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En un battement d'aile

Épisode 16 - Au chevet de la biodiversité avec Arthropologia

Épisode 16 - Au chevet de la biodiversité avec Arthropologia

42min |11/09/2024
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42min |11/09/2024
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Description

🌿 Et si nous nous reconnections au Vivant...


Le constat est alarmant : la biodiversité 🌍 est en déclin global sans précédent. Selon les derniers rapports de l'IPBES, un million d'espèces sont menacées d'extinction. Les politiques actuelles ne suffisent pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, mettant en péril la survie de nombreuses espèces, dont les insectes pollinisateurs 🐝, essentiels à notre écosystème et à notre alimentation.


💡Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Hugues Mouret, entomologiste passionné, fondateur et directeur scientifique d'Arthropologia, une association dédiée à la protection des insectes et de la biodiversité. Installée à l’Écocentre du Lyonnais, près de Lyon, Arthropologia milite pour un renouveau du lien entre les humains et la nature. 🌳


Découvrez comment reconnecter avec le vivant, protéger la biodiversité et participer à la sauvegarde de notre écosystème.


Bonne écoute ! 🦋


Mixage : Pascal Gauthier


Pour en savoir plus :



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rappelez-vous, mars 2020, premier confinement, vous avez peut-être fait partie de celles et ceux qui ont remarqué le chant des oiseaux ou à qui la nature avait manqué. Notre rapport au vivant et plus largement au monde s'est trouvé profondément transformé pendant la pandémie de Covid-19. Celle-ci a mis en exergue les multiples interdépendances de notre monde et la connexion des humains avec la nature. Les derniers rapports de l'IPBES montrent que la biodiversité connaît un déclin global sans précédent. Sur les quelques 8 millions d'espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million sont désormais menacées d'extinction. Alors que les politiques et engagements actuels en matière d'émissions placent le monde sur une trajectoire de réchauffement d'environ 2,2 à 3,5 degrés à la fin du siècle, les scientifiques expliquent que limiter le réchauffement à 1,5 degré permettrait de réduire considérablement les pertes et dommages. L'IPBES appelle d'ailleurs les dirigeants à cesser de ne prendre en compte que la valeur marchande de la nature. Alors que faire ? Comment se reconnecter aux vivants ? Illustration avec l'association Arthropologia. Au petit matin, en lisière de forêt, en pleine campagne, les oiseaux s'éveillent. C'est dans ces sons de nature qu'Hugues Mouret se sent bien. Cet entomologiste est le fondateur et directeur scientifique de l'association Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversité. Un passionné que je retrouve au siège de l'association à l'éco-centre du Lyonnais à la tour de Salvani, près de Lyon.

  • Speaker #1

    La tanusie, c'est incroyable. Je ne suis pas super fan, mais...

  • Speaker #2

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Et l'origan ? Tu vois, c'est... Voilà, regarde. Il a besoin d'être propre, d'être désherbé, ça pousse très bien. En fait, c'est ça la vie. Ce n'est pas un truc tout propre, tout désherbé. Là, quand tu es un bouffeur de fraises, tu peux y aller chercher les fraises. Tu vas les trouver. Mais alors, tu vas trouver un paquet de baisseux avant de tomber sur les fraises. Donc, il y a des chances que tu te fasses intercepter. Ah bon, la consoude ! mais aussi dans les plantes qu'on soude, qu'on solide, qu'on utilise en cataplasme. C'est un activateur de la prolifération cellulaire. en utilisant un cataplasme quand tu as une entorse ou un truc cassé ou un os cassé et ça provoque la multiplication des cellules et sinon c'est utilisé comme ça alors les feuilles sont beaucoup plus grandes celle-là elle est pas très bien en pointe tu passes au rouleau à pâtisserie pour que ça se souvienne des poils, ça c'est bien collé petite pâte à crêpes épaisse, pâte à beignets, salée un petit peu tu le fais frire de deux côtés, tu mets un filet de citron et tu le présentes à tes convives sans leur dire ce que c'est. Et ils vont te demander quel poisson tu leur as fait. C'est ce qu'on appelle la saule végétale. Parce qu'en fait, ça a une petite odeur d'iode. Ah ouais ? Et quand c'est dans la pâte à crêpes, la chair blanche qui prend l'odeur d'iode, ça rappelle un peu la saule. C'est étonnant. Étonnant, vraiment.

  • Speaker #2

    Et bien bonjour Hugues !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #2

    Alors merci de m'accueillir ici à l'éco-centre du Lyonnais, on est à la tour de Salvigny, avec un grand terrain de 2 hectares autour de nous, vous pouvez nous présenter un peu ce lieu ?

  • Speaker #1

    Oui, le jardin de cocagne qui était installé ici en 2008 je pense, a fait construire ce bâtiment, qui est un bâtiment de 500 m², donc deux plateaux de 250 m², avec une ossature bois, une isolation paille, un torchis, et une serre bioclimatique, voilà. Il a quelques malfaçons, il a quelques... Perte énergétique, on entend un rouge-queue qui nous tourne autour, on doit être à côté d'un nid. Il a été fait en auto-construction, sans forcément des normes qui existaient à l'époque. Donc voilà, on le répare, mais il a l'avantage d'exister et d'être plutôt agréable à vivre. Et il y a un terrain de 2 hectares, sur lequel il y avait du maraîchage biologique, un maraîchage de réinsertion sociale, principe des jardins de cocagne. Et donc on a récupéré ce terrain quand ils ont fermé, faute de financement. Et on a récupéré ce terrain et on a monté ce projet avec Oikos, qui est une association qui travaille sur la rénovation écologique et les matériaux écologiques de construction, pour en faire un éco-centre. Donc avec à chaque fois la partie présentation, formation, accueil du public sur la partie bâtie et sur la partie jardin qu'on a transformé en pôle. Où il y a un verger ancien, une forêt nourricière, une forêt gourmande avec plein d'espèces qu'on n'a pas l'habitude de cultiver. Et on a d'autres pôles avec la taille d'un jardin familial pour montrer ce qu'on peut faire sur quelques dizaines de mètres carrés. Mais l'essentiel du terrain est laissé en libre évolution. Donc quand on est arrivé ici, on a forcé la libre évolution, on a laissé des espaces se renaturer, mais pour autant on a planté les premières années. Plus de 3500 arbres. Oui,

  • Speaker #2

    parce qu'on s'imagine bien, en 2012, quand vous vous installez ici, il n'y avait en fait quasi rien.

  • Speaker #1

    Il y avait une ligne d'arbustes autour du site. Donc sur les 650 mètres que font le tour des deux hectares, il y avait une ligne d'arbustes qu'on a triplée. Et on a planté plein de bosquets, de haies de grande taille. On a relié certains espaces en bordure, en périphérie, pour en faire des boisements. On a planté 3500 arbres, mais en fait il y en a beaucoup plus, parce qu'évidemment, du fait qu'on provoque les conditions d'un milieu forestier, ça provoque la germination des graines d'arbustes et d'arbres. Donc ça s'embuissonne et les arbres apparaissent de façon bien plus importante que ce qu'on a planté uniquement.

  • Speaker #2

    Alors, arthropologien, on va y aller. Vous présentez quand même l'association, pour ceux qui ne connaîtraient pas, Association Naturaliste, avec une vraie préoccupation autour des insectes. Vous pouvez nous présenter un peu la genèse de cette association, qui a été en fait le prolongement de votre parcours à vous ?

  • Speaker #1

    Oui, alors à l'âge de 24-25 ans, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, j'avais essayé deux-trois trucs, mais ça ne collait pas forcément avec les métiers qui m'étaient proposés, auxquels j'avais accès, parce que je n'ai pas de formation. Et c'est vrai que j'étais tombé dans la nature, dans la vie sauvage, dans l'émerveillement de la beauté de ce monde depuis tout petit. Et souvent je passais mon temps à raconter ce que je voyais. Alors ça intéressait les gens ou ça les saoulait un petit peu. Et en fait à un moment quand j'ai fait le bilan de ce que j'avais essayé, de ce que je pouvais faire, je me suis rendu compte qu'en fait le seul truc qui m'intéressait c'était de revenir à ces premières amours et donc de participer à l'accumulation de nouvelles connaissances, mais aussi de partager les connaissances, la beauté et la beauté de ce monde. Et le modèle... économique, si on va parler d'un gros, le plus adapté, c'était l'association pour justement sortir du modèle économique conventionnel, capitalistique, où dans une association, tous les bénéfices sont réinjectés dans l'objet de l'association. Et donc au bout de 23 ans d'aventure, avec des... je ne sais pas monter ça tout seul évidemment, il y a Caroline qui était là déjà et qui est aujourd'hui la directrice. Et aujourd'hui, on a 25 salariés, largement en région lyonnaise pour les animations, pour les activités auprès du grand public ou de l'expertise, mais Après, s'agissant de l'expertise et la formation, voire le plaidoyer ou le lobbying selon comment on se positionne et selon vers qui on va, on le fait au niveau national. Et comme tu l'as dit, oui, on s'est recentré sur les insectes. D'ailleurs, c'est ce qu'un peu veut dire le nom Arthropologia, qui est un néologisme, un arthropode. C'est les animaux à carapace qui sont recouverts d'une carapace avec des pattes articulées. En l'occurrence, c'est les insectes, les arachnides, les crustacés, les millepattes. Alors, on n'est pas des maniaques de ces petites bêtes. Bien, on est des experts de ces petites bêtes. Mais... Pourquoi ? Parce qu'en fait c'était un domaine délaissé. Pour moi c'était quand même une hérésie de ne pas traiter des insectes dans la mesure où ils assurent la quasi-totalité de la nourriture, des mammifères, des oiseaux, ils assurent la pollinisation de 9 plantes sur 10, ils recyclent la matière organique, ils protègent les cultures. Bref, en fait la vie des humains, la vie des vertébrés sans insectes n'est juste pas possible. Et on a plutôt tendance à repousser ces petites bêtes qu'on n'aime pas, alors qu'en fait elles sont beaucoup plus nombreuses, en masse, en nombre et en diversité que tous les autres groupes qui existent et donc elles fournissent des fonctionnalités. ou des services écosystémiques si on les regarde d'un point de vue anthropocentré, extrêmement majeurs.

  • Speaker #2

    On visite un peu ce jardin ?

  • Speaker #1

    Oui, le bar à nectar, c'est ça, ce qu'on appelle le bar à nectar, c'est des plantes à fleurs qu'on avait testées justement pour essayer de trouver des équivalents. aux exotiques. Mais on voit que finalement, ce qui pousse naturellement, là on a du bugle de Genève, ils sont tout à fait adaptés à la faune locale.

  • Speaker #2

    Et alors là, c'est la jardine.

  • Speaker #1

    C'est nos jardinières-chefs.

  • Speaker #2

    Alors qu'est-ce qui se passe par ici ?

  • Speaker #3

    On est en train de mettre un tuteur pour une petite brillonne qui pousse là. Une petite plante qui est très mal aimée, mais qui est trop jolie.

  • Speaker #2

    Pourquoi mal aimée ?

  • Speaker #3

    Parce que pour les jardiniers, elle ne sert à rien. Elle envahit... tout le monde, en plus elle est toxique. Par contre pour la petite fauvette, elle est intéressante parce qu'elle vient manger les baies rouges. Et là, il y en a une aussi qui a déjà bien grimpé. Elle fait déjà des fleurs. Ah c'est une brillonne !

  • Speaker #1

    Et ça, c'est un laxatif qui a été utilisé comme laxatif et qui est toxique et mortel à forte dose, ce qu'on appelait le navet du diable. Et alors effectivement, il y a des oiseaux qui viennent consommer les fruits, mais là à cette époque, quand les fleurs sont ouvertes, il y a une petite abeille qui ressemble un peu à l'abeille mélifère, l'abeille de ruche, avec les premiers segments de l'abdomen un peu rouges, qu'on appelle Andréna florea, l'abeille des fleurs, l'Andrène des fleurs, alors qu'elle va dans une seule fleur. Tout le pollen qu'elle récolte pour ses lards vient de cette espèce.

  • Speaker #3

    Et elle est très belle ! Regardez ! Regardez les vrilles qu'elle fait là ! C'est ça qu'on a inventé,

  • Speaker #1

    le fil du téléphone ! Et oui, parce que là, on ne parle pas qu'à des jeunes, et donc il y a des gens qui ont eu un téléphone avec un fil, avec la maille inversée au milieu.

  • Speaker #3

    C'est une plante magique !

  • Speaker #2

    Bon, on a découvert une plante magique.

  • Speaker #1

    Mais il y en a de partout ! La rufétide, l'achillée millefeuille, les menthes.

  • Speaker #2

    Et alors, le fait d'être bénévole pour Arthropologia, ça vous apporte quoi ?

  • Speaker #0

    Je vois des passionnés,

  • Speaker #2

    en tout cas,

  • Speaker #3

    parce que...... être parmi les plantes, les animaux, la vie quoi et avec la nature on apprend tout le temps, Et c'est une grosse leçon de philosophie et d'humilité parce que dès qu'on est sûr de quelque chose, la nature va nous prouver que bah non.

  • Speaker #1

    Bravo. Bah voilà. C'est pour ça que c'est notre présidente.

  • Speaker #2

    Et vos prénoms ?

  • Speaker #1

    Noël et Mireille.

  • Speaker #3

    Mireille et Noël.

  • Speaker #2

    Il n'y a que des passionnés en fait ici.

  • Speaker #1

    Oui, ceux qui viennent jardiner par ces temps-là toutes les semaines, ce sont des passionnés. Même en hiver, oui parce que là il fait doux, mais même en hiver c'est ça. C'est de même funeste. Elles sont là,

  • Speaker #3

    elles n'ont pas peur de la pluie.

  • Speaker #1

    Il y a d'autres plantes intéressantes, le cabaret des oiseaux. Cette plante qu'on utilisait pour garder la laine, la cardère, elle retient de l'eau et les oiseaux viennent par dedans.

  • Speaker #3

    C'est trop mignon.

  • Speaker #1

    Cette plante, l'estachys qui sente le champignon. Ah ouais ? Incroyable. Le salsifidepré, magnifique. Alors c'est dommage, il fait mauvais donc il n'est pas très ouvert, mais violet il a des étamines... jaune dedans, c'est magnifique, une fleur magnifique.

  • Speaker #2

    Donc on voit là sur allez on va dire sur 10 mètres le nombre de choses effectivement qu'il peut y avoir à la fois en végétaux en insectes cette biodiversité elle est riche et sur un endroit complètement restreint quoi

  • Speaker #1

    Ouais mais en fait ça c'est la normalité c'est tout ce qu'il y a ailleurs qui est pas normal et là, je t'ai pas raconté la moitié des plantes, mais loin de là et comme il fait de... un peu gris, un peu frais, il n'y a pas trop d'insectes, les citoyens ne bougent pas de leurs fleurs, il n'y a pas trop d'insectes qui volent. Mais en réalité, sur quelques dizaines de mètres carrés dans un monde normal, on peut faire une sortie de 3 heures, 4 heures sur les insectes et sur les plantes. Évidemment, c'est extrêmement simple parce qu'on a tout à portée de main. Et avec la dégradation et l'effondrement du vent, ça devient compliqué de faire des sorties sans bouger. On est obligé de marcher pour aller voir des choses parce qu'il y a beaucoup moins d'individus, beaucoup moins de diversité présente.

  • Speaker #2

    Vous avez l'impression que depuis... 30 ans, 40 ans, il y a moins d'insectes.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une impression, c'est que c'est terrible. Ce que je te disais, c'est qu'avant 3 heures de sortie, je pouvais le faire autour d'une maison. Juste avec les plates-bandes qu'il y avait et la prairie. On faisait 50 mètres quand les gens me disaient, j'ai des enfants ou il y a une personne en fauteuil roulant. Pas de problème, on ne bouge pas. Il y a tout à portée de main. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. On a cette fameuse étude dont tout le monde a parlé en 2017 dans PLOS ONE qui disait que 80% des insectes en Europe ont disparu. En réalité, ce n'est pas tout à fait ça qu'elle dit. Elle dit que 80% de la biomasse... des insectes volants a disparu dans une trentaine de prairies suivies pendant 30 ans. Et donc, on pourrait extrapoler à 80% des insectes qui ont disparu, mais ce n'est pas ce que ça veut dire. Et en l'occurrence, la biomasse, c'est intéressant, sauf que la biomasse, c'est un indicateur qui n'est pas assez pertinent pour pouvoir lire la problématique. Quand on dit biomasse, c'est le poids des insectes. Donc, si on tue tous les vertébrés qu'il y a autour de nous, les oiseaux, les mammifères, les amphibiens, les reptiles, etc., on fait exploser la biomasse des mangeurs de cadavres. les mouches à viande, les nécrophores, etc. On les fait exploser. Est-ce que c'est intéressant ? On fait même exploser leur abondance, le nombre d'individus. Est-ce que c'est intéressant comme lecture ? Si on coupe tous les arbres qu'il y a à la tour de Salvani, on fait exploser la biomasse des mangeurs de bois morts. Est-ce que c'est intéressant ? Donc la simple biomasse, en fait, elle pose un véritable problème parce qu'on ne sait pas trop ce qui se passe. Il peut y avoir des biomasses qui augmentent, d'autres qui diminuent. Là, on ne voit qu'une diminution, très bien. Mais typiquement, on sait que les insectes s'effondrent, sauf un certain nombre de groupes qui sont liés à nos activités et à nos déchets. Les mouches, les cafards, les... les syrphes, pas qui mangent des pucerons, mais les syrphes qui recyclent les eaux usées, les eaux qui sont polluées. Et donc voilà, on a vraiment une lecture claire aujourd'hui. Et donc plus récemment, en 2019, il est paru un autre article dans Nature qui montre que dans 290 sites suivis en Allemagne, donc beaucoup plus robuste, 10 fois plus de sites, il y a 150 prairies et 140 forêts, on montre une perte de biomasse de 67%. Donc les deux tiers en 10 ans, c'est pas 80 en 30 ans, c'est 67. En 10 ans, une perte d'abondance d'individus de 78%, il manque 8 insectes sur 10 par rapport à il y a 10 ans, oui je le vois, et en termes de diversité sur ces prairies c'est 34 et 36 dans les forêts. Plus d'un tiers des espèces qui ont disparu en 10 ans. Il n'y a jamais eu ça sur Terre, on parle de la grande extinction des dinosaures, etc. Non, non, en fait ça s'est passé sur des dizaines ou des centaines de milliers d'années et la vie n'a pas été touchée au rythme auquel elle est touchée aujourd'hui, c'est-à-dire 1000 fois plus rapide que la normale. 150 ans et pas 150 000.

  • Speaker #2

    Donc ça veut dire que l'expression la sixième extinction de masse n'est pas galvaudée, c'est pas une exagération ou une image ?

  • Speaker #1

    Non, elle est minorée, parce qu'en fait, les extinctions de masse, les cinq grandes extinctions de masse qu'il y a eu, sont des extinctions naturelles, et comme je viens de le dire, qui se sont passées sur plus de 100 000 ans, 150 000 ans. Là, le problème qui caractérise notre époque, c'est pas... L'amplitude des phénomènes, parce que la Terre a été plus chaude, la Terre a contenu plus de CO2, plus de protoxyde d'azote, plus d'ozone, plus de méthane. C'est pas ça le problème. Le problème, c'est que ça se passe dans un temps extrêmement court. Donc on doit absolument faire quelque chose, urgentement, tout de suite et de partout.

  • Speaker #2

    On voit qu'on parle aujourd'hui beaucoup de climat, assez peu de biodiversité. Ça, comment tu l'expliques ? Est-ce que c'est parce que quelque part, il y a une sorte de... des connexions aujourd'hui que nous avons avec la nature, le vivant.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a évidemment ça. Aujourd'hui, la plupart des gens ne reconnaissent pas trois oiseaux, pas trois plantes et trois insectes, encore moins évidemment, que ce soit dans les villes ou que ce soit dans les campagnes. Le décrochage est le même. Mais le traitement médiatique et le traitement étatique, je pense qu'il est lié aussi à ces solutions technicistes qu'on a derrière, parce qu'en fait le système, le monde capitaliste va pouvoir encore se maintenir pendant quelques années en cherchant des solutions vertes, qui ne sont pas des solutions durables. Mais il y a surtout le traitement médiatique. le traitement de la complexité du problème. Le GIEC, l'IPCC, on est les seuls à l'appeler le GIEC, c'est quand même étrange, fait des modélisations du climat en utilisant la température de l'eau sur la terre, la température de l'air, la cryosphère, donc la quantité d'eau gelée sur les pôles et sur les glaciers. et les 50 000 événements climatiques les plus prégnants. Avec ça, ils font des modélisations et c'est déjà extrêmement complexe. En général, quand on arrive à la date de la modélisation, on est toujours en dessous de ce qui a été modélisé, donc c'est assez perturbant. S'agissant du vivant, de la biodiversité, c'est des millions, au moins 2,5 millions d'espèces connues, mais probablement 8, 10, 20, 30 millions, on n'en sait rien, combien d'espèces sur la Terre qui ont des milliards d'interactions à chaque seconde. Donc en fait, la modélisation est extrêmement complexe. C'est hyper compliqué d'expliquer ça de façon simple et claire et rapide aux gens, quand on a du temps, pas de problème. Moi, j'ai du mal à convaincre les gens en 5 minutes. Quand j'ai une demi-heure, pas de problème. J'ai suffisamment d'arguments et je peux répondre à suffisamment d'oppositions ou d'idées reçues, de fausses bonnes idées pour qu'on puisse avancer. En 5 minutes, en fait, c'est facile d'évacuer ces choses-là parce qu'on a tous plein d'idées dans la tête. Donc, c'est compliqué de parler du vivant, qui plus est, quand on parle à des gens qui sont extrêmement déconnectés et qui n'ont, par exemple, même pas idée du nombre d'espèces qu'il y a. Souvent, dans les conférences, dans les formations que je fais, je demande combien il existe d'espèces, de mammifères, d'amphibiens, de reptiles, de papillons. Mais ils n'ont aucune idée, aucune idée. Et ça, c'est assez remarquable du fait que, mais quand je dis aucune idée, quand c'est 150 mammifères en France, on peut me sortir 5000 ou qu'on peut me sortir 20. Il y a 43 amphibiens en France, on peut me sortir 3000 comme on peut me sortir 10. Les papillons, quand je demande les papillons, les papillons de jour, 250, et quand je demande les papillons de nuit, la plupart des gens disent, plus, au moins 400, 500, non, 5400 papillons de nuit. En réalité, il y a 5700 papillons en France, métropolitaine, dont 95% ce sont des papillons de nuit. Donc en fait, on n'a même pas idée du nombre d'espèces, de la diversité. Et ça, le nombre et la diversité impliquent la diversité des fonctionnalités écologiques et la complexité de ce monde. Et donc lire ce monde sans en avoir ni l'idée du nombre, de l'abondance et des interrelations, c'est compliqué de comprendre où il va. Et l'amnésie environnementale qui se pointe là-dessus fait que chaque année, après chaque hiver, on dégrade un petit peu notre référentiel parce que le cerveau retient 5 à 10% de ce qu'on a vu. Et nous, ce n'est pas qu'on retient mieux que les choses, les naturalistes, c'est qu'on les consigne.

  • Speaker #2

    Tu parles d'amnésie environnementale et pourtant, ce lien à la nature, à l'environnement, il est aussi constitutif de qui nous sommes aujourd'hui. C'est ce que dit le philosophe Jean-Philippe Pierron qui propose de réaliser nos écobiographies. de relire notre histoire à la lecture de nos liens au vivant. Avec Audrey Ranchin, on a créé un arbre cabane dans lequel on invite les gens à venir raconter leurs souvenirs de liens au vivant. Et je voulais justement te faire écouter un extrait de ces témoignages qu'on a pu recueillir et qu'on a mis en récit dans le cadre de ce podcast en un battement d'ailes.

  • Speaker #4

    Je me souviens d'une nuit dans la forêt. avec une amie, je faisais vraiment nuit noire. Je me déplaçais avec la faible lumière de ma lampe frontale, et puis là, tout à coup, je vois un sentiment, quelque chose qui se reflète dans ma lampe, un peu comme si c'était une pierre qui brillait. Je m'approche, et puis là, je vois qu'en fait, ça bouge. Et là, je me rends compte qu'en fait, c'était pas une pierre, mais une énorme araignée. avec des centaines de petits bébés qui avaient leurs yeux qui se reflétaient dans ma lampe. À ce moment-là, j'étais enceinte et j'étais complètement émerveillée de me dire Waouh ! C'est dingue ! Une seule araignée, elle est capable de porter sur son dos une centaine de bébés ? Et j'étais vraiment sidérée. Donc j'ai passé un moment à observer, puis ensuite... J'appelle mon amie, je dis tiens, viens voir, il y a un truc incroyable ici. Elle arrive et puis là, elle me dit, en faisant un grand pas de recul, ah mais c'est monstrueux ! Et voilà, après cette histoire nous a fait beaucoup rire et ça nous a permis de se rendre compte du décalage qu'il peut y avoir de perception et de relation à un même animal.

  • Speaker #0

    Ce matin, j'ai croisé un tilleul, un grand tilleul entouré de béton. Il m'a rappelé celui qui était dans la cour de mon école. Un jour, j'étais très en colère. On m'avait bien appris à ne pas frapper mes camarades de classe. Mais cette colère est sortie et j'ai frappé le tilleul. Aujourd'hui, au creux de mon arbre, on me donne l'occasion de me confesser, de me pardonner. Alors je voudrais dire pardon. Pardon à toi, le tilleul de mon enfance. Aujourd'hui, encore, le regret est bien là. Pardon au tilleul de mon enfance, toi qui m'as gâché des autres. pour faire un premier pisseau sur la bouche d'un garçon. Quand j'avais 17 ans, j'allais avec mon grand-père dans la rivière. C'était au début de l'été. Et c'était un grand-père qui était très calme, très souriant. Et il adorait aller pêcher. Et c'était un moment que je n'ai pas fait si souvent que ça, je pense, où on était tous les deux. Parfois, il y avait mon cousin. Là, j'étais seule avec lui. C'était très calme. Le mouvement de l'eau sur les pieds nus, les oiseaux, les tourterelles. C'est des ambiances qui étaient présentes dans la campagne. Peut-être pas à ce moment-même, mais en tout cas, il y avait des oiseaux, des bruits de campagne, des sons de campagne. On allait pêcher. Et ce poisson, je ne l'aimais pas forcément au départ, je n'aimais pas tellement les poissons, mais j'aimais bien pouvoir le toucher, le prendre, rentrer en contact, prendre conscience de sa vie qu'on perturbait forcément. Et j'étais contente après, même si je n'étais pas fan des poissons, mais de manger cette truite après. Et c'était tout un lien. Alors, qu'est-ce que ça t'inspire ?

  • Speaker #1

    D'abord, je m'y retrouve dans certains témoignages, pas forcément de la pêche avec mon grand-père, mais de me retrouver au bord d'un étang. J'ai grandi dans les contrées fortes de la dombe avec de l'eau de l'autre partout, et puis justement des bestioles partout. J'étais assez fasciné par ces choses-là. Et je passais beaucoup de temps aussi à me vautrer dans la nature, parce qu'en réalité, une fois qu'on est couché, qu'on ne bouge plus, si on met de côté les oiseaux et les mammifères, ils peuvent se rapprocher un petit peu, mais ils nous voient quand même. Par contre, toutes les autres bestioles... devient invisible et donc on peut voir la vie s'animer autour de nous, les amphibiens, les reptiles, les insectes, les araignées, tout se met à bouger. Les plantes évidemment sont là et ne bougent pas. Et ce moment de recueillement, ce moment d'apaisement que j'avais gamin, d'isolement parfois, je le retrouve aussi aujourd'hui et c'est un moment de reconstruction, de ressourcement, où j'en ai vraiment besoin dans ces moments de tension parce que le discours que je porte il est quand même peut-être anxiogène pour certains. mais surtout pour moi qui passe mon temps à le faire, à le raconter une, deux, trois fois par semaine, il y a 50 semaines par an, je vous assure que c'est compliqué d'avoir ce discours en permanence, alors qu'en fait on a des solutions.

  • Speaker #0

    Vous êtes éco-anxieux du coup de parler ?

  • Speaker #1

    Non, non, moi je suis anxieux en fait de ce qui se passe, je suis anxieux des mesures qu'on met en œuvre et qui vont à l'inverse de l'histoire, à l'inverse de ce qu'il faudrait faire, c'est ça qui me rend anxieux, c'est pas le fait d'en parler, ça porte ce discours et c'est extrêmement compliqué pour moi de le porter, et surtout auprès des jeunes, leur dire on a ravagé votre monde. Bienvenue ! C'est compliqué en fait, quand c'est des vieux j'ai moins de problèmes de leur dire vous êtes responsable et j'en fais partie. Et en fait on ne peut pas laisser ça à nos enfants. Et je voulais revenir sur ces aspects de lien avec la nature. Ces gens-là qu'on a entendu parlent de leur enfance. Et ça c'est primordial, c'est essentiel, capital de remettre les enfants dans la nature. C'est ce sur quoi travaille Maya qui est une stagiaire chez nous, accessoirement ma fille, voilà c'est un pur hasard. Qui s'appelle Maya mais rien à voir avec le fait que je m'intéresse... Vous avez ? Non, rien, absolument rien à voir. Et elle travaille sur ce lien de reconnexion entre les enfants et la nature, l'école du dehors, la classe du dehors, et en fait comment est-ce qu'on peut remettre les enfants dehors en accompagnant les profs, les instits sur l'usage, l'utilisation des supports de nature qu'on a pour faire du français, pour faire de l'anglais, pour faire des maths, pour faire tout. C'est-à-dire pas faire transposer simplement la cour dehors et mettre un tableau artificiel, mais d'utiliser le tableau qui est la vie sauvage qu'on a autour de nous. Et ça c'est primordial parce que, je rejoins ton philosophe, de la quantité, de la qualité de nature qu'on côtoie entre 5 et 15 ans dépend toutes les relations qu'on aura pendant toute notre vie avec la nature. Bon alors,

  • Speaker #0

    une fois qu'on a dit tout ça, donc là, il y a peut-être effectivement une partie des auditeurs, des auditrices qui se disent Ok, je croyais que j'étais sur un podcast de journalisme de solution

  • Speaker #1

    C'est quand on a touché le fond en fait, quand on a pointé du doigt les principaux problèmes. qu'on sait où et comment agir. Donc effectivement, c'est très anxiogène cette partie-là, cette description du monde en déliquescence. Mais finalement, quand on a pointé destruction des habitats, pollution, ce sont nos modes de vie, ce sont notre consommation, notre production et nos transports. On a tous dans nos tickets de caisse, dans nos bulletins de vote, la possibilité de changer ce monde. On a tous la possibilité de changer les choses. Sur un balcon, c'est limité, effectivement. Sur une terrasse, un peu moins. en pied d'immeuble, on commence à pouvoir y faire des choses si on trouve une voie commune avec les autres propriétaires ou les autres locataires. Dans son jardin, les jardins privatifs au bord des maisons en France représentent 1 million d'hectares. Ça veut dire presque 4 fois la surface de toutes les réserves naturelles françaises. Donc si on rend un quart de nos jardins, on multiplie par 2 la surface des réserves naturelles françaises. Et si on ajoute les résidences, les campus, les casernes, les hôpitaux, les bords de route, les zones d'activité commerciale, les échangeurs, bref, toutes ces zones qui sont tendues. qui sont coupés alors qu'il n'y a jamais personne qui n'y met les pieds, il n'y a jamais personne qui l'utilise, on limiterait le temps, la dépense énergétique, l'usage de gaz fossile avec les émissions de CO2 et de microparticules et on conserverait de la nourriture, des refuges et une fonctionnalité écologique pour l'atténuation du changement climatique, le maintien de la vie sauvage. Bref, on serait tous gagnants parce qu'en réalité, la vie sur Terre pour les humains ne consiste pas que à travailler mais aussi à vivre et à profiter de la vie parce qu'on est vivant. On est des animaux et on fait partie de cette biodiversité, il faudrait quand même qu'on s'en rappelle à un moment quoi.

  • Speaker #0

    Arthropologia fait à la fois du conseil auprès des collectivités territoriales, du plaidoyer auprès des politiques, et mène régulièrement des missions de sensibilisation auprès du grand public. C'est le cas ce samedi 15 juin. Une balade est organisée à Irigny sur le nouvel espace naturel sensible du plateau des étangs. Et c'est Marion Duvignac, éducatrice nature chez Arthropologia, qui l'anime. Donc bonjour à tous, merci beaucoup d'être avec nous cet après-midi sur le nouvel espèce naturelle sensible du Plateau des Etangs. Donc c'est un nouvel espèce naturelle sensible qui a été déterminé, défini et puis installé, proposé sur le territoire des communes de Charlie, Érynie et Vernaison. Et donc on propose l'association Arthropologia comme d'autres associations d'éducation à l'environnement nos premiers ateliers à la rencontre du grand public. sur cette espèce naturelle sensible. Donc l'objectif du plateau des étangs, c'est de préserver un petit peu ce territoire, le partage aussi avec les exploitations agricoles, notamment arboriculture ici, et puis de venir informer le grand public qui parcourt ce plateau, essayer de faire se côtoyer ces différents usages sur le plateau. Voilà, donc cet après-midi, nous on part à la rencontre des insectes pollinisateurs. J'ai pris des filets fauchois. Ce sont de petits filets qui servent aux collègues entomologistes à aller prospecter des espaces et observer les insectes qui sont cachés, notamment dans les hautes herbes, et qu'on ne voit pas au premier coup d'œil. Là on est bien, on peut y aller. Donc, je disais, des huîtres dans l'herbe, avec le filet ouvert, et puis on regarde ce qu'on a trouvé. Allez-y Catherine. Il faut aller plus au fond, parce que ça s'accroche ? Pas forcément, mais regardez si vous avez trouvé des petites bêtes dans un premier temps. On voit des feux, des petits bouts de brun. Oui. Il y a des petits bouts d'herbes sèches, mais on voit aussi des petits... Des tout petits, donc à voir si ce sont des... Moi, je n'ai pas pris mes lunettes pour voir les nombres de pattes et tout ça. On a des loupes. Alors, ceux-ci sont particulièrement petits. C'est pour ça que je vais vous aider à regarder si ce sont des mouches. Ça ressemble à des bestioles qui vont sur les fruits. Ou des petites abeilles. Donc, on voit que dans la folle avoine, les petits graminées, on a trouvé des petites mouches. Donc là... Effectivement je vais vous... montrer de plus près. Comme j'ai des petits bocaux c'est pratique donc ça permet de pouvoir les observer à plusieurs sans les affoler, leur faire de mal etc. 1, 2, 3... Par côté non ? Donc ça en fait 6 ? Donc ça en fait 6 oui. Donc c'est un... Si je ne sais pas, c'est un insecte ? Oui c'est un insecte. Donc les insectes, les... Ce que les biologistes appellent des insectes, c'est clairement les arthropodes, seulement ceux qui ont six pattes. Voilà, parce que nous, on dit, dans le langage commun, on dit les insectes pour toutes les petites bêtes. Et donc, voilà, en réalité, les jardiniers ne sont pas des insectes. Si on fait faire des pattes, on détermine ce que c'est comme famille. Exactement, donc c'est aussi simple que ça. Donc, les enfants font pareil, ils regardent et puis on vient les classer dans des barquettes. D'accord. Voilà, donc on va continuer. Alors, hop, ici, on a... Marion découvre à chaque fois, avec plaisir, l'étonnement du public devant la biodiversité. Je ne peux pas parler à la place des gens, mais j'ai l'impression qu'il y a quand même beaucoup de personnes qui sont surprises, y compris justement parmi des personnes qui n'ont pas trop d'attentes et qui viennent sans trop d'idées sur ce qu'ils vont voir. Beaucoup de surprises, d'étonnement. On en parlait tout à l'heure, la diversité des arthropodes, des insectes, les modes de vie, le fait qu'ils sont liés aux plantes au milieu. Plein de petites choses toutes simples, mais oui, beaucoup de surprises. Avec quoi vous avez envie que les gens repartent ? Un sentiment en premier lieu, parce que c'est difficile de prétendre faire changer les personnes ou complètement bouleverser leur point de vue. Mais déjà, revenir avec une émotion, d'être... partie à la rencontre des arthropodes et d'avoir découvert des arthropodes différents et puis de s'être étonnée devant leur diversité. Et puis ensuite, de la curiosité. Éveiller aussi sa curiosité sur leur fragilité, celle des milieux dont ils dépendent. Et puis peut-être éveiller une envie d'action, ça, ce serait formidable. Mais déjà, être touchée, c'est quelque chose. Ce n'est pas anodin. Et vous Catherine, qu'est-ce que vous êtes venue chercher dans ce temps d'échange ? Je suis un peu plus sensibilisée ces derniers temps. Tout ce qui est insectes, tout ce qui est petites bestioles, les plantes comestibles. Et je suis à chaque fois émerveillée sur un petit bout de chemin de quelques centaines de mètres, de ce qu'on peut voir. Et par le savoir des personnes qui nous enseignent, enfin qui sont là, avec qui on s'est inscrits pour faire cette balade. Je suis à chaque fois épatée de tous ces trucs-là qu'elles connaissent. Et je me dis que moi, il y a quelques années de plus, à leur âge, je ne crois pas que j'aurais fait ça. Je n'étais pas aussi sensibilisée, peut-être. Et pourtant, vous m'avez dit que vous aviez grandi à la campagne. Exact, exact. Oui, mais je les connaissais, ces animaux, en général. Mais les insectes, c'est plutôt... Le soir, il peut y avoir des moustiques et donc on essaie de vaporiser. Il y a des punaises. Ce n'est pas forcément dans notre environnement quelque chose qu'on aime bien voir. Donc, c'est super intéressant. Moi, je recommande vraiment de faire ces balades. Vraiment, je remercie tous ces gens qui s'occupent de ça, ces organisations, ces associations. On apprend toujours un truc et on ne part pas avec tout parce que tellement il y a d'infos. Nous sommes de retour à l'éco-centre du Lyonnais, à la Tour de Salvani. où je retrouve Hugues Mouret. Dans la culture, les œuvres littéraires ou cinématographiques, on parle de moins en moins de la nature. Arthropologia a d'ailleurs lancé en 2022 une web-série qui a fait beaucoup parler d'elle, puisque ce sont deux acteurs de la fameuse série Kaamelott, Franck Pithiot et Jacques Chambon, respectivement Perceval et Merlin, qui jouent dans cette série. Elle s'appelle Pause Biodive, extrait.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu lances la nouvelle danse de l'été ? Saloperie de bestiole ! Elle ne s'arrête pas de me tourner autour ! Qui c'est qui arrête pas de te tourner autour ?

  • Speaker #0

    Ben des insectes !

  • Speaker #1

    Des moucherons, des moustiques, je sais pas moi, mais ça me saoule. Je vais installer une bombe insecticide sur mon guidon,

  • Speaker #0

    un petit pchit de temps en temps et je pourrai rouler tranquille.

  • Speaker #1

    N'importe quoi ! En tout cas, c'est pénible. C'est pénible pour toi, mais pense un peu à la nature. À la nature ? Ben oui, à la nature en général et à ton jardin en particulier. Mais tu plaisantes ! Les insectes,

  • Speaker #0

    c'est des serial killers des plantes,

  • Speaker #1

    ça bouffe tout ! Pas tout, et pas tous les insectes, au contraire. Sans insectes, pas de plantes, justement. Oh, toi, tu veux encore me parler de pollinisation. Exactement. Tu sais que 90% des plantes à fleurs et 75% des espèces cultivées sur la planète dépendent de la pollinisation par les insectes ? C'est beaucoup. C'est énorme. Et c'est pas tout.

  • Speaker #0

    Les insectes sont aussi des protecteurs des plantes. Certains sont les prédateurs des indésirables,

  • Speaker #1

    comme les limaces ou les pucerons. C'est la guerre entre eux, alors. C'est pas la guerre, mais c'est la chaîne alimentaire naturelle. Ouais, manger ou être mangé. Non, manger et être mangé. Parce que les insectes sont aussi des proies... pour les petits mammifères, les chauves-souris,

  • Speaker #0

    les oiseaux. Donc pas d'insectes,

  • Speaker #1

    pas d'oiseaux ?

  • Speaker #0

    Et ouais. Et pas de plantes non plus ?

  • Speaker #1

    Exactement. Ouais, mais reconnais quand même que les moustiques, c'est bien chiant.

  • Speaker #0

    Ouais, ça pique,

  • Speaker #1

    c'est vecteur de maladie dans les zones tropicales, et ça peut te faire passer une nuit blanche quand ça vient faire bzzz dans ton oreille. Mais les moustiques font aussi partie de l'équilibre naturel. Et s'il y a plus de moustiques, c'est peut-être parce qu'il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux. Pourquoi il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux ? Parce que leur habitat est de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    L'urbanisation, la déforestation,

  • Speaker #1

    l'éclairage artificiel... Qu'est-ce qu'il faut faire alors ? Moi, je n'ai pas la main sur l'aménagement du territoire. Non, mais tu as la main sur ton jardin. Tu peux laisser des zones au repos avec de l'herbe qui pousse, tu peux ne pas tailler systématiquement tous tes arbres tous les ans.

  • Speaker #0

    Bref,

  • Speaker #1

    tu peux laisser de la place à la vie sauvage. Et aux moustiques ? Aux moustiques et aux 35 000 espèces d'insectes recensées en France. La vache ? Ah non, pas la vache. La vache, c'est un mammifère.

  • Speaker #0

    Très drôle. Tu sais que tu es amarrant, toi ?

  • Speaker #1

    Allez, on y va ? On y va,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Je l'aime bien ta nouvelle chorégraphie, là. Allez. Oublie ce que j'ai dit ! En fait, t'es pas marrant du tout !

  • Speaker #0

    On vient d'entendre un extrait. Effectivement, là, c'est une manière d'aller rencontrer le grand public, de pouvoir aborder la question de la biodiversité d'une autre manière, d'un ton humoristique. En plus, ces deux personnages, on les connaît bien, donc il y a effectivement le gros clin d'œil et leur notoriété qui donne le petit coup de pouce. Mais en tout cas, c'est un format qui est intéressant.

  • Speaker #1

    C'est exactement pour ça qu'on l'a fait. Parce que la culture, on parle de... Il y a l'aspect cultural, quand on fait de la culture dans les champs, et l'aspect culturel, comme tu l'as dit, est là, qui est intrinsèque à l'humanité. Et donc, on n'arrive pas à parler à tout le monde. facilement très facilement à parler aux gens qui sont sensibilisés qui viennent chercher de l'info parfois qui attirent leurs collègues leurs amis leurs voisins et on arrive à parler un petit peu à des gens et parfois en fait on n'y peut pas donc en fait il faudrait qu'on aille à dans les supermarchés ou dans les galeries commerciales ou dans les espaces les rues piétonnes à commet pour toucher les samedis après midi pour toucher les gens qui ne viennent pas vers la nature est vrai que la nature vienne ou qu'on amène la nature c'est ce qu'on essaye de faire et là Comme tu le racontes sur cette petite web-série, on essaye de toucher les gens à qui on ne parle jamais, et pas sur un format long. Et comme j'ai dit tout à l'heure, on a besoin de temps pour montrer ces choses-là. Là, c'est en moins de deux minutes, donc on est rentré dans le format internet du zapping à tout va. Mais les deux minutes permettent assez rapidement de ne pas ennuyer les gens, d'éviter qu'ils zappent, et de traiter un certain nombre d'éléments extrêmement importants de façon humoristique, comme tu l'as dit avec cette approche et l'écriture de Jacques Chambon qui est juste extraordinaire. Donc voilà, c'est vraiment ça l'idée, c'est d'augmenter, de diversifier les médias, les supports pour toucher tout un tas de personnes.

  • Speaker #0

    Hugues, j'imagine que là, les auditrices, les auditeurs qui sont en train de nous écouter se disent bon bah ok, très bien, il m'a convaincu, il faut faire quelque chose, et bah qu'est-ce qu'on peut faire ? On a évoqué déjà à l'échelle un peu plus systémique de l'organisation de la société ce qu'on peut faire. À l'échelle individuelle, moi dans ma maison, dans mon appartement, qu'est-ce que je peux faire ?

  • Speaker #1

    En fait, on peut faire partout. Dans une maison moderne, l'essentiel des matériaux utilisés sont hautement toxiques. A la production, au transport, au recyclage, à la dégradation. Aujourd'hui, on a deux fois plus de plastique sur la terre, 8 gigatonnes, que tous les animaux confondus, 4 gigatonnes. Et donc, tous ces éléments-là, c'est un choix. Ou on achète des verres en plastique parce que ça ne se casse pas et que c'est mieux, ou on achète des verres en verre. Des verres en verre qui aient de la silice. La silice, c'est un minéral pur, c'est absolument pas polluant. Une bouteille de bière qui traîne dans la nature, c'est dégueulasse visuellement, mais c'est absolument pas une pollution. Elle peut piéger des animaux, c'est un problème. Dans une maison, on a des coves de partout. On passe de la peinture, 10 ans d'émission des coves, les composés organiques volatiles, 10 ans d'émission avec une peinture acrylique classique. On peut faire des peintures à la craie. Il y a aussi les produits de consommation. Et là, on s'intoxique à une échelle catastrophique. Et je ne pointe pas les agriculteurs en disant ça, mais l'agriculture, c'est-à-dire la société. Vous tous et moi avec. Coluche, 40 ans, qui disait... Quand on pense qu'il suffirait qu'on arrête de les acheter pour qu'ils arrêtent de nous les vendre, quelle misère ! Ça s'appelle l'offre et la demande. En fait, on est responsable de ce qu'on a. Alors oui, ça coûte un petit peu plus cher, mais les marges des grandes enseignes de bio sont indécentes. Ils font des coefficients de multiplication qui ne permettent pas à ces alternatives agricoles non polluantes, non rémanentes, de prendre le dessus. Parce qu'on est dans un système de capitalisation systématique qu'on soit dans une distribution conventionnelle ou dans une distribution biologique. Et donc il va falloir faire un choix. A la fin de la seconde guerre mondiale, 30 à 40% du budget familial du panier familial d'une famille, c'était la nourriture. Aujourd'hui c'est 8 à 10%. On a le choix, il va falloir qu'on regarde avec notre porte-monnaie. Où est-ce qu'on met le plus d'argent ? Qu'est-ce qu'on choisit comme vacances ? Qu'est-ce qu'on choisit comme transport ? Qu'est-ce qu'on choisit de manger ou de ne plus manger ? Et comment finalement nos enfants vont grandir et vont s'en sortir ?

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que nos auditeurs et auditrices risquent de repartir avec plus de questions qu'au démarrage. En tout cas, on en fera un deuxième. Merci Hugues.

  • Speaker #1

    Eh bien merci et continuez bien. Il en faut.

  • Speaker #0

    On va voir le verger. Alors après cet épisode où vous vous intéressez aux pollinisateurs, Arthropologia a lancé une application de diagnostic pour celles et ceux qui ont des jardins afin d'évaluer comment ce jardin répond aux besoins des pollinisateurs. Avec tout un tas de conseils pratiques pour passer à l'action, je vous mets le lien dans la fiche de l'épisode. Un épisode qui a été rendu possible grâce au soutien de Martine et Richard, Claire, Valentin et Léon.

Description

🌿 Et si nous nous reconnections au Vivant...


Le constat est alarmant : la biodiversité 🌍 est en déclin global sans précédent. Selon les derniers rapports de l'IPBES, un million d'espèces sont menacées d'extinction. Les politiques actuelles ne suffisent pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, mettant en péril la survie de nombreuses espèces, dont les insectes pollinisateurs 🐝, essentiels à notre écosystème et à notre alimentation.


💡Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Hugues Mouret, entomologiste passionné, fondateur et directeur scientifique d'Arthropologia, une association dédiée à la protection des insectes et de la biodiversité. Installée à l’Écocentre du Lyonnais, près de Lyon, Arthropologia milite pour un renouveau du lien entre les humains et la nature. 🌳


Découvrez comment reconnecter avec le vivant, protéger la biodiversité et participer à la sauvegarde de notre écosystème.


Bonne écoute ! 🦋


Mixage : Pascal Gauthier


Pour en savoir plus :



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rappelez-vous, mars 2020, premier confinement, vous avez peut-être fait partie de celles et ceux qui ont remarqué le chant des oiseaux ou à qui la nature avait manqué. Notre rapport au vivant et plus largement au monde s'est trouvé profondément transformé pendant la pandémie de Covid-19. Celle-ci a mis en exergue les multiples interdépendances de notre monde et la connexion des humains avec la nature. Les derniers rapports de l'IPBES montrent que la biodiversité connaît un déclin global sans précédent. Sur les quelques 8 millions d'espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million sont désormais menacées d'extinction. Alors que les politiques et engagements actuels en matière d'émissions placent le monde sur une trajectoire de réchauffement d'environ 2,2 à 3,5 degrés à la fin du siècle, les scientifiques expliquent que limiter le réchauffement à 1,5 degré permettrait de réduire considérablement les pertes et dommages. L'IPBES appelle d'ailleurs les dirigeants à cesser de ne prendre en compte que la valeur marchande de la nature. Alors que faire ? Comment se reconnecter aux vivants ? Illustration avec l'association Arthropologia. Au petit matin, en lisière de forêt, en pleine campagne, les oiseaux s'éveillent. C'est dans ces sons de nature qu'Hugues Mouret se sent bien. Cet entomologiste est le fondateur et directeur scientifique de l'association Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversité. Un passionné que je retrouve au siège de l'association à l'éco-centre du Lyonnais à la tour de Salvani, près de Lyon.

  • Speaker #1

    La tanusie, c'est incroyable. Je ne suis pas super fan, mais...

  • Speaker #2

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Et l'origan ? Tu vois, c'est... Voilà, regarde. Il a besoin d'être propre, d'être désherbé, ça pousse très bien. En fait, c'est ça la vie. Ce n'est pas un truc tout propre, tout désherbé. Là, quand tu es un bouffeur de fraises, tu peux y aller chercher les fraises. Tu vas les trouver. Mais alors, tu vas trouver un paquet de baisseux avant de tomber sur les fraises. Donc, il y a des chances que tu te fasses intercepter. Ah bon, la consoude ! mais aussi dans les plantes qu'on soude, qu'on solide, qu'on utilise en cataplasme. C'est un activateur de la prolifération cellulaire. en utilisant un cataplasme quand tu as une entorse ou un truc cassé ou un os cassé et ça provoque la multiplication des cellules et sinon c'est utilisé comme ça alors les feuilles sont beaucoup plus grandes celle-là elle est pas très bien en pointe tu passes au rouleau à pâtisserie pour que ça se souvienne des poils, ça c'est bien collé petite pâte à crêpes épaisse, pâte à beignets, salée un petit peu tu le fais frire de deux côtés, tu mets un filet de citron et tu le présentes à tes convives sans leur dire ce que c'est. Et ils vont te demander quel poisson tu leur as fait. C'est ce qu'on appelle la saule végétale. Parce qu'en fait, ça a une petite odeur d'iode. Ah ouais ? Et quand c'est dans la pâte à crêpes, la chair blanche qui prend l'odeur d'iode, ça rappelle un peu la saule. C'est étonnant. Étonnant, vraiment.

  • Speaker #2

    Et bien bonjour Hugues !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #2

    Alors merci de m'accueillir ici à l'éco-centre du Lyonnais, on est à la tour de Salvigny, avec un grand terrain de 2 hectares autour de nous, vous pouvez nous présenter un peu ce lieu ?

  • Speaker #1

    Oui, le jardin de cocagne qui était installé ici en 2008 je pense, a fait construire ce bâtiment, qui est un bâtiment de 500 m², donc deux plateaux de 250 m², avec une ossature bois, une isolation paille, un torchis, et une serre bioclimatique, voilà. Il a quelques malfaçons, il a quelques... Perte énergétique, on entend un rouge-queue qui nous tourne autour, on doit être à côté d'un nid. Il a été fait en auto-construction, sans forcément des normes qui existaient à l'époque. Donc voilà, on le répare, mais il a l'avantage d'exister et d'être plutôt agréable à vivre. Et il y a un terrain de 2 hectares, sur lequel il y avait du maraîchage biologique, un maraîchage de réinsertion sociale, principe des jardins de cocagne. Et donc on a récupéré ce terrain quand ils ont fermé, faute de financement. Et on a récupéré ce terrain et on a monté ce projet avec Oikos, qui est une association qui travaille sur la rénovation écologique et les matériaux écologiques de construction, pour en faire un éco-centre. Donc avec à chaque fois la partie présentation, formation, accueil du public sur la partie bâtie et sur la partie jardin qu'on a transformé en pôle. Où il y a un verger ancien, une forêt nourricière, une forêt gourmande avec plein d'espèces qu'on n'a pas l'habitude de cultiver. Et on a d'autres pôles avec la taille d'un jardin familial pour montrer ce qu'on peut faire sur quelques dizaines de mètres carrés. Mais l'essentiel du terrain est laissé en libre évolution. Donc quand on est arrivé ici, on a forcé la libre évolution, on a laissé des espaces se renaturer, mais pour autant on a planté les premières années. Plus de 3500 arbres. Oui,

  • Speaker #2

    parce qu'on s'imagine bien, en 2012, quand vous vous installez ici, il n'y avait en fait quasi rien.

  • Speaker #1

    Il y avait une ligne d'arbustes autour du site. Donc sur les 650 mètres que font le tour des deux hectares, il y avait une ligne d'arbustes qu'on a triplée. Et on a planté plein de bosquets, de haies de grande taille. On a relié certains espaces en bordure, en périphérie, pour en faire des boisements. On a planté 3500 arbres, mais en fait il y en a beaucoup plus, parce qu'évidemment, du fait qu'on provoque les conditions d'un milieu forestier, ça provoque la germination des graines d'arbustes et d'arbres. Donc ça s'embuissonne et les arbres apparaissent de façon bien plus importante que ce qu'on a planté uniquement.

  • Speaker #2

    Alors, arthropologien, on va y aller. Vous présentez quand même l'association, pour ceux qui ne connaîtraient pas, Association Naturaliste, avec une vraie préoccupation autour des insectes. Vous pouvez nous présenter un peu la genèse de cette association, qui a été en fait le prolongement de votre parcours à vous ?

  • Speaker #1

    Oui, alors à l'âge de 24-25 ans, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, j'avais essayé deux-trois trucs, mais ça ne collait pas forcément avec les métiers qui m'étaient proposés, auxquels j'avais accès, parce que je n'ai pas de formation. Et c'est vrai que j'étais tombé dans la nature, dans la vie sauvage, dans l'émerveillement de la beauté de ce monde depuis tout petit. Et souvent je passais mon temps à raconter ce que je voyais. Alors ça intéressait les gens ou ça les saoulait un petit peu. Et en fait à un moment quand j'ai fait le bilan de ce que j'avais essayé, de ce que je pouvais faire, je me suis rendu compte qu'en fait le seul truc qui m'intéressait c'était de revenir à ces premières amours et donc de participer à l'accumulation de nouvelles connaissances, mais aussi de partager les connaissances, la beauté et la beauté de ce monde. Et le modèle... économique, si on va parler d'un gros, le plus adapté, c'était l'association pour justement sortir du modèle économique conventionnel, capitalistique, où dans une association, tous les bénéfices sont réinjectés dans l'objet de l'association. Et donc au bout de 23 ans d'aventure, avec des... je ne sais pas monter ça tout seul évidemment, il y a Caroline qui était là déjà et qui est aujourd'hui la directrice. Et aujourd'hui, on a 25 salariés, largement en région lyonnaise pour les animations, pour les activités auprès du grand public ou de l'expertise, mais Après, s'agissant de l'expertise et la formation, voire le plaidoyer ou le lobbying selon comment on se positionne et selon vers qui on va, on le fait au niveau national. Et comme tu l'as dit, oui, on s'est recentré sur les insectes. D'ailleurs, c'est ce qu'un peu veut dire le nom Arthropologia, qui est un néologisme, un arthropode. C'est les animaux à carapace qui sont recouverts d'une carapace avec des pattes articulées. En l'occurrence, c'est les insectes, les arachnides, les crustacés, les millepattes. Alors, on n'est pas des maniaques de ces petites bêtes. Bien, on est des experts de ces petites bêtes. Mais... Pourquoi ? Parce qu'en fait c'était un domaine délaissé. Pour moi c'était quand même une hérésie de ne pas traiter des insectes dans la mesure où ils assurent la quasi-totalité de la nourriture, des mammifères, des oiseaux, ils assurent la pollinisation de 9 plantes sur 10, ils recyclent la matière organique, ils protègent les cultures. Bref, en fait la vie des humains, la vie des vertébrés sans insectes n'est juste pas possible. Et on a plutôt tendance à repousser ces petites bêtes qu'on n'aime pas, alors qu'en fait elles sont beaucoup plus nombreuses, en masse, en nombre et en diversité que tous les autres groupes qui existent et donc elles fournissent des fonctionnalités. ou des services écosystémiques si on les regarde d'un point de vue anthropocentré, extrêmement majeurs.

  • Speaker #2

    On visite un peu ce jardin ?

  • Speaker #1

    Oui, le bar à nectar, c'est ça, ce qu'on appelle le bar à nectar, c'est des plantes à fleurs qu'on avait testées justement pour essayer de trouver des équivalents. aux exotiques. Mais on voit que finalement, ce qui pousse naturellement, là on a du bugle de Genève, ils sont tout à fait adaptés à la faune locale.

  • Speaker #2

    Et alors là, c'est la jardine.

  • Speaker #1

    C'est nos jardinières-chefs.

  • Speaker #2

    Alors qu'est-ce qui se passe par ici ?

  • Speaker #3

    On est en train de mettre un tuteur pour une petite brillonne qui pousse là. Une petite plante qui est très mal aimée, mais qui est trop jolie.

  • Speaker #2

    Pourquoi mal aimée ?

  • Speaker #3

    Parce que pour les jardiniers, elle ne sert à rien. Elle envahit... tout le monde, en plus elle est toxique. Par contre pour la petite fauvette, elle est intéressante parce qu'elle vient manger les baies rouges. Et là, il y en a une aussi qui a déjà bien grimpé. Elle fait déjà des fleurs. Ah c'est une brillonne !

  • Speaker #1

    Et ça, c'est un laxatif qui a été utilisé comme laxatif et qui est toxique et mortel à forte dose, ce qu'on appelait le navet du diable. Et alors effectivement, il y a des oiseaux qui viennent consommer les fruits, mais là à cette époque, quand les fleurs sont ouvertes, il y a une petite abeille qui ressemble un peu à l'abeille mélifère, l'abeille de ruche, avec les premiers segments de l'abdomen un peu rouges, qu'on appelle Andréna florea, l'abeille des fleurs, l'Andrène des fleurs, alors qu'elle va dans une seule fleur. Tout le pollen qu'elle récolte pour ses lards vient de cette espèce.

  • Speaker #3

    Et elle est très belle ! Regardez ! Regardez les vrilles qu'elle fait là ! C'est ça qu'on a inventé,

  • Speaker #1

    le fil du téléphone ! Et oui, parce que là, on ne parle pas qu'à des jeunes, et donc il y a des gens qui ont eu un téléphone avec un fil, avec la maille inversée au milieu.

  • Speaker #3

    C'est une plante magique !

  • Speaker #2

    Bon, on a découvert une plante magique.

  • Speaker #1

    Mais il y en a de partout ! La rufétide, l'achillée millefeuille, les menthes.

  • Speaker #2

    Et alors, le fait d'être bénévole pour Arthropologia, ça vous apporte quoi ?

  • Speaker #0

    Je vois des passionnés,

  • Speaker #2

    en tout cas,

  • Speaker #3

    parce que...... être parmi les plantes, les animaux, la vie quoi et avec la nature on apprend tout le temps, Et c'est une grosse leçon de philosophie et d'humilité parce que dès qu'on est sûr de quelque chose, la nature va nous prouver que bah non.

  • Speaker #1

    Bravo. Bah voilà. C'est pour ça que c'est notre présidente.

  • Speaker #2

    Et vos prénoms ?

  • Speaker #1

    Noël et Mireille.

  • Speaker #3

    Mireille et Noël.

  • Speaker #2

    Il n'y a que des passionnés en fait ici.

  • Speaker #1

    Oui, ceux qui viennent jardiner par ces temps-là toutes les semaines, ce sont des passionnés. Même en hiver, oui parce que là il fait doux, mais même en hiver c'est ça. C'est de même funeste. Elles sont là,

  • Speaker #3

    elles n'ont pas peur de la pluie.

  • Speaker #1

    Il y a d'autres plantes intéressantes, le cabaret des oiseaux. Cette plante qu'on utilisait pour garder la laine, la cardère, elle retient de l'eau et les oiseaux viennent par dedans.

  • Speaker #3

    C'est trop mignon.

  • Speaker #1

    Cette plante, l'estachys qui sente le champignon. Ah ouais ? Incroyable. Le salsifidepré, magnifique. Alors c'est dommage, il fait mauvais donc il n'est pas très ouvert, mais violet il a des étamines... jaune dedans, c'est magnifique, une fleur magnifique.

  • Speaker #2

    Donc on voit là sur allez on va dire sur 10 mètres le nombre de choses effectivement qu'il peut y avoir à la fois en végétaux en insectes cette biodiversité elle est riche et sur un endroit complètement restreint quoi

  • Speaker #1

    Ouais mais en fait ça c'est la normalité c'est tout ce qu'il y a ailleurs qui est pas normal et là, je t'ai pas raconté la moitié des plantes, mais loin de là et comme il fait de... un peu gris, un peu frais, il n'y a pas trop d'insectes, les citoyens ne bougent pas de leurs fleurs, il n'y a pas trop d'insectes qui volent. Mais en réalité, sur quelques dizaines de mètres carrés dans un monde normal, on peut faire une sortie de 3 heures, 4 heures sur les insectes et sur les plantes. Évidemment, c'est extrêmement simple parce qu'on a tout à portée de main. Et avec la dégradation et l'effondrement du vent, ça devient compliqué de faire des sorties sans bouger. On est obligé de marcher pour aller voir des choses parce qu'il y a beaucoup moins d'individus, beaucoup moins de diversité présente.

  • Speaker #2

    Vous avez l'impression que depuis... 30 ans, 40 ans, il y a moins d'insectes.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une impression, c'est que c'est terrible. Ce que je te disais, c'est qu'avant 3 heures de sortie, je pouvais le faire autour d'une maison. Juste avec les plates-bandes qu'il y avait et la prairie. On faisait 50 mètres quand les gens me disaient, j'ai des enfants ou il y a une personne en fauteuil roulant. Pas de problème, on ne bouge pas. Il y a tout à portée de main. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. On a cette fameuse étude dont tout le monde a parlé en 2017 dans PLOS ONE qui disait que 80% des insectes en Europe ont disparu. En réalité, ce n'est pas tout à fait ça qu'elle dit. Elle dit que 80% de la biomasse... des insectes volants a disparu dans une trentaine de prairies suivies pendant 30 ans. Et donc, on pourrait extrapoler à 80% des insectes qui ont disparu, mais ce n'est pas ce que ça veut dire. Et en l'occurrence, la biomasse, c'est intéressant, sauf que la biomasse, c'est un indicateur qui n'est pas assez pertinent pour pouvoir lire la problématique. Quand on dit biomasse, c'est le poids des insectes. Donc, si on tue tous les vertébrés qu'il y a autour de nous, les oiseaux, les mammifères, les amphibiens, les reptiles, etc., on fait exploser la biomasse des mangeurs de cadavres. les mouches à viande, les nécrophores, etc. On les fait exploser. Est-ce que c'est intéressant ? On fait même exploser leur abondance, le nombre d'individus. Est-ce que c'est intéressant comme lecture ? Si on coupe tous les arbres qu'il y a à la tour de Salvani, on fait exploser la biomasse des mangeurs de bois morts. Est-ce que c'est intéressant ? Donc la simple biomasse, en fait, elle pose un véritable problème parce qu'on ne sait pas trop ce qui se passe. Il peut y avoir des biomasses qui augmentent, d'autres qui diminuent. Là, on ne voit qu'une diminution, très bien. Mais typiquement, on sait que les insectes s'effondrent, sauf un certain nombre de groupes qui sont liés à nos activités et à nos déchets. Les mouches, les cafards, les... les syrphes, pas qui mangent des pucerons, mais les syrphes qui recyclent les eaux usées, les eaux qui sont polluées. Et donc voilà, on a vraiment une lecture claire aujourd'hui. Et donc plus récemment, en 2019, il est paru un autre article dans Nature qui montre que dans 290 sites suivis en Allemagne, donc beaucoup plus robuste, 10 fois plus de sites, il y a 150 prairies et 140 forêts, on montre une perte de biomasse de 67%. Donc les deux tiers en 10 ans, c'est pas 80 en 30 ans, c'est 67. En 10 ans, une perte d'abondance d'individus de 78%, il manque 8 insectes sur 10 par rapport à il y a 10 ans, oui je le vois, et en termes de diversité sur ces prairies c'est 34 et 36 dans les forêts. Plus d'un tiers des espèces qui ont disparu en 10 ans. Il n'y a jamais eu ça sur Terre, on parle de la grande extinction des dinosaures, etc. Non, non, en fait ça s'est passé sur des dizaines ou des centaines de milliers d'années et la vie n'a pas été touchée au rythme auquel elle est touchée aujourd'hui, c'est-à-dire 1000 fois plus rapide que la normale. 150 ans et pas 150 000.

  • Speaker #2

    Donc ça veut dire que l'expression la sixième extinction de masse n'est pas galvaudée, c'est pas une exagération ou une image ?

  • Speaker #1

    Non, elle est minorée, parce qu'en fait, les extinctions de masse, les cinq grandes extinctions de masse qu'il y a eu, sont des extinctions naturelles, et comme je viens de le dire, qui se sont passées sur plus de 100 000 ans, 150 000 ans. Là, le problème qui caractérise notre époque, c'est pas... L'amplitude des phénomènes, parce que la Terre a été plus chaude, la Terre a contenu plus de CO2, plus de protoxyde d'azote, plus d'ozone, plus de méthane. C'est pas ça le problème. Le problème, c'est que ça se passe dans un temps extrêmement court. Donc on doit absolument faire quelque chose, urgentement, tout de suite et de partout.

  • Speaker #2

    On voit qu'on parle aujourd'hui beaucoup de climat, assez peu de biodiversité. Ça, comment tu l'expliques ? Est-ce que c'est parce que quelque part, il y a une sorte de... des connexions aujourd'hui que nous avons avec la nature, le vivant.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a évidemment ça. Aujourd'hui, la plupart des gens ne reconnaissent pas trois oiseaux, pas trois plantes et trois insectes, encore moins évidemment, que ce soit dans les villes ou que ce soit dans les campagnes. Le décrochage est le même. Mais le traitement médiatique et le traitement étatique, je pense qu'il est lié aussi à ces solutions technicistes qu'on a derrière, parce qu'en fait le système, le monde capitaliste va pouvoir encore se maintenir pendant quelques années en cherchant des solutions vertes, qui ne sont pas des solutions durables. Mais il y a surtout le traitement médiatique. le traitement de la complexité du problème. Le GIEC, l'IPCC, on est les seuls à l'appeler le GIEC, c'est quand même étrange, fait des modélisations du climat en utilisant la température de l'eau sur la terre, la température de l'air, la cryosphère, donc la quantité d'eau gelée sur les pôles et sur les glaciers. et les 50 000 événements climatiques les plus prégnants. Avec ça, ils font des modélisations et c'est déjà extrêmement complexe. En général, quand on arrive à la date de la modélisation, on est toujours en dessous de ce qui a été modélisé, donc c'est assez perturbant. S'agissant du vivant, de la biodiversité, c'est des millions, au moins 2,5 millions d'espèces connues, mais probablement 8, 10, 20, 30 millions, on n'en sait rien, combien d'espèces sur la Terre qui ont des milliards d'interactions à chaque seconde. Donc en fait, la modélisation est extrêmement complexe. C'est hyper compliqué d'expliquer ça de façon simple et claire et rapide aux gens, quand on a du temps, pas de problème. Moi, j'ai du mal à convaincre les gens en 5 minutes. Quand j'ai une demi-heure, pas de problème. J'ai suffisamment d'arguments et je peux répondre à suffisamment d'oppositions ou d'idées reçues, de fausses bonnes idées pour qu'on puisse avancer. En 5 minutes, en fait, c'est facile d'évacuer ces choses-là parce qu'on a tous plein d'idées dans la tête. Donc, c'est compliqué de parler du vivant, qui plus est, quand on parle à des gens qui sont extrêmement déconnectés et qui n'ont, par exemple, même pas idée du nombre d'espèces qu'il y a. Souvent, dans les conférences, dans les formations que je fais, je demande combien il existe d'espèces, de mammifères, d'amphibiens, de reptiles, de papillons. Mais ils n'ont aucune idée, aucune idée. Et ça, c'est assez remarquable du fait que, mais quand je dis aucune idée, quand c'est 150 mammifères en France, on peut me sortir 5000 ou qu'on peut me sortir 20. Il y a 43 amphibiens en France, on peut me sortir 3000 comme on peut me sortir 10. Les papillons, quand je demande les papillons, les papillons de jour, 250, et quand je demande les papillons de nuit, la plupart des gens disent, plus, au moins 400, 500, non, 5400 papillons de nuit. En réalité, il y a 5700 papillons en France, métropolitaine, dont 95% ce sont des papillons de nuit. Donc en fait, on n'a même pas idée du nombre d'espèces, de la diversité. Et ça, le nombre et la diversité impliquent la diversité des fonctionnalités écologiques et la complexité de ce monde. Et donc lire ce monde sans en avoir ni l'idée du nombre, de l'abondance et des interrelations, c'est compliqué de comprendre où il va. Et l'amnésie environnementale qui se pointe là-dessus fait que chaque année, après chaque hiver, on dégrade un petit peu notre référentiel parce que le cerveau retient 5 à 10% de ce qu'on a vu. Et nous, ce n'est pas qu'on retient mieux que les choses, les naturalistes, c'est qu'on les consigne.

  • Speaker #2

    Tu parles d'amnésie environnementale et pourtant, ce lien à la nature, à l'environnement, il est aussi constitutif de qui nous sommes aujourd'hui. C'est ce que dit le philosophe Jean-Philippe Pierron qui propose de réaliser nos écobiographies. de relire notre histoire à la lecture de nos liens au vivant. Avec Audrey Ranchin, on a créé un arbre cabane dans lequel on invite les gens à venir raconter leurs souvenirs de liens au vivant. Et je voulais justement te faire écouter un extrait de ces témoignages qu'on a pu recueillir et qu'on a mis en récit dans le cadre de ce podcast en un battement d'ailes.

  • Speaker #4

    Je me souviens d'une nuit dans la forêt. avec une amie, je faisais vraiment nuit noire. Je me déplaçais avec la faible lumière de ma lampe frontale, et puis là, tout à coup, je vois un sentiment, quelque chose qui se reflète dans ma lampe, un peu comme si c'était une pierre qui brillait. Je m'approche, et puis là, je vois qu'en fait, ça bouge. Et là, je me rends compte qu'en fait, c'était pas une pierre, mais une énorme araignée. avec des centaines de petits bébés qui avaient leurs yeux qui se reflétaient dans ma lampe. À ce moment-là, j'étais enceinte et j'étais complètement émerveillée de me dire Waouh ! C'est dingue ! Une seule araignée, elle est capable de porter sur son dos une centaine de bébés ? Et j'étais vraiment sidérée. Donc j'ai passé un moment à observer, puis ensuite... J'appelle mon amie, je dis tiens, viens voir, il y a un truc incroyable ici. Elle arrive et puis là, elle me dit, en faisant un grand pas de recul, ah mais c'est monstrueux ! Et voilà, après cette histoire nous a fait beaucoup rire et ça nous a permis de se rendre compte du décalage qu'il peut y avoir de perception et de relation à un même animal.

  • Speaker #0

    Ce matin, j'ai croisé un tilleul, un grand tilleul entouré de béton. Il m'a rappelé celui qui était dans la cour de mon école. Un jour, j'étais très en colère. On m'avait bien appris à ne pas frapper mes camarades de classe. Mais cette colère est sortie et j'ai frappé le tilleul. Aujourd'hui, au creux de mon arbre, on me donne l'occasion de me confesser, de me pardonner. Alors je voudrais dire pardon. Pardon à toi, le tilleul de mon enfance. Aujourd'hui, encore, le regret est bien là. Pardon au tilleul de mon enfance, toi qui m'as gâché des autres. pour faire un premier pisseau sur la bouche d'un garçon. Quand j'avais 17 ans, j'allais avec mon grand-père dans la rivière. C'était au début de l'été. Et c'était un grand-père qui était très calme, très souriant. Et il adorait aller pêcher. Et c'était un moment que je n'ai pas fait si souvent que ça, je pense, où on était tous les deux. Parfois, il y avait mon cousin. Là, j'étais seule avec lui. C'était très calme. Le mouvement de l'eau sur les pieds nus, les oiseaux, les tourterelles. C'est des ambiances qui étaient présentes dans la campagne. Peut-être pas à ce moment-même, mais en tout cas, il y avait des oiseaux, des bruits de campagne, des sons de campagne. On allait pêcher. Et ce poisson, je ne l'aimais pas forcément au départ, je n'aimais pas tellement les poissons, mais j'aimais bien pouvoir le toucher, le prendre, rentrer en contact, prendre conscience de sa vie qu'on perturbait forcément. Et j'étais contente après, même si je n'étais pas fan des poissons, mais de manger cette truite après. Et c'était tout un lien. Alors, qu'est-ce que ça t'inspire ?

  • Speaker #1

    D'abord, je m'y retrouve dans certains témoignages, pas forcément de la pêche avec mon grand-père, mais de me retrouver au bord d'un étang. J'ai grandi dans les contrées fortes de la dombe avec de l'eau de l'autre partout, et puis justement des bestioles partout. J'étais assez fasciné par ces choses-là. Et je passais beaucoup de temps aussi à me vautrer dans la nature, parce qu'en réalité, une fois qu'on est couché, qu'on ne bouge plus, si on met de côté les oiseaux et les mammifères, ils peuvent se rapprocher un petit peu, mais ils nous voient quand même. Par contre, toutes les autres bestioles... devient invisible et donc on peut voir la vie s'animer autour de nous, les amphibiens, les reptiles, les insectes, les araignées, tout se met à bouger. Les plantes évidemment sont là et ne bougent pas. Et ce moment de recueillement, ce moment d'apaisement que j'avais gamin, d'isolement parfois, je le retrouve aussi aujourd'hui et c'est un moment de reconstruction, de ressourcement, où j'en ai vraiment besoin dans ces moments de tension parce que le discours que je porte il est quand même peut-être anxiogène pour certains. mais surtout pour moi qui passe mon temps à le faire, à le raconter une, deux, trois fois par semaine, il y a 50 semaines par an, je vous assure que c'est compliqué d'avoir ce discours en permanence, alors qu'en fait on a des solutions.

  • Speaker #0

    Vous êtes éco-anxieux du coup de parler ?

  • Speaker #1

    Non, non, moi je suis anxieux en fait de ce qui se passe, je suis anxieux des mesures qu'on met en œuvre et qui vont à l'inverse de l'histoire, à l'inverse de ce qu'il faudrait faire, c'est ça qui me rend anxieux, c'est pas le fait d'en parler, ça porte ce discours et c'est extrêmement compliqué pour moi de le porter, et surtout auprès des jeunes, leur dire on a ravagé votre monde. Bienvenue ! C'est compliqué en fait, quand c'est des vieux j'ai moins de problèmes de leur dire vous êtes responsable et j'en fais partie. Et en fait on ne peut pas laisser ça à nos enfants. Et je voulais revenir sur ces aspects de lien avec la nature. Ces gens-là qu'on a entendu parlent de leur enfance. Et ça c'est primordial, c'est essentiel, capital de remettre les enfants dans la nature. C'est ce sur quoi travaille Maya qui est une stagiaire chez nous, accessoirement ma fille, voilà c'est un pur hasard. Qui s'appelle Maya mais rien à voir avec le fait que je m'intéresse... Vous avez ? Non, rien, absolument rien à voir. Et elle travaille sur ce lien de reconnexion entre les enfants et la nature, l'école du dehors, la classe du dehors, et en fait comment est-ce qu'on peut remettre les enfants dehors en accompagnant les profs, les instits sur l'usage, l'utilisation des supports de nature qu'on a pour faire du français, pour faire de l'anglais, pour faire des maths, pour faire tout. C'est-à-dire pas faire transposer simplement la cour dehors et mettre un tableau artificiel, mais d'utiliser le tableau qui est la vie sauvage qu'on a autour de nous. Et ça c'est primordial parce que, je rejoins ton philosophe, de la quantité, de la qualité de nature qu'on côtoie entre 5 et 15 ans dépend toutes les relations qu'on aura pendant toute notre vie avec la nature. Bon alors,

  • Speaker #0

    une fois qu'on a dit tout ça, donc là, il y a peut-être effectivement une partie des auditeurs, des auditrices qui se disent Ok, je croyais que j'étais sur un podcast de journalisme de solution

  • Speaker #1

    C'est quand on a touché le fond en fait, quand on a pointé du doigt les principaux problèmes. qu'on sait où et comment agir. Donc effectivement, c'est très anxiogène cette partie-là, cette description du monde en déliquescence. Mais finalement, quand on a pointé destruction des habitats, pollution, ce sont nos modes de vie, ce sont notre consommation, notre production et nos transports. On a tous dans nos tickets de caisse, dans nos bulletins de vote, la possibilité de changer ce monde. On a tous la possibilité de changer les choses. Sur un balcon, c'est limité, effectivement. Sur une terrasse, un peu moins. en pied d'immeuble, on commence à pouvoir y faire des choses si on trouve une voie commune avec les autres propriétaires ou les autres locataires. Dans son jardin, les jardins privatifs au bord des maisons en France représentent 1 million d'hectares. Ça veut dire presque 4 fois la surface de toutes les réserves naturelles françaises. Donc si on rend un quart de nos jardins, on multiplie par 2 la surface des réserves naturelles françaises. Et si on ajoute les résidences, les campus, les casernes, les hôpitaux, les bords de route, les zones d'activité commerciale, les échangeurs, bref, toutes ces zones qui sont tendues. qui sont coupés alors qu'il n'y a jamais personne qui n'y met les pieds, il n'y a jamais personne qui l'utilise, on limiterait le temps, la dépense énergétique, l'usage de gaz fossile avec les émissions de CO2 et de microparticules et on conserverait de la nourriture, des refuges et une fonctionnalité écologique pour l'atténuation du changement climatique, le maintien de la vie sauvage. Bref, on serait tous gagnants parce qu'en réalité, la vie sur Terre pour les humains ne consiste pas que à travailler mais aussi à vivre et à profiter de la vie parce qu'on est vivant. On est des animaux et on fait partie de cette biodiversité, il faudrait quand même qu'on s'en rappelle à un moment quoi.

  • Speaker #0

    Arthropologia fait à la fois du conseil auprès des collectivités territoriales, du plaidoyer auprès des politiques, et mène régulièrement des missions de sensibilisation auprès du grand public. C'est le cas ce samedi 15 juin. Une balade est organisée à Irigny sur le nouvel espace naturel sensible du plateau des étangs. Et c'est Marion Duvignac, éducatrice nature chez Arthropologia, qui l'anime. Donc bonjour à tous, merci beaucoup d'être avec nous cet après-midi sur le nouvel espèce naturelle sensible du Plateau des Etangs. Donc c'est un nouvel espèce naturelle sensible qui a été déterminé, défini et puis installé, proposé sur le territoire des communes de Charlie, Érynie et Vernaison. Et donc on propose l'association Arthropologia comme d'autres associations d'éducation à l'environnement nos premiers ateliers à la rencontre du grand public. sur cette espèce naturelle sensible. Donc l'objectif du plateau des étangs, c'est de préserver un petit peu ce territoire, le partage aussi avec les exploitations agricoles, notamment arboriculture ici, et puis de venir informer le grand public qui parcourt ce plateau, essayer de faire se côtoyer ces différents usages sur le plateau. Voilà, donc cet après-midi, nous on part à la rencontre des insectes pollinisateurs. J'ai pris des filets fauchois. Ce sont de petits filets qui servent aux collègues entomologistes à aller prospecter des espaces et observer les insectes qui sont cachés, notamment dans les hautes herbes, et qu'on ne voit pas au premier coup d'œil. Là on est bien, on peut y aller. Donc, je disais, des huîtres dans l'herbe, avec le filet ouvert, et puis on regarde ce qu'on a trouvé. Allez-y Catherine. Il faut aller plus au fond, parce que ça s'accroche ? Pas forcément, mais regardez si vous avez trouvé des petites bêtes dans un premier temps. On voit des feux, des petits bouts de brun. Oui. Il y a des petits bouts d'herbes sèches, mais on voit aussi des petits... Des tout petits, donc à voir si ce sont des... Moi, je n'ai pas pris mes lunettes pour voir les nombres de pattes et tout ça. On a des loupes. Alors, ceux-ci sont particulièrement petits. C'est pour ça que je vais vous aider à regarder si ce sont des mouches. Ça ressemble à des bestioles qui vont sur les fruits. Ou des petites abeilles. Donc, on voit que dans la folle avoine, les petits graminées, on a trouvé des petites mouches. Donc là... Effectivement je vais vous... montrer de plus près. Comme j'ai des petits bocaux c'est pratique donc ça permet de pouvoir les observer à plusieurs sans les affoler, leur faire de mal etc. 1, 2, 3... Par côté non ? Donc ça en fait 6 ? Donc ça en fait 6 oui. Donc c'est un... Si je ne sais pas, c'est un insecte ? Oui c'est un insecte. Donc les insectes, les... Ce que les biologistes appellent des insectes, c'est clairement les arthropodes, seulement ceux qui ont six pattes. Voilà, parce que nous, on dit, dans le langage commun, on dit les insectes pour toutes les petites bêtes. Et donc, voilà, en réalité, les jardiniers ne sont pas des insectes. Si on fait faire des pattes, on détermine ce que c'est comme famille. Exactement, donc c'est aussi simple que ça. Donc, les enfants font pareil, ils regardent et puis on vient les classer dans des barquettes. D'accord. Voilà, donc on va continuer. Alors, hop, ici, on a... Marion découvre à chaque fois, avec plaisir, l'étonnement du public devant la biodiversité. Je ne peux pas parler à la place des gens, mais j'ai l'impression qu'il y a quand même beaucoup de personnes qui sont surprises, y compris justement parmi des personnes qui n'ont pas trop d'attentes et qui viennent sans trop d'idées sur ce qu'ils vont voir. Beaucoup de surprises, d'étonnement. On en parlait tout à l'heure, la diversité des arthropodes, des insectes, les modes de vie, le fait qu'ils sont liés aux plantes au milieu. Plein de petites choses toutes simples, mais oui, beaucoup de surprises. Avec quoi vous avez envie que les gens repartent ? Un sentiment en premier lieu, parce que c'est difficile de prétendre faire changer les personnes ou complètement bouleverser leur point de vue. Mais déjà, revenir avec une émotion, d'être... partie à la rencontre des arthropodes et d'avoir découvert des arthropodes différents et puis de s'être étonnée devant leur diversité. Et puis ensuite, de la curiosité. Éveiller aussi sa curiosité sur leur fragilité, celle des milieux dont ils dépendent. Et puis peut-être éveiller une envie d'action, ça, ce serait formidable. Mais déjà, être touchée, c'est quelque chose. Ce n'est pas anodin. Et vous Catherine, qu'est-ce que vous êtes venue chercher dans ce temps d'échange ? Je suis un peu plus sensibilisée ces derniers temps. Tout ce qui est insectes, tout ce qui est petites bestioles, les plantes comestibles. Et je suis à chaque fois émerveillée sur un petit bout de chemin de quelques centaines de mètres, de ce qu'on peut voir. Et par le savoir des personnes qui nous enseignent, enfin qui sont là, avec qui on s'est inscrits pour faire cette balade. Je suis à chaque fois épatée de tous ces trucs-là qu'elles connaissent. Et je me dis que moi, il y a quelques années de plus, à leur âge, je ne crois pas que j'aurais fait ça. Je n'étais pas aussi sensibilisée, peut-être. Et pourtant, vous m'avez dit que vous aviez grandi à la campagne. Exact, exact. Oui, mais je les connaissais, ces animaux, en général. Mais les insectes, c'est plutôt... Le soir, il peut y avoir des moustiques et donc on essaie de vaporiser. Il y a des punaises. Ce n'est pas forcément dans notre environnement quelque chose qu'on aime bien voir. Donc, c'est super intéressant. Moi, je recommande vraiment de faire ces balades. Vraiment, je remercie tous ces gens qui s'occupent de ça, ces organisations, ces associations. On apprend toujours un truc et on ne part pas avec tout parce que tellement il y a d'infos. Nous sommes de retour à l'éco-centre du Lyonnais, à la Tour de Salvani. où je retrouve Hugues Mouret. Dans la culture, les œuvres littéraires ou cinématographiques, on parle de moins en moins de la nature. Arthropologia a d'ailleurs lancé en 2022 une web-série qui a fait beaucoup parler d'elle, puisque ce sont deux acteurs de la fameuse série Kaamelott, Franck Pithiot et Jacques Chambon, respectivement Perceval et Merlin, qui jouent dans cette série. Elle s'appelle Pause Biodive, extrait.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu lances la nouvelle danse de l'été ? Saloperie de bestiole ! Elle ne s'arrête pas de me tourner autour ! Qui c'est qui arrête pas de te tourner autour ?

  • Speaker #0

    Ben des insectes !

  • Speaker #1

    Des moucherons, des moustiques, je sais pas moi, mais ça me saoule. Je vais installer une bombe insecticide sur mon guidon,

  • Speaker #0

    un petit pchit de temps en temps et je pourrai rouler tranquille.

  • Speaker #1

    N'importe quoi ! En tout cas, c'est pénible. C'est pénible pour toi, mais pense un peu à la nature. À la nature ? Ben oui, à la nature en général et à ton jardin en particulier. Mais tu plaisantes ! Les insectes,

  • Speaker #0

    c'est des serial killers des plantes,

  • Speaker #1

    ça bouffe tout ! Pas tout, et pas tous les insectes, au contraire. Sans insectes, pas de plantes, justement. Oh, toi, tu veux encore me parler de pollinisation. Exactement. Tu sais que 90% des plantes à fleurs et 75% des espèces cultivées sur la planète dépendent de la pollinisation par les insectes ? C'est beaucoup. C'est énorme. Et c'est pas tout.

  • Speaker #0

    Les insectes sont aussi des protecteurs des plantes. Certains sont les prédateurs des indésirables,

  • Speaker #1

    comme les limaces ou les pucerons. C'est la guerre entre eux, alors. C'est pas la guerre, mais c'est la chaîne alimentaire naturelle. Ouais, manger ou être mangé. Non, manger et être mangé. Parce que les insectes sont aussi des proies... pour les petits mammifères, les chauves-souris,

  • Speaker #0

    les oiseaux. Donc pas d'insectes,

  • Speaker #1

    pas d'oiseaux ?

  • Speaker #0

    Et ouais. Et pas de plantes non plus ?

  • Speaker #1

    Exactement. Ouais, mais reconnais quand même que les moustiques, c'est bien chiant.

  • Speaker #0

    Ouais, ça pique,

  • Speaker #1

    c'est vecteur de maladie dans les zones tropicales, et ça peut te faire passer une nuit blanche quand ça vient faire bzzz dans ton oreille. Mais les moustiques font aussi partie de l'équilibre naturel. Et s'il y a plus de moustiques, c'est peut-être parce qu'il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux. Pourquoi il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux ? Parce que leur habitat est de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    L'urbanisation, la déforestation,

  • Speaker #1

    l'éclairage artificiel... Qu'est-ce qu'il faut faire alors ? Moi, je n'ai pas la main sur l'aménagement du territoire. Non, mais tu as la main sur ton jardin. Tu peux laisser des zones au repos avec de l'herbe qui pousse, tu peux ne pas tailler systématiquement tous tes arbres tous les ans.

  • Speaker #0

    Bref,

  • Speaker #1

    tu peux laisser de la place à la vie sauvage. Et aux moustiques ? Aux moustiques et aux 35 000 espèces d'insectes recensées en France. La vache ? Ah non, pas la vache. La vache, c'est un mammifère.

  • Speaker #0

    Très drôle. Tu sais que tu es amarrant, toi ?

  • Speaker #1

    Allez, on y va ? On y va,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Je l'aime bien ta nouvelle chorégraphie, là. Allez. Oublie ce que j'ai dit ! En fait, t'es pas marrant du tout !

  • Speaker #0

    On vient d'entendre un extrait. Effectivement, là, c'est une manière d'aller rencontrer le grand public, de pouvoir aborder la question de la biodiversité d'une autre manière, d'un ton humoristique. En plus, ces deux personnages, on les connaît bien, donc il y a effectivement le gros clin d'œil et leur notoriété qui donne le petit coup de pouce. Mais en tout cas, c'est un format qui est intéressant.

  • Speaker #1

    C'est exactement pour ça qu'on l'a fait. Parce que la culture, on parle de... Il y a l'aspect cultural, quand on fait de la culture dans les champs, et l'aspect culturel, comme tu l'as dit, est là, qui est intrinsèque à l'humanité. Et donc, on n'arrive pas à parler à tout le monde. facilement très facilement à parler aux gens qui sont sensibilisés qui viennent chercher de l'info parfois qui attirent leurs collègues leurs amis leurs voisins et on arrive à parler un petit peu à des gens et parfois en fait on n'y peut pas donc en fait il faudrait qu'on aille à dans les supermarchés ou dans les galeries commerciales ou dans les espaces les rues piétonnes à commet pour toucher les samedis après midi pour toucher les gens qui ne viennent pas vers la nature est vrai que la nature vienne ou qu'on amène la nature c'est ce qu'on essaye de faire et là Comme tu le racontes sur cette petite web-série, on essaye de toucher les gens à qui on ne parle jamais, et pas sur un format long. Et comme j'ai dit tout à l'heure, on a besoin de temps pour montrer ces choses-là. Là, c'est en moins de deux minutes, donc on est rentré dans le format internet du zapping à tout va. Mais les deux minutes permettent assez rapidement de ne pas ennuyer les gens, d'éviter qu'ils zappent, et de traiter un certain nombre d'éléments extrêmement importants de façon humoristique, comme tu l'as dit avec cette approche et l'écriture de Jacques Chambon qui est juste extraordinaire. Donc voilà, c'est vraiment ça l'idée, c'est d'augmenter, de diversifier les médias, les supports pour toucher tout un tas de personnes.

  • Speaker #0

    Hugues, j'imagine que là, les auditrices, les auditeurs qui sont en train de nous écouter se disent bon bah ok, très bien, il m'a convaincu, il faut faire quelque chose, et bah qu'est-ce qu'on peut faire ? On a évoqué déjà à l'échelle un peu plus systémique de l'organisation de la société ce qu'on peut faire. À l'échelle individuelle, moi dans ma maison, dans mon appartement, qu'est-ce que je peux faire ?

  • Speaker #1

    En fait, on peut faire partout. Dans une maison moderne, l'essentiel des matériaux utilisés sont hautement toxiques. A la production, au transport, au recyclage, à la dégradation. Aujourd'hui, on a deux fois plus de plastique sur la terre, 8 gigatonnes, que tous les animaux confondus, 4 gigatonnes. Et donc, tous ces éléments-là, c'est un choix. Ou on achète des verres en plastique parce que ça ne se casse pas et que c'est mieux, ou on achète des verres en verre. Des verres en verre qui aient de la silice. La silice, c'est un minéral pur, c'est absolument pas polluant. Une bouteille de bière qui traîne dans la nature, c'est dégueulasse visuellement, mais c'est absolument pas une pollution. Elle peut piéger des animaux, c'est un problème. Dans une maison, on a des coves de partout. On passe de la peinture, 10 ans d'émission des coves, les composés organiques volatiles, 10 ans d'émission avec une peinture acrylique classique. On peut faire des peintures à la craie. Il y a aussi les produits de consommation. Et là, on s'intoxique à une échelle catastrophique. Et je ne pointe pas les agriculteurs en disant ça, mais l'agriculture, c'est-à-dire la société. Vous tous et moi avec. Coluche, 40 ans, qui disait... Quand on pense qu'il suffirait qu'on arrête de les acheter pour qu'ils arrêtent de nous les vendre, quelle misère ! Ça s'appelle l'offre et la demande. En fait, on est responsable de ce qu'on a. Alors oui, ça coûte un petit peu plus cher, mais les marges des grandes enseignes de bio sont indécentes. Ils font des coefficients de multiplication qui ne permettent pas à ces alternatives agricoles non polluantes, non rémanentes, de prendre le dessus. Parce qu'on est dans un système de capitalisation systématique qu'on soit dans une distribution conventionnelle ou dans une distribution biologique. Et donc il va falloir faire un choix. A la fin de la seconde guerre mondiale, 30 à 40% du budget familial du panier familial d'une famille, c'était la nourriture. Aujourd'hui c'est 8 à 10%. On a le choix, il va falloir qu'on regarde avec notre porte-monnaie. Où est-ce qu'on met le plus d'argent ? Qu'est-ce qu'on choisit comme vacances ? Qu'est-ce qu'on choisit comme transport ? Qu'est-ce qu'on choisit de manger ou de ne plus manger ? Et comment finalement nos enfants vont grandir et vont s'en sortir ?

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que nos auditeurs et auditrices risquent de repartir avec plus de questions qu'au démarrage. En tout cas, on en fera un deuxième. Merci Hugues.

  • Speaker #1

    Eh bien merci et continuez bien. Il en faut.

  • Speaker #0

    On va voir le verger. Alors après cet épisode où vous vous intéressez aux pollinisateurs, Arthropologia a lancé une application de diagnostic pour celles et ceux qui ont des jardins afin d'évaluer comment ce jardin répond aux besoins des pollinisateurs. Avec tout un tas de conseils pratiques pour passer à l'action, je vous mets le lien dans la fiche de l'épisode. Un épisode qui a été rendu possible grâce au soutien de Martine et Richard, Claire, Valentin et Léon.

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Description

🌿 Et si nous nous reconnections au Vivant...


Le constat est alarmant : la biodiversité 🌍 est en déclin global sans précédent. Selon les derniers rapports de l'IPBES, un million d'espèces sont menacées d'extinction. Les politiques actuelles ne suffisent pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, mettant en péril la survie de nombreuses espèces, dont les insectes pollinisateurs 🐝, essentiels à notre écosystème et à notre alimentation.


💡Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Hugues Mouret, entomologiste passionné, fondateur et directeur scientifique d'Arthropologia, une association dédiée à la protection des insectes et de la biodiversité. Installée à l’Écocentre du Lyonnais, près de Lyon, Arthropologia milite pour un renouveau du lien entre les humains et la nature. 🌳


Découvrez comment reconnecter avec le vivant, protéger la biodiversité et participer à la sauvegarde de notre écosystème.


Bonne écoute ! 🦋


Mixage : Pascal Gauthier


Pour en savoir plus :



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rappelez-vous, mars 2020, premier confinement, vous avez peut-être fait partie de celles et ceux qui ont remarqué le chant des oiseaux ou à qui la nature avait manqué. Notre rapport au vivant et plus largement au monde s'est trouvé profondément transformé pendant la pandémie de Covid-19. Celle-ci a mis en exergue les multiples interdépendances de notre monde et la connexion des humains avec la nature. Les derniers rapports de l'IPBES montrent que la biodiversité connaît un déclin global sans précédent. Sur les quelques 8 millions d'espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million sont désormais menacées d'extinction. Alors que les politiques et engagements actuels en matière d'émissions placent le monde sur une trajectoire de réchauffement d'environ 2,2 à 3,5 degrés à la fin du siècle, les scientifiques expliquent que limiter le réchauffement à 1,5 degré permettrait de réduire considérablement les pertes et dommages. L'IPBES appelle d'ailleurs les dirigeants à cesser de ne prendre en compte que la valeur marchande de la nature. Alors que faire ? Comment se reconnecter aux vivants ? Illustration avec l'association Arthropologia. Au petit matin, en lisière de forêt, en pleine campagne, les oiseaux s'éveillent. C'est dans ces sons de nature qu'Hugues Mouret se sent bien. Cet entomologiste est le fondateur et directeur scientifique de l'association Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversité. Un passionné que je retrouve au siège de l'association à l'éco-centre du Lyonnais à la tour de Salvani, près de Lyon.

  • Speaker #1

    La tanusie, c'est incroyable. Je ne suis pas super fan, mais...

  • Speaker #2

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Et l'origan ? Tu vois, c'est... Voilà, regarde. Il a besoin d'être propre, d'être désherbé, ça pousse très bien. En fait, c'est ça la vie. Ce n'est pas un truc tout propre, tout désherbé. Là, quand tu es un bouffeur de fraises, tu peux y aller chercher les fraises. Tu vas les trouver. Mais alors, tu vas trouver un paquet de baisseux avant de tomber sur les fraises. Donc, il y a des chances que tu te fasses intercepter. Ah bon, la consoude ! mais aussi dans les plantes qu'on soude, qu'on solide, qu'on utilise en cataplasme. C'est un activateur de la prolifération cellulaire. en utilisant un cataplasme quand tu as une entorse ou un truc cassé ou un os cassé et ça provoque la multiplication des cellules et sinon c'est utilisé comme ça alors les feuilles sont beaucoup plus grandes celle-là elle est pas très bien en pointe tu passes au rouleau à pâtisserie pour que ça se souvienne des poils, ça c'est bien collé petite pâte à crêpes épaisse, pâte à beignets, salée un petit peu tu le fais frire de deux côtés, tu mets un filet de citron et tu le présentes à tes convives sans leur dire ce que c'est. Et ils vont te demander quel poisson tu leur as fait. C'est ce qu'on appelle la saule végétale. Parce qu'en fait, ça a une petite odeur d'iode. Ah ouais ? Et quand c'est dans la pâte à crêpes, la chair blanche qui prend l'odeur d'iode, ça rappelle un peu la saule. C'est étonnant. Étonnant, vraiment.

  • Speaker #2

    Et bien bonjour Hugues !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #2

    Alors merci de m'accueillir ici à l'éco-centre du Lyonnais, on est à la tour de Salvigny, avec un grand terrain de 2 hectares autour de nous, vous pouvez nous présenter un peu ce lieu ?

  • Speaker #1

    Oui, le jardin de cocagne qui était installé ici en 2008 je pense, a fait construire ce bâtiment, qui est un bâtiment de 500 m², donc deux plateaux de 250 m², avec une ossature bois, une isolation paille, un torchis, et une serre bioclimatique, voilà. Il a quelques malfaçons, il a quelques... Perte énergétique, on entend un rouge-queue qui nous tourne autour, on doit être à côté d'un nid. Il a été fait en auto-construction, sans forcément des normes qui existaient à l'époque. Donc voilà, on le répare, mais il a l'avantage d'exister et d'être plutôt agréable à vivre. Et il y a un terrain de 2 hectares, sur lequel il y avait du maraîchage biologique, un maraîchage de réinsertion sociale, principe des jardins de cocagne. Et donc on a récupéré ce terrain quand ils ont fermé, faute de financement. Et on a récupéré ce terrain et on a monté ce projet avec Oikos, qui est une association qui travaille sur la rénovation écologique et les matériaux écologiques de construction, pour en faire un éco-centre. Donc avec à chaque fois la partie présentation, formation, accueil du public sur la partie bâtie et sur la partie jardin qu'on a transformé en pôle. Où il y a un verger ancien, une forêt nourricière, une forêt gourmande avec plein d'espèces qu'on n'a pas l'habitude de cultiver. Et on a d'autres pôles avec la taille d'un jardin familial pour montrer ce qu'on peut faire sur quelques dizaines de mètres carrés. Mais l'essentiel du terrain est laissé en libre évolution. Donc quand on est arrivé ici, on a forcé la libre évolution, on a laissé des espaces se renaturer, mais pour autant on a planté les premières années. Plus de 3500 arbres. Oui,

  • Speaker #2

    parce qu'on s'imagine bien, en 2012, quand vous vous installez ici, il n'y avait en fait quasi rien.

  • Speaker #1

    Il y avait une ligne d'arbustes autour du site. Donc sur les 650 mètres que font le tour des deux hectares, il y avait une ligne d'arbustes qu'on a triplée. Et on a planté plein de bosquets, de haies de grande taille. On a relié certains espaces en bordure, en périphérie, pour en faire des boisements. On a planté 3500 arbres, mais en fait il y en a beaucoup plus, parce qu'évidemment, du fait qu'on provoque les conditions d'un milieu forestier, ça provoque la germination des graines d'arbustes et d'arbres. Donc ça s'embuissonne et les arbres apparaissent de façon bien plus importante que ce qu'on a planté uniquement.

  • Speaker #2

    Alors, arthropologien, on va y aller. Vous présentez quand même l'association, pour ceux qui ne connaîtraient pas, Association Naturaliste, avec une vraie préoccupation autour des insectes. Vous pouvez nous présenter un peu la genèse de cette association, qui a été en fait le prolongement de votre parcours à vous ?

  • Speaker #1

    Oui, alors à l'âge de 24-25 ans, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, j'avais essayé deux-trois trucs, mais ça ne collait pas forcément avec les métiers qui m'étaient proposés, auxquels j'avais accès, parce que je n'ai pas de formation. Et c'est vrai que j'étais tombé dans la nature, dans la vie sauvage, dans l'émerveillement de la beauté de ce monde depuis tout petit. Et souvent je passais mon temps à raconter ce que je voyais. Alors ça intéressait les gens ou ça les saoulait un petit peu. Et en fait à un moment quand j'ai fait le bilan de ce que j'avais essayé, de ce que je pouvais faire, je me suis rendu compte qu'en fait le seul truc qui m'intéressait c'était de revenir à ces premières amours et donc de participer à l'accumulation de nouvelles connaissances, mais aussi de partager les connaissances, la beauté et la beauté de ce monde. Et le modèle... économique, si on va parler d'un gros, le plus adapté, c'était l'association pour justement sortir du modèle économique conventionnel, capitalistique, où dans une association, tous les bénéfices sont réinjectés dans l'objet de l'association. Et donc au bout de 23 ans d'aventure, avec des... je ne sais pas monter ça tout seul évidemment, il y a Caroline qui était là déjà et qui est aujourd'hui la directrice. Et aujourd'hui, on a 25 salariés, largement en région lyonnaise pour les animations, pour les activités auprès du grand public ou de l'expertise, mais Après, s'agissant de l'expertise et la formation, voire le plaidoyer ou le lobbying selon comment on se positionne et selon vers qui on va, on le fait au niveau national. Et comme tu l'as dit, oui, on s'est recentré sur les insectes. D'ailleurs, c'est ce qu'un peu veut dire le nom Arthropologia, qui est un néologisme, un arthropode. C'est les animaux à carapace qui sont recouverts d'une carapace avec des pattes articulées. En l'occurrence, c'est les insectes, les arachnides, les crustacés, les millepattes. Alors, on n'est pas des maniaques de ces petites bêtes. Bien, on est des experts de ces petites bêtes. Mais... Pourquoi ? Parce qu'en fait c'était un domaine délaissé. Pour moi c'était quand même une hérésie de ne pas traiter des insectes dans la mesure où ils assurent la quasi-totalité de la nourriture, des mammifères, des oiseaux, ils assurent la pollinisation de 9 plantes sur 10, ils recyclent la matière organique, ils protègent les cultures. Bref, en fait la vie des humains, la vie des vertébrés sans insectes n'est juste pas possible. Et on a plutôt tendance à repousser ces petites bêtes qu'on n'aime pas, alors qu'en fait elles sont beaucoup plus nombreuses, en masse, en nombre et en diversité que tous les autres groupes qui existent et donc elles fournissent des fonctionnalités. ou des services écosystémiques si on les regarde d'un point de vue anthropocentré, extrêmement majeurs.

  • Speaker #2

    On visite un peu ce jardin ?

  • Speaker #1

    Oui, le bar à nectar, c'est ça, ce qu'on appelle le bar à nectar, c'est des plantes à fleurs qu'on avait testées justement pour essayer de trouver des équivalents. aux exotiques. Mais on voit que finalement, ce qui pousse naturellement, là on a du bugle de Genève, ils sont tout à fait adaptés à la faune locale.

  • Speaker #2

    Et alors là, c'est la jardine.

  • Speaker #1

    C'est nos jardinières-chefs.

  • Speaker #2

    Alors qu'est-ce qui se passe par ici ?

  • Speaker #3

    On est en train de mettre un tuteur pour une petite brillonne qui pousse là. Une petite plante qui est très mal aimée, mais qui est trop jolie.

  • Speaker #2

    Pourquoi mal aimée ?

  • Speaker #3

    Parce que pour les jardiniers, elle ne sert à rien. Elle envahit... tout le monde, en plus elle est toxique. Par contre pour la petite fauvette, elle est intéressante parce qu'elle vient manger les baies rouges. Et là, il y en a une aussi qui a déjà bien grimpé. Elle fait déjà des fleurs. Ah c'est une brillonne !

  • Speaker #1

    Et ça, c'est un laxatif qui a été utilisé comme laxatif et qui est toxique et mortel à forte dose, ce qu'on appelait le navet du diable. Et alors effectivement, il y a des oiseaux qui viennent consommer les fruits, mais là à cette époque, quand les fleurs sont ouvertes, il y a une petite abeille qui ressemble un peu à l'abeille mélifère, l'abeille de ruche, avec les premiers segments de l'abdomen un peu rouges, qu'on appelle Andréna florea, l'abeille des fleurs, l'Andrène des fleurs, alors qu'elle va dans une seule fleur. Tout le pollen qu'elle récolte pour ses lards vient de cette espèce.

  • Speaker #3

    Et elle est très belle ! Regardez ! Regardez les vrilles qu'elle fait là ! C'est ça qu'on a inventé,

  • Speaker #1

    le fil du téléphone ! Et oui, parce que là, on ne parle pas qu'à des jeunes, et donc il y a des gens qui ont eu un téléphone avec un fil, avec la maille inversée au milieu.

  • Speaker #3

    C'est une plante magique !

  • Speaker #2

    Bon, on a découvert une plante magique.

  • Speaker #1

    Mais il y en a de partout ! La rufétide, l'achillée millefeuille, les menthes.

  • Speaker #2

    Et alors, le fait d'être bénévole pour Arthropologia, ça vous apporte quoi ?

  • Speaker #0

    Je vois des passionnés,

  • Speaker #2

    en tout cas,

  • Speaker #3

    parce que...... être parmi les plantes, les animaux, la vie quoi et avec la nature on apprend tout le temps, Et c'est une grosse leçon de philosophie et d'humilité parce que dès qu'on est sûr de quelque chose, la nature va nous prouver que bah non.

  • Speaker #1

    Bravo. Bah voilà. C'est pour ça que c'est notre présidente.

  • Speaker #2

    Et vos prénoms ?

  • Speaker #1

    Noël et Mireille.

  • Speaker #3

    Mireille et Noël.

  • Speaker #2

    Il n'y a que des passionnés en fait ici.

  • Speaker #1

    Oui, ceux qui viennent jardiner par ces temps-là toutes les semaines, ce sont des passionnés. Même en hiver, oui parce que là il fait doux, mais même en hiver c'est ça. C'est de même funeste. Elles sont là,

  • Speaker #3

    elles n'ont pas peur de la pluie.

  • Speaker #1

    Il y a d'autres plantes intéressantes, le cabaret des oiseaux. Cette plante qu'on utilisait pour garder la laine, la cardère, elle retient de l'eau et les oiseaux viennent par dedans.

  • Speaker #3

    C'est trop mignon.

  • Speaker #1

    Cette plante, l'estachys qui sente le champignon. Ah ouais ? Incroyable. Le salsifidepré, magnifique. Alors c'est dommage, il fait mauvais donc il n'est pas très ouvert, mais violet il a des étamines... jaune dedans, c'est magnifique, une fleur magnifique.

  • Speaker #2

    Donc on voit là sur allez on va dire sur 10 mètres le nombre de choses effectivement qu'il peut y avoir à la fois en végétaux en insectes cette biodiversité elle est riche et sur un endroit complètement restreint quoi

  • Speaker #1

    Ouais mais en fait ça c'est la normalité c'est tout ce qu'il y a ailleurs qui est pas normal et là, je t'ai pas raconté la moitié des plantes, mais loin de là et comme il fait de... un peu gris, un peu frais, il n'y a pas trop d'insectes, les citoyens ne bougent pas de leurs fleurs, il n'y a pas trop d'insectes qui volent. Mais en réalité, sur quelques dizaines de mètres carrés dans un monde normal, on peut faire une sortie de 3 heures, 4 heures sur les insectes et sur les plantes. Évidemment, c'est extrêmement simple parce qu'on a tout à portée de main. Et avec la dégradation et l'effondrement du vent, ça devient compliqué de faire des sorties sans bouger. On est obligé de marcher pour aller voir des choses parce qu'il y a beaucoup moins d'individus, beaucoup moins de diversité présente.

  • Speaker #2

    Vous avez l'impression que depuis... 30 ans, 40 ans, il y a moins d'insectes.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une impression, c'est que c'est terrible. Ce que je te disais, c'est qu'avant 3 heures de sortie, je pouvais le faire autour d'une maison. Juste avec les plates-bandes qu'il y avait et la prairie. On faisait 50 mètres quand les gens me disaient, j'ai des enfants ou il y a une personne en fauteuil roulant. Pas de problème, on ne bouge pas. Il y a tout à portée de main. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. On a cette fameuse étude dont tout le monde a parlé en 2017 dans PLOS ONE qui disait que 80% des insectes en Europe ont disparu. En réalité, ce n'est pas tout à fait ça qu'elle dit. Elle dit que 80% de la biomasse... des insectes volants a disparu dans une trentaine de prairies suivies pendant 30 ans. Et donc, on pourrait extrapoler à 80% des insectes qui ont disparu, mais ce n'est pas ce que ça veut dire. Et en l'occurrence, la biomasse, c'est intéressant, sauf que la biomasse, c'est un indicateur qui n'est pas assez pertinent pour pouvoir lire la problématique. Quand on dit biomasse, c'est le poids des insectes. Donc, si on tue tous les vertébrés qu'il y a autour de nous, les oiseaux, les mammifères, les amphibiens, les reptiles, etc., on fait exploser la biomasse des mangeurs de cadavres. les mouches à viande, les nécrophores, etc. On les fait exploser. Est-ce que c'est intéressant ? On fait même exploser leur abondance, le nombre d'individus. Est-ce que c'est intéressant comme lecture ? Si on coupe tous les arbres qu'il y a à la tour de Salvani, on fait exploser la biomasse des mangeurs de bois morts. Est-ce que c'est intéressant ? Donc la simple biomasse, en fait, elle pose un véritable problème parce qu'on ne sait pas trop ce qui se passe. Il peut y avoir des biomasses qui augmentent, d'autres qui diminuent. Là, on ne voit qu'une diminution, très bien. Mais typiquement, on sait que les insectes s'effondrent, sauf un certain nombre de groupes qui sont liés à nos activités et à nos déchets. Les mouches, les cafards, les... les syrphes, pas qui mangent des pucerons, mais les syrphes qui recyclent les eaux usées, les eaux qui sont polluées. Et donc voilà, on a vraiment une lecture claire aujourd'hui. Et donc plus récemment, en 2019, il est paru un autre article dans Nature qui montre que dans 290 sites suivis en Allemagne, donc beaucoup plus robuste, 10 fois plus de sites, il y a 150 prairies et 140 forêts, on montre une perte de biomasse de 67%. Donc les deux tiers en 10 ans, c'est pas 80 en 30 ans, c'est 67. En 10 ans, une perte d'abondance d'individus de 78%, il manque 8 insectes sur 10 par rapport à il y a 10 ans, oui je le vois, et en termes de diversité sur ces prairies c'est 34 et 36 dans les forêts. Plus d'un tiers des espèces qui ont disparu en 10 ans. Il n'y a jamais eu ça sur Terre, on parle de la grande extinction des dinosaures, etc. Non, non, en fait ça s'est passé sur des dizaines ou des centaines de milliers d'années et la vie n'a pas été touchée au rythme auquel elle est touchée aujourd'hui, c'est-à-dire 1000 fois plus rapide que la normale. 150 ans et pas 150 000.

  • Speaker #2

    Donc ça veut dire que l'expression la sixième extinction de masse n'est pas galvaudée, c'est pas une exagération ou une image ?

  • Speaker #1

    Non, elle est minorée, parce qu'en fait, les extinctions de masse, les cinq grandes extinctions de masse qu'il y a eu, sont des extinctions naturelles, et comme je viens de le dire, qui se sont passées sur plus de 100 000 ans, 150 000 ans. Là, le problème qui caractérise notre époque, c'est pas... L'amplitude des phénomènes, parce que la Terre a été plus chaude, la Terre a contenu plus de CO2, plus de protoxyde d'azote, plus d'ozone, plus de méthane. C'est pas ça le problème. Le problème, c'est que ça se passe dans un temps extrêmement court. Donc on doit absolument faire quelque chose, urgentement, tout de suite et de partout.

  • Speaker #2

    On voit qu'on parle aujourd'hui beaucoup de climat, assez peu de biodiversité. Ça, comment tu l'expliques ? Est-ce que c'est parce que quelque part, il y a une sorte de... des connexions aujourd'hui que nous avons avec la nature, le vivant.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a évidemment ça. Aujourd'hui, la plupart des gens ne reconnaissent pas trois oiseaux, pas trois plantes et trois insectes, encore moins évidemment, que ce soit dans les villes ou que ce soit dans les campagnes. Le décrochage est le même. Mais le traitement médiatique et le traitement étatique, je pense qu'il est lié aussi à ces solutions technicistes qu'on a derrière, parce qu'en fait le système, le monde capitaliste va pouvoir encore se maintenir pendant quelques années en cherchant des solutions vertes, qui ne sont pas des solutions durables. Mais il y a surtout le traitement médiatique. le traitement de la complexité du problème. Le GIEC, l'IPCC, on est les seuls à l'appeler le GIEC, c'est quand même étrange, fait des modélisations du climat en utilisant la température de l'eau sur la terre, la température de l'air, la cryosphère, donc la quantité d'eau gelée sur les pôles et sur les glaciers. et les 50 000 événements climatiques les plus prégnants. Avec ça, ils font des modélisations et c'est déjà extrêmement complexe. En général, quand on arrive à la date de la modélisation, on est toujours en dessous de ce qui a été modélisé, donc c'est assez perturbant. S'agissant du vivant, de la biodiversité, c'est des millions, au moins 2,5 millions d'espèces connues, mais probablement 8, 10, 20, 30 millions, on n'en sait rien, combien d'espèces sur la Terre qui ont des milliards d'interactions à chaque seconde. Donc en fait, la modélisation est extrêmement complexe. C'est hyper compliqué d'expliquer ça de façon simple et claire et rapide aux gens, quand on a du temps, pas de problème. Moi, j'ai du mal à convaincre les gens en 5 minutes. Quand j'ai une demi-heure, pas de problème. J'ai suffisamment d'arguments et je peux répondre à suffisamment d'oppositions ou d'idées reçues, de fausses bonnes idées pour qu'on puisse avancer. En 5 minutes, en fait, c'est facile d'évacuer ces choses-là parce qu'on a tous plein d'idées dans la tête. Donc, c'est compliqué de parler du vivant, qui plus est, quand on parle à des gens qui sont extrêmement déconnectés et qui n'ont, par exemple, même pas idée du nombre d'espèces qu'il y a. Souvent, dans les conférences, dans les formations que je fais, je demande combien il existe d'espèces, de mammifères, d'amphibiens, de reptiles, de papillons. Mais ils n'ont aucune idée, aucune idée. Et ça, c'est assez remarquable du fait que, mais quand je dis aucune idée, quand c'est 150 mammifères en France, on peut me sortir 5000 ou qu'on peut me sortir 20. Il y a 43 amphibiens en France, on peut me sortir 3000 comme on peut me sortir 10. Les papillons, quand je demande les papillons, les papillons de jour, 250, et quand je demande les papillons de nuit, la plupart des gens disent, plus, au moins 400, 500, non, 5400 papillons de nuit. En réalité, il y a 5700 papillons en France, métropolitaine, dont 95% ce sont des papillons de nuit. Donc en fait, on n'a même pas idée du nombre d'espèces, de la diversité. Et ça, le nombre et la diversité impliquent la diversité des fonctionnalités écologiques et la complexité de ce monde. Et donc lire ce monde sans en avoir ni l'idée du nombre, de l'abondance et des interrelations, c'est compliqué de comprendre où il va. Et l'amnésie environnementale qui se pointe là-dessus fait que chaque année, après chaque hiver, on dégrade un petit peu notre référentiel parce que le cerveau retient 5 à 10% de ce qu'on a vu. Et nous, ce n'est pas qu'on retient mieux que les choses, les naturalistes, c'est qu'on les consigne.

  • Speaker #2

    Tu parles d'amnésie environnementale et pourtant, ce lien à la nature, à l'environnement, il est aussi constitutif de qui nous sommes aujourd'hui. C'est ce que dit le philosophe Jean-Philippe Pierron qui propose de réaliser nos écobiographies. de relire notre histoire à la lecture de nos liens au vivant. Avec Audrey Ranchin, on a créé un arbre cabane dans lequel on invite les gens à venir raconter leurs souvenirs de liens au vivant. Et je voulais justement te faire écouter un extrait de ces témoignages qu'on a pu recueillir et qu'on a mis en récit dans le cadre de ce podcast en un battement d'ailes.

  • Speaker #4

    Je me souviens d'une nuit dans la forêt. avec une amie, je faisais vraiment nuit noire. Je me déplaçais avec la faible lumière de ma lampe frontale, et puis là, tout à coup, je vois un sentiment, quelque chose qui se reflète dans ma lampe, un peu comme si c'était une pierre qui brillait. Je m'approche, et puis là, je vois qu'en fait, ça bouge. Et là, je me rends compte qu'en fait, c'était pas une pierre, mais une énorme araignée. avec des centaines de petits bébés qui avaient leurs yeux qui se reflétaient dans ma lampe. À ce moment-là, j'étais enceinte et j'étais complètement émerveillée de me dire Waouh ! C'est dingue ! Une seule araignée, elle est capable de porter sur son dos une centaine de bébés ? Et j'étais vraiment sidérée. Donc j'ai passé un moment à observer, puis ensuite... J'appelle mon amie, je dis tiens, viens voir, il y a un truc incroyable ici. Elle arrive et puis là, elle me dit, en faisant un grand pas de recul, ah mais c'est monstrueux ! Et voilà, après cette histoire nous a fait beaucoup rire et ça nous a permis de se rendre compte du décalage qu'il peut y avoir de perception et de relation à un même animal.

  • Speaker #0

    Ce matin, j'ai croisé un tilleul, un grand tilleul entouré de béton. Il m'a rappelé celui qui était dans la cour de mon école. Un jour, j'étais très en colère. On m'avait bien appris à ne pas frapper mes camarades de classe. Mais cette colère est sortie et j'ai frappé le tilleul. Aujourd'hui, au creux de mon arbre, on me donne l'occasion de me confesser, de me pardonner. Alors je voudrais dire pardon. Pardon à toi, le tilleul de mon enfance. Aujourd'hui, encore, le regret est bien là. Pardon au tilleul de mon enfance, toi qui m'as gâché des autres. pour faire un premier pisseau sur la bouche d'un garçon. Quand j'avais 17 ans, j'allais avec mon grand-père dans la rivière. C'était au début de l'été. Et c'était un grand-père qui était très calme, très souriant. Et il adorait aller pêcher. Et c'était un moment que je n'ai pas fait si souvent que ça, je pense, où on était tous les deux. Parfois, il y avait mon cousin. Là, j'étais seule avec lui. C'était très calme. Le mouvement de l'eau sur les pieds nus, les oiseaux, les tourterelles. C'est des ambiances qui étaient présentes dans la campagne. Peut-être pas à ce moment-même, mais en tout cas, il y avait des oiseaux, des bruits de campagne, des sons de campagne. On allait pêcher. Et ce poisson, je ne l'aimais pas forcément au départ, je n'aimais pas tellement les poissons, mais j'aimais bien pouvoir le toucher, le prendre, rentrer en contact, prendre conscience de sa vie qu'on perturbait forcément. Et j'étais contente après, même si je n'étais pas fan des poissons, mais de manger cette truite après. Et c'était tout un lien. Alors, qu'est-ce que ça t'inspire ?

  • Speaker #1

    D'abord, je m'y retrouve dans certains témoignages, pas forcément de la pêche avec mon grand-père, mais de me retrouver au bord d'un étang. J'ai grandi dans les contrées fortes de la dombe avec de l'eau de l'autre partout, et puis justement des bestioles partout. J'étais assez fasciné par ces choses-là. Et je passais beaucoup de temps aussi à me vautrer dans la nature, parce qu'en réalité, une fois qu'on est couché, qu'on ne bouge plus, si on met de côté les oiseaux et les mammifères, ils peuvent se rapprocher un petit peu, mais ils nous voient quand même. Par contre, toutes les autres bestioles... devient invisible et donc on peut voir la vie s'animer autour de nous, les amphibiens, les reptiles, les insectes, les araignées, tout se met à bouger. Les plantes évidemment sont là et ne bougent pas. Et ce moment de recueillement, ce moment d'apaisement que j'avais gamin, d'isolement parfois, je le retrouve aussi aujourd'hui et c'est un moment de reconstruction, de ressourcement, où j'en ai vraiment besoin dans ces moments de tension parce que le discours que je porte il est quand même peut-être anxiogène pour certains. mais surtout pour moi qui passe mon temps à le faire, à le raconter une, deux, trois fois par semaine, il y a 50 semaines par an, je vous assure que c'est compliqué d'avoir ce discours en permanence, alors qu'en fait on a des solutions.

  • Speaker #0

    Vous êtes éco-anxieux du coup de parler ?

  • Speaker #1

    Non, non, moi je suis anxieux en fait de ce qui se passe, je suis anxieux des mesures qu'on met en œuvre et qui vont à l'inverse de l'histoire, à l'inverse de ce qu'il faudrait faire, c'est ça qui me rend anxieux, c'est pas le fait d'en parler, ça porte ce discours et c'est extrêmement compliqué pour moi de le porter, et surtout auprès des jeunes, leur dire on a ravagé votre monde. Bienvenue ! C'est compliqué en fait, quand c'est des vieux j'ai moins de problèmes de leur dire vous êtes responsable et j'en fais partie. Et en fait on ne peut pas laisser ça à nos enfants. Et je voulais revenir sur ces aspects de lien avec la nature. Ces gens-là qu'on a entendu parlent de leur enfance. Et ça c'est primordial, c'est essentiel, capital de remettre les enfants dans la nature. C'est ce sur quoi travaille Maya qui est une stagiaire chez nous, accessoirement ma fille, voilà c'est un pur hasard. Qui s'appelle Maya mais rien à voir avec le fait que je m'intéresse... Vous avez ? Non, rien, absolument rien à voir. Et elle travaille sur ce lien de reconnexion entre les enfants et la nature, l'école du dehors, la classe du dehors, et en fait comment est-ce qu'on peut remettre les enfants dehors en accompagnant les profs, les instits sur l'usage, l'utilisation des supports de nature qu'on a pour faire du français, pour faire de l'anglais, pour faire des maths, pour faire tout. C'est-à-dire pas faire transposer simplement la cour dehors et mettre un tableau artificiel, mais d'utiliser le tableau qui est la vie sauvage qu'on a autour de nous. Et ça c'est primordial parce que, je rejoins ton philosophe, de la quantité, de la qualité de nature qu'on côtoie entre 5 et 15 ans dépend toutes les relations qu'on aura pendant toute notre vie avec la nature. Bon alors,

  • Speaker #0

    une fois qu'on a dit tout ça, donc là, il y a peut-être effectivement une partie des auditeurs, des auditrices qui se disent Ok, je croyais que j'étais sur un podcast de journalisme de solution

  • Speaker #1

    C'est quand on a touché le fond en fait, quand on a pointé du doigt les principaux problèmes. qu'on sait où et comment agir. Donc effectivement, c'est très anxiogène cette partie-là, cette description du monde en déliquescence. Mais finalement, quand on a pointé destruction des habitats, pollution, ce sont nos modes de vie, ce sont notre consommation, notre production et nos transports. On a tous dans nos tickets de caisse, dans nos bulletins de vote, la possibilité de changer ce monde. On a tous la possibilité de changer les choses. Sur un balcon, c'est limité, effectivement. Sur une terrasse, un peu moins. en pied d'immeuble, on commence à pouvoir y faire des choses si on trouve une voie commune avec les autres propriétaires ou les autres locataires. Dans son jardin, les jardins privatifs au bord des maisons en France représentent 1 million d'hectares. Ça veut dire presque 4 fois la surface de toutes les réserves naturelles françaises. Donc si on rend un quart de nos jardins, on multiplie par 2 la surface des réserves naturelles françaises. Et si on ajoute les résidences, les campus, les casernes, les hôpitaux, les bords de route, les zones d'activité commerciale, les échangeurs, bref, toutes ces zones qui sont tendues. qui sont coupés alors qu'il n'y a jamais personne qui n'y met les pieds, il n'y a jamais personne qui l'utilise, on limiterait le temps, la dépense énergétique, l'usage de gaz fossile avec les émissions de CO2 et de microparticules et on conserverait de la nourriture, des refuges et une fonctionnalité écologique pour l'atténuation du changement climatique, le maintien de la vie sauvage. Bref, on serait tous gagnants parce qu'en réalité, la vie sur Terre pour les humains ne consiste pas que à travailler mais aussi à vivre et à profiter de la vie parce qu'on est vivant. On est des animaux et on fait partie de cette biodiversité, il faudrait quand même qu'on s'en rappelle à un moment quoi.

  • Speaker #0

    Arthropologia fait à la fois du conseil auprès des collectivités territoriales, du plaidoyer auprès des politiques, et mène régulièrement des missions de sensibilisation auprès du grand public. C'est le cas ce samedi 15 juin. Une balade est organisée à Irigny sur le nouvel espace naturel sensible du plateau des étangs. Et c'est Marion Duvignac, éducatrice nature chez Arthropologia, qui l'anime. Donc bonjour à tous, merci beaucoup d'être avec nous cet après-midi sur le nouvel espèce naturelle sensible du Plateau des Etangs. Donc c'est un nouvel espèce naturelle sensible qui a été déterminé, défini et puis installé, proposé sur le territoire des communes de Charlie, Érynie et Vernaison. Et donc on propose l'association Arthropologia comme d'autres associations d'éducation à l'environnement nos premiers ateliers à la rencontre du grand public. sur cette espèce naturelle sensible. Donc l'objectif du plateau des étangs, c'est de préserver un petit peu ce territoire, le partage aussi avec les exploitations agricoles, notamment arboriculture ici, et puis de venir informer le grand public qui parcourt ce plateau, essayer de faire se côtoyer ces différents usages sur le plateau. Voilà, donc cet après-midi, nous on part à la rencontre des insectes pollinisateurs. J'ai pris des filets fauchois. Ce sont de petits filets qui servent aux collègues entomologistes à aller prospecter des espaces et observer les insectes qui sont cachés, notamment dans les hautes herbes, et qu'on ne voit pas au premier coup d'œil. Là on est bien, on peut y aller. Donc, je disais, des huîtres dans l'herbe, avec le filet ouvert, et puis on regarde ce qu'on a trouvé. Allez-y Catherine. Il faut aller plus au fond, parce que ça s'accroche ? Pas forcément, mais regardez si vous avez trouvé des petites bêtes dans un premier temps. On voit des feux, des petits bouts de brun. Oui. Il y a des petits bouts d'herbes sèches, mais on voit aussi des petits... Des tout petits, donc à voir si ce sont des... Moi, je n'ai pas pris mes lunettes pour voir les nombres de pattes et tout ça. On a des loupes. Alors, ceux-ci sont particulièrement petits. C'est pour ça que je vais vous aider à regarder si ce sont des mouches. Ça ressemble à des bestioles qui vont sur les fruits. Ou des petites abeilles. Donc, on voit que dans la folle avoine, les petits graminées, on a trouvé des petites mouches. Donc là... Effectivement je vais vous... montrer de plus près. Comme j'ai des petits bocaux c'est pratique donc ça permet de pouvoir les observer à plusieurs sans les affoler, leur faire de mal etc. 1, 2, 3... Par côté non ? Donc ça en fait 6 ? Donc ça en fait 6 oui. Donc c'est un... Si je ne sais pas, c'est un insecte ? Oui c'est un insecte. Donc les insectes, les... Ce que les biologistes appellent des insectes, c'est clairement les arthropodes, seulement ceux qui ont six pattes. Voilà, parce que nous, on dit, dans le langage commun, on dit les insectes pour toutes les petites bêtes. Et donc, voilà, en réalité, les jardiniers ne sont pas des insectes. Si on fait faire des pattes, on détermine ce que c'est comme famille. Exactement, donc c'est aussi simple que ça. Donc, les enfants font pareil, ils regardent et puis on vient les classer dans des barquettes. D'accord. Voilà, donc on va continuer. Alors, hop, ici, on a... Marion découvre à chaque fois, avec plaisir, l'étonnement du public devant la biodiversité. Je ne peux pas parler à la place des gens, mais j'ai l'impression qu'il y a quand même beaucoup de personnes qui sont surprises, y compris justement parmi des personnes qui n'ont pas trop d'attentes et qui viennent sans trop d'idées sur ce qu'ils vont voir. Beaucoup de surprises, d'étonnement. On en parlait tout à l'heure, la diversité des arthropodes, des insectes, les modes de vie, le fait qu'ils sont liés aux plantes au milieu. Plein de petites choses toutes simples, mais oui, beaucoup de surprises. Avec quoi vous avez envie que les gens repartent ? Un sentiment en premier lieu, parce que c'est difficile de prétendre faire changer les personnes ou complètement bouleverser leur point de vue. Mais déjà, revenir avec une émotion, d'être... partie à la rencontre des arthropodes et d'avoir découvert des arthropodes différents et puis de s'être étonnée devant leur diversité. Et puis ensuite, de la curiosité. Éveiller aussi sa curiosité sur leur fragilité, celle des milieux dont ils dépendent. Et puis peut-être éveiller une envie d'action, ça, ce serait formidable. Mais déjà, être touchée, c'est quelque chose. Ce n'est pas anodin. Et vous Catherine, qu'est-ce que vous êtes venue chercher dans ce temps d'échange ? Je suis un peu plus sensibilisée ces derniers temps. Tout ce qui est insectes, tout ce qui est petites bestioles, les plantes comestibles. Et je suis à chaque fois émerveillée sur un petit bout de chemin de quelques centaines de mètres, de ce qu'on peut voir. Et par le savoir des personnes qui nous enseignent, enfin qui sont là, avec qui on s'est inscrits pour faire cette balade. Je suis à chaque fois épatée de tous ces trucs-là qu'elles connaissent. Et je me dis que moi, il y a quelques années de plus, à leur âge, je ne crois pas que j'aurais fait ça. Je n'étais pas aussi sensibilisée, peut-être. Et pourtant, vous m'avez dit que vous aviez grandi à la campagne. Exact, exact. Oui, mais je les connaissais, ces animaux, en général. Mais les insectes, c'est plutôt... Le soir, il peut y avoir des moustiques et donc on essaie de vaporiser. Il y a des punaises. Ce n'est pas forcément dans notre environnement quelque chose qu'on aime bien voir. Donc, c'est super intéressant. Moi, je recommande vraiment de faire ces balades. Vraiment, je remercie tous ces gens qui s'occupent de ça, ces organisations, ces associations. On apprend toujours un truc et on ne part pas avec tout parce que tellement il y a d'infos. Nous sommes de retour à l'éco-centre du Lyonnais, à la Tour de Salvani. où je retrouve Hugues Mouret. Dans la culture, les œuvres littéraires ou cinématographiques, on parle de moins en moins de la nature. Arthropologia a d'ailleurs lancé en 2022 une web-série qui a fait beaucoup parler d'elle, puisque ce sont deux acteurs de la fameuse série Kaamelott, Franck Pithiot et Jacques Chambon, respectivement Perceval et Merlin, qui jouent dans cette série. Elle s'appelle Pause Biodive, extrait.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu lances la nouvelle danse de l'été ? Saloperie de bestiole ! Elle ne s'arrête pas de me tourner autour ! Qui c'est qui arrête pas de te tourner autour ?

  • Speaker #0

    Ben des insectes !

  • Speaker #1

    Des moucherons, des moustiques, je sais pas moi, mais ça me saoule. Je vais installer une bombe insecticide sur mon guidon,

  • Speaker #0

    un petit pchit de temps en temps et je pourrai rouler tranquille.

  • Speaker #1

    N'importe quoi ! En tout cas, c'est pénible. C'est pénible pour toi, mais pense un peu à la nature. À la nature ? Ben oui, à la nature en général et à ton jardin en particulier. Mais tu plaisantes ! Les insectes,

  • Speaker #0

    c'est des serial killers des plantes,

  • Speaker #1

    ça bouffe tout ! Pas tout, et pas tous les insectes, au contraire. Sans insectes, pas de plantes, justement. Oh, toi, tu veux encore me parler de pollinisation. Exactement. Tu sais que 90% des plantes à fleurs et 75% des espèces cultivées sur la planète dépendent de la pollinisation par les insectes ? C'est beaucoup. C'est énorme. Et c'est pas tout.

  • Speaker #0

    Les insectes sont aussi des protecteurs des plantes. Certains sont les prédateurs des indésirables,

  • Speaker #1

    comme les limaces ou les pucerons. C'est la guerre entre eux, alors. C'est pas la guerre, mais c'est la chaîne alimentaire naturelle. Ouais, manger ou être mangé. Non, manger et être mangé. Parce que les insectes sont aussi des proies... pour les petits mammifères, les chauves-souris,

  • Speaker #0

    les oiseaux. Donc pas d'insectes,

  • Speaker #1

    pas d'oiseaux ?

  • Speaker #0

    Et ouais. Et pas de plantes non plus ?

  • Speaker #1

    Exactement. Ouais, mais reconnais quand même que les moustiques, c'est bien chiant.

  • Speaker #0

    Ouais, ça pique,

  • Speaker #1

    c'est vecteur de maladie dans les zones tropicales, et ça peut te faire passer une nuit blanche quand ça vient faire bzzz dans ton oreille. Mais les moustiques font aussi partie de l'équilibre naturel. Et s'il y a plus de moustiques, c'est peut-être parce qu'il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux. Pourquoi il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux ? Parce que leur habitat est de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    L'urbanisation, la déforestation,

  • Speaker #1

    l'éclairage artificiel... Qu'est-ce qu'il faut faire alors ? Moi, je n'ai pas la main sur l'aménagement du territoire. Non, mais tu as la main sur ton jardin. Tu peux laisser des zones au repos avec de l'herbe qui pousse, tu peux ne pas tailler systématiquement tous tes arbres tous les ans.

  • Speaker #0

    Bref,

  • Speaker #1

    tu peux laisser de la place à la vie sauvage. Et aux moustiques ? Aux moustiques et aux 35 000 espèces d'insectes recensées en France. La vache ? Ah non, pas la vache. La vache, c'est un mammifère.

  • Speaker #0

    Très drôle. Tu sais que tu es amarrant, toi ?

  • Speaker #1

    Allez, on y va ? On y va,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Je l'aime bien ta nouvelle chorégraphie, là. Allez. Oublie ce que j'ai dit ! En fait, t'es pas marrant du tout !

  • Speaker #0

    On vient d'entendre un extrait. Effectivement, là, c'est une manière d'aller rencontrer le grand public, de pouvoir aborder la question de la biodiversité d'une autre manière, d'un ton humoristique. En plus, ces deux personnages, on les connaît bien, donc il y a effectivement le gros clin d'œil et leur notoriété qui donne le petit coup de pouce. Mais en tout cas, c'est un format qui est intéressant.

  • Speaker #1

    C'est exactement pour ça qu'on l'a fait. Parce que la culture, on parle de... Il y a l'aspect cultural, quand on fait de la culture dans les champs, et l'aspect culturel, comme tu l'as dit, est là, qui est intrinsèque à l'humanité. Et donc, on n'arrive pas à parler à tout le monde. facilement très facilement à parler aux gens qui sont sensibilisés qui viennent chercher de l'info parfois qui attirent leurs collègues leurs amis leurs voisins et on arrive à parler un petit peu à des gens et parfois en fait on n'y peut pas donc en fait il faudrait qu'on aille à dans les supermarchés ou dans les galeries commerciales ou dans les espaces les rues piétonnes à commet pour toucher les samedis après midi pour toucher les gens qui ne viennent pas vers la nature est vrai que la nature vienne ou qu'on amène la nature c'est ce qu'on essaye de faire et là Comme tu le racontes sur cette petite web-série, on essaye de toucher les gens à qui on ne parle jamais, et pas sur un format long. Et comme j'ai dit tout à l'heure, on a besoin de temps pour montrer ces choses-là. Là, c'est en moins de deux minutes, donc on est rentré dans le format internet du zapping à tout va. Mais les deux minutes permettent assez rapidement de ne pas ennuyer les gens, d'éviter qu'ils zappent, et de traiter un certain nombre d'éléments extrêmement importants de façon humoristique, comme tu l'as dit avec cette approche et l'écriture de Jacques Chambon qui est juste extraordinaire. Donc voilà, c'est vraiment ça l'idée, c'est d'augmenter, de diversifier les médias, les supports pour toucher tout un tas de personnes.

  • Speaker #0

    Hugues, j'imagine que là, les auditrices, les auditeurs qui sont en train de nous écouter se disent bon bah ok, très bien, il m'a convaincu, il faut faire quelque chose, et bah qu'est-ce qu'on peut faire ? On a évoqué déjà à l'échelle un peu plus systémique de l'organisation de la société ce qu'on peut faire. À l'échelle individuelle, moi dans ma maison, dans mon appartement, qu'est-ce que je peux faire ?

  • Speaker #1

    En fait, on peut faire partout. Dans une maison moderne, l'essentiel des matériaux utilisés sont hautement toxiques. A la production, au transport, au recyclage, à la dégradation. Aujourd'hui, on a deux fois plus de plastique sur la terre, 8 gigatonnes, que tous les animaux confondus, 4 gigatonnes. Et donc, tous ces éléments-là, c'est un choix. Ou on achète des verres en plastique parce que ça ne se casse pas et que c'est mieux, ou on achète des verres en verre. Des verres en verre qui aient de la silice. La silice, c'est un minéral pur, c'est absolument pas polluant. Une bouteille de bière qui traîne dans la nature, c'est dégueulasse visuellement, mais c'est absolument pas une pollution. Elle peut piéger des animaux, c'est un problème. Dans une maison, on a des coves de partout. On passe de la peinture, 10 ans d'émission des coves, les composés organiques volatiles, 10 ans d'émission avec une peinture acrylique classique. On peut faire des peintures à la craie. Il y a aussi les produits de consommation. Et là, on s'intoxique à une échelle catastrophique. Et je ne pointe pas les agriculteurs en disant ça, mais l'agriculture, c'est-à-dire la société. Vous tous et moi avec. Coluche, 40 ans, qui disait... Quand on pense qu'il suffirait qu'on arrête de les acheter pour qu'ils arrêtent de nous les vendre, quelle misère ! Ça s'appelle l'offre et la demande. En fait, on est responsable de ce qu'on a. Alors oui, ça coûte un petit peu plus cher, mais les marges des grandes enseignes de bio sont indécentes. Ils font des coefficients de multiplication qui ne permettent pas à ces alternatives agricoles non polluantes, non rémanentes, de prendre le dessus. Parce qu'on est dans un système de capitalisation systématique qu'on soit dans une distribution conventionnelle ou dans une distribution biologique. Et donc il va falloir faire un choix. A la fin de la seconde guerre mondiale, 30 à 40% du budget familial du panier familial d'une famille, c'était la nourriture. Aujourd'hui c'est 8 à 10%. On a le choix, il va falloir qu'on regarde avec notre porte-monnaie. Où est-ce qu'on met le plus d'argent ? Qu'est-ce qu'on choisit comme vacances ? Qu'est-ce qu'on choisit comme transport ? Qu'est-ce qu'on choisit de manger ou de ne plus manger ? Et comment finalement nos enfants vont grandir et vont s'en sortir ?

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que nos auditeurs et auditrices risquent de repartir avec plus de questions qu'au démarrage. En tout cas, on en fera un deuxième. Merci Hugues.

  • Speaker #1

    Eh bien merci et continuez bien. Il en faut.

  • Speaker #0

    On va voir le verger. Alors après cet épisode où vous vous intéressez aux pollinisateurs, Arthropologia a lancé une application de diagnostic pour celles et ceux qui ont des jardins afin d'évaluer comment ce jardin répond aux besoins des pollinisateurs. Avec tout un tas de conseils pratiques pour passer à l'action, je vous mets le lien dans la fiche de l'épisode. Un épisode qui a été rendu possible grâce au soutien de Martine et Richard, Claire, Valentin et Léon.

Description

🌿 Et si nous nous reconnections au Vivant...


Le constat est alarmant : la biodiversité 🌍 est en déclin global sans précédent. Selon les derniers rapports de l'IPBES, un million d'espèces sont menacées d'extinction. Les politiques actuelles ne suffisent pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, mettant en péril la survie de nombreuses espèces, dont les insectes pollinisateurs 🐝, essentiels à notre écosystème et à notre alimentation.


💡Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Hugues Mouret, entomologiste passionné, fondateur et directeur scientifique d'Arthropologia, une association dédiée à la protection des insectes et de la biodiversité. Installée à l’Écocentre du Lyonnais, près de Lyon, Arthropologia milite pour un renouveau du lien entre les humains et la nature. 🌳


Découvrez comment reconnecter avec le vivant, protéger la biodiversité et participer à la sauvegarde de notre écosystème.


Bonne écoute ! 🦋


Mixage : Pascal Gauthier


Pour en savoir plus :



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rappelez-vous, mars 2020, premier confinement, vous avez peut-être fait partie de celles et ceux qui ont remarqué le chant des oiseaux ou à qui la nature avait manqué. Notre rapport au vivant et plus largement au monde s'est trouvé profondément transformé pendant la pandémie de Covid-19. Celle-ci a mis en exergue les multiples interdépendances de notre monde et la connexion des humains avec la nature. Les derniers rapports de l'IPBES montrent que la biodiversité connaît un déclin global sans précédent. Sur les quelques 8 millions d'espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million sont désormais menacées d'extinction. Alors que les politiques et engagements actuels en matière d'émissions placent le monde sur une trajectoire de réchauffement d'environ 2,2 à 3,5 degrés à la fin du siècle, les scientifiques expliquent que limiter le réchauffement à 1,5 degré permettrait de réduire considérablement les pertes et dommages. L'IPBES appelle d'ailleurs les dirigeants à cesser de ne prendre en compte que la valeur marchande de la nature. Alors que faire ? Comment se reconnecter aux vivants ? Illustration avec l'association Arthropologia. Au petit matin, en lisière de forêt, en pleine campagne, les oiseaux s'éveillent. C'est dans ces sons de nature qu'Hugues Mouret se sent bien. Cet entomologiste est le fondateur et directeur scientifique de l'association Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversité. Un passionné que je retrouve au siège de l'association à l'éco-centre du Lyonnais à la tour de Salvani, près de Lyon.

  • Speaker #1

    La tanusie, c'est incroyable. Je ne suis pas super fan, mais...

  • Speaker #2

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Et l'origan ? Tu vois, c'est... Voilà, regarde. Il a besoin d'être propre, d'être désherbé, ça pousse très bien. En fait, c'est ça la vie. Ce n'est pas un truc tout propre, tout désherbé. Là, quand tu es un bouffeur de fraises, tu peux y aller chercher les fraises. Tu vas les trouver. Mais alors, tu vas trouver un paquet de baisseux avant de tomber sur les fraises. Donc, il y a des chances que tu te fasses intercepter. Ah bon, la consoude ! mais aussi dans les plantes qu'on soude, qu'on solide, qu'on utilise en cataplasme. C'est un activateur de la prolifération cellulaire. en utilisant un cataplasme quand tu as une entorse ou un truc cassé ou un os cassé et ça provoque la multiplication des cellules et sinon c'est utilisé comme ça alors les feuilles sont beaucoup plus grandes celle-là elle est pas très bien en pointe tu passes au rouleau à pâtisserie pour que ça se souvienne des poils, ça c'est bien collé petite pâte à crêpes épaisse, pâte à beignets, salée un petit peu tu le fais frire de deux côtés, tu mets un filet de citron et tu le présentes à tes convives sans leur dire ce que c'est. Et ils vont te demander quel poisson tu leur as fait. C'est ce qu'on appelle la saule végétale. Parce qu'en fait, ça a une petite odeur d'iode. Ah ouais ? Et quand c'est dans la pâte à crêpes, la chair blanche qui prend l'odeur d'iode, ça rappelle un peu la saule. C'est étonnant. Étonnant, vraiment.

  • Speaker #2

    Et bien bonjour Hugues !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #2

    Alors merci de m'accueillir ici à l'éco-centre du Lyonnais, on est à la tour de Salvigny, avec un grand terrain de 2 hectares autour de nous, vous pouvez nous présenter un peu ce lieu ?

  • Speaker #1

    Oui, le jardin de cocagne qui était installé ici en 2008 je pense, a fait construire ce bâtiment, qui est un bâtiment de 500 m², donc deux plateaux de 250 m², avec une ossature bois, une isolation paille, un torchis, et une serre bioclimatique, voilà. Il a quelques malfaçons, il a quelques... Perte énergétique, on entend un rouge-queue qui nous tourne autour, on doit être à côté d'un nid. Il a été fait en auto-construction, sans forcément des normes qui existaient à l'époque. Donc voilà, on le répare, mais il a l'avantage d'exister et d'être plutôt agréable à vivre. Et il y a un terrain de 2 hectares, sur lequel il y avait du maraîchage biologique, un maraîchage de réinsertion sociale, principe des jardins de cocagne. Et donc on a récupéré ce terrain quand ils ont fermé, faute de financement. Et on a récupéré ce terrain et on a monté ce projet avec Oikos, qui est une association qui travaille sur la rénovation écologique et les matériaux écologiques de construction, pour en faire un éco-centre. Donc avec à chaque fois la partie présentation, formation, accueil du public sur la partie bâtie et sur la partie jardin qu'on a transformé en pôle. Où il y a un verger ancien, une forêt nourricière, une forêt gourmande avec plein d'espèces qu'on n'a pas l'habitude de cultiver. Et on a d'autres pôles avec la taille d'un jardin familial pour montrer ce qu'on peut faire sur quelques dizaines de mètres carrés. Mais l'essentiel du terrain est laissé en libre évolution. Donc quand on est arrivé ici, on a forcé la libre évolution, on a laissé des espaces se renaturer, mais pour autant on a planté les premières années. Plus de 3500 arbres. Oui,

  • Speaker #2

    parce qu'on s'imagine bien, en 2012, quand vous vous installez ici, il n'y avait en fait quasi rien.

  • Speaker #1

    Il y avait une ligne d'arbustes autour du site. Donc sur les 650 mètres que font le tour des deux hectares, il y avait une ligne d'arbustes qu'on a triplée. Et on a planté plein de bosquets, de haies de grande taille. On a relié certains espaces en bordure, en périphérie, pour en faire des boisements. On a planté 3500 arbres, mais en fait il y en a beaucoup plus, parce qu'évidemment, du fait qu'on provoque les conditions d'un milieu forestier, ça provoque la germination des graines d'arbustes et d'arbres. Donc ça s'embuissonne et les arbres apparaissent de façon bien plus importante que ce qu'on a planté uniquement.

  • Speaker #2

    Alors, arthropologien, on va y aller. Vous présentez quand même l'association, pour ceux qui ne connaîtraient pas, Association Naturaliste, avec une vraie préoccupation autour des insectes. Vous pouvez nous présenter un peu la genèse de cette association, qui a été en fait le prolongement de votre parcours à vous ?

  • Speaker #1

    Oui, alors à l'âge de 24-25 ans, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, j'avais essayé deux-trois trucs, mais ça ne collait pas forcément avec les métiers qui m'étaient proposés, auxquels j'avais accès, parce que je n'ai pas de formation. Et c'est vrai que j'étais tombé dans la nature, dans la vie sauvage, dans l'émerveillement de la beauté de ce monde depuis tout petit. Et souvent je passais mon temps à raconter ce que je voyais. Alors ça intéressait les gens ou ça les saoulait un petit peu. Et en fait à un moment quand j'ai fait le bilan de ce que j'avais essayé, de ce que je pouvais faire, je me suis rendu compte qu'en fait le seul truc qui m'intéressait c'était de revenir à ces premières amours et donc de participer à l'accumulation de nouvelles connaissances, mais aussi de partager les connaissances, la beauté et la beauté de ce monde. Et le modèle... économique, si on va parler d'un gros, le plus adapté, c'était l'association pour justement sortir du modèle économique conventionnel, capitalistique, où dans une association, tous les bénéfices sont réinjectés dans l'objet de l'association. Et donc au bout de 23 ans d'aventure, avec des... je ne sais pas monter ça tout seul évidemment, il y a Caroline qui était là déjà et qui est aujourd'hui la directrice. Et aujourd'hui, on a 25 salariés, largement en région lyonnaise pour les animations, pour les activités auprès du grand public ou de l'expertise, mais Après, s'agissant de l'expertise et la formation, voire le plaidoyer ou le lobbying selon comment on se positionne et selon vers qui on va, on le fait au niveau national. Et comme tu l'as dit, oui, on s'est recentré sur les insectes. D'ailleurs, c'est ce qu'un peu veut dire le nom Arthropologia, qui est un néologisme, un arthropode. C'est les animaux à carapace qui sont recouverts d'une carapace avec des pattes articulées. En l'occurrence, c'est les insectes, les arachnides, les crustacés, les millepattes. Alors, on n'est pas des maniaques de ces petites bêtes. Bien, on est des experts de ces petites bêtes. Mais... Pourquoi ? Parce qu'en fait c'était un domaine délaissé. Pour moi c'était quand même une hérésie de ne pas traiter des insectes dans la mesure où ils assurent la quasi-totalité de la nourriture, des mammifères, des oiseaux, ils assurent la pollinisation de 9 plantes sur 10, ils recyclent la matière organique, ils protègent les cultures. Bref, en fait la vie des humains, la vie des vertébrés sans insectes n'est juste pas possible. Et on a plutôt tendance à repousser ces petites bêtes qu'on n'aime pas, alors qu'en fait elles sont beaucoup plus nombreuses, en masse, en nombre et en diversité que tous les autres groupes qui existent et donc elles fournissent des fonctionnalités. ou des services écosystémiques si on les regarde d'un point de vue anthropocentré, extrêmement majeurs.

  • Speaker #2

    On visite un peu ce jardin ?

  • Speaker #1

    Oui, le bar à nectar, c'est ça, ce qu'on appelle le bar à nectar, c'est des plantes à fleurs qu'on avait testées justement pour essayer de trouver des équivalents. aux exotiques. Mais on voit que finalement, ce qui pousse naturellement, là on a du bugle de Genève, ils sont tout à fait adaptés à la faune locale.

  • Speaker #2

    Et alors là, c'est la jardine.

  • Speaker #1

    C'est nos jardinières-chefs.

  • Speaker #2

    Alors qu'est-ce qui se passe par ici ?

  • Speaker #3

    On est en train de mettre un tuteur pour une petite brillonne qui pousse là. Une petite plante qui est très mal aimée, mais qui est trop jolie.

  • Speaker #2

    Pourquoi mal aimée ?

  • Speaker #3

    Parce que pour les jardiniers, elle ne sert à rien. Elle envahit... tout le monde, en plus elle est toxique. Par contre pour la petite fauvette, elle est intéressante parce qu'elle vient manger les baies rouges. Et là, il y en a une aussi qui a déjà bien grimpé. Elle fait déjà des fleurs. Ah c'est une brillonne !

  • Speaker #1

    Et ça, c'est un laxatif qui a été utilisé comme laxatif et qui est toxique et mortel à forte dose, ce qu'on appelait le navet du diable. Et alors effectivement, il y a des oiseaux qui viennent consommer les fruits, mais là à cette époque, quand les fleurs sont ouvertes, il y a une petite abeille qui ressemble un peu à l'abeille mélifère, l'abeille de ruche, avec les premiers segments de l'abdomen un peu rouges, qu'on appelle Andréna florea, l'abeille des fleurs, l'Andrène des fleurs, alors qu'elle va dans une seule fleur. Tout le pollen qu'elle récolte pour ses lards vient de cette espèce.

  • Speaker #3

    Et elle est très belle ! Regardez ! Regardez les vrilles qu'elle fait là ! C'est ça qu'on a inventé,

  • Speaker #1

    le fil du téléphone ! Et oui, parce que là, on ne parle pas qu'à des jeunes, et donc il y a des gens qui ont eu un téléphone avec un fil, avec la maille inversée au milieu.

  • Speaker #3

    C'est une plante magique !

  • Speaker #2

    Bon, on a découvert une plante magique.

  • Speaker #1

    Mais il y en a de partout ! La rufétide, l'achillée millefeuille, les menthes.

  • Speaker #2

    Et alors, le fait d'être bénévole pour Arthropologia, ça vous apporte quoi ?

  • Speaker #0

    Je vois des passionnés,

  • Speaker #2

    en tout cas,

  • Speaker #3

    parce que...... être parmi les plantes, les animaux, la vie quoi et avec la nature on apprend tout le temps, Et c'est une grosse leçon de philosophie et d'humilité parce que dès qu'on est sûr de quelque chose, la nature va nous prouver que bah non.

  • Speaker #1

    Bravo. Bah voilà. C'est pour ça que c'est notre présidente.

  • Speaker #2

    Et vos prénoms ?

  • Speaker #1

    Noël et Mireille.

  • Speaker #3

    Mireille et Noël.

  • Speaker #2

    Il n'y a que des passionnés en fait ici.

  • Speaker #1

    Oui, ceux qui viennent jardiner par ces temps-là toutes les semaines, ce sont des passionnés. Même en hiver, oui parce que là il fait doux, mais même en hiver c'est ça. C'est de même funeste. Elles sont là,

  • Speaker #3

    elles n'ont pas peur de la pluie.

  • Speaker #1

    Il y a d'autres plantes intéressantes, le cabaret des oiseaux. Cette plante qu'on utilisait pour garder la laine, la cardère, elle retient de l'eau et les oiseaux viennent par dedans.

  • Speaker #3

    C'est trop mignon.

  • Speaker #1

    Cette plante, l'estachys qui sente le champignon. Ah ouais ? Incroyable. Le salsifidepré, magnifique. Alors c'est dommage, il fait mauvais donc il n'est pas très ouvert, mais violet il a des étamines... jaune dedans, c'est magnifique, une fleur magnifique.

  • Speaker #2

    Donc on voit là sur allez on va dire sur 10 mètres le nombre de choses effectivement qu'il peut y avoir à la fois en végétaux en insectes cette biodiversité elle est riche et sur un endroit complètement restreint quoi

  • Speaker #1

    Ouais mais en fait ça c'est la normalité c'est tout ce qu'il y a ailleurs qui est pas normal et là, je t'ai pas raconté la moitié des plantes, mais loin de là et comme il fait de... un peu gris, un peu frais, il n'y a pas trop d'insectes, les citoyens ne bougent pas de leurs fleurs, il n'y a pas trop d'insectes qui volent. Mais en réalité, sur quelques dizaines de mètres carrés dans un monde normal, on peut faire une sortie de 3 heures, 4 heures sur les insectes et sur les plantes. Évidemment, c'est extrêmement simple parce qu'on a tout à portée de main. Et avec la dégradation et l'effondrement du vent, ça devient compliqué de faire des sorties sans bouger. On est obligé de marcher pour aller voir des choses parce qu'il y a beaucoup moins d'individus, beaucoup moins de diversité présente.

  • Speaker #2

    Vous avez l'impression que depuis... 30 ans, 40 ans, il y a moins d'insectes.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas une impression, c'est que c'est terrible. Ce que je te disais, c'est qu'avant 3 heures de sortie, je pouvais le faire autour d'une maison. Juste avec les plates-bandes qu'il y avait et la prairie. On faisait 50 mètres quand les gens me disaient, j'ai des enfants ou il y a une personne en fauteuil roulant. Pas de problème, on ne bouge pas. Il y a tout à portée de main. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. On a cette fameuse étude dont tout le monde a parlé en 2017 dans PLOS ONE qui disait que 80% des insectes en Europe ont disparu. En réalité, ce n'est pas tout à fait ça qu'elle dit. Elle dit que 80% de la biomasse... des insectes volants a disparu dans une trentaine de prairies suivies pendant 30 ans. Et donc, on pourrait extrapoler à 80% des insectes qui ont disparu, mais ce n'est pas ce que ça veut dire. Et en l'occurrence, la biomasse, c'est intéressant, sauf que la biomasse, c'est un indicateur qui n'est pas assez pertinent pour pouvoir lire la problématique. Quand on dit biomasse, c'est le poids des insectes. Donc, si on tue tous les vertébrés qu'il y a autour de nous, les oiseaux, les mammifères, les amphibiens, les reptiles, etc., on fait exploser la biomasse des mangeurs de cadavres. les mouches à viande, les nécrophores, etc. On les fait exploser. Est-ce que c'est intéressant ? On fait même exploser leur abondance, le nombre d'individus. Est-ce que c'est intéressant comme lecture ? Si on coupe tous les arbres qu'il y a à la tour de Salvani, on fait exploser la biomasse des mangeurs de bois morts. Est-ce que c'est intéressant ? Donc la simple biomasse, en fait, elle pose un véritable problème parce qu'on ne sait pas trop ce qui se passe. Il peut y avoir des biomasses qui augmentent, d'autres qui diminuent. Là, on ne voit qu'une diminution, très bien. Mais typiquement, on sait que les insectes s'effondrent, sauf un certain nombre de groupes qui sont liés à nos activités et à nos déchets. Les mouches, les cafards, les... les syrphes, pas qui mangent des pucerons, mais les syrphes qui recyclent les eaux usées, les eaux qui sont polluées. Et donc voilà, on a vraiment une lecture claire aujourd'hui. Et donc plus récemment, en 2019, il est paru un autre article dans Nature qui montre que dans 290 sites suivis en Allemagne, donc beaucoup plus robuste, 10 fois plus de sites, il y a 150 prairies et 140 forêts, on montre une perte de biomasse de 67%. Donc les deux tiers en 10 ans, c'est pas 80 en 30 ans, c'est 67. En 10 ans, une perte d'abondance d'individus de 78%, il manque 8 insectes sur 10 par rapport à il y a 10 ans, oui je le vois, et en termes de diversité sur ces prairies c'est 34 et 36 dans les forêts. Plus d'un tiers des espèces qui ont disparu en 10 ans. Il n'y a jamais eu ça sur Terre, on parle de la grande extinction des dinosaures, etc. Non, non, en fait ça s'est passé sur des dizaines ou des centaines de milliers d'années et la vie n'a pas été touchée au rythme auquel elle est touchée aujourd'hui, c'est-à-dire 1000 fois plus rapide que la normale. 150 ans et pas 150 000.

  • Speaker #2

    Donc ça veut dire que l'expression la sixième extinction de masse n'est pas galvaudée, c'est pas une exagération ou une image ?

  • Speaker #1

    Non, elle est minorée, parce qu'en fait, les extinctions de masse, les cinq grandes extinctions de masse qu'il y a eu, sont des extinctions naturelles, et comme je viens de le dire, qui se sont passées sur plus de 100 000 ans, 150 000 ans. Là, le problème qui caractérise notre époque, c'est pas... L'amplitude des phénomènes, parce que la Terre a été plus chaude, la Terre a contenu plus de CO2, plus de protoxyde d'azote, plus d'ozone, plus de méthane. C'est pas ça le problème. Le problème, c'est que ça se passe dans un temps extrêmement court. Donc on doit absolument faire quelque chose, urgentement, tout de suite et de partout.

  • Speaker #2

    On voit qu'on parle aujourd'hui beaucoup de climat, assez peu de biodiversité. Ça, comment tu l'expliques ? Est-ce que c'est parce que quelque part, il y a une sorte de... des connexions aujourd'hui que nous avons avec la nature, le vivant.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a évidemment ça. Aujourd'hui, la plupart des gens ne reconnaissent pas trois oiseaux, pas trois plantes et trois insectes, encore moins évidemment, que ce soit dans les villes ou que ce soit dans les campagnes. Le décrochage est le même. Mais le traitement médiatique et le traitement étatique, je pense qu'il est lié aussi à ces solutions technicistes qu'on a derrière, parce qu'en fait le système, le monde capitaliste va pouvoir encore se maintenir pendant quelques années en cherchant des solutions vertes, qui ne sont pas des solutions durables. Mais il y a surtout le traitement médiatique. le traitement de la complexité du problème. Le GIEC, l'IPCC, on est les seuls à l'appeler le GIEC, c'est quand même étrange, fait des modélisations du climat en utilisant la température de l'eau sur la terre, la température de l'air, la cryosphère, donc la quantité d'eau gelée sur les pôles et sur les glaciers. et les 50 000 événements climatiques les plus prégnants. Avec ça, ils font des modélisations et c'est déjà extrêmement complexe. En général, quand on arrive à la date de la modélisation, on est toujours en dessous de ce qui a été modélisé, donc c'est assez perturbant. S'agissant du vivant, de la biodiversité, c'est des millions, au moins 2,5 millions d'espèces connues, mais probablement 8, 10, 20, 30 millions, on n'en sait rien, combien d'espèces sur la Terre qui ont des milliards d'interactions à chaque seconde. Donc en fait, la modélisation est extrêmement complexe. C'est hyper compliqué d'expliquer ça de façon simple et claire et rapide aux gens, quand on a du temps, pas de problème. Moi, j'ai du mal à convaincre les gens en 5 minutes. Quand j'ai une demi-heure, pas de problème. J'ai suffisamment d'arguments et je peux répondre à suffisamment d'oppositions ou d'idées reçues, de fausses bonnes idées pour qu'on puisse avancer. En 5 minutes, en fait, c'est facile d'évacuer ces choses-là parce qu'on a tous plein d'idées dans la tête. Donc, c'est compliqué de parler du vivant, qui plus est, quand on parle à des gens qui sont extrêmement déconnectés et qui n'ont, par exemple, même pas idée du nombre d'espèces qu'il y a. Souvent, dans les conférences, dans les formations que je fais, je demande combien il existe d'espèces, de mammifères, d'amphibiens, de reptiles, de papillons. Mais ils n'ont aucune idée, aucune idée. Et ça, c'est assez remarquable du fait que, mais quand je dis aucune idée, quand c'est 150 mammifères en France, on peut me sortir 5000 ou qu'on peut me sortir 20. Il y a 43 amphibiens en France, on peut me sortir 3000 comme on peut me sortir 10. Les papillons, quand je demande les papillons, les papillons de jour, 250, et quand je demande les papillons de nuit, la plupart des gens disent, plus, au moins 400, 500, non, 5400 papillons de nuit. En réalité, il y a 5700 papillons en France, métropolitaine, dont 95% ce sont des papillons de nuit. Donc en fait, on n'a même pas idée du nombre d'espèces, de la diversité. Et ça, le nombre et la diversité impliquent la diversité des fonctionnalités écologiques et la complexité de ce monde. Et donc lire ce monde sans en avoir ni l'idée du nombre, de l'abondance et des interrelations, c'est compliqué de comprendre où il va. Et l'amnésie environnementale qui se pointe là-dessus fait que chaque année, après chaque hiver, on dégrade un petit peu notre référentiel parce que le cerveau retient 5 à 10% de ce qu'on a vu. Et nous, ce n'est pas qu'on retient mieux que les choses, les naturalistes, c'est qu'on les consigne.

  • Speaker #2

    Tu parles d'amnésie environnementale et pourtant, ce lien à la nature, à l'environnement, il est aussi constitutif de qui nous sommes aujourd'hui. C'est ce que dit le philosophe Jean-Philippe Pierron qui propose de réaliser nos écobiographies. de relire notre histoire à la lecture de nos liens au vivant. Avec Audrey Ranchin, on a créé un arbre cabane dans lequel on invite les gens à venir raconter leurs souvenirs de liens au vivant. Et je voulais justement te faire écouter un extrait de ces témoignages qu'on a pu recueillir et qu'on a mis en récit dans le cadre de ce podcast en un battement d'ailes.

  • Speaker #4

    Je me souviens d'une nuit dans la forêt. avec une amie, je faisais vraiment nuit noire. Je me déplaçais avec la faible lumière de ma lampe frontale, et puis là, tout à coup, je vois un sentiment, quelque chose qui se reflète dans ma lampe, un peu comme si c'était une pierre qui brillait. Je m'approche, et puis là, je vois qu'en fait, ça bouge. Et là, je me rends compte qu'en fait, c'était pas une pierre, mais une énorme araignée. avec des centaines de petits bébés qui avaient leurs yeux qui se reflétaient dans ma lampe. À ce moment-là, j'étais enceinte et j'étais complètement émerveillée de me dire Waouh ! C'est dingue ! Une seule araignée, elle est capable de porter sur son dos une centaine de bébés ? Et j'étais vraiment sidérée. Donc j'ai passé un moment à observer, puis ensuite... J'appelle mon amie, je dis tiens, viens voir, il y a un truc incroyable ici. Elle arrive et puis là, elle me dit, en faisant un grand pas de recul, ah mais c'est monstrueux ! Et voilà, après cette histoire nous a fait beaucoup rire et ça nous a permis de se rendre compte du décalage qu'il peut y avoir de perception et de relation à un même animal.

  • Speaker #0

    Ce matin, j'ai croisé un tilleul, un grand tilleul entouré de béton. Il m'a rappelé celui qui était dans la cour de mon école. Un jour, j'étais très en colère. On m'avait bien appris à ne pas frapper mes camarades de classe. Mais cette colère est sortie et j'ai frappé le tilleul. Aujourd'hui, au creux de mon arbre, on me donne l'occasion de me confesser, de me pardonner. Alors je voudrais dire pardon. Pardon à toi, le tilleul de mon enfance. Aujourd'hui, encore, le regret est bien là. Pardon au tilleul de mon enfance, toi qui m'as gâché des autres. pour faire un premier pisseau sur la bouche d'un garçon. Quand j'avais 17 ans, j'allais avec mon grand-père dans la rivière. C'était au début de l'été. Et c'était un grand-père qui était très calme, très souriant. Et il adorait aller pêcher. Et c'était un moment que je n'ai pas fait si souvent que ça, je pense, où on était tous les deux. Parfois, il y avait mon cousin. Là, j'étais seule avec lui. C'était très calme. Le mouvement de l'eau sur les pieds nus, les oiseaux, les tourterelles. C'est des ambiances qui étaient présentes dans la campagne. Peut-être pas à ce moment-même, mais en tout cas, il y avait des oiseaux, des bruits de campagne, des sons de campagne. On allait pêcher. Et ce poisson, je ne l'aimais pas forcément au départ, je n'aimais pas tellement les poissons, mais j'aimais bien pouvoir le toucher, le prendre, rentrer en contact, prendre conscience de sa vie qu'on perturbait forcément. Et j'étais contente après, même si je n'étais pas fan des poissons, mais de manger cette truite après. Et c'était tout un lien. Alors, qu'est-ce que ça t'inspire ?

  • Speaker #1

    D'abord, je m'y retrouve dans certains témoignages, pas forcément de la pêche avec mon grand-père, mais de me retrouver au bord d'un étang. J'ai grandi dans les contrées fortes de la dombe avec de l'eau de l'autre partout, et puis justement des bestioles partout. J'étais assez fasciné par ces choses-là. Et je passais beaucoup de temps aussi à me vautrer dans la nature, parce qu'en réalité, une fois qu'on est couché, qu'on ne bouge plus, si on met de côté les oiseaux et les mammifères, ils peuvent se rapprocher un petit peu, mais ils nous voient quand même. Par contre, toutes les autres bestioles... devient invisible et donc on peut voir la vie s'animer autour de nous, les amphibiens, les reptiles, les insectes, les araignées, tout se met à bouger. Les plantes évidemment sont là et ne bougent pas. Et ce moment de recueillement, ce moment d'apaisement que j'avais gamin, d'isolement parfois, je le retrouve aussi aujourd'hui et c'est un moment de reconstruction, de ressourcement, où j'en ai vraiment besoin dans ces moments de tension parce que le discours que je porte il est quand même peut-être anxiogène pour certains. mais surtout pour moi qui passe mon temps à le faire, à le raconter une, deux, trois fois par semaine, il y a 50 semaines par an, je vous assure que c'est compliqué d'avoir ce discours en permanence, alors qu'en fait on a des solutions.

  • Speaker #0

    Vous êtes éco-anxieux du coup de parler ?

  • Speaker #1

    Non, non, moi je suis anxieux en fait de ce qui se passe, je suis anxieux des mesures qu'on met en œuvre et qui vont à l'inverse de l'histoire, à l'inverse de ce qu'il faudrait faire, c'est ça qui me rend anxieux, c'est pas le fait d'en parler, ça porte ce discours et c'est extrêmement compliqué pour moi de le porter, et surtout auprès des jeunes, leur dire on a ravagé votre monde. Bienvenue ! C'est compliqué en fait, quand c'est des vieux j'ai moins de problèmes de leur dire vous êtes responsable et j'en fais partie. Et en fait on ne peut pas laisser ça à nos enfants. Et je voulais revenir sur ces aspects de lien avec la nature. Ces gens-là qu'on a entendu parlent de leur enfance. Et ça c'est primordial, c'est essentiel, capital de remettre les enfants dans la nature. C'est ce sur quoi travaille Maya qui est une stagiaire chez nous, accessoirement ma fille, voilà c'est un pur hasard. Qui s'appelle Maya mais rien à voir avec le fait que je m'intéresse... Vous avez ? Non, rien, absolument rien à voir. Et elle travaille sur ce lien de reconnexion entre les enfants et la nature, l'école du dehors, la classe du dehors, et en fait comment est-ce qu'on peut remettre les enfants dehors en accompagnant les profs, les instits sur l'usage, l'utilisation des supports de nature qu'on a pour faire du français, pour faire de l'anglais, pour faire des maths, pour faire tout. C'est-à-dire pas faire transposer simplement la cour dehors et mettre un tableau artificiel, mais d'utiliser le tableau qui est la vie sauvage qu'on a autour de nous. Et ça c'est primordial parce que, je rejoins ton philosophe, de la quantité, de la qualité de nature qu'on côtoie entre 5 et 15 ans dépend toutes les relations qu'on aura pendant toute notre vie avec la nature. Bon alors,

  • Speaker #0

    une fois qu'on a dit tout ça, donc là, il y a peut-être effectivement une partie des auditeurs, des auditrices qui se disent Ok, je croyais que j'étais sur un podcast de journalisme de solution

  • Speaker #1

    C'est quand on a touché le fond en fait, quand on a pointé du doigt les principaux problèmes. qu'on sait où et comment agir. Donc effectivement, c'est très anxiogène cette partie-là, cette description du monde en déliquescence. Mais finalement, quand on a pointé destruction des habitats, pollution, ce sont nos modes de vie, ce sont notre consommation, notre production et nos transports. On a tous dans nos tickets de caisse, dans nos bulletins de vote, la possibilité de changer ce monde. On a tous la possibilité de changer les choses. Sur un balcon, c'est limité, effectivement. Sur une terrasse, un peu moins. en pied d'immeuble, on commence à pouvoir y faire des choses si on trouve une voie commune avec les autres propriétaires ou les autres locataires. Dans son jardin, les jardins privatifs au bord des maisons en France représentent 1 million d'hectares. Ça veut dire presque 4 fois la surface de toutes les réserves naturelles françaises. Donc si on rend un quart de nos jardins, on multiplie par 2 la surface des réserves naturelles françaises. Et si on ajoute les résidences, les campus, les casernes, les hôpitaux, les bords de route, les zones d'activité commerciale, les échangeurs, bref, toutes ces zones qui sont tendues. qui sont coupés alors qu'il n'y a jamais personne qui n'y met les pieds, il n'y a jamais personne qui l'utilise, on limiterait le temps, la dépense énergétique, l'usage de gaz fossile avec les émissions de CO2 et de microparticules et on conserverait de la nourriture, des refuges et une fonctionnalité écologique pour l'atténuation du changement climatique, le maintien de la vie sauvage. Bref, on serait tous gagnants parce qu'en réalité, la vie sur Terre pour les humains ne consiste pas que à travailler mais aussi à vivre et à profiter de la vie parce qu'on est vivant. On est des animaux et on fait partie de cette biodiversité, il faudrait quand même qu'on s'en rappelle à un moment quoi.

  • Speaker #0

    Arthropologia fait à la fois du conseil auprès des collectivités territoriales, du plaidoyer auprès des politiques, et mène régulièrement des missions de sensibilisation auprès du grand public. C'est le cas ce samedi 15 juin. Une balade est organisée à Irigny sur le nouvel espace naturel sensible du plateau des étangs. Et c'est Marion Duvignac, éducatrice nature chez Arthropologia, qui l'anime. Donc bonjour à tous, merci beaucoup d'être avec nous cet après-midi sur le nouvel espèce naturelle sensible du Plateau des Etangs. Donc c'est un nouvel espèce naturelle sensible qui a été déterminé, défini et puis installé, proposé sur le territoire des communes de Charlie, Érynie et Vernaison. Et donc on propose l'association Arthropologia comme d'autres associations d'éducation à l'environnement nos premiers ateliers à la rencontre du grand public. sur cette espèce naturelle sensible. Donc l'objectif du plateau des étangs, c'est de préserver un petit peu ce territoire, le partage aussi avec les exploitations agricoles, notamment arboriculture ici, et puis de venir informer le grand public qui parcourt ce plateau, essayer de faire se côtoyer ces différents usages sur le plateau. Voilà, donc cet après-midi, nous on part à la rencontre des insectes pollinisateurs. J'ai pris des filets fauchois. Ce sont de petits filets qui servent aux collègues entomologistes à aller prospecter des espaces et observer les insectes qui sont cachés, notamment dans les hautes herbes, et qu'on ne voit pas au premier coup d'œil. Là on est bien, on peut y aller. Donc, je disais, des huîtres dans l'herbe, avec le filet ouvert, et puis on regarde ce qu'on a trouvé. Allez-y Catherine. Il faut aller plus au fond, parce que ça s'accroche ? Pas forcément, mais regardez si vous avez trouvé des petites bêtes dans un premier temps. On voit des feux, des petits bouts de brun. Oui. Il y a des petits bouts d'herbes sèches, mais on voit aussi des petits... Des tout petits, donc à voir si ce sont des... Moi, je n'ai pas pris mes lunettes pour voir les nombres de pattes et tout ça. On a des loupes. Alors, ceux-ci sont particulièrement petits. C'est pour ça que je vais vous aider à regarder si ce sont des mouches. Ça ressemble à des bestioles qui vont sur les fruits. Ou des petites abeilles. Donc, on voit que dans la folle avoine, les petits graminées, on a trouvé des petites mouches. Donc là... Effectivement je vais vous... montrer de plus près. Comme j'ai des petits bocaux c'est pratique donc ça permet de pouvoir les observer à plusieurs sans les affoler, leur faire de mal etc. 1, 2, 3... Par côté non ? Donc ça en fait 6 ? Donc ça en fait 6 oui. Donc c'est un... Si je ne sais pas, c'est un insecte ? Oui c'est un insecte. Donc les insectes, les... Ce que les biologistes appellent des insectes, c'est clairement les arthropodes, seulement ceux qui ont six pattes. Voilà, parce que nous, on dit, dans le langage commun, on dit les insectes pour toutes les petites bêtes. Et donc, voilà, en réalité, les jardiniers ne sont pas des insectes. Si on fait faire des pattes, on détermine ce que c'est comme famille. Exactement, donc c'est aussi simple que ça. Donc, les enfants font pareil, ils regardent et puis on vient les classer dans des barquettes. D'accord. Voilà, donc on va continuer. Alors, hop, ici, on a... Marion découvre à chaque fois, avec plaisir, l'étonnement du public devant la biodiversité. Je ne peux pas parler à la place des gens, mais j'ai l'impression qu'il y a quand même beaucoup de personnes qui sont surprises, y compris justement parmi des personnes qui n'ont pas trop d'attentes et qui viennent sans trop d'idées sur ce qu'ils vont voir. Beaucoup de surprises, d'étonnement. On en parlait tout à l'heure, la diversité des arthropodes, des insectes, les modes de vie, le fait qu'ils sont liés aux plantes au milieu. Plein de petites choses toutes simples, mais oui, beaucoup de surprises. Avec quoi vous avez envie que les gens repartent ? Un sentiment en premier lieu, parce que c'est difficile de prétendre faire changer les personnes ou complètement bouleverser leur point de vue. Mais déjà, revenir avec une émotion, d'être... partie à la rencontre des arthropodes et d'avoir découvert des arthropodes différents et puis de s'être étonnée devant leur diversité. Et puis ensuite, de la curiosité. Éveiller aussi sa curiosité sur leur fragilité, celle des milieux dont ils dépendent. Et puis peut-être éveiller une envie d'action, ça, ce serait formidable. Mais déjà, être touchée, c'est quelque chose. Ce n'est pas anodin. Et vous Catherine, qu'est-ce que vous êtes venue chercher dans ce temps d'échange ? Je suis un peu plus sensibilisée ces derniers temps. Tout ce qui est insectes, tout ce qui est petites bestioles, les plantes comestibles. Et je suis à chaque fois émerveillée sur un petit bout de chemin de quelques centaines de mètres, de ce qu'on peut voir. Et par le savoir des personnes qui nous enseignent, enfin qui sont là, avec qui on s'est inscrits pour faire cette balade. Je suis à chaque fois épatée de tous ces trucs-là qu'elles connaissent. Et je me dis que moi, il y a quelques années de plus, à leur âge, je ne crois pas que j'aurais fait ça. Je n'étais pas aussi sensibilisée, peut-être. Et pourtant, vous m'avez dit que vous aviez grandi à la campagne. Exact, exact. Oui, mais je les connaissais, ces animaux, en général. Mais les insectes, c'est plutôt... Le soir, il peut y avoir des moustiques et donc on essaie de vaporiser. Il y a des punaises. Ce n'est pas forcément dans notre environnement quelque chose qu'on aime bien voir. Donc, c'est super intéressant. Moi, je recommande vraiment de faire ces balades. Vraiment, je remercie tous ces gens qui s'occupent de ça, ces organisations, ces associations. On apprend toujours un truc et on ne part pas avec tout parce que tellement il y a d'infos. Nous sommes de retour à l'éco-centre du Lyonnais, à la Tour de Salvani. où je retrouve Hugues Mouret. Dans la culture, les œuvres littéraires ou cinématographiques, on parle de moins en moins de la nature. Arthropologia a d'ailleurs lancé en 2022 une web-série qui a fait beaucoup parler d'elle, puisque ce sont deux acteurs de la fameuse série Kaamelott, Franck Pithiot et Jacques Chambon, respectivement Perceval et Merlin, qui jouent dans cette série. Elle s'appelle Pause Biodive, extrait.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu lances la nouvelle danse de l'été ? Saloperie de bestiole ! Elle ne s'arrête pas de me tourner autour ! Qui c'est qui arrête pas de te tourner autour ?

  • Speaker #0

    Ben des insectes !

  • Speaker #1

    Des moucherons, des moustiques, je sais pas moi, mais ça me saoule. Je vais installer une bombe insecticide sur mon guidon,

  • Speaker #0

    un petit pchit de temps en temps et je pourrai rouler tranquille.

  • Speaker #1

    N'importe quoi ! En tout cas, c'est pénible. C'est pénible pour toi, mais pense un peu à la nature. À la nature ? Ben oui, à la nature en général et à ton jardin en particulier. Mais tu plaisantes ! Les insectes,

  • Speaker #0

    c'est des serial killers des plantes,

  • Speaker #1

    ça bouffe tout ! Pas tout, et pas tous les insectes, au contraire. Sans insectes, pas de plantes, justement. Oh, toi, tu veux encore me parler de pollinisation. Exactement. Tu sais que 90% des plantes à fleurs et 75% des espèces cultivées sur la planète dépendent de la pollinisation par les insectes ? C'est beaucoup. C'est énorme. Et c'est pas tout.

  • Speaker #0

    Les insectes sont aussi des protecteurs des plantes. Certains sont les prédateurs des indésirables,

  • Speaker #1

    comme les limaces ou les pucerons. C'est la guerre entre eux, alors. C'est pas la guerre, mais c'est la chaîne alimentaire naturelle. Ouais, manger ou être mangé. Non, manger et être mangé. Parce que les insectes sont aussi des proies... pour les petits mammifères, les chauves-souris,

  • Speaker #0

    les oiseaux. Donc pas d'insectes,

  • Speaker #1

    pas d'oiseaux ?

  • Speaker #0

    Et ouais. Et pas de plantes non plus ?

  • Speaker #1

    Exactement. Ouais, mais reconnais quand même que les moustiques, c'est bien chiant.

  • Speaker #0

    Ouais, ça pique,

  • Speaker #1

    c'est vecteur de maladie dans les zones tropicales, et ça peut te faire passer une nuit blanche quand ça vient faire bzzz dans ton oreille. Mais les moustiques font aussi partie de l'équilibre naturel. Et s'il y a plus de moustiques, c'est peut-être parce qu'il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux. Pourquoi il y a moins de chauves-souris et moins d'oiseaux ? Parce que leur habitat est de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    L'urbanisation, la déforestation,

  • Speaker #1

    l'éclairage artificiel... Qu'est-ce qu'il faut faire alors ? Moi, je n'ai pas la main sur l'aménagement du territoire. Non, mais tu as la main sur ton jardin. Tu peux laisser des zones au repos avec de l'herbe qui pousse, tu peux ne pas tailler systématiquement tous tes arbres tous les ans.

  • Speaker #0

    Bref,

  • Speaker #1

    tu peux laisser de la place à la vie sauvage. Et aux moustiques ? Aux moustiques et aux 35 000 espèces d'insectes recensées en France. La vache ? Ah non, pas la vache. La vache, c'est un mammifère.

  • Speaker #0

    Très drôle. Tu sais que tu es amarrant, toi ?

  • Speaker #1

    Allez, on y va ? On y va,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Je l'aime bien ta nouvelle chorégraphie, là. Allez. Oublie ce que j'ai dit ! En fait, t'es pas marrant du tout !

  • Speaker #0

    On vient d'entendre un extrait. Effectivement, là, c'est une manière d'aller rencontrer le grand public, de pouvoir aborder la question de la biodiversité d'une autre manière, d'un ton humoristique. En plus, ces deux personnages, on les connaît bien, donc il y a effectivement le gros clin d'œil et leur notoriété qui donne le petit coup de pouce. Mais en tout cas, c'est un format qui est intéressant.

  • Speaker #1

    C'est exactement pour ça qu'on l'a fait. Parce que la culture, on parle de... Il y a l'aspect cultural, quand on fait de la culture dans les champs, et l'aspect culturel, comme tu l'as dit, est là, qui est intrinsèque à l'humanité. Et donc, on n'arrive pas à parler à tout le monde. facilement très facilement à parler aux gens qui sont sensibilisés qui viennent chercher de l'info parfois qui attirent leurs collègues leurs amis leurs voisins et on arrive à parler un petit peu à des gens et parfois en fait on n'y peut pas donc en fait il faudrait qu'on aille à dans les supermarchés ou dans les galeries commerciales ou dans les espaces les rues piétonnes à commet pour toucher les samedis après midi pour toucher les gens qui ne viennent pas vers la nature est vrai que la nature vienne ou qu'on amène la nature c'est ce qu'on essaye de faire et là Comme tu le racontes sur cette petite web-série, on essaye de toucher les gens à qui on ne parle jamais, et pas sur un format long. Et comme j'ai dit tout à l'heure, on a besoin de temps pour montrer ces choses-là. Là, c'est en moins de deux minutes, donc on est rentré dans le format internet du zapping à tout va. Mais les deux minutes permettent assez rapidement de ne pas ennuyer les gens, d'éviter qu'ils zappent, et de traiter un certain nombre d'éléments extrêmement importants de façon humoristique, comme tu l'as dit avec cette approche et l'écriture de Jacques Chambon qui est juste extraordinaire. Donc voilà, c'est vraiment ça l'idée, c'est d'augmenter, de diversifier les médias, les supports pour toucher tout un tas de personnes.

  • Speaker #0

    Hugues, j'imagine que là, les auditrices, les auditeurs qui sont en train de nous écouter se disent bon bah ok, très bien, il m'a convaincu, il faut faire quelque chose, et bah qu'est-ce qu'on peut faire ? On a évoqué déjà à l'échelle un peu plus systémique de l'organisation de la société ce qu'on peut faire. À l'échelle individuelle, moi dans ma maison, dans mon appartement, qu'est-ce que je peux faire ?

  • Speaker #1

    En fait, on peut faire partout. Dans une maison moderne, l'essentiel des matériaux utilisés sont hautement toxiques. A la production, au transport, au recyclage, à la dégradation. Aujourd'hui, on a deux fois plus de plastique sur la terre, 8 gigatonnes, que tous les animaux confondus, 4 gigatonnes. Et donc, tous ces éléments-là, c'est un choix. Ou on achète des verres en plastique parce que ça ne se casse pas et que c'est mieux, ou on achète des verres en verre. Des verres en verre qui aient de la silice. La silice, c'est un minéral pur, c'est absolument pas polluant. Une bouteille de bière qui traîne dans la nature, c'est dégueulasse visuellement, mais c'est absolument pas une pollution. Elle peut piéger des animaux, c'est un problème. Dans une maison, on a des coves de partout. On passe de la peinture, 10 ans d'émission des coves, les composés organiques volatiles, 10 ans d'émission avec une peinture acrylique classique. On peut faire des peintures à la craie. Il y a aussi les produits de consommation. Et là, on s'intoxique à une échelle catastrophique. Et je ne pointe pas les agriculteurs en disant ça, mais l'agriculture, c'est-à-dire la société. Vous tous et moi avec. Coluche, 40 ans, qui disait... Quand on pense qu'il suffirait qu'on arrête de les acheter pour qu'ils arrêtent de nous les vendre, quelle misère ! Ça s'appelle l'offre et la demande. En fait, on est responsable de ce qu'on a. Alors oui, ça coûte un petit peu plus cher, mais les marges des grandes enseignes de bio sont indécentes. Ils font des coefficients de multiplication qui ne permettent pas à ces alternatives agricoles non polluantes, non rémanentes, de prendre le dessus. Parce qu'on est dans un système de capitalisation systématique qu'on soit dans une distribution conventionnelle ou dans une distribution biologique. Et donc il va falloir faire un choix. A la fin de la seconde guerre mondiale, 30 à 40% du budget familial du panier familial d'une famille, c'était la nourriture. Aujourd'hui c'est 8 à 10%. On a le choix, il va falloir qu'on regarde avec notre porte-monnaie. Où est-ce qu'on met le plus d'argent ? Qu'est-ce qu'on choisit comme vacances ? Qu'est-ce qu'on choisit comme transport ? Qu'est-ce qu'on choisit de manger ou de ne plus manger ? Et comment finalement nos enfants vont grandir et vont s'en sortir ?

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que nos auditeurs et auditrices risquent de repartir avec plus de questions qu'au démarrage. En tout cas, on en fera un deuxième. Merci Hugues.

  • Speaker #1

    Eh bien merci et continuez bien. Il en faut.

  • Speaker #0

    On va voir le verger. Alors après cet épisode où vous vous intéressez aux pollinisateurs, Arthropologia a lancé une application de diagnostic pour celles et ceux qui ont des jardins afin d'évaluer comment ce jardin répond aux besoins des pollinisateurs. Avec tout un tas de conseils pratiques pour passer à l'action, je vous mets le lien dans la fiche de l'épisode. Un épisode qui a été rendu possible grâce au soutien de Martine et Richard, Claire, Valentin et Léon.

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