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Elles Agissent

#96 Amélia Matar Entrepreneure, autrice et chroniqueuse "Parents, enfants, écrans"

#96 Amélia Matar Entrepreneure, autrice et chroniqueuse "Parents, enfants, écrans"

36min |04/09/2025
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#96 Amélia Matar Entrepreneure, autrice et chroniqueuse "Parents, enfants, écrans"

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36min |04/09/2025
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Description

Épisode 96- Amélia Matar – Éduquer au numérique sans écran, éveiller à la citoyenneté


Dans cet épisode, je reçois Amélia Matar, fondatrice de Colori et autrice du livre Les écrans, ça s’apprend (éd. Vuibert, préface Serge Tisseron).


Ensemble, nous parlons d’éducation au numérique dès le plus jeune âge, de parentalité, d’égalité, d’écologie… et de l'importance de la vigilance dans ce domaine.


Comment initier les enfants au numérique sans écran ? Pourquoi l’éducation numérique est un levier d’égalité filles/ garçons et de transformation sociale ? Que peuvent faire concrètement les parents, à la maison, pour accompagner leurs enfants dans leurs usages des écrans ?


Un épisode qui évoque aussi le parcours d'Amélia, d'entrepreneur à intrapreneur, elle nous explique comme elle s'épanouie dans l'innovation, et les propositions pour faire changer les choses.


Amélia Matar nous pousse à envisager l’éducation numérique comme un enjeu systémique, bien au-delà des simples questions d’usage. Ce que les enfants comprennent (ou non) du numérique dès leurs premières années impacte leur posture future : de consommateur·rice passif·ve à citoyen·ne acteur·rice.

Elle révèle aussi comment les écrans sont le miroir d’inégalités plus larges : les biais algorithmiques, la surreprésentation masculine dans les outils numériques, ou encore l’empreinte écologique de notre hyperconnexion. Ce n’est donc pas seulement de parentalité ou de technologie qu’elle parle, mais de pouvoir, de genre, d’avenir commun.

Elle nous invite à occuper l’espace numérique avec conscience et créativité. Et à commencer cet apprentissage… hors écran.


Les phrases fortes d'Amélia dans notre échange :

  • « Agir, pour moi, c’est aimer. Il faut beaucoup d’amour pour soi et pour les autres pour être en capacité d’agir. »

  • « Le numérique façonne nos démocraties : ne pas éduquer les enfants à son usage, c’est leur retirer du pouvoir. »

  • « L’éducation, c’est ce qui peut transformer la société. C’est mon levier d’action le plus fort. »

  • « On ne naît pas passive face aux écrans, on le devient. Il faut apprendre à nos enfants à créer, pas seulement consommer. »

  • « Les petites filles s’éclatent dans nos ateliers. Parce qu’avant d’intégrer les stéréotypes, elles sont curieuses, brillantes, libres. »


Le livre d'Amélia est disponible ici :

https://www.vuibert.fr/livre/9782311151466-les-ecrans-ca-s-apprend


Pour en savoir plus sur Amélia et son travail :

https://colori.fr/

https://www.ameliamatar.fr/


Visionner le documentaireIn Action, sur l’inaction écologique et ses ressorts psychologiques (mentionné en fin d’épisode). https://www.inaction-film.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir.

  • Speaker #1

    J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en levant mon t-shirt et en criant les slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière. Je n'ai pas de mot pour agir. C'est une action. Hello, je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode d'Elles agissent. Aujourd'hui, je reçois Amélia Matar. qui va nous parler de son parcours évidemment, mais aussi s'orienter, cette conversation s'oriente sur les écrans. Ça s'apprend, son livre qui vient de sortir aux éditions Vuber. Et dans son livre, Amélia s'est entourée de spécialistes, surtout pour faire le point sur des questions essentielles autour de la pratique des écrans. L'idée c'est qu'elle nous propose une vision assez globale et systémique de cette question qui est clairement devenue essentielle. Et dans ce livre, vous allez retrouver un état des lieux, de l'impact des écrans, le conseil pratique, adapté à chaque âge des enfants pour poser un cadre éducatif, solide, anticiper les risques et préparer à l'arrivée de l'adolescence. Et vous trouverez aussi dans ce livre 10 activités ludiques et accessibles. Et dans cet épisode, Amélia vous en livre un. Donc je vous laisse découvrir cette fondatrice de Coloris, la première Mac française, qui propose des ateliers d'initiation numérique sans écran. Et cette femme, tout simplement, à découvrir aussi ambitieuse que déterminée qu'engagée. Très bonne écoute. Bonjour Amelia.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te retrouver dans Elles Agissent, enfin, depuis le temps que je voulais t'interviewer. Parce que tu es une femme d'action et qui agit sur plein de choses, plein de domaines. Et donc je suis vraiment très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci infiniment pour l'invitation, je suis ravie également.

  • Speaker #0

    Alors Amelia. ton parcours est inspirant et passionnant, c'est ce que je viens de dire. Tu es une entrepreneur engagée, tu es fondatrice de Coloris, tu es pionnière des ateliers d'initiation au numérique sans écran pour les enfants et tu vas nous le présenter ou représenter parce que je pense que des gens t'écoutent puisque tu as déjà présenté ton parcours et c'est toujours très intéressant de t'écouter. Et aujourd'hui aussi on va parler de ton livre qui s'appelle Les écrans, ça s'apprend qui est sorti chez Vuber et qui est une préface de Serge Tisseron.

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Et donc, dans un monde où le numérique est omniprésent et parfois inquiétant, pour certains parents en tout cas, tu proposes toi une autre voie, en tout cas une piste de réflexion, notamment celle de l'éducation, plutôt que la diabolisation. Ensemble, donc du coup, on va apprendre un petit peu tout ça, comprendre comment mieux accompagner aussi les enfants, si tu as quelques pistes à nous partager, juste quelques-unes parce que tu en as plusieurs. mais aussi Une question que tu soulèves et qui est plus vaste autour de ce sujet, qui est sur notre société, autour de l'égalité, l'écologie et même la citoyenneté. Et donc avant de rentrer plus dans le vif du sujet, j'avais envie que tu nous racontes toi ton chemin avec tes mots. Et si tu devais te présenter, comment tu te définirais maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Aujourd'hui, je me définirais comme une entrepreneur, parce que véritablement, c'est ce qui m'a... déterminée, définie ces dernières années et c'est une expérience qui est quand même très marquante et qui modèle beaucoup le quotidien, la façon de voir les choses. Voilà donc aujourd'hui je dirais que je suis entrepreneur même si en réalité d'un point de vue juridique. Je suis salariée de l'entreprise qui a racheté mon entreprise et donc je suis directrice parentalité du programme Internet sans crainte qui est un programme national. d'éducation au numérique des jeunes et des familles, qui propose tout un espace de ressources à disposition des professionnels, des familles, des jeunes, pour les accompagner dans les usages. Et dorénavant, Coloris s'inscrit dans ce grand contexte. Mais effectivement, j'ai du mal à me départir de cette...

  • Speaker #0

    ...entrepreneuse maintenant, du coup.

  • Speaker #1

    Voilà, peut-être que c'est ça effectivement le bon terme.

  • Speaker #0

    Ce qui te plaît justement, c'est de proposer des projets. C'est dans le côté entrepreneur que tu aimes tant, qui te définit. C'est ce que tu as choisi. C'est d'innover, de bousculer. Qu'est-ce qui te plaît ?

  • Speaker #1

    Clairement, ce qui m'a le plus plu, c'est l'aspect créatif de cette activité où on part d'une feuille blanche. Et puis on construit, pas tout seul évidemment, avec une équipe et en s'appuyant sur des compétences qui sont super précieuses. Je n'ai absolument rien fait toute seule. Mais c'est de voir émerger de rien quelque chose, de voir que les gens s'y intéressent, de voir que ça répond à un vrai besoin, que les gens parlent, s'en saisissent, que ça s'aime. Véritablement, d'être au cœur de tout ça, c'est très grisant.

  • Speaker #0

    C'est passionnant aussi. Et du coup, le numérique pour toi, dans ta vie, quel est son chemin, son parcours depuis le temps que tu t'en souviennes ?

  • Speaker #1

    Oui, ça remonte à vraiment très très loin parce que j'ai grandi avec un papa très geek qui était technicien chez Darty. Et donc on ne disait pas numérique ou digital à l'époque, on parlait plus, c'était l'époque des magnétoscopes, des bibops, etc.

  • Speaker #0

    Quand même l'innovation qui était quand même les formes de...

  • Speaker #1

    Mais oui, et donc moi j'ai grandi au milieu de magnétoscopes ouverts, d'ordinateurs. Très tôt j'ai été équipée moi-même d'un ordinateur, je pense que j'avais 12-13 ans, ce qui à l'époque était très singulier de par mon âge, mais aussi de par mon milieu d'origine, j'ai grandi dans un milieu d'origine pas forcément très favorisé. Et donc, j'ai eu très tôt ce goût, effectivement, de la technologie. Et en grandissant et en cherchant un petit peu ce que j'avais envie de faire de ma vie, j'ai mis beaucoup d'années à trouver. Effectivement, quand toute la startup nation s'est un peu structurée, qu'on a vu émerger ces projets très tech, j'ai senti que c'était là qu'était ma place, même si j'avais envie quand même d'y associer aussi une dimension inclusion, égalité des chances, impact. Mais voilà, je sentais qu'il se passait là quelque chose qui m'intéressait beaucoup.

  • Speaker #0

    Et Colori dans tout ça, c'est arrivé quand et comment dans ta vie et dans ta volonté d'agir justement ?

  • Speaker #1

    Colori, c'est vraiment la rencontre entre tout mon parcours dans le milieu tech, startup, etc. Donc j'étais plutôt sur des métiers pas tellement tech, plus com, mais toujours en lien avec des équipes tech et en lien avec des projets innovants. Et le fait de devenir parent, je pense que ça te parle. C'est ça. Voilà, devenir parent, c'est toute une aventure. Et ça a été une aventure telle que je me suis sentie effectivement embarquée par le sujet, en me disant mais en fait, on ne se rend pas compte à quel point c'est un levier d'action très, très fort sur notre société. Parce qu'évidemment, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain. Et donc, les actions qu'on va pouvoir mener auprès d'eux. vont pouvoir éclore demain et pourquoi pas transformer notre société, faire que notre monde soit un peu meilleur. Et voilà, j'ai senti que véritablement l'éducation au numérique, c'était le sujet qui allait me permettre de porter cette casquette entrepreneuriale que j'essayais de porter depuis un petit moment, mais je cherchais un peu le vrai sujet.

  • Speaker #0

    Et alors ce lancement dans l'entrepreneuriat aussi, ça c'est intéressant de savoir qu'à un moment tu t'es lancée, qu'est-ce qui t'a poussée, a osé ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est des conditions déjà parce que j'avais la possibilité de quitter mon emploi dans de bonnes conditions, j'avais un mari hyper soutenant psychologiquement et économiquement, ce qui est important, et donc j'avais la possibilité économique de prendre le risque et l'envie. aussi évidemment et voilà un enfant qui était petit mais pas trop petit, pas trop grand et puis de toute façon mon sujet c'était l'éducation donc mon enfant c'était un laboratoire vivant c'est ça, ça a été vraiment ce déclic et c'est lié aussi à tes enfants ton entrepreneuriat et ton engagement oui oui très clairement j'avais la certitude que l'éducation c'était que c'est, je continue d'avoir cette certitude très forte Un sujet dont il faudrait s'occuper beaucoup plus dans notre société et qui permet vraiment de faire évoluer considérablement une société. Donc oui, mes enfants ont clairement été un boost de ma motivation et mon envie.

  • Speaker #0

    Apprendre le numérique sans écran, ça peut paraître paradoxal pour certains. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors l'idée de départ, c'était effectivement cette observation que les enfants tout petits sont utilisateurs. d'écran, sont évidemment attirés par tout ça et ils sont, comme nous, baignés dans cette société tout écran et j'observais qu'il y avait finalement assez peu de support pédagogique, d'approche ludique, de jeu, d'explications qui leur soient destinées pour leur permettre d'avoir les bons repères, de comprendre comment tout ça fonctionne et de pouvoir en faire un usage responsable, éclairé, citoyen. Et j'ai commencé à regarder ce qui se faisait un petit peu dans d'autres pays, parce que bien souvent, la France, on est un petit peu à la traîne. Et je me suis aperçue, évidemment, que les pays nordiques... Comme par hasard. Voilà, avec quelques années d'avance, avec notamment une figure là-bas qui s'appelle Linda Lucas, qui est une autrice informaticienne, autrice jeunesse, qui a imaginé tout un univers jeunesse autour de l'enseignement, de l'informatique déconnectée. Aux États-Unis aussi, j'ai identifié une startup du MIT Media Lab qui travaillait sur cette question d'approche déconnectée du numérique. Et je me suis dit, mais oui, il y a un truc effectivement à faire. avec les plus jeunes qui sont en recherche de compréhension, de lecture, de tout ça, mais par le jeu, par des activités déconnectées. Et donc, je me suis rapprochée de pédagogues, de personnes dont c'est le métier de créer ces activités. J'avais moi-même quelques idées d'activités que j'avais envie de tester. Puis, on a conçu des premières activités qu'on a testées en atelier, avec des familles qui se sont dit « oui, tiens, pourquoi pas, effectivement » . Et voilà, on s'est aperçus qu'en fait, c'était... Une vraie bonne idée.

  • Speaker #0

    Une vraie bonne idée avec un vrai impact. Tu vois la réaction des enfants, tu vois comment ils évoluent autour de ça. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #1

    Plein de choses. Effectivement, il y a d'abord leur rapport à ces sujets qu'on voit évoluer. Ils sont beaucoup plus capables d'interroger la discipline, de se saisir de notions assez complexes et donc de comprendre. finalement comment tout ça fonctionne. Ils soulèvent le capot des nouvelles technologies en atelier coloris et ils savent que tout ça, ça fonctionne avec des algorithmes, avec un système logique déterminé, défini, programmé par des hommes, des femmes, avec des intentions précises, avec parfois des intentions qui sont très bonnes, qui le sont moins. Ce qu'on observe aussi, c'est un attrait naturel pour tout ça et notamment des petites filles. Et ça, Ça, c'est un vrai sujet aussi pour nous. On avait envie... de montrer que ce n'est pas un sujet qui est réservé à une certaine catégorie de la population, parce que le problème de tout ça, c'est qu'aujourd'hui, nos outils numériques, nos applications qui façonnent notre quotidien, notre rapport aux autres, sont conçus quasiment exclusivement par des hommes, et avec évidemment du coup beaucoup de biais, et beaucoup d'outils qui ne sont pas adaptés à toutes les populations, et notamment... qui ne sont pas adaptées aux femmes, quand on voit les règles sociaux, c'est un espace typiquement totalement inadapté aux femmes et même très hostile. Et moi j'ai la conviction que s'il y avait plus de femmes qui pouvaient prendre des décisions et qui pouvaient diriger ces outils et être vraiment en position de direction et d'action, on aurait des outils qui seraient beaucoup plus responsables, citoyens, adaptés. Et donc, j'ai aussi la conviction que ça se passe dès les plus jeunes années. Et ça, ce n'est pas qu'une conviction, c'est étayé par la science. On voit qu'effectivement, les filles se détournent très tôt de ces sujets technologiques, mathématiques, scientifiques. Pas parce qu'elles sont moins bonnes, pas du tout, mais parce que notre société les invite à aller vers d'autres choses, vers du care, vers peut-être plus les langues, etc. Alors qu'encore une fois, ces sujets, aujourd'hui, sont au cœur de nos démocraties, de nos sociétés, et qu'on a besoin. absolument de beaucoup plus de diversité. Et donc, en atelier coloré, on observe aussi que les petites filles s'éclatent parce qu'elles n'ont pas encore intégré ces stéréotypes de genre. On intervient, elles ont 3, 4, 5, 6 ans. Elles sont encore toutes petites et ça les attire assez naturellement comme ça attire n'importe quel enfant parce que c'est des jeux, c'est rigolo, c'est coloré, c'est bien concouru pour eux. Donc, il n'y a pas de raison qu'elles s'en détournent.

  • Speaker #0

    Et là, ça contribue à faire une société de demain. Ce que tu disais, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, beaucoup plus Avertie aussi, oui, à l'aise avec ce support.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'on essaye aussi de faire dans nos ateliers, c'est finalement inviter les enfants à se mettre dans une posture beaucoup plus active. Et je pense que c'est important, cette question de posture vis-à-vis de l'outil. C'est-à-dire que les outils aujourd'hui numériques, les plateformes, etc. sont conçus pour véritablement nous inviter à être très passifs. à être dans une consommation, on observe ce feed, on le fait défiler. Et nous, ce qu'on essaye de faire dans nos ateliers, c'est de rendre les enfants beaucoup plus acteurs en leur montrant qu'ils peuvent aussi créer avec la technologie. Même si c'est du déconnecté, on leur montre comment fonctionne un algorithme et qu'en fin de compte, un algorithme, ils peuvent s'en saisir et ils peuvent, même tout petits, créer leurs premiers petits algorithmes pour, à la fin, être eux-mêmes producteurs de contenu. Et ce qu'on espère, c'est qu'après, Plus tard, en grandissant, ils passent sur écran pour produire leur propre contenu numérique, programmer ou pourquoi pas faire un podcast, une vidéo, j'en sais rien. Mais être moins dans une posture de consommation et plus dans une posture de création.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu te sens par rapport à d'éventuels blocages ? Est-ce qu'il y a encore des... La société, tout ça c'est politique aussi. Est-ce que c'est compliqué ? Est-ce que ça prend de l'ampleur ? Est-ce que tu as... Tu as de la visibilité, tu es quand même reconnue, mais dans les faits, est-ce que ça suit aussi ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Non, je pense qu'on est encore vraiment aux prémices de tout ça, même si effectivement on sent qu'il y a une vraie volonté politique, il y a de plus en plus de personnalités politiques qui se saisissent de la question de l'éducation numérique, parce qu'elles prennent conscience qu'effectivement, notre société est driveée par ça. Aujourd'hui, même les élections, etc., tous les résultats vont découler de la façon dont les personnes, les jeunes sont éduqués aux médias. sont éduqués à la façon dont fonctionne le numérique, l'économie d'attention, etc. Mais malgré tout, je trouve que dans les faits, dans les écoles, dans les familles, il reste encore beaucoup à faire. Et puis on va observer plusieurs typologies de familles et de réactions par rapport à tout ça. Il va y avoir des familles extrêmement averties, je ne sais pas, mais en tous les cas dans une posture très défensive et très protectrice de leurs enfants. Zéro écran, dans une protection extrême de leur enfant. Et je les comprends parce que c'est assez effrayant tout ce qu'on peut entendre et voir passer dans les études scientifiques, etc. Mais à contrario, on va aussi avoir des familles qui, par manque de ressources, par manque de temps, par manque d'accès à l'information, sont dans l'effet inverse et dans un laissé-faire total vis-à-vis du numérique avec des jeunes, des enfants qui sont surexposés et qui pâtissent aussi de cette surexposition parce qu'on sait que ça a des conséquences très délétères sur le développement de l'enfant. Donc voilà, on sent bien qu'il y a des niveaux d'information qui ne sont pas les mêmes, qui ne sont pas les bons bien souvent, et que finalement la vérité et la bonne solution, la bonne vision, elle est au milieu. Elle n'est pas tout blanc, c'est pas tout noir. Il y a évidemment des contenus numériques qui sont très intéressants pour les enfants, même petits. Il s'agit d'accompagner, il s'agit de sélectionner, d'éduquer les parents, les enfants. Mais voilà, effectivement, c'est assez périlleux. Et cette posture de la nuance et du milieu, finalement, elle n'est pas évidente parce qu'on peut vite être taxé ou de laxisme ou au contraire, d'être trop d'un côté ou de l'autre. Alors que véritablement, je crois beaucoup à cette nuance.

  • Speaker #0

    Ce que tu soulignes et ce qui est vrai, c'est l'éducation des parents aussi. L'apprentissage, le rassurer ou même informer. Il y a tout cet aspect-là aussi à travailler.

  • Speaker #1

    On entend de plus en plus parler de parentalité numérique. Je crois qu'effectivement, le numérique en tous les cas re-questionne très fortement notre parentalité parce que ces outils qui sont très facilement accessibles, à portée de... de pouce, il faut en tant que parent qu'on puisse apporter une réponse éducative claire à nos enfants. Et si on n'apporte pas la bonne réponse éducative, on peut mettre nos enfants dans des situations assez périlleuses, soit parce que quand on est dans l'interdit total, l'enfant risque de contourner l'interdit, de cacher, et si demain il est dans une situation vraiment dangereuse, grave. ne pas aller voir son parent et ne pas en référer à l'adulte. Et du coup, à une finée, se retrouver dans une situation encore pire. Mais aussi, si on se dit, il faut vivre avec son temps, je laisse mon enfant faire ce qu'il veut, là encore, ce n'est pas du tout une réponse éducative adaptée. Et donc oui, il faut, en tant que parent, questionner notre parentalité au global pour que la parentalité numérique soit au plus juste. Et c'est hyper important.

  • Speaker #0

    Et questionner et aussi apporter des outils, c'est ce que tu proposes aussi avec ton livre, justement ?

  • Speaker #1

    Oui, clairement, nous, en tant que structure qui propose des ateliers plutôt aux écoles, initialement, on avait très régulièrement des parents qui nous écrivent pour demander « mais moi, qu'est-ce que je fais concrètement à la maison ? » Et donc, j'ai senti qu'il y avait un besoin, effectivement, d'accompagner les familles sur ces sujets. Et le livre, il vise déjà à donner un apport théorique, une base. d'informations vulgarisées, mises à la portée de tout le monde sur ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas, de l'impact des écrans sur les enfants. Comment ça fonctionne aussi, je pense que c'est important de comprendre quels sont les acteurs, quelles sont les forces économiques qui sont derrière tout ça et qui font qu'effectivement, il y a des outils qui vont capter plus l'attention que d'autres.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'enjeux derrière.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a plein d'enjeux énormes en fait. C'est vraiment des superpuissances économiques qui sont derrière les GAFAM. On n'imagine même pas à quel point... Ils sont puissants plus que beaucoup d'États, en fait, de gouvernements. On voit bien, de toute façon, les rapports entre les gouvernements, les GAFAM, etc. Et puis, voilà, concrètement, en tant que parent, qu'est-ce que je peux faire à la maison ? Je pense qu'il y avait vraiment un besoin de réponse là-dessus. Et puis, j'avais aussi envie de montrer aux personnes que ce sujet est plus complexe qu'il n'y paraît, qu'il est vraiment systémique. Voilà, on a évoqué tout à l'heure la place des femmes dans la tech. On voit aussi que les questions d'écologie, les questions de démocratie sont aussi au cœur de ces sujets et viennent à la fin influer sur nos usages et les usages de nos enfants des écrans.

  • Speaker #0

    Et c'était une suite logique dans ton engagement ou une envie d'apporter vraiment des outils ? Et comment tu as trouvé le temps aussi d'ajouter tout ça ? Est-ce qu'il y a eu du retard avec l'éditeur ? Dans l'écriture ?

  • Speaker #1

    Alors, non pas tout à fait. Je crois que j'ai respecté à peu près à 15 jours près la deadline. 15 jours, j'estime que ce n'est pas du retard. Pour moi, c'était une suite logique et c'était aussi un peu une synthèse parce que ça arrivait à un moment de la vie de Coloris où Coloris prenait un nouvel emploi. Avec un changement. Voilà, en intégrant le programme Internet sans crainte, en changeant. d'actionnariat concrètement. Moi, Colori ne m'appartient plus. Je ne suis plus la propriétaire de l'entreprise Colori. D'ailleurs, l'entreprise Colori n'existe plus. C'est devenu un programme au sein d'une autre entreprise. Et je trouvais que c'était intéressant, du coup, effectivement, de livrer un petit peu ma vision de tout ça de manière un peu construite, structurée et d'en profiter pour m'adresser à une nouvelle cible que sont les parents, parce que Colori, c'est plutôt... directement les enfants dans les écoles. Je trouve que c'était le bon moment pour écrire ce livre.

  • Speaker #0

    Et la préface, est-ce que tu peux nous en parler ? À quel moment tu as contacté ou comment ça s'est fait avec Serge Tisseron ? Et quel est son regard aussi par rapport à ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Serge Tisseron, c'est vraiment une personnalité qui a pris la parole très très tôt sur cette question des écrans. Je trouvais que c'était la personne finalement la plus... consistantes parce que il y a un savoir cumulé, il y a un certain nombre de livres, un certain nombre d'actions terrain aussi avec l'association 36912 qui font que Serge Tisseron est aujourd'hui un personnage avec une crédibilité indéniable sur le sujet mais aussi parce que c'est une personne qui a pu voir et apprécier l'évolution du sujet et toujours s'adapter et adapter son discours aux nouvelles avancées scientifiques sur ces questions. Donc pour moi, c'était vraiment un honneur qu'il puisse prendre la parole en introduction de mon livre. Et j'étais super reconnaissante qu'il puisse effectivement trouver que les solutions apportées dans ce livre étaient singulières et puissent correspondre à des besoins modernes des familles d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu l'as évoqué tout à l'heure, que t'abordais des sujets comme l'égalité de filles-garçons, les enjeux écologiques, etc. Est-ce que c'est aussi, et ça regroupe tes idées, que l'éducation numérique ne peut plus être dissociée des enjeux de la société ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne peut plus être dissociée parce que, typiquement, si on prend encore une fois cette question d'égalité filles-garçons, le numérique, c'est un catalyseur de cette question. parce qu'aujourd'hui, ces outils ne sont construits que par des hommes, je l'ai dit tout à l'heure, mais aussi parce que nos usages sont très genrés. Et en tant que femme, on va avoir une expérience connectée qui va être très différente de celle d'un homme, notamment si on commence à s'exposer un petit peu sur les réseaux sociaux, mais aussi par les contenus qui vont nous être poussés. On va très vite se retrouver dans ce qu'on appelle des bulles de filtre. Donc, les bulles de filtre, c'est cette expérience en ligne qui fait qu'on a... sans arrêt les mêmes contenus, enfin les mêmes types de contenus qui nous sont recommandés. Typiquement, une expérience très personnelle de la semaine dernière, j'ai cherché une robe pour un mariage. Mais depuis, j'ai des robes sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt. Et donc voilà, ça vient renforcer comme ça cette vision, ce stéréotype de la femme. Mais sur les garçons, ça peut être aussi des contenus... au fur et à mesure de leur expérience qui vont être de plus en plus masculinistes. Donc peut-être un jeune homme va commencer par chercher des vidéos de sport parce qu'il a envie de prendre soin de soi. Et puis très vite, l'algorithme dérive absolument vers des contenus qui vont construire son identité de genre et construire sa relation à l'autre. Donc on voit bien que, effectivement, cette question fille-garçon... Quelle place ont les femmes ? Quelle place ont les hommes ? Comment on s'éduque à ces sujets ? C'est directement lié aux usages des écrans et on ne peut pas parler de tout ça avec nos enfants sans faire abstraction de ces aspects-là. Et sur l'écologie aussi, pareil, ce serait complètement fou, je trouve, de passer à côté de cette question qui est ô combien brûlante, sans mauvais jeu de mots. Aujourd'hui, le numérique contribue de plus en plus à l'impact. au réchauffement climatique et a un impact énorme sur notre planète de par l'extraction des minéraux, de par les usages qu'on a aussi qui sont assurés par des data centers qui sont extrêmement énergivores. Et nos usages décomplexés, de surexposition, d'abondance de contenu numérique, sont délétères pour nous dans nos styles de vie, dans notre quotidien, mais sont délétères aussi pour la planète. Et on voit bien qu'il y a un cercle évitieux et vertueux, ça dépend de comment on regarde, mais qui plus on a des usages raisonnés, plus ça aura aussi une vertu écologique dans les usages in fine. Donc on voit bien que tout ça est lié.

  • Speaker #0

    Tu as parlé beaucoup dans cet épisode de l'égalité et justement toi en tant que femme qui es dans ce domaine-là, quels sont les retours et est-ce que tu as des retours particuliers à nous partager, positifs comme négatifs, sur toi que tu as ressenti en tant que femme dans ton chemin ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, c'est une question qui en soulève beaucoup d'autres, et notamment la question de l'éducation. Je pense que la femme qu'on est aujourd'hui, c'est l'aboutissement de toute une éducation, de toute une socialisation, d'un certain nombre d'injonctions qu'on a reçues, qui sont parfois très insidieuses et subliminales, où on a le sentiment que pas particulièrement. Et en fait, si, par des petits... des petites choses qu'on va nous dire, des petits quotidiens. Et du coup, moi, je pense qu'en tant qu'entrepreneur, au début, en tous les cas, j'ai manqué un peu de niaque et d'ambition.

  • Speaker #0

    C'est difficile aussi au début. Oui,

  • Speaker #1

    c'est difficile, mais ce côté, un homme n'aurait pas fait la même chose, je l'ai souvent ressenti. C'est vrai que je pense que très souvent, j'ai un peu minimisé, j'ai utilisé. Des mots comme petit ou presque.

  • Speaker #0

    Petite idée qui va peut-être aider.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un petit atelier. Je vais vous faire un petit devis. Je pense que nous, les femmes, on a vraiment cette tendance qui n'est absolument pas innée et qui vient de notre construction en tant que femmes dans la société. Je pense qu'on prendrait des femmes chasseuses cueilleuses. Probablement qu'elles auraient un autre tempérament. Mais en tous les cas... c'est des aspects sur lesquels il faut quand même être très vigilant, dont il faut avoir conscience. Et les biais, pour les déconstruire, il faut effectivement déjà les identifier.

  • Speaker #0

    Dans ton livre, tu parles d'activités ludiques à faire en famille. Est-ce que tu voudrais nous en partager une ?

  • Speaker #1

    Oui, par exemple, avec les tout-petits, il y a le Cherche et Trouve des écrans qui marche bien. Le Cherche et Trouve, c'est une activité qui est très solidaire des petits. Et nous, on en a inventé une sur les écrans en invitant les enfants, une fois qu'ils ont trouvé l'écran en tant que tel, s'interroger sur l'utilité de l'écran, son bien fondé. Donc ça s'appelle le Cherchitrouve des écrans utiles ou futiles. Il n'y a pas de réponse à apporter à l'enfant. L'idée, c'est vraiment d'inviter l'enfant à se questionner sur le bien fondé de tel ou tel usage qu'on a toutes et toutes du numérique. pour qu'on puisse se rendre compte que tout n'est pas acquis, que tout n'est pas normal et positif, mais qu'il y a aussi des choses intéressantes et épanouissantes dans les usages numériques. Mais simplement, pouvoir se poser cette question, avoir accès à ce questionnement, ça nous apparaît intéressant et important pour les gens.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, nourrir ses réflexions, son esprit critique par le ludique.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Des tout petits. Oui. Et alors tes enfants, qu'est-ce qu'ils en pensent de tout ça ? De ton parcours, de ton livre, de tout ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, déjà, je me sens extrêmement reconnaissante vis-à-vis d'eux parce qu'ils m'ont toujours beaucoup encouragée. Ils ont toujours été très enthousiastes, très partants pour participer aux ateliers, pour tester des nouvelles activités. Voilà, c'est vraiment des cobayes adorables. et je sens qu'il y a beaucoup de fierté dans leurs yeux et moi j'ai aussi à coeur d'incarner un peu des messages vis-à-vis d'eux, de à la fois essayer de suivre tes rêves soit ambitieux mais prends soin de toi garde du temps pour ceux que t'aimes je passe beaucoup de temps avec eux et j'essaye de faire que tout ça ne se fasse pas au détriment d'une belle relation, d'un bel équilibre familial, pour moi c'est vraiment fondamental.

  • Speaker #0

    Voilà mon fils le plus grand ça a été vraiment le cobaye coloris parce que j'ai commencé il avait trois ans il a 11 ans aujourd'hui. Il a suivi. Voilà il a suivi et il a fait des tas et des tas d'ateliers. Ma plus belle victoire je crois ça a été récemment une amie qui voulait faire un anniversaire coloris pour sa fille ce qu'on fait pas forcément enfin on propose pas du tout ce format là. Et je lui dis bah c'est une bonne idée d'ailleurs. Oui c'était une bonne idée. Je me suis dit, écoute, je ne vais pas me mettre à faire un devis, etc. Mais si tu veux, je peux proposer à mon fils, qui a fait tous les ateliers coloris, d'animer l'anniversaire de ta fille. Il était hyper partant. Et du coup, il a animé un anniversaire coloris à 11 ans. La relève. Voilà. Pour un enfant qui avait 5 ans. Et c'était génial. Et je me suis dit, ouais, c'est une belle matérialisation de toutes ces années et de tous ces engagements. Et donc,

  • Speaker #1

    j'imagine qu'ils sont ultra sensibilisés à tout ça. Et la preuve qu'ils propagent aussi. ton travail et ton engagement. Oui,

  • Speaker #0

    c'est très attentif, mais je me rends compte que même au sein d'une famille qui est quand même, je crois, un petit peu éduquée et avertie sur ces sujets, ça reste un défi au quotidien parce que ces outils sont très puissants, sont très attrayants, capteurs d'attention. Même pour nous, adultes, on voit bien à quel point nos cerveaux peuvent être faibles parfois quand on est fatigué. on est contrarié, stressé, on a le scroll facile. Pour nos enfants, c'est encore plus vrai. Donc, ça demande encore plus de vigilance.

  • Speaker #1

    C'est bien que tu le dises aussi, parce qu'on pourrait se dire que tu es une figure qui n'a pas de faille. Non, mais on le sait au fond qu'il y en a. Mais voilà, il y a toujours cette idée de... En fait, s'il faut mieux faire et de temps en temps, être un peu à la dérive comme tout le monde, donc c'est... Merci. mais de faire,

  • Speaker #0

    d'anticiper de tout ce qu'on a abordé donc non non je suis pas du tout parfaite et je suis très vulnérable par rapport à ces outils comme nous tous et toutes donc non non vigilance il faut avoir bien conscience de tout ça mettre des règles claires et s'astreindre soi-même à une certaine rigueur

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de cette émission j'ai quelques questions signatures Déjà c'était trop bien Rires Dis-moi pour toi,

  • Speaker #2

    agir,

  • Speaker #1

    ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, pour moi, c'est aimer. Il faut beaucoup d'amour pour soi, déjà, pour être en capacité d'agir. Et je pense que c'est un vrai défi, parce qu'on n'est pas toujours éduqués à apprendre à bien s'aimer. Mais il faut aussi beaucoup aimer les autres, parce qu'agir, ça veut dire avoir un impact potentiellement sur l'autre. Et donc, être attentif à son besoin, à ses limites, à sa place dans la société, à sa spécificité. Donc, je trouve que cette question de l'amour dans l'action, elle est centrale.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien, j'adore. Ça me plaît. Est-ce que tu as une femme qui t'inspire particulièrement ou qui t'a inspirée d'ailleurs dans ce parcours ? Tu en as cité quelques-unes tout à l'heure. Qui est une femme, elles agissent quelque part pour toi. Ta femme, elles agissent.

  • Speaker #0

    Alors moi, je cite beaucoup Maria Montessori. Je suis un peu dépitée parce que ce nom a été un peu galvaudé. On l'a beaucoup entendu parce que d'un point de vue marketing, c'était bien d'avoir un truc Montessori. On s'est perdu un peu sur le fond. Oui, ça c'est un peu perdu, ça c'est vrai. Mais ce qu'il faut vraiment retenir de Montessori, c'est que Maria Montessori, c'était une femme absolument incroyable. Déjà très battante de son époque, elle fait partie des premières femmes médecins italiennes. Elle a dû se battre et contre sa famille et contre les universitaires de l'époque et contre ses pères masculins pour devenir médecin. Elle a dû faire des travaux durant la nuit parce qu'il y avait certaines interventions qui ne se faisaient pas pour les femmes, de tous les corps, etc. Donc elle le faisait la nuit. Elle était absolument incroyable. Et puis elle a eu cette force de porter une vision nouvelle de l'enfant dans le monde entier. Aujourd'hui, des écoles Montessoriens, on en trouve absolument partout dans le monde avec cette même essence, cette même vision de l'enfant. qui aujourd'hui reste encore vrai et encore très vivace.

  • Speaker #1

    Donc tu nous conseilles d'aller creuser un petit peu plus sur son parcours à elle, sur sa vie, et de une source d'inspiration éventuelle.

  • Speaker #0

    Ah oui, une grande source d'inspiration de très grande femme.

  • Speaker #1

    Et dans quel domaine autre que celui qu'on a abordé pendant toute l'émission, tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Très clairement dans l'écologie.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, et... J'ai une amie récemment qui a lancé un documentaire qui cartonne, qui s'appelle In Action. Donc c'est à la fois être en action justement, mais avec le in entre parenthèses. Donc voilà comment on entre en action sur l'écologie. Et elle a cherché à travers ce documentaire à documenter pourquoi, face à une menace qui est... Hyper identifiée, il y a un consensus scientifique, on sait que c'est là devant nous qu'on est en train d'aller dans le mur tous ensemble, on n'agit pas. Et elle est allée voir des universitaires, des activistes, elle a fait une espèce de tour d'Europe avec des personnes qui sont encore très réticentes vis-à-vis de ce sujet pour essayer de comprendre quels sont les mécanismes psychologiques derrière cette inaction. Et je trouve que son documentaire est hyper intéressant et il connaît un succès incroyable. elle l'a lancé en début d'année dernière et elle est en train de faire une tournée partout en France et elle n'arrive plus à répondre à la demande tellement il est demandé et je trouve que ce sujet de l'inaction écologique vraiment me navre et à la fois je me dis il faut qu'on arrive à trouver à craquer ce truc pour qu'enfin on agisse Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    on va rester sur cette pensée, merci beaucoup bonne vie à ton livre bravo pour tout ce que tu fais Et je remettrai évidemment toutes les infos et tous les liens dans la bio. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter. Et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue. et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

Description

Épisode 96- Amélia Matar – Éduquer au numérique sans écran, éveiller à la citoyenneté


Dans cet épisode, je reçois Amélia Matar, fondatrice de Colori et autrice du livre Les écrans, ça s’apprend (éd. Vuibert, préface Serge Tisseron).


Ensemble, nous parlons d’éducation au numérique dès le plus jeune âge, de parentalité, d’égalité, d’écologie… et de l'importance de la vigilance dans ce domaine.


Comment initier les enfants au numérique sans écran ? Pourquoi l’éducation numérique est un levier d’égalité filles/ garçons et de transformation sociale ? Que peuvent faire concrètement les parents, à la maison, pour accompagner leurs enfants dans leurs usages des écrans ?


Un épisode qui évoque aussi le parcours d'Amélia, d'entrepreneur à intrapreneur, elle nous explique comme elle s'épanouie dans l'innovation, et les propositions pour faire changer les choses.


Amélia Matar nous pousse à envisager l’éducation numérique comme un enjeu systémique, bien au-delà des simples questions d’usage. Ce que les enfants comprennent (ou non) du numérique dès leurs premières années impacte leur posture future : de consommateur·rice passif·ve à citoyen·ne acteur·rice.

Elle révèle aussi comment les écrans sont le miroir d’inégalités plus larges : les biais algorithmiques, la surreprésentation masculine dans les outils numériques, ou encore l’empreinte écologique de notre hyperconnexion. Ce n’est donc pas seulement de parentalité ou de technologie qu’elle parle, mais de pouvoir, de genre, d’avenir commun.

Elle nous invite à occuper l’espace numérique avec conscience et créativité. Et à commencer cet apprentissage… hors écran.


Les phrases fortes d'Amélia dans notre échange :

  • « Agir, pour moi, c’est aimer. Il faut beaucoup d’amour pour soi et pour les autres pour être en capacité d’agir. »

  • « Le numérique façonne nos démocraties : ne pas éduquer les enfants à son usage, c’est leur retirer du pouvoir. »

  • « L’éducation, c’est ce qui peut transformer la société. C’est mon levier d’action le plus fort. »

  • « On ne naît pas passive face aux écrans, on le devient. Il faut apprendre à nos enfants à créer, pas seulement consommer. »

  • « Les petites filles s’éclatent dans nos ateliers. Parce qu’avant d’intégrer les stéréotypes, elles sont curieuses, brillantes, libres. »


Le livre d'Amélia est disponible ici :

https://www.vuibert.fr/livre/9782311151466-les-ecrans-ca-s-apprend


Pour en savoir plus sur Amélia et son travail :

https://colori.fr/

https://www.ameliamatar.fr/


Visionner le documentaireIn Action, sur l’inaction écologique et ses ressorts psychologiques (mentionné en fin d’épisode). https://www.inaction-film.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir.

  • Speaker #1

    J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en levant mon t-shirt et en criant les slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière. Je n'ai pas de mot pour agir. C'est une action. Hello, je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode d'Elles agissent. Aujourd'hui, je reçois Amélia Matar. qui va nous parler de son parcours évidemment, mais aussi s'orienter, cette conversation s'oriente sur les écrans. Ça s'apprend, son livre qui vient de sortir aux éditions Vuber. Et dans son livre, Amélia s'est entourée de spécialistes, surtout pour faire le point sur des questions essentielles autour de la pratique des écrans. L'idée c'est qu'elle nous propose une vision assez globale et systémique de cette question qui est clairement devenue essentielle. Et dans ce livre, vous allez retrouver un état des lieux, de l'impact des écrans, le conseil pratique, adapté à chaque âge des enfants pour poser un cadre éducatif, solide, anticiper les risques et préparer à l'arrivée de l'adolescence. Et vous trouverez aussi dans ce livre 10 activités ludiques et accessibles. Et dans cet épisode, Amélia vous en livre un. Donc je vous laisse découvrir cette fondatrice de Coloris, la première Mac française, qui propose des ateliers d'initiation numérique sans écran. Et cette femme, tout simplement, à découvrir aussi ambitieuse que déterminée qu'engagée. Très bonne écoute. Bonjour Amelia.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te retrouver dans Elles Agissent, enfin, depuis le temps que je voulais t'interviewer. Parce que tu es une femme d'action et qui agit sur plein de choses, plein de domaines. Et donc je suis vraiment très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci infiniment pour l'invitation, je suis ravie également.

  • Speaker #0

    Alors Amelia. ton parcours est inspirant et passionnant, c'est ce que je viens de dire. Tu es une entrepreneur engagée, tu es fondatrice de Coloris, tu es pionnière des ateliers d'initiation au numérique sans écran pour les enfants et tu vas nous le présenter ou représenter parce que je pense que des gens t'écoutent puisque tu as déjà présenté ton parcours et c'est toujours très intéressant de t'écouter. Et aujourd'hui aussi on va parler de ton livre qui s'appelle Les écrans, ça s'apprend qui est sorti chez Vuber et qui est une préface de Serge Tisseron.

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Et donc, dans un monde où le numérique est omniprésent et parfois inquiétant, pour certains parents en tout cas, tu proposes toi une autre voie, en tout cas une piste de réflexion, notamment celle de l'éducation, plutôt que la diabolisation. Ensemble, donc du coup, on va apprendre un petit peu tout ça, comprendre comment mieux accompagner aussi les enfants, si tu as quelques pistes à nous partager, juste quelques-unes parce que tu en as plusieurs. mais aussi Une question que tu soulèves et qui est plus vaste autour de ce sujet, qui est sur notre société, autour de l'égalité, l'écologie et même la citoyenneté. Et donc avant de rentrer plus dans le vif du sujet, j'avais envie que tu nous racontes toi ton chemin avec tes mots. Et si tu devais te présenter, comment tu te définirais maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Aujourd'hui, je me définirais comme une entrepreneur, parce que véritablement, c'est ce qui m'a... déterminée, définie ces dernières années et c'est une expérience qui est quand même très marquante et qui modèle beaucoup le quotidien, la façon de voir les choses. Voilà donc aujourd'hui je dirais que je suis entrepreneur même si en réalité d'un point de vue juridique. Je suis salariée de l'entreprise qui a racheté mon entreprise et donc je suis directrice parentalité du programme Internet sans crainte qui est un programme national. d'éducation au numérique des jeunes et des familles, qui propose tout un espace de ressources à disposition des professionnels, des familles, des jeunes, pour les accompagner dans les usages. Et dorénavant, Coloris s'inscrit dans ce grand contexte. Mais effectivement, j'ai du mal à me départir de cette...

  • Speaker #0

    ...entrepreneuse maintenant, du coup.

  • Speaker #1

    Voilà, peut-être que c'est ça effectivement le bon terme.

  • Speaker #0

    Ce qui te plaît justement, c'est de proposer des projets. C'est dans le côté entrepreneur que tu aimes tant, qui te définit. C'est ce que tu as choisi. C'est d'innover, de bousculer. Qu'est-ce qui te plaît ?

  • Speaker #1

    Clairement, ce qui m'a le plus plu, c'est l'aspect créatif de cette activité où on part d'une feuille blanche. Et puis on construit, pas tout seul évidemment, avec une équipe et en s'appuyant sur des compétences qui sont super précieuses. Je n'ai absolument rien fait toute seule. Mais c'est de voir émerger de rien quelque chose, de voir que les gens s'y intéressent, de voir que ça répond à un vrai besoin, que les gens parlent, s'en saisissent, que ça s'aime. Véritablement, d'être au cœur de tout ça, c'est très grisant.

  • Speaker #0

    C'est passionnant aussi. Et du coup, le numérique pour toi, dans ta vie, quel est son chemin, son parcours depuis le temps que tu t'en souviennes ?

  • Speaker #1

    Oui, ça remonte à vraiment très très loin parce que j'ai grandi avec un papa très geek qui était technicien chez Darty. Et donc on ne disait pas numérique ou digital à l'époque, on parlait plus, c'était l'époque des magnétoscopes, des bibops, etc.

  • Speaker #0

    Quand même l'innovation qui était quand même les formes de...

  • Speaker #1

    Mais oui, et donc moi j'ai grandi au milieu de magnétoscopes ouverts, d'ordinateurs. Très tôt j'ai été équipée moi-même d'un ordinateur, je pense que j'avais 12-13 ans, ce qui à l'époque était très singulier de par mon âge, mais aussi de par mon milieu d'origine, j'ai grandi dans un milieu d'origine pas forcément très favorisé. Et donc, j'ai eu très tôt ce goût, effectivement, de la technologie. Et en grandissant et en cherchant un petit peu ce que j'avais envie de faire de ma vie, j'ai mis beaucoup d'années à trouver. Effectivement, quand toute la startup nation s'est un peu structurée, qu'on a vu émerger ces projets très tech, j'ai senti que c'était là qu'était ma place, même si j'avais envie quand même d'y associer aussi une dimension inclusion, égalité des chances, impact. Mais voilà, je sentais qu'il se passait là quelque chose qui m'intéressait beaucoup.

  • Speaker #0

    Et Colori dans tout ça, c'est arrivé quand et comment dans ta vie et dans ta volonté d'agir justement ?

  • Speaker #1

    Colori, c'est vraiment la rencontre entre tout mon parcours dans le milieu tech, startup, etc. Donc j'étais plutôt sur des métiers pas tellement tech, plus com, mais toujours en lien avec des équipes tech et en lien avec des projets innovants. Et le fait de devenir parent, je pense que ça te parle. C'est ça. Voilà, devenir parent, c'est toute une aventure. Et ça a été une aventure telle que je me suis sentie effectivement embarquée par le sujet, en me disant mais en fait, on ne se rend pas compte à quel point c'est un levier d'action très, très fort sur notre société. Parce qu'évidemment, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain. Et donc, les actions qu'on va pouvoir mener auprès d'eux. vont pouvoir éclore demain et pourquoi pas transformer notre société, faire que notre monde soit un peu meilleur. Et voilà, j'ai senti que véritablement l'éducation au numérique, c'était le sujet qui allait me permettre de porter cette casquette entrepreneuriale que j'essayais de porter depuis un petit moment, mais je cherchais un peu le vrai sujet.

  • Speaker #0

    Et alors ce lancement dans l'entrepreneuriat aussi, ça c'est intéressant de savoir qu'à un moment tu t'es lancée, qu'est-ce qui t'a poussée, a osé ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est des conditions déjà parce que j'avais la possibilité de quitter mon emploi dans de bonnes conditions, j'avais un mari hyper soutenant psychologiquement et économiquement, ce qui est important, et donc j'avais la possibilité économique de prendre le risque et l'envie. aussi évidemment et voilà un enfant qui était petit mais pas trop petit, pas trop grand et puis de toute façon mon sujet c'était l'éducation donc mon enfant c'était un laboratoire vivant c'est ça, ça a été vraiment ce déclic et c'est lié aussi à tes enfants ton entrepreneuriat et ton engagement oui oui très clairement j'avais la certitude que l'éducation c'était que c'est, je continue d'avoir cette certitude très forte Un sujet dont il faudrait s'occuper beaucoup plus dans notre société et qui permet vraiment de faire évoluer considérablement une société. Donc oui, mes enfants ont clairement été un boost de ma motivation et mon envie.

  • Speaker #0

    Apprendre le numérique sans écran, ça peut paraître paradoxal pour certains. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors l'idée de départ, c'était effectivement cette observation que les enfants tout petits sont utilisateurs. d'écran, sont évidemment attirés par tout ça et ils sont, comme nous, baignés dans cette société tout écran et j'observais qu'il y avait finalement assez peu de support pédagogique, d'approche ludique, de jeu, d'explications qui leur soient destinées pour leur permettre d'avoir les bons repères, de comprendre comment tout ça fonctionne et de pouvoir en faire un usage responsable, éclairé, citoyen. Et j'ai commencé à regarder ce qui se faisait un petit peu dans d'autres pays, parce que bien souvent, la France, on est un petit peu à la traîne. Et je me suis aperçue, évidemment, que les pays nordiques... Comme par hasard. Voilà, avec quelques années d'avance, avec notamment une figure là-bas qui s'appelle Linda Lucas, qui est une autrice informaticienne, autrice jeunesse, qui a imaginé tout un univers jeunesse autour de l'enseignement, de l'informatique déconnectée. Aux États-Unis aussi, j'ai identifié une startup du MIT Media Lab qui travaillait sur cette question d'approche déconnectée du numérique. Et je me suis dit, mais oui, il y a un truc effectivement à faire. avec les plus jeunes qui sont en recherche de compréhension, de lecture, de tout ça, mais par le jeu, par des activités déconnectées. Et donc, je me suis rapprochée de pédagogues, de personnes dont c'est le métier de créer ces activités. J'avais moi-même quelques idées d'activités que j'avais envie de tester. Puis, on a conçu des premières activités qu'on a testées en atelier, avec des familles qui se sont dit « oui, tiens, pourquoi pas, effectivement » . Et voilà, on s'est aperçus qu'en fait, c'était... Une vraie bonne idée.

  • Speaker #0

    Une vraie bonne idée avec un vrai impact. Tu vois la réaction des enfants, tu vois comment ils évoluent autour de ça. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #1

    Plein de choses. Effectivement, il y a d'abord leur rapport à ces sujets qu'on voit évoluer. Ils sont beaucoup plus capables d'interroger la discipline, de se saisir de notions assez complexes et donc de comprendre. finalement comment tout ça fonctionne. Ils soulèvent le capot des nouvelles technologies en atelier coloris et ils savent que tout ça, ça fonctionne avec des algorithmes, avec un système logique déterminé, défini, programmé par des hommes, des femmes, avec des intentions précises, avec parfois des intentions qui sont très bonnes, qui le sont moins. Ce qu'on observe aussi, c'est un attrait naturel pour tout ça et notamment des petites filles. Et ça, Ça, c'est un vrai sujet aussi pour nous. On avait envie... de montrer que ce n'est pas un sujet qui est réservé à une certaine catégorie de la population, parce que le problème de tout ça, c'est qu'aujourd'hui, nos outils numériques, nos applications qui façonnent notre quotidien, notre rapport aux autres, sont conçus quasiment exclusivement par des hommes, et avec évidemment du coup beaucoup de biais, et beaucoup d'outils qui ne sont pas adaptés à toutes les populations, et notamment... qui ne sont pas adaptées aux femmes, quand on voit les règles sociaux, c'est un espace typiquement totalement inadapté aux femmes et même très hostile. Et moi j'ai la conviction que s'il y avait plus de femmes qui pouvaient prendre des décisions et qui pouvaient diriger ces outils et être vraiment en position de direction et d'action, on aurait des outils qui seraient beaucoup plus responsables, citoyens, adaptés. Et donc, j'ai aussi la conviction que ça se passe dès les plus jeunes années. Et ça, ce n'est pas qu'une conviction, c'est étayé par la science. On voit qu'effectivement, les filles se détournent très tôt de ces sujets technologiques, mathématiques, scientifiques. Pas parce qu'elles sont moins bonnes, pas du tout, mais parce que notre société les invite à aller vers d'autres choses, vers du care, vers peut-être plus les langues, etc. Alors qu'encore une fois, ces sujets, aujourd'hui, sont au cœur de nos démocraties, de nos sociétés, et qu'on a besoin. absolument de beaucoup plus de diversité. Et donc, en atelier coloré, on observe aussi que les petites filles s'éclatent parce qu'elles n'ont pas encore intégré ces stéréotypes de genre. On intervient, elles ont 3, 4, 5, 6 ans. Elles sont encore toutes petites et ça les attire assez naturellement comme ça attire n'importe quel enfant parce que c'est des jeux, c'est rigolo, c'est coloré, c'est bien concouru pour eux. Donc, il n'y a pas de raison qu'elles s'en détournent.

  • Speaker #0

    Et là, ça contribue à faire une société de demain. Ce que tu disais, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, beaucoup plus Avertie aussi, oui, à l'aise avec ce support.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'on essaye aussi de faire dans nos ateliers, c'est finalement inviter les enfants à se mettre dans une posture beaucoup plus active. Et je pense que c'est important, cette question de posture vis-à-vis de l'outil. C'est-à-dire que les outils aujourd'hui numériques, les plateformes, etc. sont conçus pour véritablement nous inviter à être très passifs. à être dans une consommation, on observe ce feed, on le fait défiler. Et nous, ce qu'on essaye de faire dans nos ateliers, c'est de rendre les enfants beaucoup plus acteurs en leur montrant qu'ils peuvent aussi créer avec la technologie. Même si c'est du déconnecté, on leur montre comment fonctionne un algorithme et qu'en fin de compte, un algorithme, ils peuvent s'en saisir et ils peuvent, même tout petits, créer leurs premiers petits algorithmes pour, à la fin, être eux-mêmes producteurs de contenu. Et ce qu'on espère, c'est qu'après, Plus tard, en grandissant, ils passent sur écran pour produire leur propre contenu numérique, programmer ou pourquoi pas faire un podcast, une vidéo, j'en sais rien. Mais être moins dans une posture de consommation et plus dans une posture de création.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu te sens par rapport à d'éventuels blocages ? Est-ce qu'il y a encore des... La société, tout ça c'est politique aussi. Est-ce que c'est compliqué ? Est-ce que ça prend de l'ampleur ? Est-ce que tu as... Tu as de la visibilité, tu es quand même reconnue, mais dans les faits, est-ce que ça suit aussi ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Non, je pense qu'on est encore vraiment aux prémices de tout ça, même si effectivement on sent qu'il y a une vraie volonté politique, il y a de plus en plus de personnalités politiques qui se saisissent de la question de l'éducation numérique, parce qu'elles prennent conscience qu'effectivement, notre société est driveée par ça. Aujourd'hui, même les élections, etc., tous les résultats vont découler de la façon dont les personnes, les jeunes sont éduqués aux médias. sont éduqués à la façon dont fonctionne le numérique, l'économie d'attention, etc. Mais malgré tout, je trouve que dans les faits, dans les écoles, dans les familles, il reste encore beaucoup à faire. Et puis on va observer plusieurs typologies de familles et de réactions par rapport à tout ça. Il va y avoir des familles extrêmement averties, je ne sais pas, mais en tous les cas dans une posture très défensive et très protectrice de leurs enfants. Zéro écran, dans une protection extrême de leur enfant. Et je les comprends parce que c'est assez effrayant tout ce qu'on peut entendre et voir passer dans les études scientifiques, etc. Mais à contrario, on va aussi avoir des familles qui, par manque de ressources, par manque de temps, par manque d'accès à l'information, sont dans l'effet inverse et dans un laissé-faire total vis-à-vis du numérique avec des jeunes, des enfants qui sont surexposés et qui pâtissent aussi de cette surexposition parce qu'on sait que ça a des conséquences très délétères sur le développement de l'enfant. Donc voilà, on sent bien qu'il y a des niveaux d'information qui ne sont pas les mêmes, qui ne sont pas les bons bien souvent, et que finalement la vérité et la bonne solution, la bonne vision, elle est au milieu. Elle n'est pas tout blanc, c'est pas tout noir. Il y a évidemment des contenus numériques qui sont très intéressants pour les enfants, même petits. Il s'agit d'accompagner, il s'agit de sélectionner, d'éduquer les parents, les enfants. Mais voilà, effectivement, c'est assez périlleux. Et cette posture de la nuance et du milieu, finalement, elle n'est pas évidente parce qu'on peut vite être taxé ou de laxisme ou au contraire, d'être trop d'un côté ou de l'autre. Alors que véritablement, je crois beaucoup à cette nuance.

  • Speaker #0

    Ce que tu soulignes et ce qui est vrai, c'est l'éducation des parents aussi. L'apprentissage, le rassurer ou même informer. Il y a tout cet aspect-là aussi à travailler.

  • Speaker #1

    On entend de plus en plus parler de parentalité numérique. Je crois qu'effectivement, le numérique en tous les cas re-questionne très fortement notre parentalité parce que ces outils qui sont très facilement accessibles, à portée de... de pouce, il faut en tant que parent qu'on puisse apporter une réponse éducative claire à nos enfants. Et si on n'apporte pas la bonne réponse éducative, on peut mettre nos enfants dans des situations assez périlleuses, soit parce que quand on est dans l'interdit total, l'enfant risque de contourner l'interdit, de cacher, et si demain il est dans une situation vraiment dangereuse, grave. ne pas aller voir son parent et ne pas en référer à l'adulte. Et du coup, à une finée, se retrouver dans une situation encore pire. Mais aussi, si on se dit, il faut vivre avec son temps, je laisse mon enfant faire ce qu'il veut, là encore, ce n'est pas du tout une réponse éducative adaptée. Et donc oui, il faut, en tant que parent, questionner notre parentalité au global pour que la parentalité numérique soit au plus juste. Et c'est hyper important.

  • Speaker #0

    Et questionner et aussi apporter des outils, c'est ce que tu proposes aussi avec ton livre, justement ?

  • Speaker #1

    Oui, clairement, nous, en tant que structure qui propose des ateliers plutôt aux écoles, initialement, on avait très régulièrement des parents qui nous écrivent pour demander « mais moi, qu'est-ce que je fais concrètement à la maison ? » Et donc, j'ai senti qu'il y avait un besoin, effectivement, d'accompagner les familles sur ces sujets. Et le livre, il vise déjà à donner un apport théorique, une base. d'informations vulgarisées, mises à la portée de tout le monde sur ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas, de l'impact des écrans sur les enfants. Comment ça fonctionne aussi, je pense que c'est important de comprendre quels sont les acteurs, quelles sont les forces économiques qui sont derrière tout ça et qui font qu'effectivement, il y a des outils qui vont capter plus l'attention que d'autres.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'enjeux derrière.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a plein d'enjeux énormes en fait. C'est vraiment des superpuissances économiques qui sont derrière les GAFAM. On n'imagine même pas à quel point... Ils sont puissants plus que beaucoup d'États, en fait, de gouvernements. On voit bien, de toute façon, les rapports entre les gouvernements, les GAFAM, etc. Et puis, voilà, concrètement, en tant que parent, qu'est-ce que je peux faire à la maison ? Je pense qu'il y avait vraiment un besoin de réponse là-dessus. Et puis, j'avais aussi envie de montrer aux personnes que ce sujet est plus complexe qu'il n'y paraît, qu'il est vraiment systémique. Voilà, on a évoqué tout à l'heure la place des femmes dans la tech. On voit aussi que les questions d'écologie, les questions de démocratie sont aussi au cœur de ces sujets et viennent à la fin influer sur nos usages et les usages de nos enfants des écrans.

  • Speaker #0

    Et c'était une suite logique dans ton engagement ou une envie d'apporter vraiment des outils ? Et comment tu as trouvé le temps aussi d'ajouter tout ça ? Est-ce qu'il y a eu du retard avec l'éditeur ? Dans l'écriture ?

  • Speaker #1

    Alors, non pas tout à fait. Je crois que j'ai respecté à peu près à 15 jours près la deadline. 15 jours, j'estime que ce n'est pas du retard. Pour moi, c'était une suite logique et c'était aussi un peu une synthèse parce que ça arrivait à un moment de la vie de Coloris où Coloris prenait un nouvel emploi. Avec un changement. Voilà, en intégrant le programme Internet sans crainte, en changeant. d'actionnariat concrètement. Moi, Colori ne m'appartient plus. Je ne suis plus la propriétaire de l'entreprise Colori. D'ailleurs, l'entreprise Colori n'existe plus. C'est devenu un programme au sein d'une autre entreprise. Et je trouvais que c'était intéressant, du coup, effectivement, de livrer un petit peu ma vision de tout ça de manière un peu construite, structurée et d'en profiter pour m'adresser à une nouvelle cible que sont les parents, parce que Colori, c'est plutôt... directement les enfants dans les écoles. Je trouve que c'était le bon moment pour écrire ce livre.

  • Speaker #0

    Et la préface, est-ce que tu peux nous en parler ? À quel moment tu as contacté ou comment ça s'est fait avec Serge Tisseron ? Et quel est son regard aussi par rapport à ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Serge Tisseron, c'est vraiment une personnalité qui a pris la parole très très tôt sur cette question des écrans. Je trouvais que c'était la personne finalement la plus... consistantes parce que il y a un savoir cumulé, il y a un certain nombre de livres, un certain nombre d'actions terrain aussi avec l'association 36912 qui font que Serge Tisseron est aujourd'hui un personnage avec une crédibilité indéniable sur le sujet mais aussi parce que c'est une personne qui a pu voir et apprécier l'évolution du sujet et toujours s'adapter et adapter son discours aux nouvelles avancées scientifiques sur ces questions. Donc pour moi, c'était vraiment un honneur qu'il puisse prendre la parole en introduction de mon livre. Et j'étais super reconnaissante qu'il puisse effectivement trouver que les solutions apportées dans ce livre étaient singulières et puissent correspondre à des besoins modernes des familles d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu l'as évoqué tout à l'heure, que t'abordais des sujets comme l'égalité de filles-garçons, les enjeux écologiques, etc. Est-ce que c'est aussi, et ça regroupe tes idées, que l'éducation numérique ne peut plus être dissociée des enjeux de la société ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne peut plus être dissociée parce que, typiquement, si on prend encore une fois cette question d'égalité filles-garçons, le numérique, c'est un catalyseur de cette question. parce qu'aujourd'hui, ces outils ne sont construits que par des hommes, je l'ai dit tout à l'heure, mais aussi parce que nos usages sont très genrés. Et en tant que femme, on va avoir une expérience connectée qui va être très différente de celle d'un homme, notamment si on commence à s'exposer un petit peu sur les réseaux sociaux, mais aussi par les contenus qui vont nous être poussés. On va très vite se retrouver dans ce qu'on appelle des bulles de filtre. Donc, les bulles de filtre, c'est cette expérience en ligne qui fait qu'on a... sans arrêt les mêmes contenus, enfin les mêmes types de contenus qui nous sont recommandés. Typiquement, une expérience très personnelle de la semaine dernière, j'ai cherché une robe pour un mariage. Mais depuis, j'ai des robes sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt. Et donc voilà, ça vient renforcer comme ça cette vision, ce stéréotype de la femme. Mais sur les garçons, ça peut être aussi des contenus... au fur et à mesure de leur expérience qui vont être de plus en plus masculinistes. Donc peut-être un jeune homme va commencer par chercher des vidéos de sport parce qu'il a envie de prendre soin de soi. Et puis très vite, l'algorithme dérive absolument vers des contenus qui vont construire son identité de genre et construire sa relation à l'autre. Donc on voit bien que, effectivement, cette question fille-garçon... Quelle place ont les femmes ? Quelle place ont les hommes ? Comment on s'éduque à ces sujets ? C'est directement lié aux usages des écrans et on ne peut pas parler de tout ça avec nos enfants sans faire abstraction de ces aspects-là. Et sur l'écologie aussi, pareil, ce serait complètement fou, je trouve, de passer à côté de cette question qui est ô combien brûlante, sans mauvais jeu de mots. Aujourd'hui, le numérique contribue de plus en plus à l'impact. au réchauffement climatique et a un impact énorme sur notre planète de par l'extraction des minéraux, de par les usages qu'on a aussi qui sont assurés par des data centers qui sont extrêmement énergivores. Et nos usages décomplexés, de surexposition, d'abondance de contenu numérique, sont délétères pour nous dans nos styles de vie, dans notre quotidien, mais sont délétères aussi pour la planète. Et on voit bien qu'il y a un cercle évitieux et vertueux, ça dépend de comment on regarde, mais qui plus on a des usages raisonnés, plus ça aura aussi une vertu écologique dans les usages in fine. Donc on voit bien que tout ça est lié.

  • Speaker #0

    Tu as parlé beaucoup dans cet épisode de l'égalité et justement toi en tant que femme qui es dans ce domaine-là, quels sont les retours et est-ce que tu as des retours particuliers à nous partager, positifs comme négatifs, sur toi que tu as ressenti en tant que femme dans ton chemin ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, c'est une question qui en soulève beaucoup d'autres, et notamment la question de l'éducation. Je pense que la femme qu'on est aujourd'hui, c'est l'aboutissement de toute une éducation, de toute une socialisation, d'un certain nombre d'injonctions qu'on a reçues, qui sont parfois très insidieuses et subliminales, où on a le sentiment que pas particulièrement. Et en fait, si, par des petits... des petites choses qu'on va nous dire, des petits quotidiens. Et du coup, moi, je pense qu'en tant qu'entrepreneur, au début, en tous les cas, j'ai manqué un peu de niaque et d'ambition.

  • Speaker #0

    C'est difficile aussi au début. Oui,

  • Speaker #1

    c'est difficile, mais ce côté, un homme n'aurait pas fait la même chose, je l'ai souvent ressenti. C'est vrai que je pense que très souvent, j'ai un peu minimisé, j'ai utilisé. Des mots comme petit ou presque.

  • Speaker #0

    Petite idée qui va peut-être aider.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un petit atelier. Je vais vous faire un petit devis. Je pense que nous, les femmes, on a vraiment cette tendance qui n'est absolument pas innée et qui vient de notre construction en tant que femmes dans la société. Je pense qu'on prendrait des femmes chasseuses cueilleuses. Probablement qu'elles auraient un autre tempérament. Mais en tous les cas... c'est des aspects sur lesquels il faut quand même être très vigilant, dont il faut avoir conscience. Et les biais, pour les déconstruire, il faut effectivement déjà les identifier.

  • Speaker #0

    Dans ton livre, tu parles d'activités ludiques à faire en famille. Est-ce que tu voudrais nous en partager une ?

  • Speaker #1

    Oui, par exemple, avec les tout-petits, il y a le Cherche et Trouve des écrans qui marche bien. Le Cherche et Trouve, c'est une activité qui est très solidaire des petits. Et nous, on en a inventé une sur les écrans en invitant les enfants, une fois qu'ils ont trouvé l'écran en tant que tel, s'interroger sur l'utilité de l'écran, son bien fondé. Donc ça s'appelle le Cherchitrouve des écrans utiles ou futiles. Il n'y a pas de réponse à apporter à l'enfant. L'idée, c'est vraiment d'inviter l'enfant à se questionner sur le bien fondé de tel ou tel usage qu'on a toutes et toutes du numérique. pour qu'on puisse se rendre compte que tout n'est pas acquis, que tout n'est pas normal et positif, mais qu'il y a aussi des choses intéressantes et épanouissantes dans les usages numériques. Mais simplement, pouvoir se poser cette question, avoir accès à ce questionnement, ça nous apparaît intéressant et important pour les gens.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, nourrir ses réflexions, son esprit critique par le ludique.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Des tout petits. Oui. Et alors tes enfants, qu'est-ce qu'ils en pensent de tout ça ? De ton parcours, de ton livre, de tout ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, déjà, je me sens extrêmement reconnaissante vis-à-vis d'eux parce qu'ils m'ont toujours beaucoup encouragée. Ils ont toujours été très enthousiastes, très partants pour participer aux ateliers, pour tester des nouvelles activités. Voilà, c'est vraiment des cobayes adorables. et je sens qu'il y a beaucoup de fierté dans leurs yeux et moi j'ai aussi à coeur d'incarner un peu des messages vis-à-vis d'eux, de à la fois essayer de suivre tes rêves soit ambitieux mais prends soin de toi garde du temps pour ceux que t'aimes je passe beaucoup de temps avec eux et j'essaye de faire que tout ça ne se fasse pas au détriment d'une belle relation, d'un bel équilibre familial, pour moi c'est vraiment fondamental.

  • Speaker #0

    Voilà mon fils le plus grand ça a été vraiment le cobaye coloris parce que j'ai commencé il avait trois ans il a 11 ans aujourd'hui. Il a suivi. Voilà il a suivi et il a fait des tas et des tas d'ateliers. Ma plus belle victoire je crois ça a été récemment une amie qui voulait faire un anniversaire coloris pour sa fille ce qu'on fait pas forcément enfin on propose pas du tout ce format là. Et je lui dis bah c'est une bonne idée d'ailleurs. Oui c'était une bonne idée. Je me suis dit, écoute, je ne vais pas me mettre à faire un devis, etc. Mais si tu veux, je peux proposer à mon fils, qui a fait tous les ateliers coloris, d'animer l'anniversaire de ta fille. Il était hyper partant. Et du coup, il a animé un anniversaire coloris à 11 ans. La relève. Voilà. Pour un enfant qui avait 5 ans. Et c'était génial. Et je me suis dit, ouais, c'est une belle matérialisation de toutes ces années et de tous ces engagements. Et donc,

  • Speaker #1

    j'imagine qu'ils sont ultra sensibilisés à tout ça. Et la preuve qu'ils propagent aussi. ton travail et ton engagement. Oui,

  • Speaker #0

    c'est très attentif, mais je me rends compte que même au sein d'une famille qui est quand même, je crois, un petit peu éduquée et avertie sur ces sujets, ça reste un défi au quotidien parce que ces outils sont très puissants, sont très attrayants, capteurs d'attention. Même pour nous, adultes, on voit bien à quel point nos cerveaux peuvent être faibles parfois quand on est fatigué. on est contrarié, stressé, on a le scroll facile. Pour nos enfants, c'est encore plus vrai. Donc, ça demande encore plus de vigilance.

  • Speaker #1

    C'est bien que tu le dises aussi, parce qu'on pourrait se dire que tu es une figure qui n'a pas de faille. Non, mais on le sait au fond qu'il y en a. Mais voilà, il y a toujours cette idée de... En fait, s'il faut mieux faire et de temps en temps, être un peu à la dérive comme tout le monde, donc c'est... Merci. mais de faire,

  • Speaker #0

    d'anticiper de tout ce qu'on a abordé donc non non je suis pas du tout parfaite et je suis très vulnérable par rapport à ces outils comme nous tous et toutes donc non non vigilance il faut avoir bien conscience de tout ça mettre des règles claires et s'astreindre soi-même à une certaine rigueur

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de cette émission j'ai quelques questions signatures Déjà c'était trop bien Rires Dis-moi pour toi,

  • Speaker #2

    agir,

  • Speaker #1

    ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, pour moi, c'est aimer. Il faut beaucoup d'amour pour soi, déjà, pour être en capacité d'agir. Et je pense que c'est un vrai défi, parce qu'on n'est pas toujours éduqués à apprendre à bien s'aimer. Mais il faut aussi beaucoup aimer les autres, parce qu'agir, ça veut dire avoir un impact potentiellement sur l'autre. Et donc, être attentif à son besoin, à ses limites, à sa place dans la société, à sa spécificité. Donc, je trouve que cette question de l'amour dans l'action, elle est centrale.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien, j'adore. Ça me plaît. Est-ce que tu as une femme qui t'inspire particulièrement ou qui t'a inspirée d'ailleurs dans ce parcours ? Tu en as cité quelques-unes tout à l'heure. Qui est une femme, elles agissent quelque part pour toi. Ta femme, elles agissent.

  • Speaker #0

    Alors moi, je cite beaucoup Maria Montessori. Je suis un peu dépitée parce que ce nom a été un peu galvaudé. On l'a beaucoup entendu parce que d'un point de vue marketing, c'était bien d'avoir un truc Montessori. On s'est perdu un peu sur le fond. Oui, ça c'est un peu perdu, ça c'est vrai. Mais ce qu'il faut vraiment retenir de Montessori, c'est que Maria Montessori, c'était une femme absolument incroyable. Déjà très battante de son époque, elle fait partie des premières femmes médecins italiennes. Elle a dû se battre et contre sa famille et contre les universitaires de l'époque et contre ses pères masculins pour devenir médecin. Elle a dû faire des travaux durant la nuit parce qu'il y avait certaines interventions qui ne se faisaient pas pour les femmes, de tous les corps, etc. Donc elle le faisait la nuit. Elle était absolument incroyable. Et puis elle a eu cette force de porter une vision nouvelle de l'enfant dans le monde entier. Aujourd'hui, des écoles Montessoriens, on en trouve absolument partout dans le monde avec cette même essence, cette même vision de l'enfant. qui aujourd'hui reste encore vrai et encore très vivace.

  • Speaker #1

    Donc tu nous conseilles d'aller creuser un petit peu plus sur son parcours à elle, sur sa vie, et de une source d'inspiration éventuelle.

  • Speaker #0

    Ah oui, une grande source d'inspiration de très grande femme.

  • Speaker #1

    Et dans quel domaine autre que celui qu'on a abordé pendant toute l'émission, tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Très clairement dans l'écologie.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, et... J'ai une amie récemment qui a lancé un documentaire qui cartonne, qui s'appelle In Action. Donc c'est à la fois être en action justement, mais avec le in entre parenthèses. Donc voilà comment on entre en action sur l'écologie. Et elle a cherché à travers ce documentaire à documenter pourquoi, face à une menace qui est... Hyper identifiée, il y a un consensus scientifique, on sait que c'est là devant nous qu'on est en train d'aller dans le mur tous ensemble, on n'agit pas. Et elle est allée voir des universitaires, des activistes, elle a fait une espèce de tour d'Europe avec des personnes qui sont encore très réticentes vis-à-vis de ce sujet pour essayer de comprendre quels sont les mécanismes psychologiques derrière cette inaction. Et je trouve que son documentaire est hyper intéressant et il connaît un succès incroyable. elle l'a lancé en début d'année dernière et elle est en train de faire une tournée partout en France et elle n'arrive plus à répondre à la demande tellement il est demandé et je trouve que ce sujet de l'inaction écologique vraiment me navre et à la fois je me dis il faut qu'on arrive à trouver à craquer ce truc pour qu'enfin on agisse Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    on va rester sur cette pensée, merci beaucoup bonne vie à ton livre bravo pour tout ce que tu fais Et je remettrai évidemment toutes les infos et tous les liens dans la bio. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter. Et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue. et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

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Description

Épisode 96- Amélia Matar – Éduquer au numérique sans écran, éveiller à la citoyenneté


Dans cet épisode, je reçois Amélia Matar, fondatrice de Colori et autrice du livre Les écrans, ça s’apprend (éd. Vuibert, préface Serge Tisseron).


Ensemble, nous parlons d’éducation au numérique dès le plus jeune âge, de parentalité, d’égalité, d’écologie… et de l'importance de la vigilance dans ce domaine.


Comment initier les enfants au numérique sans écran ? Pourquoi l’éducation numérique est un levier d’égalité filles/ garçons et de transformation sociale ? Que peuvent faire concrètement les parents, à la maison, pour accompagner leurs enfants dans leurs usages des écrans ?


Un épisode qui évoque aussi le parcours d'Amélia, d'entrepreneur à intrapreneur, elle nous explique comme elle s'épanouie dans l'innovation, et les propositions pour faire changer les choses.


Amélia Matar nous pousse à envisager l’éducation numérique comme un enjeu systémique, bien au-delà des simples questions d’usage. Ce que les enfants comprennent (ou non) du numérique dès leurs premières années impacte leur posture future : de consommateur·rice passif·ve à citoyen·ne acteur·rice.

Elle révèle aussi comment les écrans sont le miroir d’inégalités plus larges : les biais algorithmiques, la surreprésentation masculine dans les outils numériques, ou encore l’empreinte écologique de notre hyperconnexion. Ce n’est donc pas seulement de parentalité ou de technologie qu’elle parle, mais de pouvoir, de genre, d’avenir commun.

Elle nous invite à occuper l’espace numérique avec conscience et créativité. Et à commencer cet apprentissage… hors écran.


Les phrases fortes d'Amélia dans notre échange :

  • « Agir, pour moi, c’est aimer. Il faut beaucoup d’amour pour soi et pour les autres pour être en capacité d’agir. »

  • « Le numérique façonne nos démocraties : ne pas éduquer les enfants à son usage, c’est leur retirer du pouvoir. »

  • « L’éducation, c’est ce qui peut transformer la société. C’est mon levier d’action le plus fort. »

  • « On ne naît pas passive face aux écrans, on le devient. Il faut apprendre à nos enfants à créer, pas seulement consommer. »

  • « Les petites filles s’éclatent dans nos ateliers. Parce qu’avant d’intégrer les stéréotypes, elles sont curieuses, brillantes, libres. »


Le livre d'Amélia est disponible ici :

https://www.vuibert.fr/livre/9782311151466-les-ecrans-ca-s-apprend


Pour en savoir plus sur Amélia et son travail :

https://colori.fr/

https://www.ameliamatar.fr/


Visionner le documentaireIn Action, sur l’inaction écologique et ses ressorts psychologiques (mentionné en fin d’épisode). https://www.inaction-film.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir.

  • Speaker #1

    J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en levant mon t-shirt et en criant les slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière. Je n'ai pas de mot pour agir. C'est une action. Hello, je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode d'Elles agissent. Aujourd'hui, je reçois Amélia Matar. qui va nous parler de son parcours évidemment, mais aussi s'orienter, cette conversation s'oriente sur les écrans. Ça s'apprend, son livre qui vient de sortir aux éditions Vuber. Et dans son livre, Amélia s'est entourée de spécialistes, surtout pour faire le point sur des questions essentielles autour de la pratique des écrans. L'idée c'est qu'elle nous propose une vision assez globale et systémique de cette question qui est clairement devenue essentielle. Et dans ce livre, vous allez retrouver un état des lieux, de l'impact des écrans, le conseil pratique, adapté à chaque âge des enfants pour poser un cadre éducatif, solide, anticiper les risques et préparer à l'arrivée de l'adolescence. Et vous trouverez aussi dans ce livre 10 activités ludiques et accessibles. Et dans cet épisode, Amélia vous en livre un. Donc je vous laisse découvrir cette fondatrice de Coloris, la première Mac française, qui propose des ateliers d'initiation numérique sans écran. Et cette femme, tout simplement, à découvrir aussi ambitieuse que déterminée qu'engagée. Très bonne écoute. Bonjour Amelia.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te retrouver dans Elles Agissent, enfin, depuis le temps que je voulais t'interviewer. Parce que tu es une femme d'action et qui agit sur plein de choses, plein de domaines. Et donc je suis vraiment très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci infiniment pour l'invitation, je suis ravie également.

  • Speaker #0

    Alors Amelia. ton parcours est inspirant et passionnant, c'est ce que je viens de dire. Tu es une entrepreneur engagée, tu es fondatrice de Coloris, tu es pionnière des ateliers d'initiation au numérique sans écran pour les enfants et tu vas nous le présenter ou représenter parce que je pense que des gens t'écoutent puisque tu as déjà présenté ton parcours et c'est toujours très intéressant de t'écouter. Et aujourd'hui aussi on va parler de ton livre qui s'appelle Les écrans, ça s'apprend qui est sorti chez Vuber et qui est une préface de Serge Tisseron.

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Et donc, dans un monde où le numérique est omniprésent et parfois inquiétant, pour certains parents en tout cas, tu proposes toi une autre voie, en tout cas une piste de réflexion, notamment celle de l'éducation, plutôt que la diabolisation. Ensemble, donc du coup, on va apprendre un petit peu tout ça, comprendre comment mieux accompagner aussi les enfants, si tu as quelques pistes à nous partager, juste quelques-unes parce que tu en as plusieurs. mais aussi Une question que tu soulèves et qui est plus vaste autour de ce sujet, qui est sur notre société, autour de l'égalité, l'écologie et même la citoyenneté. Et donc avant de rentrer plus dans le vif du sujet, j'avais envie que tu nous racontes toi ton chemin avec tes mots. Et si tu devais te présenter, comment tu te définirais maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Aujourd'hui, je me définirais comme une entrepreneur, parce que véritablement, c'est ce qui m'a... déterminée, définie ces dernières années et c'est une expérience qui est quand même très marquante et qui modèle beaucoup le quotidien, la façon de voir les choses. Voilà donc aujourd'hui je dirais que je suis entrepreneur même si en réalité d'un point de vue juridique. Je suis salariée de l'entreprise qui a racheté mon entreprise et donc je suis directrice parentalité du programme Internet sans crainte qui est un programme national. d'éducation au numérique des jeunes et des familles, qui propose tout un espace de ressources à disposition des professionnels, des familles, des jeunes, pour les accompagner dans les usages. Et dorénavant, Coloris s'inscrit dans ce grand contexte. Mais effectivement, j'ai du mal à me départir de cette...

  • Speaker #0

    ...entrepreneuse maintenant, du coup.

  • Speaker #1

    Voilà, peut-être que c'est ça effectivement le bon terme.

  • Speaker #0

    Ce qui te plaît justement, c'est de proposer des projets. C'est dans le côté entrepreneur que tu aimes tant, qui te définit. C'est ce que tu as choisi. C'est d'innover, de bousculer. Qu'est-ce qui te plaît ?

  • Speaker #1

    Clairement, ce qui m'a le plus plu, c'est l'aspect créatif de cette activité où on part d'une feuille blanche. Et puis on construit, pas tout seul évidemment, avec une équipe et en s'appuyant sur des compétences qui sont super précieuses. Je n'ai absolument rien fait toute seule. Mais c'est de voir émerger de rien quelque chose, de voir que les gens s'y intéressent, de voir que ça répond à un vrai besoin, que les gens parlent, s'en saisissent, que ça s'aime. Véritablement, d'être au cœur de tout ça, c'est très grisant.

  • Speaker #0

    C'est passionnant aussi. Et du coup, le numérique pour toi, dans ta vie, quel est son chemin, son parcours depuis le temps que tu t'en souviennes ?

  • Speaker #1

    Oui, ça remonte à vraiment très très loin parce que j'ai grandi avec un papa très geek qui était technicien chez Darty. Et donc on ne disait pas numérique ou digital à l'époque, on parlait plus, c'était l'époque des magnétoscopes, des bibops, etc.

  • Speaker #0

    Quand même l'innovation qui était quand même les formes de...

  • Speaker #1

    Mais oui, et donc moi j'ai grandi au milieu de magnétoscopes ouverts, d'ordinateurs. Très tôt j'ai été équipée moi-même d'un ordinateur, je pense que j'avais 12-13 ans, ce qui à l'époque était très singulier de par mon âge, mais aussi de par mon milieu d'origine, j'ai grandi dans un milieu d'origine pas forcément très favorisé. Et donc, j'ai eu très tôt ce goût, effectivement, de la technologie. Et en grandissant et en cherchant un petit peu ce que j'avais envie de faire de ma vie, j'ai mis beaucoup d'années à trouver. Effectivement, quand toute la startup nation s'est un peu structurée, qu'on a vu émerger ces projets très tech, j'ai senti que c'était là qu'était ma place, même si j'avais envie quand même d'y associer aussi une dimension inclusion, égalité des chances, impact. Mais voilà, je sentais qu'il se passait là quelque chose qui m'intéressait beaucoup.

  • Speaker #0

    Et Colori dans tout ça, c'est arrivé quand et comment dans ta vie et dans ta volonté d'agir justement ?

  • Speaker #1

    Colori, c'est vraiment la rencontre entre tout mon parcours dans le milieu tech, startup, etc. Donc j'étais plutôt sur des métiers pas tellement tech, plus com, mais toujours en lien avec des équipes tech et en lien avec des projets innovants. Et le fait de devenir parent, je pense que ça te parle. C'est ça. Voilà, devenir parent, c'est toute une aventure. Et ça a été une aventure telle que je me suis sentie effectivement embarquée par le sujet, en me disant mais en fait, on ne se rend pas compte à quel point c'est un levier d'action très, très fort sur notre société. Parce qu'évidemment, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain. Et donc, les actions qu'on va pouvoir mener auprès d'eux. vont pouvoir éclore demain et pourquoi pas transformer notre société, faire que notre monde soit un peu meilleur. Et voilà, j'ai senti que véritablement l'éducation au numérique, c'était le sujet qui allait me permettre de porter cette casquette entrepreneuriale que j'essayais de porter depuis un petit moment, mais je cherchais un peu le vrai sujet.

  • Speaker #0

    Et alors ce lancement dans l'entrepreneuriat aussi, ça c'est intéressant de savoir qu'à un moment tu t'es lancée, qu'est-ce qui t'a poussée, a osé ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est des conditions déjà parce que j'avais la possibilité de quitter mon emploi dans de bonnes conditions, j'avais un mari hyper soutenant psychologiquement et économiquement, ce qui est important, et donc j'avais la possibilité économique de prendre le risque et l'envie. aussi évidemment et voilà un enfant qui était petit mais pas trop petit, pas trop grand et puis de toute façon mon sujet c'était l'éducation donc mon enfant c'était un laboratoire vivant c'est ça, ça a été vraiment ce déclic et c'est lié aussi à tes enfants ton entrepreneuriat et ton engagement oui oui très clairement j'avais la certitude que l'éducation c'était que c'est, je continue d'avoir cette certitude très forte Un sujet dont il faudrait s'occuper beaucoup plus dans notre société et qui permet vraiment de faire évoluer considérablement une société. Donc oui, mes enfants ont clairement été un boost de ma motivation et mon envie.

  • Speaker #0

    Apprendre le numérique sans écran, ça peut paraître paradoxal pour certains. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors l'idée de départ, c'était effectivement cette observation que les enfants tout petits sont utilisateurs. d'écran, sont évidemment attirés par tout ça et ils sont, comme nous, baignés dans cette société tout écran et j'observais qu'il y avait finalement assez peu de support pédagogique, d'approche ludique, de jeu, d'explications qui leur soient destinées pour leur permettre d'avoir les bons repères, de comprendre comment tout ça fonctionne et de pouvoir en faire un usage responsable, éclairé, citoyen. Et j'ai commencé à regarder ce qui se faisait un petit peu dans d'autres pays, parce que bien souvent, la France, on est un petit peu à la traîne. Et je me suis aperçue, évidemment, que les pays nordiques... Comme par hasard. Voilà, avec quelques années d'avance, avec notamment une figure là-bas qui s'appelle Linda Lucas, qui est une autrice informaticienne, autrice jeunesse, qui a imaginé tout un univers jeunesse autour de l'enseignement, de l'informatique déconnectée. Aux États-Unis aussi, j'ai identifié une startup du MIT Media Lab qui travaillait sur cette question d'approche déconnectée du numérique. Et je me suis dit, mais oui, il y a un truc effectivement à faire. avec les plus jeunes qui sont en recherche de compréhension, de lecture, de tout ça, mais par le jeu, par des activités déconnectées. Et donc, je me suis rapprochée de pédagogues, de personnes dont c'est le métier de créer ces activités. J'avais moi-même quelques idées d'activités que j'avais envie de tester. Puis, on a conçu des premières activités qu'on a testées en atelier, avec des familles qui se sont dit « oui, tiens, pourquoi pas, effectivement » . Et voilà, on s'est aperçus qu'en fait, c'était... Une vraie bonne idée.

  • Speaker #0

    Une vraie bonne idée avec un vrai impact. Tu vois la réaction des enfants, tu vois comment ils évoluent autour de ça. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #1

    Plein de choses. Effectivement, il y a d'abord leur rapport à ces sujets qu'on voit évoluer. Ils sont beaucoup plus capables d'interroger la discipline, de se saisir de notions assez complexes et donc de comprendre. finalement comment tout ça fonctionne. Ils soulèvent le capot des nouvelles technologies en atelier coloris et ils savent que tout ça, ça fonctionne avec des algorithmes, avec un système logique déterminé, défini, programmé par des hommes, des femmes, avec des intentions précises, avec parfois des intentions qui sont très bonnes, qui le sont moins. Ce qu'on observe aussi, c'est un attrait naturel pour tout ça et notamment des petites filles. Et ça, Ça, c'est un vrai sujet aussi pour nous. On avait envie... de montrer que ce n'est pas un sujet qui est réservé à une certaine catégorie de la population, parce que le problème de tout ça, c'est qu'aujourd'hui, nos outils numériques, nos applications qui façonnent notre quotidien, notre rapport aux autres, sont conçus quasiment exclusivement par des hommes, et avec évidemment du coup beaucoup de biais, et beaucoup d'outils qui ne sont pas adaptés à toutes les populations, et notamment... qui ne sont pas adaptées aux femmes, quand on voit les règles sociaux, c'est un espace typiquement totalement inadapté aux femmes et même très hostile. Et moi j'ai la conviction que s'il y avait plus de femmes qui pouvaient prendre des décisions et qui pouvaient diriger ces outils et être vraiment en position de direction et d'action, on aurait des outils qui seraient beaucoup plus responsables, citoyens, adaptés. Et donc, j'ai aussi la conviction que ça se passe dès les plus jeunes années. Et ça, ce n'est pas qu'une conviction, c'est étayé par la science. On voit qu'effectivement, les filles se détournent très tôt de ces sujets technologiques, mathématiques, scientifiques. Pas parce qu'elles sont moins bonnes, pas du tout, mais parce que notre société les invite à aller vers d'autres choses, vers du care, vers peut-être plus les langues, etc. Alors qu'encore une fois, ces sujets, aujourd'hui, sont au cœur de nos démocraties, de nos sociétés, et qu'on a besoin. absolument de beaucoup plus de diversité. Et donc, en atelier coloré, on observe aussi que les petites filles s'éclatent parce qu'elles n'ont pas encore intégré ces stéréotypes de genre. On intervient, elles ont 3, 4, 5, 6 ans. Elles sont encore toutes petites et ça les attire assez naturellement comme ça attire n'importe quel enfant parce que c'est des jeux, c'est rigolo, c'est coloré, c'est bien concouru pour eux. Donc, il n'y a pas de raison qu'elles s'en détournent.

  • Speaker #0

    Et là, ça contribue à faire une société de demain. Ce que tu disais, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, beaucoup plus Avertie aussi, oui, à l'aise avec ce support.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'on essaye aussi de faire dans nos ateliers, c'est finalement inviter les enfants à se mettre dans une posture beaucoup plus active. Et je pense que c'est important, cette question de posture vis-à-vis de l'outil. C'est-à-dire que les outils aujourd'hui numériques, les plateformes, etc. sont conçus pour véritablement nous inviter à être très passifs. à être dans une consommation, on observe ce feed, on le fait défiler. Et nous, ce qu'on essaye de faire dans nos ateliers, c'est de rendre les enfants beaucoup plus acteurs en leur montrant qu'ils peuvent aussi créer avec la technologie. Même si c'est du déconnecté, on leur montre comment fonctionne un algorithme et qu'en fin de compte, un algorithme, ils peuvent s'en saisir et ils peuvent, même tout petits, créer leurs premiers petits algorithmes pour, à la fin, être eux-mêmes producteurs de contenu. Et ce qu'on espère, c'est qu'après, Plus tard, en grandissant, ils passent sur écran pour produire leur propre contenu numérique, programmer ou pourquoi pas faire un podcast, une vidéo, j'en sais rien. Mais être moins dans une posture de consommation et plus dans une posture de création.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu te sens par rapport à d'éventuels blocages ? Est-ce qu'il y a encore des... La société, tout ça c'est politique aussi. Est-ce que c'est compliqué ? Est-ce que ça prend de l'ampleur ? Est-ce que tu as... Tu as de la visibilité, tu es quand même reconnue, mais dans les faits, est-ce que ça suit aussi ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Non, je pense qu'on est encore vraiment aux prémices de tout ça, même si effectivement on sent qu'il y a une vraie volonté politique, il y a de plus en plus de personnalités politiques qui se saisissent de la question de l'éducation numérique, parce qu'elles prennent conscience qu'effectivement, notre société est driveée par ça. Aujourd'hui, même les élections, etc., tous les résultats vont découler de la façon dont les personnes, les jeunes sont éduqués aux médias. sont éduqués à la façon dont fonctionne le numérique, l'économie d'attention, etc. Mais malgré tout, je trouve que dans les faits, dans les écoles, dans les familles, il reste encore beaucoup à faire. Et puis on va observer plusieurs typologies de familles et de réactions par rapport à tout ça. Il va y avoir des familles extrêmement averties, je ne sais pas, mais en tous les cas dans une posture très défensive et très protectrice de leurs enfants. Zéro écran, dans une protection extrême de leur enfant. Et je les comprends parce que c'est assez effrayant tout ce qu'on peut entendre et voir passer dans les études scientifiques, etc. Mais à contrario, on va aussi avoir des familles qui, par manque de ressources, par manque de temps, par manque d'accès à l'information, sont dans l'effet inverse et dans un laissé-faire total vis-à-vis du numérique avec des jeunes, des enfants qui sont surexposés et qui pâtissent aussi de cette surexposition parce qu'on sait que ça a des conséquences très délétères sur le développement de l'enfant. Donc voilà, on sent bien qu'il y a des niveaux d'information qui ne sont pas les mêmes, qui ne sont pas les bons bien souvent, et que finalement la vérité et la bonne solution, la bonne vision, elle est au milieu. Elle n'est pas tout blanc, c'est pas tout noir. Il y a évidemment des contenus numériques qui sont très intéressants pour les enfants, même petits. Il s'agit d'accompagner, il s'agit de sélectionner, d'éduquer les parents, les enfants. Mais voilà, effectivement, c'est assez périlleux. Et cette posture de la nuance et du milieu, finalement, elle n'est pas évidente parce qu'on peut vite être taxé ou de laxisme ou au contraire, d'être trop d'un côté ou de l'autre. Alors que véritablement, je crois beaucoup à cette nuance.

  • Speaker #0

    Ce que tu soulignes et ce qui est vrai, c'est l'éducation des parents aussi. L'apprentissage, le rassurer ou même informer. Il y a tout cet aspect-là aussi à travailler.

  • Speaker #1

    On entend de plus en plus parler de parentalité numérique. Je crois qu'effectivement, le numérique en tous les cas re-questionne très fortement notre parentalité parce que ces outils qui sont très facilement accessibles, à portée de... de pouce, il faut en tant que parent qu'on puisse apporter une réponse éducative claire à nos enfants. Et si on n'apporte pas la bonne réponse éducative, on peut mettre nos enfants dans des situations assez périlleuses, soit parce que quand on est dans l'interdit total, l'enfant risque de contourner l'interdit, de cacher, et si demain il est dans une situation vraiment dangereuse, grave. ne pas aller voir son parent et ne pas en référer à l'adulte. Et du coup, à une finée, se retrouver dans une situation encore pire. Mais aussi, si on se dit, il faut vivre avec son temps, je laisse mon enfant faire ce qu'il veut, là encore, ce n'est pas du tout une réponse éducative adaptée. Et donc oui, il faut, en tant que parent, questionner notre parentalité au global pour que la parentalité numérique soit au plus juste. Et c'est hyper important.

  • Speaker #0

    Et questionner et aussi apporter des outils, c'est ce que tu proposes aussi avec ton livre, justement ?

  • Speaker #1

    Oui, clairement, nous, en tant que structure qui propose des ateliers plutôt aux écoles, initialement, on avait très régulièrement des parents qui nous écrivent pour demander « mais moi, qu'est-ce que je fais concrètement à la maison ? » Et donc, j'ai senti qu'il y avait un besoin, effectivement, d'accompagner les familles sur ces sujets. Et le livre, il vise déjà à donner un apport théorique, une base. d'informations vulgarisées, mises à la portée de tout le monde sur ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas, de l'impact des écrans sur les enfants. Comment ça fonctionne aussi, je pense que c'est important de comprendre quels sont les acteurs, quelles sont les forces économiques qui sont derrière tout ça et qui font qu'effectivement, il y a des outils qui vont capter plus l'attention que d'autres.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'enjeux derrière.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a plein d'enjeux énormes en fait. C'est vraiment des superpuissances économiques qui sont derrière les GAFAM. On n'imagine même pas à quel point... Ils sont puissants plus que beaucoup d'États, en fait, de gouvernements. On voit bien, de toute façon, les rapports entre les gouvernements, les GAFAM, etc. Et puis, voilà, concrètement, en tant que parent, qu'est-ce que je peux faire à la maison ? Je pense qu'il y avait vraiment un besoin de réponse là-dessus. Et puis, j'avais aussi envie de montrer aux personnes que ce sujet est plus complexe qu'il n'y paraît, qu'il est vraiment systémique. Voilà, on a évoqué tout à l'heure la place des femmes dans la tech. On voit aussi que les questions d'écologie, les questions de démocratie sont aussi au cœur de ces sujets et viennent à la fin influer sur nos usages et les usages de nos enfants des écrans.

  • Speaker #0

    Et c'était une suite logique dans ton engagement ou une envie d'apporter vraiment des outils ? Et comment tu as trouvé le temps aussi d'ajouter tout ça ? Est-ce qu'il y a eu du retard avec l'éditeur ? Dans l'écriture ?

  • Speaker #1

    Alors, non pas tout à fait. Je crois que j'ai respecté à peu près à 15 jours près la deadline. 15 jours, j'estime que ce n'est pas du retard. Pour moi, c'était une suite logique et c'était aussi un peu une synthèse parce que ça arrivait à un moment de la vie de Coloris où Coloris prenait un nouvel emploi. Avec un changement. Voilà, en intégrant le programme Internet sans crainte, en changeant. d'actionnariat concrètement. Moi, Colori ne m'appartient plus. Je ne suis plus la propriétaire de l'entreprise Colori. D'ailleurs, l'entreprise Colori n'existe plus. C'est devenu un programme au sein d'une autre entreprise. Et je trouvais que c'était intéressant, du coup, effectivement, de livrer un petit peu ma vision de tout ça de manière un peu construite, structurée et d'en profiter pour m'adresser à une nouvelle cible que sont les parents, parce que Colori, c'est plutôt... directement les enfants dans les écoles. Je trouve que c'était le bon moment pour écrire ce livre.

  • Speaker #0

    Et la préface, est-ce que tu peux nous en parler ? À quel moment tu as contacté ou comment ça s'est fait avec Serge Tisseron ? Et quel est son regard aussi par rapport à ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Serge Tisseron, c'est vraiment une personnalité qui a pris la parole très très tôt sur cette question des écrans. Je trouvais que c'était la personne finalement la plus... consistantes parce que il y a un savoir cumulé, il y a un certain nombre de livres, un certain nombre d'actions terrain aussi avec l'association 36912 qui font que Serge Tisseron est aujourd'hui un personnage avec une crédibilité indéniable sur le sujet mais aussi parce que c'est une personne qui a pu voir et apprécier l'évolution du sujet et toujours s'adapter et adapter son discours aux nouvelles avancées scientifiques sur ces questions. Donc pour moi, c'était vraiment un honneur qu'il puisse prendre la parole en introduction de mon livre. Et j'étais super reconnaissante qu'il puisse effectivement trouver que les solutions apportées dans ce livre étaient singulières et puissent correspondre à des besoins modernes des familles d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu l'as évoqué tout à l'heure, que t'abordais des sujets comme l'égalité de filles-garçons, les enjeux écologiques, etc. Est-ce que c'est aussi, et ça regroupe tes idées, que l'éducation numérique ne peut plus être dissociée des enjeux de la société ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne peut plus être dissociée parce que, typiquement, si on prend encore une fois cette question d'égalité filles-garçons, le numérique, c'est un catalyseur de cette question. parce qu'aujourd'hui, ces outils ne sont construits que par des hommes, je l'ai dit tout à l'heure, mais aussi parce que nos usages sont très genrés. Et en tant que femme, on va avoir une expérience connectée qui va être très différente de celle d'un homme, notamment si on commence à s'exposer un petit peu sur les réseaux sociaux, mais aussi par les contenus qui vont nous être poussés. On va très vite se retrouver dans ce qu'on appelle des bulles de filtre. Donc, les bulles de filtre, c'est cette expérience en ligne qui fait qu'on a... sans arrêt les mêmes contenus, enfin les mêmes types de contenus qui nous sont recommandés. Typiquement, une expérience très personnelle de la semaine dernière, j'ai cherché une robe pour un mariage. Mais depuis, j'ai des robes sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt. Et donc voilà, ça vient renforcer comme ça cette vision, ce stéréotype de la femme. Mais sur les garçons, ça peut être aussi des contenus... au fur et à mesure de leur expérience qui vont être de plus en plus masculinistes. Donc peut-être un jeune homme va commencer par chercher des vidéos de sport parce qu'il a envie de prendre soin de soi. Et puis très vite, l'algorithme dérive absolument vers des contenus qui vont construire son identité de genre et construire sa relation à l'autre. Donc on voit bien que, effectivement, cette question fille-garçon... Quelle place ont les femmes ? Quelle place ont les hommes ? Comment on s'éduque à ces sujets ? C'est directement lié aux usages des écrans et on ne peut pas parler de tout ça avec nos enfants sans faire abstraction de ces aspects-là. Et sur l'écologie aussi, pareil, ce serait complètement fou, je trouve, de passer à côté de cette question qui est ô combien brûlante, sans mauvais jeu de mots. Aujourd'hui, le numérique contribue de plus en plus à l'impact. au réchauffement climatique et a un impact énorme sur notre planète de par l'extraction des minéraux, de par les usages qu'on a aussi qui sont assurés par des data centers qui sont extrêmement énergivores. Et nos usages décomplexés, de surexposition, d'abondance de contenu numérique, sont délétères pour nous dans nos styles de vie, dans notre quotidien, mais sont délétères aussi pour la planète. Et on voit bien qu'il y a un cercle évitieux et vertueux, ça dépend de comment on regarde, mais qui plus on a des usages raisonnés, plus ça aura aussi une vertu écologique dans les usages in fine. Donc on voit bien que tout ça est lié.

  • Speaker #0

    Tu as parlé beaucoup dans cet épisode de l'égalité et justement toi en tant que femme qui es dans ce domaine-là, quels sont les retours et est-ce que tu as des retours particuliers à nous partager, positifs comme négatifs, sur toi que tu as ressenti en tant que femme dans ton chemin ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, c'est une question qui en soulève beaucoup d'autres, et notamment la question de l'éducation. Je pense que la femme qu'on est aujourd'hui, c'est l'aboutissement de toute une éducation, de toute une socialisation, d'un certain nombre d'injonctions qu'on a reçues, qui sont parfois très insidieuses et subliminales, où on a le sentiment que pas particulièrement. Et en fait, si, par des petits... des petites choses qu'on va nous dire, des petits quotidiens. Et du coup, moi, je pense qu'en tant qu'entrepreneur, au début, en tous les cas, j'ai manqué un peu de niaque et d'ambition.

  • Speaker #0

    C'est difficile aussi au début. Oui,

  • Speaker #1

    c'est difficile, mais ce côté, un homme n'aurait pas fait la même chose, je l'ai souvent ressenti. C'est vrai que je pense que très souvent, j'ai un peu minimisé, j'ai utilisé. Des mots comme petit ou presque.

  • Speaker #0

    Petite idée qui va peut-être aider.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un petit atelier. Je vais vous faire un petit devis. Je pense que nous, les femmes, on a vraiment cette tendance qui n'est absolument pas innée et qui vient de notre construction en tant que femmes dans la société. Je pense qu'on prendrait des femmes chasseuses cueilleuses. Probablement qu'elles auraient un autre tempérament. Mais en tous les cas... c'est des aspects sur lesquels il faut quand même être très vigilant, dont il faut avoir conscience. Et les biais, pour les déconstruire, il faut effectivement déjà les identifier.

  • Speaker #0

    Dans ton livre, tu parles d'activités ludiques à faire en famille. Est-ce que tu voudrais nous en partager une ?

  • Speaker #1

    Oui, par exemple, avec les tout-petits, il y a le Cherche et Trouve des écrans qui marche bien. Le Cherche et Trouve, c'est une activité qui est très solidaire des petits. Et nous, on en a inventé une sur les écrans en invitant les enfants, une fois qu'ils ont trouvé l'écran en tant que tel, s'interroger sur l'utilité de l'écran, son bien fondé. Donc ça s'appelle le Cherchitrouve des écrans utiles ou futiles. Il n'y a pas de réponse à apporter à l'enfant. L'idée, c'est vraiment d'inviter l'enfant à se questionner sur le bien fondé de tel ou tel usage qu'on a toutes et toutes du numérique. pour qu'on puisse se rendre compte que tout n'est pas acquis, que tout n'est pas normal et positif, mais qu'il y a aussi des choses intéressantes et épanouissantes dans les usages numériques. Mais simplement, pouvoir se poser cette question, avoir accès à ce questionnement, ça nous apparaît intéressant et important pour les gens.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, nourrir ses réflexions, son esprit critique par le ludique.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Des tout petits. Oui. Et alors tes enfants, qu'est-ce qu'ils en pensent de tout ça ? De ton parcours, de ton livre, de tout ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, déjà, je me sens extrêmement reconnaissante vis-à-vis d'eux parce qu'ils m'ont toujours beaucoup encouragée. Ils ont toujours été très enthousiastes, très partants pour participer aux ateliers, pour tester des nouvelles activités. Voilà, c'est vraiment des cobayes adorables. et je sens qu'il y a beaucoup de fierté dans leurs yeux et moi j'ai aussi à coeur d'incarner un peu des messages vis-à-vis d'eux, de à la fois essayer de suivre tes rêves soit ambitieux mais prends soin de toi garde du temps pour ceux que t'aimes je passe beaucoup de temps avec eux et j'essaye de faire que tout ça ne se fasse pas au détriment d'une belle relation, d'un bel équilibre familial, pour moi c'est vraiment fondamental.

  • Speaker #0

    Voilà mon fils le plus grand ça a été vraiment le cobaye coloris parce que j'ai commencé il avait trois ans il a 11 ans aujourd'hui. Il a suivi. Voilà il a suivi et il a fait des tas et des tas d'ateliers. Ma plus belle victoire je crois ça a été récemment une amie qui voulait faire un anniversaire coloris pour sa fille ce qu'on fait pas forcément enfin on propose pas du tout ce format là. Et je lui dis bah c'est une bonne idée d'ailleurs. Oui c'était une bonne idée. Je me suis dit, écoute, je ne vais pas me mettre à faire un devis, etc. Mais si tu veux, je peux proposer à mon fils, qui a fait tous les ateliers coloris, d'animer l'anniversaire de ta fille. Il était hyper partant. Et du coup, il a animé un anniversaire coloris à 11 ans. La relève. Voilà. Pour un enfant qui avait 5 ans. Et c'était génial. Et je me suis dit, ouais, c'est une belle matérialisation de toutes ces années et de tous ces engagements. Et donc,

  • Speaker #1

    j'imagine qu'ils sont ultra sensibilisés à tout ça. Et la preuve qu'ils propagent aussi. ton travail et ton engagement. Oui,

  • Speaker #0

    c'est très attentif, mais je me rends compte que même au sein d'une famille qui est quand même, je crois, un petit peu éduquée et avertie sur ces sujets, ça reste un défi au quotidien parce que ces outils sont très puissants, sont très attrayants, capteurs d'attention. Même pour nous, adultes, on voit bien à quel point nos cerveaux peuvent être faibles parfois quand on est fatigué. on est contrarié, stressé, on a le scroll facile. Pour nos enfants, c'est encore plus vrai. Donc, ça demande encore plus de vigilance.

  • Speaker #1

    C'est bien que tu le dises aussi, parce qu'on pourrait se dire que tu es une figure qui n'a pas de faille. Non, mais on le sait au fond qu'il y en a. Mais voilà, il y a toujours cette idée de... En fait, s'il faut mieux faire et de temps en temps, être un peu à la dérive comme tout le monde, donc c'est... Merci. mais de faire,

  • Speaker #0

    d'anticiper de tout ce qu'on a abordé donc non non je suis pas du tout parfaite et je suis très vulnérable par rapport à ces outils comme nous tous et toutes donc non non vigilance il faut avoir bien conscience de tout ça mettre des règles claires et s'astreindre soi-même à une certaine rigueur

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de cette émission j'ai quelques questions signatures Déjà c'était trop bien Rires Dis-moi pour toi,

  • Speaker #2

    agir,

  • Speaker #1

    ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, pour moi, c'est aimer. Il faut beaucoup d'amour pour soi, déjà, pour être en capacité d'agir. Et je pense que c'est un vrai défi, parce qu'on n'est pas toujours éduqués à apprendre à bien s'aimer. Mais il faut aussi beaucoup aimer les autres, parce qu'agir, ça veut dire avoir un impact potentiellement sur l'autre. Et donc, être attentif à son besoin, à ses limites, à sa place dans la société, à sa spécificité. Donc, je trouve que cette question de l'amour dans l'action, elle est centrale.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien, j'adore. Ça me plaît. Est-ce que tu as une femme qui t'inspire particulièrement ou qui t'a inspirée d'ailleurs dans ce parcours ? Tu en as cité quelques-unes tout à l'heure. Qui est une femme, elles agissent quelque part pour toi. Ta femme, elles agissent.

  • Speaker #0

    Alors moi, je cite beaucoup Maria Montessori. Je suis un peu dépitée parce que ce nom a été un peu galvaudé. On l'a beaucoup entendu parce que d'un point de vue marketing, c'était bien d'avoir un truc Montessori. On s'est perdu un peu sur le fond. Oui, ça c'est un peu perdu, ça c'est vrai. Mais ce qu'il faut vraiment retenir de Montessori, c'est que Maria Montessori, c'était une femme absolument incroyable. Déjà très battante de son époque, elle fait partie des premières femmes médecins italiennes. Elle a dû se battre et contre sa famille et contre les universitaires de l'époque et contre ses pères masculins pour devenir médecin. Elle a dû faire des travaux durant la nuit parce qu'il y avait certaines interventions qui ne se faisaient pas pour les femmes, de tous les corps, etc. Donc elle le faisait la nuit. Elle était absolument incroyable. Et puis elle a eu cette force de porter une vision nouvelle de l'enfant dans le monde entier. Aujourd'hui, des écoles Montessoriens, on en trouve absolument partout dans le monde avec cette même essence, cette même vision de l'enfant. qui aujourd'hui reste encore vrai et encore très vivace.

  • Speaker #1

    Donc tu nous conseilles d'aller creuser un petit peu plus sur son parcours à elle, sur sa vie, et de une source d'inspiration éventuelle.

  • Speaker #0

    Ah oui, une grande source d'inspiration de très grande femme.

  • Speaker #1

    Et dans quel domaine autre que celui qu'on a abordé pendant toute l'émission, tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Très clairement dans l'écologie.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, et... J'ai une amie récemment qui a lancé un documentaire qui cartonne, qui s'appelle In Action. Donc c'est à la fois être en action justement, mais avec le in entre parenthèses. Donc voilà comment on entre en action sur l'écologie. Et elle a cherché à travers ce documentaire à documenter pourquoi, face à une menace qui est... Hyper identifiée, il y a un consensus scientifique, on sait que c'est là devant nous qu'on est en train d'aller dans le mur tous ensemble, on n'agit pas. Et elle est allée voir des universitaires, des activistes, elle a fait une espèce de tour d'Europe avec des personnes qui sont encore très réticentes vis-à-vis de ce sujet pour essayer de comprendre quels sont les mécanismes psychologiques derrière cette inaction. Et je trouve que son documentaire est hyper intéressant et il connaît un succès incroyable. elle l'a lancé en début d'année dernière et elle est en train de faire une tournée partout en France et elle n'arrive plus à répondre à la demande tellement il est demandé et je trouve que ce sujet de l'inaction écologique vraiment me navre et à la fois je me dis il faut qu'on arrive à trouver à craquer ce truc pour qu'enfin on agisse Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    on va rester sur cette pensée, merci beaucoup bonne vie à ton livre bravo pour tout ce que tu fais Et je remettrai évidemment toutes les infos et tous les liens dans la bio. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter. Et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue. et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

Description

Épisode 96- Amélia Matar – Éduquer au numérique sans écran, éveiller à la citoyenneté


Dans cet épisode, je reçois Amélia Matar, fondatrice de Colori et autrice du livre Les écrans, ça s’apprend (éd. Vuibert, préface Serge Tisseron).


Ensemble, nous parlons d’éducation au numérique dès le plus jeune âge, de parentalité, d’égalité, d’écologie… et de l'importance de la vigilance dans ce domaine.


Comment initier les enfants au numérique sans écran ? Pourquoi l’éducation numérique est un levier d’égalité filles/ garçons et de transformation sociale ? Que peuvent faire concrètement les parents, à la maison, pour accompagner leurs enfants dans leurs usages des écrans ?


Un épisode qui évoque aussi le parcours d'Amélia, d'entrepreneur à intrapreneur, elle nous explique comme elle s'épanouie dans l'innovation, et les propositions pour faire changer les choses.


Amélia Matar nous pousse à envisager l’éducation numérique comme un enjeu systémique, bien au-delà des simples questions d’usage. Ce que les enfants comprennent (ou non) du numérique dès leurs premières années impacte leur posture future : de consommateur·rice passif·ve à citoyen·ne acteur·rice.

Elle révèle aussi comment les écrans sont le miroir d’inégalités plus larges : les biais algorithmiques, la surreprésentation masculine dans les outils numériques, ou encore l’empreinte écologique de notre hyperconnexion. Ce n’est donc pas seulement de parentalité ou de technologie qu’elle parle, mais de pouvoir, de genre, d’avenir commun.

Elle nous invite à occuper l’espace numérique avec conscience et créativité. Et à commencer cet apprentissage… hors écran.


Les phrases fortes d'Amélia dans notre échange :

  • « Agir, pour moi, c’est aimer. Il faut beaucoup d’amour pour soi et pour les autres pour être en capacité d’agir. »

  • « Le numérique façonne nos démocraties : ne pas éduquer les enfants à son usage, c’est leur retirer du pouvoir. »

  • « L’éducation, c’est ce qui peut transformer la société. C’est mon levier d’action le plus fort. »

  • « On ne naît pas passive face aux écrans, on le devient. Il faut apprendre à nos enfants à créer, pas seulement consommer. »

  • « Les petites filles s’éclatent dans nos ateliers. Parce qu’avant d’intégrer les stéréotypes, elles sont curieuses, brillantes, libres. »


Le livre d'Amélia est disponible ici :

https://www.vuibert.fr/livre/9782311151466-les-ecrans-ca-s-apprend


Pour en savoir plus sur Amélia et son travail :

https://colori.fr/

https://www.ameliamatar.fr/


Visionner le documentaireIn Action, sur l’inaction écologique et ses ressorts psychologiques (mentionné en fin d’épisode). https://www.inaction-film.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir.

  • Speaker #1

    J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en levant mon t-shirt et en criant les slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière. Je n'ai pas de mot pour agir. C'est une action. Hello, je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode d'Elles agissent. Aujourd'hui, je reçois Amélia Matar. qui va nous parler de son parcours évidemment, mais aussi s'orienter, cette conversation s'oriente sur les écrans. Ça s'apprend, son livre qui vient de sortir aux éditions Vuber. Et dans son livre, Amélia s'est entourée de spécialistes, surtout pour faire le point sur des questions essentielles autour de la pratique des écrans. L'idée c'est qu'elle nous propose une vision assez globale et systémique de cette question qui est clairement devenue essentielle. Et dans ce livre, vous allez retrouver un état des lieux, de l'impact des écrans, le conseil pratique, adapté à chaque âge des enfants pour poser un cadre éducatif, solide, anticiper les risques et préparer à l'arrivée de l'adolescence. Et vous trouverez aussi dans ce livre 10 activités ludiques et accessibles. Et dans cet épisode, Amélia vous en livre un. Donc je vous laisse découvrir cette fondatrice de Coloris, la première Mac française, qui propose des ateliers d'initiation numérique sans écran. Et cette femme, tout simplement, à découvrir aussi ambitieuse que déterminée qu'engagée. Très bonne écoute. Bonjour Amelia.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te retrouver dans Elles Agissent, enfin, depuis le temps que je voulais t'interviewer. Parce que tu es une femme d'action et qui agit sur plein de choses, plein de domaines. Et donc je suis vraiment très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    Merci infiniment pour l'invitation, je suis ravie également.

  • Speaker #0

    Alors Amelia. ton parcours est inspirant et passionnant, c'est ce que je viens de dire. Tu es une entrepreneur engagée, tu es fondatrice de Coloris, tu es pionnière des ateliers d'initiation au numérique sans écran pour les enfants et tu vas nous le présenter ou représenter parce que je pense que des gens t'écoutent puisque tu as déjà présenté ton parcours et c'est toujours très intéressant de t'écouter. Et aujourd'hui aussi on va parler de ton livre qui s'appelle Les écrans, ça s'apprend qui est sorti chez Vuber et qui est une préface de Serge Tisseron.

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Et donc, dans un monde où le numérique est omniprésent et parfois inquiétant, pour certains parents en tout cas, tu proposes toi une autre voie, en tout cas une piste de réflexion, notamment celle de l'éducation, plutôt que la diabolisation. Ensemble, donc du coup, on va apprendre un petit peu tout ça, comprendre comment mieux accompagner aussi les enfants, si tu as quelques pistes à nous partager, juste quelques-unes parce que tu en as plusieurs. mais aussi Une question que tu soulèves et qui est plus vaste autour de ce sujet, qui est sur notre société, autour de l'égalité, l'écologie et même la citoyenneté. Et donc avant de rentrer plus dans le vif du sujet, j'avais envie que tu nous racontes toi ton chemin avec tes mots. Et si tu devais te présenter, comment tu te définirais maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Aujourd'hui, je me définirais comme une entrepreneur, parce que véritablement, c'est ce qui m'a... déterminée, définie ces dernières années et c'est une expérience qui est quand même très marquante et qui modèle beaucoup le quotidien, la façon de voir les choses. Voilà donc aujourd'hui je dirais que je suis entrepreneur même si en réalité d'un point de vue juridique. Je suis salariée de l'entreprise qui a racheté mon entreprise et donc je suis directrice parentalité du programme Internet sans crainte qui est un programme national. d'éducation au numérique des jeunes et des familles, qui propose tout un espace de ressources à disposition des professionnels, des familles, des jeunes, pour les accompagner dans les usages. Et dorénavant, Coloris s'inscrit dans ce grand contexte. Mais effectivement, j'ai du mal à me départir de cette...

  • Speaker #0

    ...entrepreneuse maintenant, du coup.

  • Speaker #1

    Voilà, peut-être que c'est ça effectivement le bon terme.

  • Speaker #0

    Ce qui te plaît justement, c'est de proposer des projets. C'est dans le côté entrepreneur que tu aimes tant, qui te définit. C'est ce que tu as choisi. C'est d'innover, de bousculer. Qu'est-ce qui te plaît ?

  • Speaker #1

    Clairement, ce qui m'a le plus plu, c'est l'aspect créatif de cette activité où on part d'une feuille blanche. Et puis on construit, pas tout seul évidemment, avec une équipe et en s'appuyant sur des compétences qui sont super précieuses. Je n'ai absolument rien fait toute seule. Mais c'est de voir émerger de rien quelque chose, de voir que les gens s'y intéressent, de voir que ça répond à un vrai besoin, que les gens parlent, s'en saisissent, que ça s'aime. Véritablement, d'être au cœur de tout ça, c'est très grisant.

  • Speaker #0

    C'est passionnant aussi. Et du coup, le numérique pour toi, dans ta vie, quel est son chemin, son parcours depuis le temps que tu t'en souviennes ?

  • Speaker #1

    Oui, ça remonte à vraiment très très loin parce que j'ai grandi avec un papa très geek qui était technicien chez Darty. Et donc on ne disait pas numérique ou digital à l'époque, on parlait plus, c'était l'époque des magnétoscopes, des bibops, etc.

  • Speaker #0

    Quand même l'innovation qui était quand même les formes de...

  • Speaker #1

    Mais oui, et donc moi j'ai grandi au milieu de magnétoscopes ouverts, d'ordinateurs. Très tôt j'ai été équipée moi-même d'un ordinateur, je pense que j'avais 12-13 ans, ce qui à l'époque était très singulier de par mon âge, mais aussi de par mon milieu d'origine, j'ai grandi dans un milieu d'origine pas forcément très favorisé. Et donc, j'ai eu très tôt ce goût, effectivement, de la technologie. Et en grandissant et en cherchant un petit peu ce que j'avais envie de faire de ma vie, j'ai mis beaucoup d'années à trouver. Effectivement, quand toute la startup nation s'est un peu structurée, qu'on a vu émerger ces projets très tech, j'ai senti que c'était là qu'était ma place, même si j'avais envie quand même d'y associer aussi une dimension inclusion, égalité des chances, impact. Mais voilà, je sentais qu'il se passait là quelque chose qui m'intéressait beaucoup.

  • Speaker #0

    Et Colori dans tout ça, c'est arrivé quand et comment dans ta vie et dans ta volonté d'agir justement ?

  • Speaker #1

    Colori, c'est vraiment la rencontre entre tout mon parcours dans le milieu tech, startup, etc. Donc j'étais plutôt sur des métiers pas tellement tech, plus com, mais toujours en lien avec des équipes tech et en lien avec des projets innovants. Et le fait de devenir parent, je pense que ça te parle. C'est ça. Voilà, devenir parent, c'est toute une aventure. Et ça a été une aventure telle que je me suis sentie effectivement embarquée par le sujet, en me disant mais en fait, on ne se rend pas compte à quel point c'est un levier d'action très, très fort sur notre société. Parce qu'évidemment, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain. Et donc, les actions qu'on va pouvoir mener auprès d'eux. vont pouvoir éclore demain et pourquoi pas transformer notre société, faire que notre monde soit un peu meilleur. Et voilà, j'ai senti que véritablement l'éducation au numérique, c'était le sujet qui allait me permettre de porter cette casquette entrepreneuriale que j'essayais de porter depuis un petit moment, mais je cherchais un peu le vrai sujet.

  • Speaker #0

    Et alors ce lancement dans l'entrepreneuriat aussi, ça c'est intéressant de savoir qu'à un moment tu t'es lancée, qu'est-ce qui t'a poussée, a osé ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est des conditions déjà parce que j'avais la possibilité de quitter mon emploi dans de bonnes conditions, j'avais un mari hyper soutenant psychologiquement et économiquement, ce qui est important, et donc j'avais la possibilité économique de prendre le risque et l'envie. aussi évidemment et voilà un enfant qui était petit mais pas trop petit, pas trop grand et puis de toute façon mon sujet c'était l'éducation donc mon enfant c'était un laboratoire vivant c'est ça, ça a été vraiment ce déclic et c'est lié aussi à tes enfants ton entrepreneuriat et ton engagement oui oui très clairement j'avais la certitude que l'éducation c'était que c'est, je continue d'avoir cette certitude très forte Un sujet dont il faudrait s'occuper beaucoup plus dans notre société et qui permet vraiment de faire évoluer considérablement une société. Donc oui, mes enfants ont clairement été un boost de ma motivation et mon envie.

  • Speaker #0

    Apprendre le numérique sans écran, ça peut paraître paradoxal pour certains. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors l'idée de départ, c'était effectivement cette observation que les enfants tout petits sont utilisateurs. d'écran, sont évidemment attirés par tout ça et ils sont, comme nous, baignés dans cette société tout écran et j'observais qu'il y avait finalement assez peu de support pédagogique, d'approche ludique, de jeu, d'explications qui leur soient destinées pour leur permettre d'avoir les bons repères, de comprendre comment tout ça fonctionne et de pouvoir en faire un usage responsable, éclairé, citoyen. Et j'ai commencé à regarder ce qui se faisait un petit peu dans d'autres pays, parce que bien souvent, la France, on est un petit peu à la traîne. Et je me suis aperçue, évidemment, que les pays nordiques... Comme par hasard. Voilà, avec quelques années d'avance, avec notamment une figure là-bas qui s'appelle Linda Lucas, qui est une autrice informaticienne, autrice jeunesse, qui a imaginé tout un univers jeunesse autour de l'enseignement, de l'informatique déconnectée. Aux États-Unis aussi, j'ai identifié une startup du MIT Media Lab qui travaillait sur cette question d'approche déconnectée du numérique. Et je me suis dit, mais oui, il y a un truc effectivement à faire. avec les plus jeunes qui sont en recherche de compréhension, de lecture, de tout ça, mais par le jeu, par des activités déconnectées. Et donc, je me suis rapprochée de pédagogues, de personnes dont c'est le métier de créer ces activités. J'avais moi-même quelques idées d'activités que j'avais envie de tester. Puis, on a conçu des premières activités qu'on a testées en atelier, avec des familles qui se sont dit « oui, tiens, pourquoi pas, effectivement » . Et voilà, on s'est aperçus qu'en fait, c'était... Une vraie bonne idée.

  • Speaker #0

    Une vraie bonne idée avec un vrai impact. Tu vois la réaction des enfants, tu vois comment ils évoluent autour de ça. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #1

    Plein de choses. Effectivement, il y a d'abord leur rapport à ces sujets qu'on voit évoluer. Ils sont beaucoup plus capables d'interroger la discipline, de se saisir de notions assez complexes et donc de comprendre. finalement comment tout ça fonctionne. Ils soulèvent le capot des nouvelles technologies en atelier coloris et ils savent que tout ça, ça fonctionne avec des algorithmes, avec un système logique déterminé, défini, programmé par des hommes, des femmes, avec des intentions précises, avec parfois des intentions qui sont très bonnes, qui le sont moins. Ce qu'on observe aussi, c'est un attrait naturel pour tout ça et notamment des petites filles. Et ça, Ça, c'est un vrai sujet aussi pour nous. On avait envie... de montrer que ce n'est pas un sujet qui est réservé à une certaine catégorie de la population, parce que le problème de tout ça, c'est qu'aujourd'hui, nos outils numériques, nos applications qui façonnent notre quotidien, notre rapport aux autres, sont conçus quasiment exclusivement par des hommes, et avec évidemment du coup beaucoup de biais, et beaucoup d'outils qui ne sont pas adaptés à toutes les populations, et notamment... qui ne sont pas adaptées aux femmes, quand on voit les règles sociaux, c'est un espace typiquement totalement inadapté aux femmes et même très hostile. Et moi j'ai la conviction que s'il y avait plus de femmes qui pouvaient prendre des décisions et qui pouvaient diriger ces outils et être vraiment en position de direction et d'action, on aurait des outils qui seraient beaucoup plus responsables, citoyens, adaptés. Et donc, j'ai aussi la conviction que ça se passe dès les plus jeunes années. Et ça, ce n'est pas qu'une conviction, c'est étayé par la science. On voit qu'effectivement, les filles se détournent très tôt de ces sujets technologiques, mathématiques, scientifiques. Pas parce qu'elles sont moins bonnes, pas du tout, mais parce que notre société les invite à aller vers d'autres choses, vers du care, vers peut-être plus les langues, etc. Alors qu'encore une fois, ces sujets, aujourd'hui, sont au cœur de nos démocraties, de nos sociétés, et qu'on a besoin. absolument de beaucoup plus de diversité. Et donc, en atelier coloré, on observe aussi que les petites filles s'éclatent parce qu'elles n'ont pas encore intégré ces stéréotypes de genre. On intervient, elles ont 3, 4, 5, 6 ans. Elles sont encore toutes petites et ça les attire assez naturellement comme ça attire n'importe quel enfant parce que c'est des jeux, c'est rigolo, c'est coloré, c'est bien concouru pour eux. Donc, il n'y a pas de raison qu'elles s'en détournent.

  • Speaker #0

    Et là, ça contribue à faire une société de demain. Ce que tu disais, les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, beaucoup plus Avertie aussi, oui, à l'aise avec ce support.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'on essaye aussi de faire dans nos ateliers, c'est finalement inviter les enfants à se mettre dans une posture beaucoup plus active. Et je pense que c'est important, cette question de posture vis-à-vis de l'outil. C'est-à-dire que les outils aujourd'hui numériques, les plateformes, etc. sont conçus pour véritablement nous inviter à être très passifs. à être dans une consommation, on observe ce feed, on le fait défiler. Et nous, ce qu'on essaye de faire dans nos ateliers, c'est de rendre les enfants beaucoup plus acteurs en leur montrant qu'ils peuvent aussi créer avec la technologie. Même si c'est du déconnecté, on leur montre comment fonctionne un algorithme et qu'en fin de compte, un algorithme, ils peuvent s'en saisir et ils peuvent, même tout petits, créer leurs premiers petits algorithmes pour, à la fin, être eux-mêmes producteurs de contenu. Et ce qu'on espère, c'est qu'après, Plus tard, en grandissant, ils passent sur écran pour produire leur propre contenu numérique, programmer ou pourquoi pas faire un podcast, une vidéo, j'en sais rien. Mais être moins dans une posture de consommation et plus dans une posture de création.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu te sens par rapport à d'éventuels blocages ? Est-ce qu'il y a encore des... La société, tout ça c'est politique aussi. Est-ce que c'est compliqué ? Est-ce que ça prend de l'ampleur ? Est-ce que tu as... Tu as de la visibilité, tu es quand même reconnue, mais dans les faits, est-ce que ça suit aussi ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question. Non, je pense qu'on est encore vraiment aux prémices de tout ça, même si effectivement on sent qu'il y a une vraie volonté politique, il y a de plus en plus de personnalités politiques qui se saisissent de la question de l'éducation numérique, parce qu'elles prennent conscience qu'effectivement, notre société est driveée par ça. Aujourd'hui, même les élections, etc., tous les résultats vont découler de la façon dont les personnes, les jeunes sont éduqués aux médias. sont éduqués à la façon dont fonctionne le numérique, l'économie d'attention, etc. Mais malgré tout, je trouve que dans les faits, dans les écoles, dans les familles, il reste encore beaucoup à faire. Et puis on va observer plusieurs typologies de familles et de réactions par rapport à tout ça. Il va y avoir des familles extrêmement averties, je ne sais pas, mais en tous les cas dans une posture très défensive et très protectrice de leurs enfants. Zéro écran, dans une protection extrême de leur enfant. Et je les comprends parce que c'est assez effrayant tout ce qu'on peut entendre et voir passer dans les études scientifiques, etc. Mais à contrario, on va aussi avoir des familles qui, par manque de ressources, par manque de temps, par manque d'accès à l'information, sont dans l'effet inverse et dans un laissé-faire total vis-à-vis du numérique avec des jeunes, des enfants qui sont surexposés et qui pâtissent aussi de cette surexposition parce qu'on sait que ça a des conséquences très délétères sur le développement de l'enfant. Donc voilà, on sent bien qu'il y a des niveaux d'information qui ne sont pas les mêmes, qui ne sont pas les bons bien souvent, et que finalement la vérité et la bonne solution, la bonne vision, elle est au milieu. Elle n'est pas tout blanc, c'est pas tout noir. Il y a évidemment des contenus numériques qui sont très intéressants pour les enfants, même petits. Il s'agit d'accompagner, il s'agit de sélectionner, d'éduquer les parents, les enfants. Mais voilà, effectivement, c'est assez périlleux. Et cette posture de la nuance et du milieu, finalement, elle n'est pas évidente parce qu'on peut vite être taxé ou de laxisme ou au contraire, d'être trop d'un côté ou de l'autre. Alors que véritablement, je crois beaucoup à cette nuance.

  • Speaker #0

    Ce que tu soulignes et ce qui est vrai, c'est l'éducation des parents aussi. L'apprentissage, le rassurer ou même informer. Il y a tout cet aspect-là aussi à travailler.

  • Speaker #1

    On entend de plus en plus parler de parentalité numérique. Je crois qu'effectivement, le numérique en tous les cas re-questionne très fortement notre parentalité parce que ces outils qui sont très facilement accessibles, à portée de... de pouce, il faut en tant que parent qu'on puisse apporter une réponse éducative claire à nos enfants. Et si on n'apporte pas la bonne réponse éducative, on peut mettre nos enfants dans des situations assez périlleuses, soit parce que quand on est dans l'interdit total, l'enfant risque de contourner l'interdit, de cacher, et si demain il est dans une situation vraiment dangereuse, grave. ne pas aller voir son parent et ne pas en référer à l'adulte. Et du coup, à une finée, se retrouver dans une situation encore pire. Mais aussi, si on se dit, il faut vivre avec son temps, je laisse mon enfant faire ce qu'il veut, là encore, ce n'est pas du tout une réponse éducative adaptée. Et donc oui, il faut, en tant que parent, questionner notre parentalité au global pour que la parentalité numérique soit au plus juste. Et c'est hyper important.

  • Speaker #0

    Et questionner et aussi apporter des outils, c'est ce que tu proposes aussi avec ton livre, justement ?

  • Speaker #1

    Oui, clairement, nous, en tant que structure qui propose des ateliers plutôt aux écoles, initialement, on avait très régulièrement des parents qui nous écrivent pour demander « mais moi, qu'est-ce que je fais concrètement à la maison ? » Et donc, j'ai senti qu'il y avait un besoin, effectivement, d'accompagner les familles sur ces sujets. Et le livre, il vise déjà à donner un apport théorique, une base. d'informations vulgarisées, mises à la portée de tout le monde sur ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas, de l'impact des écrans sur les enfants. Comment ça fonctionne aussi, je pense que c'est important de comprendre quels sont les acteurs, quelles sont les forces économiques qui sont derrière tout ça et qui font qu'effectivement, il y a des outils qui vont capter plus l'attention que d'autres.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'enjeux derrière.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a plein d'enjeux énormes en fait. C'est vraiment des superpuissances économiques qui sont derrière les GAFAM. On n'imagine même pas à quel point... Ils sont puissants plus que beaucoup d'États, en fait, de gouvernements. On voit bien, de toute façon, les rapports entre les gouvernements, les GAFAM, etc. Et puis, voilà, concrètement, en tant que parent, qu'est-ce que je peux faire à la maison ? Je pense qu'il y avait vraiment un besoin de réponse là-dessus. Et puis, j'avais aussi envie de montrer aux personnes que ce sujet est plus complexe qu'il n'y paraît, qu'il est vraiment systémique. Voilà, on a évoqué tout à l'heure la place des femmes dans la tech. On voit aussi que les questions d'écologie, les questions de démocratie sont aussi au cœur de ces sujets et viennent à la fin influer sur nos usages et les usages de nos enfants des écrans.

  • Speaker #0

    Et c'était une suite logique dans ton engagement ou une envie d'apporter vraiment des outils ? Et comment tu as trouvé le temps aussi d'ajouter tout ça ? Est-ce qu'il y a eu du retard avec l'éditeur ? Dans l'écriture ?

  • Speaker #1

    Alors, non pas tout à fait. Je crois que j'ai respecté à peu près à 15 jours près la deadline. 15 jours, j'estime que ce n'est pas du retard. Pour moi, c'était une suite logique et c'était aussi un peu une synthèse parce que ça arrivait à un moment de la vie de Coloris où Coloris prenait un nouvel emploi. Avec un changement. Voilà, en intégrant le programme Internet sans crainte, en changeant. d'actionnariat concrètement. Moi, Colori ne m'appartient plus. Je ne suis plus la propriétaire de l'entreprise Colori. D'ailleurs, l'entreprise Colori n'existe plus. C'est devenu un programme au sein d'une autre entreprise. Et je trouvais que c'était intéressant, du coup, effectivement, de livrer un petit peu ma vision de tout ça de manière un peu construite, structurée et d'en profiter pour m'adresser à une nouvelle cible que sont les parents, parce que Colori, c'est plutôt... directement les enfants dans les écoles. Je trouve que c'était le bon moment pour écrire ce livre.

  • Speaker #0

    Et la préface, est-ce que tu peux nous en parler ? À quel moment tu as contacté ou comment ça s'est fait avec Serge Tisseron ? Et quel est son regard aussi par rapport à ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Serge Tisseron, c'est vraiment une personnalité qui a pris la parole très très tôt sur cette question des écrans. Je trouvais que c'était la personne finalement la plus... consistantes parce que il y a un savoir cumulé, il y a un certain nombre de livres, un certain nombre d'actions terrain aussi avec l'association 36912 qui font que Serge Tisseron est aujourd'hui un personnage avec une crédibilité indéniable sur le sujet mais aussi parce que c'est une personne qui a pu voir et apprécier l'évolution du sujet et toujours s'adapter et adapter son discours aux nouvelles avancées scientifiques sur ces questions. Donc pour moi, c'était vraiment un honneur qu'il puisse prendre la parole en introduction de mon livre. Et j'étais super reconnaissante qu'il puisse effectivement trouver que les solutions apportées dans ce livre étaient singulières et puissent correspondre à des besoins modernes des familles d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu l'as évoqué tout à l'heure, que t'abordais des sujets comme l'égalité de filles-garçons, les enjeux écologiques, etc. Est-ce que c'est aussi, et ça regroupe tes idées, que l'éducation numérique ne peut plus être dissociée des enjeux de la société ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne peut plus être dissociée parce que, typiquement, si on prend encore une fois cette question d'égalité filles-garçons, le numérique, c'est un catalyseur de cette question. parce qu'aujourd'hui, ces outils ne sont construits que par des hommes, je l'ai dit tout à l'heure, mais aussi parce que nos usages sont très genrés. Et en tant que femme, on va avoir une expérience connectée qui va être très différente de celle d'un homme, notamment si on commence à s'exposer un petit peu sur les réseaux sociaux, mais aussi par les contenus qui vont nous être poussés. On va très vite se retrouver dans ce qu'on appelle des bulles de filtre. Donc, les bulles de filtre, c'est cette expérience en ligne qui fait qu'on a... sans arrêt les mêmes contenus, enfin les mêmes types de contenus qui nous sont recommandés. Typiquement, une expérience très personnelle de la semaine dernière, j'ai cherché une robe pour un mariage. Mais depuis, j'ai des robes sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt. Et donc voilà, ça vient renforcer comme ça cette vision, ce stéréotype de la femme. Mais sur les garçons, ça peut être aussi des contenus... au fur et à mesure de leur expérience qui vont être de plus en plus masculinistes. Donc peut-être un jeune homme va commencer par chercher des vidéos de sport parce qu'il a envie de prendre soin de soi. Et puis très vite, l'algorithme dérive absolument vers des contenus qui vont construire son identité de genre et construire sa relation à l'autre. Donc on voit bien que, effectivement, cette question fille-garçon... Quelle place ont les femmes ? Quelle place ont les hommes ? Comment on s'éduque à ces sujets ? C'est directement lié aux usages des écrans et on ne peut pas parler de tout ça avec nos enfants sans faire abstraction de ces aspects-là. Et sur l'écologie aussi, pareil, ce serait complètement fou, je trouve, de passer à côté de cette question qui est ô combien brûlante, sans mauvais jeu de mots. Aujourd'hui, le numérique contribue de plus en plus à l'impact. au réchauffement climatique et a un impact énorme sur notre planète de par l'extraction des minéraux, de par les usages qu'on a aussi qui sont assurés par des data centers qui sont extrêmement énergivores. Et nos usages décomplexés, de surexposition, d'abondance de contenu numérique, sont délétères pour nous dans nos styles de vie, dans notre quotidien, mais sont délétères aussi pour la planète. Et on voit bien qu'il y a un cercle évitieux et vertueux, ça dépend de comment on regarde, mais qui plus on a des usages raisonnés, plus ça aura aussi une vertu écologique dans les usages in fine. Donc on voit bien que tout ça est lié.

  • Speaker #0

    Tu as parlé beaucoup dans cet épisode de l'égalité et justement toi en tant que femme qui es dans ce domaine-là, quels sont les retours et est-ce que tu as des retours particuliers à nous partager, positifs comme négatifs, sur toi que tu as ressenti en tant que femme dans ton chemin ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, c'est une question qui en soulève beaucoup d'autres, et notamment la question de l'éducation. Je pense que la femme qu'on est aujourd'hui, c'est l'aboutissement de toute une éducation, de toute une socialisation, d'un certain nombre d'injonctions qu'on a reçues, qui sont parfois très insidieuses et subliminales, où on a le sentiment que pas particulièrement. Et en fait, si, par des petits... des petites choses qu'on va nous dire, des petits quotidiens. Et du coup, moi, je pense qu'en tant qu'entrepreneur, au début, en tous les cas, j'ai manqué un peu de niaque et d'ambition.

  • Speaker #0

    C'est difficile aussi au début. Oui,

  • Speaker #1

    c'est difficile, mais ce côté, un homme n'aurait pas fait la même chose, je l'ai souvent ressenti. C'est vrai que je pense que très souvent, j'ai un peu minimisé, j'ai utilisé. Des mots comme petit ou presque.

  • Speaker #0

    Petite idée qui va peut-être aider.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un petit atelier. Je vais vous faire un petit devis. Je pense que nous, les femmes, on a vraiment cette tendance qui n'est absolument pas innée et qui vient de notre construction en tant que femmes dans la société. Je pense qu'on prendrait des femmes chasseuses cueilleuses. Probablement qu'elles auraient un autre tempérament. Mais en tous les cas... c'est des aspects sur lesquels il faut quand même être très vigilant, dont il faut avoir conscience. Et les biais, pour les déconstruire, il faut effectivement déjà les identifier.

  • Speaker #0

    Dans ton livre, tu parles d'activités ludiques à faire en famille. Est-ce que tu voudrais nous en partager une ?

  • Speaker #1

    Oui, par exemple, avec les tout-petits, il y a le Cherche et Trouve des écrans qui marche bien. Le Cherche et Trouve, c'est une activité qui est très solidaire des petits. Et nous, on en a inventé une sur les écrans en invitant les enfants, une fois qu'ils ont trouvé l'écran en tant que tel, s'interroger sur l'utilité de l'écran, son bien fondé. Donc ça s'appelle le Cherchitrouve des écrans utiles ou futiles. Il n'y a pas de réponse à apporter à l'enfant. L'idée, c'est vraiment d'inviter l'enfant à se questionner sur le bien fondé de tel ou tel usage qu'on a toutes et toutes du numérique. pour qu'on puisse se rendre compte que tout n'est pas acquis, que tout n'est pas normal et positif, mais qu'il y a aussi des choses intéressantes et épanouissantes dans les usages numériques. Mais simplement, pouvoir se poser cette question, avoir accès à ce questionnement, ça nous apparaît intéressant et important pour les gens.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, nourrir ses réflexions, son esprit critique par le ludique.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Des tout petits. Oui. Et alors tes enfants, qu'est-ce qu'ils en pensent de tout ça ? De ton parcours, de ton livre, de tout ?

  • Speaker #1

    Mes enfants, déjà, je me sens extrêmement reconnaissante vis-à-vis d'eux parce qu'ils m'ont toujours beaucoup encouragée. Ils ont toujours été très enthousiastes, très partants pour participer aux ateliers, pour tester des nouvelles activités. Voilà, c'est vraiment des cobayes adorables. et je sens qu'il y a beaucoup de fierté dans leurs yeux et moi j'ai aussi à coeur d'incarner un peu des messages vis-à-vis d'eux, de à la fois essayer de suivre tes rêves soit ambitieux mais prends soin de toi garde du temps pour ceux que t'aimes je passe beaucoup de temps avec eux et j'essaye de faire que tout ça ne se fasse pas au détriment d'une belle relation, d'un bel équilibre familial, pour moi c'est vraiment fondamental.

  • Speaker #0

    Voilà mon fils le plus grand ça a été vraiment le cobaye coloris parce que j'ai commencé il avait trois ans il a 11 ans aujourd'hui. Il a suivi. Voilà il a suivi et il a fait des tas et des tas d'ateliers. Ma plus belle victoire je crois ça a été récemment une amie qui voulait faire un anniversaire coloris pour sa fille ce qu'on fait pas forcément enfin on propose pas du tout ce format là. Et je lui dis bah c'est une bonne idée d'ailleurs. Oui c'était une bonne idée. Je me suis dit, écoute, je ne vais pas me mettre à faire un devis, etc. Mais si tu veux, je peux proposer à mon fils, qui a fait tous les ateliers coloris, d'animer l'anniversaire de ta fille. Il était hyper partant. Et du coup, il a animé un anniversaire coloris à 11 ans. La relève. Voilà. Pour un enfant qui avait 5 ans. Et c'était génial. Et je me suis dit, ouais, c'est une belle matérialisation de toutes ces années et de tous ces engagements. Et donc,

  • Speaker #1

    j'imagine qu'ils sont ultra sensibilisés à tout ça. Et la preuve qu'ils propagent aussi. ton travail et ton engagement. Oui,

  • Speaker #0

    c'est très attentif, mais je me rends compte que même au sein d'une famille qui est quand même, je crois, un petit peu éduquée et avertie sur ces sujets, ça reste un défi au quotidien parce que ces outils sont très puissants, sont très attrayants, capteurs d'attention. Même pour nous, adultes, on voit bien à quel point nos cerveaux peuvent être faibles parfois quand on est fatigué. on est contrarié, stressé, on a le scroll facile. Pour nos enfants, c'est encore plus vrai. Donc, ça demande encore plus de vigilance.

  • Speaker #1

    C'est bien que tu le dises aussi, parce qu'on pourrait se dire que tu es une figure qui n'a pas de faille. Non, mais on le sait au fond qu'il y en a. Mais voilà, il y a toujours cette idée de... En fait, s'il faut mieux faire et de temps en temps, être un peu à la dérive comme tout le monde, donc c'est... Merci. mais de faire,

  • Speaker #0

    d'anticiper de tout ce qu'on a abordé donc non non je suis pas du tout parfaite et je suis très vulnérable par rapport à ces outils comme nous tous et toutes donc non non vigilance il faut avoir bien conscience de tout ça mettre des règles claires et s'astreindre soi-même à une certaine rigueur

  • Speaker #1

    On arrive à la fin de cette émission j'ai quelques questions signatures Déjà c'était trop bien Rires Dis-moi pour toi,

  • Speaker #2

    agir,

  • Speaker #1

    ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, pour moi, c'est aimer. Il faut beaucoup d'amour pour soi, déjà, pour être en capacité d'agir. Et je pense que c'est un vrai défi, parce qu'on n'est pas toujours éduqués à apprendre à bien s'aimer. Mais il faut aussi beaucoup aimer les autres, parce qu'agir, ça veut dire avoir un impact potentiellement sur l'autre. Et donc, être attentif à son besoin, à ses limites, à sa place dans la société, à sa spécificité. Donc, je trouve que cette question de l'amour dans l'action, elle est centrale.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien, j'adore. Ça me plaît. Est-ce que tu as une femme qui t'inspire particulièrement ou qui t'a inspirée d'ailleurs dans ce parcours ? Tu en as cité quelques-unes tout à l'heure. Qui est une femme, elles agissent quelque part pour toi. Ta femme, elles agissent.

  • Speaker #0

    Alors moi, je cite beaucoup Maria Montessori. Je suis un peu dépitée parce que ce nom a été un peu galvaudé. On l'a beaucoup entendu parce que d'un point de vue marketing, c'était bien d'avoir un truc Montessori. On s'est perdu un peu sur le fond. Oui, ça c'est un peu perdu, ça c'est vrai. Mais ce qu'il faut vraiment retenir de Montessori, c'est que Maria Montessori, c'était une femme absolument incroyable. Déjà très battante de son époque, elle fait partie des premières femmes médecins italiennes. Elle a dû se battre et contre sa famille et contre les universitaires de l'époque et contre ses pères masculins pour devenir médecin. Elle a dû faire des travaux durant la nuit parce qu'il y avait certaines interventions qui ne se faisaient pas pour les femmes, de tous les corps, etc. Donc elle le faisait la nuit. Elle était absolument incroyable. Et puis elle a eu cette force de porter une vision nouvelle de l'enfant dans le monde entier. Aujourd'hui, des écoles Montessoriens, on en trouve absolument partout dans le monde avec cette même essence, cette même vision de l'enfant. qui aujourd'hui reste encore vrai et encore très vivace.

  • Speaker #1

    Donc tu nous conseilles d'aller creuser un petit peu plus sur son parcours à elle, sur sa vie, et de une source d'inspiration éventuelle.

  • Speaker #0

    Ah oui, une grande source d'inspiration de très grande femme.

  • Speaker #1

    Et dans quel domaine autre que celui qu'on a abordé pendant toute l'émission, tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Très clairement dans l'écologie.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Oui, et... J'ai une amie récemment qui a lancé un documentaire qui cartonne, qui s'appelle In Action. Donc c'est à la fois être en action justement, mais avec le in entre parenthèses. Donc voilà comment on entre en action sur l'écologie. Et elle a cherché à travers ce documentaire à documenter pourquoi, face à une menace qui est... Hyper identifiée, il y a un consensus scientifique, on sait que c'est là devant nous qu'on est en train d'aller dans le mur tous ensemble, on n'agit pas. Et elle est allée voir des universitaires, des activistes, elle a fait une espèce de tour d'Europe avec des personnes qui sont encore très réticentes vis-à-vis de ce sujet pour essayer de comprendre quels sont les mécanismes psychologiques derrière cette inaction. Et je trouve que son documentaire est hyper intéressant et il connaît un succès incroyable. elle l'a lancé en début d'année dernière et elle est en train de faire une tournée partout en France et elle n'arrive plus à répondre à la demande tellement il est demandé et je trouve que ce sujet de l'inaction écologique vraiment me navre et à la fois je me dis il faut qu'on arrive à trouver à craquer ce truc pour qu'enfin on agisse Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    on va rester sur cette pensée, merci beaucoup bonne vie à ton livre bravo pour tout ce que tu fais Et je remettrai évidemment toutes les infos et tous les liens dans la bio. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter. Et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue. et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

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