- Speaker #0
Bonjour à tous, Myriam avec vous pour Drôle de Planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Nous abordons aujourd'hui un thème qui touchera pas mal de monde, la crise de la cinquantaine. Je suis en compagnie de Sanjy Ramboatiana, auteur, formateur et consultant. Pour qui ce thème tient à cœur également. Bonjour Sanjy.
- Speaker #1
Bonjour Myriam, comment allez-vous ? Comment vont vos auditeurs en cette période de fin d'année ?
- Speaker #0
Eh bien, cette période de fin d'année, un petit peu agitée, mais un petit peu aussi morose.
Alors, je souhaitais aborder avec vous, Sanjy, la crise de la cinquantaine. C'est un thème qui me touche particulièrement en cette année de mes 50 ans. Et je sais que de votre côté, vous avez également traversé ce cap et vous avez aperçu plusieurs solutions, plusieurs pistes qui vous permettent de la traverser sereinement.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, Myriam. Je suis assez sensible, assez surprenant, parce que je pense que c'est un vrai sujet de société. Aujourd'hui, nous sommes dans une société qui veut rester, qui veut rester accueillie, qui veut rester née. Mais en vérité, nous sommes tous appelés à vieillir. Et la crise de la 50 ans, c'est un des cas de ce vieillissement. Et je pense qu'il y a plein de façons de l'apercevoir autrement que ce que nous l'apercevons aujourd'hui dans notre psyché actuelle.
- Speaker #0
Alors la crise de la cinquantaine, c'est toute une série de peurs, c'est toute une série de pertes qui nous font peur, surtout à nous les femmes, mais peut-être également aux hommes. Vous nous confirmerez. Alors, il y a d'abord une première perte qui est à l'œuvre, c'est la perte de la beauté, puisqu'on se retrouve avec de plus en plus de rides, quelques cernes, de plus en plus de cheveux blancs et un corps qui vieillit. On se retrouve donc avec cette peur de ne plus être attirant. Quel est l'enjeu de ce qui se passe ?
- Speaker #1
Vous avez raison de tout dire que pour les hommes et les femmes, ça n'est pas tout à fait pareil. Les hommes s'attaquent un peu plus tôt, en fait. Nous traversons, nous les hommes, une crise... Merci. C'est marqué vers l'âge de 40 ans, aux alentours de la quarantaine, on appelle ça la crise du milieu de vie. Habituellement, puisque les psychologues en tout cas la dénomment comme ça, c'est une crise où tout d'un coup la motivation au travail... Nous les hommes, nous n'avons pas eu la chance de donner vie, et nous avons beaucoup investi d'énergie dans nos réussites professionnelles. Il y a 40, 45 ans, le rêve de jeunesse, en tout cas de réussite matérielle, Les réussites professionnelles sont accomplies et nous trahissons une piste de sens majeure. Ce qui la plupart du temps d'ailleurs réinterroge le couple. À ce moment-là, on a besoin de nouveautés, on a besoin des changés d'air, des changés de métier, parfois des changés de région, parfois même des changés de compagnie. Et en vérité, ce qui est en nous, c'est un besoin de s'être autrement, de se régénérer. avec de nouveaux rêves. Des rêves qui nous emmèneraient tout au long de notre deuxième partie. Pour les femmes, ça se produit un peu plus tard, et vous avez raison de le souligner, ça se produit beaucoup au moment de la ménopause, au moment où vont apparaître les premiers signes effectivement de faillissement physique. C'est-à-dire qu'on comprend qu'une partie de notre identité a été construite sur notre corps, et notre besoin de séduire. Voilà que tout d'un coup notre corps devient moins séduisant. Voilà que d'un coup notre corps devient moins attirant. Et on a l'impression qu'on va devenir plus rien du tout. En fait, nous sommes en train de perdre de la beauté extérieure parce que nous avons besoin de plus de beauté intérieure. Nous avons besoin d'être beaux dans nos attitudes, nous avons besoin d'être beaux dans notre cœur, nous avons besoin d'être beaux dans notre âme. C'est la solution en fait à ce déclin physique. Bien sûr, comme j'évoquais tout à l'heure, notre société... Vous devez nous faire croire que nous devons rester éternellement jeunes. Elles nous vendent des produits de beauté pour ça, elles nous demandent de faire attention à notre régime alimentaire pour ça, elles nous invitent à avoir de l'activité physique pour ça. Et elle a raison d'ailleurs, parce que nous allons avoir besoin de notre santé tout au long de notre vie. Mais en tout cas, notre beauté extérieure ne va plus être le pilier central de notre vie. Nous allons avoir besoin de séduire autrement. Nous allons avoir besoin de séduire par ce que nous sommes dedans, plus que par ce que nous apparaissons devant. Cette peur est donc légitime et elle nous invite à nous mettre en quête de notre propre beauté.
- Speaker #0
Alors maintenant, il y a également une deuxième peur qui se joue, qui est une vraie perte réelle. Vous avez parlé tout à l'heure de la ménopause. La femme à cet âge-là, elle perd la maternité, elle ne peut plus être mère dans son corps. Alors est-ce qu'il y a...
- Speaker #1
Non seulement elle ne peut plus être mère dans son corps, mais elle perd effectivement ses enfants. Parce que ces enfants ont grandi, ils ont terminé le lycée et maintenant ça y est, ils partent au collège, ils partent à l'université ou alors ils partent travailler. Et tout d'un coup, nous nous effondrons dans nos rôles de parents. Là aussi, nous avons été importants dans nos rôles de parents, ça nous a occupé beaucoup de temps. Nous tourner vers nos enfants, les occuper de leurs devoirs, les éduquer, les habiller, être avec eux, avoir des loisirs avec eux, etc. Ça a occupé une grande partie de notre emploi du temps. Voilà, tout d'un coup, ils s'en vont, que nous nous retrouvons avec des emplois du temps qui sont vides. Et nous nous demandons, bien, comment nous allons pouvoir remplir ces emplois du temps. Ce qui est quelque chose qu'on n'a pas bien identifié, c'est que nous avons appris une expérience très importante avec nos enfants. Nous avons appris à nous faire des soucis, des soucis pour quelqu'un d'autre. Nous avons appris à les aimer. Et cette performance amoureuse nouvelle, en fait, elle est tout d'un coup appelée à... tourner vers dehors. Nous pouvons continuer à aimer peut-être plus nos enfants, mais peut-être que nous pouvons continuer à aimer aussi à ce moment-là des étrangers, et que cette expérience que nous avons faite avec nos enfants, celle de souffrir leur souffrance, peut tout d'un coup s'étendre à des gens qui ne nous connaissons pas. Peut-être que tout d'un coup, nous allons être concernés par des gens qui sont dans la pauvreté. Peut-être que nous allons être concernés par des gens qui n'ont pas de maison. Peut-être que nous allons être concernés par des douleurs psychiques. psychologiques, des douleurs psychologiques, qui vont soudainement nous toucher. Comme si tout d'un coup, nous avions besoin de remplacer nos enfants par des gens de l'extérieur de notre famille, pour continuer à exercer cette vie d'amour. Je pense que le fait que nos enfants grandissent, c'est fait pour qu'on aime encore plus. Pour ce coup-ci, non plus des enfants qui partagent le même sang avec nous, mais peut-être des étrangers, parce qu'ils partagent des choses similaires aux nôtres. Comme si... Notre horizon s'élargissait, alors que notre part du temps, lorsque les enfants s'en vont, ce que nous rencontrons, c'est battu. C'est dommage parce que ça fait que nous limitons notre nouvelle capacité d'amour.
- Speaker #0
Peut-être que la tristesse peut être une phase. Qu'est-ce que vous en pensez, Sanjy ? Peut-être que cette tristesse-là, nous sommes obligés d'y faire face avant de trouver une autre solution.
- Speaker #1
Elle est absolument nécessaire, elle est même parfois pour certains une opportunité de réveil intérieur où tout d'un coup on se dit non mais mes enfants ont grandi, ils ont pris leur autonomie, c'est d'ailleurs la preuve que je ne les ai pas trop mal éduqués. Peut-être que cette tristesse elle m'indique un manque et que c'est ça qu'il faut interroger, c'est le manque et que quand on aura trouvé la solution cette tristesse disparaîtra tout à fait naturellement. En fait, avec la crise de la cinquantaine, nous sommes dans un... C'est un nombre de virages nouveaux qui va nous falloir aborder avec sérénité.
- Speaker #0
Eh bien, merci Sanjy pour ces deux premières séries de réponses. Nous allons continuer d'explorer les peurs et les pertes de la crise de la cinquantaine, tout de suite après une première pause musicale. Drôle de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Aujourd'hui, nous explorons le thème de la crise de la cinquantaine en compagnie de Sanji Rambo-Atiana, auteur, formateur et consultant. Alors Sanjy, il y a un troisième problème qui se passe souvent dans cette période de la crise de la cinquantaine, c'est une forte démotivation au travail. Et bien souvent, c'est le moment où, que ce soit chez l'homme ou chez la femme, on peut trouver des burn-out. Est-ce que vous confirmez cela ? Est-ce que c'est dû ?
- Speaker #1
Oui, vous avez raison. Donc ça encore, c'est un nouveau pilier de notre personnalité qui est attaqué. On l'a vu tout à l'heure, nous avons été beaux et nous avons séduit, ça nous a donné une importance. Nous avons été parents et ça nous a donné une utilité dans la vie. Et la plupart des enfants nous régénèrent dans un autre besoin d'utilité. Et vous avez raison d'évoquer le travail. Le travail, à 50 ans, on est devenu un bon expert de son métier. Normalement, on a les compétences de base et on a su les faire évoluer. On est dorénavant un bon dans son métier. Et les nouveaux challenges qui nous sont proposés au travail ne nous motivent plus. Nous avons l'impression que nous n'apprenons plus grand-chose. C'est logique d'ailleurs. Dorénavant, nous allons assez peu nous développer. Ce qui va nous redonner du sens, c'est de retransmettre. Transmettre dans le cadre de nos travails, accompagner des plus jeunes à avancer dans leur propre carrière, à les former, à les accompagner pour qu'ils se développent. Tout d'un coup, en fait, c'est comme si nous étions moins tournés vers nous-mêmes et plus tournés vers les autres, même dans le champ professionnel. C'est ça, je pense, que les pires de l'actif de la 50e. D'un coup, nous sommes moins obsédés par nos propres réussites, nous avons l'idée d'aider les autres à réussir à leur tour. Et ça, ça nous donne le sentiment d'être utile. Nous évoquions tout à l'heure la question des enfants, peut-être que les enfants que nous avons perdus dans notre famille, parce qu'ils sont partis, parce qu'ils ont pris leur autonomie, d'un coup, nous allons retrouver ce même sentiment maternel ou paternel au travail, en essayant de transférer à des plus jeunes tout ce que nous avons appris au cours de notre carrière.
- Speaker #0
Alors après cet axe du travail, j'aimerais revenir sur un axe aussi qui touche encore le corps, et qui touche plus particulièrement, sans doute chez la femme certainement, et peut-être chez l'homme, la peur de perdre le désir sexuel et le plaisir. Quel est l'enjeu de cette peur à ce moment-là ?
- Speaker #1
Nous n'avons plus à 50 ans les mêmes désirs que nous avions à 40 ou à 30. Tout d'un coup, nous l'avons aperçu tout à l'heure, le désir de réussir professionnellement est moins fort, le rôle de parent s'affaiblit, la beauté extérieure est attaquée par les premières mains de la vieillesse, et il s'agit exactement de la même chose dans le désir sexuel. Nous n'avons plus à 50 ans le même type de sexe que nous avions à 40 ans, ou à 30 ans. À 30 ans, ou à 40 ans, nous avions besoin d'une activité sexuelle répétée, en tout cas. À partir de 50 ans, on a envie de moments qui contiennent plus de tendresse, qui contiennent aussi plus d'exploration de nos propres plaisirs et du plaisir de l'autre. Tout d'un coup, dans la sexualité de l'homme ou de la femme de 50 ans, Le plaisir de l'autre va occuper une place de plus en plus importante. Nous allons avoir, au cours de l'acte sexuel, plus d'attention au plaisir et au désir de l'autre. Ce qui était beaucoup moins fort dans les tranches d'âge précédents, où on cherchait tout ce qu'on pouvait. C'est étonnant d'apercevoir que dans la crise de la cinquantaine, là encore dans ce champ, l'autre occupe encore plus de place. Et nous avons besoin de prendre encore plus de plaisir. à nous occuper de l'autre. D'un coup, les rapports sexuels vont peut-être être moins séquents, mais beaucoup plus longs, beaucoup plus riches, beaucoup plus tendres, beaucoup plus tournés vers l'autre. Je pense que la sexualité d'un homme ou d'une femme de 50 ans est d'un certain point de vue plus riche, mais en tout cas d'une richesse différente de celle qu'il y avait auparavant. Elle est moins quantitative et beaucoup plus qualitative. Et je pense que c'est... Ce qui marque la mutation de l'âge de 50 ans, nous avons besoin de moins d'heures et de plus d'heures.
- Speaker #0
Donc c'est un beau programme en fait que vous nous proposez. On pourrait évoquer aussi d'autres peurs comme par exemple la peur que ce soit au travail ou dans son couple d'être mis de côté, de perdre tout intérêt. Ça rejoint un peu ce que l'on vient de dire. Qu'en pensez-vous ?
- Speaker #1
Moi ce que j'en pense c'est qu'à l'âge de 50 ans, à l'âge de 40 ans, on est appelé à renouveler des règles. On a envie d'une nouvelle perspective de vie. J'évoquais tout à l'heure, on a besoin de nouveau. Toute l'âge de la cinquantaine en fait va nous mettre devant le fait que, et vous l'avez très bien évoqué, il y a toute une série de pertes. Des pertes, ce sont celles que nous avons évoquées tout au long de cette émission, des pertes civiques, des pertes de motivation au travail, des pertes de nos enfants. C'est un désir sexuel qui évolue. Toutes ces pertes, en fait, ce sont des pertes qui appellent de nouveaux gains, je dirais. Notamment, et nous l'avons évoqué tout au long de cette émission, un intérêt renouvelé pour l'autre. Cet intérêt renouvelé, il a lieu au sein du couple, il a lieu au sein de la famille, c'est certain, mais il a aussi lieu à l'extérieur. Tout d'un coup, nous avons besoin d'une nouvelle utilité. Une utilité tournée vers les autres qui sont bien au-delà de notre famille. A ce moment-là, vers l'âge de 50 ans, nous sommes gagnés par l'envie d'être servis, d'aider, de nous tourner vers l'autre pour l'aider. Alors vont apparaître au sein de nos vies toute une série de nouvelles types d'activités possibles. La première, je dirais, c'est celle du service familial. Nos parents se déguisent et nous savons que nous avons un nouveau rôle à jouer avec eux et que dorénavant nous ne sommes plus. pas que des enfants, nous allons devoir les aider dans leur vie de tous les jours, dans des services, j'allais dire matériels, où nous avons besoin de... Nous allons avoir besoin, ou en tout cas ils vont avoir besoin que nous les aidions, pour passer à Mel, pour nous occuper d'une démarche administrative, d'une démarche médecin, bref, nous allons avoir une présence renforcée auprès de nos parents parce que leur force physique diminue et qu'ils ont besoin de nous, et que nous, enfants, nous devons leur rendre tout l'amour, toute l'attention qu'ils nous ont porté quand nous étions plus jeunes. D'un coup, nous allons devoir nous placer de façon tout à fait différente au sein de notre famille. Puis la deuxième chose qui est extrêmement importante, c'est que nous allons aussi d'un coup être touchés par les pauvretés dans le monde. Les pauvretés dans le monde telles que des gens qui ont moins de biens matériels que nous, des gens qui sont plus seuls que nous, des gens qui ont moins accès à la santé que nous. Nous allons nous sentir interpellés par ce genre de population. Sans doute que là aussi nous allons avoir un service à rendre. Nous allons devoir les aider. Peut-être que nous n'avons pas beaucoup, mais le peu que nous avons, peut-être que nous pouvons partager avec des gens qui en ont encore moins connu. Et ça, ça va être la mise en place d'une deuxième série d'activités, qui sont les activités que j'appellerais de services humanitaires. Et puis la troisième chose qui va se produire, c'est que nous avons appris des choses dans la vie. Nous avons appris des choses dans la vie et nous avons besoin de prendre du recul. Nous avons besoin de mieux comprendre comment fonctionne le monde. comment fonctionnent les autres, comment nous fonctionnons nous-mêmes. Nous allons donc devoir avoir besoin d'un travail d'introspection, un travail de recherche intérieure, un travail spirituel, je dirais. Non pas au sens religieux, mais au sens de, j'ai envie de comprendre comment fonctionne mon esprit. Là, nous allons donc rentrer dans une recherche, peut-être dans une école spirituelle, peut-être allons-nous avoir besoin d'être accompagnés par quelqu'un qui a déjà traversé ce passage, pour mieux nous connaître. à mieux nous sentir nous-mêmes, à découvrir comment nous sommes faits dedans, voire rendre encore mieux sérieux. Parce que si nous ne savons pas qui nous sommes, nous allons nous apercevoir que nombre de services que nous rendons dehors en fait sont des compensations d'ordre affectif. Si nous apprenons à savoir comment nous sommes faits, si nous apprenons à nous donner l'amour dont nous avons besoin, alors libre de ces manques affectifs, nous allons pouvoir nous tourner en vérité vers les autres pour en vérité les aider et pas chercher à nous aider nous-mêmes. Je pense que c'est ça, en fait, la solution de la crise de la cinquantaine. C'est de se mettre en route dans un travail d'introspection pour découvrir tout pourquoi nous sommes faits et qui sont les personnes que nous dépouvons et que nous devons aider sur Terre.
- Speaker #0
Alors, merci Sanjy. Nous allons faire une deuxième pause musicale pour nous retrouver en fin de partie et aborder peut-être un peu plus en détail la manière dont nous allons procéder pour pouvoir enfin servir. Myriam avec vous pour Drôles de planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Je suis en compagnie de Sanjy Ramboatiana, auteur, formateur et consultant et nous abordons aujourd'hui le thème de la crise de la cinquantaine. Quelles en sont les peurs, quelles en sont les pertes, mais surtout quelles en sont les possibilités d'en sortir grandis ? Alors vous nous évoquiez tout à l'heure Sanjy, les portes ouvertes sur cette crise de la cinquantaine, à quoi elle nous appelait. Et si on peut le résumer, on peut dire qu'elle nous appelle à nous tourner vers les autres et à servir les autres dans trois dimensions. Donc vous avez évoqué un service familial auprès de nos parents, de nos proches, un service humanitaire et un troisième service qui consisterait à se tourner vers les personnes qui traverse finalement les mêmes peurs que nous, les mêmes... blessures que nous et à les aider, à les accompagner. Donc j'imagine que cela ne se fait pas comme ça d'un coup. Comment on s'y prend ?
- Speaker #1
Oui, oui, c'est tout à fait ça Myriam. J'aimerais revenir un peu sur ce que j'ai dit d'abord dans un premier temps. J'aimerais vous faire sentir quelque chose à nos auditeurs. Nous sommes tous avec au fond de notre cœur, avec des beautés intérieures. certains sont des êtres qui sont communicatifs par leur joie, d'autres sont des êtres qui sont communicatifs par leur tendresse, d'autres enfin sont des êtres qui sont communicatifs par leur perception du monde, leur sagesse, je dirais. Chacun d'entre nous, au fond de nous, a une beauté intérieure qui l'attend d'exprimer. La crise de la cinquantaine, celle où se perd la beauté extérieure, va nous demander de nous mettre en quête de cette beauté intérieure. Parce que c'est tout d'un coup par cette beauté intérieure que nous allons devenir séduisants. attractif. Cette beauté intérieure, en fait, si on veut la contacter, il va falloir faire un travail intérieur. Ce travail intérieur, il consiste à découvrir. Qui nous sommes dans nos petitesse, qui nous sommes dans nos faiblesses, et pouvoir les aimer. Nous avons au fond de nous-mêmes douleurs de cœur profondes. Tous, les uns et les autres, nous avons été blessés. Alors nous allons devoir, à partir de l'âge de la cinquantaine, apprendre à mettre du baume sur notre cœur, aux endroits où nous avons été blessés. Et nous allons découvrir que, en fait, c'est assez simple comme opération. Il faut apprendre à se dire tout le bien. On aurait tellement voulu que les autres nous disent. Lorsque je dis simple, c'est simple, dans les mots, l'expérience n'est pas toujours autant. Toujours est-il que, après que nous avons appris à mettre du baume sur nos cœurs, à bien parler de nous, nous allons prendre contact avec des goûts de nous-mêmes qui sont des goûts inhabituels, c'est ça la beauté intérieure. Tout d'un coup, nous allons être pris par un besoin de vérité, nous allons être pris par un besoin d'être plus vivant, d'être plus joyeux, nous allons être pris par un besoin de donner de l'espoir à d'autres. Ça, c'est notre beauté. Et cette beauté, elle provient de notre laideur aimé, notre laideur embrassé. Il y a donc nécessité, par un travail intérieur, d'aller rencontrer ces laideurs et d'apprendre à les embrasser, pour découvrir que nous sommes bien plus que ce que nous croyons. Nous sommes des beautés aussi, nous tous. Nous sommes bien plus que ce que nous pensons. Ce travail-là, vous pouvez le faire, et c'est souvent le cas, dans un travail d'ordre intérieur. On peut le faire dans une école spirituelle, on peut le faire accompagné par un coach ou par un psy, mais il nous faut en tout cas rentrer dans un travail, je dirais, en profondeur, pour se rencontrer en profondeur. Une fois que nous allons rencontrer notre beauté et que nous allons être convaincus qu'elle est là, qu'elle existe, parce que c'est difficile de lui croire, c'est pas toujours simple, nous allons avoir envie de la partager. Et là, nous allons trouver des arènes. des endroits, des lieux de partage. Et c'est le partage, c'est les trois que vous avez évoqués. Nous allons avoir besoin de partager avec notre famille, notre beauté intérieure. Nous allons avoir besoin de le partager avec d'autres qui pauvrent que nous, cette beauté intérieure. Nous allons enfin avoir besoin de le partager avec d'autres qui ont les mêmes souffrances que nous, et parce que nous avons fait le voyage depuis notre souffrance jusqu'à notre beauté, pouvoir leur montrer à leur tour comment ils peuvent le faire. Je pense que la solution de la crise de la cinquantaine... Si elle est dans le service, il va falloir apprendre à être serviteur. Il va falloir apprendre à aider pour de vrai. Et ça, c'est un apprentissage qui va prendre un peu de temps pour apprendre à se départir de ses propres intérêts et à percevoir les intérêts de l'autre et de faire passer avant les autres.
- Speaker #0
Alors Sanji, vous évoquez souvent le mot « service » et parfois ce mot peut prêter à confusion. Certains pourraient dire, mais mon travail est déjà un service. Alors, quelles nuances on pourrait apporter ?
- Speaker #1
Le travail appartient à notre registre d'activité. Le travail, il nous rapporte. Il nous rapporte matériellement, il nous rapporte en notoriété, il nous rapporte en importance. Le service, c'est tout l'inverse, en fait. Si le travail va nous permettre de nous mettre nous-mêmes en avant, le service, lui, va faire apparaître l'autre. Il va mettre l'autre en avant. C'est parce que l'autre compte plus que nous que nous servons. C'est parce que nous nous mettons à son service que c'est effectivement un service. Dans le monde du travail, on réussit, on réussit pour soi, on réussit seul. Dans le monde du service, on réussit avec l'autre. On réussit parfois même derrière l'autre. C'est ça qui fait la grande différence entre le travail et le service. On pourrait dire la même chose d'ailleurs avec nos familles. Nous allons voir nos parents et que nous nous occupons d'eux. En attendant qu'ils nous remercient, alors ça n'est pas du service. Si nous allons nous occuper de nos parents, parce que ça nous paraît juste, et que leur bonheur prévaut presque sur le nôtre, alors c'est un service. Le service, il a comme particularité de ne pas nous rapporter à nous en direct. Il nous rapporte intérieurement parce qu'il nous convainc de notre propre beauté. Il nous convainc par un certain bien-être, en fait. Mais il ne nous rapporte rien extérieurement. Ça, c'est le cadre du travail. de la réussite sociale, mais ce n'est pas le cas du service. Le service va avec un effacement de soi-même. Il faut donc avoir été nourri soi-même pour pouvoir accepter que c'est facile. Pour ça, c'est important ce travail intérieur, on va essayer de se rencontrer soi, pour essayer d'apprendre à se donner tout l'amour qu'on a manqué en fait. Parce que sinon en fait, dans toutes nos activités, nous attendons une reconnaissance qui de toute façon... nous n'y arrivera jamais et qui si elle arrive d'ailleurs ne nous rira pas parce que c'est la reconnaissance de l'idome que nous cherchons, c'est la reconnaissance à nos propres yeux. Une fois qu'on l'a acquise, celle-là, alors, hors de cet amour pour nous, nous avons envie que les autres apprennent à s'aimer mieux eux-mêmes et nous avons envie de partager l'amour qu'il y a au fond de notre cœur. Le travail ne permet pas cette opération. Le travail permet d'avoir une certaine notoriété, une certaine reconnaissance, une certaine importance à nos propres yeux et aux yeux des autres. Dans le monde du service, c'est l'inverse. Nous cherchons à nous effacer. pour que l'autre devienne plus important que nous.
- Speaker #0
Et oui, et on comprend mieux alors pourquoi à la crise lors de la cinquantaine, le travail est beaucoup moins attractif. C'est parce que peut-être notre être aspire à autre chose désormais.
- Speaker #1
Notre être aspire à autre chose dans le champ du travail. Notre être aspire à autre chose dans la vie amoureuse. Notre être aspire à autre chose dans la vie physique. Il a envie que l'autre passe devant lui-même. Auparavant en fait, on veut surtout réussir pour soi. Dorénavant, on veut réussir avec les autres, on veut réussir pour les autres. On est en fait à la recherche d'une utilité dans le monde. Avant cette utilité c'était de servir soi-même, dorénavant ça sera servir les autres. C'est ça qui nous rend beau et c'est ça qui va faire que les marques de la vieillesse vont nous apparaître très secondaires. Certes nous allons prendre des cheveux blancs, vous l'avez très bien évoqué, certes nous allons perdre en puissance physique, en résistance, etc. Mais nous allons être portés par une autre énergie. bien plus profondes, l'énergie de servir, l'énergie d'être utile, l'énergie de permettre à d'autres de s'épanouir.
- Speaker #0
Eh bien, merci Sanjy pour cette belle perspective. Et j'aimerais préciser que vous avez parlé de travail intérieur et d'apprentissage pour se tourner vers l'autre. Alors, je vais rappeler que cet apprentissage, il se passe aussi dans les salles de pratique, dont vous êtes un des deux cofondateurs, les salles de pratique d'Arta Centraide, et qu'il y en a un petit peu partout en France. qui nous permettent de nous expérimenter à cet art des mots de réconfort dont vous avez parlé tout à l'heure, à nous tourner vers les autres aussi, à nous tourner vers nous-mêmes d'abord, puis à nous tourner vers les autres et à faire la paix.
- Speaker #1
Ce que vous évoquez là, ça a été ma solution à ma crise de la cinquantaine, c'est-à-dire j'ai voulu partager avec d'autres les découvertes que j'avais faites pour moi-même, c'est-à-dire apprendre à faire la paix avec soi pour que l'autre puisse apparaître. et qu'on ait envie de faire la paix avec vous.
- Speaker #0
Eh bien, merci d'avoir partagé avec nous cette très belle solution. Et voilà, nous vous donnons rendez-vous sur le site d'Arta Centraide. Vous verrez, il y a des salles un petit peu partout en France, en Belgique et en Suisse.
- Speaker #1
Et à Agen.
- Speaker #0
Et à Agen, bien sûr.
- Speaker #1
Merci Myriam de m'avoir donné la parole.
- Speaker #0
Eh bien, merci. C'était Sanjy Ramboatiana pour Drôles de Planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité. Nous avons parlé aujourd'hui de la crise de la cinquantaine et nous avons essayé d'apercevoir quel était l'enjeu de cette crise et quelles étaient les solutions et les issues possibles. Belle semaine à tous !