- Speaker #0
Bienvenue dans Emulsion,
- Speaker #1
le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui révolutionnent les modes d'entreprendre et de produire. Dans la saison 2,
- Speaker #0
on tend le micro aux pépites de l'économie circulaire qui choisissent de voir dans les déchets des ressources et une opportunité de transformer positivement le monde pour un partage d'expériences inspirants,
- Speaker #1
de la jeunesse du projet à ses résultats aujourd'hui. Aujourd'hui, on parlera reconditionnement de basket,
- Speaker #0
de construire une filière qui n'existe pas. pas encore et de l'importance de choisir un objet qui parle au plus grand nombre avec Mohamed Boukatem de Sneakers au micro de Roxane Montarbon responsable communication d'Ecano. Bonne écoute ! Bonjour Mohamed, bienvenue à la maison d'Ecano que tu connais déjà très bien je crois.
- Speaker #1
Bonjour Oksan, oui, Likano, gros acteur de Paris et très connu de l'association Sneakers, oui.
- Speaker #0
Écoute, on est ravis de t'accueillir ici aujourd'hui pour parler justement du parcours de Sneakers et de ton parcours aussi à toi. Est-ce que, du coup, déjà tu peux nous dire qui tu es ?
- Speaker #1
Je m'appelle Mohamed Boukatem, je suis cofondateur et directeur général de l'association Sneakers.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous pitcher un peu le projet, qu'est-ce que c'est Sneakers ?
- Speaker #1
Alors si je devais pitcher le projet aujourd'hui, je commencerais par un chiffre, 400 millions. C'est le nombre de paires de baskets qui partent à la poubelle chaque année en France. Du coup, on constate tout de suite la catastrophe écologique. C'est 8 000 litres d'eau sur chaque paire de baskets créées. C'est quand même considérable. Et 6 mois, c'est la durée de vie d'une paire de baskets. Si je devais pitcher, je commencerais par ce type de chiffre-là.
- Speaker #0
C'est effectivement effrayant, les chiffres que tu nous donnes. Oui, effectivement, la consommation de basket, c'est vraiment l'article de mode peut-être le plus démocratisé aujourd'hui. Et effectivement, les gens, quand ils arrêtent de porter des baskets, parce qu'ils en changent assez régulièrement, comme ça qu'est fait la société de consommation, ils les jettent la plupart du temps. C'est ça qui se passe.
- Speaker #1
Exactement. Alors du coup, on a fait toute une étude de marché pour voir un petit peu ce qui était fait des baskets aujourd'hui. Malheureusement la plupart de nos baskets, plus de 90% partent à la poubelle en déchetterie et quand ça arrive en déchetterie c'est à 20% incinérés, très peu parce que concrètement ça fait des gaz toxiques pour notre planète et à 80% enterrés donc en fait les baskets finissent sous nos pieds. Il faut savoir aussi que le peu de baskets qui sont collectées par les associations ou par les centres de tri bien sûr finissent à l'export donc très peu de... Très peu de baskets finissent dans nos friperies parisiennes, il faut le savoir.
- Speaker #0
Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il y a des acteurs comme vous, Snickers, qui donnent une seconde vie aux baskets en les reconditionnant. Et par votre activité, vous adressez tout un tas d'enjeux. Et les enjeux notamment, tu viens de parler.
- Speaker #1
Les émissions de CO2, le traitement des déchets, l'insertion, l'économie circulaire, les prix accessibles, autant de choses qui peuvent, à partir d'un déchet, créer de la valeur.
- Speaker #0
Créer de la valeur à partir d'un déchet, donc quelque chose qui a justement perdu sa valeur, c'est tout l'objet de l'économie circulaire dont on parle dans ce podcast. Est-ce que tu peux revenir sur l'origine du projet et nous raconter un peu comment vous avez eu l'idée de lancer Sneakers ?
- Speaker #1
Alors l'idée, elle est née d'un peu nulle part, je dirais. Enfin, ce n'est pas nulle part, parce que du coup, avec ma femme Aurélie, pendant le Covid, euh... Pour faire toute l'histoire, on était confinés un peu comme tout le monde. Nous, on venait d'avoir un enfant qui est né juste avant la période Covid. On voulait aider, on était entrepreneurs, j'étais dans les salles de fitness. J'avais une salle de sport. Cette salle de sport pendant le Covid a été fermée. Et on a entendu des associations se plaindre en fait. toute légitimité du fait que quand on était confiné, la plupart des personnes en situation précaire étaient toujours à la rue pour ceux qui demandaient leurs petites pièces. Et il n'y avait plus de flux, le flux créé par les gens qui allaient se déplacer pour aller travailler. Donc très peu de dons en fait. Et au-delà de ça, il faut le savoir, le public le plus engagé dans les associations aujourd'hui, c'est les personnes retraitées souvent, qui ont du temps pour justement s'engager dans les associations et c'est eux qui collectent. On le voit souvent à la sortie des caisses pour les Restos du Coeur. pour pas mal de structures, et ce public-là était le plus touché par la maladie. Donc on se mordait un peu la queue, il y avait toujours ces gens dans la rue, de plus en plus, et personne pour collecter des dons. Donc j'ai proposé de mettre à disposition ma base de données de clients de la salle de sport, on a collecté pour 4000 euros je crois de denrées alimentaires en l'espace de deux dimanches, on collectait le dimanche parce qu'on avait nos enfants, je vous ai dit c'était très compliqué avec des enfants en bas âge, et le troisième dimanche on s'est dit on va collecter du textile. Et là, ça a été le drame. Sur 10 vêtements collectés, alors la salle de sport déjà de 350 m² était remplie de vêtements, il faut le savoir. Et au-delà de ça, sur les 10 vêtements, 8 étaient réemployables, 3 étaient édictés. On sortait d'une période où la plupart des boutiques physiques étaient fermées, donc tout le monde commandait en ligne. Et commander en ligne, c'est aussi prendre le risque de ne pas avoir la bonne taille, puis d'oublier d'envoyer le colis, puis 2, puis 2, puis 2, et à la fin ça finit dans l'armoire et ça dort. Après cette journée, on a fait un constat avec Aurélie, on s'est dit mais... Pourquoi aller demander de l'argent aux gens, pour aider les plus démunis, quand on peut demander ce qui dort dans leurs armoires ? et qu'on peut valoriser. Et c'est comme ça qu'on a créé l'association, au départ, Les Pins à linge, qui s'appelait Les Pins à linge. Très vite, on a switché sur la basket. Il y a eu un événement important. On a commencé, du coup, avec des bénévoles et des jeunes de la mission locale Noisy-le-Grand, Sud 93, en immersion, qui venaient pour 4 à 8 semaines pour apprendre un petit peu les métiers de l'accueil, donateur, de tout plein de choses, se remettre un peu dans le bain du monde actif. Et un donateur est arrivé avec un sac, je me rappelle comme c'était hier, il dépose le sac. Heureusement, à l'époque, je demandais, j'avais bien formé les jeunes en immersion, ils prenaient le nom, le numéro de téléphone, tout plein de choses. Ils ont pesé aussi les déchets. Et en fait, il va porter 3-4 paires de chaussures, je crois. Les jeunes, 5 minutes après, ils commencent à crier en regardant dans le sac. Je me dis, qu'est-ce qui se passe ? Donc je cours vers eux, qu'est-ce qu'il y a ? Il commence à me dire, oui, regarde ce qu'ils ont apporté, c'est un truc de malade, le discours. Moi, je regarde, ok, des baskets, très bien. Il me dit, regarde, prends l'étiquette, regarde le prix, tu vas voir, ça coûte cher et tout. Ok, moi, j'étais fan de sneakers, ok, je connaissais un peu la culture sneakers, pas fan, mais culture sneakers. Mais je ne savais pas qu'on pouvait estimer les baskets en fonction de l'étiquette, en fonction d'un code, en fonction de l'année d'édition, tout Et du coup, on se rend compte qu'il y a à peu près 2000 euros de paires de baskets sur 3-4 paires. Il y avait la Jordan 4, il y avait l'R95, il y avait... On rappelle le donateur, bien sûr. On lui explique que ce qu'il vient de donner, c'est quand même une grosse somme, d'une certaine manière, parce que, bien sûr, on va la revaloriser. Et il nous explique qu'il ne sait pas reconditionner les baskets. Lui, ça dormait dans son armoire et ça ne servait à rien, autant que ça serve à une association. Et voilà, à partir de là... Nous, en tant qu'entrepreneurs, on est très agile et on se dit c'est maintenant qu'il faut faire les choses. Même pas un mois après, alors déjà on fait cette étude de marché pour savoir un petit peu ce qu'on fait des baskets. On va rencontrer des centres de tri, on va rencontrer les acteurs du tri. On découvre que la basket pour eux c'est plus un problème qu'une solution. ça part à l'export, ça part en déchetterie, très peu sont valorisés en France. Donc du coup, aujourd'hui, il n'y a pas de parcours de collecte pour la basket. Pourtant, la basket, je suis désolé, mais c'est un gisement qui n'est pas le même que le textile. Elle ne se recycle pas pareil, elle ne se réemploie pas pareil. C'est vraiment des matériaux très différents. Il y en a tellement. D'ailleurs, il y en a entre 12 et 64 et c'est une vraie catastrophe à recycler.
- Speaker #0
Par basket,
- Speaker #1
12 et 64 ? Ouais, c'est ça. C'est énorme. Et puis, on avance plus Nubug. d'un, de cuir, simili-cuir, textile, enfin, il y a de plus en plus de patchwork, on dirait, de basket, et du coup, c'est vrai que c'est une vraie cata, et du coup, quand on fait ce constat-là, on se dit, mais... il y a quelque chose à faire. On se regarde, on dit allez, on y va. Je pars à Arras, je fais une formation sur deux semaines dans une boutique de reconditionnement de basket. Quelqu'un qui s'est formé d'ailleurs sur le tas avec des vidéos sur YouTube aux Etats-Unis. Quelqu'un d'âgé qui a compris le métier et qui est bien, bien, bien, qui a un gros apprentissage dessus. Et je reviens avec un vrai savoir-faire, une vraie compétence que j'ai formalisée, qui n'était pas formalisée au départ. Et je vais enseigner à Aurélie, ma femme. Et on va avancer comme ça. On va enseigner aussi aux petits jeunes. Et derrière, ce qui va se passer, c'est que... Le modèle commence à bien avancer. On a une boutique physique où ça commence à bien prendre et on commence à avoir des problèmes un peu RH. Les bénévoles viennent pour le lien social, donc c'est un peu compliqué d'avoir des horaires fixes. Nous, on commence à construire un modèle économique où on a des besoins réels en termes d'employés. Les jeunes en immersion, il ne reste que 4 à 8 semaines, donc du coup, on les forme et ils repartent. Les stagiaires aussi, c'est pareil. Donc, à un moment... Ça devient un peu compliqué pour évoluer. Et nous, derrière, il y a des charges parce que ce projet, on l'a engagé en perso. On a loué un local. Alors déjà, c'est très compliqué d'obtenir un local, il faut le savoir. C'est tout pour une association naissante. Heureusement, on avait la possibilité de se positionner sur un local à Noisy-le-Grand qui était... Une de mes anciennes salles de fitness, donc je connaissais le bailleur, ça a grandement facilité. Du coup, on a commencé avec 350 m², mais c'était 3200 euros de loyer par mois qu'on a dû financer en propre en revendant les machines de l'absal qui a fermé la dernière salle. Donc nous, on ne connaissait pas forcément le monde de l'ESS, l'environnement, qu'il y avait des subventions, des fondations qui étaient disponibles, tout ça. On ne savait pas, on était du privé, donc on arrive, on se dit, on a un projet, une idée, allez, on y va, on va aider beaucoup de personnes. Toujours avec cette idée... solidaires en priorité. Il y aura une rencontre qui va être très importante, c'est la déléguée du préfet, à l'égalité des chances, qui va, on a fait un peu de bruit dans la commune de Noisy-le-Grand, elle va s'intéresser au projet et elle va nous orienter vers l'insertion. Ça va aller très très vite, on dépose un dossier je crois en novembre 2021, en mars 2022, 4-5 mois après, on accueille les 4 premiers salaires d'insertion. Et ça va réellement être un début de vrai projet sur ce modèle d'atelier de rénovation reconditionnement de basket.
- Speaker #0
Ok, wow, tout a l'air d'être allé assez vite en fait, alors que vous débarquez complètement dans ce milieu-là, ça s'est fait vraiment par différentes opportunités.
- Speaker #1
Exactement, c'est des opportunités, c'est des choix rapides mais qui étaient plutôt logiques. Avec la volonté d'embarquer un maximum de personnes avec nous, ceux qui ont une sensibilité autour bien sûr de l'écologie, mais aussi d'abord de la solidarité. Et ensuite on arrive sur du social avec l'embauche de personnes en insertion.
- Speaker #0
C'est génial, c'est vraiment un projet à 360. Tu disais que tu avais été formé justement à Arras par un monsieur qui s'était formé un peu tout seul. Donc vous êtes un peu... Enfin... récurseur en tout cas sur le territoire français dans le reconditionnement de la basket, est-ce que c'est quelque chose qui quand vous êtes lancé qui faisait du coup un peu ?
- Speaker #1
Du coup sur le reconditionnement de basket, que ce soit la collecte le tri, le reconditionnement la création d'une filière même on peut parler de ça aujourd'hui parce que c'est vraiment du global rien n'existe et ça c'est assez on est encore surpris aujourd'hui de... voir que rien n'était construit autour du traitement de déchets de basket. Et il y a tout à faire, parce qu'aujourd'hui, on a parlé du gisement juste avant, mais par exemple, sur le savoir-faire reconditionnement de basket, il n'existe pas de titre professionnel. C'est-à-dire que le cordonnier aujourd'hui n'a pas forcément la compétence pour reconditionner vos baskets, peinture, teinture, déjaunissement, petites réparations. C'est un nouveau métier qu'on... qu'on court à créer en fait. Et c'est aussi pour ça qu'aujourd'hui, on a un QB au sein de l'AFPA. Il y a une ingénierie de formation qui est en cours. On travaille sur une formation Calliope aussi. Donc, il y a tout à formaliser, c'est vrai, sur cette filière-là. Et on a du travail. Oui,
- Speaker #0
clairement. Effectivement, du travail. Et en plus, il y a du besoin.
- Speaker #1
Il y a une vraie demande. Il y a une vraie demande parce qu'aujourd'hui, il faut le savoir, une paire de baskets, c'est 100 euros. Ils sont pris en moyenne. Il faut le savoir, plus on va vers un public jeune, plus ils veulent les derniers modèles. C'est très marketé. Et la seconde main, c'est une vraie solution à prix accessible. On peut rester à la mode. en n'utilisant pas tout son argent dans sa poche. Donc c'est une vraie solution, oui. Et au-delà de ça, il y a aussi des besoins, des besoins des associations, des hôpitaux, des PMI, de toutes ces structures qui accompagnent des gens en situation précaire. Nous, on a redistribué 4500 paires de baskets l'année dernière. Cette année, on va peut-être faire plus de 30% en plus. Il y a une vraie demande parce que c'est cher et parce que tout part à la poubelle. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand les Emmaüs ou les Restos du Coeur donnent des baskets, malheureusement, elles ne sont pas désinfectées. Elles sont remises telles quelles après un don. Et juste ça, je comprends tout à fait pourquoi ça peut rebuter certaines personnes, que ce soit à l'achat ou au don.
- Speaker #0
Et du coup, il y a aussi un enjeu d'accessibilité de la basket. Vous, quand une basket reconditionnée, c'est quoi le prix ? Alors j'imagine que ça dépend forcément du modèle, mais on gagne à peu près combien ?
- Speaker #1
On est sur les prix à moins 75, des fois moins 80% du prix neuf. Le prix d'entrée, c'est 5 euros. Donc vous pouvez trouver, je sais qu'il y a des personnes qui viennent pour acheter. Trois paires de baskets pour leurs enfants, pour le prix d'une paire en magasin. Et c'est vrai que c'est de sacrées économies, sachant qu'on sait combien les enfants abîment très vite les baskets. Après, le prix moyen, on est entre 25 et 30 euros concrètement. C'est vrai que certaines paires, telles que la marque Jordan ou des Nike, se valorisent beaucoup plus facilement. Et d'ailleurs, j'ai une anecdote sur ça. On nous a apporté dernièrement des baskets, je vous en ai parlé tout à l'heure, qui prennent de la valeur avec les années. On a une paire de Kobe Bryant, et du coup, la femme de Kobe Bryant, le basqueur décédé, a changé de marque, s'est orientée vers Adidas, donc toutes les Nike qui sont des pièces uniques, des pépites. Et en fait, j'ai lu un article dernièrement, les basketteurs NBA qui se battent pour essayer d'attraper ce modèle-là qui n'existe plus. Du coup, on en a une paire à l'atelier. C'est vrai que quand on arrive sur des ateliers de sensibilisation dans les collèges, ils reconnaissent tout de suite la paire, ils savent très bien combien elle vaut. Donc c'est peut-être qu'elle vaut, je ne sais pas, 1500, 2000 euros. Et en fait, nous, du coup, on s'est créé une cave, une cave à baskets avec des pépites. Et ça, c'est juste improbable. Mais tout ça pour dire que, voilà, sur la boutique, en tout cas, on ne vend que les baskets accessibles. On ne vendra pas de baskets à 2000 euros. D'ailleurs, c'est une problématique pour nous, ces pépites. Mais on trouvera une solution sûrement sur l'ouverture de boutiques à Paris dans le 11e.
- Speaker #0
Ok, d'accord. Super. Là effectivement tu nous as parlé de plein de choses que vous faites Parce qu'au départ on a parlé juste de votre métier De reconditionneur de basket Mais en fait vous faites plein d'autres choses Alors si j'essaie de résumer Mais on reprendra Vous faites aussi du coup de la sensibilisation Dans les écoles Vous faites aussi Vous avez un projet de création de formation Diplomante autour de la basket C'est ce que j'ai compris aussi Et de la redistribution Donc au plus précaire. Du coup, c'est vraiment un panel de métiers extrêmement large.
- Speaker #1
C'est hyper large. Ce n'était pas prévu au départ. D'ailleurs, ça se différencie. On trouve d'autres branches d'activité encore, je vous en parlerai après. Mais aujourd'hui, on propose à peu près, cette année, on a 120 ateliers de sensibilisation à travers la région de France. On est sollicité principalement par les bailleurs sociaux, les collectivités, sur des actions de bar à basket, bar à custom. Donc on intervient en bas des bâtiments, dans les quartiers prioritaires. On met un barnum, deux tables, on pose 50 paires de baskets, on leur dit venez nettoyer avec nous pour comprendre à quel point on peut les garder plus longtemps en les nettoyant régulièrement et vous repartirez avec gratuitement. Et je peux vous dire que c'est un carton plein à chaque fois. Sur le bar custom on fait pareil sauf qu'on va bien sûr dessiner, personnaliser les baskets. A chaque fois qu'on intervient sur ces quartiers on s'ensibilise au réemploi. Il y a l'infographie, il y a une boîte de collecte et c'est hyper... plaisant, c'est hyper ludique, c'est la sneaker, c'est culturel, donc à chaque fois carton plein, donc il y a ces activités de sensibilisation, il y a aussi ce projet de formation bien sûr qui est très important, aujourd'hui on a les salariés en insertion et il faut qu'ils sortent avec un diplôme, une certification qui leur permettrait peut-être de se positionner sur le marché du travail avec des gros acteurs qui vont devoir, quoi qu'il arrive, se positionner sur la seconde main sans faire de publicité pour les gros distributeurs de baskets. S'ils réparent des raquettes, ils vont devoir réparer des baskets à un moment ou à un autre. Il y a des enjeux aussi de collecte. Aujourd'hui, comme je vous le disais, on est en train, pour moi, de construire une filière. On accueille des baskets sur du 400 m², on passe à 800 en début d'année prochaine. Il faut qu'on parvienne à construire ce parcours de collecte. On le fait principalement dans les écoles. Nous, on a compris quelque chose, c'est que le public, aujourd'hui, c'est les plus gros consommateurs de baskets, c'est les 12-25 ans. Si on veut rentrer en contact, il faut aller les voir, enfin, les rencontrer dans les établissements scolaires. Ça a été, on l'a testé, on a 40 boîtes aujourd'hui qui sont déjà positionnées. On espère en positionner 200, des boîtes de collecte dans les établissements à la fin de l'année 2025. C'est hyper bien accueilli. La basket est un super support de communication auprès des jeunes. Je peux vous dire que quand j'arrive avec une paire qui était à la poubelle la veille, qui vaut à peu près 2000 euros, j'ai l'écoute de tout le monde, j'ai l'impression d'avoir des bonbons dans les mains. Je peux leur parler d'écologie sociale, je peux même leur parler des fausses baskets. C'est un sujet, parce que concrètement, les fausses baskets sont créées dans un parcours de fabrication, de production qui est... pas réglementés, donc ça peut être des mineurs qui peuvent intervenir sur leur fabrication et c'est vrai qu'ils l'écoutent. Donc c'est bien d'acheter sur des plateformes des fois asiatiques, concrètement, mais il faut savoir qu'il se peut qu'ils financent d'une certaine manière une filière qui n'est pas toute nette. Donc il y a cette partie sensibilisation, la partie formation, il y a une partie aussi R&D, parce qu'aujourd'hui on travaille sur Sur de nouveaux process de reconditionnement, il y a pas mal de choses à faire. On sait que pas mal de baskets sont en mèche. Le mèche, c'est souvent de la couture, ça peut être du patch, ça peut être tout plein de choses. Il y a des teintures, des peintures qui peuvent couvrir les semelles extérieures. Il y a tellement de choses à faire. On peut aussi travailler sur de l'impression 3D pour fabriquer des chaussures. J'ai vu Nike en faire dernièrement, mais on peut refaire des semelles avec ça. Et on pourrait même en faire à partir de matériaux, déchets, baskets. Imaginons qu'une basket déchet permette de fabriquer une nouvelle basket en déchet, recyclée totalement. Et ça, ça serait peut-être l'idée à long terme. Mais on n'y est pas encore. Bien sûr qu'il faut pas mal de moyens et qu'on n'est qu'une association et pas une start-up. Donc la R&D, on a aussi dernièrement été sollicité par la Société du Grand Paris via un Serreco, notre tête de réseau, Serreco 93, pour proposer une solution de location de chaussures de sécurité. C'est improbable. Comme on nettoie, alors on nettoie les baskets, mais c'est la même chose que pour des chaussures classiques. On peut faire la chaussure de ville, bien sûr. Nous, on cible la basket parce qu'on souhaite communiquer. C'est un gros levier de communication. Mais sinon, on pourrait traiter vraiment toutes les chaussures parce que c'est les mêmes matériaux, concrètement. Et c'est vrai qu'ils avaient une problématique de visite sur les chantiers. Grand Paris, les métros, les trains, et des élus qui viennent voir comment évolue le chantier, des demandeurs d'emploi qui viennent visiter le lieu, et c'est vrai que acheter les chaussures de sécurité en one-shot et ne pas les réemployer après, ou c'est très compliqué de les réemployer s'ils ne sont pas désinfectés entre deux visites. Du coup, c'était une vraie solution que de proposer à notre savoir-faire, proposer des chaussures de sécurité à la location, mise à disposition, nettoyage, et... C'est un modèle d'économie circulaire.
- Speaker #0
C'est génial. C'est vrai, c'est ça. Là, c'est même l'allocation, c'est même l'économie de la fonctionnalité.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
C'est hyper intéressant d'explorer vraiment tous les pans de l'économie circulaire. Et je voulais savoir aussi, effectivement, c'est un métier qui va a priori devoir être développé. Tu le disais, même les grosses industriels ont vraiment un enjeu à le faire. Est-ce que tu dirais que c'est aussi un super outil de sensibilisation à basket, mais aussi un super outil de formation ? Parce que derrière, ça va être des métiers, en fait, les gens qui passent par chez vous. C'est peut-être pas encore le cas, je me rends pas compte, parce que c'est pas encore totalement développé, mais est-ce qu'ils ont envie de rester dans ce milieu-là ? Et j'imagine que ça leur donne des compétences qui sont incroyablement valorisables derrière.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. C'est vrai que ce savoir-faire, aujourd'hui, certains se lancent à leur compte. On le voit souvent sur les réseaux sociaux. pas mal d'auto-entrepreneurs, de micro-entrepreneurs qui font du reconditionnement de baskets, sur des baskets principalement que j'appellerais de luxe. C'est un marché de niche, concrètement. C'est vrai que toutes les paires ne peuvent pas être reconditionnées. Il y a un coût sur le reconditionnement, en moyenne, ça doit être 25 euros. C'est le minimum, ça, du nettoyage. Si on part sur de la peinture, teinture, on monte à 35, 40, 50, ça peut monter assez vite. On ne peut pas impacter ce prix-là sur une paire de baskets qu'on a achetées en entrée de gamme. C'est compliqué, à part s'il y a une raison émotionnelle, c'est un cadeau d'anniversaire, c'est des baskets que j'ai mises à mon mariage, voilà. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a de la demande. On sait qu'il y a très peu de formation sur le reconditionnement ou la fabrication de baskets. D'ailleurs, j'ai vu une structure de Toulouse venir à Paris, ça a fait foule. La plupart des... des stagiaires étaient des influenceurs. Ça plaît énormément, il y en a peu. Il y a la demande, que ce soit en micro-entreprise, il y a un intérêt parce qu'il y a la culture sneakers derrière, les gens souhaitent vraiment savoir comment réemployer leurs baskets et les garder plus longtemps. Il y a un métier sûrement qui naît. Maintenant, on a sûrement aussi un temps d'avance. La seconde main, c'est un sujet réel. Je sais que pas mal de... De grands acteurs de la distribution commencent à se positionner, sont déjà positionnés. Maintenant, la solution pour tout ce qui est basket, elle n'existe pas parce qu'aujourd'hui, les gisements de basket ne sont pas traités. La plupart, c'est bien notre problématique au niveau de l'association, c'est qu'on ne doit pas que collecter, on doit informer, sensibiliser pour collecter. Un textile, la plupart des particuliers donnent... De manière classique, les textiles, soit ça reste dans la famille, soit ça part vers les associations. Mais les baskets, il y a un blocage sur la part hygiène. On parle de mycoses, on parle de déformations, de choses comme ça. Et du coup, ça doit sûrement bloquer. C'est pour ça qu'elles finissent principalement à la poubelle, je pense. Et ça, c'est un gros travail d'information, de sensibilisation, pour pouvoir comprendre aux gens que non, non, c'est des matériaux qui peuvent être désinfectés, nettoyés et remis en état.
- Speaker #0
Oui, donc du coup, tu nous parles effectivement des enjeux de collecte aujourd'hui auprès de... Donc j'ai compris que vous collectez auprès des particuliers, des écoles. Est-ce que ça, c'est un frein ? Est-ce que, par exemple, vous arrivez à travailler avec des grosses boîtes, des producteurs de baskets ? Qui sont vos fournisseurs un peu de baskets ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, nos baskets proviennent principalement d'événements ponctuels. ça va être justement dans le parcours de collecte qui se construit pour l'instant et du coup on collecte principalement des établissements scolaires on a travaillé aussi sur des running, des courses avec la fédé d'athlétisme, la FFA on travaille aussi avec ASO qui nous sollicite sur des projets de course aussi, running ça peut être aussi on a collecté avec certaines entreprises qui jouent le jeu maintenant dans une démarche... d'engagement citoyen. Je crois qu'on a fait un projet avec Batiger, Baire Sociale, un projet national pour sensibiliser les gardiens d'immeubles. Et du coup, on a pu collecter, je crois, un peu plus de 200 paires de baskets. En fait, aujourd'hui, il y a tout à faire. C'est vrai que le projet plaît. Sur un projet team building dans une entreprise, aller proposer une collecte, accompagner d'un atelier de sensibilisation, ça plaît énormément. Les écoles, elles n'attendent que ça, d'avoir un projet clé en main, parce qu'aujourd'hui, ils ne peuvent pas porter un gros projet où ils ont tout à faire, il y a un temps à partie, il y a des éco-délégués bien sûr dans les collèges, il y a un programme porté sur l'environnement, il y a quand même des supports, mais c'est vrai qu'il faut arriver avec un projet bien construit de sensibilisation, d'atelier, de collecte. Et la plus grosse problématique aujourd'hui, c'est de prospecter, c'est-à-dire qu'on est une association. Bon, le bouchoir, il marche plutôt pas mal, mais il faut faire des process, formaliser ce projet, et c'est le plus difficile. C'est le plus difficile parce que... Des acteurs associatifs sont déjà très bien positionnés. Aujourd'hui, quand on va taper à la porte de Décathlon ou de gros acteurs, on a Emmaüs, on a La Croix-Rouge, on a pas mal d'acteurs associatifs qui collectent pas mal de baskets, pas mal de chaussures, pas mal de textiles. C'est peut-être l'occasion aussi de passer un message, c'est-à-dire que... Quand on essaie d'ouvrir ces portes-là, on se prend la porte concrètement. On essaie de faire comprendre aux associations. Aujourd'hui, on travaille avec le Secours populaire. Tous les lundis, ils nous envoient des baskets, des chaussures parce qu'ils n'en font rien. Gardez. On n'est pas là pour vous prendre votre crème, la partie vraiment redistribuable telle quelle. On est là pour vous prendre les baskets et les chaussures que vous n'utilisez pas, qui vont aller vers les centres de tri. Et d'ailleurs, les centres de tri n'en font rien. Ça va aller à l'export. orienter vos gisements vers nous. On pourra faire beaucoup mieux et en plus on pourra aussi créer un partenariat pour vous redistribuer les baskets. Je parle des associations. Maintenant les gros distributeurs
- Speaker #0
Aujourd'hui, on voit des boîtes de collecte chez Berchka, chez Zara et tout ça, du relais. Personne ne veut se positionner sur les boutiques de baskets et je comprends tout à fait parce qu'on n'en fait rien. La plupart partent à la poubelle, mais on peut les reconditionner. Aujourd'hui, on peut vraiment proposer, nous, on est en capacité de proposer une solution pour collecter des baskets chez les distributeurs. Maintenant, il faut déjà ouvrir cette porte-là, il faut qu'on gagne en notoriété. Bien sûr que l'associatif, ça joue beaucoup sur ça. On en a conscience, mais on avance tout doucement et à un moment ou un autre, on va peut-être construire ce parcours avec des acteurs de la distribution, on espère en tout cas.
- Speaker #1
Justement, puisqu'on parle de parcours, on va un tout petit peu revenir en arrière sur ce que tu nous as raconté. On vient de parler de l'enjeu de la collecte. On a aussi parlé, on n'a pas forcément trop creusé, mais de la difficulté de garder des prix accessibles. Mais malgré tout, il y a un vrai prix au reconditionnement de la basket. D'ailleurs, je ne sais pas comment vous gérez ça, comme vous êtes une association. Comment ça se passe en fait ?
- Speaker #0
Alors, il faut le savoir que ce type de modèle économique ne peut être porté, pour l'instant en tout cas, qu'en insertion. Ça veut dire que notre modèle nous permet, avec l'aide de l'État, de traiter des déchets, un peu comme avec le relais. L'insertion, c'est une solution sur ce modèle économique-là. Après, c'est du court terme, moyen terme. Après, sur le long terme, si on commence à créer réellement, et c'est le projet, une filière de réemploi de baskets, il va falloir développer un... un vrai modèle économique, moins dépendant des subventions. On sait aujourd'hui que l'environnement n'est pas propice aux associations, c'est de plus en plus compliqué. D'un point de vue modèle économique, le passage à l'échelle, il n'est pas simple. On est accompagné par l'accélérateur des canaux, et c'est hyper important, c'est pour ça aussi qu'on est là aujourd'hui, c'est que le plus difficile, c'est de se projeter. Le SS, les premières lois, c'est 2014, c'est hier. Du coup... On déblaye sur une filière qui n'est pas construite, qui est construite mais pas en particulier sur la basket ou la chaussure. On fait moins de choses que sur le textile. Du coup, il y a vraiment une idée de s'armer pour mieux avancer. Et notre plus grosse difficulté avec Aurélie aujourd'hui, c'est de se projeter à 2, 3, 5 ans et d'avoir une visibilité sur ce que pourrait devenir le projet. Quelles adaptations ? RH ? L'humain, c'est important. L'insertion, toujours au cœur de la réflexion, mais quand même le garder au cœur de notre réflexion. La logistique, c'est vraiment... c'est pas facile d'avoir une idée de comment évoluer au mieux sans imploser, parce que le risque est toujours là. La surcharge de travail, aujourd'hui, nous, on le ressent totalement. On est toujours en sous-effectif, on ne peut pas recruter à tour de bras parce qu'on est grandement dépendant de ces subventions pour le moment. Du coup, il faut faire des choix très précis, efficaces, mais c'est pour ça aussi qu'on a besoin de ce type d'accompagnement, cette expertise de personnes qui sont déjà passées par là et qui peuvent nous dire, voilà, fais pas ça ou fais ça parce que je suis passé par là, je sais comment faire. pour que ça marche. Le transfert d'expérience, c'est hyper important et on reste toujours un peu sur l'humain et cette idée de collaboration. Et l'humain reste en priorité sur notre réflexion. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, même les contrats, les derniers employés qu'on a recrutés, c'est des contrats PEC, c'est des contrats aidés. Donc, on est... On intervient principalement dans les quartiers prioritaires, on voit à quel point il est difficile de trouver des emplois pour des personnes très éloignées de l'emploi. Je viens moi-même d'un quartier prioritaire, Noisy-le-Grand ou Pavé-Neuf, donc je suis passé par ce type de parcours, alors pas aussi éloigné de l'emploi, mais j'ai rencontré ces difficultés-là. Je pense que le terme exact, c'est l'empathie. En fait, il faut avancer avec de l'empathie, comprendre nos publics. comprendre l'environnement, comprendre les gens avec qui on travaille pour avancer au mieux. Donc on avance tout doucement, on a un premier test qui va nous apporter pas mal de réponses en collaboration avec la ville de Paris et le SICTOM. On se positionne dans le 11e arrondissement, on espère dès le 1er trimestre 2025 en boutique. On va pouvoir voir comment est accueilli le projet sur la revente de baskets de seconde main. On espère faire un test aussi en centre commercial pour voir comment c'est accueilli. On espère sur le long terme avoir peut-être une plateforme digitale de revente de baskets. On a fait des tests sur Vinted, ça a été un carton plein, on a dû fermer parce que concrètement, quand on porte un chantier d'insertion, il faut former aussi sur tous les process, les salaires d'insertion, et ils n'étaient pas formés sur les process du numérique. Donc voilà, on a dû fermer avec quand même des regrets parce que c'était un carton plein. Mais oui, du coup, il y a tout. Il y a ce gisement à créer, il y a l'air aidé, comment faire mieux sur la réparation des baskets, parce que sur Deeper aujourd'hui, on n'en répare que trois, parce qu'on n'a pas forcément le métier de cordonnier aujourd'hui. Il nous faut des moyens pour acheter des machines pour des presses, la colle, des machines de couture, des choses comme ça. Et il y a la partie revente, bien sûr. Les canaux de revente, c'est hyper important avec les boutiques physiques, mais on reste...
- Speaker #1
convaincu que ce qui marchera le mieux c'est une boutique en ligne oui oui c'est clair c'est ce qui c'est ce qui fonctionne après c'est chouette aussi que le projet de boutique physique pour donner de la visibilité vous en avez déjà une c'est ça si j'ai bien compris à noisy le grand ou alors du coup on est en notre siège est à noisy le grand notre activité s'est développée à champs sur marne avec
- Speaker #0
une boutique physique de 12 mètres carrés donc c'est quand même tout petit mais c'est un super test en tout cas c'est un labo qui est top pour les salariés de Sarsion qui apprennent cette compétence de vendeur. Et tous les mercredis, on est ouvert. Du coup, c'est vraiment comme de la vente privée parce qu'il y a un temps pour le reconditionnement, le nettoyage, tout ça. Et l'estimation des baskets, puis la mise en rayon. Donc, tous les mercredis, il y a une vingtaine, trentaine de personnes devant la porte qui attendent l'ouverture. On est vraiment dans une zone pas rurale, mais ce n'est pas facile de nous trouver. Et pourtant, on fait un chiffre d'affaires. conséquent qui dit que ça pourrait vraiment vraiment marcher ce modèle là en tout cas oui.
- Speaker #1
Ouais bah justement j'allais te demander comment va la structure, ouais c'est ça en termes de chiffre d'affaires, en termes de clients voilà est-ce que tu dirais que l'idée a plu a priori ?
- Speaker #0
Oui l'idée a vraiment plu, comme on dit dans le jargon ça prend ça a pas été facile je préfère revenir sur sur du négatif avant de partir sur le positif. Ça a été un vrai parcours du combattant. Comme je vous ai dit au départ, on a construit ce projet sur nos fonds propres. On a compris très tardivement qu'on pouvait solliciter la plupart des gens. Quand ils montent un projet, ils vont d'abord voir le département, la commune, la région, l'EPT, je ne sais pas moi, des fondations pour financer et amorcer le projet. Nous, c'est des formations professionnelles. On est entrepreneur, on s'est dit on finance nous-mêmes. on sait pas comment faire autrement et après on a dû récupérer le coup parce qu'à un moment quand on a plus les fonds perso on a galéré quand même sur la deuxième année surtout ben on a compris comment fallait faire et on a fait le nécessaire et puis aujourd'hui on a rattrapé le coup et tant mieux après c'est vrai que ça a été très intéressant sur la partie développement projet on a tout appris c'est vrai Moi, je me rappelle un premier rendez-vous quand on est passé en insertion, organisé par Insereco chez Energi, structure d'insertion, où les sujets de discussion, je suis sorti de cette réunion-là, je suis allé voir le directeur d'Insereco en lui disant, Henri Bail, je lui ai dit, mais t'aurais-tu me préparé un glossaire ? Je n'ai rien compris, j'ai eu l'impression de... suivre un cours de master en mathématiques très avancé. C'était très particulier. Et en fait, c'est là que je me suis dit, où est-ce que j'ai mis les pieds ? Est-ce que ça va le faire ? Est-ce que j'ai les épaules ? Il faut dire ce qu'il y en a. Moi, je vais en question quand il faut. Et là, je me suis dit, où je vais ? Et puis... Ce qui est très important, c'est le réseau aujourd'hui. C'est vrai que le fait de s'entourer, moi tout de suite on m'a dit, va rencontrer d'autres structures d'insertion, pose tes questions, essaye de comprendre. Et moi je ne comprenais pas, enfin non, il doit y avoir un dictionnaire, sur internet il n'y a pas les réponses, pourquoi je vais aller voir une autre structure d'insertion ? Et en fait c'est ça, c'est vraiment l'USS, c'est l'humain, c'est sa capacité à se créer son réseau, d'avoir des partenaires qui sont en plus, moi je les remercie, il y a eu P2I, il y a eu pas mal de structures d'insertion qui nous ont accueillis et qui nous ont expliqué. comment fonctionnait le modèle et comment le comprendre au mieux. Et sans ça, on n'en serait pas là aujourd'hui. Mais ça prend tout son sens. On est vraiment sur des projets d'utilité humaine. Enfin, vraiment, on est vraiment sur l'humain, du social. Et c'est pour ça qu'aussi, ça rassemble beaucoup de gens qui ont ces valeurs-là. Donc, tant mieux pour nous. Et aujourd'hui, du coup, oui, il y a la basket, le projet parle beaucoup. On a des partenaires qui nous sollicitent de manière récurrente. On a les bailleurs sociaux qui sont de gros, gros partenaires. On a la région de France qui nous a accompagnés sur la rénovation de nos locaux. On a la commune de Noisy-le-Grand, la commune de Champs-sur-Marne qui nous aide pas mal. Le PT Grand Paris Grand Est, on a la ville de Paris qui nous accompagne là sur le projet de boutique à Paris. On a les partenaires, le département qui depuis le début est là. L'un des partenaires forts de notre développement a été aussi Refashion, les co-organismes. On a pu s'adosser... à cette institution en leur demandant des conseils. Aujourd'hui, on est agréé, un DPAV, donc on est à un lieu aussi où on peut collecter au sein de l'association. Et puis, on est accompagné à travers des appels à projets, donc la Gale Challenge Reconditionnement, dont on a été lauréat. Ça va nous permettre d'obtenir des machines pour mieux reconditionner, mieux réparer les baskets. Le projet, il plaît. On coche un peu toutes les cases, écolo, social, solidaire. On crée des emplois en insertion, on propose des solutions sur des prix accessibles à des gens qui ont peu de moyens. On est les seuls à le faire, donc on n'embête personne. C'est une vraie niche. Le but, c'est justement de collaborer et pas de prendre un marché ou quelque chose à des structures associatives qui pourraient le voir comme ça. Donc, c'est pour ça qu'on avance, on avance bien. Alors nous, pour beaucoup, on avance très vite. On a trouvé l'idée qu'il fallait et tout ça. Pour nous, on n'avance jamais assez vite. Nous, on est toujours en train de râler. Et souvent, c'est frustrant en fait. Parce qu'on a des idées, parce qu'on sait qu'on est sur le bon chemin, on sait où on va, je pense, avec un bureau qui est très réceptif, avec une direction qui est très agile. On a compris où on mettait les pieds, on a compris ce qu'il fallait faire. Et en association, ce qui est affreux pour moi, ancien entrepreneur, c'est que je ne peux pas aller voir une banque et dire allez, j'ai besoin de temps et je sais ce que je veux faire avec Non, en association, il n'est pas lié à passer. Ça a mal pour un bien, des fois, les entrepreneurs ont la folie des grandeurs. Ça nous oblige à réellement poser sur papier, construire, prévoir, se projeter. Et ça nous... On garde les idées claires et on avance concrètement. Mais des fois, c'est vrai aussi que quand on demande une subvention qui a mis un an à arriver, c'est affreux pour nous. Parce qu'on a des trous de trésorerie encore des fois aujourd'hui, encore beaucoup moins aujourd'hui. Mais on a eu des trous d'air où on se disait, mais on va y arriver ou pas ? On a un projet qui marche, mais on n'a pas de trésorerie. Comment on fait ? On ferme, on réduit les effectifs. C'est vraiment une galère. Mais bon, aujourd'hui, on a sorti la tête de l'eau, il y a des fondations, des petites fondations familiales qui nous accompagnent, on a tout ce qui est subventions publiques qui sont là et qui nous soutiennent de manière régulière. Donc ça nous a permis vraiment de sortir la tête de l'eau, de prévoir long terme. Vous savez que les deux premières années, avec Aurélie, on n'a pas eu de salaire. On s'est salarié pour la première fois début 2024. Donc depuis cette première année, on se salarie au bout de quatre ans de projet. Je peux vous dire qu'on s'est réellement engagé, on a tout mis sur ce projet-là, on y tient, c'est aussi pour ça qu'on est proactif et qu'on a envie que ça réussisse. Mais on sait aussi... Combien on fait du bien à notre planète ? Combien on fait du bien aux gens qui nous entourent ? Notre planète souffre, on communique un maximum auprès des jeunes. Je peux vous dire que quand on part de ces ateliers de sensibilisation auprès des jeunes, ils sont totalement engagés, que les collectes sont au top. J'ai vu des jeunes du département 93. collectés en dehors du collège, aller taper dans les pavillons pour aller chercher des baskets auprès de familles. J'ai fait, ah ouais, d'accord, ça va vraiment loin. Ils ont compris qu'il y avait de gros enjeux pour leur avenir. Et je suis content, je suis content qu'à travers la basket, on puisse communiquer auprès des jeunes. Et puis, je suis obligé de mettre un mot sur l'insertion. C'est vrai que c'est aussi ce qui nous aide à nous lever chaque matin. C'est-à-dire qu'on... On voit notre utilité quand un réfugié apprend la langue et commence à nous comprendre ou à dialoguer avec nous. Nous, ça nous fait chaud au cœur quand une personne en situation de handicap qui était enfermée dans sa chambre, je pense à quelqu'un qui est chez nous encore et qui a construit son parcours professionnel grâce à Sandrine Ribeiro, qui est notre CISP et qui cartonne, qui a réussi à construire un parcours professionnel sur le parcours de VTC. Le monsieur ne revient de nulle part et il l'a. obtenu sa carte VTC. Je peux vous dire qu'il y avait de l'anglais, il y avait pas mal de choses en apprentissage, tout le monde s'y est mis. J'ai vu des alternants lui faire des fiches de révision. C'est improbable. Ce type de victoire-là est très parlante pour nous. Si on doit parler de moments importants de l'association, je ne vous parlerai pas de l'idée, je ne vous parlerai pas de chiffres.
- Speaker #1
parce qu'on pourra en parler mais je vous parlerai de ce type de moment là où on sait pourquoi on est là oui c'est ça il y a des vrais gens derrière en fait et il y a du concret vous voyez l'impact en fait en direct ouais ok c'est vrai qu'il y a des enjeux financiers souvent mais
- Speaker #0
l'humain l'humain c'est vraiment le moteur et ça donne des ailes dans le dos ouais complètement bah franchement bravo pour ce que vous faites parce que c'est
- Speaker #1
Ça donne un peu, je trouve, de espoir de voir ce genre de projet qui sont très complets et qui vraiment ne laissent aucun enjeu, aucune personne de côté.
- Speaker #0
Pour rebondir sur ce que tu viens de dire, j'aimerais passer un message à tous ceux qui souhaitent se lancer dans l'entrepreneuriat social. On a beau avoir une idée fixe, elle évoluera, ça c'est sûr. On se prend des portes, on avance. Il faut vraiment être résilient, c'est pas abandonner réellement, mais au-delà de ça, il y a des choses à faire, il y a beaucoup de choses à faire. Nous, on est tombé dedans, la basket, sans réelle volonté. On va pas se le cacher. À chaque fois, on me dit, mais comment vous avez eu l'idée ? On n'a pas eu l'idée, l'idée est venue à nous. Moi, j'ai pas inventé l'eau chaude. Il y a pas mal de choses qui peuvent être faites. Maintenant, il faut avoir cette fibre-là sociale, la volonté d'aider l'humain. Je reste toujours sur ma réflexion, l'humain au cœur de la réflexion, c'est vraiment ça qui est moteur. Si c'est des enjeux financiers, on l'espère, mais concrètement aujourd'hui, ce n'est pas ce qu'on valorise le plus, sinon on monte une start-up. Mais concrètement, il y a pas mal d'opportunités. Au-delà de l'engagement et de l'investissement, il y a des choses à faire.
- Speaker #1
C'est un magnifique mot de la fin pour les personnes qui nous écoutent et qui voudraient se lancer comme vous l'avez fait. Je vous invite à aller voir Sneakers et bientôt dans le 11e à Paris. Merci beaucoup et je te souhaite une très bonne journée au sein de l'Accélérateur Sextile. Je crois que tu as des ateliers là.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Elle enchaîne avec l'accélérateur textile des canaux où on est accompagné et très bien accompagné avec du mentoring, du conseil d'experts, des formations pour justement mieux faire. Parce que vous avez vu, on a un gros enjeu global et il faut être accompagné. Plus on est accompagné, plus on pourra aller vite et bien.
- Speaker #1
C'est ça. L'ESS, l'économie circulaire, c'est... Du collectif, forcément.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci à toi. Merci d'avoir écouté Emulsion, un podcast de l'association Les Canaux,
- Speaker #1
qui accompagne le développement d'une économie solidaire,
- Speaker #0
circulaire et locale, avec le soutien de l'ADEME. Si vous avez aimé l'émission,
- Speaker #1
n'hésitez pas à mettre des étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée.
- Speaker #0
À bientôt !