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#99 Marie Eloy fondatrice de Femmes des Territoires, auteure. " Mixité, Urgence et action." cover
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Elles Agissent

#99 Marie Eloy fondatrice de Femmes des Territoires, auteure. " Mixité, Urgence et action."

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42min |02/10/2025
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42min |02/10/2025
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Description

Marie Eloy : Et si on sauvait le monde… ensemble ?

Fondatrice de Bouge ta Boîte et Femmes des Territoires, Marie Eloy a accompagné des milliers de femmes à créer, entreprendre, oser.

Dans cet épisode , elle revient sur la fin brutale de Bouge ta Boîte, une aventure humaine et économique hors du commun. Son envie d'avancer et de continuer son action.


Elle partage son regard sur l’entrepreneuriat féminin, la fragilité des droits, la force des territoires… et surtout, sa conviction profonde : ce qui sauvera le monde, c’est la mixité.


Un échange sans filtre sur le pouvoir d’agir, la sororité, les systèmes à déconstruire… et le rêve d’un mouvement mondial porté par les femmes.


Un épisode à écouter et à partager.
Inspiré aussi de son livre Les femmes sauveront-elles le monde ? que nous citons dans l'épisode.



Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #1

    J'ai pas une action dont je suis fière, c'est je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #0

    J'ai pas de mots pour agir, c'est une action.

  • Speaker #1

    Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #1

    Merci d'être dans Elles Agissent,

  • Speaker #0

    je suis ravie. Moi aussi.

  • Speaker #1

    Alors Marie, tu es une femme qui parle, dénonce aussi, et surtout qui agit. Donc tu as toute ta place ici. Tu as mis en place de l'action, surtout en avant, tu mets aussi en avant l'action féminin. Tu es journaliste, fondatrice de réseau féminin, et je voulais commencer aussi par parler de ce qui a marqué ces derniers mois, ces derniers jours qui ont dû être aussi en tout cas intenses, avec la sortie de ton livre aussi, et chargé en émotions, peut-être en fatigue aussi. Comment est-ce que tu traverses la fin de l'aventure de Bouge ta boîte ? Alors je suis désolée c'est une question qui rentre dans le sujet directement mais c'est d'actualité et je pense que c'est important aussi d'en parler parce que c'est ce que beaucoup de personnes doivent se demander. C'est l'un de tes réseaux, comment tu te sens et comment tu le vis ?

  • Speaker #0

    Oui alors Bouge ta boîte c'est un réseau business qui était présent dans 175 villes et qui organisait 5000 réunions de travail par an pour les entrepreneuses. en activité, qui souhaitait développer leur entreprise. C'était le plus grand en France et je pense aussi en Europe. Donc c'était une aventure incroyable qui existait depuis 8 ans. C'était aussi une entreprise à mission, bicorps, enfin bref, on Ausha toutes les cases. Le seul point qui était difficile, c'était le modèle économique parce qu'on avait deux jambes financières. On en avait une, c'était des formations pour les carrières des femmes dans les organisations. Et une, c'était les adhésions des entrepreneuses, mais on était deux à trois fois moins cher qu'un réseau mixte pour fonctionner, parce que nous les femmes, et notamment entrepreneuses, on a très peu de culture du réseau en France, et donc il fallait absolument un réseau beaucoup moins cher, et sur l'heure du midi, et avec d'autres codes, etc., pour qu'il y ait de plus en plus d'entrepreneuses qui travaillent ensemble, qui s'entraident, et donc aller vers notre mission. Notre mission, c'était d'accélérer l'égalité économique. Et tout ça fonctionnait à peu près jusqu'à ce qu'on avait prévu qu'on était rentable grâce au volume. Donc on était sur la bonne lancée puisqu'on était à 2200 bougeuses et on savait qu'on était rentable à 3000. Donc pour y arriver, on avait fait plusieurs levées de fonds, 5, avec des actionnaires franchement hyper engagés et géniaux, et notamment Guillaume Richard qui dirige WeCare, qui est leader du service à la personne, qui a vraiment soutenu. En long, en large, en travers pendant toutes ces années. Et le réseau était dirigé par Julie Baudin, avec que j'appelle toujours, encore tous les jours aujourd'hui. Et c'est un binôme incroyable. Sauf que dans le contexte économique et politique, depuis un an, on n'y arrivait plus du tout. C'est-à-dire, politique et économique, tout ce qui concernait les formations carrément des femmes ont été... Reporté de mois en mois depuis la dissolution parce que les budgets ont été gelés, parce que tout ce qui était égalité était un peu au fond du panier de la RSE, de la responsabilité sociétale des entreprises. Donc on en avait plusieurs dans le détuit, mais c'était décalé de mois en mois. Et puis au niveau économique, avec la crise économique, on a vu qu'il y avait beaucoup d'entrepreneuses qui arrêtaient de se payer ou qui avaient vraiment des difficultés pour payer la cotisation donc On vivait une forte baisse de chiffre d'affaires, je ne voyais pas comment on allait tenir. Donc en décembre on a fait un premier plan social, on a licencié neuf personnes dans l'équipe. Ça a été un moment assez douloureux, mais on a tout remonté. Donc un plan social avec un CSP, ce qui fait que les salariés sont bien protégés pendant deux ans, financièrement avec le même salaire. Et donc on a tout remonté, on s'est dit on va faire un tour de France, on va aller partout sur le terrain comme on a l'habitude de faire, et puis on va y arriver, etc. On savait qu'on ne pouvait plus faire de levée de fonds. Parce qu'on en avait fait 5, dont une participative l'année dernière avec 400 petits actionnaires que je remercie infiniment parce que grâce à eux, on a pu continuer à aider des milliers de femmes pendant un an de plus. Mais on ne pouvait pas faire d'autres levées parce qu'on avait ce qu'on appelle des obligations convertibles à rembourser en 2026 à hauteur de 800 000 euros. Donc quand on investit dans une entreprise, on a le choix entre des actions, donc des parts de l'entreprise, ou des OC. C'est comme un prêt, des obligations convertibles. mais il faut le rembourser à un moment donné. Donc on n'aurait aucun investisseur qui aurait mis 800 000 euros dans la boîte pour rembourser des actionnaires. Donc on savait que c'était fichu. Et donc au mois de mars, comme on n'arrivait que difficilement à remonter la pente, je me suis dit, il faut absolument qu'on s'adosse à un groupe beaucoup plus solide que nous. Donc vraiment, j'ai ravalé mon égo et j'ai contacté à peu près la terre entière. Et on a eu beaucoup de marques d'intérêt, de très gros, et dont trois offres fermes déposées au tribunal. Et donc pour une session, continuité du mouvement, parce que moi ce qui comptait pour moi, c'était que les salariés soient repris au moins en partie. Et surtout que le mouvement continue dans toute la France, parce que c'est incroyable ce mouvement-là. Dans les territoires, c'est extraordinaire en fait. Et je ne voulais pas que ça s'arrête. Sachant que nous, Bouge ta boîte, on n'a jamais eu de subvention publique, on est soutenu moralement. Mais s'il y avait un vrai plan pour l'entrepreneuriat des femmes, on aurait été soutenu autrement. S'il y avait une vraie volonté de soutenir l'entrepreneuriat des femmes, comme par exemple au Québec, on n'en aurait jamais été là. Et ce n'est pas le cas. Et donc, trois offres fermes, une qui était plus élevée que les deux autres. Donc les deux autres se sont retirées, on a commencé à travailler avec ce groupe-là. Avec les représentants du personnel, nos DAF, nos avocats, etc. Et la veille au soir, ils nous ont dit que leur conseil de surveillance avait dit non. Et nous, on avait prévu la trésorerie jusqu'à ce moment-là. On avait prévu en cas de difficulté majeure, on avait mis sur un compte à part toutes les cotisations des nouvelles bougeuses, de quoi payer nos prestataires, etc. Donc, c'est de faire en sorte que ça soit le plus clean possible. Au cas où, ça se faisait pas, mais normalement ça se faisait à 95%. Et donc la veille au soir, ils nous ont dit qu'ils partaient pas avec nous. Et donc le matin, à 8h du matin, on était au tribunal, normalement pour la session ce jour-là, la reprise des salariés du mouvement. Et en fait, on s'est retrouvés en liquidation judiciaire. Donc ça a été un moment un peu... C'est très violent.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    c'était pas drôle. C'était pas drôle parce qu'il a failli eu lieu dans la foulée, enfin dans l'heure. Convoquer tous les salariés, leur annoncer que c'était la fin pour eux. Alors évidemment, on a toujours été en transparence. On a un fonctionnement assez horizontal, donc ils savaient les différentes options. Mais celle-ci, même pour moi, je ne l'envisageais pas en fait. Enfin très peu. Je savais que c'était une possibilité, mais vraiment infime. Voilà, donc ce moment a été assez dur. Et puis dans la foulée, assez dur mais solidaire. C'est dans ces moments-là qu'on voit aussi ce qu'on a construit. Donc on était tous ensemble en fait. Et puis dans la foulée, il a fallu écrire une communication parce qu'on est quand même très visibles partout. Il y avait l'annoncé quoi. L'annoncé, donc il me restait deux neurones et je me suis isolée, j'ai écrit la com. Après on l'a relu en large et en travers avec Julie et puis les équipes qui étaient là. Et puis quand il a fallu appuyer sur le bouton, j'ai cru que j'allais m'évanouir parce que c'était vraiment la fin quoi, que j'avais jamais imaginé. Et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Quels ont été les retours ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un vague souvenir de ce moment-là parce que j'ai fait une sorte de blackout pendant deux jours. Je me suis retrouvée en train de lessiver les murs de la cuisine et quand on sait que le ménage et moi, ça fait 12,

  • Speaker #1

    c'est qu'il y avait un souci.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Par contre, on a eu des milliers de messages. Mon téléphone était inondé de milliers de messages et pas juste, c'est dommage, vous avez changé notre vie, on est orpheline, comment on va faire sans vous ? Et c'est là où on voit... Tout notre impact, on savait notre impact parce qu'on avait des choses très factuelles, on avait des mesures d'impact, tout ça. Donc on savait qu'on avait un impact important depuis 8 ans et qu'on a vraiment soutenu des milliers d'entrepreneuses en France. C'est indéniable. Mais par contre là, c'était tout d'un coup qui arrivait de tous les côtés. Et ça, ça fait beaucoup de bien à l'équipe. Ça fait beaucoup de bien à Julie et à moi aussi.

  • Speaker #1

    C'est de l'humain qui est arrivé dans un moment où c'était... C'était très juridique.

  • Speaker #0

    On n'avait pas rêvé en fait. On savait qu'on n'avait pas rêvé et qu'on avait vraiment fait des choses.

  • Speaker #1

    Et qu'il y avait des vrais retours et des vrais impacts aussi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis, ce qui a aidé aussi, c'est qu'avec Julie et l'équipe, on sait qu'on a fait de notre mieux tout le temps. On n'a jamais été... Parce que dans une session, on ne pouvait pas en parler avant. Dans une session, c'est une procédure confidentielle. Donc je n'avais pas le droit d'en parler, à part à mes salariés. Oui, j'ai vu que ça,

  • Speaker #1

    ça n'avait pas toujours été compris justement sur les réseaux. Il y a eu quelques commentaires en disant mais pourquoi l'annoncer aussi tardivement, etc.

  • Speaker #0

    On n'avait pas le droit. Et voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qu'il faut comprendre en fait dans cette...

  • Speaker #0

    Bah oui, parce que sinon ça... Dans la complexité. Bah oui, oui. Une session, ça peut la faire capoter, si ça se fait. Donc c'est normal que ça soit une procédure confidentielle. Mais du coup, j'ai aucun regret, je sais que j'ai fait de mon mieux tout le temps. Ces huit ans, même un peu trop. Julie aussi parce qu'on a été vraiment sacrificielle par moments ça ça aide de ne pas avoir de regrets et tu me disais aussi que ça continue enfin voilà ah ouais mais alors les femmes sont juste extraordinaires, les bougeuses elles sont moi elles m'épatent au quotidien parce que elles se sont créées en asso un peu partout en France Elles ont créé dans les 2-3 jours un groupe LinkedIn, le Refuge des Bougeuses, et sur WhatsApp, 70 sous-groupes. Donc voilà, je les laisse vivre, elles vivent ça. Après, la procédure judiciaire est toujours en cours, donc ça veut dire qu'il y a toujours quelqu'un qui a la possibilité de racheter la marque, les fichiers, la plateforme, les méthodes, etc. Et moi, je suis la seule personne qui n'a pas le droit, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais déjà, toi, ça t'a permis aussi d'avoir ces retours-là, de remonter tu vois le moment un peu down que tu as vécu, et ce qui est normal juste après, c'est se nourrir aussi de ce que les autres ont ressenti, ce qui t'a permis de...

  • Speaker #0

    Ou parce qu'on n'a pas le choix et on fonce. Le moment le plus difficile, finalement, c'est à partir du moment où j'ai vu qu'on n'y arriverait pas. Donc à partir du mois de mars, avril, mai, c'était sur toute cette période-là. Donc annoncer aux actionnaires, aux salariés, dire qu'il fallait qu'on trouve... quelqu'un, appeler les gens, puis une session c'est une session symbolique donc c'est pas un euro mais c'est pas loin quoi. Donc cette période là a été extrêmement dure parce qu'en même temps je faisais des conférences tous les jours, on motivait tout le monde puis on essayait toujours de continuer parce qu'on avait espoir aussi qu'on y arrive par nous-mêmes. Cette période là était vraiment très très dure, la liquidation judiciaire ça a été un gros choc mais... Mais moralement, je pense qu'on avait davantage souffert avant. Ça ne veut pas dire l'apothéose, parce que c'est positif, mais c'était le point culminant.

  • Speaker #1

    Et en quoi c'est représentatif de ce qui va mal, justement, dans notre société ?

  • Speaker #0

    C'est catastrophique. Je ne sais pas comment c'est possible de laisser tomber un réseau comme ça. Je ne comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur l'IA. Alors moi, l'IA, j'utilise. C'est chouette, mais c'est un gadget. C'est pas au cœur de nos vies en fait, c'est pas essentiel pour les besoins de l'humanité, mais c'est très chouette. Je comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur ces sujets-là, sur des sujets qui me dépassent en fait, et pas sur l'essentiel, c'est-à-dire la mixité, l'égalité, l'entrepreneuriat des petites entreprises, parce qu'on sait que c'est ce qui fait vivre les territoires, on sait qu'en plus en France, on n'est pas bon en entrepreneuriat des femmes, il faut absolument soutenir. Sur 100 entreprises en France, il y en a 22 qui sont créées par des femmes, 62 par des hommes. Et donc on voit bien la différence, le reste c'est par des équipes mixtes. Donc on dit toujours il y a 38% de femmes entrepreneuses, mais en fait ces 38% ça compte la mixité, les entreprises mixtes plus femmes. Donc c'est biaisé, c'est un entrepreneuriat qui est précaire, c'est 30% de rémunération de moins en moyenne, entre 20 et 30%, que les hommes entrepreneurs. Donc il y a vraiment du boulot à faire pour rééquilibrer.

  • Speaker #1

    Oui, il y aurait même le champ libre pour exprimer quelque chose d'une manière politique, etc. Mais qui n'est pas du tout, qui n'intéresse pas en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, ça n'intéresse pas. Enfin, ça intéresse de façade, mais il n'y a pas de moyen de mis. Et pour moi, quand il n'y a pas de moyen de mis, ça veut dire qu'il n'y a pas de volonté. Et puis c'est un entrepreneuriat, l'entrepreneuriat des femmes qui est extrêmement engagé. Donc non seulement ça dynamise les territoires, ça crée des emplois, mais aussi c'est engagé. Toutes, elles ont créé leur entreprise pour faire différemment. Donc, de manière éthique. plus transparente ou alors pour plus d'environnement, plus de liens sociaux, enfin toutes,

  • Speaker #1

    vraiment toutes. Il y a un fond,

  • Speaker #0

    il y a une réflexion derrière. C'est plus engagé parce que pour plein de raisons, on a les mains dedans, on a les mains dans le lien social, on a les mains dans l'humain, on a les mains dans la santé, dans l'alimentation. Donc c'est un entrepreneuriat qui est plus engagé, qui est absolument indispensable au territoire. Parce que l'entrepreneuriat en France, c'est 97% des toutes petites entreprises. Donc c'est celui-là qu'il faut soutenir. Et pour ça, je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Non, moi non plus. Mais c'est aussi... Oui, c'est représentatif de tellement d'autres choses, comme on disait, beaucoup plus marquantes. Effectivement, ces actions ne sont pas entendues et la motivation, elle est quand même dure à aller chercher, à retrouver, à aller chercher, de ne pas désespérer. Tu vois ce que je veux dire ? Quand on est engagé sur ces sujets-là, et puis quand tu te prends des revers comme ça, ne serait-ce que par les constats, on va aussi en parler par ton livre, par les chiffres, etc. Comment tu trouves cette énergie aussi ? Comment tu renouvelles ?

  • Speaker #0

    Déjà, je sais que ce que je fais, c'est utile et que je sais pourquoi je me lève tous les matins et toute l'équipe, c'était pareil. Donc ça, ça aide quand même. Je pense que quand tu es dans l'action, quand tu fais les choses concrètement, parce que nous, ce n'était pas des paroles, en fait. On était les mains vraiment dans le cambouis. avec les entrepreneuses dans tous les territoires. Donc, quand tu es dans l'action aussi, c'est un antidote à...

  • Speaker #1

    Oui, à ne pas se poser la question de si ça va marcher ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avances, tu es dans l'action, donc tu te sens forcément utile. Et quand tu es utile, ça donne aussi beaucoup de joie d'être utile. Et puis moi, je suis de nature très optimiste. Mais il faut. Donc, ça aide. J'ai des équipes géniales. Puis après, j'ai aussi Femmes des Territoires. Je suis présente de Femmes des Territoires, qui est maintenant le plus grand réseau pour les entrepreneuses, qui est davantage au démarrage de la création d'entreprise et qui est dirigée par Céline André. Donc, j'ai aussi une équipe de ce côté-là qui est fantastique. Il y a des femmes partout en France aussi. On est dans 100 villes. Donc, je ne suis pas toute seule, en fait. On est ensemble.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir justement sur cette force du territoire, de la proximité. C'est très important pour toi, c'est presque un ancrage d'ailleurs d'où ça vient cette force que tu tires justement du territoire. Et est-ce que ça ne serait pas aussi politique mais au sens noble du terme ? Est-ce que ce n'est pas ça la vraie politique ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ferais jamais de politique au sens actuel du terme.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que j'ai précisé sens noble parce qu'on l'a perdu je pense.

  • Speaker #0

    Mais sens noble, oui oui tout à fait. De toute façon tous les changements dans la société sont venus des mouvements citoyens et au sens noble c'est vraiment être engagé donc dans ce sens, dans ce terme là oui. Et après territoire, moi je viens des territoires, j'ai grandi dans un petit village du nord de la France. C'était, enfin voilà c'est toute ma vie et après j'ai passé une bonne partie de ma vie dans un petit village aussi en Bretagne.

  • Speaker #1

    Donc c'est naturel pour toi. Oui. Et tu en vois la force aussi. Tu vois la force de ce territoire. C'est la vraie vie. Oui. On va parler de ton livre aussi. Quand je l'ai lu, je me suis dit, est-ce que ce ne seraient pas toutes les réponses que je n'ai parfois pas aux personnes qui me parlent d'une manière assez négative du féminisme. Ou des combats. Non, mais c'est vrai, parce que je trouvais qu'il y avait toutes les réponses à ce que j'ai pu entendre parfois en disant oui, mais. Tu sais, le fameux oui, mais. Et tu y réponds, en fait, dans ton livre.

  • Speaker #0

    En fait, j'ai tellement écumé les territoires. Moi, j'adore être en mouvement, donc j'ai tellement écumé, j'ai tellement essayé de convaincre de la nécessité au début. Moi, je n'y connaissais rien à ces sujets, franchement. Voilà, comme tout le monde, c'est un éveil qui est progressif et qui est là depuis maintenant. de 10-15 ans, mais au début je ne me rendais pas compte parce que j'avais une émission, enfin je remplaçais notamment une émission sur les droits des femmes sur RFI il y a longtemps, Radio France Internationale, parce que j'étais journaliste. Mais après ces sujets-là, sinon, je n'étais pas dedans. Mais en fait, à force d'essayer de convaincre de l'intérêt d'avoir des entrepreneuses pour notre pays, je me suis dit mais ce n'est pas possible, donc j'ai commencé à chercher des chiffres, à regarder. avoir la précarité, avoir les inégalités. Puis moi, j'étais maman solo, j'étais au RSA. J'étais bénévole en même temps à temps plein pour l'école Montessori que j'avais cofondée. Donc je voyais bien que l'argent et les femmes, ça faisait deux. Enfin bref, et donc à force de creuser, creuser, d'aller chercher les données, je me suis dit mais c'est pas possible. Puis plus je travaillais, plus je me disais mais... Et donc à chaque fois que j'essayais de convaincre... On me rétorquait des arguments, des arguments. Donc après, moi, en plus, je suis nulle en répartie. Donc les arguments, ils me venaient la nuit en me disant « Mais pourquoi t'as pas répondu ça ? »

  • Speaker #1

    Les fameux arguments qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces questions, je les ai appelées les questions de l'avocat du diable. Parce qu'on les a toutes et tous en nous. Même moi, je pouvais les avoir, en fait. Et en fait, ça me fait marrer parce qu'à chaque fois que je fais des conférences, ça revient, ces questions-là. Donc maintenant, je sais comment répondre. Oui. Mais elles sont en nous parce que ça fait partie de l'inconscient collectif. Je sais par exemple que si dans une conférence, je parle d'entrepreneuriat des femmes par exemple, ou même de salariat, peu importe, de mixité, si dans les cinq minutes, je n'ai pas dit que ce n'est pas contre les hommes, je vais avoir une main qui va se lever et qui va me dire, moi, je ne suis pas contre les hommes, moi, je ne suis pas féministe, mais... Et donc du coup, je sais les mots qu'il faut dire pour déverrouiller, pour que l'attention continue d'être là et pour qu'on ait envie de soutenir cet élan vers la mixité, parce qu'il ne s'agit de rien d'autre, il s'agit de mixité. Et c'est pour ça que j'aime bien inverser les chiffres. Et tout au long de mon livre aussi, je les inverse, parce que l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui, si c'était les hommes qui avaient les chiffres qui nous concernent, mais on serait tous dans la rue, moi la première, pour demander la mixité. Donc c'est important aussi d'avoir ce recul-là.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vrai que je l'avais remarqué justement, que tu abordais le mot mixité, enfin tu donnais le mot mixité très rapidement quand tu prenais la parole, parce que justement j'imaginais que oui, t'avais reçu des... Ça rassure aussi en disant, le féminisme c'est aussi la mixité.

  • Speaker #0

    En fait la mixité c'est le seul mot pour lequel tout le monde est d'accord. Personne n'est contre, ou alors voilà, des personnes qui ont... qui sont perdues pour la cause, mais de manière générale, 95% des gens, tout le monde est pour la mixité. Féministe, il faut l'expliquer. Alors je le dis toujours, mais ça vient dans un second temps et en expliquant. Parité, c'est pareil, parce qu'on va me dire oui, mais on va me sortir plein d'arguments, oui mais ça veut dire qu'on va prendre des femmes qui ne sont pas compétentes, truc de dingue, alors qu'on sait qu'il y a beaucoup plus de femmes diplômées que d'hommes par exemple. qu'il n'y a aucun DRH qui nommera une femme incompétente au risque de mettre en péril son entreprise, enfin plein de trucs comme ça. Donc c'est le mot le plus neutre sur lequel tout le monde s'accorde et qui permet de déverrouiller les autres sujets. Parce qu'en fait, si on en est là aujourd'hui, c'est aussi une question d'histoire, d'un conscient collectif, de domination, de tout ça, mais aussi aujourd'hui de malentendus, ou en tout cas de choses qu'il faut ouvrir.

  • Speaker #1

    Et justement sur cette mixité, qu'est-ce qu'elle apporte ? Qu'est-ce qu'elle apporterait ?

  • Speaker #0

    Tu vois, un jour, mes équipes m'ont dit « Ah Marie, pour la nouvelle année, ça serait bien que t'écrives un texte pour expliquer à quoi ressemblerait un monde mixte. » Je suis là « Ouais, génial, super idée. » Bon, bref, je suis restée devant une feuille blanche parce que j'arrivais pas comme ça à imaginer à quoi ressemblait un monde mixte, j'arrivais à imaginer l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui. Mais un monde mixte, j'arrivais à imaginer quelques trucs, mais... Et du coup, c'est pour ça que j'ai écrit ce livre, parce que j'ai fouillé, fouillé, fouillé. Et un monde mixte, je me suis rendue compte, et notamment, je donne pas mal d'études et de sources historiques, un monde mixte, ça transforme tout. On ne peut pas rester dans le même monde qu'aujourd'hui avec un monde mixte. Ce n'est pas possible. Ça transforme absolument tout. Ce n'est pas le même rapport au pouvoir. Ce n'est pas le même rapport à l'argent. Ce n'est pas le même rapport à l'environnement, à la santé. Tout est différent au conflit. Tout est différent. Donc, pour moi, l'absence de mixité, c'est le plus grand bug de l'humanité. C'est ce qui nous a conduit aujourd'hui dans une espèce d'impasse où on voit le mur arriver, on ne bouge pas, on continue d'aller vers le mur. Et en même temps, c'est pour moi la solution à toutes les crises qu'on vit. Et Albert Einstein disait qu'on ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qu'il a créé. Bon, c'est pourtant ce qu'on fait aujourd'hui. Donc la mixité et cet autre mode de pensée, ça permet de prioriser complètement différent. complètement différemment, ça permet d'avoir des indicateurs différents de ce qui guide notre monde, ça permet d'avoir un fonctionnement différent, ça change tout. La mixité étant entendue au-delà de 35% d'un genre ou l'autre. Parce que si on voit 20%, ça ne change rien, en fait, on retombe dans les codes d'aujourd'hui. Donc c'est au moins 35%, évidemment c'est à 50% qu'on arrive à une vraie mixité. Et j'ai notamment regardé les exemples aujourd'hui, mais aussi dans l'histoire, donc les sociétés dans la vieille Europe. Ici, elles étaient égalitaires avant le néolithique. Il y a une anthropologue, Heide Gottener-Aben-Drot, qui a travaillé toute sa vie sur les matriarcas. Donc matriarcas, ça peut faire sursauter, on va se dire, oh mon Dieu, c'est l'inverse du patriarcat, c'est la domination des femmes sur les hommes et tout. Mais pas du tout, en fait. Les matriarcas, quand on regarde en tout cas ce qu'elle a étudié, ce qu'elle en ressort, c'est fascinant. La femme est au centre, mais pas au-dessus. Donc c'est pas pyramidal, elle est au centre parce qu'elle donne la vie, mais l'homme aussi est au centre. Et chaque pan de la société est représenté à la fois par un homme et une femme, donc économie, culturelle, politique, etc. Dans ces sociétés qui sont pour moi égalitaires, alors évidemment c'est matrilinéaire, donc le nom passe par la mère, mais au moins ça permet d'éviter les erreurs et les conflits. C'est matrilocal, c'est-à-dire qu'on vit chez la mère. Mais au-delà de ça, la violence est bannie dans ces sociétés-là. Donc selon elle, il n'y a pas d'absence de consentement possible, il n'y a pas de viol possible. Quand il y a un conflit, tout le monde se réunit, on résout le truc. La personne qui dirige ces sociétés-là, ou les personnes qui dirigent, ne sont pas celles qui vont crier le plus fort ou qui vont avoir le plus d'autorité, ça va être celles qui prennent le plus soin, qui sont capables de prendre le plus soin des autres. Il y a une répartition des ressources, il n'y a pas d'accumulation, il n'y a pas de profit quand même, qui fait faire une récolte plus importante. C'est réparti équitablement. Le vote, c'est par consensus. Ce n'est pas de rapport de domination.

  • Speaker #1

    Là, c'est recréer complètement, rechanger le monde.

  • Speaker #0

    Qui existait avant. Avant le néolithique, avant la sédentarisation, et avant qu'on se rende compte que contrôler le corps des femmes, ça permettait d'avoir plus de force de travail, de conserver les terres au sein de la famille, etc.

  • Speaker #1

    Tu parlais aussi que nous, en tant que femmes, on a dû se battre pour avoir tous nos droits. Tu parlais de porter un pantalon, voter, avoir un compte bancaire, etc. Et que c'est une force aussi maintenant de savoir que tout peut être fragile.

  • Speaker #0

    Tout est fragile, ça c'est certain. Je pense qu'on le voit bien en Afghanistan, aux Etats-Unis, mais partout dans le monde. Mais oui, tout a été interdit aux femmes dans l'histoire. Tout. Je prenais n'importe quel truc, je regardais est-ce que ça a été interdit. Ah oui, ça a été interdit aux femmes. Même entreprendre, ça a été interdit aux femmes.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Ah oui. Oui, alors ça c'était au Moyen-Âge. Donc celles qui avaient le droit d'entreprendre, c'était les veuves. Mais sinon, on avait peur que ça fasse de l'ombre aux hommes. Étudier, voter, tu l'as dit. Même se réunir entre femmes, ça a été interdit.

  • Speaker #1

    Ça l'est là en Afghanistan.

  • Speaker #0

    En France, je parle d'en France, au moment de la Révolution française, les femmes ont été vraiment partie prenante de la Révolution française, elles ont joué un rôle très actif, et elles ont créé une soixantaine de clubs féminins partout en France. Donc vraiment des clubs de sororité. Parce qu'on valorise toujours la fraternité, mais pas la sororité en fait, c'est ça qui est dingue. Et ça a été très mal vu, donc il y a un décret qui a interdit la réunion de femmes, et ça c'est en 1793, et trois jours après, Olympe de Gouges a été guillotiné. Olympe de Gouges qui avait écrit la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Donc, tout.

  • Speaker #1

    Justement tu l'as évoqué là tout à l'heure sur les droits, nos droits qui sont en train de... Dans certains pays, je pense aux Etats-Unis, où ils sont remis en question, qu'est-ce qu'on peut faire pour ça ? C'est inquiétant quand même.

  • Speaker #0

    Alors c'est extrêmement inquiétant, c'est un vrai recul des droits des femmes et donc de la société tout entière, parce que quand on agit pour les femmes et quand on agit pour la mixité, c'est toute la société qui en bénéficie, c'est prouvé, c'est les enfants, c'est les hommes, c'est tout le monde, et quand ça recule, c'est bon pour personne. Donc c'est un premier signe, c'est la fameuse phrase de Simone de Beauvoir, il suffit d'une crise, il suffira d'une crise, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire ? S'unir. Nous les femmes, on a toujours été très isolées les unes des autres, par choix politique aussi. On n'a pas été dans la vie professionnelle et publique, ça fait que c'est très récent qu'on y est. Et pour ça, les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, parce qu'ils nous ont permis d'être en lien les unes avec les autres, de voir que ce qui nous concernait finalement était politique, puisque c'était systémique et ça concernait toutes les femmes. Ça a permis d'ouvrir les consciences et de nous relier, mais maintenant il faut qu'on soit unis pour de vrai. À chaque fois que les femmes ont été unies, elles ont fait changer les choses de manière conséquente. Donc c'est ça qu'il faut qu'on arrive à faire. Je vais donner un exemple qui me tient vraiment à cœur, mais j'en ai plein en fait. C'est l'exemple de l'Islande en 1975. L'Islande n'était pas du tout un pays égalitaire à cette époque-là, il y avait 4 ou 5% de femmes députées. Et les femmes ont dit stop. Elles se sont unies, elles se sont arrêtées pendant une journée, au niveau professionnel, donc les hôpitaux, les administrations, les entreprises, tout à l'arrêt, et aussi au niveau personnel. Donc les enfants ont mangé des bonbons et des saucisses toute la journée, paraît-il. Et bien ça a été hyper efficace cette journée, parce que quelques mois après a été votée une loi en faveur de l'égalité, et cinq ans après a été élue la première femme chef d'État au monde, et depuis l'Islande est toujours le pays le plus égalitaire au monde. Et c'est aussi l'un des pays où les habitants sont les plus heureux et l'environnement le plus protégé. Et c'est pas un hasard, parce que tout ça est intrinsèquement lié, le bonheur, l'égalité et l'environnement. Et en fait, il a suffi d'une journée... Pour que l'Islande devienne de 4% de députés, devienne le pays le plus exemplaire, alors il y a encore des choses à faire, mais quand même le pays le plus exemplaire en matière de mixité. Et cet exemple s'est réitéré dans plusieurs endroits du monde, en Espagne, au Québec, etc. Et à chaque fois, il y a eu des avancées conséquentes. Moi, mon rêve, c'est que nous les femmes, on soit ensemble et qu'on se dise pendant une journée... on fait comme les Islandaises, on arrête tout au niveau professionnel et personnel les deux, une journée et à quoi ressemblerait le monde si nous les femmes libres, parce qu'on risque pas notre vie à faire ça, si nous les femmes libres on fait ça, à quoi ressemble le monde vous imaginez les hôpitaux j'imagine tout qui s'arrête l'éducation Tous les besoins essentiels de l'humanité, finalement, où les femmes sont surreprésentées. C'est pas un hasard non plus. Tout ce qui est malade, tout ce qui est personnes âgées, tout ce qui est enfants, tout ce qui est environnement, alimentation, eau potable. En fait, ça serait le chaos. Je me rappelle, dans une conférence, il y a même des femmes qui ont dit « ça serait la fin du monde » . Et il y en a une autre qui a dit « ça serait la fin de ce monde » . Oui,

  • Speaker #1

    j'allais dire « ça serait la fin d'un monde » .

  • Speaker #0

    Et en fait, on se rendrait compte à quel point les femmes... portent les besoins essentiels pour l'humanité. Et à quel point, sans mixité, le monde s'écroule et à quel point le monde repose sur la mixité qui est généralement un travail sous-rémunéré ou gratuit. Et si cette journée est assortie de demandes très claires pour qu'on arrive rapidement à la mixité, parce qu'on sait comment faire, on a des outils qui sont efficaces, qui sont éprouvés, je pense qu'il y aurait un avant et un après, et un après très clair. Et ça serait juste une journée. Donc ça, c'est vraiment mon rêve, c'est-à-dire qu'on soit ensemble pour dire stop, ça suffit, maintenant on veut la mixité, avec les hommes engagés. Les hommes engagés, ils pourraient par exemple... s'occuper de safe place, de place de sécurité, pour s'occuper des petits-enfants par exemple, ou des personnes malades, pour remplacer les femmes qui s'arrêteraient ce jour-là.

  • Speaker #1

    Tu as la date déjà ?

  • Speaker #0

    Non, mais il faut qu'on fasse ça en début 2026.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un appel, qui veut prendre ce sujet en main ? Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as de la mixité dans l'intérêt qu'on porte à ton travail et à ton livre notamment ? Est-ce que tu as vu de la mixité ? parce que... La question sous-jacente c'est est-ce que ce sont les femmes qui s'intéressent aux problèmes de femmes et à l'intérêt des femmes ?

  • Speaker #0

    Alors oui et non, c'est-à-dire que quand il y a des conférences sur la mixité ou sur les femmes etc. on va avoir 95% de femmes dans la salle, ça c'est une certitude. Je me rappelle, je suis intervenue récemment avec des jeunes et c'était un jeune homme qui commençait et qui disait « moi je ne suis pas tellement concernée par ce sujet, je sais mais tu rigoles ou quoi ? » L'égalité, ce n'est pas l'apanage des femmes, ça concerne tout le monde, les femmes et les hommes. Pourtant, les hommes sont tout autant concernés parce qu'ils ont tout autant de bénéfices à avoir que nous de la mixité. Vraiment, c'est-à-dire qu'ils vont avoir davantage de liens avec le care, avec les besoins essentiels. Ils vont pouvoir sortir des cases dans lesquelles on les a mis aussi, avoir... d'autres valeurs qui vont être mises en avant. C'est extrêmement bénéfique pour eux aussi, ça veut dire un monde qui fonctionne mieux. Évidemment, pour eux, c'est tout autant bénéfique que pour nous, mais ce n'est pas perçu. Et puis après, les femmes ont peur aussi de parler de ce sujet. On a l'impression de franchir une ligne rouge. On est parfois les meilleurs ennemis de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est intéressant aussi que tu évoques...

  • Speaker #0

    Il y a un point commun. entre femmes et hommes sur ce sujet là et qui est vraiment partagé par la très très grande majorité de la population c'est que c'est un sujet qui fait peur quand on parle des femmes quand on agit pour les femmes on a l'impression qu'on va agir contre les hommes qu'on va parler contre les hommes toujours ce truc là mais si on agit pour les femmes ça veut dire c'est contre les hommes et en fait moi je leur dis mais quand on c'est la seule catégorie de population pour laquelle on ne peut pas agir, c'est-à-dire qu'on n'a pas de problème de faire des programmes ou des actions publiques ou privées, spécifiques pour les jeunes, pour les talents des quartiers, pour les seniors. Pour les femmes, non, on a toujours l'impression qu'on va se toucher comme sujet, on va être contre les hommes et qu'est-ce qui va ressortir, non, non. Et en fait, quand on agit pour les jeunes, on n'agit pas contre les seniors. En fait, c'est pareil pour les femmes. Quand on agit pour les femmes, on agit pour les femmes. On agit aussi pour la mixité en plus, et donc on agit pour toute la communauté. Donc c'est extrêmement bénéfique. Tout le monde a peur de ce sujet. C'est fou, oui. C'est terrible.

  • Speaker #1

    Et justement, quels sont les retours que tu as par rapport à ton livre qui est sorti il y a quelques mois maintenant ?

  • Speaker #0

    Sur les hommes ?

  • Speaker #1

    Sur les retours, oui, peut-être les hommes. Est-ce qu'il y en a qui t'ont fait des retours ?

  • Speaker #0

    Justement, j'étais en visio tout à l'heure avec un réseau féminin d'une grande entreprise. Il y avait un homme qui était là, qui dit « moi ça m'a bouleversée » . Alors moi j'adore quand il y a des hommes qui lisent. Et ce dont je me suis rendue compte, c'est que les femmes lisent et le donnent à leur mari souvent après. Et ça, moi, c'est mon plus grand cadeau parce que tout ce que je fais, c'est pour. C'est le ensemble. C'est jamais contre. Donc, quand les hommes lisent ça,

  • Speaker #1

    c'est vraiment chouette. C'était Aurélia Blanc qui avait écrit sur « Tu deviendras un homme féministe, mon fils » . Et qui, dans un de ses chapitres, avait noté qu'effectivement, c'est les femmes qui lisaient justement des livres comme le tien, presque sociologiques. de compréhension, etc., mais qui n'arrivaient presque pas dans les mains des hommes, ce qui est dommage, parce que le changement viendra d'eux aussi.

  • Speaker #0

    Alors oui. C'est pour ça, tu vois, la question « Les femmes sauveront-elles le monde ? » En fait, déjà, elles le sauvent déjà. Elles le font déjà, mais sans voix et sans moyens. Donc, ce n'est pas une injonction à faire plus, parce qu'elles le font déjà. C'est juste une injonction à être ensemble. Et en fait, c'est la mixité qui sauvera le monde. Et donc ça passe aussi par les hommes. En fait, tout le système a été tellement construit par et pour les hommes, et c'est un fait, ce n'est pas une opinion, les femmes n'avaient pas accès à la sphère professionnelle et publique, donc ça a été construit par les hommes uniquement dans tous les pays du monde, jusqu'à récemment. Et donc, dans ces cases-là... Ils y sont plus à l'aise que nous, forcément, puisque ça a été fait par et pour. Et nous, c'est quand même beaucoup plus compliqué, parce qu'on nous fait rentrer au chausse-pied dedans, sans transformer les cases existantes. C'est-à-dire qu'en plus, on doit garder la même charge mentale, domestique et familiale qu'auparavant ou à quelques minutes près. Mais en gros, c'est quand même ça. Et puis, on doit se conformer au code existant, sans qu'on soit posé autour de la table, en disant maintenant quel monde on veut ensemble, maintenant qu'on est à l'égalité. Et du coup, nous les femmes, on revient un peu plus dans les brancards, on se rend davantage compte de l'absurdité des priorités, des indicateurs du monde, de là où on va en fait, on s'en rend compte davantage. Et puis surtout, comme je le disais tout à l'heure, si les femmes sont beaucoup plus éco-conscientes, beaucoup plus éco-responsables, sont locomotives de l'impact partout dans le monde, si on prend n'importe quelle étude dans n'importe quel pays, les femmes sont plus éco-conscientes et ça c'est pas génétique. C'est pas biologique, c'est simplement logique, c'est parce qu'on a vraiment les mains dedans. Qui s'occupe des bébés, des malades, des personnes âgées ? C'est nous. De l'alimentation, de l'eau potable, massivement, c'est nous. C'est massif la différence avec les hommes. Donc on se rend compte du lien avec un environnement sain ou dégradé, donc c'est pour ça qu'on agit aussi. C'est pour ça aussi qu'on distord les cases et qu'on voit qu'elles ne correspondent pas au bon sens, à ce que voudrait, ce qui devrait être pour l'humanité, pour la... pour que notre espèce perdure, tout simplement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a été éprouvant à écrire ce livre ?

  • Speaker #0

    Le plus éprouvant, c'était de trouver la légitimité. Donc ça, c'était compliqué. Oui, j'ai des biais. En fait, les biais sont tellement ancrés en nous que tous les jours, je découvre des nouveaux biais. En fait, ils sont tellement puissants, tellement dans chaque... C'est comme un magma, en fait, ça filtre partout. Et puis, là, le chapitre qui a été éprouvant, c'est celui où... où je constatais l'absence des femmes partout, je me disais mais c'est pas possible, c'est pas possible. Et puis surtout l'égalité, tout le monde me dit bon c'est bon Marie, on y est presque à l'égalité. Mais non, c'est 300 ans l'égalité, donc j'ai pas du tout envie d'attendre 300 ans. Ni les moyens d'ailleurs, physiques.

  • Speaker #1

    Je vais passer aux questions un peu signatures du podcast, notamment celle-ci, pour toi agir, ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, on a tout ça en nous. Et agir, c'est suivre son instinct, c'est ses tripes, c'est se reconnecter à soi. Qu'est-ce qui semble juste ? Et faire un premier pas. Agir, c'est faire un premier pas. Parfois, on a l'impression qu'agir, ça va être gravir une montagne et qu'on n'en a pas les moyens, qu'on se sent impuissant, qu'on ne va pas y arriver, etc. Mais en fait, pour gravir une montagne, il faut toujours commencer par un premier pas. Moi, agir, c'est d'abord ce premier pas-là qui met en action. Et souvent on se dit oui mais quel premier pas faire etc. Donc moi j'ai une super astuce, c'est ce premier pas c'est d'en parler autour de soi. Donc dès que j'ai un projet, par exemple le livre c'est pour ça qu'il est terminé, c'est parce que j'ai commencé à en parler autour de moi. C'était le premier pas, c'est d'en parler autour de moi donc après j'ai mis des années. Donc après tout le monde revient vers moi en disant bah alors t'en es où de ton livre, t'en es où ? Bah à un moment il va falloir t'y mettre tu vois, tu t'y mets. Donc l'action c'est juste sentir que c'est c'est juste pour soi, que ça nous attire, que c'est dans les tripes. Et faire ce premier pas, et ce premier pas ça peut être d'en parler autour de soi parce que c'est hyper facile d'en parler autour de soi. Oui,

  • Speaker #1

    mais après tu es affichée.

  • Speaker #0

    Tu vois c'est comme le mouvement mondial où les femmes sont unies. Maintenant que j'en parle, je me dis mince,

  • Speaker #1

    il va falloir faire bouger des choses. Est-ce que tu as une femme justement dans ton quotidien, pour toi une femme qui agit, ça serait qui et pourquoi ? Et qui t'inspire aussi.

  • Speaker #0

    Il y a une femme qui m'inspire énormément, c'est Yacine Darderne qui dirigeait la Nouvelle-Zélande, l'ex-première ministre, parce qu'elle a fait les choses justement en suivant ses tripes. Ils sont bon sens et avec un grand sourire et de l'empathie et de la bienveillance, elle a fait les choses différemment. Elle a même remplacé les indicateurs du PIB, qui est un indicateur complètement obsolète. Par des indicateurs où au centre sont la santé, l'éducation, l'environnement. Ce qui devrait être logique en tant qu'être humain. Il n'y a que ça qui compte. L'environnement, c'est-à-dire être dans un environnement sain où on peut respirer, boire de l'eau potable, manger sainement. L'éducation pour grandir ensemble. Et la santé. Le reste est accessoire. Donc, elle m'inspire énormément. Je suis extrêmement admirative. Et après, au quotidien, franchement, je rencontre des milliers de femmes chaque année. en fait salariée porteuse de projet, entrepreneuse et en fait j'adore voir l'œil qui brille et l'envie qui est là et dire et tu penses que moi j'aimerais faire ça et en fait j'encourage toujours parce que je sais que parfois un simple encouragement ça permet d'être le premier pas de déclencher en fait tout

  • Speaker #1

    à fait Et quel domaine tu aimerais voir plus d'action ? Alors attention, pas un de ceux qu'on a évoqués. Est-ce qu'il y a un autre domaine que tu as envie de nous partager qui te touche tout particulièrement et où tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis monomaniaque, donc j'ai envie que ce soit que sur la mixité. Je pense que c'est la source de tout. Le jour où il y a une vraie mixité, où il y a des vraies actions pour la mixité, c'est-à-dire on met de l'argent sur la table et on met ce qui fonctionne, ça veut dire... des quotas partout, ça veut dire de l'égal conditionnalité, donc soumettre chaque financement public à un plan en faveur de la mixité, ça veut dire que tu n'as pas fait de plan pour aller vers l'égalité, tu n'as pas d'argent, des budgets genrés, c'est-à-dire s'assurer que les budgets vont autant aux filles qu'aux garçons, par exemple dans les mairies, un vrai congé deuxième parent digne de ce nom, ça veut dire comme dans les pays du Nord, 6 mois pour le père, 6 mois pour la mère, 6 mois pour le deuxième parent. Et six mois pour les deux. Voilà. Il n'y a que ça qui m'intéresse. Donc, je ne vais pas avoir autre chose à dire.

  • Speaker #1

    Eh bien, on va rester là-dessus alors. Ça me va aussi.

  • Speaker #0

    Que je sois monomaniaque.

  • Speaker #1

    Donc, tu sois engagée. Que ce combat soit en fait omniprésent.

  • Speaker #0

    Omniprésent. Mes enfants, ils me disent, si on ne parle pas d'égalité à table, c'est que ce n'est pas un bon repas. Ce n'est pas un bon repas.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un bon repas. Et d'ailleurs, je tiens à une dernière question. Est-ce que la notion de transmission à tes enfants, elle est importante sur ces sujets-là, entre autres ? Bye !

  • Speaker #0

    En fait je pense que la transmission se fait par l'exemple donc c'est pas en leur rabâchant des trucs qu'ils vont faire au contraire il peut y avoir une opposition quand ils sont adolescents mais c'est par l'exemple en voyant et là je les vois ils sont engagés et éveillés donc je suis très fière des quatre parce qu'avec mon mari on en a deux chacun donc quatre à la maison et ben bravo pour ça ouais bon c'est pas assez une longue route et bravo et merci pour tout ce que tu fais merci à toi aussi Emilien c'est pour ça que sur mon livre il y a une goutte d'eau c'est parce qu'on est toutes et tous des gouttes d'eau et que c'est ensemble qui compte qui fonce cet océan merci beaucoup Marie j'espère

  • Speaker #2

    que cet épisode vous a plu merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas si vous avez aimé à le partager, à le commenter à faire vivre la communauté elles agissent Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com A très bientôt !

Description

Marie Eloy : Et si on sauvait le monde… ensemble ?

Fondatrice de Bouge ta Boîte et Femmes des Territoires, Marie Eloy a accompagné des milliers de femmes à créer, entreprendre, oser.

Dans cet épisode , elle revient sur la fin brutale de Bouge ta Boîte, une aventure humaine et économique hors du commun. Son envie d'avancer et de continuer son action.


Elle partage son regard sur l’entrepreneuriat féminin, la fragilité des droits, la force des territoires… et surtout, sa conviction profonde : ce qui sauvera le monde, c’est la mixité.


Un échange sans filtre sur le pouvoir d’agir, la sororité, les systèmes à déconstruire… et le rêve d’un mouvement mondial porté par les femmes.


Un épisode à écouter et à partager.
Inspiré aussi de son livre Les femmes sauveront-elles le monde ? que nous citons dans l'épisode.



Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #1

    J'ai pas une action dont je suis fière, c'est je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #0

    J'ai pas de mots pour agir, c'est une action.

  • Speaker #1

    Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #1

    Merci d'être dans Elles Agissent,

  • Speaker #0

    je suis ravie. Moi aussi.

  • Speaker #1

    Alors Marie, tu es une femme qui parle, dénonce aussi, et surtout qui agit. Donc tu as toute ta place ici. Tu as mis en place de l'action, surtout en avant, tu mets aussi en avant l'action féminin. Tu es journaliste, fondatrice de réseau féminin, et je voulais commencer aussi par parler de ce qui a marqué ces derniers mois, ces derniers jours qui ont dû être aussi en tout cas intenses, avec la sortie de ton livre aussi, et chargé en émotions, peut-être en fatigue aussi. Comment est-ce que tu traverses la fin de l'aventure de Bouge ta boîte ? Alors je suis désolée c'est une question qui rentre dans le sujet directement mais c'est d'actualité et je pense que c'est important aussi d'en parler parce que c'est ce que beaucoup de personnes doivent se demander. C'est l'un de tes réseaux, comment tu te sens et comment tu le vis ?

  • Speaker #0

    Oui alors Bouge ta boîte c'est un réseau business qui était présent dans 175 villes et qui organisait 5000 réunions de travail par an pour les entrepreneuses. en activité, qui souhaitait développer leur entreprise. C'était le plus grand en France et je pense aussi en Europe. Donc c'était une aventure incroyable qui existait depuis 8 ans. C'était aussi une entreprise à mission, bicorps, enfin bref, on Ausha toutes les cases. Le seul point qui était difficile, c'était le modèle économique parce qu'on avait deux jambes financières. On en avait une, c'était des formations pour les carrières des femmes dans les organisations. Et une, c'était les adhésions des entrepreneuses, mais on était deux à trois fois moins cher qu'un réseau mixte pour fonctionner, parce que nous les femmes, et notamment entrepreneuses, on a très peu de culture du réseau en France, et donc il fallait absolument un réseau beaucoup moins cher, et sur l'heure du midi, et avec d'autres codes, etc., pour qu'il y ait de plus en plus d'entrepreneuses qui travaillent ensemble, qui s'entraident, et donc aller vers notre mission. Notre mission, c'était d'accélérer l'égalité économique. Et tout ça fonctionnait à peu près jusqu'à ce qu'on avait prévu qu'on était rentable grâce au volume. Donc on était sur la bonne lancée puisqu'on était à 2200 bougeuses et on savait qu'on était rentable à 3000. Donc pour y arriver, on avait fait plusieurs levées de fonds, 5, avec des actionnaires franchement hyper engagés et géniaux, et notamment Guillaume Richard qui dirige WeCare, qui est leader du service à la personne, qui a vraiment soutenu. En long, en large, en travers pendant toutes ces années. Et le réseau était dirigé par Julie Baudin, avec que j'appelle toujours, encore tous les jours aujourd'hui. Et c'est un binôme incroyable. Sauf que dans le contexte économique et politique, depuis un an, on n'y arrivait plus du tout. C'est-à-dire, politique et économique, tout ce qui concernait les formations carrément des femmes ont été... Reporté de mois en mois depuis la dissolution parce que les budgets ont été gelés, parce que tout ce qui était égalité était un peu au fond du panier de la RSE, de la responsabilité sociétale des entreprises. Donc on en avait plusieurs dans le détuit, mais c'était décalé de mois en mois. Et puis au niveau économique, avec la crise économique, on a vu qu'il y avait beaucoup d'entrepreneuses qui arrêtaient de se payer ou qui avaient vraiment des difficultés pour payer la cotisation donc On vivait une forte baisse de chiffre d'affaires, je ne voyais pas comment on allait tenir. Donc en décembre on a fait un premier plan social, on a licencié neuf personnes dans l'équipe. Ça a été un moment assez douloureux, mais on a tout remonté. Donc un plan social avec un CSP, ce qui fait que les salariés sont bien protégés pendant deux ans, financièrement avec le même salaire. Et donc on a tout remonté, on s'est dit on va faire un tour de France, on va aller partout sur le terrain comme on a l'habitude de faire, et puis on va y arriver, etc. On savait qu'on ne pouvait plus faire de levée de fonds. Parce qu'on en avait fait 5, dont une participative l'année dernière avec 400 petits actionnaires que je remercie infiniment parce que grâce à eux, on a pu continuer à aider des milliers de femmes pendant un an de plus. Mais on ne pouvait pas faire d'autres levées parce qu'on avait ce qu'on appelle des obligations convertibles à rembourser en 2026 à hauteur de 800 000 euros. Donc quand on investit dans une entreprise, on a le choix entre des actions, donc des parts de l'entreprise, ou des OC. C'est comme un prêt, des obligations convertibles. mais il faut le rembourser à un moment donné. Donc on n'aurait aucun investisseur qui aurait mis 800 000 euros dans la boîte pour rembourser des actionnaires. Donc on savait que c'était fichu. Et donc au mois de mars, comme on n'arrivait que difficilement à remonter la pente, je me suis dit, il faut absolument qu'on s'adosse à un groupe beaucoup plus solide que nous. Donc vraiment, j'ai ravalé mon égo et j'ai contacté à peu près la terre entière. Et on a eu beaucoup de marques d'intérêt, de très gros, et dont trois offres fermes déposées au tribunal. Et donc pour une session, continuité du mouvement, parce que moi ce qui comptait pour moi, c'était que les salariés soient repris au moins en partie. Et surtout que le mouvement continue dans toute la France, parce que c'est incroyable ce mouvement-là. Dans les territoires, c'est extraordinaire en fait. Et je ne voulais pas que ça s'arrête. Sachant que nous, Bouge ta boîte, on n'a jamais eu de subvention publique, on est soutenu moralement. Mais s'il y avait un vrai plan pour l'entrepreneuriat des femmes, on aurait été soutenu autrement. S'il y avait une vraie volonté de soutenir l'entrepreneuriat des femmes, comme par exemple au Québec, on n'en aurait jamais été là. Et ce n'est pas le cas. Et donc, trois offres fermes, une qui était plus élevée que les deux autres. Donc les deux autres se sont retirées, on a commencé à travailler avec ce groupe-là. Avec les représentants du personnel, nos DAF, nos avocats, etc. Et la veille au soir, ils nous ont dit que leur conseil de surveillance avait dit non. Et nous, on avait prévu la trésorerie jusqu'à ce moment-là. On avait prévu en cas de difficulté majeure, on avait mis sur un compte à part toutes les cotisations des nouvelles bougeuses, de quoi payer nos prestataires, etc. Donc, c'est de faire en sorte que ça soit le plus clean possible. Au cas où, ça se faisait pas, mais normalement ça se faisait à 95%. Et donc la veille au soir, ils nous ont dit qu'ils partaient pas avec nous. Et donc le matin, à 8h du matin, on était au tribunal, normalement pour la session ce jour-là, la reprise des salariés du mouvement. Et en fait, on s'est retrouvés en liquidation judiciaire. Donc ça a été un moment un peu... C'est très violent.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    c'était pas drôle. C'était pas drôle parce qu'il a failli eu lieu dans la foulée, enfin dans l'heure. Convoquer tous les salariés, leur annoncer que c'était la fin pour eux. Alors évidemment, on a toujours été en transparence. On a un fonctionnement assez horizontal, donc ils savaient les différentes options. Mais celle-ci, même pour moi, je ne l'envisageais pas en fait. Enfin très peu. Je savais que c'était une possibilité, mais vraiment infime. Voilà, donc ce moment a été assez dur. Et puis dans la foulée, assez dur mais solidaire. C'est dans ces moments-là qu'on voit aussi ce qu'on a construit. Donc on était tous ensemble en fait. Et puis dans la foulée, il a fallu écrire une communication parce qu'on est quand même très visibles partout. Il y avait l'annoncé quoi. L'annoncé, donc il me restait deux neurones et je me suis isolée, j'ai écrit la com. Après on l'a relu en large et en travers avec Julie et puis les équipes qui étaient là. Et puis quand il a fallu appuyer sur le bouton, j'ai cru que j'allais m'évanouir parce que c'était vraiment la fin quoi, que j'avais jamais imaginé. Et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Quels ont été les retours ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un vague souvenir de ce moment-là parce que j'ai fait une sorte de blackout pendant deux jours. Je me suis retrouvée en train de lessiver les murs de la cuisine et quand on sait que le ménage et moi, ça fait 12,

  • Speaker #1

    c'est qu'il y avait un souci.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Par contre, on a eu des milliers de messages. Mon téléphone était inondé de milliers de messages et pas juste, c'est dommage, vous avez changé notre vie, on est orpheline, comment on va faire sans vous ? Et c'est là où on voit... Tout notre impact, on savait notre impact parce qu'on avait des choses très factuelles, on avait des mesures d'impact, tout ça. Donc on savait qu'on avait un impact important depuis 8 ans et qu'on a vraiment soutenu des milliers d'entrepreneuses en France. C'est indéniable. Mais par contre là, c'était tout d'un coup qui arrivait de tous les côtés. Et ça, ça fait beaucoup de bien à l'équipe. Ça fait beaucoup de bien à Julie et à moi aussi.

  • Speaker #1

    C'est de l'humain qui est arrivé dans un moment où c'était... C'était très juridique.

  • Speaker #0

    On n'avait pas rêvé en fait. On savait qu'on n'avait pas rêvé et qu'on avait vraiment fait des choses.

  • Speaker #1

    Et qu'il y avait des vrais retours et des vrais impacts aussi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis, ce qui a aidé aussi, c'est qu'avec Julie et l'équipe, on sait qu'on a fait de notre mieux tout le temps. On n'a jamais été... Parce que dans une session, on ne pouvait pas en parler avant. Dans une session, c'est une procédure confidentielle. Donc je n'avais pas le droit d'en parler, à part à mes salariés. Oui, j'ai vu que ça,

  • Speaker #1

    ça n'avait pas toujours été compris justement sur les réseaux. Il y a eu quelques commentaires en disant mais pourquoi l'annoncer aussi tardivement, etc.

  • Speaker #0

    On n'avait pas le droit. Et voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qu'il faut comprendre en fait dans cette...

  • Speaker #0

    Bah oui, parce que sinon ça... Dans la complexité. Bah oui, oui. Une session, ça peut la faire capoter, si ça se fait. Donc c'est normal que ça soit une procédure confidentielle. Mais du coup, j'ai aucun regret, je sais que j'ai fait de mon mieux tout le temps. Ces huit ans, même un peu trop. Julie aussi parce qu'on a été vraiment sacrificielle par moments ça ça aide de ne pas avoir de regrets et tu me disais aussi que ça continue enfin voilà ah ouais mais alors les femmes sont juste extraordinaires, les bougeuses elles sont moi elles m'épatent au quotidien parce que elles se sont créées en asso un peu partout en France Elles ont créé dans les 2-3 jours un groupe LinkedIn, le Refuge des Bougeuses, et sur WhatsApp, 70 sous-groupes. Donc voilà, je les laisse vivre, elles vivent ça. Après, la procédure judiciaire est toujours en cours, donc ça veut dire qu'il y a toujours quelqu'un qui a la possibilité de racheter la marque, les fichiers, la plateforme, les méthodes, etc. Et moi, je suis la seule personne qui n'a pas le droit, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais déjà, toi, ça t'a permis aussi d'avoir ces retours-là, de remonter tu vois le moment un peu down que tu as vécu, et ce qui est normal juste après, c'est se nourrir aussi de ce que les autres ont ressenti, ce qui t'a permis de...

  • Speaker #0

    Ou parce qu'on n'a pas le choix et on fonce. Le moment le plus difficile, finalement, c'est à partir du moment où j'ai vu qu'on n'y arriverait pas. Donc à partir du mois de mars, avril, mai, c'était sur toute cette période-là. Donc annoncer aux actionnaires, aux salariés, dire qu'il fallait qu'on trouve... quelqu'un, appeler les gens, puis une session c'est une session symbolique donc c'est pas un euro mais c'est pas loin quoi. Donc cette période là a été extrêmement dure parce qu'en même temps je faisais des conférences tous les jours, on motivait tout le monde puis on essayait toujours de continuer parce qu'on avait espoir aussi qu'on y arrive par nous-mêmes. Cette période là était vraiment très très dure, la liquidation judiciaire ça a été un gros choc mais... Mais moralement, je pense qu'on avait davantage souffert avant. Ça ne veut pas dire l'apothéose, parce que c'est positif, mais c'était le point culminant.

  • Speaker #1

    Et en quoi c'est représentatif de ce qui va mal, justement, dans notre société ?

  • Speaker #0

    C'est catastrophique. Je ne sais pas comment c'est possible de laisser tomber un réseau comme ça. Je ne comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur l'IA. Alors moi, l'IA, j'utilise. C'est chouette, mais c'est un gadget. C'est pas au cœur de nos vies en fait, c'est pas essentiel pour les besoins de l'humanité, mais c'est très chouette. Je comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur ces sujets-là, sur des sujets qui me dépassent en fait, et pas sur l'essentiel, c'est-à-dire la mixité, l'égalité, l'entrepreneuriat des petites entreprises, parce qu'on sait que c'est ce qui fait vivre les territoires, on sait qu'en plus en France, on n'est pas bon en entrepreneuriat des femmes, il faut absolument soutenir. Sur 100 entreprises en France, il y en a 22 qui sont créées par des femmes, 62 par des hommes. Et donc on voit bien la différence, le reste c'est par des équipes mixtes. Donc on dit toujours il y a 38% de femmes entrepreneuses, mais en fait ces 38% ça compte la mixité, les entreprises mixtes plus femmes. Donc c'est biaisé, c'est un entrepreneuriat qui est précaire, c'est 30% de rémunération de moins en moyenne, entre 20 et 30%, que les hommes entrepreneurs. Donc il y a vraiment du boulot à faire pour rééquilibrer.

  • Speaker #1

    Oui, il y aurait même le champ libre pour exprimer quelque chose d'une manière politique, etc. Mais qui n'est pas du tout, qui n'intéresse pas en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, ça n'intéresse pas. Enfin, ça intéresse de façade, mais il n'y a pas de moyen de mis. Et pour moi, quand il n'y a pas de moyen de mis, ça veut dire qu'il n'y a pas de volonté. Et puis c'est un entrepreneuriat, l'entrepreneuriat des femmes qui est extrêmement engagé. Donc non seulement ça dynamise les territoires, ça crée des emplois, mais aussi c'est engagé. Toutes, elles ont créé leur entreprise pour faire différemment. Donc, de manière éthique. plus transparente ou alors pour plus d'environnement, plus de liens sociaux, enfin toutes,

  • Speaker #1

    vraiment toutes. Il y a un fond,

  • Speaker #0

    il y a une réflexion derrière. C'est plus engagé parce que pour plein de raisons, on a les mains dedans, on a les mains dans le lien social, on a les mains dans l'humain, on a les mains dans la santé, dans l'alimentation. Donc c'est un entrepreneuriat qui est plus engagé, qui est absolument indispensable au territoire. Parce que l'entrepreneuriat en France, c'est 97% des toutes petites entreprises. Donc c'est celui-là qu'il faut soutenir. Et pour ça, je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Non, moi non plus. Mais c'est aussi... Oui, c'est représentatif de tellement d'autres choses, comme on disait, beaucoup plus marquantes. Effectivement, ces actions ne sont pas entendues et la motivation, elle est quand même dure à aller chercher, à retrouver, à aller chercher, de ne pas désespérer. Tu vois ce que je veux dire ? Quand on est engagé sur ces sujets-là, et puis quand tu te prends des revers comme ça, ne serait-ce que par les constats, on va aussi en parler par ton livre, par les chiffres, etc. Comment tu trouves cette énergie aussi ? Comment tu renouvelles ?

  • Speaker #0

    Déjà, je sais que ce que je fais, c'est utile et que je sais pourquoi je me lève tous les matins et toute l'équipe, c'était pareil. Donc ça, ça aide quand même. Je pense que quand tu es dans l'action, quand tu fais les choses concrètement, parce que nous, ce n'était pas des paroles, en fait. On était les mains vraiment dans le cambouis. avec les entrepreneuses dans tous les territoires. Donc, quand tu es dans l'action aussi, c'est un antidote à...

  • Speaker #1

    Oui, à ne pas se poser la question de si ça va marcher ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avances, tu es dans l'action, donc tu te sens forcément utile. Et quand tu es utile, ça donne aussi beaucoup de joie d'être utile. Et puis moi, je suis de nature très optimiste. Mais il faut. Donc, ça aide. J'ai des équipes géniales. Puis après, j'ai aussi Femmes des Territoires. Je suis présente de Femmes des Territoires, qui est maintenant le plus grand réseau pour les entrepreneuses, qui est davantage au démarrage de la création d'entreprise et qui est dirigée par Céline André. Donc, j'ai aussi une équipe de ce côté-là qui est fantastique. Il y a des femmes partout en France aussi. On est dans 100 villes. Donc, je ne suis pas toute seule, en fait. On est ensemble.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir justement sur cette force du territoire, de la proximité. C'est très important pour toi, c'est presque un ancrage d'ailleurs d'où ça vient cette force que tu tires justement du territoire. Et est-ce que ça ne serait pas aussi politique mais au sens noble du terme ? Est-ce que ce n'est pas ça la vraie politique ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ferais jamais de politique au sens actuel du terme.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que j'ai précisé sens noble parce qu'on l'a perdu je pense.

  • Speaker #0

    Mais sens noble, oui oui tout à fait. De toute façon tous les changements dans la société sont venus des mouvements citoyens et au sens noble c'est vraiment être engagé donc dans ce sens, dans ce terme là oui. Et après territoire, moi je viens des territoires, j'ai grandi dans un petit village du nord de la France. C'était, enfin voilà c'est toute ma vie et après j'ai passé une bonne partie de ma vie dans un petit village aussi en Bretagne.

  • Speaker #1

    Donc c'est naturel pour toi. Oui. Et tu en vois la force aussi. Tu vois la force de ce territoire. C'est la vraie vie. Oui. On va parler de ton livre aussi. Quand je l'ai lu, je me suis dit, est-ce que ce ne seraient pas toutes les réponses que je n'ai parfois pas aux personnes qui me parlent d'une manière assez négative du féminisme. Ou des combats. Non, mais c'est vrai, parce que je trouvais qu'il y avait toutes les réponses à ce que j'ai pu entendre parfois en disant oui, mais. Tu sais, le fameux oui, mais. Et tu y réponds, en fait, dans ton livre.

  • Speaker #0

    En fait, j'ai tellement écumé les territoires. Moi, j'adore être en mouvement, donc j'ai tellement écumé, j'ai tellement essayé de convaincre de la nécessité au début. Moi, je n'y connaissais rien à ces sujets, franchement. Voilà, comme tout le monde, c'est un éveil qui est progressif et qui est là depuis maintenant. de 10-15 ans, mais au début je ne me rendais pas compte parce que j'avais une émission, enfin je remplaçais notamment une émission sur les droits des femmes sur RFI il y a longtemps, Radio France Internationale, parce que j'étais journaliste. Mais après ces sujets-là, sinon, je n'étais pas dedans. Mais en fait, à force d'essayer de convaincre de l'intérêt d'avoir des entrepreneuses pour notre pays, je me suis dit mais ce n'est pas possible, donc j'ai commencé à chercher des chiffres, à regarder. avoir la précarité, avoir les inégalités. Puis moi, j'étais maman solo, j'étais au RSA. J'étais bénévole en même temps à temps plein pour l'école Montessori que j'avais cofondée. Donc je voyais bien que l'argent et les femmes, ça faisait deux. Enfin bref, et donc à force de creuser, creuser, d'aller chercher les données, je me suis dit mais c'est pas possible. Puis plus je travaillais, plus je me disais mais... Et donc à chaque fois que j'essayais de convaincre... On me rétorquait des arguments, des arguments. Donc après, moi, en plus, je suis nulle en répartie. Donc les arguments, ils me venaient la nuit en me disant « Mais pourquoi t'as pas répondu ça ? »

  • Speaker #1

    Les fameux arguments qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces questions, je les ai appelées les questions de l'avocat du diable. Parce qu'on les a toutes et tous en nous. Même moi, je pouvais les avoir, en fait. Et en fait, ça me fait marrer parce qu'à chaque fois que je fais des conférences, ça revient, ces questions-là. Donc maintenant, je sais comment répondre. Oui. Mais elles sont en nous parce que ça fait partie de l'inconscient collectif. Je sais par exemple que si dans une conférence, je parle d'entrepreneuriat des femmes par exemple, ou même de salariat, peu importe, de mixité, si dans les cinq minutes, je n'ai pas dit que ce n'est pas contre les hommes, je vais avoir une main qui va se lever et qui va me dire, moi, je ne suis pas contre les hommes, moi, je ne suis pas féministe, mais... Et donc du coup, je sais les mots qu'il faut dire pour déverrouiller, pour que l'attention continue d'être là et pour qu'on ait envie de soutenir cet élan vers la mixité, parce qu'il ne s'agit de rien d'autre, il s'agit de mixité. Et c'est pour ça que j'aime bien inverser les chiffres. Et tout au long de mon livre aussi, je les inverse, parce que l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui, si c'était les hommes qui avaient les chiffres qui nous concernent, mais on serait tous dans la rue, moi la première, pour demander la mixité. Donc c'est important aussi d'avoir ce recul-là.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vrai que je l'avais remarqué justement, que tu abordais le mot mixité, enfin tu donnais le mot mixité très rapidement quand tu prenais la parole, parce que justement j'imaginais que oui, t'avais reçu des... Ça rassure aussi en disant, le féminisme c'est aussi la mixité.

  • Speaker #0

    En fait la mixité c'est le seul mot pour lequel tout le monde est d'accord. Personne n'est contre, ou alors voilà, des personnes qui ont... qui sont perdues pour la cause, mais de manière générale, 95% des gens, tout le monde est pour la mixité. Féministe, il faut l'expliquer. Alors je le dis toujours, mais ça vient dans un second temps et en expliquant. Parité, c'est pareil, parce qu'on va me dire oui, mais on va me sortir plein d'arguments, oui mais ça veut dire qu'on va prendre des femmes qui ne sont pas compétentes, truc de dingue, alors qu'on sait qu'il y a beaucoup plus de femmes diplômées que d'hommes par exemple. qu'il n'y a aucun DRH qui nommera une femme incompétente au risque de mettre en péril son entreprise, enfin plein de trucs comme ça. Donc c'est le mot le plus neutre sur lequel tout le monde s'accorde et qui permet de déverrouiller les autres sujets. Parce qu'en fait, si on en est là aujourd'hui, c'est aussi une question d'histoire, d'un conscient collectif, de domination, de tout ça, mais aussi aujourd'hui de malentendus, ou en tout cas de choses qu'il faut ouvrir.

  • Speaker #1

    Et justement sur cette mixité, qu'est-ce qu'elle apporte ? Qu'est-ce qu'elle apporterait ?

  • Speaker #0

    Tu vois, un jour, mes équipes m'ont dit « Ah Marie, pour la nouvelle année, ça serait bien que t'écrives un texte pour expliquer à quoi ressemblerait un monde mixte. » Je suis là « Ouais, génial, super idée. » Bon, bref, je suis restée devant une feuille blanche parce que j'arrivais pas comme ça à imaginer à quoi ressemblait un monde mixte, j'arrivais à imaginer l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui. Mais un monde mixte, j'arrivais à imaginer quelques trucs, mais... Et du coup, c'est pour ça que j'ai écrit ce livre, parce que j'ai fouillé, fouillé, fouillé. Et un monde mixte, je me suis rendue compte, et notamment, je donne pas mal d'études et de sources historiques, un monde mixte, ça transforme tout. On ne peut pas rester dans le même monde qu'aujourd'hui avec un monde mixte. Ce n'est pas possible. Ça transforme absolument tout. Ce n'est pas le même rapport au pouvoir. Ce n'est pas le même rapport à l'argent. Ce n'est pas le même rapport à l'environnement, à la santé. Tout est différent au conflit. Tout est différent. Donc, pour moi, l'absence de mixité, c'est le plus grand bug de l'humanité. C'est ce qui nous a conduit aujourd'hui dans une espèce d'impasse où on voit le mur arriver, on ne bouge pas, on continue d'aller vers le mur. Et en même temps, c'est pour moi la solution à toutes les crises qu'on vit. Et Albert Einstein disait qu'on ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qu'il a créé. Bon, c'est pourtant ce qu'on fait aujourd'hui. Donc la mixité et cet autre mode de pensée, ça permet de prioriser complètement différent. complètement différemment, ça permet d'avoir des indicateurs différents de ce qui guide notre monde, ça permet d'avoir un fonctionnement différent, ça change tout. La mixité étant entendue au-delà de 35% d'un genre ou l'autre. Parce que si on voit 20%, ça ne change rien, en fait, on retombe dans les codes d'aujourd'hui. Donc c'est au moins 35%, évidemment c'est à 50% qu'on arrive à une vraie mixité. Et j'ai notamment regardé les exemples aujourd'hui, mais aussi dans l'histoire, donc les sociétés dans la vieille Europe. Ici, elles étaient égalitaires avant le néolithique. Il y a une anthropologue, Heide Gottener-Aben-Drot, qui a travaillé toute sa vie sur les matriarcas. Donc matriarcas, ça peut faire sursauter, on va se dire, oh mon Dieu, c'est l'inverse du patriarcat, c'est la domination des femmes sur les hommes et tout. Mais pas du tout, en fait. Les matriarcas, quand on regarde en tout cas ce qu'elle a étudié, ce qu'elle en ressort, c'est fascinant. La femme est au centre, mais pas au-dessus. Donc c'est pas pyramidal, elle est au centre parce qu'elle donne la vie, mais l'homme aussi est au centre. Et chaque pan de la société est représenté à la fois par un homme et une femme, donc économie, culturelle, politique, etc. Dans ces sociétés qui sont pour moi égalitaires, alors évidemment c'est matrilinéaire, donc le nom passe par la mère, mais au moins ça permet d'éviter les erreurs et les conflits. C'est matrilocal, c'est-à-dire qu'on vit chez la mère. Mais au-delà de ça, la violence est bannie dans ces sociétés-là. Donc selon elle, il n'y a pas d'absence de consentement possible, il n'y a pas de viol possible. Quand il y a un conflit, tout le monde se réunit, on résout le truc. La personne qui dirige ces sociétés-là, ou les personnes qui dirigent, ne sont pas celles qui vont crier le plus fort ou qui vont avoir le plus d'autorité, ça va être celles qui prennent le plus soin, qui sont capables de prendre le plus soin des autres. Il y a une répartition des ressources, il n'y a pas d'accumulation, il n'y a pas de profit quand même, qui fait faire une récolte plus importante. C'est réparti équitablement. Le vote, c'est par consensus. Ce n'est pas de rapport de domination.

  • Speaker #1

    Là, c'est recréer complètement, rechanger le monde.

  • Speaker #0

    Qui existait avant. Avant le néolithique, avant la sédentarisation, et avant qu'on se rende compte que contrôler le corps des femmes, ça permettait d'avoir plus de force de travail, de conserver les terres au sein de la famille, etc.

  • Speaker #1

    Tu parlais aussi que nous, en tant que femmes, on a dû se battre pour avoir tous nos droits. Tu parlais de porter un pantalon, voter, avoir un compte bancaire, etc. Et que c'est une force aussi maintenant de savoir que tout peut être fragile.

  • Speaker #0

    Tout est fragile, ça c'est certain. Je pense qu'on le voit bien en Afghanistan, aux Etats-Unis, mais partout dans le monde. Mais oui, tout a été interdit aux femmes dans l'histoire. Tout. Je prenais n'importe quel truc, je regardais est-ce que ça a été interdit. Ah oui, ça a été interdit aux femmes. Même entreprendre, ça a été interdit aux femmes.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Ah oui. Oui, alors ça c'était au Moyen-Âge. Donc celles qui avaient le droit d'entreprendre, c'était les veuves. Mais sinon, on avait peur que ça fasse de l'ombre aux hommes. Étudier, voter, tu l'as dit. Même se réunir entre femmes, ça a été interdit.

  • Speaker #1

    Ça l'est là en Afghanistan.

  • Speaker #0

    En France, je parle d'en France, au moment de la Révolution française, les femmes ont été vraiment partie prenante de la Révolution française, elles ont joué un rôle très actif, et elles ont créé une soixantaine de clubs féminins partout en France. Donc vraiment des clubs de sororité. Parce qu'on valorise toujours la fraternité, mais pas la sororité en fait, c'est ça qui est dingue. Et ça a été très mal vu, donc il y a un décret qui a interdit la réunion de femmes, et ça c'est en 1793, et trois jours après, Olympe de Gouges a été guillotiné. Olympe de Gouges qui avait écrit la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Donc, tout.

  • Speaker #1

    Justement tu l'as évoqué là tout à l'heure sur les droits, nos droits qui sont en train de... Dans certains pays, je pense aux Etats-Unis, où ils sont remis en question, qu'est-ce qu'on peut faire pour ça ? C'est inquiétant quand même.

  • Speaker #0

    Alors c'est extrêmement inquiétant, c'est un vrai recul des droits des femmes et donc de la société tout entière, parce que quand on agit pour les femmes et quand on agit pour la mixité, c'est toute la société qui en bénéficie, c'est prouvé, c'est les enfants, c'est les hommes, c'est tout le monde, et quand ça recule, c'est bon pour personne. Donc c'est un premier signe, c'est la fameuse phrase de Simone de Beauvoir, il suffit d'une crise, il suffira d'une crise, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire ? S'unir. Nous les femmes, on a toujours été très isolées les unes des autres, par choix politique aussi. On n'a pas été dans la vie professionnelle et publique, ça fait que c'est très récent qu'on y est. Et pour ça, les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, parce qu'ils nous ont permis d'être en lien les unes avec les autres, de voir que ce qui nous concernait finalement était politique, puisque c'était systémique et ça concernait toutes les femmes. Ça a permis d'ouvrir les consciences et de nous relier, mais maintenant il faut qu'on soit unis pour de vrai. À chaque fois que les femmes ont été unies, elles ont fait changer les choses de manière conséquente. Donc c'est ça qu'il faut qu'on arrive à faire. Je vais donner un exemple qui me tient vraiment à cœur, mais j'en ai plein en fait. C'est l'exemple de l'Islande en 1975. L'Islande n'était pas du tout un pays égalitaire à cette époque-là, il y avait 4 ou 5% de femmes députées. Et les femmes ont dit stop. Elles se sont unies, elles se sont arrêtées pendant une journée, au niveau professionnel, donc les hôpitaux, les administrations, les entreprises, tout à l'arrêt, et aussi au niveau personnel. Donc les enfants ont mangé des bonbons et des saucisses toute la journée, paraît-il. Et bien ça a été hyper efficace cette journée, parce que quelques mois après a été votée une loi en faveur de l'égalité, et cinq ans après a été élue la première femme chef d'État au monde, et depuis l'Islande est toujours le pays le plus égalitaire au monde. Et c'est aussi l'un des pays où les habitants sont les plus heureux et l'environnement le plus protégé. Et c'est pas un hasard, parce que tout ça est intrinsèquement lié, le bonheur, l'égalité et l'environnement. Et en fait, il a suffi d'une journée... Pour que l'Islande devienne de 4% de députés, devienne le pays le plus exemplaire, alors il y a encore des choses à faire, mais quand même le pays le plus exemplaire en matière de mixité. Et cet exemple s'est réitéré dans plusieurs endroits du monde, en Espagne, au Québec, etc. Et à chaque fois, il y a eu des avancées conséquentes. Moi, mon rêve, c'est que nous les femmes, on soit ensemble et qu'on se dise pendant une journée... on fait comme les Islandaises, on arrête tout au niveau professionnel et personnel les deux, une journée et à quoi ressemblerait le monde si nous les femmes libres, parce qu'on risque pas notre vie à faire ça, si nous les femmes libres on fait ça, à quoi ressemble le monde vous imaginez les hôpitaux j'imagine tout qui s'arrête l'éducation Tous les besoins essentiels de l'humanité, finalement, où les femmes sont surreprésentées. C'est pas un hasard non plus. Tout ce qui est malade, tout ce qui est personnes âgées, tout ce qui est enfants, tout ce qui est environnement, alimentation, eau potable. En fait, ça serait le chaos. Je me rappelle, dans une conférence, il y a même des femmes qui ont dit « ça serait la fin du monde » . Et il y en a une autre qui a dit « ça serait la fin de ce monde » . Oui,

  • Speaker #1

    j'allais dire « ça serait la fin d'un monde » .

  • Speaker #0

    Et en fait, on se rendrait compte à quel point les femmes... portent les besoins essentiels pour l'humanité. Et à quel point, sans mixité, le monde s'écroule et à quel point le monde repose sur la mixité qui est généralement un travail sous-rémunéré ou gratuit. Et si cette journée est assortie de demandes très claires pour qu'on arrive rapidement à la mixité, parce qu'on sait comment faire, on a des outils qui sont efficaces, qui sont éprouvés, je pense qu'il y aurait un avant et un après, et un après très clair. Et ça serait juste une journée. Donc ça, c'est vraiment mon rêve, c'est-à-dire qu'on soit ensemble pour dire stop, ça suffit, maintenant on veut la mixité, avec les hommes engagés. Les hommes engagés, ils pourraient par exemple... s'occuper de safe place, de place de sécurité, pour s'occuper des petits-enfants par exemple, ou des personnes malades, pour remplacer les femmes qui s'arrêteraient ce jour-là.

  • Speaker #1

    Tu as la date déjà ?

  • Speaker #0

    Non, mais il faut qu'on fasse ça en début 2026.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un appel, qui veut prendre ce sujet en main ? Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as de la mixité dans l'intérêt qu'on porte à ton travail et à ton livre notamment ? Est-ce que tu as vu de la mixité ? parce que... La question sous-jacente c'est est-ce que ce sont les femmes qui s'intéressent aux problèmes de femmes et à l'intérêt des femmes ?

  • Speaker #0

    Alors oui et non, c'est-à-dire que quand il y a des conférences sur la mixité ou sur les femmes etc. on va avoir 95% de femmes dans la salle, ça c'est une certitude. Je me rappelle, je suis intervenue récemment avec des jeunes et c'était un jeune homme qui commençait et qui disait « moi je ne suis pas tellement concernée par ce sujet, je sais mais tu rigoles ou quoi ? » L'égalité, ce n'est pas l'apanage des femmes, ça concerne tout le monde, les femmes et les hommes. Pourtant, les hommes sont tout autant concernés parce qu'ils ont tout autant de bénéfices à avoir que nous de la mixité. Vraiment, c'est-à-dire qu'ils vont avoir davantage de liens avec le care, avec les besoins essentiels. Ils vont pouvoir sortir des cases dans lesquelles on les a mis aussi, avoir... d'autres valeurs qui vont être mises en avant. C'est extrêmement bénéfique pour eux aussi, ça veut dire un monde qui fonctionne mieux. Évidemment, pour eux, c'est tout autant bénéfique que pour nous, mais ce n'est pas perçu. Et puis après, les femmes ont peur aussi de parler de ce sujet. On a l'impression de franchir une ligne rouge. On est parfois les meilleurs ennemis de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est intéressant aussi que tu évoques...

  • Speaker #0

    Il y a un point commun. entre femmes et hommes sur ce sujet là et qui est vraiment partagé par la très très grande majorité de la population c'est que c'est un sujet qui fait peur quand on parle des femmes quand on agit pour les femmes on a l'impression qu'on va agir contre les hommes qu'on va parler contre les hommes toujours ce truc là mais si on agit pour les femmes ça veut dire c'est contre les hommes et en fait moi je leur dis mais quand on c'est la seule catégorie de population pour laquelle on ne peut pas agir, c'est-à-dire qu'on n'a pas de problème de faire des programmes ou des actions publiques ou privées, spécifiques pour les jeunes, pour les talents des quartiers, pour les seniors. Pour les femmes, non, on a toujours l'impression qu'on va se toucher comme sujet, on va être contre les hommes et qu'est-ce qui va ressortir, non, non. Et en fait, quand on agit pour les jeunes, on n'agit pas contre les seniors. En fait, c'est pareil pour les femmes. Quand on agit pour les femmes, on agit pour les femmes. On agit aussi pour la mixité en plus, et donc on agit pour toute la communauté. Donc c'est extrêmement bénéfique. Tout le monde a peur de ce sujet. C'est fou, oui. C'est terrible.

  • Speaker #1

    Et justement, quels sont les retours que tu as par rapport à ton livre qui est sorti il y a quelques mois maintenant ?

  • Speaker #0

    Sur les hommes ?

  • Speaker #1

    Sur les retours, oui, peut-être les hommes. Est-ce qu'il y en a qui t'ont fait des retours ?

  • Speaker #0

    Justement, j'étais en visio tout à l'heure avec un réseau féminin d'une grande entreprise. Il y avait un homme qui était là, qui dit « moi ça m'a bouleversée » . Alors moi j'adore quand il y a des hommes qui lisent. Et ce dont je me suis rendue compte, c'est que les femmes lisent et le donnent à leur mari souvent après. Et ça, moi, c'est mon plus grand cadeau parce que tout ce que je fais, c'est pour. C'est le ensemble. C'est jamais contre. Donc, quand les hommes lisent ça,

  • Speaker #1

    c'est vraiment chouette. C'était Aurélia Blanc qui avait écrit sur « Tu deviendras un homme féministe, mon fils » . Et qui, dans un de ses chapitres, avait noté qu'effectivement, c'est les femmes qui lisaient justement des livres comme le tien, presque sociologiques. de compréhension, etc., mais qui n'arrivaient presque pas dans les mains des hommes, ce qui est dommage, parce que le changement viendra d'eux aussi.

  • Speaker #0

    Alors oui. C'est pour ça, tu vois, la question « Les femmes sauveront-elles le monde ? » En fait, déjà, elles le sauvent déjà. Elles le font déjà, mais sans voix et sans moyens. Donc, ce n'est pas une injonction à faire plus, parce qu'elles le font déjà. C'est juste une injonction à être ensemble. Et en fait, c'est la mixité qui sauvera le monde. Et donc ça passe aussi par les hommes. En fait, tout le système a été tellement construit par et pour les hommes, et c'est un fait, ce n'est pas une opinion, les femmes n'avaient pas accès à la sphère professionnelle et publique, donc ça a été construit par les hommes uniquement dans tous les pays du monde, jusqu'à récemment. Et donc, dans ces cases-là... Ils y sont plus à l'aise que nous, forcément, puisque ça a été fait par et pour. Et nous, c'est quand même beaucoup plus compliqué, parce qu'on nous fait rentrer au chausse-pied dedans, sans transformer les cases existantes. C'est-à-dire qu'en plus, on doit garder la même charge mentale, domestique et familiale qu'auparavant ou à quelques minutes près. Mais en gros, c'est quand même ça. Et puis, on doit se conformer au code existant, sans qu'on soit posé autour de la table, en disant maintenant quel monde on veut ensemble, maintenant qu'on est à l'égalité. Et du coup, nous les femmes, on revient un peu plus dans les brancards, on se rend davantage compte de l'absurdité des priorités, des indicateurs du monde, de là où on va en fait, on s'en rend compte davantage. Et puis surtout, comme je le disais tout à l'heure, si les femmes sont beaucoup plus éco-conscientes, beaucoup plus éco-responsables, sont locomotives de l'impact partout dans le monde, si on prend n'importe quelle étude dans n'importe quel pays, les femmes sont plus éco-conscientes et ça c'est pas génétique. C'est pas biologique, c'est simplement logique, c'est parce qu'on a vraiment les mains dedans. Qui s'occupe des bébés, des malades, des personnes âgées ? C'est nous. De l'alimentation, de l'eau potable, massivement, c'est nous. C'est massif la différence avec les hommes. Donc on se rend compte du lien avec un environnement sain ou dégradé, donc c'est pour ça qu'on agit aussi. C'est pour ça aussi qu'on distord les cases et qu'on voit qu'elles ne correspondent pas au bon sens, à ce que voudrait, ce qui devrait être pour l'humanité, pour la... pour que notre espèce perdure, tout simplement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a été éprouvant à écrire ce livre ?

  • Speaker #0

    Le plus éprouvant, c'était de trouver la légitimité. Donc ça, c'était compliqué. Oui, j'ai des biais. En fait, les biais sont tellement ancrés en nous que tous les jours, je découvre des nouveaux biais. En fait, ils sont tellement puissants, tellement dans chaque... C'est comme un magma, en fait, ça filtre partout. Et puis, là, le chapitre qui a été éprouvant, c'est celui où... où je constatais l'absence des femmes partout, je me disais mais c'est pas possible, c'est pas possible. Et puis surtout l'égalité, tout le monde me dit bon c'est bon Marie, on y est presque à l'égalité. Mais non, c'est 300 ans l'égalité, donc j'ai pas du tout envie d'attendre 300 ans. Ni les moyens d'ailleurs, physiques.

  • Speaker #1

    Je vais passer aux questions un peu signatures du podcast, notamment celle-ci, pour toi agir, ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, on a tout ça en nous. Et agir, c'est suivre son instinct, c'est ses tripes, c'est se reconnecter à soi. Qu'est-ce qui semble juste ? Et faire un premier pas. Agir, c'est faire un premier pas. Parfois, on a l'impression qu'agir, ça va être gravir une montagne et qu'on n'en a pas les moyens, qu'on se sent impuissant, qu'on ne va pas y arriver, etc. Mais en fait, pour gravir une montagne, il faut toujours commencer par un premier pas. Moi, agir, c'est d'abord ce premier pas-là qui met en action. Et souvent on se dit oui mais quel premier pas faire etc. Donc moi j'ai une super astuce, c'est ce premier pas c'est d'en parler autour de soi. Donc dès que j'ai un projet, par exemple le livre c'est pour ça qu'il est terminé, c'est parce que j'ai commencé à en parler autour de moi. C'était le premier pas, c'est d'en parler autour de moi donc après j'ai mis des années. Donc après tout le monde revient vers moi en disant bah alors t'en es où de ton livre, t'en es où ? Bah à un moment il va falloir t'y mettre tu vois, tu t'y mets. Donc l'action c'est juste sentir que c'est c'est juste pour soi, que ça nous attire, que c'est dans les tripes. Et faire ce premier pas, et ce premier pas ça peut être d'en parler autour de soi parce que c'est hyper facile d'en parler autour de soi. Oui,

  • Speaker #1

    mais après tu es affichée.

  • Speaker #0

    Tu vois c'est comme le mouvement mondial où les femmes sont unies. Maintenant que j'en parle, je me dis mince,

  • Speaker #1

    il va falloir faire bouger des choses. Est-ce que tu as une femme justement dans ton quotidien, pour toi une femme qui agit, ça serait qui et pourquoi ? Et qui t'inspire aussi.

  • Speaker #0

    Il y a une femme qui m'inspire énormément, c'est Yacine Darderne qui dirigeait la Nouvelle-Zélande, l'ex-première ministre, parce qu'elle a fait les choses justement en suivant ses tripes. Ils sont bon sens et avec un grand sourire et de l'empathie et de la bienveillance, elle a fait les choses différemment. Elle a même remplacé les indicateurs du PIB, qui est un indicateur complètement obsolète. Par des indicateurs où au centre sont la santé, l'éducation, l'environnement. Ce qui devrait être logique en tant qu'être humain. Il n'y a que ça qui compte. L'environnement, c'est-à-dire être dans un environnement sain où on peut respirer, boire de l'eau potable, manger sainement. L'éducation pour grandir ensemble. Et la santé. Le reste est accessoire. Donc, elle m'inspire énormément. Je suis extrêmement admirative. Et après, au quotidien, franchement, je rencontre des milliers de femmes chaque année. en fait salariée porteuse de projet, entrepreneuse et en fait j'adore voir l'œil qui brille et l'envie qui est là et dire et tu penses que moi j'aimerais faire ça et en fait j'encourage toujours parce que je sais que parfois un simple encouragement ça permet d'être le premier pas de déclencher en fait tout

  • Speaker #1

    à fait Et quel domaine tu aimerais voir plus d'action ? Alors attention, pas un de ceux qu'on a évoqués. Est-ce qu'il y a un autre domaine que tu as envie de nous partager qui te touche tout particulièrement et où tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis monomaniaque, donc j'ai envie que ce soit que sur la mixité. Je pense que c'est la source de tout. Le jour où il y a une vraie mixité, où il y a des vraies actions pour la mixité, c'est-à-dire on met de l'argent sur la table et on met ce qui fonctionne, ça veut dire... des quotas partout, ça veut dire de l'égal conditionnalité, donc soumettre chaque financement public à un plan en faveur de la mixité, ça veut dire que tu n'as pas fait de plan pour aller vers l'égalité, tu n'as pas d'argent, des budgets genrés, c'est-à-dire s'assurer que les budgets vont autant aux filles qu'aux garçons, par exemple dans les mairies, un vrai congé deuxième parent digne de ce nom, ça veut dire comme dans les pays du Nord, 6 mois pour le père, 6 mois pour la mère, 6 mois pour le deuxième parent. Et six mois pour les deux. Voilà. Il n'y a que ça qui m'intéresse. Donc, je ne vais pas avoir autre chose à dire.

  • Speaker #1

    Eh bien, on va rester là-dessus alors. Ça me va aussi.

  • Speaker #0

    Que je sois monomaniaque.

  • Speaker #1

    Donc, tu sois engagée. Que ce combat soit en fait omniprésent.

  • Speaker #0

    Omniprésent. Mes enfants, ils me disent, si on ne parle pas d'égalité à table, c'est que ce n'est pas un bon repas. Ce n'est pas un bon repas.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un bon repas. Et d'ailleurs, je tiens à une dernière question. Est-ce que la notion de transmission à tes enfants, elle est importante sur ces sujets-là, entre autres ? Bye !

  • Speaker #0

    En fait je pense que la transmission se fait par l'exemple donc c'est pas en leur rabâchant des trucs qu'ils vont faire au contraire il peut y avoir une opposition quand ils sont adolescents mais c'est par l'exemple en voyant et là je les vois ils sont engagés et éveillés donc je suis très fière des quatre parce qu'avec mon mari on en a deux chacun donc quatre à la maison et ben bravo pour ça ouais bon c'est pas assez une longue route et bravo et merci pour tout ce que tu fais merci à toi aussi Emilien c'est pour ça que sur mon livre il y a une goutte d'eau c'est parce qu'on est toutes et tous des gouttes d'eau et que c'est ensemble qui compte qui fonce cet océan merci beaucoup Marie j'espère

  • Speaker #2

    que cet épisode vous a plu merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas si vous avez aimé à le partager, à le commenter à faire vivre la communauté elles agissent Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com A très bientôt !

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Description

Marie Eloy : Et si on sauvait le monde… ensemble ?

Fondatrice de Bouge ta Boîte et Femmes des Territoires, Marie Eloy a accompagné des milliers de femmes à créer, entreprendre, oser.

Dans cet épisode , elle revient sur la fin brutale de Bouge ta Boîte, une aventure humaine et économique hors du commun. Son envie d'avancer et de continuer son action.


Elle partage son regard sur l’entrepreneuriat féminin, la fragilité des droits, la force des territoires… et surtout, sa conviction profonde : ce qui sauvera le monde, c’est la mixité.


Un échange sans filtre sur le pouvoir d’agir, la sororité, les systèmes à déconstruire… et le rêve d’un mouvement mondial porté par les femmes.


Un épisode à écouter et à partager.
Inspiré aussi de son livre Les femmes sauveront-elles le monde ? que nous citons dans l'épisode.



Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #1

    J'ai pas une action dont je suis fière, c'est je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #0

    J'ai pas de mots pour agir, c'est une action.

  • Speaker #1

    Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #1

    Merci d'être dans Elles Agissent,

  • Speaker #0

    je suis ravie. Moi aussi.

  • Speaker #1

    Alors Marie, tu es une femme qui parle, dénonce aussi, et surtout qui agit. Donc tu as toute ta place ici. Tu as mis en place de l'action, surtout en avant, tu mets aussi en avant l'action féminin. Tu es journaliste, fondatrice de réseau féminin, et je voulais commencer aussi par parler de ce qui a marqué ces derniers mois, ces derniers jours qui ont dû être aussi en tout cas intenses, avec la sortie de ton livre aussi, et chargé en émotions, peut-être en fatigue aussi. Comment est-ce que tu traverses la fin de l'aventure de Bouge ta boîte ? Alors je suis désolée c'est une question qui rentre dans le sujet directement mais c'est d'actualité et je pense que c'est important aussi d'en parler parce que c'est ce que beaucoup de personnes doivent se demander. C'est l'un de tes réseaux, comment tu te sens et comment tu le vis ?

  • Speaker #0

    Oui alors Bouge ta boîte c'est un réseau business qui était présent dans 175 villes et qui organisait 5000 réunions de travail par an pour les entrepreneuses. en activité, qui souhaitait développer leur entreprise. C'était le plus grand en France et je pense aussi en Europe. Donc c'était une aventure incroyable qui existait depuis 8 ans. C'était aussi une entreprise à mission, bicorps, enfin bref, on Ausha toutes les cases. Le seul point qui était difficile, c'était le modèle économique parce qu'on avait deux jambes financières. On en avait une, c'était des formations pour les carrières des femmes dans les organisations. Et une, c'était les adhésions des entrepreneuses, mais on était deux à trois fois moins cher qu'un réseau mixte pour fonctionner, parce que nous les femmes, et notamment entrepreneuses, on a très peu de culture du réseau en France, et donc il fallait absolument un réseau beaucoup moins cher, et sur l'heure du midi, et avec d'autres codes, etc., pour qu'il y ait de plus en plus d'entrepreneuses qui travaillent ensemble, qui s'entraident, et donc aller vers notre mission. Notre mission, c'était d'accélérer l'égalité économique. Et tout ça fonctionnait à peu près jusqu'à ce qu'on avait prévu qu'on était rentable grâce au volume. Donc on était sur la bonne lancée puisqu'on était à 2200 bougeuses et on savait qu'on était rentable à 3000. Donc pour y arriver, on avait fait plusieurs levées de fonds, 5, avec des actionnaires franchement hyper engagés et géniaux, et notamment Guillaume Richard qui dirige WeCare, qui est leader du service à la personne, qui a vraiment soutenu. En long, en large, en travers pendant toutes ces années. Et le réseau était dirigé par Julie Baudin, avec que j'appelle toujours, encore tous les jours aujourd'hui. Et c'est un binôme incroyable. Sauf que dans le contexte économique et politique, depuis un an, on n'y arrivait plus du tout. C'est-à-dire, politique et économique, tout ce qui concernait les formations carrément des femmes ont été... Reporté de mois en mois depuis la dissolution parce que les budgets ont été gelés, parce que tout ce qui était égalité était un peu au fond du panier de la RSE, de la responsabilité sociétale des entreprises. Donc on en avait plusieurs dans le détuit, mais c'était décalé de mois en mois. Et puis au niveau économique, avec la crise économique, on a vu qu'il y avait beaucoup d'entrepreneuses qui arrêtaient de se payer ou qui avaient vraiment des difficultés pour payer la cotisation donc On vivait une forte baisse de chiffre d'affaires, je ne voyais pas comment on allait tenir. Donc en décembre on a fait un premier plan social, on a licencié neuf personnes dans l'équipe. Ça a été un moment assez douloureux, mais on a tout remonté. Donc un plan social avec un CSP, ce qui fait que les salariés sont bien protégés pendant deux ans, financièrement avec le même salaire. Et donc on a tout remonté, on s'est dit on va faire un tour de France, on va aller partout sur le terrain comme on a l'habitude de faire, et puis on va y arriver, etc. On savait qu'on ne pouvait plus faire de levée de fonds. Parce qu'on en avait fait 5, dont une participative l'année dernière avec 400 petits actionnaires que je remercie infiniment parce que grâce à eux, on a pu continuer à aider des milliers de femmes pendant un an de plus. Mais on ne pouvait pas faire d'autres levées parce qu'on avait ce qu'on appelle des obligations convertibles à rembourser en 2026 à hauteur de 800 000 euros. Donc quand on investit dans une entreprise, on a le choix entre des actions, donc des parts de l'entreprise, ou des OC. C'est comme un prêt, des obligations convertibles. mais il faut le rembourser à un moment donné. Donc on n'aurait aucun investisseur qui aurait mis 800 000 euros dans la boîte pour rembourser des actionnaires. Donc on savait que c'était fichu. Et donc au mois de mars, comme on n'arrivait que difficilement à remonter la pente, je me suis dit, il faut absolument qu'on s'adosse à un groupe beaucoup plus solide que nous. Donc vraiment, j'ai ravalé mon égo et j'ai contacté à peu près la terre entière. Et on a eu beaucoup de marques d'intérêt, de très gros, et dont trois offres fermes déposées au tribunal. Et donc pour une session, continuité du mouvement, parce que moi ce qui comptait pour moi, c'était que les salariés soient repris au moins en partie. Et surtout que le mouvement continue dans toute la France, parce que c'est incroyable ce mouvement-là. Dans les territoires, c'est extraordinaire en fait. Et je ne voulais pas que ça s'arrête. Sachant que nous, Bouge ta boîte, on n'a jamais eu de subvention publique, on est soutenu moralement. Mais s'il y avait un vrai plan pour l'entrepreneuriat des femmes, on aurait été soutenu autrement. S'il y avait une vraie volonté de soutenir l'entrepreneuriat des femmes, comme par exemple au Québec, on n'en aurait jamais été là. Et ce n'est pas le cas. Et donc, trois offres fermes, une qui était plus élevée que les deux autres. Donc les deux autres se sont retirées, on a commencé à travailler avec ce groupe-là. Avec les représentants du personnel, nos DAF, nos avocats, etc. Et la veille au soir, ils nous ont dit que leur conseil de surveillance avait dit non. Et nous, on avait prévu la trésorerie jusqu'à ce moment-là. On avait prévu en cas de difficulté majeure, on avait mis sur un compte à part toutes les cotisations des nouvelles bougeuses, de quoi payer nos prestataires, etc. Donc, c'est de faire en sorte que ça soit le plus clean possible. Au cas où, ça se faisait pas, mais normalement ça se faisait à 95%. Et donc la veille au soir, ils nous ont dit qu'ils partaient pas avec nous. Et donc le matin, à 8h du matin, on était au tribunal, normalement pour la session ce jour-là, la reprise des salariés du mouvement. Et en fait, on s'est retrouvés en liquidation judiciaire. Donc ça a été un moment un peu... C'est très violent.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    c'était pas drôle. C'était pas drôle parce qu'il a failli eu lieu dans la foulée, enfin dans l'heure. Convoquer tous les salariés, leur annoncer que c'était la fin pour eux. Alors évidemment, on a toujours été en transparence. On a un fonctionnement assez horizontal, donc ils savaient les différentes options. Mais celle-ci, même pour moi, je ne l'envisageais pas en fait. Enfin très peu. Je savais que c'était une possibilité, mais vraiment infime. Voilà, donc ce moment a été assez dur. Et puis dans la foulée, assez dur mais solidaire. C'est dans ces moments-là qu'on voit aussi ce qu'on a construit. Donc on était tous ensemble en fait. Et puis dans la foulée, il a fallu écrire une communication parce qu'on est quand même très visibles partout. Il y avait l'annoncé quoi. L'annoncé, donc il me restait deux neurones et je me suis isolée, j'ai écrit la com. Après on l'a relu en large et en travers avec Julie et puis les équipes qui étaient là. Et puis quand il a fallu appuyer sur le bouton, j'ai cru que j'allais m'évanouir parce que c'était vraiment la fin quoi, que j'avais jamais imaginé. Et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Quels ont été les retours ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un vague souvenir de ce moment-là parce que j'ai fait une sorte de blackout pendant deux jours. Je me suis retrouvée en train de lessiver les murs de la cuisine et quand on sait que le ménage et moi, ça fait 12,

  • Speaker #1

    c'est qu'il y avait un souci.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Par contre, on a eu des milliers de messages. Mon téléphone était inondé de milliers de messages et pas juste, c'est dommage, vous avez changé notre vie, on est orpheline, comment on va faire sans vous ? Et c'est là où on voit... Tout notre impact, on savait notre impact parce qu'on avait des choses très factuelles, on avait des mesures d'impact, tout ça. Donc on savait qu'on avait un impact important depuis 8 ans et qu'on a vraiment soutenu des milliers d'entrepreneuses en France. C'est indéniable. Mais par contre là, c'était tout d'un coup qui arrivait de tous les côtés. Et ça, ça fait beaucoup de bien à l'équipe. Ça fait beaucoup de bien à Julie et à moi aussi.

  • Speaker #1

    C'est de l'humain qui est arrivé dans un moment où c'était... C'était très juridique.

  • Speaker #0

    On n'avait pas rêvé en fait. On savait qu'on n'avait pas rêvé et qu'on avait vraiment fait des choses.

  • Speaker #1

    Et qu'il y avait des vrais retours et des vrais impacts aussi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis, ce qui a aidé aussi, c'est qu'avec Julie et l'équipe, on sait qu'on a fait de notre mieux tout le temps. On n'a jamais été... Parce que dans une session, on ne pouvait pas en parler avant. Dans une session, c'est une procédure confidentielle. Donc je n'avais pas le droit d'en parler, à part à mes salariés. Oui, j'ai vu que ça,

  • Speaker #1

    ça n'avait pas toujours été compris justement sur les réseaux. Il y a eu quelques commentaires en disant mais pourquoi l'annoncer aussi tardivement, etc.

  • Speaker #0

    On n'avait pas le droit. Et voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qu'il faut comprendre en fait dans cette...

  • Speaker #0

    Bah oui, parce que sinon ça... Dans la complexité. Bah oui, oui. Une session, ça peut la faire capoter, si ça se fait. Donc c'est normal que ça soit une procédure confidentielle. Mais du coup, j'ai aucun regret, je sais que j'ai fait de mon mieux tout le temps. Ces huit ans, même un peu trop. Julie aussi parce qu'on a été vraiment sacrificielle par moments ça ça aide de ne pas avoir de regrets et tu me disais aussi que ça continue enfin voilà ah ouais mais alors les femmes sont juste extraordinaires, les bougeuses elles sont moi elles m'épatent au quotidien parce que elles se sont créées en asso un peu partout en France Elles ont créé dans les 2-3 jours un groupe LinkedIn, le Refuge des Bougeuses, et sur WhatsApp, 70 sous-groupes. Donc voilà, je les laisse vivre, elles vivent ça. Après, la procédure judiciaire est toujours en cours, donc ça veut dire qu'il y a toujours quelqu'un qui a la possibilité de racheter la marque, les fichiers, la plateforme, les méthodes, etc. Et moi, je suis la seule personne qui n'a pas le droit, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais déjà, toi, ça t'a permis aussi d'avoir ces retours-là, de remonter tu vois le moment un peu down que tu as vécu, et ce qui est normal juste après, c'est se nourrir aussi de ce que les autres ont ressenti, ce qui t'a permis de...

  • Speaker #0

    Ou parce qu'on n'a pas le choix et on fonce. Le moment le plus difficile, finalement, c'est à partir du moment où j'ai vu qu'on n'y arriverait pas. Donc à partir du mois de mars, avril, mai, c'était sur toute cette période-là. Donc annoncer aux actionnaires, aux salariés, dire qu'il fallait qu'on trouve... quelqu'un, appeler les gens, puis une session c'est une session symbolique donc c'est pas un euro mais c'est pas loin quoi. Donc cette période là a été extrêmement dure parce qu'en même temps je faisais des conférences tous les jours, on motivait tout le monde puis on essayait toujours de continuer parce qu'on avait espoir aussi qu'on y arrive par nous-mêmes. Cette période là était vraiment très très dure, la liquidation judiciaire ça a été un gros choc mais... Mais moralement, je pense qu'on avait davantage souffert avant. Ça ne veut pas dire l'apothéose, parce que c'est positif, mais c'était le point culminant.

  • Speaker #1

    Et en quoi c'est représentatif de ce qui va mal, justement, dans notre société ?

  • Speaker #0

    C'est catastrophique. Je ne sais pas comment c'est possible de laisser tomber un réseau comme ça. Je ne comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur l'IA. Alors moi, l'IA, j'utilise. C'est chouette, mais c'est un gadget. C'est pas au cœur de nos vies en fait, c'est pas essentiel pour les besoins de l'humanité, mais c'est très chouette. Je comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur ces sujets-là, sur des sujets qui me dépassent en fait, et pas sur l'essentiel, c'est-à-dire la mixité, l'égalité, l'entrepreneuriat des petites entreprises, parce qu'on sait que c'est ce qui fait vivre les territoires, on sait qu'en plus en France, on n'est pas bon en entrepreneuriat des femmes, il faut absolument soutenir. Sur 100 entreprises en France, il y en a 22 qui sont créées par des femmes, 62 par des hommes. Et donc on voit bien la différence, le reste c'est par des équipes mixtes. Donc on dit toujours il y a 38% de femmes entrepreneuses, mais en fait ces 38% ça compte la mixité, les entreprises mixtes plus femmes. Donc c'est biaisé, c'est un entrepreneuriat qui est précaire, c'est 30% de rémunération de moins en moyenne, entre 20 et 30%, que les hommes entrepreneurs. Donc il y a vraiment du boulot à faire pour rééquilibrer.

  • Speaker #1

    Oui, il y aurait même le champ libre pour exprimer quelque chose d'une manière politique, etc. Mais qui n'est pas du tout, qui n'intéresse pas en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, ça n'intéresse pas. Enfin, ça intéresse de façade, mais il n'y a pas de moyen de mis. Et pour moi, quand il n'y a pas de moyen de mis, ça veut dire qu'il n'y a pas de volonté. Et puis c'est un entrepreneuriat, l'entrepreneuriat des femmes qui est extrêmement engagé. Donc non seulement ça dynamise les territoires, ça crée des emplois, mais aussi c'est engagé. Toutes, elles ont créé leur entreprise pour faire différemment. Donc, de manière éthique. plus transparente ou alors pour plus d'environnement, plus de liens sociaux, enfin toutes,

  • Speaker #1

    vraiment toutes. Il y a un fond,

  • Speaker #0

    il y a une réflexion derrière. C'est plus engagé parce que pour plein de raisons, on a les mains dedans, on a les mains dans le lien social, on a les mains dans l'humain, on a les mains dans la santé, dans l'alimentation. Donc c'est un entrepreneuriat qui est plus engagé, qui est absolument indispensable au territoire. Parce que l'entrepreneuriat en France, c'est 97% des toutes petites entreprises. Donc c'est celui-là qu'il faut soutenir. Et pour ça, je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Non, moi non plus. Mais c'est aussi... Oui, c'est représentatif de tellement d'autres choses, comme on disait, beaucoup plus marquantes. Effectivement, ces actions ne sont pas entendues et la motivation, elle est quand même dure à aller chercher, à retrouver, à aller chercher, de ne pas désespérer. Tu vois ce que je veux dire ? Quand on est engagé sur ces sujets-là, et puis quand tu te prends des revers comme ça, ne serait-ce que par les constats, on va aussi en parler par ton livre, par les chiffres, etc. Comment tu trouves cette énergie aussi ? Comment tu renouvelles ?

  • Speaker #0

    Déjà, je sais que ce que je fais, c'est utile et que je sais pourquoi je me lève tous les matins et toute l'équipe, c'était pareil. Donc ça, ça aide quand même. Je pense que quand tu es dans l'action, quand tu fais les choses concrètement, parce que nous, ce n'était pas des paroles, en fait. On était les mains vraiment dans le cambouis. avec les entrepreneuses dans tous les territoires. Donc, quand tu es dans l'action aussi, c'est un antidote à...

  • Speaker #1

    Oui, à ne pas se poser la question de si ça va marcher ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avances, tu es dans l'action, donc tu te sens forcément utile. Et quand tu es utile, ça donne aussi beaucoup de joie d'être utile. Et puis moi, je suis de nature très optimiste. Mais il faut. Donc, ça aide. J'ai des équipes géniales. Puis après, j'ai aussi Femmes des Territoires. Je suis présente de Femmes des Territoires, qui est maintenant le plus grand réseau pour les entrepreneuses, qui est davantage au démarrage de la création d'entreprise et qui est dirigée par Céline André. Donc, j'ai aussi une équipe de ce côté-là qui est fantastique. Il y a des femmes partout en France aussi. On est dans 100 villes. Donc, je ne suis pas toute seule, en fait. On est ensemble.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir justement sur cette force du territoire, de la proximité. C'est très important pour toi, c'est presque un ancrage d'ailleurs d'où ça vient cette force que tu tires justement du territoire. Et est-ce que ça ne serait pas aussi politique mais au sens noble du terme ? Est-ce que ce n'est pas ça la vraie politique ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ferais jamais de politique au sens actuel du terme.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que j'ai précisé sens noble parce qu'on l'a perdu je pense.

  • Speaker #0

    Mais sens noble, oui oui tout à fait. De toute façon tous les changements dans la société sont venus des mouvements citoyens et au sens noble c'est vraiment être engagé donc dans ce sens, dans ce terme là oui. Et après territoire, moi je viens des territoires, j'ai grandi dans un petit village du nord de la France. C'était, enfin voilà c'est toute ma vie et après j'ai passé une bonne partie de ma vie dans un petit village aussi en Bretagne.

  • Speaker #1

    Donc c'est naturel pour toi. Oui. Et tu en vois la force aussi. Tu vois la force de ce territoire. C'est la vraie vie. Oui. On va parler de ton livre aussi. Quand je l'ai lu, je me suis dit, est-ce que ce ne seraient pas toutes les réponses que je n'ai parfois pas aux personnes qui me parlent d'une manière assez négative du féminisme. Ou des combats. Non, mais c'est vrai, parce que je trouvais qu'il y avait toutes les réponses à ce que j'ai pu entendre parfois en disant oui, mais. Tu sais, le fameux oui, mais. Et tu y réponds, en fait, dans ton livre.

  • Speaker #0

    En fait, j'ai tellement écumé les territoires. Moi, j'adore être en mouvement, donc j'ai tellement écumé, j'ai tellement essayé de convaincre de la nécessité au début. Moi, je n'y connaissais rien à ces sujets, franchement. Voilà, comme tout le monde, c'est un éveil qui est progressif et qui est là depuis maintenant. de 10-15 ans, mais au début je ne me rendais pas compte parce que j'avais une émission, enfin je remplaçais notamment une émission sur les droits des femmes sur RFI il y a longtemps, Radio France Internationale, parce que j'étais journaliste. Mais après ces sujets-là, sinon, je n'étais pas dedans. Mais en fait, à force d'essayer de convaincre de l'intérêt d'avoir des entrepreneuses pour notre pays, je me suis dit mais ce n'est pas possible, donc j'ai commencé à chercher des chiffres, à regarder. avoir la précarité, avoir les inégalités. Puis moi, j'étais maman solo, j'étais au RSA. J'étais bénévole en même temps à temps plein pour l'école Montessori que j'avais cofondée. Donc je voyais bien que l'argent et les femmes, ça faisait deux. Enfin bref, et donc à force de creuser, creuser, d'aller chercher les données, je me suis dit mais c'est pas possible. Puis plus je travaillais, plus je me disais mais... Et donc à chaque fois que j'essayais de convaincre... On me rétorquait des arguments, des arguments. Donc après, moi, en plus, je suis nulle en répartie. Donc les arguments, ils me venaient la nuit en me disant « Mais pourquoi t'as pas répondu ça ? »

  • Speaker #1

    Les fameux arguments qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces questions, je les ai appelées les questions de l'avocat du diable. Parce qu'on les a toutes et tous en nous. Même moi, je pouvais les avoir, en fait. Et en fait, ça me fait marrer parce qu'à chaque fois que je fais des conférences, ça revient, ces questions-là. Donc maintenant, je sais comment répondre. Oui. Mais elles sont en nous parce que ça fait partie de l'inconscient collectif. Je sais par exemple que si dans une conférence, je parle d'entrepreneuriat des femmes par exemple, ou même de salariat, peu importe, de mixité, si dans les cinq minutes, je n'ai pas dit que ce n'est pas contre les hommes, je vais avoir une main qui va se lever et qui va me dire, moi, je ne suis pas contre les hommes, moi, je ne suis pas féministe, mais... Et donc du coup, je sais les mots qu'il faut dire pour déverrouiller, pour que l'attention continue d'être là et pour qu'on ait envie de soutenir cet élan vers la mixité, parce qu'il ne s'agit de rien d'autre, il s'agit de mixité. Et c'est pour ça que j'aime bien inverser les chiffres. Et tout au long de mon livre aussi, je les inverse, parce que l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui, si c'était les hommes qui avaient les chiffres qui nous concernent, mais on serait tous dans la rue, moi la première, pour demander la mixité. Donc c'est important aussi d'avoir ce recul-là.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vrai que je l'avais remarqué justement, que tu abordais le mot mixité, enfin tu donnais le mot mixité très rapidement quand tu prenais la parole, parce que justement j'imaginais que oui, t'avais reçu des... Ça rassure aussi en disant, le féminisme c'est aussi la mixité.

  • Speaker #0

    En fait la mixité c'est le seul mot pour lequel tout le monde est d'accord. Personne n'est contre, ou alors voilà, des personnes qui ont... qui sont perdues pour la cause, mais de manière générale, 95% des gens, tout le monde est pour la mixité. Féministe, il faut l'expliquer. Alors je le dis toujours, mais ça vient dans un second temps et en expliquant. Parité, c'est pareil, parce qu'on va me dire oui, mais on va me sortir plein d'arguments, oui mais ça veut dire qu'on va prendre des femmes qui ne sont pas compétentes, truc de dingue, alors qu'on sait qu'il y a beaucoup plus de femmes diplômées que d'hommes par exemple. qu'il n'y a aucun DRH qui nommera une femme incompétente au risque de mettre en péril son entreprise, enfin plein de trucs comme ça. Donc c'est le mot le plus neutre sur lequel tout le monde s'accorde et qui permet de déverrouiller les autres sujets. Parce qu'en fait, si on en est là aujourd'hui, c'est aussi une question d'histoire, d'un conscient collectif, de domination, de tout ça, mais aussi aujourd'hui de malentendus, ou en tout cas de choses qu'il faut ouvrir.

  • Speaker #1

    Et justement sur cette mixité, qu'est-ce qu'elle apporte ? Qu'est-ce qu'elle apporterait ?

  • Speaker #0

    Tu vois, un jour, mes équipes m'ont dit « Ah Marie, pour la nouvelle année, ça serait bien que t'écrives un texte pour expliquer à quoi ressemblerait un monde mixte. » Je suis là « Ouais, génial, super idée. » Bon, bref, je suis restée devant une feuille blanche parce que j'arrivais pas comme ça à imaginer à quoi ressemblait un monde mixte, j'arrivais à imaginer l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui. Mais un monde mixte, j'arrivais à imaginer quelques trucs, mais... Et du coup, c'est pour ça que j'ai écrit ce livre, parce que j'ai fouillé, fouillé, fouillé. Et un monde mixte, je me suis rendue compte, et notamment, je donne pas mal d'études et de sources historiques, un monde mixte, ça transforme tout. On ne peut pas rester dans le même monde qu'aujourd'hui avec un monde mixte. Ce n'est pas possible. Ça transforme absolument tout. Ce n'est pas le même rapport au pouvoir. Ce n'est pas le même rapport à l'argent. Ce n'est pas le même rapport à l'environnement, à la santé. Tout est différent au conflit. Tout est différent. Donc, pour moi, l'absence de mixité, c'est le plus grand bug de l'humanité. C'est ce qui nous a conduit aujourd'hui dans une espèce d'impasse où on voit le mur arriver, on ne bouge pas, on continue d'aller vers le mur. Et en même temps, c'est pour moi la solution à toutes les crises qu'on vit. Et Albert Einstein disait qu'on ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qu'il a créé. Bon, c'est pourtant ce qu'on fait aujourd'hui. Donc la mixité et cet autre mode de pensée, ça permet de prioriser complètement différent. complètement différemment, ça permet d'avoir des indicateurs différents de ce qui guide notre monde, ça permet d'avoir un fonctionnement différent, ça change tout. La mixité étant entendue au-delà de 35% d'un genre ou l'autre. Parce que si on voit 20%, ça ne change rien, en fait, on retombe dans les codes d'aujourd'hui. Donc c'est au moins 35%, évidemment c'est à 50% qu'on arrive à une vraie mixité. Et j'ai notamment regardé les exemples aujourd'hui, mais aussi dans l'histoire, donc les sociétés dans la vieille Europe. Ici, elles étaient égalitaires avant le néolithique. Il y a une anthropologue, Heide Gottener-Aben-Drot, qui a travaillé toute sa vie sur les matriarcas. Donc matriarcas, ça peut faire sursauter, on va se dire, oh mon Dieu, c'est l'inverse du patriarcat, c'est la domination des femmes sur les hommes et tout. Mais pas du tout, en fait. Les matriarcas, quand on regarde en tout cas ce qu'elle a étudié, ce qu'elle en ressort, c'est fascinant. La femme est au centre, mais pas au-dessus. Donc c'est pas pyramidal, elle est au centre parce qu'elle donne la vie, mais l'homme aussi est au centre. Et chaque pan de la société est représenté à la fois par un homme et une femme, donc économie, culturelle, politique, etc. Dans ces sociétés qui sont pour moi égalitaires, alors évidemment c'est matrilinéaire, donc le nom passe par la mère, mais au moins ça permet d'éviter les erreurs et les conflits. C'est matrilocal, c'est-à-dire qu'on vit chez la mère. Mais au-delà de ça, la violence est bannie dans ces sociétés-là. Donc selon elle, il n'y a pas d'absence de consentement possible, il n'y a pas de viol possible. Quand il y a un conflit, tout le monde se réunit, on résout le truc. La personne qui dirige ces sociétés-là, ou les personnes qui dirigent, ne sont pas celles qui vont crier le plus fort ou qui vont avoir le plus d'autorité, ça va être celles qui prennent le plus soin, qui sont capables de prendre le plus soin des autres. Il y a une répartition des ressources, il n'y a pas d'accumulation, il n'y a pas de profit quand même, qui fait faire une récolte plus importante. C'est réparti équitablement. Le vote, c'est par consensus. Ce n'est pas de rapport de domination.

  • Speaker #1

    Là, c'est recréer complètement, rechanger le monde.

  • Speaker #0

    Qui existait avant. Avant le néolithique, avant la sédentarisation, et avant qu'on se rende compte que contrôler le corps des femmes, ça permettait d'avoir plus de force de travail, de conserver les terres au sein de la famille, etc.

  • Speaker #1

    Tu parlais aussi que nous, en tant que femmes, on a dû se battre pour avoir tous nos droits. Tu parlais de porter un pantalon, voter, avoir un compte bancaire, etc. Et que c'est une force aussi maintenant de savoir que tout peut être fragile.

  • Speaker #0

    Tout est fragile, ça c'est certain. Je pense qu'on le voit bien en Afghanistan, aux Etats-Unis, mais partout dans le monde. Mais oui, tout a été interdit aux femmes dans l'histoire. Tout. Je prenais n'importe quel truc, je regardais est-ce que ça a été interdit. Ah oui, ça a été interdit aux femmes. Même entreprendre, ça a été interdit aux femmes.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Ah oui. Oui, alors ça c'était au Moyen-Âge. Donc celles qui avaient le droit d'entreprendre, c'était les veuves. Mais sinon, on avait peur que ça fasse de l'ombre aux hommes. Étudier, voter, tu l'as dit. Même se réunir entre femmes, ça a été interdit.

  • Speaker #1

    Ça l'est là en Afghanistan.

  • Speaker #0

    En France, je parle d'en France, au moment de la Révolution française, les femmes ont été vraiment partie prenante de la Révolution française, elles ont joué un rôle très actif, et elles ont créé une soixantaine de clubs féminins partout en France. Donc vraiment des clubs de sororité. Parce qu'on valorise toujours la fraternité, mais pas la sororité en fait, c'est ça qui est dingue. Et ça a été très mal vu, donc il y a un décret qui a interdit la réunion de femmes, et ça c'est en 1793, et trois jours après, Olympe de Gouges a été guillotiné. Olympe de Gouges qui avait écrit la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Donc, tout.

  • Speaker #1

    Justement tu l'as évoqué là tout à l'heure sur les droits, nos droits qui sont en train de... Dans certains pays, je pense aux Etats-Unis, où ils sont remis en question, qu'est-ce qu'on peut faire pour ça ? C'est inquiétant quand même.

  • Speaker #0

    Alors c'est extrêmement inquiétant, c'est un vrai recul des droits des femmes et donc de la société tout entière, parce que quand on agit pour les femmes et quand on agit pour la mixité, c'est toute la société qui en bénéficie, c'est prouvé, c'est les enfants, c'est les hommes, c'est tout le monde, et quand ça recule, c'est bon pour personne. Donc c'est un premier signe, c'est la fameuse phrase de Simone de Beauvoir, il suffit d'une crise, il suffira d'une crise, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire ? S'unir. Nous les femmes, on a toujours été très isolées les unes des autres, par choix politique aussi. On n'a pas été dans la vie professionnelle et publique, ça fait que c'est très récent qu'on y est. Et pour ça, les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, parce qu'ils nous ont permis d'être en lien les unes avec les autres, de voir que ce qui nous concernait finalement était politique, puisque c'était systémique et ça concernait toutes les femmes. Ça a permis d'ouvrir les consciences et de nous relier, mais maintenant il faut qu'on soit unis pour de vrai. À chaque fois que les femmes ont été unies, elles ont fait changer les choses de manière conséquente. Donc c'est ça qu'il faut qu'on arrive à faire. Je vais donner un exemple qui me tient vraiment à cœur, mais j'en ai plein en fait. C'est l'exemple de l'Islande en 1975. L'Islande n'était pas du tout un pays égalitaire à cette époque-là, il y avait 4 ou 5% de femmes députées. Et les femmes ont dit stop. Elles se sont unies, elles se sont arrêtées pendant une journée, au niveau professionnel, donc les hôpitaux, les administrations, les entreprises, tout à l'arrêt, et aussi au niveau personnel. Donc les enfants ont mangé des bonbons et des saucisses toute la journée, paraît-il. Et bien ça a été hyper efficace cette journée, parce que quelques mois après a été votée une loi en faveur de l'égalité, et cinq ans après a été élue la première femme chef d'État au monde, et depuis l'Islande est toujours le pays le plus égalitaire au monde. Et c'est aussi l'un des pays où les habitants sont les plus heureux et l'environnement le plus protégé. Et c'est pas un hasard, parce que tout ça est intrinsèquement lié, le bonheur, l'égalité et l'environnement. Et en fait, il a suffi d'une journée... Pour que l'Islande devienne de 4% de députés, devienne le pays le plus exemplaire, alors il y a encore des choses à faire, mais quand même le pays le plus exemplaire en matière de mixité. Et cet exemple s'est réitéré dans plusieurs endroits du monde, en Espagne, au Québec, etc. Et à chaque fois, il y a eu des avancées conséquentes. Moi, mon rêve, c'est que nous les femmes, on soit ensemble et qu'on se dise pendant une journée... on fait comme les Islandaises, on arrête tout au niveau professionnel et personnel les deux, une journée et à quoi ressemblerait le monde si nous les femmes libres, parce qu'on risque pas notre vie à faire ça, si nous les femmes libres on fait ça, à quoi ressemble le monde vous imaginez les hôpitaux j'imagine tout qui s'arrête l'éducation Tous les besoins essentiels de l'humanité, finalement, où les femmes sont surreprésentées. C'est pas un hasard non plus. Tout ce qui est malade, tout ce qui est personnes âgées, tout ce qui est enfants, tout ce qui est environnement, alimentation, eau potable. En fait, ça serait le chaos. Je me rappelle, dans une conférence, il y a même des femmes qui ont dit « ça serait la fin du monde » . Et il y en a une autre qui a dit « ça serait la fin de ce monde » . Oui,

  • Speaker #1

    j'allais dire « ça serait la fin d'un monde » .

  • Speaker #0

    Et en fait, on se rendrait compte à quel point les femmes... portent les besoins essentiels pour l'humanité. Et à quel point, sans mixité, le monde s'écroule et à quel point le monde repose sur la mixité qui est généralement un travail sous-rémunéré ou gratuit. Et si cette journée est assortie de demandes très claires pour qu'on arrive rapidement à la mixité, parce qu'on sait comment faire, on a des outils qui sont efficaces, qui sont éprouvés, je pense qu'il y aurait un avant et un après, et un après très clair. Et ça serait juste une journée. Donc ça, c'est vraiment mon rêve, c'est-à-dire qu'on soit ensemble pour dire stop, ça suffit, maintenant on veut la mixité, avec les hommes engagés. Les hommes engagés, ils pourraient par exemple... s'occuper de safe place, de place de sécurité, pour s'occuper des petits-enfants par exemple, ou des personnes malades, pour remplacer les femmes qui s'arrêteraient ce jour-là.

  • Speaker #1

    Tu as la date déjà ?

  • Speaker #0

    Non, mais il faut qu'on fasse ça en début 2026.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un appel, qui veut prendre ce sujet en main ? Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as de la mixité dans l'intérêt qu'on porte à ton travail et à ton livre notamment ? Est-ce que tu as vu de la mixité ? parce que... La question sous-jacente c'est est-ce que ce sont les femmes qui s'intéressent aux problèmes de femmes et à l'intérêt des femmes ?

  • Speaker #0

    Alors oui et non, c'est-à-dire que quand il y a des conférences sur la mixité ou sur les femmes etc. on va avoir 95% de femmes dans la salle, ça c'est une certitude. Je me rappelle, je suis intervenue récemment avec des jeunes et c'était un jeune homme qui commençait et qui disait « moi je ne suis pas tellement concernée par ce sujet, je sais mais tu rigoles ou quoi ? » L'égalité, ce n'est pas l'apanage des femmes, ça concerne tout le monde, les femmes et les hommes. Pourtant, les hommes sont tout autant concernés parce qu'ils ont tout autant de bénéfices à avoir que nous de la mixité. Vraiment, c'est-à-dire qu'ils vont avoir davantage de liens avec le care, avec les besoins essentiels. Ils vont pouvoir sortir des cases dans lesquelles on les a mis aussi, avoir... d'autres valeurs qui vont être mises en avant. C'est extrêmement bénéfique pour eux aussi, ça veut dire un monde qui fonctionne mieux. Évidemment, pour eux, c'est tout autant bénéfique que pour nous, mais ce n'est pas perçu. Et puis après, les femmes ont peur aussi de parler de ce sujet. On a l'impression de franchir une ligne rouge. On est parfois les meilleurs ennemis de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est intéressant aussi que tu évoques...

  • Speaker #0

    Il y a un point commun. entre femmes et hommes sur ce sujet là et qui est vraiment partagé par la très très grande majorité de la population c'est que c'est un sujet qui fait peur quand on parle des femmes quand on agit pour les femmes on a l'impression qu'on va agir contre les hommes qu'on va parler contre les hommes toujours ce truc là mais si on agit pour les femmes ça veut dire c'est contre les hommes et en fait moi je leur dis mais quand on c'est la seule catégorie de population pour laquelle on ne peut pas agir, c'est-à-dire qu'on n'a pas de problème de faire des programmes ou des actions publiques ou privées, spécifiques pour les jeunes, pour les talents des quartiers, pour les seniors. Pour les femmes, non, on a toujours l'impression qu'on va se toucher comme sujet, on va être contre les hommes et qu'est-ce qui va ressortir, non, non. Et en fait, quand on agit pour les jeunes, on n'agit pas contre les seniors. En fait, c'est pareil pour les femmes. Quand on agit pour les femmes, on agit pour les femmes. On agit aussi pour la mixité en plus, et donc on agit pour toute la communauté. Donc c'est extrêmement bénéfique. Tout le monde a peur de ce sujet. C'est fou, oui. C'est terrible.

  • Speaker #1

    Et justement, quels sont les retours que tu as par rapport à ton livre qui est sorti il y a quelques mois maintenant ?

  • Speaker #0

    Sur les hommes ?

  • Speaker #1

    Sur les retours, oui, peut-être les hommes. Est-ce qu'il y en a qui t'ont fait des retours ?

  • Speaker #0

    Justement, j'étais en visio tout à l'heure avec un réseau féminin d'une grande entreprise. Il y avait un homme qui était là, qui dit « moi ça m'a bouleversée » . Alors moi j'adore quand il y a des hommes qui lisent. Et ce dont je me suis rendue compte, c'est que les femmes lisent et le donnent à leur mari souvent après. Et ça, moi, c'est mon plus grand cadeau parce que tout ce que je fais, c'est pour. C'est le ensemble. C'est jamais contre. Donc, quand les hommes lisent ça,

  • Speaker #1

    c'est vraiment chouette. C'était Aurélia Blanc qui avait écrit sur « Tu deviendras un homme féministe, mon fils » . Et qui, dans un de ses chapitres, avait noté qu'effectivement, c'est les femmes qui lisaient justement des livres comme le tien, presque sociologiques. de compréhension, etc., mais qui n'arrivaient presque pas dans les mains des hommes, ce qui est dommage, parce que le changement viendra d'eux aussi.

  • Speaker #0

    Alors oui. C'est pour ça, tu vois, la question « Les femmes sauveront-elles le monde ? » En fait, déjà, elles le sauvent déjà. Elles le font déjà, mais sans voix et sans moyens. Donc, ce n'est pas une injonction à faire plus, parce qu'elles le font déjà. C'est juste une injonction à être ensemble. Et en fait, c'est la mixité qui sauvera le monde. Et donc ça passe aussi par les hommes. En fait, tout le système a été tellement construit par et pour les hommes, et c'est un fait, ce n'est pas une opinion, les femmes n'avaient pas accès à la sphère professionnelle et publique, donc ça a été construit par les hommes uniquement dans tous les pays du monde, jusqu'à récemment. Et donc, dans ces cases-là... Ils y sont plus à l'aise que nous, forcément, puisque ça a été fait par et pour. Et nous, c'est quand même beaucoup plus compliqué, parce qu'on nous fait rentrer au chausse-pied dedans, sans transformer les cases existantes. C'est-à-dire qu'en plus, on doit garder la même charge mentale, domestique et familiale qu'auparavant ou à quelques minutes près. Mais en gros, c'est quand même ça. Et puis, on doit se conformer au code existant, sans qu'on soit posé autour de la table, en disant maintenant quel monde on veut ensemble, maintenant qu'on est à l'égalité. Et du coup, nous les femmes, on revient un peu plus dans les brancards, on se rend davantage compte de l'absurdité des priorités, des indicateurs du monde, de là où on va en fait, on s'en rend compte davantage. Et puis surtout, comme je le disais tout à l'heure, si les femmes sont beaucoup plus éco-conscientes, beaucoup plus éco-responsables, sont locomotives de l'impact partout dans le monde, si on prend n'importe quelle étude dans n'importe quel pays, les femmes sont plus éco-conscientes et ça c'est pas génétique. C'est pas biologique, c'est simplement logique, c'est parce qu'on a vraiment les mains dedans. Qui s'occupe des bébés, des malades, des personnes âgées ? C'est nous. De l'alimentation, de l'eau potable, massivement, c'est nous. C'est massif la différence avec les hommes. Donc on se rend compte du lien avec un environnement sain ou dégradé, donc c'est pour ça qu'on agit aussi. C'est pour ça aussi qu'on distord les cases et qu'on voit qu'elles ne correspondent pas au bon sens, à ce que voudrait, ce qui devrait être pour l'humanité, pour la... pour que notre espèce perdure, tout simplement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a été éprouvant à écrire ce livre ?

  • Speaker #0

    Le plus éprouvant, c'était de trouver la légitimité. Donc ça, c'était compliqué. Oui, j'ai des biais. En fait, les biais sont tellement ancrés en nous que tous les jours, je découvre des nouveaux biais. En fait, ils sont tellement puissants, tellement dans chaque... C'est comme un magma, en fait, ça filtre partout. Et puis, là, le chapitre qui a été éprouvant, c'est celui où... où je constatais l'absence des femmes partout, je me disais mais c'est pas possible, c'est pas possible. Et puis surtout l'égalité, tout le monde me dit bon c'est bon Marie, on y est presque à l'égalité. Mais non, c'est 300 ans l'égalité, donc j'ai pas du tout envie d'attendre 300 ans. Ni les moyens d'ailleurs, physiques.

  • Speaker #1

    Je vais passer aux questions un peu signatures du podcast, notamment celle-ci, pour toi agir, ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, on a tout ça en nous. Et agir, c'est suivre son instinct, c'est ses tripes, c'est se reconnecter à soi. Qu'est-ce qui semble juste ? Et faire un premier pas. Agir, c'est faire un premier pas. Parfois, on a l'impression qu'agir, ça va être gravir une montagne et qu'on n'en a pas les moyens, qu'on se sent impuissant, qu'on ne va pas y arriver, etc. Mais en fait, pour gravir une montagne, il faut toujours commencer par un premier pas. Moi, agir, c'est d'abord ce premier pas-là qui met en action. Et souvent on se dit oui mais quel premier pas faire etc. Donc moi j'ai une super astuce, c'est ce premier pas c'est d'en parler autour de soi. Donc dès que j'ai un projet, par exemple le livre c'est pour ça qu'il est terminé, c'est parce que j'ai commencé à en parler autour de moi. C'était le premier pas, c'est d'en parler autour de moi donc après j'ai mis des années. Donc après tout le monde revient vers moi en disant bah alors t'en es où de ton livre, t'en es où ? Bah à un moment il va falloir t'y mettre tu vois, tu t'y mets. Donc l'action c'est juste sentir que c'est c'est juste pour soi, que ça nous attire, que c'est dans les tripes. Et faire ce premier pas, et ce premier pas ça peut être d'en parler autour de soi parce que c'est hyper facile d'en parler autour de soi. Oui,

  • Speaker #1

    mais après tu es affichée.

  • Speaker #0

    Tu vois c'est comme le mouvement mondial où les femmes sont unies. Maintenant que j'en parle, je me dis mince,

  • Speaker #1

    il va falloir faire bouger des choses. Est-ce que tu as une femme justement dans ton quotidien, pour toi une femme qui agit, ça serait qui et pourquoi ? Et qui t'inspire aussi.

  • Speaker #0

    Il y a une femme qui m'inspire énormément, c'est Yacine Darderne qui dirigeait la Nouvelle-Zélande, l'ex-première ministre, parce qu'elle a fait les choses justement en suivant ses tripes. Ils sont bon sens et avec un grand sourire et de l'empathie et de la bienveillance, elle a fait les choses différemment. Elle a même remplacé les indicateurs du PIB, qui est un indicateur complètement obsolète. Par des indicateurs où au centre sont la santé, l'éducation, l'environnement. Ce qui devrait être logique en tant qu'être humain. Il n'y a que ça qui compte. L'environnement, c'est-à-dire être dans un environnement sain où on peut respirer, boire de l'eau potable, manger sainement. L'éducation pour grandir ensemble. Et la santé. Le reste est accessoire. Donc, elle m'inspire énormément. Je suis extrêmement admirative. Et après, au quotidien, franchement, je rencontre des milliers de femmes chaque année. en fait salariée porteuse de projet, entrepreneuse et en fait j'adore voir l'œil qui brille et l'envie qui est là et dire et tu penses que moi j'aimerais faire ça et en fait j'encourage toujours parce que je sais que parfois un simple encouragement ça permet d'être le premier pas de déclencher en fait tout

  • Speaker #1

    à fait Et quel domaine tu aimerais voir plus d'action ? Alors attention, pas un de ceux qu'on a évoqués. Est-ce qu'il y a un autre domaine que tu as envie de nous partager qui te touche tout particulièrement et où tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis monomaniaque, donc j'ai envie que ce soit que sur la mixité. Je pense que c'est la source de tout. Le jour où il y a une vraie mixité, où il y a des vraies actions pour la mixité, c'est-à-dire on met de l'argent sur la table et on met ce qui fonctionne, ça veut dire... des quotas partout, ça veut dire de l'égal conditionnalité, donc soumettre chaque financement public à un plan en faveur de la mixité, ça veut dire que tu n'as pas fait de plan pour aller vers l'égalité, tu n'as pas d'argent, des budgets genrés, c'est-à-dire s'assurer que les budgets vont autant aux filles qu'aux garçons, par exemple dans les mairies, un vrai congé deuxième parent digne de ce nom, ça veut dire comme dans les pays du Nord, 6 mois pour le père, 6 mois pour la mère, 6 mois pour le deuxième parent. Et six mois pour les deux. Voilà. Il n'y a que ça qui m'intéresse. Donc, je ne vais pas avoir autre chose à dire.

  • Speaker #1

    Eh bien, on va rester là-dessus alors. Ça me va aussi.

  • Speaker #0

    Que je sois monomaniaque.

  • Speaker #1

    Donc, tu sois engagée. Que ce combat soit en fait omniprésent.

  • Speaker #0

    Omniprésent. Mes enfants, ils me disent, si on ne parle pas d'égalité à table, c'est que ce n'est pas un bon repas. Ce n'est pas un bon repas.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un bon repas. Et d'ailleurs, je tiens à une dernière question. Est-ce que la notion de transmission à tes enfants, elle est importante sur ces sujets-là, entre autres ? Bye !

  • Speaker #0

    En fait je pense que la transmission se fait par l'exemple donc c'est pas en leur rabâchant des trucs qu'ils vont faire au contraire il peut y avoir une opposition quand ils sont adolescents mais c'est par l'exemple en voyant et là je les vois ils sont engagés et éveillés donc je suis très fière des quatre parce qu'avec mon mari on en a deux chacun donc quatre à la maison et ben bravo pour ça ouais bon c'est pas assez une longue route et bravo et merci pour tout ce que tu fais merci à toi aussi Emilien c'est pour ça que sur mon livre il y a une goutte d'eau c'est parce qu'on est toutes et tous des gouttes d'eau et que c'est ensemble qui compte qui fonce cet océan merci beaucoup Marie j'espère

  • Speaker #2

    que cet épisode vous a plu merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas si vous avez aimé à le partager, à le commenter à faire vivre la communauté elles agissent Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com A très bientôt !

Description

Marie Eloy : Et si on sauvait le monde… ensemble ?

Fondatrice de Bouge ta Boîte et Femmes des Territoires, Marie Eloy a accompagné des milliers de femmes à créer, entreprendre, oser.

Dans cet épisode , elle revient sur la fin brutale de Bouge ta Boîte, une aventure humaine et économique hors du commun. Son envie d'avancer et de continuer son action.


Elle partage son regard sur l’entrepreneuriat féminin, la fragilité des droits, la force des territoires… et surtout, sa conviction profonde : ce qui sauvera le monde, c’est la mixité.


Un échange sans filtre sur le pouvoir d’agir, la sororité, les systèmes à déconstruire… et le rêve d’un mouvement mondial porté par les femmes.


Un épisode à écouter et à partager.
Inspiré aussi de son livre Les femmes sauveront-elles le monde ? que nous citons dans l'épisode.



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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt. J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #1

    J'ai pas une action dont je suis fière, c'est je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #0

    J'ai pas de mots pour agir, c'est une action.

  • Speaker #1

    Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #1

    Merci d'être dans Elles Agissent,

  • Speaker #0

    je suis ravie. Moi aussi.

  • Speaker #1

    Alors Marie, tu es une femme qui parle, dénonce aussi, et surtout qui agit. Donc tu as toute ta place ici. Tu as mis en place de l'action, surtout en avant, tu mets aussi en avant l'action féminin. Tu es journaliste, fondatrice de réseau féminin, et je voulais commencer aussi par parler de ce qui a marqué ces derniers mois, ces derniers jours qui ont dû être aussi en tout cas intenses, avec la sortie de ton livre aussi, et chargé en émotions, peut-être en fatigue aussi. Comment est-ce que tu traverses la fin de l'aventure de Bouge ta boîte ? Alors je suis désolée c'est une question qui rentre dans le sujet directement mais c'est d'actualité et je pense que c'est important aussi d'en parler parce que c'est ce que beaucoup de personnes doivent se demander. C'est l'un de tes réseaux, comment tu te sens et comment tu le vis ?

  • Speaker #0

    Oui alors Bouge ta boîte c'est un réseau business qui était présent dans 175 villes et qui organisait 5000 réunions de travail par an pour les entrepreneuses. en activité, qui souhaitait développer leur entreprise. C'était le plus grand en France et je pense aussi en Europe. Donc c'était une aventure incroyable qui existait depuis 8 ans. C'était aussi une entreprise à mission, bicorps, enfin bref, on Ausha toutes les cases. Le seul point qui était difficile, c'était le modèle économique parce qu'on avait deux jambes financières. On en avait une, c'était des formations pour les carrières des femmes dans les organisations. Et une, c'était les adhésions des entrepreneuses, mais on était deux à trois fois moins cher qu'un réseau mixte pour fonctionner, parce que nous les femmes, et notamment entrepreneuses, on a très peu de culture du réseau en France, et donc il fallait absolument un réseau beaucoup moins cher, et sur l'heure du midi, et avec d'autres codes, etc., pour qu'il y ait de plus en plus d'entrepreneuses qui travaillent ensemble, qui s'entraident, et donc aller vers notre mission. Notre mission, c'était d'accélérer l'égalité économique. Et tout ça fonctionnait à peu près jusqu'à ce qu'on avait prévu qu'on était rentable grâce au volume. Donc on était sur la bonne lancée puisqu'on était à 2200 bougeuses et on savait qu'on était rentable à 3000. Donc pour y arriver, on avait fait plusieurs levées de fonds, 5, avec des actionnaires franchement hyper engagés et géniaux, et notamment Guillaume Richard qui dirige WeCare, qui est leader du service à la personne, qui a vraiment soutenu. En long, en large, en travers pendant toutes ces années. Et le réseau était dirigé par Julie Baudin, avec que j'appelle toujours, encore tous les jours aujourd'hui. Et c'est un binôme incroyable. Sauf que dans le contexte économique et politique, depuis un an, on n'y arrivait plus du tout. C'est-à-dire, politique et économique, tout ce qui concernait les formations carrément des femmes ont été... Reporté de mois en mois depuis la dissolution parce que les budgets ont été gelés, parce que tout ce qui était égalité était un peu au fond du panier de la RSE, de la responsabilité sociétale des entreprises. Donc on en avait plusieurs dans le détuit, mais c'était décalé de mois en mois. Et puis au niveau économique, avec la crise économique, on a vu qu'il y avait beaucoup d'entrepreneuses qui arrêtaient de se payer ou qui avaient vraiment des difficultés pour payer la cotisation donc On vivait une forte baisse de chiffre d'affaires, je ne voyais pas comment on allait tenir. Donc en décembre on a fait un premier plan social, on a licencié neuf personnes dans l'équipe. Ça a été un moment assez douloureux, mais on a tout remonté. Donc un plan social avec un CSP, ce qui fait que les salariés sont bien protégés pendant deux ans, financièrement avec le même salaire. Et donc on a tout remonté, on s'est dit on va faire un tour de France, on va aller partout sur le terrain comme on a l'habitude de faire, et puis on va y arriver, etc. On savait qu'on ne pouvait plus faire de levée de fonds. Parce qu'on en avait fait 5, dont une participative l'année dernière avec 400 petits actionnaires que je remercie infiniment parce que grâce à eux, on a pu continuer à aider des milliers de femmes pendant un an de plus. Mais on ne pouvait pas faire d'autres levées parce qu'on avait ce qu'on appelle des obligations convertibles à rembourser en 2026 à hauteur de 800 000 euros. Donc quand on investit dans une entreprise, on a le choix entre des actions, donc des parts de l'entreprise, ou des OC. C'est comme un prêt, des obligations convertibles. mais il faut le rembourser à un moment donné. Donc on n'aurait aucun investisseur qui aurait mis 800 000 euros dans la boîte pour rembourser des actionnaires. Donc on savait que c'était fichu. Et donc au mois de mars, comme on n'arrivait que difficilement à remonter la pente, je me suis dit, il faut absolument qu'on s'adosse à un groupe beaucoup plus solide que nous. Donc vraiment, j'ai ravalé mon égo et j'ai contacté à peu près la terre entière. Et on a eu beaucoup de marques d'intérêt, de très gros, et dont trois offres fermes déposées au tribunal. Et donc pour une session, continuité du mouvement, parce que moi ce qui comptait pour moi, c'était que les salariés soient repris au moins en partie. Et surtout que le mouvement continue dans toute la France, parce que c'est incroyable ce mouvement-là. Dans les territoires, c'est extraordinaire en fait. Et je ne voulais pas que ça s'arrête. Sachant que nous, Bouge ta boîte, on n'a jamais eu de subvention publique, on est soutenu moralement. Mais s'il y avait un vrai plan pour l'entrepreneuriat des femmes, on aurait été soutenu autrement. S'il y avait une vraie volonté de soutenir l'entrepreneuriat des femmes, comme par exemple au Québec, on n'en aurait jamais été là. Et ce n'est pas le cas. Et donc, trois offres fermes, une qui était plus élevée que les deux autres. Donc les deux autres se sont retirées, on a commencé à travailler avec ce groupe-là. Avec les représentants du personnel, nos DAF, nos avocats, etc. Et la veille au soir, ils nous ont dit que leur conseil de surveillance avait dit non. Et nous, on avait prévu la trésorerie jusqu'à ce moment-là. On avait prévu en cas de difficulté majeure, on avait mis sur un compte à part toutes les cotisations des nouvelles bougeuses, de quoi payer nos prestataires, etc. Donc, c'est de faire en sorte que ça soit le plus clean possible. Au cas où, ça se faisait pas, mais normalement ça se faisait à 95%. Et donc la veille au soir, ils nous ont dit qu'ils partaient pas avec nous. Et donc le matin, à 8h du matin, on était au tribunal, normalement pour la session ce jour-là, la reprise des salariés du mouvement. Et en fait, on s'est retrouvés en liquidation judiciaire. Donc ça a été un moment un peu... C'est très violent.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    c'était pas drôle. C'était pas drôle parce qu'il a failli eu lieu dans la foulée, enfin dans l'heure. Convoquer tous les salariés, leur annoncer que c'était la fin pour eux. Alors évidemment, on a toujours été en transparence. On a un fonctionnement assez horizontal, donc ils savaient les différentes options. Mais celle-ci, même pour moi, je ne l'envisageais pas en fait. Enfin très peu. Je savais que c'était une possibilité, mais vraiment infime. Voilà, donc ce moment a été assez dur. Et puis dans la foulée, assez dur mais solidaire. C'est dans ces moments-là qu'on voit aussi ce qu'on a construit. Donc on était tous ensemble en fait. Et puis dans la foulée, il a fallu écrire une communication parce qu'on est quand même très visibles partout. Il y avait l'annoncé quoi. L'annoncé, donc il me restait deux neurones et je me suis isolée, j'ai écrit la com. Après on l'a relu en large et en travers avec Julie et puis les équipes qui étaient là. Et puis quand il a fallu appuyer sur le bouton, j'ai cru que j'allais m'évanouir parce que c'était vraiment la fin quoi, que j'avais jamais imaginé. Et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Quels ont été les retours ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un vague souvenir de ce moment-là parce que j'ai fait une sorte de blackout pendant deux jours. Je me suis retrouvée en train de lessiver les murs de la cuisine et quand on sait que le ménage et moi, ça fait 12,

  • Speaker #1

    c'est qu'il y avait un souci.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Par contre, on a eu des milliers de messages. Mon téléphone était inondé de milliers de messages et pas juste, c'est dommage, vous avez changé notre vie, on est orpheline, comment on va faire sans vous ? Et c'est là où on voit... Tout notre impact, on savait notre impact parce qu'on avait des choses très factuelles, on avait des mesures d'impact, tout ça. Donc on savait qu'on avait un impact important depuis 8 ans et qu'on a vraiment soutenu des milliers d'entrepreneuses en France. C'est indéniable. Mais par contre là, c'était tout d'un coup qui arrivait de tous les côtés. Et ça, ça fait beaucoup de bien à l'équipe. Ça fait beaucoup de bien à Julie et à moi aussi.

  • Speaker #1

    C'est de l'humain qui est arrivé dans un moment où c'était... C'était très juridique.

  • Speaker #0

    On n'avait pas rêvé en fait. On savait qu'on n'avait pas rêvé et qu'on avait vraiment fait des choses.

  • Speaker #1

    Et qu'il y avait des vrais retours et des vrais impacts aussi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis, ce qui a aidé aussi, c'est qu'avec Julie et l'équipe, on sait qu'on a fait de notre mieux tout le temps. On n'a jamais été... Parce que dans une session, on ne pouvait pas en parler avant. Dans une session, c'est une procédure confidentielle. Donc je n'avais pas le droit d'en parler, à part à mes salariés. Oui, j'ai vu que ça,

  • Speaker #1

    ça n'avait pas toujours été compris justement sur les réseaux. Il y a eu quelques commentaires en disant mais pourquoi l'annoncer aussi tardivement, etc.

  • Speaker #0

    On n'avait pas le droit. Et voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qu'il faut comprendre en fait dans cette...

  • Speaker #0

    Bah oui, parce que sinon ça... Dans la complexité. Bah oui, oui. Une session, ça peut la faire capoter, si ça se fait. Donc c'est normal que ça soit une procédure confidentielle. Mais du coup, j'ai aucun regret, je sais que j'ai fait de mon mieux tout le temps. Ces huit ans, même un peu trop. Julie aussi parce qu'on a été vraiment sacrificielle par moments ça ça aide de ne pas avoir de regrets et tu me disais aussi que ça continue enfin voilà ah ouais mais alors les femmes sont juste extraordinaires, les bougeuses elles sont moi elles m'épatent au quotidien parce que elles se sont créées en asso un peu partout en France Elles ont créé dans les 2-3 jours un groupe LinkedIn, le Refuge des Bougeuses, et sur WhatsApp, 70 sous-groupes. Donc voilà, je les laisse vivre, elles vivent ça. Après, la procédure judiciaire est toujours en cours, donc ça veut dire qu'il y a toujours quelqu'un qui a la possibilité de racheter la marque, les fichiers, la plateforme, les méthodes, etc. Et moi, je suis la seule personne qui n'a pas le droit, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Mais déjà, toi, ça t'a permis aussi d'avoir ces retours-là, de remonter tu vois le moment un peu down que tu as vécu, et ce qui est normal juste après, c'est se nourrir aussi de ce que les autres ont ressenti, ce qui t'a permis de...

  • Speaker #0

    Ou parce qu'on n'a pas le choix et on fonce. Le moment le plus difficile, finalement, c'est à partir du moment où j'ai vu qu'on n'y arriverait pas. Donc à partir du mois de mars, avril, mai, c'était sur toute cette période-là. Donc annoncer aux actionnaires, aux salariés, dire qu'il fallait qu'on trouve... quelqu'un, appeler les gens, puis une session c'est une session symbolique donc c'est pas un euro mais c'est pas loin quoi. Donc cette période là a été extrêmement dure parce qu'en même temps je faisais des conférences tous les jours, on motivait tout le monde puis on essayait toujours de continuer parce qu'on avait espoir aussi qu'on y arrive par nous-mêmes. Cette période là était vraiment très très dure, la liquidation judiciaire ça a été un gros choc mais... Mais moralement, je pense qu'on avait davantage souffert avant. Ça ne veut pas dire l'apothéose, parce que c'est positif, mais c'était le point culminant.

  • Speaker #1

    Et en quoi c'est représentatif de ce qui va mal, justement, dans notre société ?

  • Speaker #0

    C'est catastrophique. Je ne sais pas comment c'est possible de laisser tomber un réseau comme ça. Je ne comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur l'IA. Alors moi, l'IA, j'utilise. C'est chouette, mais c'est un gadget. C'est pas au cœur de nos vies en fait, c'est pas essentiel pour les besoins de l'humanité, mais c'est très chouette. Je comprends pas qu'il y ait autant d'argent sur ces sujets-là, sur des sujets qui me dépassent en fait, et pas sur l'essentiel, c'est-à-dire la mixité, l'égalité, l'entrepreneuriat des petites entreprises, parce qu'on sait que c'est ce qui fait vivre les territoires, on sait qu'en plus en France, on n'est pas bon en entrepreneuriat des femmes, il faut absolument soutenir. Sur 100 entreprises en France, il y en a 22 qui sont créées par des femmes, 62 par des hommes. Et donc on voit bien la différence, le reste c'est par des équipes mixtes. Donc on dit toujours il y a 38% de femmes entrepreneuses, mais en fait ces 38% ça compte la mixité, les entreprises mixtes plus femmes. Donc c'est biaisé, c'est un entrepreneuriat qui est précaire, c'est 30% de rémunération de moins en moyenne, entre 20 et 30%, que les hommes entrepreneurs. Donc il y a vraiment du boulot à faire pour rééquilibrer.

  • Speaker #1

    Oui, il y aurait même le champ libre pour exprimer quelque chose d'une manière politique, etc. Mais qui n'est pas du tout, qui n'intéresse pas en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, ça n'intéresse pas. Enfin, ça intéresse de façade, mais il n'y a pas de moyen de mis. Et pour moi, quand il n'y a pas de moyen de mis, ça veut dire qu'il n'y a pas de volonté. Et puis c'est un entrepreneuriat, l'entrepreneuriat des femmes qui est extrêmement engagé. Donc non seulement ça dynamise les territoires, ça crée des emplois, mais aussi c'est engagé. Toutes, elles ont créé leur entreprise pour faire différemment. Donc, de manière éthique. plus transparente ou alors pour plus d'environnement, plus de liens sociaux, enfin toutes,

  • Speaker #1

    vraiment toutes. Il y a un fond,

  • Speaker #0

    il y a une réflexion derrière. C'est plus engagé parce que pour plein de raisons, on a les mains dedans, on a les mains dans le lien social, on a les mains dans l'humain, on a les mains dans la santé, dans l'alimentation. Donc c'est un entrepreneuriat qui est plus engagé, qui est absolument indispensable au territoire. Parce que l'entrepreneuriat en France, c'est 97% des toutes petites entreprises. Donc c'est celui-là qu'il faut soutenir. Et pour ça, je ne comprends pas.

  • Speaker #1

    Non, moi non plus. Mais c'est aussi... Oui, c'est représentatif de tellement d'autres choses, comme on disait, beaucoup plus marquantes. Effectivement, ces actions ne sont pas entendues et la motivation, elle est quand même dure à aller chercher, à retrouver, à aller chercher, de ne pas désespérer. Tu vois ce que je veux dire ? Quand on est engagé sur ces sujets-là, et puis quand tu te prends des revers comme ça, ne serait-ce que par les constats, on va aussi en parler par ton livre, par les chiffres, etc. Comment tu trouves cette énergie aussi ? Comment tu renouvelles ?

  • Speaker #0

    Déjà, je sais que ce que je fais, c'est utile et que je sais pourquoi je me lève tous les matins et toute l'équipe, c'était pareil. Donc ça, ça aide quand même. Je pense que quand tu es dans l'action, quand tu fais les choses concrètement, parce que nous, ce n'était pas des paroles, en fait. On était les mains vraiment dans le cambouis. avec les entrepreneuses dans tous les territoires. Donc, quand tu es dans l'action aussi, c'est un antidote à...

  • Speaker #1

    Oui, à ne pas se poser la question de si ça va marcher ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avances, tu es dans l'action, donc tu te sens forcément utile. Et quand tu es utile, ça donne aussi beaucoup de joie d'être utile. Et puis moi, je suis de nature très optimiste. Mais il faut. Donc, ça aide. J'ai des équipes géniales. Puis après, j'ai aussi Femmes des Territoires. Je suis présente de Femmes des Territoires, qui est maintenant le plus grand réseau pour les entrepreneuses, qui est davantage au démarrage de la création d'entreprise et qui est dirigée par Céline André. Donc, j'ai aussi une équipe de ce côté-là qui est fantastique. Il y a des femmes partout en France aussi. On est dans 100 villes. Donc, je ne suis pas toute seule, en fait. On est ensemble.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir justement sur cette force du territoire, de la proximité. C'est très important pour toi, c'est presque un ancrage d'ailleurs d'où ça vient cette force que tu tires justement du territoire. Et est-ce que ça ne serait pas aussi politique mais au sens noble du terme ? Est-ce que ce n'est pas ça la vraie politique ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ferais jamais de politique au sens actuel du terme.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que j'ai précisé sens noble parce qu'on l'a perdu je pense.

  • Speaker #0

    Mais sens noble, oui oui tout à fait. De toute façon tous les changements dans la société sont venus des mouvements citoyens et au sens noble c'est vraiment être engagé donc dans ce sens, dans ce terme là oui. Et après territoire, moi je viens des territoires, j'ai grandi dans un petit village du nord de la France. C'était, enfin voilà c'est toute ma vie et après j'ai passé une bonne partie de ma vie dans un petit village aussi en Bretagne.

  • Speaker #1

    Donc c'est naturel pour toi. Oui. Et tu en vois la force aussi. Tu vois la force de ce territoire. C'est la vraie vie. Oui. On va parler de ton livre aussi. Quand je l'ai lu, je me suis dit, est-ce que ce ne seraient pas toutes les réponses que je n'ai parfois pas aux personnes qui me parlent d'une manière assez négative du féminisme. Ou des combats. Non, mais c'est vrai, parce que je trouvais qu'il y avait toutes les réponses à ce que j'ai pu entendre parfois en disant oui, mais. Tu sais, le fameux oui, mais. Et tu y réponds, en fait, dans ton livre.

  • Speaker #0

    En fait, j'ai tellement écumé les territoires. Moi, j'adore être en mouvement, donc j'ai tellement écumé, j'ai tellement essayé de convaincre de la nécessité au début. Moi, je n'y connaissais rien à ces sujets, franchement. Voilà, comme tout le monde, c'est un éveil qui est progressif et qui est là depuis maintenant. de 10-15 ans, mais au début je ne me rendais pas compte parce que j'avais une émission, enfin je remplaçais notamment une émission sur les droits des femmes sur RFI il y a longtemps, Radio France Internationale, parce que j'étais journaliste. Mais après ces sujets-là, sinon, je n'étais pas dedans. Mais en fait, à force d'essayer de convaincre de l'intérêt d'avoir des entrepreneuses pour notre pays, je me suis dit mais ce n'est pas possible, donc j'ai commencé à chercher des chiffres, à regarder. avoir la précarité, avoir les inégalités. Puis moi, j'étais maman solo, j'étais au RSA. J'étais bénévole en même temps à temps plein pour l'école Montessori que j'avais cofondée. Donc je voyais bien que l'argent et les femmes, ça faisait deux. Enfin bref, et donc à force de creuser, creuser, d'aller chercher les données, je me suis dit mais c'est pas possible. Puis plus je travaillais, plus je me disais mais... Et donc à chaque fois que j'essayais de convaincre... On me rétorquait des arguments, des arguments. Donc après, moi, en plus, je suis nulle en répartie. Donc les arguments, ils me venaient la nuit en me disant « Mais pourquoi t'as pas répondu ça ? »

  • Speaker #1

    Les fameux arguments qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    qui arrivent trop tard.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces questions, je les ai appelées les questions de l'avocat du diable. Parce qu'on les a toutes et tous en nous. Même moi, je pouvais les avoir, en fait. Et en fait, ça me fait marrer parce qu'à chaque fois que je fais des conférences, ça revient, ces questions-là. Donc maintenant, je sais comment répondre. Oui. Mais elles sont en nous parce que ça fait partie de l'inconscient collectif. Je sais par exemple que si dans une conférence, je parle d'entrepreneuriat des femmes par exemple, ou même de salariat, peu importe, de mixité, si dans les cinq minutes, je n'ai pas dit que ce n'est pas contre les hommes, je vais avoir une main qui va se lever et qui va me dire, moi, je ne suis pas contre les hommes, moi, je ne suis pas féministe, mais... Et donc du coup, je sais les mots qu'il faut dire pour déverrouiller, pour que l'attention continue d'être là et pour qu'on ait envie de soutenir cet élan vers la mixité, parce qu'il ne s'agit de rien d'autre, il s'agit de mixité. Et c'est pour ça que j'aime bien inverser les chiffres. Et tout au long de mon livre aussi, je les inverse, parce que l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui, si c'était les hommes qui avaient les chiffres qui nous concernent, mais on serait tous dans la rue, moi la première, pour demander la mixité. Donc c'est important aussi d'avoir ce recul-là.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vrai que je l'avais remarqué justement, que tu abordais le mot mixité, enfin tu donnais le mot mixité très rapidement quand tu prenais la parole, parce que justement j'imaginais que oui, t'avais reçu des... Ça rassure aussi en disant, le féminisme c'est aussi la mixité.

  • Speaker #0

    En fait la mixité c'est le seul mot pour lequel tout le monde est d'accord. Personne n'est contre, ou alors voilà, des personnes qui ont... qui sont perdues pour la cause, mais de manière générale, 95% des gens, tout le monde est pour la mixité. Féministe, il faut l'expliquer. Alors je le dis toujours, mais ça vient dans un second temps et en expliquant. Parité, c'est pareil, parce qu'on va me dire oui, mais on va me sortir plein d'arguments, oui mais ça veut dire qu'on va prendre des femmes qui ne sont pas compétentes, truc de dingue, alors qu'on sait qu'il y a beaucoup plus de femmes diplômées que d'hommes par exemple. qu'il n'y a aucun DRH qui nommera une femme incompétente au risque de mettre en péril son entreprise, enfin plein de trucs comme ça. Donc c'est le mot le plus neutre sur lequel tout le monde s'accorde et qui permet de déverrouiller les autres sujets. Parce qu'en fait, si on en est là aujourd'hui, c'est aussi une question d'histoire, d'un conscient collectif, de domination, de tout ça, mais aussi aujourd'hui de malentendus, ou en tout cas de choses qu'il faut ouvrir.

  • Speaker #1

    Et justement sur cette mixité, qu'est-ce qu'elle apporte ? Qu'est-ce qu'elle apporterait ?

  • Speaker #0

    Tu vois, un jour, mes équipes m'ont dit « Ah Marie, pour la nouvelle année, ça serait bien que t'écrives un texte pour expliquer à quoi ressemblerait un monde mixte. » Je suis là « Ouais, génial, super idée. » Bon, bref, je suis restée devant une feuille blanche parce que j'arrivais pas comme ça à imaginer à quoi ressemblait un monde mixte, j'arrivais à imaginer l'inverse de ce qu'on vit aujourd'hui. Mais un monde mixte, j'arrivais à imaginer quelques trucs, mais... Et du coup, c'est pour ça que j'ai écrit ce livre, parce que j'ai fouillé, fouillé, fouillé. Et un monde mixte, je me suis rendue compte, et notamment, je donne pas mal d'études et de sources historiques, un monde mixte, ça transforme tout. On ne peut pas rester dans le même monde qu'aujourd'hui avec un monde mixte. Ce n'est pas possible. Ça transforme absolument tout. Ce n'est pas le même rapport au pouvoir. Ce n'est pas le même rapport à l'argent. Ce n'est pas le même rapport à l'environnement, à la santé. Tout est différent au conflit. Tout est différent. Donc, pour moi, l'absence de mixité, c'est le plus grand bug de l'humanité. C'est ce qui nous a conduit aujourd'hui dans une espèce d'impasse où on voit le mur arriver, on ne bouge pas, on continue d'aller vers le mur. Et en même temps, c'est pour moi la solution à toutes les crises qu'on vit. Et Albert Einstein disait qu'on ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qu'il a créé. Bon, c'est pourtant ce qu'on fait aujourd'hui. Donc la mixité et cet autre mode de pensée, ça permet de prioriser complètement différent. complètement différemment, ça permet d'avoir des indicateurs différents de ce qui guide notre monde, ça permet d'avoir un fonctionnement différent, ça change tout. La mixité étant entendue au-delà de 35% d'un genre ou l'autre. Parce que si on voit 20%, ça ne change rien, en fait, on retombe dans les codes d'aujourd'hui. Donc c'est au moins 35%, évidemment c'est à 50% qu'on arrive à une vraie mixité. Et j'ai notamment regardé les exemples aujourd'hui, mais aussi dans l'histoire, donc les sociétés dans la vieille Europe. Ici, elles étaient égalitaires avant le néolithique. Il y a une anthropologue, Heide Gottener-Aben-Drot, qui a travaillé toute sa vie sur les matriarcas. Donc matriarcas, ça peut faire sursauter, on va se dire, oh mon Dieu, c'est l'inverse du patriarcat, c'est la domination des femmes sur les hommes et tout. Mais pas du tout, en fait. Les matriarcas, quand on regarde en tout cas ce qu'elle a étudié, ce qu'elle en ressort, c'est fascinant. La femme est au centre, mais pas au-dessus. Donc c'est pas pyramidal, elle est au centre parce qu'elle donne la vie, mais l'homme aussi est au centre. Et chaque pan de la société est représenté à la fois par un homme et une femme, donc économie, culturelle, politique, etc. Dans ces sociétés qui sont pour moi égalitaires, alors évidemment c'est matrilinéaire, donc le nom passe par la mère, mais au moins ça permet d'éviter les erreurs et les conflits. C'est matrilocal, c'est-à-dire qu'on vit chez la mère. Mais au-delà de ça, la violence est bannie dans ces sociétés-là. Donc selon elle, il n'y a pas d'absence de consentement possible, il n'y a pas de viol possible. Quand il y a un conflit, tout le monde se réunit, on résout le truc. La personne qui dirige ces sociétés-là, ou les personnes qui dirigent, ne sont pas celles qui vont crier le plus fort ou qui vont avoir le plus d'autorité, ça va être celles qui prennent le plus soin, qui sont capables de prendre le plus soin des autres. Il y a une répartition des ressources, il n'y a pas d'accumulation, il n'y a pas de profit quand même, qui fait faire une récolte plus importante. C'est réparti équitablement. Le vote, c'est par consensus. Ce n'est pas de rapport de domination.

  • Speaker #1

    Là, c'est recréer complètement, rechanger le monde.

  • Speaker #0

    Qui existait avant. Avant le néolithique, avant la sédentarisation, et avant qu'on se rende compte que contrôler le corps des femmes, ça permettait d'avoir plus de force de travail, de conserver les terres au sein de la famille, etc.

  • Speaker #1

    Tu parlais aussi que nous, en tant que femmes, on a dû se battre pour avoir tous nos droits. Tu parlais de porter un pantalon, voter, avoir un compte bancaire, etc. Et que c'est une force aussi maintenant de savoir que tout peut être fragile.

  • Speaker #0

    Tout est fragile, ça c'est certain. Je pense qu'on le voit bien en Afghanistan, aux Etats-Unis, mais partout dans le monde. Mais oui, tout a été interdit aux femmes dans l'histoire. Tout. Je prenais n'importe quel truc, je regardais est-ce que ça a été interdit. Ah oui, ça a été interdit aux femmes. Même entreprendre, ça a été interdit aux femmes.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Ah oui. Oui, alors ça c'était au Moyen-Âge. Donc celles qui avaient le droit d'entreprendre, c'était les veuves. Mais sinon, on avait peur que ça fasse de l'ombre aux hommes. Étudier, voter, tu l'as dit. Même se réunir entre femmes, ça a été interdit.

  • Speaker #1

    Ça l'est là en Afghanistan.

  • Speaker #0

    En France, je parle d'en France, au moment de la Révolution française, les femmes ont été vraiment partie prenante de la Révolution française, elles ont joué un rôle très actif, et elles ont créé une soixantaine de clubs féminins partout en France. Donc vraiment des clubs de sororité. Parce qu'on valorise toujours la fraternité, mais pas la sororité en fait, c'est ça qui est dingue. Et ça a été très mal vu, donc il y a un décret qui a interdit la réunion de femmes, et ça c'est en 1793, et trois jours après, Olympe de Gouges a été guillotiné. Olympe de Gouges qui avait écrit la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Donc, tout.

  • Speaker #1

    Justement tu l'as évoqué là tout à l'heure sur les droits, nos droits qui sont en train de... Dans certains pays, je pense aux Etats-Unis, où ils sont remis en question, qu'est-ce qu'on peut faire pour ça ? C'est inquiétant quand même.

  • Speaker #0

    Alors c'est extrêmement inquiétant, c'est un vrai recul des droits des femmes et donc de la société tout entière, parce que quand on agit pour les femmes et quand on agit pour la mixité, c'est toute la société qui en bénéficie, c'est prouvé, c'est les enfants, c'est les hommes, c'est tout le monde, et quand ça recule, c'est bon pour personne. Donc c'est un premier signe, c'est la fameuse phrase de Simone de Beauvoir, il suffit d'une crise, il suffira d'une crise, etc. Qu'est-ce qu'on peut faire ? S'unir. Nous les femmes, on a toujours été très isolées les unes des autres, par choix politique aussi. On n'a pas été dans la vie professionnelle et publique, ça fait que c'est très récent qu'on y est. Et pour ça, les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, parce qu'ils nous ont permis d'être en lien les unes avec les autres, de voir que ce qui nous concernait finalement était politique, puisque c'était systémique et ça concernait toutes les femmes. Ça a permis d'ouvrir les consciences et de nous relier, mais maintenant il faut qu'on soit unis pour de vrai. À chaque fois que les femmes ont été unies, elles ont fait changer les choses de manière conséquente. Donc c'est ça qu'il faut qu'on arrive à faire. Je vais donner un exemple qui me tient vraiment à cœur, mais j'en ai plein en fait. C'est l'exemple de l'Islande en 1975. L'Islande n'était pas du tout un pays égalitaire à cette époque-là, il y avait 4 ou 5% de femmes députées. Et les femmes ont dit stop. Elles se sont unies, elles se sont arrêtées pendant une journée, au niveau professionnel, donc les hôpitaux, les administrations, les entreprises, tout à l'arrêt, et aussi au niveau personnel. Donc les enfants ont mangé des bonbons et des saucisses toute la journée, paraît-il. Et bien ça a été hyper efficace cette journée, parce que quelques mois après a été votée une loi en faveur de l'égalité, et cinq ans après a été élue la première femme chef d'État au monde, et depuis l'Islande est toujours le pays le plus égalitaire au monde. Et c'est aussi l'un des pays où les habitants sont les plus heureux et l'environnement le plus protégé. Et c'est pas un hasard, parce que tout ça est intrinsèquement lié, le bonheur, l'égalité et l'environnement. Et en fait, il a suffi d'une journée... Pour que l'Islande devienne de 4% de députés, devienne le pays le plus exemplaire, alors il y a encore des choses à faire, mais quand même le pays le plus exemplaire en matière de mixité. Et cet exemple s'est réitéré dans plusieurs endroits du monde, en Espagne, au Québec, etc. Et à chaque fois, il y a eu des avancées conséquentes. Moi, mon rêve, c'est que nous les femmes, on soit ensemble et qu'on se dise pendant une journée... on fait comme les Islandaises, on arrête tout au niveau professionnel et personnel les deux, une journée et à quoi ressemblerait le monde si nous les femmes libres, parce qu'on risque pas notre vie à faire ça, si nous les femmes libres on fait ça, à quoi ressemble le monde vous imaginez les hôpitaux j'imagine tout qui s'arrête l'éducation Tous les besoins essentiels de l'humanité, finalement, où les femmes sont surreprésentées. C'est pas un hasard non plus. Tout ce qui est malade, tout ce qui est personnes âgées, tout ce qui est enfants, tout ce qui est environnement, alimentation, eau potable. En fait, ça serait le chaos. Je me rappelle, dans une conférence, il y a même des femmes qui ont dit « ça serait la fin du monde » . Et il y en a une autre qui a dit « ça serait la fin de ce monde » . Oui,

  • Speaker #1

    j'allais dire « ça serait la fin d'un monde » .

  • Speaker #0

    Et en fait, on se rendrait compte à quel point les femmes... portent les besoins essentiels pour l'humanité. Et à quel point, sans mixité, le monde s'écroule et à quel point le monde repose sur la mixité qui est généralement un travail sous-rémunéré ou gratuit. Et si cette journée est assortie de demandes très claires pour qu'on arrive rapidement à la mixité, parce qu'on sait comment faire, on a des outils qui sont efficaces, qui sont éprouvés, je pense qu'il y aurait un avant et un après, et un après très clair. Et ça serait juste une journée. Donc ça, c'est vraiment mon rêve, c'est-à-dire qu'on soit ensemble pour dire stop, ça suffit, maintenant on veut la mixité, avec les hommes engagés. Les hommes engagés, ils pourraient par exemple... s'occuper de safe place, de place de sécurité, pour s'occuper des petits-enfants par exemple, ou des personnes malades, pour remplacer les femmes qui s'arrêteraient ce jour-là.

  • Speaker #1

    Tu as la date déjà ?

  • Speaker #0

    Non, mais il faut qu'on fasse ça en début 2026.

  • Speaker #1

    Oui, c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un appel, qui veut prendre ce sujet en main ? Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as de la mixité dans l'intérêt qu'on porte à ton travail et à ton livre notamment ? Est-ce que tu as vu de la mixité ? parce que... La question sous-jacente c'est est-ce que ce sont les femmes qui s'intéressent aux problèmes de femmes et à l'intérêt des femmes ?

  • Speaker #0

    Alors oui et non, c'est-à-dire que quand il y a des conférences sur la mixité ou sur les femmes etc. on va avoir 95% de femmes dans la salle, ça c'est une certitude. Je me rappelle, je suis intervenue récemment avec des jeunes et c'était un jeune homme qui commençait et qui disait « moi je ne suis pas tellement concernée par ce sujet, je sais mais tu rigoles ou quoi ? » L'égalité, ce n'est pas l'apanage des femmes, ça concerne tout le monde, les femmes et les hommes. Pourtant, les hommes sont tout autant concernés parce qu'ils ont tout autant de bénéfices à avoir que nous de la mixité. Vraiment, c'est-à-dire qu'ils vont avoir davantage de liens avec le care, avec les besoins essentiels. Ils vont pouvoir sortir des cases dans lesquelles on les a mis aussi, avoir... d'autres valeurs qui vont être mises en avant. C'est extrêmement bénéfique pour eux aussi, ça veut dire un monde qui fonctionne mieux. Évidemment, pour eux, c'est tout autant bénéfique que pour nous, mais ce n'est pas perçu. Et puis après, les femmes ont peur aussi de parler de ce sujet. On a l'impression de franchir une ligne rouge. On est parfois les meilleurs ennemis de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est intéressant aussi que tu évoques...

  • Speaker #0

    Il y a un point commun. entre femmes et hommes sur ce sujet là et qui est vraiment partagé par la très très grande majorité de la population c'est que c'est un sujet qui fait peur quand on parle des femmes quand on agit pour les femmes on a l'impression qu'on va agir contre les hommes qu'on va parler contre les hommes toujours ce truc là mais si on agit pour les femmes ça veut dire c'est contre les hommes et en fait moi je leur dis mais quand on c'est la seule catégorie de population pour laquelle on ne peut pas agir, c'est-à-dire qu'on n'a pas de problème de faire des programmes ou des actions publiques ou privées, spécifiques pour les jeunes, pour les talents des quartiers, pour les seniors. Pour les femmes, non, on a toujours l'impression qu'on va se toucher comme sujet, on va être contre les hommes et qu'est-ce qui va ressortir, non, non. Et en fait, quand on agit pour les jeunes, on n'agit pas contre les seniors. En fait, c'est pareil pour les femmes. Quand on agit pour les femmes, on agit pour les femmes. On agit aussi pour la mixité en plus, et donc on agit pour toute la communauté. Donc c'est extrêmement bénéfique. Tout le monde a peur de ce sujet. C'est fou, oui. C'est terrible.

  • Speaker #1

    Et justement, quels sont les retours que tu as par rapport à ton livre qui est sorti il y a quelques mois maintenant ?

  • Speaker #0

    Sur les hommes ?

  • Speaker #1

    Sur les retours, oui, peut-être les hommes. Est-ce qu'il y en a qui t'ont fait des retours ?

  • Speaker #0

    Justement, j'étais en visio tout à l'heure avec un réseau féminin d'une grande entreprise. Il y avait un homme qui était là, qui dit « moi ça m'a bouleversée » . Alors moi j'adore quand il y a des hommes qui lisent. Et ce dont je me suis rendue compte, c'est que les femmes lisent et le donnent à leur mari souvent après. Et ça, moi, c'est mon plus grand cadeau parce que tout ce que je fais, c'est pour. C'est le ensemble. C'est jamais contre. Donc, quand les hommes lisent ça,

  • Speaker #1

    c'est vraiment chouette. C'était Aurélia Blanc qui avait écrit sur « Tu deviendras un homme féministe, mon fils » . Et qui, dans un de ses chapitres, avait noté qu'effectivement, c'est les femmes qui lisaient justement des livres comme le tien, presque sociologiques. de compréhension, etc., mais qui n'arrivaient presque pas dans les mains des hommes, ce qui est dommage, parce que le changement viendra d'eux aussi.

  • Speaker #0

    Alors oui. C'est pour ça, tu vois, la question « Les femmes sauveront-elles le monde ? » En fait, déjà, elles le sauvent déjà. Elles le font déjà, mais sans voix et sans moyens. Donc, ce n'est pas une injonction à faire plus, parce qu'elles le font déjà. C'est juste une injonction à être ensemble. Et en fait, c'est la mixité qui sauvera le monde. Et donc ça passe aussi par les hommes. En fait, tout le système a été tellement construit par et pour les hommes, et c'est un fait, ce n'est pas une opinion, les femmes n'avaient pas accès à la sphère professionnelle et publique, donc ça a été construit par les hommes uniquement dans tous les pays du monde, jusqu'à récemment. Et donc, dans ces cases-là... Ils y sont plus à l'aise que nous, forcément, puisque ça a été fait par et pour. Et nous, c'est quand même beaucoup plus compliqué, parce qu'on nous fait rentrer au chausse-pied dedans, sans transformer les cases existantes. C'est-à-dire qu'en plus, on doit garder la même charge mentale, domestique et familiale qu'auparavant ou à quelques minutes près. Mais en gros, c'est quand même ça. Et puis, on doit se conformer au code existant, sans qu'on soit posé autour de la table, en disant maintenant quel monde on veut ensemble, maintenant qu'on est à l'égalité. Et du coup, nous les femmes, on revient un peu plus dans les brancards, on se rend davantage compte de l'absurdité des priorités, des indicateurs du monde, de là où on va en fait, on s'en rend compte davantage. Et puis surtout, comme je le disais tout à l'heure, si les femmes sont beaucoup plus éco-conscientes, beaucoup plus éco-responsables, sont locomotives de l'impact partout dans le monde, si on prend n'importe quelle étude dans n'importe quel pays, les femmes sont plus éco-conscientes et ça c'est pas génétique. C'est pas biologique, c'est simplement logique, c'est parce qu'on a vraiment les mains dedans. Qui s'occupe des bébés, des malades, des personnes âgées ? C'est nous. De l'alimentation, de l'eau potable, massivement, c'est nous. C'est massif la différence avec les hommes. Donc on se rend compte du lien avec un environnement sain ou dégradé, donc c'est pour ça qu'on agit aussi. C'est pour ça aussi qu'on distord les cases et qu'on voit qu'elles ne correspondent pas au bon sens, à ce que voudrait, ce qui devrait être pour l'humanité, pour la... pour que notre espèce perdure, tout simplement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a été éprouvant à écrire ce livre ?

  • Speaker #0

    Le plus éprouvant, c'était de trouver la légitimité. Donc ça, c'était compliqué. Oui, j'ai des biais. En fait, les biais sont tellement ancrés en nous que tous les jours, je découvre des nouveaux biais. En fait, ils sont tellement puissants, tellement dans chaque... C'est comme un magma, en fait, ça filtre partout. Et puis, là, le chapitre qui a été éprouvant, c'est celui où... où je constatais l'absence des femmes partout, je me disais mais c'est pas possible, c'est pas possible. Et puis surtout l'égalité, tout le monde me dit bon c'est bon Marie, on y est presque à l'égalité. Mais non, c'est 300 ans l'égalité, donc j'ai pas du tout envie d'attendre 300 ans. Ni les moyens d'ailleurs, physiques.

  • Speaker #1

    Je vais passer aux questions un peu signatures du podcast, notamment celle-ci, pour toi agir, ça signifie quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, on a tout ça en nous. Et agir, c'est suivre son instinct, c'est ses tripes, c'est se reconnecter à soi. Qu'est-ce qui semble juste ? Et faire un premier pas. Agir, c'est faire un premier pas. Parfois, on a l'impression qu'agir, ça va être gravir une montagne et qu'on n'en a pas les moyens, qu'on se sent impuissant, qu'on ne va pas y arriver, etc. Mais en fait, pour gravir une montagne, il faut toujours commencer par un premier pas. Moi, agir, c'est d'abord ce premier pas-là qui met en action. Et souvent on se dit oui mais quel premier pas faire etc. Donc moi j'ai une super astuce, c'est ce premier pas c'est d'en parler autour de soi. Donc dès que j'ai un projet, par exemple le livre c'est pour ça qu'il est terminé, c'est parce que j'ai commencé à en parler autour de moi. C'était le premier pas, c'est d'en parler autour de moi donc après j'ai mis des années. Donc après tout le monde revient vers moi en disant bah alors t'en es où de ton livre, t'en es où ? Bah à un moment il va falloir t'y mettre tu vois, tu t'y mets. Donc l'action c'est juste sentir que c'est c'est juste pour soi, que ça nous attire, que c'est dans les tripes. Et faire ce premier pas, et ce premier pas ça peut être d'en parler autour de soi parce que c'est hyper facile d'en parler autour de soi. Oui,

  • Speaker #1

    mais après tu es affichée.

  • Speaker #0

    Tu vois c'est comme le mouvement mondial où les femmes sont unies. Maintenant que j'en parle, je me dis mince,

  • Speaker #1

    il va falloir faire bouger des choses. Est-ce que tu as une femme justement dans ton quotidien, pour toi une femme qui agit, ça serait qui et pourquoi ? Et qui t'inspire aussi.

  • Speaker #0

    Il y a une femme qui m'inspire énormément, c'est Yacine Darderne qui dirigeait la Nouvelle-Zélande, l'ex-première ministre, parce qu'elle a fait les choses justement en suivant ses tripes. Ils sont bon sens et avec un grand sourire et de l'empathie et de la bienveillance, elle a fait les choses différemment. Elle a même remplacé les indicateurs du PIB, qui est un indicateur complètement obsolète. Par des indicateurs où au centre sont la santé, l'éducation, l'environnement. Ce qui devrait être logique en tant qu'être humain. Il n'y a que ça qui compte. L'environnement, c'est-à-dire être dans un environnement sain où on peut respirer, boire de l'eau potable, manger sainement. L'éducation pour grandir ensemble. Et la santé. Le reste est accessoire. Donc, elle m'inspire énormément. Je suis extrêmement admirative. Et après, au quotidien, franchement, je rencontre des milliers de femmes chaque année. en fait salariée porteuse de projet, entrepreneuse et en fait j'adore voir l'œil qui brille et l'envie qui est là et dire et tu penses que moi j'aimerais faire ça et en fait j'encourage toujours parce que je sais que parfois un simple encouragement ça permet d'être le premier pas de déclencher en fait tout

  • Speaker #1

    à fait Et quel domaine tu aimerais voir plus d'action ? Alors attention, pas un de ceux qu'on a évoqués. Est-ce qu'il y a un autre domaine que tu as envie de nous partager qui te touche tout particulièrement et où tu aimerais voir plus d'action ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis monomaniaque, donc j'ai envie que ce soit que sur la mixité. Je pense que c'est la source de tout. Le jour où il y a une vraie mixité, où il y a des vraies actions pour la mixité, c'est-à-dire on met de l'argent sur la table et on met ce qui fonctionne, ça veut dire... des quotas partout, ça veut dire de l'égal conditionnalité, donc soumettre chaque financement public à un plan en faveur de la mixité, ça veut dire que tu n'as pas fait de plan pour aller vers l'égalité, tu n'as pas d'argent, des budgets genrés, c'est-à-dire s'assurer que les budgets vont autant aux filles qu'aux garçons, par exemple dans les mairies, un vrai congé deuxième parent digne de ce nom, ça veut dire comme dans les pays du Nord, 6 mois pour le père, 6 mois pour la mère, 6 mois pour le deuxième parent. Et six mois pour les deux. Voilà. Il n'y a que ça qui m'intéresse. Donc, je ne vais pas avoir autre chose à dire.

  • Speaker #1

    Eh bien, on va rester là-dessus alors. Ça me va aussi.

  • Speaker #0

    Que je sois monomaniaque.

  • Speaker #1

    Donc, tu sois engagée. Que ce combat soit en fait omniprésent.

  • Speaker #0

    Omniprésent. Mes enfants, ils me disent, si on ne parle pas d'égalité à table, c'est que ce n'est pas un bon repas. Ce n'est pas un bon repas.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un bon repas. Et d'ailleurs, je tiens à une dernière question. Est-ce que la notion de transmission à tes enfants, elle est importante sur ces sujets-là, entre autres ? Bye !

  • Speaker #0

    En fait je pense que la transmission se fait par l'exemple donc c'est pas en leur rabâchant des trucs qu'ils vont faire au contraire il peut y avoir une opposition quand ils sont adolescents mais c'est par l'exemple en voyant et là je les vois ils sont engagés et éveillés donc je suis très fière des quatre parce qu'avec mon mari on en a deux chacun donc quatre à la maison et ben bravo pour ça ouais bon c'est pas assez une longue route et bravo et merci pour tout ce que tu fais merci à toi aussi Emilien c'est pour ça que sur mon livre il y a une goutte d'eau c'est parce qu'on est toutes et tous des gouttes d'eau et que c'est ensemble qui compte qui fonce cet océan merci beaucoup Marie j'espère

  • Speaker #2

    que cet épisode vous a plu merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas si vous avez aimé à le partager, à le commenter à faire vivre la communauté elles agissent Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com A très bientôt !

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