.

  • Speaker #2

    Alors du coup, je fais de la musique, ça m'a beaucoup aidé dans mon parcours de rétablissement. Et je fais du piano et je chante un petit peu, je compose et je fais des reprises arrangées à ma façon, avec ma touche personnelle et ce que j'aime dans la musique. Mon harmonisation entre classique et jazz. Et du coup, mon profil sur Spotify, c'est félix.b. F-E-L-I-X.B

  • Speaker #3

    Moi, personnellement, quand je sors du boulot, je sors du boulot en fait. Des fois, quand il faut envoyer un message au collègue, il n'y a pas de souci. On s'envoie un message quand il le faut, si on a besoin. Mais quand je sors du boulot, j'ai besoin de faire autre chose, de prendre l'air. J'ai beaucoup la religion, moi, personnellement, qui m'a aidée, qui m'aide toujours. Et après, c'est plutôt les sorties entre amis, en famille, où là, ça me permet de... d'évacuer en fait. Mais je ne parle pas du boulot forcément avec mes amis ou quoi que ce soit. Ce qui se passe au boulot, pour moi, ça reste au boulot en fait. Et ça me fait du bien. Quand je pars en vacances aussi, des fois j'y pense quand même au boulot. Mais il faut aussi qu'on s'accorde du temps pour nous parce que c'est important de ne pas ramener toutes les situations qu'on... qu'on entend parce qu'on entend des choses qui sont vraiment dures aussi. C'est-à-dire la vie des personnes, c'est quand même pas facile ce qu'elles vivent en fait. Et il faut... Nous, ce qu'on nous avait dit en formation en fait, c'est qu'il faut prendre un... Enfin, moi ce que j'avais retenu, c'est qu'il faut avoir un sac devant nous. On écoute en fait, bien sûr, mais qu'on ne comprenne pas pour nous directement. Il ne faut pas que ça nous touche, nous personnellement en fait. Donc on écoute, on écoute, mais que... On est cette distance, en fait. Ce n'est pas notre vie, c'est la vie des autres. On peut l'entendre, mais on n'est pas des éponges, en fait. Parce que si on commence à être des éponges, on ne va faire que pleurer avec les bénéficiaires. Et je pense que les bénéficiaires, ils n'ont pas besoin qu'on pleure avec eux. Ce n'est pas ça qui va les aider. Et puis après, je pense que c'est important aussi de ne pas être là aussi. Par exemple, moi, quand je partage des passages de ma vie, Je ne suis pas forcément dans la lamentation ou quoi que ce soit. On n'est pas dans cette partie-là, en fait. Donc, du coup, c'est vraiment, soit je disais que le bénéficiaire, on va l'écouter, on va partager notre expérience, mais on sait très bien que malgré nous, ce qu'on peut vivre actuellement, même s'il y a des périodes où c'est plus difficile pour nous, on va mettre une distance entre ce que l'on vit et ce que vit la personne elle-même, en fait, pour ne pas non plus impacter la personne par notre vécu à nous. De toute façon, nous, on n'est pas sauveurs, en fait. On ne sauve personne. On n'est que des êtres humains. Là, on peut apporter notre soutien. Mais si on n'est pas bien nous-mêmes, on ne peut pas aider l'autre. Donc, on prend soin de nous d'abord et après, quand nous, ça va mieux, on va aider les autres aussi.

  • Speaker #4

    Pour ma part, je travaille à mi-temps, ce qui est très appréciable parce que quand je viens travailler trois jours, semaines, je suis vraiment disponible et dans l'écoute. Et quand je pars, je me déconnecte. Même si je reçois, de toute façon j'ai dit, si je reçois un mail ou un texto, je ne réponds pas. Quand je suis partie, je suis partie. Mais quand je suis là, je suis là à 100% et ça me permet de revenir ressourcer.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te ressource ?

  • Speaker #4

    Quand j'arrive chez moi, c'est de passer du temps avec les gens que j'aime, faire du shopping ou du lèche-vitrine, pas forcément. acheter du lèche-vitrine, s'aérer la tête, être entre amis, partager un petit apéro ou même rester devant un bon film et se détendre. Ou moi, c'est la plage ou le jardinage qui me détend.

  • Speaker #2

    Alors l'appareil dansant, ce n'est pas fait pour toutes les personnes. C'est quelque chose, c'est un chemin qu'on prend quand ce n'est pas accessible. n'importe quelle personne qui sort de l'hospitalisation ou qui a un parcours psy. C'est vraiment une vocation qu'on choisit, on prend le temps de prendre le choix. On peut se rendre compte après que ce n'est pas notre voie, mais c'est un chemin qui n'est pas fait pour tout le monde. On ne peut pas dire, toi tu sors de ce pied, forcément tu peux devenir pérédant. C'est vraiment un chemin où il faut avoir une stabilité émotionnelle, une certaine rigueur aussi, de ne pas se laisser prendre par la résonance, pas résister, mais avoir un équilibre entre son vécu et son côté professionnel.

  • Speaker #4

    Lors de la formation, on a été sélectionnés pour intégrer cette formation-là. Et sur le parcours, il y a des gens qui étaient là au début, qui n'étaient pas stabilisés, qui n'étaient pas faits pour ça, ou alors ce n'était pas encore le bon moment. Donc ils sont partis et à l'heure actuelle, c'est encore le cas. Si on n'est pas stabilisés, si on n'est pas en accord, avec ce qu'on fait actuellement, on ne peut pas aider les autres.

  • Speaker #1

    Alors du coup, on a beaucoup parlé de l'épargne dense, mais c'est vrai que moi ça m'interpelle beaucoup. Mais je voulais revenir un petit peu sur le dispositif des TAC et avoir un peu votre ressenti en tant que travailleur social.

  • Speaker #5

    Alors moi, quand j'avais commencé, on était d'abord en formation plus de deux ans avec les collègues. Du coup, on détachait, auparavant on était vraiment affecté à notre propre poste professionnel dans des structures. Moi, j'étais une ancienne collègue de la fondation Perfavon. Du coup, il y avait six professionnels avec six pères aidants qui étaient détachés. une fois par semaine sur les interventions pour le DETA. Du coup, depuis l'année dernière, j'ai démissionné de mon poste pour intégrer le dispositif à plein temps. Aujourd'hui, comme d'autant je le dis avec mes collègues, moi je suis toujours en mode formation parce qu'on apprend toujours. J'apprends avec les collègues, j'apprends aussi par les missions, des interventions qu'on a avec les bénéficiaires. Pour moi, c'est un truc génial.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demandais si pour vous, en tant que psychologue, il y a une différence entre recevoir un cabinet et ce dispositif d'ÉTAC ?

  • Speaker #6

    Ah oui, le cadre étant différent, oui, ce n'est pas du tout le même type d'accompagnement. Alors déjà, au sein du dispositif, l'idée n'est pas de proposer un suivi psychologique par la psychologue du service. C'est vraiment de... Oui, effectivement, il y a l'espace écoute. Je peux apporter une certaine expertise du fait de ma formation, mais l'idée, c'est vraiment que ces personnes-là, ensuite, puissent retrouver un autre espace pour pouvoir travailler, si elles le souhaitent, avec un ou une psychologue. L'idée, ce n'est pas qu'on reste très longtemps sur la situation. C'est vraiment de pouvoir stabiliser les choses et puis de réouvrir, d'aider la personne à ouvrir d'autres portes pour quelque chose de plus pérenne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une limite en nombre d'interventions, de durée, ou bien ça dépend vraiment de la situation ?

  • Speaker #6

    Ça dépend vraiment des personnes. Il y a des accompagnements qu'on dit de courte durée, c'est-à-dire on les voit une fois ou deux sur vraiment des problématiques très précises, que ce soit une démarche administrative, des papiers peut-être à refaire, des rendez-vous de soins qui ont été annulés, donc on les reprend. Et voilà, la personne reprend son cours, mais de toute façon on reste en veille, elle peut nous recontacter à tout moment. Et il y a des accompagnements effectivement qui durent aussi beaucoup plus longtemps. Ça peut être une année. Après, c'est pareil. Il y a vraiment les interventions. Ça peut être de manière régulière, des fois avec une temporalité plus éloignée. Mais oui, ça peut durer un an, voire peut-être un peu plus.

  • Speaker #1

    On arrive presque à la fin. Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter et surtout quelque chose à dire aux personnes qui sont dans les situations de difficulté ?

  • Speaker #5

    Alors moi, ce que j'ai à dire, c'est qu'en gros, il faut que les personnes gardent espoir. La vie n'est pas terminée. Il faut toujours essayer. C'est un combat. Pour moi, la vie, c'est un combat. Il faut essayer de surmonter tout ça. C'est facile de dire quand la personne ne vit pas. C'est très compliqué pour la personne en lui-même qui est malade. Mais du moment où il y a une oreille, il y a un écoute, il y a un soutien, je pense que ces personnes peuvent s'en sortir.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas avoir honte et en parler. Parce que c'est des choses... qui touche le cœur, l'esprit. Et il faut vraiment en parler pour pouvoir libérer, un peu décharger émotionnellement toute la charge que les maladies apportent.

  • Speaker #3

    Du coup, moi, ce que je voulais dire, c'est que vous n'êtes pas seul, qu'on est là, on peut vous écouter. Et que ce que moi, je n'ai pas eu, j'aimerais pouvoir le donner. Et ce qu'on le fait, on le fait avec le cœur, en fait. On ne le fait pas parce qu'on est payé ou quoi que ce soit. c'est sûr que Voilà, c'est notre travail, mais on est là parce que vraiment, on a envie de faire avancer les personnes qui sont en souffrance psychique. Et moi, tout ce que je peux vous souhaiter, en fait, c'est de trouver la paix intérieure que moi j'ai trouvée aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ben, moi, ce que j'ai rajouté pour les gens qui sont en souffrance, c'est de persévérer, de prendre ses médicaments, même si c'est pas bien, même si... Si ça a un mauvais goût, même pour vous dire d'avoir des médicaments, ça sert à rien. Parce qu'on est tombé sur des cas comme ça, des gens qui ne voulaient plus prendre de traitement. Ils étaient en sort au soleil et tout. Il y avait des cas comme ça en 2017. Et nous, on respectait la religion. On les accompagnait au cimetière de poser un bouquet de fleurs. C'était là. C'était leur besoin. Donc, moi, ce que j'ai à dire, c'est que tout le monde peut être en bonne santé s'il suit bien son échéanement, qu'il persévère, que tous les jours, il se dise à la tête, je suis malade, mais je vais guérir bientôt. Je crois en tout ça et voilà.

  • Speaker #4

    Alors, notre dispositif DETAC, je voulais rajouter le petit point qui me tient à cœur, Merci. détacent le cœur, détacent la parole, détacent l'esprit. Et à mon sens, quand on associe tout ça, eh bien derrière, il y a juste la zénitude vers un meilleur.

  • Speaker #5

    Alors si Zotty veut que nous interviennes dans le lieu ou l'endroit que Zotty a décidé, chez Zotty ou un endroit neutre, n'hésite pas à appeler à nous au 02 62 737 737.

  • Speaker #1

    appel à nous merci beaucoup à tous c'est un super bel échange, j'ai beaucoup apprécié j'espère que vous aussi, à bientôt à bientôt, merci au revoir

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