- Speaker #0
Le musée SESEM présente Electro-Origine, les pionniers de l'électro-française. Un podcast présenté par Jean-Yves Leloup.
- Speaker #1
Christophe Meunier, bonjour. Vous êtes l'un des pionniers de la scène techno et house française parce que vous avez débuté votre carrière au tout début des années 90, notamment avec le projet... Discotique, un duo que vous aviez formé avec le DJ et musicien Patrick Vidal, et puis vous aviez été un des fondateurs du fanzine Eden, on y reviendra, qui d'ailleurs avait inspiré le film du même nom de Me and Sen Love. Mais avant d'évoquer cette histoire électronique, ces années 90, lorsque vous avez vraiment débuté en tant que musicien professionnel, Christophe, quel fut d'abord votre passé musical ? Avant vos débuts, avant 1990,
- Speaker #0
la musique s'est imposée comme une obsession très très jeune. J'habitais dans ce qui était alors la banlieue rouge et à l'école maternelle, une maîtresse nous a fait écouter l'Oiseau de Feu de Stravinsky. Et en fait, j'ai eu un choc, un choc esthétique. Et c'est à partir de ce moment que la musique est devenue une espèce d'obsession. Alors mes premières passions musicales plus pop, je pense, c'est en écoutant la radio en fait, tout simplement, parce que mes parents n'écoutaient pas de musique pop en fait. Ma mère écoutait de la chanson française plutôt de qualité, donc j'avais évidemment largement écouté leur discothèque, donc j'avais découvert Brel, Gainsbourg, enfin bon voilà, des choses quand même assez intéressantes. Mon père, il était plus musique classique, musique fin 19e, début 20e, donc c'est pareil, j'avais tout écouté. Et la pop, c'était plutôt à la radio. C'était après le punk, donc c'était les premiers morceaux New Wave, où il y avait quelques tubes. Je pense à Electricity d'Orchestral Man of the Dark ou Enola Gay. Et puis aussi, je me souviens, oui, c'est ça en fait. Je me souviens acheter, enfin demander à ma mère de m'acheter deux albums à la FNAC. Le même jour, en fait, c'était Oxygen de Jean-Michel Jarre et Kraftwerk, The Man Machine. J'étais fan de science-fiction et donc voilà, le fait qu'il y ait des synthés et tout ça, ça m'intéressait particulièrement, ça m'attirait, j'étais attiré par la musique synthétique.
- Speaker #1
Mais quel a été le déclic ou comment s'est fait le passage vers la production, la composition de musique électronique, de dance music électronique, de house ou de techno ? Comment ça s'est fait ce passage et à quel moment ?
- Speaker #0
En fait ça a été à la fois progressif et il y a eu une rupture. alors que je m'étais fait fabriquer une guitare électrique, je me suis mis à rajouter des synthés, enfin plutôt, enfin on peut pas vraiment appeler ça des synthés, grosso modo un petit torg électronique casio et une boîte à rythme que j'avais acheté d'occasion qui se trouve être la TR-606, la soeur de la fameuse TB-303, l'origine de l'acide. Et je faisais un duo électropop et voilà on a essayé de faire des morceaux ensemble donc on avait un duo électropop qui s'appelait OlgaVolga, lui il chantait, il écriait les textes et moi je faisais la musique et donc j'avais guitare et mon petit torgues électroniques et une boîte à rythme. Donc il y avait déjà une tentation un peu électronique comme ça. Et puis un jour, en 88, j'allais régulièrement à la FNAC avec un autre pote de l'époque, Pascal Restou, qui est devenu DJ Pascal R, avec qui j'ai formé le groupe Impulsion. On va à la FNAC, où déjà on s'intéressait à la house, parce qu'à cette époque-là, mes parents avaient déménagé, on habitait Cité des Olympiades à Paris. C'était donc en 87. Et Cité des Olympiades, c'est donc un grand ensemble avec plein de bars et tout, donc beaucoup de monde. Et ça a été, du fait qu'il y avait beaucoup de monde, le premier quartier câblé de Paris. Et donc, dès fin 87, on reçoit MTV. Or, c'était MTV Europe, et à l'époque MTV Europe, c'était en fait MTV Londres. Et évidemment, la house arrivait en Angleterre, et il passait des clips des débuts de la house. pas mal de trucs anglais donc c'était l'époque de mars peu de volume il y avait les premiers cold cut s express voilà donc je trouvais ça hyper intéressant je trouvais ça un peu trop pop pour moi mais je trouvais quand même qu'il y avait un truc et puis donc je me documente on se documente et puis voilà c'est comme ça qu'on apprend qu'en fait ça vient de la house de chicago de la techno de détroit et donc on commence à essayer de fouiller dans les bacs de la Fnac pour trouver des disques. Et un jour, je me souviens très bien, Pascal trouve à un moment une compilation qui s'appelait Acid Tracks 2. C'était un double vinyle. Et il la prend, il n'y en avait qu'une, donc il l'a prise. Et on est venu l'écouter immédiatement chez moi, chez mes parents. Et il la met, et là c'est le choc. C'était la première fois que j'entendais de l'acide de Chicago, et plus particulièrement Future, DJ Pierre. Et là je me suis dit, en fait c'est la musique que j'attendais. qui mélange tout ce que j'aime. C'est-à-dire qu'il y a à la fois le groove de la musique noire américaine, il y a le côté abstrait de la musique savante entre guillemets la musique contemporaine etc la musique expérimentale notamment au niveau des mélodies les variations de fréquences enfin bon il y avait un côté très abstrait et puis il y a quand même une espèce d'énergie voilà qui était assez rock et de sauvagerie presque et à partir de là je me suis dit bon bah en fait voilà c'est l'avenir de la musique en fait c'est la musique ne sera plus jamais pareil je vais arranger ma guitare Et je vais faire, voilà, je vais me mettre à ça, parce que ça ouvre de nouveaux horizons en fait. Générique
- Speaker #1
Est-ce qu'on peut dire que, comme peut-être d'autres, et on le dit finalement assez peu souvent, que l'apparition de la house, la radicalité de la house, était pour certains une sorte de nouvelle aventure dans l'histoire de la pop-musique, du rock, une nouvelle forme qui émergeait naturellement après plein d'autres formes de rock, et que c'était aussi un peu la continuité de cette même histoire, de cette même aventure musicale, et que ça n'était pas si opposé que ça ? Au rock,
- Speaker #0
il y a à la fois une rupture qui est peut-être technologique, mais au niveau des idées de l'esprit, ça ne vient pas de nulle part non plus. Je ne sais plus lequel des trois parrains de la techno qui disait à l'époque que la techno, en fait, c'était la rencontre dans un ascenseur de Kraftwerk et de George Clinton. Bon, d'autre part... À Chicago, les gens qui produisaient de la house, qui étaient donc des DJs, en général noirs, qui venaient, ou bien gays, ou bien portoriquains, ils disaient, bon, nous, quand on sort, on va dans des endroits où il y a de la musique noire américaine qui est jouée, mais aussi des maxis de New Wave européenne. Et ça nous inspire. Et quand on entend, par exemple, Joe Smooth, Promised Land, je trouve qu'il y a quand même... vraiment un côté très new wave aussi et donc c'était une musique qui puisait des influences un peu partout sans oeillère
- Speaker #1
A quel moment alors tu te retrouves en 1990 avec ce projet discotique comment est-ce que tu te retrouves sur le premier label Ravage Records et l'une des premières compilations qui émergent un tout petit peu après qui commence à compiler les rares personnes qui font de la house ou de la pré-techno en France. Comment cette aventure débute ?
- Speaker #0
À l'époque, la house et la techno, c'était des musiques qui n'intéressaient pas énormément de monde en France, il faut dire. Donc, on croisait un peu toujours les mêmes têtes dans les rayons des disquaires, chez les disquaires ensuite, quand les premiers disquaires spécialisés sont arrivés. Quand les premiers rayons de musique comme ça sont arrivés dans certains disquaires, je pense à New Rose, etc. Et puis dans les soirées, surtout dans les fêtes, on croisait un peu toujours les mêmes têtes. C'est aussi un âge, quand on a 20 ans, où on se lie plus facilement d'amitié. Les groupes se formaient un peu naturellement. Pour ce qui est de Patrick Vidal en particulier, c'est différent. Christophe compte qu'il avait contacté pour produire notre projet. Ça n'avait rien donné parce que c'était justement le moment où je commençais à m'éloigner du rock. Pop électronique et... L'acide à os, la techno, je crois que ça parlait pas à Patrick, mais je le recroise néanmoins un an après dans le rayon vinyle, ça doit être au Virgin Megastore sur les champs, donc je le recroise genre en 89, dans le rayon à os, je lui dis mais je comprends pas, je croyais que t'aimais pas, il me dit ah mais non, mais moi j'aime ça, et en fait ce qu'il aimait c'était le garage et la house vocale et tout ça. En fait, c'était le même rayon. Donc on s'est dit, peut-être qu'il faudrait qu'on fasse quelque chose ensemble. C'est comme ça qu'on a eu l'idée de faire Discotique. Manu Kazana, je crois que c'est Patrick qui devait le connaître. Je ne sais pas pourquoi. À l'époque, Manu, il était distributeur de disques punk dans la scène Alternatif. Mais comme il allait souvent en Angleterre pour s'approvisionner, il était tombé dans les rêves. Et lui aussi, ça avait changé sa vie. Et il voulait absolument d'abord importer ce genre de vinyle en France. Donc il commençait. Organiser des rêves, il a co-organisé, voire organisé la première rêve à Paris. Et puis, évidemment, rapidement, il a voulu lancer son label.
- Speaker #1
Il y a eu une première époque de la house et de la techno en France, pendant, on pourrait dire, la première moitié des années 90, avant que les Daft Punk arrivent, avant qu'il y ait le phénomène de la French Touch, avant que le phénomène se consolide et devienne un peu plus professionnel. Donc, dans cette première moitié des années 90, qui est plus... indépendante, alternative, clandestine aussi de par ses faits. Tu es présent dans cette première partie avec des premiers maxis de Impulsion notamment, et puis d'autres projets. Comment est-ce que tu te souviens de ces premières années 1990 comme une époque un peu utopique, comme une époque où c'est quand même très difficile de sortir de la musique et vous êtes ignoré par les médias ? enfin quel souvenir tu en gardes de cette...
- Speaker #0
on pourrait dire de cette période pré-professionnelle et underground comme on dit il y a quand même eu une explosion au début des années 90 et c'est parti un peu dans toutes les directions et donc c'était difficile d'être au courant de tout à l'époque avant que je commence, que je me mette à produire enfin à part discotique j'avais accès au studio IMI parce que Patrick Vidal était en édition chez IMI donc on avait accès à du matériel mais sinon moi j'avais pas vraiment du matériel qui me permettait de produire donc pendant 3 ans j'ai travaillé en fait pour... Pour pouvoir m'acheter du matos, il se trouve que je bossais, j'ai trouvé par chance, un boulot d'assistant attaché de presse chez Barclay. Et Barclay, qui faisait partie du groupe Polygram, devait distribuer en France ce que sortait le label anglais London FFRR, qui était dirigé par Pete Tong, un DJ très connu aujourd'hui, qui en fait sortait plein, déjà importé en Europe. plein de maxi de morceaux de Chicago, de Détroit, et puis aussi commencer à sortir des projets anglais super bien. Donc là, j'avais accès à plein de trucs que Barclay ne sortait pas, mais j'avais plein de disques, il y avait plein de fêtes qui s'organisaient, qui étaient en effet, qui avaient un côté un peu utopique, parce que les genres étaient encore assez mélangés. On essayait d'aller à toutes les fêtes, donc ça impliquait de sortir tous les week-ends. Il y avait des clubs plutôt gays qui jouaient aussi ce genre de musique dans le centre de Paris, avec pas mal de soirées, je pense au Boy, je pense à la Luna. Après, au niveau de la chronologie, peut-être que ça se mélange un peu dans mon esprit, mais il y a Laurent Garnier qui était revenu en France et qui commençait à organiser régulièrement des soirées.
- Speaker #1
Il me semble, en ayant lu des interviews plus anciennes, que... Pour toi, quand même, la scène house ou techno, à l'origine, elle possède quand même un sens politique qui, pour toi, semblait important. Oui,
- Speaker #0
oui, oui. Il y avait un sens politique, mais inconscient, je pense qu'en fait, on... La fête, historiquement, les fêtes spontanées ou les fêtes populaires ont toujours été réprimées sous le patriarcat. Je pense qu'une fête, c'est un moment de communion où les gens se retrouvent, où les gens se réaccordent, où les gens expérimentent l'amour universel, où les gens se synchronisent. Voilà, il y a donc un rôle spirituel au fait qui réunit. Sous le patriarcat, en tout cas, les fêtes ont été plutôt réprimées, ou alors les religions ont essayé de les organiser, de les préempter, de les contrôler, parce que les fêtes, c'est des moments où les gens sont libres, en fait. Voilà, donc le sens politique des raves, qui s'inscrivent aussi dans une histoire. C'est-à-dire qu'avant les raves, il y a eu le mouvement DIY, il y a eu le mouvement punk, il y a eu... le Il y a eu Woodstock, il y a eu les années 60, la libération de la femme, les révolutions sexuelles, etc. Toutes les luttes pour l'égalité, pour l'émancipation. Les rêves, c'est la suite de cette histoire, je pense.
- Speaker #1
L'Angleterre semblait assez importante dans ces premières années. Pour toi, tu étais assez proche de la scène anglaise, ou peut-être plus influencé par la scène anglaise, et puis avec des connexions plus particulières avec... ce pays, cette scène outre-Manche.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai, c'est aussi par la force des choses. À l'époque, en fait, il n'y avait aucun label en France à part Fnac Music Dance Division, tout simplement. Et à part un maxi d'impulsion et un morceau de discothèque, ma musique ne passionnait pas Éric Morand, le DA, qui ensuite a créé F-Com. quelqu'un qui occupe une place importante dans l'histoire de la musique électronique en France. Ma musique n'intéressait pas Eric Morand, donc je n'avais pas d'autre solution que d'envoyer des cassettes. Voir éventuellement d'aller à Londres, parce que Londres c'était quand même la ville d'Europe où il se passait le plus de choses, où il y avait vraiment beaucoup de soirées, on y allait régulièrement. C'était dans les habitudes, je pense que c'est encore dans les habitudes des jeunes d'aller à Londres. Enfin, maintenant, ils vont peut-être plus à Berlin. On allait un petit peu à Berlin, mais il ne se passait pas tant de choses que ça à Berlin. Il y avait déjà une scène techno qui se développait, mais il se passait beaucoup moins de choses qu'à Londres, franchement. À Londres, il y avait un renouvellement permanent qu'il n'y avait pas encore en Allemagne. Et donc, on allait souvent à Londres. Et puis, après un énième refus de mes maquettes par Éric Morand, je suis allé, ça devait être en 92 ou 93. 15 jours à Londres, avec des cassettes, une série de numéros de téléphone, des Eden aussi, et puis voilà, j'allais dans les cabines, j'appelais, et en général les labels me disaient, et même des labels dans des majors, c'était assez incroyable, ils me disaient, bah écoute, passe, amène-moi tes cassettes et montre-moi ton magazine, et puis on va discuter. Ça s'est fait très simplement, et c'est comme ça que j'ai fait plein de contacts à Londres, et que j'ai trouvé un premier label, Dark Records, qui a sorti un double... EP de Nature qui était mon projet solo. Puis ensuite, je suis rentré en contact avec les gens de l'audit qui étaient à Brighton en envoyant une cassette tout simplement. Donc ils ont d'abord sorti deux Maxi d'Impulsion et puis au moment où j'ai commencé à Micronauts, je leur ai envoyé aussi une cassette et ils ont sorti le Maxi de Jazz, de Jab. Musique
- Speaker #1
Et est-ce que tu as été surpris par le retour finalement de la house, de la techno, de la nouvelle popularité de la musique électronique à partir du début des années 2010 ? C'est une période que le traverse aujourd'hui, qui est assez riche, avec beaucoup de soirées de musiciens, des nouvelles générations, beaucoup de labels. Même si les disques vendent un petit peu moins, c'est une période quand même assez un peu riche et assez euphorique. Est-ce que tu as été surpris justement par l'arrivée de cette nouvelle vague, de ce nouveau courant ?
- Speaker #0
Déjà, je suis absolument d'accord avec ton analyse. Et deuxièmement, non, je n'ai absolument pas été surpris. En fait, pour moi, c'était évident que ça allait se produire. Je ne savais pas quand, mais c'était une évidence. Voilà, je n'avais aucun doute sur l'avenir de cette musique.
- Speaker #1
Et alors, comment tu définirais, décrirais notre époque aujourd'hui, cette deuxième moitié des années 2010 pour la scène électronique, pour la scène... musicale, comment est-ce que tu la vois, la conçois, l'apprécies ?
- Speaker #0
C'est compliqué parce que là, on le vit. Alors, c'est plus facile de décrire les choses après coup, avec le recul. J'ai l'impression, je sors pas mal en fait. J'ai des contacts avec des gens de tous les âges. J'ai une fille de 20 ans, etc. Je pense que les jeunes, en fait, reviennent un peu politisés, même beaucoup politisés. Bon, ils s'inquiètent pour la planète, c'est la préoccupation centrale, et ça ne va pas partir du jour au lendemain. Et j'ai l'impression que la manière dont ils envisagent les fêtes et la musique est pas mal liée à ça aussi. Je pense qu'on commence à voir... Enfin, comment dire, comment expliquer ça ? Je pense que, sans qu'on s'en aperçoive, on s'est laissé enfermer. dans des écosystèmes fermés et incompatibles entre eux avec l'informatique. Et la musique s'est laissée enfermée là-dedans. Je pense que les jeunes étouffent. Les systèmes informatiques qui permettent d'accéder et d'écouter de la musique de nos jours sont des systèmes qui étouffent, qui empêchent le partage, qui vont contre l'impulsion qui pousse à écouter de la musique, à vouloir la partager, etc. Les jeunes ont besoin de sortir de ça, donc ils sortent beaucoup, ils organisent des soirées. Le retour au support physique, à mon avis, est lié à ça. On trouve une parallèle du côté de la production où les gens reviennent aussi vers le hardware. Et c'est très politique, parce que... C'est un choix de vie et de société, un choix d'avenir qu'on fait. Est-ce qu'on veut devenir tous des machines ? Et en effet, on s'en fout que l'environnement soit détruit, puisque tout de même, on sera des machines. Ou est-ce qu'on veut, au contraire, redevenir humain et à nouveau profiter du plaisir, du corps, de ce genre de choses ?
- Speaker #1
Venons-en à ton nouvel album qui se nomme Head Control, Body Control. Je suppose qu'il y a derrière ce titre une sorte de manifeste, peut-être ?
- Speaker #0
En fait, d'où vient ce titre ? C'est que je fais un petit peu de sport de combat. Et j'ai un prof qui a l'habitude de nous dire « N'oubliez jamais, qui contrôle la tête, contrôle le corps » . En fait, ce qu'il veut dire, c'est que si on immobilise la tête, l'adversaire ne peut pas grand-chose. Mais évidemment, on peut transposer ça à l'aspect politique. En effet, qui contrôle la tête des gens, en fait, leur fait faire ce qu'il veut. Et puis, il y a aussi l'aspect musical. La musique, je pense, c'est l'art qui connecte le corps et l'esprit. C'est vraiment un art qui se trouve à l'intersection des deux. Et donc, ça fait aussi référence à ça. La musique doit contrôler les deux pour être effective. Mais contrôler entre guillemets. Il s'agit plus de donner un signal de synchronisation pour que les gens dansent et fassent la fête ensemble. Il ne s'agit évidemment pas de les lobotomiser et de les contrôler de cette manière-là.
- Speaker #1
J'ai l'impression que ce titre aussi, il décrit la double nature de la musique électronique, qui est à la fois une musique très physique, dédiée à la danse, une musique utilitaire et très utile, donc avec cet aspect bien évidemment dancefloor, et puis qui est une musique aussi qui peut être assez très mentale, très introspective, et qui joue parfois continuellement sur les deux tableaux au même moment. C'est-à-dire que certes on danse, certes on est dédié à... à un effort physique, à une sorte de débauche physique, mais c'est une musique aussi qui nous pousse vers une forme de dérive ou d'introspection mentale.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai qu'il y a ça dans la musique électronique, il y a peut-être même encore d'autres choses. Je pense qu'en fait la musique électronique finalement c'est de la musique qui s'inscrit dans l'histoire de la musique. Si on prend vraiment du recul, on se dit que... Voilà, l'histoire de la musique est faite de ruptures, mais finalement c'est des ruptures sur le moment, mais quand on regarde l'histoire, il y a quand même une espèce de continuité. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir sur la musique, je pense d'un point de vue purement scientifique, la manière dont elle est perçue par le corps et le cerveau. J'ai lu des comptes-rendus d'articles scientifiques qui disent que le cerveau, en fait... Décode la musique en faisant des calculs, en faisant des calculs de ratio, des calculs sur les fréquences, des calculs sur le temps, sur la division du temps. Voilà, que fait la musique ? Elle permet de mettre les gens en trance. La trance, c'est quoi ? Je ne sais pas. C'est peut-être un accès, une connaissance ou un entraînement pour le cerveau et le corps, je ne sais pas.
- Speaker #2
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