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D'Kalé - Le podkast

Sophie : la symphonie des extrêmes

Sophie : la symphonie des extrêmes

51min |19/02/2025
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Sophie : la symphonie des extrêmes

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51min |19/02/2025
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Description

Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022 après un parcours marqué par des épisodes intenses : des accès de colère, des décisions impulsives, et même une garde à vue. Aujourd’hui, elle nous raconte son cheminement, entre colère, acceptation et résilience.

Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? 


Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C’est donc sous le nom de Sopjhie qu’elle va tout nous raconter.


Quelques ressources :


Si vous vous reconnaissez dans ce témoignage, n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour vous accompagner.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Décalé, le podcast où on explore les parcours de vie hors du commun, les épreuves, mais aussi les victoires qui transforment une vie. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet délicat, complexe et parfois tabou, les troubles bipolaires. Mon invitée, Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022, après un parcours marqué par des épisodes intenses. Des accès de colère, des décisions impulsives et même une garde à vue. Aujourd'hui, elle nous raconte son cheminement entre colère, acceptation et résilience. Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C'est donc sous le nom de Sophie qu'elle va tout nous raconter. Vous êtes prêts ? C'est parti ! Sophie bonjour !

  • Speaker #1

    Bonjour Elodie !

  • Speaker #0

    Je suis contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi je suis contente d'être là avec toi et de partager ça.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui on va parler un peu de toi et notamment de ta maladie qui est le trouble bipolaire.

  • Speaker #1

    Oui tout à fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu ce que c'est que le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a plusieurs types de troubles bipolaires. Donc il y a le type 1, le type 2, et je crois qu'il y a aussi un type psychique.

  • Speaker #0

    Un cyclotimie, non ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc moi, je me situe plus dans le type 2. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de dépression, quelques pics, avec... Je ne sais plus comment on appelle ça.

  • Speaker #0

    Épisode de manie ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    En général, c'est cette variation d'humeur, de manière générale, pour les troubles bipolaires. Moi, j'en ai compris. C'est soit d'épisodes dépressifs, soit d'épisodes maniaques, où la personne est très bien. Oui, tout à fait. Et même plus.

  • Speaker #1

    Dans une sensation de surpuissance.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et de légitimité. On est vraiment... Ceux qui ne vont pas dans notre sens ne comprennent rien ou sont injustes. Et c'est vraiment une omnibulation. J'ai du mal à définir parce que souvent, après des phases de manie comme ça, on a tendance à oublier.

  • Speaker #0

    D'accord. Et...

  • Speaker #1

    corps, l'esprit fait qu'on oublie ce qu'on a fait. On pourrait aussi dire des personnes qui ont des troubles bipolaires qu'on pourrait leur en vouloir mais elles ne se rappellent la plupart du temps pas de ce qu'elle a fait dans ces phases maniaques ou alors très peu.

  • Speaker #0

    On va voir maintenant comment ça a été diagnostiqué chez toi et l'élément déclencheur notamment un moment moins un passage en garde à vue ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je souhaite ça à personne, mais en même temps, ça a été le déclencheur qui a fait qu'aujourd'hui, je m'en suis sortie. Ce qui s'est passé, c'est que j'avais justement ces phases de dépression, des phases maniaques très violentes, où j'en suis même arrivée à être violente contre mon conjoint. Et de ce fait, j'ai été mise en garde à vue, même s'il n'a pas porté plainte contre moi, bien entendu. Lui, il comprenait ma maladie, il savait très bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et malgré le fait qu'il n'ait pas porté plainte, si tu veux, j'ai fait une garde à vue pour violence avec arme.

  • Speaker #0

    D'accord, avec arme, ça veut dire que c'est passé quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux, tout... Toute chose peut être une arme. Un ordinateur, un sac, quelque chose qui peut blesser quelqu'un peut être une arme. Dans mon cas, c'était une menace avec des couteaux. Et de plus, j'ai attaqué mon conjoint avec une enceinte. Donc il lui a pépé la tête, perforé le cœur chevelu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc voilà. Donc c'est aller loin quand même, tu vois. Et de ce fait, d'avoir été mise en garde à vue, donc j'ai été convoquée. Donc ensuite par le tribunal et j'ai eu une obligation de traitement parce que quand tu es en garde à vue tu vois un psychiatre qui fait un peu le bilan avec toi, est-ce que tu étais dans ton état normal, qu'est ce qui s'est passé etc. Et il s'avère que moi le psychiatre avait dit que j'étais pas dans mon état normal et qu'il supposait peut-être. des troubles bipolaires. Donc, j'ai eu une obligation de traitement. Donc, moi, déjà, troubles bipolaires, je ne connaissais pas ça. J'ai eu une obligation de traitement et c'est là où j'ai commencé un petit peu à... à ne pas accepter le traitement. Parce que dans tes phases maniaques, tu as cette surpuissance. Et tu te dis, pourquoi on me donne des médicaments pour ne plus être toi-même, au final ? Ce qui s'est passé, c'est que, comme j'avais un soutien familial et de mon conjoint qui était quand même très important, je suis passée au-delà. de la difficulté d'accepter de prendre le traitement avec tous ces effets secondaires, etc. Et par la suite, j'ai pu voir les améliorations. Voilà. Mais quand bien même c'était... C'était une épreuve de subir cette garde à vue, mais ça m'a permis de me soigner aujourd'hui et d'être bien.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu disais au moment où tu l'as agressée, c'est toi-même qui est allée à la gendarmerie, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Donc dans ma... j'allais dire ma folie, mais oui. Donc je me... Quand j'ai vu le sang, si tu veux, je me suis dit, c'est bon, j'aurais pu lui faire très mal, j'aurais pu le tuer, je vais me dénoncer. Je vais me dénoncer à la gendarmerie, il faut qu'il fasse quelque chose, qu'il m'emprisonne. Et dans ma tête, c'était ça. Il fallait qu'on m'enferme, en fait, pour m'empêcher de... de refaire ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Et est-ce que tu te rappelles ce que tu ressentais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    C'était une grande peur et en même temps de l'adrénaline, si tu veux, parce que ça m'a permis de marcher de chez moi jusqu'à la gendarmerie. Alors que c'est à plusieurs kilomètres. Donc, j'ai... C'est vraiment... Je ne me rappelle plus tellement. Comme je disais, souvent, on oublie et on se demande, mais qui est ce personnage ? Parce que si c'était moi, je ne veux pas que ce soit moi. Ce n'est pas moi. Donc, c'est... C'est vraiment cette sensation d'adrénaline et en même temps d'être un monstre, tu vois. Et c'est pour ça que je suis allée les voir, je suis allée à la gendarmerie de moi-même. jamais pensé que j'aurais fait une garde à vue. Peut-être, mais je ne sais pas. Dans ma tête, ce n'était pas ça, une garde à vue.

  • Speaker #0

    Comment c'était alors cette garde à vue ?

  • Speaker #1

    C'était difficile parce que on est dans une pièce avec un lit en béton, avec les pieds au pied du lit. Il y a des toilettes turques qui débordent, qui sont sales. Tu as un petit matelas qui doit faire 2 cm en plastique, qui recouvre le lit en béton. Et après, tu as le choix avec une petite couverture. Donc, soit tu t'en sers comme oreiller ou soit tu t'allonges dessus pour ne pas être collé sur le matelas en plastique. J'imagine qu'il y a une centaine de personnes qui ont déjà dormi dessus. Et puis, voilà. Aller aux toilettes, demander... Non, c'était plus compliqué que ça parce qu'il n'y avait même pas d'eau dans la pièce. Donc à chaque fois, pour... Enfin, moi je ne suis pas allée aux toilettes. C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu es restée 24 heures pourtant.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    On ne s'imagine pas que ce soit aussi sale.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, ça c'était depuis, si tu veux, dimanche matin 7h. Et lundi à midi, on m'a emmenée de la gendarmerie au tribunal de Saint-Denis. Et ça aussi, c'était fou. Le gendarme conduisait tellement vite, j'ai cru mourir quoi. Il roulait à 150, 160 partout. Et on arrive, tu sais, déjà tu as la pression et qu'on te remet ce stress. Et on arrive à Saint-Denis et à Saint-Denis... Là, pareil, c'est un week-end où il y avait eu beaucoup de garde à vue. Je crois que j'ai entendu qu'il y avait eu 23 gardes à vue.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, du coup, il n'y avait pas de pièces séparées pour les hommes et les femmes. Donc, on m'a demandé, est-ce que ça... Est-ce que ça vous dérange s'il y a des hommes dans la même cellule que vous en attendant le jugement ? Donc j'ai dit oui. Et pour moi, il n'y avait pas de souci parce que la porte était vitrée, il y avait juste un gendarme juste derrière. Je n'avais pas peur. Et c'est vraiment la dernière chose dont je me préoccupais, c'est-à-dire avoir peur pour moi. Là, ce n'était pas... J'étais dans un autre espace.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu pensais à quoi ?

  • Speaker #1

    Je pensais à ce que j'avais fait, je pleurais. Je n'étais vraiment pas bien. Et ce qui est... Ce qui est drôle, enfin dans toutes les situations, on a toujours quelque chose de drôle qui remonte. Donc dans la cellule avec... Donc, un autre monsieur, il me voit pleurer et il me dit, mais ne pleure pas, ne pleure pas. Je dis, non, mais je continue à pleurer. Il me dit, non, ne pleure pas. D'où va celui-ci ? D'où ? Après, il donne un haut cachet, mais après, où d'autre ? C'était trop... Il n'y en a qu'en technique.

  • Speaker #0

    C'était un habitué.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Mais en tout cas, il me dit « pleure-toi » . Mais c'était très drôle.

  • Speaker #0

    Et tu te retrouves devant le juge, après ?

  • Speaker #1

    Oui, devant... C'était, je crois, comme une sorte de pré-jugement avant le vrai jugement. Mais je me retrouve devant la juge et qui me dit... C'est... Donc voilà, elle fait le bilan, elle me dit, qu'est-ce que... Je ne me rappelle plus très bien, tu vois, encore une fois, c'est flou. Mais je me rappelle d'une chose, c'est qu'elle m'a dit, comment ça se fait qu'on a dit à votre conjoint de partir de la maison, alors que c'est lui la victime ? Donc ça, ça a résonné aussi, je me suis dit, mais... Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi déjà je lui fais du mal ? En plus, on l'oblige à partir de chez lui. C'était vraiment grave. Donc après, j'ai expliqué que c'était la procureure qui avait demandé à ce que ce soit lui qui parte par rapport au fait que j'avais un enfant et qu'il allait revenir de vacances bientôt. Mais c'était vraiment, elle était très offusquée et à son droit de me dire que c'est pas normal que ce soit la victime qui soit obligée de sortir de la maison. Donc après ça, j'ai eu six mois de... comment on appelle ça ? L'interdiction de se voir.

  • Speaker #0

    Procédure d'éloignement.

  • Speaker #1

    Procédure d'éloignement, exactement.

  • Speaker #0

    De six mois, ça va ?

  • Speaker #1

    Oui. Obligation de traitement. Et aussi un stage pour la violence dans le foyer. D'accord.

  • Speaker #0

    Et c'est au moment où tu vois le psychiatre qui te diagnostique le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Pas tout de suite. Parce qu'elle me dit peut-être que le psychiatre de la gendarmerie, que j'avais vu pour la garde à vue, a peut-être une piste, mais il faut creuser un peu plus profond que ça avant de dire, ça y est, elle a des troubles bipolaires. Donc j'ai vu quelques fois la psychiatre à Saint-Leu. Pareil, je trouve que c'est super difficile d'avoir des rendez-vous psychiatriques. On est sur liste d'attente. Il faut aller à droite, à gauche. Enfin, c'est pas évident.

  • Speaker #0

    T'as dû attendre combien de temps ?

  • Speaker #1

    Un mois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ça va, parce qu'il y a d'autres personnes qui attendent beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'ai entendu des fois deux, trois mois d'attente.

  • Speaker #1

    Donc du coup, à Saint-Leu, ils m'ont acceptée au bout d'un mois. Et pareil, j'ai une très bonne psychiatre aussi, mais qui est partie de l'EPSMR. Donc du coup, j'ai eu la chance de retrouver une autre. celle de Saint-Leu m'a diagnostiquée avec des troubles bipolaires et j'ai continué mon traitement et mon suivi avec une psychiatre par la suite. D'accord.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe ce diagnostic ? Comment tu le vis ?

  • Speaker #1

    Je le vis un peu, pas comme un soulagement, pas comme un soulagement parce que je ne souhaite à personne d'avoir des troubles polaires ou avoir quelques troubles. Mais ce diagnostic m'a permis de mettre des mots sur... Des mots sur des mots. Voilà. Et de me comprendre un peu, parce que même, tu vois, on te dit, on peut être diagnostiqué dès l'adolescence, et ça, j'en suis persuadée aussi. Parce que je repense à des épisodes, effectivement, moi et les couteaux, c'est une histoire d'amour. Je n'étais pas ma première menace.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on aurait pu te diagnostiquer plus tôt ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais quand tu penses, qui te dit, va voir la psychiatre ? On te dit juste, tu es sanguine, machin.

  • Speaker #0

    Et toi, tu as une cinquantaine d'années à peu près ?

  • Speaker #1

    Presque, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai qu'à cette époque-là, on en parle encore moins. des troubles mentaux, c'était assez tabou de voir un psychiatre. Je trouve que ça l'est encore un peu. Je ne sais pas comment tu le vis toi ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est de mieux en mieux. Tu vois, d'intégrer un psychiatre ou un psychologue dans sa vie pour pouvoir nous aider. voire un petit peu plus clair, je trouve que ça se fait de plus en plus. Du moins dans certaines familles, après, même au niveau des amis, ça leur fait du bien de temps en temps aller voir, même si tu payes 60, 100 euros, mais tu vas voir un psychologue et peut-être qu'il peut te donner aussi certaines réponses.

  • Speaker #0

    Sachant qu'en général, c'est autour des 80 euros la séance, qui est remboursée que partiellement par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Ah, tu vois, c'est cher quand même, alors que pour moi, c'est essentiel. Mais je suis tellement contente, moi, de pouvoir être soignée. sans avoir à avancer les frais.

  • Speaker #0

    Donc moi, je bénéficie de l'ALD, donc affection de longue durée, qui me permet, moi, de n'avoir rien à avancer et tout est pris en charge par la Sécurité sociale. Et c'est vraiment un gros plus parce que je n'aurais pas les moyens de payer à chaque fois le nombre de séances dont j'aurais besoin. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair que moi, j'ai de la chance aussi, j'avais une mutuelle. Donc au début, quand je n'avais pas l'ALD, je payais 15 euros. quand même, tu vois, et je me faisais rembourser les 15 euros. Mais après, ça a été reconnu en infection longue durée, donc comme dirait l'autre, merci mon Dieu, mais ne paye pas.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais que tu avais eu du mal à accepter le traitement, parce que toi, tu te sentais bien dans les phases maniaques en fait.

  • Speaker #1

    Oui. Tu as du mal à accepter le traitement. Tu te dis, mais en fait, le traitement, tu le prends pour les autres. C'est les autres qui ont un problème. Ce n'est pas toi. Pourquoi ils ne veulent pas prendre de médicaments ? Ils n'ont qu'à prendre des médicaments. Moi, ça va. Et en plus, les médicaments te donnent des effets secondaires. Donc, tu as une baisse de la libido. Je t'explique même pas, t'as la bouche, au niveau de la salive, t'as plus de salive, tu fais même des grimaces. À certains moments, tu sais, j'avais la joue qui se relevait du cil. Comme un con, quoi, tu vois, qui me fait ce genre de... C'est quoi ce truc ? Et en fait, il faut gérer aussi... Les effets secondaires, tu vois. Et quand tu gères les effets secondaires, plus que tu es en colère, parce que tu ne devrais pas prendre de médicaments, c'est sûr que c'est difficile. Mais au fur et à mesure, quand tu arrêtes de comparer sur ce que tu étais il y a dix ans, et tu compares sur ce que tu étais il y a trois ans, c'est-à-dire un animal, Tu te dis, c'est bien les médicaments au final.

  • Speaker #0

    Et du coup, maintenant, comment tu le vis ? Comment ça se passe pour toi ? Tu as toujours un suivi psychiatrique ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours. Donc, une fois par mois, je vois ma psychiatre pour pas seulement ajuster le traitement, mais vraiment... On parle, on voit les évolutions au niveau de mes peurs, au niveau de mes blocages. Et elle est... Voilà, je pense qu'elle fait bien miroir. Elle me confronte avec ce que je pourrais faire et ce que je m'empêche de faire au final. Je suis contente de pouvoir l'avoir au moins une fois par mois. Je disais, ça serait... Pour beaucoup de gens, je pense que ça serait l'idéal. Je ne parle même pas de médicaments. Je parle juste d'avoir une thérapeute.

  • Speaker #0

    Quel genre de traitement tu prends ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je prends des antidépressifs et du lithium.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    C'est le traitement assez courant dans ce cas-là ? Oui, tout à fait. D'accord. Toi, tu n'as pas de régulateur d'humeur ? D'accord. J'en parle parce que moi, j'en ai, en tant que personne borderline. Moi, je prends des antidépresseurs et régulateurs d'humeur et anxiolytiques. Après, c'est vrai que ça dépend.

  • Speaker #1

    J'en prenais. J'en prenais. Mais tu sais, ce que je fais, c'est que j'essaie de... Voilà, c'est mon côté. J'essaie de limiter un peu le nombre de médicaments que je prends. Après, je sais que toute ma vie, ça se trouve, je vais devoir prendre du lithium et ça, je l'ai accepté. C'est mon truc. Il y en a qui prennent la pilule toute leur vie. Ça aide et je l'ai accepté. Après, pareil, les antidépresseurs étant type 2, C'est toujours, je suis, comme tu dis, un peu à la frontière entre je suis bien et je peux, ne pas être bien du tout, à vouloir m'enfermer, ne voir personne, ne pas s'occuper de moi. Donc je pense que... Et antidépresseurs et lithium, ça va être un petit peu mes compagnons de route.

  • Speaker #0

    Je m'étais dit un petit peu comme toi, il y a bien des gens qui prennent de l'insuline toute leur vie, parce qu'ils en ont besoin, et c'est pareil pour nous. Je ne sais pas si je vais en prendre toute ma vie ou pas, mais en tout cas, en ce moment, j'en ai besoin. Donc ça aide à accepter, de se dire que c'est une vraie maladie et pas...

  • Speaker #1

    J'avais vu une... C'était un truc d'humour. Je ne sais plus si j'avais vu ou si j'avais entendu. Donc, c'était quelqu'un qui disait que les médicaments, les personnes qui ont des troubles comme ça, psychiatriques, c'était un peu comme les brassards. Tu sais, quand tu ne sais pas nager. Donc, en fait, on ne sait pas nager. On a besoin des brassards. Et parfois, on a honte de mettre des brassards parce qu'il y a des gens, franchement, ils nagent tellement bien. Donc, on a honte avec nos petits brassards, tu vois. Mais le problème, c'est que si on enlève les brassards, on coule toute la famille à côté de nous. On va les tirer vers le bas. Et moi, c'est ça. Moi, je ne veux noyer personne. J'ai mes petits brassards.

  • Speaker #0

    C'est une belle image. C'est bien cette image.

  • Speaker #1

    Je ne l'avais jamais entendue. Alors, même si on se moque de moi, ça nous égale.

  • Speaker #0

    Après, nos brassards sont invisibles, donc un avantage, un inconvénient.

  • Speaker #1

    C'est vrai, nos brassards sont même invisibles.

  • Speaker #0

    Donc toi tu n'as pas été hospitalisée ? Non. Tu as été suivie par une association c'est ça ?

  • Speaker #1

    Pour me re sociabiliser, je voulais aussi parce que tu sais quand tu es déprimé tu veux pas sortir, tu fais rien, tu ne veux même pas tu sors ton lit pour te brosser les dents quoi tu vois. Donc là, je me suis dit, il faut que je me prenne en main, il faut que je fasse l'effort d'aller à la rencontre de gens. Et cette association, si tu veux, ça permet aussi, si tu veux, d'arriver et de ne pas être complexé de qui tu es. Parce qu'on est tous là pour partager. des histoires différentes, mais des histoires d'accidents de vie ou de problèmes à gérer qui ne sont peut-être même pas des problèmes. Donc, c'est vraiment dans la bienveillance que je suis rentrée dans cette association qui s'appelle Balsi à Saint-Paul, qui est vraiment géniale. Et je suis contente. Ça fait longtemps que je ne suis pas allée parce que j'avais... d'autres projets en cours et donc j'ai pas pu y aller mais je suis toujours leur programme et sont des gens vraiment très gentils et qui font bien leur travail.

  • Speaker #0

    Ils proposent quoi des ateliers il me semble ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ils proposent des ateliers ça peut être des ateliers jeux, sport, pour de l'île. On a fait aussi une formation, un premier secours. Tu me disais aussi que tu avais fait... Oui,

  • Speaker #0

    premier secours en santé mentale, oui. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. On a fait une formation chez eux. Donc, ils ont beaucoup de choses à proposer. On a fait aussi la première marche pour la santé mentale il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai entendu parler, oui.

  • Speaker #1

    J'espère que l'année prochaine, ça sera encore mieux.

  • Speaker #0

    Et comment tu as trouvé cette formation de premier secours en santé mentale ?

  • Speaker #1

    Je l'ai trouvée intéressante et en même temps, ça m'a permis de comprendre qu'on était parfois à côté de la plaque. Apparemment, 80%... des handicaps sont invisibles. Et ça, les gens n'en ont pas conscience. Et il y a plein de petites choses. Mais il faut vraiment faire la formation parce qu'elle est intéressante pour ceux et celles qui s'inquiètent un petit peu de ce qui se passe, par exemple, avec un collègue qui n'est pas bien, qui ne parle pas, qui n'entend pas, ou un membre de la famille. Savoir trouver les mots, les diriger, c'est important.

  • Speaker #0

    C'est un peu comme la formation de secouriste, sauf que là c'est axé sur la santé mentale. Effectivement, on a dans la formation des pistes pour parler aux personnes qui peuvent être dans ces situations, comment les orienter. des professionnels. Moi j'ai trouvé la formation très intéressante et comme tu dis, il faudrait vraiment qu'il y ait un maximum de personnes qui puissent en bénéficier. Après je me dis que deux jours c'est vraiment juste une une prise de connaissance. Je ne trouve pas qu'on devient secouriste en deux jours, mais c'est plus une découverte de la santé mentale. Et en ce sens, c'est une bonne chose. Après, cette année, tu sais, en France, c'est l'année nationale de la santé mentale. Et donc, je pense qu'ils vont valoriser un peu ces événements-là, ce genre d'activité. D'accord. Oui. Et donc tu étais comment avant dans ta vie, avant le diagnostic ?

  • Speaker #1

    Avant dans ma vie, avant le diagnostic, ça dépendait des périodes. Je pourrais avoir une super période où tout va bien, je suis au taquet, j'ai de l'énergie. Et puis des périodes où, comme je dis, je ne peux pas sortir de chez moi. Mais les périodes maniaques étaient quand même très violentes. Je me rappelle que j'étais violente aussi depuis que j'étais jeune. J'ai honte de le dire, mais j'ai déjà sauté sur ma sœur. Et voilà, ça te fait réfléchir. Mais quand je repense à tout ça, je te promets, je me souviens, à moitié, j'ai des flashs. J'ai des flashs. Je me dis, merde.

  • Speaker #0

    Et maintenant, après, depuis que tu as les soins, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Comme je te disais, depuis que j'ai mis un moment à me stabiliser, etc. Comme je te dis, quand ta bouche commence à être tente, et machin, donc ça y est, je suis passée au-dessus de tout ce qui est effet secondaire. Et je me mets une petite alarme, je prends... À heure régulière, comme ça, parce qu'il faut se faire aussi tester, tu sais, pour voir si tes reins sont corporels, etc. Si ton taux de lithium dans le sang est bon aussi. Donc, il faut vraiment prendre ton traitement à heure précise.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et maintenant, il n'y a rien à voir déjà. Je ne me vois plus presque me transformer. Voilà, c'est un peu... Le lithium, c'est un peu comme un compresseur. Ça compresse le haut et le bas, et puis tu es relativement stable.

  • Speaker #0

    Est-ce que ces épisodes maniaques ne te manquent pas ?

  • Speaker #1

    Pour être honnête ? Si ! Je suis prête à dire non ! Mais c'est dégueulasse, mais faut plus ! Faut prendre ses médicaments. Mais... Putain de mamie, tu te dis... C'est ça, tu te rends compte de cette sensation. Tu es dans ton droit, tu sais. Alors que quand tu es dépressive, tu ne sais rien. Tu te doutes de tout. Tu ne rentres pas de terre. Là, tu sais. Tu sais mieux que tout le monde. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Du coup, il faut gérer aussi ça, cette perception de plus avant.

  • Speaker #1

    Non, mais je gère. Franchement, je gère. Et je me dis... C'est... C'était faux, si tu veux. Et ça, je peux me le recréer.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, si je prends confiance en moi, si je continue dans mon cheminement de développement personnel, etc., à un moment donné, je serai, tu sais, ancrée, sur de moi, sans être au-dessus, sans dire, il n'y a que moi. Mais c'est ça en fait, j'attends la maturité.

  • Speaker #0

    Toi, tu as été diagnostiquée il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans, ok. Donc tu as eu le temps un peu de faire tout ce cheminement d'acceptation. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, non, vraiment, je te promets, je ne regrette pas. Mais si, j'ai dit je regrettais. Non, je ne regrette pas. Je ne regrette pas, mais ces épisodes me font rire. Voilà, j'y repense et je me dis, mais complètement à côté de la plaque. Donc tu vois, c'était faux. Ce sentiment de justice était faux, mais la puissance de ce que tu ressens... te conduit à un autre endroit.

  • Speaker #0

    Mais quand tu dis que c'était faux, est-ce que tu as la sensation que le moment que tu vivais était faux ou que ce n'était pas la vraie toi ? Comment tu l'expliques ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas la vraie moi. C'était quelque chose collé sur moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu vois ? C'est un personnage qui a fait partie de moi, mais qui n'est pas moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Après, tu vas me dire, ça m'arrange bien parce que ça me permet de ne pas culpabiliser. Mais pas du tout, je culpabilise beaucoup pour ce que j'ai fait. Je culpabilise beaucoup, même si je sais que je pourrais sortir la carte. De toute façon, j'ai des troubles bipolaires. Alors, non.

  • Speaker #0

    Il faut savoir aussi que, du coup, tu es toujours avec le même compagnon.

  • Speaker #1

    Oui. Alors, l'amour est grand. Hum, ah. L'amour est grand. Donc c'est quelqu'un qui, en fait, si tu veux, je pense que pour quelqu'un qui a des troubles bipolaires et qui rencontre quelqu'un d'autre pour la première fois, même pour quelqu'un qui n'a pas de troubles, tu as toujours la phase de lune de miel, etc. Et cette phase du début, je pense, c'est presque une phase maniaque. Tu vois ? Et après, il y a des transformations qui se font au fur et à mesure. Mais je pense que c'est presque, tu vois, ce truc de s'accrocher. Et si tu veux, lui, il m'a vue dans tous les états. C'est comme s'il avait compris que derrière ça, il y avait quelqu'un d'autre, si tu veux. Et quand j'ai eu justement... Quand ça s'est passé et que je suis allée à la gendarmerie pour qu'on m'arrête, ce que j'ai fait. Déjà, il était tellement désolé de tout ce qui arrive, du fait que j'ai subi la garde à vue. Ça l'a vraiment bouleversé, en plus d'être jetée de la maison, comme ça, pendant six mois. Mais il a tenu le coup. Je ne sais pas. Est-ce que c'est de l'amour ? Je pense que oui.

  • Speaker #0

    Je pense aussi.

  • Speaker #1

    Il a tenu le coup, le pauvre. Et aujourd'hui, ça fait presque ces temps qu'on est ensemble.

  • Speaker #0

    Oui, c'était un amour très fort du coup qui vous lie et qui a réussi à passer au-dessus de ces très grandes difficultés.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas comment il a fait, mais je ne sais pas. En tout cas, il m'a pardonné. Il m'a pardonné malgré tout, malgré toutes les difficultés et malgré tous les traumas aussi que ça engendre, si tu veux. De se faire frapper, menacer, éloigner. Il a réussi à surmonter tout ça et à me soutenir même dans mon traitement. Donc, j'ai beaucoup de chance. Et je pense que la guérison, ou du moins le fait d'estabiliser, ça passe aussi par un environnement familial et d'amour qui est super important. Et si j'en suis là aujourd'hui... Ah ben, juste à partager, à dire que vous inquiétez pas, il n'y a pas que vous qui êtes comme ça, moi aussi ça m'est arrivé. Le fait de pouvoir partager ça, c'est déjà grâce à lui.

  • Speaker #0

    Et comment ça s'est passé par rapport à ta famille ?

  • Speaker #1

    Ma famille, si tu veux, elle n'était pas au courant. Et quand ma famille a appris ça, ils étaient complètement sous le choc. Mais en même temps, pas tellement sous le choc, je trouve. De moi, le choc du pauvre, de mon pauvre conjoint. Mais je pense qu'ils n'auraient pas parié que... Ça ne m'était pas arrivé. Comme je te dis, j'ai toujours été plus ou moins colérique.

  • Speaker #0

    Et du coup, ils ont bien accepté cette situation ?

  • Speaker #1

    Cette situation, oui, ils l'ont bien accepté et ils m'ont encouragée dans mon traitement.

  • Speaker #0

    Et tu as deux enfants, comment ils ont vécu toute cette période ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, comme je te disais, ça ne date pas d'hier. Donc mes enfants, ils savaient très bien que j'étais colérique. Mais d'ailleurs, de toute façon, quand moi j'étais en colère... J'étais inarrêtable. Donc, ils pouvaient juste dire « Maman, calme-toi ! » Les pauvres, quoi ! Mais j'ai jamais, si tu veux, maltraité mes enfants. Mais la maltraitance vient du fait d'avoir été, de crier comme ça devant eux. C'est une forme de maltraitance. Donc ils ont eu à subir, si tu veux, mes colères envers mon compagnon.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand je parle de compagnon, je ne te parle même pas du dernier compagnon, je te parle du père de ma fille, avec qui je me disputais énormément, et je hurlais. Mais là, j'ai d'autres projets bientôt. Donc, je suis contente.

  • Speaker #0

    Donc là, on entend ton chat.

  • Speaker #1

    Comme maintenant, je suis reconnue en tant que travailleur handicapé. Je vais essayer de voir, si tu veux, si la GFI peut soutenir mon projet. Mais ça, il faut que je vois avec le Pôle emploi aussi. Mais tout ça pour dire que, surtout... Si jamais vous avez été diagnostiquée, ne pas hésiter à aussi voir qu'est-ce qui peut vous aider, compenser un petit peu les handicaps qu'on a.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'au niveau des maladies mentales, la bipolarité est reconnue comme handicap. Et à ce titre, tu bénéficies de l'allocation adulte handicapé ?

  • Speaker #1

    Oui. Je dis un petit oui, tu sais pourquoi ? Parce que j'ai presque honte, parce que figure-toi que moi, j'ai une amie qui a les mêmes troubles que moi. Et qui, pareil, on se regarde, tu sais, à un moment donné, on voulait faire un club d'humour, on aurait été les BB. Bibi et Bibi. Et donc elle, elle a fait sa demande et elle n'a pas eu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et j'ai aussi un autre ami jeune, bipolaire type 1, avec plusieurs hospitalisations, pas eu non plus.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas par quelle loterie nationale. Mais une chose est sûre, c'est que ça m'aide beaucoup. Et je suis très reconnaissante aussi qu'il existe de tels soutiens.

  • Speaker #0

    Au niveau de ta vie personnelle, tu as vécu quand même des petites anecdotes dont tu m'as parlé, assez épiques.

  • Speaker #1

    Dis-moi, laquelle ?

  • Speaker #0

    Celle que tu veux.

  • Speaker #1

    Amen ! Ah ouais, on est à côté du tribunal, dans la cellule avec... Donc, on va l'appeler Pascal. Un prénomé Pascal. Tu te rappelles celui qui m'a dit « arrête de plairer » . Oui. Donc Pascal et moi, depuis dimanche matin, on est arrêtés. Donc t'imagines bien, il n'y avait pas d'eau dans la cellule, etc. On était mais d'une noirceur incroyable parce que je te dis, j'avais déjà marché jusqu'à la gendarmerie à pied, passé la nuit sur l'espèce de petit lit en béton là. Donc on n'était pas des plus propres. Et dans la salle, dans la cellule où on attendait, en fait, il y avait un petit lavabo avec un robinet. Donc le gars a commencé à tirer son T-shirt. Le gendarme a dit, vous, monsieur, vous remettez votre T-shirt tout de suite. Donc voilà. Et on s'est un peu dépatouillé à laver le visage dans le lavabo. Et puis, tout d'un coup, on voit un gars qui rentre, tu vois. Le gars bien propre. T-shirt LS, son petit pantalon sport et tout ça. Je dis, t'es bien. Où ça, où ça, tout ? Il dit, ben, il sort demain jour. Il dit, ben, il va où sort demain jour ? Parce que propre comme on l'est. C'est clair qu'il n'avait pas passé le week-end en tol comme nous, quoi.

  • Speaker #0

    En fait, il était en prison à demain jour. Ouais. Et il passait juste au tribunal. Au tribunal.

  • Speaker #1

    Donc, c'était... Je me suis dit mais j'ai halluciné, je me suis dit comment le gars est propre !

  • Speaker #0

    Et tu m'avais parlé aussi d'actes un peu impulsifs que tu faisais avant.

  • Speaker #1

    D'actes impulsifs ? Bon, tous les actes impulsifs. J'ai déjà... J'ai déjà... J'avais mon sac à main, avec ma carte bancaire dedans. J'ai déjà sauté le portail de mon ex. sortie dehors, faire du stop sur un scooter, partir dans un aéroport, acheter un billet d'avion et partir avec juste mon sac.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'avait poussé comme ça dans le cours ?

  • Speaker #1

    Encore une crise, si tu veux, ça c'était avec mon ex. Tant en temps, je courais après aussi avec des chaussures. Et puis, ils criaient, non, non, pas la blanche, la rouge,

  • Speaker #0

    la rouge. Qui n'avait pas de talons, peut-être. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être. Non, je crois que c'était celle qui avait les plus grands talons. Qui me provoquait, tu vois, cette espèce de zigoto, quoi. Oui, des choses comme ça, quoi. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Ou des achats impulsifs aussi.

  • Speaker #1

    Des achats impulsifs aussi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu disais que par ton témoignage, tu voulais un peu soutenir les personnes qui auraient pu être dans cette situation.

  • Speaker #1

    Oui, mais les soutenir dans le sens où juste les faire réfléchir. J'ai une amie qui... Tu vas me dire j'ai beaucoup d'amis, pas les problèmes de... J'ai une très chère amie... qui elle, si tu veux, quand je lui racontais un petit peu mes épisodes, que je lui racontais ma vie, etc., le travail, elle me dit, mais je me vois. Je me vois, je me vois. Mais elle, si tu veux, elle ne veut pas prendre de traitement. Et du coup, il faut vraiment qu'elle prenne sur elle. Mais j'ai l'impression que c'est tellement plus difficile. Tu ne prends pas de traitement. Quand tu prends un traitement, déjà, comme je te dis, tu es régulé. Tu es plus apaisé. Quand tu ne le prends pas, tu es déchiré. Elle a choisi de ne pas en prendre. Mais elle a conscience qu'elle doit gérer. Et ça fait mal. Et ça fait mal. Donc, je ne suis pas là à pousser au médicament, mais juste à dire, prenez conscience de vos faiblesses. Et après, gérez-les. Comme vous pouvez, mais sachez qu'il y a de l'aide à côté.

  • Speaker #0

    Donc l'aide psychiatrique, voire aussi des psychologues, ou justement, dont tu parlais, des associations qui peuvent accompagner les personnes qui ont des troubles mentaux. Le nom de l'émission, c'est Décalé. Est-ce que toi, tu te sens décalé ?

  • Speaker #1

    Complètement. Complètement décalé. Et j'aime bien les gens décalés. Donc, ça me va d'être décalée au final. Et puis, je suis une gentille décalée. Je ne suis plus une méchante.

  • Speaker #0

    Et tu te sens décalée de quelle façon ?

  • Speaker #1

    Parce que j'ai ces troubles. Parce qu'il faut que j'ai plus d'appréhension. de ce qui se passe autour de moi, de me sentir aussi si je sens que ça ne va pas, de m'écouter surtout. Et voilà.

  • Speaker #0

    Tu as appris à mieux te connaître en quelque sorte.

  • Speaker #1

    J'ai appris à m'écouter. Je pense que je n'ai pas encore fini de me connaître, mais je m'écoute.

  • Speaker #0

    Donc tu as des projets maintenant ? Parce qu'actuellement tu ne travailles pas ? C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je suis en fin de formation.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je suis en fin de formation et j'ai un projet d'association. Voilà. Donc qui va se faire très prochainement. Qui sera aussi inclusif.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça, je suppose que ça te motive d'avoir ces projets ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me motive, effectivement. Mais en même temps, j'ai l'impression que le temps passe tellement vite. Ma formation a duré tellement longtemps. Et là, on est déjà au mois de février. Ça me... Voilà. Mais en tout cas, ça me donne beaucoup de motivation pour ce qui va se passer cette année.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, du coup, pour la suite ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut me souhaiter, c'est de continuer à m'écouter. d'être moins terrorisée parfois. Voilà, parce que j'ai encore mes peurs, tu sais. Avant, j'avais la peur de la boîte aux lettres. Je ne pouvais même pas regarder ce qu'il y avait dedans.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Grosse peur. Et toujours maintenant, mais j'arrive quand même à le faire. Et... Mais ce que les gens peuvent me souhaiter, c'est une bonne continuation, c'est de trouver l'énergie, de continuer à impulser. Tout ça. Et puis, c'est déjà beaucoup. Oui, c'est déjà beaucoup, oui.

  • Speaker #0

    C'est ce que je te souhaite. Merci beaucoup. De pouvoir continuer à prendre soin de toi et de tes proches. Oui. Et avancer dans tes projets.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Je t'en prie. Merci à toi pour ce témoignage.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

Description

Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022 après un parcours marqué par des épisodes intenses : des accès de colère, des décisions impulsives, et même une garde à vue. Aujourd’hui, elle nous raconte son cheminement, entre colère, acceptation et résilience.

Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? 


Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C’est donc sous le nom de Sopjhie qu’elle va tout nous raconter.


Quelques ressources :


Si vous vous reconnaissez dans ce témoignage, n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour vous accompagner.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Décalé, le podcast où on explore les parcours de vie hors du commun, les épreuves, mais aussi les victoires qui transforment une vie. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet délicat, complexe et parfois tabou, les troubles bipolaires. Mon invitée, Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022, après un parcours marqué par des épisodes intenses. Des accès de colère, des décisions impulsives et même une garde à vue. Aujourd'hui, elle nous raconte son cheminement entre colère, acceptation et résilience. Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C'est donc sous le nom de Sophie qu'elle va tout nous raconter. Vous êtes prêts ? C'est parti ! Sophie bonjour !

  • Speaker #1

    Bonjour Elodie !

  • Speaker #0

    Je suis contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi je suis contente d'être là avec toi et de partager ça.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui on va parler un peu de toi et notamment de ta maladie qui est le trouble bipolaire.

  • Speaker #1

    Oui tout à fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu ce que c'est que le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a plusieurs types de troubles bipolaires. Donc il y a le type 1, le type 2, et je crois qu'il y a aussi un type psychique.

  • Speaker #0

    Un cyclotimie, non ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc moi, je me situe plus dans le type 2. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de dépression, quelques pics, avec... Je ne sais plus comment on appelle ça.

  • Speaker #0

    Épisode de manie ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    En général, c'est cette variation d'humeur, de manière générale, pour les troubles bipolaires. Moi, j'en ai compris. C'est soit d'épisodes dépressifs, soit d'épisodes maniaques, où la personne est très bien. Oui, tout à fait. Et même plus.

  • Speaker #1

    Dans une sensation de surpuissance.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et de légitimité. On est vraiment... Ceux qui ne vont pas dans notre sens ne comprennent rien ou sont injustes. Et c'est vraiment une omnibulation. J'ai du mal à définir parce que souvent, après des phases de manie comme ça, on a tendance à oublier.

  • Speaker #0

    D'accord. Et...

  • Speaker #1

    corps, l'esprit fait qu'on oublie ce qu'on a fait. On pourrait aussi dire des personnes qui ont des troubles bipolaires qu'on pourrait leur en vouloir mais elles ne se rappellent la plupart du temps pas de ce qu'elle a fait dans ces phases maniaques ou alors très peu.

  • Speaker #0

    On va voir maintenant comment ça a été diagnostiqué chez toi et l'élément déclencheur notamment un moment moins un passage en garde à vue ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je souhaite ça à personne, mais en même temps, ça a été le déclencheur qui a fait qu'aujourd'hui, je m'en suis sortie. Ce qui s'est passé, c'est que j'avais justement ces phases de dépression, des phases maniaques très violentes, où j'en suis même arrivée à être violente contre mon conjoint. Et de ce fait, j'ai été mise en garde à vue, même s'il n'a pas porté plainte contre moi, bien entendu. Lui, il comprenait ma maladie, il savait très bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et malgré le fait qu'il n'ait pas porté plainte, si tu veux, j'ai fait une garde à vue pour violence avec arme.

  • Speaker #0

    D'accord, avec arme, ça veut dire que c'est passé quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux, tout... Toute chose peut être une arme. Un ordinateur, un sac, quelque chose qui peut blesser quelqu'un peut être une arme. Dans mon cas, c'était une menace avec des couteaux. Et de plus, j'ai attaqué mon conjoint avec une enceinte. Donc il lui a pépé la tête, perforé le cœur chevelu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc voilà. Donc c'est aller loin quand même, tu vois. Et de ce fait, d'avoir été mise en garde à vue, donc j'ai été convoquée. Donc ensuite par le tribunal et j'ai eu une obligation de traitement parce que quand tu es en garde à vue tu vois un psychiatre qui fait un peu le bilan avec toi, est-ce que tu étais dans ton état normal, qu'est ce qui s'est passé etc. Et il s'avère que moi le psychiatre avait dit que j'étais pas dans mon état normal et qu'il supposait peut-être. des troubles bipolaires. Donc, j'ai eu une obligation de traitement. Donc, moi, déjà, troubles bipolaires, je ne connaissais pas ça. J'ai eu une obligation de traitement et c'est là où j'ai commencé un petit peu à... à ne pas accepter le traitement. Parce que dans tes phases maniaques, tu as cette surpuissance. Et tu te dis, pourquoi on me donne des médicaments pour ne plus être toi-même, au final ? Ce qui s'est passé, c'est que, comme j'avais un soutien familial et de mon conjoint qui était quand même très important, je suis passée au-delà. de la difficulté d'accepter de prendre le traitement avec tous ces effets secondaires, etc. Et par la suite, j'ai pu voir les améliorations. Voilà. Mais quand bien même c'était... C'était une épreuve de subir cette garde à vue, mais ça m'a permis de me soigner aujourd'hui et d'être bien.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu disais au moment où tu l'as agressée, c'est toi-même qui est allée à la gendarmerie, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Donc dans ma... j'allais dire ma folie, mais oui. Donc je me... Quand j'ai vu le sang, si tu veux, je me suis dit, c'est bon, j'aurais pu lui faire très mal, j'aurais pu le tuer, je vais me dénoncer. Je vais me dénoncer à la gendarmerie, il faut qu'il fasse quelque chose, qu'il m'emprisonne. Et dans ma tête, c'était ça. Il fallait qu'on m'enferme, en fait, pour m'empêcher de... de refaire ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Et est-ce que tu te rappelles ce que tu ressentais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    C'était une grande peur et en même temps de l'adrénaline, si tu veux, parce que ça m'a permis de marcher de chez moi jusqu'à la gendarmerie. Alors que c'est à plusieurs kilomètres. Donc, j'ai... C'est vraiment... Je ne me rappelle plus tellement. Comme je disais, souvent, on oublie et on se demande, mais qui est ce personnage ? Parce que si c'était moi, je ne veux pas que ce soit moi. Ce n'est pas moi. Donc, c'est... C'est vraiment cette sensation d'adrénaline et en même temps d'être un monstre, tu vois. Et c'est pour ça que je suis allée les voir, je suis allée à la gendarmerie de moi-même. jamais pensé que j'aurais fait une garde à vue. Peut-être, mais je ne sais pas. Dans ma tête, ce n'était pas ça, une garde à vue.

  • Speaker #0

    Comment c'était alors cette garde à vue ?

  • Speaker #1

    C'était difficile parce que on est dans une pièce avec un lit en béton, avec les pieds au pied du lit. Il y a des toilettes turques qui débordent, qui sont sales. Tu as un petit matelas qui doit faire 2 cm en plastique, qui recouvre le lit en béton. Et après, tu as le choix avec une petite couverture. Donc, soit tu t'en sers comme oreiller ou soit tu t'allonges dessus pour ne pas être collé sur le matelas en plastique. J'imagine qu'il y a une centaine de personnes qui ont déjà dormi dessus. Et puis, voilà. Aller aux toilettes, demander... Non, c'était plus compliqué que ça parce qu'il n'y avait même pas d'eau dans la pièce. Donc à chaque fois, pour... Enfin, moi je ne suis pas allée aux toilettes. C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu es restée 24 heures pourtant.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    On ne s'imagine pas que ce soit aussi sale.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, ça c'était depuis, si tu veux, dimanche matin 7h. Et lundi à midi, on m'a emmenée de la gendarmerie au tribunal de Saint-Denis. Et ça aussi, c'était fou. Le gendarme conduisait tellement vite, j'ai cru mourir quoi. Il roulait à 150, 160 partout. Et on arrive, tu sais, déjà tu as la pression et qu'on te remet ce stress. Et on arrive à Saint-Denis et à Saint-Denis... Là, pareil, c'est un week-end où il y avait eu beaucoup de garde à vue. Je crois que j'ai entendu qu'il y avait eu 23 gardes à vue.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, du coup, il n'y avait pas de pièces séparées pour les hommes et les femmes. Donc, on m'a demandé, est-ce que ça... Est-ce que ça vous dérange s'il y a des hommes dans la même cellule que vous en attendant le jugement ? Donc j'ai dit oui. Et pour moi, il n'y avait pas de souci parce que la porte était vitrée, il y avait juste un gendarme juste derrière. Je n'avais pas peur. Et c'est vraiment la dernière chose dont je me préoccupais, c'est-à-dire avoir peur pour moi. Là, ce n'était pas... J'étais dans un autre espace.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu pensais à quoi ?

  • Speaker #1

    Je pensais à ce que j'avais fait, je pleurais. Je n'étais vraiment pas bien. Et ce qui est... Ce qui est drôle, enfin dans toutes les situations, on a toujours quelque chose de drôle qui remonte. Donc dans la cellule avec... Donc, un autre monsieur, il me voit pleurer et il me dit, mais ne pleure pas, ne pleure pas. Je dis, non, mais je continue à pleurer. Il me dit, non, ne pleure pas. D'où va celui-ci ? D'où ? Après, il donne un haut cachet, mais après, où d'autre ? C'était trop... Il n'y en a qu'en technique.

  • Speaker #0

    C'était un habitué.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Mais en tout cas, il me dit « pleure-toi » . Mais c'était très drôle.

  • Speaker #0

    Et tu te retrouves devant le juge, après ?

  • Speaker #1

    Oui, devant... C'était, je crois, comme une sorte de pré-jugement avant le vrai jugement. Mais je me retrouve devant la juge et qui me dit... C'est... Donc voilà, elle fait le bilan, elle me dit, qu'est-ce que... Je ne me rappelle plus très bien, tu vois, encore une fois, c'est flou. Mais je me rappelle d'une chose, c'est qu'elle m'a dit, comment ça se fait qu'on a dit à votre conjoint de partir de la maison, alors que c'est lui la victime ? Donc ça, ça a résonné aussi, je me suis dit, mais... Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi déjà je lui fais du mal ? En plus, on l'oblige à partir de chez lui. C'était vraiment grave. Donc après, j'ai expliqué que c'était la procureure qui avait demandé à ce que ce soit lui qui parte par rapport au fait que j'avais un enfant et qu'il allait revenir de vacances bientôt. Mais c'était vraiment, elle était très offusquée et à son droit de me dire que c'est pas normal que ce soit la victime qui soit obligée de sortir de la maison. Donc après ça, j'ai eu six mois de... comment on appelle ça ? L'interdiction de se voir.

  • Speaker #0

    Procédure d'éloignement.

  • Speaker #1

    Procédure d'éloignement, exactement.

  • Speaker #0

    De six mois, ça va ?

  • Speaker #1

    Oui. Obligation de traitement. Et aussi un stage pour la violence dans le foyer. D'accord.

  • Speaker #0

    Et c'est au moment où tu vois le psychiatre qui te diagnostique le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Pas tout de suite. Parce qu'elle me dit peut-être que le psychiatre de la gendarmerie, que j'avais vu pour la garde à vue, a peut-être une piste, mais il faut creuser un peu plus profond que ça avant de dire, ça y est, elle a des troubles bipolaires. Donc j'ai vu quelques fois la psychiatre à Saint-Leu. Pareil, je trouve que c'est super difficile d'avoir des rendez-vous psychiatriques. On est sur liste d'attente. Il faut aller à droite, à gauche. Enfin, c'est pas évident.

  • Speaker #0

    T'as dû attendre combien de temps ?

  • Speaker #1

    Un mois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ça va, parce qu'il y a d'autres personnes qui attendent beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'ai entendu des fois deux, trois mois d'attente.

  • Speaker #1

    Donc du coup, à Saint-Leu, ils m'ont acceptée au bout d'un mois. Et pareil, j'ai une très bonne psychiatre aussi, mais qui est partie de l'EPSMR. Donc du coup, j'ai eu la chance de retrouver une autre. celle de Saint-Leu m'a diagnostiquée avec des troubles bipolaires et j'ai continué mon traitement et mon suivi avec une psychiatre par la suite. D'accord.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe ce diagnostic ? Comment tu le vis ?

  • Speaker #1

    Je le vis un peu, pas comme un soulagement, pas comme un soulagement parce que je ne souhaite à personne d'avoir des troubles polaires ou avoir quelques troubles. Mais ce diagnostic m'a permis de mettre des mots sur... Des mots sur des mots. Voilà. Et de me comprendre un peu, parce que même, tu vois, on te dit, on peut être diagnostiqué dès l'adolescence, et ça, j'en suis persuadée aussi. Parce que je repense à des épisodes, effectivement, moi et les couteaux, c'est une histoire d'amour. Je n'étais pas ma première menace.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on aurait pu te diagnostiquer plus tôt ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais quand tu penses, qui te dit, va voir la psychiatre ? On te dit juste, tu es sanguine, machin.

  • Speaker #0

    Et toi, tu as une cinquantaine d'années à peu près ?

  • Speaker #1

    Presque, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai qu'à cette époque-là, on en parle encore moins. des troubles mentaux, c'était assez tabou de voir un psychiatre. Je trouve que ça l'est encore un peu. Je ne sais pas comment tu le vis toi ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est de mieux en mieux. Tu vois, d'intégrer un psychiatre ou un psychologue dans sa vie pour pouvoir nous aider. voire un petit peu plus clair, je trouve que ça se fait de plus en plus. Du moins dans certaines familles, après, même au niveau des amis, ça leur fait du bien de temps en temps aller voir, même si tu payes 60, 100 euros, mais tu vas voir un psychologue et peut-être qu'il peut te donner aussi certaines réponses.

  • Speaker #0

    Sachant qu'en général, c'est autour des 80 euros la séance, qui est remboursée que partiellement par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Ah, tu vois, c'est cher quand même, alors que pour moi, c'est essentiel. Mais je suis tellement contente, moi, de pouvoir être soignée. sans avoir à avancer les frais.

  • Speaker #0

    Donc moi, je bénéficie de l'ALD, donc affection de longue durée, qui me permet, moi, de n'avoir rien à avancer et tout est pris en charge par la Sécurité sociale. Et c'est vraiment un gros plus parce que je n'aurais pas les moyens de payer à chaque fois le nombre de séances dont j'aurais besoin. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair que moi, j'ai de la chance aussi, j'avais une mutuelle. Donc au début, quand je n'avais pas l'ALD, je payais 15 euros. quand même, tu vois, et je me faisais rembourser les 15 euros. Mais après, ça a été reconnu en infection longue durée, donc comme dirait l'autre, merci mon Dieu, mais ne paye pas.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais que tu avais eu du mal à accepter le traitement, parce que toi, tu te sentais bien dans les phases maniaques en fait.

  • Speaker #1

    Oui. Tu as du mal à accepter le traitement. Tu te dis, mais en fait, le traitement, tu le prends pour les autres. C'est les autres qui ont un problème. Ce n'est pas toi. Pourquoi ils ne veulent pas prendre de médicaments ? Ils n'ont qu'à prendre des médicaments. Moi, ça va. Et en plus, les médicaments te donnent des effets secondaires. Donc, tu as une baisse de la libido. Je t'explique même pas, t'as la bouche, au niveau de la salive, t'as plus de salive, tu fais même des grimaces. À certains moments, tu sais, j'avais la joue qui se relevait du cil. Comme un con, quoi, tu vois, qui me fait ce genre de... C'est quoi ce truc ? Et en fait, il faut gérer aussi... Les effets secondaires, tu vois. Et quand tu gères les effets secondaires, plus que tu es en colère, parce que tu ne devrais pas prendre de médicaments, c'est sûr que c'est difficile. Mais au fur et à mesure, quand tu arrêtes de comparer sur ce que tu étais il y a dix ans, et tu compares sur ce que tu étais il y a trois ans, c'est-à-dire un animal, Tu te dis, c'est bien les médicaments au final.

  • Speaker #0

    Et du coup, maintenant, comment tu le vis ? Comment ça se passe pour toi ? Tu as toujours un suivi psychiatrique ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours. Donc, une fois par mois, je vois ma psychiatre pour pas seulement ajuster le traitement, mais vraiment... On parle, on voit les évolutions au niveau de mes peurs, au niveau de mes blocages. Et elle est... Voilà, je pense qu'elle fait bien miroir. Elle me confronte avec ce que je pourrais faire et ce que je m'empêche de faire au final. Je suis contente de pouvoir l'avoir au moins une fois par mois. Je disais, ça serait... Pour beaucoup de gens, je pense que ça serait l'idéal. Je ne parle même pas de médicaments. Je parle juste d'avoir une thérapeute.

  • Speaker #0

    Quel genre de traitement tu prends ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je prends des antidépressifs et du lithium.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    C'est le traitement assez courant dans ce cas-là ? Oui, tout à fait. D'accord. Toi, tu n'as pas de régulateur d'humeur ? D'accord. J'en parle parce que moi, j'en ai, en tant que personne borderline. Moi, je prends des antidépresseurs et régulateurs d'humeur et anxiolytiques. Après, c'est vrai que ça dépend.

  • Speaker #1

    J'en prenais. J'en prenais. Mais tu sais, ce que je fais, c'est que j'essaie de... Voilà, c'est mon côté. J'essaie de limiter un peu le nombre de médicaments que je prends. Après, je sais que toute ma vie, ça se trouve, je vais devoir prendre du lithium et ça, je l'ai accepté. C'est mon truc. Il y en a qui prennent la pilule toute leur vie. Ça aide et je l'ai accepté. Après, pareil, les antidépresseurs étant type 2, C'est toujours, je suis, comme tu dis, un peu à la frontière entre je suis bien et je peux, ne pas être bien du tout, à vouloir m'enfermer, ne voir personne, ne pas s'occuper de moi. Donc je pense que... Et antidépresseurs et lithium, ça va être un petit peu mes compagnons de route.

  • Speaker #0

    Je m'étais dit un petit peu comme toi, il y a bien des gens qui prennent de l'insuline toute leur vie, parce qu'ils en ont besoin, et c'est pareil pour nous. Je ne sais pas si je vais en prendre toute ma vie ou pas, mais en tout cas, en ce moment, j'en ai besoin. Donc ça aide à accepter, de se dire que c'est une vraie maladie et pas...

  • Speaker #1

    J'avais vu une... C'était un truc d'humour. Je ne sais plus si j'avais vu ou si j'avais entendu. Donc, c'était quelqu'un qui disait que les médicaments, les personnes qui ont des troubles comme ça, psychiatriques, c'était un peu comme les brassards. Tu sais, quand tu ne sais pas nager. Donc, en fait, on ne sait pas nager. On a besoin des brassards. Et parfois, on a honte de mettre des brassards parce qu'il y a des gens, franchement, ils nagent tellement bien. Donc, on a honte avec nos petits brassards, tu vois. Mais le problème, c'est que si on enlève les brassards, on coule toute la famille à côté de nous. On va les tirer vers le bas. Et moi, c'est ça. Moi, je ne veux noyer personne. J'ai mes petits brassards.

  • Speaker #0

    C'est une belle image. C'est bien cette image.

  • Speaker #1

    Je ne l'avais jamais entendue. Alors, même si on se moque de moi, ça nous égale.

  • Speaker #0

    Après, nos brassards sont invisibles, donc un avantage, un inconvénient.

  • Speaker #1

    C'est vrai, nos brassards sont même invisibles.

  • Speaker #0

    Donc toi tu n'as pas été hospitalisée ? Non. Tu as été suivie par une association c'est ça ?

  • Speaker #1

    Pour me re sociabiliser, je voulais aussi parce que tu sais quand tu es déprimé tu veux pas sortir, tu fais rien, tu ne veux même pas tu sors ton lit pour te brosser les dents quoi tu vois. Donc là, je me suis dit, il faut que je me prenne en main, il faut que je fasse l'effort d'aller à la rencontre de gens. Et cette association, si tu veux, ça permet aussi, si tu veux, d'arriver et de ne pas être complexé de qui tu es. Parce qu'on est tous là pour partager. des histoires différentes, mais des histoires d'accidents de vie ou de problèmes à gérer qui ne sont peut-être même pas des problèmes. Donc, c'est vraiment dans la bienveillance que je suis rentrée dans cette association qui s'appelle Balsi à Saint-Paul, qui est vraiment géniale. Et je suis contente. Ça fait longtemps que je ne suis pas allée parce que j'avais... d'autres projets en cours et donc j'ai pas pu y aller mais je suis toujours leur programme et sont des gens vraiment très gentils et qui font bien leur travail.

  • Speaker #0

    Ils proposent quoi des ateliers il me semble ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ils proposent des ateliers ça peut être des ateliers jeux, sport, pour de l'île. On a fait aussi une formation, un premier secours. Tu me disais aussi que tu avais fait... Oui,

  • Speaker #0

    premier secours en santé mentale, oui. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. On a fait une formation chez eux. Donc, ils ont beaucoup de choses à proposer. On a fait aussi la première marche pour la santé mentale il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai entendu parler, oui.

  • Speaker #1

    J'espère que l'année prochaine, ça sera encore mieux.

  • Speaker #0

    Et comment tu as trouvé cette formation de premier secours en santé mentale ?

  • Speaker #1

    Je l'ai trouvée intéressante et en même temps, ça m'a permis de comprendre qu'on était parfois à côté de la plaque. Apparemment, 80%... des handicaps sont invisibles. Et ça, les gens n'en ont pas conscience. Et il y a plein de petites choses. Mais il faut vraiment faire la formation parce qu'elle est intéressante pour ceux et celles qui s'inquiètent un petit peu de ce qui se passe, par exemple, avec un collègue qui n'est pas bien, qui ne parle pas, qui n'entend pas, ou un membre de la famille. Savoir trouver les mots, les diriger, c'est important.

  • Speaker #0

    C'est un peu comme la formation de secouriste, sauf que là c'est axé sur la santé mentale. Effectivement, on a dans la formation des pistes pour parler aux personnes qui peuvent être dans ces situations, comment les orienter. des professionnels. Moi j'ai trouvé la formation très intéressante et comme tu dis, il faudrait vraiment qu'il y ait un maximum de personnes qui puissent en bénéficier. Après je me dis que deux jours c'est vraiment juste une une prise de connaissance. Je ne trouve pas qu'on devient secouriste en deux jours, mais c'est plus une découverte de la santé mentale. Et en ce sens, c'est une bonne chose. Après, cette année, tu sais, en France, c'est l'année nationale de la santé mentale. Et donc, je pense qu'ils vont valoriser un peu ces événements-là, ce genre d'activité. D'accord. Oui. Et donc tu étais comment avant dans ta vie, avant le diagnostic ?

  • Speaker #1

    Avant dans ma vie, avant le diagnostic, ça dépendait des périodes. Je pourrais avoir une super période où tout va bien, je suis au taquet, j'ai de l'énergie. Et puis des périodes où, comme je dis, je ne peux pas sortir de chez moi. Mais les périodes maniaques étaient quand même très violentes. Je me rappelle que j'étais violente aussi depuis que j'étais jeune. J'ai honte de le dire, mais j'ai déjà sauté sur ma sœur. Et voilà, ça te fait réfléchir. Mais quand je repense à tout ça, je te promets, je me souviens, à moitié, j'ai des flashs. J'ai des flashs. Je me dis, merde.

  • Speaker #0

    Et maintenant, après, depuis que tu as les soins, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Comme je te disais, depuis que j'ai mis un moment à me stabiliser, etc. Comme je te dis, quand ta bouche commence à être tente, et machin, donc ça y est, je suis passée au-dessus de tout ce qui est effet secondaire. Et je me mets une petite alarme, je prends... À heure régulière, comme ça, parce qu'il faut se faire aussi tester, tu sais, pour voir si tes reins sont corporels, etc. Si ton taux de lithium dans le sang est bon aussi. Donc, il faut vraiment prendre ton traitement à heure précise.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et maintenant, il n'y a rien à voir déjà. Je ne me vois plus presque me transformer. Voilà, c'est un peu... Le lithium, c'est un peu comme un compresseur. Ça compresse le haut et le bas, et puis tu es relativement stable.

  • Speaker #0

    Est-ce que ces épisodes maniaques ne te manquent pas ?

  • Speaker #1

    Pour être honnête ? Si ! Je suis prête à dire non ! Mais c'est dégueulasse, mais faut plus ! Faut prendre ses médicaments. Mais... Putain de mamie, tu te dis... C'est ça, tu te rends compte de cette sensation. Tu es dans ton droit, tu sais. Alors que quand tu es dépressive, tu ne sais rien. Tu te doutes de tout. Tu ne rentres pas de terre. Là, tu sais. Tu sais mieux que tout le monde. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Du coup, il faut gérer aussi ça, cette perception de plus avant.

  • Speaker #1

    Non, mais je gère. Franchement, je gère. Et je me dis... C'est... C'était faux, si tu veux. Et ça, je peux me le recréer.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, si je prends confiance en moi, si je continue dans mon cheminement de développement personnel, etc., à un moment donné, je serai, tu sais, ancrée, sur de moi, sans être au-dessus, sans dire, il n'y a que moi. Mais c'est ça en fait, j'attends la maturité.

  • Speaker #0

    Toi, tu as été diagnostiquée il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans, ok. Donc tu as eu le temps un peu de faire tout ce cheminement d'acceptation. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, non, vraiment, je te promets, je ne regrette pas. Mais si, j'ai dit je regrettais. Non, je ne regrette pas. Je ne regrette pas, mais ces épisodes me font rire. Voilà, j'y repense et je me dis, mais complètement à côté de la plaque. Donc tu vois, c'était faux. Ce sentiment de justice était faux, mais la puissance de ce que tu ressens... te conduit à un autre endroit.

  • Speaker #0

    Mais quand tu dis que c'était faux, est-ce que tu as la sensation que le moment que tu vivais était faux ou que ce n'était pas la vraie toi ? Comment tu l'expliques ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas la vraie moi. C'était quelque chose collé sur moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu vois ? C'est un personnage qui a fait partie de moi, mais qui n'est pas moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Après, tu vas me dire, ça m'arrange bien parce que ça me permet de ne pas culpabiliser. Mais pas du tout, je culpabilise beaucoup pour ce que j'ai fait. Je culpabilise beaucoup, même si je sais que je pourrais sortir la carte. De toute façon, j'ai des troubles bipolaires. Alors, non.

  • Speaker #0

    Il faut savoir aussi que, du coup, tu es toujours avec le même compagnon.

  • Speaker #1

    Oui. Alors, l'amour est grand. Hum, ah. L'amour est grand. Donc c'est quelqu'un qui, en fait, si tu veux, je pense que pour quelqu'un qui a des troubles bipolaires et qui rencontre quelqu'un d'autre pour la première fois, même pour quelqu'un qui n'a pas de troubles, tu as toujours la phase de lune de miel, etc. Et cette phase du début, je pense, c'est presque une phase maniaque. Tu vois ? Et après, il y a des transformations qui se font au fur et à mesure. Mais je pense que c'est presque, tu vois, ce truc de s'accrocher. Et si tu veux, lui, il m'a vue dans tous les états. C'est comme s'il avait compris que derrière ça, il y avait quelqu'un d'autre, si tu veux. Et quand j'ai eu justement... Quand ça s'est passé et que je suis allée à la gendarmerie pour qu'on m'arrête, ce que j'ai fait. Déjà, il était tellement désolé de tout ce qui arrive, du fait que j'ai subi la garde à vue. Ça l'a vraiment bouleversé, en plus d'être jetée de la maison, comme ça, pendant six mois. Mais il a tenu le coup. Je ne sais pas. Est-ce que c'est de l'amour ? Je pense que oui.

  • Speaker #0

    Je pense aussi.

  • Speaker #1

    Il a tenu le coup, le pauvre. Et aujourd'hui, ça fait presque ces temps qu'on est ensemble.

  • Speaker #0

    Oui, c'était un amour très fort du coup qui vous lie et qui a réussi à passer au-dessus de ces très grandes difficultés.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas comment il a fait, mais je ne sais pas. En tout cas, il m'a pardonné. Il m'a pardonné malgré tout, malgré toutes les difficultés et malgré tous les traumas aussi que ça engendre, si tu veux. De se faire frapper, menacer, éloigner. Il a réussi à surmonter tout ça et à me soutenir même dans mon traitement. Donc, j'ai beaucoup de chance. Et je pense que la guérison, ou du moins le fait d'estabiliser, ça passe aussi par un environnement familial et d'amour qui est super important. Et si j'en suis là aujourd'hui... Ah ben, juste à partager, à dire que vous inquiétez pas, il n'y a pas que vous qui êtes comme ça, moi aussi ça m'est arrivé. Le fait de pouvoir partager ça, c'est déjà grâce à lui.

  • Speaker #0

    Et comment ça s'est passé par rapport à ta famille ?

  • Speaker #1

    Ma famille, si tu veux, elle n'était pas au courant. Et quand ma famille a appris ça, ils étaient complètement sous le choc. Mais en même temps, pas tellement sous le choc, je trouve. De moi, le choc du pauvre, de mon pauvre conjoint. Mais je pense qu'ils n'auraient pas parié que... Ça ne m'était pas arrivé. Comme je te dis, j'ai toujours été plus ou moins colérique.

  • Speaker #0

    Et du coup, ils ont bien accepté cette situation ?

  • Speaker #1

    Cette situation, oui, ils l'ont bien accepté et ils m'ont encouragée dans mon traitement.

  • Speaker #0

    Et tu as deux enfants, comment ils ont vécu toute cette période ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, comme je te disais, ça ne date pas d'hier. Donc mes enfants, ils savaient très bien que j'étais colérique. Mais d'ailleurs, de toute façon, quand moi j'étais en colère... J'étais inarrêtable. Donc, ils pouvaient juste dire « Maman, calme-toi ! » Les pauvres, quoi ! Mais j'ai jamais, si tu veux, maltraité mes enfants. Mais la maltraitance vient du fait d'avoir été, de crier comme ça devant eux. C'est une forme de maltraitance. Donc ils ont eu à subir, si tu veux, mes colères envers mon compagnon.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand je parle de compagnon, je ne te parle même pas du dernier compagnon, je te parle du père de ma fille, avec qui je me disputais énormément, et je hurlais. Mais là, j'ai d'autres projets bientôt. Donc, je suis contente.

  • Speaker #0

    Donc là, on entend ton chat.

  • Speaker #1

    Comme maintenant, je suis reconnue en tant que travailleur handicapé. Je vais essayer de voir, si tu veux, si la GFI peut soutenir mon projet. Mais ça, il faut que je vois avec le Pôle emploi aussi. Mais tout ça pour dire que, surtout... Si jamais vous avez été diagnostiquée, ne pas hésiter à aussi voir qu'est-ce qui peut vous aider, compenser un petit peu les handicaps qu'on a.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'au niveau des maladies mentales, la bipolarité est reconnue comme handicap. Et à ce titre, tu bénéficies de l'allocation adulte handicapé ?

  • Speaker #1

    Oui. Je dis un petit oui, tu sais pourquoi ? Parce que j'ai presque honte, parce que figure-toi que moi, j'ai une amie qui a les mêmes troubles que moi. Et qui, pareil, on se regarde, tu sais, à un moment donné, on voulait faire un club d'humour, on aurait été les BB. Bibi et Bibi. Et donc elle, elle a fait sa demande et elle n'a pas eu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et j'ai aussi un autre ami jeune, bipolaire type 1, avec plusieurs hospitalisations, pas eu non plus.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas par quelle loterie nationale. Mais une chose est sûre, c'est que ça m'aide beaucoup. Et je suis très reconnaissante aussi qu'il existe de tels soutiens.

  • Speaker #0

    Au niveau de ta vie personnelle, tu as vécu quand même des petites anecdotes dont tu m'as parlé, assez épiques.

  • Speaker #1

    Dis-moi, laquelle ?

  • Speaker #0

    Celle que tu veux.

  • Speaker #1

    Amen ! Ah ouais, on est à côté du tribunal, dans la cellule avec... Donc, on va l'appeler Pascal. Un prénomé Pascal. Tu te rappelles celui qui m'a dit « arrête de plairer » . Oui. Donc Pascal et moi, depuis dimanche matin, on est arrêtés. Donc t'imagines bien, il n'y avait pas d'eau dans la cellule, etc. On était mais d'une noirceur incroyable parce que je te dis, j'avais déjà marché jusqu'à la gendarmerie à pied, passé la nuit sur l'espèce de petit lit en béton là. Donc on n'était pas des plus propres. Et dans la salle, dans la cellule où on attendait, en fait, il y avait un petit lavabo avec un robinet. Donc le gars a commencé à tirer son T-shirt. Le gendarme a dit, vous, monsieur, vous remettez votre T-shirt tout de suite. Donc voilà. Et on s'est un peu dépatouillé à laver le visage dans le lavabo. Et puis, tout d'un coup, on voit un gars qui rentre, tu vois. Le gars bien propre. T-shirt LS, son petit pantalon sport et tout ça. Je dis, t'es bien. Où ça, où ça, tout ? Il dit, ben, il sort demain jour. Il dit, ben, il va où sort demain jour ? Parce que propre comme on l'est. C'est clair qu'il n'avait pas passé le week-end en tol comme nous, quoi.

  • Speaker #0

    En fait, il était en prison à demain jour. Ouais. Et il passait juste au tribunal. Au tribunal.

  • Speaker #1

    Donc, c'était... Je me suis dit mais j'ai halluciné, je me suis dit comment le gars est propre !

  • Speaker #0

    Et tu m'avais parlé aussi d'actes un peu impulsifs que tu faisais avant.

  • Speaker #1

    D'actes impulsifs ? Bon, tous les actes impulsifs. J'ai déjà... J'ai déjà... J'avais mon sac à main, avec ma carte bancaire dedans. J'ai déjà sauté le portail de mon ex. sortie dehors, faire du stop sur un scooter, partir dans un aéroport, acheter un billet d'avion et partir avec juste mon sac.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'avait poussé comme ça dans le cours ?

  • Speaker #1

    Encore une crise, si tu veux, ça c'était avec mon ex. Tant en temps, je courais après aussi avec des chaussures. Et puis, ils criaient, non, non, pas la blanche, la rouge,

  • Speaker #0

    la rouge. Qui n'avait pas de talons, peut-être. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être. Non, je crois que c'était celle qui avait les plus grands talons. Qui me provoquait, tu vois, cette espèce de zigoto, quoi. Oui, des choses comme ça, quoi. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Ou des achats impulsifs aussi.

  • Speaker #1

    Des achats impulsifs aussi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu disais que par ton témoignage, tu voulais un peu soutenir les personnes qui auraient pu être dans cette situation.

  • Speaker #1

    Oui, mais les soutenir dans le sens où juste les faire réfléchir. J'ai une amie qui... Tu vas me dire j'ai beaucoup d'amis, pas les problèmes de... J'ai une très chère amie... qui elle, si tu veux, quand je lui racontais un petit peu mes épisodes, que je lui racontais ma vie, etc., le travail, elle me dit, mais je me vois. Je me vois, je me vois. Mais elle, si tu veux, elle ne veut pas prendre de traitement. Et du coup, il faut vraiment qu'elle prenne sur elle. Mais j'ai l'impression que c'est tellement plus difficile. Tu ne prends pas de traitement. Quand tu prends un traitement, déjà, comme je te dis, tu es régulé. Tu es plus apaisé. Quand tu ne le prends pas, tu es déchiré. Elle a choisi de ne pas en prendre. Mais elle a conscience qu'elle doit gérer. Et ça fait mal. Et ça fait mal. Donc, je ne suis pas là à pousser au médicament, mais juste à dire, prenez conscience de vos faiblesses. Et après, gérez-les. Comme vous pouvez, mais sachez qu'il y a de l'aide à côté.

  • Speaker #0

    Donc l'aide psychiatrique, voire aussi des psychologues, ou justement, dont tu parlais, des associations qui peuvent accompagner les personnes qui ont des troubles mentaux. Le nom de l'émission, c'est Décalé. Est-ce que toi, tu te sens décalé ?

  • Speaker #1

    Complètement. Complètement décalé. Et j'aime bien les gens décalés. Donc, ça me va d'être décalée au final. Et puis, je suis une gentille décalée. Je ne suis plus une méchante.

  • Speaker #0

    Et tu te sens décalée de quelle façon ?

  • Speaker #1

    Parce que j'ai ces troubles. Parce qu'il faut que j'ai plus d'appréhension. de ce qui se passe autour de moi, de me sentir aussi si je sens que ça ne va pas, de m'écouter surtout. Et voilà.

  • Speaker #0

    Tu as appris à mieux te connaître en quelque sorte.

  • Speaker #1

    J'ai appris à m'écouter. Je pense que je n'ai pas encore fini de me connaître, mais je m'écoute.

  • Speaker #0

    Donc tu as des projets maintenant ? Parce qu'actuellement tu ne travailles pas ? C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je suis en fin de formation.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je suis en fin de formation et j'ai un projet d'association. Voilà. Donc qui va se faire très prochainement. Qui sera aussi inclusif.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça, je suppose que ça te motive d'avoir ces projets ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me motive, effectivement. Mais en même temps, j'ai l'impression que le temps passe tellement vite. Ma formation a duré tellement longtemps. Et là, on est déjà au mois de février. Ça me... Voilà. Mais en tout cas, ça me donne beaucoup de motivation pour ce qui va se passer cette année.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, du coup, pour la suite ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut me souhaiter, c'est de continuer à m'écouter. d'être moins terrorisée parfois. Voilà, parce que j'ai encore mes peurs, tu sais. Avant, j'avais la peur de la boîte aux lettres. Je ne pouvais même pas regarder ce qu'il y avait dedans.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Grosse peur. Et toujours maintenant, mais j'arrive quand même à le faire. Et... Mais ce que les gens peuvent me souhaiter, c'est une bonne continuation, c'est de trouver l'énergie, de continuer à impulser. Tout ça. Et puis, c'est déjà beaucoup. Oui, c'est déjà beaucoup, oui.

  • Speaker #0

    C'est ce que je te souhaite. Merci beaucoup. De pouvoir continuer à prendre soin de toi et de tes proches. Oui. Et avancer dans tes projets.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Je t'en prie. Merci à toi pour ce témoignage.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

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Description

Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022 après un parcours marqué par des épisodes intenses : des accès de colère, des décisions impulsives, et même une garde à vue. Aujourd’hui, elle nous raconte son cheminement, entre colère, acceptation et résilience.

Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? 


Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C’est donc sous le nom de Sopjhie qu’elle va tout nous raconter.


Quelques ressources :


Si vous vous reconnaissez dans ce témoignage, n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour vous accompagner.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Décalé, le podcast où on explore les parcours de vie hors du commun, les épreuves, mais aussi les victoires qui transforment une vie. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet délicat, complexe et parfois tabou, les troubles bipolaires. Mon invitée, Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022, après un parcours marqué par des épisodes intenses. Des accès de colère, des décisions impulsives et même une garde à vue. Aujourd'hui, elle nous raconte son cheminement entre colère, acceptation et résilience. Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C'est donc sous le nom de Sophie qu'elle va tout nous raconter. Vous êtes prêts ? C'est parti ! Sophie bonjour !

  • Speaker #1

    Bonjour Elodie !

  • Speaker #0

    Je suis contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi je suis contente d'être là avec toi et de partager ça.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui on va parler un peu de toi et notamment de ta maladie qui est le trouble bipolaire.

  • Speaker #1

    Oui tout à fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu ce que c'est que le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a plusieurs types de troubles bipolaires. Donc il y a le type 1, le type 2, et je crois qu'il y a aussi un type psychique.

  • Speaker #0

    Un cyclotimie, non ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc moi, je me situe plus dans le type 2. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de dépression, quelques pics, avec... Je ne sais plus comment on appelle ça.

  • Speaker #0

    Épisode de manie ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    En général, c'est cette variation d'humeur, de manière générale, pour les troubles bipolaires. Moi, j'en ai compris. C'est soit d'épisodes dépressifs, soit d'épisodes maniaques, où la personne est très bien. Oui, tout à fait. Et même plus.

  • Speaker #1

    Dans une sensation de surpuissance.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et de légitimité. On est vraiment... Ceux qui ne vont pas dans notre sens ne comprennent rien ou sont injustes. Et c'est vraiment une omnibulation. J'ai du mal à définir parce que souvent, après des phases de manie comme ça, on a tendance à oublier.

  • Speaker #0

    D'accord. Et...

  • Speaker #1

    corps, l'esprit fait qu'on oublie ce qu'on a fait. On pourrait aussi dire des personnes qui ont des troubles bipolaires qu'on pourrait leur en vouloir mais elles ne se rappellent la plupart du temps pas de ce qu'elle a fait dans ces phases maniaques ou alors très peu.

  • Speaker #0

    On va voir maintenant comment ça a été diagnostiqué chez toi et l'élément déclencheur notamment un moment moins un passage en garde à vue ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je souhaite ça à personne, mais en même temps, ça a été le déclencheur qui a fait qu'aujourd'hui, je m'en suis sortie. Ce qui s'est passé, c'est que j'avais justement ces phases de dépression, des phases maniaques très violentes, où j'en suis même arrivée à être violente contre mon conjoint. Et de ce fait, j'ai été mise en garde à vue, même s'il n'a pas porté plainte contre moi, bien entendu. Lui, il comprenait ma maladie, il savait très bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et malgré le fait qu'il n'ait pas porté plainte, si tu veux, j'ai fait une garde à vue pour violence avec arme.

  • Speaker #0

    D'accord, avec arme, ça veut dire que c'est passé quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux, tout... Toute chose peut être une arme. Un ordinateur, un sac, quelque chose qui peut blesser quelqu'un peut être une arme. Dans mon cas, c'était une menace avec des couteaux. Et de plus, j'ai attaqué mon conjoint avec une enceinte. Donc il lui a pépé la tête, perforé le cœur chevelu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc voilà. Donc c'est aller loin quand même, tu vois. Et de ce fait, d'avoir été mise en garde à vue, donc j'ai été convoquée. Donc ensuite par le tribunal et j'ai eu une obligation de traitement parce que quand tu es en garde à vue tu vois un psychiatre qui fait un peu le bilan avec toi, est-ce que tu étais dans ton état normal, qu'est ce qui s'est passé etc. Et il s'avère que moi le psychiatre avait dit que j'étais pas dans mon état normal et qu'il supposait peut-être. des troubles bipolaires. Donc, j'ai eu une obligation de traitement. Donc, moi, déjà, troubles bipolaires, je ne connaissais pas ça. J'ai eu une obligation de traitement et c'est là où j'ai commencé un petit peu à... à ne pas accepter le traitement. Parce que dans tes phases maniaques, tu as cette surpuissance. Et tu te dis, pourquoi on me donne des médicaments pour ne plus être toi-même, au final ? Ce qui s'est passé, c'est que, comme j'avais un soutien familial et de mon conjoint qui était quand même très important, je suis passée au-delà. de la difficulté d'accepter de prendre le traitement avec tous ces effets secondaires, etc. Et par la suite, j'ai pu voir les améliorations. Voilà. Mais quand bien même c'était... C'était une épreuve de subir cette garde à vue, mais ça m'a permis de me soigner aujourd'hui et d'être bien.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu disais au moment où tu l'as agressée, c'est toi-même qui est allée à la gendarmerie, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Donc dans ma... j'allais dire ma folie, mais oui. Donc je me... Quand j'ai vu le sang, si tu veux, je me suis dit, c'est bon, j'aurais pu lui faire très mal, j'aurais pu le tuer, je vais me dénoncer. Je vais me dénoncer à la gendarmerie, il faut qu'il fasse quelque chose, qu'il m'emprisonne. Et dans ma tête, c'était ça. Il fallait qu'on m'enferme, en fait, pour m'empêcher de... de refaire ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Et est-ce que tu te rappelles ce que tu ressentais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    C'était une grande peur et en même temps de l'adrénaline, si tu veux, parce que ça m'a permis de marcher de chez moi jusqu'à la gendarmerie. Alors que c'est à plusieurs kilomètres. Donc, j'ai... C'est vraiment... Je ne me rappelle plus tellement. Comme je disais, souvent, on oublie et on se demande, mais qui est ce personnage ? Parce que si c'était moi, je ne veux pas que ce soit moi. Ce n'est pas moi. Donc, c'est... C'est vraiment cette sensation d'adrénaline et en même temps d'être un monstre, tu vois. Et c'est pour ça que je suis allée les voir, je suis allée à la gendarmerie de moi-même. jamais pensé que j'aurais fait une garde à vue. Peut-être, mais je ne sais pas. Dans ma tête, ce n'était pas ça, une garde à vue.

  • Speaker #0

    Comment c'était alors cette garde à vue ?

  • Speaker #1

    C'était difficile parce que on est dans une pièce avec un lit en béton, avec les pieds au pied du lit. Il y a des toilettes turques qui débordent, qui sont sales. Tu as un petit matelas qui doit faire 2 cm en plastique, qui recouvre le lit en béton. Et après, tu as le choix avec une petite couverture. Donc, soit tu t'en sers comme oreiller ou soit tu t'allonges dessus pour ne pas être collé sur le matelas en plastique. J'imagine qu'il y a une centaine de personnes qui ont déjà dormi dessus. Et puis, voilà. Aller aux toilettes, demander... Non, c'était plus compliqué que ça parce qu'il n'y avait même pas d'eau dans la pièce. Donc à chaque fois, pour... Enfin, moi je ne suis pas allée aux toilettes. C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu es restée 24 heures pourtant.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    On ne s'imagine pas que ce soit aussi sale.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, ça c'était depuis, si tu veux, dimanche matin 7h. Et lundi à midi, on m'a emmenée de la gendarmerie au tribunal de Saint-Denis. Et ça aussi, c'était fou. Le gendarme conduisait tellement vite, j'ai cru mourir quoi. Il roulait à 150, 160 partout. Et on arrive, tu sais, déjà tu as la pression et qu'on te remet ce stress. Et on arrive à Saint-Denis et à Saint-Denis... Là, pareil, c'est un week-end où il y avait eu beaucoup de garde à vue. Je crois que j'ai entendu qu'il y avait eu 23 gardes à vue.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, du coup, il n'y avait pas de pièces séparées pour les hommes et les femmes. Donc, on m'a demandé, est-ce que ça... Est-ce que ça vous dérange s'il y a des hommes dans la même cellule que vous en attendant le jugement ? Donc j'ai dit oui. Et pour moi, il n'y avait pas de souci parce que la porte était vitrée, il y avait juste un gendarme juste derrière. Je n'avais pas peur. Et c'est vraiment la dernière chose dont je me préoccupais, c'est-à-dire avoir peur pour moi. Là, ce n'était pas... J'étais dans un autre espace.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu pensais à quoi ?

  • Speaker #1

    Je pensais à ce que j'avais fait, je pleurais. Je n'étais vraiment pas bien. Et ce qui est... Ce qui est drôle, enfin dans toutes les situations, on a toujours quelque chose de drôle qui remonte. Donc dans la cellule avec... Donc, un autre monsieur, il me voit pleurer et il me dit, mais ne pleure pas, ne pleure pas. Je dis, non, mais je continue à pleurer. Il me dit, non, ne pleure pas. D'où va celui-ci ? D'où ? Après, il donne un haut cachet, mais après, où d'autre ? C'était trop... Il n'y en a qu'en technique.

  • Speaker #0

    C'était un habitué.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Mais en tout cas, il me dit « pleure-toi » . Mais c'était très drôle.

  • Speaker #0

    Et tu te retrouves devant le juge, après ?

  • Speaker #1

    Oui, devant... C'était, je crois, comme une sorte de pré-jugement avant le vrai jugement. Mais je me retrouve devant la juge et qui me dit... C'est... Donc voilà, elle fait le bilan, elle me dit, qu'est-ce que... Je ne me rappelle plus très bien, tu vois, encore une fois, c'est flou. Mais je me rappelle d'une chose, c'est qu'elle m'a dit, comment ça se fait qu'on a dit à votre conjoint de partir de la maison, alors que c'est lui la victime ? Donc ça, ça a résonné aussi, je me suis dit, mais... Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi déjà je lui fais du mal ? En plus, on l'oblige à partir de chez lui. C'était vraiment grave. Donc après, j'ai expliqué que c'était la procureure qui avait demandé à ce que ce soit lui qui parte par rapport au fait que j'avais un enfant et qu'il allait revenir de vacances bientôt. Mais c'était vraiment, elle était très offusquée et à son droit de me dire que c'est pas normal que ce soit la victime qui soit obligée de sortir de la maison. Donc après ça, j'ai eu six mois de... comment on appelle ça ? L'interdiction de se voir.

  • Speaker #0

    Procédure d'éloignement.

  • Speaker #1

    Procédure d'éloignement, exactement.

  • Speaker #0

    De six mois, ça va ?

  • Speaker #1

    Oui. Obligation de traitement. Et aussi un stage pour la violence dans le foyer. D'accord.

  • Speaker #0

    Et c'est au moment où tu vois le psychiatre qui te diagnostique le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Pas tout de suite. Parce qu'elle me dit peut-être que le psychiatre de la gendarmerie, que j'avais vu pour la garde à vue, a peut-être une piste, mais il faut creuser un peu plus profond que ça avant de dire, ça y est, elle a des troubles bipolaires. Donc j'ai vu quelques fois la psychiatre à Saint-Leu. Pareil, je trouve que c'est super difficile d'avoir des rendez-vous psychiatriques. On est sur liste d'attente. Il faut aller à droite, à gauche. Enfin, c'est pas évident.

  • Speaker #0

    T'as dû attendre combien de temps ?

  • Speaker #1

    Un mois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ça va, parce qu'il y a d'autres personnes qui attendent beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'ai entendu des fois deux, trois mois d'attente.

  • Speaker #1

    Donc du coup, à Saint-Leu, ils m'ont acceptée au bout d'un mois. Et pareil, j'ai une très bonne psychiatre aussi, mais qui est partie de l'EPSMR. Donc du coup, j'ai eu la chance de retrouver une autre. celle de Saint-Leu m'a diagnostiquée avec des troubles bipolaires et j'ai continué mon traitement et mon suivi avec une psychiatre par la suite. D'accord.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe ce diagnostic ? Comment tu le vis ?

  • Speaker #1

    Je le vis un peu, pas comme un soulagement, pas comme un soulagement parce que je ne souhaite à personne d'avoir des troubles polaires ou avoir quelques troubles. Mais ce diagnostic m'a permis de mettre des mots sur... Des mots sur des mots. Voilà. Et de me comprendre un peu, parce que même, tu vois, on te dit, on peut être diagnostiqué dès l'adolescence, et ça, j'en suis persuadée aussi. Parce que je repense à des épisodes, effectivement, moi et les couteaux, c'est une histoire d'amour. Je n'étais pas ma première menace.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on aurait pu te diagnostiquer plus tôt ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais quand tu penses, qui te dit, va voir la psychiatre ? On te dit juste, tu es sanguine, machin.

  • Speaker #0

    Et toi, tu as une cinquantaine d'années à peu près ?

  • Speaker #1

    Presque, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai qu'à cette époque-là, on en parle encore moins. des troubles mentaux, c'était assez tabou de voir un psychiatre. Je trouve que ça l'est encore un peu. Je ne sais pas comment tu le vis toi ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est de mieux en mieux. Tu vois, d'intégrer un psychiatre ou un psychologue dans sa vie pour pouvoir nous aider. voire un petit peu plus clair, je trouve que ça se fait de plus en plus. Du moins dans certaines familles, après, même au niveau des amis, ça leur fait du bien de temps en temps aller voir, même si tu payes 60, 100 euros, mais tu vas voir un psychologue et peut-être qu'il peut te donner aussi certaines réponses.

  • Speaker #0

    Sachant qu'en général, c'est autour des 80 euros la séance, qui est remboursée que partiellement par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Ah, tu vois, c'est cher quand même, alors que pour moi, c'est essentiel. Mais je suis tellement contente, moi, de pouvoir être soignée. sans avoir à avancer les frais.

  • Speaker #0

    Donc moi, je bénéficie de l'ALD, donc affection de longue durée, qui me permet, moi, de n'avoir rien à avancer et tout est pris en charge par la Sécurité sociale. Et c'est vraiment un gros plus parce que je n'aurais pas les moyens de payer à chaque fois le nombre de séances dont j'aurais besoin. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair que moi, j'ai de la chance aussi, j'avais une mutuelle. Donc au début, quand je n'avais pas l'ALD, je payais 15 euros. quand même, tu vois, et je me faisais rembourser les 15 euros. Mais après, ça a été reconnu en infection longue durée, donc comme dirait l'autre, merci mon Dieu, mais ne paye pas.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais que tu avais eu du mal à accepter le traitement, parce que toi, tu te sentais bien dans les phases maniaques en fait.

  • Speaker #1

    Oui. Tu as du mal à accepter le traitement. Tu te dis, mais en fait, le traitement, tu le prends pour les autres. C'est les autres qui ont un problème. Ce n'est pas toi. Pourquoi ils ne veulent pas prendre de médicaments ? Ils n'ont qu'à prendre des médicaments. Moi, ça va. Et en plus, les médicaments te donnent des effets secondaires. Donc, tu as une baisse de la libido. Je t'explique même pas, t'as la bouche, au niveau de la salive, t'as plus de salive, tu fais même des grimaces. À certains moments, tu sais, j'avais la joue qui se relevait du cil. Comme un con, quoi, tu vois, qui me fait ce genre de... C'est quoi ce truc ? Et en fait, il faut gérer aussi... Les effets secondaires, tu vois. Et quand tu gères les effets secondaires, plus que tu es en colère, parce que tu ne devrais pas prendre de médicaments, c'est sûr que c'est difficile. Mais au fur et à mesure, quand tu arrêtes de comparer sur ce que tu étais il y a dix ans, et tu compares sur ce que tu étais il y a trois ans, c'est-à-dire un animal, Tu te dis, c'est bien les médicaments au final.

  • Speaker #0

    Et du coup, maintenant, comment tu le vis ? Comment ça se passe pour toi ? Tu as toujours un suivi psychiatrique ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours. Donc, une fois par mois, je vois ma psychiatre pour pas seulement ajuster le traitement, mais vraiment... On parle, on voit les évolutions au niveau de mes peurs, au niveau de mes blocages. Et elle est... Voilà, je pense qu'elle fait bien miroir. Elle me confronte avec ce que je pourrais faire et ce que je m'empêche de faire au final. Je suis contente de pouvoir l'avoir au moins une fois par mois. Je disais, ça serait... Pour beaucoup de gens, je pense que ça serait l'idéal. Je ne parle même pas de médicaments. Je parle juste d'avoir une thérapeute.

  • Speaker #0

    Quel genre de traitement tu prends ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je prends des antidépressifs et du lithium.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    C'est le traitement assez courant dans ce cas-là ? Oui, tout à fait. D'accord. Toi, tu n'as pas de régulateur d'humeur ? D'accord. J'en parle parce que moi, j'en ai, en tant que personne borderline. Moi, je prends des antidépresseurs et régulateurs d'humeur et anxiolytiques. Après, c'est vrai que ça dépend.

  • Speaker #1

    J'en prenais. J'en prenais. Mais tu sais, ce que je fais, c'est que j'essaie de... Voilà, c'est mon côté. J'essaie de limiter un peu le nombre de médicaments que je prends. Après, je sais que toute ma vie, ça se trouve, je vais devoir prendre du lithium et ça, je l'ai accepté. C'est mon truc. Il y en a qui prennent la pilule toute leur vie. Ça aide et je l'ai accepté. Après, pareil, les antidépresseurs étant type 2, C'est toujours, je suis, comme tu dis, un peu à la frontière entre je suis bien et je peux, ne pas être bien du tout, à vouloir m'enfermer, ne voir personne, ne pas s'occuper de moi. Donc je pense que... Et antidépresseurs et lithium, ça va être un petit peu mes compagnons de route.

  • Speaker #0

    Je m'étais dit un petit peu comme toi, il y a bien des gens qui prennent de l'insuline toute leur vie, parce qu'ils en ont besoin, et c'est pareil pour nous. Je ne sais pas si je vais en prendre toute ma vie ou pas, mais en tout cas, en ce moment, j'en ai besoin. Donc ça aide à accepter, de se dire que c'est une vraie maladie et pas...

  • Speaker #1

    J'avais vu une... C'était un truc d'humour. Je ne sais plus si j'avais vu ou si j'avais entendu. Donc, c'était quelqu'un qui disait que les médicaments, les personnes qui ont des troubles comme ça, psychiatriques, c'était un peu comme les brassards. Tu sais, quand tu ne sais pas nager. Donc, en fait, on ne sait pas nager. On a besoin des brassards. Et parfois, on a honte de mettre des brassards parce qu'il y a des gens, franchement, ils nagent tellement bien. Donc, on a honte avec nos petits brassards, tu vois. Mais le problème, c'est que si on enlève les brassards, on coule toute la famille à côté de nous. On va les tirer vers le bas. Et moi, c'est ça. Moi, je ne veux noyer personne. J'ai mes petits brassards.

  • Speaker #0

    C'est une belle image. C'est bien cette image.

  • Speaker #1

    Je ne l'avais jamais entendue. Alors, même si on se moque de moi, ça nous égale.

  • Speaker #0

    Après, nos brassards sont invisibles, donc un avantage, un inconvénient.

  • Speaker #1

    C'est vrai, nos brassards sont même invisibles.

  • Speaker #0

    Donc toi tu n'as pas été hospitalisée ? Non. Tu as été suivie par une association c'est ça ?

  • Speaker #1

    Pour me re sociabiliser, je voulais aussi parce que tu sais quand tu es déprimé tu veux pas sortir, tu fais rien, tu ne veux même pas tu sors ton lit pour te brosser les dents quoi tu vois. Donc là, je me suis dit, il faut que je me prenne en main, il faut que je fasse l'effort d'aller à la rencontre de gens. Et cette association, si tu veux, ça permet aussi, si tu veux, d'arriver et de ne pas être complexé de qui tu es. Parce qu'on est tous là pour partager. des histoires différentes, mais des histoires d'accidents de vie ou de problèmes à gérer qui ne sont peut-être même pas des problèmes. Donc, c'est vraiment dans la bienveillance que je suis rentrée dans cette association qui s'appelle Balsi à Saint-Paul, qui est vraiment géniale. Et je suis contente. Ça fait longtemps que je ne suis pas allée parce que j'avais... d'autres projets en cours et donc j'ai pas pu y aller mais je suis toujours leur programme et sont des gens vraiment très gentils et qui font bien leur travail.

  • Speaker #0

    Ils proposent quoi des ateliers il me semble ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ils proposent des ateliers ça peut être des ateliers jeux, sport, pour de l'île. On a fait aussi une formation, un premier secours. Tu me disais aussi que tu avais fait... Oui,

  • Speaker #0

    premier secours en santé mentale, oui. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. On a fait une formation chez eux. Donc, ils ont beaucoup de choses à proposer. On a fait aussi la première marche pour la santé mentale il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai entendu parler, oui.

  • Speaker #1

    J'espère que l'année prochaine, ça sera encore mieux.

  • Speaker #0

    Et comment tu as trouvé cette formation de premier secours en santé mentale ?

  • Speaker #1

    Je l'ai trouvée intéressante et en même temps, ça m'a permis de comprendre qu'on était parfois à côté de la plaque. Apparemment, 80%... des handicaps sont invisibles. Et ça, les gens n'en ont pas conscience. Et il y a plein de petites choses. Mais il faut vraiment faire la formation parce qu'elle est intéressante pour ceux et celles qui s'inquiètent un petit peu de ce qui se passe, par exemple, avec un collègue qui n'est pas bien, qui ne parle pas, qui n'entend pas, ou un membre de la famille. Savoir trouver les mots, les diriger, c'est important.

  • Speaker #0

    C'est un peu comme la formation de secouriste, sauf que là c'est axé sur la santé mentale. Effectivement, on a dans la formation des pistes pour parler aux personnes qui peuvent être dans ces situations, comment les orienter. des professionnels. Moi j'ai trouvé la formation très intéressante et comme tu dis, il faudrait vraiment qu'il y ait un maximum de personnes qui puissent en bénéficier. Après je me dis que deux jours c'est vraiment juste une une prise de connaissance. Je ne trouve pas qu'on devient secouriste en deux jours, mais c'est plus une découverte de la santé mentale. Et en ce sens, c'est une bonne chose. Après, cette année, tu sais, en France, c'est l'année nationale de la santé mentale. Et donc, je pense qu'ils vont valoriser un peu ces événements-là, ce genre d'activité. D'accord. Oui. Et donc tu étais comment avant dans ta vie, avant le diagnostic ?

  • Speaker #1

    Avant dans ma vie, avant le diagnostic, ça dépendait des périodes. Je pourrais avoir une super période où tout va bien, je suis au taquet, j'ai de l'énergie. Et puis des périodes où, comme je dis, je ne peux pas sortir de chez moi. Mais les périodes maniaques étaient quand même très violentes. Je me rappelle que j'étais violente aussi depuis que j'étais jeune. J'ai honte de le dire, mais j'ai déjà sauté sur ma sœur. Et voilà, ça te fait réfléchir. Mais quand je repense à tout ça, je te promets, je me souviens, à moitié, j'ai des flashs. J'ai des flashs. Je me dis, merde.

  • Speaker #0

    Et maintenant, après, depuis que tu as les soins, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Comme je te disais, depuis que j'ai mis un moment à me stabiliser, etc. Comme je te dis, quand ta bouche commence à être tente, et machin, donc ça y est, je suis passée au-dessus de tout ce qui est effet secondaire. Et je me mets une petite alarme, je prends... À heure régulière, comme ça, parce qu'il faut se faire aussi tester, tu sais, pour voir si tes reins sont corporels, etc. Si ton taux de lithium dans le sang est bon aussi. Donc, il faut vraiment prendre ton traitement à heure précise.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et maintenant, il n'y a rien à voir déjà. Je ne me vois plus presque me transformer. Voilà, c'est un peu... Le lithium, c'est un peu comme un compresseur. Ça compresse le haut et le bas, et puis tu es relativement stable.

  • Speaker #0

    Est-ce que ces épisodes maniaques ne te manquent pas ?

  • Speaker #1

    Pour être honnête ? Si ! Je suis prête à dire non ! Mais c'est dégueulasse, mais faut plus ! Faut prendre ses médicaments. Mais... Putain de mamie, tu te dis... C'est ça, tu te rends compte de cette sensation. Tu es dans ton droit, tu sais. Alors que quand tu es dépressive, tu ne sais rien. Tu te doutes de tout. Tu ne rentres pas de terre. Là, tu sais. Tu sais mieux que tout le monde. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Du coup, il faut gérer aussi ça, cette perception de plus avant.

  • Speaker #1

    Non, mais je gère. Franchement, je gère. Et je me dis... C'est... C'était faux, si tu veux. Et ça, je peux me le recréer.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, si je prends confiance en moi, si je continue dans mon cheminement de développement personnel, etc., à un moment donné, je serai, tu sais, ancrée, sur de moi, sans être au-dessus, sans dire, il n'y a que moi. Mais c'est ça en fait, j'attends la maturité.

  • Speaker #0

    Toi, tu as été diagnostiquée il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans, ok. Donc tu as eu le temps un peu de faire tout ce cheminement d'acceptation. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, non, vraiment, je te promets, je ne regrette pas. Mais si, j'ai dit je regrettais. Non, je ne regrette pas. Je ne regrette pas, mais ces épisodes me font rire. Voilà, j'y repense et je me dis, mais complètement à côté de la plaque. Donc tu vois, c'était faux. Ce sentiment de justice était faux, mais la puissance de ce que tu ressens... te conduit à un autre endroit.

  • Speaker #0

    Mais quand tu dis que c'était faux, est-ce que tu as la sensation que le moment que tu vivais était faux ou que ce n'était pas la vraie toi ? Comment tu l'expliques ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas la vraie moi. C'était quelque chose collé sur moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu vois ? C'est un personnage qui a fait partie de moi, mais qui n'est pas moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Après, tu vas me dire, ça m'arrange bien parce que ça me permet de ne pas culpabiliser. Mais pas du tout, je culpabilise beaucoup pour ce que j'ai fait. Je culpabilise beaucoup, même si je sais que je pourrais sortir la carte. De toute façon, j'ai des troubles bipolaires. Alors, non.

  • Speaker #0

    Il faut savoir aussi que, du coup, tu es toujours avec le même compagnon.

  • Speaker #1

    Oui. Alors, l'amour est grand. Hum, ah. L'amour est grand. Donc c'est quelqu'un qui, en fait, si tu veux, je pense que pour quelqu'un qui a des troubles bipolaires et qui rencontre quelqu'un d'autre pour la première fois, même pour quelqu'un qui n'a pas de troubles, tu as toujours la phase de lune de miel, etc. Et cette phase du début, je pense, c'est presque une phase maniaque. Tu vois ? Et après, il y a des transformations qui se font au fur et à mesure. Mais je pense que c'est presque, tu vois, ce truc de s'accrocher. Et si tu veux, lui, il m'a vue dans tous les états. C'est comme s'il avait compris que derrière ça, il y avait quelqu'un d'autre, si tu veux. Et quand j'ai eu justement... Quand ça s'est passé et que je suis allée à la gendarmerie pour qu'on m'arrête, ce que j'ai fait. Déjà, il était tellement désolé de tout ce qui arrive, du fait que j'ai subi la garde à vue. Ça l'a vraiment bouleversé, en plus d'être jetée de la maison, comme ça, pendant six mois. Mais il a tenu le coup. Je ne sais pas. Est-ce que c'est de l'amour ? Je pense que oui.

  • Speaker #0

    Je pense aussi.

  • Speaker #1

    Il a tenu le coup, le pauvre. Et aujourd'hui, ça fait presque ces temps qu'on est ensemble.

  • Speaker #0

    Oui, c'était un amour très fort du coup qui vous lie et qui a réussi à passer au-dessus de ces très grandes difficultés.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas comment il a fait, mais je ne sais pas. En tout cas, il m'a pardonné. Il m'a pardonné malgré tout, malgré toutes les difficultés et malgré tous les traumas aussi que ça engendre, si tu veux. De se faire frapper, menacer, éloigner. Il a réussi à surmonter tout ça et à me soutenir même dans mon traitement. Donc, j'ai beaucoup de chance. Et je pense que la guérison, ou du moins le fait d'estabiliser, ça passe aussi par un environnement familial et d'amour qui est super important. Et si j'en suis là aujourd'hui... Ah ben, juste à partager, à dire que vous inquiétez pas, il n'y a pas que vous qui êtes comme ça, moi aussi ça m'est arrivé. Le fait de pouvoir partager ça, c'est déjà grâce à lui.

  • Speaker #0

    Et comment ça s'est passé par rapport à ta famille ?

  • Speaker #1

    Ma famille, si tu veux, elle n'était pas au courant. Et quand ma famille a appris ça, ils étaient complètement sous le choc. Mais en même temps, pas tellement sous le choc, je trouve. De moi, le choc du pauvre, de mon pauvre conjoint. Mais je pense qu'ils n'auraient pas parié que... Ça ne m'était pas arrivé. Comme je te dis, j'ai toujours été plus ou moins colérique.

  • Speaker #0

    Et du coup, ils ont bien accepté cette situation ?

  • Speaker #1

    Cette situation, oui, ils l'ont bien accepté et ils m'ont encouragée dans mon traitement.

  • Speaker #0

    Et tu as deux enfants, comment ils ont vécu toute cette période ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, comme je te disais, ça ne date pas d'hier. Donc mes enfants, ils savaient très bien que j'étais colérique. Mais d'ailleurs, de toute façon, quand moi j'étais en colère... J'étais inarrêtable. Donc, ils pouvaient juste dire « Maman, calme-toi ! » Les pauvres, quoi ! Mais j'ai jamais, si tu veux, maltraité mes enfants. Mais la maltraitance vient du fait d'avoir été, de crier comme ça devant eux. C'est une forme de maltraitance. Donc ils ont eu à subir, si tu veux, mes colères envers mon compagnon.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand je parle de compagnon, je ne te parle même pas du dernier compagnon, je te parle du père de ma fille, avec qui je me disputais énormément, et je hurlais. Mais là, j'ai d'autres projets bientôt. Donc, je suis contente.

  • Speaker #0

    Donc là, on entend ton chat.

  • Speaker #1

    Comme maintenant, je suis reconnue en tant que travailleur handicapé. Je vais essayer de voir, si tu veux, si la GFI peut soutenir mon projet. Mais ça, il faut que je vois avec le Pôle emploi aussi. Mais tout ça pour dire que, surtout... Si jamais vous avez été diagnostiquée, ne pas hésiter à aussi voir qu'est-ce qui peut vous aider, compenser un petit peu les handicaps qu'on a.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'au niveau des maladies mentales, la bipolarité est reconnue comme handicap. Et à ce titre, tu bénéficies de l'allocation adulte handicapé ?

  • Speaker #1

    Oui. Je dis un petit oui, tu sais pourquoi ? Parce que j'ai presque honte, parce que figure-toi que moi, j'ai une amie qui a les mêmes troubles que moi. Et qui, pareil, on se regarde, tu sais, à un moment donné, on voulait faire un club d'humour, on aurait été les BB. Bibi et Bibi. Et donc elle, elle a fait sa demande et elle n'a pas eu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et j'ai aussi un autre ami jeune, bipolaire type 1, avec plusieurs hospitalisations, pas eu non plus.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas par quelle loterie nationale. Mais une chose est sûre, c'est que ça m'aide beaucoup. Et je suis très reconnaissante aussi qu'il existe de tels soutiens.

  • Speaker #0

    Au niveau de ta vie personnelle, tu as vécu quand même des petites anecdotes dont tu m'as parlé, assez épiques.

  • Speaker #1

    Dis-moi, laquelle ?

  • Speaker #0

    Celle que tu veux.

  • Speaker #1

    Amen ! Ah ouais, on est à côté du tribunal, dans la cellule avec... Donc, on va l'appeler Pascal. Un prénomé Pascal. Tu te rappelles celui qui m'a dit « arrête de plairer » . Oui. Donc Pascal et moi, depuis dimanche matin, on est arrêtés. Donc t'imagines bien, il n'y avait pas d'eau dans la cellule, etc. On était mais d'une noirceur incroyable parce que je te dis, j'avais déjà marché jusqu'à la gendarmerie à pied, passé la nuit sur l'espèce de petit lit en béton là. Donc on n'était pas des plus propres. Et dans la salle, dans la cellule où on attendait, en fait, il y avait un petit lavabo avec un robinet. Donc le gars a commencé à tirer son T-shirt. Le gendarme a dit, vous, monsieur, vous remettez votre T-shirt tout de suite. Donc voilà. Et on s'est un peu dépatouillé à laver le visage dans le lavabo. Et puis, tout d'un coup, on voit un gars qui rentre, tu vois. Le gars bien propre. T-shirt LS, son petit pantalon sport et tout ça. Je dis, t'es bien. Où ça, où ça, tout ? Il dit, ben, il sort demain jour. Il dit, ben, il va où sort demain jour ? Parce que propre comme on l'est. C'est clair qu'il n'avait pas passé le week-end en tol comme nous, quoi.

  • Speaker #0

    En fait, il était en prison à demain jour. Ouais. Et il passait juste au tribunal. Au tribunal.

  • Speaker #1

    Donc, c'était... Je me suis dit mais j'ai halluciné, je me suis dit comment le gars est propre !

  • Speaker #0

    Et tu m'avais parlé aussi d'actes un peu impulsifs que tu faisais avant.

  • Speaker #1

    D'actes impulsifs ? Bon, tous les actes impulsifs. J'ai déjà... J'ai déjà... J'avais mon sac à main, avec ma carte bancaire dedans. J'ai déjà sauté le portail de mon ex. sortie dehors, faire du stop sur un scooter, partir dans un aéroport, acheter un billet d'avion et partir avec juste mon sac.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'avait poussé comme ça dans le cours ?

  • Speaker #1

    Encore une crise, si tu veux, ça c'était avec mon ex. Tant en temps, je courais après aussi avec des chaussures. Et puis, ils criaient, non, non, pas la blanche, la rouge,

  • Speaker #0

    la rouge. Qui n'avait pas de talons, peut-être. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être. Non, je crois que c'était celle qui avait les plus grands talons. Qui me provoquait, tu vois, cette espèce de zigoto, quoi. Oui, des choses comme ça, quoi. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Ou des achats impulsifs aussi.

  • Speaker #1

    Des achats impulsifs aussi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu disais que par ton témoignage, tu voulais un peu soutenir les personnes qui auraient pu être dans cette situation.

  • Speaker #1

    Oui, mais les soutenir dans le sens où juste les faire réfléchir. J'ai une amie qui... Tu vas me dire j'ai beaucoup d'amis, pas les problèmes de... J'ai une très chère amie... qui elle, si tu veux, quand je lui racontais un petit peu mes épisodes, que je lui racontais ma vie, etc., le travail, elle me dit, mais je me vois. Je me vois, je me vois. Mais elle, si tu veux, elle ne veut pas prendre de traitement. Et du coup, il faut vraiment qu'elle prenne sur elle. Mais j'ai l'impression que c'est tellement plus difficile. Tu ne prends pas de traitement. Quand tu prends un traitement, déjà, comme je te dis, tu es régulé. Tu es plus apaisé. Quand tu ne le prends pas, tu es déchiré. Elle a choisi de ne pas en prendre. Mais elle a conscience qu'elle doit gérer. Et ça fait mal. Et ça fait mal. Donc, je ne suis pas là à pousser au médicament, mais juste à dire, prenez conscience de vos faiblesses. Et après, gérez-les. Comme vous pouvez, mais sachez qu'il y a de l'aide à côté.

  • Speaker #0

    Donc l'aide psychiatrique, voire aussi des psychologues, ou justement, dont tu parlais, des associations qui peuvent accompagner les personnes qui ont des troubles mentaux. Le nom de l'émission, c'est Décalé. Est-ce que toi, tu te sens décalé ?

  • Speaker #1

    Complètement. Complètement décalé. Et j'aime bien les gens décalés. Donc, ça me va d'être décalée au final. Et puis, je suis une gentille décalée. Je ne suis plus une méchante.

  • Speaker #0

    Et tu te sens décalée de quelle façon ?

  • Speaker #1

    Parce que j'ai ces troubles. Parce qu'il faut que j'ai plus d'appréhension. de ce qui se passe autour de moi, de me sentir aussi si je sens que ça ne va pas, de m'écouter surtout. Et voilà.

  • Speaker #0

    Tu as appris à mieux te connaître en quelque sorte.

  • Speaker #1

    J'ai appris à m'écouter. Je pense que je n'ai pas encore fini de me connaître, mais je m'écoute.

  • Speaker #0

    Donc tu as des projets maintenant ? Parce qu'actuellement tu ne travailles pas ? C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je suis en fin de formation.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je suis en fin de formation et j'ai un projet d'association. Voilà. Donc qui va se faire très prochainement. Qui sera aussi inclusif.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça, je suppose que ça te motive d'avoir ces projets ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me motive, effectivement. Mais en même temps, j'ai l'impression que le temps passe tellement vite. Ma formation a duré tellement longtemps. Et là, on est déjà au mois de février. Ça me... Voilà. Mais en tout cas, ça me donne beaucoup de motivation pour ce qui va se passer cette année.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, du coup, pour la suite ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut me souhaiter, c'est de continuer à m'écouter. d'être moins terrorisée parfois. Voilà, parce que j'ai encore mes peurs, tu sais. Avant, j'avais la peur de la boîte aux lettres. Je ne pouvais même pas regarder ce qu'il y avait dedans.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Grosse peur. Et toujours maintenant, mais j'arrive quand même à le faire. Et... Mais ce que les gens peuvent me souhaiter, c'est une bonne continuation, c'est de trouver l'énergie, de continuer à impulser. Tout ça. Et puis, c'est déjà beaucoup. Oui, c'est déjà beaucoup, oui.

  • Speaker #0

    C'est ce que je te souhaite. Merci beaucoup. De pouvoir continuer à prendre soin de toi et de tes proches. Oui. Et avancer dans tes projets.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Je t'en prie. Merci à toi pour ce témoignage.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

Description

Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022 après un parcours marqué par des épisodes intenses : des accès de colère, des décisions impulsives, et même une garde à vue. Aujourd’hui, elle nous raconte son cheminement, entre colère, acceptation et résilience.

Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? 


Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C’est donc sous le nom de Sopjhie qu’elle va tout nous raconter.


Quelques ressources :


Si vous vous reconnaissez dans ce témoignage, n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour vous accompagner.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Décalé, le podcast où on explore les parcours de vie hors du commun, les épreuves, mais aussi les victoires qui transforment une vie. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet délicat, complexe et parfois tabou, les troubles bipolaires. Mon invitée, Sophie, a été diagnostiquée bipolaire en 2022, après un parcours marqué par des épisodes intenses. Des accès de colère, des décisions impulsives et même une garde à vue. Aujourd'hui, elle nous raconte son cheminement entre colère, acceptation et résilience. Comment fait-on pour vivre avec ce diagnostic ? Quels défis rencontre-t-on ? Et surtout, comment apprend-on à se retrouver soi-même ? Mon invité a préféré se confier de façon anonyme pour se sentir plus libre dans son témoignage. C'est donc sous le nom de Sophie qu'elle va tout nous raconter. Vous êtes prêts ? C'est parti ! Sophie bonjour !

  • Speaker #1

    Bonjour Elodie !

  • Speaker #0

    Je suis contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi je suis contente d'être là avec toi et de partager ça.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui on va parler un peu de toi et notamment de ta maladie qui est le trouble bipolaire.

  • Speaker #1

    Oui tout à fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu ce que c'est que le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, il y a plusieurs types de troubles bipolaires. Donc il y a le type 1, le type 2, et je crois qu'il y a aussi un type psychique.

  • Speaker #0

    Un cyclotimie, non ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc moi, je me situe plus dans le type 2. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de dépression, quelques pics, avec... Je ne sais plus comment on appelle ça.

  • Speaker #0

    Épisode de manie ?

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    En général, c'est cette variation d'humeur, de manière générale, pour les troubles bipolaires. Moi, j'en ai compris. C'est soit d'épisodes dépressifs, soit d'épisodes maniaques, où la personne est très bien. Oui, tout à fait. Et même plus.

  • Speaker #1

    Dans une sensation de surpuissance.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et de légitimité. On est vraiment... Ceux qui ne vont pas dans notre sens ne comprennent rien ou sont injustes. Et c'est vraiment une omnibulation. J'ai du mal à définir parce que souvent, après des phases de manie comme ça, on a tendance à oublier.

  • Speaker #0

    D'accord. Et...

  • Speaker #1

    corps, l'esprit fait qu'on oublie ce qu'on a fait. On pourrait aussi dire des personnes qui ont des troubles bipolaires qu'on pourrait leur en vouloir mais elles ne se rappellent la plupart du temps pas de ce qu'elle a fait dans ces phases maniaques ou alors très peu.

  • Speaker #0

    On va voir maintenant comment ça a été diagnostiqué chez toi et l'élément déclencheur notamment un moment moins un passage en garde à vue ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je souhaite ça à personne, mais en même temps, ça a été le déclencheur qui a fait qu'aujourd'hui, je m'en suis sortie. Ce qui s'est passé, c'est que j'avais justement ces phases de dépression, des phases maniaques très violentes, où j'en suis même arrivée à être violente contre mon conjoint. Et de ce fait, j'ai été mise en garde à vue, même s'il n'a pas porté plainte contre moi, bien entendu. Lui, il comprenait ma maladie, il savait très bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et malgré le fait qu'il n'ait pas porté plainte, si tu veux, j'ai fait une garde à vue pour violence avec arme.

  • Speaker #0

    D'accord, avec arme, ça veut dire que c'est passé quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux, tout... Toute chose peut être une arme. Un ordinateur, un sac, quelque chose qui peut blesser quelqu'un peut être une arme. Dans mon cas, c'était une menace avec des couteaux. Et de plus, j'ai attaqué mon conjoint avec une enceinte. Donc il lui a pépé la tête, perforé le cœur chevelu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc voilà. Donc c'est aller loin quand même, tu vois. Et de ce fait, d'avoir été mise en garde à vue, donc j'ai été convoquée. Donc ensuite par le tribunal et j'ai eu une obligation de traitement parce que quand tu es en garde à vue tu vois un psychiatre qui fait un peu le bilan avec toi, est-ce que tu étais dans ton état normal, qu'est ce qui s'est passé etc. Et il s'avère que moi le psychiatre avait dit que j'étais pas dans mon état normal et qu'il supposait peut-être. des troubles bipolaires. Donc, j'ai eu une obligation de traitement. Donc, moi, déjà, troubles bipolaires, je ne connaissais pas ça. J'ai eu une obligation de traitement et c'est là où j'ai commencé un petit peu à... à ne pas accepter le traitement. Parce que dans tes phases maniaques, tu as cette surpuissance. Et tu te dis, pourquoi on me donne des médicaments pour ne plus être toi-même, au final ? Ce qui s'est passé, c'est que, comme j'avais un soutien familial et de mon conjoint qui était quand même très important, je suis passée au-delà. de la difficulté d'accepter de prendre le traitement avec tous ces effets secondaires, etc. Et par la suite, j'ai pu voir les améliorations. Voilà. Mais quand bien même c'était... C'était une épreuve de subir cette garde à vue, mais ça m'a permis de me soigner aujourd'hui et d'être bien.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc tu disais au moment où tu l'as agressée, c'est toi-même qui est allée à la gendarmerie, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Donc dans ma... j'allais dire ma folie, mais oui. Donc je me... Quand j'ai vu le sang, si tu veux, je me suis dit, c'est bon, j'aurais pu lui faire très mal, j'aurais pu le tuer, je vais me dénoncer. Je vais me dénoncer à la gendarmerie, il faut qu'il fasse quelque chose, qu'il m'emprisonne. Et dans ma tête, c'était ça. Il fallait qu'on m'enferme, en fait, pour m'empêcher de... de refaire ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Et est-ce que tu te rappelles ce que tu ressentais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    C'était une grande peur et en même temps de l'adrénaline, si tu veux, parce que ça m'a permis de marcher de chez moi jusqu'à la gendarmerie. Alors que c'est à plusieurs kilomètres. Donc, j'ai... C'est vraiment... Je ne me rappelle plus tellement. Comme je disais, souvent, on oublie et on se demande, mais qui est ce personnage ? Parce que si c'était moi, je ne veux pas que ce soit moi. Ce n'est pas moi. Donc, c'est... C'est vraiment cette sensation d'adrénaline et en même temps d'être un monstre, tu vois. Et c'est pour ça que je suis allée les voir, je suis allée à la gendarmerie de moi-même. jamais pensé que j'aurais fait une garde à vue. Peut-être, mais je ne sais pas. Dans ma tête, ce n'était pas ça, une garde à vue.

  • Speaker #0

    Comment c'était alors cette garde à vue ?

  • Speaker #1

    C'était difficile parce que on est dans une pièce avec un lit en béton, avec les pieds au pied du lit. Il y a des toilettes turques qui débordent, qui sont sales. Tu as un petit matelas qui doit faire 2 cm en plastique, qui recouvre le lit en béton. Et après, tu as le choix avec une petite couverture. Donc, soit tu t'en sers comme oreiller ou soit tu t'allonges dessus pour ne pas être collé sur le matelas en plastique. J'imagine qu'il y a une centaine de personnes qui ont déjà dormi dessus. Et puis, voilà. Aller aux toilettes, demander... Non, c'était plus compliqué que ça parce qu'il n'y avait même pas d'eau dans la pièce. Donc à chaque fois, pour... Enfin, moi je ne suis pas allée aux toilettes. C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu es restée 24 heures pourtant.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    On ne s'imagine pas que ce soit aussi sale.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, ça c'était depuis, si tu veux, dimanche matin 7h. Et lundi à midi, on m'a emmenée de la gendarmerie au tribunal de Saint-Denis. Et ça aussi, c'était fou. Le gendarme conduisait tellement vite, j'ai cru mourir quoi. Il roulait à 150, 160 partout. Et on arrive, tu sais, déjà tu as la pression et qu'on te remet ce stress. Et on arrive à Saint-Denis et à Saint-Denis... Là, pareil, c'est un week-end où il y avait eu beaucoup de garde à vue. Je crois que j'ai entendu qu'il y avait eu 23 gardes à vue.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, du coup, il n'y avait pas de pièces séparées pour les hommes et les femmes. Donc, on m'a demandé, est-ce que ça... Est-ce que ça vous dérange s'il y a des hommes dans la même cellule que vous en attendant le jugement ? Donc j'ai dit oui. Et pour moi, il n'y avait pas de souci parce que la porte était vitrée, il y avait juste un gendarme juste derrière. Je n'avais pas peur. Et c'est vraiment la dernière chose dont je me préoccupais, c'est-à-dire avoir peur pour moi. Là, ce n'était pas... J'étais dans un autre espace.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu pensais à quoi ?

  • Speaker #1

    Je pensais à ce que j'avais fait, je pleurais. Je n'étais vraiment pas bien. Et ce qui est... Ce qui est drôle, enfin dans toutes les situations, on a toujours quelque chose de drôle qui remonte. Donc dans la cellule avec... Donc, un autre monsieur, il me voit pleurer et il me dit, mais ne pleure pas, ne pleure pas. Je dis, non, mais je continue à pleurer. Il me dit, non, ne pleure pas. D'où va celui-ci ? D'où ? Après, il donne un haut cachet, mais après, où d'autre ? C'était trop... Il n'y en a qu'en technique.

  • Speaker #0

    C'était un habitué.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Mais en tout cas, il me dit « pleure-toi » . Mais c'était très drôle.

  • Speaker #0

    Et tu te retrouves devant le juge, après ?

  • Speaker #1

    Oui, devant... C'était, je crois, comme une sorte de pré-jugement avant le vrai jugement. Mais je me retrouve devant la juge et qui me dit... C'est... Donc voilà, elle fait le bilan, elle me dit, qu'est-ce que... Je ne me rappelle plus très bien, tu vois, encore une fois, c'est flou. Mais je me rappelle d'une chose, c'est qu'elle m'a dit, comment ça se fait qu'on a dit à votre conjoint de partir de la maison, alors que c'est lui la victime ? Donc ça, ça a résonné aussi, je me suis dit, mais... Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi déjà je lui fais du mal ? En plus, on l'oblige à partir de chez lui. C'était vraiment grave. Donc après, j'ai expliqué que c'était la procureure qui avait demandé à ce que ce soit lui qui parte par rapport au fait que j'avais un enfant et qu'il allait revenir de vacances bientôt. Mais c'était vraiment, elle était très offusquée et à son droit de me dire que c'est pas normal que ce soit la victime qui soit obligée de sortir de la maison. Donc après ça, j'ai eu six mois de... comment on appelle ça ? L'interdiction de se voir.

  • Speaker #0

    Procédure d'éloignement.

  • Speaker #1

    Procédure d'éloignement, exactement.

  • Speaker #0

    De six mois, ça va ?

  • Speaker #1

    Oui. Obligation de traitement. Et aussi un stage pour la violence dans le foyer. D'accord.

  • Speaker #0

    Et c'est au moment où tu vois le psychiatre qui te diagnostique le trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Pas tout de suite. Parce qu'elle me dit peut-être que le psychiatre de la gendarmerie, que j'avais vu pour la garde à vue, a peut-être une piste, mais il faut creuser un peu plus profond que ça avant de dire, ça y est, elle a des troubles bipolaires. Donc j'ai vu quelques fois la psychiatre à Saint-Leu. Pareil, je trouve que c'est super difficile d'avoir des rendez-vous psychiatriques. On est sur liste d'attente. Il faut aller à droite, à gauche. Enfin, c'est pas évident.

  • Speaker #0

    T'as dû attendre combien de temps ?

  • Speaker #1

    Un mois.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ça va, parce qu'il y a d'autres personnes qui attendent beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'ai entendu des fois deux, trois mois d'attente.

  • Speaker #1

    Donc du coup, à Saint-Leu, ils m'ont acceptée au bout d'un mois. Et pareil, j'ai une très bonne psychiatre aussi, mais qui est partie de l'EPSMR. Donc du coup, j'ai eu la chance de retrouver une autre. celle de Saint-Leu m'a diagnostiquée avec des troubles bipolaires et j'ai continué mon traitement et mon suivi avec une psychiatre par la suite. D'accord.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe ce diagnostic ? Comment tu le vis ?

  • Speaker #1

    Je le vis un peu, pas comme un soulagement, pas comme un soulagement parce que je ne souhaite à personne d'avoir des troubles polaires ou avoir quelques troubles. Mais ce diagnostic m'a permis de mettre des mots sur... Des mots sur des mots. Voilà. Et de me comprendre un peu, parce que même, tu vois, on te dit, on peut être diagnostiqué dès l'adolescence, et ça, j'en suis persuadée aussi. Parce que je repense à des épisodes, effectivement, moi et les couteaux, c'est une histoire d'amour. Je n'étais pas ma première menace.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on aurait pu te diagnostiquer plus tôt ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais quand tu penses, qui te dit, va voir la psychiatre ? On te dit juste, tu es sanguine, machin.

  • Speaker #0

    Et toi, tu as une cinquantaine d'années à peu près ?

  • Speaker #1

    Presque, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai qu'à cette époque-là, on en parle encore moins. des troubles mentaux, c'était assez tabou de voir un psychiatre. Je trouve que ça l'est encore un peu. Je ne sais pas comment tu le vis toi ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est de mieux en mieux. Tu vois, d'intégrer un psychiatre ou un psychologue dans sa vie pour pouvoir nous aider. voire un petit peu plus clair, je trouve que ça se fait de plus en plus. Du moins dans certaines familles, après, même au niveau des amis, ça leur fait du bien de temps en temps aller voir, même si tu payes 60, 100 euros, mais tu vas voir un psychologue et peut-être qu'il peut te donner aussi certaines réponses.

  • Speaker #0

    Sachant qu'en général, c'est autour des 80 euros la séance, qui est remboursée que partiellement par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Ah, tu vois, c'est cher quand même, alors que pour moi, c'est essentiel. Mais je suis tellement contente, moi, de pouvoir être soignée. sans avoir à avancer les frais.

  • Speaker #0

    Donc moi, je bénéficie de l'ALD, donc affection de longue durée, qui me permet, moi, de n'avoir rien à avancer et tout est pris en charge par la Sécurité sociale. Et c'est vraiment un gros plus parce que je n'aurais pas les moyens de payer à chaque fois le nombre de séances dont j'aurais besoin. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair que moi, j'ai de la chance aussi, j'avais une mutuelle. Donc au début, quand je n'avais pas l'ALD, je payais 15 euros. quand même, tu vois, et je me faisais rembourser les 15 euros. Mais après, ça a été reconnu en infection longue durée, donc comme dirait l'autre, merci mon Dieu, mais ne paye pas.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais que tu avais eu du mal à accepter le traitement, parce que toi, tu te sentais bien dans les phases maniaques en fait.

  • Speaker #1

    Oui. Tu as du mal à accepter le traitement. Tu te dis, mais en fait, le traitement, tu le prends pour les autres. C'est les autres qui ont un problème. Ce n'est pas toi. Pourquoi ils ne veulent pas prendre de médicaments ? Ils n'ont qu'à prendre des médicaments. Moi, ça va. Et en plus, les médicaments te donnent des effets secondaires. Donc, tu as une baisse de la libido. Je t'explique même pas, t'as la bouche, au niveau de la salive, t'as plus de salive, tu fais même des grimaces. À certains moments, tu sais, j'avais la joue qui se relevait du cil. Comme un con, quoi, tu vois, qui me fait ce genre de... C'est quoi ce truc ? Et en fait, il faut gérer aussi... Les effets secondaires, tu vois. Et quand tu gères les effets secondaires, plus que tu es en colère, parce que tu ne devrais pas prendre de médicaments, c'est sûr que c'est difficile. Mais au fur et à mesure, quand tu arrêtes de comparer sur ce que tu étais il y a dix ans, et tu compares sur ce que tu étais il y a trois ans, c'est-à-dire un animal, Tu te dis, c'est bien les médicaments au final.

  • Speaker #0

    Et du coup, maintenant, comment tu le vis ? Comment ça se passe pour toi ? Tu as toujours un suivi psychiatrique ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours. Donc, une fois par mois, je vois ma psychiatre pour pas seulement ajuster le traitement, mais vraiment... On parle, on voit les évolutions au niveau de mes peurs, au niveau de mes blocages. Et elle est... Voilà, je pense qu'elle fait bien miroir. Elle me confronte avec ce que je pourrais faire et ce que je m'empêche de faire au final. Je suis contente de pouvoir l'avoir au moins une fois par mois. Je disais, ça serait... Pour beaucoup de gens, je pense que ça serait l'idéal. Je ne parle même pas de médicaments. Je parle juste d'avoir une thérapeute.

  • Speaker #0

    Quel genre de traitement tu prends ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je prends des antidépressifs et du lithium.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    C'est le traitement assez courant dans ce cas-là ? Oui, tout à fait. D'accord. Toi, tu n'as pas de régulateur d'humeur ? D'accord. J'en parle parce que moi, j'en ai, en tant que personne borderline. Moi, je prends des antidépresseurs et régulateurs d'humeur et anxiolytiques. Après, c'est vrai que ça dépend.

  • Speaker #1

    J'en prenais. J'en prenais. Mais tu sais, ce que je fais, c'est que j'essaie de... Voilà, c'est mon côté. J'essaie de limiter un peu le nombre de médicaments que je prends. Après, je sais que toute ma vie, ça se trouve, je vais devoir prendre du lithium et ça, je l'ai accepté. C'est mon truc. Il y en a qui prennent la pilule toute leur vie. Ça aide et je l'ai accepté. Après, pareil, les antidépresseurs étant type 2, C'est toujours, je suis, comme tu dis, un peu à la frontière entre je suis bien et je peux, ne pas être bien du tout, à vouloir m'enfermer, ne voir personne, ne pas s'occuper de moi. Donc je pense que... Et antidépresseurs et lithium, ça va être un petit peu mes compagnons de route.

  • Speaker #0

    Je m'étais dit un petit peu comme toi, il y a bien des gens qui prennent de l'insuline toute leur vie, parce qu'ils en ont besoin, et c'est pareil pour nous. Je ne sais pas si je vais en prendre toute ma vie ou pas, mais en tout cas, en ce moment, j'en ai besoin. Donc ça aide à accepter, de se dire que c'est une vraie maladie et pas...

  • Speaker #1

    J'avais vu une... C'était un truc d'humour. Je ne sais plus si j'avais vu ou si j'avais entendu. Donc, c'était quelqu'un qui disait que les médicaments, les personnes qui ont des troubles comme ça, psychiatriques, c'était un peu comme les brassards. Tu sais, quand tu ne sais pas nager. Donc, en fait, on ne sait pas nager. On a besoin des brassards. Et parfois, on a honte de mettre des brassards parce qu'il y a des gens, franchement, ils nagent tellement bien. Donc, on a honte avec nos petits brassards, tu vois. Mais le problème, c'est que si on enlève les brassards, on coule toute la famille à côté de nous. On va les tirer vers le bas. Et moi, c'est ça. Moi, je ne veux noyer personne. J'ai mes petits brassards.

  • Speaker #0

    C'est une belle image. C'est bien cette image.

  • Speaker #1

    Je ne l'avais jamais entendue. Alors, même si on se moque de moi, ça nous égale.

  • Speaker #0

    Après, nos brassards sont invisibles, donc un avantage, un inconvénient.

  • Speaker #1

    C'est vrai, nos brassards sont même invisibles.

  • Speaker #0

    Donc toi tu n'as pas été hospitalisée ? Non. Tu as été suivie par une association c'est ça ?

  • Speaker #1

    Pour me re sociabiliser, je voulais aussi parce que tu sais quand tu es déprimé tu veux pas sortir, tu fais rien, tu ne veux même pas tu sors ton lit pour te brosser les dents quoi tu vois. Donc là, je me suis dit, il faut que je me prenne en main, il faut que je fasse l'effort d'aller à la rencontre de gens. Et cette association, si tu veux, ça permet aussi, si tu veux, d'arriver et de ne pas être complexé de qui tu es. Parce qu'on est tous là pour partager. des histoires différentes, mais des histoires d'accidents de vie ou de problèmes à gérer qui ne sont peut-être même pas des problèmes. Donc, c'est vraiment dans la bienveillance que je suis rentrée dans cette association qui s'appelle Balsi à Saint-Paul, qui est vraiment géniale. Et je suis contente. Ça fait longtemps que je ne suis pas allée parce que j'avais... d'autres projets en cours et donc j'ai pas pu y aller mais je suis toujours leur programme et sont des gens vraiment très gentils et qui font bien leur travail.

  • Speaker #0

    Ils proposent quoi des ateliers il me semble ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ils proposent des ateliers ça peut être des ateliers jeux, sport, pour de l'île. On a fait aussi une formation, un premier secours. Tu me disais aussi que tu avais fait... Oui,

  • Speaker #0

    premier secours en santé mentale, oui. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. On a fait une formation chez eux. Donc, ils ont beaucoup de choses à proposer. On a fait aussi la première marche pour la santé mentale il n'y a pas très longtemps.

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai entendu parler, oui.

  • Speaker #1

    J'espère que l'année prochaine, ça sera encore mieux.

  • Speaker #0

    Et comment tu as trouvé cette formation de premier secours en santé mentale ?

  • Speaker #1

    Je l'ai trouvée intéressante et en même temps, ça m'a permis de comprendre qu'on était parfois à côté de la plaque. Apparemment, 80%... des handicaps sont invisibles. Et ça, les gens n'en ont pas conscience. Et il y a plein de petites choses. Mais il faut vraiment faire la formation parce qu'elle est intéressante pour ceux et celles qui s'inquiètent un petit peu de ce qui se passe, par exemple, avec un collègue qui n'est pas bien, qui ne parle pas, qui n'entend pas, ou un membre de la famille. Savoir trouver les mots, les diriger, c'est important.

  • Speaker #0

    C'est un peu comme la formation de secouriste, sauf que là c'est axé sur la santé mentale. Effectivement, on a dans la formation des pistes pour parler aux personnes qui peuvent être dans ces situations, comment les orienter. des professionnels. Moi j'ai trouvé la formation très intéressante et comme tu dis, il faudrait vraiment qu'il y ait un maximum de personnes qui puissent en bénéficier. Après je me dis que deux jours c'est vraiment juste une une prise de connaissance. Je ne trouve pas qu'on devient secouriste en deux jours, mais c'est plus une découverte de la santé mentale. Et en ce sens, c'est une bonne chose. Après, cette année, tu sais, en France, c'est l'année nationale de la santé mentale. Et donc, je pense qu'ils vont valoriser un peu ces événements-là, ce genre d'activité. D'accord. Oui. Et donc tu étais comment avant dans ta vie, avant le diagnostic ?

  • Speaker #1

    Avant dans ma vie, avant le diagnostic, ça dépendait des périodes. Je pourrais avoir une super période où tout va bien, je suis au taquet, j'ai de l'énergie. Et puis des périodes où, comme je dis, je ne peux pas sortir de chez moi. Mais les périodes maniaques étaient quand même très violentes. Je me rappelle que j'étais violente aussi depuis que j'étais jeune. J'ai honte de le dire, mais j'ai déjà sauté sur ma sœur. Et voilà, ça te fait réfléchir. Mais quand je repense à tout ça, je te promets, je me souviens, à moitié, j'ai des flashs. J'ai des flashs. Je me dis, merde.

  • Speaker #0

    Et maintenant, après, depuis que tu as les soins, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Comme je te disais, depuis que j'ai mis un moment à me stabiliser, etc. Comme je te dis, quand ta bouche commence à être tente, et machin, donc ça y est, je suis passée au-dessus de tout ce qui est effet secondaire. Et je me mets une petite alarme, je prends... À heure régulière, comme ça, parce qu'il faut se faire aussi tester, tu sais, pour voir si tes reins sont corporels, etc. Si ton taux de lithium dans le sang est bon aussi. Donc, il faut vraiment prendre ton traitement à heure précise.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et maintenant, il n'y a rien à voir déjà. Je ne me vois plus presque me transformer. Voilà, c'est un peu... Le lithium, c'est un peu comme un compresseur. Ça compresse le haut et le bas, et puis tu es relativement stable.

  • Speaker #0

    Est-ce que ces épisodes maniaques ne te manquent pas ?

  • Speaker #1

    Pour être honnête ? Si ! Je suis prête à dire non ! Mais c'est dégueulasse, mais faut plus ! Faut prendre ses médicaments. Mais... Putain de mamie, tu te dis... C'est ça, tu te rends compte de cette sensation. Tu es dans ton droit, tu sais. Alors que quand tu es dépressive, tu ne sais rien. Tu te doutes de tout. Tu ne rentres pas de terre. Là, tu sais. Tu sais mieux que tout le monde. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Du coup, il faut gérer aussi ça, cette perception de plus avant.

  • Speaker #1

    Non, mais je gère. Franchement, je gère. Et je me dis... C'est... C'était faux, si tu veux. Et ça, je peux me le recréer.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, si je prends confiance en moi, si je continue dans mon cheminement de développement personnel, etc., à un moment donné, je serai, tu sais, ancrée, sur de moi, sans être au-dessus, sans dire, il n'y a que moi. Mais c'est ça en fait, j'attends la maturité.

  • Speaker #0

    Toi, tu as été diagnostiquée il y a combien de temps ?

  • Speaker #1

    Il y a quatre ans.

  • Speaker #0

    Quatre ans, ok. Donc tu as eu le temps un peu de faire tout ce cheminement d'acceptation. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, non, vraiment, je te promets, je ne regrette pas. Mais si, j'ai dit je regrettais. Non, je ne regrette pas. Je ne regrette pas, mais ces épisodes me font rire. Voilà, j'y repense et je me dis, mais complètement à côté de la plaque. Donc tu vois, c'était faux. Ce sentiment de justice était faux, mais la puissance de ce que tu ressens... te conduit à un autre endroit.

  • Speaker #0

    Mais quand tu dis que c'était faux, est-ce que tu as la sensation que le moment que tu vivais était faux ou que ce n'était pas la vraie toi ? Comment tu l'expliques ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'était pas la vraie moi. C'était quelque chose collé sur moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Tu vois ? C'est un personnage qui a fait partie de moi, mais qui n'est pas moi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Après, tu vas me dire, ça m'arrange bien parce que ça me permet de ne pas culpabiliser. Mais pas du tout, je culpabilise beaucoup pour ce que j'ai fait. Je culpabilise beaucoup, même si je sais que je pourrais sortir la carte. De toute façon, j'ai des troubles bipolaires. Alors, non.

  • Speaker #0

    Il faut savoir aussi que, du coup, tu es toujours avec le même compagnon.

  • Speaker #1

    Oui. Alors, l'amour est grand. Hum, ah. L'amour est grand. Donc c'est quelqu'un qui, en fait, si tu veux, je pense que pour quelqu'un qui a des troubles bipolaires et qui rencontre quelqu'un d'autre pour la première fois, même pour quelqu'un qui n'a pas de troubles, tu as toujours la phase de lune de miel, etc. Et cette phase du début, je pense, c'est presque une phase maniaque. Tu vois ? Et après, il y a des transformations qui se font au fur et à mesure. Mais je pense que c'est presque, tu vois, ce truc de s'accrocher. Et si tu veux, lui, il m'a vue dans tous les états. C'est comme s'il avait compris que derrière ça, il y avait quelqu'un d'autre, si tu veux. Et quand j'ai eu justement... Quand ça s'est passé et que je suis allée à la gendarmerie pour qu'on m'arrête, ce que j'ai fait. Déjà, il était tellement désolé de tout ce qui arrive, du fait que j'ai subi la garde à vue. Ça l'a vraiment bouleversé, en plus d'être jetée de la maison, comme ça, pendant six mois. Mais il a tenu le coup. Je ne sais pas. Est-ce que c'est de l'amour ? Je pense que oui.

  • Speaker #0

    Je pense aussi.

  • Speaker #1

    Il a tenu le coup, le pauvre. Et aujourd'hui, ça fait presque ces temps qu'on est ensemble.

  • Speaker #0

    Oui, c'était un amour très fort du coup qui vous lie et qui a réussi à passer au-dessus de ces très grandes difficultés.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas comment il a fait, mais je ne sais pas. En tout cas, il m'a pardonné. Il m'a pardonné malgré tout, malgré toutes les difficultés et malgré tous les traumas aussi que ça engendre, si tu veux. De se faire frapper, menacer, éloigner. Il a réussi à surmonter tout ça et à me soutenir même dans mon traitement. Donc, j'ai beaucoup de chance. Et je pense que la guérison, ou du moins le fait d'estabiliser, ça passe aussi par un environnement familial et d'amour qui est super important. Et si j'en suis là aujourd'hui... Ah ben, juste à partager, à dire que vous inquiétez pas, il n'y a pas que vous qui êtes comme ça, moi aussi ça m'est arrivé. Le fait de pouvoir partager ça, c'est déjà grâce à lui.

  • Speaker #0

    Et comment ça s'est passé par rapport à ta famille ?

  • Speaker #1

    Ma famille, si tu veux, elle n'était pas au courant. Et quand ma famille a appris ça, ils étaient complètement sous le choc. Mais en même temps, pas tellement sous le choc, je trouve. De moi, le choc du pauvre, de mon pauvre conjoint. Mais je pense qu'ils n'auraient pas parié que... Ça ne m'était pas arrivé. Comme je te dis, j'ai toujours été plus ou moins colérique.

  • Speaker #0

    Et du coup, ils ont bien accepté cette situation ?

  • Speaker #1

    Cette situation, oui, ils l'ont bien accepté et ils m'ont encouragée dans mon traitement.

  • Speaker #0

    Et tu as deux enfants, comment ils ont vécu toute cette période ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, comme je te disais, ça ne date pas d'hier. Donc mes enfants, ils savaient très bien que j'étais colérique. Mais d'ailleurs, de toute façon, quand moi j'étais en colère... J'étais inarrêtable. Donc, ils pouvaient juste dire « Maman, calme-toi ! » Les pauvres, quoi ! Mais j'ai jamais, si tu veux, maltraité mes enfants. Mais la maltraitance vient du fait d'avoir été, de crier comme ça devant eux. C'est une forme de maltraitance. Donc ils ont eu à subir, si tu veux, mes colères envers mon compagnon.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et quand je parle de compagnon, je ne te parle même pas du dernier compagnon, je te parle du père de ma fille, avec qui je me disputais énormément, et je hurlais. Mais là, j'ai d'autres projets bientôt. Donc, je suis contente.

  • Speaker #0

    Donc là, on entend ton chat.

  • Speaker #1

    Comme maintenant, je suis reconnue en tant que travailleur handicapé. Je vais essayer de voir, si tu veux, si la GFI peut soutenir mon projet. Mais ça, il faut que je vois avec le Pôle emploi aussi. Mais tout ça pour dire que, surtout... Si jamais vous avez été diagnostiquée, ne pas hésiter à aussi voir qu'est-ce qui peut vous aider, compenser un petit peu les handicaps qu'on a.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'au niveau des maladies mentales, la bipolarité est reconnue comme handicap. Et à ce titre, tu bénéficies de l'allocation adulte handicapé ?

  • Speaker #1

    Oui. Je dis un petit oui, tu sais pourquoi ? Parce que j'ai presque honte, parce que figure-toi que moi, j'ai une amie qui a les mêmes troubles que moi. Et qui, pareil, on se regarde, tu sais, à un moment donné, on voulait faire un club d'humour, on aurait été les BB. Bibi et Bibi. Et donc elle, elle a fait sa demande et elle n'a pas eu.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et j'ai aussi un autre ami jeune, bipolaire type 1, avec plusieurs hospitalisations, pas eu non plus.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas par quelle loterie nationale. Mais une chose est sûre, c'est que ça m'aide beaucoup. Et je suis très reconnaissante aussi qu'il existe de tels soutiens.

  • Speaker #0

    Au niveau de ta vie personnelle, tu as vécu quand même des petites anecdotes dont tu m'as parlé, assez épiques.

  • Speaker #1

    Dis-moi, laquelle ?

  • Speaker #0

    Celle que tu veux.

  • Speaker #1

    Amen ! Ah ouais, on est à côté du tribunal, dans la cellule avec... Donc, on va l'appeler Pascal. Un prénomé Pascal. Tu te rappelles celui qui m'a dit « arrête de plairer » . Oui. Donc Pascal et moi, depuis dimanche matin, on est arrêtés. Donc t'imagines bien, il n'y avait pas d'eau dans la cellule, etc. On était mais d'une noirceur incroyable parce que je te dis, j'avais déjà marché jusqu'à la gendarmerie à pied, passé la nuit sur l'espèce de petit lit en béton là. Donc on n'était pas des plus propres. Et dans la salle, dans la cellule où on attendait, en fait, il y avait un petit lavabo avec un robinet. Donc le gars a commencé à tirer son T-shirt. Le gendarme a dit, vous, monsieur, vous remettez votre T-shirt tout de suite. Donc voilà. Et on s'est un peu dépatouillé à laver le visage dans le lavabo. Et puis, tout d'un coup, on voit un gars qui rentre, tu vois. Le gars bien propre. T-shirt LS, son petit pantalon sport et tout ça. Je dis, t'es bien. Où ça, où ça, tout ? Il dit, ben, il sort demain jour. Il dit, ben, il va où sort demain jour ? Parce que propre comme on l'est. C'est clair qu'il n'avait pas passé le week-end en tol comme nous, quoi.

  • Speaker #0

    En fait, il était en prison à demain jour. Ouais. Et il passait juste au tribunal. Au tribunal.

  • Speaker #1

    Donc, c'était... Je me suis dit mais j'ai halluciné, je me suis dit comment le gars est propre !

  • Speaker #0

    Et tu m'avais parlé aussi d'actes un peu impulsifs que tu faisais avant.

  • Speaker #1

    D'actes impulsifs ? Bon, tous les actes impulsifs. J'ai déjà... J'ai déjà... J'avais mon sac à main, avec ma carte bancaire dedans. J'ai déjà sauté le portail de mon ex. sortie dehors, faire du stop sur un scooter, partir dans un aéroport, acheter un billet d'avion et partir avec juste mon sac.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'avait poussé comme ça dans le cours ?

  • Speaker #1

    Encore une crise, si tu veux, ça c'était avec mon ex. Tant en temps, je courais après aussi avec des chaussures. Et puis, ils criaient, non, non, pas la blanche, la rouge,

  • Speaker #0

    la rouge. Qui n'avait pas de talons, peut-être. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être. Non, je crois que c'était celle qui avait les plus grands talons. Qui me provoquait, tu vois, cette espèce de zigoto, quoi. Oui, des choses comme ça, quoi. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Ou des achats impulsifs aussi.

  • Speaker #1

    Des achats impulsifs aussi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu disais que par ton témoignage, tu voulais un peu soutenir les personnes qui auraient pu être dans cette situation.

  • Speaker #1

    Oui, mais les soutenir dans le sens où juste les faire réfléchir. J'ai une amie qui... Tu vas me dire j'ai beaucoup d'amis, pas les problèmes de... J'ai une très chère amie... qui elle, si tu veux, quand je lui racontais un petit peu mes épisodes, que je lui racontais ma vie, etc., le travail, elle me dit, mais je me vois. Je me vois, je me vois. Mais elle, si tu veux, elle ne veut pas prendre de traitement. Et du coup, il faut vraiment qu'elle prenne sur elle. Mais j'ai l'impression que c'est tellement plus difficile. Tu ne prends pas de traitement. Quand tu prends un traitement, déjà, comme je te dis, tu es régulé. Tu es plus apaisé. Quand tu ne le prends pas, tu es déchiré. Elle a choisi de ne pas en prendre. Mais elle a conscience qu'elle doit gérer. Et ça fait mal. Et ça fait mal. Donc, je ne suis pas là à pousser au médicament, mais juste à dire, prenez conscience de vos faiblesses. Et après, gérez-les. Comme vous pouvez, mais sachez qu'il y a de l'aide à côté.

  • Speaker #0

    Donc l'aide psychiatrique, voire aussi des psychologues, ou justement, dont tu parlais, des associations qui peuvent accompagner les personnes qui ont des troubles mentaux. Le nom de l'émission, c'est Décalé. Est-ce que toi, tu te sens décalé ?

  • Speaker #1

    Complètement. Complètement décalé. Et j'aime bien les gens décalés. Donc, ça me va d'être décalée au final. Et puis, je suis une gentille décalée. Je ne suis plus une méchante.

  • Speaker #0

    Et tu te sens décalée de quelle façon ?

  • Speaker #1

    Parce que j'ai ces troubles. Parce qu'il faut que j'ai plus d'appréhension. de ce qui se passe autour de moi, de me sentir aussi si je sens que ça ne va pas, de m'écouter surtout. Et voilà.

  • Speaker #0

    Tu as appris à mieux te connaître en quelque sorte.

  • Speaker #1

    J'ai appris à m'écouter. Je pense que je n'ai pas encore fini de me connaître, mais je m'écoute.

  • Speaker #0

    Donc tu as des projets maintenant ? Parce qu'actuellement tu ne travailles pas ? C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je suis en fin de formation.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je suis en fin de formation et j'ai un projet d'association. Voilà. Donc qui va se faire très prochainement. Qui sera aussi inclusif.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça, je suppose que ça te motive d'avoir ces projets ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me motive, effectivement. Mais en même temps, j'ai l'impression que le temps passe tellement vite. Ma formation a duré tellement longtemps. Et là, on est déjà au mois de février. Ça me... Voilà. Mais en tout cas, ça me donne beaucoup de motivation pour ce qui va se passer cette année.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, du coup, pour la suite ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut me souhaiter, c'est de continuer à m'écouter. d'être moins terrorisée parfois. Voilà, parce que j'ai encore mes peurs, tu sais. Avant, j'avais la peur de la boîte aux lettres. Je ne pouvais même pas regarder ce qu'il y avait dedans.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Grosse peur. Et toujours maintenant, mais j'arrive quand même à le faire. Et... Mais ce que les gens peuvent me souhaiter, c'est une bonne continuation, c'est de trouver l'énergie, de continuer à impulser. Tout ça. Et puis, c'est déjà beaucoup. Oui, c'est déjà beaucoup, oui.

  • Speaker #0

    C'est ce que je te souhaite. Merci beaucoup. De pouvoir continuer à prendre soin de toi et de tes proches. Oui. Et avancer dans tes projets.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Je t'en prie. Merci à toi pour ce témoignage.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. Merci à toi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

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