- Speaker #0
Bienvenue dans Haute Vie, le podcast qui vous emmène à la découverte de l'univers des spiritueux, des vins et du monde de la boisson en général. Je m'appelle Constance et je suis la cofondatrice de Speakeasy, un média qui vous emmène explorer les actualités de ces univers passionnants. Dans Haute Vie, on part à la rencontre de celles et ceux qui imaginent ce que nous buvons. On parlera histoire, savoir-faire, terroir, création ou encore passion pour en apprendre plus sur ce qui se trouve au fond de notre verre. Mais juste avant de vous laisser avec l'épisode du jour, pensez à vous abonner et à laisser une note plus un avis sur Apple Podcast. C'est la plus belle des récompenses pour toutes les heures de travail effectuées chaque semaine. Bonne écoute ! Bonjour, aujourd'hui je suis avec Aurélien Carlas qui a repris les rênes de l'entreprise Kina Karo en 2019.
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Donc on est à l'Imperator, au Grand Hôtel de Nîmes, qui a référencé aussi les produits Kinakaro.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Donc Kinakaro, c'est une entreprise d'Occitanie, productrice d'apéritifs au Kinkina et de Vermouth, créée en 1928. C'est ça. Donc merci Aurélien d'être avec nous aujourd'hui.
- Speaker #1
Avec plaisir d'être là aussi avec toi et de pouvoir partager mon main aussi de culture, on va dire.
- Speaker #0
Merci de nous raconter ton projet et tes ambitions dans un lieu en plus quand même super sympa.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
On en profite.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Donc déjà, quand on parle de Kinakaro, on parle d'une entreprise presque centenaire. Est-ce que tu peux nous parler de son histoire et de sa fondation ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. En effet, Kinakaro est une vieille histoire puisqu'elle démarre en 1928 dans le département de Lod et notamment sur le village de Fabrezin. Ok. Et c'est André Caro, le fondateur de cette marque, qui avait imaginé une recette au départ de quinquina. Donc il faut savoir que le quinquina est quand même arrivé... Sur les tables fin du 19e siècle, enfin plutôt fin 1800, début 1900, et il y avait des marques très connues comme Bire, Saint-Raphaël et d'autres rêves que l'on a tous un peu derrière le bar, qui avaient déjà sorti des recettes au quinquennat en bouteille. Et André Carreau avait eu l'idée de créer une recette en sachet. Je reviendrai sur le quinquina pour vous expliquer un petit peu, mais pour parler quand même de ce sachet qui était quand même emblématique des Corbières, notamment de la zone dans l'eau des Corbières. C'était un sachet de huit plantes aromatiques qui contenait de l'écorce de quinquina et c'était à faire soi-même à la maison. Donc en fait, on achetait ce sachet qui faisait 80 grammes et on le laissait macérer dans un alcool puisque tout le monde était un peu bouilleur de cru parce qu'ils étaient tous à cette époque-là viticulteurs. et tout le monde avait droit à de l'alcool et de la distillerie coopérative. On utilisait cet alcool vinique pour faire des macérations avec ce sachet, et on rajoutait 5 litres de vin, notamment de vin rouge, parce qu'en 1928 c'était quand même plus souvent du vin rouge, parce que le vin rosé et le vin blanc n'existaient quasiment pas. On travaillait sur une macération vinique pendant quelques jours, et on rajoutait un peu de sucre après filtration. Donc, c'est comme ça que la marque Kinakaro a démarré et qu'André Caro a démarré son premier business, puisqu'il s'est inspiré de ce qui existait, comme je te disais tout à l'heure, sur les quinquinas. Et le quinquina, pour y revenir, c'est un arbre qui pousse principalement en Équateur et en Afrique. Donc on est sur un arbre qui a en fait une écorce qui est assez longue avec un tronc quand même assez grand puisque ça peut mesurer quand même 3 à 4 mètres et on l'utilisait beaucoup sur notamment pour les tribus sud-américaines contre le palud, la malaria et surtout comme produit tonifiant. C'est pour ça que les vieux slogans de l'époque c'était boire un quinquennat, boire en fort et beau, c'était l'apéritif des familles, même les enfants avaient droit à leur verre de quinquennat quasiment au quotidien ou surtout avant l'hiver pour soigner. prévoir la grippe. C'est comme ça que Kinakaro a démarré et qu'André Caro a développé son affaire parce que la famille Caro était propriétaire de 1928 jusqu'en 2008. Pour continuer sur l'histoire Kinakaro, c'est quand même Pierrot, le fils d'André, et Yvonne qui ont racheté ou qui ont prolongé le savoir-faire d'André Caro. jusqu'en 2008 sauf qu'en 2008 ils avaient quand même pardon ils avaient quand même 70 ans à peu près, et bien évidemment pas de repreneur, parce que les enfants ne voulaient pas reprendre, et donc ils ont été obligés de vendre au lieu de laisser tomber l'affaire, quand même ils voulaient trouver un repreneur, et ça a été chose faite, sauf que la personne qui l'a racheté n'a fait aucun développement, et on sait très bien qu'une tradition qui se perpétue sans évoluer. Au bout de moment, ça arrête, disparaît, reste un peu en stand-by pendant des années. Et c'est ce qui s'est passé puisque de 2008 à 2018, elle a eu une petite progression parce qu'il y a eu le renouveau. Mais il n'y a pas eu de vision à long terme et en 2018, la marque était complètement à l'arrêt. Tu as une question déjà là-dessus ?
- Speaker #0
Non, je me demandais comment tu avais du coup jeté ton dévolu sur...
- Speaker #1
Ouais, sur le rachat de la marque, bien sûr. Donc chronologiquement, en 2018, la marque s'arrête. Elle n'a plus de distribution, elle n'a plus de production de sachets. Pardon. Et pendant deux ans, j'essaye de proposer le rachat de la marque à ce propriétaire qui refuse, qui est assez réticent au départ, puisque j'ai cette sensation que... Il ressent que j'ai une idée derrière la tête, mais qu'il ne peut pas lui le mettre en place et que je suis plutôt jeune et dynamique à ce moment-là. Et cette personne-là est plutôt proche de la retraite aussi. Donc, il a un peu de temps et de réticence avant de lâcher le morceau, donc en 2020, fin 2019 plus précisément. Je rachète Kinakaro fin 2019, donc je relance la production de sachets, puisqu'il faut savoir que dans les années 60-70, les sachets étaient produits à hauteur de 60 000 exemplaires par an. Tout était fait artisanalement, à la main, etc. Tout était rempli à la main, plante par plante, parce qu'il faut savoir que la recette et l'ADN de Kinakaro, c'est quand même de travailler au gramme près. pour chaque plante. Donc, je relance cette production de sachets où on repasse très rapidement de 1 000 sachets par an en production en 2017, je crois, pour l'ancien propriétaire, à 15 000 sachets sur l'année. Donc, c'est quand même une belle progression. Et pour nous, c'est une façon de fidéliser la clientèle qui avait perdu un peu cet automatisme de faire son apéritif et surtout de prolonger l'histoire qui dure depuis 90 ans. Et de là... Je me projette sur la production du produit fini, donc le fameux Kenkina en bouteille de la marque Kinakaro, qui n'avait jamais existé. Et donc, je me lance sur mars 2020, donc quelques mois après, à produire la première bouteille de la marque. J'ai eu la bonne idée de faire dans un timing parfait une semaine avant le Covid. Arrivé, je crois que c'était pas très loin d'ailleurs de mon anniversaire, le 10 mars, quelque chose comme ça, je crois. Et je crois que le Covid arrive le 14 ou 15 mars. Oui,
- Speaker #0
le 12 mars, comme ça.
- Speaker #1
Quelque chose comme ça, voilà. C'est une histoire de quelques jours. Et là, je finis la mise en bouteille. Je suis assez fier. Je commence à partir avec mes bouteilles, à essayer de faire déguster les premiers cavistes du secteur sur les deux ou trois premiers jours. Et là arrive la nouvelle du Covid et donc là c'est un coup de massue au départ parce que tu te dis mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour qu'il m'arrive ça ? Pourtant tu te dis mais j'ai de l'ambition, je suis hyper motivé, j'ai envie de faire les choses bien et il t'arrive ça, je pense que je n'étais pas le seul dans ce cas-là malheureusement ou bien heureusement. Et là se passe on va dire six mois, un an de... de difficulté à se poser la question de comment démarrer une commercialisation sans avoir de commerce ou de restaurant d'ouvert. Les cavistes, après, ont réouvert, mais très réticents, malgré la progression qu'ils ont connue pendant le Covid, mais sur des produits comme les miens. C'était très compliqué de se positionner, de convaincre les clients et surtout de ne pas avoir de prestations qui puissent me permettre de faire déguster mes produits en restauration ou en hôtellerie, dans des bars. Et donc, pas de site internet, rien du tout. Donc bon, il se passe, on va dire, une bonne année à se poser des questions, à essayer de continuer à travailler, à avancer quand même malgré tout et à garder la tête hors de l'eau. Et donc, alors là, c'était 2021, donc avril ou mai 2021. Quelques temps avant quand même, j'ai un ami qui est maître vinaigrier à La Grasse, dans le petit village de La Grasse, qui lit un article sur moi dans le journal, parce que j'avais lu un article, et qui m'appelle et qui me dit écoute on peut faire un vinaigre en sable et en plus de ça, ça vaudrait le coup que tu viennes jeter un oeil à La Grasse parce qu'on a quand même du monde qui passe, etc. sur ce village et on est un village quand même où il y a de plus en plus de producteurs qui s'installent on discute, on fait en collaboration un vinaigre que je te ferai déguster à l'occasion parce que ça je ne te l'ai pas envoyé mais on a quand même un vinaigre qui n'a qu'à eau et il me propose de m'aider à trouver un local et on commence à créer Première petite boutique en 2021, donc ça c'est au mois d'avril-mai, et j'ouvre la première boutique Kina Karo à la grâce dans un village touristique de 400 habitants, où il passe quand même du monde, mais c'est quand même un public averti, c'est un public épicurien qui vient, et donc je commence à développer de la vente en direct, ce qui m'a... Ça m'a permis quand même de tenir le coup au démarrage avec ce côté touristique, très nature. Donc je commence à faire des dégustations. J'essaye de développer derrière aussi un peu le côté CHR, donc tout ce qui est café, hôtel, restaurant, CHD et autres. Et la partie caviste, j'entame pas mal de choses. Quelques temps après, pour ne pas dire un an, on sort le quinquennat rouge. Là, je me lance sur l'évolution de la gamme. Ce qui n'est pas évident parce que je pense que pour les auditeurs qui écoutent souvent des podcasts sur des spiritueux, ils ont bien compris que sortir une recette prend énormément de temps. En fait, c'est rare quand on sort une recette en un mois, mis à part sur des produits peut-être un peu plus industrialisés ou peut-être plus simples. Mais malgré tout... Il y a beaucoup de réflexions à avoir. Il faut travailler les pH, il faut travailler les acidités, il faut travailler les profits, il faut travailler surtout l'approvisionnement et les achats. Parce que d'avoir une recette, c'est bien, mais après, il faut savoir la reproduire à grande échelle s'il faut. Et ça, ça prend du temps. Donc bon, je sors un premier quinquennat rouge et en plus de 100, 2022, on change de boutique. et on met plus d'ambition sur une nouvelle boutique plus grande avec un espace quand même adéquat pour accueillir du monde, pour faire des dégustations et expliquer un peu mieux la production. Et donc petit à petit, on commence à faire grandir tout ça.
- Speaker #0
Toujours à la grâce la nouvelle boutique ?
- Speaker #1
Toujours à la grâce, 150 mètres au-dessus, mieux placé sur un bâtiment beaucoup plus grand avec un étage. où maintenant on a fait les bureaux de Kinakaro là-bas, donc on peut accueillir aussi la clientèle et pas mal de personnes. Et donc nous voilà partis avec nos deux bouteilles. Je passe la petite étape de distribution nationale avec un partenaire qui n'a pas du tout fonctionné. En fait, ça fait partie aussi des... je pense de la formation on va dire et de l'apprentissage parce que on fait face quand on est débutant et surtout avec des produits comme les miens qui ne sont pas demandés fortement à des gens qui Par opportunité, essaye de nous faire en miroir des choses. Et quand on est débutant et qu'on n'arrive pas de chez Pernod Ricard ou qu'on n'arrive pas de grands groupes alcooliers ou autres, on se retrouve à croire ou à espérer peut-être et à se faire un peu avoir parce que certaines personnes... ne comprennent pas la philosophie ou peut-être qu'on l'a mal expliqué. C'est peut-être ça aussi l'apprentissage, c'est en termes de communication, peut-être être meilleur et se perfectionner.
- Speaker #0
Après, chacun entend ce qu'il veut entendre aussi.
- Speaker #1
Ce n'est pas faux. Après, je pense que ça fait partie du jeu. Donc 2022, nouvelle boutique, la sortie du quinquennat rouge et on commence à travailler encore plus sur des partenaires locaux aussi, sur le Languedoc-Roussillon, un peu sur Toulouse, un peu sur le 34. Donc on essaye d'exister, on y arrive un petit peu. L'export en parallèle aussi parce que c'est quelque chose qui me plaît. Malheureusement, c'est quelque chose qui se structure. Alors on fait. Voilà, quelques opportunités sur les Etats-Unis, sur le Danemark, sur la Suisse, sur l'Allemagne aussi, où on a des importateurs, mais on a besoin encore de se perfectionner là-dessus, clairement, parce que la commercialisation, c'est un gros morceau. Et il faut savoir bien segmenter la partie locale, la partie nationale, la partie export. Alors, il y a plusieurs façons de travailler. Et c'est vrai qu'au début... quand on n'est pas issu de ces milieux-là, comme je te disais tout à l'heure, c'est qu'on apprend, on découvre. Je suis autodidacte. De la production jusqu'à la commercialisation, jusqu'à la gestion, je suis assez autodidacte et je découvre et j'apprends comme beaucoup qui démarrent de zéro. Apprendre de ses erreurs, c'est quand même le meilleur apprentissage, malgré que quand on apprend sur 5A de certaines choses, certains qui sont déjà... connus en fait et qui ont quand même pas mal de métiers le font en un an et nous on s'est multiplié par 3, par 5 donc c'est de la perte de temps mais c'est l'apprentissage et je pense que c'est hyper important donc arrive 2023 et là on sort les Vermouth, donc pourquoi les Vermouth ? Parce que je réfléchis quand même depuis le départ de valoriser une marque locale parce que je suis Né en Arbonne, j'ai grandi dans l'Aude, j'ai quand même un peu bougé à travers d'autres régions, d'autres départements. J'aime bien découvrir des cultures et autres. Et je me rends compte, surtout depuis le Covid, que les gens reviennent à une identité. En fait, on a besoin de se retrouver. Quand on est du Pays Basque, on aime bien se retrouver dans cette identité basque, breton, etc.
- Speaker #0
Il y a un engouement un peu pour les anciens apéritifs français. Est-ce que tu le remarques ?
- Speaker #1
Alors ça, ça fait un petit moment que ça... que ça émerge quand même il y a eu un peu ce côté frenchy avec la french touch le made in France etc c'était à l'époque de Montaubourg je crois en politique mais la marinière c'est ça, too much mais qui fonctionne et donc c'est vrai que ce côté français après il y a eu aussi le côté vintage qui est très bien revenu et en fait je l'ai ressenti mais je surfe pas je suis pas trop fort pour surfer sur des modes existantes ou des modes passé, si je puis dire. J'aime bien créer ma propre partition et trouver toujours des alternatives un peu hybrides. Alors, comme on dit des fois, être entre deux chaises, ce n'est pas super bien, mais par contre, je pense que c'est ce qui permet de rendre un peu la chose unique, et notamment sur des marques comme la nôtre, en effet, il fallait trouver un segment. alors on a l'ADN de Kinakaro historique parce qu'on a relancé la marque de Kenkina au départ donc on garde un pied dans l'histoire on a la touche française parce qu'en effet on essaye de travailler au maximum avec des produits français hormis bien sûr sur les Kenkina où là c'est complexe parce qu'il nous faut bien trouver de la muscade, de la vanille en termes de composition, on a quand même des plantes qui viennent des quatre coins du monde mais justement j'y viens à ce niveau là c'est que on voulait un axe méditerranéen identitaire qui reflète un peu la nature. Et c'est comme ça que j'ai créé les Vermouths, parce que je culpabilisais un peu de vendre des produits qui étaient fabriqués avec des plantes qui arrivent de l'étranger. Mais ceci dit, on ne mangerait pas de chocolat, on ne boirait pas de café, il y a beaucoup de choses comme ça. Moi, je suis partisan aussi d'aller chercher des produits à l'autre bout du monde quand on ne les trouve pas en France, par exemple. Après... faire un slip ou faire un produit ou une chaise qui peuvent être réalisées ou fabriquées en France, je ne vois pas l'intérêt de le faire en Chine ou ailleurs mais sur de la matière première je pense que c'est important de toujours garder cette culture de l'export parce que la richesse que nous propose le monde c'est quand même une ouverture d'esprit, c'est quand même des échanges et ça je pense que c'est important d'où l'intérêt aussi comme je te disais au début de la phrase de revenir sur cette identité méditerranéenne et c'est comme ça que j'ai sorti les vermouths en travaillant sur des profils un peu plus méditerranéens et des plantes qui sont à 80% issues du pourtour méditerranéen donc j'ai fait des recherches j'ai commencé à travailler des profils euh... avec une plus grande buvabilité que les quinquina, parce que les deux quinquina sont quand même dosés en sucre entre 110 et 130 grammes pour nous permettre de travailler du long drink. Et les vermouths, je voulais quelque chose qui puisse se déguster au verre, mais avec beaucoup plus de finesse, et notamment renouveler un peu l'image des vermouths, qui pour moi... Ils sont assez vieillissants et sont quand même sur un axe très patriarcal, très vintage. Alors ce n'est pas péjoratif, mais je trouve que ça manque un peu de couleur, de vivacité, de fraîcheur. On a souvent ces vieilles bouteilles de Vermont qui sont sur les mêmes codes, un code très vintage. Quelque chose de très sombre. Sur le goût, on est souvent sur ce côté très caramélisé. fortement sucré parce qu'on tape vite du 150 grammes, 200 grammes de sucre et sur des goûts qui sont... quand même plus axé pour l'homme que pour la femme. Donc, la question, c'était comment faire des vermouths pour renouer avec un public aussi féminin, parce que ça, c'est quand même, pour moi, important d'avoir des produits mixtes et de permettre aux consommateurs de redécouvrir le vermouth autrement, de redécouvrir l'apéritif autrement, parce qu'aujourd'hui, ce que l'on veut, c'est essayer de boire de moins à moins d'alcool, On n'est pas sur le créneau du zéro alcool, ce n'est pas notre créneau et pour l'instant ça ne nous concerne pas, ce n'est pas notre priorité. mais essayer de travailler de la buvabilité, moins de sucre, plus de tension dans les produits, plus d'acidité, légèrement plus d'amertume, ou moins en fonction de nos catégories de produits. Et petit à petit, un profil s'est présenté, un vermouth blanc, un vermouth rouge, un vermouth dry, et ça a été de trancher vraiment sur des compositions de plantes avec toujours 3, 4, 5 plantes qui sont quand même majoritaires. et affiner avec d'autres plantes puisqu'on a un vermouth blanc qui est composé de 20 plantes aromatiques, on a un vermouth rouge qui est composé de 19 plantes et le dry qui est composé de 17 plantes. Donc ça c'est fait comme ça. Pour certaines plantes, je travaille avec Julien Martre qui est à 10 km de chez nous, de La Grasse qui est à côté de Mont-le-Lorre. Il a l'entreprise Bohemia, il est sur 3 hectares et il fait des huiles essentielles, des hydrolats. Je l'ai rencontré et on a aussi travaillé des profils sur certains hydrolats, sur comprendre aussi les plantes. de notre pourtour méditerranéen et de la garigue notamment le buplèvre parce que le buplèvre par exemple c'est une plante qui pousse en bordure de garigue que l'on voit très souvent quand on se balade mais on n'est pas censé connaître cette plante pas trop en tous les cas et c'est vrai qu'elle est très discrète c'est pas comme le romarin ou le thym qui fleurit là on a une plante qui ne se remarque pas trop et j'ai trouvé un ADN assez fort justement avec ce style de plante donc Donc j'ai travaillé sur des axes assez nature garigues, méditerranéens, pour avoir une diversité et une palette aromatique qui est quand même très intéressante.
- Speaker #0
Tu nous parlais tout à l'heure de ton côté autodidacte.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Qu'est-ce que c'est ton parcours avant d'arriver chez Kinakaro ?
- Speaker #1
Ça, c'est plutôt marrant parce que des fois, ça peut me jouer des tours, mais c'est quand même assez marrant parce que je n'ai jamais été bon à l'école. Je n'ai jamais réussi à passer huit heures sur une chaise, à devoir écouter des cours et ne pas pouvoir m'exprimer ou de ne pas essayer de... pouvoir essayer de... de... Voilà, de...
- Speaker #0
Sortir du cadre un peu.
- Speaker #1
Ouais, je pense que c'est... à la fois un peu une éducation qui fait que dans la vie, il y a des gens qui sont plus portés sur des études ou à se canaliser, il y en a d'autres qui sont plus explosifs. Moi, j'étais plutôt dans la dernière vague. Et donc, j'ai arrêté l'école en seconde, entre guillemets, l'école générale, on va dire. J'ai fait... 7 mois ou 6 mois de cours et je crois que c'était à l'époque des CPE j'ai fait 2 mois de grève je crois j'étais un des premiers à faire grève pour être honnête j'étais pas une lumière comme on dit mais ça n'empêchait pas que j'avais une volonté c'était de pouvoir travailler de faire les choses correctement et d'essayer de se débrouiller parce que j'étais assez autonome très jeune et donc je suis parti en CAP prothèse d'inter donc je me suis lancé là-dedans j'ai réussi le CAP j'ai trouvé un patron, je suis parti en BAC pro, enfin en BTM brevet technique des métiers donc j'ai fini aussi mon apprentissage en alternance, donc voilà 4 ans de passé je valide donc mes deux formations avec voilà un CDI à la clé donc je me lance chez un patron je passe chef de labo Je suis responsable de la partie céramique, donc voilà c'est la partie prothèse fixe, pour ne pas rentrer dans le détail, mais en gros je fais un an de plus, et au bout d'un an en fait ce qui se passe c'est que je travaillais 80 heures semaine. J'avais toujours envie de travailler. Le travail, je trouve que c'est un lien social, c'est une motivation d'exister, de s'améliorer, comme le sport, parce que j'aime beaucoup le sport aussi. Et donc, à côté du laboratoire de prothèses dentaires, il y avait un cordonnier. qui arrivait le matin à 7h, il me voyait déjà au boulot, il repartait à 19h, il me voyait encore au boulot, il me disait, mais tu te rends compte que les heures que tu fais, si tu montes une cordonnerie, tu peux quand même bien gagner ta vie. Parce que j'avais un salaire plutôt correct parce que j'avais quand même 19 ans, 20 ans, et j'avais un bon salaire. Et donc on discute, voilà, et on commence à discuter sur ce métier de cordonnier multiservice qui était... une multitude de services et j'y prends goût donc j'y vais une heure par jour ou entre milliers d'heures, je lui file un coup de main je commence à réparer quelques chaussures je commence à faire des clés, à faire pas mal de choses et au final je me dis pourquoi pas tenter l'aventure parce qu'il me manquait du lien social parce que le métier de prothésiste dentaire, tu vois uniquement des dentistes qui sont tes clients, mais tu les vois une fois toutes les deux semaines ou toutes les semaines, mais ce n'est pas un vrai lien. Et donc, je décide de déposer ma démission. Donc voilà, on trouve un accord. Je me forme trois semaines chez mon collègue cordonnier et je lance ma cordonnerie. Donc je vends ma voiture, ma moto et avec ces petites économies que j'ai, j'achète une... du matériel de cordonnerie à Carmonferrand que je vais chercher en camion. Je trouve un local du côté de Perpignan et je lance ma première aventure professionnelle en tant que chef d'entreprise. Et voilà, le 15 octobre 2012, ouverture de mon magasin. Et en fait, petit à petit, je crée un bon business parce qu'en partant de zéro et en 5 ans, j'ai réussi à créer une entreprise qui a... qui a pu faire vivre une personne aussi employée au sein du magasin et de me permettre de m'épanouir en tant que chef d'entreprise. Sauf qu'au bout d'un moment, tu as besoin d'autre chose. et c'est un peu comme un bail en fait tous les alors c'est pas un 369 mais 5 ans à partir de 5 ans je sentais qu'il me fallait vivre une autre aventure et je vends mon magasin donc je récupère un peu de cash et j'en profite quand même pour partir quelques temps en voyage donc j'avais Un fourgon aménagé et je me fais le tour de la mer Adriatique où je rencontre des gens, je rencontre des cultures, je réfléchis aussi à ce que je pourrais faire. Et c'est vrai que je me dis, j'aime quand même les grands espaces, j'aime le sport extérieur, la montagne aussi, j'aime l'escalade, j'aime tout ça, le trail. Et j'ai un oncle qui était viticulteur. du côté de Perpignan mais dans la vallée de la Gli qui est une magnifique vallée où il y a de très grands vignerons du côté de Moris, Saint-Paul-de-Fenouillé il y a de belles références là-bas et après réflexion je me dis pourquoi pas te lancer dans le métier de vigneron aucune expérience en partant de zéro comme d'habitude, ça c'est la marque de fabrique et je me dis bon allez pourquoi pas, ça peut être sympa faire ton vin, essayer de le vendre voilà et là je me lance dans le BPRA donc en fait c'est le responsable d'exploitation agricole c'est un brevet qui te permet de pouvoir t'installer et te lancer dans l'agriculture en tant que chef d'exploitation et me vaut la partie un an d'études et en parallèle à travailler des vignes à commencer à comprendre comment faire du vin comment amener le raisin jusqu'à la cave parce que c'est un métier qui est passionnant et Dieu sait qu'il est dur et ça c'est une petite pensée aussi pour nos amis viticulteurs et vignerons parce qu'en ce moment ils traversent une crise un peu importante mais je pense que c'est des métiers qui ont besoin d'être en permanence en évolution permanente et donc je me lance dans cette aventure en 2019 avant de racheter Kinakaro donc
- Speaker #0
et je me lance sur 4 hectares. Je commence à travailler la vigne, je valide mon BPREA, je fais mes premiers vendanges, je sors mes premiers millésimes en blanc, en rosé, je fais un petit rouge, donc j'ai une gamme de 3 bouteilles, et là je commence à découvrir aussi la commercialisation de vin. Voilà, je découvre tout, de A à Z, et petit à petit, ça se met en place. en parallèle il se passe l'achat donc le rachat de la marque Inacaro et je travaille sur les deux projets en même temps d'accord voilà encore aujourd'hui ? alors justement j'ai les deux projets qui évoluent 2022 c'est 2022 de tata je ne sais plus 2022 2020 non je crois que c'est 2020 2020 pardon donc 2020 euh J'ai un doute sur l'année. En gros, il y a une crise de midiou énorme. Le midiou qui est le champignon de la vigne qui intervient après de fortes pluies, beaucoup d'humidité, de chaleur entre guillemets. Et c'était la deuxième année où je passe de 4 hectares à 10 hectares parce que j'ai une opportunité de récupérer 6 hectares de vigne sur des endroits magnifiques à l'esquerre, sur des sols de granit, des typicités de sols qui me plaisent beaucoup. Et... Et donc, me voilà parti sur 10 hectares, me parlais avec Kina Caro que j'avais racheté et... une saison humide comme jamais, une crise du milieu qui arrive à fond. Et là, impossible de me battre parce que je faisais sous-traiter en partie les traitements et tout le monde, c'était le branlement de combat. Même les plus grands vignerons du secteur nous disaient qu'ils n'avaient jamais vu ça. Les anciens nous disaient que ça faisait 30 ans ou 40 ans qu'ils n'avaient pas vu ça. Pas de chance, mais il faut croire que c'est le destin qui le décide pour toi. Et je perds, je crois, 70% de la récolte, voire 80%. Et là c'est un gros coup parce que les économies que j'avais faites et la vente de mon commerce m'avaient permis de me lancer et j'avais perdu quand même pas mal d'argent. et je me retrouve avec une exploitation qui perd quand même beaucoup d'argent. Bon, je dirais que ça c'est un peu la norme chez un vigneron, c'est qu'au début tu perds beaucoup d'argent, mais là je trouvais que c'était dur, parce que de passer d'un métier où je gagnais encore bien ma vie, j'avais du temps pour moi, etc., à un métier où tu connais l'isole. L'isolement, la solitude, le travail à l'extérieur seul et vraiment perdre pas mal d'argent. Je n'avais pas analysé ça en fait. Je suis quelqu'un qui est explosif, comme je disais, qui fond sur des parts-têtes baissées et je n'avais pas pris le temps d'analyser cette situation-là. Et donc Kinakaro évoluait en parallèle et il m'a fallu faire un choix, c'est de réduire l'activité agricole, de la continuer vraiment au strict minimum et de ne me concentrer que sur Kinakaro. Voilà, donc c'est ce qui s'est passé et je pense que...
- Speaker #1
Tu as retrouvé le côté contact aussi ?
- Speaker #0
Complètement. et travailler sur des innovations, des produits originaux aussi. Ce qui te rend différent par rapport au vin. Malgré tout, tu peux faire des produits complètement différents des autres avec le vin. C'est un métier fantastique. Mais Pinacaro, j'y... je trouve qu'il y a plus d'engouement et ça reste une marque. Et avant de créer une marque dans le vin, c'est plus complexe. Tandis que dans les spiritueux, quand même, on arrive, je trouve, plus facilement à créer une atmosphère de marque qui va de suite nous différencier. Ça, c'est quand même le facteur hyper important.
- Speaker #1
Et donc aujourd'hui dans la gamme Kinakaro, il y a donc les trois vermouths, les deux quinquinas, rouge et blanc, et un vinaigre apparemment ?
- Speaker #0
Alors un vinaigre que je ne commercialise pas, c'est mon pote Cyril qui le commercialise et moi je l'ai au magasin, parce que c'est un peu funny, c'est un peu sympa.
- Speaker #1
un projet plutôt amusant ça et est-ce que tu commercialises toujours les sachets d'aromates de 1928 ?
- Speaker #0
ça on le fait que sur du local parce qu'il n'y a qu'une demande locale il y a des fois quelques quelques grands-pères ou grands-mères qui m'appellent alors c'est le côté un peu sentimental de la marque et c'est ce qui me fait plutôt rigoler ce que j'aime bien aussi par moment parce qu'en attendant ça à essayer de travailler le plus professionnellement possible, si je puis dire. Et quand on travaille en B2B, c'est vrai qu'on a des échanges très... Très carré, on essaye d'apporter pas mal de choses et on parle beaucoup. prix, on parle beaucoup stratégie, etc. Et des fois, tu as un petit coup de fil d'une grand-mère qui est de 80 ou 90 ans, qui ne gère pas internet et qui te demande de lui envoyer des sachets et qu'elle t'envoie un chèque et tu reçois une petite carte nominative comme ils faisaient à l'époque avec l'adresse et tout, un petit mot derrière et je trouve que c'est quand même assez sentimental et c'est très attachant parce que ça te permet de garder les pieds sur terre aussi et de ne pas partir dans... dans d'autres voilà je trouve dans des rêveries un peu qui te feraient perdre un peu la tête par moment et je trouve que ces petits coups de fil permettent de stabiliser aussi la chose et de te dire n'oublie pas que tu arrives déjà de très loin parce que j'imagine que le patron de grandes marques industrielles n'a pas de coup de fil de gens comme ça et ça te permet aussi de te forcer entre guillemets et de t'obliger à conserver ce lien de l'historique de la marque. Et je trouve que c'est quand même bien pour des gens qui ont toujours fait l'apéritif depuis 60 ans peut-être ou 50 ans et de leur permettre de perpétuer ce... Parce qu'après, il y a toujours le petit-fils ou le fiston qui a repris un peu le... le truc et c'est sentimental en fait c'est juste sentimental il ya voilà c'est vraiment ce côté très humain qui est qui qui pour moi est toujours importante dans le business dans le dans l'aventuré professionnelle ou en fait ce qu'il faut c'est conserver voilà lui même au centre du sujet parce que dès qu'on a plus d'humains on perd quand même beaucoup de notions je trouve voilà et et donc et donc voilà petit à petit ça se met en place et on a aussi la marque pardi qui est un spritz que nous avions lancé à la fin du covite je crois avec la famille Antèche des Blanquettes de Limoux sur le secteur de Limoux et qui est une très ancienne maison historique de Limoux précurseur sur la Blanquette donc ça fait 7 générations maintenant je crois avec Baptiste qui représente la dernière génération pendant le Covid on s'est rencontré et en fait avant Covid, post-Covid on s'est rencontré sur une soirée et un bar faisait un spritz avec mon quinquina blanc et leurs blanquettes. Et donc, c'est comme ça qu'est venue l'idée, pendant le Covid, comme on s'est abêté un peu, de travailler sur une recette ensemble pour en faire une marque et vendre un package complet pour faire un spritz.
- Speaker #1
D'accord. Voilà.
- Speaker #0
Super. Donc,
- Speaker #1
Et alors, apparemment, tu fonctionnes plutôt par perte de 5 ans par 5 ans. Oui. Dans 5-10 ans, tu te vois où avec Kinakaro ?
- Speaker #0
Alors là, l'occurrence, sur des projets comme ça, il faut avoir des projections à 10 ans. Au moins 10 ans, voire 15 ans, parce que là, ça va faire... Alors, si on compte 2020 ou 2021 plutôt, ça fait 3 ans, 4 ans que je suis sur Kinakaro. Je pense que je me laisse encore 10 ans. pour faire progresser la marque, développer des nouveautés, imaginer d'autres projections aussi sur la marque, parce que je pense que c'est quand même assez limité sur des marques comme ça. On n'a pas de barrière, on n'a pas de limite. On n'a pas de limite déjà de vente, ça c'est quand même extraordinaire de pouvoir te dire que tu peux vendre à New York, à Tokyo, n'importe où dans le monde. Et je pense qu'il y a beaucoup à faire d'abord. On va essayer de s'éclater là-dedans, parce que c'est quand même le cas, et c'est quand même... assez sympa de pouvoir te dire qu'un jour si tu voyages je l'espère je touche du bois mais de pouvoir partir à un endroit et de te dire que tu peux commander un Kina Karo à l'autre bout de la planète mais voilà pour l'instant c'est focus sur le développement de la marque en effet sur
- Speaker #1
les prochaines années ok super et bien merci beaucoup avec plaisir Aurélien pour cette échange c'était hyper intéressant et donc merci de nous avoir reçu fait découvrir ces délicieux apéritifs, que ce soit cankina, vermouth ?
- Speaker #0
Clairement, les apéritifs, c'est un secteur qui revient beaucoup, qui est très intéressant, qui est très polyvalent et que je considère tout aussi difficile à faire qu'un spiritueux, comme en Rome, ou en Gine. Et clairement, il y a de la place pour... des marques comme les nôtres pour faire découvrir aussi aux consommateurs des choses différentes et des choses qui ont le mérite d'exister surtout super merci à toi surtout de m'avoir donné du tas de paroles et de pouvoir le présenter à tes auditeurs et à ta communauté c'est un plaisir pour nous et on souhaite une très longue vie à Kinakaro merci et
- Speaker #1
pour les auditeurs d'autres vies je vous dis à très vite pour un nouvel épisode à bientôt
- Speaker #2
Audevie, c'est terminé pour aujourd'hui. Enfin presque. Si vous avez aimé cet épisode, pensez à noter Audevie 5 étoiles sur Apple Podcast avec un petit commentaire pour nous encourager. C'est ce qui nous aide à gagner en visibilité et nous encourage à produire toujours plus d'épisodes. Enfin, si vous souhaitez en apprendre plus sur l'univers des vins, des spiritueux et du monde de la boisson en général, rejoignez-nous sur Speakeasy, le lien est dans la description. Merci encore et à la semaine prochaine.