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Dormir sans soucis

Une nuit de méditation avec le Spleen de Paris et deux poèmes pour trouver le sommeil

Une nuit de méditation avec le Spleen de Paris et deux poèmes pour trouver le sommeil

11min |13/06/2024
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Description

Heureux de vous retrouver cette nuit pour passer une douce nuit de repos en prenant soin de notre santé. Ce soir, vous trouverez le sommeil grâce à une nouvelle histoire relaxante. Mais pour dormir, avant l'histoire de ce soir, prenez un moment pour vous grâce à notre citation apaisante, une source de sérénité pour votre esprit. 


L’histoire pour s'endormir rapidement : deux poèmes issus du Slpeen de Paris par Charles Baudelaire. Profitez de cette lecture pour faire le plein de bonnes ondes... Bonne nuit !


Les épisodes de Dormir sans soucis sont à retrouver dans la catégorie « médecine parallèle »  « forme et santé » et « santé mentale », offrant de belles lectures, bien-être, relaxation, méditation, et des conseils bienveillants pour s’endormir rapidement. C’est votre somnifère naturel, alors profitez-en pour passer une nuit paisible.   

Une citation ? Écrivez-nous : dormirsanssoucis@gmail.com


Sound effects / Illustration : pixabay

Histoire libre de droits : Bibliothèque électronique du Quebec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Notre citation du jour nous a été envoyée par notre abonnée Béatrice de Melun. La volonté est tellement libre de sa nature qu'elle ne peut jamais être contrainte. De René Descartes Merci Béatrice En se promenant dans un grand parc solitaire, il se disait, comme elle serait belle dans un costume de cour. Compliqués et fastueux, descendant à travers l'atmosphère d'un beau soir, les degrés de marbre d'un palais, en face des pelouses et des bassins. car elle a naturellement l'air d'une princesse. En passant plus tard dans une rue, il s'arrêta devant une boutique de gravure et trouvant dans un carton une estampe représentant un paysage tropical, il se dit Non, ce n'est pas dans un palais que je voudrais posséder sa chère vie. Nous n'y serions pas chez nous. D'ailleurs, ces murs criblés d'or ne laisseraient pas une place pour accrocher son image. Et tout en analysant des yeux les détails de la gravure, il continuait mentalement à se dire. Au bord de la mer, une belle case en bois, enveloppée de tous ces arbres bizarres et luisants dont j'ai oublié les noms. Dans l'atmosphère, une odeur enivrante indéfinissable. Dans la case, un puissant parfum de rose et de musque. Plus loin, derrière notre petit domaine, des bouts de mât balancés par la houle. autour de nous au delà de la chambre éclairée d'une lumière rose tamisée par les stores décorée de nattes fraîches et de fleurs capiteuses avec de rares sièges d'un rococo portugais d'un bois lourd et ténébreux où elle reposerait si calme, si bien éventée, fumant le tabac légèrement opiacé, au-delà de la varangue, le tapage des oiseaux ivres de lumière. Et la nuit, pour servir d'accompagnement à mes songes, le chant plaintif des arbres à musique, Oui, en vérité, c'est bien là le décor que je cherchais. Qu'ai-je à faire de ce palais ? Et plus loin, comme il suivait une grande avenue, il aperçut une auberge proprette. ou d'une fenêtre égayée par des rideaux d'indienne bariolée se pencher deux têtes rieuses et tout de suite il se dit il faut que ma pensée soit une grande vagabonde pour aller chercher si loin ce qui est si près de moi le plaisir et le bonheur sont dans la première auberge venue Dans l'auberge du hasard, si féconde en volupté. Un grand feu, des faillances voyantes, un souper passable, un vin rude, et un lit très large avec des draps un peu âpres mais frais. Quoi de mieux ? Et en rentrant seul chez lui à cette heure où les conseils de la sagesse ne sont plus étouffés par les bourdonnements de la vie extérieure, il se dit J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Le jour tombe. Un grand apaisement se fait dans les pauvres esprits fatigués du labeur de la journée, et leurs pensées prennent maintenant les couleurs tendres et indécises du crépuscule. Cependant, du haut de la montagne arrive à mon balcon, à travers les nuits transparentes du soir, un grand hurlement, composé d'une foule de cris discordants que l'espace transforme en une lugubre harmonie. Une lugubre harmonie comme celle de la marée qui monte ou d'une tempête qui s'éveille. Quels sont les importunés que le soir ne calme pas et qui prennent comme les hiboux la venue de la nuit pour un signal de sabbat ? Le crépuscule excite les fous. Je me souviens que j'ai eu deux amis que le crépuscule rendait tout malade. L'un méconnaissait alors tous les rapports d'amitié et de politesse, et maltraitait comme un sauvage le premier venu. Je l'ai vu jeter à la tête d'un maître d'hôtel un excellent poulet, dans lequel il croyait voir je ne sais quel insultant hiéroglyphe. Le soir précurseur des voluptés profondes lui gâtait les choses les plus succulentes. L'autre, un ambitieux blessé, devenait à mesure que le jour baissait, plus aigre, plus sombre, plus taquin. Indulgent et sociable encore pendant la journée, il était impitoyable le soir. Et ce n'était pas seulement sur autrui, mais aussi sur lui-même que s'exerçait rageusement sa manie crépusculeuse. Le premier est mort, fou, incapable de reconnaître sa femme et son enfant. Le second porte en lui l'inquiétude d'un malaise perpétuel. Et fut-il gratifié de tous les honneurs que peuvent conférer les républiques et les princes, je crois que le crépuscule allumerait encore en lui la brûlante envie de distinctions imaginaires. La nuit qui mettait ces ténèbres dans leurs esprits fait la lumière dans le mien. Et bien qu'il ne soit pas rare de voir la même cause engendrer deux effets contraires, j'en suis toujours comme intrigué et alarmé. Ô nuit, ô rafraîchissante ténèbre, vous êtes pour moi le signal d'une fête intérieure. Vous êtes la délivrance d'une angoisse. Dans la solitude des plaines. Dans les labyrinthes pierreux d'une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d'artifice de la déesse liberté. Crépuscule comme vous êtes doux et tendre. Les lueurs roses qui traînent encore à l'horizon comme l'agonie du jour sous l'oppression victorieuse de sa nuit, Les feux des candélabres qui font des taches d'un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant, Les lourdes draperies qu'une main invisible attire des profondeurs de l'Orient, imite tous les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l'homme aux heures solennelles de la vie. On dirait encore une de ces robes étranges de danseuse, où une gaze transparente et sombre laisse entrevoir les splendeurs amortis d'une jupe éclatante, comme sous le noir présent transperce le délicieux passé. Et les étoiles vacillantes d'or et d'argent, dont elle est semée, Représentent ces feux de la fantaisie qui ne s'allument bien que sous le deuil profond de la nuit.

Chapters

  • Extrait de l'histoire du soir

    00:00

  • Citation pour dormir

    00:38

  • Premier poème : les projets

    01:21

  • Deuxième poème : Le crépuscule du soir

    06:28

Description

Heureux de vous retrouver cette nuit pour passer une douce nuit de repos en prenant soin de notre santé. Ce soir, vous trouverez le sommeil grâce à une nouvelle histoire relaxante. Mais pour dormir, avant l'histoire de ce soir, prenez un moment pour vous grâce à notre citation apaisante, une source de sérénité pour votre esprit. 


L’histoire pour s'endormir rapidement : deux poèmes issus du Slpeen de Paris par Charles Baudelaire. Profitez de cette lecture pour faire le plein de bonnes ondes... Bonne nuit !


Les épisodes de Dormir sans soucis sont à retrouver dans la catégorie « médecine parallèle »  « forme et santé » et « santé mentale », offrant de belles lectures, bien-être, relaxation, méditation, et des conseils bienveillants pour s’endormir rapidement. C’est votre somnifère naturel, alors profitez-en pour passer une nuit paisible.   

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Sound effects / Illustration : pixabay

Histoire libre de droits : Bibliothèque électronique du Quebec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Notre citation du jour nous a été envoyée par notre abonnée Béatrice de Melun. La volonté est tellement libre de sa nature qu'elle ne peut jamais être contrainte. De René Descartes Merci Béatrice En se promenant dans un grand parc solitaire, il se disait, comme elle serait belle dans un costume de cour. Compliqués et fastueux, descendant à travers l'atmosphère d'un beau soir, les degrés de marbre d'un palais, en face des pelouses et des bassins. car elle a naturellement l'air d'une princesse. En passant plus tard dans une rue, il s'arrêta devant une boutique de gravure et trouvant dans un carton une estampe représentant un paysage tropical, il se dit Non, ce n'est pas dans un palais que je voudrais posséder sa chère vie. Nous n'y serions pas chez nous. D'ailleurs, ces murs criblés d'or ne laisseraient pas une place pour accrocher son image. Et tout en analysant des yeux les détails de la gravure, il continuait mentalement à se dire. Au bord de la mer, une belle case en bois, enveloppée de tous ces arbres bizarres et luisants dont j'ai oublié les noms. Dans l'atmosphère, une odeur enivrante indéfinissable. Dans la case, un puissant parfum de rose et de musque. Plus loin, derrière notre petit domaine, des bouts de mât balancés par la houle. autour de nous au delà de la chambre éclairée d'une lumière rose tamisée par les stores décorée de nattes fraîches et de fleurs capiteuses avec de rares sièges d'un rococo portugais d'un bois lourd et ténébreux où elle reposerait si calme, si bien éventée, fumant le tabac légèrement opiacé, au-delà de la varangue, le tapage des oiseaux ivres de lumière. Et la nuit, pour servir d'accompagnement à mes songes, le chant plaintif des arbres à musique, Oui, en vérité, c'est bien là le décor que je cherchais. Qu'ai-je à faire de ce palais ? Et plus loin, comme il suivait une grande avenue, il aperçut une auberge proprette. ou d'une fenêtre égayée par des rideaux d'indienne bariolée se pencher deux têtes rieuses et tout de suite il se dit il faut que ma pensée soit une grande vagabonde pour aller chercher si loin ce qui est si près de moi le plaisir et le bonheur sont dans la première auberge venue Dans l'auberge du hasard, si féconde en volupté. Un grand feu, des faillances voyantes, un souper passable, un vin rude, et un lit très large avec des draps un peu âpres mais frais. Quoi de mieux ? Et en rentrant seul chez lui à cette heure où les conseils de la sagesse ne sont plus étouffés par les bourdonnements de la vie extérieure, il se dit J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Le jour tombe. Un grand apaisement se fait dans les pauvres esprits fatigués du labeur de la journée, et leurs pensées prennent maintenant les couleurs tendres et indécises du crépuscule. Cependant, du haut de la montagne arrive à mon balcon, à travers les nuits transparentes du soir, un grand hurlement, composé d'une foule de cris discordants que l'espace transforme en une lugubre harmonie. Une lugubre harmonie comme celle de la marée qui monte ou d'une tempête qui s'éveille. Quels sont les importunés que le soir ne calme pas et qui prennent comme les hiboux la venue de la nuit pour un signal de sabbat ? Le crépuscule excite les fous. Je me souviens que j'ai eu deux amis que le crépuscule rendait tout malade. L'un méconnaissait alors tous les rapports d'amitié et de politesse, et maltraitait comme un sauvage le premier venu. Je l'ai vu jeter à la tête d'un maître d'hôtel un excellent poulet, dans lequel il croyait voir je ne sais quel insultant hiéroglyphe. Le soir précurseur des voluptés profondes lui gâtait les choses les plus succulentes. L'autre, un ambitieux blessé, devenait à mesure que le jour baissait, plus aigre, plus sombre, plus taquin. Indulgent et sociable encore pendant la journée, il était impitoyable le soir. Et ce n'était pas seulement sur autrui, mais aussi sur lui-même que s'exerçait rageusement sa manie crépusculeuse. Le premier est mort, fou, incapable de reconnaître sa femme et son enfant. Le second porte en lui l'inquiétude d'un malaise perpétuel. Et fut-il gratifié de tous les honneurs que peuvent conférer les républiques et les princes, je crois que le crépuscule allumerait encore en lui la brûlante envie de distinctions imaginaires. La nuit qui mettait ces ténèbres dans leurs esprits fait la lumière dans le mien. Et bien qu'il ne soit pas rare de voir la même cause engendrer deux effets contraires, j'en suis toujours comme intrigué et alarmé. Ô nuit, ô rafraîchissante ténèbre, vous êtes pour moi le signal d'une fête intérieure. Vous êtes la délivrance d'une angoisse. Dans la solitude des plaines. Dans les labyrinthes pierreux d'une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d'artifice de la déesse liberté. Crépuscule comme vous êtes doux et tendre. Les lueurs roses qui traînent encore à l'horizon comme l'agonie du jour sous l'oppression victorieuse de sa nuit, Les feux des candélabres qui font des taches d'un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant, Les lourdes draperies qu'une main invisible attire des profondeurs de l'Orient, imite tous les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l'homme aux heures solennelles de la vie. On dirait encore une de ces robes étranges de danseuse, où une gaze transparente et sombre laisse entrevoir les splendeurs amortis d'une jupe éclatante, comme sous le noir présent transperce le délicieux passé. Et les étoiles vacillantes d'or et d'argent, dont elle est semée, Représentent ces feux de la fantaisie qui ne s'allument bien que sous le deuil profond de la nuit.

Chapters

  • Extrait de l'histoire du soir

    00:00

  • Citation pour dormir

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  • Premier poème : les projets

    01:21

  • Deuxième poème : Le crépuscule du soir

    06:28

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Heureux de vous retrouver cette nuit pour passer une douce nuit de repos en prenant soin de notre santé. Ce soir, vous trouverez le sommeil grâce à une nouvelle histoire relaxante. Mais pour dormir, avant l'histoire de ce soir, prenez un moment pour vous grâce à notre citation apaisante, une source de sérénité pour votre esprit. 


L’histoire pour s'endormir rapidement : deux poèmes issus du Slpeen de Paris par Charles Baudelaire. Profitez de cette lecture pour faire le plein de bonnes ondes... Bonne nuit !


Les épisodes de Dormir sans soucis sont à retrouver dans la catégorie « médecine parallèle »  « forme et santé » et « santé mentale », offrant de belles lectures, bien-être, relaxation, méditation, et des conseils bienveillants pour s’endormir rapidement. C’est votre somnifère naturel, alors profitez-en pour passer une nuit paisible.   

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  • Speaker #0

    J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Notre citation du jour nous a été envoyée par notre abonnée Béatrice de Melun. La volonté est tellement libre de sa nature qu'elle ne peut jamais être contrainte. De René Descartes Merci Béatrice En se promenant dans un grand parc solitaire, il se disait, comme elle serait belle dans un costume de cour. Compliqués et fastueux, descendant à travers l'atmosphère d'un beau soir, les degrés de marbre d'un palais, en face des pelouses et des bassins. car elle a naturellement l'air d'une princesse. En passant plus tard dans une rue, il s'arrêta devant une boutique de gravure et trouvant dans un carton une estampe représentant un paysage tropical, il se dit Non, ce n'est pas dans un palais que je voudrais posséder sa chère vie. Nous n'y serions pas chez nous. D'ailleurs, ces murs criblés d'or ne laisseraient pas une place pour accrocher son image. Et tout en analysant des yeux les détails de la gravure, il continuait mentalement à se dire. Au bord de la mer, une belle case en bois, enveloppée de tous ces arbres bizarres et luisants dont j'ai oublié les noms. Dans l'atmosphère, une odeur enivrante indéfinissable. Dans la case, un puissant parfum de rose et de musque. Plus loin, derrière notre petit domaine, des bouts de mât balancés par la houle. autour de nous au delà de la chambre éclairée d'une lumière rose tamisée par les stores décorée de nattes fraîches et de fleurs capiteuses avec de rares sièges d'un rococo portugais d'un bois lourd et ténébreux où elle reposerait si calme, si bien éventée, fumant le tabac légèrement opiacé, au-delà de la varangue, le tapage des oiseaux ivres de lumière. Et la nuit, pour servir d'accompagnement à mes songes, le chant plaintif des arbres à musique, Oui, en vérité, c'est bien là le décor que je cherchais. Qu'ai-je à faire de ce palais ? Et plus loin, comme il suivait une grande avenue, il aperçut une auberge proprette. ou d'une fenêtre égayée par des rideaux d'indienne bariolée se pencher deux têtes rieuses et tout de suite il se dit il faut que ma pensée soit une grande vagabonde pour aller chercher si loin ce qui est si près de moi le plaisir et le bonheur sont dans la première auberge venue Dans l'auberge du hasard, si féconde en volupté. Un grand feu, des faillances voyantes, un souper passable, un vin rude, et un lit très large avec des draps un peu âpres mais frais. Quoi de mieux ? Et en rentrant seul chez lui à cette heure où les conseils de la sagesse ne sont plus étouffés par les bourdonnements de la vie extérieure, il se dit J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Le jour tombe. Un grand apaisement se fait dans les pauvres esprits fatigués du labeur de la journée, et leurs pensées prennent maintenant les couleurs tendres et indécises du crépuscule. Cependant, du haut de la montagne arrive à mon balcon, à travers les nuits transparentes du soir, un grand hurlement, composé d'une foule de cris discordants que l'espace transforme en une lugubre harmonie. Une lugubre harmonie comme celle de la marée qui monte ou d'une tempête qui s'éveille. Quels sont les importunés que le soir ne calme pas et qui prennent comme les hiboux la venue de la nuit pour un signal de sabbat ? Le crépuscule excite les fous. Je me souviens que j'ai eu deux amis que le crépuscule rendait tout malade. L'un méconnaissait alors tous les rapports d'amitié et de politesse, et maltraitait comme un sauvage le premier venu. Je l'ai vu jeter à la tête d'un maître d'hôtel un excellent poulet, dans lequel il croyait voir je ne sais quel insultant hiéroglyphe. Le soir précurseur des voluptés profondes lui gâtait les choses les plus succulentes. L'autre, un ambitieux blessé, devenait à mesure que le jour baissait, plus aigre, plus sombre, plus taquin. Indulgent et sociable encore pendant la journée, il était impitoyable le soir. Et ce n'était pas seulement sur autrui, mais aussi sur lui-même que s'exerçait rageusement sa manie crépusculeuse. Le premier est mort, fou, incapable de reconnaître sa femme et son enfant. Le second porte en lui l'inquiétude d'un malaise perpétuel. Et fut-il gratifié de tous les honneurs que peuvent conférer les républiques et les princes, je crois que le crépuscule allumerait encore en lui la brûlante envie de distinctions imaginaires. La nuit qui mettait ces ténèbres dans leurs esprits fait la lumière dans le mien. Et bien qu'il ne soit pas rare de voir la même cause engendrer deux effets contraires, j'en suis toujours comme intrigué et alarmé. Ô nuit, ô rafraîchissante ténèbre, vous êtes pour moi le signal d'une fête intérieure. Vous êtes la délivrance d'une angoisse. Dans la solitude des plaines. Dans les labyrinthes pierreux d'une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d'artifice de la déesse liberté. Crépuscule comme vous êtes doux et tendre. Les lueurs roses qui traînent encore à l'horizon comme l'agonie du jour sous l'oppression victorieuse de sa nuit, Les feux des candélabres qui font des taches d'un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant, Les lourdes draperies qu'une main invisible attire des profondeurs de l'Orient, imite tous les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l'homme aux heures solennelles de la vie. On dirait encore une de ces robes étranges de danseuse, où une gaze transparente et sombre laisse entrevoir les splendeurs amortis d'une jupe éclatante, comme sous le noir présent transperce le délicieux passé. Et les étoiles vacillantes d'or et d'argent, dont elle est semée, Représentent ces feux de la fantaisie qui ne s'allument bien que sous le deuil profond de la nuit.

Chapters

  • Extrait de l'histoire du soir

    00:00

  • Citation pour dormir

    00:38

  • Premier poème : les projets

    01:21

  • Deuxième poème : Le crépuscule du soir

    06:28

Description

Heureux de vous retrouver cette nuit pour passer une douce nuit de repos en prenant soin de notre santé. Ce soir, vous trouverez le sommeil grâce à une nouvelle histoire relaxante. Mais pour dormir, avant l'histoire de ce soir, prenez un moment pour vous grâce à notre citation apaisante, une source de sérénité pour votre esprit. 


L’histoire pour s'endormir rapidement : deux poèmes issus du Slpeen de Paris par Charles Baudelaire. Profitez de cette lecture pour faire le plein de bonnes ondes... Bonne nuit !


Les épisodes de Dormir sans soucis sont à retrouver dans la catégorie « médecine parallèle »  « forme et santé » et « santé mentale », offrant de belles lectures, bien-être, relaxation, méditation, et des conseils bienveillants pour s’endormir rapidement. C’est votre somnifère naturel, alors profitez-en pour passer une nuit paisible.   

Une citation ? Écrivez-nous : dormirsanssoucis@gmail.com


Sound effects / Illustration : pixabay

Histoire libre de droits : Bibliothèque électronique du Quebec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Notre citation du jour nous a été envoyée par notre abonnée Béatrice de Melun. La volonté est tellement libre de sa nature qu'elle ne peut jamais être contrainte. De René Descartes Merci Béatrice En se promenant dans un grand parc solitaire, il se disait, comme elle serait belle dans un costume de cour. Compliqués et fastueux, descendant à travers l'atmosphère d'un beau soir, les degrés de marbre d'un palais, en face des pelouses et des bassins. car elle a naturellement l'air d'une princesse. En passant plus tard dans une rue, il s'arrêta devant une boutique de gravure et trouvant dans un carton une estampe représentant un paysage tropical, il se dit Non, ce n'est pas dans un palais que je voudrais posséder sa chère vie. Nous n'y serions pas chez nous. D'ailleurs, ces murs criblés d'or ne laisseraient pas une place pour accrocher son image. Et tout en analysant des yeux les détails de la gravure, il continuait mentalement à se dire. Au bord de la mer, une belle case en bois, enveloppée de tous ces arbres bizarres et luisants dont j'ai oublié les noms. Dans l'atmosphère, une odeur enivrante indéfinissable. Dans la case, un puissant parfum de rose et de musque. Plus loin, derrière notre petit domaine, des bouts de mât balancés par la houle. autour de nous au delà de la chambre éclairée d'une lumière rose tamisée par les stores décorée de nattes fraîches et de fleurs capiteuses avec de rares sièges d'un rococo portugais d'un bois lourd et ténébreux où elle reposerait si calme, si bien éventée, fumant le tabac légèrement opiacé, au-delà de la varangue, le tapage des oiseaux ivres de lumière. Et la nuit, pour servir d'accompagnement à mes songes, le chant plaintif des arbres à musique, Oui, en vérité, c'est bien là le décor que je cherchais. Qu'ai-je à faire de ce palais ? Et plus loin, comme il suivait une grande avenue, il aperçut une auberge proprette. ou d'une fenêtre égayée par des rideaux d'indienne bariolée se pencher deux têtes rieuses et tout de suite il se dit il faut que ma pensée soit une grande vagabonde pour aller chercher si loin ce qui est si près de moi le plaisir et le bonheur sont dans la première auberge venue Dans l'auberge du hasard, si féconde en volupté. Un grand feu, des faillances voyantes, un souper passable, un vin rude, et un lit très large avec des draps un peu âpres mais frais. Quoi de mieux ? Et en rentrant seul chez lui à cette heure où les conseils de la sagesse ne sont plus étouffés par les bourdonnements de la vie extérieure, il se dit J'ai eu aujourd'hui, en rêve, trois domiciles où j'ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? Le jour tombe. Un grand apaisement se fait dans les pauvres esprits fatigués du labeur de la journée, et leurs pensées prennent maintenant les couleurs tendres et indécises du crépuscule. Cependant, du haut de la montagne arrive à mon balcon, à travers les nuits transparentes du soir, un grand hurlement, composé d'une foule de cris discordants que l'espace transforme en une lugubre harmonie. Une lugubre harmonie comme celle de la marée qui monte ou d'une tempête qui s'éveille. Quels sont les importunés que le soir ne calme pas et qui prennent comme les hiboux la venue de la nuit pour un signal de sabbat ? Le crépuscule excite les fous. Je me souviens que j'ai eu deux amis que le crépuscule rendait tout malade. L'un méconnaissait alors tous les rapports d'amitié et de politesse, et maltraitait comme un sauvage le premier venu. Je l'ai vu jeter à la tête d'un maître d'hôtel un excellent poulet, dans lequel il croyait voir je ne sais quel insultant hiéroglyphe. Le soir précurseur des voluptés profondes lui gâtait les choses les plus succulentes. L'autre, un ambitieux blessé, devenait à mesure que le jour baissait, plus aigre, plus sombre, plus taquin. Indulgent et sociable encore pendant la journée, il était impitoyable le soir. Et ce n'était pas seulement sur autrui, mais aussi sur lui-même que s'exerçait rageusement sa manie crépusculeuse. Le premier est mort, fou, incapable de reconnaître sa femme et son enfant. Le second porte en lui l'inquiétude d'un malaise perpétuel. Et fut-il gratifié de tous les honneurs que peuvent conférer les républiques et les princes, je crois que le crépuscule allumerait encore en lui la brûlante envie de distinctions imaginaires. La nuit qui mettait ces ténèbres dans leurs esprits fait la lumière dans le mien. Et bien qu'il ne soit pas rare de voir la même cause engendrer deux effets contraires, j'en suis toujours comme intrigué et alarmé. Ô nuit, ô rafraîchissante ténèbre, vous êtes pour moi le signal d'une fête intérieure. Vous êtes la délivrance d'une angoisse. Dans la solitude des plaines. Dans les labyrinthes pierreux d'une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d'artifice de la déesse liberté. Crépuscule comme vous êtes doux et tendre. Les lueurs roses qui traînent encore à l'horizon comme l'agonie du jour sous l'oppression victorieuse de sa nuit, Les feux des candélabres qui font des taches d'un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant, Les lourdes draperies qu'une main invisible attire des profondeurs de l'Orient, imite tous les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l'homme aux heures solennelles de la vie. On dirait encore une de ces robes étranges de danseuse, où une gaze transparente et sombre laisse entrevoir les splendeurs amortis d'une jupe éclatante, comme sous le noir présent transperce le délicieux passé. Et les étoiles vacillantes d'or et d'argent, dont elle est semée, Représentent ces feux de la fantaisie qui ne s'allument bien que sous le deuil profond de la nuit.

Chapters

  • Extrait de l'histoire du soir

    00:00

  • Citation pour dormir

    00:38

  • Premier poème : les projets

    01:21

  • Deuxième poème : Le crépuscule du soir

    06:28

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