- Présentateur
Écologie et pouvoir d'agir, un podcast du réseau F3E. En France, développer la solidarité paysanne contre le racisme et pour la dignité.
- Alitzel
Bonjour, moi c'est Alitzel et je fais partie de l'association A4 pour Association d'accueil en agriculture et artisanat. On a à peine un an officiellement. Donc l'asso est née de personnes qui se connaissaient en Seine-Saint-Denis et qui étaient dans des luttes pour l'accès au logement, pour l'accès aux papiers, pour la régularisation, etc. et pour un travail digne, et qui se sont rencontrées avec des personnes qui étaient plus dans le collectif. Par exemple, Reprise de terre, qui dénonçait l'état de l'agriculture aujourd'hui en France, l'agriculture paysanne, et le fait qu'il y a un énorme accaparement des terres, un étalement urbain, l'agro industrie qui prend le dessus et la plupart des petits agriculteurs qui vont partir à la retraite - 50% qui partent à la retraite dans les prochains dix ans. Il y a un gros besoin de reprise mais il n'y a pas grand monde qui le souhaite. Et en même temps que les personnes qui sont en France et qui ont des savoirs d'agriculture paysanne ou d'artisanat parce qu'ils avaient ces métiers avant d'arriver ici et bah, sont confrontées à une situation administrative compliquée qui fait que les seuls débouchés possibles, c'est dans des métiers où ils vont être exploités, donc que ce soit dans le ménage, le bâtiment, la sécurité, le BTP ou encore dans l'agro-industrie. Et donc ces personnes se sont dit, créons une association et allons voir ensemble la campagne en France et allons discuter avec des paysans-paysannes, artisans-artisanes, voir ce qui est possible de faire ensemble, s'il y a des solutions pour nous, si on peut mieux connaître aussi les défis de l'agriculture en France et trouver des solutions communes, d'égal à égal.
- Idriss Yousif
Pour moi, c'est le début des besoins de l'aide humaine, l'agriculture. Moi, je m'appelle Idriss Yousif, je suis un Soudanais, je suis arrivé ici en France depuis 2016. Avec ces plantations, j'ai fais des ananas, ça pousse bien. J'ai fait des cacahuètes en Bretagne, à l'Agnan exactement. Ça va être la première cacahuète à l'Agnan, il n'y avait pas de cacahuètes avant. Pour nous, c'est pour ça qu'on veut supporter toutes les petites agricultures, pour que ça s'installe, pour que tout le monde puisse avoir des légumes bio chez lui et puisse cultiver même chez lui en bio, à la place d'aller acheter au magasin qui coûte cher, sinon aller acheter dans des magasins des produits qui n'ont même pas, tu ne sais même pas comment c'est cultivé.
- Alitzel
Dans un des voyages enquête qu'on a fait, on a rencontré des personnes qui étaient installées dans l'agriculture et qui travaillaient en lien avec un CADA, donc c'était un centre d'accueil pour demandeurs d'asile. Et donc au début, c'était des ateliers une fois par semaine dans le jardin du CADA pour planter des petits trucs. Et puis en fait, les gens du CADA avaient envie de planter les cultures de leur pays. Donc ils ont commencé à planter différents types de légumes, d'autres types de tomates, du manioc ou autre, du gombo. Et puis après, dans un des terrains de leurs amis, où ils pouvaient aussi faire plus d'activités agricoles plus grandes, ils ont commencé à y aller une fois par semaine. Et en fait, c'était dans le sud de la France. Et ils se confrontaient de plus en plus aux questions de sécheresse et de la rivière qui avait de moins en moins d'eau. Et du coup, les cultures qu'ils avaient l'habitude, les agriculteurs, de produire d'habitude, c'était plus possible. Donc, ils ont commencé à planter ce que les gens du CADA disaient 'ah bah, pourquoi est-ce qu'on ne planterait pas ça ? En plus, on aime bien manger, etc.' Et donc, il y a eu toute une inversion des rôles. Qui c'est qui proposait ce qu'on allait faire ? Qui c'est qui montrait comment est-ce qu'on plante et on entretient cette variété, etc. ?
- Sembala
Je m'appelle Sembala. Moi, j'ai grandi dans la dynamique qu'on cultive. Et quand j'ai arrivé ici, j'ai fait une comparaison et j'ai expliqué avec certains amis quand j'étais à la campagne en Bourgogne. Et les façons qu'on cultive ici, ça n'a vraiment rien à voir. Et j'ai commencé à raconter tout ce que j'ai vécu et tout ce qu'on a fait. Et ils ont dit, 'Ouais, parce que du coup, nous, on ne cultive pas comme ça. Nous, on fait ça, on fait ça. C'est comme ça que ça fonctionne.' J'ai dit, 'Nous, ce n'est pas pareil'.
- Présentateur
Retrouvez l'association A4 et son article Paysannerie et accueil digne dans l'ouvrage Écologie et pouvoir d'agir