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Éclats de Voix

Entre partitions et convictions: les musiciens s'expriment, avec Stéphanie Grevedon et Thomas Raoult

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36min |12/12/2024
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Description

Épisode 34- Entre partitions et convictions: les musiciens s'expriment, avec Stéphanie Grevedon, violoniste, fondatrice de My Concert at Home (https://myconcertathome.lu) et Thomas Raoult, chef d'orchestre et de choeur (https://www.linkedin.com/in/thomas-raoult).

Terminons l'année en beauté et ... en fanfare!! Dans cet épisode spécial, très musical, nous abordons cette forme de langage, la musique, puissante, au-delà des mots, universelle.

Applaudissez Stéphanie et Thomas puis faites silence…

 

Références des oeuvres entendues dans l'épisode:

Générique «2001, l'Odyssée de l'espace» (https://bit.ly/3VzMNk7)

Killing the Name – Rage Against The Machine (https://bit.ly/4guWcla)

Vivaldi Tribute – Patrick Rondat (https://bit.ly/3D9YmYZ)

Symphonie n°3 de Brahms (https://bit.ly/3VWTDAz)

La flûte enchantée (https://bit.ly/3VAto2m)

Beethoven – 5th Symphony (https://bit.ly/4iyfNCu)

Les dents de la Mer – John Williams (https://bit.ly/41w1CrE)

Extraits « Intouchables » (https://bit.ly/3VAtMhk)

Sul cielo (Live) – Elvira Muratore (https://bit.ly/3VBAMKT)

Symphony No. 9 – Beethoven (https://bit.ly/4g5RHxF)

Vivaldi - Winter, RV 297 (https://bit.ly/3ZzEKVJ)

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💻 Mon site: www.anneclairedelval.com

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast des prises de paroles engagées, qui donne envie de s'exprimer et mettre à l'honneur une forme de communication vibrante, percutante, décomplexée parce qu'elle vient du cœur. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, auteure, modératrice, facilitatrice de cette prise de parole engagée. À ce micro, seule ou avec des invités, je veux vous donner de l'impulsion, de la matière à réflexion, méditation, puis action. pour provoquer ce désir qui sommeille en vous de prendre à votre tour la parole, de porter haut et fort vos convictions, vos projets. Dire plutôt que taire. Chacun a une voix et cette voix compte. Osez la faire entendre, qu'elle soit mélodieuse ou non. Terminons l'année en beauté et en fanfare, si j'ose dire. Après deux épisodes cinématographiques, si j'ose dire une nouvelle fois, c'est d'un autre art dont il est question aujourd'hui, la grande musique. Grande, savante, raffinée, qui en chante profondément, mais qui n'est pas forcément ni exclusivement classique, c'est ce que nous allons découvrir, avec un duo exceptionnel, yes, I pèse mes mots, d'invité. Stéphanie Grévendon-Germany, qui en plus d'être violoniste et de partager ma passion pour le chocolat, a eu la brillante idée d'amener la musique dans vos, dans nos maisons avec My Concert at Home. Et puis Thomas Raoult, qui est chef de chœur, chef d'orchestre, directeur artistique au Luxembourg Chamber Players, titulaire, attention, de sept prix de conservatoire et de deux masters en direction chorale et direction d'orchestre. avec distinction. Bref, du très beau monde pour de la très belle musique et pour nous entraîner dans les coulisses d'un concert au chœur, excellent jeu de mots que vous avez bien sûr noté, au chœur d'un orchestre, d'une passion ou pas d'ailleurs, vous allez l'entendre. Et par la présente, je vous annonce que dans cet épisode, nous allons contredire Vladimir Jankélévitch, musicologue et philosophe pour lequel la musique c'est comme la poésie, ce n'est pas fait pour qu'on en parle mais pour qu'on en fasse. Eh bien nous, nous allons en causer parce que oui, cette forme de langage puissante, au-delà des mots, mérite toute notre attention, mérite que nous évoquions avec ceux qui la jouent combien cela leur demande de s'engager, au sens étymologique du terme qui dit que l'engagement exige de mettre... quelque chose engage. Mais quoi en l'occurrence ? Eh bien, leur temps par exemple. Parce qu'il faut répéter, répéter, répéter, apprendre, répéter, répéter, pour pouvoir jouer tous ensemble. Et pour pouvoir jouer d'un instrument. Mais leur corps aussi. Parce que faire de la musique, entraîne l'être tout entier. Pas uniquement ses doigts sur un clavier, ou ses lèvres quand il faut souffler dans un instrument. Allez, applaudissez Stéphanie ! et Thomas. Et puis, faites silence. Merci les amis, vous êtes introduits direct. Bonjour Thomas, bonjour Stéphanie. Je te tends le micro. Vas-y, commence Stéphanie.

  • Speaker #1

    Alors moi, je vais présenter Thomas, Thomas Raoult, qui est le chef des Luxembourg Chamber Players et du Chœur Luxe Vocalis.

  • Speaker #2

    Et donc moi je présente Stéphanie qui est une violoniste de talent mais qui est aussi entrepreneuse et qui gère une société de concert qui s'appelle My Concert at Home.

  • Speaker #0

    Bravo, mais quelle efficacité, je n'ai rien à faire. Alors je commence par poser une question quand même pour que je sers quand même à quelque chose. J'avais envie de vous demander, chacun de vous, donc il y en a un qui est plus tu fais des instruments et tu fais de la voix Oui. Thomas, toi, Stéphanie, tu es plus violoniste. Donc, que ce soit l'un ou l'autre, vous avez des métiers qui font rêver. Comment est-ce que, quand on vous aborde, vous parlez de votre métier ? Comment est-ce que vous expliquez aux gens ce que vous faites ? Parce que nous, on rêve en vous voyant.

  • Speaker #2

    Eh bien, justement, le souci, c'est que quand on me pose ces questions-là, moi, souvent, je casse le rêve et je désacralise énormément ce métier.

  • Speaker #0

    décidément qu'elle débute pas de casse-raises.

  • Speaker #2

    Je suis désolé, je suis désolé, parce que bon, malheureusement, oui, je considère que c'est un métier comme un autre, et il y a du rêve, évidemment, parce qu'en fait, on vend de l'émotion, et on est là pour partager un certain nombre d'émotions avec les gens, donc on les touche. assez profondément dans leur âme, quand on réussit notre cours en tout cas. Mais à part ça, ça reste un métier comme tous les autres, où il faut travailler, il faut se préparer. Et puis il y a tous les à-côtés, il y a toute la logistique. Il y a plein d'éléments qui sont finalement très communs.

  • Speaker #1

    Il faut beaucoup travailler. Moi, j'ai envie de dire, c'est quand même un sacerdoce. Pour rester au niveau, c'est un travail extrêmement exigeant. C'est... Très stressant. Alors être sur scène, c'est quand même... Enfin voilà, il y a beaucoup d'adrénaline. Et quand on a une vie de famille, une vie privée, comme tout le monde, être toujours au top, ce n'est pas forcément facile. Moi, j'aime particulièrement jouer en orchestre. Et ça, c'est quand même le rêve.

  • Speaker #0

    Ça te porte ?

  • Speaker #1

    Ça me porte, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça permet à ce niveau de stress d'être moins imprégnant ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est un collectif. Et moi, je n'aime pas me mettre en avant. J'aime être avec les autres, dans un groupe.

  • Speaker #0

    Et toi, Thomas ?

  • Speaker #2

    Pareil. Pareil, je n'aime pas trop me mettre en avant non plus, bien que de par ma place devant l'orchestre, je suis devant. Mais j'ai une petite expression, enfin une petite phrase que j'aime toujours dire dans ces cas-là, c'est qu'il faut mettre son ego au service de la musique et ne pas mettre la musique au service de son ego.

  • Speaker #0

    Ouah, c'est bon !

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est-à-dire qu'en fait, évidemment, il faut un certain courage pour rentrer sur scène, pour avoir entre guillemets sous sa baguette 10, 20 ou 40 ou 50 musiciens, peu importe. des chanteurs, il faut savoir ce qu'on veut, mais d'un autre côté, on est là avant tout pour diriger l'orchestre et essayer de sortir cette émotion de tout cet ensemble de musiciens, de chanteurs qui sont là pour travailler ensemble. Donc voilà, on a ce Ausha.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, et vous parlez tous les deux de musique, on va dire classique, dans un orchestre, avec un chœur, etc. Comment est-ce que vous... parler de cette forme, de ces formes musicales et de votre rapport à la musique qui s'est quand même aujourd'hui pour tout le monde un peu morcelé finalement avec toutes ces plateformes, avec cette espèce d'accès constant à de la musique qui finit par être un peu de l'ordre du vacarme où il y a plein de choses dans tous les sens, ça va tout le temps on a l'impression que même quelque part parfois on voudrait du silence comment est-ce qu'on peut encore parler de votre musique ?

  • Speaker #2

    Moi je dirais que Le souci actuellement, c'est qu'on est dans une société où tout est consommable, tout est produit commercial, donc en fait on se retrouve devant une palette. D'un côté, il y a l'accès direct à la musique, tiens j'ai envie d'écouter ça, je vais sur n'importe quelle plateforme, et puis j'écoute telle ou telle chanson, ça, ça va très vite. Mais après, le problème c'est qu'il y a une sorte de poulimie, d'indigestion de musique, et je trouve que, moi je trouvais tellement... beaucoup plus sain quand avant on sortait un vinyle, on le posait ou un CD et puis on prenait la peine de l'écouter. Il y avait tout un cérémonial autour d'écouter de la musique. Aujourd'hui, on consomme de la musique. Et le problème, c'est que du coup, on cherche un effet direct immédiat. C'est un peu comme le sucre qu'on met dans tous les aliments. C'est exactement la même chose. Et donc, on n'a plus cette patience et cette écoute qui nous... permet justement d'évoluer émotionnellement à travers une oeuvre musicale. Et on voit bien dans le format par exemple, on a des formats de 2-3 minutes maximum maintenant. Alors que ce soit dans la musique classique, on avait des symphonies qui pouvaient durer jusqu'à une heure. Et j'irais même, pour sortir de la musique classique, on prenait des albums de pop, de rock progressif dans les années 70, où on avait des chansons qui faisaient un album complet, des albums de jazz. aussi de Miles Davis à la grande époque où sur un CD entier on a peut-être deux morceaux et on a plus le souci de vraiment entrer dans une oeuvre et de se laisser pénétrer vraiment par une oeuvre et ça c'est dommage.

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire mieux, néanmoins j'ai été éduquée à cette musique classique mais je suis un petit peu comme la majorité des gens, comme beaucoup de gens en tout cas qui parfois trouvent que c'est trop long ou que c'est trop peu accessible et c'est pas possible. Et je le comprends aussi. Je le comprends aussi quand on me dit Ah non, ça, c'est pas pour moi. Ou alors Ah non, je... Ah, ton concert, je peux pas venir. Tout ça. Et c'est pour ça que j'ai choisi d'aller vers les gens. Et je pense que c'est ta démarche aussi. J'ai choisi de créer mon agence pour amener les meilleurs musiciens avec la meilleure musique, enfin la musique de qualité en tout cas, que moi je connais bien, auprès des gens, dans des formats plus courts. Et pour qu'eux aussi, ils connaissent cette musique, les compositeurs. mais aussi les musiciens qui la jouent. Et voilà, quand tu connais quelqu'un dans la vraie vie qui exerce ce métier, qui va jouer cette musique, peut-être que tu auras plus envie d'y aller, d'aller le voir après, dans la salle de concert où il joue.

  • Speaker #0

    C'est pertinent. C'est pertinent, ça me rappelle un petit peu. Alors d'une autre manière, le principe je trouve aujourd'hui de ces musiciens qui font de la musique classique, mais d'une autre manière. Par exemple, je n'ai pas comme ça tout de suite en tête, mais je me souviens de noms précis. J'avais été voir quelque chose avec deux violoncellistes qui jouaient des morceaux. Et alors c'était très... Il y avait une grande scénographie derrière avec beaucoup de lumière, de couleurs. Évidemment, on sortait du cadre habituel, mais malgré tout, je me disais, ça permet aux gens quand même d'effleurer, d'aller retoucher, connecter cette musique un peu dont tu parlais, Thomas, qui est plus profonde, plus longue, qui demande plus d'exigence, de rigueur. Oui, je ne vais pas aller à la facilité tout de suite. Je suis aussi comme toi, il y a des moments où il y a des morceaux maintenant, je trouve, qui ont mal. vieillir ou qui sont plus accessibles à nos époques de la même manière.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord. En fait, il faut que l'auditeur se réinvestisse dans son écoute. Et c'est ça qui est dommage. C'est qu'il y a un décalage, on consomme la musique sans avoir un réel investissement pour son écoute. Mais d'un autre côté, je veux dire, moi je suis un fan de hard rock et ça m'arrive de jouer avec des potes, de temps en temps dans des soirées ou dans les bars, on enchaîne tout le répertoire de Haze & Lissy ou... Je ne sais pas, we're in the machine et puis on s'éclate là-dessus. Voilà, c'est de l'énergie pure, c'est de l'énergie brute. Et on a besoin de ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et les guitares héros, moi j'ai appris, j'ai découvert le rock metal avec un copain, j'adore ça. Et ils ont souvent un bagage classique. Et en tout cas, ils ont travaillé leur gamme pendant des heures et des heures. Donc je me sens proche d'eux et je parlais avec ces gens-là.

  • Speaker #2

    Et on revient tout à fait sur cet investissement en tant que musicien et en tant que construction musicale. Et pour revenir justement, je répondais un peu sur ce que tu disais Stéphanie, tu dis que justement ces gens-là ont un bagage classique. Bon, je dirais, je vais ouvrir un peu plus en disant pas forcément bagage classique, mais en tout cas un bagage théorique, parce que là aussi, l'écriture musicale, il y a une grammaire qu'il faut connaître. Et je dirais que c'est comme la littérature, c'est comme dans n'importe quel art. une technique et une grammaire qu'il faut connaître, qui nous permet d'écrire et d'avancer. Il y a un appauvrissement des compositions aussi. Alors, c'est un double tranchant. D'un côté, c'est bien parce qu'il y a un accès à tous pour faire de la musique. Il y a des logiciels qui font des choses comme ça. Mais je trouve que ça devrait intéresser les gens à aller comprendre l'écriture musicale et comment la musique se construit, plutôt que vouloir faire des choses de brick and block. Donc, ça, c'est... Le résultat parfois n'est pas très heureux.

  • Speaker #1

    Là du coup, j'ai envie de dire aussi, de passer un message aux compositeurs contemporains de notre milieu. C'est-à-dire qu'il faudrait, selon moi, pour une grande majorité, qu'ils ne composent pas seulement avec leur intellect, mais avec leurs émotions, avec leur cœur. Parce que pour vider les salles, il n'y a pas mieux. Et même les musiciens d'orchestre, je connais très bien la problématique sur une série contemporaine. Souvent. on y va pas très content d'aller travailler et puis après on va chez l'ostéopathe donc c'est vrai il ya des choses à dire c'est à dire qu'on a travaillé toute notre jeunesse pour trouver un beau son avoir le le son juste le mouvement juste avoir une fin voilà joué les plus belles mélodies et on a des instruments pour nous les violonistes qui sont parfois très anciens moi tu me fais pas frapper mon violon il est fait pour être frotté pincé mais tu vois là donc il faut aussi que les compositeurs dits classiques de la nouvelle génération comprennent qu'on a besoin d'émotions.

  • Speaker #0

    D'émotions et quelque part j'avais envie de dire aussi que vous soutenez, enfin à travers les mots que j'entends, il y a aussi une notion de valeur. Quelle est la valeur et la signification que vous donnez à vos pratiques, puisque vous avez parlé déjà de la musique que vous jouiez, la manière dont vous l'envisagez. Pour vous, j'imagine que ça a une importance aussi, ces notions.

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai envie de dire, tout à l'heure j'ai parlé de l'orchestre, et moi l'orchestre c'est mon truc. Je dirais que pratiquer la musique classique ça m'élève en tant qu'être humain. J'ai joué en orchestre de la variété, du rock, de la pop, je m'amuse comme une folle. Mais, alors c'est très joyeux, mais ça ne m'élève pas. Quand j'ai la chance de jouer de la grande musique, des très grandes œuvres, notamment en orchestre, ça nourrit mon âme, ça me donne des frissons.

  • Speaker #0

    Oh c'est beau, ça nous en donne aussi Bien sûr

  • Speaker #1

    Et voilà, on est dans l'exigence millimétrée et tous les musiciens se rassemblent. Il n'y a plus de querelles, il n'y a plus d'égo, tout ça, on se rassemble, on est un collectif pour quelque chose qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    C'est beau à entendre parce que c'est précieux pour ceux qui écoutent de se dire qu'il y a quelque chose de cet ordre-là. Et si c'est là, Je pense que nous, en tant qu'auditeurs publics, ça va nous porter de la même manière. Encore, faut-il bien vouloir tenter l'aventure. Voilà, de ne pas être uniquement dans des formats, comme tu disais Thomas, très courts.

  • Speaker #2

    Oui, disons que moi, je rejoins aussi Stéphanie sur le frisson, en fait. Quand je parle d'investissement dans l'écoute, il faut savoir que moi, je vois dans la musique quelque chose d'extrêmement charnel. Je n'ai pas envie de partir dans des choses mystiques ou quoi que ce soit. On va essayer de rester très terre à terre. La musique, c'est une vibration, c'est une fréquence. Donc, c'est un mouvement, c'est une fréquence qui nous pénètre, qui nous transperce. Donc, on a un ressenti physique par rapport à la musique. Et donc, quand on met les fréquences ensemble, donc on crée pour faire très court des consonances, des dissonances, etc. On va mettre ensemble des fréquences qui vont nous créer des sensations particulières. Et c'est de là que l'émotion, en fait, va venir. Et je dirais qu'aujourd'hui, on doit aller chercher cette émotion. Et quand, par exemple, je travaille, je prends le cas d'un chœur, c'est pour moi la différence fondamentale entre travailler avec des musiciens et travailler avec des chanteurs, c'est que quand quelqu'un chante, il y a un investissement physique, c'est que le corps entre en résonance. Et quand on arrive à ce stade de faire un corps, en sorte que le corps entre en résonance, là, il y a vraiment quelque chose qui se passe, qui est physique. qui est charnelle et il y a un rapport direct du chanteur au public ou du chanteur au chef. Quand après on arrive à mettre les gens ensemble et faire entrer les corps, donc par la vibration en résonance ensemble, c'est le principe du travail choral, quand on arrive à vraiment faire sonner un accord, alors là je le vois dans les yeux des chanteurs, les yeux s'ouvrent, les pupilles se dilatent, c'est phénoménal parce qu'il y a une vraie sensation physique qui passe à travers la vibration. Et quand je parlais tout à l'heure d'œuvres sur la longueur, c'est justement un jeu de pistes, en fait. C'est pour ça qu'il faut aussi, en tant que chef d'orchestre, mettre ça en valeur, de savoir quels sont les éléments que je vais mettre en avant pour donner, j'irais, les indices au public pour avancer dans l'œuvre. Et ça, je trouve que c'est un travail aussi qui se perd, malheureusement, parce que, justement, on ne prend plus le temps aussi de travailler avec les orchestres. Il faut que ça aille très vite, il faut que ça avance très vite, etc. Et quand on a le temps vraiment de bien, bien, bien travailler sur toutes les balances et sur le discours du compositeur, là, en général, le public, on l'emmène. Et ça se passe très bien. Et j'ai eu plein de commentaires parfois de dire, je connaissais cette heure, mais je ne l'avais jamais entendue comme ça. Oui, voilà, parce qu'on s'accroche à une mélodie. Après, comment on va la développer ? Qu'est-ce qu'on va en faire ? Où va-t-elle nous emmener ? Et c'est là que le travail commence.

  • Speaker #0

    Ça me rappelle des différentes interprétations qu'on peut entendre d'une seule écriveur. ou certaines, ça va tout de suite résonner, puis d'autres, on va se dire, c'est flat, c'est plat, ça ne crée pas cette fameuse émotion dont tu parles.

  • Speaker #2

    Mais alors, justement, c'est là aussi qu'on peut voir le génie du compositeur. Parce qu'il y a des œuvres qui sont, je dirais, avec différentes entrées. Je prends le cas d'une œuvre très connue, qui est la Flûte enchantée de Mozart. Il y a tellement de plans différents. On peut attaquer cette œuvre d'un côté comme de l'autre. Et à chaque fois, on y trouvera une interprétation différente, une sonorité différente, un sens différent. Et c'est ça qui est formidable, particulièrement chez les opéras de Mozart d'ailleurs, c'est que la musique va nous amener à interpréter le texte différemment. Et ça, c'est vraiment génial.

  • Speaker #1

    Je dirais aussi qu'il y a... la synergie entre les musiciens. Et quand il y a en plus des musiciens qui ont envie de jouer ensemble et qui ont envie de jouer avec un chef, comme ce qui nous arrive au LCP, avec toi, on a tellement plaisir à jouer ensemble qu'il se passe quelque chose aussi. Et ça, le public, il le sent.

  • Speaker #0

    C'est une sorte de transcendance, en fait. Oui. Alors, évidemment, ça peut paraître un peu simpliste, mais quand je vous entends parler, ça me rappelle quand je fais du yoga, par exemple, et qu'on... ensemble on chante le son Home, alors pour plein de gens c'est béni oui oui, mais quand on y met vraiment toute son âme son cœur, sa présence et qu'on le fait ensemble, il y a effectivement alors un niveau tout à fait différent mais cette vibration dont vous parlez, ce sentiment d'appartenance et cette transcendance, ce truc qui fait que toi plus toi plus toi plus moi on a créé quelque chose qui nous dépasse.

  • Speaker #2

    C'est une énergie qui se décuple en plus.

  • Speaker #0

    Exactement. Vous en avez un petit peu parlé tout à l'heure en disant qu'il y a des moments où on veut aller vite, il faut que ça dépote, on n'a plus vraiment le temps de faire comme on veut. C'est quoi vos problématiques en tant qu'instrumentiste, chef d'orchestre, créateur, compositeur, aujourd'hui ? Et comment est-ce que vous arrivez quand même à les évoquer ?

  • Speaker #2

    Alors là, je vais... démystifier de nouveau le débat. Oh, quelle horreur !

  • Speaker #0

    Ah, mais l'auditeur restait accroché !

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Non, mais bon, le problème c'est que voilà, on est dans cette société maintenant de consommation, d'offres, etc. Et bon, le problème c'est que, ben voilà, les concerts, il faut les financer. Donc, le souci c'est de trouver des fonds, de trouver des sponsors, de trouver des partenaires, de trouver aussi évidemment des fonds publics qui peuvent nous aider. Les concerts, et alors, quand je parlais du métier de chef d'orchestre, je me souviens quand j'avais fait mes études, j'avais un... Le directeur du conservatoire à l'époque, qui était un compositeur très connu, il m'avait dit, mais tu sais Thomas, maintenant si tu te lances là-dedans, tu feras 90% de business et 10% de musique. Et malheureusement c'est ça, parce que moi je réunis mes musiciens, mais évidemment j'ai une promesse derrière, ce sont des professionnels, je dois les payer, je dois financer un concert. Et ça c'est une partie beaucoup plus pratique, beaucoup plus terre à terre que chaque musicien doit affronter, parce qu'on n'a pas le choix, il faut financer les concerts. Alors ça dépend de l'interlocuteur. On a certains interlocuteurs qui sont des gens souvent très intelligents, très cultivés, musiciens eux-mêmes, qui comprennent ce langage. Quand je leur parle de cette émotion que j'ai envie de transmettre, du temps de travail dont j'ai besoin pour pouvoir justement monter un projet. Mais pour beaucoup, il y a une logique. Bon, tu fais combien d'entrées ? Voilà, moi je mets autant. Combien je vais récupérer ? Ça, c'est extrêmement difficile à gérer parce qu'il y a un rapport de consommation. Je reviens là-dessus. Donc on est obligé de voyager entre l'aspect vraiment artistique et le côté pratique et logistique qui, de toute façon, est important parce que si on n'a pas ça, on ne peut pas faire le reste.

  • Speaker #1

    Et on n'a pas été formé à ça. Oui, pas du tout. Nous, on a été formé à travailler, travailler, travailler dur. Et on disait tout à l'heure qu'on est tellement exigeant avec nous-mêmes que se vendre, c'est déjà presque indécent. Oui, oui. Et impudique. Et il y en a qui font ça très bien et ce n'est pas forcément les meilleurs.

  • Speaker #2

    Malheureusement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, ça fait quand même un grand écart. Mais finalement, à vous écoutant, je me dis, mais il y a tellement de métiers dans lesquels on est réduit à ça aujourd'hui où le cœur de notre métier est, comment dire, noyé sous toutes ces exigences financières, matérielles. Bon, il y a un côté logique, mais il y a un côté de plus en plus prégnant. Ça nous fait faire des grands écarts pas toujours agréables. Pour aller sur un autre registre que j'avais envie d'aborder avec vous, c'était surtout dans le cadre de ce podcast, c'était le lien entre l'instrument et la voix. Comment est-ce que l'un répond à l'autre ? Comment est-ce qu'il y a un discours qui s'instaure ?

  • Speaker #2

    Je dirais que, comme disait Beethoven, la musique, c'est l'art d'exprimer l'indicible. J'aime beaucoup cette phrase parce que ça rejoint ce dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire le travail sur l'émotion pure. Et quoi de mieux quand on a un texte que de le mettre en valeur sur une émotion directe ? C'est pour ça que quand on prend par exemple certaines cantates de Bach ou certains chorales, il y a tout un travail sur l'harmonie et donc aussi sur l'orchestre pour mettre en valeur le texte. Et je dirais que là, le choix, je reviens sur nos fréquences. Le travail du compositeur, c'est de faire en sorte que l'orchestre ou l'harmonie du chœur crée des consonances et des dissonances en fonction de la phrase pour justement, de par l'émotion, guider le public sur le texte. Alors il y a toujours cet éternel débat depuis la fin de la Renaissance, prima la musica ou prima la parola ça veut dire qu'est-ce qu'on met en avant, le texte ou la musique ? Moi je dirais que c'est complètement complémentaire. Mais la musique, elle peut avoir différents rôles. Imaginez par exemple... Un truc tout bête, un film, vous retirez la musique. Ça n'a plus de sens. Parce que la musique va nous porter dans une ambiance, va nous porter dans un état émotionnel qui va nous permettre d'apprécier le texte et l'action du film. Et donc, voilà, j'ai cette complémentarité-là, mais qui existe depuis toujours, depuis toujours, depuis qu'on a commencé la polyphonie, en fait. C'est-à-dire quand on commençait à... à superposer les notes pour voir qu'il y avait une interaction entre elles et qu'elles créent une sonorité et une émotion particulière.

  • Speaker #1

    C'est amusant parce que moi, en tant que public, alors évidemment public averti, mais souvent je suis allée à l'opéra et je trouvais que le livret n'était pas forcément à la hauteur de la musique. Oui. Vraiment. Et en ça, on peut dire que certaines choses ont peut-être vieilli, même si les grands opéras ont encore beaucoup de succès. Mais moi, quand je m'intéresse à ce qui est dit, chanter, ça ne me suffit pas. Ça ne me suffit plus en tout cas.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu dis, c'est que, heureusement qu'il y a la musique qui soutient le propos d'un certain nombre d'œuvres.

  • Speaker #2

    Un truc tout bête, vous prenez un opéra en italien ou en allemand, sans comprendre le texte, vous savez exactement ce qui se passe. Et ça, c'est la magie de la musique.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux et ça rejoint en fait la question que j'avais envie de vous poser juste après, justement sur comment est-ce que ou en quoi la musique soutient ? Ça peut dire soutenir un dialogue, créer du lien, être un outil aussi de communication. Par exemple, tu parlais du film, mais c'est pareil sur une publicité par exemple. On va se souvenir d'un petit tit-tit-tit. C'est pas de la grande musique, on est d'accord. Mais je veux dire,

  • Speaker #1

    c'est les jingles d'attente au téléphone. Ah, ça je connais.

  • Speaker #2

    Je connais celle-là. Si tu la connais,

  • Speaker #0

    tout le monde la connaît.

  • Speaker #2

    Mais si. Bonjour, vous êtes bien aux Assyriques de Paris ? Toutes nos lignes sont actuellement occupées. Le temps d'attente est d'environ deux ans. Mais le but c'est ça, c'est d'attacher une émotion à une image. Alors là, évidemment, je reviens sur le côté commercial, tout ce que j'adore, mais évidemment c'est ça. On a une musique qui va nous rappeler telle pub, une pub de spaghettis, de n'importe quoi, de chocolat, de tout ce que vous voulez, et donc la musique va nous porter sur l'émotion, et nous dire, tiens, j'ai envie de revivre cette émotion, je vais acheter ce chocolat. Donc le truc c'est de dire, est-ce que c'est la musique en fait, ou est-ce que la musique est utilisée comme canal, comme machine pour... Voilà, inciter le consommateur. Si, je connais. Oui, c'est une pub. Du café, non ?

  • Speaker #0

    Oui, par exemple, dans des documentaires aussi, je pense à des documentaires animaliers, ou par exemple à Human, toute la musique qu'avait faite, je crois que c'est un New American qui avait fait, je ne suis pas sûre, je ne sais plus qui est-ce qui avait fait cette musique, mais en tout cas... ça porte, on suit le mouvement, on va dans le film, on est à paix aussi.

  • Speaker #2

    On est à paix, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, on est pénétré par la musique, transpercé, et elle nous emmène.

  • Speaker #1

    Et notre objectif, finalement, le but, et là je reviendrai peut-être sur l'éducation, le fait d'amener les jeunes et d'éduquer les jeunes à écouter, c'est important parce que pour moi quand même, la puissance d'une grande œuvre c'est de ne pas avoir besoin de paroles, ou de ne soutenir. de rien soutenir d'autre que la musique. Et c'est vrai qu'au Luxembourg, on a des projets side by side, on a les jeunes, on a les orchestres qui viennent dans les écoles, on a les jeunes qui viennent jouer au sein des orchestres. Et de cette manière-là, je pense qu'on peut éduquer progressivement à écouter la musique pour elle-même. C'est mon espoir en tout cas.

  • Speaker #0

    Thomas, en préparant le podcast, tu disais aussi que tu intervenais par exemple dans les prisons.

  • Speaker #2

    Oui, alors ça c'est un truc que j'ai fait à l'époque, je jouais au festival de Colmar et on faisait toujours un concert dans la prison. Et c'était toujours une super expérience. Je dois dire que voilà, parce qu'on arrive dans un lieu où il n'y a pas de musique, il n'y a rien, enfin c'est des lieux quand même, il y a beaucoup de désespoir. Et le fait d'arriver, c'était assez drôle, on était dans une cour grillagée, enfin c'était assez particulier comme ambiance. Donc les prisonniers pouvaient venir dans la... alors c'est l'extérieur, ils écoutaient, ils repartaient, ils restaient ou pas. Et après, on avait l'occasion de discuter un peu avec eux. Moi, je trouve ça très bien, parce que je trouve que la musique, justement, ça crée du lien, ça crée de l'apaisement, ça élève quand même l'esprit, le cœur, l'âme, tout ça. Mais pareil, ça peut être utilisé dans l'autre sens aussi. Toutes les grandes dictatures ont eu des hymnes utilisés, on va dire, pas de la bonne façon. C'est toujours pareil, ce sont des lames à double tranchant.

  • Speaker #0

    Mais je dois dire que ces expériences-là, j'ai aussi travaillé avec la Tuileries du Tourcoing il y a pas mal d'années, où on allait dans les écoles, justement dans les quartiers, et on présentait, enfin moi je présentais les opéras, et après il y avait une représentation dans une salle de cinéma de quartier, allégée pour les enfants, et puis bon ben là en fait, ils chantaient les airs, avec les chanteurs, c'est une ambiance complètement différente de ce qu'on peut trouver dans une salle d'opéra, une maison d'opéra, mais... Et c'était formidable parce que là on voyait que tout le monde se retrouve sur une valeur commune, toutes les rivalités, tout ça, enfin tout s'estompe en fait. Ça c'est formidable et je pense que ça fait vraiment du bien.

  • Speaker #1

    Au Luxembourg, il y a la Fondation Aimée Écouter pour mieux s'entendre, je trouve que le nom est quand même assez parlant. Et moi je l'ai fait pendant une saison avec une amie violoniste. Et oui, on a joué dans les maisons de retraite, les hôpitaux, et puis on a fait aussi un centre d'accueil, alors là aussi c'est... C'est assez intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, parce que tu parles d'hôpitaux, justement, et j'avais lu il y a quelques semaines, moi je ne sais plus exactement, un article à propos de la maladie d'Alzheimer qui disait que quand on faisait réécouter à des personnes atteintes de cette maladie des morceaux qu'elles avaient l'habitude d'écouter étant plus jeunes, on voyait le corps réagir, les personnes se détendre. Donc vraiment, ça va profondément, ce que vous disiez tout à l'heure, la notion de la musique, du lien qu'on peut avoir avec elle.

  • Speaker #0

    Tout à fait, oui. C'est vraiment le langage de l'âme. Oui. Et ça nous prend le cœur, ça nous prend le corps, ça peut tout nous prendre.

  • Speaker #2

    C'est formidable. C'est merveilleux. On arrive à la fin de cet épisode. Avant de le conclure, j'ai envie de vous donner le choix de comment vous avez envie de le terminer. Qu'est-ce que vous auriez envie de dire ? Quel message vous aviez envie de transmettre à nos auditeurs ? Peut-être quel truc pratique pour ce...

  • Speaker #0

    relié à une musique ou je ne sais pas je vous laisse le champ libre écoutez moi je dirais prenez le temps et dites vous tiens je vais écouter partez sur des oeuvres très classiques très abordables ce qui veut pas dire de mauvaise qualité au contraire de très bonne qualité mais des choses qui vont vous faire plaisir à l'oreille partez sur des opéras de mozart la trilogie mozart d'apentes et par exemple ce sont des oeuvres absolument formidables et laissez vous porter une petite symphonie de Beethoven, fermez les yeux et laissez-vous porter et vous verrez, ça va marcher.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu nous proposes comme ça on peut mettre un petit extrait à écouter ?

  • Speaker #0

    Ben... Je sais.

  • Speaker #2

    La question est vaste.

  • Speaker #0

    La question est très vaste. Je vous propose de venir au concert, déjà.

  • Speaker #2

    Excellente.

  • Speaker #0

    Écoutez, des choses que j'ai faites ou qu'on a faites ?

  • Speaker #1

    Tu peux présenter cette œuvre qui est magnifique, là, pour cœur.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors justement, je parlais de dissonance. Donc, on a fait la création, enfin, j'ai fait plusieurs créations luxembourgeois, dont une qui est d'une compositrice italienne qui s'appelle Elvira Moratore. Elle a écrit une pièce. pour chœurs a cappella qui s'appelle sul cielo et là vraiment c'est une pièce qui travaille sur la dissonance la consonance c'est très court pour un maître lien par exemple un petit extrait là c'est très très beau c'est très très beau c'est pour voir enfin uniquement coeur sans accompagnement ce qu'est Ça c'est un truc aussi que j'aimerais préciser, c'est qu'il m'arrive assez régulièrement, j'en ai eu l'occasion, de placer par exemple une pièce contemporaine dans un programme classique. Ça marche bien parce que les gens sont disposés à l'écouter en fait. Et là ça marche bien. Alors que faire un programme entièrement contemporain c'est complètement indigeste pour le public. Mettre une petite pépite comme ça, souvent ça marche bien. Et oui cet extrait là, je serais très heureux que vous l'écoutiez.

  • Speaker #2

    On va le partager de ce pas. Et après cette écoute, Stéphanie, toi, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai envie de vous dire, pratiquez. Choisissez un instrument à tout âge. Entrez dans un cœur. Faites quelque chose avec un groupe. Entrez dans un ensemble. Parce que quand vous aurez joué une œuvre, vous l'écouterez différemment. Complètement différemment.

  • Speaker #2

    Sacré programme, mes amis. Sacré programme. Je vous remercie du fond du cœur. Thomas, Stéphanie, d'avoir accepté de venir nous parler de musique, de grande musique. Et j'espère, chers auditeurs, que ça vous offrira des horizons bien plus vastes que ce que vous espériez avant d'avoir entamé le début de cet épisode.

  • Speaker #3

    À très bientôt !

  • Speaker #2

    Si après cet épisode,

  • Speaker #3

    vous n'avez pas envie de retourner dans une salle de concert pour aller applaudir Thomas ou contacter Stéphanie pour qu'elle enchante votre prochain anniversaire, événement ou autre, c'est que vous devez reprendre l'écoute depuis le début. Puisse ce dernier morceau d'éclat de voix pour 2024. agrémentez vos fêtes. Puissiez-vous en profiter pour le partager, le diffuser autour de vous et avoir la curiosité de découvrir les autres épisodes. Puissiez-vous faire scintiller, éclat de voix, au moins autant que le sapin dans votre salon ou les décorations dans votre ville, village, quartier, rue, en le mettant cinq étoiles sur la plateforme de votre choix. Puissiez-vous enfin vivre cette fin d'année. comme vous l'imaginez, festive, paisible, en famille, entre amis, auprès de ceux qui en ont besoin, en solo. Et que ce solstice d'hiver soit pour nous tous l'occasion de laisser mourir ce qui doit s'éteindre, de quitter 2024 plus serein, pour que nous repartions vers un nouveau cycle de vie, et vers 2025 en fanfare. Oh, je termine comme j'ai commencé, fanfare. Bon, d'ici 2025, je vous souhaite des éclats de voix musicaux mélodieux en cadence.

Description

Épisode 34- Entre partitions et convictions: les musiciens s'expriment, avec Stéphanie Grevedon, violoniste, fondatrice de My Concert at Home (https://myconcertathome.lu) et Thomas Raoult, chef d'orchestre et de choeur (https://www.linkedin.com/in/thomas-raoult).

Terminons l'année en beauté et ... en fanfare!! Dans cet épisode spécial, très musical, nous abordons cette forme de langage, la musique, puissante, au-delà des mots, universelle.

Applaudissez Stéphanie et Thomas puis faites silence…

 

Références des oeuvres entendues dans l'épisode:

Générique «2001, l'Odyssée de l'espace» (https://bit.ly/3VzMNk7)

Killing the Name – Rage Against The Machine (https://bit.ly/4guWcla)

Vivaldi Tribute – Patrick Rondat (https://bit.ly/3D9YmYZ)

Symphonie n°3 de Brahms (https://bit.ly/3VWTDAz)

La flûte enchantée (https://bit.ly/3VAto2m)

Beethoven – 5th Symphony (https://bit.ly/4iyfNCu)

Les dents de la Mer – John Williams (https://bit.ly/41w1CrE)

Extraits « Intouchables » (https://bit.ly/3VAtMhk)

Sul cielo (Live) – Elvira Muratore (https://bit.ly/3VBAMKT)

Symphony No. 9 – Beethoven (https://bit.ly/4g5RHxF)

Vivaldi - Winter, RV 297 (https://bit.ly/3ZzEKVJ)

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast des prises de paroles engagées, qui donne envie de s'exprimer et mettre à l'honneur une forme de communication vibrante, percutante, décomplexée parce qu'elle vient du cœur. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, auteure, modératrice, facilitatrice de cette prise de parole engagée. À ce micro, seule ou avec des invités, je veux vous donner de l'impulsion, de la matière à réflexion, méditation, puis action. pour provoquer ce désir qui sommeille en vous de prendre à votre tour la parole, de porter haut et fort vos convictions, vos projets. Dire plutôt que taire. Chacun a une voix et cette voix compte. Osez la faire entendre, qu'elle soit mélodieuse ou non. Terminons l'année en beauté et en fanfare, si j'ose dire. Après deux épisodes cinématographiques, si j'ose dire une nouvelle fois, c'est d'un autre art dont il est question aujourd'hui, la grande musique. Grande, savante, raffinée, qui en chante profondément, mais qui n'est pas forcément ni exclusivement classique, c'est ce que nous allons découvrir, avec un duo exceptionnel, yes, I pèse mes mots, d'invité. Stéphanie Grévendon-Germany, qui en plus d'être violoniste et de partager ma passion pour le chocolat, a eu la brillante idée d'amener la musique dans vos, dans nos maisons avec My Concert at Home. Et puis Thomas Raoult, qui est chef de chœur, chef d'orchestre, directeur artistique au Luxembourg Chamber Players, titulaire, attention, de sept prix de conservatoire et de deux masters en direction chorale et direction d'orchestre. avec distinction. Bref, du très beau monde pour de la très belle musique et pour nous entraîner dans les coulisses d'un concert au chœur, excellent jeu de mots que vous avez bien sûr noté, au chœur d'un orchestre, d'une passion ou pas d'ailleurs, vous allez l'entendre. Et par la présente, je vous annonce que dans cet épisode, nous allons contredire Vladimir Jankélévitch, musicologue et philosophe pour lequel la musique c'est comme la poésie, ce n'est pas fait pour qu'on en parle mais pour qu'on en fasse. Eh bien nous, nous allons en causer parce que oui, cette forme de langage puissante, au-delà des mots, mérite toute notre attention, mérite que nous évoquions avec ceux qui la jouent combien cela leur demande de s'engager, au sens étymologique du terme qui dit que l'engagement exige de mettre... quelque chose engage. Mais quoi en l'occurrence ? Eh bien, leur temps par exemple. Parce qu'il faut répéter, répéter, répéter, apprendre, répéter, répéter, pour pouvoir jouer tous ensemble. Et pour pouvoir jouer d'un instrument. Mais leur corps aussi. Parce que faire de la musique, entraîne l'être tout entier. Pas uniquement ses doigts sur un clavier, ou ses lèvres quand il faut souffler dans un instrument. Allez, applaudissez Stéphanie ! et Thomas. Et puis, faites silence. Merci les amis, vous êtes introduits direct. Bonjour Thomas, bonjour Stéphanie. Je te tends le micro. Vas-y, commence Stéphanie.

  • Speaker #1

    Alors moi, je vais présenter Thomas, Thomas Raoult, qui est le chef des Luxembourg Chamber Players et du Chœur Luxe Vocalis.

  • Speaker #2

    Et donc moi je présente Stéphanie qui est une violoniste de talent mais qui est aussi entrepreneuse et qui gère une société de concert qui s'appelle My Concert at Home.

  • Speaker #0

    Bravo, mais quelle efficacité, je n'ai rien à faire. Alors je commence par poser une question quand même pour que je sers quand même à quelque chose. J'avais envie de vous demander, chacun de vous, donc il y en a un qui est plus tu fais des instruments et tu fais de la voix Oui. Thomas, toi, Stéphanie, tu es plus violoniste. Donc, que ce soit l'un ou l'autre, vous avez des métiers qui font rêver. Comment est-ce que, quand on vous aborde, vous parlez de votre métier ? Comment est-ce que vous expliquez aux gens ce que vous faites ? Parce que nous, on rêve en vous voyant.

  • Speaker #2

    Eh bien, justement, le souci, c'est que quand on me pose ces questions-là, moi, souvent, je casse le rêve et je désacralise énormément ce métier.

  • Speaker #0

    décidément qu'elle débute pas de casse-raises.

  • Speaker #2

    Je suis désolé, je suis désolé, parce que bon, malheureusement, oui, je considère que c'est un métier comme un autre, et il y a du rêve, évidemment, parce qu'en fait, on vend de l'émotion, et on est là pour partager un certain nombre d'émotions avec les gens, donc on les touche. assez profondément dans leur âme, quand on réussit notre cours en tout cas. Mais à part ça, ça reste un métier comme tous les autres, où il faut travailler, il faut se préparer. Et puis il y a tous les à-côtés, il y a toute la logistique. Il y a plein d'éléments qui sont finalement très communs.

  • Speaker #1

    Il faut beaucoup travailler. Moi, j'ai envie de dire, c'est quand même un sacerdoce. Pour rester au niveau, c'est un travail extrêmement exigeant. C'est... Très stressant. Alors être sur scène, c'est quand même... Enfin voilà, il y a beaucoup d'adrénaline. Et quand on a une vie de famille, une vie privée, comme tout le monde, être toujours au top, ce n'est pas forcément facile. Moi, j'aime particulièrement jouer en orchestre. Et ça, c'est quand même le rêve.

  • Speaker #0

    Ça te porte ?

  • Speaker #1

    Ça me porte, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça permet à ce niveau de stress d'être moins imprégnant ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est un collectif. Et moi, je n'aime pas me mettre en avant. J'aime être avec les autres, dans un groupe.

  • Speaker #0

    Et toi, Thomas ?

  • Speaker #2

    Pareil. Pareil, je n'aime pas trop me mettre en avant non plus, bien que de par ma place devant l'orchestre, je suis devant. Mais j'ai une petite expression, enfin une petite phrase que j'aime toujours dire dans ces cas-là, c'est qu'il faut mettre son ego au service de la musique et ne pas mettre la musique au service de son ego.

  • Speaker #0

    Ouah, c'est bon !

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est-à-dire qu'en fait, évidemment, il faut un certain courage pour rentrer sur scène, pour avoir entre guillemets sous sa baguette 10, 20 ou 40 ou 50 musiciens, peu importe. des chanteurs, il faut savoir ce qu'on veut, mais d'un autre côté, on est là avant tout pour diriger l'orchestre et essayer de sortir cette émotion de tout cet ensemble de musiciens, de chanteurs qui sont là pour travailler ensemble. Donc voilà, on a ce Ausha.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, et vous parlez tous les deux de musique, on va dire classique, dans un orchestre, avec un chœur, etc. Comment est-ce que vous... parler de cette forme, de ces formes musicales et de votre rapport à la musique qui s'est quand même aujourd'hui pour tout le monde un peu morcelé finalement avec toutes ces plateformes, avec cette espèce d'accès constant à de la musique qui finit par être un peu de l'ordre du vacarme où il y a plein de choses dans tous les sens, ça va tout le temps on a l'impression que même quelque part parfois on voudrait du silence comment est-ce qu'on peut encore parler de votre musique ?

  • Speaker #2

    Moi je dirais que Le souci actuellement, c'est qu'on est dans une société où tout est consommable, tout est produit commercial, donc en fait on se retrouve devant une palette. D'un côté, il y a l'accès direct à la musique, tiens j'ai envie d'écouter ça, je vais sur n'importe quelle plateforme, et puis j'écoute telle ou telle chanson, ça, ça va très vite. Mais après, le problème c'est qu'il y a une sorte de poulimie, d'indigestion de musique, et je trouve que, moi je trouvais tellement... beaucoup plus sain quand avant on sortait un vinyle, on le posait ou un CD et puis on prenait la peine de l'écouter. Il y avait tout un cérémonial autour d'écouter de la musique. Aujourd'hui, on consomme de la musique. Et le problème, c'est que du coup, on cherche un effet direct immédiat. C'est un peu comme le sucre qu'on met dans tous les aliments. C'est exactement la même chose. Et donc, on n'a plus cette patience et cette écoute qui nous... permet justement d'évoluer émotionnellement à travers une oeuvre musicale. Et on voit bien dans le format par exemple, on a des formats de 2-3 minutes maximum maintenant. Alors que ce soit dans la musique classique, on avait des symphonies qui pouvaient durer jusqu'à une heure. Et j'irais même, pour sortir de la musique classique, on prenait des albums de pop, de rock progressif dans les années 70, où on avait des chansons qui faisaient un album complet, des albums de jazz. aussi de Miles Davis à la grande époque où sur un CD entier on a peut-être deux morceaux et on a plus le souci de vraiment entrer dans une oeuvre et de se laisser pénétrer vraiment par une oeuvre et ça c'est dommage.

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire mieux, néanmoins j'ai été éduquée à cette musique classique mais je suis un petit peu comme la majorité des gens, comme beaucoup de gens en tout cas qui parfois trouvent que c'est trop long ou que c'est trop peu accessible et c'est pas possible. Et je le comprends aussi. Je le comprends aussi quand on me dit Ah non, ça, c'est pas pour moi. Ou alors Ah non, je... Ah, ton concert, je peux pas venir. Tout ça. Et c'est pour ça que j'ai choisi d'aller vers les gens. Et je pense que c'est ta démarche aussi. J'ai choisi de créer mon agence pour amener les meilleurs musiciens avec la meilleure musique, enfin la musique de qualité en tout cas, que moi je connais bien, auprès des gens, dans des formats plus courts. Et pour qu'eux aussi, ils connaissent cette musique, les compositeurs. mais aussi les musiciens qui la jouent. Et voilà, quand tu connais quelqu'un dans la vraie vie qui exerce ce métier, qui va jouer cette musique, peut-être que tu auras plus envie d'y aller, d'aller le voir après, dans la salle de concert où il joue.

  • Speaker #0

    C'est pertinent. C'est pertinent, ça me rappelle un petit peu. Alors d'une autre manière, le principe je trouve aujourd'hui de ces musiciens qui font de la musique classique, mais d'une autre manière. Par exemple, je n'ai pas comme ça tout de suite en tête, mais je me souviens de noms précis. J'avais été voir quelque chose avec deux violoncellistes qui jouaient des morceaux. Et alors c'était très... Il y avait une grande scénographie derrière avec beaucoup de lumière, de couleurs. Évidemment, on sortait du cadre habituel, mais malgré tout, je me disais, ça permet aux gens quand même d'effleurer, d'aller retoucher, connecter cette musique un peu dont tu parlais, Thomas, qui est plus profonde, plus longue, qui demande plus d'exigence, de rigueur. Oui, je ne vais pas aller à la facilité tout de suite. Je suis aussi comme toi, il y a des moments où il y a des morceaux maintenant, je trouve, qui ont mal. vieillir ou qui sont plus accessibles à nos époques de la même manière.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord. En fait, il faut que l'auditeur se réinvestisse dans son écoute. Et c'est ça qui est dommage. C'est qu'il y a un décalage, on consomme la musique sans avoir un réel investissement pour son écoute. Mais d'un autre côté, je veux dire, moi je suis un fan de hard rock et ça m'arrive de jouer avec des potes, de temps en temps dans des soirées ou dans les bars, on enchaîne tout le répertoire de Haze & Lissy ou... Je ne sais pas, we're in the machine et puis on s'éclate là-dessus. Voilà, c'est de l'énergie pure, c'est de l'énergie brute. Et on a besoin de ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et les guitares héros, moi j'ai appris, j'ai découvert le rock metal avec un copain, j'adore ça. Et ils ont souvent un bagage classique. Et en tout cas, ils ont travaillé leur gamme pendant des heures et des heures. Donc je me sens proche d'eux et je parlais avec ces gens-là.

  • Speaker #2

    Et on revient tout à fait sur cet investissement en tant que musicien et en tant que construction musicale. Et pour revenir justement, je répondais un peu sur ce que tu disais Stéphanie, tu dis que justement ces gens-là ont un bagage classique. Bon, je dirais, je vais ouvrir un peu plus en disant pas forcément bagage classique, mais en tout cas un bagage théorique, parce que là aussi, l'écriture musicale, il y a une grammaire qu'il faut connaître. Et je dirais que c'est comme la littérature, c'est comme dans n'importe quel art. une technique et une grammaire qu'il faut connaître, qui nous permet d'écrire et d'avancer. Il y a un appauvrissement des compositions aussi. Alors, c'est un double tranchant. D'un côté, c'est bien parce qu'il y a un accès à tous pour faire de la musique. Il y a des logiciels qui font des choses comme ça. Mais je trouve que ça devrait intéresser les gens à aller comprendre l'écriture musicale et comment la musique se construit, plutôt que vouloir faire des choses de brick and block. Donc, ça, c'est... Le résultat parfois n'est pas très heureux.

  • Speaker #1

    Là du coup, j'ai envie de dire aussi, de passer un message aux compositeurs contemporains de notre milieu. C'est-à-dire qu'il faudrait, selon moi, pour une grande majorité, qu'ils ne composent pas seulement avec leur intellect, mais avec leurs émotions, avec leur cœur. Parce que pour vider les salles, il n'y a pas mieux. Et même les musiciens d'orchestre, je connais très bien la problématique sur une série contemporaine. Souvent. on y va pas très content d'aller travailler et puis après on va chez l'ostéopathe donc c'est vrai il ya des choses à dire c'est à dire qu'on a travaillé toute notre jeunesse pour trouver un beau son avoir le le son juste le mouvement juste avoir une fin voilà joué les plus belles mélodies et on a des instruments pour nous les violonistes qui sont parfois très anciens moi tu me fais pas frapper mon violon il est fait pour être frotté pincé mais tu vois là donc il faut aussi que les compositeurs dits classiques de la nouvelle génération comprennent qu'on a besoin d'émotions.

  • Speaker #0

    D'émotions et quelque part j'avais envie de dire aussi que vous soutenez, enfin à travers les mots que j'entends, il y a aussi une notion de valeur. Quelle est la valeur et la signification que vous donnez à vos pratiques, puisque vous avez parlé déjà de la musique que vous jouiez, la manière dont vous l'envisagez. Pour vous, j'imagine que ça a une importance aussi, ces notions.

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai envie de dire, tout à l'heure j'ai parlé de l'orchestre, et moi l'orchestre c'est mon truc. Je dirais que pratiquer la musique classique ça m'élève en tant qu'être humain. J'ai joué en orchestre de la variété, du rock, de la pop, je m'amuse comme une folle. Mais, alors c'est très joyeux, mais ça ne m'élève pas. Quand j'ai la chance de jouer de la grande musique, des très grandes œuvres, notamment en orchestre, ça nourrit mon âme, ça me donne des frissons.

  • Speaker #0

    Oh c'est beau, ça nous en donne aussi Bien sûr

  • Speaker #1

    Et voilà, on est dans l'exigence millimétrée et tous les musiciens se rassemblent. Il n'y a plus de querelles, il n'y a plus d'égo, tout ça, on se rassemble, on est un collectif pour quelque chose qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    C'est beau à entendre parce que c'est précieux pour ceux qui écoutent de se dire qu'il y a quelque chose de cet ordre-là. Et si c'est là, Je pense que nous, en tant qu'auditeurs publics, ça va nous porter de la même manière. Encore, faut-il bien vouloir tenter l'aventure. Voilà, de ne pas être uniquement dans des formats, comme tu disais Thomas, très courts.

  • Speaker #2

    Oui, disons que moi, je rejoins aussi Stéphanie sur le frisson, en fait. Quand je parle d'investissement dans l'écoute, il faut savoir que moi, je vois dans la musique quelque chose d'extrêmement charnel. Je n'ai pas envie de partir dans des choses mystiques ou quoi que ce soit. On va essayer de rester très terre à terre. La musique, c'est une vibration, c'est une fréquence. Donc, c'est un mouvement, c'est une fréquence qui nous pénètre, qui nous transperce. Donc, on a un ressenti physique par rapport à la musique. Et donc, quand on met les fréquences ensemble, donc on crée pour faire très court des consonances, des dissonances, etc. On va mettre ensemble des fréquences qui vont nous créer des sensations particulières. Et c'est de là que l'émotion, en fait, va venir. Et je dirais qu'aujourd'hui, on doit aller chercher cette émotion. Et quand, par exemple, je travaille, je prends le cas d'un chœur, c'est pour moi la différence fondamentale entre travailler avec des musiciens et travailler avec des chanteurs, c'est que quand quelqu'un chante, il y a un investissement physique, c'est que le corps entre en résonance. Et quand on arrive à ce stade de faire un corps, en sorte que le corps entre en résonance, là, il y a vraiment quelque chose qui se passe, qui est physique. qui est charnelle et il y a un rapport direct du chanteur au public ou du chanteur au chef. Quand après on arrive à mettre les gens ensemble et faire entrer les corps, donc par la vibration en résonance ensemble, c'est le principe du travail choral, quand on arrive à vraiment faire sonner un accord, alors là je le vois dans les yeux des chanteurs, les yeux s'ouvrent, les pupilles se dilatent, c'est phénoménal parce qu'il y a une vraie sensation physique qui passe à travers la vibration. Et quand je parlais tout à l'heure d'œuvres sur la longueur, c'est justement un jeu de pistes, en fait. C'est pour ça qu'il faut aussi, en tant que chef d'orchestre, mettre ça en valeur, de savoir quels sont les éléments que je vais mettre en avant pour donner, j'irais, les indices au public pour avancer dans l'œuvre. Et ça, je trouve que c'est un travail aussi qui se perd, malheureusement, parce que, justement, on ne prend plus le temps aussi de travailler avec les orchestres. Il faut que ça aille très vite, il faut que ça avance très vite, etc. Et quand on a le temps vraiment de bien, bien, bien travailler sur toutes les balances et sur le discours du compositeur, là, en général, le public, on l'emmène. Et ça se passe très bien. Et j'ai eu plein de commentaires parfois de dire, je connaissais cette heure, mais je ne l'avais jamais entendue comme ça. Oui, voilà, parce qu'on s'accroche à une mélodie. Après, comment on va la développer ? Qu'est-ce qu'on va en faire ? Où va-t-elle nous emmener ? Et c'est là que le travail commence.

  • Speaker #0

    Ça me rappelle des différentes interprétations qu'on peut entendre d'une seule écriveur. ou certaines, ça va tout de suite résonner, puis d'autres, on va se dire, c'est flat, c'est plat, ça ne crée pas cette fameuse émotion dont tu parles.

  • Speaker #2

    Mais alors, justement, c'est là aussi qu'on peut voir le génie du compositeur. Parce qu'il y a des œuvres qui sont, je dirais, avec différentes entrées. Je prends le cas d'une œuvre très connue, qui est la Flûte enchantée de Mozart. Il y a tellement de plans différents. On peut attaquer cette œuvre d'un côté comme de l'autre. Et à chaque fois, on y trouvera une interprétation différente, une sonorité différente, un sens différent. Et c'est ça qui est formidable, particulièrement chez les opéras de Mozart d'ailleurs, c'est que la musique va nous amener à interpréter le texte différemment. Et ça, c'est vraiment génial.

  • Speaker #1

    Je dirais aussi qu'il y a... la synergie entre les musiciens. Et quand il y a en plus des musiciens qui ont envie de jouer ensemble et qui ont envie de jouer avec un chef, comme ce qui nous arrive au LCP, avec toi, on a tellement plaisir à jouer ensemble qu'il se passe quelque chose aussi. Et ça, le public, il le sent.

  • Speaker #0

    C'est une sorte de transcendance, en fait. Oui. Alors, évidemment, ça peut paraître un peu simpliste, mais quand je vous entends parler, ça me rappelle quand je fais du yoga, par exemple, et qu'on... ensemble on chante le son Home, alors pour plein de gens c'est béni oui oui, mais quand on y met vraiment toute son âme son cœur, sa présence et qu'on le fait ensemble, il y a effectivement alors un niveau tout à fait différent mais cette vibration dont vous parlez, ce sentiment d'appartenance et cette transcendance, ce truc qui fait que toi plus toi plus toi plus moi on a créé quelque chose qui nous dépasse.

  • Speaker #2

    C'est une énergie qui se décuple en plus.

  • Speaker #0

    Exactement. Vous en avez un petit peu parlé tout à l'heure en disant qu'il y a des moments où on veut aller vite, il faut que ça dépote, on n'a plus vraiment le temps de faire comme on veut. C'est quoi vos problématiques en tant qu'instrumentiste, chef d'orchestre, créateur, compositeur, aujourd'hui ? Et comment est-ce que vous arrivez quand même à les évoquer ?

  • Speaker #2

    Alors là, je vais... démystifier de nouveau le débat. Oh, quelle horreur !

  • Speaker #0

    Ah, mais l'auditeur restait accroché !

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Non, mais bon, le problème c'est que voilà, on est dans cette société maintenant de consommation, d'offres, etc. Et bon, le problème c'est que, ben voilà, les concerts, il faut les financer. Donc, le souci c'est de trouver des fonds, de trouver des sponsors, de trouver des partenaires, de trouver aussi évidemment des fonds publics qui peuvent nous aider. Les concerts, et alors, quand je parlais du métier de chef d'orchestre, je me souviens quand j'avais fait mes études, j'avais un... Le directeur du conservatoire à l'époque, qui était un compositeur très connu, il m'avait dit, mais tu sais Thomas, maintenant si tu te lances là-dedans, tu feras 90% de business et 10% de musique. Et malheureusement c'est ça, parce que moi je réunis mes musiciens, mais évidemment j'ai une promesse derrière, ce sont des professionnels, je dois les payer, je dois financer un concert. Et ça c'est une partie beaucoup plus pratique, beaucoup plus terre à terre que chaque musicien doit affronter, parce qu'on n'a pas le choix, il faut financer les concerts. Alors ça dépend de l'interlocuteur. On a certains interlocuteurs qui sont des gens souvent très intelligents, très cultivés, musiciens eux-mêmes, qui comprennent ce langage. Quand je leur parle de cette émotion que j'ai envie de transmettre, du temps de travail dont j'ai besoin pour pouvoir justement monter un projet. Mais pour beaucoup, il y a une logique. Bon, tu fais combien d'entrées ? Voilà, moi je mets autant. Combien je vais récupérer ? Ça, c'est extrêmement difficile à gérer parce qu'il y a un rapport de consommation. Je reviens là-dessus. Donc on est obligé de voyager entre l'aspect vraiment artistique et le côté pratique et logistique qui, de toute façon, est important parce que si on n'a pas ça, on ne peut pas faire le reste.

  • Speaker #1

    Et on n'a pas été formé à ça. Oui, pas du tout. Nous, on a été formé à travailler, travailler, travailler dur. Et on disait tout à l'heure qu'on est tellement exigeant avec nous-mêmes que se vendre, c'est déjà presque indécent. Oui, oui. Et impudique. Et il y en a qui font ça très bien et ce n'est pas forcément les meilleurs.

  • Speaker #2

    Malheureusement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, ça fait quand même un grand écart. Mais finalement, à vous écoutant, je me dis, mais il y a tellement de métiers dans lesquels on est réduit à ça aujourd'hui où le cœur de notre métier est, comment dire, noyé sous toutes ces exigences financières, matérielles. Bon, il y a un côté logique, mais il y a un côté de plus en plus prégnant. Ça nous fait faire des grands écarts pas toujours agréables. Pour aller sur un autre registre que j'avais envie d'aborder avec vous, c'était surtout dans le cadre de ce podcast, c'était le lien entre l'instrument et la voix. Comment est-ce que l'un répond à l'autre ? Comment est-ce qu'il y a un discours qui s'instaure ?

  • Speaker #2

    Je dirais que, comme disait Beethoven, la musique, c'est l'art d'exprimer l'indicible. J'aime beaucoup cette phrase parce que ça rejoint ce dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire le travail sur l'émotion pure. Et quoi de mieux quand on a un texte que de le mettre en valeur sur une émotion directe ? C'est pour ça que quand on prend par exemple certaines cantates de Bach ou certains chorales, il y a tout un travail sur l'harmonie et donc aussi sur l'orchestre pour mettre en valeur le texte. Et je dirais que là, le choix, je reviens sur nos fréquences. Le travail du compositeur, c'est de faire en sorte que l'orchestre ou l'harmonie du chœur crée des consonances et des dissonances en fonction de la phrase pour justement, de par l'émotion, guider le public sur le texte. Alors il y a toujours cet éternel débat depuis la fin de la Renaissance, prima la musica ou prima la parola ça veut dire qu'est-ce qu'on met en avant, le texte ou la musique ? Moi je dirais que c'est complètement complémentaire. Mais la musique, elle peut avoir différents rôles. Imaginez par exemple... Un truc tout bête, un film, vous retirez la musique. Ça n'a plus de sens. Parce que la musique va nous porter dans une ambiance, va nous porter dans un état émotionnel qui va nous permettre d'apprécier le texte et l'action du film. Et donc, voilà, j'ai cette complémentarité-là, mais qui existe depuis toujours, depuis toujours, depuis qu'on a commencé la polyphonie, en fait. C'est-à-dire quand on commençait à... à superposer les notes pour voir qu'il y avait une interaction entre elles et qu'elles créent une sonorité et une émotion particulière.

  • Speaker #1

    C'est amusant parce que moi, en tant que public, alors évidemment public averti, mais souvent je suis allée à l'opéra et je trouvais que le livret n'était pas forcément à la hauteur de la musique. Oui. Vraiment. Et en ça, on peut dire que certaines choses ont peut-être vieilli, même si les grands opéras ont encore beaucoup de succès. Mais moi, quand je m'intéresse à ce qui est dit, chanter, ça ne me suffit pas. Ça ne me suffit plus en tout cas.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu dis, c'est que, heureusement qu'il y a la musique qui soutient le propos d'un certain nombre d'œuvres.

  • Speaker #2

    Un truc tout bête, vous prenez un opéra en italien ou en allemand, sans comprendre le texte, vous savez exactement ce qui se passe. Et ça, c'est la magie de la musique.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux et ça rejoint en fait la question que j'avais envie de vous poser juste après, justement sur comment est-ce que ou en quoi la musique soutient ? Ça peut dire soutenir un dialogue, créer du lien, être un outil aussi de communication. Par exemple, tu parlais du film, mais c'est pareil sur une publicité par exemple. On va se souvenir d'un petit tit-tit-tit. C'est pas de la grande musique, on est d'accord. Mais je veux dire,

  • Speaker #1

    c'est les jingles d'attente au téléphone. Ah, ça je connais.

  • Speaker #2

    Je connais celle-là. Si tu la connais,

  • Speaker #0

    tout le monde la connaît.

  • Speaker #2

    Mais si. Bonjour, vous êtes bien aux Assyriques de Paris ? Toutes nos lignes sont actuellement occupées. Le temps d'attente est d'environ deux ans. Mais le but c'est ça, c'est d'attacher une émotion à une image. Alors là, évidemment, je reviens sur le côté commercial, tout ce que j'adore, mais évidemment c'est ça. On a une musique qui va nous rappeler telle pub, une pub de spaghettis, de n'importe quoi, de chocolat, de tout ce que vous voulez, et donc la musique va nous porter sur l'émotion, et nous dire, tiens, j'ai envie de revivre cette émotion, je vais acheter ce chocolat. Donc le truc c'est de dire, est-ce que c'est la musique en fait, ou est-ce que la musique est utilisée comme canal, comme machine pour... Voilà, inciter le consommateur. Si, je connais. Oui, c'est une pub. Du café, non ?

  • Speaker #0

    Oui, par exemple, dans des documentaires aussi, je pense à des documentaires animaliers, ou par exemple à Human, toute la musique qu'avait faite, je crois que c'est un New American qui avait fait, je ne suis pas sûre, je ne sais plus qui est-ce qui avait fait cette musique, mais en tout cas... ça porte, on suit le mouvement, on va dans le film, on est à paix aussi.

  • Speaker #2

    On est à paix, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, on est pénétré par la musique, transpercé, et elle nous emmène.

  • Speaker #1

    Et notre objectif, finalement, le but, et là je reviendrai peut-être sur l'éducation, le fait d'amener les jeunes et d'éduquer les jeunes à écouter, c'est important parce que pour moi quand même, la puissance d'une grande œuvre c'est de ne pas avoir besoin de paroles, ou de ne soutenir. de rien soutenir d'autre que la musique. Et c'est vrai qu'au Luxembourg, on a des projets side by side, on a les jeunes, on a les orchestres qui viennent dans les écoles, on a les jeunes qui viennent jouer au sein des orchestres. Et de cette manière-là, je pense qu'on peut éduquer progressivement à écouter la musique pour elle-même. C'est mon espoir en tout cas.

  • Speaker #0

    Thomas, en préparant le podcast, tu disais aussi que tu intervenais par exemple dans les prisons.

  • Speaker #2

    Oui, alors ça c'est un truc que j'ai fait à l'époque, je jouais au festival de Colmar et on faisait toujours un concert dans la prison. Et c'était toujours une super expérience. Je dois dire que voilà, parce qu'on arrive dans un lieu où il n'y a pas de musique, il n'y a rien, enfin c'est des lieux quand même, il y a beaucoup de désespoir. Et le fait d'arriver, c'était assez drôle, on était dans une cour grillagée, enfin c'était assez particulier comme ambiance. Donc les prisonniers pouvaient venir dans la... alors c'est l'extérieur, ils écoutaient, ils repartaient, ils restaient ou pas. Et après, on avait l'occasion de discuter un peu avec eux. Moi, je trouve ça très bien, parce que je trouve que la musique, justement, ça crée du lien, ça crée de l'apaisement, ça élève quand même l'esprit, le cœur, l'âme, tout ça. Mais pareil, ça peut être utilisé dans l'autre sens aussi. Toutes les grandes dictatures ont eu des hymnes utilisés, on va dire, pas de la bonne façon. C'est toujours pareil, ce sont des lames à double tranchant.

  • Speaker #0

    Mais je dois dire que ces expériences-là, j'ai aussi travaillé avec la Tuileries du Tourcoing il y a pas mal d'années, où on allait dans les écoles, justement dans les quartiers, et on présentait, enfin moi je présentais les opéras, et après il y avait une représentation dans une salle de cinéma de quartier, allégée pour les enfants, et puis bon ben là en fait, ils chantaient les airs, avec les chanteurs, c'est une ambiance complètement différente de ce qu'on peut trouver dans une salle d'opéra, une maison d'opéra, mais... Et c'était formidable parce que là on voyait que tout le monde se retrouve sur une valeur commune, toutes les rivalités, tout ça, enfin tout s'estompe en fait. Ça c'est formidable et je pense que ça fait vraiment du bien.

  • Speaker #1

    Au Luxembourg, il y a la Fondation Aimée Écouter pour mieux s'entendre, je trouve que le nom est quand même assez parlant. Et moi je l'ai fait pendant une saison avec une amie violoniste. Et oui, on a joué dans les maisons de retraite, les hôpitaux, et puis on a fait aussi un centre d'accueil, alors là aussi c'est... C'est assez intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, parce que tu parles d'hôpitaux, justement, et j'avais lu il y a quelques semaines, moi je ne sais plus exactement, un article à propos de la maladie d'Alzheimer qui disait que quand on faisait réécouter à des personnes atteintes de cette maladie des morceaux qu'elles avaient l'habitude d'écouter étant plus jeunes, on voyait le corps réagir, les personnes se détendre. Donc vraiment, ça va profondément, ce que vous disiez tout à l'heure, la notion de la musique, du lien qu'on peut avoir avec elle.

  • Speaker #0

    Tout à fait, oui. C'est vraiment le langage de l'âme. Oui. Et ça nous prend le cœur, ça nous prend le corps, ça peut tout nous prendre.

  • Speaker #2

    C'est formidable. C'est merveilleux. On arrive à la fin de cet épisode. Avant de le conclure, j'ai envie de vous donner le choix de comment vous avez envie de le terminer. Qu'est-ce que vous auriez envie de dire ? Quel message vous aviez envie de transmettre à nos auditeurs ? Peut-être quel truc pratique pour ce...

  • Speaker #0

    relié à une musique ou je ne sais pas je vous laisse le champ libre écoutez moi je dirais prenez le temps et dites vous tiens je vais écouter partez sur des oeuvres très classiques très abordables ce qui veut pas dire de mauvaise qualité au contraire de très bonne qualité mais des choses qui vont vous faire plaisir à l'oreille partez sur des opéras de mozart la trilogie mozart d'apentes et par exemple ce sont des oeuvres absolument formidables et laissez vous porter une petite symphonie de Beethoven, fermez les yeux et laissez-vous porter et vous verrez, ça va marcher.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu nous proposes comme ça on peut mettre un petit extrait à écouter ?

  • Speaker #0

    Ben... Je sais.

  • Speaker #2

    La question est vaste.

  • Speaker #0

    La question est très vaste. Je vous propose de venir au concert, déjà.

  • Speaker #2

    Excellente.

  • Speaker #0

    Écoutez, des choses que j'ai faites ou qu'on a faites ?

  • Speaker #1

    Tu peux présenter cette œuvre qui est magnifique, là, pour cœur.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors justement, je parlais de dissonance. Donc, on a fait la création, enfin, j'ai fait plusieurs créations luxembourgeois, dont une qui est d'une compositrice italienne qui s'appelle Elvira Moratore. Elle a écrit une pièce. pour chœurs a cappella qui s'appelle sul cielo et là vraiment c'est une pièce qui travaille sur la dissonance la consonance c'est très court pour un maître lien par exemple un petit extrait là c'est très très beau c'est très très beau c'est pour voir enfin uniquement coeur sans accompagnement ce qu'est Ça c'est un truc aussi que j'aimerais préciser, c'est qu'il m'arrive assez régulièrement, j'en ai eu l'occasion, de placer par exemple une pièce contemporaine dans un programme classique. Ça marche bien parce que les gens sont disposés à l'écouter en fait. Et là ça marche bien. Alors que faire un programme entièrement contemporain c'est complètement indigeste pour le public. Mettre une petite pépite comme ça, souvent ça marche bien. Et oui cet extrait là, je serais très heureux que vous l'écoutiez.

  • Speaker #2

    On va le partager de ce pas. Et après cette écoute, Stéphanie, toi, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai envie de vous dire, pratiquez. Choisissez un instrument à tout âge. Entrez dans un cœur. Faites quelque chose avec un groupe. Entrez dans un ensemble. Parce que quand vous aurez joué une œuvre, vous l'écouterez différemment. Complètement différemment.

  • Speaker #2

    Sacré programme, mes amis. Sacré programme. Je vous remercie du fond du cœur. Thomas, Stéphanie, d'avoir accepté de venir nous parler de musique, de grande musique. Et j'espère, chers auditeurs, que ça vous offrira des horizons bien plus vastes que ce que vous espériez avant d'avoir entamé le début de cet épisode.

  • Speaker #3

    À très bientôt !

  • Speaker #2

    Si après cet épisode,

  • Speaker #3

    vous n'avez pas envie de retourner dans une salle de concert pour aller applaudir Thomas ou contacter Stéphanie pour qu'elle enchante votre prochain anniversaire, événement ou autre, c'est que vous devez reprendre l'écoute depuis le début. Puisse ce dernier morceau d'éclat de voix pour 2024. agrémentez vos fêtes. Puissiez-vous en profiter pour le partager, le diffuser autour de vous et avoir la curiosité de découvrir les autres épisodes. Puissiez-vous faire scintiller, éclat de voix, au moins autant que le sapin dans votre salon ou les décorations dans votre ville, village, quartier, rue, en le mettant cinq étoiles sur la plateforme de votre choix. Puissiez-vous enfin vivre cette fin d'année. comme vous l'imaginez, festive, paisible, en famille, entre amis, auprès de ceux qui en ont besoin, en solo. Et que ce solstice d'hiver soit pour nous tous l'occasion de laisser mourir ce qui doit s'éteindre, de quitter 2024 plus serein, pour que nous repartions vers un nouveau cycle de vie, et vers 2025 en fanfare. Oh, je termine comme j'ai commencé, fanfare. Bon, d'ici 2025, je vous souhaite des éclats de voix musicaux mélodieux en cadence.

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Description

Épisode 34- Entre partitions et convictions: les musiciens s'expriment, avec Stéphanie Grevedon, violoniste, fondatrice de My Concert at Home (https://myconcertathome.lu) et Thomas Raoult, chef d'orchestre et de choeur (https://www.linkedin.com/in/thomas-raoult).

Terminons l'année en beauté et ... en fanfare!! Dans cet épisode spécial, très musical, nous abordons cette forme de langage, la musique, puissante, au-delà des mots, universelle.

Applaudissez Stéphanie et Thomas puis faites silence…

 

Références des oeuvres entendues dans l'épisode:

Générique «2001, l'Odyssée de l'espace» (https://bit.ly/3VzMNk7)

Killing the Name – Rage Against The Machine (https://bit.ly/4guWcla)

Vivaldi Tribute – Patrick Rondat (https://bit.ly/3D9YmYZ)

Symphonie n°3 de Brahms (https://bit.ly/3VWTDAz)

La flûte enchantée (https://bit.ly/3VAto2m)

Beethoven – 5th Symphony (https://bit.ly/4iyfNCu)

Les dents de la Mer – John Williams (https://bit.ly/41w1CrE)

Extraits « Intouchables » (https://bit.ly/3VAtMhk)

Sul cielo (Live) – Elvira Muratore (https://bit.ly/3VBAMKT)

Symphony No. 9 – Beethoven (https://bit.ly/4g5RHxF)

Vivaldi - Winter, RV 297 (https://bit.ly/3ZzEKVJ)

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast des prises de paroles engagées, qui donne envie de s'exprimer et mettre à l'honneur une forme de communication vibrante, percutante, décomplexée parce qu'elle vient du cœur. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, auteure, modératrice, facilitatrice de cette prise de parole engagée. À ce micro, seule ou avec des invités, je veux vous donner de l'impulsion, de la matière à réflexion, méditation, puis action. pour provoquer ce désir qui sommeille en vous de prendre à votre tour la parole, de porter haut et fort vos convictions, vos projets. Dire plutôt que taire. Chacun a une voix et cette voix compte. Osez la faire entendre, qu'elle soit mélodieuse ou non. Terminons l'année en beauté et en fanfare, si j'ose dire. Après deux épisodes cinématographiques, si j'ose dire une nouvelle fois, c'est d'un autre art dont il est question aujourd'hui, la grande musique. Grande, savante, raffinée, qui en chante profondément, mais qui n'est pas forcément ni exclusivement classique, c'est ce que nous allons découvrir, avec un duo exceptionnel, yes, I pèse mes mots, d'invité. Stéphanie Grévendon-Germany, qui en plus d'être violoniste et de partager ma passion pour le chocolat, a eu la brillante idée d'amener la musique dans vos, dans nos maisons avec My Concert at Home. Et puis Thomas Raoult, qui est chef de chœur, chef d'orchestre, directeur artistique au Luxembourg Chamber Players, titulaire, attention, de sept prix de conservatoire et de deux masters en direction chorale et direction d'orchestre. avec distinction. Bref, du très beau monde pour de la très belle musique et pour nous entraîner dans les coulisses d'un concert au chœur, excellent jeu de mots que vous avez bien sûr noté, au chœur d'un orchestre, d'une passion ou pas d'ailleurs, vous allez l'entendre. Et par la présente, je vous annonce que dans cet épisode, nous allons contredire Vladimir Jankélévitch, musicologue et philosophe pour lequel la musique c'est comme la poésie, ce n'est pas fait pour qu'on en parle mais pour qu'on en fasse. Eh bien nous, nous allons en causer parce que oui, cette forme de langage puissante, au-delà des mots, mérite toute notre attention, mérite que nous évoquions avec ceux qui la jouent combien cela leur demande de s'engager, au sens étymologique du terme qui dit que l'engagement exige de mettre... quelque chose engage. Mais quoi en l'occurrence ? Eh bien, leur temps par exemple. Parce qu'il faut répéter, répéter, répéter, apprendre, répéter, répéter, pour pouvoir jouer tous ensemble. Et pour pouvoir jouer d'un instrument. Mais leur corps aussi. Parce que faire de la musique, entraîne l'être tout entier. Pas uniquement ses doigts sur un clavier, ou ses lèvres quand il faut souffler dans un instrument. Allez, applaudissez Stéphanie ! et Thomas. Et puis, faites silence. Merci les amis, vous êtes introduits direct. Bonjour Thomas, bonjour Stéphanie. Je te tends le micro. Vas-y, commence Stéphanie.

  • Speaker #1

    Alors moi, je vais présenter Thomas, Thomas Raoult, qui est le chef des Luxembourg Chamber Players et du Chœur Luxe Vocalis.

  • Speaker #2

    Et donc moi je présente Stéphanie qui est une violoniste de talent mais qui est aussi entrepreneuse et qui gère une société de concert qui s'appelle My Concert at Home.

  • Speaker #0

    Bravo, mais quelle efficacité, je n'ai rien à faire. Alors je commence par poser une question quand même pour que je sers quand même à quelque chose. J'avais envie de vous demander, chacun de vous, donc il y en a un qui est plus tu fais des instruments et tu fais de la voix Oui. Thomas, toi, Stéphanie, tu es plus violoniste. Donc, que ce soit l'un ou l'autre, vous avez des métiers qui font rêver. Comment est-ce que, quand on vous aborde, vous parlez de votre métier ? Comment est-ce que vous expliquez aux gens ce que vous faites ? Parce que nous, on rêve en vous voyant.

  • Speaker #2

    Eh bien, justement, le souci, c'est que quand on me pose ces questions-là, moi, souvent, je casse le rêve et je désacralise énormément ce métier.

  • Speaker #0

    décidément qu'elle débute pas de casse-raises.

  • Speaker #2

    Je suis désolé, je suis désolé, parce que bon, malheureusement, oui, je considère que c'est un métier comme un autre, et il y a du rêve, évidemment, parce qu'en fait, on vend de l'émotion, et on est là pour partager un certain nombre d'émotions avec les gens, donc on les touche. assez profondément dans leur âme, quand on réussit notre cours en tout cas. Mais à part ça, ça reste un métier comme tous les autres, où il faut travailler, il faut se préparer. Et puis il y a tous les à-côtés, il y a toute la logistique. Il y a plein d'éléments qui sont finalement très communs.

  • Speaker #1

    Il faut beaucoup travailler. Moi, j'ai envie de dire, c'est quand même un sacerdoce. Pour rester au niveau, c'est un travail extrêmement exigeant. C'est... Très stressant. Alors être sur scène, c'est quand même... Enfin voilà, il y a beaucoup d'adrénaline. Et quand on a une vie de famille, une vie privée, comme tout le monde, être toujours au top, ce n'est pas forcément facile. Moi, j'aime particulièrement jouer en orchestre. Et ça, c'est quand même le rêve.

  • Speaker #0

    Ça te porte ?

  • Speaker #1

    Ça me porte, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça permet à ce niveau de stress d'être moins imprégnant ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est un collectif. Et moi, je n'aime pas me mettre en avant. J'aime être avec les autres, dans un groupe.

  • Speaker #0

    Et toi, Thomas ?

  • Speaker #2

    Pareil. Pareil, je n'aime pas trop me mettre en avant non plus, bien que de par ma place devant l'orchestre, je suis devant. Mais j'ai une petite expression, enfin une petite phrase que j'aime toujours dire dans ces cas-là, c'est qu'il faut mettre son ego au service de la musique et ne pas mettre la musique au service de son ego.

  • Speaker #0

    Ouah, c'est bon !

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est-à-dire qu'en fait, évidemment, il faut un certain courage pour rentrer sur scène, pour avoir entre guillemets sous sa baguette 10, 20 ou 40 ou 50 musiciens, peu importe. des chanteurs, il faut savoir ce qu'on veut, mais d'un autre côté, on est là avant tout pour diriger l'orchestre et essayer de sortir cette émotion de tout cet ensemble de musiciens, de chanteurs qui sont là pour travailler ensemble. Donc voilà, on a ce Ausha.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, et vous parlez tous les deux de musique, on va dire classique, dans un orchestre, avec un chœur, etc. Comment est-ce que vous... parler de cette forme, de ces formes musicales et de votre rapport à la musique qui s'est quand même aujourd'hui pour tout le monde un peu morcelé finalement avec toutes ces plateformes, avec cette espèce d'accès constant à de la musique qui finit par être un peu de l'ordre du vacarme où il y a plein de choses dans tous les sens, ça va tout le temps on a l'impression que même quelque part parfois on voudrait du silence comment est-ce qu'on peut encore parler de votre musique ?

  • Speaker #2

    Moi je dirais que Le souci actuellement, c'est qu'on est dans une société où tout est consommable, tout est produit commercial, donc en fait on se retrouve devant une palette. D'un côté, il y a l'accès direct à la musique, tiens j'ai envie d'écouter ça, je vais sur n'importe quelle plateforme, et puis j'écoute telle ou telle chanson, ça, ça va très vite. Mais après, le problème c'est qu'il y a une sorte de poulimie, d'indigestion de musique, et je trouve que, moi je trouvais tellement... beaucoup plus sain quand avant on sortait un vinyle, on le posait ou un CD et puis on prenait la peine de l'écouter. Il y avait tout un cérémonial autour d'écouter de la musique. Aujourd'hui, on consomme de la musique. Et le problème, c'est que du coup, on cherche un effet direct immédiat. C'est un peu comme le sucre qu'on met dans tous les aliments. C'est exactement la même chose. Et donc, on n'a plus cette patience et cette écoute qui nous... permet justement d'évoluer émotionnellement à travers une oeuvre musicale. Et on voit bien dans le format par exemple, on a des formats de 2-3 minutes maximum maintenant. Alors que ce soit dans la musique classique, on avait des symphonies qui pouvaient durer jusqu'à une heure. Et j'irais même, pour sortir de la musique classique, on prenait des albums de pop, de rock progressif dans les années 70, où on avait des chansons qui faisaient un album complet, des albums de jazz. aussi de Miles Davis à la grande époque où sur un CD entier on a peut-être deux morceaux et on a plus le souci de vraiment entrer dans une oeuvre et de se laisser pénétrer vraiment par une oeuvre et ça c'est dommage.

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire mieux, néanmoins j'ai été éduquée à cette musique classique mais je suis un petit peu comme la majorité des gens, comme beaucoup de gens en tout cas qui parfois trouvent que c'est trop long ou que c'est trop peu accessible et c'est pas possible. Et je le comprends aussi. Je le comprends aussi quand on me dit Ah non, ça, c'est pas pour moi. Ou alors Ah non, je... Ah, ton concert, je peux pas venir. Tout ça. Et c'est pour ça que j'ai choisi d'aller vers les gens. Et je pense que c'est ta démarche aussi. J'ai choisi de créer mon agence pour amener les meilleurs musiciens avec la meilleure musique, enfin la musique de qualité en tout cas, que moi je connais bien, auprès des gens, dans des formats plus courts. Et pour qu'eux aussi, ils connaissent cette musique, les compositeurs. mais aussi les musiciens qui la jouent. Et voilà, quand tu connais quelqu'un dans la vraie vie qui exerce ce métier, qui va jouer cette musique, peut-être que tu auras plus envie d'y aller, d'aller le voir après, dans la salle de concert où il joue.

  • Speaker #0

    C'est pertinent. C'est pertinent, ça me rappelle un petit peu. Alors d'une autre manière, le principe je trouve aujourd'hui de ces musiciens qui font de la musique classique, mais d'une autre manière. Par exemple, je n'ai pas comme ça tout de suite en tête, mais je me souviens de noms précis. J'avais été voir quelque chose avec deux violoncellistes qui jouaient des morceaux. Et alors c'était très... Il y avait une grande scénographie derrière avec beaucoup de lumière, de couleurs. Évidemment, on sortait du cadre habituel, mais malgré tout, je me disais, ça permet aux gens quand même d'effleurer, d'aller retoucher, connecter cette musique un peu dont tu parlais, Thomas, qui est plus profonde, plus longue, qui demande plus d'exigence, de rigueur. Oui, je ne vais pas aller à la facilité tout de suite. Je suis aussi comme toi, il y a des moments où il y a des morceaux maintenant, je trouve, qui ont mal. vieillir ou qui sont plus accessibles à nos époques de la même manière.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord. En fait, il faut que l'auditeur se réinvestisse dans son écoute. Et c'est ça qui est dommage. C'est qu'il y a un décalage, on consomme la musique sans avoir un réel investissement pour son écoute. Mais d'un autre côté, je veux dire, moi je suis un fan de hard rock et ça m'arrive de jouer avec des potes, de temps en temps dans des soirées ou dans les bars, on enchaîne tout le répertoire de Haze & Lissy ou... Je ne sais pas, we're in the machine et puis on s'éclate là-dessus. Voilà, c'est de l'énergie pure, c'est de l'énergie brute. Et on a besoin de ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et les guitares héros, moi j'ai appris, j'ai découvert le rock metal avec un copain, j'adore ça. Et ils ont souvent un bagage classique. Et en tout cas, ils ont travaillé leur gamme pendant des heures et des heures. Donc je me sens proche d'eux et je parlais avec ces gens-là.

  • Speaker #2

    Et on revient tout à fait sur cet investissement en tant que musicien et en tant que construction musicale. Et pour revenir justement, je répondais un peu sur ce que tu disais Stéphanie, tu dis que justement ces gens-là ont un bagage classique. Bon, je dirais, je vais ouvrir un peu plus en disant pas forcément bagage classique, mais en tout cas un bagage théorique, parce que là aussi, l'écriture musicale, il y a une grammaire qu'il faut connaître. Et je dirais que c'est comme la littérature, c'est comme dans n'importe quel art. une technique et une grammaire qu'il faut connaître, qui nous permet d'écrire et d'avancer. Il y a un appauvrissement des compositions aussi. Alors, c'est un double tranchant. D'un côté, c'est bien parce qu'il y a un accès à tous pour faire de la musique. Il y a des logiciels qui font des choses comme ça. Mais je trouve que ça devrait intéresser les gens à aller comprendre l'écriture musicale et comment la musique se construit, plutôt que vouloir faire des choses de brick and block. Donc, ça, c'est... Le résultat parfois n'est pas très heureux.

  • Speaker #1

    Là du coup, j'ai envie de dire aussi, de passer un message aux compositeurs contemporains de notre milieu. C'est-à-dire qu'il faudrait, selon moi, pour une grande majorité, qu'ils ne composent pas seulement avec leur intellect, mais avec leurs émotions, avec leur cœur. Parce que pour vider les salles, il n'y a pas mieux. Et même les musiciens d'orchestre, je connais très bien la problématique sur une série contemporaine. Souvent. on y va pas très content d'aller travailler et puis après on va chez l'ostéopathe donc c'est vrai il ya des choses à dire c'est à dire qu'on a travaillé toute notre jeunesse pour trouver un beau son avoir le le son juste le mouvement juste avoir une fin voilà joué les plus belles mélodies et on a des instruments pour nous les violonistes qui sont parfois très anciens moi tu me fais pas frapper mon violon il est fait pour être frotté pincé mais tu vois là donc il faut aussi que les compositeurs dits classiques de la nouvelle génération comprennent qu'on a besoin d'émotions.

  • Speaker #0

    D'émotions et quelque part j'avais envie de dire aussi que vous soutenez, enfin à travers les mots que j'entends, il y a aussi une notion de valeur. Quelle est la valeur et la signification que vous donnez à vos pratiques, puisque vous avez parlé déjà de la musique que vous jouiez, la manière dont vous l'envisagez. Pour vous, j'imagine que ça a une importance aussi, ces notions.

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai envie de dire, tout à l'heure j'ai parlé de l'orchestre, et moi l'orchestre c'est mon truc. Je dirais que pratiquer la musique classique ça m'élève en tant qu'être humain. J'ai joué en orchestre de la variété, du rock, de la pop, je m'amuse comme une folle. Mais, alors c'est très joyeux, mais ça ne m'élève pas. Quand j'ai la chance de jouer de la grande musique, des très grandes œuvres, notamment en orchestre, ça nourrit mon âme, ça me donne des frissons.

  • Speaker #0

    Oh c'est beau, ça nous en donne aussi Bien sûr

  • Speaker #1

    Et voilà, on est dans l'exigence millimétrée et tous les musiciens se rassemblent. Il n'y a plus de querelles, il n'y a plus d'égo, tout ça, on se rassemble, on est un collectif pour quelque chose qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    C'est beau à entendre parce que c'est précieux pour ceux qui écoutent de se dire qu'il y a quelque chose de cet ordre-là. Et si c'est là, Je pense que nous, en tant qu'auditeurs publics, ça va nous porter de la même manière. Encore, faut-il bien vouloir tenter l'aventure. Voilà, de ne pas être uniquement dans des formats, comme tu disais Thomas, très courts.

  • Speaker #2

    Oui, disons que moi, je rejoins aussi Stéphanie sur le frisson, en fait. Quand je parle d'investissement dans l'écoute, il faut savoir que moi, je vois dans la musique quelque chose d'extrêmement charnel. Je n'ai pas envie de partir dans des choses mystiques ou quoi que ce soit. On va essayer de rester très terre à terre. La musique, c'est une vibration, c'est une fréquence. Donc, c'est un mouvement, c'est une fréquence qui nous pénètre, qui nous transperce. Donc, on a un ressenti physique par rapport à la musique. Et donc, quand on met les fréquences ensemble, donc on crée pour faire très court des consonances, des dissonances, etc. On va mettre ensemble des fréquences qui vont nous créer des sensations particulières. Et c'est de là que l'émotion, en fait, va venir. Et je dirais qu'aujourd'hui, on doit aller chercher cette émotion. Et quand, par exemple, je travaille, je prends le cas d'un chœur, c'est pour moi la différence fondamentale entre travailler avec des musiciens et travailler avec des chanteurs, c'est que quand quelqu'un chante, il y a un investissement physique, c'est que le corps entre en résonance. Et quand on arrive à ce stade de faire un corps, en sorte que le corps entre en résonance, là, il y a vraiment quelque chose qui se passe, qui est physique. qui est charnelle et il y a un rapport direct du chanteur au public ou du chanteur au chef. Quand après on arrive à mettre les gens ensemble et faire entrer les corps, donc par la vibration en résonance ensemble, c'est le principe du travail choral, quand on arrive à vraiment faire sonner un accord, alors là je le vois dans les yeux des chanteurs, les yeux s'ouvrent, les pupilles se dilatent, c'est phénoménal parce qu'il y a une vraie sensation physique qui passe à travers la vibration. Et quand je parlais tout à l'heure d'œuvres sur la longueur, c'est justement un jeu de pistes, en fait. C'est pour ça qu'il faut aussi, en tant que chef d'orchestre, mettre ça en valeur, de savoir quels sont les éléments que je vais mettre en avant pour donner, j'irais, les indices au public pour avancer dans l'œuvre. Et ça, je trouve que c'est un travail aussi qui se perd, malheureusement, parce que, justement, on ne prend plus le temps aussi de travailler avec les orchestres. Il faut que ça aille très vite, il faut que ça avance très vite, etc. Et quand on a le temps vraiment de bien, bien, bien travailler sur toutes les balances et sur le discours du compositeur, là, en général, le public, on l'emmène. Et ça se passe très bien. Et j'ai eu plein de commentaires parfois de dire, je connaissais cette heure, mais je ne l'avais jamais entendue comme ça. Oui, voilà, parce qu'on s'accroche à une mélodie. Après, comment on va la développer ? Qu'est-ce qu'on va en faire ? Où va-t-elle nous emmener ? Et c'est là que le travail commence.

  • Speaker #0

    Ça me rappelle des différentes interprétations qu'on peut entendre d'une seule écriveur. ou certaines, ça va tout de suite résonner, puis d'autres, on va se dire, c'est flat, c'est plat, ça ne crée pas cette fameuse émotion dont tu parles.

  • Speaker #2

    Mais alors, justement, c'est là aussi qu'on peut voir le génie du compositeur. Parce qu'il y a des œuvres qui sont, je dirais, avec différentes entrées. Je prends le cas d'une œuvre très connue, qui est la Flûte enchantée de Mozart. Il y a tellement de plans différents. On peut attaquer cette œuvre d'un côté comme de l'autre. Et à chaque fois, on y trouvera une interprétation différente, une sonorité différente, un sens différent. Et c'est ça qui est formidable, particulièrement chez les opéras de Mozart d'ailleurs, c'est que la musique va nous amener à interpréter le texte différemment. Et ça, c'est vraiment génial.

  • Speaker #1

    Je dirais aussi qu'il y a... la synergie entre les musiciens. Et quand il y a en plus des musiciens qui ont envie de jouer ensemble et qui ont envie de jouer avec un chef, comme ce qui nous arrive au LCP, avec toi, on a tellement plaisir à jouer ensemble qu'il se passe quelque chose aussi. Et ça, le public, il le sent.

  • Speaker #0

    C'est une sorte de transcendance, en fait. Oui. Alors, évidemment, ça peut paraître un peu simpliste, mais quand je vous entends parler, ça me rappelle quand je fais du yoga, par exemple, et qu'on... ensemble on chante le son Home, alors pour plein de gens c'est béni oui oui, mais quand on y met vraiment toute son âme son cœur, sa présence et qu'on le fait ensemble, il y a effectivement alors un niveau tout à fait différent mais cette vibration dont vous parlez, ce sentiment d'appartenance et cette transcendance, ce truc qui fait que toi plus toi plus toi plus moi on a créé quelque chose qui nous dépasse.

  • Speaker #2

    C'est une énergie qui se décuple en plus.

  • Speaker #0

    Exactement. Vous en avez un petit peu parlé tout à l'heure en disant qu'il y a des moments où on veut aller vite, il faut que ça dépote, on n'a plus vraiment le temps de faire comme on veut. C'est quoi vos problématiques en tant qu'instrumentiste, chef d'orchestre, créateur, compositeur, aujourd'hui ? Et comment est-ce que vous arrivez quand même à les évoquer ?

  • Speaker #2

    Alors là, je vais... démystifier de nouveau le débat. Oh, quelle horreur !

  • Speaker #0

    Ah, mais l'auditeur restait accroché !

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Non, mais bon, le problème c'est que voilà, on est dans cette société maintenant de consommation, d'offres, etc. Et bon, le problème c'est que, ben voilà, les concerts, il faut les financer. Donc, le souci c'est de trouver des fonds, de trouver des sponsors, de trouver des partenaires, de trouver aussi évidemment des fonds publics qui peuvent nous aider. Les concerts, et alors, quand je parlais du métier de chef d'orchestre, je me souviens quand j'avais fait mes études, j'avais un... Le directeur du conservatoire à l'époque, qui était un compositeur très connu, il m'avait dit, mais tu sais Thomas, maintenant si tu te lances là-dedans, tu feras 90% de business et 10% de musique. Et malheureusement c'est ça, parce que moi je réunis mes musiciens, mais évidemment j'ai une promesse derrière, ce sont des professionnels, je dois les payer, je dois financer un concert. Et ça c'est une partie beaucoup plus pratique, beaucoup plus terre à terre que chaque musicien doit affronter, parce qu'on n'a pas le choix, il faut financer les concerts. Alors ça dépend de l'interlocuteur. On a certains interlocuteurs qui sont des gens souvent très intelligents, très cultivés, musiciens eux-mêmes, qui comprennent ce langage. Quand je leur parle de cette émotion que j'ai envie de transmettre, du temps de travail dont j'ai besoin pour pouvoir justement monter un projet. Mais pour beaucoup, il y a une logique. Bon, tu fais combien d'entrées ? Voilà, moi je mets autant. Combien je vais récupérer ? Ça, c'est extrêmement difficile à gérer parce qu'il y a un rapport de consommation. Je reviens là-dessus. Donc on est obligé de voyager entre l'aspect vraiment artistique et le côté pratique et logistique qui, de toute façon, est important parce que si on n'a pas ça, on ne peut pas faire le reste.

  • Speaker #1

    Et on n'a pas été formé à ça. Oui, pas du tout. Nous, on a été formé à travailler, travailler, travailler dur. Et on disait tout à l'heure qu'on est tellement exigeant avec nous-mêmes que se vendre, c'est déjà presque indécent. Oui, oui. Et impudique. Et il y en a qui font ça très bien et ce n'est pas forcément les meilleurs.

  • Speaker #2

    Malheureusement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, ça fait quand même un grand écart. Mais finalement, à vous écoutant, je me dis, mais il y a tellement de métiers dans lesquels on est réduit à ça aujourd'hui où le cœur de notre métier est, comment dire, noyé sous toutes ces exigences financières, matérielles. Bon, il y a un côté logique, mais il y a un côté de plus en plus prégnant. Ça nous fait faire des grands écarts pas toujours agréables. Pour aller sur un autre registre que j'avais envie d'aborder avec vous, c'était surtout dans le cadre de ce podcast, c'était le lien entre l'instrument et la voix. Comment est-ce que l'un répond à l'autre ? Comment est-ce qu'il y a un discours qui s'instaure ?

  • Speaker #2

    Je dirais que, comme disait Beethoven, la musique, c'est l'art d'exprimer l'indicible. J'aime beaucoup cette phrase parce que ça rejoint ce dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire le travail sur l'émotion pure. Et quoi de mieux quand on a un texte que de le mettre en valeur sur une émotion directe ? C'est pour ça que quand on prend par exemple certaines cantates de Bach ou certains chorales, il y a tout un travail sur l'harmonie et donc aussi sur l'orchestre pour mettre en valeur le texte. Et je dirais que là, le choix, je reviens sur nos fréquences. Le travail du compositeur, c'est de faire en sorte que l'orchestre ou l'harmonie du chœur crée des consonances et des dissonances en fonction de la phrase pour justement, de par l'émotion, guider le public sur le texte. Alors il y a toujours cet éternel débat depuis la fin de la Renaissance, prima la musica ou prima la parola ça veut dire qu'est-ce qu'on met en avant, le texte ou la musique ? Moi je dirais que c'est complètement complémentaire. Mais la musique, elle peut avoir différents rôles. Imaginez par exemple... Un truc tout bête, un film, vous retirez la musique. Ça n'a plus de sens. Parce que la musique va nous porter dans une ambiance, va nous porter dans un état émotionnel qui va nous permettre d'apprécier le texte et l'action du film. Et donc, voilà, j'ai cette complémentarité-là, mais qui existe depuis toujours, depuis toujours, depuis qu'on a commencé la polyphonie, en fait. C'est-à-dire quand on commençait à... à superposer les notes pour voir qu'il y avait une interaction entre elles et qu'elles créent une sonorité et une émotion particulière.

  • Speaker #1

    C'est amusant parce que moi, en tant que public, alors évidemment public averti, mais souvent je suis allée à l'opéra et je trouvais que le livret n'était pas forcément à la hauteur de la musique. Oui. Vraiment. Et en ça, on peut dire que certaines choses ont peut-être vieilli, même si les grands opéras ont encore beaucoup de succès. Mais moi, quand je m'intéresse à ce qui est dit, chanter, ça ne me suffit pas. Ça ne me suffit plus en tout cas.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu dis, c'est que, heureusement qu'il y a la musique qui soutient le propos d'un certain nombre d'œuvres.

  • Speaker #2

    Un truc tout bête, vous prenez un opéra en italien ou en allemand, sans comprendre le texte, vous savez exactement ce qui se passe. Et ça, c'est la magie de la musique.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux et ça rejoint en fait la question que j'avais envie de vous poser juste après, justement sur comment est-ce que ou en quoi la musique soutient ? Ça peut dire soutenir un dialogue, créer du lien, être un outil aussi de communication. Par exemple, tu parlais du film, mais c'est pareil sur une publicité par exemple. On va se souvenir d'un petit tit-tit-tit. C'est pas de la grande musique, on est d'accord. Mais je veux dire,

  • Speaker #1

    c'est les jingles d'attente au téléphone. Ah, ça je connais.

  • Speaker #2

    Je connais celle-là. Si tu la connais,

  • Speaker #0

    tout le monde la connaît.

  • Speaker #2

    Mais si. Bonjour, vous êtes bien aux Assyriques de Paris ? Toutes nos lignes sont actuellement occupées. Le temps d'attente est d'environ deux ans. Mais le but c'est ça, c'est d'attacher une émotion à une image. Alors là, évidemment, je reviens sur le côté commercial, tout ce que j'adore, mais évidemment c'est ça. On a une musique qui va nous rappeler telle pub, une pub de spaghettis, de n'importe quoi, de chocolat, de tout ce que vous voulez, et donc la musique va nous porter sur l'émotion, et nous dire, tiens, j'ai envie de revivre cette émotion, je vais acheter ce chocolat. Donc le truc c'est de dire, est-ce que c'est la musique en fait, ou est-ce que la musique est utilisée comme canal, comme machine pour... Voilà, inciter le consommateur. Si, je connais. Oui, c'est une pub. Du café, non ?

  • Speaker #0

    Oui, par exemple, dans des documentaires aussi, je pense à des documentaires animaliers, ou par exemple à Human, toute la musique qu'avait faite, je crois que c'est un New American qui avait fait, je ne suis pas sûre, je ne sais plus qui est-ce qui avait fait cette musique, mais en tout cas... ça porte, on suit le mouvement, on va dans le film, on est à paix aussi.

  • Speaker #2

    On est à paix, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, on est pénétré par la musique, transpercé, et elle nous emmène.

  • Speaker #1

    Et notre objectif, finalement, le but, et là je reviendrai peut-être sur l'éducation, le fait d'amener les jeunes et d'éduquer les jeunes à écouter, c'est important parce que pour moi quand même, la puissance d'une grande œuvre c'est de ne pas avoir besoin de paroles, ou de ne soutenir. de rien soutenir d'autre que la musique. Et c'est vrai qu'au Luxembourg, on a des projets side by side, on a les jeunes, on a les orchestres qui viennent dans les écoles, on a les jeunes qui viennent jouer au sein des orchestres. Et de cette manière-là, je pense qu'on peut éduquer progressivement à écouter la musique pour elle-même. C'est mon espoir en tout cas.

  • Speaker #0

    Thomas, en préparant le podcast, tu disais aussi que tu intervenais par exemple dans les prisons.

  • Speaker #2

    Oui, alors ça c'est un truc que j'ai fait à l'époque, je jouais au festival de Colmar et on faisait toujours un concert dans la prison. Et c'était toujours une super expérience. Je dois dire que voilà, parce qu'on arrive dans un lieu où il n'y a pas de musique, il n'y a rien, enfin c'est des lieux quand même, il y a beaucoup de désespoir. Et le fait d'arriver, c'était assez drôle, on était dans une cour grillagée, enfin c'était assez particulier comme ambiance. Donc les prisonniers pouvaient venir dans la... alors c'est l'extérieur, ils écoutaient, ils repartaient, ils restaient ou pas. Et après, on avait l'occasion de discuter un peu avec eux. Moi, je trouve ça très bien, parce que je trouve que la musique, justement, ça crée du lien, ça crée de l'apaisement, ça élève quand même l'esprit, le cœur, l'âme, tout ça. Mais pareil, ça peut être utilisé dans l'autre sens aussi. Toutes les grandes dictatures ont eu des hymnes utilisés, on va dire, pas de la bonne façon. C'est toujours pareil, ce sont des lames à double tranchant.

  • Speaker #0

    Mais je dois dire que ces expériences-là, j'ai aussi travaillé avec la Tuileries du Tourcoing il y a pas mal d'années, où on allait dans les écoles, justement dans les quartiers, et on présentait, enfin moi je présentais les opéras, et après il y avait une représentation dans une salle de cinéma de quartier, allégée pour les enfants, et puis bon ben là en fait, ils chantaient les airs, avec les chanteurs, c'est une ambiance complètement différente de ce qu'on peut trouver dans une salle d'opéra, une maison d'opéra, mais... Et c'était formidable parce que là on voyait que tout le monde se retrouve sur une valeur commune, toutes les rivalités, tout ça, enfin tout s'estompe en fait. Ça c'est formidable et je pense que ça fait vraiment du bien.

  • Speaker #1

    Au Luxembourg, il y a la Fondation Aimée Écouter pour mieux s'entendre, je trouve que le nom est quand même assez parlant. Et moi je l'ai fait pendant une saison avec une amie violoniste. Et oui, on a joué dans les maisons de retraite, les hôpitaux, et puis on a fait aussi un centre d'accueil, alors là aussi c'est... C'est assez intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, parce que tu parles d'hôpitaux, justement, et j'avais lu il y a quelques semaines, moi je ne sais plus exactement, un article à propos de la maladie d'Alzheimer qui disait que quand on faisait réécouter à des personnes atteintes de cette maladie des morceaux qu'elles avaient l'habitude d'écouter étant plus jeunes, on voyait le corps réagir, les personnes se détendre. Donc vraiment, ça va profondément, ce que vous disiez tout à l'heure, la notion de la musique, du lien qu'on peut avoir avec elle.

  • Speaker #0

    Tout à fait, oui. C'est vraiment le langage de l'âme. Oui. Et ça nous prend le cœur, ça nous prend le corps, ça peut tout nous prendre.

  • Speaker #2

    C'est formidable. C'est merveilleux. On arrive à la fin de cet épisode. Avant de le conclure, j'ai envie de vous donner le choix de comment vous avez envie de le terminer. Qu'est-ce que vous auriez envie de dire ? Quel message vous aviez envie de transmettre à nos auditeurs ? Peut-être quel truc pratique pour ce...

  • Speaker #0

    relié à une musique ou je ne sais pas je vous laisse le champ libre écoutez moi je dirais prenez le temps et dites vous tiens je vais écouter partez sur des oeuvres très classiques très abordables ce qui veut pas dire de mauvaise qualité au contraire de très bonne qualité mais des choses qui vont vous faire plaisir à l'oreille partez sur des opéras de mozart la trilogie mozart d'apentes et par exemple ce sont des oeuvres absolument formidables et laissez vous porter une petite symphonie de Beethoven, fermez les yeux et laissez-vous porter et vous verrez, ça va marcher.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu nous proposes comme ça on peut mettre un petit extrait à écouter ?

  • Speaker #0

    Ben... Je sais.

  • Speaker #2

    La question est vaste.

  • Speaker #0

    La question est très vaste. Je vous propose de venir au concert, déjà.

  • Speaker #2

    Excellente.

  • Speaker #0

    Écoutez, des choses que j'ai faites ou qu'on a faites ?

  • Speaker #1

    Tu peux présenter cette œuvre qui est magnifique, là, pour cœur.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors justement, je parlais de dissonance. Donc, on a fait la création, enfin, j'ai fait plusieurs créations luxembourgeois, dont une qui est d'une compositrice italienne qui s'appelle Elvira Moratore. Elle a écrit une pièce. pour chœurs a cappella qui s'appelle sul cielo et là vraiment c'est une pièce qui travaille sur la dissonance la consonance c'est très court pour un maître lien par exemple un petit extrait là c'est très très beau c'est très très beau c'est pour voir enfin uniquement coeur sans accompagnement ce qu'est Ça c'est un truc aussi que j'aimerais préciser, c'est qu'il m'arrive assez régulièrement, j'en ai eu l'occasion, de placer par exemple une pièce contemporaine dans un programme classique. Ça marche bien parce que les gens sont disposés à l'écouter en fait. Et là ça marche bien. Alors que faire un programme entièrement contemporain c'est complètement indigeste pour le public. Mettre une petite pépite comme ça, souvent ça marche bien. Et oui cet extrait là, je serais très heureux que vous l'écoutiez.

  • Speaker #2

    On va le partager de ce pas. Et après cette écoute, Stéphanie, toi, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai envie de vous dire, pratiquez. Choisissez un instrument à tout âge. Entrez dans un cœur. Faites quelque chose avec un groupe. Entrez dans un ensemble. Parce que quand vous aurez joué une œuvre, vous l'écouterez différemment. Complètement différemment.

  • Speaker #2

    Sacré programme, mes amis. Sacré programme. Je vous remercie du fond du cœur. Thomas, Stéphanie, d'avoir accepté de venir nous parler de musique, de grande musique. Et j'espère, chers auditeurs, que ça vous offrira des horizons bien plus vastes que ce que vous espériez avant d'avoir entamé le début de cet épisode.

  • Speaker #3

    À très bientôt !

  • Speaker #2

    Si après cet épisode,

  • Speaker #3

    vous n'avez pas envie de retourner dans une salle de concert pour aller applaudir Thomas ou contacter Stéphanie pour qu'elle enchante votre prochain anniversaire, événement ou autre, c'est que vous devez reprendre l'écoute depuis le début. Puisse ce dernier morceau d'éclat de voix pour 2024. agrémentez vos fêtes. Puissiez-vous en profiter pour le partager, le diffuser autour de vous et avoir la curiosité de découvrir les autres épisodes. Puissiez-vous faire scintiller, éclat de voix, au moins autant que le sapin dans votre salon ou les décorations dans votre ville, village, quartier, rue, en le mettant cinq étoiles sur la plateforme de votre choix. Puissiez-vous enfin vivre cette fin d'année. comme vous l'imaginez, festive, paisible, en famille, entre amis, auprès de ceux qui en ont besoin, en solo. Et que ce solstice d'hiver soit pour nous tous l'occasion de laisser mourir ce qui doit s'éteindre, de quitter 2024 plus serein, pour que nous repartions vers un nouveau cycle de vie, et vers 2025 en fanfare. Oh, je termine comme j'ai commencé, fanfare. Bon, d'ici 2025, je vous souhaite des éclats de voix musicaux mélodieux en cadence.

Description

Épisode 34- Entre partitions et convictions: les musiciens s'expriment, avec Stéphanie Grevedon, violoniste, fondatrice de My Concert at Home (https://myconcertathome.lu) et Thomas Raoult, chef d'orchestre et de choeur (https://www.linkedin.com/in/thomas-raoult).

Terminons l'année en beauté et ... en fanfare!! Dans cet épisode spécial, très musical, nous abordons cette forme de langage, la musique, puissante, au-delà des mots, universelle.

Applaudissez Stéphanie et Thomas puis faites silence…

 

Références des oeuvres entendues dans l'épisode:

Générique «2001, l'Odyssée de l'espace» (https://bit.ly/3VzMNk7)

Killing the Name – Rage Against The Machine (https://bit.ly/4guWcla)

Vivaldi Tribute – Patrick Rondat (https://bit.ly/3D9YmYZ)

Symphonie n°3 de Brahms (https://bit.ly/3VWTDAz)

La flûte enchantée (https://bit.ly/3VAto2m)

Beethoven – 5th Symphony (https://bit.ly/4iyfNCu)

Les dents de la Mer – John Williams (https://bit.ly/41w1CrE)

Extraits « Intouchables » (https://bit.ly/3VAtMhk)

Sul cielo (Live) – Elvira Muratore (https://bit.ly/3VBAMKT)

Symphony No. 9 – Beethoven (https://bit.ly/4g5RHxF)

Vivaldi - Winter, RV 297 (https://bit.ly/3ZzEKVJ)

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast des prises de paroles engagées, qui donne envie de s'exprimer et mettre à l'honneur une forme de communication vibrante, percutante, décomplexée parce qu'elle vient du cœur. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, auteure, modératrice, facilitatrice de cette prise de parole engagée. À ce micro, seule ou avec des invités, je veux vous donner de l'impulsion, de la matière à réflexion, méditation, puis action. pour provoquer ce désir qui sommeille en vous de prendre à votre tour la parole, de porter haut et fort vos convictions, vos projets. Dire plutôt que taire. Chacun a une voix et cette voix compte. Osez la faire entendre, qu'elle soit mélodieuse ou non. Terminons l'année en beauté et en fanfare, si j'ose dire. Après deux épisodes cinématographiques, si j'ose dire une nouvelle fois, c'est d'un autre art dont il est question aujourd'hui, la grande musique. Grande, savante, raffinée, qui en chante profondément, mais qui n'est pas forcément ni exclusivement classique, c'est ce que nous allons découvrir, avec un duo exceptionnel, yes, I pèse mes mots, d'invité. Stéphanie Grévendon-Germany, qui en plus d'être violoniste et de partager ma passion pour le chocolat, a eu la brillante idée d'amener la musique dans vos, dans nos maisons avec My Concert at Home. Et puis Thomas Raoult, qui est chef de chœur, chef d'orchestre, directeur artistique au Luxembourg Chamber Players, titulaire, attention, de sept prix de conservatoire et de deux masters en direction chorale et direction d'orchestre. avec distinction. Bref, du très beau monde pour de la très belle musique et pour nous entraîner dans les coulisses d'un concert au chœur, excellent jeu de mots que vous avez bien sûr noté, au chœur d'un orchestre, d'une passion ou pas d'ailleurs, vous allez l'entendre. Et par la présente, je vous annonce que dans cet épisode, nous allons contredire Vladimir Jankélévitch, musicologue et philosophe pour lequel la musique c'est comme la poésie, ce n'est pas fait pour qu'on en parle mais pour qu'on en fasse. Eh bien nous, nous allons en causer parce que oui, cette forme de langage puissante, au-delà des mots, mérite toute notre attention, mérite que nous évoquions avec ceux qui la jouent combien cela leur demande de s'engager, au sens étymologique du terme qui dit que l'engagement exige de mettre... quelque chose engage. Mais quoi en l'occurrence ? Eh bien, leur temps par exemple. Parce qu'il faut répéter, répéter, répéter, apprendre, répéter, répéter, pour pouvoir jouer tous ensemble. Et pour pouvoir jouer d'un instrument. Mais leur corps aussi. Parce que faire de la musique, entraîne l'être tout entier. Pas uniquement ses doigts sur un clavier, ou ses lèvres quand il faut souffler dans un instrument. Allez, applaudissez Stéphanie ! et Thomas. Et puis, faites silence. Merci les amis, vous êtes introduits direct. Bonjour Thomas, bonjour Stéphanie. Je te tends le micro. Vas-y, commence Stéphanie.

  • Speaker #1

    Alors moi, je vais présenter Thomas, Thomas Raoult, qui est le chef des Luxembourg Chamber Players et du Chœur Luxe Vocalis.

  • Speaker #2

    Et donc moi je présente Stéphanie qui est une violoniste de talent mais qui est aussi entrepreneuse et qui gère une société de concert qui s'appelle My Concert at Home.

  • Speaker #0

    Bravo, mais quelle efficacité, je n'ai rien à faire. Alors je commence par poser une question quand même pour que je sers quand même à quelque chose. J'avais envie de vous demander, chacun de vous, donc il y en a un qui est plus tu fais des instruments et tu fais de la voix Oui. Thomas, toi, Stéphanie, tu es plus violoniste. Donc, que ce soit l'un ou l'autre, vous avez des métiers qui font rêver. Comment est-ce que, quand on vous aborde, vous parlez de votre métier ? Comment est-ce que vous expliquez aux gens ce que vous faites ? Parce que nous, on rêve en vous voyant.

  • Speaker #2

    Eh bien, justement, le souci, c'est que quand on me pose ces questions-là, moi, souvent, je casse le rêve et je désacralise énormément ce métier.

  • Speaker #0

    décidément qu'elle débute pas de casse-raises.

  • Speaker #2

    Je suis désolé, je suis désolé, parce que bon, malheureusement, oui, je considère que c'est un métier comme un autre, et il y a du rêve, évidemment, parce qu'en fait, on vend de l'émotion, et on est là pour partager un certain nombre d'émotions avec les gens, donc on les touche. assez profondément dans leur âme, quand on réussit notre cours en tout cas. Mais à part ça, ça reste un métier comme tous les autres, où il faut travailler, il faut se préparer. Et puis il y a tous les à-côtés, il y a toute la logistique. Il y a plein d'éléments qui sont finalement très communs.

  • Speaker #1

    Il faut beaucoup travailler. Moi, j'ai envie de dire, c'est quand même un sacerdoce. Pour rester au niveau, c'est un travail extrêmement exigeant. C'est... Très stressant. Alors être sur scène, c'est quand même... Enfin voilà, il y a beaucoup d'adrénaline. Et quand on a une vie de famille, une vie privée, comme tout le monde, être toujours au top, ce n'est pas forcément facile. Moi, j'aime particulièrement jouer en orchestre. Et ça, c'est quand même le rêve.

  • Speaker #0

    Ça te porte ?

  • Speaker #1

    Ça me porte, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça permet à ce niveau de stress d'être moins imprégnant ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est un collectif. Et moi, je n'aime pas me mettre en avant. J'aime être avec les autres, dans un groupe.

  • Speaker #0

    Et toi, Thomas ?

  • Speaker #2

    Pareil. Pareil, je n'aime pas trop me mettre en avant non plus, bien que de par ma place devant l'orchestre, je suis devant. Mais j'ai une petite expression, enfin une petite phrase que j'aime toujours dire dans ces cas-là, c'est qu'il faut mettre son ego au service de la musique et ne pas mettre la musique au service de son ego.

  • Speaker #0

    Ouah, c'est bon !

  • Speaker #2

    Voilà, donc c'est-à-dire qu'en fait, évidemment, il faut un certain courage pour rentrer sur scène, pour avoir entre guillemets sous sa baguette 10, 20 ou 40 ou 50 musiciens, peu importe. des chanteurs, il faut savoir ce qu'on veut, mais d'un autre côté, on est là avant tout pour diriger l'orchestre et essayer de sortir cette émotion de tout cet ensemble de musiciens, de chanteurs qui sont là pour travailler ensemble. Donc voilà, on a ce Ausha.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, et vous parlez tous les deux de musique, on va dire classique, dans un orchestre, avec un chœur, etc. Comment est-ce que vous... parler de cette forme, de ces formes musicales et de votre rapport à la musique qui s'est quand même aujourd'hui pour tout le monde un peu morcelé finalement avec toutes ces plateformes, avec cette espèce d'accès constant à de la musique qui finit par être un peu de l'ordre du vacarme où il y a plein de choses dans tous les sens, ça va tout le temps on a l'impression que même quelque part parfois on voudrait du silence comment est-ce qu'on peut encore parler de votre musique ?

  • Speaker #2

    Moi je dirais que Le souci actuellement, c'est qu'on est dans une société où tout est consommable, tout est produit commercial, donc en fait on se retrouve devant une palette. D'un côté, il y a l'accès direct à la musique, tiens j'ai envie d'écouter ça, je vais sur n'importe quelle plateforme, et puis j'écoute telle ou telle chanson, ça, ça va très vite. Mais après, le problème c'est qu'il y a une sorte de poulimie, d'indigestion de musique, et je trouve que, moi je trouvais tellement... beaucoup plus sain quand avant on sortait un vinyle, on le posait ou un CD et puis on prenait la peine de l'écouter. Il y avait tout un cérémonial autour d'écouter de la musique. Aujourd'hui, on consomme de la musique. Et le problème, c'est que du coup, on cherche un effet direct immédiat. C'est un peu comme le sucre qu'on met dans tous les aliments. C'est exactement la même chose. Et donc, on n'a plus cette patience et cette écoute qui nous... permet justement d'évoluer émotionnellement à travers une oeuvre musicale. Et on voit bien dans le format par exemple, on a des formats de 2-3 minutes maximum maintenant. Alors que ce soit dans la musique classique, on avait des symphonies qui pouvaient durer jusqu'à une heure. Et j'irais même, pour sortir de la musique classique, on prenait des albums de pop, de rock progressif dans les années 70, où on avait des chansons qui faisaient un album complet, des albums de jazz. aussi de Miles Davis à la grande époque où sur un CD entier on a peut-être deux morceaux et on a plus le souci de vraiment entrer dans une oeuvre et de se laisser pénétrer vraiment par une oeuvre et ça c'est dommage.

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire mieux, néanmoins j'ai été éduquée à cette musique classique mais je suis un petit peu comme la majorité des gens, comme beaucoup de gens en tout cas qui parfois trouvent que c'est trop long ou que c'est trop peu accessible et c'est pas possible. Et je le comprends aussi. Je le comprends aussi quand on me dit Ah non, ça, c'est pas pour moi. Ou alors Ah non, je... Ah, ton concert, je peux pas venir. Tout ça. Et c'est pour ça que j'ai choisi d'aller vers les gens. Et je pense que c'est ta démarche aussi. J'ai choisi de créer mon agence pour amener les meilleurs musiciens avec la meilleure musique, enfin la musique de qualité en tout cas, que moi je connais bien, auprès des gens, dans des formats plus courts. Et pour qu'eux aussi, ils connaissent cette musique, les compositeurs. mais aussi les musiciens qui la jouent. Et voilà, quand tu connais quelqu'un dans la vraie vie qui exerce ce métier, qui va jouer cette musique, peut-être que tu auras plus envie d'y aller, d'aller le voir après, dans la salle de concert où il joue.

  • Speaker #0

    C'est pertinent. C'est pertinent, ça me rappelle un petit peu. Alors d'une autre manière, le principe je trouve aujourd'hui de ces musiciens qui font de la musique classique, mais d'une autre manière. Par exemple, je n'ai pas comme ça tout de suite en tête, mais je me souviens de noms précis. J'avais été voir quelque chose avec deux violoncellistes qui jouaient des morceaux. Et alors c'était très... Il y avait une grande scénographie derrière avec beaucoup de lumière, de couleurs. Évidemment, on sortait du cadre habituel, mais malgré tout, je me disais, ça permet aux gens quand même d'effleurer, d'aller retoucher, connecter cette musique un peu dont tu parlais, Thomas, qui est plus profonde, plus longue, qui demande plus d'exigence, de rigueur. Oui, je ne vais pas aller à la facilité tout de suite. Je suis aussi comme toi, il y a des moments où il y a des morceaux maintenant, je trouve, qui ont mal. vieillir ou qui sont plus accessibles à nos époques de la même manière.

  • Speaker #2

    Je suis complètement d'accord. En fait, il faut que l'auditeur se réinvestisse dans son écoute. Et c'est ça qui est dommage. C'est qu'il y a un décalage, on consomme la musique sans avoir un réel investissement pour son écoute. Mais d'un autre côté, je veux dire, moi je suis un fan de hard rock et ça m'arrive de jouer avec des potes, de temps en temps dans des soirées ou dans les bars, on enchaîne tout le répertoire de Haze & Lissy ou... Je ne sais pas, we're in the machine et puis on s'éclate là-dessus. Voilà, c'est de l'énergie pure, c'est de l'énergie brute. Et on a besoin de ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et les guitares héros, moi j'ai appris, j'ai découvert le rock metal avec un copain, j'adore ça. Et ils ont souvent un bagage classique. Et en tout cas, ils ont travaillé leur gamme pendant des heures et des heures. Donc je me sens proche d'eux et je parlais avec ces gens-là.

  • Speaker #2

    Et on revient tout à fait sur cet investissement en tant que musicien et en tant que construction musicale. Et pour revenir justement, je répondais un peu sur ce que tu disais Stéphanie, tu dis que justement ces gens-là ont un bagage classique. Bon, je dirais, je vais ouvrir un peu plus en disant pas forcément bagage classique, mais en tout cas un bagage théorique, parce que là aussi, l'écriture musicale, il y a une grammaire qu'il faut connaître. Et je dirais que c'est comme la littérature, c'est comme dans n'importe quel art. une technique et une grammaire qu'il faut connaître, qui nous permet d'écrire et d'avancer. Il y a un appauvrissement des compositions aussi. Alors, c'est un double tranchant. D'un côté, c'est bien parce qu'il y a un accès à tous pour faire de la musique. Il y a des logiciels qui font des choses comme ça. Mais je trouve que ça devrait intéresser les gens à aller comprendre l'écriture musicale et comment la musique se construit, plutôt que vouloir faire des choses de brick and block. Donc, ça, c'est... Le résultat parfois n'est pas très heureux.

  • Speaker #1

    Là du coup, j'ai envie de dire aussi, de passer un message aux compositeurs contemporains de notre milieu. C'est-à-dire qu'il faudrait, selon moi, pour une grande majorité, qu'ils ne composent pas seulement avec leur intellect, mais avec leurs émotions, avec leur cœur. Parce que pour vider les salles, il n'y a pas mieux. Et même les musiciens d'orchestre, je connais très bien la problématique sur une série contemporaine. Souvent. on y va pas très content d'aller travailler et puis après on va chez l'ostéopathe donc c'est vrai il ya des choses à dire c'est à dire qu'on a travaillé toute notre jeunesse pour trouver un beau son avoir le le son juste le mouvement juste avoir une fin voilà joué les plus belles mélodies et on a des instruments pour nous les violonistes qui sont parfois très anciens moi tu me fais pas frapper mon violon il est fait pour être frotté pincé mais tu vois là donc il faut aussi que les compositeurs dits classiques de la nouvelle génération comprennent qu'on a besoin d'émotions.

  • Speaker #0

    D'émotions et quelque part j'avais envie de dire aussi que vous soutenez, enfin à travers les mots que j'entends, il y a aussi une notion de valeur. Quelle est la valeur et la signification que vous donnez à vos pratiques, puisque vous avez parlé déjà de la musique que vous jouiez, la manière dont vous l'envisagez. Pour vous, j'imagine que ça a une importance aussi, ces notions.

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai envie de dire, tout à l'heure j'ai parlé de l'orchestre, et moi l'orchestre c'est mon truc. Je dirais que pratiquer la musique classique ça m'élève en tant qu'être humain. J'ai joué en orchestre de la variété, du rock, de la pop, je m'amuse comme une folle. Mais, alors c'est très joyeux, mais ça ne m'élève pas. Quand j'ai la chance de jouer de la grande musique, des très grandes œuvres, notamment en orchestre, ça nourrit mon âme, ça me donne des frissons.

  • Speaker #0

    Oh c'est beau, ça nous en donne aussi Bien sûr

  • Speaker #1

    Et voilà, on est dans l'exigence millimétrée et tous les musiciens se rassemblent. Il n'y a plus de querelles, il n'y a plus d'égo, tout ça, on se rassemble, on est un collectif pour quelque chose qui est plus grand que nous.

  • Speaker #0

    C'est beau à entendre parce que c'est précieux pour ceux qui écoutent de se dire qu'il y a quelque chose de cet ordre-là. Et si c'est là, Je pense que nous, en tant qu'auditeurs publics, ça va nous porter de la même manière. Encore, faut-il bien vouloir tenter l'aventure. Voilà, de ne pas être uniquement dans des formats, comme tu disais Thomas, très courts.

  • Speaker #2

    Oui, disons que moi, je rejoins aussi Stéphanie sur le frisson, en fait. Quand je parle d'investissement dans l'écoute, il faut savoir que moi, je vois dans la musique quelque chose d'extrêmement charnel. Je n'ai pas envie de partir dans des choses mystiques ou quoi que ce soit. On va essayer de rester très terre à terre. La musique, c'est une vibration, c'est une fréquence. Donc, c'est un mouvement, c'est une fréquence qui nous pénètre, qui nous transperce. Donc, on a un ressenti physique par rapport à la musique. Et donc, quand on met les fréquences ensemble, donc on crée pour faire très court des consonances, des dissonances, etc. On va mettre ensemble des fréquences qui vont nous créer des sensations particulières. Et c'est de là que l'émotion, en fait, va venir. Et je dirais qu'aujourd'hui, on doit aller chercher cette émotion. Et quand, par exemple, je travaille, je prends le cas d'un chœur, c'est pour moi la différence fondamentale entre travailler avec des musiciens et travailler avec des chanteurs, c'est que quand quelqu'un chante, il y a un investissement physique, c'est que le corps entre en résonance. Et quand on arrive à ce stade de faire un corps, en sorte que le corps entre en résonance, là, il y a vraiment quelque chose qui se passe, qui est physique. qui est charnelle et il y a un rapport direct du chanteur au public ou du chanteur au chef. Quand après on arrive à mettre les gens ensemble et faire entrer les corps, donc par la vibration en résonance ensemble, c'est le principe du travail choral, quand on arrive à vraiment faire sonner un accord, alors là je le vois dans les yeux des chanteurs, les yeux s'ouvrent, les pupilles se dilatent, c'est phénoménal parce qu'il y a une vraie sensation physique qui passe à travers la vibration. Et quand je parlais tout à l'heure d'œuvres sur la longueur, c'est justement un jeu de pistes, en fait. C'est pour ça qu'il faut aussi, en tant que chef d'orchestre, mettre ça en valeur, de savoir quels sont les éléments que je vais mettre en avant pour donner, j'irais, les indices au public pour avancer dans l'œuvre. Et ça, je trouve que c'est un travail aussi qui se perd, malheureusement, parce que, justement, on ne prend plus le temps aussi de travailler avec les orchestres. Il faut que ça aille très vite, il faut que ça avance très vite, etc. Et quand on a le temps vraiment de bien, bien, bien travailler sur toutes les balances et sur le discours du compositeur, là, en général, le public, on l'emmène. Et ça se passe très bien. Et j'ai eu plein de commentaires parfois de dire, je connaissais cette heure, mais je ne l'avais jamais entendue comme ça. Oui, voilà, parce qu'on s'accroche à une mélodie. Après, comment on va la développer ? Qu'est-ce qu'on va en faire ? Où va-t-elle nous emmener ? Et c'est là que le travail commence.

  • Speaker #0

    Ça me rappelle des différentes interprétations qu'on peut entendre d'une seule écriveur. ou certaines, ça va tout de suite résonner, puis d'autres, on va se dire, c'est flat, c'est plat, ça ne crée pas cette fameuse émotion dont tu parles.

  • Speaker #2

    Mais alors, justement, c'est là aussi qu'on peut voir le génie du compositeur. Parce qu'il y a des œuvres qui sont, je dirais, avec différentes entrées. Je prends le cas d'une œuvre très connue, qui est la Flûte enchantée de Mozart. Il y a tellement de plans différents. On peut attaquer cette œuvre d'un côté comme de l'autre. Et à chaque fois, on y trouvera une interprétation différente, une sonorité différente, un sens différent. Et c'est ça qui est formidable, particulièrement chez les opéras de Mozart d'ailleurs, c'est que la musique va nous amener à interpréter le texte différemment. Et ça, c'est vraiment génial.

  • Speaker #1

    Je dirais aussi qu'il y a... la synergie entre les musiciens. Et quand il y a en plus des musiciens qui ont envie de jouer ensemble et qui ont envie de jouer avec un chef, comme ce qui nous arrive au LCP, avec toi, on a tellement plaisir à jouer ensemble qu'il se passe quelque chose aussi. Et ça, le public, il le sent.

  • Speaker #0

    C'est une sorte de transcendance, en fait. Oui. Alors, évidemment, ça peut paraître un peu simpliste, mais quand je vous entends parler, ça me rappelle quand je fais du yoga, par exemple, et qu'on... ensemble on chante le son Home, alors pour plein de gens c'est béni oui oui, mais quand on y met vraiment toute son âme son cœur, sa présence et qu'on le fait ensemble, il y a effectivement alors un niveau tout à fait différent mais cette vibration dont vous parlez, ce sentiment d'appartenance et cette transcendance, ce truc qui fait que toi plus toi plus toi plus moi on a créé quelque chose qui nous dépasse.

  • Speaker #2

    C'est une énergie qui se décuple en plus.

  • Speaker #0

    Exactement. Vous en avez un petit peu parlé tout à l'heure en disant qu'il y a des moments où on veut aller vite, il faut que ça dépote, on n'a plus vraiment le temps de faire comme on veut. C'est quoi vos problématiques en tant qu'instrumentiste, chef d'orchestre, créateur, compositeur, aujourd'hui ? Et comment est-ce que vous arrivez quand même à les évoquer ?

  • Speaker #2

    Alors là, je vais... démystifier de nouveau le débat. Oh, quelle horreur !

  • Speaker #0

    Ah, mais l'auditeur restait accroché !

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Non, mais bon, le problème c'est que voilà, on est dans cette société maintenant de consommation, d'offres, etc. Et bon, le problème c'est que, ben voilà, les concerts, il faut les financer. Donc, le souci c'est de trouver des fonds, de trouver des sponsors, de trouver des partenaires, de trouver aussi évidemment des fonds publics qui peuvent nous aider. Les concerts, et alors, quand je parlais du métier de chef d'orchestre, je me souviens quand j'avais fait mes études, j'avais un... Le directeur du conservatoire à l'époque, qui était un compositeur très connu, il m'avait dit, mais tu sais Thomas, maintenant si tu te lances là-dedans, tu feras 90% de business et 10% de musique. Et malheureusement c'est ça, parce que moi je réunis mes musiciens, mais évidemment j'ai une promesse derrière, ce sont des professionnels, je dois les payer, je dois financer un concert. Et ça c'est une partie beaucoup plus pratique, beaucoup plus terre à terre que chaque musicien doit affronter, parce qu'on n'a pas le choix, il faut financer les concerts. Alors ça dépend de l'interlocuteur. On a certains interlocuteurs qui sont des gens souvent très intelligents, très cultivés, musiciens eux-mêmes, qui comprennent ce langage. Quand je leur parle de cette émotion que j'ai envie de transmettre, du temps de travail dont j'ai besoin pour pouvoir justement monter un projet. Mais pour beaucoup, il y a une logique. Bon, tu fais combien d'entrées ? Voilà, moi je mets autant. Combien je vais récupérer ? Ça, c'est extrêmement difficile à gérer parce qu'il y a un rapport de consommation. Je reviens là-dessus. Donc on est obligé de voyager entre l'aspect vraiment artistique et le côté pratique et logistique qui, de toute façon, est important parce que si on n'a pas ça, on ne peut pas faire le reste.

  • Speaker #1

    Et on n'a pas été formé à ça. Oui, pas du tout. Nous, on a été formé à travailler, travailler, travailler dur. Et on disait tout à l'heure qu'on est tellement exigeant avec nous-mêmes que se vendre, c'est déjà presque indécent. Oui, oui. Et impudique. Et il y en a qui font ça très bien et ce n'est pas forcément les meilleurs.

  • Speaker #2

    Malheureusement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, ça fait quand même un grand écart. Mais finalement, à vous écoutant, je me dis, mais il y a tellement de métiers dans lesquels on est réduit à ça aujourd'hui où le cœur de notre métier est, comment dire, noyé sous toutes ces exigences financières, matérielles. Bon, il y a un côté logique, mais il y a un côté de plus en plus prégnant. Ça nous fait faire des grands écarts pas toujours agréables. Pour aller sur un autre registre que j'avais envie d'aborder avec vous, c'était surtout dans le cadre de ce podcast, c'était le lien entre l'instrument et la voix. Comment est-ce que l'un répond à l'autre ? Comment est-ce qu'il y a un discours qui s'instaure ?

  • Speaker #2

    Je dirais que, comme disait Beethoven, la musique, c'est l'art d'exprimer l'indicible. J'aime beaucoup cette phrase parce que ça rejoint ce dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire le travail sur l'émotion pure. Et quoi de mieux quand on a un texte que de le mettre en valeur sur une émotion directe ? C'est pour ça que quand on prend par exemple certaines cantates de Bach ou certains chorales, il y a tout un travail sur l'harmonie et donc aussi sur l'orchestre pour mettre en valeur le texte. Et je dirais que là, le choix, je reviens sur nos fréquences. Le travail du compositeur, c'est de faire en sorte que l'orchestre ou l'harmonie du chœur crée des consonances et des dissonances en fonction de la phrase pour justement, de par l'émotion, guider le public sur le texte. Alors il y a toujours cet éternel débat depuis la fin de la Renaissance, prima la musica ou prima la parola ça veut dire qu'est-ce qu'on met en avant, le texte ou la musique ? Moi je dirais que c'est complètement complémentaire. Mais la musique, elle peut avoir différents rôles. Imaginez par exemple... Un truc tout bête, un film, vous retirez la musique. Ça n'a plus de sens. Parce que la musique va nous porter dans une ambiance, va nous porter dans un état émotionnel qui va nous permettre d'apprécier le texte et l'action du film. Et donc, voilà, j'ai cette complémentarité-là, mais qui existe depuis toujours, depuis toujours, depuis qu'on a commencé la polyphonie, en fait. C'est-à-dire quand on commençait à... à superposer les notes pour voir qu'il y avait une interaction entre elles et qu'elles créent une sonorité et une émotion particulière.

  • Speaker #1

    C'est amusant parce que moi, en tant que public, alors évidemment public averti, mais souvent je suis allée à l'opéra et je trouvais que le livret n'était pas forcément à la hauteur de la musique. Oui. Vraiment. Et en ça, on peut dire que certaines choses ont peut-être vieilli, même si les grands opéras ont encore beaucoup de succès. Mais moi, quand je m'intéresse à ce qui est dit, chanter, ça ne me suffit pas. Ça ne me suffit plus en tout cas.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu dis, c'est que, heureusement qu'il y a la musique qui soutient le propos d'un certain nombre d'œuvres.

  • Speaker #2

    Un truc tout bête, vous prenez un opéra en italien ou en allemand, sans comprendre le texte, vous savez exactement ce qui se passe. Et ça, c'est la magie de la musique.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux et ça rejoint en fait la question que j'avais envie de vous poser juste après, justement sur comment est-ce que ou en quoi la musique soutient ? Ça peut dire soutenir un dialogue, créer du lien, être un outil aussi de communication. Par exemple, tu parlais du film, mais c'est pareil sur une publicité par exemple. On va se souvenir d'un petit tit-tit-tit. C'est pas de la grande musique, on est d'accord. Mais je veux dire,

  • Speaker #1

    c'est les jingles d'attente au téléphone. Ah, ça je connais.

  • Speaker #2

    Je connais celle-là. Si tu la connais,

  • Speaker #0

    tout le monde la connaît.

  • Speaker #2

    Mais si. Bonjour, vous êtes bien aux Assyriques de Paris ? Toutes nos lignes sont actuellement occupées. Le temps d'attente est d'environ deux ans. Mais le but c'est ça, c'est d'attacher une émotion à une image. Alors là, évidemment, je reviens sur le côté commercial, tout ce que j'adore, mais évidemment c'est ça. On a une musique qui va nous rappeler telle pub, une pub de spaghettis, de n'importe quoi, de chocolat, de tout ce que vous voulez, et donc la musique va nous porter sur l'émotion, et nous dire, tiens, j'ai envie de revivre cette émotion, je vais acheter ce chocolat. Donc le truc c'est de dire, est-ce que c'est la musique en fait, ou est-ce que la musique est utilisée comme canal, comme machine pour... Voilà, inciter le consommateur. Si, je connais. Oui, c'est une pub. Du café, non ?

  • Speaker #0

    Oui, par exemple, dans des documentaires aussi, je pense à des documentaires animaliers, ou par exemple à Human, toute la musique qu'avait faite, je crois que c'est un New American qui avait fait, je ne suis pas sûre, je ne sais plus qui est-ce qui avait fait cette musique, mais en tout cas... ça porte, on suit le mouvement, on va dans le film, on est à paix aussi.

  • Speaker #2

    On est à paix, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, on est pénétré par la musique, transpercé, et elle nous emmène.

  • Speaker #1

    Et notre objectif, finalement, le but, et là je reviendrai peut-être sur l'éducation, le fait d'amener les jeunes et d'éduquer les jeunes à écouter, c'est important parce que pour moi quand même, la puissance d'une grande œuvre c'est de ne pas avoir besoin de paroles, ou de ne soutenir. de rien soutenir d'autre que la musique. Et c'est vrai qu'au Luxembourg, on a des projets side by side, on a les jeunes, on a les orchestres qui viennent dans les écoles, on a les jeunes qui viennent jouer au sein des orchestres. Et de cette manière-là, je pense qu'on peut éduquer progressivement à écouter la musique pour elle-même. C'est mon espoir en tout cas.

  • Speaker #0

    Thomas, en préparant le podcast, tu disais aussi que tu intervenais par exemple dans les prisons.

  • Speaker #2

    Oui, alors ça c'est un truc que j'ai fait à l'époque, je jouais au festival de Colmar et on faisait toujours un concert dans la prison. Et c'était toujours une super expérience. Je dois dire que voilà, parce qu'on arrive dans un lieu où il n'y a pas de musique, il n'y a rien, enfin c'est des lieux quand même, il y a beaucoup de désespoir. Et le fait d'arriver, c'était assez drôle, on était dans une cour grillagée, enfin c'était assez particulier comme ambiance. Donc les prisonniers pouvaient venir dans la... alors c'est l'extérieur, ils écoutaient, ils repartaient, ils restaient ou pas. Et après, on avait l'occasion de discuter un peu avec eux. Moi, je trouve ça très bien, parce que je trouve que la musique, justement, ça crée du lien, ça crée de l'apaisement, ça élève quand même l'esprit, le cœur, l'âme, tout ça. Mais pareil, ça peut être utilisé dans l'autre sens aussi. Toutes les grandes dictatures ont eu des hymnes utilisés, on va dire, pas de la bonne façon. C'est toujours pareil, ce sont des lames à double tranchant.

  • Speaker #0

    Mais je dois dire que ces expériences-là, j'ai aussi travaillé avec la Tuileries du Tourcoing il y a pas mal d'années, où on allait dans les écoles, justement dans les quartiers, et on présentait, enfin moi je présentais les opéras, et après il y avait une représentation dans une salle de cinéma de quartier, allégée pour les enfants, et puis bon ben là en fait, ils chantaient les airs, avec les chanteurs, c'est une ambiance complètement différente de ce qu'on peut trouver dans une salle d'opéra, une maison d'opéra, mais... Et c'était formidable parce que là on voyait que tout le monde se retrouve sur une valeur commune, toutes les rivalités, tout ça, enfin tout s'estompe en fait. Ça c'est formidable et je pense que ça fait vraiment du bien.

  • Speaker #1

    Au Luxembourg, il y a la Fondation Aimée Écouter pour mieux s'entendre, je trouve que le nom est quand même assez parlant. Et moi je l'ai fait pendant une saison avec une amie violoniste. Et oui, on a joué dans les maisons de retraite, les hôpitaux, et puis on a fait aussi un centre d'accueil, alors là aussi c'est... C'est assez intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, parce que tu parles d'hôpitaux, justement, et j'avais lu il y a quelques semaines, moi je ne sais plus exactement, un article à propos de la maladie d'Alzheimer qui disait que quand on faisait réécouter à des personnes atteintes de cette maladie des morceaux qu'elles avaient l'habitude d'écouter étant plus jeunes, on voyait le corps réagir, les personnes se détendre. Donc vraiment, ça va profondément, ce que vous disiez tout à l'heure, la notion de la musique, du lien qu'on peut avoir avec elle.

  • Speaker #0

    Tout à fait, oui. C'est vraiment le langage de l'âme. Oui. Et ça nous prend le cœur, ça nous prend le corps, ça peut tout nous prendre.

  • Speaker #2

    C'est formidable. C'est merveilleux. On arrive à la fin de cet épisode. Avant de le conclure, j'ai envie de vous donner le choix de comment vous avez envie de le terminer. Qu'est-ce que vous auriez envie de dire ? Quel message vous aviez envie de transmettre à nos auditeurs ? Peut-être quel truc pratique pour ce...

  • Speaker #0

    relié à une musique ou je ne sais pas je vous laisse le champ libre écoutez moi je dirais prenez le temps et dites vous tiens je vais écouter partez sur des oeuvres très classiques très abordables ce qui veut pas dire de mauvaise qualité au contraire de très bonne qualité mais des choses qui vont vous faire plaisir à l'oreille partez sur des opéras de mozart la trilogie mozart d'apentes et par exemple ce sont des oeuvres absolument formidables et laissez vous porter une petite symphonie de Beethoven, fermez les yeux et laissez-vous porter et vous verrez, ça va marcher.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu nous proposes comme ça on peut mettre un petit extrait à écouter ?

  • Speaker #0

    Ben... Je sais.

  • Speaker #2

    La question est vaste.

  • Speaker #0

    La question est très vaste. Je vous propose de venir au concert, déjà.

  • Speaker #2

    Excellente.

  • Speaker #0

    Écoutez, des choses que j'ai faites ou qu'on a faites ?

  • Speaker #1

    Tu peux présenter cette œuvre qui est magnifique, là, pour cœur.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors justement, je parlais de dissonance. Donc, on a fait la création, enfin, j'ai fait plusieurs créations luxembourgeois, dont une qui est d'une compositrice italienne qui s'appelle Elvira Moratore. Elle a écrit une pièce. pour chœurs a cappella qui s'appelle sul cielo et là vraiment c'est une pièce qui travaille sur la dissonance la consonance c'est très court pour un maître lien par exemple un petit extrait là c'est très très beau c'est très très beau c'est pour voir enfin uniquement coeur sans accompagnement ce qu'est Ça c'est un truc aussi que j'aimerais préciser, c'est qu'il m'arrive assez régulièrement, j'en ai eu l'occasion, de placer par exemple une pièce contemporaine dans un programme classique. Ça marche bien parce que les gens sont disposés à l'écouter en fait. Et là ça marche bien. Alors que faire un programme entièrement contemporain c'est complètement indigeste pour le public. Mettre une petite pépite comme ça, souvent ça marche bien. Et oui cet extrait là, je serais très heureux que vous l'écoutiez.

  • Speaker #2

    On va le partager de ce pas. Et après cette écoute, Stéphanie, toi, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai envie de vous dire, pratiquez. Choisissez un instrument à tout âge. Entrez dans un cœur. Faites quelque chose avec un groupe. Entrez dans un ensemble. Parce que quand vous aurez joué une œuvre, vous l'écouterez différemment. Complètement différemment.

  • Speaker #2

    Sacré programme, mes amis. Sacré programme. Je vous remercie du fond du cœur. Thomas, Stéphanie, d'avoir accepté de venir nous parler de musique, de grande musique. Et j'espère, chers auditeurs, que ça vous offrira des horizons bien plus vastes que ce que vous espériez avant d'avoir entamé le début de cet épisode.

  • Speaker #3

    À très bientôt !

  • Speaker #2

    Si après cet épisode,

  • Speaker #3

    vous n'avez pas envie de retourner dans une salle de concert pour aller applaudir Thomas ou contacter Stéphanie pour qu'elle enchante votre prochain anniversaire, événement ou autre, c'est que vous devez reprendre l'écoute depuis le début. Puisse ce dernier morceau d'éclat de voix pour 2024. agrémentez vos fêtes. Puissiez-vous en profiter pour le partager, le diffuser autour de vous et avoir la curiosité de découvrir les autres épisodes. Puissiez-vous faire scintiller, éclat de voix, au moins autant que le sapin dans votre salon ou les décorations dans votre ville, village, quartier, rue, en le mettant cinq étoiles sur la plateforme de votre choix. Puissiez-vous enfin vivre cette fin d'année. comme vous l'imaginez, festive, paisible, en famille, entre amis, auprès de ceux qui en ont besoin, en solo. Et que ce solstice d'hiver soit pour nous tous l'occasion de laisser mourir ce qui doit s'éteindre, de quitter 2024 plus serein, pour que nous repartions vers un nouveau cycle de vie, et vers 2025 en fanfare. Oh, je termine comme j'ai commencé, fanfare. Bon, d'ici 2025, je vous souhaite des éclats de voix musicaux mélodieux en cadence.

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