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Efus Podcast

Reportage : Immersion dans une salle de consommation à moindre risque

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17min |07/08/2024
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Reportage : Immersion dans une salle de consommation à moindre risque

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17min |07/08/2024
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Description

Découvrez l'envers du décor des salles de consommation à moindre risque avec une visite unique d'un centre prenant en charge les addictions à Bruxelles, avec Laurant Maisse, Directeur adjoint de l'association Transit ASBL.

Cette visite organisée par l'Efus lors de la conférence Sécurité, Villes et Démocratie en mars 2024, permet de comprendre l'organisation de ces centres de consommation à moindre risque ainsi que les différents enjeux et défis auxquels ils font face.


➡️Un épisode réalisé par Julie Martin, journaliste.


Episode réalisé dans le cadre du projet IcARUS financé par la Commission européenne. Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 882749.


Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Julie Martin

    Bienvenue dans le podcast de l'Efus, le Forum européen pour la sécurité urbaine, un réseau européen de 250 autorités locales et régionales dédiées à la sécurité urbaine. Je suis Julie Martin, journaliste. Dans cet épisode réalisé dans le cadre du projet IcARUS, l'Efus vous invite à suivre Laurent Metz dans une visite en immersion de la salle de consommation à moindre risque à Bruxelles, en Belgique. Ouverte depuis 2022, elle est appelée GATE. Une porte pour accueillir et également comme dans un aéroport pour un nouveau départ. Suivons Laurent Metz dans la visite de cette maison de consommation bruxelloise pendant laquelle il partage ses bonnes pratiques à d'autres membres de l'EFUS.

  • Laurent Maisse

    On est sur une salle à plusieurs étages, étant entendu qu'on a mis au rez-de-chaussée les espaces de consommation. Pourquoi ? Pour que les services éventuellement d'urgence, 112, ambulances puissent intervenir rapidement. Et donc on est sur différentes zones de travail. On est sur ici la zone d'accueil, où les gens viennent s'inscrire. Je vais vous expliquer comment ça fonctionne. On a donc la zone d'accueil, la zone d'attente, la zone de consommation, la zone de repos, la zone de soins, et une zone un petit peu de travail, une salle de réunion polyvalente. Et alors l'usager avance comme ça, il a un parcours. Il est accueilli, il attend, il consomme, il se repose, éventuellement il va voir le médecin. et puis il s'en va. Donc la personne rentre, vient ici, s'annonce. Si elle n'est pas encodée, si c'est la première fois qu'elle vient, il va être vu dans le bureau pour lui présenter le règlement d'ordre intérieur et pour signer le document de consentement. Un identifiant va être créé et donc la deuxième fois ou la prochaine fois, il donnera juste son identifiant et il pourra avoir accès à la salle. La particularité ici aussi, c'est que c'est un peu comme un carut, c'est-à-dire que les gens peuvent venir juste chercher du matériel de consommation. Donc là, ils déposent leur matériel usagé ici, ils prennent du matos propre et ils ressortent directement par la porte ici. Donc l'entrée n'est pas la même que la sortie. Ça permet de fluidifier les passages et que les gens ne se croisent pas. Le taux de récupération n'est pas optimal. On n'est pas dans de l'échange street. L'échange de seringues est basé sur un arrêté royal qui parle de notion de dépannage. Et donc, ça permet aux personnes de venir chercher du matériel même s'ils n'en ramènent pas. Les gens s'approprient la salle de consommation de différentes manières. Il y en a qui viennent juste consommer et puis qui s'en vont. Il y en a d'autres qui utilisent la salle comme un lieu de re-socialisation, de contact, où ils se sentent respectés, écoutés. Donc le travail des équipes va être de les inciter à aller rencontrer le médecin, l'infirmière, les conseils d'aller dans le réseau pour refaire des papiers, d'avoir un accès à leurs droits, etc. Donc c'est très fluctuant. Les gens ici viennent avec leurs produits qu'ils ont achetés sur le marché noir. Ils l'annoncent à l'entrée, ils disent voilà ce que je vais consommer parce qu'il est hors de question qu'à l'intérieur, il y ait du trafic, du deal, du partage, du troc. Et donc, ils viennent consommer ce qu'ils consommeraient sur la rue. Et donc, ça permet de sortir de la rue des actes de consommation. Donc, ça permet de diminuer la visibilité du phénomène. Une personne vient, par exemple, Ah, Léonore, je viens consommer du crack. Ok, clac, voilà mon produit. Au-dessus, ils savent que Léonore va arriver pour consommer du crack. Et donc, la personne est suivie, on va dire. d'écran en écran et ça permet de tracer, de savoir qui est là et pour y faire quoi, et de gérer aussi les postes de consommation. Et alors les équipes, donc on a 21 équivalents en plein en théorie, on a quand même un coup de main, enfin, les malades, les congés, etc. On a une obligation pour l'instant d'avoir tout le temps une infirmière dans les espaces de consommation. On essaye de changer ça parce que ce n'est pas toujours facile et on préférait qu'il y ait tout le temps une infirmière dans le bâtiment, mais pas nécessairement dans l'espace de consommation, parce que... Passer toute une journée, moi je ne l'ai jamais fait, mais dans un espace où les gens consomment, j'imagine que ça doit parfois être difficile. Et donc on aimerait bien changer cet article, cet élément réglementaire. Et les équipes sont par deux. Donc il y a deux, un binôme à l'accueil, un binôme en attente, un binôme en salle de consommation, un binôme en repos, avec, quand le quorum le permet, des personnes volantes qui viennent compléter un peu les équipes. Je vous propose de monter. C'est la salle d'attente. avant de consommer. Parfois, il y a des temps d'attente qui sont mis à profit par les équipes pour essayer d'inciter les gens à aller voir les personnes de la trajectoire de soins. La trajectoire de soins, c'est un partenaire médicalisé qui s'en occupe, qui s'appelle la maison d'accueil sociosanitaire. C'est un médecin, un assistant social et un infirmier qui s'occupent de cette trajectoire, qui sont dans le bâtiment, qui sont juste dans la partie ici. Le bâtiment est en très bon état, il a été rénové, les patients le respectent. C'est assez intéressant de voir que lorsqu'on leur fournit un outil qui répond à leurs besoins, ils se l'approprient et le respectent. C'est ici vraiment que le lien social se fait avec le public. Et c'est ici que... ils restent un petit peu, ils discutent, ils font des recherches d'emploi, des choses comme ça. Et on est dans une, je vois la fiche Revdrome, on est dans un projet d'évaluation des deux salles de consommation belges par ce qu'on appelle la politique scientifique fédérale, qui s'appuie sur des universités pour évaluer, c'est en cours, l'impact de la salle. Il n'y en a que deux en Belgique, à Bruxelles et à Liège. à Bruxelles sur base d'une ordonnance régionale. Mais depuis l'existence de Gait, la loi de 1921, la grande loi sur les stupéfiants et sur les drogues en Belgique, qui interdisait l'incitation à l'usage et la facilitation à l'usage, a été modifiée. Et donc elle remet dans les mains des régions l'opérationnalisation des projets. Ça c'est aussi une réalité bien belge. La loi de 1921 dont je vous parlais, qui est l'équivalent de celle de 1970, Dans le cadre des discussions sur le port d'Anvers, où les tonnes de cocaïne rentrent, où il faut plus de procureurs, plus de policiers, plus de douaniers, plus de caméras, plus de scanners pour les containers, etc. Donc des aspects très sécuritaires. Dans le cadre de ces discussions-là, on a réussi à faire passer la modification de la loi de 21, où les opérateurs de salles de conso ne sont plus considérés comme des incitateurs ou des facilitateurs à l'usage. Et le gouvernement fédéral remet aux régions l'opérationnalisation des projets. Donc ils disent, ne seront plus poursuivis les personnes qui mettent à disposition des locaux qui sont agréés, et on laisse le soin aux régions de les agréer. Donc ils se sont un peu débarrassés du truc. Mais donc, l'avancée que le secteur voulait depuis 20 ou 25 ans sur cette modification de la loi, on l'a enfin eue comme un peu des miettes pour la prévention et pour la réduction des risques dans la grande discussion sécuritaire, donc à la limite je dirais peu nous chaud, du moment que la loi a été modifiée. On se rend compte que c'est nécessaire d'ouvrir un espace de consommation réservé aux femmes, qu'elles aient leur endroit à elles pour consommer, parce qu'elles disent qu'ici il y a quand même une pression, il y en a 80-85% d'hommes, donc il y a quand même une pression, c'est très masculin, c'est quand même assez tendu, et donc on réfléchit, le bâtiment ici ne le permet pas, et donc pour le futur, dans un autre bâtiment, pour une nouvelle salle, on réfléchit à mettre en place ça, où elles pourraient consommer. Par exemple, ici, elles disent, vous allez voir en bas, je consomme par inhalation, je suis entouré de deux mecs, j'ai un ex et un mec qui m'a tabassé il y a deux mois, ils voient que j'ai encore du produit, que je ne consomme pas tout, et donc à la sortie, ils vont venir me raqueter ou me mettre la pression, et donc j'aimerais bien avoir un peu plus la paix. Et donc, ça a besoin. Ici, si on mettait ça en place, ce serait au détriment des hommes. On peut se dire que si on veut accueillir les femmes dans des bonnes conditions, alors... permettant d'avoir un endroit spécifiquement réservé, il faut l'anticiper. Sinon, ce sera toujours au détriment d'autre chose. Ils arrivent, ah ok, t'es bien, Eleonore, tu veux bien consommer du crack, ah ben maintenant tu peux descendre, on vérifie qu'il a bien son produit, on lui fait son petit plateau avec son matériel, bon ça c'est comme un carré classique. Bien que les Français disent qu'ils n'ont pas trop de piques coudées, on a des piques à cristal mètre aussi, c'est pas mal ça. Donc on a tout ce qu'il faut, soit pour consommer par injection, soit pour consommer par inhalation, du matériel évidemment stérile à usage unique, ce qui permet de diminuer les risques d'infection et de contamination. Il y a toujours une infirmière, c'est elle qui fait le plateau, les personnes sont invitées à se laver les mains, et ils sont toujours deux collègues, et ils surveillent ce qui se passe. Donc on a quatre postes d'injection ici. Alors ce qui n'est pas l'idéal, ce qu'on apprend aussi, c'est qu'il y a du passage derrière les personnes qui se consomment par injection. pas toujours l'idéal, les gens avec leur sac, les gens qui vont consommer par inhalation, les travailleurs, enfin voilà, c'est pas l'idéal, ça pose pas trop de problèmes, ça aurait pu être réfléchi autrement, mais on s'appuie aussi sur le bâtiment tel qu'il est. Et donc derrière, c'est la salle d'inhalation. Donc 4 postes d'injection, la personne nettoie, on a des pictos évidemment de réduction des risques, une assez grande promiscuité, et voilà. une assez grande visibilité sur les autres. Ce n'est pas très intime. Donc, il peut y avoir, je pense, jusqu'à 8 personnes en même temps, avec le système de filtration dont je vous parlais, qui permet de régénérer l'air de manière très rapide, ce qui permet d'intervenir si jamais il y avait une overdose ou un problème de santé, évidemment, pour ne pas que les travailleurs soient intoxiqués par les fumées. Pour consommer par inhalation. Donc, ça, c'est la fermerie et la zone de repos, elle est ici. Aussi en permanence deux travailleurs ici. Donc c'est un peu lorsqu'on s'est fait, ou pas, vacciner contre le Covid, on demandait de rester un quart d'heure pour voir s'il n'y avait pas d'effet secondaire. Donc ici on surveille un peu les paramètres, on essaye de ne pas les faire sortir trop rapidement. C'est un endroit de discussion, de papote comme on dit. Un outil indispensable, c'est une cour intérieure, que les gens puissent fumer, y compris les travailleurs. C'est une cour qu'on a aménagée, il y a des riverains au-dessus, du côté. Je pense qu'au début il y a un ou deux oeufs qui ont été balancés sur les équipes. Notamment parce qu'une personne, je pense, j'ai appris qu'elle travaille la nuit, et donc le bruit monte fort, et donc quand il y a deux ou trois usagers ou deux ou trois travailleurs, ça s'arrange. Et donc ça, si jamais une structure est ouverte, sans cours intérieur, ça apporte des attroupements, des regroupements sur l'espace public, dans la rue, de gens qui légitimement fument, et donc c'est très négatif pour le projet. Ce projet est tellement sous les feux des projecteurs, c'est épargnons-nous les critiques pour des points si futiles que le fait de fumer une cigarette. On a une obligation de rencontrer les riverains d'une zone définie tous les six mois, et comme on a un soutien massif et important et très positif du bourgmestre, donc du maire de la ville et de la zone de police. Ça se passe assez bien. Il y avait 40 personnes au départ, la première rencontre citoyenne, et puis il n'y en avait plus que deux. On essaie de régler les problèmes et d'apporter des réponses à leurs problèmes. Bien pensé, bien défendu, bien expliqué et partagé par tous les niveaux de pouvoir et tous les secteurs, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas. On engage tout le monde et il faut un soutien des autorités, de la zone de police, de la justice. Il faut des équipes formées, préparées, un bâtiment bien imaginé. et assumer qu'on ne va pas tout régler et que s'il y a des problèmes, tenter quand même d'y apporter des réponses. Évidemment, il y a encore de la consommation dans la région de Boussel-Capital en rue. Évidemment, il y a encore des seringues qui traînent. Évidemment, il y a encore des gens qui dorment en rue. Mais voilà, on ne va pas tout régler, mais on apporte un début de réponse et qui va dans le bon sens. Ce qu'on a vraiment voulu ici, c'est d'avoir une salle de consommation 2.0, c'est-à-dire qui est l'acte de consommation ou l'espace de consommation et vraiment un service parmi d'autres. Et donc on a une approche vraiment diversifiée et qu'on veut comme une entrée vers une trajectoire de soins. Par rapport à d'autres structures, notamment que j'ai visitées en Allemagne, où là on est plus sur viens consommer, tu es le bienvenu mais l'aide s'arrête là, ce qui est déjà très bien en soi, mais ici on a vraiment voulu défendre le projet comme une entrée vers quelque chose. Et c'est ce qui a permis au niveau politique et au niveau de la population générale de mieux comprendre le projet. Pour l'instant, la salle de consommation est ouverte au public de 10 à 17 heures. Nous sommes en réflexion pour élargir cela, le décaler vers la soirée pour répondre aux besoins des usagers. Cela pose des petits problèmes administratifs, notamment de contrat de travail. Pour l'instant, il n'est pas possible d'ouvrir le week-end ou d'ouvrir la nuit en 24 heures sur 24. Au niveau budget, ce serait irréalisable. Nous, on a majoritairement des consommateurs de crack. L'injection est en diminution. La consommation d'opiacés est en diminution depuis quelques années à Bruxelles. Et ce sont des gens fortement marginalisés qui cumulent beaucoup de facteurs de vulnérabilité. Pas de papier, pas de revenus, pas de logement, pas d'accès à la santé. Je pense que les usagers de drogue, majoritairement, ne sont pas ravis de devoir consommer dans la rue, devant tout le monde. Et aussi parce qu'ils prennent moins de risques ici pour leur santé et ils savent qu'ils vont pouvoir être encadrés. Disons que le fantasme de dire que puisqu'il y a une salle de consommation, Les gens vont venir y faire n'importe quoi parce qu'ils savent que si jamais ils font une overdose, par exemple, on va leur sauver la vie. Mais ça, ce n'est pas quelque chose qu'on observe. Ils ont plutôt une relation assez saine à leurs produits. Et ils se rendent compte que lorsqu'on les accueille de manière adéquate, ils peuvent penser à autre chose. Alors le but d'une salle de consommation en tant que telle, ce n'est évidemment pas le sevrage, mais c'est de tout doucement accrocher les gens vers une trajectoire de soins qui pourrait monter. amener au sevrage. Mais les gens qui viennent ici, on ne leur demande pas de ne plus consommer en sortant. On est avec des consommateurs actifs.

  • Julie Martin

    Parmi les visiteurs de Gates ce jour-là ont pu participer, grâce à l'Efus, l'équipe de prévention de la ville de Bordeaux. Retour d'expérience sur cette visite avec Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité, la prévention de la délinquance et la médiation.

  • Marc Etcheverry

    Je remercie les organisateurs de nous avoir permis de visiter ce centre de consommation. C'est tout à fait le... C'est intéressant et en certains sens édifiant de voir à quel point ces centres sont importants pour essayer d'accompagner les consommateurs de drogue et de juguler ce phénomène. Alors en France, il y a deux salles de consommation de ce genre à Paris et à Strasbourg. Et c'est vrai qu'à Bordeaux, depuis plusieurs années, nous avons un projet de ce type. Projet qui n'aboutit pas pour le moment pour diverses raisons. Mais en tout cas, la ville de Bordeaux l'étudie avec attention. Et on pense que ce serait un outil en plus à notre disposition pour accompagner les consommateurs. Alors, et dans l'autre côté, essayer de... de réduire la pression que la consommation de drogue peut exercer dans nos rues et les conflits d'usage qu'on peut avoir avec les riverains. On voit que la réussite de ce projet de salle de consommation à Bruxelles, pour moi, réside avant tout dans l'alignement que peuvent avoir tous les partenaires, que ce soit l'État, les différentes collectivités, les acteurs associatifs, la police, les acteurs sanitaires et sociaux, pour faire en sorte d'être alignés derrière ce projet et le soutenir. C'est ce dont nous manquons en France et ce qu'il faudrait avoir.

  • Julie Martin

    Et Léonore Beca, directrice adjointe en charge du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.

  • Edouard Coudreau

    Ça fait partie des outils de réduction des risques hyper intéressants qui font partie d'un ensemble de prévention et de prise en charge. Donc on est toujours en réflexion et on se dit toujours que c'est un outil supplémentaire qui peut être hyper porteur. Après, symboliquement, c'est très marqué dans les médias, malheureusement. Donc du coup, c'est pas grave, il faut le travailler. Il faut... voir quelle est la meilleure façon d'allier prise en charge et accompagnement santé, et en même temps mieux disant pour la société et pour l'environnement et les autres usagers de l'espace public. C'est un défi, c'est hyper intéressant. Donc on est là pour ça. Là on est pile poil dans ce qu'on recherche à l'Efus, c'est-à-dire du terrain, d'autres expériences, des échanges.

  • Julie Martin

    Edouard Coudreau, chargé de mission à la prévention de la délinquance à la ville de Bordeaux.

  • Laurent Maisse

    C'est très inspirant et c'est surtout assez optimiste de voir que ces lieux-là peuvent fonctionner de manière assez positive.

  • Julie Martin

    L'Efus remercie Laurent Metz et ses partenaires bruxellois de nous avoir permis cette immersion dans le centre de consommation à moindre risque, GATE, à Bruxelles. Merci aussi à vous de nous avoir écouté jusqu'au bout de cette visite. Nous espérons que vous l'avez appréciée. Je vous donne rendez-vous dans un prochain épisode où Laurent Metz nous emmènera cette fois-ci en immersion dans le centre transit dont il est le directeur, un centre d'accueil et d'hébergement pour les adultes usagers de drogue à Bruxelles. Si vous voulez en savoir plus sur les approches innovantes et les initiatives locales en matière de sécurité urbaine, rendez-vous sur le site internet du Forum européen pour la sécurité urbaine et abonnez-vous à ce podcast sur votre plateforme d'écoute préférée pour rester informé. A très bientôt ! pour un prochain épisode du podcast de l'Efus.

Description

Découvrez l'envers du décor des salles de consommation à moindre risque avec une visite unique d'un centre prenant en charge les addictions à Bruxelles, avec Laurant Maisse, Directeur adjoint de l'association Transit ASBL.

Cette visite organisée par l'Efus lors de la conférence Sécurité, Villes et Démocratie en mars 2024, permet de comprendre l'organisation de ces centres de consommation à moindre risque ainsi que les différents enjeux et défis auxquels ils font face.


➡️Un épisode réalisé par Julie Martin, journaliste.


Episode réalisé dans le cadre du projet IcARUS financé par la Commission européenne. Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 882749.


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Transcription

  • Julie Martin

    Bienvenue dans le podcast de l'Efus, le Forum européen pour la sécurité urbaine, un réseau européen de 250 autorités locales et régionales dédiées à la sécurité urbaine. Je suis Julie Martin, journaliste. Dans cet épisode réalisé dans le cadre du projet IcARUS, l'Efus vous invite à suivre Laurent Metz dans une visite en immersion de la salle de consommation à moindre risque à Bruxelles, en Belgique. Ouverte depuis 2022, elle est appelée GATE. Une porte pour accueillir et également comme dans un aéroport pour un nouveau départ. Suivons Laurent Metz dans la visite de cette maison de consommation bruxelloise pendant laquelle il partage ses bonnes pratiques à d'autres membres de l'EFUS.

  • Laurent Maisse

    On est sur une salle à plusieurs étages, étant entendu qu'on a mis au rez-de-chaussée les espaces de consommation. Pourquoi ? Pour que les services éventuellement d'urgence, 112, ambulances puissent intervenir rapidement. Et donc on est sur différentes zones de travail. On est sur ici la zone d'accueil, où les gens viennent s'inscrire. Je vais vous expliquer comment ça fonctionne. On a donc la zone d'accueil, la zone d'attente, la zone de consommation, la zone de repos, la zone de soins, et une zone un petit peu de travail, une salle de réunion polyvalente. Et alors l'usager avance comme ça, il a un parcours. Il est accueilli, il attend, il consomme, il se repose, éventuellement il va voir le médecin. et puis il s'en va. Donc la personne rentre, vient ici, s'annonce. Si elle n'est pas encodée, si c'est la première fois qu'elle vient, il va être vu dans le bureau pour lui présenter le règlement d'ordre intérieur et pour signer le document de consentement. Un identifiant va être créé et donc la deuxième fois ou la prochaine fois, il donnera juste son identifiant et il pourra avoir accès à la salle. La particularité ici aussi, c'est que c'est un peu comme un carut, c'est-à-dire que les gens peuvent venir juste chercher du matériel de consommation. Donc là, ils déposent leur matériel usagé ici, ils prennent du matos propre et ils ressortent directement par la porte ici. Donc l'entrée n'est pas la même que la sortie. Ça permet de fluidifier les passages et que les gens ne se croisent pas. Le taux de récupération n'est pas optimal. On n'est pas dans de l'échange street. L'échange de seringues est basé sur un arrêté royal qui parle de notion de dépannage. Et donc, ça permet aux personnes de venir chercher du matériel même s'ils n'en ramènent pas. Les gens s'approprient la salle de consommation de différentes manières. Il y en a qui viennent juste consommer et puis qui s'en vont. Il y en a d'autres qui utilisent la salle comme un lieu de re-socialisation, de contact, où ils se sentent respectés, écoutés. Donc le travail des équipes va être de les inciter à aller rencontrer le médecin, l'infirmière, les conseils d'aller dans le réseau pour refaire des papiers, d'avoir un accès à leurs droits, etc. Donc c'est très fluctuant. Les gens ici viennent avec leurs produits qu'ils ont achetés sur le marché noir. Ils l'annoncent à l'entrée, ils disent voilà ce que je vais consommer parce qu'il est hors de question qu'à l'intérieur, il y ait du trafic, du deal, du partage, du troc. Et donc, ils viennent consommer ce qu'ils consommeraient sur la rue. Et donc, ça permet de sortir de la rue des actes de consommation. Donc, ça permet de diminuer la visibilité du phénomène. Une personne vient, par exemple, Ah, Léonore, je viens consommer du crack. Ok, clac, voilà mon produit. Au-dessus, ils savent que Léonore va arriver pour consommer du crack. Et donc, la personne est suivie, on va dire. d'écran en écran et ça permet de tracer, de savoir qui est là et pour y faire quoi, et de gérer aussi les postes de consommation. Et alors les équipes, donc on a 21 équivalents en plein en théorie, on a quand même un coup de main, enfin, les malades, les congés, etc. On a une obligation pour l'instant d'avoir tout le temps une infirmière dans les espaces de consommation. On essaye de changer ça parce que ce n'est pas toujours facile et on préférait qu'il y ait tout le temps une infirmière dans le bâtiment, mais pas nécessairement dans l'espace de consommation, parce que... Passer toute une journée, moi je ne l'ai jamais fait, mais dans un espace où les gens consomment, j'imagine que ça doit parfois être difficile. Et donc on aimerait bien changer cet article, cet élément réglementaire. Et les équipes sont par deux. Donc il y a deux, un binôme à l'accueil, un binôme en attente, un binôme en salle de consommation, un binôme en repos, avec, quand le quorum le permet, des personnes volantes qui viennent compléter un peu les équipes. Je vous propose de monter. C'est la salle d'attente. avant de consommer. Parfois, il y a des temps d'attente qui sont mis à profit par les équipes pour essayer d'inciter les gens à aller voir les personnes de la trajectoire de soins. La trajectoire de soins, c'est un partenaire médicalisé qui s'en occupe, qui s'appelle la maison d'accueil sociosanitaire. C'est un médecin, un assistant social et un infirmier qui s'occupent de cette trajectoire, qui sont dans le bâtiment, qui sont juste dans la partie ici. Le bâtiment est en très bon état, il a été rénové, les patients le respectent. C'est assez intéressant de voir que lorsqu'on leur fournit un outil qui répond à leurs besoins, ils se l'approprient et le respectent. C'est ici vraiment que le lien social se fait avec le public. Et c'est ici que... ils restent un petit peu, ils discutent, ils font des recherches d'emploi, des choses comme ça. Et on est dans une, je vois la fiche Revdrome, on est dans un projet d'évaluation des deux salles de consommation belges par ce qu'on appelle la politique scientifique fédérale, qui s'appuie sur des universités pour évaluer, c'est en cours, l'impact de la salle. Il n'y en a que deux en Belgique, à Bruxelles et à Liège. à Bruxelles sur base d'une ordonnance régionale. Mais depuis l'existence de Gait, la loi de 1921, la grande loi sur les stupéfiants et sur les drogues en Belgique, qui interdisait l'incitation à l'usage et la facilitation à l'usage, a été modifiée. Et donc elle remet dans les mains des régions l'opérationnalisation des projets. Ça c'est aussi une réalité bien belge. La loi de 1921 dont je vous parlais, qui est l'équivalent de celle de 1970, Dans le cadre des discussions sur le port d'Anvers, où les tonnes de cocaïne rentrent, où il faut plus de procureurs, plus de policiers, plus de douaniers, plus de caméras, plus de scanners pour les containers, etc. Donc des aspects très sécuritaires. Dans le cadre de ces discussions-là, on a réussi à faire passer la modification de la loi de 21, où les opérateurs de salles de conso ne sont plus considérés comme des incitateurs ou des facilitateurs à l'usage. Et le gouvernement fédéral remet aux régions l'opérationnalisation des projets. Donc ils disent, ne seront plus poursuivis les personnes qui mettent à disposition des locaux qui sont agréés, et on laisse le soin aux régions de les agréer. Donc ils se sont un peu débarrassés du truc. Mais donc, l'avancée que le secteur voulait depuis 20 ou 25 ans sur cette modification de la loi, on l'a enfin eue comme un peu des miettes pour la prévention et pour la réduction des risques dans la grande discussion sécuritaire, donc à la limite je dirais peu nous chaud, du moment que la loi a été modifiée. On se rend compte que c'est nécessaire d'ouvrir un espace de consommation réservé aux femmes, qu'elles aient leur endroit à elles pour consommer, parce qu'elles disent qu'ici il y a quand même une pression, il y en a 80-85% d'hommes, donc il y a quand même une pression, c'est très masculin, c'est quand même assez tendu, et donc on réfléchit, le bâtiment ici ne le permet pas, et donc pour le futur, dans un autre bâtiment, pour une nouvelle salle, on réfléchit à mettre en place ça, où elles pourraient consommer. Par exemple, ici, elles disent, vous allez voir en bas, je consomme par inhalation, je suis entouré de deux mecs, j'ai un ex et un mec qui m'a tabassé il y a deux mois, ils voient que j'ai encore du produit, que je ne consomme pas tout, et donc à la sortie, ils vont venir me raqueter ou me mettre la pression, et donc j'aimerais bien avoir un peu plus la paix. Et donc, ça a besoin. Ici, si on mettait ça en place, ce serait au détriment des hommes. On peut se dire que si on veut accueillir les femmes dans des bonnes conditions, alors... permettant d'avoir un endroit spécifiquement réservé, il faut l'anticiper. Sinon, ce sera toujours au détriment d'autre chose. Ils arrivent, ah ok, t'es bien, Eleonore, tu veux bien consommer du crack, ah ben maintenant tu peux descendre, on vérifie qu'il a bien son produit, on lui fait son petit plateau avec son matériel, bon ça c'est comme un carré classique. Bien que les Français disent qu'ils n'ont pas trop de piques coudées, on a des piques à cristal mètre aussi, c'est pas mal ça. Donc on a tout ce qu'il faut, soit pour consommer par injection, soit pour consommer par inhalation, du matériel évidemment stérile à usage unique, ce qui permet de diminuer les risques d'infection et de contamination. Il y a toujours une infirmière, c'est elle qui fait le plateau, les personnes sont invitées à se laver les mains, et ils sont toujours deux collègues, et ils surveillent ce qui se passe. Donc on a quatre postes d'injection ici. Alors ce qui n'est pas l'idéal, ce qu'on apprend aussi, c'est qu'il y a du passage derrière les personnes qui se consomment par injection. pas toujours l'idéal, les gens avec leur sac, les gens qui vont consommer par inhalation, les travailleurs, enfin voilà, c'est pas l'idéal, ça pose pas trop de problèmes, ça aurait pu être réfléchi autrement, mais on s'appuie aussi sur le bâtiment tel qu'il est. Et donc derrière, c'est la salle d'inhalation. Donc 4 postes d'injection, la personne nettoie, on a des pictos évidemment de réduction des risques, une assez grande promiscuité, et voilà. une assez grande visibilité sur les autres. Ce n'est pas très intime. Donc, il peut y avoir, je pense, jusqu'à 8 personnes en même temps, avec le système de filtration dont je vous parlais, qui permet de régénérer l'air de manière très rapide, ce qui permet d'intervenir si jamais il y avait une overdose ou un problème de santé, évidemment, pour ne pas que les travailleurs soient intoxiqués par les fumées. Pour consommer par inhalation. Donc, ça, c'est la fermerie et la zone de repos, elle est ici. Aussi en permanence deux travailleurs ici. Donc c'est un peu lorsqu'on s'est fait, ou pas, vacciner contre le Covid, on demandait de rester un quart d'heure pour voir s'il n'y avait pas d'effet secondaire. Donc ici on surveille un peu les paramètres, on essaye de ne pas les faire sortir trop rapidement. C'est un endroit de discussion, de papote comme on dit. Un outil indispensable, c'est une cour intérieure, que les gens puissent fumer, y compris les travailleurs. C'est une cour qu'on a aménagée, il y a des riverains au-dessus, du côté. Je pense qu'au début il y a un ou deux oeufs qui ont été balancés sur les équipes. Notamment parce qu'une personne, je pense, j'ai appris qu'elle travaille la nuit, et donc le bruit monte fort, et donc quand il y a deux ou trois usagers ou deux ou trois travailleurs, ça s'arrange. Et donc ça, si jamais une structure est ouverte, sans cours intérieur, ça apporte des attroupements, des regroupements sur l'espace public, dans la rue, de gens qui légitimement fument, et donc c'est très négatif pour le projet. Ce projet est tellement sous les feux des projecteurs, c'est épargnons-nous les critiques pour des points si futiles que le fait de fumer une cigarette. On a une obligation de rencontrer les riverains d'une zone définie tous les six mois, et comme on a un soutien massif et important et très positif du bourgmestre, donc du maire de la ville et de la zone de police. Ça se passe assez bien. Il y avait 40 personnes au départ, la première rencontre citoyenne, et puis il n'y en avait plus que deux. On essaie de régler les problèmes et d'apporter des réponses à leurs problèmes. Bien pensé, bien défendu, bien expliqué et partagé par tous les niveaux de pouvoir et tous les secteurs, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas. On engage tout le monde et il faut un soutien des autorités, de la zone de police, de la justice. Il faut des équipes formées, préparées, un bâtiment bien imaginé. et assumer qu'on ne va pas tout régler et que s'il y a des problèmes, tenter quand même d'y apporter des réponses. Évidemment, il y a encore de la consommation dans la région de Boussel-Capital en rue. Évidemment, il y a encore des seringues qui traînent. Évidemment, il y a encore des gens qui dorment en rue. Mais voilà, on ne va pas tout régler, mais on apporte un début de réponse et qui va dans le bon sens. Ce qu'on a vraiment voulu ici, c'est d'avoir une salle de consommation 2.0, c'est-à-dire qui est l'acte de consommation ou l'espace de consommation et vraiment un service parmi d'autres. Et donc on a une approche vraiment diversifiée et qu'on veut comme une entrée vers une trajectoire de soins. Par rapport à d'autres structures, notamment que j'ai visitées en Allemagne, où là on est plus sur viens consommer, tu es le bienvenu mais l'aide s'arrête là, ce qui est déjà très bien en soi, mais ici on a vraiment voulu défendre le projet comme une entrée vers quelque chose. Et c'est ce qui a permis au niveau politique et au niveau de la population générale de mieux comprendre le projet. Pour l'instant, la salle de consommation est ouverte au public de 10 à 17 heures. Nous sommes en réflexion pour élargir cela, le décaler vers la soirée pour répondre aux besoins des usagers. Cela pose des petits problèmes administratifs, notamment de contrat de travail. Pour l'instant, il n'est pas possible d'ouvrir le week-end ou d'ouvrir la nuit en 24 heures sur 24. Au niveau budget, ce serait irréalisable. Nous, on a majoritairement des consommateurs de crack. L'injection est en diminution. La consommation d'opiacés est en diminution depuis quelques années à Bruxelles. Et ce sont des gens fortement marginalisés qui cumulent beaucoup de facteurs de vulnérabilité. Pas de papier, pas de revenus, pas de logement, pas d'accès à la santé. Je pense que les usagers de drogue, majoritairement, ne sont pas ravis de devoir consommer dans la rue, devant tout le monde. Et aussi parce qu'ils prennent moins de risques ici pour leur santé et ils savent qu'ils vont pouvoir être encadrés. Disons que le fantasme de dire que puisqu'il y a une salle de consommation, Les gens vont venir y faire n'importe quoi parce qu'ils savent que si jamais ils font une overdose, par exemple, on va leur sauver la vie. Mais ça, ce n'est pas quelque chose qu'on observe. Ils ont plutôt une relation assez saine à leurs produits. Et ils se rendent compte que lorsqu'on les accueille de manière adéquate, ils peuvent penser à autre chose. Alors le but d'une salle de consommation en tant que telle, ce n'est évidemment pas le sevrage, mais c'est de tout doucement accrocher les gens vers une trajectoire de soins qui pourrait monter. amener au sevrage. Mais les gens qui viennent ici, on ne leur demande pas de ne plus consommer en sortant. On est avec des consommateurs actifs.

  • Julie Martin

    Parmi les visiteurs de Gates ce jour-là ont pu participer, grâce à l'Efus, l'équipe de prévention de la ville de Bordeaux. Retour d'expérience sur cette visite avec Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité, la prévention de la délinquance et la médiation.

  • Marc Etcheverry

    Je remercie les organisateurs de nous avoir permis de visiter ce centre de consommation. C'est tout à fait le... C'est intéressant et en certains sens édifiant de voir à quel point ces centres sont importants pour essayer d'accompagner les consommateurs de drogue et de juguler ce phénomène. Alors en France, il y a deux salles de consommation de ce genre à Paris et à Strasbourg. Et c'est vrai qu'à Bordeaux, depuis plusieurs années, nous avons un projet de ce type. Projet qui n'aboutit pas pour le moment pour diverses raisons. Mais en tout cas, la ville de Bordeaux l'étudie avec attention. Et on pense que ce serait un outil en plus à notre disposition pour accompagner les consommateurs. Alors, et dans l'autre côté, essayer de... de réduire la pression que la consommation de drogue peut exercer dans nos rues et les conflits d'usage qu'on peut avoir avec les riverains. On voit que la réussite de ce projet de salle de consommation à Bruxelles, pour moi, réside avant tout dans l'alignement que peuvent avoir tous les partenaires, que ce soit l'État, les différentes collectivités, les acteurs associatifs, la police, les acteurs sanitaires et sociaux, pour faire en sorte d'être alignés derrière ce projet et le soutenir. C'est ce dont nous manquons en France et ce qu'il faudrait avoir.

  • Julie Martin

    Et Léonore Beca, directrice adjointe en charge du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.

  • Edouard Coudreau

    Ça fait partie des outils de réduction des risques hyper intéressants qui font partie d'un ensemble de prévention et de prise en charge. Donc on est toujours en réflexion et on se dit toujours que c'est un outil supplémentaire qui peut être hyper porteur. Après, symboliquement, c'est très marqué dans les médias, malheureusement. Donc du coup, c'est pas grave, il faut le travailler. Il faut... voir quelle est la meilleure façon d'allier prise en charge et accompagnement santé, et en même temps mieux disant pour la société et pour l'environnement et les autres usagers de l'espace public. C'est un défi, c'est hyper intéressant. Donc on est là pour ça. Là on est pile poil dans ce qu'on recherche à l'Efus, c'est-à-dire du terrain, d'autres expériences, des échanges.

  • Julie Martin

    Edouard Coudreau, chargé de mission à la prévention de la délinquance à la ville de Bordeaux.

  • Laurent Maisse

    C'est très inspirant et c'est surtout assez optimiste de voir que ces lieux-là peuvent fonctionner de manière assez positive.

  • Julie Martin

    L'Efus remercie Laurent Metz et ses partenaires bruxellois de nous avoir permis cette immersion dans le centre de consommation à moindre risque, GATE, à Bruxelles. Merci aussi à vous de nous avoir écouté jusqu'au bout de cette visite. Nous espérons que vous l'avez appréciée. Je vous donne rendez-vous dans un prochain épisode où Laurent Metz nous emmènera cette fois-ci en immersion dans le centre transit dont il est le directeur, un centre d'accueil et d'hébergement pour les adultes usagers de drogue à Bruxelles. Si vous voulez en savoir plus sur les approches innovantes et les initiatives locales en matière de sécurité urbaine, rendez-vous sur le site internet du Forum européen pour la sécurité urbaine et abonnez-vous à ce podcast sur votre plateforme d'écoute préférée pour rester informé. A très bientôt ! pour un prochain épisode du podcast de l'Efus.

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Description

Découvrez l'envers du décor des salles de consommation à moindre risque avec une visite unique d'un centre prenant en charge les addictions à Bruxelles, avec Laurant Maisse, Directeur adjoint de l'association Transit ASBL.

Cette visite organisée par l'Efus lors de la conférence Sécurité, Villes et Démocratie en mars 2024, permet de comprendre l'organisation de ces centres de consommation à moindre risque ainsi que les différents enjeux et défis auxquels ils font face.


➡️Un épisode réalisé par Julie Martin, journaliste.


Episode réalisé dans le cadre du projet IcARUS financé par la Commission européenne. Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 882749.


Hosted by Ausha. See ausha.co/privacy-policy for more information.

Transcription

  • Julie Martin

    Bienvenue dans le podcast de l'Efus, le Forum européen pour la sécurité urbaine, un réseau européen de 250 autorités locales et régionales dédiées à la sécurité urbaine. Je suis Julie Martin, journaliste. Dans cet épisode réalisé dans le cadre du projet IcARUS, l'Efus vous invite à suivre Laurent Metz dans une visite en immersion de la salle de consommation à moindre risque à Bruxelles, en Belgique. Ouverte depuis 2022, elle est appelée GATE. Une porte pour accueillir et également comme dans un aéroport pour un nouveau départ. Suivons Laurent Metz dans la visite de cette maison de consommation bruxelloise pendant laquelle il partage ses bonnes pratiques à d'autres membres de l'EFUS.

  • Laurent Maisse

    On est sur une salle à plusieurs étages, étant entendu qu'on a mis au rez-de-chaussée les espaces de consommation. Pourquoi ? Pour que les services éventuellement d'urgence, 112, ambulances puissent intervenir rapidement. Et donc on est sur différentes zones de travail. On est sur ici la zone d'accueil, où les gens viennent s'inscrire. Je vais vous expliquer comment ça fonctionne. On a donc la zone d'accueil, la zone d'attente, la zone de consommation, la zone de repos, la zone de soins, et une zone un petit peu de travail, une salle de réunion polyvalente. Et alors l'usager avance comme ça, il a un parcours. Il est accueilli, il attend, il consomme, il se repose, éventuellement il va voir le médecin. et puis il s'en va. Donc la personne rentre, vient ici, s'annonce. Si elle n'est pas encodée, si c'est la première fois qu'elle vient, il va être vu dans le bureau pour lui présenter le règlement d'ordre intérieur et pour signer le document de consentement. Un identifiant va être créé et donc la deuxième fois ou la prochaine fois, il donnera juste son identifiant et il pourra avoir accès à la salle. La particularité ici aussi, c'est que c'est un peu comme un carut, c'est-à-dire que les gens peuvent venir juste chercher du matériel de consommation. Donc là, ils déposent leur matériel usagé ici, ils prennent du matos propre et ils ressortent directement par la porte ici. Donc l'entrée n'est pas la même que la sortie. Ça permet de fluidifier les passages et que les gens ne se croisent pas. Le taux de récupération n'est pas optimal. On n'est pas dans de l'échange street. L'échange de seringues est basé sur un arrêté royal qui parle de notion de dépannage. Et donc, ça permet aux personnes de venir chercher du matériel même s'ils n'en ramènent pas. Les gens s'approprient la salle de consommation de différentes manières. Il y en a qui viennent juste consommer et puis qui s'en vont. Il y en a d'autres qui utilisent la salle comme un lieu de re-socialisation, de contact, où ils se sentent respectés, écoutés. Donc le travail des équipes va être de les inciter à aller rencontrer le médecin, l'infirmière, les conseils d'aller dans le réseau pour refaire des papiers, d'avoir un accès à leurs droits, etc. Donc c'est très fluctuant. Les gens ici viennent avec leurs produits qu'ils ont achetés sur le marché noir. Ils l'annoncent à l'entrée, ils disent voilà ce que je vais consommer parce qu'il est hors de question qu'à l'intérieur, il y ait du trafic, du deal, du partage, du troc. Et donc, ils viennent consommer ce qu'ils consommeraient sur la rue. Et donc, ça permet de sortir de la rue des actes de consommation. Donc, ça permet de diminuer la visibilité du phénomène. Une personne vient, par exemple, Ah, Léonore, je viens consommer du crack. Ok, clac, voilà mon produit. Au-dessus, ils savent que Léonore va arriver pour consommer du crack. Et donc, la personne est suivie, on va dire. d'écran en écran et ça permet de tracer, de savoir qui est là et pour y faire quoi, et de gérer aussi les postes de consommation. Et alors les équipes, donc on a 21 équivalents en plein en théorie, on a quand même un coup de main, enfin, les malades, les congés, etc. On a une obligation pour l'instant d'avoir tout le temps une infirmière dans les espaces de consommation. On essaye de changer ça parce que ce n'est pas toujours facile et on préférait qu'il y ait tout le temps une infirmière dans le bâtiment, mais pas nécessairement dans l'espace de consommation, parce que... Passer toute une journée, moi je ne l'ai jamais fait, mais dans un espace où les gens consomment, j'imagine que ça doit parfois être difficile. Et donc on aimerait bien changer cet article, cet élément réglementaire. Et les équipes sont par deux. Donc il y a deux, un binôme à l'accueil, un binôme en attente, un binôme en salle de consommation, un binôme en repos, avec, quand le quorum le permet, des personnes volantes qui viennent compléter un peu les équipes. Je vous propose de monter. C'est la salle d'attente. avant de consommer. Parfois, il y a des temps d'attente qui sont mis à profit par les équipes pour essayer d'inciter les gens à aller voir les personnes de la trajectoire de soins. La trajectoire de soins, c'est un partenaire médicalisé qui s'en occupe, qui s'appelle la maison d'accueil sociosanitaire. C'est un médecin, un assistant social et un infirmier qui s'occupent de cette trajectoire, qui sont dans le bâtiment, qui sont juste dans la partie ici. Le bâtiment est en très bon état, il a été rénové, les patients le respectent. C'est assez intéressant de voir que lorsqu'on leur fournit un outil qui répond à leurs besoins, ils se l'approprient et le respectent. C'est ici vraiment que le lien social se fait avec le public. Et c'est ici que... ils restent un petit peu, ils discutent, ils font des recherches d'emploi, des choses comme ça. Et on est dans une, je vois la fiche Revdrome, on est dans un projet d'évaluation des deux salles de consommation belges par ce qu'on appelle la politique scientifique fédérale, qui s'appuie sur des universités pour évaluer, c'est en cours, l'impact de la salle. Il n'y en a que deux en Belgique, à Bruxelles et à Liège. à Bruxelles sur base d'une ordonnance régionale. Mais depuis l'existence de Gait, la loi de 1921, la grande loi sur les stupéfiants et sur les drogues en Belgique, qui interdisait l'incitation à l'usage et la facilitation à l'usage, a été modifiée. Et donc elle remet dans les mains des régions l'opérationnalisation des projets. Ça c'est aussi une réalité bien belge. La loi de 1921 dont je vous parlais, qui est l'équivalent de celle de 1970, Dans le cadre des discussions sur le port d'Anvers, où les tonnes de cocaïne rentrent, où il faut plus de procureurs, plus de policiers, plus de douaniers, plus de caméras, plus de scanners pour les containers, etc. Donc des aspects très sécuritaires. Dans le cadre de ces discussions-là, on a réussi à faire passer la modification de la loi de 21, où les opérateurs de salles de conso ne sont plus considérés comme des incitateurs ou des facilitateurs à l'usage. Et le gouvernement fédéral remet aux régions l'opérationnalisation des projets. Donc ils disent, ne seront plus poursuivis les personnes qui mettent à disposition des locaux qui sont agréés, et on laisse le soin aux régions de les agréer. Donc ils se sont un peu débarrassés du truc. Mais donc, l'avancée que le secteur voulait depuis 20 ou 25 ans sur cette modification de la loi, on l'a enfin eue comme un peu des miettes pour la prévention et pour la réduction des risques dans la grande discussion sécuritaire, donc à la limite je dirais peu nous chaud, du moment que la loi a été modifiée. On se rend compte que c'est nécessaire d'ouvrir un espace de consommation réservé aux femmes, qu'elles aient leur endroit à elles pour consommer, parce qu'elles disent qu'ici il y a quand même une pression, il y en a 80-85% d'hommes, donc il y a quand même une pression, c'est très masculin, c'est quand même assez tendu, et donc on réfléchit, le bâtiment ici ne le permet pas, et donc pour le futur, dans un autre bâtiment, pour une nouvelle salle, on réfléchit à mettre en place ça, où elles pourraient consommer. Par exemple, ici, elles disent, vous allez voir en bas, je consomme par inhalation, je suis entouré de deux mecs, j'ai un ex et un mec qui m'a tabassé il y a deux mois, ils voient que j'ai encore du produit, que je ne consomme pas tout, et donc à la sortie, ils vont venir me raqueter ou me mettre la pression, et donc j'aimerais bien avoir un peu plus la paix. Et donc, ça a besoin. Ici, si on mettait ça en place, ce serait au détriment des hommes. On peut se dire que si on veut accueillir les femmes dans des bonnes conditions, alors... permettant d'avoir un endroit spécifiquement réservé, il faut l'anticiper. Sinon, ce sera toujours au détriment d'autre chose. Ils arrivent, ah ok, t'es bien, Eleonore, tu veux bien consommer du crack, ah ben maintenant tu peux descendre, on vérifie qu'il a bien son produit, on lui fait son petit plateau avec son matériel, bon ça c'est comme un carré classique. Bien que les Français disent qu'ils n'ont pas trop de piques coudées, on a des piques à cristal mètre aussi, c'est pas mal ça. Donc on a tout ce qu'il faut, soit pour consommer par injection, soit pour consommer par inhalation, du matériel évidemment stérile à usage unique, ce qui permet de diminuer les risques d'infection et de contamination. Il y a toujours une infirmière, c'est elle qui fait le plateau, les personnes sont invitées à se laver les mains, et ils sont toujours deux collègues, et ils surveillent ce qui se passe. Donc on a quatre postes d'injection ici. Alors ce qui n'est pas l'idéal, ce qu'on apprend aussi, c'est qu'il y a du passage derrière les personnes qui se consomment par injection. pas toujours l'idéal, les gens avec leur sac, les gens qui vont consommer par inhalation, les travailleurs, enfin voilà, c'est pas l'idéal, ça pose pas trop de problèmes, ça aurait pu être réfléchi autrement, mais on s'appuie aussi sur le bâtiment tel qu'il est. Et donc derrière, c'est la salle d'inhalation. Donc 4 postes d'injection, la personne nettoie, on a des pictos évidemment de réduction des risques, une assez grande promiscuité, et voilà. une assez grande visibilité sur les autres. Ce n'est pas très intime. Donc, il peut y avoir, je pense, jusqu'à 8 personnes en même temps, avec le système de filtration dont je vous parlais, qui permet de régénérer l'air de manière très rapide, ce qui permet d'intervenir si jamais il y avait une overdose ou un problème de santé, évidemment, pour ne pas que les travailleurs soient intoxiqués par les fumées. Pour consommer par inhalation. Donc, ça, c'est la fermerie et la zone de repos, elle est ici. Aussi en permanence deux travailleurs ici. Donc c'est un peu lorsqu'on s'est fait, ou pas, vacciner contre le Covid, on demandait de rester un quart d'heure pour voir s'il n'y avait pas d'effet secondaire. Donc ici on surveille un peu les paramètres, on essaye de ne pas les faire sortir trop rapidement. C'est un endroit de discussion, de papote comme on dit. Un outil indispensable, c'est une cour intérieure, que les gens puissent fumer, y compris les travailleurs. C'est une cour qu'on a aménagée, il y a des riverains au-dessus, du côté. Je pense qu'au début il y a un ou deux oeufs qui ont été balancés sur les équipes. Notamment parce qu'une personne, je pense, j'ai appris qu'elle travaille la nuit, et donc le bruit monte fort, et donc quand il y a deux ou trois usagers ou deux ou trois travailleurs, ça s'arrange. Et donc ça, si jamais une structure est ouverte, sans cours intérieur, ça apporte des attroupements, des regroupements sur l'espace public, dans la rue, de gens qui légitimement fument, et donc c'est très négatif pour le projet. Ce projet est tellement sous les feux des projecteurs, c'est épargnons-nous les critiques pour des points si futiles que le fait de fumer une cigarette. On a une obligation de rencontrer les riverains d'une zone définie tous les six mois, et comme on a un soutien massif et important et très positif du bourgmestre, donc du maire de la ville et de la zone de police. Ça se passe assez bien. Il y avait 40 personnes au départ, la première rencontre citoyenne, et puis il n'y en avait plus que deux. On essaie de régler les problèmes et d'apporter des réponses à leurs problèmes. Bien pensé, bien défendu, bien expliqué et partagé par tous les niveaux de pouvoir et tous les secteurs, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas. On engage tout le monde et il faut un soutien des autorités, de la zone de police, de la justice. Il faut des équipes formées, préparées, un bâtiment bien imaginé. et assumer qu'on ne va pas tout régler et que s'il y a des problèmes, tenter quand même d'y apporter des réponses. Évidemment, il y a encore de la consommation dans la région de Boussel-Capital en rue. Évidemment, il y a encore des seringues qui traînent. Évidemment, il y a encore des gens qui dorment en rue. Mais voilà, on ne va pas tout régler, mais on apporte un début de réponse et qui va dans le bon sens. Ce qu'on a vraiment voulu ici, c'est d'avoir une salle de consommation 2.0, c'est-à-dire qui est l'acte de consommation ou l'espace de consommation et vraiment un service parmi d'autres. Et donc on a une approche vraiment diversifiée et qu'on veut comme une entrée vers une trajectoire de soins. Par rapport à d'autres structures, notamment que j'ai visitées en Allemagne, où là on est plus sur viens consommer, tu es le bienvenu mais l'aide s'arrête là, ce qui est déjà très bien en soi, mais ici on a vraiment voulu défendre le projet comme une entrée vers quelque chose. Et c'est ce qui a permis au niveau politique et au niveau de la population générale de mieux comprendre le projet. Pour l'instant, la salle de consommation est ouverte au public de 10 à 17 heures. Nous sommes en réflexion pour élargir cela, le décaler vers la soirée pour répondre aux besoins des usagers. Cela pose des petits problèmes administratifs, notamment de contrat de travail. Pour l'instant, il n'est pas possible d'ouvrir le week-end ou d'ouvrir la nuit en 24 heures sur 24. Au niveau budget, ce serait irréalisable. Nous, on a majoritairement des consommateurs de crack. L'injection est en diminution. La consommation d'opiacés est en diminution depuis quelques années à Bruxelles. Et ce sont des gens fortement marginalisés qui cumulent beaucoup de facteurs de vulnérabilité. Pas de papier, pas de revenus, pas de logement, pas d'accès à la santé. Je pense que les usagers de drogue, majoritairement, ne sont pas ravis de devoir consommer dans la rue, devant tout le monde. Et aussi parce qu'ils prennent moins de risques ici pour leur santé et ils savent qu'ils vont pouvoir être encadrés. Disons que le fantasme de dire que puisqu'il y a une salle de consommation, Les gens vont venir y faire n'importe quoi parce qu'ils savent que si jamais ils font une overdose, par exemple, on va leur sauver la vie. Mais ça, ce n'est pas quelque chose qu'on observe. Ils ont plutôt une relation assez saine à leurs produits. Et ils se rendent compte que lorsqu'on les accueille de manière adéquate, ils peuvent penser à autre chose. Alors le but d'une salle de consommation en tant que telle, ce n'est évidemment pas le sevrage, mais c'est de tout doucement accrocher les gens vers une trajectoire de soins qui pourrait monter. amener au sevrage. Mais les gens qui viennent ici, on ne leur demande pas de ne plus consommer en sortant. On est avec des consommateurs actifs.

  • Julie Martin

    Parmi les visiteurs de Gates ce jour-là ont pu participer, grâce à l'Efus, l'équipe de prévention de la ville de Bordeaux. Retour d'expérience sur cette visite avec Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité, la prévention de la délinquance et la médiation.

  • Marc Etcheverry

    Je remercie les organisateurs de nous avoir permis de visiter ce centre de consommation. C'est tout à fait le... C'est intéressant et en certains sens édifiant de voir à quel point ces centres sont importants pour essayer d'accompagner les consommateurs de drogue et de juguler ce phénomène. Alors en France, il y a deux salles de consommation de ce genre à Paris et à Strasbourg. Et c'est vrai qu'à Bordeaux, depuis plusieurs années, nous avons un projet de ce type. Projet qui n'aboutit pas pour le moment pour diverses raisons. Mais en tout cas, la ville de Bordeaux l'étudie avec attention. Et on pense que ce serait un outil en plus à notre disposition pour accompagner les consommateurs. Alors, et dans l'autre côté, essayer de... de réduire la pression que la consommation de drogue peut exercer dans nos rues et les conflits d'usage qu'on peut avoir avec les riverains. On voit que la réussite de ce projet de salle de consommation à Bruxelles, pour moi, réside avant tout dans l'alignement que peuvent avoir tous les partenaires, que ce soit l'État, les différentes collectivités, les acteurs associatifs, la police, les acteurs sanitaires et sociaux, pour faire en sorte d'être alignés derrière ce projet et le soutenir. C'est ce dont nous manquons en France et ce qu'il faudrait avoir.

  • Julie Martin

    Et Léonore Beca, directrice adjointe en charge du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.

  • Edouard Coudreau

    Ça fait partie des outils de réduction des risques hyper intéressants qui font partie d'un ensemble de prévention et de prise en charge. Donc on est toujours en réflexion et on se dit toujours que c'est un outil supplémentaire qui peut être hyper porteur. Après, symboliquement, c'est très marqué dans les médias, malheureusement. Donc du coup, c'est pas grave, il faut le travailler. Il faut... voir quelle est la meilleure façon d'allier prise en charge et accompagnement santé, et en même temps mieux disant pour la société et pour l'environnement et les autres usagers de l'espace public. C'est un défi, c'est hyper intéressant. Donc on est là pour ça. Là on est pile poil dans ce qu'on recherche à l'Efus, c'est-à-dire du terrain, d'autres expériences, des échanges.

  • Julie Martin

    Edouard Coudreau, chargé de mission à la prévention de la délinquance à la ville de Bordeaux.

  • Laurent Maisse

    C'est très inspirant et c'est surtout assez optimiste de voir que ces lieux-là peuvent fonctionner de manière assez positive.

  • Julie Martin

    L'Efus remercie Laurent Metz et ses partenaires bruxellois de nous avoir permis cette immersion dans le centre de consommation à moindre risque, GATE, à Bruxelles. Merci aussi à vous de nous avoir écouté jusqu'au bout de cette visite. Nous espérons que vous l'avez appréciée. Je vous donne rendez-vous dans un prochain épisode où Laurent Metz nous emmènera cette fois-ci en immersion dans le centre transit dont il est le directeur, un centre d'accueil et d'hébergement pour les adultes usagers de drogue à Bruxelles. Si vous voulez en savoir plus sur les approches innovantes et les initiatives locales en matière de sécurité urbaine, rendez-vous sur le site internet du Forum européen pour la sécurité urbaine et abonnez-vous à ce podcast sur votre plateforme d'écoute préférée pour rester informé. A très bientôt ! pour un prochain épisode du podcast de l'Efus.

Description

Découvrez l'envers du décor des salles de consommation à moindre risque avec une visite unique d'un centre prenant en charge les addictions à Bruxelles, avec Laurant Maisse, Directeur adjoint de l'association Transit ASBL.

Cette visite organisée par l'Efus lors de la conférence Sécurité, Villes et Démocratie en mars 2024, permet de comprendre l'organisation de ces centres de consommation à moindre risque ainsi que les différents enjeux et défis auxquels ils font face.


➡️Un épisode réalisé par Julie Martin, journaliste.


Episode réalisé dans le cadre du projet IcARUS financé par la Commission européenne. Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 882749.


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  • Julie Martin

    Bienvenue dans le podcast de l'Efus, le Forum européen pour la sécurité urbaine, un réseau européen de 250 autorités locales et régionales dédiées à la sécurité urbaine. Je suis Julie Martin, journaliste. Dans cet épisode réalisé dans le cadre du projet IcARUS, l'Efus vous invite à suivre Laurent Metz dans une visite en immersion de la salle de consommation à moindre risque à Bruxelles, en Belgique. Ouverte depuis 2022, elle est appelée GATE. Une porte pour accueillir et également comme dans un aéroport pour un nouveau départ. Suivons Laurent Metz dans la visite de cette maison de consommation bruxelloise pendant laquelle il partage ses bonnes pratiques à d'autres membres de l'EFUS.

  • Laurent Maisse

    On est sur une salle à plusieurs étages, étant entendu qu'on a mis au rez-de-chaussée les espaces de consommation. Pourquoi ? Pour que les services éventuellement d'urgence, 112, ambulances puissent intervenir rapidement. Et donc on est sur différentes zones de travail. On est sur ici la zone d'accueil, où les gens viennent s'inscrire. Je vais vous expliquer comment ça fonctionne. On a donc la zone d'accueil, la zone d'attente, la zone de consommation, la zone de repos, la zone de soins, et une zone un petit peu de travail, une salle de réunion polyvalente. Et alors l'usager avance comme ça, il a un parcours. Il est accueilli, il attend, il consomme, il se repose, éventuellement il va voir le médecin. et puis il s'en va. Donc la personne rentre, vient ici, s'annonce. Si elle n'est pas encodée, si c'est la première fois qu'elle vient, il va être vu dans le bureau pour lui présenter le règlement d'ordre intérieur et pour signer le document de consentement. Un identifiant va être créé et donc la deuxième fois ou la prochaine fois, il donnera juste son identifiant et il pourra avoir accès à la salle. La particularité ici aussi, c'est que c'est un peu comme un carut, c'est-à-dire que les gens peuvent venir juste chercher du matériel de consommation. Donc là, ils déposent leur matériel usagé ici, ils prennent du matos propre et ils ressortent directement par la porte ici. Donc l'entrée n'est pas la même que la sortie. Ça permet de fluidifier les passages et que les gens ne se croisent pas. Le taux de récupération n'est pas optimal. On n'est pas dans de l'échange street. L'échange de seringues est basé sur un arrêté royal qui parle de notion de dépannage. Et donc, ça permet aux personnes de venir chercher du matériel même s'ils n'en ramènent pas. Les gens s'approprient la salle de consommation de différentes manières. Il y en a qui viennent juste consommer et puis qui s'en vont. Il y en a d'autres qui utilisent la salle comme un lieu de re-socialisation, de contact, où ils se sentent respectés, écoutés. Donc le travail des équipes va être de les inciter à aller rencontrer le médecin, l'infirmière, les conseils d'aller dans le réseau pour refaire des papiers, d'avoir un accès à leurs droits, etc. Donc c'est très fluctuant. Les gens ici viennent avec leurs produits qu'ils ont achetés sur le marché noir. Ils l'annoncent à l'entrée, ils disent voilà ce que je vais consommer parce qu'il est hors de question qu'à l'intérieur, il y ait du trafic, du deal, du partage, du troc. Et donc, ils viennent consommer ce qu'ils consommeraient sur la rue. Et donc, ça permet de sortir de la rue des actes de consommation. Donc, ça permet de diminuer la visibilité du phénomène. Une personne vient, par exemple, Ah, Léonore, je viens consommer du crack. Ok, clac, voilà mon produit. Au-dessus, ils savent que Léonore va arriver pour consommer du crack. Et donc, la personne est suivie, on va dire. d'écran en écran et ça permet de tracer, de savoir qui est là et pour y faire quoi, et de gérer aussi les postes de consommation. Et alors les équipes, donc on a 21 équivalents en plein en théorie, on a quand même un coup de main, enfin, les malades, les congés, etc. On a une obligation pour l'instant d'avoir tout le temps une infirmière dans les espaces de consommation. On essaye de changer ça parce que ce n'est pas toujours facile et on préférait qu'il y ait tout le temps une infirmière dans le bâtiment, mais pas nécessairement dans l'espace de consommation, parce que... Passer toute une journée, moi je ne l'ai jamais fait, mais dans un espace où les gens consomment, j'imagine que ça doit parfois être difficile. Et donc on aimerait bien changer cet article, cet élément réglementaire. Et les équipes sont par deux. Donc il y a deux, un binôme à l'accueil, un binôme en attente, un binôme en salle de consommation, un binôme en repos, avec, quand le quorum le permet, des personnes volantes qui viennent compléter un peu les équipes. Je vous propose de monter. C'est la salle d'attente. avant de consommer. Parfois, il y a des temps d'attente qui sont mis à profit par les équipes pour essayer d'inciter les gens à aller voir les personnes de la trajectoire de soins. La trajectoire de soins, c'est un partenaire médicalisé qui s'en occupe, qui s'appelle la maison d'accueil sociosanitaire. C'est un médecin, un assistant social et un infirmier qui s'occupent de cette trajectoire, qui sont dans le bâtiment, qui sont juste dans la partie ici. Le bâtiment est en très bon état, il a été rénové, les patients le respectent. C'est assez intéressant de voir que lorsqu'on leur fournit un outil qui répond à leurs besoins, ils se l'approprient et le respectent. C'est ici vraiment que le lien social se fait avec le public. Et c'est ici que... ils restent un petit peu, ils discutent, ils font des recherches d'emploi, des choses comme ça. Et on est dans une, je vois la fiche Revdrome, on est dans un projet d'évaluation des deux salles de consommation belges par ce qu'on appelle la politique scientifique fédérale, qui s'appuie sur des universités pour évaluer, c'est en cours, l'impact de la salle. Il n'y en a que deux en Belgique, à Bruxelles et à Liège. à Bruxelles sur base d'une ordonnance régionale. Mais depuis l'existence de Gait, la loi de 1921, la grande loi sur les stupéfiants et sur les drogues en Belgique, qui interdisait l'incitation à l'usage et la facilitation à l'usage, a été modifiée. Et donc elle remet dans les mains des régions l'opérationnalisation des projets. Ça c'est aussi une réalité bien belge. La loi de 1921 dont je vous parlais, qui est l'équivalent de celle de 1970, Dans le cadre des discussions sur le port d'Anvers, où les tonnes de cocaïne rentrent, où il faut plus de procureurs, plus de policiers, plus de douaniers, plus de caméras, plus de scanners pour les containers, etc. Donc des aspects très sécuritaires. Dans le cadre de ces discussions-là, on a réussi à faire passer la modification de la loi de 21, où les opérateurs de salles de conso ne sont plus considérés comme des incitateurs ou des facilitateurs à l'usage. Et le gouvernement fédéral remet aux régions l'opérationnalisation des projets. Donc ils disent, ne seront plus poursuivis les personnes qui mettent à disposition des locaux qui sont agréés, et on laisse le soin aux régions de les agréer. Donc ils se sont un peu débarrassés du truc. Mais donc, l'avancée que le secteur voulait depuis 20 ou 25 ans sur cette modification de la loi, on l'a enfin eue comme un peu des miettes pour la prévention et pour la réduction des risques dans la grande discussion sécuritaire, donc à la limite je dirais peu nous chaud, du moment que la loi a été modifiée. On se rend compte que c'est nécessaire d'ouvrir un espace de consommation réservé aux femmes, qu'elles aient leur endroit à elles pour consommer, parce qu'elles disent qu'ici il y a quand même une pression, il y en a 80-85% d'hommes, donc il y a quand même une pression, c'est très masculin, c'est quand même assez tendu, et donc on réfléchit, le bâtiment ici ne le permet pas, et donc pour le futur, dans un autre bâtiment, pour une nouvelle salle, on réfléchit à mettre en place ça, où elles pourraient consommer. Par exemple, ici, elles disent, vous allez voir en bas, je consomme par inhalation, je suis entouré de deux mecs, j'ai un ex et un mec qui m'a tabassé il y a deux mois, ils voient que j'ai encore du produit, que je ne consomme pas tout, et donc à la sortie, ils vont venir me raqueter ou me mettre la pression, et donc j'aimerais bien avoir un peu plus la paix. Et donc, ça a besoin. Ici, si on mettait ça en place, ce serait au détriment des hommes. On peut se dire que si on veut accueillir les femmes dans des bonnes conditions, alors... permettant d'avoir un endroit spécifiquement réservé, il faut l'anticiper. Sinon, ce sera toujours au détriment d'autre chose. Ils arrivent, ah ok, t'es bien, Eleonore, tu veux bien consommer du crack, ah ben maintenant tu peux descendre, on vérifie qu'il a bien son produit, on lui fait son petit plateau avec son matériel, bon ça c'est comme un carré classique. Bien que les Français disent qu'ils n'ont pas trop de piques coudées, on a des piques à cristal mètre aussi, c'est pas mal ça. Donc on a tout ce qu'il faut, soit pour consommer par injection, soit pour consommer par inhalation, du matériel évidemment stérile à usage unique, ce qui permet de diminuer les risques d'infection et de contamination. Il y a toujours une infirmière, c'est elle qui fait le plateau, les personnes sont invitées à se laver les mains, et ils sont toujours deux collègues, et ils surveillent ce qui se passe. Donc on a quatre postes d'injection ici. Alors ce qui n'est pas l'idéal, ce qu'on apprend aussi, c'est qu'il y a du passage derrière les personnes qui se consomment par injection. pas toujours l'idéal, les gens avec leur sac, les gens qui vont consommer par inhalation, les travailleurs, enfin voilà, c'est pas l'idéal, ça pose pas trop de problèmes, ça aurait pu être réfléchi autrement, mais on s'appuie aussi sur le bâtiment tel qu'il est. Et donc derrière, c'est la salle d'inhalation. Donc 4 postes d'injection, la personne nettoie, on a des pictos évidemment de réduction des risques, une assez grande promiscuité, et voilà. une assez grande visibilité sur les autres. Ce n'est pas très intime. Donc, il peut y avoir, je pense, jusqu'à 8 personnes en même temps, avec le système de filtration dont je vous parlais, qui permet de régénérer l'air de manière très rapide, ce qui permet d'intervenir si jamais il y avait une overdose ou un problème de santé, évidemment, pour ne pas que les travailleurs soient intoxiqués par les fumées. Pour consommer par inhalation. Donc, ça, c'est la fermerie et la zone de repos, elle est ici. Aussi en permanence deux travailleurs ici. Donc c'est un peu lorsqu'on s'est fait, ou pas, vacciner contre le Covid, on demandait de rester un quart d'heure pour voir s'il n'y avait pas d'effet secondaire. Donc ici on surveille un peu les paramètres, on essaye de ne pas les faire sortir trop rapidement. C'est un endroit de discussion, de papote comme on dit. Un outil indispensable, c'est une cour intérieure, que les gens puissent fumer, y compris les travailleurs. C'est une cour qu'on a aménagée, il y a des riverains au-dessus, du côté. Je pense qu'au début il y a un ou deux oeufs qui ont été balancés sur les équipes. Notamment parce qu'une personne, je pense, j'ai appris qu'elle travaille la nuit, et donc le bruit monte fort, et donc quand il y a deux ou trois usagers ou deux ou trois travailleurs, ça s'arrange. Et donc ça, si jamais une structure est ouverte, sans cours intérieur, ça apporte des attroupements, des regroupements sur l'espace public, dans la rue, de gens qui légitimement fument, et donc c'est très négatif pour le projet. Ce projet est tellement sous les feux des projecteurs, c'est épargnons-nous les critiques pour des points si futiles que le fait de fumer une cigarette. On a une obligation de rencontrer les riverains d'une zone définie tous les six mois, et comme on a un soutien massif et important et très positif du bourgmestre, donc du maire de la ville et de la zone de police. Ça se passe assez bien. Il y avait 40 personnes au départ, la première rencontre citoyenne, et puis il n'y en avait plus que deux. On essaie de régler les problèmes et d'apporter des réponses à leurs problèmes. Bien pensé, bien défendu, bien expliqué et partagé par tous les niveaux de pouvoir et tous les secteurs, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas. On engage tout le monde et il faut un soutien des autorités, de la zone de police, de la justice. Il faut des équipes formées, préparées, un bâtiment bien imaginé. et assumer qu'on ne va pas tout régler et que s'il y a des problèmes, tenter quand même d'y apporter des réponses. Évidemment, il y a encore de la consommation dans la région de Boussel-Capital en rue. Évidemment, il y a encore des seringues qui traînent. Évidemment, il y a encore des gens qui dorment en rue. Mais voilà, on ne va pas tout régler, mais on apporte un début de réponse et qui va dans le bon sens. Ce qu'on a vraiment voulu ici, c'est d'avoir une salle de consommation 2.0, c'est-à-dire qui est l'acte de consommation ou l'espace de consommation et vraiment un service parmi d'autres. Et donc on a une approche vraiment diversifiée et qu'on veut comme une entrée vers une trajectoire de soins. Par rapport à d'autres structures, notamment que j'ai visitées en Allemagne, où là on est plus sur viens consommer, tu es le bienvenu mais l'aide s'arrête là, ce qui est déjà très bien en soi, mais ici on a vraiment voulu défendre le projet comme une entrée vers quelque chose. Et c'est ce qui a permis au niveau politique et au niveau de la population générale de mieux comprendre le projet. Pour l'instant, la salle de consommation est ouverte au public de 10 à 17 heures. Nous sommes en réflexion pour élargir cela, le décaler vers la soirée pour répondre aux besoins des usagers. Cela pose des petits problèmes administratifs, notamment de contrat de travail. Pour l'instant, il n'est pas possible d'ouvrir le week-end ou d'ouvrir la nuit en 24 heures sur 24. Au niveau budget, ce serait irréalisable. Nous, on a majoritairement des consommateurs de crack. L'injection est en diminution. La consommation d'opiacés est en diminution depuis quelques années à Bruxelles. Et ce sont des gens fortement marginalisés qui cumulent beaucoup de facteurs de vulnérabilité. Pas de papier, pas de revenus, pas de logement, pas d'accès à la santé. Je pense que les usagers de drogue, majoritairement, ne sont pas ravis de devoir consommer dans la rue, devant tout le monde. Et aussi parce qu'ils prennent moins de risques ici pour leur santé et ils savent qu'ils vont pouvoir être encadrés. Disons que le fantasme de dire que puisqu'il y a une salle de consommation, Les gens vont venir y faire n'importe quoi parce qu'ils savent que si jamais ils font une overdose, par exemple, on va leur sauver la vie. Mais ça, ce n'est pas quelque chose qu'on observe. Ils ont plutôt une relation assez saine à leurs produits. Et ils se rendent compte que lorsqu'on les accueille de manière adéquate, ils peuvent penser à autre chose. Alors le but d'une salle de consommation en tant que telle, ce n'est évidemment pas le sevrage, mais c'est de tout doucement accrocher les gens vers une trajectoire de soins qui pourrait monter. amener au sevrage. Mais les gens qui viennent ici, on ne leur demande pas de ne plus consommer en sortant. On est avec des consommateurs actifs.

  • Julie Martin

    Parmi les visiteurs de Gates ce jour-là ont pu participer, grâce à l'Efus, l'équipe de prévention de la ville de Bordeaux. Retour d'expérience sur cette visite avec Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité, la prévention de la délinquance et la médiation.

  • Marc Etcheverry

    Je remercie les organisateurs de nous avoir permis de visiter ce centre de consommation. C'est tout à fait le... C'est intéressant et en certains sens édifiant de voir à quel point ces centres sont importants pour essayer d'accompagner les consommateurs de drogue et de juguler ce phénomène. Alors en France, il y a deux salles de consommation de ce genre à Paris et à Strasbourg. Et c'est vrai qu'à Bordeaux, depuis plusieurs années, nous avons un projet de ce type. Projet qui n'aboutit pas pour le moment pour diverses raisons. Mais en tout cas, la ville de Bordeaux l'étudie avec attention. Et on pense que ce serait un outil en plus à notre disposition pour accompagner les consommateurs. Alors, et dans l'autre côté, essayer de... de réduire la pression que la consommation de drogue peut exercer dans nos rues et les conflits d'usage qu'on peut avoir avec les riverains. On voit que la réussite de ce projet de salle de consommation à Bruxelles, pour moi, réside avant tout dans l'alignement que peuvent avoir tous les partenaires, que ce soit l'État, les différentes collectivités, les acteurs associatifs, la police, les acteurs sanitaires et sociaux, pour faire en sorte d'être alignés derrière ce projet et le soutenir. C'est ce dont nous manquons en France et ce qu'il faudrait avoir.

  • Julie Martin

    Et Léonore Beca, directrice adjointe en charge du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.

  • Edouard Coudreau

    Ça fait partie des outils de réduction des risques hyper intéressants qui font partie d'un ensemble de prévention et de prise en charge. Donc on est toujours en réflexion et on se dit toujours que c'est un outil supplémentaire qui peut être hyper porteur. Après, symboliquement, c'est très marqué dans les médias, malheureusement. Donc du coup, c'est pas grave, il faut le travailler. Il faut... voir quelle est la meilleure façon d'allier prise en charge et accompagnement santé, et en même temps mieux disant pour la société et pour l'environnement et les autres usagers de l'espace public. C'est un défi, c'est hyper intéressant. Donc on est là pour ça. Là on est pile poil dans ce qu'on recherche à l'Efus, c'est-à-dire du terrain, d'autres expériences, des échanges.

  • Julie Martin

    Edouard Coudreau, chargé de mission à la prévention de la délinquance à la ville de Bordeaux.

  • Laurent Maisse

    C'est très inspirant et c'est surtout assez optimiste de voir que ces lieux-là peuvent fonctionner de manière assez positive.

  • Julie Martin

    L'Efus remercie Laurent Metz et ses partenaires bruxellois de nous avoir permis cette immersion dans le centre de consommation à moindre risque, GATE, à Bruxelles. Merci aussi à vous de nous avoir écouté jusqu'au bout de cette visite. Nous espérons que vous l'avez appréciée. Je vous donne rendez-vous dans un prochain épisode où Laurent Metz nous emmènera cette fois-ci en immersion dans le centre transit dont il est le directeur, un centre d'accueil et d'hébergement pour les adultes usagers de drogue à Bruxelles. Si vous voulez en savoir plus sur les approches innovantes et les initiatives locales en matière de sécurité urbaine, rendez-vous sur le site internet du Forum européen pour la sécurité urbaine et abonnez-vous à ce podcast sur votre plateforme d'écoute préférée pour rester informé. A très bientôt ! pour un prochain épisode du podcast de l'Efus.

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