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En un battement d'aile

Arthur Auboeuf : Avancer avec optimisme, le meilleur est Avenir !

Arthur Auboeuf : Avancer avec optimisme, le meilleur est Avenir !

54min |29/01/2025
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54min |29/01/2025
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Description

À 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l’américaine :carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirées VIP avec le rappeur Snoop Dogg. Mais au moment où tout semblait lui sourire, il choisit de tout quitter. Pourquoi ? Parce qu’il a préféré un bonheur brut à un succès plaqué or.


Aujourd’hui, Arthur Auboeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un fonds d'investissement non lucratif qui veut financer 100 innovations majeures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans son livre Le meilleur est Avenir (Éditions Fayard), il revient sur ce choix décisif et partage sa vision d’un avenir désirable à construire ensemble.


C'est à Samoëns, petit village de Haute-Savoie dans lequel il s'est installé, que je rencontre Arthur pour un échange rempli d'optimisme ! Une invitation à croire en l’avenir et à agir, sans attendre.


Un mois pour s'inspirer


Cet épisode fait partie de notre série spéciale de janvier, consacrée au Bonheur, à la Jeunesse et à l’Optimisme, avec trois invités exceptionnels.


🎧 Retrouvez également les autres entretiens de cette série :

  • Corinne Morel Darleux : Trouver le bonheur dans un monde en transition (sorti le 1er janvier)

  • Flore Vasseur : Le pouvoir de la jeunesse (sorti le 15 janvier)


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    A 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l'américaine. Carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirée VIP comme avec le rappeur Snoop Dogg. Un jour, on lui propose la promotion qu'on ne peut pas refuser. Pourtant, au moment de signer pour ce rêve en or massif, il claque la porte. Pourquoi ? Parce qu'il préfère un bonheur brut à un succès plaqué or. Aujourd'hui, Arthur Obeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un mouvement qui a pour objectif de détecter et financer 100 innovations mondiales contre les gaz à effet de serre. Dans son premier livre, le meilleur est à venir aux éditions Fayard, Il raconte pourquoi il a tout lâché pour suivre son instinct et construire un futur qui a du sens. C'est à Samoens, un petit village de Haute-Savoie, où il a choisi de poser ses valises que je le retrouve. Une rencontre en toute simplicité dans son appartement, marquée par l'enthousiasme de quelqu'un qui croit fermement en sa mission. Ce troisième et dernier entretien de notre série de janvier est donc une invitation à foncer. Après le bonheur avec Corinne Morel-Darleux et la jeunesse avec Flore Vasseur, Arthur Aubeuf nous pousse à croire avec optimisme en l'avenir et à le construire sans attendre. Bonjour Arthur, merci en tout cas de m'accueillir ici à Samoens, d'autant plus sympa que vous êtes en vacances depuis quelques jours, que vous avez passé la journée sur les pistes. dans cette forêt, cette nature qui vous est si chère. On va revenir évidemment sur votre parcours. Vous êtes le cofondateur de Team for the Planet. Mais j'avais d'abord envie qu'on revienne sur le tout commencement, puisque vous n'avez pas grandi ici en Haute-Savoie, mais dans le Haut-Bugé, dans le massif du Jura, dans le tout petit village de Ceignes dans l'Ain, 300 habitants. J'ai été voir sur une carte, c'est vraiment effectivement tout petit. Vos parents sont enseignants. Et vous semblez, pendant votre enfance, vivre en parfaite communion avec la nature. C'est ce que vous racontez et qui est très présent, je trouve, dans votre livre. Le meilleur est à venir, que vous venez de publier.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, tout à fait. Merci d'être venu jusque là et bravo d'avoir fait tout ce petit topo. En effet, je suis un traître à la patrie puisque j'ai quitté le Haut-Buget, qui n'est pas si haut que son nom l'indique malheureusement. Et voilà, il y a moins de neige qu'avant, donc j'avais envie de continuer à avoir un peu de neige et puis des... très belles montagnes, donc voilà, j'ai migré pas trop loin en Haute-Savoie, et en effet j'ai la chance d'avoir connu une enfance vraiment particulièrement proche de la nature puisque mes parents étaient très fans des balades, des randonnées, du ski de fond l'hiver, et donc on était tout le temps dehors et moi j'ai vraiment passé un temps considérable en fait à aller juste me promener, me perdre dans les forêts à passer des heures le soir à regarder les cartes hygiènes avec mon père pour savoir où est-ce qu'il y avait un autre gouffre qu'on n'avait pas découvert, une grotte, un truc. On en a crapahuté pas mal des montagnes et des collines pour justement tout découvrir. Et franchement, c'est toujours l'aventure de ma vie. C'est comme ça que je me sens bien et que je me sens libre.

  • Florence Gault

    Pour démarrer notre échange, j'avais envie de vous partager quelques récits, des témoignages sonores qui sont le fruit d'une expérimentation que je mène depuis deux ans avec Audrey Ranchin. On a créé un arbre cabane. studio d'enregistrement dans lequel on invite les gens à venir nous raconter leurs souvenirs de nature. On s'est inspiré du philosophe Jean-Philippe Pierron, je ne sais pas si vous connaissez.

  • Arthur Auboeuf

    Alors de nom, mais non, je ne connais pas ce qu'il a écrit.

  • Florence Gault

    Il a théorisé l'écobiographie. C'est le fait de relire sa vie au prisme de nos liens à la nature. Comment, en fait, on arrive grâce à ça à prendre conscience que Je est un nous c'est le titre de son livre, et que finalement nous sommes un vivant parmi les vivants. Et donc on a eu envie de pouvoir recueillir ces récits, ces témoignages éco-biographiques pour en faire un récit commun qui permettrait d'alimenter aussi une mémoire collective et donc que je diffuse dans le cadre de ce podcast en un battement d'aile. Du coup, je vais vous donner à entendre quelques petits extraits autour de la forêt.

  • Speaker #2

    Je me remémore les sentiers, marcher dans la forêt au petit matin. C'est un sentiment assez agréable, j'imagine un petit rayon de soleil. on voit plein de petits brouillards, de fraîcheur et de soleil qui pointent le bout de son nez. C'est le début d'une journée, et c'est agréable de se réveiller, d'émerger avec des petits bruits d'oiseaux. Merveillé par la beauté de la nature, par l'espèce de simplicité apparente. Quand j'ai été en forêt, j'ai cru voir un putois et c'était pas ça. J'ai été déçu et content parce qu'en même temps c'était un animal qui sentait mauvais. Moi, je pense que sur la nature, il y a des choses qui peuvent rester en place et qu'on ne doit pas toucher, qu'on doit laisser pousser, qu'on doit laisser révoluer, laisser la nature tranquille, essayer de ne pas la polluer. Wow wow wow ! On est au milieu de la nuit et je viens de me réveiller. Je suis avec trois amis et j'ai juste un sac de couchage posé sur un matelas de sol. Et il y a un ster qui brame et qui s'approche de nous. Et j'ai le cœur qui bat à 100 km par heure, qui est sur le point d'éclater tellement j'ai peur. Et il s'approche et on ne sait pas s'il va vraiment revenir vers nous. Et c'est un moment vraiment magique parce qu'en même temps on sent ce danger incroyable. On ne sait pas ce qui va se passer. Et en même temps on se sent très connecté à la nature. Et heureusement le cerf s'en va, il tourne un peu autour de nous en bramant. Et probablement qu'on était sur un endroit où il n'avait pas envie qu'on soit. Voilà une expérience en forêt.

  • Florence Gault

    Qu'est-ce que ça vous inspire, ces témoignages, ces récits ?

  • Arthur Auboeuf

    Ça me fait sourire, ça me fait penser à plein de choses que j'ai moi-même vécues, ça me donne envie d'aller dehors, très clairement. Je pense que c'est un médicament, la nature. Il faut vraiment qu'on réalise qu'on traite tout le temps les conséquences, on ne traite pas assez les causes. Dans nos sociétés, on a complètement appris que quand on était malade, quand on n'avait pas bien, il fallait un médicament ou qu'une énième technologie allait nous aider. Alors qu'il faut simplement juste qu'on se retrouve, qu'on repasse un peu du temps dehors. C'est le premier des médicaments. D'ailleurs, il y a une étude qui est sortie en Angleterre qui est assez fascinante, qui a été menée sur plus de 5000 personnes, 8000 personnes d'ailleurs, pendant plusieurs années. C'est une étude qui a coûté 6 millions de livres pour connaître l'impact du contact avec la nature sur les humains. Et la conclusion de l'étude, c'est qu'il faut prescrire médicalement la nature aux humains. Donc, ça n'arrête jamais. De toute façon, toutes les découvertes qui vont dans ce sens, elles sont logiques, mais ça fait du bien d'avoir des éléments factuels qui confirment ce qu'on ressent. D'ailleurs, il y a une chercheuse de Lausanne que j'ai rencontrée récemment aussi travaille sur le sens, donc le sentiment de sens de la vie pour un humain. Et donc, elle cherchait sur une palette d'énormément de facteurs, quels facteurs procurent le plus de sentiments de sens. Et en fait, ce qui procure le plus de sentiments de sens, c'est l'émerveillement, qui est principalement accessible dans la nature. Donc, tous les chemins mènent à la nature.

  • Florence Gault

    Alors, dans le livre, vous racontez vraiment tous vos souvenirs d'enfance, vos nombreuses rencontres avec des cerfs, des chevreuils. des piques et pêches, des sangliers, des lièvres et même un lynx boréal. Une fois, à l'occasion de vos balades en forêt ou en ski, vous racontez aussi les mars que vous avez pu construire en France derrière chez vous. Vous abordez aussi cette question de la solastalgie, ce sentiment de tristesse causé par la... perte de son habitat, de son refuge, de son lieu de réconfort, car vous voyez ces paysages de votre enfance aujourd'hui dégradés par les conséquences du dérèglement climatique. C'est quelque chose qui est là, très présent au quotidien, presque ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, c'est présent tout le temps. Franchement, moi, j'ai l'obsession du ré-ensauvagement. C'est vraiment ce qui m'intéresse. J'aimerais qu'on arrive à ré-ensauvager les territoires autour de nous, parce qu'il y a encore du potentiel. On voit qu'il y a des choses qui se passent et qui vont dans le bon sens. la forêt qui arrive à reprendre un peu, même si le dérèglement climatique lui fait très mal. Mais voilà, en montagne, typiquement, on voit les forêts arrivent encore à coloniser des espaces qui ne l'étaient pas, où la biodiversité revient très très vite. C'est assez fascinant de constater à quel point la nature est résiliente, et à quel point la biodiversité est capable de vite revenir. Et donc, j'essaye de me dire qu'on a du potentiel, il faut l'exploiter maintenant, parce que c'est possible de faire revenir beaucoup d'animaux, de recréer une belle biodiversité. Et en même temps... Typiquement, ici, en Haute-Savoie, ça construit non-stop, de partout.

  • Florence Gault

    Je me faisais la réflexion en arrivant.

  • Arthur Auboeuf

    Ça n'arrête jamais. Donc, en fait, c'est au-delà du dérèglement climatique. C'est l'emprise de l'homme qui récupère tous les territoires. Je discutais encore, je ne sais plus, il y a quelques jours, avec quelqu'un qui me disait, les renards, c'est quand même des nuisibles. Ils peuvent être jusqu'à plusieurs centaines de milliers. Mais on est 70 millions. On prend toute la place. Je veux dire, à un moment, il faut aussi qu'on s'applique à nous-mêmes. Alors, ce genre de théorie, parce que si on veut vraiment vivre en harmonie, On ne peut pas empiéter partout. Et d'ailleurs, aujourd'hui, c'est l'artificialisation des sols le premier problème pour la biodiversité. On casse tous les corridors écologiques. Le changement climatique va être un gros problème, mais ce n'est pas le premier facteur d'effondrement de la biodiversité aujourd'hui. Et on l'oublie, mais typiquement, avoir un terrain de 2000 m² clôturé et une maison de 300 m², En fait, ça ne va pas être compatible avec une planète qui reste habitable à 8 milliards. Il faut qu'on l'entende et il faut qu'on accepte qu'il faut mettre en commun les espaces sauvages et justement les laisser être sauvages.

  • Florence Gault

    Et puis en plus, ça conduit à l'amnésie environnementale. C'est d'ailleurs ce que, en partant un peu de ce constat que le philosophe Jean-Philippe Léron cherche à apporter comme solution au travers de l'écobiographie. Et effectivement, il y a un vrai travail, je crois, et c'est ce que nous, on essaie de faire avec cette planète. cette expérimentation au creux de mon arbre, l'écho du vivant, de pouvoir justement essayer de recréer aussi une mémoire collective autour de ce que devrait... être la nature ?

  • Arthur Auboeuf

    C'est clair, oui, on oublie très vite et même, j'entends souvent dire que c'est à l'échelle de génération que la génération précédente dit il y a plein d'oiseaux qui chantent autour de chez nous normalement, là il n'y en a pas, mais en réalité moi je constate qu'on vit ça même nous sur l'échelle de notre vie on a la mémoire très courte et moi le premier, on oublie à quel point la nature peut avoir été foisonnante à un moment et on peut peut-être par déni ou pour se rassurer se dire non, je pense que ça n'a pas tant changé que ça En réalité, ça change très vite et pour le coup, ça s'est mesuré, c'est calculé, c'est robuste. On le voit, l'effondrement de la biodiversité, il est extrêmement rapide. Donc, c'est difficile d'aller contre cette espèce de protection naturelle qu'on a, qui veut qu'on se rassure en permanence en se disant que tout va bien. Mais pourtant, il faut quand même qu'on regarde en face le fait que, ben oui, il y a moins de nature, il y a moins de biodiversité, c'est clair et net.

  • Florence Gault

    Et pourtant, le bonheur est tout le temps là, dites-vous. Vous êtes en nature, vous invitez d'ailleurs à ne pas chercher le bonheur comme s'il était ailleurs, mais plutôt de réapprendre à l'activer. On parlait du bonheur avec Corinne Morel-Darleux dans le premier entretien de cette série du mois de janvier. Et elle, elle disait se sentir au bon endroit, au bon moment, avec la bonne compagnie ou sans compagnie, si c'est une solitude choisie. C'est pour moi la définition du bonheur.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, ça me semble pas mal comme définition du bonheur. Après. Je pense que le bonheur, c'est un état profond et constant. C'est pas, et j'en parle un peu dans le livre justement, le plaisir qui lui, plutôt, va fonctionner par pic, où on va avoir des doses très fortes de dopamine, mais qui vont nécessiter d'augmenter à chaque fois les doses justement pour pouvoir accéder au même sentiment de plaisir. Le bonheur, je pense que c'est quelque chose qui s'installe progressivement. Ça demande du temps, ça demande du travail, ça demande de la patience, mais c'est quelque chose qui monte progressivement et qui est de plus en plus présent. Et on a un état stable. qui est difficilement ébranlable une fois qu'il est en place. Contrairement au plaisir, on est très versatile, on peut avoir une dose de plaisir énorme parce qu'on a mangé une glace et là, dix minutes plus tard, être en dépression au fond de son lit. Le bonheur, je pense que c'est un truc qui est peu ébranlable et c'est en ça que je trouve ça très puissant et c'est quelque chose qui se construit sur la durée. Et donc ça demande de la patience, mais on est dans une société du tout, tout de suite et donc c'est très difficile de travailler au bonheur. Pourtant, à la fin d'une vie, je pense que vraiment celui qui a réussi à monter en permanence son niveau de bonheur, progressivement, petit à petit, a vraiment un sentiment de satisfaction globale qui est beaucoup plus apaisant et beaucoup plus agréable que celui qui a eu des centaines de milliers de petits shoots de plaisir qui se sont suivis par un truc dans les abîmes de la tristesse. Et donc, je pense que la définition du bonheur, on me dit souvent, elle est propre à chacun. En fait, là encore, ça a été démontré, c'est faux. Le bonheur, c'est justement un état de... satisfaction globale qui est notamment liée à certaines hormones, comme la sérotonine, et qui est liée à la capacité à être dans un environnement qui nous fait du bien, et donc un environnement humain. Là, il y a des études énormes, par exemple, What Makes a Good Life, qui est une étude très connue, il y a un TEDx là-dessus, où c'est des chercheurs d'Harvard qui ont fait la plus longue étude, d'ailleurs, sur Terre. Pendant 80 ans, ils ont suivi des gens, et chaque année, ils ont regardé si ces gens étaient bien ou pas, ils ont fait toute une série de questions, et à la fin de l'étude, la conclusion, c'est ce qui fait une... bonne vie, donc ce qui rend heureux, ce qui nous permet d'être bien, c'est notre environnement humain principalement, mais pas que, c'est aussi notre environnement tout court, alors ça, ça paraît intuitif mais on l'oublie, vivre dans des murs en béton tout le temps où le seul truc qu'on a pour se divertir c'est des agressions publicitaires pour nous vendre des trucs, ça ne fait pas du bien, alors que passer du temps dans un environnement naturel, apaisant, beau, où on peut s'émerveiller, où on sait qu'on boit de l'eau de qualité, on respire de l'air de qualité... Et évidemment que ça contribue au bonheur. Et c'est fou de devoir redire ces trucs-là. Franchement, des fois, je me dis, mais comment c'est possible qu'on en sache pas ?

  • Florence Gault

    Et pourtant, c'est essentiel. C'est pour ça aussi que vous avez choisi de venir vous installer en Haute-Savoie, en pleine nature ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, il y a un peu d'égoïsme, c'est clair. Moi, j'ai vraiment la phobie de louper une belle journée, de louper un rayon de soleil, de louper un contact avec la nature. Et j'ai choisi, quand j'ai eu beaucoup travaillé avant, justement, en ville, derrière un écran, je me suis dit, en fait, non, Il faut le faire maintenant, parce que peut-être que dans 5 ans, tu seras mort. Et moi, je veux que chaque jour, je puisse aller dehors. Et c'est ce que je fais. Chaque jour, je vais dehors, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il grêle. Et chaque jour, je trouve ma dose d'émerveillement, de bonheur. Et ça me fait vraiment du bien. Et ça, c'est devenu un rituel. Mais il a fallu que je me l'impose. Parce que quand on est loin de tout ça, quand on n'a plus suffisamment régulièrement ce rappel fondamental du monde qui nous entoure, on l'oublie. En fait, tout simplement, quand on est vraiment au milieu des murs de béton, entre des écrans toute la journée, On oublie complètement ce que ça fait la nature. Et d'ailleurs c'est très long de le réapprendre et de le réactionner parce qu'on peut voir un beau paysage sans réaliser un beau paysage. réaliser un beau paysage, c'est un truc qui se réapprend, mine de rien, parce que justement, on passe beaucoup trop de temps à déconstruire ces choses-là, à être blasé de tout, à être incapable de prendre la beauté du monde. Et donc, c'est un vrai travail d'être capable d'être à nouveau actif. Et moi, j'aime bien utiliser l'expression de Jean-Claude Van Damme, il dit aware mais en fait, c'est ça, c'est être ouvert. Parce qu'on peut être dans un endroit merveilleux, qui peut avoir tous les pouvoirs du monde pour nous faire du bien. Si on est fermé, on va en tirer aucun bénéfice. Et si on est ouvert, si on est réceptif, il suffit d'un tout petit truc au milieu du chaos pour se sentir beaucoup mieux. Et donc je pense que je suis venu là d'abord pour conserver cette capacité à être ouvert à la beauté du monde et à tout ce que ça apporte.

  • Florence Gault

    Alors Arthur, on l'évoquait, vous vivez donc une enfance proche de la nature. Dans la nature. Dans la nature, oui, carrément. Sans pour autant vivre en marge de la société qui, petit à petit, vient vous rattraper au moment de l'adolescence et puis en grandissant. Vous intégrez une fac de sport. sans grande conviction. C'est là que vous rencontrez vos deux meilleurs amis, trois potes qui savent déjà qu'ils ne seront jamais profs de sport. Déjà, ça partait bien. Et c'est cette même année que l'entrepreneuriat entre dans votre vie. Il y aurait vraiment beaucoup de choses à dire sur votre parcours, mais c'est pour inciter les gens à aller lire le livre. On ne raconte pas tout. Mais en gros, à 22 ans, vous lancez votre première entreprise. Ça fonctionne plutôt bien. Ensuite, en vient une autre. Bref, vous entrez dans le monde entrepreneurial. Ça marche hyper bien, au point, clairement, de vous faire happer par le monde de la start-up. C'est un peu comme ça que je pourrais résumer en très condensé. C'est bien résumé. Et donc là, c'est une vie à 100 000 à l'heure qui démarre bien loin de l'enfance qu'on évoquait et des rencontres avec les sangliers, les lièvres et les piques et pêches.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, mais ce que j'aime bien, c'est un peu ce que je dis dans le livre aussi, mais comme tout le monde, j'étais réceptif à, j'ai presque envie de dire, la propagande de la réussite qu'on nous fait en permanence. Cette vision du succès très matérialiste, très basée sur des symboles. Finalement, il faut avoir l'air d'être, il faut donner le sentiment qu'on possède beaucoup, presque plus que de posséder, plus que d'être. C'est assez troublant. Ce monde-là de la start-up américaine, en l'occurrence, en plus, très lucrative, vient combler justement tous ces besoins qu'on nous crée, ce besoin d'avoir beaucoup, de gagner beaucoup d'argent, d'avoir des trucs très ostentatoires. C'est comme ça qu'on nous vend la réussite dans la vie tout le temps, depuis qu'on est petit. On ne se rend pas compte à quel point c'est partout et à quel point il y a une injonction à être cette version-là de l'humain, qui est épuisante d'ailleurs. Et donc... Comme tout le monde, je me suis laissé tenter par ça parce qu'en fait, on est un être social, on a besoin d'une certaine reconnaissance et aujourd'hui, les codes de la culture dominante et donc de ce qui apporte de la reconnaissance à des humains, c'est ça en fait. C'est cette hyper matérialité, le verbe avoir partout et être riche, fréquenter des stars, etc.

  • Florence Gault

    La fameuse anniversaire avec Snoop Dogg.

  • Arthur Auboeuf

    Tout à fait, l'anniversaire fréquenté de Snoop Dogg, tous ces trucs-là. C'est l'incarnation de la réussite. Et donc... Comme tout le monde, je me suis dit, ok, moi, ça m'intéresse d'aller voir puisque ça me tend les bras et je me retrouve un peu là-dedans par hasard. Donc peut-être que c'est ça la vraie réussite et c'est peut-être là que je vais me sentir vraiment bien. Et en fait, ce que j'ai eu vraiment la chance de vivre, c'est que ça a été très condensé, très vite, très jeune. Et donc, ça m'a permis de me rendre compte qu'en fait, c'était non seulement pas le truc qui m'apportait du bien-être et du bonheur au quotidien, mais qu'en plus, certes, ça donne le sentiment d'être une réussite, on va dire... De manière large, mais en fait, quand on fréquente les gens dans ce milieu-là, personne ne se sent en réussite parce qu'il y a beaucoup de gens en détresse. Et en fait, on ne sait pas trop ce qu'on fout là et pourquoi on fait ça. Et on a vraiment le sentiment d'être un hamster dans une roue, vraiment, en permanence.

  • Florence Gault

    Vous avez un peu de mal à ce moment-là avec la culture du c'est manger ou être mangé

  • Arthur Auboeuf

    Complètement. Alors ça, ça fait partie aussi du package. Clairement, c'est l'agressivité, c'est il n'y a que la loi du plus fort alors que ça ne fonctionne pas comme ça à la vie, en fait. C'est vraiment une déviance humaine, je pense, d'en être allé... d'être allé si loin dans ces mécaniques d'hyper-compétition partout, au détriment de tout le reste. Et donc, ça fait beaucoup de gens très fatigués, très perdus, qui ne savent pas trop ce qu'ils font là, qui se raccrochent comme ils peuvent au fait qu'ils ont les moyens de s'acheter des choses qui sont sympas, mais qui finalement se demandent à quoi sert leur vie. Et j'en étais de ces gens-là. Donc clairement, ça a été une expérience très riche. Je suis très heureux de l'avoir vécu, parce que je pense qu'on peut courir toute sa vie derrière ça. Mais finalement... Se prendre la baffe assez vite, c'est précieux. Parce qu'on se repose les vraies questions. Et on se demande ce que c'est vraiment réussir sa vie. Et donc moi, j'ai eu la chance de pouvoir comparer cette réussite-là, qu'on nous vend partout sur Instagram et à la télé, de la toucher un peu du doigt, modestement. Mais voilà, j'ai vendu une start-up, j'ai gagné plusieurs centaines de milliers d'euros, j'étais très bien payé dans cette start-up américaine, j'avais la chance de côtoyer des gens que tous mes amis idolâtraient sur les réseaux sociaux. Enfin voilà, il y avait tout tout calait dans le sens de cette fameuse réussite. Et pourtant, il y avait un espèce de grand vide. Et je pense que peu de gens osent l'avouer, honnêtement. Il y a encore beaucoup de gens de ces milieux que je continue de côtoyer et qui ont du mal à me dire, non mais c'est vrai, mais en fait, je vois que c'est vrai. Mais je pense qu'on a du mal, là encore, on est dans le déni très vite et on se dit, j'ai tellement donné pour avoir ça. Comment je pourrais finalement considérer que ce n'est pas ce dont j'ai besoin ? Et en réalité, si on est honnête avec nous, on voit bien que ce n'est pas ça. et donc finalement revenir ici dans un petit village de Ottawa où tout le monde n'en a rien à foutre de savoir qui je suis c'est peut-être la meilleure chose que j'ai pu faire pour mon bien-être et honnêtement ça je le ressens au quotidien je préfère mille fois parler avec des gens d'ici d'un chemin que je connais pas qui va vers un joli point de vue que je connais pas que de parler de la dernière paire de baskets à 400 euros que je sais qui a acheté et dont il est super fier mais qu'il peut même pas porter parce que si elles sont sales c'est la catastrophe rires

  • Florence Gault

    Et donc à un moment, on vous fait une proposition absolument incroyable avec un super salaire, des millions d'euros d'actions dans l'entreprise qu'on vous propose.

  • Arthur Auboeuf

    L'entreprise qui aujourd'hui est valorisée 4 milliards.

  • Florence Gault

    Voilà. Donc le Graal, c'est là où vous déclinez la proposition. Qu'est-ce qui crée la bascule en fait ?

  • Arthur Auboeuf

    J'ai encore pas vraiment réussi à expliquer. En fait, je pense que c'était que j'avais suffisamment touché du doigt le fait que j'allais rien trouver de plus à augmenter, à être dans le toujours plus. C'est ce que je dis dans le livre, mais en fait, l'argent ne nous libère pas de la roue du hamster. Ça nous permet d'acheter une roue plus grande. Alors, à chaque fois, je fais un peu attention parce qu'il y a l'argent et l'argent. Quand on est sous le seuil de pauvreté, en galère, il n'y a pas de débat sur ces questions. Il y a un stade de dignité à atteindre. Mais par contre, à partir d'un certain... niveau de revenu au-dessus de 10 000 euros par mois, honnêtement, qu'on en gagne 15 000, 20 000, 100 000, ça ne nous libère pas. En fait, si on reste dans cette logique où on est dans la rivalité ostentatoire, comme un auteur l'a appelé il n'y a pas longtemps, donc en fait j'achète des choses pour prouver à moi et aux autres que j'ai une certaine valeur, et donc peu importe mon niveau de revenu, je dépenserai la même proportion de mes revenus pour continuer dans cette même logique. En fait, on ne se libère pas. On est toujours dans une roue de plus en plus grande. Et j'en parle dans le livre, mais j'ai rencontré des milliardaires plusieurs fois, et notamment un milliardaire qui avait 2 milliards et qui me disait être un petit milliardaire, mais presque avec la larme à l'œil et hyper convaincu. Il me disait Moi, tous mes copains, ils sont vraiment milliardaires. Moi, je suis qu'un petit milliardaire. Mais t'es milliardaire, mec ! Ça ne s'arrête pas, en fait. Et le cerveau humain n'a pas cette configuration où il est capable d'avoir la limite. Donc ça ne... peut pas s'arrêter. Je suis assez convaincu qu'un Elon Musk qui a 500 milliards aujourd'hui, il a encore l'impression qu'il faut qu'il fasse plus. Parce qu'une fois qu'on est là-dedans, on n'en sort pas. Et donc moi, ce qui m'a fait prendre cette décision, c'est justement ce sentiment que j'allais plus pouvoir revenir en arrière. En fait, j'allais être comme tous mes potes, coincé là-dedans, dans un truc du toujours plus infernal, qui sur le papier a l'air chouette et qui donne envie. Franchement, ça donne envie à tout le monde. Mais je savais au fond de moi que j'allais rater ma vie. Franchement, c'est vraiment le sentiment que j'ai eu. Je me suis dit, mec, tu vas louper ta vie. Et ça ne dure pas longtemps. Et j'ai eu la chance d'avoir d'expérience avec des proches qui sont décédés et avec qui j'ai eu des discussions sur la vie, notamment mes deux grands-parents. Et franchement, ça m'a permis de vraiment réaliser qu'il ne fallait pas que je la rate, cette vie. Elle est trop courte, en fait. Et donc, c'est fou parce que la définition de réussir sa vie aujourd'hui, c'est la meilleure chance de rater sa vie. Et c'est vraiment ce constat-là qui m'a fait prendre cette décision. Puis j'aime bien la folie aussi. J'aime bien me dire, allez, je m'en fous. C'est tellement agréable. Franchement, je me rappelle encore de ce sentiment de dire,

  • Florence Gault

    ciao,

  • Arthur Auboeuf

    on drop tout. Je pense que certaines personnes qui sautent d'un avion pour faire de la chute libre ressentent ça. Moi, je l'ai senti en disant non à 15 millions d'euros. En fait, c'est ça le drop. Mais il a une telle valeur, une telle saveur, que ça vaut le coup quand même.

  • Florence Gault

    Comment se crée ensuite la rencontre avec, donc, à l'époque... Time for the Planet qui est devenu Team for the Planet. Et comment vous vous dites, bon bah ok, j'ai tout plaqué, je dis non à cette vie-là, mais du coup je passe, on peut dire que l'écart est très très grand. Comment on en arrive à se dire, je vais aller m'engager pour œuvrer pour la transition écologique ?

  • Arthur Auboeuf

    En fait, quand on se pose des vraies questions sur le sens de sa vie, sur ce qu'on veut faire et ce qu'on veut être, donc c'était vraiment ce moment existentiel que je traversais. On se demande à quoi on veut contribuer, à quoi on veut servir, au service de quoi on veut mettre le... peu de compétences qu'on a et le peu d'années qu'on a, parce qu'en fait, c'est comme ça qu'on se sent exister. Quand on se sent utile, vraiment. Enfin, on a l'impression que c'est des phrases toutes faites, mais c'est vrai. En fait, un humain qui ne se sent pas utile est dépressif. D'ailleurs, ça a été montré sur plein d'études sur les chômeurs. Il y a tout le temps des types pour nous dire qu'il y a des gens pour profiter de la société et rester au chômage le plus longtemps possible. La vérité, c'est que la plupart des gens qui ne se sentent pas contribuer sont dépressifs. Donc en fait, c'est là qu'il y a les plus gros taux de dépression. Donc le moment... où je me pose ces questions-là, forcément, je me les pose très fort, puisque je viens d'arrêter avec Thriller. C'était inconfortable, je veux pas mentir aux gens, quand on sait pas où on va, quand on est dans le flou de qu'est-ce que je veux faire ? Oui,

  • Florence Gault

    c'est pas un non qui est... qui se vit dans la joie et dans le...

  • Arthur Auboeuf

    Il y a la joie de sentir qu'on est aligné, franchement, de se dire t'es pas parti dans une direction où t'allais plus pouvoir revenir en arrière et en fait, t'as choisi d'être le Arthur que tu es vraiment. Par contre, Il y a le flou de dire que ça fait 10 ans que je suis cette voie toute tracée, qu'on voit partout et qui est valorisée partout. Là, maintenant, il faut que je trouve la voie de ce qui me convient vraiment dans une société qui ne me propose pas d'options. Parce que la seule option, c'est de devenir riche le plus possible, obtenir le plus de trucs possibles, et soyez matérialiste. En fait, dès qu'on sort de ça, il n'y a pas tant de schémas que ça. On peut aller devenir moine bouddhiste, en gros. Mais ce n'était pas vraiment vers ça que j'avais envie de m'orienter. Ah bon ? Et donc, j'ai travaillé sur le sens de ce que je voulais faire. Et donc, j'ai vraiment réalisé, c'est toujours dans les notes de mon téléphone, j'avais écrit à ce moment-là, en fait, quelle est ta raison d'être ? Le fameux mot de l'entreprise. Mais quand on se pose la vraie question, c'est quoi ta raison d'être ? Pourquoi tu veux exister s'il y avait un truc que tu voulais vraiment faire ? Et donc, moi, ma raison d'être, elle était évidente. C'était, en tout cas à ce moment-là, contribuer à ce que l'humanité aime à nouveau la nature, le monde vivant. que l'humanité réalise à quel point on est en train de passer à côté du plus grand fondamental de l'histoire humaine, c'est-à-dire le contact avec le vivant, avec la nature, parce que c'est ça qui nous fait du bien. Et donc, je voulais contribuer à rendre à nouveau sexy la nature, le rapport avec le vivant. Ça a été vraiment ça. Et je me rappelle avoir écrit aussi, je ne veux plus de ce monde de business froid, ça ne m'intéresse plus. Et donc, à ce moment-là, il y a eu une grande période de plusieurs mois où je me disais, d'accord, mais concrètement, qu'est-ce que j'en fais de ça, moi ? Et il y a un truc qui s'appelle l'ikigai qui est intéressant, qui dit qu'il faut relier un peu sa raison d'être avec ce dans quoi on est bon. Enfin voilà, il y a trois trucs. Je ne sais plus quel est le troisième. Il y en a un autre aussi,

  • Florence Gault

    je ne sais plus.

  • Arthur Auboeuf

    Je ne sais plus, mais bon voilà, les auditrices et auditeurs trouveront facilement. Vous avez tapé ikigai. Et donc je me suis dit...

  • Florence Gault

    Je suis plutôt bon quand même pour créer des communautés, des entreprises. C'est un truc, voilà, je n'avais pas prévu de faire ça moi. J'étais en fac de sport, ça m'est tombé dessus, je m'en suis bien sorti, j'ai beaucoup appris. Je pense que j'ai la capacité à être assez résilient, à prendre vite des baffes et à comprendre vite. Donc, je vais quand même utiliser ce truc parce que finalement, j'ai aussi pris plaisir à développer des projets, à être capable de faire parler d'un truc, à le faire connaître, à embarquer des soutiens autour. C'est agréable de créer une communauté humaine qui se retrousse les manches ensemble et qui se dit ok on a un objectif commun, on va essayer de trouver des moyens de faire en sorte qu'on arrive à avancer vers cet objectif. Et donc en essayant de rejoindre tout ça, j'ai commencé à créer un truc qui s'appelait Optimiste. Donc voilà c'était Team for the Planet mais ça s'appelait Optimiste et j'ai vu un ancien, on va dire un co-worker, on avait des bureaux ensemble à Lyon. qui était complètement dans la startup nation aussi et avec qui on n'avait jamais discuté de nos envies de faire quelque chose d'utile. Enfin voilà, on était comme tout le monde à se parler de ce qui était stylé. Donc voilà, t'as levé combien ? On a eu question de merde de la startup. Et finalement, lui, il avait fait pareil. Il avait tout lâché parce qu'il s'était rendu compte que, donc lui, il faisait du référencement sur Google, que mettre des mecs premiers sur Google, il n'en avait rien à foutre. En fait, ce n'était pas du tout le but de sa vie et qu'il était en train aussi de rater l'intérêt même de sa vie. Et donc il avait commencé avec un de ses amis, deux de ses amis, à monter Time for the Planet. Maintenant, je n'arrive plus, mon cerveau a switché. Et c'est à ce moment-là qu'il m'a vu commencer à monter ce truc. Il m'a dit, attends, viens, nous, on est en train de bricoler un truc. On fait la même chose, en fait. Là, il faut qu'on le fasse ensemble. Ils avaient besoin de ma compétence. J'avais besoin de les leurs. Et du coup, voilà, les choses se sont alignées très vite.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, comme ça. Ce qui nous a donné beaucoup de... Ce qui a en fait vraiment scellé le truc, je pense, c'est qu'on a... très vite constaté que tout le monde avait sacrifié quelque chose entre guillemets en tout cas sacrifié un truc de du monde du monde matérialiste il était plusieurs à avoir des enfants qui venaient de naître et ils avaient quitté des postes extrêmement bien rémunéré enfin voilà laurent il était dg d'un truc de cabinet de comptable avec 400 employés il gagnait très très très très bien sa vie il a tout arrêté pour se lancer là dedans enfin voilà chacun s'était vraiment aligné avait fait un peu un saut dans le vide et c'est ça qui nous a donné je pense, qui a créé le ciment et qui nous a donné la force de vraiment faire un truc ensemble, on ne se connaissait pas.

  • Florence Gault

    Team for the Planet, donc vous soutenez financièrement des entreprises pour leur permettre en fait que leurs innovations voient le jour, des innovations au service de la transition écologique et sociale.

  • Arthur Auboeuf

    Ouais, alors là, c'est dans les grandes lignes, c'est ça, mais pour que les gens comprennent, parce que ça, il y a plein de fonds d'investissement qui font ça, il y a plein de trucs, mais en fait... Nous, le constat initial, c'est déjà qu'on avait envie d'agir en tant que citoyen, on voyait que c'était difficile de le faire et on se demandait comment on pouvait avoir un impact sur les structures profondes du monde dans lequel on vit. Et une conviction qu'on avait, c'est que l'entrepreneuriat est un outil qui permet de toucher à ces structures. Sans avoir besoin d'être président de la République, sans avoir besoin d'être milliardaire, c'est assez génial parce que n'importe qui, avec même pas vraiment des moyens, par l'entrepreneuriat, peut aller faire un truc qui transforme en profondeur, de manière systémique, des choses qui ont aujourd'hui un impact sur nos vies dans le monde entier. Nous, on avait cette conviction de la puissance de l'outil, mais on ne savait pas trop comment le prendre. Le problème, c'est que le verre est dans le fruit. Les règles du jeu de l'entrepreneuriat aujourd'hui sont dans le toujours plus, sont dans l'hypercapitalisme, sont dans l'hyperlibéralisme. Et donc, si tu réentreprends, même pour faire un truc bien, sans changer les règles de ce jeu, en fait, tu vas juste finir par avoir des externalités négatives liées aux règles du jeu. qui vont être plus importantes que les externalités positives de ce que tu essayes de faire. Et ça, c'est un truc qu'on ne voulait absolument pas revivre. Donc, on a discuté avec beaucoup de scientifiques parce qu'on voulait essayer de faire les choses bien. Et souvent, les scientifiques ont une approche intéressante. Il y a une méthode scientifique, c'est un truc rigoureux. Et donc, on a eu la chance très vite de rencontrer Jean Jouzel, qui a été le parrain de Team for the Planet et qui nous a dit, en fait, il y a un vrai sujet aujourd'hui, c'est que la plupart des initiatives dont on a besoin pour faire la révolution écologique sont déjà là. Elles existent déjà, mais elles ne sont pas déployées pour deux principales raisons. La première, c'est que... Ceux qui portent ces innovations sont des ingénieurs, des scientifiques, des chercheurs, donc pas des entrepreneurs. Et eux, en faire une entreprise qui se déploie avec un modèle économique, qui recrute, etc., ils ne savent pas faire. Et la deuxième, c'est que le monde financier ne finance pas ces initiatives parce que ce n'est pas des machines à cash hyper lucratives. Ce sont des initiatives qui peuvent vraiment changer le monde et avoir un impact considérable sur nos vies. Mais aujourd'hui, le monde économique, comme il est fait, a l'obligation d'avoir des... standards de rendement financier colossaux à très court terme et donc ces initiatives qui peuvent tous nous sauver ne correspondent pas aux standards du monde financier. Donc, pour ces deux raisons, alors qu'on a toutes les solutions, on ne les déploie pas. Et donc, ce que fait Team for the Planet, on est un grand mouvement citoyen, n'importe qui peut participer à partir d'un euro. La force de notre modèle, c'est que les gens ne viennent pas dans une perspective lucrative, donc ils sont associés, investisseurs, c'est pas un don, mais ils n'attendent pas de retour financier. Ils attendent un retour... climat, donc des tonnes de CO2 évitées grâce à leur argent, et grâce à l'absence de retours financiers demandés par les actionnaires, en fait, on a une capacité d'investissement qui n'a rien à voir avec le monde économique traditionnel. Nous, on peut aller les faire, ces innovations. Évidemment, il faut qu'elles soient rentables, il faut qu'elles aient un modèle viable pour se déployer, embaucher des gens, grandir et changer nos vies. Mais aujourd'hui, ce que le monde économique demande aux initiatives, ce n'est pas d'être rentable, c'est d'être des monstrueuses machines à cash. Et donc, ça implique un développement de la structure qui est néfaste. Et donc, nous, on s'est dit, on va se donner le luxe absolu grâce à une communauté de gens qui investiront pour les bonnes raisons. de pouvoir investir, même s'il y a une rentabilité tout juste. Parce que si elle a un impact et qu'elle doit exister pour le monde, il faut qu'elle puisse exister. Et donc, Team for the Planet, non seulement on investit grâce à cette communauté, mais on va aussi recruter un entrepreneur expert qui a déjà monté des boîtes avant, l'adjoindre à l'équipe des innovateurs, donc les mettre ensemble, créer un binôme entre un Steve Wozniak et un Steve Jobs, si tu veux. Et ensuite, quand on a mis ensemble ces gens-là, apporter toute la puissance de la communauté. Donc aujourd'hui, il y a 128 000 personnes qui ont investi. Et ces gens-là, en plus d'avoir investi, ils ont un réseau incroyable. Ils sont capables de nous aider à trouver des clients très, très vite, à recruter des talents, à obtenir des rendez-vous. Et donc, c'est une grande équipe d'Avengers qui vient donner tout ce dont a besoin une initiative qui doit exister pour qu'elle puisse exister.

  • Florence Gault

    Combien de projets accompagnés ?

  • Arthur Auboeuf

    14 projets pour l'instant. Donc, ça commence à être chouette. Et surtout, là, maintenant, ça fait 5 ans maintenant et on voit vraiment les résultats sur les premiers projets. On est vraiment très satisfaits. Très honnêtement, on…

  • Florence Gault

    On n'était pas sûr que ça puisse... C'est quoi justement les critères un peu de succès, entre guillemets ?

  • Arthur Auboeuf

    Par exemple, Beyond the Sea, pour expliquer et que ça soit très concret, c'est Yves Parlier, le navigateur du Vendée Globe, donc typiquement pas un entrepreneur, qui maîtrise parfaitement les vents, qui lui s'était rendu compte que la marine marchande, si c'était un pays, ça serait le sixième plus gros pollueur du monde, et qu'il fallait absolument qu'on décarbone la marine marchande. Mais que tous les gros armateurs se cassaient les dents, et par exemple, CMACGM a dépensé des milliards pour tester... des navires alternatifs avec d'autres carburants, de l'hydrogène, etc. Ça ne marche pas. Et lui, il s'est dit, mais en fait, le vent, c'est une super solution. Simplement, si on réutilise le vent comme on le faisait à l'époque des bateaux à voile, on va passer complètement à côté de tout ce qu'on a appris sur les vents ces dernières décennies. Parce qu'on sait que les vents en haute altitude sont beaucoup plus puissants, beaucoup plus constants. Il y a un facteur de traction de 10 fois ce qu'il y a quand tu es sur un bateau à voile traditionnel. Et donc, il s'est dit, quel système de traction Vélix je pourrais mettre sur pied pour décarboner la marine marchande ? avec toutes les contraintes qu'elle a aujourd'hui. Et donc lui, il a inventé le SeaKite. Donc c'est une sorte de grand cerf-volant, on va faire ça très simple, de grand kitesurf en gros, qui monte en haute altitude, plusieurs centaines de mètres d'altitude, qui fait des 8, qui est piloté par un logiciel intelligent, et qui vient réduire d'au moins 20% la consommation de carburant des navires. Mais ça, c'est la théorie. Parce que quand nous, on est arrivés, certes, il y avait des super modèles mathématiques, des super modèles informatiques, il avait vraiment bossé son truc, ça faisait 7 ans qu'il bossait là-dessus. Par contre, dans la pratique, il n'y avait rien. Il y avait une voiture tirée par un truc de 9 mètres carrés sur une plage. Bon, fallait y croire. Nous, on est arrivés, on a proposé ça à la communauté Team Forte Paillettes, parce qu'il faut que notre communauté accepte. On leur a montré toutes les avancées qu'il y avait théoriques et on leur a dit, nous, typiquement, c'est un pari. Si on va chercher un très bon entrepreneur, on y croit. On est allé chercher Marc Tiampon, qui est un super entrepreneur qui vient justement du monde des armateurs. Il est arrivé, il a dit, dans 6 mois, il y a un bateau à l'eau avec une voile de 25 mètres carrés et il coulera dans le port s'il le faut, mais on passe dans la vie réelle. Le bateau n'a pas coulé, on a fait 25 mètres carrés, on a réussi, ça a pris quelques mois, à faire voler la voile. à réduire de 20% la consommation et à avoir un logiciel intelligent qui fonctionnait sans que la voile tombe à l'eau, etc. On est passé sur 50 mètres carrés, ça a été deux fois plus vite pour que la 50 mètres carrés fonctionne. On est passé sur 100 mètres carrés, ça a été encore deux fois plus vite. Là, on a commencé à avoir des clients, donc des bateaux de plaisance qu'on commençait à acheter parce qu'en fait, ça marche. On a signé deux partenariats de co-construction avec des grands armateurs à l'échelle de gros navires. Là, on est sur des voiles de 200 mètres carrés maintenant et l'armée a signé avec Beyond 2C. Il y a... Des dizaines d'acteurs sur la traction Vélique, il y a des très gros groupes industriels qui ont essayé de le faire, ils n'ont pas réussi, ils ont dépensé énormément d'argent. Nous, parce qu'on a apporté toute la communauté de Team for the Planet, l'entrepreneur et un modèle d'investissement qui ne met pas du tout les ingénieurs dans la même perspective et la même démarche, nous, ils travaillent pour que ça marche. Ils ne travaillent pas pour faire du cash, ils travaillent pour que ça marche. Et si ça marche, ça sera rentable et ça sera viable. Mais ça ne sera peut-être pas une vache à lait. Par contre, ça peut décarboner 0,7% du CO2 mondial, juste Beyond the Sea, tout seul. Donc cette innovation... elle doit exister. Si Beyond the Sea équipe les 100 000 bateaux de la marine marchande, en gros, il décarbone les émissions de la taille d'un pays comme l'Egypte. Donc, évidemment qu'il faut le faire. Et donc, maintenant que l'armée est en train de déployer Beyond the Sea, on se dit, mais c'est colossal ce qui vient de se passer. Ça s'est passé en 3 ans. Et donc, nous, on croit beaucoup au modèle et on n'y a jamais autant cru que maintenant qu'on voit les résultats. Et ce qui est fou, c'est que, voilà, Beyond the Sea, c'est un truc qu'on n'y a pas mis des milliards, on y a mis 4 millions. Mais pourtant, ils sont en train de réussir un pari de dingo. Et on le voit sur plusieurs de nos innovations. Et on se dit, mais putain, en fait, déjà sortir les initiatives de l'hyperpression capitaliste, ça leur permet de se concentrer sur le fait que l'innovation fonctionne. Et ça change beaucoup, beaucoup de choses dans l'approche de l'équipe, mais aussi dans les chances de succès. Et après, nous, Team Forte Planète, on a aussi une autre cartouche, c'est qu'on met les boîtes en licence libre. Donc en gros, on fait en sorte qu'elles puissent être répliquées partout dans le monde. Donc, gratuitement, en échange de quoi les acteurs qui répliquent, qui utilisent la licence libre, doivent nous repartager leurs propres améliorations. Donc, ça mutualise la R&D, ça permet d'atteindre la maturité des innovations beaucoup plus vite. Tout à fait. Et nous, ça nous permet de collecter les tonnes de CO2 évitées par toutes les initiatives qui se déploient grâce à la solution, mais aussi de garantir qu'elle ne va pas disparaître. Parce qu'en fait, c'était un constat qu'on faisait au début. Énormément de grands groupes mettent la main sur des très belles solutions qui sont en train de réussir. Et en fait, ils les tuent. Ils les tuent dans l'œuf, mais pas par volonté. Parfois, oui, mais rarement, juste par mauvaise gestion. Parce qu'ils reviennent avec cette matrice ultra capitaliste de ça doit être rentable très vite, très court terme, etc. Et ça tue ces boîtes. Et donc, c'est fou parce qu'en fait, des projets comme ça, il y en a des milliers. Rien que nous, on en a reçu plus de 2000. Ils sont là. Ils sont prêts à passer à l'action. Qu'est-ce que le fait de vous engager dans Team for the Planet, ça vous a apporté personnellement ?

  • Florence Gault

    Ah, de l'inquiétude. Franchement, c'est un truc que j'ai senti très vite Déjà, encore aujourd'hui je suis content Là je suis en vacances actuellement par exemple Et en vacances, on se pose la question Voilà, ça fait du bien, on prend un peu de recul avec son activité On se dit, est-ce que c'est toujours ce que j'aime faire Ce que je veux faire, et je me rends compte que Je vois pas de truc plus utile en fait Là, à l'heure actuelle, je ne vois pas ce que je peux faire de plus utile Et en plus, ça m'a donné un cadre de vie Qui est cohérent Si on était dans un truc où on court comme des tarés A droite, à gauche On serait peut-être pas aussi cohérents dans l'approche de Team Forte Panette, on n'aurait pas la même capacité de réflexion, on serait peut-être réappé par le logiciel, on va dire, dominant. Et en fait, moi ça m'a permis justement de venir ici, de reprendre un peu de temps pour moi, d'avoir des vrais moments justement de connexion avec la nature, de prise de recul, et d'avoir une activité économique qui fonctionne quand même et qui est pérenne. Par contre, je ne serai jamais millionnaire. Mon salaire il est capé à 4 fois le SMIC, mais c'est déjà tellement suffisant en fait. Donc c'est un choix, c'est le choix de sortir du toujours plus, mais ça m'offre tellement de trucs plus importants à côté et donc ça je le sens, je le vis maintenant et c'est génial, on est devenu amis avec les cofondateurs, je crois que ma plus grande satisfaction chez Team for the Planet c'est l'équipe franchement c'est des gens extraordinaires mais vraiment et je les admire tous ils sont fous, non seulement ils sont gentils, dévoués mais en plus c'est des gens bien et c'est des gens avec qui je passe du bon temps j'ai un sentiment d'amitié et en plus je les vois devenir bon. Enfin, vraiment, il y en a, je me dis, c'est la relève, elle est là, quoi. Non, c'est un plaisir. Enfin, honnêtement, il n'y a pas du tout ce truc de requin qu'il y avait dans les startups avant. On était 400 en deux ans, mais tout le monde voulait la place du N plus 1 et se bouffer la gueule pour ça. Ça n'existe plus, ça. Et c'est un bonheur de pouvoir avoir ce sentiment d'être dans un environnement sain à tous les niveaux, quoi. Donc, pour l'instant, ça m'a apporté énormément, quoi. Et puis, en plus, putain, c'est cool, quoi, d'y croire. Non, mais c'est pas évident de lancer une boîte et d'y croire. Au début c'est dur, on se dit est-ce que ça va marcher ? Et nous on a toujours été assez honnête avec les gens, on a dit on prend le pari avec vous, venez prendre le pari, mais on sait pas. Et là, putain j'y crois quoi. Non mais c'est vrai. Merci.

  • Arthur Auboeuf

    Bon Arthur, et après ? Dans votre livre, vous dites, pour éviter de se flinguer et de flinguer, posons-nous cette simple question, et après ? Alors je vous la pose, et après, qu'est-ce qui se passe ? D'ailleurs, ça fait écho au livre de Flore Vasseur, la réalisatrice du documentaire Bigger Than Us, et maintenant, que faisons-nous, qu'on a reçu juste avant vous, 15 jours avant vous, en un battement d'ailes ? J'aime profondément cette question, c'est aussi la question fondamentale du journalisme de solution. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    Oui, carrément, déjà, le bonjour à Flore. On est très en phase sur les réflexions autour de ces sujets. Alors là, pour le coup, c'est un peu plus la thématique du livre, mais pour moi, le après, déjà, c'est d'être capable de se reposer les grandes questions en tant qu'humain. Je pense que c'est ça, mais ça, c'est après tous les jours, en fait. C'est qui j'ai envie d'être ? Qu'est-ce qui est vraiment important pour moi ? Donc ça, c'est un truc, je pense, c'est la boussole du et après parce qu'on en manque cruellement de boussole aujourd'hui, et je pense que là, on rentre dans un monde qui n'a jamais autant tangué, donc si on peut garder ces boussoles-là, c'est important. Et après, moi, personnellement, mon et après il est assez évident, je sais que je voudrais faire ça jusqu'à la fin de ma vie, enfin, en tout cas... m'impliquer pour que on puisse partager cette planète et passer de vulgaire exploitant à gardien. Je trouve que c'est le moment excitant de l'histoire humaine qu'on vit aujourd'hui. On passe quand même d'une époque où on était un peu dans le flou, on se rend compte qu'il commençait à y avoir des problèmes, on a un peu du mal à savoir de quoi ça vient, on comprend mal, à une époque où ça y est, on comprend parfaitement, en fait on connaît les limites de cette planète, c'est assez génial de pouvoir connaître de manière très précise. la mesure et les capacités de régénération de la planète sur tout un tas d'éléments, il n'y a pas que le climat, il y a plein d'autres choses, on a une vue d'ensemble et on est une société mondialisée, et donc moi je crois beaucoup à ce truc de l'humanité qui passe, en tout cas maintenant on a imposé cette responsabilité parce qu'on est 8 milliards, parce qu'on est hyper développé, d'être gardien, et donc moi c'est ça qui m'excite, c'est ça le et après que j'ai envie de voir naître, c'est dans ce monde-là que j'aimerais vieillir, un monde où l'humanité passe petit à petit vers un rôle de gardien, en se disant bah en fait... C'est ce que disait Peter Drucker, il disait You can't manage what you can't measure En fait, maintenant qu'on mesure, on peut manager. Alors le terme n'est pas très beau, mais on peut avoir cette capacité qui donnera du sens à l'aventure humaine. Parce que jusqu'à maintenant, l'aventure humaine, quel sens elle a ? À part d'être justement la bactérie qui se développe et qui est dans le toujours plus. On peut passer de virus à système immunitaire, c'est ça qui se joue aujourd'hui. Et moi, je trouve ça très excitant, système immunitaire, parce que justement, on mesure, on sait. On sait très exactement ce que cette planète incroyable est capable de faire. et on sait très exactement où sont ces limites. Donc on peut s'organiser en tant que société pour justement s'assurer que ces limites ne soient pas dépassées, qu'on reste dans le champ de ce que la planète est capable de faire et qu'on développe une prospérité liée à ça. Et ça ne veut pas dire que c'est le Moyen-Âge. La prospérité liée à ça, moi je pense qu'elle sera bien plus agréable et c'est justement ce dont je parle dans le livre, je dis n'essayez pas d'être écolo, essayez d'être heureux, parce qu'en fait on touche à un truc fondamental que l'humain n'a pas encore réussi à atteindre, c'est le bonheur sincère pour la plupart des humains. Là aujourd'hui on est... On est tous un peu dans une rat race. Et ce qui est fou, c'est de voir que même les décideurs, ceux qui nous semblent être ceux qui profitent de la rat race, sont dans la rat race. Donc on est vraiment dans une course en avant. On est tous perdus. C'est un truc de dingue. Et évidemment qu'on perd pied là-dedans. Il n'y a personne qui sait où on va. Mais si on se redonnait une boussole puissante, et je pense que cette boussole est quand même suffisamment puissante, d'être les gardiens, d'avoir cette responsabilité d'être les gardiens de la Terre et du reste du vivant, c'est une grosse responsabilité. Mais je pense qu'on est obligés de l'endosser aujourd'hui. Parce que de toute façon... C'est un couteau à cran d'arrêt, là. On est tellement partout, on a tellement développé de trucs. Je crois que ça ferait beaucoup de bien à l'humanité d'être capable de se projeter dans cette mécanique-là, dans cette logique. Et ça donnerait envie à plein de gens de se lever le matin et d'aller travailler. Parce qu'aujourd'hui, quand on dit Va travailler 100 000 heures dans ta vie jusqu'à ce que tu sois vieux, comme un fou furieux, pour en plus flinguer tout ce qui te fait du bien, les écosystèmes, les beaux paysages, l'air que tu respires, l'eau que tu bois, etc. Oh là là, quelle dissonance, quoi ! Ha ! c'est pour ça que le meilleur est à venir en un seul mot pour moi le meilleur est à venir parce que on n'aura pas d'autre choix que de réaliser qu'en fait on se trompe de bonheur et on est en train de réaliser qu'on se trompe de bonheur et ça tous les indicateurs qui vont dans le mauvais sens donc santé, santé mentale mais pas que justement les indicateurs sur le bonheur il y a des endroits où on mesure le bonheur le bouton, le bonheur national brut mais pas que, en France aussi on le mesure, on le sait pas mais il y a une mesure de ça, tous ces indicateurs s'effondre. Le sens, justement, est particulièrement au travail. Et donc, je pense que même si le monde, le vieux monde s'accroche, et on le voit qu'il s'accroche comme jamais en ce moment, et tente le tout pour le tout pour qu'on maintienne ce modèle hyper-prédateur, en face de ça, il y a une force surpuissante qui arrive, qui est le besoin de traverser cette vie de manière heureuse, en fait. Parce qu'on ne naît pas et on ne traverse pas ces vies pour être une espèce d'esclave d'une grande machine dont on ne comprend pas le sens.

  • Arthur Auboeuf

    Et en même temps, ça, c'est de la version un peu optimiste, effectivement. D'ailleurs, vous invitez, en sous-titre du livre, à se réconcilier avec l'optimisme. Et là, on le voit bien quand même qu'il y a une espèce d'ambiance de plomb, on le perçoit dans la société. Je trouve qu'il n'y avait qu'à regarder, effectivement, sur les réseaux sociaux, les gens qui délivraient leurs voeux en ce début d'année. On ne peut pas dire que le cœur était particulièrement à la fête, notamment après la crise politique qu'on a pu connaître, nous, en France, ces derniers mois. Quand on regarde le contexte mondial et géopolitique, les sources d'optimisme sont quand même assez réduites. D'ailleurs, on vous pose régulièrement la question en conférence. Vous le dites, comment c'est encore possible d'espérer et d'essayer dans un monde qui semble partir intégralement en sucette ? Et vous répondez par, mais en fait, la question, c'est de savoir qui l'on veut être.

  • Florence Gault

    Oui, complètement. En fait, ça commence par là. On a tellement l'habitude de regarder les problèmes du monde partout et tout le temps, c'est normal, parce qu'on est dans un monde hyper connecté. Certes, il y a plein de choses qui vont dans le mauvais sens, mais il y a aussi plein de choses qui vont dans le bon, et je pense que le début de la chose, c'est déjà moi, à mon échelle, qu'est-ce que je peux faire en moi ? Parce que si je pars dans ce fatalisme et cette morosité ambiante, je vais contribuer à ça. C'est comme quand on est dans un bouchon, on peut dire je suis pris dans les bouchons, ou je contribue à un bouchon. Et donc, avant de se dire, tiens, ça fait chier, il y a des bouchons partout, on peut aussi se dire, la prochaine fois, je vais y aller en marchant, ou en vélo, ou autrement. et en fait cette fois moi je l'aurai pas le bouchon il existera toujours mais par contre je n'y contribuerai plus et ça me fera du bien parce qu'en fait je serai pas en train de ronchonner dans mon bouchon c'est la même chose la situation qu'on est en train de vivre au niveau mondial on peut rester dans ce grand bouchon à gueuler ou dire je vais commencer par sortir du bouchon ça me fera du bien personnellement et puis après si le bouchon continue j'aurai fait de mon mieux pour ne plus y contribuer et si à force de ne plus y contribuer par millions le bouchon s'estompe tout le monde y gagnera Je pense que c'est un peu ce qu'on est en train de vivre maintenant. Après, je suis aussi assez lucide sur pas mal de choses. Je sais que malheureusement, les intérêts aujourd'hui dominants sont les intérêts de ce qui est très prédateur. Et du coup, les moyens de l'économie prédatrice sont colossaux, n'ont jamais été aussi importants. Mais en même temps, les dégâts qu'elle commence à causer finiront forcément par nous rattraper. Alors espérons que le point bas ne soit pas trop bas. Mais moi, j'ai quand même toujours ce truc, et je crois que c'est ça, mais c'est peut-être génétique, l'optimisme, mais je me dis, à partir du moment où on aura atteint le point bas, et qu'on commencera à repartir vers le haut, même si le point bas est très très bas, en fait, ce sera délicieux de se dire, ça y est, ça réaugmente. C'est un peu comme quand les jours se mettent à rallonger. En fait, ils rallongent de quelques microsecondes au début, mais c'est pas grave, ils rallongent. Donc psychologiquement, ça crée quelque chose de satisfaisant. Et puis après... Oui,

  • Arthur Auboeuf

    on peut se réconcilier avec l'optimisme tout en étant dans la lucidité. C'est un peu ce que... nous inviter d'ailleurs à faire Corinne Morel-Darleux dans l'entretien en début de mois, où en fait elle disait qu'elle a un peu de mal avec la notion d'espoir, d'optimisme, etc. Mais qu'il est essentiel et primordial de regarder les choses avec lucidité.

  • Florence Gault

    Il ne faut pas être naïf, on est tous d'accord, il faut avoir conscience de la situation comme elle est. Mais par contre, en fait, on ne fait qu'aggraver les choses en se disant, oh non, l'optimisme, je ne dis pas qu'il faut être un optimiste BA, complètement déconnecté. D'ailleurs, ce n'est pas ça l'optimisme. Pour moi, ce n'est pas ça. Il y a une confusion de définition. Mais par contre, se dire je ne vais pas venir rajouter du mal au mal en fait, c'est stratégique. Parce qu'on a besoin d'avoir une direction qui nous enthousiasme et on a besoin d'une énergie. Il faut que ça ait l'air mieux si on veut que l'humain bouge. C'est ce que j'appelle l'entropie humaine. Si ça a l'air moins bien, évidemment qu'on va se laisser sombrer tous ensemble. Mais par contre, la chance qu'on a, c'est que c'est mieux, en fait. Le monde de demain... est mieux à tous les niveaux. Et donc ça, on le voit et maintenant c'est documenté. Là où on a justement des forces parasites qui veulent nous faire penser que c'est le Moyen-Âge, que c'est des cascades de contraintes et de privations, en fait, les gens commencent à se rendre compte de plus en plus que c'est justement sortir de cette roue du hamster qui ne nous rend pas heureux, qui nous épuise, qui nous enlève le sens, qui nous rend malades en tant que société et en tant qu'individu. Et donc là, le fait de sortir de la roue du hamster, c'est d'abord une libération pour nous. Et ensuite, ça aura... plus la conséquence géniale de faire en sorte que cette planète reste habitable. Mais en fait, faisons-le d'abord pour nous. Et donc c'est pour ça que je dis qui on veut être. Et je pense que on a tous envie d'être heureux. C'est un peu l'épitaphe de plein de gens. Enfin voilà, je pense que la plupart des gens se disent quand on leur demande qu'est-ce que tu veux dans ta vie ? Être heureux. Et donc là, on a une super solution pour être heureux. Et heureuse coïncidence, cette solution qui nous rend heureux va aussi faire en sorte que le monde reste beau. Et donc c'est un cercle vachement vertueux parce que plus le monde sera beau, plus on sera facilement heureux. Et donc moi, je ne suis pas dans un optimisme à dire tout va bien aller, vous inquiétez pas, il n'y a rien besoin de faire, je passe ma journée à agir pour essayer de proposer un plan B Par contre, j'ai un optimisme d'une certitude absolue que le plan A va devenir répulsif en fait pour tout le monde. Ce plan A va nous épuiser tous, va être insupportable en fait pour la plupart des humains. Et donc si le plan B auquel... plein de gens contribuent, nous avec Team Forte Planète et plein d'autres, finit par être sexy, je crois quand même qu'un jour les gens vont dire, bon en fait, il faut que le plan A c'est bon. Non mais c'est vrai, je crois à ça. Maintenant, l'avenir nous dira ce qui se passe. Mais dans tous les cas, j'aurais au moins gagné ces secondes à être plus heureux parce que je me sens dans une démarche qui va dans le bon sens.

  • Arthur Auboeuf

    Le meilleur est à venir et si on se réconcilie avec l'optimisme aux éditions Fayard, c'est donc à découvrir. Merci beaucoup Arthur pour... Cette bouffée d'optimisme est pour cet échange.

  • Florence Gault

    Merci Florence d'être venue jusque là.

  • Arthur Auboeuf

    Un épisode rendu possible grâce au soutien de Victoire, Paul et Valentine.

Description

À 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l’américaine :carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirées VIP avec le rappeur Snoop Dogg. Mais au moment où tout semblait lui sourire, il choisit de tout quitter. Pourquoi ? Parce qu’il a préféré un bonheur brut à un succès plaqué or.


Aujourd’hui, Arthur Auboeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un fonds d'investissement non lucratif qui veut financer 100 innovations majeures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans son livre Le meilleur est Avenir (Éditions Fayard), il revient sur ce choix décisif et partage sa vision d’un avenir désirable à construire ensemble.


C'est à Samoëns, petit village de Haute-Savoie dans lequel il s'est installé, que je rencontre Arthur pour un échange rempli d'optimisme ! Une invitation à croire en l’avenir et à agir, sans attendre.


Un mois pour s'inspirer


Cet épisode fait partie de notre série spéciale de janvier, consacrée au Bonheur, à la Jeunesse et à l’Optimisme, avec trois invités exceptionnels.


🎧 Retrouvez également les autres entretiens de cette série :

  • Corinne Morel Darleux : Trouver le bonheur dans un monde en transition (sorti le 1er janvier)

  • Flore Vasseur : Le pouvoir de la jeunesse (sorti le 15 janvier)


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    A 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l'américaine. Carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirée VIP comme avec le rappeur Snoop Dogg. Un jour, on lui propose la promotion qu'on ne peut pas refuser. Pourtant, au moment de signer pour ce rêve en or massif, il claque la porte. Pourquoi ? Parce qu'il préfère un bonheur brut à un succès plaqué or. Aujourd'hui, Arthur Obeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un mouvement qui a pour objectif de détecter et financer 100 innovations mondiales contre les gaz à effet de serre. Dans son premier livre, le meilleur est à venir aux éditions Fayard, Il raconte pourquoi il a tout lâché pour suivre son instinct et construire un futur qui a du sens. C'est à Samoens, un petit village de Haute-Savoie, où il a choisi de poser ses valises que je le retrouve. Une rencontre en toute simplicité dans son appartement, marquée par l'enthousiasme de quelqu'un qui croit fermement en sa mission. Ce troisième et dernier entretien de notre série de janvier est donc une invitation à foncer. Après le bonheur avec Corinne Morel-Darleux et la jeunesse avec Flore Vasseur, Arthur Aubeuf nous pousse à croire avec optimisme en l'avenir et à le construire sans attendre. Bonjour Arthur, merci en tout cas de m'accueillir ici à Samoens, d'autant plus sympa que vous êtes en vacances depuis quelques jours, que vous avez passé la journée sur les pistes. dans cette forêt, cette nature qui vous est si chère. On va revenir évidemment sur votre parcours. Vous êtes le cofondateur de Team for the Planet. Mais j'avais d'abord envie qu'on revienne sur le tout commencement, puisque vous n'avez pas grandi ici en Haute-Savoie, mais dans le Haut-Bugé, dans le massif du Jura, dans le tout petit village de Ceignes dans l'Ain, 300 habitants. J'ai été voir sur une carte, c'est vraiment effectivement tout petit. Vos parents sont enseignants. Et vous semblez, pendant votre enfance, vivre en parfaite communion avec la nature. C'est ce que vous racontez et qui est très présent, je trouve, dans votre livre. Le meilleur est à venir, que vous venez de publier.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, tout à fait. Merci d'être venu jusque là et bravo d'avoir fait tout ce petit topo. En effet, je suis un traître à la patrie puisque j'ai quitté le Haut-Buget, qui n'est pas si haut que son nom l'indique malheureusement. Et voilà, il y a moins de neige qu'avant, donc j'avais envie de continuer à avoir un peu de neige et puis des... très belles montagnes, donc voilà, j'ai migré pas trop loin en Haute-Savoie, et en effet j'ai la chance d'avoir connu une enfance vraiment particulièrement proche de la nature puisque mes parents étaient très fans des balades, des randonnées, du ski de fond l'hiver, et donc on était tout le temps dehors et moi j'ai vraiment passé un temps considérable en fait à aller juste me promener, me perdre dans les forêts à passer des heures le soir à regarder les cartes hygiènes avec mon père pour savoir où est-ce qu'il y avait un autre gouffre qu'on n'avait pas découvert, une grotte, un truc. On en a crapahuté pas mal des montagnes et des collines pour justement tout découvrir. Et franchement, c'est toujours l'aventure de ma vie. C'est comme ça que je me sens bien et que je me sens libre.

  • Florence Gault

    Pour démarrer notre échange, j'avais envie de vous partager quelques récits, des témoignages sonores qui sont le fruit d'une expérimentation que je mène depuis deux ans avec Audrey Ranchin. On a créé un arbre cabane. studio d'enregistrement dans lequel on invite les gens à venir nous raconter leurs souvenirs de nature. On s'est inspiré du philosophe Jean-Philippe Pierron, je ne sais pas si vous connaissez.

  • Arthur Auboeuf

    Alors de nom, mais non, je ne connais pas ce qu'il a écrit.

  • Florence Gault

    Il a théorisé l'écobiographie. C'est le fait de relire sa vie au prisme de nos liens à la nature. Comment, en fait, on arrive grâce à ça à prendre conscience que Je est un nous c'est le titre de son livre, et que finalement nous sommes un vivant parmi les vivants. Et donc on a eu envie de pouvoir recueillir ces récits, ces témoignages éco-biographiques pour en faire un récit commun qui permettrait d'alimenter aussi une mémoire collective et donc que je diffuse dans le cadre de ce podcast en un battement d'aile. Du coup, je vais vous donner à entendre quelques petits extraits autour de la forêt.

  • Speaker #2

    Je me remémore les sentiers, marcher dans la forêt au petit matin. C'est un sentiment assez agréable, j'imagine un petit rayon de soleil. on voit plein de petits brouillards, de fraîcheur et de soleil qui pointent le bout de son nez. C'est le début d'une journée, et c'est agréable de se réveiller, d'émerger avec des petits bruits d'oiseaux. Merveillé par la beauté de la nature, par l'espèce de simplicité apparente. Quand j'ai été en forêt, j'ai cru voir un putois et c'était pas ça. J'ai été déçu et content parce qu'en même temps c'était un animal qui sentait mauvais. Moi, je pense que sur la nature, il y a des choses qui peuvent rester en place et qu'on ne doit pas toucher, qu'on doit laisser pousser, qu'on doit laisser révoluer, laisser la nature tranquille, essayer de ne pas la polluer. Wow wow wow ! On est au milieu de la nuit et je viens de me réveiller. Je suis avec trois amis et j'ai juste un sac de couchage posé sur un matelas de sol. Et il y a un ster qui brame et qui s'approche de nous. Et j'ai le cœur qui bat à 100 km par heure, qui est sur le point d'éclater tellement j'ai peur. Et il s'approche et on ne sait pas s'il va vraiment revenir vers nous. Et c'est un moment vraiment magique parce qu'en même temps on sent ce danger incroyable. On ne sait pas ce qui va se passer. Et en même temps on se sent très connecté à la nature. Et heureusement le cerf s'en va, il tourne un peu autour de nous en bramant. Et probablement qu'on était sur un endroit où il n'avait pas envie qu'on soit. Voilà une expérience en forêt.

  • Florence Gault

    Qu'est-ce que ça vous inspire, ces témoignages, ces récits ?

  • Arthur Auboeuf

    Ça me fait sourire, ça me fait penser à plein de choses que j'ai moi-même vécues, ça me donne envie d'aller dehors, très clairement. Je pense que c'est un médicament, la nature. Il faut vraiment qu'on réalise qu'on traite tout le temps les conséquences, on ne traite pas assez les causes. Dans nos sociétés, on a complètement appris que quand on était malade, quand on n'avait pas bien, il fallait un médicament ou qu'une énième technologie allait nous aider. Alors qu'il faut simplement juste qu'on se retrouve, qu'on repasse un peu du temps dehors. C'est le premier des médicaments. D'ailleurs, il y a une étude qui est sortie en Angleterre qui est assez fascinante, qui a été menée sur plus de 5000 personnes, 8000 personnes d'ailleurs, pendant plusieurs années. C'est une étude qui a coûté 6 millions de livres pour connaître l'impact du contact avec la nature sur les humains. Et la conclusion de l'étude, c'est qu'il faut prescrire médicalement la nature aux humains. Donc, ça n'arrête jamais. De toute façon, toutes les découvertes qui vont dans ce sens, elles sont logiques, mais ça fait du bien d'avoir des éléments factuels qui confirment ce qu'on ressent. D'ailleurs, il y a une chercheuse de Lausanne que j'ai rencontrée récemment aussi travaille sur le sens, donc le sentiment de sens de la vie pour un humain. Et donc, elle cherchait sur une palette d'énormément de facteurs, quels facteurs procurent le plus de sentiments de sens. Et en fait, ce qui procure le plus de sentiments de sens, c'est l'émerveillement, qui est principalement accessible dans la nature. Donc, tous les chemins mènent à la nature.

  • Florence Gault

    Alors, dans le livre, vous racontez vraiment tous vos souvenirs d'enfance, vos nombreuses rencontres avec des cerfs, des chevreuils. des piques et pêches, des sangliers, des lièvres et même un lynx boréal. Une fois, à l'occasion de vos balades en forêt ou en ski, vous racontez aussi les mars que vous avez pu construire en France derrière chez vous. Vous abordez aussi cette question de la solastalgie, ce sentiment de tristesse causé par la... perte de son habitat, de son refuge, de son lieu de réconfort, car vous voyez ces paysages de votre enfance aujourd'hui dégradés par les conséquences du dérèglement climatique. C'est quelque chose qui est là, très présent au quotidien, presque ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, c'est présent tout le temps. Franchement, moi, j'ai l'obsession du ré-ensauvagement. C'est vraiment ce qui m'intéresse. J'aimerais qu'on arrive à ré-ensauvager les territoires autour de nous, parce qu'il y a encore du potentiel. On voit qu'il y a des choses qui se passent et qui vont dans le bon sens. la forêt qui arrive à reprendre un peu, même si le dérèglement climatique lui fait très mal. Mais voilà, en montagne, typiquement, on voit les forêts arrivent encore à coloniser des espaces qui ne l'étaient pas, où la biodiversité revient très très vite. C'est assez fascinant de constater à quel point la nature est résiliente, et à quel point la biodiversité est capable de vite revenir. Et donc, j'essaye de me dire qu'on a du potentiel, il faut l'exploiter maintenant, parce que c'est possible de faire revenir beaucoup d'animaux, de recréer une belle biodiversité. Et en même temps... Typiquement, ici, en Haute-Savoie, ça construit non-stop, de partout.

  • Florence Gault

    Je me faisais la réflexion en arrivant.

  • Arthur Auboeuf

    Ça n'arrête jamais. Donc, en fait, c'est au-delà du dérèglement climatique. C'est l'emprise de l'homme qui récupère tous les territoires. Je discutais encore, je ne sais plus, il y a quelques jours, avec quelqu'un qui me disait, les renards, c'est quand même des nuisibles. Ils peuvent être jusqu'à plusieurs centaines de milliers. Mais on est 70 millions. On prend toute la place. Je veux dire, à un moment, il faut aussi qu'on s'applique à nous-mêmes. Alors, ce genre de théorie, parce que si on veut vraiment vivre en harmonie, On ne peut pas empiéter partout. Et d'ailleurs, aujourd'hui, c'est l'artificialisation des sols le premier problème pour la biodiversité. On casse tous les corridors écologiques. Le changement climatique va être un gros problème, mais ce n'est pas le premier facteur d'effondrement de la biodiversité aujourd'hui. Et on l'oublie, mais typiquement, avoir un terrain de 2000 m² clôturé et une maison de 300 m², En fait, ça ne va pas être compatible avec une planète qui reste habitable à 8 milliards. Il faut qu'on l'entende et il faut qu'on accepte qu'il faut mettre en commun les espaces sauvages et justement les laisser être sauvages.

  • Florence Gault

    Et puis en plus, ça conduit à l'amnésie environnementale. C'est d'ailleurs ce que, en partant un peu de ce constat que le philosophe Jean-Philippe Léron cherche à apporter comme solution au travers de l'écobiographie. Et effectivement, il y a un vrai travail, je crois, et c'est ce que nous, on essaie de faire avec cette planète. cette expérimentation au creux de mon arbre, l'écho du vivant, de pouvoir justement essayer de recréer aussi une mémoire collective autour de ce que devrait... être la nature ?

  • Arthur Auboeuf

    C'est clair, oui, on oublie très vite et même, j'entends souvent dire que c'est à l'échelle de génération que la génération précédente dit il y a plein d'oiseaux qui chantent autour de chez nous normalement, là il n'y en a pas, mais en réalité moi je constate qu'on vit ça même nous sur l'échelle de notre vie on a la mémoire très courte et moi le premier, on oublie à quel point la nature peut avoir été foisonnante à un moment et on peut peut-être par déni ou pour se rassurer se dire non, je pense que ça n'a pas tant changé que ça En réalité, ça change très vite et pour le coup, ça s'est mesuré, c'est calculé, c'est robuste. On le voit, l'effondrement de la biodiversité, il est extrêmement rapide. Donc, c'est difficile d'aller contre cette espèce de protection naturelle qu'on a, qui veut qu'on se rassure en permanence en se disant que tout va bien. Mais pourtant, il faut quand même qu'on regarde en face le fait que, ben oui, il y a moins de nature, il y a moins de biodiversité, c'est clair et net.

  • Florence Gault

    Et pourtant, le bonheur est tout le temps là, dites-vous. Vous êtes en nature, vous invitez d'ailleurs à ne pas chercher le bonheur comme s'il était ailleurs, mais plutôt de réapprendre à l'activer. On parlait du bonheur avec Corinne Morel-Darleux dans le premier entretien de cette série du mois de janvier. Et elle, elle disait se sentir au bon endroit, au bon moment, avec la bonne compagnie ou sans compagnie, si c'est une solitude choisie. C'est pour moi la définition du bonheur.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, ça me semble pas mal comme définition du bonheur. Après. Je pense que le bonheur, c'est un état profond et constant. C'est pas, et j'en parle un peu dans le livre justement, le plaisir qui lui, plutôt, va fonctionner par pic, où on va avoir des doses très fortes de dopamine, mais qui vont nécessiter d'augmenter à chaque fois les doses justement pour pouvoir accéder au même sentiment de plaisir. Le bonheur, je pense que c'est quelque chose qui s'installe progressivement. Ça demande du temps, ça demande du travail, ça demande de la patience, mais c'est quelque chose qui monte progressivement et qui est de plus en plus présent. Et on a un état stable. qui est difficilement ébranlable une fois qu'il est en place. Contrairement au plaisir, on est très versatile, on peut avoir une dose de plaisir énorme parce qu'on a mangé une glace et là, dix minutes plus tard, être en dépression au fond de son lit. Le bonheur, je pense que c'est un truc qui est peu ébranlable et c'est en ça que je trouve ça très puissant et c'est quelque chose qui se construit sur la durée. Et donc ça demande de la patience, mais on est dans une société du tout, tout de suite et donc c'est très difficile de travailler au bonheur. Pourtant, à la fin d'une vie, je pense que vraiment celui qui a réussi à monter en permanence son niveau de bonheur, progressivement, petit à petit, a vraiment un sentiment de satisfaction globale qui est beaucoup plus apaisant et beaucoup plus agréable que celui qui a eu des centaines de milliers de petits shoots de plaisir qui se sont suivis par un truc dans les abîmes de la tristesse. Et donc, je pense que la définition du bonheur, on me dit souvent, elle est propre à chacun. En fait, là encore, ça a été démontré, c'est faux. Le bonheur, c'est justement un état de... satisfaction globale qui est notamment liée à certaines hormones, comme la sérotonine, et qui est liée à la capacité à être dans un environnement qui nous fait du bien, et donc un environnement humain. Là, il y a des études énormes, par exemple, What Makes a Good Life, qui est une étude très connue, il y a un TEDx là-dessus, où c'est des chercheurs d'Harvard qui ont fait la plus longue étude, d'ailleurs, sur Terre. Pendant 80 ans, ils ont suivi des gens, et chaque année, ils ont regardé si ces gens étaient bien ou pas, ils ont fait toute une série de questions, et à la fin de l'étude, la conclusion, c'est ce qui fait une... bonne vie, donc ce qui rend heureux, ce qui nous permet d'être bien, c'est notre environnement humain principalement, mais pas que, c'est aussi notre environnement tout court, alors ça, ça paraît intuitif mais on l'oublie, vivre dans des murs en béton tout le temps où le seul truc qu'on a pour se divertir c'est des agressions publicitaires pour nous vendre des trucs, ça ne fait pas du bien, alors que passer du temps dans un environnement naturel, apaisant, beau, où on peut s'émerveiller, où on sait qu'on boit de l'eau de qualité, on respire de l'air de qualité... Et évidemment que ça contribue au bonheur. Et c'est fou de devoir redire ces trucs-là. Franchement, des fois, je me dis, mais comment c'est possible qu'on en sache pas ?

  • Florence Gault

    Et pourtant, c'est essentiel. C'est pour ça aussi que vous avez choisi de venir vous installer en Haute-Savoie, en pleine nature ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, il y a un peu d'égoïsme, c'est clair. Moi, j'ai vraiment la phobie de louper une belle journée, de louper un rayon de soleil, de louper un contact avec la nature. Et j'ai choisi, quand j'ai eu beaucoup travaillé avant, justement, en ville, derrière un écran, je me suis dit, en fait, non, Il faut le faire maintenant, parce que peut-être que dans 5 ans, tu seras mort. Et moi, je veux que chaque jour, je puisse aller dehors. Et c'est ce que je fais. Chaque jour, je vais dehors, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il grêle. Et chaque jour, je trouve ma dose d'émerveillement, de bonheur. Et ça me fait vraiment du bien. Et ça, c'est devenu un rituel. Mais il a fallu que je me l'impose. Parce que quand on est loin de tout ça, quand on n'a plus suffisamment régulièrement ce rappel fondamental du monde qui nous entoure, on l'oublie. En fait, tout simplement, quand on est vraiment au milieu des murs de béton, entre des écrans toute la journée, On oublie complètement ce que ça fait la nature. Et d'ailleurs c'est très long de le réapprendre et de le réactionner parce qu'on peut voir un beau paysage sans réaliser un beau paysage. réaliser un beau paysage, c'est un truc qui se réapprend, mine de rien, parce que justement, on passe beaucoup trop de temps à déconstruire ces choses-là, à être blasé de tout, à être incapable de prendre la beauté du monde. Et donc, c'est un vrai travail d'être capable d'être à nouveau actif. Et moi, j'aime bien utiliser l'expression de Jean-Claude Van Damme, il dit aware mais en fait, c'est ça, c'est être ouvert. Parce qu'on peut être dans un endroit merveilleux, qui peut avoir tous les pouvoirs du monde pour nous faire du bien. Si on est fermé, on va en tirer aucun bénéfice. Et si on est ouvert, si on est réceptif, il suffit d'un tout petit truc au milieu du chaos pour se sentir beaucoup mieux. Et donc je pense que je suis venu là d'abord pour conserver cette capacité à être ouvert à la beauté du monde et à tout ce que ça apporte.

  • Florence Gault

    Alors Arthur, on l'évoquait, vous vivez donc une enfance proche de la nature. Dans la nature. Dans la nature, oui, carrément. Sans pour autant vivre en marge de la société qui, petit à petit, vient vous rattraper au moment de l'adolescence et puis en grandissant. Vous intégrez une fac de sport. sans grande conviction. C'est là que vous rencontrez vos deux meilleurs amis, trois potes qui savent déjà qu'ils ne seront jamais profs de sport. Déjà, ça partait bien. Et c'est cette même année que l'entrepreneuriat entre dans votre vie. Il y aurait vraiment beaucoup de choses à dire sur votre parcours, mais c'est pour inciter les gens à aller lire le livre. On ne raconte pas tout. Mais en gros, à 22 ans, vous lancez votre première entreprise. Ça fonctionne plutôt bien. Ensuite, en vient une autre. Bref, vous entrez dans le monde entrepreneurial. Ça marche hyper bien, au point, clairement, de vous faire happer par le monde de la start-up. C'est un peu comme ça que je pourrais résumer en très condensé. C'est bien résumé. Et donc là, c'est une vie à 100 000 à l'heure qui démarre bien loin de l'enfance qu'on évoquait et des rencontres avec les sangliers, les lièvres et les piques et pêches.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, mais ce que j'aime bien, c'est un peu ce que je dis dans le livre aussi, mais comme tout le monde, j'étais réceptif à, j'ai presque envie de dire, la propagande de la réussite qu'on nous fait en permanence. Cette vision du succès très matérialiste, très basée sur des symboles. Finalement, il faut avoir l'air d'être, il faut donner le sentiment qu'on possède beaucoup, presque plus que de posséder, plus que d'être. C'est assez troublant. Ce monde-là de la start-up américaine, en l'occurrence, en plus, très lucrative, vient combler justement tous ces besoins qu'on nous crée, ce besoin d'avoir beaucoup, de gagner beaucoup d'argent, d'avoir des trucs très ostentatoires. C'est comme ça qu'on nous vend la réussite dans la vie tout le temps, depuis qu'on est petit. On ne se rend pas compte à quel point c'est partout et à quel point il y a une injonction à être cette version-là de l'humain, qui est épuisante d'ailleurs. Et donc... Comme tout le monde, je me suis laissé tenter par ça parce qu'en fait, on est un être social, on a besoin d'une certaine reconnaissance et aujourd'hui, les codes de la culture dominante et donc de ce qui apporte de la reconnaissance à des humains, c'est ça en fait. C'est cette hyper matérialité, le verbe avoir partout et être riche, fréquenter des stars, etc.

  • Florence Gault

    La fameuse anniversaire avec Snoop Dogg.

  • Arthur Auboeuf

    Tout à fait, l'anniversaire fréquenté de Snoop Dogg, tous ces trucs-là. C'est l'incarnation de la réussite. Et donc... Comme tout le monde, je me suis dit, ok, moi, ça m'intéresse d'aller voir puisque ça me tend les bras et je me retrouve un peu là-dedans par hasard. Donc peut-être que c'est ça la vraie réussite et c'est peut-être là que je vais me sentir vraiment bien. Et en fait, ce que j'ai eu vraiment la chance de vivre, c'est que ça a été très condensé, très vite, très jeune. Et donc, ça m'a permis de me rendre compte qu'en fait, c'était non seulement pas le truc qui m'apportait du bien-être et du bonheur au quotidien, mais qu'en plus, certes, ça donne le sentiment d'être une réussite, on va dire... De manière large, mais en fait, quand on fréquente les gens dans ce milieu-là, personne ne se sent en réussite parce qu'il y a beaucoup de gens en détresse. Et en fait, on ne sait pas trop ce qu'on fout là et pourquoi on fait ça. Et on a vraiment le sentiment d'être un hamster dans une roue, vraiment, en permanence.

  • Florence Gault

    Vous avez un peu de mal à ce moment-là avec la culture du c'est manger ou être mangé

  • Arthur Auboeuf

    Complètement. Alors ça, ça fait partie aussi du package. Clairement, c'est l'agressivité, c'est il n'y a que la loi du plus fort alors que ça ne fonctionne pas comme ça à la vie, en fait. C'est vraiment une déviance humaine, je pense, d'en être allé... d'être allé si loin dans ces mécaniques d'hyper-compétition partout, au détriment de tout le reste. Et donc, ça fait beaucoup de gens très fatigués, très perdus, qui ne savent pas trop ce qu'ils font là, qui se raccrochent comme ils peuvent au fait qu'ils ont les moyens de s'acheter des choses qui sont sympas, mais qui finalement se demandent à quoi sert leur vie. Et j'en étais de ces gens-là. Donc clairement, ça a été une expérience très riche. Je suis très heureux de l'avoir vécu, parce que je pense qu'on peut courir toute sa vie derrière ça. Mais finalement... Se prendre la baffe assez vite, c'est précieux. Parce qu'on se repose les vraies questions. Et on se demande ce que c'est vraiment réussir sa vie. Et donc moi, j'ai eu la chance de pouvoir comparer cette réussite-là, qu'on nous vend partout sur Instagram et à la télé, de la toucher un peu du doigt, modestement. Mais voilà, j'ai vendu une start-up, j'ai gagné plusieurs centaines de milliers d'euros, j'étais très bien payé dans cette start-up américaine, j'avais la chance de côtoyer des gens que tous mes amis idolâtraient sur les réseaux sociaux. Enfin voilà, il y avait tout tout calait dans le sens de cette fameuse réussite. Et pourtant, il y avait un espèce de grand vide. Et je pense que peu de gens osent l'avouer, honnêtement. Il y a encore beaucoup de gens de ces milieux que je continue de côtoyer et qui ont du mal à me dire, non mais c'est vrai, mais en fait, je vois que c'est vrai. Mais je pense qu'on a du mal, là encore, on est dans le déni très vite et on se dit, j'ai tellement donné pour avoir ça. Comment je pourrais finalement considérer que ce n'est pas ce dont j'ai besoin ? Et en réalité, si on est honnête avec nous, on voit bien que ce n'est pas ça. et donc finalement revenir ici dans un petit village de Ottawa où tout le monde n'en a rien à foutre de savoir qui je suis c'est peut-être la meilleure chose que j'ai pu faire pour mon bien-être et honnêtement ça je le ressens au quotidien je préfère mille fois parler avec des gens d'ici d'un chemin que je connais pas qui va vers un joli point de vue que je connais pas que de parler de la dernière paire de baskets à 400 euros que je sais qui a acheté et dont il est super fier mais qu'il peut même pas porter parce que si elles sont sales c'est la catastrophe rires

  • Florence Gault

    Et donc à un moment, on vous fait une proposition absolument incroyable avec un super salaire, des millions d'euros d'actions dans l'entreprise qu'on vous propose.

  • Arthur Auboeuf

    L'entreprise qui aujourd'hui est valorisée 4 milliards.

  • Florence Gault

    Voilà. Donc le Graal, c'est là où vous déclinez la proposition. Qu'est-ce qui crée la bascule en fait ?

  • Arthur Auboeuf

    J'ai encore pas vraiment réussi à expliquer. En fait, je pense que c'était que j'avais suffisamment touché du doigt le fait que j'allais rien trouver de plus à augmenter, à être dans le toujours plus. C'est ce que je dis dans le livre, mais en fait, l'argent ne nous libère pas de la roue du hamster. Ça nous permet d'acheter une roue plus grande. Alors, à chaque fois, je fais un peu attention parce qu'il y a l'argent et l'argent. Quand on est sous le seuil de pauvreté, en galère, il n'y a pas de débat sur ces questions. Il y a un stade de dignité à atteindre. Mais par contre, à partir d'un certain... niveau de revenu au-dessus de 10 000 euros par mois, honnêtement, qu'on en gagne 15 000, 20 000, 100 000, ça ne nous libère pas. En fait, si on reste dans cette logique où on est dans la rivalité ostentatoire, comme un auteur l'a appelé il n'y a pas longtemps, donc en fait j'achète des choses pour prouver à moi et aux autres que j'ai une certaine valeur, et donc peu importe mon niveau de revenu, je dépenserai la même proportion de mes revenus pour continuer dans cette même logique. En fait, on ne se libère pas. On est toujours dans une roue de plus en plus grande. Et j'en parle dans le livre, mais j'ai rencontré des milliardaires plusieurs fois, et notamment un milliardaire qui avait 2 milliards et qui me disait être un petit milliardaire, mais presque avec la larme à l'œil et hyper convaincu. Il me disait Moi, tous mes copains, ils sont vraiment milliardaires. Moi, je suis qu'un petit milliardaire. Mais t'es milliardaire, mec ! Ça ne s'arrête pas, en fait. Et le cerveau humain n'a pas cette configuration où il est capable d'avoir la limite. Donc ça ne... peut pas s'arrêter. Je suis assez convaincu qu'un Elon Musk qui a 500 milliards aujourd'hui, il a encore l'impression qu'il faut qu'il fasse plus. Parce qu'une fois qu'on est là-dedans, on n'en sort pas. Et donc moi, ce qui m'a fait prendre cette décision, c'est justement ce sentiment que j'allais plus pouvoir revenir en arrière. En fait, j'allais être comme tous mes potes, coincé là-dedans, dans un truc du toujours plus infernal, qui sur le papier a l'air chouette et qui donne envie. Franchement, ça donne envie à tout le monde. Mais je savais au fond de moi que j'allais rater ma vie. Franchement, c'est vraiment le sentiment que j'ai eu. Je me suis dit, mec, tu vas louper ta vie. Et ça ne dure pas longtemps. Et j'ai eu la chance d'avoir d'expérience avec des proches qui sont décédés et avec qui j'ai eu des discussions sur la vie, notamment mes deux grands-parents. Et franchement, ça m'a permis de vraiment réaliser qu'il ne fallait pas que je la rate, cette vie. Elle est trop courte, en fait. Et donc, c'est fou parce que la définition de réussir sa vie aujourd'hui, c'est la meilleure chance de rater sa vie. Et c'est vraiment ce constat-là qui m'a fait prendre cette décision. Puis j'aime bien la folie aussi. J'aime bien me dire, allez, je m'en fous. C'est tellement agréable. Franchement, je me rappelle encore de ce sentiment de dire,

  • Florence Gault

    ciao,

  • Arthur Auboeuf

    on drop tout. Je pense que certaines personnes qui sautent d'un avion pour faire de la chute libre ressentent ça. Moi, je l'ai senti en disant non à 15 millions d'euros. En fait, c'est ça le drop. Mais il a une telle valeur, une telle saveur, que ça vaut le coup quand même.

  • Florence Gault

    Comment se crée ensuite la rencontre avec, donc, à l'époque... Time for the Planet qui est devenu Team for the Planet. Et comment vous vous dites, bon bah ok, j'ai tout plaqué, je dis non à cette vie-là, mais du coup je passe, on peut dire que l'écart est très très grand. Comment on en arrive à se dire, je vais aller m'engager pour œuvrer pour la transition écologique ?

  • Arthur Auboeuf

    En fait, quand on se pose des vraies questions sur le sens de sa vie, sur ce qu'on veut faire et ce qu'on veut être, donc c'était vraiment ce moment existentiel que je traversais. On se demande à quoi on veut contribuer, à quoi on veut servir, au service de quoi on veut mettre le... peu de compétences qu'on a et le peu d'années qu'on a, parce qu'en fait, c'est comme ça qu'on se sent exister. Quand on se sent utile, vraiment. Enfin, on a l'impression que c'est des phrases toutes faites, mais c'est vrai. En fait, un humain qui ne se sent pas utile est dépressif. D'ailleurs, ça a été montré sur plein d'études sur les chômeurs. Il y a tout le temps des types pour nous dire qu'il y a des gens pour profiter de la société et rester au chômage le plus longtemps possible. La vérité, c'est que la plupart des gens qui ne se sentent pas contribuer sont dépressifs. Donc en fait, c'est là qu'il y a les plus gros taux de dépression. Donc le moment... où je me pose ces questions-là, forcément, je me les pose très fort, puisque je viens d'arrêter avec Thriller. C'était inconfortable, je veux pas mentir aux gens, quand on sait pas où on va, quand on est dans le flou de qu'est-ce que je veux faire ? Oui,

  • Florence Gault

    c'est pas un non qui est... qui se vit dans la joie et dans le...

  • Arthur Auboeuf

    Il y a la joie de sentir qu'on est aligné, franchement, de se dire t'es pas parti dans une direction où t'allais plus pouvoir revenir en arrière et en fait, t'as choisi d'être le Arthur que tu es vraiment. Par contre, Il y a le flou de dire que ça fait 10 ans que je suis cette voie toute tracée, qu'on voit partout et qui est valorisée partout. Là, maintenant, il faut que je trouve la voie de ce qui me convient vraiment dans une société qui ne me propose pas d'options. Parce que la seule option, c'est de devenir riche le plus possible, obtenir le plus de trucs possibles, et soyez matérialiste. En fait, dès qu'on sort de ça, il n'y a pas tant de schémas que ça. On peut aller devenir moine bouddhiste, en gros. Mais ce n'était pas vraiment vers ça que j'avais envie de m'orienter. Ah bon ? Et donc, j'ai travaillé sur le sens de ce que je voulais faire. Et donc, j'ai vraiment réalisé, c'est toujours dans les notes de mon téléphone, j'avais écrit à ce moment-là, en fait, quelle est ta raison d'être ? Le fameux mot de l'entreprise. Mais quand on se pose la vraie question, c'est quoi ta raison d'être ? Pourquoi tu veux exister s'il y avait un truc que tu voulais vraiment faire ? Et donc, moi, ma raison d'être, elle était évidente. C'était, en tout cas à ce moment-là, contribuer à ce que l'humanité aime à nouveau la nature, le monde vivant. que l'humanité réalise à quel point on est en train de passer à côté du plus grand fondamental de l'histoire humaine, c'est-à-dire le contact avec le vivant, avec la nature, parce que c'est ça qui nous fait du bien. Et donc, je voulais contribuer à rendre à nouveau sexy la nature, le rapport avec le vivant. Ça a été vraiment ça. Et je me rappelle avoir écrit aussi, je ne veux plus de ce monde de business froid, ça ne m'intéresse plus. Et donc, à ce moment-là, il y a eu une grande période de plusieurs mois où je me disais, d'accord, mais concrètement, qu'est-ce que j'en fais de ça, moi ? Et il y a un truc qui s'appelle l'ikigai qui est intéressant, qui dit qu'il faut relier un peu sa raison d'être avec ce dans quoi on est bon. Enfin voilà, il y a trois trucs. Je ne sais plus quel est le troisième. Il y en a un autre aussi,

  • Florence Gault

    je ne sais plus.

  • Arthur Auboeuf

    Je ne sais plus, mais bon voilà, les auditrices et auditeurs trouveront facilement. Vous avez tapé ikigai. Et donc je me suis dit...

  • Florence Gault

    Je suis plutôt bon quand même pour créer des communautés, des entreprises. C'est un truc, voilà, je n'avais pas prévu de faire ça moi. J'étais en fac de sport, ça m'est tombé dessus, je m'en suis bien sorti, j'ai beaucoup appris. Je pense que j'ai la capacité à être assez résilient, à prendre vite des baffes et à comprendre vite. Donc, je vais quand même utiliser ce truc parce que finalement, j'ai aussi pris plaisir à développer des projets, à être capable de faire parler d'un truc, à le faire connaître, à embarquer des soutiens autour. C'est agréable de créer une communauté humaine qui se retrousse les manches ensemble et qui se dit ok on a un objectif commun, on va essayer de trouver des moyens de faire en sorte qu'on arrive à avancer vers cet objectif. Et donc en essayant de rejoindre tout ça, j'ai commencé à créer un truc qui s'appelait Optimiste. Donc voilà c'était Team for the Planet mais ça s'appelait Optimiste et j'ai vu un ancien, on va dire un co-worker, on avait des bureaux ensemble à Lyon. qui était complètement dans la startup nation aussi et avec qui on n'avait jamais discuté de nos envies de faire quelque chose d'utile. Enfin voilà, on était comme tout le monde à se parler de ce qui était stylé. Donc voilà, t'as levé combien ? On a eu question de merde de la startup. Et finalement, lui, il avait fait pareil. Il avait tout lâché parce qu'il s'était rendu compte que, donc lui, il faisait du référencement sur Google, que mettre des mecs premiers sur Google, il n'en avait rien à foutre. En fait, ce n'était pas du tout le but de sa vie et qu'il était en train aussi de rater l'intérêt même de sa vie. Et donc il avait commencé avec un de ses amis, deux de ses amis, à monter Time for the Planet. Maintenant, je n'arrive plus, mon cerveau a switché. Et c'est à ce moment-là qu'il m'a vu commencer à monter ce truc. Il m'a dit, attends, viens, nous, on est en train de bricoler un truc. On fait la même chose, en fait. Là, il faut qu'on le fasse ensemble. Ils avaient besoin de ma compétence. J'avais besoin de les leurs. Et du coup, voilà, les choses se sont alignées très vite.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, comme ça. Ce qui nous a donné beaucoup de... Ce qui a en fait vraiment scellé le truc, je pense, c'est qu'on a... très vite constaté que tout le monde avait sacrifié quelque chose entre guillemets en tout cas sacrifié un truc de du monde du monde matérialiste il était plusieurs à avoir des enfants qui venaient de naître et ils avaient quitté des postes extrêmement bien rémunéré enfin voilà laurent il était dg d'un truc de cabinet de comptable avec 400 employés il gagnait très très très très bien sa vie il a tout arrêté pour se lancer là dedans enfin voilà chacun s'était vraiment aligné avait fait un peu un saut dans le vide et c'est ça qui nous a donné je pense, qui a créé le ciment et qui nous a donné la force de vraiment faire un truc ensemble, on ne se connaissait pas.

  • Florence Gault

    Team for the Planet, donc vous soutenez financièrement des entreprises pour leur permettre en fait que leurs innovations voient le jour, des innovations au service de la transition écologique et sociale.

  • Arthur Auboeuf

    Ouais, alors là, c'est dans les grandes lignes, c'est ça, mais pour que les gens comprennent, parce que ça, il y a plein de fonds d'investissement qui font ça, il y a plein de trucs, mais en fait... Nous, le constat initial, c'est déjà qu'on avait envie d'agir en tant que citoyen, on voyait que c'était difficile de le faire et on se demandait comment on pouvait avoir un impact sur les structures profondes du monde dans lequel on vit. Et une conviction qu'on avait, c'est que l'entrepreneuriat est un outil qui permet de toucher à ces structures. Sans avoir besoin d'être président de la République, sans avoir besoin d'être milliardaire, c'est assez génial parce que n'importe qui, avec même pas vraiment des moyens, par l'entrepreneuriat, peut aller faire un truc qui transforme en profondeur, de manière systémique, des choses qui ont aujourd'hui un impact sur nos vies dans le monde entier. Nous, on avait cette conviction de la puissance de l'outil, mais on ne savait pas trop comment le prendre. Le problème, c'est que le verre est dans le fruit. Les règles du jeu de l'entrepreneuriat aujourd'hui sont dans le toujours plus, sont dans l'hypercapitalisme, sont dans l'hyperlibéralisme. Et donc, si tu réentreprends, même pour faire un truc bien, sans changer les règles de ce jeu, en fait, tu vas juste finir par avoir des externalités négatives liées aux règles du jeu. qui vont être plus importantes que les externalités positives de ce que tu essayes de faire. Et ça, c'est un truc qu'on ne voulait absolument pas revivre. Donc, on a discuté avec beaucoup de scientifiques parce qu'on voulait essayer de faire les choses bien. Et souvent, les scientifiques ont une approche intéressante. Il y a une méthode scientifique, c'est un truc rigoureux. Et donc, on a eu la chance très vite de rencontrer Jean Jouzel, qui a été le parrain de Team for the Planet et qui nous a dit, en fait, il y a un vrai sujet aujourd'hui, c'est que la plupart des initiatives dont on a besoin pour faire la révolution écologique sont déjà là. Elles existent déjà, mais elles ne sont pas déployées pour deux principales raisons. La première, c'est que... Ceux qui portent ces innovations sont des ingénieurs, des scientifiques, des chercheurs, donc pas des entrepreneurs. Et eux, en faire une entreprise qui se déploie avec un modèle économique, qui recrute, etc., ils ne savent pas faire. Et la deuxième, c'est que le monde financier ne finance pas ces initiatives parce que ce n'est pas des machines à cash hyper lucratives. Ce sont des initiatives qui peuvent vraiment changer le monde et avoir un impact considérable sur nos vies. Mais aujourd'hui, le monde économique, comme il est fait, a l'obligation d'avoir des... standards de rendement financier colossaux à très court terme et donc ces initiatives qui peuvent tous nous sauver ne correspondent pas aux standards du monde financier. Donc, pour ces deux raisons, alors qu'on a toutes les solutions, on ne les déploie pas. Et donc, ce que fait Team for the Planet, on est un grand mouvement citoyen, n'importe qui peut participer à partir d'un euro. La force de notre modèle, c'est que les gens ne viennent pas dans une perspective lucrative, donc ils sont associés, investisseurs, c'est pas un don, mais ils n'attendent pas de retour financier. Ils attendent un retour... climat, donc des tonnes de CO2 évitées grâce à leur argent, et grâce à l'absence de retours financiers demandés par les actionnaires, en fait, on a une capacité d'investissement qui n'a rien à voir avec le monde économique traditionnel. Nous, on peut aller les faire, ces innovations. Évidemment, il faut qu'elles soient rentables, il faut qu'elles aient un modèle viable pour se déployer, embaucher des gens, grandir et changer nos vies. Mais aujourd'hui, ce que le monde économique demande aux initiatives, ce n'est pas d'être rentable, c'est d'être des monstrueuses machines à cash. Et donc, ça implique un développement de la structure qui est néfaste. Et donc, nous, on s'est dit, on va se donner le luxe absolu grâce à une communauté de gens qui investiront pour les bonnes raisons. de pouvoir investir, même s'il y a une rentabilité tout juste. Parce que si elle a un impact et qu'elle doit exister pour le monde, il faut qu'elle puisse exister. Et donc, Team for the Planet, non seulement on investit grâce à cette communauté, mais on va aussi recruter un entrepreneur expert qui a déjà monté des boîtes avant, l'adjoindre à l'équipe des innovateurs, donc les mettre ensemble, créer un binôme entre un Steve Wozniak et un Steve Jobs, si tu veux. Et ensuite, quand on a mis ensemble ces gens-là, apporter toute la puissance de la communauté. Donc aujourd'hui, il y a 128 000 personnes qui ont investi. Et ces gens-là, en plus d'avoir investi, ils ont un réseau incroyable. Ils sont capables de nous aider à trouver des clients très, très vite, à recruter des talents, à obtenir des rendez-vous. Et donc, c'est une grande équipe d'Avengers qui vient donner tout ce dont a besoin une initiative qui doit exister pour qu'elle puisse exister.

  • Florence Gault

    Combien de projets accompagnés ?

  • Arthur Auboeuf

    14 projets pour l'instant. Donc, ça commence à être chouette. Et surtout, là, maintenant, ça fait 5 ans maintenant et on voit vraiment les résultats sur les premiers projets. On est vraiment très satisfaits. Très honnêtement, on…

  • Florence Gault

    On n'était pas sûr que ça puisse... C'est quoi justement les critères un peu de succès, entre guillemets ?

  • Arthur Auboeuf

    Par exemple, Beyond the Sea, pour expliquer et que ça soit très concret, c'est Yves Parlier, le navigateur du Vendée Globe, donc typiquement pas un entrepreneur, qui maîtrise parfaitement les vents, qui lui s'était rendu compte que la marine marchande, si c'était un pays, ça serait le sixième plus gros pollueur du monde, et qu'il fallait absolument qu'on décarbone la marine marchande. Mais que tous les gros armateurs se cassaient les dents, et par exemple, CMACGM a dépensé des milliards pour tester... des navires alternatifs avec d'autres carburants, de l'hydrogène, etc. Ça ne marche pas. Et lui, il s'est dit, mais en fait, le vent, c'est une super solution. Simplement, si on réutilise le vent comme on le faisait à l'époque des bateaux à voile, on va passer complètement à côté de tout ce qu'on a appris sur les vents ces dernières décennies. Parce qu'on sait que les vents en haute altitude sont beaucoup plus puissants, beaucoup plus constants. Il y a un facteur de traction de 10 fois ce qu'il y a quand tu es sur un bateau à voile traditionnel. Et donc, il s'est dit, quel système de traction Vélix je pourrais mettre sur pied pour décarboner la marine marchande ? avec toutes les contraintes qu'elle a aujourd'hui. Et donc lui, il a inventé le SeaKite. Donc c'est une sorte de grand cerf-volant, on va faire ça très simple, de grand kitesurf en gros, qui monte en haute altitude, plusieurs centaines de mètres d'altitude, qui fait des 8, qui est piloté par un logiciel intelligent, et qui vient réduire d'au moins 20% la consommation de carburant des navires. Mais ça, c'est la théorie. Parce que quand nous, on est arrivés, certes, il y avait des super modèles mathématiques, des super modèles informatiques, il avait vraiment bossé son truc, ça faisait 7 ans qu'il bossait là-dessus. Par contre, dans la pratique, il n'y avait rien. Il y avait une voiture tirée par un truc de 9 mètres carrés sur une plage. Bon, fallait y croire. Nous, on est arrivés, on a proposé ça à la communauté Team Forte Paillettes, parce qu'il faut que notre communauté accepte. On leur a montré toutes les avancées qu'il y avait théoriques et on leur a dit, nous, typiquement, c'est un pari. Si on va chercher un très bon entrepreneur, on y croit. On est allé chercher Marc Tiampon, qui est un super entrepreneur qui vient justement du monde des armateurs. Il est arrivé, il a dit, dans 6 mois, il y a un bateau à l'eau avec une voile de 25 mètres carrés et il coulera dans le port s'il le faut, mais on passe dans la vie réelle. Le bateau n'a pas coulé, on a fait 25 mètres carrés, on a réussi, ça a pris quelques mois, à faire voler la voile. à réduire de 20% la consommation et à avoir un logiciel intelligent qui fonctionnait sans que la voile tombe à l'eau, etc. On est passé sur 50 mètres carrés, ça a été deux fois plus vite pour que la 50 mètres carrés fonctionne. On est passé sur 100 mètres carrés, ça a été encore deux fois plus vite. Là, on a commencé à avoir des clients, donc des bateaux de plaisance qu'on commençait à acheter parce qu'en fait, ça marche. On a signé deux partenariats de co-construction avec des grands armateurs à l'échelle de gros navires. Là, on est sur des voiles de 200 mètres carrés maintenant et l'armée a signé avec Beyond 2C. Il y a... Des dizaines d'acteurs sur la traction Vélique, il y a des très gros groupes industriels qui ont essayé de le faire, ils n'ont pas réussi, ils ont dépensé énormément d'argent. Nous, parce qu'on a apporté toute la communauté de Team for the Planet, l'entrepreneur et un modèle d'investissement qui ne met pas du tout les ingénieurs dans la même perspective et la même démarche, nous, ils travaillent pour que ça marche. Ils ne travaillent pas pour faire du cash, ils travaillent pour que ça marche. Et si ça marche, ça sera rentable et ça sera viable. Mais ça ne sera peut-être pas une vache à lait. Par contre, ça peut décarboner 0,7% du CO2 mondial, juste Beyond the Sea, tout seul. Donc cette innovation... elle doit exister. Si Beyond the Sea équipe les 100 000 bateaux de la marine marchande, en gros, il décarbone les émissions de la taille d'un pays comme l'Egypte. Donc, évidemment qu'il faut le faire. Et donc, maintenant que l'armée est en train de déployer Beyond the Sea, on se dit, mais c'est colossal ce qui vient de se passer. Ça s'est passé en 3 ans. Et donc, nous, on croit beaucoup au modèle et on n'y a jamais autant cru que maintenant qu'on voit les résultats. Et ce qui est fou, c'est que, voilà, Beyond the Sea, c'est un truc qu'on n'y a pas mis des milliards, on y a mis 4 millions. Mais pourtant, ils sont en train de réussir un pari de dingo. Et on le voit sur plusieurs de nos innovations. Et on se dit, mais putain, en fait, déjà sortir les initiatives de l'hyperpression capitaliste, ça leur permet de se concentrer sur le fait que l'innovation fonctionne. Et ça change beaucoup, beaucoup de choses dans l'approche de l'équipe, mais aussi dans les chances de succès. Et après, nous, Team Forte Planète, on a aussi une autre cartouche, c'est qu'on met les boîtes en licence libre. Donc en gros, on fait en sorte qu'elles puissent être répliquées partout dans le monde. Donc, gratuitement, en échange de quoi les acteurs qui répliquent, qui utilisent la licence libre, doivent nous repartager leurs propres améliorations. Donc, ça mutualise la R&D, ça permet d'atteindre la maturité des innovations beaucoup plus vite. Tout à fait. Et nous, ça nous permet de collecter les tonnes de CO2 évitées par toutes les initiatives qui se déploient grâce à la solution, mais aussi de garantir qu'elle ne va pas disparaître. Parce qu'en fait, c'était un constat qu'on faisait au début. Énormément de grands groupes mettent la main sur des très belles solutions qui sont en train de réussir. Et en fait, ils les tuent. Ils les tuent dans l'œuf, mais pas par volonté. Parfois, oui, mais rarement, juste par mauvaise gestion. Parce qu'ils reviennent avec cette matrice ultra capitaliste de ça doit être rentable très vite, très court terme, etc. Et ça tue ces boîtes. Et donc, c'est fou parce qu'en fait, des projets comme ça, il y en a des milliers. Rien que nous, on en a reçu plus de 2000. Ils sont là. Ils sont prêts à passer à l'action. Qu'est-ce que le fait de vous engager dans Team for the Planet, ça vous a apporté personnellement ?

  • Florence Gault

    Ah, de l'inquiétude. Franchement, c'est un truc que j'ai senti très vite Déjà, encore aujourd'hui je suis content Là je suis en vacances actuellement par exemple Et en vacances, on se pose la question Voilà, ça fait du bien, on prend un peu de recul avec son activité On se dit, est-ce que c'est toujours ce que j'aime faire Ce que je veux faire, et je me rends compte que Je vois pas de truc plus utile en fait Là, à l'heure actuelle, je ne vois pas ce que je peux faire de plus utile Et en plus, ça m'a donné un cadre de vie Qui est cohérent Si on était dans un truc où on court comme des tarés A droite, à gauche On serait peut-être pas aussi cohérents dans l'approche de Team Forte Panette, on n'aurait pas la même capacité de réflexion, on serait peut-être réappé par le logiciel, on va dire, dominant. Et en fait, moi ça m'a permis justement de venir ici, de reprendre un peu de temps pour moi, d'avoir des vrais moments justement de connexion avec la nature, de prise de recul, et d'avoir une activité économique qui fonctionne quand même et qui est pérenne. Par contre, je ne serai jamais millionnaire. Mon salaire il est capé à 4 fois le SMIC, mais c'est déjà tellement suffisant en fait. Donc c'est un choix, c'est le choix de sortir du toujours plus, mais ça m'offre tellement de trucs plus importants à côté et donc ça je le sens, je le vis maintenant et c'est génial, on est devenu amis avec les cofondateurs, je crois que ma plus grande satisfaction chez Team for the Planet c'est l'équipe franchement c'est des gens extraordinaires mais vraiment et je les admire tous ils sont fous, non seulement ils sont gentils, dévoués mais en plus c'est des gens bien et c'est des gens avec qui je passe du bon temps j'ai un sentiment d'amitié et en plus je les vois devenir bon. Enfin, vraiment, il y en a, je me dis, c'est la relève, elle est là, quoi. Non, c'est un plaisir. Enfin, honnêtement, il n'y a pas du tout ce truc de requin qu'il y avait dans les startups avant. On était 400 en deux ans, mais tout le monde voulait la place du N plus 1 et se bouffer la gueule pour ça. Ça n'existe plus, ça. Et c'est un bonheur de pouvoir avoir ce sentiment d'être dans un environnement sain à tous les niveaux, quoi. Donc, pour l'instant, ça m'a apporté énormément, quoi. Et puis, en plus, putain, c'est cool, quoi, d'y croire. Non, mais c'est pas évident de lancer une boîte et d'y croire. Au début c'est dur, on se dit est-ce que ça va marcher ? Et nous on a toujours été assez honnête avec les gens, on a dit on prend le pari avec vous, venez prendre le pari, mais on sait pas. Et là, putain j'y crois quoi. Non mais c'est vrai. Merci.

  • Arthur Auboeuf

    Bon Arthur, et après ? Dans votre livre, vous dites, pour éviter de se flinguer et de flinguer, posons-nous cette simple question, et après ? Alors je vous la pose, et après, qu'est-ce qui se passe ? D'ailleurs, ça fait écho au livre de Flore Vasseur, la réalisatrice du documentaire Bigger Than Us, et maintenant, que faisons-nous, qu'on a reçu juste avant vous, 15 jours avant vous, en un battement d'ailes ? J'aime profondément cette question, c'est aussi la question fondamentale du journalisme de solution. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    Oui, carrément, déjà, le bonjour à Flore. On est très en phase sur les réflexions autour de ces sujets. Alors là, pour le coup, c'est un peu plus la thématique du livre, mais pour moi, le après, déjà, c'est d'être capable de se reposer les grandes questions en tant qu'humain. Je pense que c'est ça, mais ça, c'est après tous les jours, en fait. C'est qui j'ai envie d'être ? Qu'est-ce qui est vraiment important pour moi ? Donc ça, c'est un truc, je pense, c'est la boussole du et après parce qu'on en manque cruellement de boussole aujourd'hui, et je pense que là, on rentre dans un monde qui n'a jamais autant tangué, donc si on peut garder ces boussoles-là, c'est important. Et après, moi, personnellement, mon et après il est assez évident, je sais que je voudrais faire ça jusqu'à la fin de ma vie, enfin, en tout cas... m'impliquer pour que on puisse partager cette planète et passer de vulgaire exploitant à gardien. Je trouve que c'est le moment excitant de l'histoire humaine qu'on vit aujourd'hui. On passe quand même d'une époque où on était un peu dans le flou, on se rend compte qu'il commençait à y avoir des problèmes, on a un peu du mal à savoir de quoi ça vient, on comprend mal, à une époque où ça y est, on comprend parfaitement, en fait on connaît les limites de cette planète, c'est assez génial de pouvoir connaître de manière très précise. la mesure et les capacités de régénération de la planète sur tout un tas d'éléments, il n'y a pas que le climat, il y a plein d'autres choses, on a une vue d'ensemble et on est une société mondialisée, et donc moi je crois beaucoup à ce truc de l'humanité qui passe, en tout cas maintenant on a imposé cette responsabilité parce qu'on est 8 milliards, parce qu'on est hyper développé, d'être gardien, et donc moi c'est ça qui m'excite, c'est ça le et après que j'ai envie de voir naître, c'est dans ce monde-là que j'aimerais vieillir, un monde où l'humanité passe petit à petit vers un rôle de gardien, en se disant bah en fait... C'est ce que disait Peter Drucker, il disait You can't manage what you can't measure En fait, maintenant qu'on mesure, on peut manager. Alors le terme n'est pas très beau, mais on peut avoir cette capacité qui donnera du sens à l'aventure humaine. Parce que jusqu'à maintenant, l'aventure humaine, quel sens elle a ? À part d'être justement la bactérie qui se développe et qui est dans le toujours plus. On peut passer de virus à système immunitaire, c'est ça qui se joue aujourd'hui. Et moi, je trouve ça très excitant, système immunitaire, parce que justement, on mesure, on sait. On sait très exactement ce que cette planète incroyable est capable de faire. et on sait très exactement où sont ces limites. Donc on peut s'organiser en tant que société pour justement s'assurer que ces limites ne soient pas dépassées, qu'on reste dans le champ de ce que la planète est capable de faire et qu'on développe une prospérité liée à ça. Et ça ne veut pas dire que c'est le Moyen-Âge. La prospérité liée à ça, moi je pense qu'elle sera bien plus agréable et c'est justement ce dont je parle dans le livre, je dis n'essayez pas d'être écolo, essayez d'être heureux, parce qu'en fait on touche à un truc fondamental que l'humain n'a pas encore réussi à atteindre, c'est le bonheur sincère pour la plupart des humains. Là aujourd'hui on est... On est tous un peu dans une rat race. Et ce qui est fou, c'est de voir que même les décideurs, ceux qui nous semblent être ceux qui profitent de la rat race, sont dans la rat race. Donc on est vraiment dans une course en avant. On est tous perdus. C'est un truc de dingue. Et évidemment qu'on perd pied là-dedans. Il n'y a personne qui sait où on va. Mais si on se redonnait une boussole puissante, et je pense que cette boussole est quand même suffisamment puissante, d'être les gardiens, d'avoir cette responsabilité d'être les gardiens de la Terre et du reste du vivant, c'est une grosse responsabilité. Mais je pense qu'on est obligés de l'endosser aujourd'hui. Parce que de toute façon... C'est un couteau à cran d'arrêt, là. On est tellement partout, on a tellement développé de trucs. Je crois que ça ferait beaucoup de bien à l'humanité d'être capable de se projeter dans cette mécanique-là, dans cette logique. Et ça donnerait envie à plein de gens de se lever le matin et d'aller travailler. Parce qu'aujourd'hui, quand on dit Va travailler 100 000 heures dans ta vie jusqu'à ce que tu sois vieux, comme un fou furieux, pour en plus flinguer tout ce qui te fait du bien, les écosystèmes, les beaux paysages, l'air que tu respires, l'eau que tu bois, etc. Oh là là, quelle dissonance, quoi ! Ha ! c'est pour ça que le meilleur est à venir en un seul mot pour moi le meilleur est à venir parce que on n'aura pas d'autre choix que de réaliser qu'en fait on se trompe de bonheur et on est en train de réaliser qu'on se trompe de bonheur et ça tous les indicateurs qui vont dans le mauvais sens donc santé, santé mentale mais pas que justement les indicateurs sur le bonheur il y a des endroits où on mesure le bonheur le bouton, le bonheur national brut mais pas que, en France aussi on le mesure, on le sait pas mais il y a une mesure de ça, tous ces indicateurs s'effondre. Le sens, justement, est particulièrement au travail. Et donc, je pense que même si le monde, le vieux monde s'accroche, et on le voit qu'il s'accroche comme jamais en ce moment, et tente le tout pour le tout pour qu'on maintienne ce modèle hyper-prédateur, en face de ça, il y a une force surpuissante qui arrive, qui est le besoin de traverser cette vie de manière heureuse, en fait. Parce qu'on ne naît pas et on ne traverse pas ces vies pour être une espèce d'esclave d'une grande machine dont on ne comprend pas le sens.

  • Arthur Auboeuf

    Et en même temps, ça, c'est de la version un peu optimiste, effectivement. D'ailleurs, vous invitez, en sous-titre du livre, à se réconcilier avec l'optimisme. Et là, on le voit bien quand même qu'il y a une espèce d'ambiance de plomb, on le perçoit dans la société. Je trouve qu'il n'y avait qu'à regarder, effectivement, sur les réseaux sociaux, les gens qui délivraient leurs voeux en ce début d'année. On ne peut pas dire que le cœur était particulièrement à la fête, notamment après la crise politique qu'on a pu connaître, nous, en France, ces derniers mois. Quand on regarde le contexte mondial et géopolitique, les sources d'optimisme sont quand même assez réduites. D'ailleurs, on vous pose régulièrement la question en conférence. Vous le dites, comment c'est encore possible d'espérer et d'essayer dans un monde qui semble partir intégralement en sucette ? Et vous répondez par, mais en fait, la question, c'est de savoir qui l'on veut être.

  • Florence Gault

    Oui, complètement. En fait, ça commence par là. On a tellement l'habitude de regarder les problèmes du monde partout et tout le temps, c'est normal, parce qu'on est dans un monde hyper connecté. Certes, il y a plein de choses qui vont dans le mauvais sens, mais il y a aussi plein de choses qui vont dans le bon, et je pense que le début de la chose, c'est déjà moi, à mon échelle, qu'est-ce que je peux faire en moi ? Parce que si je pars dans ce fatalisme et cette morosité ambiante, je vais contribuer à ça. C'est comme quand on est dans un bouchon, on peut dire je suis pris dans les bouchons, ou je contribue à un bouchon. Et donc, avant de se dire, tiens, ça fait chier, il y a des bouchons partout, on peut aussi se dire, la prochaine fois, je vais y aller en marchant, ou en vélo, ou autrement. et en fait cette fois moi je l'aurai pas le bouchon il existera toujours mais par contre je n'y contribuerai plus et ça me fera du bien parce qu'en fait je serai pas en train de ronchonner dans mon bouchon c'est la même chose la situation qu'on est en train de vivre au niveau mondial on peut rester dans ce grand bouchon à gueuler ou dire je vais commencer par sortir du bouchon ça me fera du bien personnellement et puis après si le bouchon continue j'aurai fait de mon mieux pour ne plus y contribuer et si à force de ne plus y contribuer par millions le bouchon s'estompe tout le monde y gagnera Je pense que c'est un peu ce qu'on est en train de vivre maintenant. Après, je suis aussi assez lucide sur pas mal de choses. Je sais que malheureusement, les intérêts aujourd'hui dominants sont les intérêts de ce qui est très prédateur. Et du coup, les moyens de l'économie prédatrice sont colossaux, n'ont jamais été aussi importants. Mais en même temps, les dégâts qu'elle commence à causer finiront forcément par nous rattraper. Alors espérons que le point bas ne soit pas trop bas. Mais moi, j'ai quand même toujours ce truc, et je crois que c'est ça, mais c'est peut-être génétique, l'optimisme, mais je me dis, à partir du moment où on aura atteint le point bas, et qu'on commencera à repartir vers le haut, même si le point bas est très très bas, en fait, ce sera délicieux de se dire, ça y est, ça réaugmente. C'est un peu comme quand les jours se mettent à rallonger. En fait, ils rallongent de quelques microsecondes au début, mais c'est pas grave, ils rallongent. Donc psychologiquement, ça crée quelque chose de satisfaisant. Et puis après... Oui,

  • Arthur Auboeuf

    on peut se réconcilier avec l'optimisme tout en étant dans la lucidité. C'est un peu ce que... nous inviter d'ailleurs à faire Corinne Morel-Darleux dans l'entretien en début de mois, où en fait elle disait qu'elle a un peu de mal avec la notion d'espoir, d'optimisme, etc. Mais qu'il est essentiel et primordial de regarder les choses avec lucidité.

  • Florence Gault

    Il ne faut pas être naïf, on est tous d'accord, il faut avoir conscience de la situation comme elle est. Mais par contre, en fait, on ne fait qu'aggraver les choses en se disant, oh non, l'optimisme, je ne dis pas qu'il faut être un optimiste BA, complètement déconnecté. D'ailleurs, ce n'est pas ça l'optimisme. Pour moi, ce n'est pas ça. Il y a une confusion de définition. Mais par contre, se dire je ne vais pas venir rajouter du mal au mal en fait, c'est stratégique. Parce qu'on a besoin d'avoir une direction qui nous enthousiasme et on a besoin d'une énergie. Il faut que ça ait l'air mieux si on veut que l'humain bouge. C'est ce que j'appelle l'entropie humaine. Si ça a l'air moins bien, évidemment qu'on va se laisser sombrer tous ensemble. Mais par contre, la chance qu'on a, c'est que c'est mieux, en fait. Le monde de demain... est mieux à tous les niveaux. Et donc ça, on le voit et maintenant c'est documenté. Là où on a justement des forces parasites qui veulent nous faire penser que c'est le Moyen-Âge, que c'est des cascades de contraintes et de privations, en fait, les gens commencent à se rendre compte de plus en plus que c'est justement sortir de cette roue du hamster qui ne nous rend pas heureux, qui nous épuise, qui nous enlève le sens, qui nous rend malades en tant que société et en tant qu'individu. Et donc là, le fait de sortir de la roue du hamster, c'est d'abord une libération pour nous. Et ensuite, ça aura... plus la conséquence géniale de faire en sorte que cette planète reste habitable. Mais en fait, faisons-le d'abord pour nous. Et donc c'est pour ça que je dis qui on veut être. Et je pense que on a tous envie d'être heureux. C'est un peu l'épitaphe de plein de gens. Enfin voilà, je pense que la plupart des gens se disent quand on leur demande qu'est-ce que tu veux dans ta vie ? Être heureux. Et donc là, on a une super solution pour être heureux. Et heureuse coïncidence, cette solution qui nous rend heureux va aussi faire en sorte que le monde reste beau. Et donc c'est un cercle vachement vertueux parce que plus le monde sera beau, plus on sera facilement heureux. Et donc moi, je ne suis pas dans un optimisme à dire tout va bien aller, vous inquiétez pas, il n'y a rien besoin de faire, je passe ma journée à agir pour essayer de proposer un plan B Par contre, j'ai un optimisme d'une certitude absolue que le plan A va devenir répulsif en fait pour tout le monde. Ce plan A va nous épuiser tous, va être insupportable en fait pour la plupart des humains. Et donc si le plan B auquel... plein de gens contribuent, nous avec Team Forte Planète et plein d'autres, finit par être sexy, je crois quand même qu'un jour les gens vont dire, bon en fait, il faut que le plan A c'est bon. Non mais c'est vrai, je crois à ça. Maintenant, l'avenir nous dira ce qui se passe. Mais dans tous les cas, j'aurais au moins gagné ces secondes à être plus heureux parce que je me sens dans une démarche qui va dans le bon sens.

  • Arthur Auboeuf

    Le meilleur est à venir et si on se réconcilie avec l'optimisme aux éditions Fayard, c'est donc à découvrir. Merci beaucoup Arthur pour... Cette bouffée d'optimisme est pour cet échange.

  • Florence Gault

    Merci Florence d'être venue jusque là.

  • Arthur Auboeuf

    Un épisode rendu possible grâce au soutien de Victoire, Paul et Valentine.

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Description

À 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l’américaine :carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirées VIP avec le rappeur Snoop Dogg. Mais au moment où tout semblait lui sourire, il choisit de tout quitter. Pourquoi ? Parce qu’il a préféré un bonheur brut à un succès plaqué or.


Aujourd’hui, Arthur Auboeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un fonds d'investissement non lucratif qui veut financer 100 innovations majeures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans son livre Le meilleur est Avenir (Éditions Fayard), il revient sur ce choix décisif et partage sa vision d’un avenir désirable à construire ensemble.


C'est à Samoëns, petit village de Haute-Savoie dans lequel il s'est installé, que je rencontre Arthur pour un échange rempli d'optimisme ! Une invitation à croire en l’avenir et à agir, sans attendre.


Un mois pour s'inspirer


Cet épisode fait partie de notre série spéciale de janvier, consacrée au Bonheur, à la Jeunesse et à l’Optimisme, avec trois invités exceptionnels.


🎧 Retrouvez également les autres entretiens de cette série :

  • Corinne Morel Darleux : Trouver le bonheur dans un monde en transition (sorti le 1er janvier)

  • Flore Vasseur : Le pouvoir de la jeunesse (sorti le 15 janvier)


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    A 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l'américaine. Carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirée VIP comme avec le rappeur Snoop Dogg. Un jour, on lui propose la promotion qu'on ne peut pas refuser. Pourtant, au moment de signer pour ce rêve en or massif, il claque la porte. Pourquoi ? Parce qu'il préfère un bonheur brut à un succès plaqué or. Aujourd'hui, Arthur Obeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un mouvement qui a pour objectif de détecter et financer 100 innovations mondiales contre les gaz à effet de serre. Dans son premier livre, le meilleur est à venir aux éditions Fayard, Il raconte pourquoi il a tout lâché pour suivre son instinct et construire un futur qui a du sens. C'est à Samoens, un petit village de Haute-Savoie, où il a choisi de poser ses valises que je le retrouve. Une rencontre en toute simplicité dans son appartement, marquée par l'enthousiasme de quelqu'un qui croit fermement en sa mission. Ce troisième et dernier entretien de notre série de janvier est donc une invitation à foncer. Après le bonheur avec Corinne Morel-Darleux et la jeunesse avec Flore Vasseur, Arthur Aubeuf nous pousse à croire avec optimisme en l'avenir et à le construire sans attendre. Bonjour Arthur, merci en tout cas de m'accueillir ici à Samoens, d'autant plus sympa que vous êtes en vacances depuis quelques jours, que vous avez passé la journée sur les pistes. dans cette forêt, cette nature qui vous est si chère. On va revenir évidemment sur votre parcours. Vous êtes le cofondateur de Team for the Planet. Mais j'avais d'abord envie qu'on revienne sur le tout commencement, puisque vous n'avez pas grandi ici en Haute-Savoie, mais dans le Haut-Bugé, dans le massif du Jura, dans le tout petit village de Ceignes dans l'Ain, 300 habitants. J'ai été voir sur une carte, c'est vraiment effectivement tout petit. Vos parents sont enseignants. Et vous semblez, pendant votre enfance, vivre en parfaite communion avec la nature. C'est ce que vous racontez et qui est très présent, je trouve, dans votre livre. Le meilleur est à venir, que vous venez de publier.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, tout à fait. Merci d'être venu jusque là et bravo d'avoir fait tout ce petit topo. En effet, je suis un traître à la patrie puisque j'ai quitté le Haut-Buget, qui n'est pas si haut que son nom l'indique malheureusement. Et voilà, il y a moins de neige qu'avant, donc j'avais envie de continuer à avoir un peu de neige et puis des... très belles montagnes, donc voilà, j'ai migré pas trop loin en Haute-Savoie, et en effet j'ai la chance d'avoir connu une enfance vraiment particulièrement proche de la nature puisque mes parents étaient très fans des balades, des randonnées, du ski de fond l'hiver, et donc on était tout le temps dehors et moi j'ai vraiment passé un temps considérable en fait à aller juste me promener, me perdre dans les forêts à passer des heures le soir à regarder les cartes hygiènes avec mon père pour savoir où est-ce qu'il y avait un autre gouffre qu'on n'avait pas découvert, une grotte, un truc. On en a crapahuté pas mal des montagnes et des collines pour justement tout découvrir. Et franchement, c'est toujours l'aventure de ma vie. C'est comme ça que je me sens bien et que je me sens libre.

  • Florence Gault

    Pour démarrer notre échange, j'avais envie de vous partager quelques récits, des témoignages sonores qui sont le fruit d'une expérimentation que je mène depuis deux ans avec Audrey Ranchin. On a créé un arbre cabane. studio d'enregistrement dans lequel on invite les gens à venir nous raconter leurs souvenirs de nature. On s'est inspiré du philosophe Jean-Philippe Pierron, je ne sais pas si vous connaissez.

  • Arthur Auboeuf

    Alors de nom, mais non, je ne connais pas ce qu'il a écrit.

  • Florence Gault

    Il a théorisé l'écobiographie. C'est le fait de relire sa vie au prisme de nos liens à la nature. Comment, en fait, on arrive grâce à ça à prendre conscience que Je est un nous c'est le titre de son livre, et que finalement nous sommes un vivant parmi les vivants. Et donc on a eu envie de pouvoir recueillir ces récits, ces témoignages éco-biographiques pour en faire un récit commun qui permettrait d'alimenter aussi une mémoire collective et donc que je diffuse dans le cadre de ce podcast en un battement d'aile. Du coup, je vais vous donner à entendre quelques petits extraits autour de la forêt.

  • Speaker #2

    Je me remémore les sentiers, marcher dans la forêt au petit matin. C'est un sentiment assez agréable, j'imagine un petit rayon de soleil. on voit plein de petits brouillards, de fraîcheur et de soleil qui pointent le bout de son nez. C'est le début d'une journée, et c'est agréable de se réveiller, d'émerger avec des petits bruits d'oiseaux. Merveillé par la beauté de la nature, par l'espèce de simplicité apparente. Quand j'ai été en forêt, j'ai cru voir un putois et c'était pas ça. J'ai été déçu et content parce qu'en même temps c'était un animal qui sentait mauvais. Moi, je pense que sur la nature, il y a des choses qui peuvent rester en place et qu'on ne doit pas toucher, qu'on doit laisser pousser, qu'on doit laisser révoluer, laisser la nature tranquille, essayer de ne pas la polluer. Wow wow wow ! On est au milieu de la nuit et je viens de me réveiller. Je suis avec trois amis et j'ai juste un sac de couchage posé sur un matelas de sol. Et il y a un ster qui brame et qui s'approche de nous. Et j'ai le cœur qui bat à 100 km par heure, qui est sur le point d'éclater tellement j'ai peur. Et il s'approche et on ne sait pas s'il va vraiment revenir vers nous. Et c'est un moment vraiment magique parce qu'en même temps on sent ce danger incroyable. On ne sait pas ce qui va se passer. Et en même temps on se sent très connecté à la nature. Et heureusement le cerf s'en va, il tourne un peu autour de nous en bramant. Et probablement qu'on était sur un endroit où il n'avait pas envie qu'on soit. Voilà une expérience en forêt.

  • Florence Gault

    Qu'est-ce que ça vous inspire, ces témoignages, ces récits ?

  • Arthur Auboeuf

    Ça me fait sourire, ça me fait penser à plein de choses que j'ai moi-même vécues, ça me donne envie d'aller dehors, très clairement. Je pense que c'est un médicament, la nature. Il faut vraiment qu'on réalise qu'on traite tout le temps les conséquences, on ne traite pas assez les causes. Dans nos sociétés, on a complètement appris que quand on était malade, quand on n'avait pas bien, il fallait un médicament ou qu'une énième technologie allait nous aider. Alors qu'il faut simplement juste qu'on se retrouve, qu'on repasse un peu du temps dehors. C'est le premier des médicaments. D'ailleurs, il y a une étude qui est sortie en Angleterre qui est assez fascinante, qui a été menée sur plus de 5000 personnes, 8000 personnes d'ailleurs, pendant plusieurs années. C'est une étude qui a coûté 6 millions de livres pour connaître l'impact du contact avec la nature sur les humains. Et la conclusion de l'étude, c'est qu'il faut prescrire médicalement la nature aux humains. Donc, ça n'arrête jamais. De toute façon, toutes les découvertes qui vont dans ce sens, elles sont logiques, mais ça fait du bien d'avoir des éléments factuels qui confirment ce qu'on ressent. D'ailleurs, il y a une chercheuse de Lausanne que j'ai rencontrée récemment aussi travaille sur le sens, donc le sentiment de sens de la vie pour un humain. Et donc, elle cherchait sur une palette d'énormément de facteurs, quels facteurs procurent le plus de sentiments de sens. Et en fait, ce qui procure le plus de sentiments de sens, c'est l'émerveillement, qui est principalement accessible dans la nature. Donc, tous les chemins mènent à la nature.

  • Florence Gault

    Alors, dans le livre, vous racontez vraiment tous vos souvenirs d'enfance, vos nombreuses rencontres avec des cerfs, des chevreuils. des piques et pêches, des sangliers, des lièvres et même un lynx boréal. Une fois, à l'occasion de vos balades en forêt ou en ski, vous racontez aussi les mars que vous avez pu construire en France derrière chez vous. Vous abordez aussi cette question de la solastalgie, ce sentiment de tristesse causé par la... perte de son habitat, de son refuge, de son lieu de réconfort, car vous voyez ces paysages de votre enfance aujourd'hui dégradés par les conséquences du dérèglement climatique. C'est quelque chose qui est là, très présent au quotidien, presque ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, c'est présent tout le temps. Franchement, moi, j'ai l'obsession du ré-ensauvagement. C'est vraiment ce qui m'intéresse. J'aimerais qu'on arrive à ré-ensauvager les territoires autour de nous, parce qu'il y a encore du potentiel. On voit qu'il y a des choses qui se passent et qui vont dans le bon sens. la forêt qui arrive à reprendre un peu, même si le dérèglement climatique lui fait très mal. Mais voilà, en montagne, typiquement, on voit les forêts arrivent encore à coloniser des espaces qui ne l'étaient pas, où la biodiversité revient très très vite. C'est assez fascinant de constater à quel point la nature est résiliente, et à quel point la biodiversité est capable de vite revenir. Et donc, j'essaye de me dire qu'on a du potentiel, il faut l'exploiter maintenant, parce que c'est possible de faire revenir beaucoup d'animaux, de recréer une belle biodiversité. Et en même temps... Typiquement, ici, en Haute-Savoie, ça construit non-stop, de partout.

  • Florence Gault

    Je me faisais la réflexion en arrivant.

  • Arthur Auboeuf

    Ça n'arrête jamais. Donc, en fait, c'est au-delà du dérèglement climatique. C'est l'emprise de l'homme qui récupère tous les territoires. Je discutais encore, je ne sais plus, il y a quelques jours, avec quelqu'un qui me disait, les renards, c'est quand même des nuisibles. Ils peuvent être jusqu'à plusieurs centaines de milliers. Mais on est 70 millions. On prend toute la place. Je veux dire, à un moment, il faut aussi qu'on s'applique à nous-mêmes. Alors, ce genre de théorie, parce que si on veut vraiment vivre en harmonie, On ne peut pas empiéter partout. Et d'ailleurs, aujourd'hui, c'est l'artificialisation des sols le premier problème pour la biodiversité. On casse tous les corridors écologiques. Le changement climatique va être un gros problème, mais ce n'est pas le premier facteur d'effondrement de la biodiversité aujourd'hui. Et on l'oublie, mais typiquement, avoir un terrain de 2000 m² clôturé et une maison de 300 m², En fait, ça ne va pas être compatible avec une planète qui reste habitable à 8 milliards. Il faut qu'on l'entende et il faut qu'on accepte qu'il faut mettre en commun les espaces sauvages et justement les laisser être sauvages.

  • Florence Gault

    Et puis en plus, ça conduit à l'amnésie environnementale. C'est d'ailleurs ce que, en partant un peu de ce constat que le philosophe Jean-Philippe Léron cherche à apporter comme solution au travers de l'écobiographie. Et effectivement, il y a un vrai travail, je crois, et c'est ce que nous, on essaie de faire avec cette planète. cette expérimentation au creux de mon arbre, l'écho du vivant, de pouvoir justement essayer de recréer aussi une mémoire collective autour de ce que devrait... être la nature ?

  • Arthur Auboeuf

    C'est clair, oui, on oublie très vite et même, j'entends souvent dire que c'est à l'échelle de génération que la génération précédente dit il y a plein d'oiseaux qui chantent autour de chez nous normalement, là il n'y en a pas, mais en réalité moi je constate qu'on vit ça même nous sur l'échelle de notre vie on a la mémoire très courte et moi le premier, on oublie à quel point la nature peut avoir été foisonnante à un moment et on peut peut-être par déni ou pour se rassurer se dire non, je pense que ça n'a pas tant changé que ça En réalité, ça change très vite et pour le coup, ça s'est mesuré, c'est calculé, c'est robuste. On le voit, l'effondrement de la biodiversité, il est extrêmement rapide. Donc, c'est difficile d'aller contre cette espèce de protection naturelle qu'on a, qui veut qu'on se rassure en permanence en se disant que tout va bien. Mais pourtant, il faut quand même qu'on regarde en face le fait que, ben oui, il y a moins de nature, il y a moins de biodiversité, c'est clair et net.

  • Florence Gault

    Et pourtant, le bonheur est tout le temps là, dites-vous. Vous êtes en nature, vous invitez d'ailleurs à ne pas chercher le bonheur comme s'il était ailleurs, mais plutôt de réapprendre à l'activer. On parlait du bonheur avec Corinne Morel-Darleux dans le premier entretien de cette série du mois de janvier. Et elle, elle disait se sentir au bon endroit, au bon moment, avec la bonne compagnie ou sans compagnie, si c'est une solitude choisie. C'est pour moi la définition du bonheur.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, ça me semble pas mal comme définition du bonheur. Après. Je pense que le bonheur, c'est un état profond et constant. C'est pas, et j'en parle un peu dans le livre justement, le plaisir qui lui, plutôt, va fonctionner par pic, où on va avoir des doses très fortes de dopamine, mais qui vont nécessiter d'augmenter à chaque fois les doses justement pour pouvoir accéder au même sentiment de plaisir. Le bonheur, je pense que c'est quelque chose qui s'installe progressivement. Ça demande du temps, ça demande du travail, ça demande de la patience, mais c'est quelque chose qui monte progressivement et qui est de plus en plus présent. Et on a un état stable. qui est difficilement ébranlable une fois qu'il est en place. Contrairement au plaisir, on est très versatile, on peut avoir une dose de plaisir énorme parce qu'on a mangé une glace et là, dix minutes plus tard, être en dépression au fond de son lit. Le bonheur, je pense que c'est un truc qui est peu ébranlable et c'est en ça que je trouve ça très puissant et c'est quelque chose qui se construit sur la durée. Et donc ça demande de la patience, mais on est dans une société du tout, tout de suite et donc c'est très difficile de travailler au bonheur. Pourtant, à la fin d'une vie, je pense que vraiment celui qui a réussi à monter en permanence son niveau de bonheur, progressivement, petit à petit, a vraiment un sentiment de satisfaction globale qui est beaucoup plus apaisant et beaucoup plus agréable que celui qui a eu des centaines de milliers de petits shoots de plaisir qui se sont suivis par un truc dans les abîmes de la tristesse. Et donc, je pense que la définition du bonheur, on me dit souvent, elle est propre à chacun. En fait, là encore, ça a été démontré, c'est faux. Le bonheur, c'est justement un état de... satisfaction globale qui est notamment liée à certaines hormones, comme la sérotonine, et qui est liée à la capacité à être dans un environnement qui nous fait du bien, et donc un environnement humain. Là, il y a des études énormes, par exemple, What Makes a Good Life, qui est une étude très connue, il y a un TEDx là-dessus, où c'est des chercheurs d'Harvard qui ont fait la plus longue étude, d'ailleurs, sur Terre. Pendant 80 ans, ils ont suivi des gens, et chaque année, ils ont regardé si ces gens étaient bien ou pas, ils ont fait toute une série de questions, et à la fin de l'étude, la conclusion, c'est ce qui fait une... bonne vie, donc ce qui rend heureux, ce qui nous permet d'être bien, c'est notre environnement humain principalement, mais pas que, c'est aussi notre environnement tout court, alors ça, ça paraît intuitif mais on l'oublie, vivre dans des murs en béton tout le temps où le seul truc qu'on a pour se divertir c'est des agressions publicitaires pour nous vendre des trucs, ça ne fait pas du bien, alors que passer du temps dans un environnement naturel, apaisant, beau, où on peut s'émerveiller, où on sait qu'on boit de l'eau de qualité, on respire de l'air de qualité... Et évidemment que ça contribue au bonheur. Et c'est fou de devoir redire ces trucs-là. Franchement, des fois, je me dis, mais comment c'est possible qu'on en sache pas ?

  • Florence Gault

    Et pourtant, c'est essentiel. C'est pour ça aussi que vous avez choisi de venir vous installer en Haute-Savoie, en pleine nature ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, il y a un peu d'égoïsme, c'est clair. Moi, j'ai vraiment la phobie de louper une belle journée, de louper un rayon de soleil, de louper un contact avec la nature. Et j'ai choisi, quand j'ai eu beaucoup travaillé avant, justement, en ville, derrière un écran, je me suis dit, en fait, non, Il faut le faire maintenant, parce que peut-être que dans 5 ans, tu seras mort. Et moi, je veux que chaque jour, je puisse aller dehors. Et c'est ce que je fais. Chaque jour, je vais dehors, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il grêle. Et chaque jour, je trouve ma dose d'émerveillement, de bonheur. Et ça me fait vraiment du bien. Et ça, c'est devenu un rituel. Mais il a fallu que je me l'impose. Parce que quand on est loin de tout ça, quand on n'a plus suffisamment régulièrement ce rappel fondamental du monde qui nous entoure, on l'oublie. En fait, tout simplement, quand on est vraiment au milieu des murs de béton, entre des écrans toute la journée, On oublie complètement ce que ça fait la nature. Et d'ailleurs c'est très long de le réapprendre et de le réactionner parce qu'on peut voir un beau paysage sans réaliser un beau paysage. réaliser un beau paysage, c'est un truc qui se réapprend, mine de rien, parce que justement, on passe beaucoup trop de temps à déconstruire ces choses-là, à être blasé de tout, à être incapable de prendre la beauté du monde. Et donc, c'est un vrai travail d'être capable d'être à nouveau actif. Et moi, j'aime bien utiliser l'expression de Jean-Claude Van Damme, il dit aware mais en fait, c'est ça, c'est être ouvert. Parce qu'on peut être dans un endroit merveilleux, qui peut avoir tous les pouvoirs du monde pour nous faire du bien. Si on est fermé, on va en tirer aucun bénéfice. Et si on est ouvert, si on est réceptif, il suffit d'un tout petit truc au milieu du chaos pour se sentir beaucoup mieux. Et donc je pense que je suis venu là d'abord pour conserver cette capacité à être ouvert à la beauté du monde et à tout ce que ça apporte.

  • Florence Gault

    Alors Arthur, on l'évoquait, vous vivez donc une enfance proche de la nature. Dans la nature. Dans la nature, oui, carrément. Sans pour autant vivre en marge de la société qui, petit à petit, vient vous rattraper au moment de l'adolescence et puis en grandissant. Vous intégrez une fac de sport. sans grande conviction. C'est là que vous rencontrez vos deux meilleurs amis, trois potes qui savent déjà qu'ils ne seront jamais profs de sport. Déjà, ça partait bien. Et c'est cette même année que l'entrepreneuriat entre dans votre vie. Il y aurait vraiment beaucoup de choses à dire sur votre parcours, mais c'est pour inciter les gens à aller lire le livre. On ne raconte pas tout. Mais en gros, à 22 ans, vous lancez votre première entreprise. Ça fonctionne plutôt bien. Ensuite, en vient une autre. Bref, vous entrez dans le monde entrepreneurial. Ça marche hyper bien, au point, clairement, de vous faire happer par le monde de la start-up. C'est un peu comme ça que je pourrais résumer en très condensé. C'est bien résumé. Et donc là, c'est une vie à 100 000 à l'heure qui démarre bien loin de l'enfance qu'on évoquait et des rencontres avec les sangliers, les lièvres et les piques et pêches.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, mais ce que j'aime bien, c'est un peu ce que je dis dans le livre aussi, mais comme tout le monde, j'étais réceptif à, j'ai presque envie de dire, la propagande de la réussite qu'on nous fait en permanence. Cette vision du succès très matérialiste, très basée sur des symboles. Finalement, il faut avoir l'air d'être, il faut donner le sentiment qu'on possède beaucoup, presque plus que de posséder, plus que d'être. C'est assez troublant. Ce monde-là de la start-up américaine, en l'occurrence, en plus, très lucrative, vient combler justement tous ces besoins qu'on nous crée, ce besoin d'avoir beaucoup, de gagner beaucoup d'argent, d'avoir des trucs très ostentatoires. C'est comme ça qu'on nous vend la réussite dans la vie tout le temps, depuis qu'on est petit. On ne se rend pas compte à quel point c'est partout et à quel point il y a une injonction à être cette version-là de l'humain, qui est épuisante d'ailleurs. Et donc... Comme tout le monde, je me suis laissé tenter par ça parce qu'en fait, on est un être social, on a besoin d'une certaine reconnaissance et aujourd'hui, les codes de la culture dominante et donc de ce qui apporte de la reconnaissance à des humains, c'est ça en fait. C'est cette hyper matérialité, le verbe avoir partout et être riche, fréquenter des stars, etc.

  • Florence Gault

    La fameuse anniversaire avec Snoop Dogg.

  • Arthur Auboeuf

    Tout à fait, l'anniversaire fréquenté de Snoop Dogg, tous ces trucs-là. C'est l'incarnation de la réussite. Et donc... Comme tout le monde, je me suis dit, ok, moi, ça m'intéresse d'aller voir puisque ça me tend les bras et je me retrouve un peu là-dedans par hasard. Donc peut-être que c'est ça la vraie réussite et c'est peut-être là que je vais me sentir vraiment bien. Et en fait, ce que j'ai eu vraiment la chance de vivre, c'est que ça a été très condensé, très vite, très jeune. Et donc, ça m'a permis de me rendre compte qu'en fait, c'était non seulement pas le truc qui m'apportait du bien-être et du bonheur au quotidien, mais qu'en plus, certes, ça donne le sentiment d'être une réussite, on va dire... De manière large, mais en fait, quand on fréquente les gens dans ce milieu-là, personne ne se sent en réussite parce qu'il y a beaucoup de gens en détresse. Et en fait, on ne sait pas trop ce qu'on fout là et pourquoi on fait ça. Et on a vraiment le sentiment d'être un hamster dans une roue, vraiment, en permanence.

  • Florence Gault

    Vous avez un peu de mal à ce moment-là avec la culture du c'est manger ou être mangé

  • Arthur Auboeuf

    Complètement. Alors ça, ça fait partie aussi du package. Clairement, c'est l'agressivité, c'est il n'y a que la loi du plus fort alors que ça ne fonctionne pas comme ça à la vie, en fait. C'est vraiment une déviance humaine, je pense, d'en être allé... d'être allé si loin dans ces mécaniques d'hyper-compétition partout, au détriment de tout le reste. Et donc, ça fait beaucoup de gens très fatigués, très perdus, qui ne savent pas trop ce qu'ils font là, qui se raccrochent comme ils peuvent au fait qu'ils ont les moyens de s'acheter des choses qui sont sympas, mais qui finalement se demandent à quoi sert leur vie. Et j'en étais de ces gens-là. Donc clairement, ça a été une expérience très riche. Je suis très heureux de l'avoir vécu, parce que je pense qu'on peut courir toute sa vie derrière ça. Mais finalement... Se prendre la baffe assez vite, c'est précieux. Parce qu'on se repose les vraies questions. Et on se demande ce que c'est vraiment réussir sa vie. Et donc moi, j'ai eu la chance de pouvoir comparer cette réussite-là, qu'on nous vend partout sur Instagram et à la télé, de la toucher un peu du doigt, modestement. Mais voilà, j'ai vendu une start-up, j'ai gagné plusieurs centaines de milliers d'euros, j'étais très bien payé dans cette start-up américaine, j'avais la chance de côtoyer des gens que tous mes amis idolâtraient sur les réseaux sociaux. Enfin voilà, il y avait tout tout calait dans le sens de cette fameuse réussite. Et pourtant, il y avait un espèce de grand vide. Et je pense que peu de gens osent l'avouer, honnêtement. Il y a encore beaucoup de gens de ces milieux que je continue de côtoyer et qui ont du mal à me dire, non mais c'est vrai, mais en fait, je vois que c'est vrai. Mais je pense qu'on a du mal, là encore, on est dans le déni très vite et on se dit, j'ai tellement donné pour avoir ça. Comment je pourrais finalement considérer que ce n'est pas ce dont j'ai besoin ? Et en réalité, si on est honnête avec nous, on voit bien que ce n'est pas ça. et donc finalement revenir ici dans un petit village de Ottawa où tout le monde n'en a rien à foutre de savoir qui je suis c'est peut-être la meilleure chose que j'ai pu faire pour mon bien-être et honnêtement ça je le ressens au quotidien je préfère mille fois parler avec des gens d'ici d'un chemin que je connais pas qui va vers un joli point de vue que je connais pas que de parler de la dernière paire de baskets à 400 euros que je sais qui a acheté et dont il est super fier mais qu'il peut même pas porter parce que si elles sont sales c'est la catastrophe rires

  • Florence Gault

    Et donc à un moment, on vous fait une proposition absolument incroyable avec un super salaire, des millions d'euros d'actions dans l'entreprise qu'on vous propose.

  • Arthur Auboeuf

    L'entreprise qui aujourd'hui est valorisée 4 milliards.

  • Florence Gault

    Voilà. Donc le Graal, c'est là où vous déclinez la proposition. Qu'est-ce qui crée la bascule en fait ?

  • Arthur Auboeuf

    J'ai encore pas vraiment réussi à expliquer. En fait, je pense que c'était que j'avais suffisamment touché du doigt le fait que j'allais rien trouver de plus à augmenter, à être dans le toujours plus. C'est ce que je dis dans le livre, mais en fait, l'argent ne nous libère pas de la roue du hamster. Ça nous permet d'acheter une roue plus grande. Alors, à chaque fois, je fais un peu attention parce qu'il y a l'argent et l'argent. Quand on est sous le seuil de pauvreté, en galère, il n'y a pas de débat sur ces questions. Il y a un stade de dignité à atteindre. Mais par contre, à partir d'un certain... niveau de revenu au-dessus de 10 000 euros par mois, honnêtement, qu'on en gagne 15 000, 20 000, 100 000, ça ne nous libère pas. En fait, si on reste dans cette logique où on est dans la rivalité ostentatoire, comme un auteur l'a appelé il n'y a pas longtemps, donc en fait j'achète des choses pour prouver à moi et aux autres que j'ai une certaine valeur, et donc peu importe mon niveau de revenu, je dépenserai la même proportion de mes revenus pour continuer dans cette même logique. En fait, on ne se libère pas. On est toujours dans une roue de plus en plus grande. Et j'en parle dans le livre, mais j'ai rencontré des milliardaires plusieurs fois, et notamment un milliardaire qui avait 2 milliards et qui me disait être un petit milliardaire, mais presque avec la larme à l'œil et hyper convaincu. Il me disait Moi, tous mes copains, ils sont vraiment milliardaires. Moi, je suis qu'un petit milliardaire. Mais t'es milliardaire, mec ! Ça ne s'arrête pas, en fait. Et le cerveau humain n'a pas cette configuration où il est capable d'avoir la limite. Donc ça ne... peut pas s'arrêter. Je suis assez convaincu qu'un Elon Musk qui a 500 milliards aujourd'hui, il a encore l'impression qu'il faut qu'il fasse plus. Parce qu'une fois qu'on est là-dedans, on n'en sort pas. Et donc moi, ce qui m'a fait prendre cette décision, c'est justement ce sentiment que j'allais plus pouvoir revenir en arrière. En fait, j'allais être comme tous mes potes, coincé là-dedans, dans un truc du toujours plus infernal, qui sur le papier a l'air chouette et qui donne envie. Franchement, ça donne envie à tout le monde. Mais je savais au fond de moi que j'allais rater ma vie. Franchement, c'est vraiment le sentiment que j'ai eu. Je me suis dit, mec, tu vas louper ta vie. Et ça ne dure pas longtemps. Et j'ai eu la chance d'avoir d'expérience avec des proches qui sont décédés et avec qui j'ai eu des discussions sur la vie, notamment mes deux grands-parents. Et franchement, ça m'a permis de vraiment réaliser qu'il ne fallait pas que je la rate, cette vie. Elle est trop courte, en fait. Et donc, c'est fou parce que la définition de réussir sa vie aujourd'hui, c'est la meilleure chance de rater sa vie. Et c'est vraiment ce constat-là qui m'a fait prendre cette décision. Puis j'aime bien la folie aussi. J'aime bien me dire, allez, je m'en fous. C'est tellement agréable. Franchement, je me rappelle encore de ce sentiment de dire,

  • Florence Gault

    ciao,

  • Arthur Auboeuf

    on drop tout. Je pense que certaines personnes qui sautent d'un avion pour faire de la chute libre ressentent ça. Moi, je l'ai senti en disant non à 15 millions d'euros. En fait, c'est ça le drop. Mais il a une telle valeur, une telle saveur, que ça vaut le coup quand même.

  • Florence Gault

    Comment se crée ensuite la rencontre avec, donc, à l'époque... Time for the Planet qui est devenu Team for the Planet. Et comment vous vous dites, bon bah ok, j'ai tout plaqué, je dis non à cette vie-là, mais du coup je passe, on peut dire que l'écart est très très grand. Comment on en arrive à se dire, je vais aller m'engager pour œuvrer pour la transition écologique ?

  • Arthur Auboeuf

    En fait, quand on se pose des vraies questions sur le sens de sa vie, sur ce qu'on veut faire et ce qu'on veut être, donc c'était vraiment ce moment existentiel que je traversais. On se demande à quoi on veut contribuer, à quoi on veut servir, au service de quoi on veut mettre le... peu de compétences qu'on a et le peu d'années qu'on a, parce qu'en fait, c'est comme ça qu'on se sent exister. Quand on se sent utile, vraiment. Enfin, on a l'impression que c'est des phrases toutes faites, mais c'est vrai. En fait, un humain qui ne se sent pas utile est dépressif. D'ailleurs, ça a été montré sur plein d'études sur les chômeurs. Il y a tout le temps des types pour nous dire qu'il y a des gens pour profiter de la société et rester au chômage le plus longtemps possible. La vérité, c'est que la plupart des gens qui ne se sentent pas contribuer sont dépressifs. Donc en fait, c'est là qu'il y a les plus gros taux de dépression. Donc le moment... où je me pose ces questions-là, forcément, je me les pose très fort, puisque je viens d'arrêter avec Thriller. C'était inconfortable, je veux pas mentir aux gens, quand on sait pas où on va, quand on est dans le flou de qu'est-ce que je veux faire ? Oui,

  • Florence Gault

    c'est pas un non qui est... qui se vit dans la joie et dans le...

  • Arthur Auboeuf

    Il y a la joie de sentir qu'on est aligné, franchement, de se dire t'es pas parti dans une direction où t'allais plus pouvoir revenir en arrière et en fait, t'as choisi d'être le Arthur que tu es vraiment. Par contre, Il y a le flou de dire que ça fait 10 ans que je suis cette voie toute tracée, qu'on voit partout et qui est valorisée partout. Là, maintenant, il faut que je trouve la voie de ce qui me convient vraiment dans une société qui ne me propose pas d'options. Parce que la seule option, c'est de devenir riche le plus possible, obtenir le plus de trucs possibles, et soyez matérialiste. En fait, dès qu'on sort de ça, il n'y a pas tant de schémas que ça. On peut aller devenir moine bouddhiste, en gros. Mais ce n'était pas vraiment vers ça que j'avais envie de m'orienter. Ah bon ? Et donc, j'ai travaillé sur le sens de ce que je voulais faire. Et donc, j'ai vraiment réalisé, c'est toujours dans les notes de mon téléphone, j'avais écrit à ce moment-là, en fait, quelle est ta raison d'être ? Le fameux mot de l'entreprise. Mais quand on se pose la vraie question, c'est quoi ta raison d'être ? Pourquoi tu veux exister s'il y avait un truc que tu voulais vraiment faire ? Et donc, moi, ma raison d'être, elle était évidente. C'était, en tout cas à ce moment-là, contribuer à ce que l'humanité aime à nouveau la nature, le monde vivant. que l'humanité réalise à quel point on est en train de passer à côté du plus grand fondamental de l'histoire humaine, c'est-à-dire le contact avec le vivant, avec la nature, parce que c'est ça qui nous fait du bien. Et donc, je voulais contribuer à rendre à nouveau sexy la nature, le rapport avec le vivant. Ça a été vraiment ça. Et je me rappelle avoir écrit aussi, je ne veux plus de ce monde de business froid, ça ne m'intéresse plus. Et donc, à ce moment-là, il y a eu une grande période de plusieurs mois où je me disais, d'accord, mais concrètement, qu'est-ce que j'en fais de ça, moi ? Et il y a un truc qui s'appelle l'ikigai qui est intéressant, qui dit qu'il faut relier un peu sa raison d'être avec ce dans quoi on est bon. Enfin voilà, il y a trois trucs. Je ne sais plus quel est le troisième. Il y en a un autre aussi,

  • Florence Gault

    je ne sais plus.

  • Arthur Auboeuf

    Je ne sais plus, mais bon voilà, les auditrices et auditeurs trouveront facilement. Vous avez tapé ikigai. Et donc je me suis dit...

  • Florence Gault

    Je suis plutôt bon quand même pour créer des communautés, des entreprises. C'est un truc, voilà, je n'avais pas prévu de faire ça moi. J'étais en fac de sport, ça m'est tombé dessus, je m'en suis bien sorti, j'ai beaucoup appris. Je pense que j'ai la capacité à être assez résilient, à prendre vite des baffes et à comprendre vite. Donc, je vais quand même utiliser ce truc parce que finalement, j'ai aussi pris plaisir à développer des projets, à être capable de faire parler d'un truc, à le faire connaître, à embarquer des soutiens autour. C'est agréable de créer une communauté humaine qui se retrousse les manches ensemble et qui se dit ok on a un objectif commun, on va essayer de trouver des moyens de faire en sorte qu'on arrive à avancer vers cet objectif. Et donc en essayant de rejoindre tout ça, j'ai commencé à créer un truc qui s'appelait Optimiste. Donc voilà c'était Team for the Planet mais ça s'appelait Optimiste et j'ai vu un ancien, on va dire un co-worker, on avait des bureaux ensemble à Lyon. qui était complètement dans la startup nation aussi et avec qui on n'avait jamais discuté de nos envies de faire quelque chose d'utile. Enfin voilà, on était comme tout le monde à se parler de ce qui était stylé. Donc voilà, t'as levé combien ? On a eu question de merde de la startup. Et finalement, lui, il avait fait pareil. Il avait tout lâché parce qu'il s'était rendu compte que, donc lui, il faisait du référencement sur Google, que mettre des mecs premiers sur Google, il n'en avait rien à foutre. En fait, ce n'était pas du tout le but de sa vie et qu'il était en train aussi de rater l'intérêt même de sa vie. Et donc il avait commencé avec un de ses amis, deux de ses amis, à monter Time for the Planet. Maintenant, je n'arrive plus, mon cerveau a switché. Et c'est à ce moment-là qu'il m'a vu commencer à monter ce truc. Il m'a dit, attends, viens, nous, on est en train de bricoler un truc. On fait la même chose, en fait. Là, il faut qu'on le fasse ensemble. Ils avaient besoin de ma compétence. J'avais besoin de les leurs. Et du coup, voilà, les choses se sont alignées très vite.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, comme ça. Ce qui nous a donné beaucoup de... Ce qui a en fait vraiment scellé le truc, je pense, c'est qu'on a... très vite constaté que tout le monde avait sacrifié quelque chose entre guillemets en tout cas sacrifié un truc de du monde du monde matérialiste il était plusieurs à avoir des enfants qui venaient de naître et ils avaient quitté des postes extrêmement bien rémunéré enfin voilà laurent il était dg d'un truc de cabinet de comptable avec 400 employés il gagnait très très très très bien sa vie il a tout arrêté pour se lancer là dedans enfin voilà chacun s'était vraiment aligné avait fait un peu un saut dans le vide et c'est ça qui nous a donné je pense, qui a créé le ciment et qui nous a donné la force de vraiment faire un truc ensemble, on ne se connaissait pas.

  • Florence Gault

    Team for the Planet, donc vous soutenez financièrement des entreprises pour leur permettre en fait que leurs innovations voient le jour, des innovations au service de la transition écologique et sociale.

  • Arthur Auboeuf

    Ouais, alors là, c'est dans les grandes lignes, c'est ça, mais pour que les gens comprennent, parce que ça, il y a plein de fonds d'investissement qui font ça, il y a plein de trucs, mais en fait... Nous, le constat initial, c'est déjà qu'on avait envie d'agir en tant que citoyen, on voyait que c'était difficile de le faire et on se demandait comment on pouvait avoir un impact sur les structures profondes du monde dans lequel on vit. Et une conviction qu'on avait, c'est que l'entrepreneuriat est un outil qui permet de toucher à ces structures. Sans avoir besoin d'être président de la République, sans avoir besoin d'être milliardaire, c'est assez génial parce que n'importe qui, avec même pas vraiment des moyens, par l'entrepreneuriat, peut aller faire un truc qui transforme en profondeur, de manière systémique, des choses qui ont aujourd'hui un impact sur nos vies dans le monde entier. Nous, on avait cette conviction de la puissance de l'outil, mais on ne savait pas trop comment le prendre. Le problème, c'est que le verre est dans le fruit. Les règles du jeu de l'entrepreneuriat aujourd'hui sont dans le toujours plus, sont dans l'hypercapitalisme, sont dans l'hyperlibéralisme. Et donc, si tu réentreprends, même pour faire un truc bien, sans changer les règles de ce jeu, en fait, tu vas juste finir par avoir des externalités négatives liées aux règles du jeu. qui vont être plus importantes que les externalités positives de ce que tu essayes de faire. Et ça, c'est un truc qu'on ne voulait absolument pas revivre. Donc, on a discuté avec beaucoup de scientifiques parce qu'on voulait essayer de faire les choses bien. Et souvent, les scientifiques ont une approche intéressante. Il y a une méthode scientifique, c'est un truc rigoureux. Et donc, on a eu la chance très vite de rencontrer Jean Jouzel, qui a été le parrain de Team for the Planet et qui nous a dit, en fait, il y a un vrai sujet aujourd'hui, c'est que la plupart des initiatives dont on a besoin pour faire la révolution écologique sont déjà là. Elles existent déjà, mais elles ne sont pas déployées pour deux principales raisons. La première, c'est que... Ceux qui portent ces innovations sont des ingénieurs, des scientifiques, des chercheurs, donc pas des entrepreneurs. Et eux, en faire une entreprise qui se déploie avec un modèle économique, qui recrute, etc., ils ne savent pas faire. Et la deuxième, c'est que le monde financier ne finance pas ces initiatives parce que ce n'est pas des machines à cash hyper lucratives. Ce sont des initiatives qui peuvent vraiment changer le monde et avoir un impact considérable sur nos vies. Mais aujourd'hui, le monde économique, comme il est fait, a l'obligation d'avoir des... standards de rendement financier colossaux à très court terme et donc ces initiatives qui peuvent tous nous sauver ne correspondent pas aux standards du monde financier. Donc, pour ces deux raisons, alors qu'on a toutes les solutions, on ne les déploie pas. Et donc, ce que fait Team for the Planet, on est un grand mouvement citoyen, n'importe qui peut participer à partir d'un euro. La force de notre modèle, c'est que les gens ne viennent pas dans une perspective lucrative, donc ils sont associés, investisseurs, c'est pas un don, mais ils n'attendent pas de retour financier. Ils attendent un retour... climat, donc des tonnes de CO2 évitées grâce à leur argent, et grâce à l'absence de retours financiers demandés par les actionnaires, en fait, on a une capacité d'investissement qui n'a rien à voir avec le monde économique traditionnel. Nous, on peut aller les faire, ces innovations. Évidemment, il faut qu'elles soient rentables, il faut qu'elles aient un modèle viable pour se déployer, embaucher des gens, grandir et changer nos vies. Mais aujourd'hui, ce que le monde économique demande aux initiatives, ce n'est pas d'être rentable, c'est d'être des monstrueuses machines à cash. Et donc, ça implique un développement de la structure qui est néfaste. Et donc, nous, on s'est dit, on va se donner le luxe absolu grâce à une communauté de gens qui investiront pour les bonnes raisons. de pouvoir investir, même s'il y a une rentabilité tout juste. Parce que si elle a un impact et qu'elle doit exister pour le monde, il faut qu'elle puisse exister. Et donc, Team for the Planet, non seulement on investit grâce à cette communauté, mais on va aussi recruter un entrepreneur expert qui a déjà monté des boîtes avant, l'adjoindre à l'équipe des innovateurs, donc les mettre ensemble, créer un binôme entre un Steve Wozniak et un Steve Jobs, si tu veux. Et ensuite, quand on a mis ensemble ces gens-là, apporter toute la puissance de la communauté. Donc aujourd'hui, il y a 128 000 personnes qui ont investi. Et ces gens-là, en plus d'avoir investi, ils ont un réseau incroyable. Ils sont capables de nous aider à trouver des clients très, très vite, à recruter des talents, à obtenir des rendez-vous. Et donc, c'est une grande équipe d'Avengers qui vient donner tout ce dont a besoin une initiative qui doit exister pour qu'elle puisse exister.

  • Florence Gault

    Combien de projets accompagnés ?

  • Arthur Auboeuf

    14 projets pour l'instant. Donc, ça commence à être chouette. Et surtout, là, maintenant, ça fait 5 ans maintenant et on voit vraiment les résultats sur les premiers projets. On est vraiment très satisfaits. Très honnêtement, on…

  • Florence Gault

    On n'était pas sûr que ça puisse... C'est quoi justement les critères un peu de succès, entre guillemets ?

  • Arthur Auboeuf

    Par exemple, Beyond the Sea, pour expliquer et que ça soit très concret, c'est Yves Parlier, le navigateur du Vendée Globe, donc typiquement pas un entrepreneur, qui maîtrise parfaitement les vents, qui lui s'était rendu compte que la marine marchande, si c'était un pays, ça serait le sixième plus gros pollueur du monde, et qu'il fallait absolument qu'on décarbone la marine marchande. Mais que tous les gros armateurs se cassaient les dents, et par exemple, CMACGM a dépensé des milliards pour tester... des navires alternatifs avec d'autres carburants, de l'hydrogène, etc. Ça ne marche pas. Et lui, il s'est dit, mais en fait, le vent, c'est une super solution. Simplement, si on réutilise le vent comme on le faisait à l'époque des bateaux à voile, on va passer complètement à côté de tout ce qu'on a appris sur les vents ces dernières décennies. Parce qu'on sait que les vents en haute altitude sont beaucoup plus puissants, beaucoup plus constants. Il y a un facteur de traction de 10 fois ce qu'il y a quand tu es sur un bateau à voile traditionnel. Et donc, il s'est dit, quel système de traction Vélix je pourrais mettre sur pied pour décarboner la marine marchande ? avec toutes les contraintes qu'elle a aujourd'hui. Et donc lui, il a inventé le SeaKite. Donc c'est une sorte de grand cerf-volant, on va faire ça très simple, de grand kitesurf en gros, qui monte en haute altitude, plusieurs centaines de mètres d'altitude, qui fait des 8, qui est piloté par un logiciel intelligent, et qui vient réduire d'au moins 20% la consommation de carburant des navires. Mais ça, c'est la théorie. Parce que quand nous, on est arrivés, certes, il y avait des super modèles mathématiques, des super modèles informatiques, il avait vraiment bossé son truc, ça faisait 7 ans qu'il bossait là-dessus. Par contre, dans la pratique, il n'y avait rien. Il y avait une voiture tirée par un truc de 9 mètres carrés sur une plage. Bon, fallait y croire. Nous, on est arrivés, on a proposé ça à la communauté Team Forte Paillettes, parce qu'il faut que notre communauté accepte. On leur a montré toutes les avancées qu'il y avait théoriques et on leur a dit, nous, typiquement, c'est un pari. Si on va chercher un très bon entrepreneur, on y croit. On est allé chercher Marc Tiampon, qui est un super entrepreneur qui vient justement du monde des armateurs. Il est arrivé, il a dit, dans 6 mois, il y a un bateau à l'eau avec une voile de 25 mètres carrés et il coulera dans le port s'il le faut, mais on passe dans la vie réelle. Le bateau n'a pas coulé, on a fait 25 mètres carrés, on a réussi, ça a pris quelques mois, à faire voler la voile. à réduire de 20% la consommation et à avoir un logiciel intelligent qui fonctionnait sans que la voile tombe à l'eau, etc. On est passé sur 50 mètres carrés, ça a été deux fois plus vite pour que la 50 mètres carrés fonctionne. On est passé sur 100 mètres carrés, ça a été encore deux fois plus vite. Là, on a commencé à avoir des clients, donc des bateaux de plaisance qu'on commençait à acheter parce qu'en fait, ça marche. On a signé deux partenariats de co-construction avec des grands armateurs à l'échelle de gros navires. Là, on est sur des voiles de 200 mètres carrés maintenant et l'armée a signé avec Beyond 2C. Il y a... Des dizaines d'acteurs sur la traction Vélique, il y a des très gros groupes industriels qui ont essayé de le faire, ils n'ont pas réussi, ils ont dépensé énormément d'argent. Nous, parce qu'on a apporté toute la communauté de Team for the Planet, l'entrepreneur et un modèle d'investissement qui ne met pas du tout les ingénieurs dans la même perspective et la même démarche, nous, ils travaillent pour que ça marche. Ils ne travaillent pas pour faire du cash, ils travaillent pour que ça marche. Et si ça marche, ça sera rentable et ça sera viable. Mais ça ne sera peut-être pas une vache à lait. Par contre, ça peut décarboner 0,7% du CO2 mondial, juste Beyond the Sea, tout seul. Donc cette innovation... elle doit exister. Si Beyond the Sea équipe les 100 000 bateaux de la marine marchande, en gros, il décarbone les émissions de la taille d'un pays comme l'Egypte. Donc, évidemment qu'il faut le faire. Et donc, maintenant que l'armée est en train de déployer Beyond the Sea, on se dit, mais c'est colossal ce qui vient de se passer. Ça s'est passé en 3 ans. Et donc, nous, on croit beaucoup au modèle et on n'y a jamais autant cru que maintenant qu'on voit les résultats. Et ce qui est fou, c'est que, voilà, Beyond the Sea, c'est un truc qu'on n'y a pas mis des milliards, on y a mis 4 millions. Mais pourtant, ils sont en train de réussir un pari de dingo. Et on le voit sur plusieurs de nos innovations. Et on se dit, mais putain, en fait, déjà sortir les initiatives de l'hyperpression capitaliste, ça leur permet de se concentrer sur le fait que l'innovation fonctionne. Et ça change beaucoup, beaucoup de choses dans l'approche de l'équipe, mais aussi dans les chances de succès. Et après, nous, Team Forte Planète, on a aussi une autre cartouche, c'est qu'on met les boîtes en licence libre. Donc en gros, on fait en sorte qu'elles puissent être répliquées partout dans le monde. Donc, gratuitement, en échange de quoi les acteurs qui répliquent, qui utilisent la licence libre, doivent nous repartager leurs propres améliorations. Donc, ça mutualise la R&D, ça permet d'atteindre la maturité des innovations beaucoup plus vite. Tout à fait. Et nous, ça nous permet de collecter les tonnes de CO2 évitées par toutes les initiatives qui se déploient grâce à la solution, mais aussi de garantir qu'elle ne va pas disparaître. Parce qu'en fait, c'était un constat qu'on faisait au début. Énormément de grands groupes mettent la main sur des très belles solutions qui sont en train de réussir. Et en fait, ils les tuent. Ils les tuent dans l'œuf, mais pas par volonté. Parfois, oui, mais rarement, juste par mauvaise gestion. Parce qu'ils reviennent avec cette matrice ultra capitaliste de ça doit être rentable très vite, très court terme, etc. Et ça tue ces boîtes. Et donc, c'est fou parce qu'en fait, des projets comme ça, il y en a des milliers. Rien que nous, on en a reçu plus de 2000. Ils sont là. Ils sont prêts à passer à l'action. Qu'est-ce que le fait de vous engager dans Team for the Planet, ça vous a apporté personnellement ?

  • Florence Gault

    Ah, de l'inquiétude. Franchement, c'est un truc que j'ai senti très vite Déjà, encore aujourd'hui je suis content Là je suis en vacances actuellement par exemple Et en vacances, on se pose la question Voilà, ça fait du bien, on prend un peu de recul avec son activité On se dit, est-ce que c'est toujours ce que j'aime faire Ce que je veux faire, et je me rends compte que Je vois pas de truc plus utile en fait Là, à l'heure actuelle, je ne vois pas ce que je peux faire de plus utile Et en plus, ça m'a donné un cadre de vie Qui est cohérent Si on était dans un truc où on court comme des tarés A droite, à gauche On serait peut-être pas aussi cohérents dans l'approche de Team Forte Panette, on n'aurait pas la même capacité de réflexion, on serait peut-être réappé par le logiciel, on va dire, dominant. Et en fait, moi ça m'a permis justement de venir ici, de reprendre un peu de temps pour moi, d'avoir des vrais moments justement de connexion avec la nature, de prise de recul, et d'avoir une activité économique qui fonctionne quand même et qui est pérenne. Par contre, je ne serai jamais millionnaire. Mon salaire il est capé à 4 fois le SMIC, mais c'est déjà tellement suffisant en fait. Donc c'est un choix, c'est le choix de sortir du toujours plus, mais ça m'offre tellement de trucs plus importants à côté et donc ça je le sens, je le vis maintenant et c'est génial, on est devenu amis avec les cofondateurs, je crois que ma plus grande satisfaction chez Team for the Planet c'est l'équipe franchement c'est des gens extraordinaires mais vraiment et je les admire tous ils sont fous, non seulement ils sont gentils, dévoués mais en plus c'est des gens bien et c'est des gens avec qui je passe du bon temps j'ai un sentiment d'amitié et en plus je les vois devenir bon. Enfin, vraiment, il y en a, je me dis, c'est la relève, elle est là, quoi. Non, c'est un plaisir. Enfin, honnêtement, il n'y a pas du tout ce truc de requin qu'il y avait dans les startups avant. On était 400 en deux ans, mais tout le monde voulait la place du N plus 1 et se bouffer la gueule pour ça. Ça n'existe plus, ça. Et c'est un bonheur de pouvoir avoir ce sentiment d'être dans un environnement sain à tous les niveaux, quoi. Donc, pour l'instant, ça m'a apporté énormément, quoi. Et puis, en plus, putain, c'est cool, quoi, d'y croire. Non, mais c'est pas évident de lancer une boîte et d'y croire. Au début c'est dur, on se dit est-ce que ça va marcher ? Et nous on a toujours été assez honnête avec les gens, on a dit on prend le pari avec vous, venez prendre le pari, mais on sait pas. Et là, putain j'y crois quoi. Non mais c'est vrai. Merci.

  • Arthur Auboeuf

    Bon Arthur, et après ? Dans votre livre, vous dites, pour éviter de se flinguer et de flinguer, posons-nous cette simple question, et après ? Alors je vous la pose, et après, qu'est-ce qui se passe ? D'ailleurs, ça fait écho au livre de Flore Vasseur, la réalisatrice du documentaire Bigger Than Us, et maintenant, que faisons-nous, qu'on a reçu juste avant vous, 15 jours avant vous, en un battement d'ailes ? J'aime profondément cette question, c'est aussi la question fondamentale du journalisme de solution. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    Oui, carrément, déjà, le bonjour à Flore. On est très en phase sur les réflexions autour de ces sujets. Alors là, pour le coup, c'est un peu plus la thématique du livre, mais pour moi, le après, déjà, c'est d'être capable de se reposer les grandes questions en tant qu'humain. Je pense que c'est ça, mais ça, c'est après tous les jours, en fait. C'est qui j'ai envie d'être ? Qu'est-ce qui est vraiment important pour moi ? Donc ça, c'est un truc, je pense, c'est la boussole du et après parce qu'on en manque cruellement de boussole aujourd'hui, et je pense que là, on rentre dans un monde qui n'a jamais autant tangué, donc si on peut garder ces boussoles-là, c'est important. Et après, moi, personnellement, mon et après il est assez évident, je sais que je voudrais faire ça jusqu'à la fin de ma vie, enfin, en tout cas... m'impliquer pour que on puisse partager cette planète et passer de vulgaire exploitant à gardien. Je trouve que c'est le moment excitant de l'histoire humaine qu'on vit aujourd'hui. On passe quand même d'une époque où on était un peu dans le flou, on se rend compte qu'il commençait à y avoir des problèmes, on a un peu du mal à savoir de quoi ça vient, on comprend mal, à une époque où ça y est, on comprend parfaitement, en fait on connaît les limites de cette planète, c'est assez génial de pouvoir connaître de manière très précise. la mesure et les capacités de régénération de la planète sur tout un tas d'éléments, il n'y a pas que le climat, il y a plein d'autres choses, on a une vue d'ensemble et on est une société mondialisée, et donc moi je crois beaucoup à ce truc de l'humanité qui passe, en tout cas maintenant on a imposé cette responsabilité parce qu'on est 8 milliards, parce qu'on est hyper développé, d'être gardien, et donc moi c'est ça qui m'excite, c'est ça le et après que j'ai envie de voir naître, c'est dans ce monde-là que j'aimerais vieillir, un monde où l'humanité passe petit à petit vers un rôle de gardien, en se disant bah en fait... C'est ce que disait Peter Drucker, il disait You can't manage what you can't measure En fait, maintenant qu'on mesure, on peut manager. Alors le terme n'est pas très beau, mais on peut avoir cette capacité qui donnera du sens à l'aventure humaine. Parce que jusqu'à maintenant, l'aventure humaine, quel sens elle a ? À part d'être justement la bactérie qui se développe et qui est dans le toujours plus. On peut passer de virus à système immunitaire, c'est ça qui se joue aujourd'hui. Et moi, je trouve ça très excitant, système immunitaire, parce que justement, on mesure, on sait. On sait très exactement ce que cette planète incroyable est capable de faire. et on sait très exactement où sont ces limites. Donc on peut s'organiser en tant que société pour justement s'assurer que ces limites ne soient pas dépassées, qu'on reste dans le champ de ce que la planète est capable de faire et qu'on développe une prospérité liée à ça. Et ça ne veut pas dire que c'est le Moyen-Âge. La prospérité liée à ça, moi je pense qu'elle sera bien plus agréable et c'est justement ce dont je parle dans le livre, je dis n'essayez pas d'être écolo, essayez d'être heureux, parce qu'en fait on touche à un truc fondamental que l'humain n'a pas encore réussi à atteindre, c'est le bonheur sincère pour la plupart des humains. Là aujourd'hui on est... On est tous un peu dans une rat race. Et ce qui est fou, c'est de voir que même les décideurs, ceux qui nous semblent être ceux qui profitent de la rat race, sont dans la rat race. Donc on est vraiment dans une course en avant. On est tous perdus. C'est un truc de dingue. Et évidemment qu'on perd pied là-dedans. Il n'y a personne qui sait où on va. Mais si on se redonnait une boussole puissante, et je pense que cette boussole est quand même suffisamment puissante, d'être les gardiens, d'avoir cette responsabilité d'être les gardiens de la Terre et du reste du vivant, c'est une grosse responsabilité. Mais je pense qu'on est obligés de l'endosser aujourd'hui. Parce que de toute façon... C'est un couteau à cran d'arrêt, là. On est tellement partout, on a tellement développé de trucs. Je crois que ça ferait beaucoup de bien à l'humanité d'être capable de se projeter dans cette mécanique-là, dans cette logique. Et ça donnerait envie à plein de gens de se lever le matin et d'aller travailler. Parce qu'aujourd'hui, quand on dit Va travailler 100 000 heures dans ta vie jusqu'à ce que tu sois vieux, comme un fou furieux, pour en plus flinguer tout ce qui te fait du bien, les écosystèmes, les beaux paysages, l'air que tu respires, l'eau que tu bois, etc. Oh là là, quelle dissonance, quoi ! Ha ! c'est pour ça que le meilleur est à venir en un seul mot pour moi le meilleur est à venir parce que on n'aura pas d'autre choix que de réaliser qu'en fait on se trompe de bonheur et on est en train de réaliser qu'on se trompe de bonheur et ça tous les indicateurs qui vont dans le mauvais sens donc santé, santé mentale mais pas que justement les indicateurs sur le bonheur il y a des endroits où on mesure le bonheur le bouton, le bonheur national brut mais pas que, en France aussi on le mesure, on le sait pas mais il y a une mesure de ça, tous ces indicateurs s'effondre. Le sens, justement, est particulièrement au travail. Et donc, je pense que même si le monde, le vieux monde s'accroche, et on le voit qu'il s'accroche comme jamais en ce moment, et tente le tout pour le tout pour qu'on maintienne ce modèle hyper-prédateur, en face de ça, il y a une force surpuissante qui arrive, qui est le besoin de traverser cette vie de manière heureuse, en fait. Parce qu'on ne naît pas et on ne traverse pas ces vies pour être une espèce d'esclave d'une grande machine dont on ne comprend pas le sens.

  • Arthur Auboeuf

    Et en même temps, ça, c'est de la version un peu optimiste, effectivement. D'ailleurs, vous invitez, en sous-titre du livre, à se réconcilier avec l'optimisme. Et là, on le voit bien quand même qu'il y a une espèce d'ambiance de plomb, on le perçoit dans la société. Je trouve qu'il n'y avait qu'à regarder, effectivement, sur les réseaux sociaux, les gens qui délivraient leurs voeux en ce début d'année. On ne peut pas dire que le cœur était particulièrement à la fête, notamment après la crise politique qu'on a pu connaître, nous, en France, ces derniers mois. Quand on regarde le contexte mondial et géopolitique, les sources d'optimisme sont quand même assez réduites. D'ailleurs, on vous pose régulièrement la question en conférence. Vous le dites, comment c'est encore possible d'espérer et d'essayer dans un monde qui semble partir intégralement en sucette ? Et vous répondez par, mais en fait, la question, c'est de savoir qui l'on veut être.

  • Florence Gault

    Oui, complètement. En fait, ça commence par là. On a tellement l'habitude de regarder les problèmes du monde partout et tout le temps, c'est normal, parce qu'on est dans un monde hyper connecté. Certes, il y a plein de choses qui vont dans le mauvais sens, mais il y a aussi plein de choses qui vont dans le bon, et je pense que le début de la chose, c'est déjà moi, à mon échelle, qu'est-ce que je peux faire en moi ? Parce que si je pars dans ce fatalisme et cette morosité ambiante, je vais contribuer à ça. C'est comme quand on est dans un bouchon, on peut dire je suis pris dans les bouchons, ou je contribue à un bouchon. Et donc, avant de se dire, tiens, ça fait chier, il y a des bouchons partout, on peut aussi se dire, la prochaine fois, je vais y aller en marchant, ou en vélo, ou autrement. et en fait cette fois moi je l'aurai pas le bouchon il existera toujours mais par contre je n'y contribuerai plus et ça me fera du bien parce qu'en fait je serai pas en train de ronchonner dans mon bouchon c'est la même chose la situation qu'on est en train de vivre au niveau mondial on peut rester dans ce grand bouchon à gueuler ou dire je vais commencer par sortir du bouchon ça me fera du bien personnellement et puis après si le bouchon continue j'aurai fait de mon mieux pour ne plus y contribuer et si à force de ne plus y contribuer par millions le bouchon s'estompe tout le monde y gagnera Je pense que c'est un peu ce qu'on est en train de vivre maintenant. Après, je suis aussi assez lucide sur pas mal de choses. Je sais que malheureusement, les intérêts aujourd'hui dominants sont les intérêts de ce qui est très prédateur. Et du coup, les moyens de l'économie prédatrice sont colossaux, n'ont jamais été aussi importants. Mais en même temps, les dégâts qu'elle commence à causer finiront forcément par nous rattraper. Alors espérons que le point bas ne soit pas trop bas. Mais moi, j'ai quand même toujours ce truc, et je crois que c'est ça, mais c'est peut-être génétique, l'optimisme, mais je me dis, à partir du moment où on aura atteint le point bas, et qu'on commencera à repartir vers le haut, même si le point bas est très très bas, en fait, ce sera délicieux de se dire, ça y est, ça réaugmente. C'est un peu comme quand les jours se mettent à rallonger. En fait, ils rallongent de quelques microsecondes au début, mais c'est pas grave, ils rallongent. Donc psychologiquement, ça crée quelque chose de satisfaisant. Et puis après... Oui,

  • Arthur Auboeuf

    on peut se réconcilier avec l'optimisme tout en étant dans la lucidité. C'est un peu ce que... nous inviter d'ailleurs à faire Corinne Morel-Darleux dans l'entretien en début de mois, où en fait elle disait qu'elle a un peu de mal avec la notion d'espoir, d'optimisme, etc. Mais qu'il est essentiel et primordial de regarder les choses avec lucidité.

  • Florence Gault

    Il ne faut pas être naïf, on est tous d'accord, il faut avoir conscience de la situation comme elle est. Mais par contre, en fait, on ne fait qu'aggraver les choses en se disant, oh non, l'optimisme, je ne dis pas qu'il faut être un optimiste BA, complètement déconnecté. D'ailleurs, ce n'est pas ça l'optimisme. Pour moi, ce n'est pas ça. Il y a une confusion de définition. Mais par contre, se dire je ne vais pas venir rajouter du mal au mal en fait, c'est stratégique. Parce qu'on a besoin d'avoir une direction qui nous enthousiasme et on a besoin d'une énergie. Il faut que ça ait l'air mieux si on veut que l'humain bouge. C'est ce que j'appelle l'entropie humaine. Si ça a l'air moins bien, évidemment qu'on va se laisser sombrer tous ensemble. Mais par contre, la chance qu'on a, c'est que c'est mieux, en fait. Le monde de demain... est mieux à tous les niveaux. Et donc ça, on le voit et maintenant c'est documenté. Là où on a justement des forces parasites qui veulent nous faire penser que c'est le Moyen-Âge, que c'est des cascades de contraintes et de privations, en fait, les gens commencent à se rendre compte de plus en plus que c'est justement sortir de cette roue du hamster qui ne nous rend pas heureux, qui nous épuise, qui nous enlève le sens, qui nous rend malades en tant que société et en tant qu'individu. Et donc là, le fait de sortir de la roue du hamster, c'est d'abord une libération pour nous. Et ensuite, ça aura... plus la conséquence géniale de faire en sorte que cette planète reste habitable. Mais en fait, faisons-le d'abord pour nous. Et donc c'est pour ça que je dis qui on veut être. Et je pense que on a tous envie d'être heureux. C'est un peu l'épitaphe de plein de gens. Enfin voilà, je pense que la plupart des gens se disent quand on leur demande qu'est-ce que tu veux dans ta vie ? Être heureux. Et donc là, on a une super solution pour être heureux. Et heureuse coïncidence, cette solution qui nous rend heureux va aussi faire en sorte que le monde reste beau. Et donc c'est un cercle vachement vertueux parce que plus le monde sera beau, plus on sera facilement heureux. Et donc moi, je ne suis pas dans un optimisme à dire tout va bien aller, vous inquiétez pas, il n'y a rien besoin de faire, je passe ma journée à agir pour essayer de proposer un plan B Par contre, j'ai un optimisme d'une certitude absolue que le plan A va devenir répulsif en fait pour tout le monde. Ce plan A va nous épuiser tous, va être insupportable en fait pour la plupart des humains. Et donc si le plan B auquel... plein de gens contribuent, nous avec Team Forte Planète et plein d'autres, finit par être sexy, je crois quand même qu'un jour les gens vont dire, bon en fait, il faut que le plan A c'est bon. Non mais c'est vrai, je crois à ça. Maintenant, l'avenir nous dira ce qui se passe. Mais dans tous les cas, j'aurais au moins gagné ces secondes à être plus heureux parce que je me sens dans une démarche qui va dans le bon sens.

  • Arthur Auboeuf

    Le meilleur est à venir et si on se réconcilie avec l'optimisme aux éditions Fayard, c'est donc à découvrir. Merci beaucoup Arthur pour... Cette bouffée d'optimisme est pour cet échange.

  • Florence Gault

    Merci Florence d'être venue jusque là.

  • Arthur Auboeuf

    Un épisode rendu possible grâce au soutien de Victoire, Paul et Valentine.

Description

À 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l’américaine :carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirées VIP avec le rappeur Snoop Dogg. Mais au moment où tout semblait lui sourire, il choisit de tout quitter. Pourquoi ? Parce qu’il a préféré un bonheur brut à un succès plaqué or.


Aujourd’hui, Arthur Auboeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un fonds d'investissement non lucratif qui veut financer 100 innovations majeures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans son livre Le meilleur est Avenir (Éditions Fayard), il revient sur ce choix décisif et partage sa vision d’un avenir désirable à construire ensemble.


C'est à Samoëns, petit village de Haute-Savoie dans lequel il s'est installé, que je rencontre Arthur pour un échange rempli d'optimisme ! Une invitation à croire en l’avenir et à agir, sans attendre.


Un mois pour s'inspirer


Cet épisode fait partie de notre série spéciale de janvier, consacrée au Bonheur, à la Jeunesse et à l’Optimisme, avec trois invités exceptionnels.


🎧 Retrouvez également les autres entretiens de cette série :

  • Corinne Morel Darleux : Trouver le bonheur dans un monde en transition (sorti le 1er janvier)

  • Flore Vasseur : Le pouvoir de la jeunesse (sorti le 15 janvier)


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    A 25 ans, Arthur Auboeuf avait tout pour incarner une success story à l'américaine. Carrière fulgurante dans une start-up, salaire très élevé et soirée VIP comme avec le rappeur Snoop Dogg. Un jour, on lui propose la promotion qu'on ne peut pas refuser. Pourtant, au moment de signer pour ce rêve en or massif, il claque la porte. Pourquoi ? Parce qu'il préfère un bonheur brut à un succès plaqué or. Aujourd'hui, Arthur Obeuf est le cofondateur de Team for the Planet, un mouvement qui a pour objectif de détecter et financer 100 innovations mondiales contre les gaz à effet de serre. Dans son premier livre, le meilleur est à venir aux éditions Fayard, Il raconte pourquoi il a tout lâché pour suivre son instinct et construire un futur qui a du sens. C'est à Samoens, un petit village de Haute-Savoie, où il a choisi de poser ses valises que je le retrouve. Une rencontre en toute simplicité dans son appartement, marquée par l'enthousiasme de quelqu'un qui croit fermement en sa mission. Ce troisième et dernier entretien de notre série de janvier est donc une invitation à foncer. Après le bonheur avec Corinne Morel-Darleux et la jeunesse avec Flore Vasseur, Arthur Aubeuf nous pousse à croire avec optimisme en l'avenir et à le construire sans attendre. Bonjour Arthur, merci en tout cas de m'accueillir ici à Samoens, d'autant plus sympa que vous êtes en vacances depuis quelques jours, que vous avez passé la journée sur les pistes. dans cette forêt, cette nature qui vous est si chère. On va revenir évidemment sur votre parcours. Vous êtes le cofondateur de Team for the Planet. Mais j'avais d'abord envie qu'on revienne sur le tout commencement, puisque vous n'avez pas grandi ici en Haute-Savoie, mais dans le Haut-Bugé, dans le massif du Jura, dans le tout petit village de Ceignes dans l'Ain, 300 habitants. J'ai été voir sur une carte, c'est vraiment effectivement tout petit. Vos parents sont enseignants. Et vous semblez, pendant votre enfance, vivre en parfaite communion avec la nature. C'est ce que vous racontez et qui est très présent, je trouve, dans votre livre. Le meilleur est à venir, que vous venez de publier.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, tout à fait. Merci d'être venu jusque là et bravo d'avoir fait tout ce petit topo. En effet, je suis un traître à la patrie puisque j'ai quitté le Haut-Buget, qui n'est pas si haut que son nom l'indique malheureusement. Et voilà, il y a moins de neige qu'avant, donc j'avais envie de continuer à avoir un peu de neige et puis des... très belles montagnes, donc voilà, j'ai migré pas trop loin en Haute-Savoie, et en effet j'ai la chance d'avoir connu une enfance vraiment particulièrement proche de la nature puisque mes parents étaient très fans des balades, des randonnées, du ski de fond l'hiver, et donc on était tout le temps dehors et moi j'ai vraiment passé un temps considérable en fait à aller juste me promener, me perdre dans les forêts à passer des heures le soir à regarder les cartes hygiènes avec mon père pour savoir où est-ce qu'il y avait un autre gouffre qu'on n'avait pas découvert, une grotte, un truc. On en a crapahuté pas mal des montagnes et des collines pour justement tout découvrir. Et franchement, c'est toujours l'aventure de ma vie. C'est comme ça que je me sens bien et que je me sens libre.

  • Florence Gault

    Pour démarrer notre échange, j'avais envie de vous partager quelques récits, des témoignages sonores qui sont le fruit d'une expérimentation que je mène depuis deux ans avec Audrey Ranchin. On a créé un arbre cabane. studio d'enregistrement dans lequel on invite les gens à venir nous raconter leurs souvenirs de nature. On s'est inspiré du philosophe Jean-Philippe Pierron, je ne sais pas si vous connaissez.

  • Arthur Auboeuf

    Alors de nom, mais non, je ne connais pas ce qu'il a écrit.

  • Florence Gault

    Il a théorisé l'écobiographie. C'est le fait de relire sa vie au prisme de nos liens à la nature. Comment, en fait, on arrive grâce à ça à prendre conscience que Je est un nous c'est le titre de son livre, et que finalement nous sommes un vivant parmi les vivants. Et donc on a eu envie de pouvoir recueillir ces récits, ces témoignages éco-biographiques pour en faire un récit commun qui permettrait d'alimenter aussi une mémoire collective et donc que je diffuse dans le cadre de ce podcast en un battement d'aile. Du coup, je vais vous donner à entendre quelques petits extraits autour de la forêt.

  • Speaker #2

    Je me remémore les sentiers, marcher dans la forêt au petit matin. C'est un sentiment assez agréable, j'imagine un petit rayon de soleil. on voit plein de petits brouillards, de fraîcheur et de soleil qui pointent le bout de son nez. C'est le début d'une journée, et c'est agréable de se réveiller, d'émerger avec des petits bruits d'oiseaux. Merveillé par la beauté de la nature, par l'espèce de simplicité apparente. Quand j'ai été en forêt, j'ai cru voir un putois et c'était pas ça. J'ai été déçu et content parce qu'en même temps c'était un animal qui sentait mauvais. Moi, je pense que sur la nature, il y a des choses qui peuvent rester en place et qu'on ne doit pas toucher, qu'on doit laisser pousser, qu'on doit laisser révoluer, laisser la nature tranquille, essayer de ne pas la polluer. Wow wow wow ! On est au milieu de la nuit et je viens de me réveiller. Je suis avec trois amis et j'ai juste un sac de couchage posé sur un matelas de sol. Et il y a un ster qui brame et qui s'approche de nous. Et j'ai le cœur qui bat à 100 km par heure, qui est sur le point d'éclater tellement j'ai peur. Et il s'approche et on ne sait pas s'il va vraiment revenir vers nous. Et c'est un moment vraiment magique parce qu'en même temps on sent ce danger incroyable. On ne sait pas ce qui va se passer. Et en même temps on se sent très connecté à la nature. Et heureusement le cerf s'en va, il tourne un peu autour de nous en bramant. Et probablement qu'on était sur un endroit où il n'avait pas envie qu'on soit. Voilà une expérience en forêt.

  • Florence Gault

    Qu'est-ce que ça vous inspire, ces témoignages, ces récits ?

  • Arthur Auboeuf

    Ça me fait sourire, ça me fait penser à plein de choses que j'ai moi-même vécues, ça me donne envie d'aller dehors, très clairement. Je pense que c'est un médicament, la nature. Il faut vraiment qu'on réalise qu'on traite tout le temps les conséquences, on ne traite pas assez les causes. Dans nos sociétés, on a complètement appris que quand on était malade, quand on n'avait pas bien, il fallait un médicament ou qu'une énième technologie allait nous aider. Alors qu'il faut simplement juste qu'on se retrouve, qu'on repasse un peu du temps dehors. C'est le premier des médicaments. D'ailleurs, il y a une étude qui est sortie en Angleterre qui est assez fascinante, qui a été menée sur plus de 5000 personnes, 8000 personnes d'ailleurs, pendant plusieurs années. C'est une étude qui a coûté 6 millions de livres pour connaître l'impact du contact avec la nature sur les humains. Et la conclusion de l'étude, c'est qu'il faut prescrire médicalement la nature aux humains. Donc, ça n'arrête jamais. De toute façon, toutes les découvertes qui vont dans ce sens, elles sont logiques, mais ça fait du bien d'avoir des éléments factuels qui confirment ce qu'on ressent. D'ailleurs, il y a une chercheuse de Lausanne que j'ai rencontrée récemment aussi travaille sur le sens, donc le sentiment de sens de la vie pour un humain. Et donc, elle cherchait sur une palette d'énormément de facteurs, quels facteurs procurent le plus de sentiments de sens. Et en fait, ce qui procure le plus de sentiments de sens, c'est l'émerveillement, qui est principalement accessible dans la nature. Donc, tous les chemins mènent à la nature.

  • Florence Gault

    Alors, dans le livre, vous racontez vraiment tous vos souvenirs d'enfance, vos nombreuses rencontres avec des cerfs, des chevreuils. des piques et pêches, des sangliers, des lièvres et même un lynx boréal. Une fois, à l'occasion de vos balades en forêt ou en ski, vous racontez aussi les mars que vous avez pu construire en France derrière chez vous. Vous abordez aussi cette question de la solastalgie, ce sentiment de tristesse causé par la... perte de son habitat, de son refuge, de son lieu de réconfort, car vous voyez ces paysages de votre enfance aujourd'hui dégradés par les conséquences du dérèglement climatique. C'est quelque chose qui est là, très présent au quotidien, presque ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, c'est présent tout le temps. Franchement, moi, j'ai l'obsession du ré-ensauvagement. C'est vraiment ce qui m'intéresse. J'aimerais qu'on arrive à ré-ensauvager les territoires autour de nous, parce qu'il y a encore du potentiel. On voit qu'il y a des choses qui se passent et qui vont dans le bon sens. la forêt qui arrive à reprendre un peu, même si le dérèglement climatique lui fait très mal. Mais voilà, en montagne, typiquement, on voit les forêts arrivent encore à coloniser des espaces qui ne l'étaient pas, où la biodiversité revient très très vite. C'est assez fascinant de constater à quel point la nature est résiliente, et à quel point la biodiversité est capable de vite revenir. Et donc, j'essaye de me dire qu'on a du potentiel, il faut l'exploiter maintenant, parce que c'est possible de faire revenir beaucoup d'animaux, de recréer une belle biodiversité. Et en même temps... Typiquement, ici, en Haute-Savoie, ça construit non-stop, de partout.

  • Florence Gault

    Je me faisais la réflexion en arrivant.

  • Arthur Auboeuf

    Ça n'arrête jamais. Donc, en fait, c'est au-delà du dérèglement climatique. C'est l'emprise de l'homme qui récupère tous les territoires. Je discutais encore, je ne sais plus, il y a quelques jours, avec quelqu'un qui me disait, les renards, c'est quand même des nuisibles. Ils peuvent être jusqu'à plusieurs centaines de milliers. Mais on est 70 millions. On prend toute la place. Je veux dire, à un moment, il faut aussi qu'on s'applique à nous-mêmes. Alors, ce genre de théorie, parce que si on veut vraiment vivre en harmonie, On ne peut pas empiéter partout. Et d'ailleurs, aujourd'hui, c'est l'artificialisation des sols le premier problème pour la biodiversité. On casse tous les corridors écologiques. Le changement climatique va être un gros problème, mais ce n'est pas le premier facteur d'effondrement de la biodiversité aujourd'hui. Et on l'oublie, mais typiquement, avoir un terrain de 2000 m² clôturé et une maison de 300 m², En fait, ça ne va pas être compatible avec une planète qui reste habitable à 8 milliards. Il faut qu'on l'entende et il faut qu'on accepte qu'il faut mettre en commun les espaces sauvages et justement les laisser être sauvages.

  • Florence Gault

    Et puis en plus, ça conduit à l'amnésie environnementale. C'est d'ailleurs ce que, en partant un peu de ce constat que le philosophe Jean-Philippe Léron cherche à apporter comme solution au travers de l'écobiographie. Et effectivement, il y a un vrai travail, je crois, et c'est ce que nous, on essaie de faire avec cette planète. cette expérimentation au creux de mon arbre, l'écho du vivant, de pouvoir justement essayer de recréer aussi une mémoire collective autour de ce que devrait... être la nature ?

  • Arthur Auboeuf

    C'est clair, oui, on oublie très vite et même, j'entends souvent dire que c'est à l'échelle de génération que la génération précédente dit il y a plein d'oiseaux qui chantent autour de chez nous normalement, là il n'y en a pas, mais en réalité moi je constate qu'on vit ça même nous sur l'échelle de notre vie on a la mémoire très courte et moi le premier, on oublie à quel point la nature peut avoir été foisonnante à un moment et on peut peut-être par déni ou pour se rassurer se dire non, je pense que ça n'a pas tant changé que ça En réalité, ça change très vite et pour le coup, ça s'est mesuré, c'est calculé, c'est robuste. On le voit, l'effondrement de la biodiversité, il est extrêmement rapide. Donc, c'est difficile d'aller contre cette espèce de protection naturelle qu'on a, qui veut qu'on se rassure en permanence en se disant que tout va bien. Mais pourtant, il faut quand même qu'on regarde en face le fait que, ben oui, il y a moins de nature, il y a moins de biodiversité, c'est clair et net.

  • Florence Gault

    Et pourtant, le bonheur est tout le temps là, dites-vous. Vous êtes en nature, vous invitez d'ailleurs à ne pas chercher le bonheur comme s'il était ailleurs, mais plutôt de réapprendre à l'activer. On parlait du bonheur avec Corinne Morel-Darleux dans le premier entretien de cette série du mois de janvier. Et elle, elle disait se sentir au bon endroit, au bon moment, avec la bonne compagnie ou sans compagnie, si c'est une solitude choisie. C'est pour moi la définition du bonheur.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, ça me semble pas mal comme définition du bonheur. Après. Je pense que le bonheur, c'est un état profond et constant. C'est pas, et j'en parle un peu dans le livre justement, le plaisir qui lui, plutôt, va fonctionner par pic, où on va avoir des doses très fortes de dopamine, mais qui vont nécessiter d'augmenter à chaque fois les doses justement pour pouvoir accéder au même sentiment de plaisir. Le bonheur, je pense que c'est quelque chose qui s'installe progressivement. Ça demande du temps, ça demande du travail, ça demande de la patience, mais c'est quelque chose qui monte progressivement et qui est de plus en plus présent. Et on a un état stable. qui est difficilement ébranlable une fois qu'il est en place. Contrairement au plaisir, on est très versatile, on peut avoir une dose de plaisir énorme parce qu'on a mangé une glace et là, dix minutes plus tard, être en dépression au fond de son lit. Le bonheur, je pense que c'est un truc qui est peu ébranlable et c'est en ça que je trouve ça très puissant et c'est quelque chose qui se construit sur la durée. Et donc ça demande de la patience, mais on est dans une société du tout, tout de suite et donc c'est très difficile de travailler au bonheur. Pourtant, à la fin d'une vie, je pense que vraiment celui qui a réussi à monter en permanence son niveau de bonheur, progressivement, petit à petit, a vraiment un sentiment de satisfaction globale qui est beaucoup plus apaisant et beaucoup plus agréable que celui qui a eu des centaines de milliers de petits shoots de plaisir qui se sont suivis par un truc dans les abîmes de la tristesse. Et donc, je pense que la définition du bonheur, on me dit souvent, elle est propre à chacun. En fait, là encore, ça a été démontré, c'est faux. Le bonheur, c'est justement un état de... satisfaction globale qui est notamment liée à certaines hormones, comme la sérotonine, et qui est liée à la capacité à être dans un environnement qui nous fait du bien, et donc un environnement humain. Là, il y a des études énormes, par exemple, What Makes a Good Life, qui est une étude très connue, il y a un TEDx là-dessus, où c'est des chercheurs d'Harvard qui ont fait la plus longue étude, d'ailleurs, sur Terre. Pendant 80 ans, ils ont suivi des gens, et chaque année, ils ont regardé si ces gens étaient bien ou pas, ils ont fait toute une série de questions, et à la fin de l'étude, la conclusion, c'est ce qui fait une... bonne vie, donc ce qui rend heureux, ce qui nous permet d'être bien, c'est notre environnement humain principalement, mais pas que, c'est aussi notre environnement tout court, alors ça, ça paraît intuitif mais on l'oublie, vivre dans des murs en béton tout le temps où le seul truc qu'on a pour se divertir c'est des agressions publicitaires pour nous vendre des trucs, ça ne fait pas du bien, alors que passer du temps dans un environnement naturel, apaisant, beau, où on peut s'émerveiller, où on sait qu'on boit de l'eau de qualité, on respire de l'air de qualité... Et évidemment que ça contribue au bonheur. Et c'est fou de devoir redire ces trucs-là. Franchement, des fois, je me dis, mais comment c'est possible qu'on en sache pas ?

  • Florence Gault

    Et pourtant, c'est essentiel. C'est pour ça aussi que vous avez choisi de venir vous installer en Haute-Savoie, en pleine nature ?

  • Arthur Auboeuf

    Oui, il y a un peu d'égoïsme, c'est clair. Moi, j'ai vraiment la phobie de louper une belle journée, de louper un rayon de soleil, de louper un contact avec la nature. Et j'ai choisi, quand j'ai eu beaucoup travaillé avant, justement, en ville, derrière un écran, je me suis dit, en fait, non, Il faut le faire maintenant, parce que peut-être que dans 5 ans, tu seras mort. Et moi, je veux que chaque jour, je puisse aller dehors. Et c'est ce que je fais. Chaque jour, je vais dehors, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il grêle. Et chaque jour, je trouve ma dose d'émerveillement, de bonheur. Et ça me fait vraiment du bien. Et ça, c'est devenu un rituel. Mais il a fallu que je me l'impose. Parce que quand on est loin de tout ça, quand on n'a plus suffisamment régulièrement ce rappel fondamental du monde qui nous entoure, on l'oublie. En fait, tout simplement, quand on est vraiment au milieu des murs de béton, entre des écrans toute la journée, On oublie complètement ce que ça fait la nature. Et d'ailleurs c'est très long de le réapprendre et de le réactionner parce qu'on peut voir un beau paysage sans réaliser un beau paysage. réaliser un beau paysage, c'est un truc qui se réapprend, mine de rien, parce que justement, on passe beaucoup trop de temps à déconstruire ces choses-là, à être blasé de tout, à être incapable de prendre la beauté du monde. Et donc, c'est un vrai travail d'être capable d'être à nouveau actif. Et moi, j'aime bien utiliser l'expression de Jean-Claude Van Damme, il dit aware mais en fait, c'est ça, c'est être ouvert. Parce qu'on peut être dans un endroit merveilleux, qui peut avoir tous les pouvoirs du monde pour nous faire du bien. Si on est fermé, on va en tirer aucun bénéfice. Et si on est ouvert, si on est réceptif, il suffit d'un tout petit truc au milieu du chaos pour se sentir beaucoup mieux. Et donc je pense que je suis venu là d'abord pour conserver cette capacité à être ouvert à la beauté du monde et à tout ce que ça apporte.

  • Florence Gault

    Alors Arthur, on l'évoquait, vous vivez donc une enfance proche de la nature. Dans la nature. Dans la nature, oui, carrément. Sans pour autant vivre en marge de la société qui, petit à petit, vient vous rattraper au moment de l'adolescence et puis en grandissant. Vous intégrez une fac de sport. sans grande conviction. C'est là que vous rencontrez vos deux meilleurs amis, trois potes qui savent déjà qu'ils ne seront jamais profs de sport. Déjà, ça partait bien. Et c'est cette même année que l'entrepreneuriat entre dans votre vie. Il y aurait vraiment beaucoup de choses à dire sur votre parcours, mais c'est pour inciter les gens à aller lire le livre. On ne raconte pas tout. Mais en gros, à 22 ans, vous lancez votre première entreprise. Ça fonctionne plutôt bien. Ensuite, en vient une autre. Bref, vous entrez dans le monde entrepreneurial. Ça marche hyper bien, au point, clairement, de vous faire happer par le monde de la start-up. C'est un peu comme ça que je pourrais résumer en très condensé. C'est bien résumé. Et donc là, c'est une vie à 100 000 à l'heure qui démarre bien loin de l'enfance qu'on évoquait et des rencontres avec les sangliers, les lièvres et les piques et pêches.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, mais ce que j'aime bien, c'est un peu ce que je dis dans le livre aussi, mais comme tout le monde, j'étais réceptif à, j'ai presque envie de dire, la propagande de la réussite qu'on nous fait en permanence. Cette vision du succès très matérialiste, très basée sur des symboles. Finalement, il faut avoir l'air d'être, il faut donner le sentiment qu'on possède beaucoup, presque plus que de posséder, plus que d'être. C'est assez troublant. Ce monde-là de la start-up américaine, en l'occurrence, en plus, très lucrative, vient combler justement tous ces besoins qu'on nous crée, ce besoin d'avoir beaucoup, de gagner beaucoup d'argent, d'avoir des trucs très ostentatoires. C'est comme ça qu'on nous vend la réussite dans la vie tout le temps, depuis qu'on est petit. On ne se rend pas compte à quel point c'est partout et à quel point il y a une injonction à être cette version-là de l'humain, qui est épuisante d'ailleurs. Et donc... Comme tout le monde, je me suis laissé tenter par ça parce qu'en fait, on est un être social, on a besoin d'une certaine reconnaissance et aujourd'hui, les codes de la culture dominante et donc de ce qui apporte de la reconnaissance à des humains, c'est ça en fait. C'est cette hyper matérialité, le verbe avoir partout et être riche, fréquenter des stars, etc.

  • Florence Gault

    La fameuse anniversaire avec Snoop Dogg.

  • Arthur Auboeuf

    Tout à fait, l'anniversaire fréquenté de Snoop Dogg, tous ces trucs-là. C'est l'incarnation de la réussite. Et donc... Comme tout le monde, je me suis dit, ok, moi, ça m'intéresse d'aller voir puisque ça me tend les bras et je me retrouve un peu là-dedans par hasard. Donc peut-être que c'est ça la vraie réussite et c'est peut-être là que je vais me sentir vraiment bien. Et en fait, ce que j'ai eu vraiment la chance de vivre, c'est que ça a été très condensé, très vite, très jeune. Et donc, ça m'a permis de me rendre compte qu'en fait, c'était non seulement pas le truc qui m'apportait du bien-être et du bonheur au quotidien, mais qu'en plus, certes, ça donne le sentiment d'être une réussite, on va dire... De manière large, mais en fait, quand on fréquente les gens dans ce milieu-là, personne ne se sent en réussite parce qu'il y a beaucoup de gens en détresse. Et en fait, on ne sait pas trop ce qu'on fout là et pourquoi on fait ça. Et on a vraiment le sentiment d'être un hamster dans une roue, vraiment, en permanence.

  • Florence Gault

    Vous avez un peu de mal à ce moment-là avec la culture du c'est manger ou être mangé

  • Arthur Auboeuf

    Complètement. Alors ça, ça fait partie aussi du package. Clairement, c'est l'agressivité, c'est il n'y a que la loi du plus fort alors que ça ne fonctionne pas comme ça à la vie, en fait. C'est vraiment une déviance humaine, je pense, d'en être allé... d'être allé si loin dans ces mécaniques d'hyper-compétition partout, au détriment de tout le reste. Et donc, ça fait beaucoup de gens très fatigués, très perdus, qui ne savent pas trop ce qu'ils font là, qui se raccrochent comme ils peuvent au fait qu'ils ont les moyens de s'acheter des choses qui sont sympas, mais qui finalement se demandent à quoi sert leur vie. Et j'en étais de ces gens-là. Donc clairement, ça a été une expérience très riche. Je suis très heureux de l'avoir vécu, parce que je pense qu'on peut courir toute sa vie derrière ça. Mais finalement... Se prendre la baffe assez vite, c'est précieux. Parce qu'on se repose les vraies questions. Et on se demande ce que c'est vraiment réussir sa vie. Et donc moi, j'ai eu la chance de pouvoir comparer cette réussite-là, qu'on nous vend partout sur Instagram et à la télé, de la toucher un peu du doigt, modestement. Mais voilà, j'ai vendu une start-up, j'ai gagné plusieurs centaines de milliers d'euros, j'étais très bien payé dans cette start-up américaine, j'avais la chance de côtoyer des gens que tous mes amis idolâtraient sur les réseaux sociaux. Enfin voilà, il y avait tout tout calait dans le sens de cette fameuse réussite. Et pourtant, il y avait un espèce de grand vide. Et je pense que peu de gens osent l'avouer, honnêtement. Il y a encore beaucoup de gens de ces milieux que je continue de côtoyer et qui ont du mal à me dire, non mais c'est vrai, mais en fait, je vois que c'est vrai. Mais je pense qu'on a du mal, là encore, on est dans le déni très vite et on se dit, j'ai tellement donné pour avoir ça. Comment je pourrais finalement considérer que ce n'est pas ce dont j'ai besoin ? Et en réalité, si on est honnête avec nous, on voit bien que ce n'est pas ça. et donc finalement revenir ici dans un petit village de Ottawa où tout le monde n'en a rien à foutre de savoir qui je suis c'est peut-être la meilleure chose que j'ai pu faire pour mon bien-être et honnêtement ça je le ressens au quotidien je préfère mille fois parler avec des gens d'ici d'un chemin que je connais pas qui va vers un joli point de vue que je connais pas que de parler de la dernière paire de baskets à 400 euros que je sais qui a acheté et dont il est super fier mais qu'il peut même pas porter parce que si elles sont sales c'est la catastrophe rires

  • Florence Gault

    Et donc à un moment, on vous fait une proposition absolument incroyable avec un super salaire, des millions d'euros d'actions dans l'entreprise qu'on vous propose.

  • Arthur Auboeuf

    L'entreprise qui aujourd'hui est valorisée 4 milliards.

  • Florence Gault

    Voilà. Donc le Graal, c'est là où vous déclinez la proposition. Qu'est-ce qui crée la bascule en fait ?

  • Arthur Auboeuf

    J'ai encore pas vraiment réussi à expliquer. En fait, je pense que c'était que j'avais suffisamment touché du doigt le fait que j'allais rien trouver de plus à augmenter, à être dans le toujours plus. C'est ce que je dis dans le livre, mais en fait, l'argent ne nous libère pas de la roue du hamster. Ça nous permet d'acheter une roue plus grande. Alors, à chaque fois, je fais un peu attention parce qu'il y a l'argent et l'argent. Quand on est sous le seuil de pauvreté, en galère, il n'y a pas de débat sur ces questions. Il y a un stade de dignité à atteindre. Mais par contre, à partir d'un certain... niveau de revenu au-dessus de 10 000 euros par mois, honnêtement, qu'on en gagne 15 000, 20 000, 100 000, ça ne nous libère pas. En fait, si on reste dans cette logique où on est dans la rivalité ostentatoire, comme un auteur l'a appelé il n'y a pas longtemps, donc en fait j'achète des choses pour prouver à moi et aux autres que j'ai une certaine valeur, et donc peu importe mon niveau de revenu, je dépenserai la même proportion de mes revenus pour continuer dans cette même logique. En fait, on ne se libère pas. On est toujours dans une roue de plus en plus grande. Et j'en parle dans le livre, mais j'ai rencontré des milliardaires plusieurs fois, et notamment un milliardaire qui avait 2 milliards et qui me disait être un petit milliardaire, mais presque avec la larme à l'œil et hyper convaincu. Il me disait Moi, tous mes copains, ils sont vraiment milliardaires. Moi, je suis qu'un petit milliardaire. Mais t'es milliardaire, mec ! Ça ne s'arrête pas, en fait. Et le cerveau humain n'a pas cette configuration où il est capable d'avoir la limite. Donc ça ne... peut pas s'arrêter. Je suis assez convaincu qu'un Elon Musk qui a 500 milliards aujourd'hui, il a encore l'impression qu'il faut qu'il fasse plus. Parce qu'une fois qu'on est là-dedans, on n'en sort pas. Et donc moi, ce qui m'a fait prendre cette décision, c'est justement ce sentiment que j'allais plus pouvoir revenir en arrière. En fait, j'allais être comme tous mes potes, coincé là-dedans, dans un truc du toujours plus infernal, qui sur le papier a l'air chouette et qui donne envie. Franchement, ça donne envie à tout le monde. Mais je savais au fond de moi que j'allais rater ma vie. Franchement, c'est vraiment le sentiment que j'ai eu. Je me suis dit, mec, tu vas louper ta vie. Et ça ne dure pas longtemps. Et j'ai eu la chance d'avoir d'expérience avec des proches qui sont décédés et avec qui j'ai eu des discussions sur la vie, notamment mes deux grands-parents. Et franchement, ça m'a permis de vraiment réaliser qu'il ne fallait pas que je la rate, cette vie. Elle est trop courte, en fait. Et donc, c'est fou parce que la définition de réussir sa vie aujourd'hui, c'est la meilleure chance de rater sa vie. Et c'est vraiment ce constat-là qui m'a fait prendre cette décision. Puis j'aime bien la folie aussi. J'aime bien me dire, allez, je m'en fous. C'est tellement agréable. Franchement, je me rappelle encore de ce sentiment de dire,

  • Florence Gault

    ciao,

  • Arthur Auboeuf

    on drop tout. Je pense que certaines personnes qui sautent d'un avion pour faire de la chute libre ressentent ça. Moi, je l'ai senti en disant non à 15 millions d'euros. En fait, c'est ça le drop. Mais il a une telle valeur, une telle saveur, que ça vaut le coup quand même.

  • Florence Gault

    Comment se crée ensuite la rencontre avec, donc, à l'époque... Time for the Planet qui est devenu Team for the Planet. Et comment vous vous dites, bon bah ok, j'ai tout plaqué, je dis non à cette vie-là, mais du coup je passe, on peut dire que l'écart est très très grand. Comment on en arrive à se dire, je vais aller m'engager pour œuvrer pour la transition écologique ?

  • Arthur Auboeuf

    En fait, quand on se pose des vraies questions sur le sens de sa vie, sur ce qu'on veut faire et ce qu'on veut être, donc c'était vraiment ce moment existentiel que je traversais. On se demande à quoi on veut contribuer, à quoi on veut servir, au service de quoi on veut mettre le... peu de compétences qu'on a et le peu d'années qu'on a, parce qu'en fait, c'est comme ça qu'on se sent exister. Quand on se sent utile, vraiment. Enfin, on a l'impression que c'est des phrases toutes faites, mais c'est vrai. En fait, un humain qui ne se sent pas utile est dépressif. D'ailleurs, ça a été montré sur plein d'études sur les chômeurs. Il y a tout le temps des types pour nous dire qu'il y a des gens pour profiter de la société et rester au chômage le plus longtemps possible. La vérité, c'est que la plupart des gens qui ne se sentent pas contribuer sont dépressifs. Donc en fait, c'est là qu'il y a les plus gros taux de dépression. Donc le moment... où je me pose ces questions-là, forcément, je me les pose très fort, puisque je viens d'arrêter avec Thriller. C'était inconfortable, je veux pas mentir aux gens, quand on sait pas où on va, quand on est dans le flou de qu'est-ce que je veux faire ? Oui,

  • Florence Gault

    c'est pas un non qui est... qui se vit dans la joie et dans le...

  • Arthur Auboeuf

    Il y a la joie de sentir qu'on est aligné, franchement, de se dire t'es pas parti dans une direction où t'allais plus pouvoir revenir en arrière et en fait, t'as choisi d'être le Arthur que tu es vraiment. Par contre, Il y a le flou de dire que ça fait 10 ans que je suis cette voie toute tracée, qu'on voit partout et qui est valorisée partout. Là, maintenant, il faut que je trouve la voie de ce qui me convient vraiment dans une société qui ne me propose pas d'options. Parce que la seule option, c'est de devenir riche le plus possible, obtenir le plus de trucs possibles, et soyez matérialiste. En fait, dès qu'on sort de ça, il n'y a pas tant de schémas que ça. On peut aller devenir moine bouddhiste, en gros. Mais ce n'était pas vraiment vers ça que j'avais envie de m'orienter. Ah bon ? Et donc, j'ai travaillé sur le sens de ce que je voulais faire. Et donc, j'ai vraiment réalisé, c'est toujours dans les notes de mon téléphone, j'avais écrit à ce moment-là, en fait, quelle est ta raison d'être ? Le fameux mot de l'entreprise. Mais quand on se pose la vraie question, c'est quoi ta raison d'être ? Pourquoi tu veux exister s'il y avait un truc que tu voulais vraiment faire ? Et donc, moi, ma raison d'être, elle était évidente. C'était, en tout cas à ce moment-là, contribuer à ce que l'humanité aime à nouveau la nature, le monde vivant. que l'humanité réalise à quel point on est en train de passer à côté du plus grand fondamental de l'histoire humaine, c'est-à-dire le contact avec le vivant, avec la nature, parce que c'est ça qui nous fait du bien. Et donc, je voulais contribuer à rendre à nouveau sexy la nature, le rapport avec le vivant. Ça a été vraiment ça. Et je me rappelle avoir écrit aussi, je ne veux plus de ce monde de business froid, ça ne m'intéresse plus. Et donc, à ce moment-là, il y a eu une grande période de plusieurs mois où je me disais, d'accord, mais concrètement, qu'est-ce que j'en fais de ça, moi ? Et il y a un truc qui s'appelle l'ikigai qui est intéressant, qui dit qu'il faut relier un peu sa raison d'être avec ce dans quoi on est bon. Enfin voilà, il y a trois trucs. Je ne sais plus quel est le troisième. Il y en a un autre aussi,

  • Florence Gault

    je ne sais plus.

  • Arthur Auboeuf

    Je ne sais plus, mais bon voilà, les auditrices et auditeurs trouveront facilement. Vous avez tapé ikigai. Et donc je me suis dit...

  • Florence Gault

    Je suis plutôt bon quand même pour créer des communautés, des entreprises. C'est un truc, voilà, je n'avais pas prévu de faire ça moi. J'étais en fac de sport, ça m'est tombé dessus, je m'en suis bien sorti, j'ai beaucoup appris. Je pense que j'ai la capacité à être assez résilient, à prendre vite des baffes et à comprendre vite. Donc, je vais quand même utiliser ce truc parce que finalement, j'ai aussi pris plaisir à développer des projets, à être capable de faire parler d'un truc, à le faire connaître, à embarquer des soutiens autour. C'est agréable de créer une communauté humaine qui se retrousse les manches ensemble et qui se dit ok on a un objectif commun, on va essayer de trouver des moyens de faire en sorte qu'on arrive à avancer vers cet objectif. Et donc en essayant de rejoindre tout ça, j'ai commencé à créer un truc qui s'appelait Optimiste. Donc voilà c'était Team for the Planet mais ça s'appelait Optimiste et j'ai vu un ancien, on va dire un co-worker, on avait des bureaux ensemble à Lyon. qui était complètement dans la startup nation aussi et avec qui on n'avait jamais discuté de nos envies de faire quelque chose d'utile. Enfin voilà, on était comme tout le monde à se parler de ce qui était stylé. Donc voilà, t'as levé combien ? On a eu question de merde de la startup. Et finalement, lui, il avait fait pareil. Il avait tout lâché parce qu'il s'était rendu compte que, donc lui, il faisait du référencement sur Google, que mettre des mecs premiers sur Google, il n'en avait rien à foutre. En fait, ce n'était pas du tout le but de sa vie et qu'il était en train aussi de rater l'intérêt même de sa vie. Et donc il avait commencé avec un de ses amis, deux de ses amis, à monter Time for the Planet. Maintenant, je n'arrive plus, mon cerveau a switché. Et c'est à ce moment-là qu'il m'a vu commencer à monter ce truc. Il m'a dit, attends, viens, nous, on est en train de bricoler un truc. On fait la même chose, en fait. Là, il faut qu'on le fasse ensemble. Ils avaient besoin de ma compétence. J'avais besoin de les leurs. Et du coup, voilà, les choses se sont alignées très vite.

  • Arthur Auboeuf

    Oui, comme ça. Ce qui nous a donné beaucoup de... Ce qui a en fait vraiment scellé le truc, je pense, c'est qu'on a... très vite constaté que tout le monde avait sacrifié quelque chose entre guillemets en tout cas sacrifié un truc de du monde du monde matérialiste il était plusieurs à avoir des enfants qui venaient de naître et ils avaient quitté des postes extrêmement bien rémunéré enfin voilà laurent il était dg d'un truc de cabinet de comptable avec 400 employés il gagnait très très très très bien sa vie il a tout arrêté pour se lancer là dedans enfin voilà chacun s'était vraiment aligné avait fait un peu un saut dans le vide et c'est ça qui nous a donné je pense, qui a créé le ciment et qui nous a donné la force de vraiment faire un truc ensemble, on ne se connaissait pas.

  • Florence Gault

    Team for the Planet, donc vous soutenez financièrement des entreprises pour leur permettre en fait que leurs innovations voient le jour, des innovations au service de la transition écologique et sociale.

  • Arthur Auboeuf

    Ouais, alors là, c'est dans les grandes lignes, c'est ça, mais pour que les gens comprennent, parce que ça, il y a plein de fonds d'investissement qui font ça, il y a plein de trucs, mais en fait... Nous, le constat initial, c'est déjà qu'on avait envie d'agir en tant que citoyen, on voyait que c'était difficile de le faire et on se demandait comment on pouvait avoir un impact sur les structures profondes du monde dans lequel on vit. Et une conviction qu'on avait, c'est que l'entrepreneuriat est un outil qui permet de toucher à ces structures. Sans avoir besoin d'être président de la République, sans avoir besoin d'être milliardaire, c'est assez génial parce que n'importe qui, avec même pas vraiment des moyens, par l'entrepreneuriat, peut aller faire un truc qui transforme en profondeur, de manière systémique, des choses qui ont aujourd'hui un impact sur nos vies dans le monde entier. Nous, on avait cette conviction de la puissance de l'outil, mais on ne savait pas trop comment le prendre. Le problème, c'est que le verre est dans le fruit. Les règles du jeu de l'entrepreneuriat aujourd'hui sont dans le toujours plus, sont dans l'hypercapitalisme, sont dans l'hyperlibéralisme. Et donc, si tu réentreprends, même pour faire un truc bien, sans changer les règles de ce jeu, en fait, tu vas juste finir par avoir des externalités négatives liées aux règles du jeu. qui vont être plus importantes que les externalités positives de ce que tu essayes de faire. Et ça, c'est un truc qu'on ne voulait absolument pas revivre. Donc, on a discuté avec beaucoup de scientifiques parce qu'on voulait essayer de faire les choses bien. Et souvent, les scientifiques ont une approche intéressante. Il y a une méthode scientifique, c'est un truc rigoureux. Et donc, on a eu la chance très vite de rencontrer Jean Jouzel, qui a été le parrain de Team for the Planet et qui nous a dit, en fait, il y a un vrai sujet aujourd'hui, c'est que la plupart des initiatives dont on a besoin pour faire la révolution écologique sont déjà là. Elles existent déjà, mais elles ne sont pas déployées pour deux principales raisons. La première, c'est que... Ceux qui portent ces innovations sont des ingénieurs, des scientifiques, des chercheurs, donc pas des entrepreneurs. Et eux, en faire une entreprise qui se déploie avec un modèle économique, qui recrute, etc., ils ne savent pas faire. Et la deuxième, c'est que le monde financier ne finance pas ces initiatives parce que ce n'est pas des machines à cash hyper lucratives. Ce sont des initiatives qui peuvent vraiment changer le monde et avoir un impact considérable sur nos vies. Mais aujourd'hui, le monde économique, comme il est fait, a l'obligation d'avoir des... standards de rendement financier colossaux à très court terme et donc ces initiatives qui peuvent tous nous sauver ne correspondent pas aux standards du monde financier. Donc, pour ces deux raisons, alors qu'on a toutes les solutions, on ne les déploie pas. Et donc, ce que fait Team for the Planet, on est un grand mouvement citoyen, n'importe qui peut participer à partir d'un euro. La force de notre modèle, c'est que les gens ne viennent pas dans une perspective lucrative, donc ils sont associés, investisseurs, c'est pas un don, mais ils n'attendent pas de retour financier. Ils attendent un retour... climat, donc des tonnes de CO2 évitées grâce à leur argent, et grâce à l'absence de retours financiers demandés par les actionnaires, en fait, on a une capacité d'investissement qui n'a rien à voir avec le monde économique traditionnel. Nous, on peut aller les faire, ces innovations. Évidemment, il faut qu'elles soient rentables, il faut qu'elles aient un modèle viable pour se déployer, embaucher des gens, grandir et changer nos vies. Mais aujourd'hui, ce que le monde économique demande aux initiatives, ce n'est pas d'être rentable, c'est d'être des monstrueuses machines à cash. Et donc, ça implique un développement de la structure qui est néfaste. Et donc, nous, on s'est dit, on va se donner le luxe absolu grâce à une communauté de gens qui investiront pour les bonnes raisons. de pouvoir investir, même s'il y a une rentabilité tout juste. Parce que si elle a un impact et qu'elle doit exister pour le monde, il faut qu'elle puisse exister. Et donc, Team for the Planet, non seulement on investit grâce à cette communauté, mais on va aussi recruter un entrepreneur expert qui a déjà monté des boîtes avant, l'adjoindre à l'équipe des innovateurs, donc les mettre ensemble, créer un binôme entre un Steve Wozniak et un Steve Jobs, si tu veux. Et ensuite, quand on a mis ensemble ces gens-là, apporter toute la puissance de la communauté. Donc aujourd'hui, il y a 128 000 personnes qui ont investi. Et ces gens-là, en plus d'avoir investi, ils ont un réseau incroyable. Ils sont capables de nous aider à trouver des clients très, très vite, à recruter des talents, à obtenir des rendez-vous. Et donc, c'est une grande équipe d'Avengers qui vient donner tout ce dont a besoin une initiative qui doit exister pour qu'elle puisse exister.

  • Florence Gault

    Combien de projets accompagnés ?

  • Arthur Auboeuf

    14 projets pour l'instant. Donc, ça commence à être chouette. Et surtout, là, maintenant, ça fait 5 ans maintenant et on voit vraiment les résultats sur les premiers projets. On est vraiment très satisfaits. Très honnêtement, on…

  • Florence Gault

    On n'était pas sûr que ça puisse... C'est quoi justement les critères un peu de succès, entre guillemets ?

  • Arthur Auboeuf

    Par exemple, Beyond the Sea, pour expliquer et que ça soit très concret, c'est Yves Parlier, le navigateur du Vendée Globe, donc typiquement pas un entrepreneur, qui maîtrise parfaitement les vents, qui lui s'était rendu compte que la marine marchande, si c'était un pays, ça serait le sixième plus gros pollueur du monde, et qu'il fallait absolument qu'on décarbone la marine marchande. Mais que tous les gros armateurs se cassaient les dents, et par exemple, CMACGM a dépensé des milliards pour tester... des navires alternatifs avec d'autres carburants, de l'hydrogène, etc. Ça ne marche pas. Et lui, il s'est dit, mais en fait, le vent, c'est une super solution. Simplement, si on réutilise le vent comme on le faisait à l'époque des bateaux à voile, on va passer complètement à côté de tout ce qu'on a appris sur les vents ces dernières décennies. Parce qu'on sait que les vents en haute altitude sont beaucoup plus puissants, beaucoup plus constants. Il y a un facteur de traction de 10 fois ce qu'il y a quand tu es sur un bateau à voile traditionnel. Et donc, il s'est dit, quel système de traction Vélix je pourrais mettre sur pied pour décarboner la marine marchande ? avec toutes les contraintes qu'elle a aujourd'hui. Et donc lui, il a inventé le SeaKite. Donc c'est une sorte de grand cerf-volant, on va faire ça très simple, de grand kitesurf en gros, qui monte en haute altitude, plusieurs centaines de mètres d'altitude, qui fait des 8, qui est piloté par un logiciel intelligent, et qui vient réduire d'au moins 20% la consommation de carburant des navires. Mais ça, c'est la théorie. Parce que quand nous, on est arrivés, certes, il y avait des super modèles mathématiques, des super modèles informatiques, il avait vraiment bossé son truc, ça faisait 7 ans qu'il bossait là-dessus. Par contre, dans la pratique, il n'y avait rien. Il y avait une voiture tirée par un truc de 9 mètres carrés sur une plage. Bon, fallait y croire. Nous, on est arrivés, on a proposé ça à la communauté Team Forte Paillettes, parce qu'il faut que notre communauté accepte. On leur a montré toutes les avancées qu'il y avait théoriques et on leur a dit, nous, typiquement, c'est un pari. Si on va chercher un très bon entrepreneur, on y croit. On est allé chercher Marc Tiampon, qui est un super entrepreneur qui vient justement du monde des armateurs. Il est arrivé, il a dit, dans 6 mois, il y a un bateau à l'eau avec une voile de 25 mètres carrés et il coulera dans le port s'il le faut, mais on passe dans la vie réelle. Le bateau n'a pas coulé, on a fait 25 mètres carrés, on a réussi, ça a pris quelques mois, à faire voler la voile. à réduire de 20% la consommation et à avoir un logiciel intelligent qui fonctionnait sans que la voile tombe à l'eau, etc. On est passé sur 50 mètres carrés, ça a été deux fois plus vite pour que la 50 mètres carrés fonctionne. On est passé sur 100 mètres carrés, ça a été encore deux fois plus vite. Là, on a commencé à avoir des clients, donc des bateaux de plaisance qu'on commençait à acheter parce qu'en fait, ça marche. On a signé deux partenariats de co-construction avec des grands armateurs à l'échelle de gros navires. Là, on est sur des voiles de 200 mètres carrés maintenant et l'armée a signé avec Beyond 2C. Il y a... Des dizaines d'acteurs sur la traction Vélique, il y a des très gros groupes industriels qui ont essayé de le faire, ils n'ont pas réussi, ils ont dépensé énormément d'argent. Nous, parce qu'on a apporté toute la communauté de Team for the Planet, l'entrepreneur et un modèle d'investissement qui ne met pas du tout les ingénieurs dans la même perspective et la même démarche, nous, ils travaillent pour que ça marche. Ils ne travaillent pas pour faire du cash, ils travaillent pour que ça marche. Et si ça marche, ça sera rentable et ça sera viable. Mais ça ne sera peut-être pas une vache à lait. Par contre, ça peut décarboner 0,7% du CO2 mondial, juste Beyond the Sea, tout seul. Donc cette innovation... elle doit exister. Si Beyond the Sea équipe les 100 000 bateaux de la marine marchande, en gros, il décarbone les émissions de la taille d'un pays comme l'Egypte. Donc, évidemment qu'il faut le faire. Et donc, maintenant que l'armée est en train de déployer Beyond the Sea, on se dit, mais c'est colossal ce qui vient de se passer. Ça s'est passé en 3 ans. Et donc, nous, on croit beaucoup au modèle et on n'y a jamais autant cru que maintenant qu'on voit les résultats. Et ce qui est fou, c'est que, voilà, Beyond the Sea, c'est un truc qu'on n'y a pas mis des milliards, on y a mis 4 millions. Mais pourtant, ils sont en train de réussir un pari de dingo. Et on le voit sur plusieurs de nos innovations. Et on se dit, mais putain, en fait, déjà sortir les initiatives de l'hyperpression capitaliste, ça leur permet de se concentrer sur le fait que l'innovation fonctionne. Et ça change beaucoup, beaucoup de choses dans l'approche de l'équipe, mais aussi dans les chances de succès. Et après, nous, Team Forte Planète, on a aussi une autre cartouche, c'est qu'on met les boîtes en licence libre. Donc en gros, on fait en sorte qu'elles puissent être répliquées partout dans le monde. Donc, gratuitement, en échange de quoi les acteurs qui répliquent, qui utilisent la licence libre, doivent nous repartager leurs propres améliorations. Donc, ça mutualise la R&D, ça permet d'atteindre la maturité des innovations beaucoup plus vite. Tout à fait. Et nous, ça nous permet de collecter les tonnes de CO2 évitées par toutes les initiatives qui se déploient grâce à la solution, mais aussi de garantir qu'elle ne va pas disparaître. Parce qu'en fait, c'était un constat qu'on faisait au début. Énormément de grands groupes mettent la main sur des très belles solutions qui sont en train de réussir. Et en fait, ils les tuent. Ils les tuent dans l'œuf, mais pas par volonté. Parfois, oui, mais rarement, juste par mauvaise gestion. Parce qu'ils reviennent avec cette matrice ultra capitaliste de ça doit être rentable très vite, très court terme, etc. Et ça tue ces boîtes. Et donc, c'est fou parce qu'en fait, des projets comme ça, il y en a des milliers. Rien que nous, on en a reçu plus de 2000. Ils sont là. Ils sont prêts à passer à l'action. Qu'est-ce que le fait de vous engager dans Team for the Planet, ça vous a apporté personnellement ?

  • Florence Gault

    Ah, de l'inquiétude. Franchement, c'est un truc que j'ai senti très vite Déjà, encore aujourd'hui je suis content Là je suis en vacances actuellement par exemple Et en vacances, on se pose la question Voilà, ça fait du bien, on prend un peu de recul avec son activité On se dit, est-ce que c'est toujours ce que j'aime faire Ce que je veux faire, et je me rends compte que Je vois pas de truc plus utile en fait Là, à l'heure actuelle, je ne vois pas ce que je peux faire de plus utile Et en plus, ça m'a donné un cadre de vie Qui est cohérent Si on était dans un truc où on court comme des tarés A droite, à gauche On serait peut-être pas aussi cohérents dans l'approche de Team Forte Panette, on n'aurait pas la même capacité de réflexion, on serait peut-être réappé par le logiciel, on va dire, dominant. Et en fait, moi ça m'a permis justement de venir ici, de reprendre un peu de temps pour moi, d'avoir des vrais moments justement de connexion avec la nature, de prise de recul, et d'avoir une activité économique qui fonctionne quand même et qui est pérenne. Par contre, je ne serai jamais millionnaire. Mon salaire il est capé à 4 fois le SMIC, mais c'est déjà tellement suffisant en fait. Donc c'est un choix, c'est le choix de sortir du toujours plus, mais ça m'offre tellement de trucs plus importants à côté et donc ça je le sens, je le vis maintenant et c'est génial, on est devenu amis avec les cofondateurs, je crois que ma plus grande satisfaction chez Team for the Planet c'est l'équipe franchement c'est des gens extraordinaires mais vraiment et je les admire tous ils sont fous, non seulement ils sont gentils, dévoués mais en plus c'est des gens bien et c'est des gens avec qui je passe du bon temps j'ai un sentiment d'amitié et en plus je les vois devenir bon. Enfin, vraiment, il y en a, je me dis, c'est la relève, elle est là, quoi. Non, c'est un plaisir. Enfin, honnêtement, il n'y a pas du tout ce truc de requin qu'il y avait dans les startups avant. On était 400 en deux ans, mais tout le monde voulait la place du N plus 1 et se bouffer la gueule pour ça. Ça n'existe plus, ça. Et c'est un bonheur de pouvoir avoir ce sentiment d'être dans un environnement sain à tous les niveaux, quoi. Donc, pour l'instant, ça m'a apporté énormément, quoi. Et puis, en plus, putain, c'est cool, quoi, d'y croire. Non, mais c'est pas évident de lancer une boîte et d'y croire. Au début c'est dur, on se dit est-ce que ça va marcher ? Et nous on a toujours été assez honnête avec les gens, on a dit on prend le pari avec vous, venez prendre le pari, mais on sait pas. Et là, putain j'y crois quoi. Non mais c'est vrai. Merci.

  • Arthur Auboeuf

    Bon Arthur, et après ? Dans votre livre, vous dites, pour éviter de se flinguer et de flinguer, posons-nous cette simple question, et après ? Alors je vous la pose, et après, qu'est-ce qui se passe ? D'ailleurs, ça fait écho au livre de Flore Vasseur, la réalisatrice du documentaire Bigger Than Us, et maintenant, que faisons-nous, qu'on a reçu juste avant vous, 15 jours avant vous, en un battement d'ailes ? J'aime profondément cette question, c'est aussi la question fondamentale du journalisme de solution. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    Oui, carrément, déjà, le bonjour à Flore. On est très en phase sur les réflexions autour de ces sujets. Alors là, pour le coup, c'est un peu plus la thématique du livre, mais pour moi, le après, déjà, c'est d'être capable de se reposer les grandes questions en tant qu'humain. Je pense que c'est ça, mais ça, c'est après tous les jours, en fait. C'est qui j'ai envie d'être ? Qu'est-ce qui est vraiment important pour moi ? Donc ça, c'est un truc, je pense, c'est la boussole du et après parce qu'on en manque cruellement de boussole aujourd'hui, et je pense que là, on rentre dans un monde qui n'a jamais autant tangué, donc si on peut garder ces boussoles-là, c'est important. Et après, moi, personnellement, mon et après il est assez évident, je sais que je voudrais faire ça jusqu'à la fin de ma vie, enfin, en tout cas... m'impliquer pour que on puisse partager cette planète et passer de vulgaire exploitant à gardien. Je trouve que c'est le moment excitant de l'histoire humaine qu'on vit aujourd'hui. On passe quand même d'une époque où on était un peu dans le flou, on se rend compte qu'il commençait à y avoir des problèmes, on a un peu du mal à savoir de quoi ça vient, on comprend mal, à une époque où ça y est, on comprend parfaitement, en fait on connaît les limites de cette planète, c'est assez génial de pouvoir connaître de manière très précise. la mesure et les capacités de régénération de la planète sur tout un tas d'éléments, il n'y a pas que le climat, il y a plein d'autres choses, on a une vue d'ensemble et on est une société mondialisée, et donc moi je crois beaucoup à ce truc de l'humanité qui passe, en tout cas maintenant on a imposé cette responsabilité parce qu'on est 8 milliards, parce qu'on est hyper développé, d'être gardien, et donc moi c'est ça qui m'excite, c'est ça le et après que j'ai envie de voir naître, c'est dans ce monde-là que j'aimerais vieillir, un monde où l'humanité passe petit à petit vers un rôle de gardien, en se disant bah en fait... C'est ce que disait Peter Drucker, il disait You can't manage what you can't measure En fait, maintenant qu'on mesure, on peut manager. Alors le terme n'est pas très beau, mais on peut avoir cette capacité qui donnera du sens à l'aventure humaine. Parce que jusqu'à maintenant, l'aventure humaine, quel sens elle a ? À part d'être justement la bactérie qui se développe et qui est dans le toujours plus. On peut passer de virus à système immunitaire, c'est ça qui se joue aujourd'hui. Et moi, je trouve ça très excitant, système immunitaire, parce que justement, on mesure, on sait. On sait très exactement ce que cette planète incroyable est capable de faire. et on sait très exactement où sont ces limites. Donc on peut s'organiser en tant que société pour justement s'assurer que ces limites ne soient pas dépassées, qu'on reste dans le champ de ce que la planète est capable de faire et qu'on développe une prospérité liée à ça. Et ça ne veut pas dire que c'est le Moyen-Âge. La prospérité liée à ça, moi je pense qu'elle sera bien plus agréable et c'est justement ce dont je parle dans le livre, je dis n'essayez pas d'être écolo, essayez d'être heureux, parce qu'en fait on touche à un truc fondamental que l'humain n'a pas encore réussi à atteindre, c'est le bonheur sincère pour la plupart des humains. Là aujourd'hui on est... On est tous un peu dans une rat race. Et ce qui est fou, c'est de voir que même les décideurs, ceux qui nous semblent être ceux qui profitent de la rat race, sont dans la rat race. Donc on est vraiment dans une course en avant. On est tous perdus. C'est un truc de dingue. Et évidemment qu'on perd pied là-dedans. Il n'y a personne qui sait où on va. Mais si on se redonnait une boussole puissante, et je pense que cette boussole est quand même suffisamment puissante, d'être les gardiens, d'avoir cette responsabilité d'être les gardiens de la Terre et du reste du vivant, c'est une grosse responsabilité. Mais je pense qu'on est obligés de l'endosser aujourd'hui. Parce que de toute façon... C'est un couteau à cran d'arrêt, là. On est tellement partout, on a tellement développé de trucs. Je crois que ça ferait beaucoup de bien à l'humanité d'être capable de se projeter dans cette mécanique-là, dans cette logique. Et ça donnerait envie à plein de gens de se lever le matin et d'aller travailler. Parce qu'aujourd'hui, quand on dit Va travailler 100 000 heures dans ta vie jusqu'à ce que tu sois vieux, comme un fou furieux, pour en plus flinguer tout ce qui te fait du bien, les écosystèmes, les beaux paysages, l'air que tu respires, l'eau que tu bois, etc. Oh là là, quelle dissonance, quoi ! Ha ! c'est pour ça que le meilleur est à venir en un seul mot pour moi le meilleur est à venir parce que on n'aura pas d'autre choix que de réaliser qu'en fait on se trompe de bonheur et on est en train de réaliser qu'on se trompe de bonheur et ça tous les indicateurs qui vont dans le mauvais sens donc santé, santé mentale mais pas que justement les indicateurs sur le bonheur il y a des endroits où on mesure le bonheur le bouton, le bonheur national brut mais pas que, en France aussi on le mesure, on le sait pas mais il y a une mesure de ça, tous ces indicateurs s'effondre. Le sens, justement, est particulièrement au travail. Et donc, je pense que même si le monde, le vieux monde s'accroche, et on le voit qu'il s'accroche comme jamais en ce moment, et tente le tout pour le tout pour qu'on maintienne ce modèle hyper-prédateur, en face de ça, il y a une force surpuissante qui arrive, qui est le besoin de traverser cette vie de manière heureuse, en fait. Parce qu'on ne naît pas et on ne traverse pas ces vies pour être une espèce d'esclave d'une grande machine dont on ne comprend pas le sens.

  • Arthur Auboeuf

    Et en même temps, ça, c'est de la version un peu optimiste, effectivement. D'ailleurs, vous invitez, en sous-titre du livre, à se réconcilier avec l'optimisme. Et là, on le voit bien quand même qu'il y a une espèce d'ambiance de plomb, on le perçoit dans la société. Je trouve qu'il n'y avait qu'à regarder, effectivement, sur les réseaux sociaux, les gens qui délivraient leurs voeux en ce début d'année. On ne peut pas dire que le cœur était particulièrement à la fête, notamment après la crise politique qu'on a pu connaître, nous, en France, ces derniers mois. Quand on regarde le contexte mondial et géopolitique, les sources d'optimisme sont quand même assez réduites. D'ailleurs, on vous pose régulièrement la question en conférence. Vous le dites, comment c'est encore possible d'espérer et d'essayer dans un monde qui semble partir intégralement en sucette ? Et vous répondez par, mais en fait, la question, c'est de savoir qui l'on veut être.

  • Florence Gault

    Oui, complètement. En fait, ça commence par là. On a tellement l'habitude de regarder les problèmes du monde partout et tout le temps, c'est normal, parce qu'on est dans un monde hyper connecté. Certes, il y a plein de choses qui vont dans le mauvais sens, mais il y a aussi plein de choses qui vont dans le bon, et je pense que le début de la chose, c'est déjà moi, à mon échelle, qu'est-ce que je peux faire en moi ? Parce que si je pars dans ce fatalisme et cette morosité ambiante, je vais contribuer à ça. C'est comme quand on est dans un bouchon, on peut dire je suis pris dans les bouchons, ou je contribue à un bouchon. Et donc, avant de se dire, tiens, ça fait chier, il y a des bouchons partout, on peut aussi se dire, la prochaine fois, je vais y aller en marchant, ou en vélo, ou autrement. et en fait cette fois moi je l'aurai pas le bouchon il existera toujours mais par contre je n'y contribuerai plus et ça me fera du bien parce qu'en fait je serai pas en train de ronchonner dans mon bouchon c'est la même chose la situation qu'on est en train de vivre au niveau mondial on peut rester dans ce grand bouchon à gueuler ou dire je vais commencer par sortir du bouchon ça me fera du bien personnellement et puis après si le bouchon continue j'aurai fait de mon mieux pour ne plus y contribuer et si à force de ne plus y contribuer par millions le bouchon s'estompe tout le monde y gagnera Je pense que c'est un peu ce qu'on est en train de vivre maintenant. Après, je suis aussi assez lucide sur pas mal de choses. Je sais que malheureusement, les intérêts aujourd'hui dominants sont les intérêts de ce qui est très prédateur. Et du coup, les moyens de l'économie prédatrice sont colossaux, n'ont jamais été aussi importants. Mais en même temps, les dégâts qu'elle commence à causer finiront forcément par nous rattraper. Alors espérons que le point bas ne soit pas trop bas. Mais moi, j'ai quand même toujours ce truc, et je crois que c'est ça, mais c'est peut-être génétique, l'optimisme, mais je me dis, à partir du moment où on aura atteint le point bas, et qu'on commencera à repartir vers le haut, même si le point bas est très très bas, en fait, ce sera délicieux de se dire, ça y est, ça réaugmente. C'est un peu comme quand les jours se mettent à rallonger. En fait, ils rallongent de quelques microsecondes au début, mais c'est pas grave, ils rallongent. Donc psychologiquement, ça crée quelque chose de satisfaisant. Et puis après... Oui,

  • Arthur Auboeuf

    on peut se réconcilier avec l'optimisme tout en étant dans la lucidité. C'est un peu ce que... nous inviter d'ailleurs à faire Corinne Morel-Darleux dans l'entretien en début de mois, où en fait elle disait qu'elle a un peu de mal avec la notion d'espoir, d'optimisme, etc. Mais qu'il est essentiel et primordial de regarder les choses avec lucidité.

  • Florence Gault

    Il ne faut pas être naïf, on est tous d'accord, il faut avoir conscience de la situation comme elle est. Mais par contre, en fait, on ne fait qu'aggraver les choses en se disant, oh non, l'optimisme, je ne dis pas qu'il faut être un optimiste BA, complètement déconnecté. D'ailleurs, ce n'est pas ça l'optimisme. Pour moi, ce n'est pas ça. Il y a une confusion de définition. Mais par contre, se dire je ne vais pas venir rajouter du mal au mal en fait, c'est stratégique. Parce qu'on a besoin d'avoir une direction qui nous enthousiasme et on a besoin d'une énergie. Il faut que ça ait l'air mieux si on veut que l'humain bouge. C'est ce que j'appelle l'entropie humaine. Si ça a l'air moins bien, évidemment qu'on va se laisser sombrer tous ensemble. Mais par contre, la chance qu'on a, c'est que c'est mieux, en fait. Le monde de demain... est mieux à tous les niveaux. Et donc ça, on le voit et maintenant c'est documenté. Là où on a justement des forces parasites qui veulent nous faire penser que c'est le Moyen-Âge, que c'est des cascades de contraintes et de privations, en fait, les gens commencent à se rendre compte de plus en plus que c'est justement sortir de cette roue du hamster qui ne nous rend pas heureux, qui nous épuise, qui nous enlève le sens, qui nous rend malades en tant que société et en tant qu'individu. Et donc là, le fait de sortir de la roue du hamster, c'est d'abord une libération pour nous. Et ensuite, ça aura... plus la conséquence géniale de faire en sorte que cette planète reste habitable. Mais en fait, faisons-le d'abord pour nous. Et donc c'est pour ça que je dis qui on veut être. Et je pense que on a tous envie d'être heureux. C'est un peu l'épitaphe de plein de gens. Enfin voilà, je pense que la plupart des gens se disent quand on leur demande qu'est-ce que tu veux dans ta vie ? Être heureux. Et donc là, on a une super solution pour être heureux. Et heureuse coïncidence, cette solution qui nous rend heureux va aussi faire en sorte que le monde reste beau. Et donc c'est un cercle vachement vertueux parce que plus le monde sera beau, plus on sera facilement heureux. Et donc moi, je ne suis pas dans un optimisme à dire tout va bien aller, vous inquiétez pas, il n'y a rien besoin de faire, je passe ma journée à agir pour essayer de proposer un plan B Par contre, j'ai un optimisme d'une certitude absolue que le plan A va devenir répulsif en fait pour tout le monde. Ce plan A va nous épuiser tous, va être insupportable en fait pour la plupart des humains. Et donc si le plan B auquel... plein de gens contribuent, nous avec Team Forte Planète et plein d'autres, finit par être sexy, je crois quand même qu'un jour les gens vont dire, bon en fait, il faut que le plan A c'est bon. Non mais c'est vrai, je crois à ça. Maintenant, l'avenir nous dira ce qui se passe. Mais dans tous les cas, j'aurais au moins gagné ces secondes à être plus heureux parce que je me sens dans une démarche qui va dans le bon sens.

  • Arthur Auboeuf

    Le meilleur est à venir et si on se réconcilie avec l'optimisme aux éditions Fayard, c'est donc à découvrir. Merci beaucoup Arthur pour... Cette bouffée d'optimisme est pour cet échange.

  • Florence Gault

    Merci Florence d'être venue jusque là.

  • Arthur Auboeuf

    Un épisode rendu possible grâce au soutien de Victoire, Paul et Valentine.

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