Speaker #2Eh bien, tu ne les touches pas. C'est-Ă -dire que... Euh... Il a Ă©tĂ© trĂšs trĂšs trĂšs trĂšs trĂšs rare pour moi de ne pas rĂ©ussir Ă prendre un chien en main. Un chien, globalement, assez rapidement j'arrive Ă le prendre en main. Pour une simple et bonne raison, c'est que je ne commence jamais par le prendre en main. Le pire Ă faire vis-Ă -vis d'un chien qui a peur d'avoir un contact avec l'humain, c'est de lui proposer un contact avec l'humain. C'est le pire qu'il soit ! combien de fois, et chez les particuliers, et chez les professionnels, les futurs professionnels qu'on reçoit en formation professionnelle, ils sont confrontĂ©s Ă un chien anxieux, et qu'est-ce qu'ils cherchent Ă faire ? Ă le rassurer, en se penchant et en cherchant Ă lui tendre la main dessus. Prenons l'exemple de quelqu'un qui est phobique des chiens. Lui, ce qu'il veut, c'est que le chien reste couchĂ© lĂ -bas et qu'il ne s'occupe pas de lui. Il ne veut pas que le chien lui montre qu'il est trĂšs gentil, il lui saute dessus, il lui lĂšche le visage pour lui montrer qu'il est trĂšs trĂšs gentil. Donc le chien... qui est anxieux, il ne veut pas qu'on vienne le caresser pour lui montrer qu'on est gentil, il veut qu'on lui foute la paix. Donc je commence par lui foutre la paix. Et quand je vous dis qu'il n'existe pas, il n'existe pas. Je ne le regarde pas, je ne le calcule pas, je ne le touche pas, je ne tends pas la main vers lui, je ne fais rien. Jusqu'Ă ce que je sois un Ă©vĂ©nement relativement banal de son environnement. Et donc pendant tout ce temps-lĂ , on va amener, il sera peut-ĂȘtre temps de faire un point, oĂč est-ce que vous l'avez eu, dans quel contexte, comment ça a Ă©voluĂ©. Donc c'est sur tout ce temps-lĂ . et on va toujours privilĂ©gier si possible de le faire en dynamique en marchant parce que ça va permettre au chien de passer beaucoup plus facilement Ă autre chose en Ă©tant confrontĂ© Ă un environnement plus riche et puis au bout d'un moment le chien gĂ©nĂ©ralement assez naturellement va revenir vous sentir se confronter Ă vous et lĂ vous allez pouvoir du coup rĂ©compenser sans trop forcer prendre la laisse en main et autre Parfois rĂ©compenser se limite juste Ă un c'est bien sans trop d'intensitĂ©, peut-ĂȘtre Ă une rĂ©compense si le chien l'accepte mais tous ne l'acceptent pas lorsqu'ils ne sont pas Ă l'aise. Et puis on va prendre tranquillement la laisse en main et essayer de montrer au propriĂ©taire ce qu'il faut faire. Alors le gros avantage c'est qu'avec un chien anxieux il ne faut pas ĂȘtre brusque et le travail de l'anxiĂ©tĂ© ne nĂ©cessite pas d'ĂȘtre rapide, dynamique, brusque ou quoi que ce soit. Donc en fait, ça tombe bien parce que mĂȘme quand vous allez prendre la laisse en main, vous allez continuer de rassurer le chien en mettant de la souplesse, en vous dĂ©plaçant et en ayant une attitude qui va convenir Ă un chien anxieux pour montrer aux personnes comment est-ce qu'on va travailler. Au-delĂ de ça, certains mĂ©canismes seront Ă mettre en Ćuvre au-delĂ du cours, notamment des mĂ©canismes sur lesquels on jouera sur des notions de durĂ©e pour que le chien s'apaise. Le but Ă©tant que... toute expĂ©rience Ă laquelle le chien a Ă©tĂ© confrontĂ© se finisse sous un aspect positif et si on confronte le chien Ă un environnement qui pour lui est stressant, il va falloir que la confrontation soit suffisamment positive mais surtout suffisamment longue pour que le chien ait le temps de s'apaiser avant qu'on puisse sortir de la situation. Parce que si je mets mon chien dans un environnement stressant et que je le sors de cet environnement au bout d'une heure alors qu'au bout d'une heure il est toujours paniquĂ©, le dernier souvenir qui reste de cet environnement, c'est la panique, et donc je vais avoir sensibilisĂ© le chien. Et en fait, de sĂ©ance en sĂ©ance, je ne vais faire que sensibiliser le chien. Alors que si je le sors de cette situation au bout d'une heure et demie, deux heures, quand il aura commencĂ© Ă fatiguer, Ă fatiguer, pardon, Ă s'apaiser, pour tout un tas de raisons, la fatigue peut ĂȘtre une des explications, et que le chien s'apaise, qu'il se sent plus Ă l'aise, ou que par la force des choses, il a fini par tolĂ©rer tous ces Ă©lĂ©ments qu'il y a autour de lui, parce que finalement... ça fait deux heures qu'ils sont lĂ , puis le ciel ne lui est pas tombĂ© sur la tĂȘte. Et bien lĂ , pour le coup, quand je vais m'extraire de cette situation avec un chien plus apaisĂ©, je vais l'avoir dĂ©sensibilisĂ©. Donc en fait, je vais jouer sur tous ces mĂ©canismes-lĂ . Et donc certains Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre Ă mettre en Ćuvre en dehors des sĂ©ances d'Ă©ducation, notamment quand on va jouer sur la durĂ©e. Moi, ça peut m'arriver de demander au client de jouer sur des trĂšs longues durĂ©es, notamment en se mettant dans un espace public pas trop stimulant, parce qu'il ne faut pas que le chien soit en peur panique. mais dans un environnement relativement riche pendant plusieurs heures, pendant 5, 6, 7 heures. C'est-Ă -dire que je prends mon pique-nique, je prends un bouquin, puis je vais m'installer dans un parc, puis on va marcher, faire le tour du parc, s'arrĂȘter, faire un petit pique-nique, repartir, marcher un peu dans la rue jusqu'Ă ce que le chien s'apaise. Donc c'est tout un tas de mĂ©canismes avec lesquels on va jouer, mais il y a toujours une solution Ă apporter.