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Elles au Sommet

Les sommets de l'âme: l'aventure infinie d'Annie PIVOT

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24min |01/05/2024
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24min |01/05/2024
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Description

ANNIE PIVOT - Médecin de montagne et d'expedition


Bienvenue dans un épisode captivant de notre podcast, où nous vous invitons à explorer les sommets vertigineux de l'âme humaine, aux côtés d’Annie Pivot. Alpiniste savoyarde et médecin de montagne, Annie a gravit les plus hauts sommets du monde.

 

Épisode: Rejoignez-nous alors qu'Annie partage l'aventure de sa vie, une odyssée épique à travers les sommets  d’Amérique, de l'Argentine au Canada, au volant de sa fidèle 4L, aux côtés de son mari. Ensemble, ils ont défié les éléments pour atteindre les plus hauts sommets, révélant la beauté brute et la majesté des montagnes.

 

De retour à la vie quotidienne, Annie reprend son rôle de médecin, mais l'appel de l'aventure est irrépressible. Déterminée à explorer de nouveaux horizons, elle se lance dans un nouveau défi : devenir médecin d'expédition. Avec son mari à ses côtés, elle encadre des expéditions dans l'Himalaya, faisant face à de nouveaux défis, repoussant sans cesse ses propres limites.

 

Plongez dans le récit émouvant de son ascension de l'Everest, sans oxygène, et découvrez les défis physiques et mentaux qu'elle a surmontés lors de ses expéditions. À travers ses récits, Annie nous emmène au-delà des sommets, révélant la véritable essence de la passion, du courage et de la détermination.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans quelques instants, vous allez écouter le premier épisode d'Ello Sommet avec Annie Pivot. Annie Pivot est une alpiniste de Savoyard, médecin de montagne et d'expédition. Elle nous partage l'aventure de sa vie et son amour pour la montagne. Elle part avec son mari pendant plus d'un an gravir les plus hauts sommets d'Amérique, en partant d'Argentine pour rejoindre le Canada tout ça en quatre ailes. À son retour en Savoie, elle reprend son métier de médecin. Mais très vite, l'envie d'aventure, l'envie de repartir, revient au galop. C'est alors qu'elle se lance un nouveau défi. Celui de devenir médecin d'expédition. Elle passe une formation et part, toujours avec son mari, enquêter des expéditions commerciales dans l'Himalaya. Elle nous raconte son ascension de l'Everest, son oxygène et les difficultés rencontrées lors de ses expéditions. Bonjour Annie et bienvenue sur les ondes de l'eau sommet. Très heureuse de faire mon premier épisode de podcast avec vous. Tout d'abord, pouvez-vous nous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, bon, je m'appelle Annie Pivot. Avant, je m'appelais Annie Raviel. Je suis Savoyarde, ma mère était à Bicet-Saint-Baldove, ma mère Chimien, donc voilà. J'ai toujours vécu en montagne, sauf pendant l'adolescence où j'ai dû partir m'exiler dans la région parisienne. Et oui, ça a été un drame complet parce que c'est là où je me suis aperçue que les montagnes me manquaient. Ça, c'est comme le bonheur quand il s'en va. Bon, et puis après, j'ai pu revenir faire mes études de médecine en Savoie, sur la faculté de Grenoble. Et donc, j'ai vécu chez ma grand-mère à Chigny. Voilà, j'ai pu m'inscrire au CAF à ce moment-là. Et j'ai pu partager mes passions de la montagne avec tous les amis que j'ai pu avoir au CAF. Je me suis intéressée par la médecine du sport et puis la médecine de montagne et d'expédition. Il y avait différents diplômes à acquérir. J'ai fait une thèse aussi sur l'enfant et le sport. Actuellement, je suis médecin dans une maison d'accueil spécialisée pour Delta Savoie, qui est une association pour personnes porteuses de handicap.

  • Speaker #0

    Alors du coup, est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de votre parcours en montagne ?

  • Speaker #1

    Alors bon, c'est vrai que la montagne me plaît, bien on le dit déjà, parce que c'est beau. Quand on voit ces montagnes, on a l'impression qu'il y a plein de choses à découvrir et j'adore chercher, découvrir, explorer. Je suis allée au CAF pour apprendre, pour tenir... des façons en tout cas de progresser en montagne en sécurité. Alors ça a été un peu difficile au début parce qu'on a eu pas mal d'amis qui sont décédés en montagne. Donc on a aussi appris que la montagne était dangereuse et d'autant plus qu'il a fallu être de plus en plus prudent. Mais bon, ça ne nous a pas empêché de continuer. Et on a organisé des expéditions au Pérou, en Bolivie. Bon, après, donc je rencontrais Denis Okaf, bien sûr. On partage en tout cas des valeurs communes et on trouve l'âme sœur. Et donc, on avait passé l'initiateur d'alpinisme et on a pu organiser des expéditions comme ça. Et puis, on s'est dit... Ce qui serait bien, parce que c'est vrai que quand on part comme ça, la partie voyage, avion et puis le voyage prend beaucoup de temps. Alors que quand on est sur place, on pourrait faire plein de choses, mais on n'avait pas du temps de vacances. Après, avec Denis, on a répondu à la dotation Volo.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Annie nous parle de la dotation des routes du monde. Entre 1966 et 1984, la marque de voitures Renault finançait des expéditions à travers le monde pouvant aller jusqu'à plus d'un an de voyage et fournissait une 4L.

  • Speaker #1

    C'était malheureusement la dernière année que ça existait, mais donc c'était Renaud qui prêtait une 4L, mais on avait aussi l'assistance technique gratuite, un chèque de health, un chèque de vieux confort, enfin bon, ça nous payait le voyage. À ce moment-là, on s'est mariés et puis on a pris un an de congé sabbatique et on est partis. On l'a eu, c'était un concours, mais donc on a bien travaillé, on a présenté un dossier. Et en fait, le but, c'était de... de partir de Buenos Aires, aller jusqu'en Terre de Chaux, et remonter toute la cordillère des Andes en faisant des ascensions. Et puis après, traverser pour aller aux États-Unis, et pareil, faire des ascensions dans la Rocheuse.

  • Speaker #0

    Tout ça avec la 4L ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, on a eu quelques ennuis. On a eu quelques ennuis mécaniques, mais bon, quelques réparations quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous êtes partie d'Amérique du Sud, vous avez fait toute l'Argentine, et vous faisiez des sommets,

  • Speaker #1

    tous les... Voilà, oui, oui, ça avait été tout préparé pour un mai, et puis après, on m'a envoyé sur place, ce qu'on pouvait faire avec la météo aussi, parce qu'on patagonie avec des vents où on ne peut pas tenir debout, et même à quatre pattes.

  • Speaker #0

    Vos expéditions étaient prévues, préparées avant votre départ ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, parce qu'on avait présenté le dossier. Pour le concours de cette dotation, il en avait été sélectionné. On a rencontré d'ailleurs des amis. Il en avait qui partaient en expédition aux îles Aléoutaines pour faire des études scientifiques sur les oiseaux. Il y en avait d'autres qui voulaient traverser le Sahara. Ah, ben voilà, la petite fête près.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Denis, son mari, et celui avec qui elle a fait toutes ses expéditions, me montrent la mythique quatre ailes, au format miniature, avec laquelle ils ont parcouru toute l'Amérique.

  • Speaker #1

    Oh non, mais c'est incroyable ! On avait une présentation où ils nous donnaient la 4L à Chambéry.

  • Speaker #0

    Dans cette 4L, les skis devaient rentrer ?

  • Speaker #1

    Alors, tout rentrait, oui. Et puis, on avait des caisses en haut. Enfin, on avait un sabot de protection dessous parce qu'en Patagonie, c'est les routes. Enfin, c'est les pistes.

  • Speaker #0

    Et comment se passaient vos expéditions pendant le voyage ?

  • Speaker #1

    En Patagonie, bon, là-bas, c'est vraiment... Extraordinaire, le vent s'est remonté une avalanche, s'est volé les pierres. Alors on était parti confiant parce qu'on avait une tente qu'on nous avait prêtée, une tente K2 qui devait résister à des vents à 120 km heure. On a posé notre tente tranquillement, puis on a bien laissé quand même. Et puis quand on est revenu, elle s'était envolée.

  • Speaker #0

    Et vous avez fait comment du coup ? Eh bien,

  • Speaker #1

    on a creusé des igloos, parce que la tente, là-bas, c'est oublié. Elle est au camp de base, dans la forêt, bien à l'abri. Après, il faut être dans des grottes de glace.

  • Speaker #0

    C'était que tous les deux pour...

  • Speaker #1

    Oui, on était tous les deux. Au camp de base, il y avait d'autres expéditions, mais elles étaient sur la fin, donc ils partaient. Donc on s'est retrouvés, oui, tout seuls, tous les deux.

  • Speaker #0

    Et nous émiles d'oxygène ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'est pas très haut. La Patagonie, on part carrément pratiquement au niveau de la mer. Par contre, le sommet El Chantel, le Filtrepoint, il fait 3615. Donc, il y a quand même un gros dénivelé. C'est surtout le vent et la météo qui est très, très instable. Sur un mois, on a eu trois jours de beau. Et encore, c'était pas d'affiné. C'était un jour et puis après tempête, une demi-journée après tempête. C'est bien qu'on a fait beaucoup de tentatives, on a monté, descendu, monté, descendu, parce que chaque fois on se prenait le mauvais temps. Et puis donc la dernière, on a bivouacé.

  • Speaker #0

    trois fois.

  • Speaker #1

    On a fini la voie américaine, mais au sommet, on ne pouvait pas tenir sur l'arête pour faire le sommet, qui n'était pas très loin, mais sur une arête avec le vent qui a, on ne pouvait pas. Après le Fitzroy, on est allés en Argentine, dans le massif du Trenador, où là on a fait du ski, du ski de randonnée. Après, on est allés au Chili, on a fait des volcans, on est allés à l'Oros del Salado. Après, on est allé à la Concagua. Alors, tout ça, on avait aussi des soucis de moteur, de châssis, de carrosserie. Par exemple, en Bolivie, on devait traverser les rios avec la voiture. Donc, l'eau est rentrée dans le moteur. On a été accueillis par un garagiste bolivien. C'était très bien. Mais il n'y avait pas les pièces pour réparer une Renault, lui il était garage-volant. Donc il nous a accueillis en attendant qu'on reçoive les pièces, il nous a accueillis chez lui, donc on était dans une pièce chez eux. Et puis, on est partis de chez lui. Enfin, on a fait un peu de tourisme. Donc, en Bolivie, il y a les moins de touristes dans les bus. Alors, ça, c'est très dangereux. Il y a du monde. Puis surtout, les routes sont mauvaises. Et le bus, la roue, au lieu d'avoir 12 boulots, elle en a 3. Et là-bas, la vie était très plus chère à l'époque, parce que c'est pas ça actuellement.

  • Speaker #0

    On vivait avec

  • Speaker #1

    20 dollars par mois. Alors bon, on dormait pas à l'hôtel. On avait notre petite tarte, puis on vivait, on achetait sur les marchés.

  • Speaker #0

    Et après, du coup, cette année en Amérique, vous êtes retournée en France. Vous avez repris votre métier de médecin.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai repris le métier de médecin. Et mon mari, qui était avant géomètre, lui, il est devenu clinique. Il a fait une formation pour être...

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu ce qui s'est passé après, comment vous avez continué votre parcours de montagne ici ? Parce que du coup, vous avez passé un an en Amérique. Quand vous êtes revenue, du coup, vous continuez tous les week-ends à faire de la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que moi, je travaillais à l'hôpital de Berville, où je préférais être médecin salarié, justement pour être plus libre, en fin de compte. C'est important. Installée, on est plus tenu d'être présent. Donc là, souvent à l'hôpital, je travaillais aux urgences au SMUR. C'était un système de garde, ce qui fait que on travaillait par exemple 4 jours et puis après on avait un jour de récupération. Ça a permis de pouvoir continuer à faire de la montagne. Là, j'ai fait aussi une formation. C'était à Bobigny. C'était le professeur Richanec qui faisait un diplôme universitaire de médecine de montagne et d'expédition. C'était en pleine recherche et moi j'adore la recherche donc j'ai voulu justement travailler là-dessus. À la fin de ce diplôme, il y a, donc ça se passait à Chamonix, il y a un guide de Bernard Muller qui est venu et qui dit moi je cherche un médecin parce que j'organise une expédition commerciale au Macaulay. Voilà, je cherche un médecin. Alors moi j'ai dit, j'aimerais bien y aller, mais j'aimerais bien partir aussi avec moi et être guide. Elle a dit, oh c'est parfait, je cherche. Donc c'était en 1987 et on est partis encadrer une expédition au Maquellieu. Alors ça s'est bien passé, sauf qu'on a eu une énorme tempête. D'ailleurs, il y a eu des décès à cause de cette tempête. Il y a eu trois mètres de neige d'un coup. Et donc, il y a eu plein de valances pour ravager tous nos camps. Heureusement, il n'y avait personne dedans. On n'a pas pu chasser, mais on est arrivé à 7600. Mais après cette tempête, ce n'est plus possible. Ça avait tout détruit, on n'avait plus rien. Il faut qu'on aille redescendre.

  • Speaker #0

    C'est pas trop frustrant de ne pas arriver au sommeil ?

  • Speaker #1

    Non, on est en vie. De toute façon, on ne peut pas être plus fort qu'à la montagne. Ça apprend l'humilité, la montagne. Puis c'était une tempête, mais on s'est fait raminer. Alors on se disait, bon, c'est l'Himalaya, mais on a compris ce que c'était.

  • Speaker #0

    Après nous avoir raconté son récit de voyage à travers toute l'Amérique, ainsi que son ascension du Makalu dans l'Himalaya, elle va nous raconter maintenant son ascension de l'Everest. Vous avez continué à partir ?

  • Speaker #1

    En fait, oui. Ce guide, Bernard Mulet, organisait des expéditions comme ça, commerciales, parce que c'était le début des expéditions, comme je le sais. Fendu Macalu, il avait de l'offre américaine et en français. Et après, il a continué et en 1990, il a organisé une expédition sur l'Everest. Donc, pareil, le jeune langageur me dit, ok. Les restes, il faut qu'ils soient organisés, il faut poser des autorisations de grimper, il faut payer ces tranchères. Moi, je n'étais pas payée, mais Denis était payé, lui, en tant que guide. Alors, il y a un gros travail d'acclimatation. Il faut monter, descendre, remonter, descendre, dormir en altitude, redescendre, récupérer, remonter. Enfin bon, il y a tout un programme pour s'acclimater. On voulait tous les deux tenter sans oxygène, mais Denis étant le guide, il ne pouvait pas se permettre parce qu'il doit s'occuper de ses clients. Donc il n'y a que moi qui ai tenté sans oxygène et puis là, il surveillait parce que bon... On avait lu beaucoup de récits. En altitude, on peut perdre toute lucidité. Il fallait faire très attention. Moi, je m'analysais. Et en fait, au-dessus de 8000, il fait très froid, bien sûr. Et puis, on arrive à monter jusqu'à, on va dire, 8500, sans trop. On monte plus lentement que sur l'oxygène. C'est pas le même rythme. Après, à un moment donné, alors bon, c'est sûr qu'on n'avait pas beaucoup dormi, mais à un moment donné, je n'avais ni persomnie. Je m'endormais. Alors, je faisais, pendant 10 secondes, je montais. Puis après, je m'asseyais. Et j'avais envie de dormir. Alors, moi, j'ai continué comme ça. Et puis, à un moment donné, j'ai vu des petits points noirs. Et là, c'est les signes qu'il y a des petites hémorragies rétiniennes. Ça veut dire que ça... Dans le cerveau, il y a des vasoconstrictions ou des obstructions. On peut devenir aveugle, qu'il y ait une petite hémorragie, alors souvent ça revient, mais ça peut faire des séquelles. Donc je me suis dit, bon, là, il faut que je m'arrête. Et puis j'avais tel un sommeil que je me disais sur l'arrête, parce qu'entre le sommet sud et le sommeil, c'est une arrête vraiment vertigineuse. Et là, il ne faut pas tomber. Et je sentais que je n'aurais pas les réflexes pour me rattraper. Donc je me suis dit, bon, je vais dormir un petit coup, une petite sieste. Personne ne vit mieux. Voilà, j'ai dormi, je me suis calée, j'ai dormi, j'ai rêvé. Alors que dans tous les... Tous les bouquins, ils disent en bonne altitude, on ne rêve pas Denis, en fait, a continué avec ses clients. Je voyais passer des gens qui me disaient ça va parce que je me réveillais. Et puis, quand il est redescendu, je suis redescendue avec lui. Il y a eu pas mal de petits soucis, notamment des jaunures, parce qu'on était aussi avec Pierre Tardivan, qui est un skieur extrême. et qui voulait descendre du chômage seulement. Il y a eu des problèmes de gelure parce que les chaussures étaient trop serrées. En altitude, le moindre petit problème comme ça, le sang circule moins bien, le froid, ça fait une vasose constriction et les gelures sont très très rapides. Il faut faire très attention, d'autant plus qu'on est déshydraté. Il y a beaucoup de facteurs. Il y a eu dans une expédition aussi, quelqu'un qui est tombé, qui a fait une chute. qui a été pris dans un avalanchement, mais qui reste en surface. Et aussi des œdèmes pulmonaires et cérébraux. Alors, cérébraux, c'est souvent des gens qui ont très mal à tête, qui vomissent, mais qui ont aussi pas conscience de leur état. Et ils sont pas du tout lucides. Et c'est d'ailleurs très dur de leur dire de redescendre. Et alors, on leur dit, et notamment, on en a eu un. On lui a dit de redescendre, il ne voulait pas. Et puis, on l'a pris entre deux. Et puis, on a dit non, non, il faut descendre. On est arrivé à le descendre. Et encore, là, on était à 6004 quand ça s'est passé. Mais plus haut, obliger quelqu'un à le porter pour le descendre, c'est pas possible. On n'arrive déjà pas à nous, c'est nous. Donc, porter quelqu'un, c'est pour ça que souvent, et notamment là, quand j'ai essayé sans oxygène, il y a un Coréen qui montait lui aussi sans oxygène, mais il était complètement, il avait un oedème cérébral, et il disait n'importe quoi, il disait n'importe quoi,

  • Speaker #0

    et il disait tout seul.

  • Speaker #1

    Et bien, ses amis n'ont pas pu le raisonner, n'ont pas pu l'attacher ou le redescendre. Donc, quand on leur a dit, ils ont dit, mais oui, mais on ne sait pas. Il portait son sac, son moufle, son rien. Il demandait l'oxygène et notamment, on avait un client des Pays-Bas qui, en redescendant, lui montait, le coréen montait et notre client descendait. En redescendant, il lui a donné son sac avec l'oxygène. Et puis, en le pleurant, le coréen lui a dit tomber.

  • Speaker #0

    Juste après, Annie va nous parler de Tragédie à l'Everest, qui est un roman autobiographique qui raconte le désastre qui a conduit en 1966 8 alpinistes à trouver la mort en tentant l'ascension de l'Everest.

  • Speaker #1

    Et notamment dans Tragedie à l'Everest, on connaissait le russe qui a un peu sauvé tout le monde, mais lui c'était une force de la nature. Il avait fait l'Everest dans la tempête, sans oxygène, et lui il a pu sauver des gens, mais il avait une capacité pour le faire. Les organisateurs parfois me portent un mois parce qu'ils doivent tout organiser, toute l'intendance, acheter les vivres, etc., organiser pour les porteurs. Quand c'est très très rapide mais il faut s'acclimater avant, il y en a qui peuvent partir juste en moi. mais ils font une acclimatation, c'est ce qui s'est passé en 1981. Donc la deuxième expedition, celle qu'on a organisée, il y avait une équipe qui avait fait une préparation en caisson hippobar. C'est des caissons qui simulent l'altitude. Donc ils pédalaient dans le caisson, ils faisaient des efforts, ils peuvent dormir aussi dans le caisson. Et donc ils ont fait une préparation, et ils ont fait après un Everest rapide, on va dire. en un mois. Mais sinon, il faut minimum six semaines, donc un mois et demi à deux mois pour être bien acclimaté.

  • Speaker #0

    Et souvent, les personnes qui partent vers l'Everest, c'est-à-dire que c'est des gens qui sont bien préparés.

  • Speaker #1

    Il y en a qui partent, on avait une cliente la deuxième fois qui faisait des marathons, mais qui n'avait jamais fait de montagne. Alors, c'est vrai que c'est pas très technique. Il faut quand même savoir marcher avec des crampons, savoir monter sur une cour de fixe. Mais après, pour le sommet, nous, on n'avait pas de cour de fixe. Il fallait quand même savoir monter avec des crampons, un piolet, et puis un gros sac à dos. Alors, c'est vrai que de plus en plus, avec les expéditions commerciales, il y a des gens qui ne sont pas du tout... Quelquefois, ils n'ont jamais fait de montagne à vente. Ils pensent que... Faire des marathons et de bien entraîner en bas. ils peuvent y aller, mais l'altitude, quelquefois, ça n'a rien à voir. Quelquefois, il y a des gens qui sont des champions à basse altitude qui n'arrivent pas à avancer, même bien acclimatés à haute altitude. Maintenant, il y a des tests, mais le test ne peut pas tout prédire. Le test va prédire, peut-être que vous pouvez y aller. en vous préparant et en prenant peut-être certains médicaments. Mais voilà. Il vaut mieux être prudent et monter. Si on monte tout doucement, c'est 300 à 400 mètres de dénivelé tous les jours, là, on va s'acclimater, c'est sûr. Et puis, dès qu'il y a un problème, mal à la tête, mal des montagnes, Il faut se stopper, il faut se reposer et après il faut recommencer.

  • Speaker #0

    Et après, vous avez continué jusqu'à quand à partir avec ces expéditions ?

  • Speaker #1

    En 90, parce qu'on a tenté d'avoir des enfants, donc on a fait un dossier d'adoption et en 90, on a adopté Chloé. Et puis on a eu deux autres enfants. Et là, on s'est dit, quand on est repartis, on s'est dit non, c'est plus possible. On ne peut pas engager notre vie comme ça. On a un enfant maintenant, il faut s'en occuper. Donc on a arrêté les expéditions. Après, Denis a été professeur à Alensa à Chamonix. Donc, on a habité à Passy, à côté de Salon. Nous, on a vécu là-bas jusqu'en 1996. Et puis après, on est revenus ici. On a construit cette maison.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir partagé tout ça avec nous. Et dernière question, ou plutôt suggestion, quel serait votre message à faire passer à toutes les femmes qui voudraient se lancer en montagne ?

  • Speaker #1

    Il faut y aller, hein, si vous voulez. C'est vrai que quand j'ai commencé, il y avait très, très peu de femmes. C'était vraiment un monde fermé. Mais il s'est trouvé qu'au CAF, ils nous accueillaient à bras ouverts. Donc, on était formés comme les autres. Et maintenant aussi, maillot, ils accueillent tout le monde. Je pense qu'ils sont accueillis partout. Mais je trouve qu'il y a maintenant de plus en plus de femmes. Oui, il y a beaucoup de femmes guides. J'ai vu le dernier, là, qui ont fait le sérotoré, un bataillon. Oui, oui, non, maintenant, on voit souvent des cordées féminines. Oui, c'est bien. Oui, c'est très bien. L'autonomie.

  • Speaker #0

    La gestion du risque, quand même, c'est... Enfin, je sais pas, c'est que la météo qui change, enfin,

  • Speaker #1

    le choc. Ah, oui. Alors, ça, c'est plus dur. Enfin, c'est plus dur. La vente aille est plus dangereuse et surtout, là par exemple, le météo actuellement, il se trompe tout le temps. Dès qu'il y a un malin, il n'y a que des vents dessus des sud-est. Et quand il y a ces courants de ventes, ils se trompent. Parce que ça ne touche rien. Donc, leur modèle était basé sur les données qu'il y avait auparavant. Ça change. Là, par exemple, les conditions, c'est les gens qui je dis, conditions excellentes. Et puis, hier, ce n'était pas bon. Aujourd'hui, non plus. parce qu'il y a une liseau liseau de A0 et une liseau de A2002 donc je l'ai toute pourrie bien merci beaucoup Annie d'avoir partagé votre parcours avec nous moi personnellement j'ai les petites étoiles dans les yeux et

  • Speaker #0

    j'ai été très heureuse de discuter de Montagne avec nous et voilà l'épisode est terminé j'espère que tout comme moi les récits d'Annie vous seront transportés en Montagne le temps de quelques instants À la fin de notre échange, j'ai envoyé un message à Annie pour la remercier de s'être confiée et d'avoir partagé son parcours sur les ondelles au sommet. Et c'est là qu'elle me répond, heureuse d'avoir partagé cet art de vivre avec moi. Et c'est vraiment ça ce qui s'est passé. Elle venait de me partager son art de vivre. Un mode de vie qui m'a fait rêver. N'hésitez pas à vous abonner à Hello Sommet sur votre plateforme d'écoute, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple Podcast. Vous retrouverez également les actualités du podcast sur le compte Instagram Hello Sommet, auquel vous pouvez bien évidemment vous abonner. Je serai très heureuse d'avoir vos retours sur cet épisode par un petit message sur Instagram.

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ANNIE PIVOT - Médecin de montagne et d'expedition


Bienvenue dans un épisode captivant de notre podcast, où nous vous invitons à explorer les sommets vertigineux de l'âme humaine, aux côtés d’Annie Pivot. Alpiniste savoyarde et médecin de montagne, Annie a gravit les plus hauts sommets du monde.

 

Épisode: Rejoignez-nous alors qu'Annie partage l'aventure de sa vie, une odyssée épique à travers les sommets  d’Amérique, de l'Argentine au Canada, au volant de sa fidèle 4L, aux côtés de son mari. Ensemble, ils ont défié les éléments pour atteindre les plus hauts sommets, révélant la beauté brute et la majesté des montagnes.

 

De retour à la vie quotidienne, Annie reprend son rôle de médecin, mais l'appel de l'aventure est irrépressible. Déterminée à explorer de nouveaux horizons, elle se lance dans un nouveau défi : devenir médecin d'expédition. Avec son mari à ses côtés, elle encadre des expéditions dans l'Himalaya, faisant face à de nouveaux défis, repoussant sans cesse ses propres limites.

 

Plongez dans le récit émouvant de son ascension de l'Everest, sans oxygène, et découvrez les défis physiques et mentaux qu'elle a surmontés lors de ses expéditions. À travers ses récits, Annie nous emmène au-delà des sommets, révélant la véritable essence de la passion, du courage et de la détermination.


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans quelques instants, vous allez écouter le premier épisode d'Ello Sommet avec Annie Pivot. Annie Pivot est une alpiniste de Savoyard, médecin de montagne et d'expédition. Elle nous partage l'aventure de sa vie et son amour pour la montagne. Elle part avec son mari pendant plus d'un an gravir les plus hauts sommets d'Amérique, en partant d'Argentine pour rejoindre le Canada tout ça en quatre ailes. À son retour en Savoie, elle reprend son métier de médecin. Mais très vite, l'envie d'aventure, l'envie de repartir, revient au galop. C'est alors qu'elle se lance un nouveau défi. Celui de devenir médecin d'expédition. Elle passe une formation et part, toujours avec son mari, enquêter des expéditions commerciales dans l'Himalaya. Elle nous raconte son ascension de l'Everest, son oxygène et les difficultés rencontrées lors de ses expéditions. Bonjour Annie et bienvenue sur les ondes de l'eau sommet. Très heureuse de faire mon premier épisode de podcast avec vous. Tout d'abord, pouvez-vous nous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, bon, je m'appelle Annie Pivot. Avant, je m'appelais Annie Raviel. Je suis Savoyarde, ma mère était à Bicet-Saint-Baldove, ma mère Chimien, donc voilà. J'ai toujours vécu en montagne, sauf pendant l'adolescence où j'ai dû partir m'exiler dans la région parisienne. Et oui, ça a été un drame complet parce que c'est là où je me suis aperçue que les montagnes me manquaient. Ça, c'est comme le bonheur quand il s'en va. Bon, et puis après, j'ai pu revenir faire mes études de médecine en Savoie, sur la faculté de Grenoble. Et donc, j'ai vécu chez ma grand-mère à Chigny. Voilà, j'ai pu m'inscrire au CAF à ce moment-là. Et j'ai pu partager mes passions de la montagne avec tous les amis que j'ai pu avoir au CAF. Je me suis intéressée par la médecine du sport et puis la médecine de montagne et d'expédition. Il y avait différents diplômes à acquérir. J'ai fait une thèse aussi sur l'enfant et le sport. Actuellement, je suis médecin dans une maison d'accueil spécialisée pour Delta Savoie, qui est une association pour personnes porteuses de handicap.

  • Speaker #0

    Alors du coup, est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de votre parcours en montagne ?

  • Speaker #1

    Alors bon, c'est vrai que la montagne me plaît, bien on le dit déjà, parce que c'est beau. Quand on voit ces montagnes, on a l'impression qu'il y a plein de choses à découvrir et j'adore chercher, découvrir, explorer. Je suis allée au CAF pour apprendre, pour tenir... des façons en tout cas de progresser en montagne en sécurité. Alors ça a été un peu difficile au début parce qu'on a eu pas mal d'amis qui sont décédés en montagne. Donc on a aussi appris que la montagne était dangereuse et d'autant plus qu'il a fallu être de plus en plus prudent. Mais bon, ça ne nous a pas empêché de continuer. Et on a organisé des expéditions au Pérou, en Bolivie. Bon, après, donc je rencontrais Denis Okaf, bien sûr. On partage en tout cas des valeurs communes et on trouve l'âme sœur. Et donc, on avait passé l'initiateur d'alpinisme et on a pu organiser des expéditions comme ça. Et puis, on s'est dit... Ce qui serait bien, parce que c'est vrai que quand on part comme ça, la partie voyage, avion et puis le voyage prend beaucoup de temps. Alors que quand on est sur place, on pourrait faire plein de choses, mais on n'avait pas du temps de vacances. Après, avec Denis, on a répondu à la dotation Volo.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Annie nous parle de la dotation des routes du monde. Entre 1966 et 1984, la marque de voitures Renault finançait des expéditions à travers le monde pouvant aller jusqu'à plus d'un an de voyage et fournissait une 4L.

  • Speaker #1

    C'était malheureusement la dernière année que ça existait, mais donc c'était Renaud qui prêtait une 4L, mais on avait aussi l'assistance technique gratuite, un chèque de health, un chèque de vieux confort, enfin bon, ça nous payait le voyage. À ce moment-là, on s'est mariés et puis on a pris un an de congé sabbatique et on est partis. On l'a eu, c'était un concours, mais donc on a bien travaillé, on a présenté un dossier. Et en fait, le but, c'était de... de partir de Buenos Aires, aller jusqu'en Terre de Chaux, et remonter toute la cordillère des Andes en faisant des ascensions. Et puis après, traverser pour aller aux États-Unis, et pareil, faire des ascensions dans la Rocheuse.

  • Speaker #0

    Tout ça avec la 4L ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, on a eu quelques ennuis. On a eu quelques ennuis mécaniques, mais bon, quelques réparations quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous êtes partie d'Amérique du Sud, vous avez fait toute l'Argentine, et vous faisiez des sommets,

  • Speaker #1

    tous les... Voilà, oui, oui, ça avait été tout préparé pour un mai, et puis après, on m'a envoyé sur place, ce qu'on pouvait faire avec la météo aussi, parce qu'on patagonie avec des vents où on ne peut pas tenir debout, et même à quatre pattes.

  • Speaker #0

    Vos expéditions étaient prévues, préparées avant votre départ ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, parce qu'on avait présenté le dossier. Pour le concours de cette dotation, il en avait été sélectionné. On a rencontré d'ailleurs des amis. Il en avait qui partaient en expédition aux îles Aléoutaines pour faire des études scientifiques sur les oiseaux. Il y en avait d'autres qui voulaient traverser le Sahara. Ah, ben voilà, la petite fête près.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Denis, son mari, et celui avec qui elle a fait toutes ses expéditions, me montrent la mythique quatre ailes, au format miniature, avec laquelle ils ont parcouru toute l'Amérique.

  • Speaker #1

    Oh non, mais c'est incroyable ! On avait une présentation où ils nous donnaient la 4L à Chambéry.

  • Speaker #0

    Dans cette 4L, les skis devaient rentrer ?

  • Speaker #1

    Alors, tout rentrait, oui. Et puis, on avait des caisses en haut. Enfin, on avait un sabot de protection dessous parce qu'en Patagonie, c'est les routes. Enfin, c'est les pistes.

  • Speaker #0

    Et comment se passaient vos expéditions pendant le voyage ?

  • Speaker #1

    En Patagonie, bon, là-bas, c'est vraiment... Extraordinaire, le vent s'est remonté une avalanche, s'est volé les pierres. Alors on était parti confiant parce qu'on avait une tente qu'on nous avait prêtée, une tente K2 qui devait résister à des vents à 120 km heure. On a posé notre tente tranquillement, puis on a bien laissé quand même. Et puis quand on est revenu, elle s'était envolée.

  • Speaker #0

    Et vous avez fait comment du coup ? Eh bien,

  • Speaker #1

    on a creusé des igloos, parce que la tente, là-bas, c'est oublié. Elle est au camp de base, dans la forêt, bien à l'abri. Après, il faut être dans des grottes de glace.

  • Speaker #0

    C'était que tous les deux pour...

  • Speaker #1

    Oui, on était tous les deux. Au camp de base, il y avait d'autres expéditions, mais elles étaient sur la fin, donc ils partaient. Donc on s'est retrouvés, oui, tout seuls, tous les deux.

  • Speaker #0

    Et nous émiles d'oxygène ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'est pas très haut. La Patagonie, on part carrément pratiquement au niveau de la mer. Par contre, le sommet El Chantel, le Filtrepoint, il fait 3615. Donc, il y a quand même un gros dénivelé. C'est surtout le vent et la météo qui est très, très instable. Sur un mois, on a eu trois jours de beau. Et encore, c'était pas d'affiné. C'était un jour et puis après tempête, une demi-journée après tempête. C'est bien qu'on a fait beaucoup de tentatives, on a monté, descendu, monté, descendu, parce que chaque fois on se prenait le mauvais temps. Et puis donc la dernière, on a bivouacé.

  • Speaker #0

    trois fois.

  • Speaker #1

    On a fini la voie américaine, mais au sommet, on ne pouvait pas tenir sur l'arête pour faire le sommet, qui n'était pas très loin, mais sur une arête avec le vent qui a, on ne pouvait pas. Après le Fitzroy, on est allés en Argentine, dans le massif du Trenador, où là on a fait du ski, du ski de randonnée. Après, on est allés au Chili, on a fait des volcans, on est allés à l'Oros del Salado. Après, on est allé à la Concagua. Alors, tout ça, on avait aussi des soucis de moteur, de châssis, de carrosserie. Par exemple, en Bolivie, on devait traverser les rios avec la voiture. Donc, l'eau est rentrée dans le moteur. On a été accueillis par un garagiste bolivien. C'était très bien. Mais il n'y avait pas les pièces pour réparer une Renault, lui il était garage-volant. Donc il nous a accueillis en attendant qu'on reçoive les pièces, il nous a accueillis chez lui, donc on était dans une pièce chez eux. Et puis, on est partis de chez lui. Enfin, on a fait un peu de tourisme. Donc, en Bolivie, il y a les moins de touristes dans les bus. Alors, ça, c'est très dangereux. Il y a du monde. Puis surtout, les routes sont mauvaises. Et le bus, la roue, au lieu d'avoir 12 boulots, elle en a 3. Et là-bas, la vie était très plus chère à l'époque, parce que c'est pas ça actuellement.

  • Speaker #0

    On vivait avec

  • Speaker #1

    20 dollars par mois. Alors bon, on dormait pas à l'hôtel. On avait notre petite tarte, puis on vivait, on achetait sur les marchés.

  • Speaker #0

    Et après, du coup, cette année en Amérique, vous êtes retournée en France. Vous avez repris votre métier de médecin.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai repris le métier de médecin. Et mon mari, qui était avant géomètre, lui, il est devenu clinique. Il a fait une formation pour être...

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu ce qui s'est passé après, comment vous avez continué votre parcours de montagne ici ? Parce que du coup, vous avez passé un an en Amérique. Quand vous êtes revenue, du coup, vous continuez tous les week-ends à faire de la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que moi, je travaillais à l'hôpital de Berville, où je préférais être médecin salarié, justement pour être plus libre, en fin de compte. C'est important. Installée, on est plus tenu d'être présent. Donc là, souvent à l'hôpital, je travaillais aux urgences au SMUR. C'était un système de garde, ce qui fait que on travaillait par exemple 4 jours et puis après on avait un jour de récupération. Ça a permis de pouvoir continuer à faire de la montagne. Là, j'ai fait aussi une formation. C'était à Bobigny. C'était le professeur Richanec qui faisait un diplôme universitaire de médecine de montagne et d'expédition. C'était en pleine recherche et moi j'adore la recherche donc j'ai voulu justement travailler là-dessus. À la fin de ce diplôme, il y a, donc ça se passait à Chamonix, il y a un guide de Bernard Muller qui est venu et qui dit moi je cherche un médecin parce que j'organise une expédition commerciale au Macaulay. Voilà, je cherche un médecin. Alors moi j'ai dit, j'aimerais bien y aller, mais j'aimerais bien partir aussi avec moi et être guide. Elle a dit, oh c'est parfait, je cherche. Donc c'était en 1987 et on est partis encadrer une expédition au Maquellieu. Alors ça s'est bien passé, sauf qu'on a eu une énorme tempête. D'ailleurs, il y a eu des décès à cause de cette tempête. Il y a eu trois mètres de neige d'un coup. Et donc, il y a eu plein de valances pour ravager tous nos camps. Heureusement, il n'y avait personne dedans. On n'a pas pu chasser, mais on est arrivé à 7600. Mais après cette tempête, ce n'est plus possible. Ça avait tout détruit, on n'avait plus rien. Il faut qu'on aille redescendre.

  • Speaker #0

    C'est pas trop frustrant de ne pas arriver au sommeil ?

  • Speaker #1

    Non, on est en vie. De toute façon, on ne peut pas être plus fort qu'à la montagne. Ça apprend l'humilité, la montagne. Puis c'était une tempête, mais on s'est fait raminer. Alors on se disait, bon, c'est l'Himalaya, mais on a compris ce que c'était.

  • Speaker #0

    Après nous avoir raconté son récit de voyage à travers toute l'Amérique, ainsi que son ascension du Makalu dans l'Himalaya, elle va nous raconter maintenant son ascension de l'Everest. Vous avez continué à partir ?

  • Speaker #1

    En fait, oui. Ce guide, Bernard Mulet, organisait des expéditions comme ça, commerciales, parce que c'était le début des expéditions, comme je le sais. Fendu Macalu, il avait de l'offre américaine et en français. Et après, il a continué et en 1990, il a organisé une expédition sur l'Everest. Donc, pareil, le jeune langageur me dit, ok. Les restes, il faut qu'ils soient organisés, il faut poser des autorisations de grimper, il faut payer ces tranchères. Moi, je n'étais pas payée, mais Denis était payé, lui, en tant que guide. Alors, il y a un gros travail d'acclimatation. Il faut monter, descendre, remonter, descendre, dormir en altitude, redescendre, récupérer, remonter. Enfin bon, il y a tout un programme pour s'acclimater. On voulait tous les deux tenter sans oxygène, mais Denis étant le guide, il ne pouvait pas se permettre parce qu'il doit s'occuper de ses clients. Donc il n'y a que moi qui ai tenté sans oxygène et puis là, il surveillait parce que bon... On avait lu beaucoup de récits. En altitude, on peut perdre toute lucidité. Il fallait faire très attention. Moi, je m'analysais. Et en fait, au-dessus de 8000, il fait très froid, bien sûr. Et puis, on arrive à monter jusqu'à, on va dire, 8500, sans trop. On monte plus lentement que sur l'oxygène. C'est pas le même rythme. Après, à un moment donné, alors bon, c'est sûr qu'on n'avait pas beaucoup dormi, mais à un moment donné, je n'avais ni persomnie. Je m'endormais. Alors, je faisais, pendant 10 secondes, je montais. Puis après, je m'asseyais. Et j'avais envie de dormir. Alors, moi, j'ai continué comme ça. Et puis, à un moment donné, j'ai vu des petits points noirs. Et là, c'est les signes qu'il y a des petites hémorragies rétiniennes. Ça veut dire que ça... Dans le cerveau, il y a des vasoconstrictions ou des obstructions. On peut devenir aveugle, qu'il y ait une petite hémorragie, alors souvent ça revient, mais ça peut faire des séquelles. Donc je me suis dit, bon, là, il faut que je m'arrête. Et puis j'avais tel un sommeil que je me disais sur l'arrête, parce qu'entre le sommet sud et le sommeil, c'est une arrête vraiment vertigineuse. Et là, il ne faut pas tomber. Et je sentais que je n'aurais pas les réflexes pour me rattraper. Donc je me suis dit, bon, je vais dormir un petit coup, une petite sieste. Personne ne vit mieux. Voilà, j'ai dormi, je me suis calée, j'ai dormi, j'ai rêvé. Alors que dans tous les... Tous les bouquins, ils disent en bonne altitude, on ne rêve pas Denis, en fait, a continué avec ses clients. Je voyais passer des gens qui me disaient ça va parce que je me réveillais. Et puis, quand il est redescendu, je suis redescendue avec lui. Il y a eu pas mal de petits soucis, notamment des jaunures, parce qu'on était aussi avec Pierre Tardivan, qui est un skieur extrême. et qui voulait descendre du chômage seulement. Il y a eu des problèmes de gelure parce que les chaussures étaient trop serrées. En altitude, le moindre petit problème comme ça, le sang circule moins bien, le froid, ça fait une vasose constriction et les gelures sont très très rapides. Il faut faire très attention, d'autant plus qu'on est déshydraté. Il y a beaucoup de facteurs. Il y a eu dans une expédition aussi, quelqu'un qui est tombé, qui a fait une chute. qui a été pris dans un avalanchement, mais qui reste en surface. Et aussi des œdèmes pulmonaires et cérébraux. Alors, cérébraux, c'est souvent des gens qui ont très mal à tête, qui vomissent, mais qui ont aussi pas conscience de leur état. Et ils sont pas du tout lucides. Et c'est d'ailleurs très dur de leur dire de redescendre. Et alors, on leur dit, et notamment, on en a eu un. On lui a dit de redescendre, il ne voulait pas. Et puis, on l'a pris entre deux. Et puis, on a dit non, non, il faut descendre. On est arrivé à le descendre. Et encore, là, on était à 6004 quand ça s'est passé. Mais plus haut, obliger quelqu'un à le porter pour le descendre, c'est pas possible. On n'arrive déjà pas à nous, c'est nous. Donc, porter quelqu'un, c'est pour ça que souvent, et notamment là, quand j'ai essayé sans oxygène, il y a un Coréen qui montait lui aussi sans oxygène, mais il était complètement, il avait un oedème cérébral, et il disait n'importe quoi, il disait n'importe quoi,

  • Speaker #0

    et il disait tout seul.

  • Speaker #1

    Et bien, ses amis n'ont pas pu le raisonner, n'ont pas pu l'attacher ou le redescendre. Donc, quand on leur a dit, ils ont dit, mais oui, mais on ne sait pas. Il portait son sac, son moufle, son rien. Il demandait l'oxygène et notamment, on avait un client des Pays-Bas qui, en redescendant, lui montait, le coréen montait et notre client descendait. En redescendant, il lui a donné son sac avec l'oxygène. Et puis, en le pleurant, le coréen lui a dit tomber.

  • Speaker #0

    Juste après, Annie va nous parler de Tragédie à l'Everest, qui est un roman autobiographique qui raconte le désastre qui a conduit en 1966 8 alpinistes à trouver la mort en tentant l'ascension de l'Everest.

  • Speaker #1

    Et notamment dans Tragedie à l'Everest, on connaissait le russe qui a un peu sauvé tout le monde, mais lui c'était une force de la nature. Il avait fait l'Everest dans la tempête, sans oxygène, et lui il a pu sauver des gens, mais il avait une capacité pour le faire. Les organisateurs parfois me portent un mois parce qu'ils doivent tout organiser, toute l'intendance, acheter les vivres, etc., organiser pour les porteurs. Quand c'est très très rapide mais il faut s'acclimater avant, il y en a qui peuvent partir juste en moi. mais ils font une acclimatation, c'est ce qui s'est passé en 1981. Donc la deuxième expedition, celle qu'on a organisée, il y avait une équipe qui avait fait une préparation en caisson hippobar. C'est des caissons qui simulent l'altitude. Donc ils pédalaient dans le caisson, ils faisaient des efforts, ils peuvent dormir aussi dans le caisson. Et donc ils ont fait une préparation, et ils ont fait après un Everest rapide, on va dire. en un mois. Mais sinon, il faut minimum six semaines, donc un mois et demi à deux mois pour être bien acclimaté.

  • Speaker #0

    Et souvent, les personnes qui partent vers l'Everest, c'est-à-dire que c'est des gens qui sont bien préparés.

  • Speaker #1

    Il y en a qui partent, on avait une cliente la deuxième fois qui faisait des marathons, mais qui n'avait jamais fait de montagne. Alors, c'est vrai que c'est pas très technique. Il faut quand même savoir marcher avec des crampons, savoir monter sur une cour de fixe. Mais après, pour le sommet, nous, on n'avait pas de cour de fixe. Il fallait quand même savoir monter avec des crampons, un piolet, et puis un gros sac à dos. Alors, c'est vrai que de plus en plus, avec les expéditions commerciales, il y a des gens qui ne sont pas du tout... Quelquefois, ils n'ont jamais fait de montagne à vente. Ils pensent que... Faire des marathons et de bien entraîner en bas. ils peuvent y aller, mais l'altitude, quelquefois, ça n'a rien à voir. Quelquefois, il y a des gens qui sont des champions à basse altitude qui n'arrivent pas à avancer, même bien acclimatés à haute altitude. Maintenant, il y a des tests, mais le test ne peut pas tout prédire. Le test va prédire, peut-être que vous pouvez y aller. en vous préparant et en prenant peut-être certains médicaments. Mais voilà. Il vaut mieux être prudent et monter. Si on monte tout doucement, c'est 300 à 400 mètres de dénivelé tous les jours, là, on va s'acclimater, c'est sûr. Et puis, dès qu'il y a un problème, mal à la tête, mal des montagnes, Il faut se stopper, il faut se reposer et après il faut recommencer.

  • Speaker #0

    Et après, vous avez continué jusqu'à quand à partir avec ces expéditions ?

  • Speaker #1

    En 90, parce qu'on a tenté d'avoir des enfants, donc on a fait un dossier d'adoption et en 90, on a adopté Chloé. Et puis on a eu deux autres enfants. Et là, on s'est dit, quand on est repartis, on s'est dit non, c'est plus possible. On ne peut pas engager notre vie comme ça. On a un enfant maintenant, il faut s'en occuper. Donc on a arrêté les expéditions. Après, Denis a été professeur à Alensa à Chamonix. Donc, on a habité à Passy, à côté de Salon. Nous, on a vécu là-bas jusqu'en 1996. Et puis après, on est revenus ici. On a construit cette maison.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir partagé tout ça avec nous. Et dernière question, ou plutôt suggestion, quel serait votre message à faire passer à toutes les femmes qui voudraient se lancer en montagne ?

  • Speaker #1

    Il faut y aller, hein, si vous voulez. C'est vrai que quand j'ai commencé, il y avait très, très peu de femmes. C'était vraiment un monde fermé. Mais il s'est trouvé qu'au CAF, ils nous accueillaient à bras ouverts. Donc, on était formés comme les autres. Et maintenant aussi, maillot, ils accueillent tout le monde. Je pense qu'ils sont accueillis partout. Mais je trouve qu'il y a maintenant de plus en plus de femmes. Oui, il y a beaucoup de femmes guides. J'ai vu le dernier, là, qui ont fait le sérotoré, un bataillon. Oui, oui, non, maintenant, on voit souvent des cordées féminines. Oui, c'est bien. Oui, c'est très bien. L'autonomie.

  • Speaker #0

    La gestion du risque, quand même, c'est... Enfin, je sais pas, c'est que la météo qui change, enfin,

  • Speaker #1

    le choc. Ah, oui. Alors, ça, c'est plus dur. Enfin, c'est plus dur. La vente aille est plus dangereuse et surtout, là par exemple, le météo actuellement, il se trompe tout le temps. Dès qu'il y a un malin, il n'y a que des vents dessus des sud-est. Et quand il y a ces courants de ventes, ils se trompent. Parce que ça ne touche rien. Donc, leur modèle était basé sur les données qu'il y avait auparavant. Ça change. Là, par exemple, les conditions, c'est les gens qui je dis, conditions excellentes. Et puis, hier, ce n'était pas bon. Aujourd'hui, non plus. parce qu'il y a une liseau liseau de A0 et une liseau de A2002 donc je l'ai toute pourrie bien merci beaucoup Annie d'avoir partagé votre parcours avec nous moi personnellement j'ai les petites étoiles dans les yeux et

  • Speaker #0

    j'ai été très heureuse de discuter de Montagne avec nous et voilà l'épisode est terminé j'espère que tout comme moi les récits d'Annie vous seront transportés en Montagne le temps de quelques instants À la fin de notre échange, j'ai envoyé un message à Annie pour la remercier de s'être confiée et d'avoir partagé son parcours sur les ondelles au sommet. Et c'est là qu'elle me répond, heureuse d'avoir partagé cet art de vivre avec moi. Et c'est vraiment ça ce qui s'est passé. Elle venait de me partager son art de vivre. Un mode de vie qui m'a fait rêver. N'hésitez pas à vous abonner à Hello Sommet sur votre plateforme d'écoute, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple Podcast. Vous retrouverez également les actualités du podcast sur le compte Instagram Hello Sommet, auquel vous pouvez bien évidemment vous abonner. Je serai très heureuse d'avoir vos retours sur cet épisode par un petit message sur Instagram.

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ANNIE PIVOT - Médecin de montagne et d'expedition


Bienvenue dans un épisode captivant de notre podcast, où nous vous invitons à explorer les sommets vertigineux de l'âme humaine, aux côtés d’Annie Pivot. Alpiniste savoyarde et médecin de montagne, Annie a gravit les plus hauts sommets du monde.

 

Épisode: Rejoignez-nous alors qu'Annie partage l'aventure de sa vie, une odyssée épique à travers les sommets  d’Amérique, de l'Argentine au Canada, au volant de sa fidèle 4L, aux côtés de son mari. Ensemble, ils ont défié les éléments pour atteindre les plus hauts sommets, révélant la beauté brute et la majesté des montagnes.

 

De retour à la vie quotidienne, Annie reprend son rôle de médecin, mais l'appel de l'aventure est irrépressible. Déterminée à explorer de nouveaux horizons, elle se lance dans un nouveau défi : devenir médecin d'expédition. Avec son mari à ses côtés, elle encadre des expéditions dans l'Himalaya, faisant face à de nouveaux défis, repoussant sans cesse ses propres limites.

 

Plongez dans le récit émouvant de son ascension de l'Everest, sans oxygène, et découvrez les défis physiques et mentaux qu'elle a surmontés lors de ses expéditions. À travers ses récits, Annie nous emmène au-delà des sommets, révélant la véritable essence de la passion, du courage et de la détermination.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans quelques instants, vous allez écouter le premier épisode d'Ello Sommet avec Annie Pivot. Annie Pivot est une alpiniste de Savoyard, médecin de montagne et d'expédition. Elle nous partage l'aventure de sa vie et son amour pour la montagne. Elle part avec son mari pendant plus d'un an gravir les plus hauts sommets d'Amérique, en partant d'Argentine pour rejoindre le Canada tout ça en quatre ailes. À son retour en Savoie, elle reprend son métier de médecin. Mais très vite, l'envie d'aventure, l'envie de repartir, revient au galop. C'est alors qu'elle se lance un nouveau défi. Celui de devenir médecin d'expédition. Elle passe une formation et part, toujours avec son mari, enquêter des expéditions commerciales dans l'Himalaya. Elle nous raconte son ascension de l'Everest, son oxygène et les difficultés rencontrées lors de ses expéditions. Bonjour Annie et bienvenue sur les ondes de l'eau sommet. Très heureuse de faire mon premier épisode de podcast avec vous. Tout d'abord, pouvez-vous nous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, bon, je m'appelle Annie Pivot. Avant, je m'appelais Annie Raviel. Je suis Savoyarde, ma mère était à Bicet-Saint-Baldove, ma mère Chimien, donc voilà. J'ai toujours vécu en montagne, sauf pendant l'adolescence où j'ai dû partir m'exiler dans la région parisienne. Et oui, ça a été un drame complet parce que c'est là où je me suis aperçue que les montagnes me manquaient. Ça, c'est comme le bonheur quand il s'en va. Bon, et puis après, j'ai pu revenir faire mes études de médecine en Savoie, sur la faculté de Grenoble. Et donc, j'ai vécu chez ma grand-mère à Chigny. Voilà, j'ai pu m'inscrire au CAF à ce moment-là. Et j'ai pu partager mes passions de la montagne avec tous les amis que j'ai pu avoir au CAF. Je me suis intéressée par la médecine du sport et puis la médecine de montagne et d'expédition. Il y avait différents diplômes à acquérir. J'ai fait une thèse aussi sur l'enfant et le sport. Actuellement, je suis médecin dans une maison d'accueil spécialisée pour Delta Savoie, qui est une association pour personnes porteuses de handicap.

  • Speaker #0

    Alors du coup, est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de votre parcours en montagne ?

  • Speaker #1

    Alors bon, c'est vrai que la montagne me plaît, bien on le dit déjà, parce que c'est beau. Quand on voit ces montagnes, on a l'impression qu'il y a plein de choses à découvrir et j'adore chercher, découvrir, explorer. Je suis allée au CAF pour apprendre, pour tenir... des façons en tout cas de progresser en montagne en sécurité. Alors ça a été un peu difficile au début parce qu'on a eu pas mal d'amis qui sont décédés en montagne. Donc on a aussi appris que la montagne était dangereuse et d'autant plus qu'il a fallu être de plus en plus prudent. Mais bon, ça ne nous a pas empêché de continuer. Et on a organisé des expéditions au Pérou, en Bolivie. Bon, après, donc je rencontrais Denis Okaf, bien sûr. On partage en tout cas des valeurs communes et on trouve l'âme sœur. Et donc, on avait passé l'initiateur d'alpinisme et on a pu organiser des expéditions comme ça. Et puis, on s'est dit... Ce qui serait bien, parce que c'est vrai que quand on part comme ça, la partie voyage, avion et puis le voyage prend beaucoup de temps. Alors que quand on est sur place, on pourrait faire plein de choses, mais on n'avait pas du temps de vacances. Après, avec Denis, on a répondu à la dotation Volo.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Annie nous parle de la dotation des routes du monde. Entre 1966 et 1984, la marque de voitures Renault finançait des expéditions à travers le monde pouvant aller jusqu'à plus d'un an de voyage et fournissait une 4L.

  • Speaker #1

    C'était malheureusement la dernière année que ça existait, mais donc c'était Renaud qui prêtait une 4L, mais on avait aussi l'assistance technique gratuite, un chèque de health, un chèque de vieux confort, enfin bon, ça nous payait le voyage. À ce moment-là, on s'est mariés et puis on a pris un an de congé sabbatique et on est partis. On l'a eu, c'était un concours, mais donc on a bien travaillé, on a présenté un dossier. Et en fait, le but, c'était de... de partir de Buenos Aires, aller jusqu'en Terre de Chaux, et remonter toute la cordillère des Andes en faisant des ascensions. Et puis après, traverser pour aller aux États-Unis, et pareil, faire des ascensions dans la Rocheuse.

  • Speaker #0

    Tout ça avec la 4L ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, on a eu quelques ennuis. On a eu quelques ennuis mécaniques, mais bon, quelques réparations quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous êtes partie d'Amérique du Sud, vous avez fait toute l'Argentine, et vous faisiez des sommets,

  • Speaker #1

    tous les... Voilà, oui, oui, ça avait été tout préparé pour un mai, et puis après, on m'a envoyé sur place, ce qu'on pouvait faire avec la météo aussi, parce qu'on patagonie avec des vents où on ne peut pas tenir debout, et même à quatre pattes.

  • Speaker #0

    Vos expéditions étaient prévues, préparées avant votre départ ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, parce qu'on avait présenté le dossier. Pour le concours de cette dotation, il en avait été sélectionné. On a rencontré d'ailleurs des amis. Il en avait qui partaient en expédition aux îles Aléoutaines pour faire des études scientifiques sur les oiseaux. Il y en avait d'autres qui voulaient traverser le Sahara. Ah, ben voilà, la petite fête près.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Denis, son mari, et celui avec qui elle a fait toutes ses expéditions, me montrent la mythique quatre ailes, au format miniature, avec laquelle ils ont parcouru toute l'Amérique.

  • Speaker #1

    Oh non, mais c'est incroyable ! On avait une présentation où ils nous donnaient la 4L à Chambéry.

  • Speaker #0

    Dans cette 4L, les skis devaient rentrer ?

  • Speaker #1

    Alors, tout rentrait, oui. Et puis, on avait des caisses en haut. Enfin, on avait un sabot de protection dessous parce qu'en Patagonie, c'est les routes. Enfin, c'est les pistes.

  • Speaker #0

    Et comment se passaient vos expéditions pendant le voyage ?

  • Speaker #1

    En Patagonie, bon, là-bas, c'est vraiment... Extraordinaire, le vent s'est remonté une avalanche, s'est volé les pierres. Alors on était parti confiant parce qu'on avait une tente qu'on nous avait prêtée, une tente K2 qui devait résister à des vents à 120 km heure. On a posé notre tente tranquillement, puis on a bien laissé quand même. Et puis quand on est revenu, elle s'était envolée.

  • Speaker #0

    Et vous avez fait comment du coup ? Eh bien,

  • Speaker #1

    on a creusé des igloos, parce que la tente, là-bas, c'est oublié. Elle est au camp de base, dans la forêt, bien à l'abri. Après, il faut être dans des grottes de glace.

  • Speaker #0

    C'était que tous les deux pour...

  • Speaker #1

    Oui, on était tous les deux. Au camp de base, il y avait d'autres expéditions, mais elles étaient sur la fin, donc ils partaient. Donc on s'est retrouvés, oui, tout seuls, tous les deux.

  • Speaker #0

    Et nous émiles d'oxygène ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'est pas très haut. La Patagonie, on part carrément pratiquement au niveau de la mer. Par contre, le sommet El Chantel, le Filtrepoint, il fait 3615. Donc, il y a quand même un gros dénivelé. C'est surtout le vent et la météo qui est très, très instable. Sur un mois, on a eu trois jours de beau. Et encore, c'était pas d'affiné. C'était un jour et puis après tempête, une demi-journée après tempête. C'est bien qu'on a fait beaucoup de tentatives, on a monté, descendu, monté, descendu, parce que chaque fois on se prenait le mauvais temps. Et puis donc la dernière, on a bivouacé.

  • Speaker #0

    trois fois.

  • Speaker #1

    On a fini la voie américaine, mais au sommet, on ne pouvait pas tenir sur l'arête pour faire le sommet, qui n'était pas très loin, mais sur une arête avec le vent qui a, on ne pouvait pas. Après le Fitzroy, on est allés en Argentine, dans le massif du Trenador, où là on a fait du ski, du ski de randonnée. Après, on est allés au Chili, on a fait des volcans, on est allés à l'Oros del Salado. Après, on est allé à la Concagua. Alors, tout ça, on avait aussi des soucis de moteur, de châssis, de carrosserie. Par exemple, en Bolivie, on devait traverser les rios avec la voiture. Donc, l'eau est rentrée dans le moteur. On a été accueillis par un garagiste bolivien. C'était très bien. Mais il n'y avait pas les pièces pour réparer une Renault, lui il était garage-volant. Donc il nous a accueillis en attendant qu'on reçoive les pièces, il nous a accueillis chez lui, donc on était dans une pièce chez eux. Et puis, on est partis de chez lui. Enfin, on a fait un peu de tourisme. Donc, en Bolivie, il y a les moins de touristes dans les bus. Alors, ça, c'est très dangereux. Il y a du monde. Puis surtout, les routes sont mauvaises. Et le bus, la roue, au lieu d'avoir 12 boulots, elle en a 3. Et là-bas, la vie était très plus chère à l'époque, parce que c'est pas ça actuellement.

  • Speaker #0

    On vivait avec

  • Speaker #1

    20 dollars par mois. Alors bon, on dormait pas à l'hôtel. On avait notre petite tarte, puis on vivait, on achetait sur les marchés.

  • Speaker #0

    Et après, du coup, cette année en Amérique, vous êtes retournée en France. Vous avez repris votre métier de médecin.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai repris le métier de médecin. Et mon mari, qui était avant géomètre, lui, il est devenu clinique. Il a fait une formation pour être...

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu ce qui s'est passé après, comment vous avez continué votre parcours de montagne ici ? Parce que du coup, vous avez passé un an en Amérique. Quand vous êtes revenue, du coup, vous continuez tous les week-ends à faire de la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que moi, je travaillais à l'hôpital de Berville, où je préférais être médecin salarié, justement pour être plus libre, en fin de compte. C'est important. Installée, on est plus tenu d'être présent. Donc là, souvent à l'hôpital, je travaillais aux urgences au SMUR. C'était un système de garde, ce qui fait que on travaillait par exemple 4 jours et puis après on avait un jour de récupération. Ça a permis de pouvoir continuer à faire de la montagne. Là, j'ai fait aussi une formation. C'était à Bobigny. C'était le professeur Richanec qui faisait un diplôme universitaire de médecine de montagne et d'expédition. C'était en pleine recherche et moi j'adore la recherche donc j'ai voulu justement travailler là-dessus. À la fin de ce diplôme, il y a, donc ça se passait à Chamonix, il y a un guide de Bernard Muller qui est venu et qui dit moi je cherche un médecin parce que j'organise une expédition commerciale au Macaulay. Voilà, je cherche un médecin. Alors moi j'ai dit, j'aimerais bien y aller, mais j'aimerais bien partir aussi avec moi et être guide. Elle a dit, oh c'est parfait, je cherche. Donc c'était en 1987 et on est partis encadrer une expédition au Maquellieu. Alors ça s'est bien passé, sauf qu'on a eu une énorme tempête. D'ailleurs, il y a eu des décès à cause de cette tempête. Il y a eu trois mètres de neige d'un coup. Et donc, il y a eu plein de valances pour ravager tous nos camps. Heureusement, il n'y avait personne dedans. On n'a pas pu chasser, mais on est arrivé à 7600. Mais après cette tempête, ce n'est plus possible. Ça avait tout détruit, on n'avait plus rien. Il faut qu'on aille redescendre.

  • Speaker #0

    C'est pas trop frustrant de ne pas arriver au sommeil ?

  • Speaker #1

    Non, on est en vie. De toute façon, on ne peut pas être plus fort qu'à la montagne. Ça apprend l'humilité, la montagne. Puis c'était une tempête, mais on s'est fait raminer. Alors on se disait, bon, c'est l'Himalaya, mais on a compris ce que c'était.

  • Speaker #0

    Après nous avoir raconté son récit de voyage à travers toute l'Amérique, ainsi que son ascension du Makalu dans l'Himalaya, elle va nous raconter maintenant son ascension de l'Everest. Vous avez continué à partir ?

  • Speaker #1

    En fait, oui. Ce guide, Bernard Mulet, organisait des expéditions comme ça, commerciales, parce que c'était le début des expéditions, comme je le sais. Fendu Macalu, il avait de l'offre américaine et en français. Et après, il a continué et en 1990, il a organisé une expédition sur l'Everest. Donc, pareil, le jeune langageur me dit, ok. Les restes, il faut qu'ils soient organisés, il faut poser des autorisations de grimper, il faut payer ces tranchères. Moi, je n'étais pas payée, mais Denis était payé, lui, en tant que guide. Alors, il y a un gros travail d'acclimatation. Il faut monter, descendre, remonter, descendre, dormir en altitude, redescendre, récupérer, remonter. Enfin bon, il y a tout un programme pour s'acclimater. On voulait tous les deux tenter sans oxygène, mais Denis étant le guide, il ne pouvait pas se permettre parce qu'il doit s'occuper de ses clients. Donc il n'y a que moi qui ai tenté sans oxygène et puis là, il surveillait parce que bon... On avait lu beaucoup de récits. En altitude, on peut perdre toute lucidité. Il fallait faire très attention. Moi, je m'analysais. Et en fait, au-dessus de 8000, il fait très froid, bien sûr. Et puis, on arrive à monter jusqu'à, on va dire, 8500, sans trop. On monte plus lentement que sur l'oxygène. C'est pas le même rythme. Après, à un moment donné, alors bon, c'est sûr qu'on n'avait pas beaucoup dormi, mais à un moment donné, je n'avais ni persomnie. Je m'endormais. Alors, je faisais, pendant 10 secondes, je montais. Puis après, je m'asseyais. Et j'avais envie de dormir. Alors, moi, j'ai continué comme ça. Et puis, à un moment donné, j'ai vu des petits points noirs. Et là, c'est les signes qu'il y a des petites hémorragies rétiniennes. Ça veut dire que ça... Dans le cerveau, il y a des vasoconstrictions ou des obstructions. On peut devenir aveugle, qu'il y ait une petite hémorragie, alors souvent ça revient, mais ça peut faire des séquelles. Donc je me suis dit, bon, là, il faut que je m'arrête. Et puis j'avais tel un sommeil que je me disais sur l'arrête, parce qu'entre le sommet sud et le sommeil, c'est une arrête vraiment vertigineuse. Et là, il ne faut pas tomber. Et je sentais que je n'aurais pas les réflexes pour me rattraper. Donc je me suis dit, bon, je vais dormir un petit coup, une petite sieste. Personne ne vit mieux. Voilà, j'ai dormi, je me suis calée, j'ai dormi, j'ai rêvé. Alors que dans tous les... Tous les bouquins, ils disent en bonne altitude, on ne rêve pas Denis, en fait, a continué avec ses clients. Je voyais passer des gens qui me disaient ça va parce que je me réveillais. Et puis, quand il est redescendu, je suis redescendue avec lui. Il y a eu pas mal de petits soucis, notamment des jaunures, parce qu'on était aussi avec Pierre Tardivan, qui est un skieur extrême. et qui voulait descendre du chômage seulement. Il y a eu des problèmes de gelure parce que les chaussures étaient trop serrées. En altitude, le moindre petit problème comme ça, le sang circule moins bien, le froid, ça fait une vasose constriction et les gelures sont très très rapides. Il faut faire très attention, d'autant plus qu'on est déshydraté. Il y a beaucoup de facteurs. Il y a eu dans une expédition aussi, quelqu'un qui est tombé, qui a fait une chute. qui a été pris dans un avalanchement, mais qui reste en surface. Et aussi des œdèmes pulmonaires et cérébraux. Alors, cérébraux, c'est souvent des gens qui ont très mal à tête, qui vomissent, mais qui ont aussi pas conscience de leur état. Et ils sont pas du tout lucides. Et c'est d'ailleurs très dur de leur dire de redescendre. Et alors, on leur dit, et notamment, on en a eu un. On lui a dit de redescendre, il ne voulait pas. Et puis, on l'a pris entre deux. Et puis, on a dit non, non, il faut descendre. On est arrivé à le descendre. Et encore, là, on était à 6004 quand ça s'est passé. Mais plus haut, obliger quelqu'un à le porter pour le descendre, c'est pas possible. On n'arrive déjà pas à nous, c'est nous. Donc, porter quelqu'un, c'est pour ça que souvent, et notamment là, quand j'ai essayé sans oxygène, il y a un Coréen qui montait lui aussi sans oxygène, mais il était complètement, il avait un oedème cérébral, et il disait n'importe quoi, il disait n'importe quoi,

  • Speaker #0

    et il disait tout seul.

  • Speaker #1

    Et bien, ses amis n'ont pas pu le raisonner, n'ont pas pu l'attacher ou le redescendre. Donc, quand on leur a dit, ils ont dit, mais oui, mais on ne sait pas. Il portait son sac, son moufle, son rien. Il demandait l'oxygène et notamment, on avait un client des Pays-Bas qui, en redescendant, lui montait, le coréen montait et notre client descendait. En redescendant, il lui a donné son sac avec l'oxygène. Et puis, en le pleurant, le coréen lui a dit tomber.

  • Speaker #0

    Juste après, Annie va nous parler de Tragédie à l'Everest, qui est un roman autobiographique qui raconte le désastre qui a conduit en 1966 8 alpinistes à trouver la mort en tentant l'ascension de l'Everest.

  • Speaker #1

    Et notamment dans Tragedie à l'Everest, on connaissait le russe qui a un peu sauvé tout le monde, mais lui c'était une force de la nature. Il avait fait l'Everest dans la tempête, sans oxygène, et lui il a pu sauver des gens, mais il avait une capacité pour le faire. Les organisateurs parfois me portent un mois parce qu'ils doivent tout organiser, toute l'intendance, acheter les vivres, etc., organiser pour les porteurs. Quand c'est très très rapide mais il faut s'acclimater avant, il y en a qui peuvent partir juste en moi. mais ils font une acclimatation, c'est ce qui s'est passé en 1981. Donc la deuxième expedition, celle qu'on a organisée, il y avait une équipe qui avait fait une préparation en caisson hippobar. C'est des caissons qui simulent l'altitude. Donc ils pédalaient dans le caisson, ils faisaient des efforts, ils peuvent dormir aussi dans le caisson. Et donc ils ont fait une préparation, et ils ont fait après un Everest rapide, on va dire. en un mois. Mais sinon, il faut minimum six semaines, donc un mois et demi à deux mois pour être bien acclimaté.

  • Speaker #0

    Et souvent, les personnes qui partent vers l'Everest, c'est-à-dire que c'est des gens qui sont bien préparés.

  • Speaker #1

    Il y en a qui partent, on avait une cliente la deuxième fois qui faisait des marathons, mais qui n'avait jamais fait de montagne. Alors, c'est vrai que c'est pas très technique. Il faut quand même savoir marcher avec des crampons, savoir monter sur une cour de fixe. Mais après, pour le sommet, nous, on n'avait pas de cour de fixe. Il fallait quand même savoir monter avec des crampons, un piolet, et puis un gros sac à dos. Alors, c'est vrai que de plus en plus, avec les expéditions commerciales, il y a des gens qui ne sont pas du tout... Quelquefois, ils n'ont jamais fait de montagne à vente. Ils pensent que... Faire des marathons et de bien entraîner en bas. ils peuvent y aller, mais l'altitude, quelquefois, ça n'a rien à voir. Quelquefois, il y a des gens qui sont des champions à basse altitude qui n'arrivent pas à avancer, même bien acclimatés à haute altitude. Maintenant, il y a des tests, mais le test ne peut pas tout prédire. Le test va prédire, peut-être que vous pouvez y aller. en vous préparant et en prenant peut-être certains médicaments. Mais voilà. Il vaut mieux être prudent et monter. Si on monte tout doucement, c'est 300 à 400 mètres de dénivelé tous les jours, là, on va s'acclimater, c'est sûr. Et puis, dès qu'il y a un problème, mal à la tête, mal des montagnes, Il faut se stopper, il faut se reposer et après il faut recommencer.

  • Speaker #0

    Et après, vous avez continué jusqu'à quand à partir avec ces expéditions ?

  • Speaker #1

    En 90, parce qu'on a tenté d'avoir des enfants, donc on a fait un dossier d'adoption et en 90, on a adopté Chloé. Et puis on a eu deux autres enfants. Et là, on s'est dit, quand on est repartis, on s'est dit non, c'est plus possible. On ne peut pas engager notre vie comme ça. On a un enfant maintenant, il faut s'en occuper. Donc on a arrêté les expéditions. Après, Denis a été professeur à Alensa à Chamonix. Donc, on a habité à Passy, à côté de Salon. Nous, on a vécu là-bas jusqu'en 1996. Et puis après, on est revenus ici. On a construit cette maison.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir partagé tout ça avec nous. Et dernière question, ou plutôt suggestion, quel serait votre message à faire passer à toutes les femmes qui voudraient se lancer en montagne ?

  • Speaker #1

    Il faut y aller, hein, si vous voulez. C'est vrai que quand j'ai commencé, il y avait très, très peu de femmes. C'était vraiment un monde fermé. Mais il s'est trouvé qu'au CAF, ils nous accueillaient à bras ouverts. Donc, on était formés comme les autres. Et maintenant aussi, maillot, ils accueillent tout le monde. Je pense qu'ils sont accueillis partout. Mais je trouve qu'il y a maintenant de plus en plus de femmes. Oui, il y a beaucoup de femmes guides. J'ai vu le dernier, là, qui ont fait le sérotoré, un bataillon. Oui, oui, non, maintenant, on voit souvent des cordées féminines. Oui, c'est bien. Oui, c'est très bien. L'autonomie.

  • Speaker #0

    La gestion du risque, quand même, c'est... Enfin, je sais pas, c'est que la météo qui change, enfin,

  • Speaker #1

    le choc. Ah, oui. Alors, ça, c'est plus dur. Enfin, c'est plus dur. La vente aille est plus dangereuse et surtout, là par exemple, le météo actuellement, il se trompe tout le temps. Dès qu'il y a un malin, il n'y a que des vents dessus des sud-est. Et quand il y a ces courants de ventes, ils se trompent. Parce que ça ne touche rien. Donc, leur modèle était basé sur les données qu'il y avait auparavant. Ça change. Là, par exemple, les conditions, c'est les gens qui je dis, conditions excellentes. Et puis, hier, ce n'était pas bon. Aujourd'hui, non plus. parce qu'il y a une liseau liseau de A0 et une liseau de A2002 donc je l'ai toute pourrie bien merci beaucoup Annie d'avoir partagé votre parcours avec nous moi personnellement j'ai les petites étoiles dans les yeux et

  • Speaker #0

    j'ai été très heureuse de discuter de Montagne avec nous et voilà l'épisode est terminé j'espère que tout comme moi les récits d'Annie vous seront transportés en Montagne le temps de quelques instants À la fin de notre échange, j'ai envoyé un message à Annie pour la remercier de s'être confiée et d'avoir partagé son parcours sur les ondelles au sommet. Et c'est là qu'elle me répond, heureuse d'avoir partagé cet art de vivre avec moi. Et c'est vraiment ça ce qui s'est passé. Elle venait de me partager son art de vivre. Un mode de vie qui m'a fait rêver. N'hésitez pas à vous abonner à Hello Sommet sur votre plateforme d'écoute, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple Podcast. Vous retrouverez également les actualités du podcast sur le compte Instagram Hello Sommet, auquel vous pouvez bien évidemment vous abonner. Je serai très heureuse d'avoir vos retours sur cet épisode par un petit message sur Instagram.

Description

ANNIE PIVOT - Médecin de montagne et d'expedition


Bienvenue dans un épisode captivant de notre podcast, où nous vous invitons à explorer les sommets vertigineux de l'âme humaine, aux côtés d’Annie Pivot. Alpiniste savoyarde et médecin de montagne, Annie a gravit les plus hauts sommets du monde.

 

Épisode: Rejoignez-nous alors qu'Annie partage l'aventure de sa vie, une odyssée épique à travers les sommets  d’Amérique, de l'Argentine au Canada, au volant de sa fidèle 4L, aux côtés de son mari. Ensemble, ils ont défié les éléments pour atteindre les plus hauts sommets, révélant la beauté brute et la majesté des montagnes.

 

De retour à la vie quotidienne, Annie reprend son rôle de médecin, mais l'appel de l'aventure est irrépressible. Déterminée à explorer de nouveaux horizons, elle se lance dans un nouveau défi : devenir médecin d'expédition. Avec son mari à ses côtés, elle encadre des expéditions dans l'Himalaya, faisant face à de nouveaux défis, repoussant sans cesse ses propres limites.

 

Plongez dans le récit émouvant de son ascension de l'Everest, sans oxygène, et découvrez les défis physiques et mentaux qu'elle a surmontés lors de ses expéditions. À travers ses récits, Annie nous emmène au-delà des sommets, révélant la véritable essence de la passion, du courage et de la détermination.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans quelques instants, vous allez écouter le premier épisode d'Ello Sommet avec Annie Pivot. Annie Pivot est une alpiniste de Savoyard, médecin de montagne et d'expédition. Elle nous partage l'aventure de sa vie et son amour pour la montagne. Elle part avec son mari pendant plus d'un an gravir les plus hauts sommets d'Amérique, en partant d'Argentine pour rejoindre le Canada tout ça en quatre ailes. À son retour en Savoie, elle reprend son métier de médecin. Mais très vite, l'envie d'aventure, l'envie de repartir, revient au galop. C'est alors qu'elle se lance un nouveau défi. Celui de devenir médecin d'expédition. Elle passe une formation et part, toujours avec son mari, enquêter des expéditions commerciales dans l'Himalaya. Elle nous raconte son ascension de l'Everest, son oxygène et les difficultés rencontrées lors de ses expéditions. Bonjour Annie et bienvenue sur les ondes de l'eau sommet. Très heureuse de faire mon premier épisode de podcast avec vous. Tout d'abord, pouvez-vous nous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, bon, je m'appelle Annie Pivot. Avant, je m'appelais Annie Raviel. Je suis Savoyarde, ma mère était à Bicet-Saint-Baldove, ma mère Chimien, donc voilà. J'ai toujours vécu en montagne, sauf pendant l'adolescence où j'ai dû partir m'exiler dans la région parisienne. Et oui, ça a été un drame complet parce que c'est là où je me suis aperçue que les montagnes me manquaient. Ça, c'est comme le bonheur quand il s'en va. Bon, et puis après, j'ai pu revenir faire mes études de médecine en Savoie, sur la faculté de Grenoble. Et donc, j'ai vécu chez ma grand-mère à Chigny. Voilà, j'ai pu m'inscrire au CAF à ce moment-là. Et j'ai pu partager mes passions de la montagne avec tous les amis que j'ai pu avoir au CAF. Je me suis intéressée par la médecine du sport et puis la médecine de montagne et d'expédition. Il y avait différents diplômes à acquérir. J'ai fait une thèse aussi sur l'enfant et le sport. Actuellement, je suis médecin dans une maison d'accueil spécialisée pour Delta Savoie, qui est une association pour personnes porteuses de handicap.

  • Speaker #0

    Alors du coup, est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de votre parcours en montagne ?

  • Speaker #1

    Alors bon, c'est vrai que la montagne me plaît, bien on le dit déjà, parce que c'est beau. Quand on voit ces montagnes, on a l'impression qu'il y a plein de choses à découvrir et j'adore chercher, découvrir, explorer. Je suis allée au CAF pour apprendre, pour tenir... des façons en tout cas de progresser en montagne en sécurité. Alors ça a été un peu difficile au début parce qu'on a eu pas mal d'amis qui sont décédés en montagne. Donc on a aussi appris que la montagne était dangereuse et d'autant plus qu'il a fallu être de plus en plus prudent. Mais bon, ça ne nous a pas empêché de continuer. Et on a organisé des expéditions au Pérou, en Bolivie. Bon, après, donc je rencontrais Denis Okaf, bien sûr. On partage en tout cas des valeurs communes et on trouve l'âme sœur. Et donc, on avait passé l'initiateur d'alpinisme et on a pu organiser des expéditions comme ça. Et puis, on s'est dit... Ce qui serait bien, parce que c'est vrai que quand on part comme ça, la partie voyage, avion et puis le voyage prend beaucoup de temps. Alors que quand on est sur place, on pourrait faire plein de choses, mais on n'avait pas du temps de vacances. Après, avec Denis, on a répondu à la dotation Volo.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Annie nous parle de la dotation des routes du monde. Entre 1966 et 1984, la marque de voitures Renault finançait des expéditions à travers le monde pouvant aller jusqu'à plus d'un an de voyage et fournissait une 4L.

  • Speaker #1

    C'était malheureusement la dernière année que ça existait, mais donc c'était Renaud qui prêtait une 4L, mais on avait aussi l'assistance technique gratuite, un chèque de health, un chèque de vieux confort, enfin bon, ça nous payait le voyage. À ce moment-là, on s'est mariés et puis on a pris un an de congé sabbatique et on est partis. On l'a eu, c'était un concours, mais donc on a bien travaillé, on a présenté un dossier. Et en fait, le but, c'était de... de partir de Buenos Aires, aller jusqu'en Terre de Chaux, et remonter toute la cordillère des Andes en faisant des ascensions. Et puis après, traverser pour aller aux États-Unis, et pareil, faire des ascensions dans la Rocheuse.

  • Speaker #0

    Tout ça avec la 4L ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, on a eu quelques ennuis. On a eu quelques ennuis mécaniques, mais bon, quelques réparations quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous êtes partie d'Amérique du Sud, vous avez fait toute l'Argentine, et vous faisiez des sommets,

  • Speaker #1

    tous les... Voilà, oui, oui, ça avait été tout préparé pour un mai, et puis après, on m'a envoyé sur place, ce qu'on pouvait faire avec la météo aussi, parce qu'on patagonie avec des vents où on ne peut pas tenir debout, et même à quatre pattes.

  • Speaker #0

    Vos expéditions étaient prévues, préparées avant votre départ ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, parce qu'on avait présenté le dossier. Pour le concours de cette dotation, il en avait été sélectionné. On a rencontré d'ailleurs des amis. Il en avait qui partaient en expédition aux îles Aléoutaines pour faire des études scientifiques sur les oiseaux. Il y en avait d'autres qui voulaient traverser le Sahara. Ah, ben voilà, la petite fête près.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, Denis, son mari, et celui avec qui elle a fait toutes ses expéditions, me montrent la mythique quatre ailes, au format miniature, avec laquelle ils ont parcouru toute l'Amérique.

  • Speaker #1

    Oh non, mais c'est incroyable ! On avait une présentation où ils nous donnaient la 4L à Chambéry.

  • Speaker #0

    Dans cette 4L, les skis devaient rentrer ?

  • Speaker #1

    Alors, tout rentrait, oui. Et puis, on avait des caisses en haut. Enfin, on avait un sabot de protection dessous parce qu'en Patagonie, c'est les routes. Enfin, c'est les pistes.

  • Speaker #0

    Et comment se passaient vos expéditions pendant le voyage ?

  • Speaker #1

    En Patagonie, bon, là-bas, c'est vraiment... Extraordinaire, le vent s'est remonté une avalanche, s'est volé les pierres. Alors on était parti confiant parce qu'on avait une tente qu'on nous avait prêtée, une tente K2 qui devait résister à des vents à 120 km heure. On a posé notre tente tranquillement, puis on a bien laissé quand même. Et puis quand on est revenu, elle s'était envolée.

  • Speaker #0

    Et vous avez fait comment du coup ? Eh bien,

  • Speaker #1

    on a creusé des igloos, parce que la tente, là-bas, c'est oublié. Elle est au camp de base, dans la forêt, bien à l'abri. Après, il faut être dans des grottes de glace.

  • Speaker #0

    C'était que tous les deux pour...

  • Speaker #1

    Oui, on était tous les deux. Au camp de base, il y avait d'autres expéditions, mais elles étaient sur la fin, donc ils partaient. Donc on s'est retrouvés, oui, tout seuls, tous les deux.

  • Speaker #0

    Et nous émiles d'oxygène ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'est pas très haut. La Patagonie, on part carrément pratiquement au niveau de la mer. Par contre, le sommet El Chantel, le Filtrepoint, il fait 3615. Donc, il y a quand même un gros dénivelé. C'est surtout le vent et la météo qui est très, très instable. Sur un mois, on a eu trois jours de beau. Et encore, c'était pas d'affiné. C'était un jour et puis après tempête, une demi-journée après tempête. C'est bien qu'on a fait beaucoup de tentatives, on a monté, descendu, monté, descendu, parce que chaque fois on se prenait le mauvais temps. Et puis donc la dernière, on a bivouacé.

  • Speaker #0

    trois fois.

  • Speaker #1

    On a fini la voie américaine, mais au sommet, on ne pouvait pas tenir sur l'arête pour faire le sommet, qui n'était pas très loin, mais sur une arête avec le vent qui a, on ne pouvait pas. Après le Fitzroy, on est allés en Argentine, dans le massif du Trenador, où là on a fait du ski, du ski de randonnée. Après, on est allés au Chili, on a fait des volcans, on est allés à l'Oros del Salado. Après, on est allé à la Concagua. Alors, tout ça, on avait aussi des soucis de moteur, de châssis, de carrosserie. Par exemple, en Bolivie, on devait traverser les rios avec la voiture. Donc, l'eau est rentrée dans le moteur. On a été accueillis par un garagiste bolivien. C'était très bien. Mais il n'y avait pas les pièces pour réparer une Renault, lui il était garage-volant. Donc il nous a accueillis en attendant qu'on reçoive les pièces, il nous a accueillis chez lui, donc on était dans une pièce chez eux. Et puis, on est partis de chez lui. Enfin, on a fait un peu de tourisme. Donc, en Bolivie, il y a les moins de touristes dans les bus. Alors, ça, c'est très dangereux. Il y a du monde. Puis surtout, les routes sont mauvaises. Et le bus, la roue, au lieu d'avoir 12 boulots, elle en a 3. Et là-bas, la vie était très plus chère à l'époque, parce que c'est pas ça actuellement.

  • Speaker #0

    On vivait avec

  • Speaker #1

    20 dollars par mois. Alors bon, on dormait pas à l'hôtel. On avait notre petite tarte, puis on vivait, on achetait sur les marchés.

  • Speaker #0

    Et après, du coup, cette année en Amérique, vous êtes retournée en France. Vous avez repris votre métier de médecin.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai repris le métier de médecin. Et mon mari, qui était avant géomètre, lui, il est devenu clinique. Il a fait une formation pour être...

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu ce qui s'est passé après, comment vous avez continué votre parcours de montagne ici ? Parce que du coup, vous avez passé un an en Amérique. Quand vous êtes revenue, du coup, vous continuez tous les week-ends à faire de la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que moi, je travaillais à l'hôpital de Berville, où je préférais être médecin salarié, justement pour être plus libre, en fin de compte. C'est important. Installée, on est plus tenu d'être présent. Donc là, souvent à l'hôpital, je travaillais aux urgences au SMUR. C'était un système de garde, ce qui fait que on travaillait par exemple 4 jours et puis après on avait un jour de récupération. Ça a permis de pouvoir continuer à faire de la montagne. Là, j'ai fait aussi une formation. C'était à Bobigny. C'était le professeur Richanec qui faisait un diplôme universitaire de médecine de montagne et d'expédition. C'était en pleine recherche et moi j'adore la recherche donc j'ai voulu justement travailler là-dessus. À la fin de ce diplôme, il y a, donc ça se passait à Chamonix, il y a un guide de Bernard Muller qui est venu et qui dit moi je cherche un médecin parce que j'organise une expédition commerciale au Macaulay. Voilà, je cherche un médecin. Alors moi j'ai dit, j'aimerais bien y aller, mais j'aimerais bien partir aussi avec moi et être guide. Elle a dit, oh c'est parfait, je cherche. Donc c'était en 1987 et on est partis encadrer une expédition au Maquellieu. Alors ça s'est bien passé, sauf qu'on a eu une énorme tempête. D'ailleurs, il y a eu des décès à cause de cette tempête. Il y a eu trois mètres de neige d'un coup. Et donc, il y a eu plein de valances pour ravager tous nos camps. Heureusement, il n'y avait personne dedans. On n'a pas pu chasser, mais on est arrivé à 7600. Mais après cette tempête, ce n'est plus possible. Ça avait tout détruit, on n'avait plus rien. Il faut qu'on aille redescendre.

  • Speaker #0

    C'est pas trop frustrant de ne pas arriver au sommeil ?

  • Speaker #1

    Non, on est en vie. De toute façon, on ne peut pas être plus fort qu'à la montagne. Ça apprend l'humilité, la montagne. Puis c'était une tempête, mais on s'est fait raminer. Alors on se disait, bon, c'est l'Himalaya, mais on a compris ce que c'était.

  • Speaker #0

    Après nous avoir raconté son récit de voyage à travers toute l'Amérique, ainsi que son ascension du Makalu dans l'Himalaya, elle va nous raconter maintenant son ascension de l'Everest. Vous avez continué à partir ?

  • Speaker #1

    En fait, oui. Ce guide, Bernard Mulet, organisait des expéditions comme ça, commerciales, parce que c'était le début des expéditions, comme je le sais. Fendu Macalu, il avait de l'offre américaine et en français. Et après, il a continué et en 1990, il a organisé une expédition sur l'Everest. Donc, pareil, le jeune langageur me dit, ok. Les restes, il faut qu'ils soient organisés, il faut poser des autorisations de grimper, il faut payer ces tranchères. Moi, je n'étais pas payée, mais Denis était payé, lui, en tant que guide. Alors, il y a un gros travail d'acclimatation. Il faut monter, descendre, remonter, descendre, dormir en altitude, redescendre, récupérer, remonter. Enfin bon, il y a tout un programme pour s'acclimater. On voulait tous les deux tenter sans oxygène, mais Denis étant le guide, il ne pouvait pas se permettre parce qu'il doit s'occuper de ses clients. Donc il n'y a que moi qui ai tenté sans oxygène et puis là, il surveillait parce que bon... On avait lu beaucoup de récits. En altitude, on peut perdre toute lucidité. Il fallait faire très attention. Moi, je m'analysais. Et en fait, au-dessus de 8000, il fait très froid, bien sûr. Et puis, on arrive à monter jusqu'à, on va dire, 8500, sans trop. On monte plus lentement que sur l'oxygène. C'est pas le même rythme. Après, à un moment donné, alors bon, c'est sûr qu'on n'avait pas beaucoup dormi, mais à un moment donné, je n'avais ni persomnie. Je m'endormais. Alors, je faisais, pendant 10 secondes, je montais. Puis après, je m'asseyais. Et j'avais envie de dormir. Alors, moi, j'ai continué comme ça. Et puis, à un moment donné, j'ai vu des petits points noirs. Et là, c'est les signes qu'il y a des petites hémorragies rétiniennes. Ça veut dire que ça... Dans le cerveau, il y a des vasoconstrictions ou des obstructions. On peut devenir aveugle, qu'il y ait une petite hémorragie, alors souvent ça revient, mais ça peut faire des séquelles. Donc je me suis dit, bon, là, il faut que je m'arrête. Et puis j'avais tel un sommeil que je me disais sur l'arrête, parce qu'entre le sommet sud et le sommeil, c'est une arrête vraiment vertigineuse. Et là, il ne faut pas tomber. Et je sentais que je n'aurais pas les réflexes pour me rattraper. Donc je me suis dit, bon, je vais dormir un petit coup, une petite sieste. Personne ne vit mieux. Voilà, j'ai dormi, je me suis calée, j'ai dormi, j'ai rêvé. Alors que dans tous les... Tous les bouquins, ils disent en bonne altitude, on ne rêve pas Denis, en fait, a continué avec ses clients. Je voyais passer des gens qui me disaient ça va parce que je me réveillais. Et puis, quand il est redescendu, je suis redescendue avec lui. Il y a eu pas mal de petits soucis, notamment des jaunures, parce qu'on était aussi avec Pierre Tardivan, qui est un skieur extrême. et qui voulait descendre du chômage seulement. Il y a eu des problèmes de gelure parce que les chaussures étaient trop serrées. En altitude, le moindre petit problème comme ça, le sang circule moins bien, le froid, ça fait une vasose constriction et les gelures sont très très rapides. Il faut faire très attention, d'autant plus qu'on est déshydraté. Il y a beaucoup de facteurs. Il y a eu dans une expédition aussi, quelqu'un qui est tombé, qui a fait une chute. qui a été pris dans un avalanchement, mais qui reste en surface. Et aussi des œdèmes pulmonaires et cérébraux. Alors, cérébraux, c'est souvent des gens qui ont très mal à tête, qui vomissent, mais qui ont aussi pas conscience de leur état. Et ils sont pas du tout lucides. Et c'est d'ailleurs très dur de leur dire de redescendre. Et alors, on leur dit, et notamment, on en a eu un. On lui a dit de redescendre, il ne voulait pas. Et puis, on l'a pris entre deux. Et puis, on a dit non, non, il faut descendre. On est arrivé à le descendre. Et encore, là, on était à 6004 quand ça s'est passé. Mais plus haut, obliger quelqu'un à le porter pour le descendre, c'est pas possible. On n'arrive déjà pas à nous, c'est nous. Donc, porter quelqu'un, c'est pour ça que souvent, et notamment là, quand j'ai essayé sans oxygène, il y a un Coréen qui montait lui aussi sans oxygène, mais il était complètement, il avait un oedème cérébral, et il disait n'importe quoi, il disait n'importe quoi,

  • Speaker #0

    et il disait tout seul.

  • Speaker #1

    Et bien, ses amis n'ont pas pu le raisonner, n'ont pas pu l'attacher ou le redescendre. Donc, quand on leur a dit, ils ont dit, mais oui, mais on ne sait pas. Il portait son sac, son moufle, son rien. Il demandait l'oxygène et notamment, on avait un client des Pays-Bas qui, en redescendant, lui montait, le coréen montait et notre client descendait. En redescendant, il lui a donné son sac avec l'oxygène. Et puis, en le pleurant, le coréen lui a dit tomber.

  • Speaker #0

    Juste après, Annie va nous parler de Tragédie à l'Everest, qui est un roman autobiographique qui raconte le désastre qui a conduit en 1966 8 alpinistes à trouver la mort en tentant l'ascension de l'Everest.

  • Speaker #1

    Et notamment dans Tragedie à l'Everest, on connaissait le russe qui a un peu sauvé tout le monde, mais lui c'était une force de la nature. Il avait fait l'Everest dans la tempête, sans oxygène, et lui il a pu sauver des gens, mais il avait une capacité pour le faire. Les organisateurs parfois me portent un mois parce qu'ils doivent tout organiser, toute l'intendance, acheter les vivres, etc., organiser pour les porteurs. Quand c'est très très rapide mais il faut s'acclimater avant, il y en a qui peuvent partir juste en moi. mais ils font une acclimatation, c'est ce qui s'est passé en 1981. Donc la deuxième expedition, celle qu'on a organisée, il y avait une équipe qui avait fait une préparation en caisson hippobar. C'est des caissons qui simulent l'altitude. Donc ils pédalaient dans le caisson, ils faisaient des efforts, ils peuvent dormir aussi dans le caisson. Et donc ils ont fait une préparation, et ils ont fait après un Everest rapide, on va dire. en un mois. Mais sinon, il faut minimum six semaines, donc un mois et demi à deux mois pour être bien acclimaté.

  • Speaker #0

    Et souvent, les personnes qui partent vers l'Everest, c'est-à-dire que c'est des gens qui sont bien préparés.

  • Speaker #1

    Il y en a qui partent, on avait une cliente la deuxième fois qui faisait des marathons, mais qui n'avait jamais fait de montagne. Alors, c'est vrai que c'est pas très technique. Il faut quand même savoir marcher avec des crampons, savoir monter sur une cour de fixe. Mais après, pour le sommet, nous, on n'avait pas de cour de fixe. Il fallait quand même savoir monter avec des crampons, un piolet, et puis un gros sac à dos. Alors, c'est vrai que de plus en plus, avec les expéditions commerciales, il y a des gens qui ne sont pas du tout... Quelquefois, ils n'ont jamais fait de montagne à vente. Ils pensent que... Faire des marathons et de bien entraîner en bas. ils peuvent y aller, mais l'altitude, quelquefois, ça n'a rien à voir. Quelquefois, il y a des gens qui sont des champions à basse altitude qui n'arrivent pas à avancer, même bien acclimatés à haute altitude. Maintenant, il y a des tests, mais le test ne peut pas tout prédire. Le test va prédire, peut-être que vous pouvez y aller. en vous préparant et en prenant peut-être certains médicaments. Mais voilà. Il vaut mieux être prudent et monter. Si on monte tout doucement, c'est 300 à 400 mètres de dénivelé tous les jours, là, on va s'acclimater, c'est sûr. Et puis, dès qu'il y a un problème, mal à la tête, mal des montagnes, Il faut se stopper, il faut se reposer et après il faut recommencer.

  • Speaker #0

    Et après, vous avez continué jusqu'à quand à partir avec ces expéditions ?

  • Speaker #1

    En 90, parce qu'on a tenté d'avoir des enfants, donc on a fait un dossier d'adoption et en 90, on a adopté Chloé. Et puis on a eu deux autres enfants. Et là, on s'est dit, quand on est repartis, on s'est dit non, c'est plus possible. On ne peut pas engager notre vie comme ça. On a un enfant maintenant, il faut s'en occuper. Donc on a arrêté les expéditions. Après, Denis a été professeur à Alensa à Chamonix. Donc, on a habité à Passy, à côté de Salon. Nous, on a vécu là-bas jusqu'en 1996. Et puis après, on est revenus ici. On a construit cette maison.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir partagé tout ça avec nous. Et dernière question, ou plutôt suggestion, quel serait votre message à faire passer à toutes les femmes qui voudraient se lancer en montagne ?

  • Speaker #1

    Il faut y aller, hein, si vous voulez. C'est vrai que quand j'ai commencé, il y avait très, très peu de femmes. C'était vraiment un monde fermé. Mais il s'est trouvé qu'au CAF, ils nous accueillaient à bras ouverts. Donc, on était formés comme les autres. Et maintenant aussi, maillot, ils accueillent tout le monde. Je pense qu'ils sont accueillis partout. Mais je trouve qu'il y a maintenant de plus en plus de femmes. Oui, il y a beaucoup de femmes guides. J'ai vu le dernier, là, qui ont fait le sérotoré, un bataillon. Oui, oui, non, maintenant, on voit souvent des cordées féminines. Oui, c'est bien. Oui, c'est très bien. L'autonomie.

  • Speaker #0

    La gestion du risque, quand même, c'est... Enfin, je sais pas, c'est que la météo qui change, enfin,

  • Speaker #1

    le choc. Ah, oui. Alors, ça, c'est plus dur. Enfin, c'est plus dur. La vente aille est plus dangereuse et surtout, là par exemple, le météo actuellement, il se trompe tout le temps. Dès qu'il y a un malin, il n'y a que des vents dessus des sud-est. Et quand il y a ces courants de ventes, ils se trompent. Parce que ça ne touche rien. Donc, leur modèle était basé sur les données qu'il y avait auparavant. Ça change. Là, par exemple, les conditions, c'est les gens qui je dis, conditions excellentes. Et puis, hier, ce n'était pas bon. Aujourd'hui, non plus. parce qu'il y a une liseau liseau de A0 et une liseau de A2002 donc je l'ai toute pourrie bien merci beaucoup Annie d'avoir partagé votre parcours avec nous moi personnellement j'ai les petites étoiles dans les yeux et

  • Speaker #0

    j'ai été très heureuse de discuter de Montagne avec nous et voilà l'épisode est terminé j'espère que tout comme moi les récits d'Annie vous seront transportés en Montagne le temps de quelques instants À la fin de notre échange, j'ai envoyé un message à Annie pour la remercier de s'être confiée et d'avoir partagé son parcours sur les ondelles au sommet. Et c'est là qu'elle me répond, heureuse d'avoir partagé cet art de vivre avec moi. Et c'est vraiment ça ce qui s'est passé. Elle venait de me partager son art de vivre. Un mode de vie qui m'a fait rêver. N'hésitez pas à vous abonner à Hello Sommet sur votre plateforme d'écoute, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple Podcast. Vous retrouverez également les actualités du podcast sur le compte Instagram Hello Sommet, auquel vous pouvez bien évidemment vous abonner. Je serai très heureuse d'avoir vos retours sur cet épisode par un petit message sur Instagram.

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