- Speaker #0
bienvenue dans haute vie le podcast qui vous emmène à la découverte de l'univers des spiritueux des vins et du monde de la boisson en général je m'appelle louis marie et je suis le cofondateur de speakeasy un média qui vous emmène explorer les actualités de ces univers passionnant dans haute vie On part à la rencontre de celles et ceux qui imaginent ce que nous buvons. On parlera histoire, savoir-faire, terroir, création ou encore passion pour en apprendre plus sur ce qui se trouve au fond de notre verre. Mais avant de vous laisser avec l'épisode du jour, pensez à vous abonner et à laisser une note plus un avis sur Apple Podcast. C'est la meilleure des récompenses pour toutes les heures de travail effectuées chaque semaine. Bonne écoute ! Bonjour à toutes et à tous. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être en compagnie de Antoine Robert, président directeur général des distilleries et domaines de Provence. Antoine, tu as repris en 2024 les rênes de l'entreprise qui étaient dirigées par ton père depuis plus de 40 ans. Et aujourd'hui, tu vas nous parler de ton parcours, de ta vision et de cette aventure entrepreneuriale. Bonjour Antoine.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Alors, je suis très content d'échanger avec toi autour de cette aventure spiritueuse. Avant d'entrer dans le vif du sujet, on va un peu reprendre les bases. C'est quoi les distilleries et domaines de Provence ?
- Speaker #1
Distilleries et domaines de Provence, c'est une aventure de 126 ans, puisque la société est née en 1898 à Fort-Calquier, elle a toujours été à Fort-Calquier, et elle est l'héritière d'une tradition séculaire de ramassage et de transformation des plantes qui nous entourent. Sachant que le pays de Fort-Calquier, la montagne de Lure, est très riche en... en botanique et est connu également pour la qualité exceptionnelle de ces herbes qui poussent sur notre territoire. Et c'est pour ça que depuis le Moyen-Âge notamment, les gens ramassaient les plantes, les vendaient de partout en France, en Europe. Et puis quand la distillation est arrivée chez nous, ils ont trouvé que c'était bien plus pratique de distiller. Et c'est là que sont nées les distilleries, que ce soit pour fabriquer d'abord des huiles essentielles, puis des spiritueux. Et donc nous, on s'inscrit dans cette tradition-là.
- Speaker #0
D'accord. On en parlera un peu plus, mais effectivement, il y a des marques emblématiques que tout le monde connaît, et notamment le pastis Henri Bardouin que vous élaborez ici. On a aussi le Rhin-Quincuin et puis l'absinthe, qui est une absinthe que tout le monde a déjà vue en rayon. Si on parle un peu de ton parcours, est-ce que tu as toujours évolué dans le monde des spiritueux ? Est-ce que tu as toujours eu cette idée un jour de travailler ? je dirais dans la lignée de ce que ton père a pu faire et de reprendre la distillerie ou au contraire tu avais une idée totalement différente initialement de projets professionnels j'ai pas toujours travaillé à la distillerie en revanche et j'ai toujours eu cette passion peut dire je suis né dans
- Speaker #1
les alambics de la distillerie je depuis depuis petit c'était quand il y avait les vacances scolaires pas un plaisir de comme comme aujourd'hui pour mes enfants de venir à la distillerie, d'aller aider comme je pouvais à la chaîne d'embouteillage, de voir les cuves, de sentir toutes ces odeurs. Bien sûr, je ne pouvais pas goûter les produits, mais j'ai toujours eu une fascination pour la distillerie et cette envie d'un jour rejoindre ma famille et travailler ici. Après, dans mon parcours, c'est... Toujours intéressant de voir autre chose, des univers totalement différents. Et donc, j'ai eu à peu près sept ans d'autres expériences avant fin 2019 de rejoindre pour de bon la distillerie.
- Speaker #0
D'accord. Et fin 2019, tu rejoins la distillerie sur quel poste pour t'occuper de quel périmètre ?
- Speaker #1
Export parce qu'en fait, on avait précédemment mon frère qui occupait ce poste-là. de responsable export, surtout pour les marchés asiatiques. Pas que, mais notamment pour les marchés asiatiques. Et en fait, on a eu l'opportunité de se développer encore plus sur notre marché principal qui est les Etats-Unis, en rachetant notre importateur qui était aussi un ami. Et donc, mon frère est parti vivre à New York pour diriger ce qui est maintenant notre filiale d'importation pour les Etats-Unis. Et du coup, moi, j'ai repris son poste à l'export que donc j'ai occupé pendant... Pendant 4 ans, presque 4 ans, avant de passer directeur.
- Speaker #0
Aujourd'hui, tu as journée type en tant que directeur. Déjà, est-ce qu'il y a une journée type ? Qu'est-ce qu'on peut imaginer autour de celle-ci ?
- Speaker #1
C'est dur de dégager une journée type. Il n'y en a pas. Maintenant, je suis dans une période en plus de transition où je m'occupe toujours pas mal de l'export. Quand on est une PME, même quand on a un certain succès, une certaine présence, En France ou à l'international, on n'a pas toujours les capacités de multiplier les postes et parfois il faut être multitâche. Et donc en ce moment, je continue à m'occuper pas mal de l'export. Donc il y a une partie gestion de mes clients export, de préparation des salons et des voyages, parce que je vais continuer là. à voyager d'ailleurs dans pas très longtemps en Asie. Et puis il y a la partie plus direction avec bien entendu une vision plus globale d'aller à l'entrepôt, à la chaîne d'embouteillage, aux alambics pour se rendre compte de ce qui se passe, régler les problèmes éventuels. Bien entendu, être en contact avec la partie commerciale France, la supply chain, c'est une vision plus globale et qui ne me déplait pas du tout pour le coup et que j'avais déjà commencé de toute façon à avoir. avant même d'occuper ce poste parce que l'export, c'est ce qui m'intéressait peut-être même le plus, mais c'était un petit peu trop restreint pour moi. Donc de toute façon, j'avais déjà une vision plus transversale.
- Speaker #0
D'accord. Maintenant, on se projette un peu sur l'histoire des distilleries et domaines de Provence. La Genèse, c'est... Ce que tu nous disais un peu fort calquier, c'est à l'époque une distillerie qui s'appelait la distillerie de Lure et on est en 1898, c'est bien ça ?
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui se passe ? On sait qu'en 1962, il y a un personnage emblématique qui s'appelle Henri Bardouin qui rachète la distillerie et qui développe celle-ci. Qu'est-ce qu'il y a eu entre le commencement et ce rachat par Henri Bardouin ? Est-ce que c'est lui qui a impulsé la transformation vers la distillation de spiritueux ? Ou est-ce qu'on était encore à l'époque sur la distillation plutôt d'huile essentielle ?
- Speaker #1
Non, on est vraiment dans les spiritueux depuis 1898. À vrai dire, en 1898, on sait que la distillerie a existé. On ne connaît pas le nom du propriétaire à cette époque-là. La première personne... Le propriétaire de la distillerie dont on connaît le nom c'est Paul Ferreux à partir de 1924. Et d'ailleurs pour la petite histoire, on a aujourd'hui un de nos représentants qui est un descendant de Paul Ferreux. Et ça ajoute un petit peu à cette dimension de lien, qu'il soit lien familial ou d'amitié, mais qu'il y a à la distillerie. Et Henri Bardouin, lui en fait, il travaillait pour les précédents. propriétaires qui ont en fait été des résistants et qui ont été fusillés sur la place du Bourguet à Fort-Calquier par les nazis en 44. Et en fait, il a continué à travailler à la distillerie, puis à racheter ensuite les parts de la distillerie. aux veuves des anciens propriétaires. Mais donc, il avait déjà un lien, de toute façon, depuis les années 40 avec la distillerie. Et lui, en fait, il était passionné de plantes. Il passait son temps dans la nature. Il chassait, il aimait randonner, il aimait les plantes, il aimait cuisiner. Et donc, en fait, il s'est fait son éducation du goût, comme ça, en goûtant les plantes lors de ses... lors de ses balades et il a fait changer un petit peu de dimension la distillerie en apportant des innovations, de nouveaux produits et puis en faisant passer la distillerie d'un niveau très très local, Fort Calquier, à déjà plus régional en Allant à Marseille notamment.
- Speaker #0
D'accord et en 1974 ton père reprend le flambeau, est-ce que tu peux nous parler du développement de ces 50 dernières années ? Il y a quelques péripéties, avec notamment une vente à Pernod Ricard, puis un rachat quelques années plus tard. Qu'est-ce qui s'est passé en termes de développement ces 50 ans ?
- Speaker #1
Ces 50 dernières années, elles ont été mouvementées, assez passionnantes. En 1974, en effet, là aussi, il y a une véritable filiation entre Henri Bardouin et mon père. Il faut savoir que mon père était le meilleur ami du fils d'Henri Bardouin, Jacques Bardouin, et était du coup très proche de la famille Bardouin. Et en 1974, mon père... Jacques Bardouin et quelques autres amis viennent s'associer à Henri Bardouin. C'est à ce moment-là d'ailleurs qu'il lance le Rhin-Quinquain. C'est l'un des amis qui a l'idée du nom et puis ils sortent ce produit. Et puis au fil du temps, plus que mon père qui reprend la distillerie, qui à l'époque était encore très petite, c'était dur de... Dans Vivre, il avait d'ailleurs un autre travail en même temps, jusqu'à ce que ça commence un petit peu à se développer. Et surtout, au milieu des années 80, il a l'idée, on peut dire géniale, de sortir un produit qui s'appelle le Carlton, qui était un vin pétillant à la pêche, pas très cher, mais qui avait une image très luxe. Et ça a eu un succès fou, à tel point que... Pour donner un exemple, au Japon à cette époque-là, il se vendait plus de Carlton que de n'importe quel autre vin pétillant, champagne inclus. Donc on était déjà d'ailleurs sur l'export et on était à plus de 3 500 000 bouteilles au sommet du succès du Carlton, tout ça en trois ans. Et donc bien sûr, une toute petite structure comme la nôtre ne pouvait pas répondre à la demande. Et c'est pour ça que mon père a décidé de vendre le Carlton. Mais du coup, la distillerie a Père Noricar, puisque en général, le Père Noricar achetait la distillerie, pas simplement la marque, même si c'était la marque qui l'intéressait. Et puis, il a toujours eu ce désir de toute façon d'indépendance, de créer. Il a jamais, c'est vraiment un entrepreneur, mon père dans l'âme depuis toujours. Et donc, il a décidé de racheter la distillerie, mais sans la marque, en fait. Et donc, il faut dire que la distillerie, il n'y avait plus grand chose. À l'époque, il y avait quelques petites marques, mais... Il y avait le Rhin-Quinquain, mais qui ne s'était pas beaucoup développé. La Farigoule aussi, la gentiane de Lure, mais elle s'était peu développée. Et donc, en 1990, il rachète et c'est là qu'il lance le pastis Henri Bardouin. Après avoir travaillé plusieurs années sur la recette, qui, on va dire, a pris le relais du Carlton, avec bien entendu un développement bien moins fulgurant, mais beaucoup plus pérenne.
- Speaker #0
D'accord. Et donc en 2024, c'est un nouveau passage de flambeau, c'est toi qui reprend les rênes de la distillerie. Aujourd'hui, est-ce que tu peux nous présenter la distillerie, nous parler à la fois de l'outil de production, du nombre de collaborateurs, un peu ce que vous faites, de votre présence sur les marchés ? Comment est-ce que les distilleries et domaines de Provence se développent aujourd'hui ?
- Speaker #1
On est une entreprise de 45 collaborateurs, principalement à Fort-Calquet, ici où toute notre activité se passe. Après on a aussi notre propre distribution en France, donc on a nos représentants salariés de la distillerie qui sont principalement en région PACA, mais aussi lyonnaise et région parisienne. Et après, en termes d'outils de production, on aime faire un maximum de choses nous-mêmes sur place, quand on ne peut pas travailler avec les producteurs locaux. Et donc on a à la fois une petite partie d'agriculture, on a notre champ d'absinthe par exemple, de cueillette, puisqu'on ramasse nous-mêmes le thym sauvage. Dans les collines environnantes, les baies de Genève, c'est aussi pas hyper courant, mais en fait il n'y a pas forcément de producteurs de genévriers dans le coin. Et on est en plus dans une région assez montagneuse où on trouve pas mal de genévriers. Donc on ramasse nous-mêmes les baies de Genève. Voilà, c'est quelques exemples de la partie cueillette de notre activité. On a un laboratoire pour notre recherche et développement. Une salle de macération, puisqu'on fait beaucoup de macération, ça fait partie d'une des étapes importantes de la production. On a notre propre chaîne d'embouteillage. On a nos alambics, deux alambics. Parce que la distillation est une part encore plus importante que la macération dans nos procédés de production. Et on a même une cuve de fermentation, puisqu'on fait de l'eau de vie de mare. on fermente les raisins blancs pour... qu'on associe après au raisin rouge et donc du coup qui ont besoin d'être fermentés. Donc on est vraiment sur, il nous manque pour le moment la partie chez le vieillissement. Ça viendra peut-être.
- Speaker #0
Très bien. Si maintenant on rentre un peu sur la gamme et sur les différentes gammes que vous développez, est-ce que tu peux nous présenter dans les grandes lignes ces différentes gammes et puis ensuite on reviendra sur quelques produits emblématiques ?
- Speaker #1
Alors on a une partie apéritif, apéritif à base de vin. Donc vraiment les apéritifs traditionnels, on s'inspire nous de recettes traditionnelles du sud de la France. Apéritif à la pêche, apéritif à l'orange, apéritif à la noix. Mais bien entendu on apporte notre touche de modernité et toujours à la recherche du goût. Donc on a le Rhin-Quinquain qui est notre produit phare dans la gamme apéritif. Là on fait macérer des pêches dans du vin blanc du Luberon et un petit peu d'alcool. et des feuilles de pêcher séparément pendant de longs mois avant de faire un assemblage pour un apéritif qui est frais et fruité et qui plaît beaucoup autant en cocktail que bu nature on a dans cette gamme j'ai parlé de l'apéritif l'orange colombo sur base de vin rosé et cela c'est les oranges la noix c'est sur base de vin rouge noix verte, on fait de la gentiane on fait un vermouth aussi Après, on a la catégorie des liqueurs avec liqueur de thym. Je t'ai parlé du thym sauvage qu'on ramasse dans les collines, du génépi. Alors là, par contre, il faut aller plus haut dans les Alpes, au-dessus de 2000 mètres. On a un produit qu'on a ressorti récemment qu'on appelle l'élisir qui est à base de nombreuses plantes. On a la partie jean avec notamment le jean douze qui est la marque principale de nos jeans qui est un dry jean à base. encore une fois de plantes de Provence, de 12 plantes. On a la partie absinthe aussi qui est importante, notamment à l'export. Et puis le pastis Henri Bardouin.
- Speaker #0
Très bien, ça nous fait une transition toute trouvée. Si on approfondit un peu sur le pastis Henri Bardouin, est-ce que tu peux nous en parler ? Comment est-ce qu'il a été créé ? Comment est-ce qu'aujourd'hui il est élaboré ? Et puis qu'est-ce qu'il peut expliquer ? qu'il ait autant de succès face à la concurrence importante qu'on a dans cet univers des anisés.
- Speaker #1
Alors le pastis Henri Bardouin, il s'inscrit dans l'histoire de production d'anisés de notre distillerie. Dès 1898, on produisait de l'absinthe, qui est l'ancêtre du pastis. Il faut savoir que quand l'absinthe a été interdite en 1915, les Français notamment avaient... Toujours envie de consommer une boisson rafraîchissante et anisée à l'apéritif notamment. Mais comme il ne pouvait pas y avoir d'absinthe, la recette a été un petit peu modifiée. Et c'est comme ça que sont nés les anis, puis après ce qu'on appelait les pastis. Donc nous, dès 1924, Paul Ferrioux, le premier propriétaire de la distillerie, a sorti son Paul Anis. Puis presque chaque directeur de la distillerie a amélioré un peu les recettes. Ensuite, on a eu Henri Bardouin qui a sorti le diamant. Mon père qui a sorti l'oxytanis. Déjà, il avait cette idée d'ajouter plus de plantes. Et ensuite, après beaucoup de travail, il a sorti le pastis Henri Bardouin en 1990 où il a mêlé non seulement les plantes de Provence, mais aussi... les épices du monde entier pour un goût plus complexe, et qu'il a appelé Henri Bardot en hommage à son prédécesseur. Et l'idée du pastis Henri Bardot, comment elle est vraiment née, et ça commence d'ailleurs avec l'Occitanis, le produit précédent, c'est qu'en fait mon père, qui est d'une famille d'agriculteurs et de bergers, avait l'été en fait... depuis qu'il est petit, il travaillait dans les champs, il ramassait la lavande fine. Et quand il revenait à la ferme, il passait par cette fontaine où ses parents, oncles et tantes avaient laissé une bouteille. C'était du mâre, de l'eau de vie de mâre dans lequel on faisait macérer de l'anis et d'autres plantes qu'on appelait donc pastis. Et du coup, il se servait un verre avec de l'eau bien fraîche de la fontaine. Et lui, il avait le droit à une petite goutte parce qu'il était enfant. Mais du coup, il avait ce souvenir de ce nectar incroyable et avec un goût assez complexe. Et en fait, il y a eu tous les pastis industriels des marques principales, y compris même le pastis que faisait la distillerie avant, le Diamant, qui étaient des pastis... très simple en composition avec simplement de l'anis, de la réglisse, c'était quasiment tout. Alors qu'avant, les familles en Provence, chaque famille, voire même chaque bar, faisait son propre pastis et redoublait d'ingéniosité pour avoir le meilleur pastis. Donc on avait des produits très complexes. Il a voulu revenir au début du... et des anis en France et à se souvenir de ce nectar délicieux dont il avait le droit à une petite goutte. Et c'est vraiment ce qui l'a guidé dans la confection de la recette du pastis sans répartir.
- Speaker #0
Si on passe maintenant à un autre produit, je dirais emblématique, vous avez été la première entreprise française à fabriquer de nouveau de l'absinthe après son interdiction, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui. On était historiquement producteurs d'absinthe, simplement il n'y a personne avant nous qui avait eu l'idée de relancer ce produit qui avait été longtemps interdit pour des raisons plus ou moins... logique, on va dire, et valable. Mais en tout cas, ça a été réautorisé, et puis nous, on s'est dit qu'il y avait sûrement une demande là-dessus. Alors finalement, pas tant en France qu'à l'international, et ça se confirme en fait dans les pays francophones, et notamment la France ou la Belgique où on boit beaucoup de pastis, l'absinthe a plus de mal à se faire une place. En revanche, Dans le monde entier, peu de monde connaît le pastis, mais énormément de personnes connaissent l'absinthe. Du coup, c'est devenu notre produit vraiment, notre fer de lance à l'international et pour notre développement export. C'est ce qui nous a permis d'être présent aujourd'hui dans plus de 70 pays. en Amérique du Nord, en Asie, dans l'Europe entière, en Océanie, dans les duty-free, dans les principaux aéroports du monde. C'est vraiment l'absinthe. Donc, 99, lancement de l'absinthe, ça marque une étape aussi très importante pour la distillerie, avec un relais plus international du pastis, qui lui est plus francophone. Et là, on diffuse les anisés plus dans le monde.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, l'absinthe dans tous ces pays, comment est-ce qu'elle est consommée et par qui ?
- Speaker #1
Il y a énormément de profils de consommateurs différents. Et puis, ça dépend beaucoup des pays, des zones géographiques. Il y a toujours quelques passionnés d'absinthe qui aiment le traditionnel rituel de l'absinthe avec la cuillère, le sucre. On fait couler l'eau doucement sur le sucre pour diluer. et sucrer l'absinthe qui est assez amère et qui est forte pour avoir une boisson très agréable à boire en apéritif. Ensuite, mais ça, ça prend du temps, il faut un peu de matériel. Ensuite, il y a simplement sur des glaçons ou avec un petit peu d'eau, dans tout type de verre. Il y a en shot aussi, il y a pas mal de jeunes qui aiment bien. qui aiment bien en soirée ou autre se faire un petit shot d'absinthe et surtout nous aussi on le pousse pas mal comme ça en cocktail c'est un l'absinthe souvent est utilisé en assez faible quantité en cocktail mais ça reste un ingrédient incontournable pour tout bar à cocktail j'aimerais bien qu'on revienne sur le rinquinquin tu nous as un peu parlé de
- Speaker #0
notamment de son élaboration. C'est un produit qui est, je dirais, emblématique en France. Et je pense qu'aujourd'hui, un très grand nombre de consommateurs ont au moins entendu ce nom prononcé de la bouche de quelqu'un, souvent de leur famille. Est-ce qu'on peut revenir un peu sur la jeunesse du rinquinquin, sur un peu son développement et sur aujourd'hui, comment est-ce qu'il est consommé ?
- Speaker #1
Alors, emblématique en France, tu nous surestimes peut-être un petit peu en Provence, en tout cas dans le sud-est de la France, un petit peu plus, c'est vrai, c'est un nom déjà qu'on retient, c'est un nom, Rincacin, ça vient de Réquinquillard, qui en provençal veut dire se requinquer. Et c'est vrai qu'en plus, il est issu de cette tradition d'apéritif à la pêche à base de vin. Et donc, c'est un produit qui, à la base, est... très traditionnel. C'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui, puisqu'il est sorti dans les années 70, c'est à la fois pas si vieux que ça et en même temps ça commence à faire. Et donc il y a beaucoup de gens qui l'ont, ce souvenir-là, des vacances passées dans le Sud ou simplement de la grand-mère, de l'oncle, des parents qui pouvaient sortir cet apéritif pendant les vacances et avec toutes les saveurs. L'été, en fait, ça sent l'été, ça sent la Provence. C'est un produit traditionnel à la base et depuis maintenant une quinzaine d'années, c'est devenu notre produit vraiment, on peut dire, faire de lance dans le milieu de la mixologie. En France et à l'international, tout a débuté au Royaume-Uni. qui est quand même le temple du cocktail, de la mixologie dans le monde. Et après, ça s'est étendu à Paris, en Australie, en Nouvelle-Zélande, ça fait loin, mais en fait, ça communique beaucoup les barmans entre le Royaume-Uni et l'Océanie. Et puis aujourd'hui, là où... Jusqu'à présent, c'était beaucoup grâce à l'absinthe qu'on était présent. Maintenant, le rinquinquin commence à arriver sur des marchés comme Singapour, le Japon, Taïwan. Et de plus en plus, on internationalise le rinquinquin parce que ça plaît énormément aux barmans. C'est un produit qui est très facile à travailler en cocktail, qui est unique et qui est vraiment apprécié par les consommateurs et par ceux qui préparent. Et la pêche, c'est un fruit, dans la plupart des pays, c'est le fruit préféré de la population. Tout le monde, quasiment, aime la pêche. Donc, c'est assez facile de déguster le Rhin-Quin-Quin, que ce soit pur ou en cocktail.
- Speaker #0
Superbe. Plus récemment, vous avez lancé un jean. Est-ce que tu as d'autres produits, d'autres projets de développement en cours dont tu peux nous parler ?
- Speaker #1
Là, on a sorti cette année deux... Alors, une nouveauté qui est une nouveauté packaging sur l'absinthe. On a une marque qui est fortement identifiée à Van Gogh, c'est notre meilleur ambassadeur de marque. Et en fait, il y avait une grosse demande, on avait sorti des carafes avec la tête de Van Gogh vraiment en 3D et on a fait la même chose mais en bouteille avec l'absinthe dedans. Donc là, on sort ces bouteilles d'un litre, édition très limitée. peint à la main en porcelaine avec la tête de Van Gogh pour notre absinthe, l'absente 55. Ensuite, on a eu un lancement d'un produit qu'on avait arrêté parce qu'en fait, il était excellent, mais avec un packaging qui nous coûtait très cher et une recette très complexe. Et on n'avait pas la demande suffisante à l'époque. Et en fait, c'est venu d'un... On a pas mal de liens avec le Japon. Et c'est venu du propriétaire d'un bar connu à Kyoto, qui était un fan absolu de ce produit, qui s'appelle l'Elysir, Elysir Empero. Donc c'est une liqueur de plantes qu'on pourrait comparer à la chartreuse. À la chartreuse verte, plutôt. et qu'on avait sorti en 1999 avant même de relancer notre abstinence. Et en fait ce barman, il avait fêté les 10 ans de son bar et il voulait absolument notre produit qui était un de ses produits préférés. Et donc du coup il s'est engagé sur des quantités assez importantes et vu l'influence qu'il a à Kyoto et même au Japon, il a pu pas mal en vendre autour et le diffuser dans les bars et donc du coup on a pu sortir ce produit pour lui et on s'est dit que c'était l'occasion finalement de le ressortir en France. Et puis à l'international, avec cette demande qu'il y a pour les liqueurs d'herbe, on peut faire des cocktails type Last Word avec les lésirs qui sont vraiment très bons.
- Speaker #0
Super. Maintenant que tu es à la tête des distilleries Domaine de Provence, comment est-ce que tu imagines la suite en termes de développement ? Est-ce que tu as déjà des idées, des directions que tu as envie de prendre ?
- Speaker #1
Oui, de toute façon, il faut toujours se projeter. Il faut se projeter à minima 5 ans. 5 ans en avant, sinon on n'avance pas. Sinon, on meurt si on reste sur nos acquis. et qu'on n'a pas d'ambition. Donc voilà, on est toujours en mouvement, on sort des nouveautés tous les 1 à 2 ans et là on a un très gros projet pour le coup qui nécessite de la patience. C'est pas évident parce qu'on est hyper excité par le projet qui est en train de se former. En fait, il faut aussi savoir que notre famille, avant d'être distillateur, on est agriculteur. Dans notre projet, on intègre notre ferme familiale et cette partie d'agriculture pour maîtriser toute la chaîne de production de la culture jusqu'à l'embouteillage. C'est un projet qui aboutira d'ici environ trois ans. Et on peut se donner rendez-vous à ce moment-là pour parler de ce qui est en résultat.
- Speaker #0
Superbe. On a hâte de découvrir tout ça et on voit que c'est un beau teasing de ce projet qui, je pense, va vous animer effectivement de quelques années. On arrive à la fin de cet entretien. J'ai encore deux questions. La première, c'est... Qu'est-ce qui te passionne aujourd'hui le plus dans cette aventure ? Qu'est-ce qui fait que tous les jours tu te lèves et tu te dis je vais développer de nouvelles choses et je vais avancer ?
- Speaker #1
Déjà on est dans un secteur d'activité qui est passionnant, faire de bonnes choses qui font plaisir aux gens, travailler sur de nouvelles recettes, c'est quelque chose qui... Quand on aime ça, il ne peut que procurer du plaisir, de la passion et faire redoubler d'efforts. Ensuite, moi j'aime bien l'aspect international, donc j'ai envie de continuer à développer cette aventure vraiment tournée vers le monde entier que mon père avait vraiment commencé. Ça a été vraiment le précurseur de cette... de cette internationalisation de nos produits. Et puis ensuite, la distillerie, c'est vraiment une famille. Il y a un esprit distillerie chez nous. C'est beaucoup d'humains. Et donc, c'est une aventure où on est tous ensemble. On va dans la même direction. On a des gens qui ont une passion et un dévouement qui sont extrêmement rares dans le monde, je trouve. de l'entreprise, d'autant plus aujourd'hui. Et donc, c'est en fait, c'est de se dire qu'on avance tous ensemble et qu'on se renforce tous ensemble et qu'on est une équipe, une famille qui va vers l'avant pour avoir des succès qui vont faire plaisir, pas qu'à moi, mais vraiment à l'ensemble des collaborateurs.
- Speaker #0
Magnifique. Et pour finir, là, on vient d'échanger. On a compris cet univers familial que tu développes avec l'édition Les Domaines de Provence. Si tu devais sortir de cet univers et nous conseiller un spiritueux, une marque que tu aimes déguster ?
- Speaker #1
J'aimerais. Moi, je voyage pas mal entre l'Amérique du Nord, en Europe et puis en Asie. Alors, je vais en prendre un par continent. Enfin en tout cas sur ces trois continents. C'est vrai qu'en Amérique du Nord, j'ai vraiment un faible pour le mescal. J'aime bien aussi ce qui est fumé. C'est vraiment pour moi un spiritueux qui, que ce soit pur ou en cocktail, a vraiment une intensité et un goût. unique et hyper plaisant. En France, si je devais en retenir un, pour moi, ça serait vraiment l'art maniaque qui est... pas mal sous-cotés par rapport au cognac, où on a des super rapports qualité-prix, des produits incroyables, à des prix vraiment, on va dire, abordables pour la qualité de ce type de produit. Et puis après, je retiendrai surtout, encore une fois, j'ai dit qu'on avait pas mal de liens avec le Japon, c'est un des pays d'ailleurs où j'aime le plus me rendre, et je ne suis pas fan du saké, mais par contre, j'adore le soju, qui peut, donc c'est une eau de vie. On fermente soit du riz, de la patate douce ou de la canne à sucre. Plus rarement, je crois, on peut même faire avec du sorgho. Et puis ensuite, c'est distillé et puis un petit peu réduit. Et c'est... Bon, au Japon, ils savent faire. Et c'est d'une finesse. C'est vraiment incroyable. Pareil, en digestif ou à utiliser en cocktail, c'est vraiment quelque chose que j'adore. Et vraiment, à ne pas confondre avec le soju coréen, qui n'a rien à voir, ou avec le baiju chinois.
- Speaker #0
que ces deux produits que j'aime pas forcément particulièrement mais le soju japonais ça je le conseille c'est sûr qu'il y a une certaine finesse et il y a le savoir-faire japonais qu'on ressent dès la première goutte dégustée un grand merci Antoine pour cette découverte et puis pour cette initiation à ton univers et à l'histoire et au développement des distilleries et domaines de Provence on a hâte de suivre cette histoire les prochaines aventures que tu nous réserves. Un grand merci pour cette découverte.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Et puis pour les auditeurs d'Audevie, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode. A bientôt. Audevie, c'est terminé pour aujourd'hui. Enfin, presque. Si vous avez aimé cet épisode... pensez à noter Haute Vie 5 étoiles sur Apple Podcast avec un petit commentaire pour nous encourager. C'est ce qui nous aide à gagner en visibilité et nous encourage à produire toujours plus d'épisodes. Enfin, si vous souhaitez en apprendre plus sur l'univers des vins, des spiritueux et du monde de la boisson en général, rejoignez-nous sur Speakeasy, le lien est dans la description. Merci encore et à la semaine prochaine.