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Drôle de planète

L'adolescence en question (1)

L'adolescence en question (1)

07min |11/06/2024|

28

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Description

Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l’actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Cette fois-ci, nous abordons le thème de l'adolescence : comment comprendre leur monde ? Quels sont leurs rêves, leurs angoisses d'aujourd'hui ?

Dans cette 1ère partie, nous parlerons de l'adolescence dans le contexte actuel : d'où vient cette angoisse généralisée, présente chez beaucoup d'adolescents ?

Vous le saurez en écoutant ce 1er volet. En partenariat avec mon invité Sanjy Ramboatiana, auteur, formateur et consultant, cofondateur de l'association Artas Entraide. et co-auteur du livre César l'imparfait heureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes dans Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Aujourd'hui, nous allons aborder le thème de l'adolescence. Et je suis en compagnie de Sanji Ramboatiana, auteur, formateur, consultant, cofondateur d'Arta Centraide. Bonjour Sanji.

  • Speaker #1

    Bonjour Myriam et bonjour à tous vos auditeurs.

  • Speaker #0

    Alors je souhaitais aujourd'hui aborder le thème de l'adolescence qui justement fait partie un petit peu des nouvelles de l'actualité, malheureusement pas dans le bon sens, parce qu'il se trouve qu'à cause de règlements de comptes qui ont fini au meurtre, il y a de plus en plus de violence, on en avait déjà parlé dans cette émission, et dans certaines villes de France et d'outre-mer où la violence est montée, montée en crescendo. Il y a même des mesures de couvre-feu qui sont déjà mises en place ou envisagées. Alors, qu'est-ce qu'on pourrait en dire de tout ça, Sanji ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on est devant une jeunesse qui, aujourd'hui, se désespère de manque de rêve. La jeunesse, on va le voir dans l'adolescence, elle a des grands rêves. Des grands rêves qu'elle espère accomplir. Et c'est ça qui la maintient en bonne santé. Lorsqu'elle a l'impression que l'horizon est bouché, pour des raisons sociales, pour des raisons politiques, pour des raisons écologiques aussi, eh bien, ça crée de grandes dépressions. J'étais il y a peu avec quelqu'un qui me racontait que sa fille vivait des phobies sociales, parce qu'il y a une des craintes de rencontrer l'autre. On a tellement cultivé cette ambiance de peur que les jeunes ont peur les uns des autres. Une autre me parlait de sa fille aussi qui s'inquiète de ce qui va se passer en 2050. Elle me disait qu'elle avait des phobies environnementales, des angoisses environnementales, parce qu'elle se demande ce qui va se passer en 2050 alors qu'on annonce partout que la pollution ne va cesser d'augmenter, que la terre risque de devenir invivable. Une autre me disait que sa fille avait quelques difficultés à envisager sa suite de vie professionnelle. Elle est jeune, elle a 16 ans et elle se demande à quoi ça va bien servir de faire des études, puisque de toute façon, on ne sait pas vers quoi va le monde du travail, etc. Les nouvelles du monde ne sont pas très bonnes pour la jeunesse. Et la jeunesse s'inquiète de ce monde à l'horizon un peu bouché et se demande à quoi elle va bien pouvoir. aspirer dans les années qui viennent. Je pense que c'est ça en fait qui se passe au travers de toute cette violence. C'est une espèce de grande désespérance, de rêve, dont on a l'impression qu'ils ne vont jamais pouvoir s'accomplir.

  • Speaker #0

    Et oui, une espèce d'angoisse qui commence à se généraliser, si on peut résumer. Beaucoup d'angoisse.

  • Speaker #1

    Beaucoup d'angoisse qui généralise. Et puis, des grands rêves, les grands rêves amoureux, on se demande où est-ce qu'on va pouvoir les accomplir. Aujourd'hui, on dirait que l'amour n'a lieu que sur Tinder, que la sexualité se rencontre sur les sites pornographiques. Il n'y a pas grand monde à qui ça fait vraiment envie, en fait, si on y réfléchit, ce type de vie amoureuse. La vie professionnelle, ça a l'air un peu pareil, on ne sait pas bien où ça va. L'environnement économique n'est pas très favorable, on a l'impression que la crise se généralise. Et puis les gens dans leurs relations, les relations humaines se tendent. On a aujourd'hui, on dénonce sans cesse, les gens ont l'air de se méfier les uns des autres, les filles des garçons, les garçons des filles. Ce n'est pas très simple de se rencontrer dans cet environnement-là. Je dirais que vous avez raison, il y a une ambiance angoissante. Et en plus, les grands rêves de la jeunesse sur le plan... amicales, sur le plan social, sur le plan amoureux et sur les ambitions professionnelles, ces grands rêves n'ont pas l'air de se présenter dans un contexte qui va favoriser leur réalisation. Moi, je la comprends quelque part, cette violence qui monte chez les jeunes. Je ne dis pas que je la prouve, mais je comprends le désespoir qui l'accompagne et le sentiment de dépression et de violence qui en est la conséquence.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être aggravé par les réseaux sociaux. Vous parliez de Tinder. Et moi, cela me fait penser aussi, dans le milieu scolaire, au harcèlement qui devient un mot utilisé par des très jeunes enfants. Maintenant, c'est un mot qu'avant, on n'utilisait jamais et qui est rentré dans le langage courant d'un enfant. Je me fais harceler, je harcèle, tu harcèles.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça démontre un peu cette espèce de violence sociale qui est en train de se diffuser partout. dans les relations humaines, dans notre société, et je pense que ça rend les relations très très compliquées. Aujourd'hui, on s'adresse à quelqu'un, et peut-être que cette personne, elle a toujours en esprit, de façon sous-jacente, des agressions possibles. Ça ne rend pas fluide la communication, ça ne rend pas fluide les échanges, ça ne rend pas la société très chaleureuse, bien au contraire, ça la rend froide et difficile à vivre. Je pense que c'est ça aussi qu'il y a derrière cette grande désespérance de la jeunesse.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire face à ce malaise de l'adolescence ? Nous, les adultes, qui les encadrons ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut qu'on s'intéresse à cet âge-là. Cet âge-là, c'est un monde très particulier. Je veux dire, nous, on voit les adolescents comme des adultes en devenir. C'est vrai, ils le sont. Mais ce qu'on n'aperçoit pas, c'est qu'ils vivent dans un monde, un monde très particulier, fait de comportements, d'apprentissages, de valeurs, qui ne sont pas ceux de l'adulte. Ils ne vivent pas sur la même planète que nous, bien qu'ils y vivent physiquement. Intérieurement, ils sont complètement ailleurs. Et je pense que ce monde-là, c'est un monde très récent, en fait, le monde de l'adolescence. sociologiquement, c'est les années 1910-1920 qui vont faire apparaître en Angleterre cette nouvelle classe d'âge qu'on va appeler l'adolescence. des éducateurs, des sociologues, des psychologues, s'aperçoivent à ce moment-là que les comportements des tranches d'âge qui commencent vers les 10-11 ans pour les plus précoces et qui vont aller jusqu'à 17-18 ans, ces comportements dans ces classes d'âge ne sont pas les mêmes que ceux de l'enfance et de la petite enfance. On est devant l'émergence d'une notion extrêmement récente. Et puis il faut attendre 1970, notamment avec les écrits de Françoise Dolto, pour qu'on se dise, effectivement, les adolescents, ce n'est pas des enfants, ce n'est pas des petits-enfants. Avant, on avait la notion de, allez, on est enfant, puis tout d'un coup, on passe à l'âge adulte. Là, c'est carrément l'émergence d'une nouvelle classe d'âge, parce que jusqu'alors, il ne faut pas qu'on l'oublie, très jeune, on allait travailler. On ne faisait pas beaucoup d'études. Dans les années 60, les années 70, les tendances s'inversent et les cohortes d'adolescents se multiplient, s'épaississent. Et donc... on a vraiment l'adolescence qui apparaît comme vraiment un sujet psychologique, sociologique, à part entière. Donc on est devant un sujet très récent. Et je pense qu'on ne connaît pas très bien le monde de l'adolescence, qu'on a tendance à résumer à la seule crise de l'adolescence. Mais c'est bien plus riche que ça.

  • Speaker #0

    Eh bien merci Sanji pour ce premier aperçu, on va dire déjà un peu sociologique, historique. Et nous allons approfondir qu'est-ce que c'est que l'adolescence dans la prochaine partie. Je vous propose une pause et nous allons nous retrouver tout de suite après.

Description

Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l’actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Cette fois-ci, nous abordons le thème de l'adolescence : comment comprendre leur monde ? Quels sont leurs rêves, leurs angoisses d'aujourd'hui ?

Dans cette 1ère partie, nous parlerons de l'adolescence dans le contexte actuel : d'où vient cette angoisse généralisée, présente chez beaucoup d'adolescents ?

Vous le saurez en écoutant ce 1er volet. En partenariat avec mon invité Sanjy Ramboatiana, auteur, formateur et consultant, cofondateur de l'association Artas Entraide. et co-auteur du livre César l'imparfait heureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes dans Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Aujourd'hui, nous allons aborder le thème de l'adolescence. Et je suis en compagnie de Sanji Ramboatiana, auteur, formateur, consultant, cofondateur d'Arta Centraide. Bonjour Sanji.

  • Speaker #1

    Bonjour Myriam et bonjour à tous vos auditeurs.

  • Speaker #0

    Alors je souhaitais aujourd'hui aborder le thème de l'adolescence qui justement fait partie un petit peu des nouvelles de l'actualité, malheureusement pas dans le bon sens, parce qu'il se trouve qu'à cause de règlements de comptes qui ont fini au meurtre, il y a de plus en plus de violence, on en avait déjà parlé dans cette émission, et dans certaines villes de France et d'outre-mer où la violence est montée, montée en crescendo. Il y a même des mesures de couvre-feu qui sont déjà mises en place ou envisagées. Alors, qu'est-ce qu'on pourrait en dire de tout ça, Sanji ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on est devant une jeunesse qui, aujourd'hui, se désespère de manque de rêve. La jeunesse, on va le voir dans l'adolescence, elle a des grands rêves. Des grands rêves qu'elle espère accomplir. Et c'est ça qui la maintient en bonne santé. Lorsqu'elle a l'impression que l'horizon est bouché, pour des raisons sociales, pour des raisons politiques, pour des raisons écologiques aussi, eh bien, ça crée de grandes dépressions. J'étais il y a peu avec quelqu'un qui me racontait que sa fille vivait des phobies sociales, parce qu'il y a une des craintes de rencontrer l'autre. On a tellement cultivé cette ambiance de peur que les jeunes ont peur les uns des autres. Une autre me parlait de sa fille aussi qui s'inquiète de ce qui va se passer en 2050. Elle me disait qu'elle avait des phobies environnementales, des angoisses environnementales, parce qu'elle se demande ce qui va se passer en 2050 alors qu'on annonce partout que la pollution ne va cesser d'augmenter, que la terre risque de devenir invivable. Une autre me disait que sa fille avait quelques difficultés à envisager sa suite de vie professionnelle. Elle est jeune, elle a 16 ans et elle se demande à quoi ça va bien servir de faire des études, puisque de toute façon, on ne sait pas vers quoi va le monde du travail, etc. Les nouvelles du monde ne sont pas très bonnes pour la jeunesse. Et la jeunesse s'inquiète de ce monde à l'horizon un peu bouché et se demande à quoi elle va bien pouvoir. aspirer dans les années qui viennent. Je pense que c'est ça en fait qui se passe au travers de toute cette violence. C'est une espèce de grande désespérance, de rêve, dont on a l'impression qu'ils ne vont jamais pouvoir s'accomplir.

  • Speaker #0

    Et oui, une espèce d'angoisse qui commence à se généraliser, si on peut résumer. Beaucoup d'angoisse.

  • Speaker #1

    Beaucoup d'angoisse qui généralise. Et puis, des grands rêves, les grands rêves amoureux, on se demande où est-ce qu'on va pouvoir les accomplir. Aujourd'hui, on dirait que l'amour n'a lieu que sur Tinder, que la sexualité se rencontre sur les sites pornographiques. Il n'y a pas grand monde à qui ça fait vraiment envie, en fait, si on y réfléchit, ce type de vie amoureuse. La vie professionnelle, ça a l'air un peu pareil, on ne sait pas bien où ça va. L'environnement économique n'est pas très favorable, on a l'impression que la crise se généralise. Et puis les gens dans leurs relations, les relations humaines se tendent. On a aujourd'hui, on dénonce sans cesse, les gens ont l'air de se méfier les uns des autres, les filles des garçons, les garçons des filles. Ce n'est pas très simple de se rencontrer dans cet environnement-là. Je dirais que vous avez raison, il y a une ambiance angoissante. Et en plus, les grands rêves de la jeunesse sur le plan... amicales, sur le plan social, sur le plan amoureux et sur les ambitions professionnelles, ces grands rêves n'ont pas l'air de se présenter dans un contexte qui va favoriser leur réalisation. Moi, je la comprends quelque part, cette violence qui monte chez les jeunes. Je ne dis pas que je la prouve, mais je comprends le désespoir qui l'accompagne et le sentiment de dépression et de violence qui en est la conséquence.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être aggravé par les réseaux sociaux. Vous parliez de Tinder. Et moi, cela me fait penser aussi, dans le milieu scolaire, au harcèlement qui devient un mot utilisé par des très jeunes enfants. Maintenant, c'est un mot qu'avant, on n'utilisait jamais et qui est rentré dans le langage courant d'un enfant. Je me fais harceler, je harcèle, tu harcèles.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça démontre un peu cette espèce de violence sociale qui est en train de se diffuser partout. dans les relations humaines, dans notre société, et je pense que ça rend les relations très très compliquées. Aujourd'hui, on s'adresse à quelqu'un, et peut-être que cette personne, elle a toujours en esprit, de façon sous-jacente, des agressions possibles. Ça ne rend pas fluide la communication, ça ne rend pas fluide les échanges, ça ne rend pas la société très chaleureuse, bien au contraire, ça la rend froide et difficile à vivre. Je pense que c'est ça aussi qu'il y a derrière cette grande désespérance de la jeunesse.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire face à ce malaise de l'adolescence ? Nous, les adultes, qui les encadrons ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut qu'on s'intéresse à cet âge-là. Cet âge-là, c'est un monde très particulier. Je veux dire, nous, on voit les adolescents comme des adultes en devenir. C'est vrai, ils le sont. Mais ce qu'on n'aperçoit pas, c'est qu'ils vivent dans un monde, un monde très particulier, fait de comportements, d'apprentissages, de valeurs, qui ne sont pas ceux de l'adulte. Ils ne vivent pas sur la même planète que nous, bien qu'ils y vivent physiquement. Intérieurement, ils sont complètement ailleurs. Et je pense que ce monde-là, c'est un monde très récent, en fait, le monde de l'adolescence. sociologiquement, c'est les années 1910-1920 qui vont faire apparaître en Angleterre cette nouvelle classe d'âge qu'on va appeler l'adolescence. des éducateurs, des sociologues, des psychologues, s'aperçoivent à ce moment-là que les comportements des tranches d'âge qui commencent vers les 10-11 ans pour les plus précoces et qui vont aller jusqu'à 17-18 ans, ces comportements dans ces classes d'âge ne sont pas les mêmes que ceux de l'enfance et de la petite enfance. On est devant l'émergence d'une notion extrêmement récente. Et puis il faut attendre 1970, notamment avec les écrits de Françoise Dolto, pour qu'on se dise, effectivement, les adolescents, ce n'est pas des enfants, ce n'est pas des petits-enfants. Avant, on avait la notion de, allez, on est enfant, puis tout d'un coup, on passe à l'âge adulte. Là, c'est carrément l'émergence d'une nouvelle classe d'âge, parce que jusqu'alors, il ne faut pas qu'on l'oublie, très jeune, on allait travailler. On ne faisait pas beaucoup d'études. Dans les années 60, les années 70, les tendances s'inversent et les cohortes d'adolescents se multiplient, s'épaississent. Et donc... on a vraiment l'adolescence qui apparaît comme vraiment un sujet psychologique, sociologique, à part entière. Donc on est devant un sujet très récent. Et je pense qu'on ne connaît pas très bien le monde de l'adolescence, qu'on a tendance à résumer à la seule crise de l'adolescence. Mais c'est bien plus riche que ça.

  • Speaker #0

    Eh bien merci Sanji pour ce premier aperçu, on va dire déjà un peu sociologique, historique. Et nous allons approfondir qu'est-ce que c'est que l'adolescence dans la prochaine partie. Je vous propose une pause et nous allons nous retrouver tout de suite après.

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Dans cette 1ère partie, nous parlerons de l'adolescence dans le contexte actuel : d'où vient cette angoisse généralisée, présente chez beaucoup d'adolescents ?

Vous le saurez en écoutant ce 1er volet. En partenariat avec mon invité Sanjy Ramboatiana, auteur, formateur et consultant, cofondateur de l'association Artas Entraide. et co-auteur du livre César l'imparfait heureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes dans Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Aujourd'hui, nous allons aborder le thème de l'adolescence. Et je suis en compagnie de Sanji Ramboatiana, auteur, formateur, consultant, cofondateur d'Arta Centraide. Bonjour Sanji.

  • Speaker #1

    Bonjour Myriam et bonjour à tous vos auditeurs.

  • Speaker #0

    Alors je souhaitais aujourd'hui aborder le thème de l'adolescence qui justement fait partie un petit peu des nouvelles de l'actualité, malheureusement pas dans le bon sens, parce qu'il se trouve qu'à cause de règlements de comptes qui ont fini au meurtre, il y a de plus en plus de violence, on en avait déjà parlé dans cette émission, et dans certaines villes de France et d'outre-mer où la violence est montée, montée en crescendo. Il y a même des mesures de couvre-feu qui sont déjà mises en place ou envisagées. Alors, qu'est-ce qu'on pourrait en dire de tout ça, Sanji ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on est devant une jeunesse qui, aujourd'hui, se désespère de manque de rêve. La jeunesse, on va le voir dans l'adolescence, elle a des grands rêves. Des grands rêves qu'elle espère accomplir. Et c'est ça qui la maintient en bonne santé. Lorsqu'elle a l'impression que l'horizon est bouché, pour des raisons sociales, pour des raisons politiques, pour des raisons écologiques aussi, eh bien, ça crée de grandes dépressions. J'étais il y a peu avec quelqu'un qui me racontait que sa fille vivait des phobies sociales, parce qu'il y a une des craintes de rencontrer l'autre. On a tellement cultivé cette ambiance de peur que les jeunes ont peur les uns des autres. Une autre me parlait de sa fille aussi qui s'inquiète de ce qui va se passer en 2050. Elle me disait qu'elle avait des phobies environnementales, des angoisses environnementales, parce qu'elle se demande ce qui va se passer en 2050 alors qu'on annonce partout que la pollution ne va cesser d'augmenter, que la terre risque de devenir invivable. Une autre me disait que sa fille avait quelques difficultés à envisager sa suite de vie professionnelle. Elle est jeune, elle a 16 ans et elle se demande à quoi ça va bien servir de faire des études, puisque de toute façon, on ne sait pas vers quoi va le monde du travail, etc. Les nouvelles du monde ne sont pas très bonnes pour la jeunesse. Et la jeunesse s'inquiète de ce monde à l'horizon un peu bouché et se demande à quoi elle va bien pouvoir. aspirer dans les années qui viennent. Je pense que c'est ça en fait qui se passe au travers de toute cette violence. C'est une espèce de grande désespérance, de rêve, dont on a l'impression qu'ils ne vont jamais pouvoir s'accomplir.

  • Speaker #0

    Et oui, une espèce d'angoisse qui commence à se généraliser, si on peut résumer. Beaucoup d'angoisse.

  • Speaker #1

    Beaucoup d'angoisse qui généralise. Et puis, des grands rêves, les grands rêves amoureux, on se demande où est-ce qu'on va pouvoir les accomplir. Aujourd'hui, on dirait que l'amour n'a lieu que sur Tinder, que la sexualité se rencontre sur les sites pornographiques. Il n'y a pas grand monde à qui ça fait vraiment envie, en fait, si on y réfléchit, ce type de vie amoureuse. La vie professionnelle, ça a l'air un peu pareil, on ne sait pas bien où ça va. L'environnement économique n'est pas très favorable, on a l'impression que la crise se généralise. Et puis les gens dans leurs relations, les relations humaines se tendent. On a aujourd'hui, on dénonce sans cesse, les gens ont l'air de se méfier les uns des autres, les filles des garçons, les garçons des filles. Ce n'est pas très simple de se rencontrer dans cet environnement-là. Je dirais que vous avez raison, il y a une ambiance angoissante. Et en plus, les grands rêves de la jeunesse sur le plan... amicales, sur le plan social, sur le plan amoureux et sur les ambitions professionnelles, ces grands rêves n'ont pas l'air de se présenter dans un contexte qui va favoriser leur réalisation. Moi, je la comprends quelque part, cette violence qui monte chez les jeunes. Je ne dis pas que je la prouve, mais je comprends le désespoir qui l'accompagne et le sentiment de dépression et de violence qui en est la conséquence.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être aggravé par les réseaux sociaux. Vous parliez de Tinder. Et moi, cela me fait penser aussi, dans le milieu scolaire, au harcèlement qui devient un mot utilisé par des très jeunes enfants. Maintenant, c'est un mot qu'avant, on n'utilisait jamais et qui est rentré dans le langage courant d'un enfant. Je me fais harceler, je harcèle, tu harcèles.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça démontre un peu cette espèce de violence sociale qui est en train de se diffuser partout. dans les relations humaines, dans notre société, et je pense que ça rend les relations très très compliquées. Aujourd'hui, on s'adresse à quelqu'un, et peut-être que cette personne, elle a toujours en esprit, de façon sous-jacente, des agressions possibles. Ça ne rend pas fluide la communication, ça ne rend pas fluide les échanges, ça ne rend pas la société très chaleureuse, bien au contraire, ça la rend froide et difficile à vivre. Je pense que c'est ça aussi qu'il y a derrière cette grande désespérance de la jeunesse.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire face à ce malaise de l'adolescence ? Nous, les adultes, qui les encadrons ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut qu'on s'intéresse à cet âge-là. Cet âge-là, c'est un monde très particulier. Je veux dire, nous, on voit les adolescents comme des adultes en devenir. C'est vrai, ils le sont. Mais ce qu'on n'aperçoit pas, c'est qu'ils vivent dans un monde, un monde très particulier, fait de comportements, d'apprentissages, de valeurs, qui ne sont pas ceux de l'adulte. Ils ne vivent pas sur la même planète que nous, bien qu'ils y vivent physiquement. Intérieurement, ils sont complètement ailleurs. Et je pense que ce monde-là, c'est un monde très récent, en fait, le monde de l'adolescence. sociologiquement, c'est les années 1910-1920 qui vont faire apparaître en Angleterre cette nouvelle classe d'âge qu'on va appeler l'adolescence. des éducateurs, des sociologues, des psychologues, s'aperçoivent à ce moment-là que les comportements des tranches d'âge qui commencent vers les 10-11 ans pour les plus précoces et qui vont aller jusqu'à 17-18 ans, ces comportements dans ces classes d'âge ne sont pas les mêmes que ceux de l'enfance et de la petite enfance. On est devant l'émergence d'une notion extrêmement récente. Et puis il faut attendre 1970, notamment avec les écrits de Françoise Dolto, pour qu'on se dise, effectivement, les adolescents, ce n'est pas des enfants, ce n'est pas des petits-enfants. Avant, on avait la notion de, allez, on est enfant, puis tout d'un coup, on passe à l'âge adulte. Là, c'est carrément l'émergence d'une nouvelle classe d'âge, parce que jusqu'alors, il ne faut pas qu'on l'oublie, très jeune, on allait travailler. On ne faisait pas beaucoup d'études. Dans les années 60, les années 70, les tendances s'inversent et les cohortes d'adolescents se multiplient, s'épaississent. Et donc... on a vraiment l'adolescence qui apparaît comme vraiment un sujet psychologique, sociologique, à part entière. Donc on est devant un sujet très récent. Et je pense qu'on ne connaît pas très bien le monde de l'adolescence, qu'on a tendance à résumer à la seule crise de l'adolescence. Mais c'est bien plus riche que ça.

  • Speaker #0

    Eh bien merci Sanji pour ce premier aperçu, on va dire déjà un peu sociologique, historique. Et nous allons approfondir qu'est-ce que c'est que l'adolescence dans la prochaine partie. Je vous propose une pause et nous allons nous retrouver tout de suite après.

Description

Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l’actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Cette fois-ci, nous abordons le thème de l'adolescence : comment comprendre leur monde ? Quels sont leurs rêves, leurs angoisses d'aujourd'hui ?

Dans cette 1ère partie, nous parlerons de l'adolescence dans le contexte actuel : d'où vient cette angoisse généralisée, présente chez beaucoup d'adolescents ?

Vous le saurez en écoutant ce 1er volet. En partenariat avec mon invité Sanjy Ramboatiana, auteur, formateur et consultant, cofondateur de l'association Artas Entraide. et co-auteur du livre César l'imparfait heureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes dans Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Aujourd'hui, nous allons aborder le thème de l'adolescence. Et je suis en compagnie de Sanji Ramboatiana, auteur, formateur, consultant, cofondateur d'Arta Centraide. Bonjour Sanji.

  • Speaker #1

    Bonjour Myriam et bonjour à tous vos auditeurs.

  • Speaker #0

    Alors je souhaitais aujourd'hui aborder le thème de l'adolescence qui justement fait partie un petit peu des nouvelles de l'actualité, malheureusement pas dans le bon sens, parce qu'il se trouve qu'à cause de règlements de comptes qui ont fini au meurtre, il y a de plus en plus de violence, on en avait déjà parlé dans cette émission, et dans certaines villes de France et d'outre-mer où la violence est montée, montée en crescendo. Il y a même des mesures de couvre-feu qui sont déjà mises en place ou envisagées. Alors, qu'est-ce qu'on pourrait en dire de tout ça, Sanji ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on est devant une jeunesse qui, aujourd'hui, se désespère de manque de rêve. La jeunesse, on va le voir dans l'adolescence, elle a des grands rêves. Des grands rêves qu'elle espère accomplir. Et c'est ça qui la maintient en bonne santé. Lorsqu'elle a l'impression que l'horizon est bouché, pour des raisons sociales, pour des raisons politiques, pour des raisons écologiques aussi, eh bien, ça crée de grandes dépressions. J'étais il y a peu avec quelqu'un qui me racontait que sa fille vivait des phobies sociales, parce qu'il y a une des craintes de rencontrer l'autre. On a tellement cultivé cette ambiance de peur que les jeunes ont peur les uns des autres. Une autre me parlait de sa fille aussi qui s'inquiète de ce qui va se passer en 2050. Elle me disait qu'elle avait des phobies environnementales, des angoisses environnementales, parce qu'elle se demande ce qui va se passer en 2050 alors qu'on annonce partout que la pollution ne va cesser d'augmenter, que la terre risque de devenir invivable. Une autre me disait que sa fille avait quelques difficultés à envisager sa suite de vie professionnelle. Elle est jeune, elle a 16 ans et elle se demande à quoi ça va bien servir de faire des études, puisque de toute façon, on ne sait pas vers quoi va le monde du travail, etc. Les nouvelles du monde ne sont pas très bonnes pour la jeunesse. Et la jeunesse s'inquiète de ce monde à l'horizon un peu bouché et se demande à quoi elle va bien pouvoir. aspirer dans les années qui viennent. Je pense que c'est ça en fait qui se passe au travers de toute cette violence. C'est une espèce de grande désespérance, de rêve, dont on a l'impression qu'ils ne vont jamais pouvoir s'accomplir.

  • Speaker #0

    Et oui, une espèce d'angoisse qui commence à se généraliser, si on peut résumer. Beaucoup d'angoisse.

  • Speaker #1

    Beaucoup d'angoisse qui généralise. Et puis, des grands rêves, les grands rêves amoureux, on se demande où est-ce qu'on va pouvoir les accomplir. Aujourd'hui, on dirait que l'amour n'a lieu que sur Tinder, que la sexualité se rencontre sur les sites pornographiques. Il n'y a pas grand monde à qui ça fait vraiment envie, en fait, si on y réfléchit, ce type de vie amoureuse. La vie professionnelle, ça a l'air un peu pareil, on ne sait pas bien où ça va. L'environnement économique n'est pas très favorable, on a l'impression que la crise se généralise. Et puis les gens dans leurs relations, les relations humaines se tendent. On a aujourd'hui, on dénonce sans cesse, les gens ont l'air de se méfier les uns des autres, les filles des garçons, les garçons des filles. Ce n'est pas très simple de se rencontrer dans cet environnement-là. Je dirais que vous avez raison, il y a une ambiance angoissante. Et en plus, les grands rêves de la jeunesse sur le plan... amicales, sur le plan social, sur le plan amoureux et sur les ambitions professionnelles, ces grands rêves n'ont pas l'air de se présenter dans un contexte qui va favoriser leur réalisation. Moi, je la comprends quelque part, cette violence qui monte chez les jeunes. Je ne dis pas que je la prouve, mais je comprends le désespoir qui l'accompagne et le sentiment de dépression et de violence qui en est la conséquence.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être aggravé par les réseaux sociaux. Vous parliez de Tinder. Et moi, cela me fait penser aussi, dans le milieu scolaire, au harcèlement qui devient un mot utilisé par des très jeunes enfants. Maintenant, c'est un mot qu'avant, on n'utilisait jamais et qui est rentré dans le langage courant d'un enfant. Je me fais harceler, je harcèle, tu harcèles.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça démontre un peu cette espèce de violence sociale qui est en train de se diffuser partout. dans les relations humaines, dans notre société, et je pense que ça rend les relations très très compliquées. Aujourd'hui, on s'adresse à quelqu'un, et peut-être que cette personne, elle a toujours en esprit, de façon sous-jacente, des agressions possibles. Ça ne rend pas fluide la communication, ça ne rend pas fluide les échanges, ça ne rend pas la société très chaleureuse, bien au contraire, ça la rend froide et difficile à vivre. Je pense que c'est ça aussi qu'il y a derrière cette grande désespérance de la jeunesse.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire face à ce malaise de l'adolescence ? Nous, les adultes, qui les encadrons ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut qu'on s'intéresse à cet âge-là. Cet âge-là, c'est un monde très particulier. Je veux dire, nous, on voit les adolescents comme des adultes en devenir. C'est vrai, ils le sont. Mais ce qu'on n'aperçoit pas, c'est qu'ils vivent dans un monde, un monde très particulier, fait de comportements, d'apprentissages, de valeurs, qui ne sont pas ceux de l'adulte. Ils ne vivent pas sur la même planète que nous, bien qu'ils y vivent physiquement. Intérieurement, ils sont complètement ailleurs. Et je pense que ce monde-là, c'est un monde très récent, en fait, le monde de l'adolescence. sociologiquement, c'est les années 1910-1920 qui vont faire apparaître en Angleterre cette nouvelle classe d'âge qu'on va appeler l'adolescence. des éducateurs, des sociologues, des psychologues, s'aperçoivent à ce moment-là que les comportements des tranches d'âge qui commencent vers les 10-11 ans pour les plus précoces et qui vont aller jusqu'à 17-18 ans, ces comportements dans ces classes d'âge ne sont pas les mêmes que ceux de l'enfance et de la petite enfance. On est devant l'émergence d'une notion extrêmement récente. Et puis il faut attendre 1970, notamment avec les écrits de Françoise Dolto, pour qu'on se dise, effectivement, les adolescents, ce n'est pas des enfants, ce n'est pas des petits-enfants. Avant, on avait la notion de, allez, on est enfant, puis tout d'un coup, on passe à l'âge adulte. Là, c'est carrément l'émergence d'une nouvelle classe d'âge, parce que jusqu'alors, il ne faut pas qu'on l'oublie, très jeune, on allait travailler. On ne faisait pas beaucoup d'études. Dans les années 60, les années 70, les tendances s'inversent et les cohortes d'adolescents se multiplient, s'épaississent. Et donc... on a vraiment l'adolescence qui apparaît comme vraiment un sujet psychologique, sociologique, à part entière. Donc on est devant un sujet très récent. Et je pense qu'on ne connaît pas très bien le monde de l'adolescence, qu'on a tendance à résumer à la seule crise de l'adolescence. Mais c'est bien plus riche que ça.

  • Speaker #0

    Eh bien merci Sanji pour ce premier aperçu, on va dire déjà un peu sociologique, historique. Et nous allons approfondir qu'est-ce que c'est que l'adolescence dans la prochaine partie. Je vous propose une pause et nous allons nous retrouver tout de suite après.

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