- Speaker #0
Bonjour à tous, Myriam avec vous pour Drôle de Planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Aujourd'hui, nous abordons le thème du couple, ses difficultés, ses obstacles, ses défis et ses enjeux. Je suis en compagnie de Sanji Rambo-Atiana, auteur, formateur et consultant, également co-fondateur d'Arta Centraide et co-auteur du livre César Limparfait Heureux avec Bernard Montaud. Bonjour Sanji !
- Speaker #1
Bonjour Myriam et bonjour à tous vos auditeurs.
- Speaker #0
Alors nous allons commencer ce thème délicat du couple aujourd'hui. Pourquoi ce thème ? Et bien parce que j'ai trouvé des statistiques sur le célibat, donc c'était sur BFM plus précisément, où on disait que le célibat concernait de plus en plus de Français et qu'aujourd'hui il y a au moins 18 millions de personnes qui sont célibataires en France selon les derniers chiffres de l'INSEE. Donc voilà, ce sont des chiffres en... constante augmentation et en plus, en France, il y a donc deux célibataires sur trois qui sont des femmes. Mais cela touche toutes les tranches d'âge. Les jeunes sont de plus en plus concernés parce qu'aujourd'hui, on met de plus en plus de temps avant de se poser et avant d'envisager une relation sérieuse. Est-ce que cela vous étonne, Sanji ?
- Speaker #1
A la fois, ces statistiques ne m'étonnent pas et en même temps, elles m'étonnent. Elle ne m'étonne pas parce qu'effectivement, c'est vrai, l'expérience du couple est une expérience complexe. De plus en plus de gens divorcent et on se rend bien compte que cette expérience est une expérience difficile. Et en même temps, elle m'étonne parce que le couple, la famille, c'est quand même un des fondements de notre société. Et que je constate qu'au même titre qu'on l'avait déjà évoqué dans un autre podcast sur le travail, Eh bien, des fondamentaux de notre société, le couple, la famille, est à son tour attaqué par une crise, une crise profonde des valeurs. Et je pense que ce phénomène-là est de nature à nous interroger sur qu'est-ce que la vraie nature du couple. Donc oui, je pense que vos statistiques soulignent un questionnement devant lequel de nombreux de nos concitoyens se retrouvent aujourd'hui.
- Speaker #0
Je précise aussi que tout de même, dans ces statistiques, il y avait une tendance qui se détachait, et que plus de la moitié des célibataires a plus de 50 ans. Cela s'explique notamment par la vie qui avance, et on est, comme vous venez de le dire, confronté souvent à un divorce ou carrément à un décès de son conjoint, et puis qu'il est plus difficile de retrouver quelqu'un après cet âge-là. Cela me rappelle que vous nous en aviez parlé, Sanji, dans le podcast sur la crise de cinquantaine. Et donc, ce n'est finalement pas tant que ça un hasard qu'après 50 ans, on soit plutôt célibataire.
- Speaker #1
Évidemment, vous avez raison de le souligner. Après la crise de la cinquantaine, au moment où je dirais que notre beauté physique, nos désirs sexuels sont moindres, on a moins envie de se réengager en couple. Mais j'avais lu de ma part une statistique complémentaire à celle que vous évoquiez, c'est que sur le nombre de célibataires que vous évoquez, près de 40% ne souhaitaient pas de vie de couple. Je pense que ça nous renvoie au fait que le couple est une expérience, comme je le disais tout à l'heure, complexe. Dans le couple, nous allons mettre ensemble deux différences. De différence d'un côté un homme, d'un côté une femme, dans l'essentiel des couples, bien qu'un certain nombre de couples aujourd'hui soient des couples homosexuels, mais surtout on va mettre en place, ou en face plutôt devrais-je dire, deux personnalités différentes. qui viennent dans ce couple avec leur propre histoire, leur propre façon d'apercevoir l'amour, leur propre façon d'apercevoir l'autre, leur propre façon d'apercevoir l'autre sexe aussi. Et que, au fond, la grande difficulté du couple, c'est comment nous allons dépasser nos différences pour à chaque fois re-choisir l'amour. Et parfois la différence de l'autre, elle nous est difficile à vivre. Je veux dire, nous avons rencontré quelqu'un, nous l'avons trouvé beau, nous l'avons trouvé facile à vivre, nous l'avons trouvé parfait, disons-le, emporté par les premiers temps de la passion amoureuse. Et puis au fur et à mesure que le temps passe, les défauts de l'autre nous apparaissent de plus en plus clairement. Choisir la vie de couple, c'est choisir de dépasser ses défauts et les agacements qu'il nous suscite. Et ça n'est pas toujours facile. Sans doute, nous allons l'évoquer un peu plus en profondeur dans ce podcast, mais rencontrer la différence de l'autre, c'est la plupart du temps comme un espèce de point à gratter dans notre propre confort. confort personnel que l'on rencontre quand on est seul. Vivre avec l'autre, c'est vivre avec sa différence. La question qui nous est posée, et la question qui nous est posée à tous, c'est allons-nous être capables, dans une relation amoureuse, de supporter, d'aimer même, parce que c'est le cœur de l'amour, la différence de l'autre, pour le meilleur et pour le pire. Je pense que c'est ça la grande question qui nous est posée au travers du couple, qui fait qu'à partir d'un certain âge, il y a des fois où on préfère rester dans son petit confort plutôt que de s'affronter à la différence et aux imperfections de l'autre.
- Speaker #0
Merci Sanji, Ausha Tiana pour ce premier volet. Effectivement, nous allons aborder un petit peu plus le point sensible des difficultés de relation dans le couple tout de suite après cette pause musicale. Vous êtes dans Drôle de Planète, le podcast qui démontre les idées reçues sur l'actualité. pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Je suis en compagnie de Sanji Ramboatiana, auteur, formateur et consultant, et nous abordons aujourd'hui le thème du couple. Alors Sanji, vous avez essayé de nous faire apercevoir ce qui se cache derrière ce recul du couple aujourd'hui, qui se manifeste notamment par une augmentation du célibat. Et bien maintenant, nous allons commencer à aborder ce point sensible dans le couple, celui des relations hommes-femmes. dans le schéma dit classique, bien sûr, de couple hétérosexuel. Et moi, je me dis, à l'heure de la parité qui est prônée un peu partout, j'ai de plus en plus le sentiment qu'il y a un fossé d'incompréhension qui se creuse entre les hommes et les femmes. Qu'en pensez-vous, Sanji ?
- Speaker #1
Alors, je pense que cette question est fondamentale. Un homme ne perçoit pas le monde du tout de la même façon que la femme. Et la femme ne perçoit pas le monde de la même façon que l'homme. On peut en prendre un exemple. Par exemple, dans la séduction, la femme a tendance à se faire belle, comme s'il y avait au fond de l'identité féminine ce besoin d'être vue. Chez l'homme, au contraire, on n'est plus négligent sur notre aspect physique, on y fait moins attention, comme s'il y avait au fond de l'identité masculine. Le désir de voir. D'un côté, un désir d'être vu et de l'autre côté, un désir de voir. Bien sûr, vous allez me dire que ce sont des choses un peu superficielles et vous avez raison. Mais par exemple, la place que nous accordons à notre carrière ou à notre réussite professionnelle n'est pas toujours la même selon que l'on est homme ou femme. La place que nous accordons aux enfants n'est pas du tout la même selon que l'on est homme ou femme. La plupart du temps, ce que nous n'apercevons pas toujours très bien, c'est que l'homme et la femme sont complémentaires. Ces deux points de vue, bien que différents, n'ont pas à s'opposer, ils se complètent. Il est très difficile parfois, quand on est un homme, d'apercevoir quelle est la nature de la femme, et quand on est une femme, d'apercevoir la nature de l'homme. Ça, c'est un premier point. Mais bien au-delà de ça, il me semble que derrière la question du genre, de l'homme et de la femme, se pose surtout la question de la personnalité. Nous sommes aussi le produit d'une histoire. Nous avons appris à être dans un certain comportement dans nos familles. On nous a appris au cours de la petite enfance, de l'enfance et de l'adolescence à développer des comportements propres à notre famille. Nous y avons appris le langage de l'amour, nous avons vu nos parents s'aimer d'une telle ou telle façon. Dans certaines familles, l'enfant va voir ses parents avoir beaucoup de tendresse l'une pour l'autre. Et il va penser que c'est la modalité du couple. Tel autre va avoir plutôt des parents qui ont été distants l'un de l'autre. Et il va croire que c'est ça la modalité du couple. En fait, au moment où nous nous mettons en couple, deux histoires, deux registres de l'amour se rencontrent. Et ça fait des étincelles. Parce qu'on n'a pas du tout vécu la même histoire l'un et l'autre. Alors, il me semble que dans le couple, la question essentielle qui se pose... Bien sûr, et vous avez raison de le souligner, la question de l'homme et de la femme se pose, nous sommes surtout confrontés à une rencontre entre deux histoires. Allons-nous être capables de sortir de nos schémas amoureux, ce que nous avons appris dans notre famille, ce que nous avons appris dans notre histoire, allons-nous être capables de sortir de ces schémas pour inventer les nôtres, et surtout rencontrer ceux de l'autre ? Parce que l'autre en face de nous, lui aussi, il a appris des modalités amoureuses qui ne sont pas les nôtres. Elles sont différentes. Parfois même, et c'est l'idéal, lorsqu'on arrive à sortir l'un et l'autre de nos propres schémas, nous nous apercevons que ce que l'autre a appris, en fait, est fortement complémentaire à ce que nous nous avons appris dans notre propre histoire. Si nous savons laisser tomber nos opinions, si nous apprenons à laisser tomber nos certitudes dans l'amour, alors probablement la rencontre de l'un et l'autre va être profondément riche, bien au-delà de l'enrichissement qui se produit lorsque l'homme est capable de se sortir de ses stéréotypes masculins et que la femme est capable de se sortir de ses stéréotypes féminins. Je pense que c'est ça en fait le vrai cœur de la rencontre, c'est nos histoires. sont différents. Sans doute, si nous sommes capables de prendre de la distance avec notre propre histoire pour choisir d'aimer l'autre, ce n'est pas parce que tout d'un coup, l'autre va avoir besoin d'une immense tendresse parce que c'est lié à son histoire que ça, ça va nous convoquer à notre propre capacité à être tendre avec l'autre. Si nous avons appris à être distants, il y a des fois dans le couple, on a besoin d'être un peu distants l'un de l'autre parce qu'on a besoin de se reposer l'un de l'autre avant de se retrouver. Et ben... Le conjoint qui a été élevé plutôt dans ce genre d'éducation va apporter des éléments qui manquent au couple. Je dirais que quelque part, nous sommes gardiens l'un et l'autre depuis nos histoires, d'ingrédients différents mais complémentaires d'une vie de couple riche. Je pense que c'est là que nous sommes attendus. Bien sûr, hommes et femmes doivent se rencontrer, mais au-delà de ça, ce sont deux histoires qui doivent apprendre à se rencontrer pour se compléter l'une et l'autre.
- Speaker #0
Eh bien, cela tombe bien, Sanjib, parce que justement, j'aurais aimé que nous abordions comment on pourrait démanteler toutes ces attentes et ces exigences aussi que l'on a envers notre conjoint, envers notre partenaire. notamment à travers les projections que chacun fait sur l'autre. Et justement, dans Doctissimo, il y a un psychiatre qui s'appelle Saverio Tomasella et qui dit que les projections psychologiques sont un véritable poison du couple. Alors Sanji, pourquoi projetons-nous ?
- Speaker #1
Nous arrivons dans un couple avec une histoire. Dans notre propre famille, nous avons rencontré l'amour de notre maman. Et l'amour de notre maman, même s'il a été... fort, ne nous a pas complètement comblés. Nous avons des manques. Ça fait partie de notre personnalité, ça constitue la personnalité humaine. Nous avons exactement vécu la même chose avec notre papa et nous avons exactement vécu la même chose avec nos premiers amours adolescents. A chacune des étapes de notre vie, avant que nous soyons adultes, nous avons fait des expériences amoureuses, fortes pour l'une et l'autre, mais jamais complètes. Si elles l'avaient été complètes, on serait resté avec notre maman, on serait resté dans ses jupes, on serait resté avec notre main dans les mains de notre... papa et on serait resté avec nos premiers amours adolescents. A chaque fois nous avons rencontré un amour fort mais jamais parfait, jamais complet. Alors lorsque nous arrivons dans notre couple, nous attendons que l'autre vienne compléter cet amour. Et bien sûr, comme nous avons appris à aimer avec notre maman, comme nous avons appris à aimer avec notre papa, comme nous avons appris à aimer avec nos premiers amours adolescents, nous allons reproduire ces mêmes schémas avec celui que nous rencontrons. La plupart du temps, nous avons l'impression que nous sommes à la fois dans notre couple, avec le conjoint que nous avons choisi, nous sommes avec notre papa, nous sommes avec notre maman, nous sommes avec notre premier amour. Et on les voit que depuis ce prisme-là, parce que c'est nos points de repère, en fait. Nous sommes dans un couple et nous avons l'impression que celui qui est en face de nous se comporte avec nous exactement comme notre maman. Alors on dit « c'est étrange comme il ressemble à notre mère » . Mais en vérité, il n'est pas notre mère. En vérité, c'est un personnage qui est très différent. Mais nous... C'est le langage d'amour que nous avons appris. Alors nous allons avoir tendance à l'enfermer dans ces schémas-là. C'est ça la projection. Nous projetons sur l'autre une façon d'aimer que nous avons apprise dans notre famille. Tantôt celle que nous avons apprise avec maman, tantôt celle que nous avons apprise avec papa, tantôt celle que nous avons apprise à l'adolescence. Mais en vérité, l'autre n'est jamais ni papa, ni maman, ni notre premier amour d'adolescence. Nous le limitons à ce genre de personnage. C'est ça les projections dont parle le psychiatre ou le psychanalyste que vous évoquez. Il nous fait comprendre et il nous fait sentir qu'en fait, nous avons une approche très restreinte de l'autre. que nous voulons conformer à ces grandes figures amoureuses que nous avons vécues dans notre première partie de vie. Ça fait que nous passons à côté de la richesse de l'autre et de sa différence. Nous voulons l'enfermer dans des schémas que nous connaissons alors que nous pourrions essayer de rencontrer l'inconnu qui vient en lui. C'est une façon... d'appauvrir notre relation amoureuse. Au début, les projections sont nécessaires, parce qu'elles nous sécurisent. Elles nous permettent de nous développer dans un amour qui nous rassure. Puis, à un moment donné, à force de vivre dans ces schémas-là, la relation s'appauvrit et elle conduit vers le conflit. Nous sommes à ce moment-là convoqués à nous poser la question, mais en fait, qui ai-je en face de moi ? Est-ce que c'est mon père, ma mère, mon premier amour, en tout cas tel que je le projette ? Est-ce que c'est ça ? Ou est-ce que si je suis capable de m'apercevoir que je projette, finalement je pourrais le dépasser et apercevoir toute la richesse de l'autre et à quel point il ne ressemble pas du tout à ces stéréotypes amoureux que je veux lui imposer ? Certes, dans un premier temps ça m'a rassuré, maintenant ça commence à me limiter et ça commence à appauvrir toute ma vie amoureuse.
- Speaker #0
Oui, c'est exactement ce que dit ce psychanalyste, donc Saverio Tomasella, qu'au départ, comme vous avez dit, nous avons tendance à projeter et à idéaliser, ce sont les fameuses projections positives, et puis qu'ensuite, hélas, de plus en plus, malheureusement, cela devient des projections négatives. Alors nous allons peut-être aborder ce sujet de comment déconstruire ces projections, comment on fait quand on se rend compte qu'on a des projections. Quelle est la démarche à entreprendre ? Nous allons le voir tout de suite après une deuxième pause musicale. Vous êtes dans Drôle de Planète, le podcast qui démonte les idées reçues pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Je suis en compagnie de Sanjira Mboatiana, auteur, formateur et consultant et nous abordons aujourd'hui le thème du couple et ses enjeux en 2024, les nouveaux obstacles, les défis qu'il doit surmonter. Et notamment, nous parlions des projections, ces fameuses projections que l'on fait entre partenaires et comment les dépasser. Donc Sanji, maintenant qu'on a aperçu ce qui se jouait dans le mécanisme du couple, ces fameuses projections psychologiques qui peuvent être aussi bien positives que négatives, mais qui appauvrissent la relation, qui enferment notre partenaire dans une image qui appartient à notre histoire. Comment on fait quand on prend conscience de cela ? comment en prendre conscience ? N'est-ce pas peut-être la première étape ?
- Speaker #1
Alors, je pense qu'il y a deux moments où on peut en prendre conscience. Le premier moment, c'est quand on est agacé par notre partenaire. Il arrive qu'il ait eu des mots, il ait eu une attitude qui nous effroissait. À ce moment-là, nous sommes réveillés à nous-mêmes. D'abord, la première chose qu'il va falloir faire dans cet instant-là, c'est se donner le droit, se donner le droit d'avoir des projections. C'est un phénomène normal, naturel. Tous les hommes, toutes les femmes ont besoin de projections pour se reconnaître. On est en face de quelqu'un et on va chercher dans notre histoire, dans la figure paternelle, dans la figure maternelle ou dans nos premiers amours adolescents, où... On va chercher des points de repère, quelqu'un qui lui ressemblerait. Est-ce qu'on a besoin de calquer nos comportements ? On ne peut pas les réinventer sans cesse. Donc on va chercher dans notre mémoire à qui ressemble l'autre. Et ces phénomènes, on ne peut pas les empêcher, ils sont naturels. Nous devons, dans un premier temps, me semble-t-il, nous donner le droit au fait que ces projections aient lieu. La deuxième chose, c'est qu'une fois qu'on s'en est donné le droit et qu'on en a pris conscience, il va falloir maintenant les dépasser. Et pour les dépasser, il va falloir apprendre à se parler à soi-même, à se trouver des mots de tendresse, des mots magiques, des mots poétiques, pour pouvoir se dire « comme c'est normal, comme c'est normal Sanji, comme c'est normal Myriam, que tel aspect de ton conjoint t'agace, parce que ça te rappelle telle chose, telle chose c'est ton père et ta mère » . Pouvoir se le dire suffisamment. tendrement, pour à un moment donné s'apercevoir qu'en fait, nous sommes juste en train de projeter notre histoire sur l'autre. et ne plus y croire. Je crois que c'est l'amour pour nous-mêmes, le tout premier amour pour nous-mêmes, qui nous donne le droit à ces projections et qui nous déclenche en nous des mots d'amour pour nous-mêmes qui, peu à peu fait, finit par ne plus y croire. Sinon, on se le reproche, on est en train de se dire « Ah, mais t'es trop ci, t'es trop ça, d'avoir cru qu'un tel était ton papa ou ta maman. » Non, non, ce sont des mécanismes naturels qui nous donnent l'opportunité de nous en donner le droit et en plus, de nous dire des mots de compassion. Vous allez vous apercevoir qu'une fois que vous avez fait ça, va se produire un autre phénomène. Tout d'un coup, parce que l'autre... nous l'avons séparé de notre histoire, nous allons nous apercevoir que nous-mêmes, nous jouons un rôle dans l'histoire de l'autre, que l'autre aussi a des projections sur nous, et que tout d'un coup, nous allons nous apercevoir que, oui, il se comporte avec nous de telle ou telle façon, parce qu'il a l'impression que nous sommes son père, que nous sommes sa mère, prête à le réprimander, prête à lui empêcher de faire ci ou ça, se méfiant de lui, doutant de lui, etc. Et tout d'un coup, parce que nous allons apercevoir qui nous sommes aussi dans l'histoire de l'autre, nous allons pouvoir peut-être lui dire quelques mots qui vont aller à contre-courant de ce qu'il pense de nous. Tout d'un coup, lorsque nous nous sommes parlé avec tendresse à nous-mêmes, nous sommes capables de parler avec tendresse à l'imperfection de l'autre, à ses projections à lui. Il faut que tout d'un coup, le couple se régule. Parce qu'en fait, lorsque nous sommes capables d'apercevoir l'imperfection de l'autre et de lui parler avec beaucoup d'amour, nous venons de re-choisir d'aimer plutôt que de nous agacer. Ça, c'est un premier chemin. C'est le chemin du côté des agacements. Mais il y a un autre chemin aussi que nous devons essayer d'entretenir dans notre couple. C'est que parfois, nous sommes heureux avec lui. Juste être à côté de lui, juste un sourire, un échange de regards, parfois un mot, parfois une caresse. nous font aimer soudain l'autre, soudain nous sommes bien avec lui. Et ça, je pense que ce sont des choses que nous ne signalons pas assez à notre partenaire. que nous ne lui soulignons pas assez. Nous sommes plus promptes à lui faire de reproches qu'à lui dire des mots d'amour que nous sommes bien avec lui. Alors, peut-être un samedi matin, nous sommes assis ensemble l'un et l'autre à une terrasse de café en train de déguster le petit expresso du matin et nous sommes juste bien l'un et l'autre ensemble. Et pourquoi on se le dit pas ? Pourquoi nous, soudainement, nous ne dirions pas à l'autre, tu sais ? Là, je suis bien avec toi. Je suis bien de partager cet instant de tranquillité, ce samedi matin en paix avec toi. Pourquoi on ne le dit pas à l'autre ? Peut-être que si à ce moment-là on lui disait, ça le toucherait aussi. Et tout d'un coup, ça ferait que peut-être qu'on a eu des agacements dans la semaine, mais que ce petit instant d'amour partagé, finalement, vient effacer tous les agacements qu'on a eus précédemment. Voilà, je pense que nous sommes devant deux grandes solutions. La première, c'est essayer d'apercevoir la nature de notre projection pour apercevoir où nous sommes aussi, l'objet de projection de la part de l'autre et de ne pas s'en offenser ni s'en agacer. Et puis la deuxième grande solution, à mon avis, c'est, dès qu'on le peut, dès qu'on est heureux avec l'autre, le lui dire, pour que les projections à venir soient à leur tour beaucoup moins fortes. Voilà à mon avis, Myriam, les deux grandes choses. auxquelles nous pourrions faire attention dans les jours, les semaines, les mois à venir, pour entretenir une ambiance amoureuse dans nos couples, avec nos conjoints.
- Speaker #0
Et on a l'impression qu'ainsi, c'est un couple qui devient plus mûr et qui a un amour finalement beaucoup plus vrai ?
- Speaker #1
Oui, je pense que vous avez raison de le dire. Je crois que nous sommes tous en attente de grandes... passion amoureuse. Mais je crois qu'en fait, l'amour est le plus fort dans des petites choses très ordinaires. Lorsque nous sommes capables de nous dépasser dans un agacement parce que notre conjoint est un peu en retard et qu'on est juste capable de lui dire « Oh, tu sais, ça me fait plaisir de te retrouver » plutôt que de lui reprocher son retard. Je pense aussi que ça joue dans des choses très ordinaires lorsque juste on est... en train de manger l'un ensemble avec l'autre, et puis que ça nous avait du bien de parler de nos journées, que ça nous a fait du bien de pouvoir poser notre tête sur l'épaule de l'autre quelques instants, parce que notre journée n'a pas été facile, ou parce qu'on a rencontré des gens et que ça nous a rendu heureux, le partager notre petit bonheur de l'instant, je pense que c'est ça qu'il y a dans la maturité du couple. Et à ces deux choses-là, on devrait faire extrêmement attention, parce que lorsque les rancœurs s'accumulent, lorsque les bonheurs non dits s'accumulent, ça éloigne les partenaires sans qu'on s'en rende compte. l'un de l'autre. Et à un moment donné, on ouvre les yeux et on a l'impression que l'autre est très loin.
- Speaker #0
Oui, ça c'est vrai que cela me parle beaucoup. Et l'exemple du petit retard, je me dis, mais ça nécessite quand même, finalement, qu'on connaisse chacun son histoire. Parce que si on a eu dans son passé un parent, un des deux parents, avec lequel on a peut-être souffert de beaucoup l'attendre, on va reprocher tout le temps à notre conjointe de l'attendre. Et donc on a aussi notre part à nous, j'imagine, de connaissance et peut-être aussi de bienveillance envers soi pour ne pas le reprocher à l'autre.
- Speaker #1
Ce que vous souveniez est fondamental. Cette espèce de bienveillance que nous avons dans un premier temps, besoin de trouver vis-à-vis de nous, va peu à peu impacter la bienveillance que nous allons avoir vis-à-vis de l'autre. Le travail commence par nous-mêmes. Alors, ce n'est pas si évident, je crois que c'est quelque chose qui doit s'apprendre petit à petit. C'est pour ça que nous avons créé un travail, un travail corporel qu'on appelle nous les enchaînements corporels de binômes qui ont lieu dans les salles d'Artas en traide, et vous en avez une à un jeune. Un travail corporel qui nous permet, en posant simplement nos mains sur ceux de l'autre et en essayant de bouger à son rythme, en étant... à la fois conduit par lui, puis à notre tour en conduisant l'autre, nous découvrons en fait que nous sommes en permanence en train de projeter notre histoire sur l'autre. Nous la découvrons. Il nous faut découvrir notre propre histoire. Il nous faut découvrir ce que nous avons vécu avec notre maman, ce que nous avons vécu avec notre papa, ce que nous avons vécu dans nos premiers amours adolescents. Il faut qu'on en prenne conscience. Parce que... Une fois qu'on connaît un peu son histoire, alors on découvre comment on la projette sans cesse sur l'autre. Dans la pratique corporelle à deux, vous allez le découvrir, ça va vous sauter à la figure si vous me permettez l'expérience. Parce que peu à peu, vous allez vous apercevoir que vous avez toutes les bonnes raisons d'être bien avec l'autre et qu'à cause d'un mécanisme inconscient, ce bonheur d'être avec l'autre se brouille petit à petit. Vous allez découvrir dans cette pratique corporelle aussi comment l'autre projette aussi son histoire sur vous. Vous allez le faire avec un partenaire neutre, quelqu'un qui va être votre partenaire pour la soirée. Mais imaginez que vous soyez capable de faire ça avec des partenaires neutres. Alors avec des partenaires amoureux, où finalement les projections affectives sont beaucoup plus fortes, les choses sont facilitées. Je pense que nous avons besoin d'un entretien, de cette habitude. Nous avons besoin d'abord de l'installer en nous, de l'entretenir et puis de devenir de plus en plus à droit avec nos propres fonctionnements et le fonctionnement des autres. Ça n'est pas quelque chose qui nous est donné naturellement. Il faut l'apprendre et le développer pour que peu à peu ça rejoigne notre vie ordinaire. Parce que sinon, c'est des conflits sur la vaisselle, c'est des conflits sur le ménage, c'est des conflits sur les gardes d'enfants, c'est des conflits pour des choses de rien du tout. On pense que c'est banal, mais au final, ça finit par empoisonner. notre vie à deux. Et à un moment donné, on n'en peut plus et on est obligé de se séparer. Quel dommage ! Alors que peut-être que si nous avions pu observer et aimer ces projections qui se déroulent en nous, au contraire, notre couple se serait renforcé et on se serait aimé encore plus fort dans nos travers réciproques les uns et les autres.
- Speaker #0
Oui, et merci de souligner justement l'existence de la salle de pratique à Agen, parce que j'expérimente moi-même cette pratique, et je propose effectivement de vivre cette expérience, parce que c'est une sacrée expérience que d'essayer de sentir qui on est, et qui est l'autre dans notre histoire, et qui on est dans l'histoire de l'autre. Merci.
- Speaker #1
Et de le découvrir dans les petites choses ordinaires. On n'a pas besoin des grands clashes de couple. Ils peuvent être anticipés et prévenus si on s'occupe des toutes petites choses qui nous engagent chez l'homme. C'est bien peut-être la plus grande preuve d'amour qu'on peut lui donner à l'autre, c'est de lui dire « as le droit d'être qui tu es, quand tu es beau, mais aussi quand tu as du travail » .
- Speaker #0
Je pense que c'est un sujet tellement essentiel pour tout le monde aujourd'hui qui souhaite vivre une vraie relation de couple apaisée. ou qui redémarre un nouveau couple, vous avez maintenant les clés. Merci, Sanjiran Boatiana. C'était Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité ou sur un thème de société comme aujourd'hui le couple, puisque nous avons abordé les nouveaux obstacles, les défis que traverse le couple aujourd'hui et quelles pourraient être les solutions, quelles pourraient être les perspectives et le sens du couple.
- Speaker #1
Merci à vous, Myriam. de nous permettre d'aborder des sujets aussi importants à nos équilibres personnels.
- Speaker #0
Merci Sanji et belle semaine à tous !