Guillaume QuelinBonjour, moi je m'appelle Guillaume Quelin, je suis responsable de projet Climat au gret, qui est une ONG française de développement, et je m'occupe spécifiquement des questions de changement climatique. A la fois à l'échelle des différentes thématiques du gret, donc, par exemple, j'ai des collègues qui travaillent sur l'accès à l'eau, sur l'agriculture, et je les aide à travailler sur comment intégrer l'évolution des contextes face au changement climatique. Donc, pas uniquement répondre aux besoins actuels, mais aussi les besoins qui seront existants dans 10, 20 ou 30 ans à cause de l'évolution du climat. Donc, comment interroger finalement cette évolution des besoins.
Il y a une expérience qui m'a frappé cette année. Je suis parti un mois en Guinée, dans des régions où il y avait de forts aléas climatiques, notamment une augmentation des sécheresses, une diminution de la période de pluie, des pluies qui sont plus aléatoires. Et en fait, pour faire face à cette évolution, il y a un ensemble d'adaptations spontanées, autonomes, individuelles. Ça peut passer par l'achat de motopompes, pour ceux qui en ont les moyens, ou alors la déforestation des terrains qui sont proches des berges, des cours d'eau, pour se rapprocher de la ressource qu'il reste. Ou par exemple, les femmes qui sont aujourd'hui en charge d'aller chercher l'eau et qui doivent aller de plus en plus loin chercher l'eau, ou plus fréquemment. Et donc sur elles repose une grande partie de cette adaptation spontanée. Et en fait cet ensemble d'adaptations spontanées vont générer des conséquences. Par exemple les motopompes, ça va générer une diminution accrue de la ressource pour les autres qui n'ont pas de motopompe. Ceux qui vont défricher les berges vont détruire des écosystèmes qui eux-mêmes préservent la ressource en eau. Donc des conséquences économiques ou environnementales ou sociales sur l'augmentation des inégalités liées au partage des tâches liées à l'eau.
On a initié un travail suite à ce diagnostic sur comment collectivement essayer de planifier des adaptations qui ne soient pas spontanées, individuelles, mais qui sont des adaptations collectives pour limiter ces différents impacts économiques, sociaux, environnementaux qui sont associés à ces adaptations spontanées. Et en fait l'humain... Il peut vivre au Groenland, il peut vivre dans le désert. Et finalement vivre dans un climat différent, ce n'est pas forcément ça l'enjeu, parce qu'en fait ceux qui ont les moyens, les moyens économiques ou sociaux, réussiront toujours à s'en sortir. L'enjeu c'est de donner la capacité de pouvoir d'agir à ceux qui vont voir leurs inégalités augmenter, ceux qui n'en ont pas les moyens. Et en fait c'est là où je vois fondamentalement ce lien entre écologie et pouvoir d'agir, c'est-à-dire essayer de trouver une réponse collective, par le haut, face au changement climatique, là où spontanément l'humain va potentiellement avoir tendance à avoir une réponse individuelle par le bas.