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En un battement d'aile

Épisode 20 - Le parc de la Cerisaie, un écojardin pour favoriser la biodiversité en ville

Épisode 20 - Le parc de la Cerisaie, un écojardin pour favoriser la biodiversité en ville

33min |13/11/2024
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Description

🌳Aujourd’hui, plus de 80 % des Français vivent en milieu urbain, un cadre où la nature semble présente à travers les parcs, jardins, et friches. Pourtant, cette impression de verdure masque souvent une biodiversité appauvrie.


Ce nouvel épisode de En un battement d’aile vous emmène à la découverte du parc de la Cerisaie à Lyon, un espace de 4,5 hectares où une gestion écologique innovante est appliquée depuis plusieurs années. Une belle illustration de nature en ville.


Le parc de la Cerisaie a été aménagé au début du XXème siècle et entoure la Villa Gillet. Depuis 2015, il est reconnu pour son engagement écologique grâce au label Écojardin, un label qui accompagne les villes et entreprises vers des pratiques d’entretien durable.


Que signifie concrètement être un « écojardin » ? Comment la nature et la biodiversité cohabitent-elles avec le béton et les rues de la ville ? À travers une visite guidée immersive et des échanges passionnants avec Michaël Gelein, jardinier au parc de la Cerisaie et Cloé Laurent, technicienne d’étude à la direction Biodiversité Nature en ville de la ville de Lyon, explorez les coulisses de ce beau jardin.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    En France, près de 80% de la population vit en ville, dans un paysage de plus en plus urbanisé. La nature peut y sembler présente au travers des parcs, des jardins ou même des friches. Mais cette présence est souvent trompeuse. Bien que les espaces urbains abritent de nombreuses espèces animales et végétales, il s'agit souvent des mêmes espèces qui se sont adaptées aux conditions extrêmes de la ville. Pollution, chaleur, bruit ou lumière artificielle. Ces écosystèmes urbains sont marqués par une uniformité qui ne reflète pas la richesse nécessaire pour maintenir une biodiversité véritablement dynamique. C'est dans ce contexte que le parc de la Cerisée à Lyon prend tout son sens. Créé en 1913 par le paysagiste René-Edouard André, ce parc de 4,5 hectares entoure la ville Agilé, bien connue pour ses activités culturelles. Aujourd'hui, il se distingue par sa gestion écologique qu'il lui a valu d'obtenir en 2015 le label Eco-Jardin, tout comme une dizaine de parcs de la ville de Lyon. Si ce label est principalement un outil de communication, il permet malgré tout d'accompagner les collectivités territoriales et les entreprises vers des pratiques d'entretien respectueuses de l'environnement et adaptées aux usages des espaces paysagers. Le parc de la Cerisée est devenu un modèle d'intégration de la nature en ville, montrant qu'il est possible de concilier l'urbanisation et la biodiversité.

  • Speaker #1

    chaque chaque geste et c'est ça qui est extraordinaire il ya quelque chose de vachement sensuel dans le mouvement le bon outil pour la bonne fonction et le faire de la manière la plus efficace et ergonomique possible et c'est donc tout un savoir faire qu'on essaie de transmettre à nos jeunes apprentis et donc la masse ou même semé du gazon en fait ça demande en fait une ample de gestes, une manière à la fois de douceur et en même temps de la force pour envoyer la graine dans le bon sens et de la bonne manière avec le bon dosage, tout un savoir faire donc c'est en fait vraiment tu as tout dans les mains quoi et dans l'outil. Et la masse c'est la même chose en fait déjà on la prend, on la sous-pèse, on commence à prendre contact avec elle, on lui dit est-ce que tu es prête à y aller ou pas et dire ok. Un lamineur celui-ci ? Il en faut en fait, des piquets, parce qu'on en met un petit peu de partout.

  • Speaker #0

    Michael Jelin est jardinier au parc de la Cerisée. Cela fait maintenant 8 ans qu'il travaille dans ce lieu qui l'affectionne particulièrement. C'est lui qui va être mon guide dans ce parc que je connais plutôt bien et dans lequel j'aime me promener.

  • Speaker #1

    C'est un parc qui est classé au monument historique. C'est quand même 4,5 hectares de verdure qui sont offerts au tout public et aussi à la biodiversité. Et ici, on veille tout particulièrement au bien-être de l'ensemble des usagers, mais aussi des usagers que sont les petites bécioles, les insectes, la flore spontanée, ce genre de choses. C'est pour ça qu'un label a été développé, à savoir les labels Eco-Jardin, dont fait partie ce parc-là, très joli, positionné sur les balmes de Lyon.

  • Speaker #0

    Alors on va revenir sur cet écolabel. Peut-être essayer de décrire un peu ce parc. On a donc à l'entrée cette grande maison imposante qu'est la Villa Gillet.

  • Speaker #1

    C'était un parc qui se voulait plutôt confidentiel au début, au moment où en fait François Gillet a créé cet espace-là. Il y avait une vocation industrielle, donc il fallait un réservoir d'eau pour alimenter les usines en contrebas. Mais en même temps, il voulait... tout comme ça se faisait beaucoup à l'époque au XIXe, montrer la puissance de sa famille. Donc elle a été positionnée en retrait de la rue. Il fallait que ce soit un petit écrin qui cache ce magnifique bâtiment de style néo-florentin, donc voilà, une atmosphère italienne. Et tout le parc autour a été construit de cette manière-là, à savoir très horticole auprès de la villa, et ensuite plus on s'en éloignait et plus on était dans l'espace de nature. Comme l'avait voulu d'ailleurs René-Edouard André, le concepteur, puisqu'en fait on est sur un parc qui a été signé. La situation géographique de ce parc fait qu'il est très intéressant parce qu'il est en connexion avec l'ensemble des autres espaces privés, pour le coup, et qui sont très sauvages sur les flancs de la colline de la Croix-Rousse. Du coup, on bénéficie réellement de cette atmosphère champêtre, naturelle, et en même temps classique, puisque c'est un jardin de style romantique. 19e, et on retrouve en fait toutes ces traces-là sur l'ensemble de la conception.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on va découvrir au cours d'une visite guidée qu'on va faire en compagnie de Chloé Laurent. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Vous êtes donc technicienne chargée de projet au sein du service Innovation Transition Écologique au sein des espaces verts de la ville de Lyon, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    C'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    En néophyte, oui, ça veut dire.

  • Speaker #2

    En néophyte. Pour les néophytes, je m'attache à animer la démarche environnementale du service espace vert, notamment avec mes collègues jardiniers, comme ici présent Mickaël, qui eux sont en quotidien dans les parcs et les jardins. Et j'organise particulièrement la labellisation des 12 sites éco-jardins qu'on a sur la ville de Lyon. En gros, c'est un parc par arrondissement, plus le Vallon, la Tête d'Or et Blandan, qui sont un peu les parcs... à vocation métropolitaine. Sinon, je fais autre chose, je travaille aussi beaucoup avec les associations naturalistes sur le territoire lyonnais. Je m'occupe notamment d'un atlas de biodiversité communale où on essaye de faire recenser, inventorier les espèces de pônes et fleurs sauvages qui cohabitent avec nous sur le territoire lyonnais. Depuis 10 ans maintenant, on travaille notamment à former les jardiniers à travers des sciences participatives. pour que les jardiniers, par eux-mêmes, puissent suivre l'évolution de leurs pratiques, qui est de plus en plus écologique, en faveur de la préservation de l'environnement, de la faune et de la flore présentes. Et à ce titre-là, Mickaël en fera peut-être le retour, mais on participe à des programmes de suivi sur les prairies, sur les papillons de jour et sur les oiseaux des jardins.

  • Speaker #0

    Un mot de ce que c'est que le label ? Eco-Jardin.

  • Speaker #2

    C'est un label qui a plus de 10 ans maintenant. Ça a été créé à la demande de collectivités pour valoriser la gestion écologique ou la gestion différenciée qu'on mettait en place partout sur le territoire national.

  • Speaker #0

    Et à l'origine, c'était fait surtout pour faire en sorte qu'on n'utilise plus de phytosanitaires.

  • Speaker #2

    C'est ça, on est en 2011 à peu près quand il y a les premiers groupes de travail qui se constituent. Et le but en fait c'était de valoriser déjà des collectivités qui n'utilisaient plus de pesticides. Et du coup Ecojardin, ça imposait le fait d'arrêter les pesticides dans les espaces publics végétalisés. Voilà, donc l'origine elle est vraiment pour valoriser ça et valoriser ça auprès du public. Donc c'est quand même un label de communication. pour le public, pour expliquer ces transformations. Depuis, heureusement, c'est quelque chose qui a bien progressé parce qu'il y a eu la loi Labé en 2016 qui a été votée, qui interdit depuis l'usage de produits phytosanitaires dans les espaces publics. Donc aujourd'hui, le zéro phyto, c'est encore un critère du Lapel, bien évidemment, mais il y en a un certain nombre d'autres qu'on ira voir en vrai.

  • Speaker #0

    Je propose qu'on débute un peu la visite du parc.

  • Speaker #1

    C'est parti ! Donc là on est auprès de la villa, on est dans la zone la plus horticole où on peut voir un fleurissement qu'on va dire classique. Mais même dans des choses très horticoles comme ça, on prend le soin de faire un choix de plantes les plus attractives possible pour les insectes, les pollinisateurs. On voit quelques abeilles là. qui tournent encore, avant d'aller s'endormir, viennent faire le plein. Et ça, c'est très apprécié. C'est apprécié par les insectes, mais aussi par certains visiteurs qui viennent là pour ça. Et puis après, on va se décaler, on va s'enfoncer un petit peu, petit à petit, dans la jungle.

  • Speaker #0

    Dans la jungle, carrément !

  • Speaker #1

    Pour la petite histoire, on est là sur des zones de transition. Donc on a vraiment le sentiment d'être dans un jardin classique où tout est tendu, les bordures doivent être tenues au plus strict possible. Et puis, plus on va s'en éloigner, derrière les banquettes d'hives taillées, d'un seul coup, effectivement, on va basculer vers un autre type de végétation. qui, elle, fait la part belle à nos habitants, que ce soit hérissons, écureuils, salamandres, et que sais-je. Il y a plein de choses qui se passent là-dedans, de manière très silencieuse. Nous, on essaie de faire cohabiter le beau, l'agréable, l'utile. On appelle ça aussi la gestion différenciée, pour coller aux objectifs qu'on s'est fixés préalablement, grâce à une sorte de cartographie du lieu, qui va nous dire, à tel endroit, on va avoir la casquette du naturaliste, à tel endroit, on va avoir la casquette de l'historien. Et à tel endroit, on l'entend là, les petits os qui courent dans tous les sens, on va avoir la casquette d'animateur MJC. Et du coup, tout ça doit cohabiter le plus agréablement possible. Voilà. Une des particularités, effectivement, du parc, c'est que c'est un site... découvert de la course d'orientation. Et du coup, tous les apprentis Koh Lanta se donnent rendez-vous.

  • Speaker #2

    La villa et le parc sont classés monuments historiques depuis 2015. Donc on a des activités Koh Lanta dans un parc et classé monuments historiques. Et du coup, ce parc, il représente bien la multiplicité des usages qu'on a aujourd'hui des espaces végétalisés en ville.

  • Speaker #0

    Et une gestion, j'imagine, qui ne doit pas être évidente. Comment, effectivement, on empêche des enfants qu'on vient de voir courir, peut-être de traverser la pelouse, les fleurs, les plantes et potentiellement les petits animaux qui sont dessous ?

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait. On essaie vraiment. Et pour le coup, ça, c'est le rôle du jardinier. C'est... 1. L'accompagnement, donc on a un objectif premier, et puis on s'aperçoit que zut, ça ne fonctionne pas. Donc dans ces cas-là, on change son fusil d'épaule, on essaie d'adapter, de trouver les biais qui vont orienter les usages. Alors typiquement, sur les zones très pentues, on va mettre en place du barriérage de type ganivelle, ça reste du bois, donc on n'est pas complètement dans la bunkerisation de l'espace. Loin de là, il faut que ce soit un espace de liberté aussi. Du coup, quelque part de... sacrifier certaines zones parce qu'on sait qu'ils passent ici, on l'a observé, mais par contre pour éviter qu'il y ait quelques chevrettes solitaires qui s'échappent du troupeau et finissent par créer un autre passage, un endroit qu'on essayait de préserver parce qu'il y a une orchidée sauvage. Dans ces cas-là, voilà, on oriente, on essaie en fait de, sans interdire, juste de dire on préserve telle zone. Il y a des zones qui sont totalement indéfendues, c'est des zones de test, on en avait parlé une fois avec Chloé concernant les jeunes plantations forestières puisqu'on essaie d'anticiper effectivement la... La mortalité de notre patrimoine arboré qui est très riche ici, c'est un parc qui est vraiment plein de très vieux, très beaux arbres. Mais voilà, le changement climatique a un impact. On en est les témoins directs. Et c'est aujourd'hui qu'on plante pour dans 20-30 ans.

  • Speaker #0

    Et ça sur le dérèglement climatique, par exemple, vous le voyez à quoi ? Là, si on regarde autour de nous ?

  • Speaker #1

    Là, le très joli prunus qui a perdu complètement les branches du haut. Du coup, on appelle ça une descente de cimes, c'est-à-dire il se défait de toutes les branches et de toutes ses feuilles. Dans les hauteurs, parce qu'il a du mal à faire remonter la serre et il se concentre sur la partie basse. L'apparition...

  • Speaker #0

    Et ça, c'est lié au réchauffement climatique.

  • Speaker #1

    Aux sécheresses répétées chaque été, avec des printemps très délicats. Même nous, au niveau du travail, on a vraiment du mal. C'est mes collègues qui reviennent de me nettoyer effectivement les grandes allées après ce gros coup de vent qui a aussi secoué largement le parc. Donc ça aussi, c'est un élément climatique nouveau. Des pluies violentes, des vents violents, et c'est des tas de choses auxquelles la nature, qui n'était pas encore dans son échelle de temps habituée à ça, elle est obligée... Il y a des tas de conséquences violentes sur le patrimoine arboré. On est vraiment aux premières loges. descendre un petit peu dans le vallon Et là on arrive dans un des endroits que j'aime beaucoup parce qu'en fait il est un petit peu à l'image des objectifs qu'on s'est fixé entre autres objectifs qu'on s'est fixé sur le parc donc là il ya eu une aire de jeu qui a été rénovée tout récemment donc c'est génial il ya des cabanes en grain dedans il ya des toboggans des choses fantastiques Mais au-delà de ça, à l'origine, on devait tout replanter sur le pourtour avec des barrières, donc quelque chose d'assez impénétrable. Et puis en fait, on s'est aperçu que c'était quand même plus sympa d'ouvrir, de permettre aux gamins de traverser des zones, d'aller se cacher derrière, de toucher tous les copeaux de bois qui sont un petit peu de partout et d'être vraiment au contact de tout ça, tout comme ça peut d'ailleurs déjà se faire dans certaines écoles où on désimperméabilise. Et il y a un vrai, vrai, vrai gain. Donc, en fait, tout naturellement, il se dirige vers les pommes de pin qui traînent par terre. En fait, ça, c'est très, très chouette. Inversement, de conserver des petites zones de gazon où on peut mettre une couverture et laisser les tout petits bébés profiter de cette fraîcheur-là et de ce contact un peu nouveau avec des feuilles d'herbe tendres, comme on souhaite qu'elles soient, et y compris donc un petit jardin de senteurs avec que des plantes aromatiques ou bien des plantes symboles comme la marguerite. Parce qu'on s'était aperçu. que sur une bande qui avait été plantée de plantes indigènes. On voyait les grands-parents tenir la main des tout-petits et aller cueillir toutes ces petites fleurs qui leur paraissaient champêtres, herbes folles. En voyant ces scènes-là, on s'est dit qu'il y a un vrai manque. Les gens doivent pouvoir toucher. Et effectivement, ça marche super bien. On voit beaucoup de parents qui accompagnent les tout-petits.

  • Speaker #0

    Dans le petit chemin, comme ça sent bon.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    t'as senti quoi ? J'ai senti le thym, le rhum marin, et après, je pense qu'il y a une odeur plus forte. Ah ouais, c'est ça. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est pas bon.

  • Speaker #0

    Et puis, attention aux petits champignons. C'est quand même sur l'air de jeu, on a des champignons.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Alors, parce que là, ils ne sont pas hallucinogènes du tout. Non, non, ils ne sont pas dangereux. En fait, c'est directement...

  • Speaker #0

    Faut faire une petite fricassée pour que ce soit ?

  • Speaker #1

    Non, on va éviter. carrément pas.

  • Speaker #2

    Il y a des sacrées plaques.

  • Speaker #1

    On va communiser un petit peu tout l'espace. Là, c'est un espace où on est censé pouvoir stocker toutes les feuilles du gros tiguel qui est au-dessus de nos têtes. Un des objectifs de l'éco-jardin, Chloé nous le dira très très bien, c'est zéro export. Toute la matière organique revient au sol.

  • Speaker #2

    Pour aller plus loin, le label, le cahier des charges du label, il impose aux jardiniers de ne pas exporter. Ça veut dire que dès quelque chose est coupé, taillé, il faut pouvoir l'exploiter sur le site. Et c'est une des contraintes de devoir faire in situ et de valoriser ce qu'on appelait avant peut-être déchets verts, mais aujourd'hui ce qui n'est plus, et notamment qu'il y ait de la matière vivante à recycler sur le site, notamment au profit des verres de terre. Ça nous pousse aussi à imaginer des solutions qui sont beaucoup plus intéressantes que d'aller acheter un équipement. qu'on peut nous vendre en commerce de nichoirs, de gîtes à hérissons. Alors que les gîtes à hérissons, on les a là déjà avec la matière qu'on trouve à valoriser directement.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant de voir que le métier de jardinier, ça devient un jardinier naturaliste. Ça donne du sens et ça fait rebondir, du moins pour ceux qui en ont la fibre. Ça ouvre un panel de possibilités, un champ d'exploration qui est juste faramineux.

  • Speaker #0

    Ça a changé votre métier ?

  • Speaker #1

    Complètement. Oui, oui. Alors bon, il y avait déjà une sensibilité qui était très présente. Donc dès qu'effectivement, on nous a sollicité pour faire partie des référents biodiversité et puis de se former à l'ensemble des inventaires participatifs. Donc je trouvais ça quand même génial que dans le cadre d'un métier, on puisse en fait apprendre. de ces choses qu'on aurait fait à titre privé, dans la sphère privée, parce qu'on s'intéresse à ça. Allez, on va aller voir du côté de ton endroit préféré. Tu veux voir tes salamandres ? Mais c'est un secret.

  • Speaker #0

    Alors, nous allons avoir droit à un secret.

  • Speaker #2

    Je suis rassurée, parce que la dernière fois que je suis venue, c'était pendant le chantier. Et du coup, je n'y étais pas. et je m'étais dit ah ah ah ce sacré chantier en fait il y a encore une crie en impact là voilà c'est la surprise du chef quand il le sait ah ouais c'est aussi là magnifique sachant

  • Speaker #1

    que ces taches jaunes sur le dos de ces magnifiques salamandres qui sont un petit peu le cadeau, le cadeau bonus de ce parc magnifique c'est que toutes ces taches jaunes c'est leur pièce d'identité il n'y en a pas deux qui ont les mêmes taches jaunes sur le dos

  • Speaker #2

    Le parc, il est relié à un souterrain par des galeries et du coup, elles se profilent. On sait qu'il y a des populations de salamandres qui se reproduisent dans ces galeries.

  • Speaker #0

    Plutôt rare de rencontrer des salamandres. en pleine ville et non, je ne vous révèlerai pas l'endroit où elle se cache. Le parc de la Cerisée est donc un véritable réservoir de la biodiversité, à tel point que des chercheurs ont voulu inventorier la faune et la flore présentes. Parmi eux, Thomas Boutreux, doctorant en écologie urbaine. Il vient de soutenir sa thèse portant sur une approche géographique et écologique de la biodiversité des espaces en habitat collectif. Dans le cadre de ce projet de recherche-action, Il a comparé la biodiversité des pieds d'immeubles à celle des éco-jardins lyonnais. Nous nous retrouvons lors du vernissage de l'exposition L'appel de la forêt à la bibliothèque municipale de Lyon dans le 3e arrondissement. Thomas a participé à l'élaboration de l'exposition. Il se trouve que nous y avons été invités avec Audrey Ranchin à installer notre arbre cabane pour recueillir des témoignages autour de la forêt. Avec Thomas, nous revenons sur la genèse de sa thèse.

  • Speaker #3

    L'idée au départ, c'était vraiment de produire une étude écologique parce que, comment dire, il y a des choses, en tant qu'écologue, en tant que naturaliste, on a parfois des idées sur la manière dont on devrait gérer les choses. Moi, par exemple, j'avais travaillé sur la gestion écologique différenciée avant dans les parcs publics et notamment dans les espaces publics à Lyon. Et bon, ces méthodes commençaient à être déjà assez connues et déjà bien rodées. Mais je pense que parfois, c'est bien aussi de requestionner ces pratiques et de vraiment les tester. Et donc, l'idée du travail de recherche en tant que tel, c'était déjà de faire une étude pour comprendre quelles sont finalement les actions qui sont les plus favorables pour le vivant. Et je dirais que les messages qu'on voulait porter à ce moment-là, ils n'étaient pas, je dirais, pour des naturalistes, des écologues ou des habitants, mais c'était là vraiment d'impliquer tous les acteurs du projet urbain, en commençant par les urbanistes, puis les architectes. Puis les écologues, parce que souvent les écologues, on arrive au dernier moment dans les projets, ou les paysagistes, et en fait c'est trop tard, le potentiel écologique se construit dès le départ du projet. Quelle forme urbaine on va adopter ? Quelle pression d'usage il va y avoir ? Comment est-ce qu'on va négocier ces régimes de cohabitation entre l'humain, ces différents usages, et puis le parc ? Et donc voilà, il y a vraiment une logique, on va dire, systémique et séquentielle, de se dire qu'on a besoin avant tout déjà de créer de la place en ville. et d'avoir des réglementations qui soient adaptées à un urbanisme écologique.

  • Speaker #0

    Et ce sont des espaces peut-être qu'on oublie, voire qu'on occulte complètement. Quand on pense espace vert en ville, on va penser aux parcs, on va penser aux arbres qu'on installe dans les rues, mais peut-être pas ce qui se passe juste en bas de chez nous.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai qu'on a une tendance souvent à rechercher des espaces, on va dire, un peu plus patrimoniaux ou des espaces dans lesquels il y a une véritable identité écologique. En fait... Peut-être qu'à juste titre, on ne s'intéresse pas suffisamment à nos espaces de proximité parce qu'ils ne sont peut-être pas très attrayants d'un point de vue esthétique. Et c'est peut-être ça le message en fait. C'est que si on n'a rien fait encore pour ces espaces au pied de l'immeuble, c'est parce qu'on n'a pas cet attachement à cet espace. Et ce manque d'attachement crée un manque d'envie de le défendre cet espace. C'est un peu toute cette théorie autour de l'amnésie environnementale aussi et de la déconnexion à la nature. C'est que si on n'a pas envie de défendre notre espace vert en bas de l'immeuble, C'est peut-être parce qu'on y est complètement déconnecté, parce qu'on n'a pas pris soin par le passé. L'idée, c'est de casser cette logique psychologique et de créer une nouvelle dynamique positive dans laquelle on va prendre soin de cet espace-là.

  • Speaker #0

    Dans le cadre de cette recherche, vous avez voulu... comparer les bas d'immeubles à certains parcs, notamment des éco-jardins, dont celui du parc de la Cerisée, dont vous avez établi un inventaire. Qu'est-ce que vous avez découvert au parc de la Cerisée ?

  • Speaker #3

    Alors au parc de la Cerisée, comme dans pas mal d'éco-jardins de la ville de Lyon, on s'est rendu compte qu'on avait un potentiel écologique et des niveaux de biodiversité qui sont plus élevés, bien sûr, que ce qu'on a pu constater en habitat collectif. Alors il peut y avoir plusieurs raisons à cela. C'est que certes, c'est peut-être des espaces qui sont gérés par le même propriétaire, c'est-à-dire la ville de Lyon, depuis pas mal d'années. On a aussi un autre effet qui est celui des espaces qui sont assez anciens, qui ont du coup parfois un héritage important, et qui peuvent être parfois aussi localisés dans des trames vertes et naturelles un peu plus conséquentes. Et en fait, à la Cerise, on rencontre toutes ces caractéristiques. C'était le parc d'une maison bourgeoise. Il existe depuis plus de 150 ans. C'est un parc qui est localisé aussi dans une balme au-dessus de la Saône. Donc un espace qui est écologique, une grande trame écologique qui permet à beaucoup d'espèces de s'installer, de se déplacer, de bénéficier d'un territoire de vie qui est beaucoup plus large. Donc déjà, on va dire que ce parc-là, rien que par ses dimensions aussi, c'est un grand parc. Son emplacement et son histoire, il a forcément pas mal d'avantages. Et très sincèrement, c'est vrai que le fait d'avoir choisi un mode de gestion écologique différencié, avec des prairies adaptées selon le type d'environnement, et des prairies qui sont un peu plus sèches, d'autres un peu plus humides à la cerisée, ce qui est bien, c'est que oui, on a des pentes, et donc on a des sols qui sont anciens, qui vont avoir une bonne capacité de rétention en eau. On ne retrouve pas ces sols d'aussi bonne qualité dans le reste de l'espace urbain.

  • Speaker #0

    Et en termes de biodiversité, vous avez découvert... Un grand nombre d'espèces et puis avec des animaux qu'on n'imagine peut-être pas se promener comme ça en pleine ville. Je crois que vous vous êtes rendu compte qu'il y avait des renards qui passaient par le parc de la Cerisée. Oui,

  • Speaker #3

    il y a des espèces qu'on voit rarement d'habitude dans l'espace urbain. On dit qu'elles sont plutôt urbanophobes et on les retrouve à la Cerisée. Alors là encore, grâce aussi au fait qu'on est dans une balme et un espace protégé, elles n'arrivent pas par hasard ces espèces-là. Bon, beaucoup arrivent par le sol, comme vous l'avez dit, le renard. Il y a la salamandre tachetée aussi. Donc ça, c'est une première chose. Il y a ces espèces un petit peu charismatiques. Mais après, ce qui est important, ce n'est pas de regarder que les espèces charismatiques, mais aussi de regarder la vie du sol, les insectes aussi, parce que le sol et les insectes, c'est vraiment la base de l'écosystème. Et si la salamandre existe, c'est parce qu'elle est trouvée à manger dans ce parc. Le renard, c'est pareil aussi. Donc quand on regarde, en fait, finalement, la biodiversité un peu plus dans son ensemble, c'est un petit peu le... L'objectif du projet, c'était de rendre visible aussi cette biodiversité qui est souvent un petit peu cryptique, qu'on n'observe pas trop parce que c'est compliqué, c'est vrai. Nous, on a dû travailler avec de l'ADN pour inventer ces espèces. On se rend compte qu'il y a quand même beaucoup de biodiversité. Si je peux donner quelques chiffres, par exemple, les abeilles sauvages, donc les espèces d'abeilles en dehors de l'abeille de ruche, on a inventorié quasiment 40 espèces d'abeilles sauvages différentes. 10% à peu près de ce que l'on observe dans toute l'agglomération lyonnaise, et la région lyonnaise en fait, donc c'est vraiment pas rien. Quand on regarde après les plantes, on a inventorié plus de 150 espèces de plantes. Les chauves-souris, 12 espèces, c'est quand même rare d'avoir autant d'espèces de chauves-souris. Ça veut dire vraiment qu'on a des arbres aussi qui sont anciens. Parce que là encore, on ne trouve pas ça ailleurs, partout sur Lyon. Des arbres très âgés qui ont eu suffisamment de place pour se développer. Donc voilà, une grosse particularité de cet écosystème. Ça aussi, ça bénéficie aux oiseaux. On a observé 33 espèces d'oiseaux différentes. Et puis après, c'est pareil, je ne vous donne pas la liste de tous les petits insectes qu'on a observés au sol. Mais on a plus d'une centaine d'insectes qui se promènent dans ce parc-là. Ce sont des scores qui sont vraiment très élevés pour un espace. On pourrait presque dire que c'est un peu des espaces modèles.

  • Speaker #0

    Merci Thomas.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Là on s'insence dans le petit vallon, alors un vallon qui reste tendu parce que c'est aussi un espace de vie pour les gens. Il y a une vraie quiétude qui se dégage de cet endroit, c'est un de mes endroits préférés parce que... Le mien aussi ! Il est hors du temps cet endroit. Et ce serpent vert qui traverse ces hauts arbres, il y a des arbres de collection qui avaient été installés à l'époque, au fur et à mesure de l'évolution du jardin. C'est un endroit où typiquement les gens se sentent bien.

  • Speaker #0

    De retour au parc de la Cerisée pour la fin de notre visite guidée avec Mickaël Jelin, jardinier, et Chloé Laurent, technicienne d'études à la Direction Biodiversité Nature en Ville de la ville de Lyon. À vous entendre en tout cas tous les deux, on voit à quel point il y a une richesse dans ce qui se fait, dans ce qui se vit, et encore je pense que nous n'avons fait le tour que d'un millionième à l'échelle d'un parc. qui certes est grand, on n'est pas à l'échelle d'une immense forêt, mais ça montre bien à quel point ces îlots de biodiversité, ces réservoirs de biodiversité en ville sont finalement essentiels à préserver.

  • Speaker #2

    On a toujours, je dis nous en tant que gestionnaire des espaces publics, On a toujours eu une valeur d'exemplarité parce qu'on a toujours servi de vitrine. Tout ça, ça s'entend uniquement si tout le monde joue le jeu. À la fois les espaces sur les balmes, la CNR aussi travaille avec la LPO sur ces mêmes sujets. Donc il y a les copropriétés à étoffer sur des balcons. Tout ça, c'est une mouvance globale pour répondre aux défis actuels. Parce que sinon, si on était les seuls, ça... On sait que ça serait voile échec.

  • Speaker #1

    Et puis des endroits comme les éco-jardins, des endroits comme le parc de la Cerisay, au niveau du public, ça force la curiosité. Nous, on le revoit, en fait, on nous pose souvent les questions et réellement, les gens tombent des nues en disant mais ah bon, vous faites ça ? Et donc là, ici, l'objectif des éco-jardins, c'est aussi ça, la communication et de porter ce message-là en disant votre environnement, il évolue, il y a plein de richesses, il faut juste ouvrir les yeux

  • Speaker #0

    à quoi pourront ressembler les villes de demain, les villes du futur ? Est-ce que ce seront des villes réconciliées avec la nature ?

  • Speaker #2

    Ça fait plusieurs fois que je participe à des ateliers de création de récits qui portent là-dessus. J'ai l'impression de ressentir quand même une aspiration à ce qui est engagé aujourd'hui, à savoir cette nature urbaine qui est étoffée, qui est mieux acceptée. avec des usages de cueillette, de comestibles, de meilleure compréhension, de support de l'éducation, de tout ça. Il y a quand même cette aspiration à ça. Et après, moi, j'imagine la ville de demain aussi beaucoup plus. Alors, j'espère sincèrement avec autant de jardiniers qui font du travail magnifique, mais en même temps avec une plus grande implication des usagers, des citoyens, des habitants. Après, la ville demain... Ça a été tout le travail de plein de scientifiques et concours, et notamment Thomas Boutreux, qui a travaillé sur la densité urbaine et quels seraient les bons ingrédients pour permettre une biodiversité et une cohabitation avec les vivants. Comment on cohabite avec des espèces exotiques envahissantes, avec des espèces de type... Alors le ragondin, si je vais sur la faune avec des rats, qui ne sont pas exotiques envahissants, qui sont bien là, mais qui font partie de la faune urbaine. Du coup, c'est plein de questions comme ça qu'il va falloir oser regarder en face.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement, dans cette ville réconciliée avec la nature, ça passe, comme le disait Chloé, aussi par peut-être une meilleure prise en compte des citoyens et des citoyennes et peut-être une meilleure appropriation aussi de ces espaces-là ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que plus ils vont s'investir dans ces espaces, plus ce lien va se renforcer. On en parlait un petit peu juste avant concernant les classes vertes et la manière dont... Les petits gamins fabriquent des cabanes avec les haies sèches, justement, qu'on a juste. Donc, en fait, tout est là. C'est du moment où il va y avoir de la sensibilité, du moment où il va y avoir cet attachement, et ce, au plus jeune âge, très rapidement, en fait, ils vont concevoir leur environnement différemment, se l'approprier différemment, et pour le coup, j'espère, nous amener vers, effectivement, des lendemains plus respectueux, des verts, quoi. Donc, ouais, si ça peut servir à ça, tant mieux.

  • Speaker #0

    Le parc de la Cerisée nous montre donc le potentiel d'une cohabitation harmonieuse entre la nature et la ville. En s'adaptant aux besoins de la faune et de la flore, tout en offrant aux habitants des espaces de détente et de découverte, cet éco-jardin prouve que les parcs peuvent être plus que de simples lieux de promenade. Ils deviennent des ponts entre l'homme et la biodiversité, des lieux d'apprentissage pour les générations à venir et même des remparts contre les défis climatiques qui se décident. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Lucas, Jean-Michel et Nathalie.

Description

🌳Aujourd’hui, plus de 80 % des Français vivent en milieu urbain, un cadre où la nature semble présente à travers les parcs, jardins, et friches. Pourtant, cette impression de verdure masque souvent une biodiversité appauvrie.


Ce nouvel épisode de En un battement d’aile vous emmène à la découverte du parc de la Cerisaie à Lyon, un espace de 4,5 hectares où une gestion écologique innovante est appliquée depuis plusieurs années. Une belle illustration de nature en ville.


Le parc de la Cerisaie a été aménagé au début du XXème siècle et entoure la Villa Gillet. Depuis 2015, il est reconnu pour son engagement écologique grâce au label Écojardin, un label qui accompagne les villes et entreprises vers des pratiques d’entretien durable.


Que signifie concrètement être un « écojardin » ? Comment la nature et la biodiversité cohabitent-elles avec le béton et les rues de la ville ? À travers une visite guidée immersive et des échanges passionnants avec Michaël Gelein, jardinier au parc de la Cerisaie et Cloé Laurent, technicienne d’étude à la direction Biodiversité Nature en ville de la ville de Lyon, explorez les coulisses de ce beau jardin.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    En France, près de 80% de la population vit en ville, dans un paysage de plus en plus urbanisé. La nature peut y sembler présente au travers des parcs, des jardins ou même des friches. Mais cette présence est souvent trompeuse. Bien que les espaces urbains abritent de nombreuses espèces animales et végétales, il s'agit souvent des mêmes espèces qui se sont adaptées aux conditions extrêmes de la ville. Pollution, chaleur, bruit ou lumière artificielle. Ces écosystèmes urbains sont marqués par une uniformité qui ne reflète pas la richesse nécessaire pour maintenir une biodiversité véritablement dynamique. C'est dans ce contexte que le parc de la Cerisée à Lyon prend tout son sens. Créé en 1913 par le paysagiste René-Edouard André, ce parc de 4,5 hectares entoure la ville Agilé, bien connue pour ses activités culturelles. Aujourd'hui, il se distingue par sa gestion écologique qu'il lui a valu d'obtenir en 2015 le label Eco-Jardin, tout comme une dizaine de parcs de la ville de Lyon. Si ce label est principalement un outil de communication, il permet malgré tout d'accompagner les collectivités territoriales et les entreprises vers des pratiques d'entretien respectueuses de l'environnement et adaptées aux usages des espaces paysagers. Le parc de la Cerisée est devenu un modèle d'intégration de la nature en ville, montrant qu'il est possible de concilier l'urbanisation et la biodiversité.

  • Speaker #1

    chaque chaque geste et c'est ça qui est extraordinaire il ya quelque chose de vachement sensuel dans le mouvement le bon outil pour la bonne fonction et le faire de la manière la plus efficace et ergonomique possible et c'est donc tout un savoir faire qu'on essaie de transmettre à nos jeunes apprentis et donc la masse ou même semé du gazon en fait ça demande en fait une ample de gestes, une manière à la fois de douceur et en même temps de la force pour envoyer la graine dans le bon sens et de la bonne manière avec le bon dosage, tout un savoir faire donc c'est en fait vraiment tu as tout dans les mains quoi et dans l'outil. Et la masse c'est la même chose en fait déjà on la prend, on la sous-pèse, on commence à prendre contact avec elle, on lui dit est-ce que tu es prête à y aller ou pas et dire ok. Un lamineur celui-ci ? Il en faut en fait, des piquets, parce qu'on en met un petit peu de partout.

  • Speaker #0

    Michael Jelin est jardinier au parc de la Cerisée. Cela fait maintenant 8 ans qu'il travaille dans ce lieu qui l'affectionne particulièrement. C'est lui qui va être mon guide dans ce parc que je connais plutôt bien et dans lequel j'aime me promener.

  • Speaker #1

    C'est un parc qui est classé au monument historique. C'est quand même 4,5 hectares de verdure qui sont offerts au tout public et aussi à la biodiversité. Et ici, on veille tout particulièrement au bien-être de l'ensemble des usagers, mais aussi des usagers que sont les petites bécioles, les insectes, la flore spontanée, ce genre de choses. C'est pour ça qu'un label a été développé, à savoir les labels Eco-Jardin, dont fait partie ce parc-là, très joli, positionné sur les balmes de Lyon.

  • Speaker #0

    Alors on va revenir sur cet écolabel. Peut-être essayer de décrire un peu ce parc. On a donc à l'entrée cette grande maison imposante qu'est la Villa Gillet.

  • Speaker #1

    C'était un parc qui se voulait plutôt confidentiel au début, au moment où en fait François Gillet a créé cet espace-là. Il y avait une vocation industrielle, donc il fallait un réservoir d'eau pour alimenter les usines en contrebas. Mais en même temps, il voulait... tout comme ça se faisait beaucoup à l'époque au XIXe, montrer la puissance de sa famille. Donc elle a été positionnée en retrait de la rue. Il fallait que ce soit un petit écrin qui cache ce magnifique bâtiment de style néo-florentin, donc voilà, une atmosphère italienne. Et tout le parc autour a été construit de cette manière-là, à savoir très horticole auprès de la villa, et ensuite plus on s'en éloignait et plus on était dans l'espace de nature. Comme l'avait voulu d'ailleurs René-Edouard André, le concepteur, puisqu'en fait on est sur un parc qui a été signé. La situation géographique de ce parc fait qu'il est très intéressant parce qu'il est en connexion avec l'ensemble des autres espaces privés, pour le coup, et qui sont très sauvages sur les flancs de la colline de la Croix-Rousse. Du coup, on bénéficie réellement de cette atmosphère champêtre, naturelle, et en même temps classique, puisque c'est un jardin de style romantique. 19e, et on retrouve en fait toutes ces traces-là sur l'ensemble de la conception.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on va découvrir au cours d'une visite guidée qu'on va faire en compagnie de Chloé Laurent. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Vous êtes donc technicienne chargée de projet au sein du service Innovation Transition Écologique au sein des espaces verts de la ville de Lyon, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    C'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    En néophyte, oui, ça veut dire.

  • Speaker #2

    En néophyte. Pour les néophytes, je m'attache à animer la démarche environnementale du service espace vert, notamment avec mes collègues jardiniers, comme ici présent Mickaël, qui eux sont en quotidien dans les parcs et les jardins. Et j'organise particulièrement la labellisation des 12 sites éco-jardins qu'on a sur la ville de Lyon. En gros, c'est un parc par arrondissement, plus le Vallon, la Tête d'Or et Blandan, qui sont un peu les parcs... à vocation métropolitaine. Sinon, je fais autre chose, je travaille aussi beaucoup avec les associations naturalistes sur le territoire lyonnais. Je m'occupe notamment d'un atlas de biodiversité communale où on essaye de faire recenser, inventorier les espèces de pônes et fleurs sauvages qui cohabitent avec nous sur le territoire lyonnais. Depuis 10 ans maintenant, on travaille notamment à former les jardiniers à travers des sciences participatives. pour que les jardiniers, par eux-mêmes, puissent suivre l'évolution de leurs pratiques, qui est de plus en plus écologique, en faveur de la préservation de l'environnement, de la faune et de la flore présentes. Et à ce titre-là, Mickaël en fera peut-être le retour, mais on participe à des programmes de suivi sur les prairies, sur les papillons de jour et sur les oiseaux des jardins.

  • Speaker #0

    Un mot de ce que c'est que le label ? Eco-Jardin.

  • Speaker #2

    C'est un label qui a plus de 10 ans maintenant. Ça a été créé à la demande de collectivités pour valoriser la gestion écologique ou la gestion différenciée qu'on mettait en place partout sur le territoire national.

  • Speaker #0

    Et à l'origine, c'était fait surtout pour faire en sorte qu'on n'utilise plus de phytosanitaires.

  • Speaker #2

    C'est ça, on est en 2011 à peu près quand il y a les premiers groupes de travail qui se constituent. Et le but en fait c'était de valoriser déjà des collectivités qui n'utilisaient plus de pesticides. Et du coup Ecojardin, ça imposait le fait d'arrêter les pesticides dans les espaces publics végétalisés. Voilà, donc l'origine elle est vraiment pour valoriser ça et valoriser ça auprès du public. Donc c'est quand même un label de communication. pour le public, pour expliquer ces transformations. Depuis, heureusement, c'est quelque chose qui a bien progressé parce qu'il y a eu la loi Labé en 2016 qui a été votée, qui interdit depuis l'usage de produits phytosanitaires dans les espaces publics. Donc aujourd'hui, le zéro phyto, c'est encore un critère du Lapel, bien évidemment, mais il y en a un certain nombre d'autres qu'on ira voir en vrai.

  • Speaker #0

    Je propose qu'on débute un peu la visite du parc.

  • Speaker #1

    C'est parti ! Donc là on est auprès de la villa, on est dans la zone la plus horticole où on peut voir un fleurissement qu'on va dire classique. Mais même dans des choses très horticoles comme ça, on prend le soin de faire un choix de plantes les plus attractives possible pour les insectes, les pollinisateurs. On voit quelques abeilles là. qui tournent encore, avant d'aller s'endormir, viennent faire le plein. Et ça, c'est très apprécié. C'est apprécié par les insectes, mais aussi par certains visiteurs qui viennent là pour ça. Et puis après, on va se décaler, on va s'enfoncer un petit peu, petit à petit, dans la jungle.

  • Speaker #0

    Dans la jungle, carrément !

  • Speaker #1

    Pour la petite histoire, on est là sur des zones de transition. Donc on a vraiment le sentiment d'être dans un jardin classique où tout est tendu, les bordures doivent être tenues au plus strict possible. Et puis, plus on va s'en éloigner, derrière les banquettes d'hives taillées, d'un seul coup, effectivement, on va basculer vers un autre type de végétation. qui, elle, fait la part belle à nos habitants, que ce soit hérissons, écureuils, salamandres, et que sais-je. Il y a plein de choses qui se passent là-dedans, de manière très silencieuse. Nous, on essaie de faire cohabiter le beau, l'agréable, l'utile. On appelle ça aussi la gestion différenciée, pour coller aux objectifs qu'on s'est fixés préalablement, grâce à une sorte de cartographie du lieu, qui va nous dire, à tel endroit, on va avoir la casquette du naturaliste, à tel endroit, on va avoir la casquette de l'historien. Et à tel endroit, on l'entend là, les petits os qui courent dans tous les sens, on va avoir la casquette d'animateur MJC. Et du coup, tout ça doit cohabiter le plus agréablement possible. Voilà. Une des particularités, effectivement, du parc, c'est que c'est un site... découvert de la course d'orientation. Et du coup, tous les apprentis Koh Lanta se donnent rendez-vous.

  • Speaker #2

    La villa et le parc sont classés monuments historiques depuis 2015. Donc on a des activités Koh Lanta dans un parc et classé monuments historiques. Et du coup, ce parc, il représente bien la multiplicité des usages qu'on a aujourd'hui des espaces végétalisés en ville.

  • Speaker #0

    Et une gestion, j'imagine, qui ne doit pas être évidente. Comment, effectivement, on empêche des enfants qu'on vient de voir courir, peut-être de traverser la pelouse, les fleurs, les plantes et potentiellement les petits animaux qui sont dessous ?

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait. On essaie vraiment. Et pour le coup, ça, c'est le rôle du jardinier. C'est... 1. L'accompagnement, donc on a un objectif premier, et puis on s'aperçoit que zut, ça ne fonctionne pas. Donc dans ces cas-là, on change son fusil d'épaule, on essaie d'adapter, de trouver les biais qui vont orienter les usages. Alors typiquement, sur les zones très pentues, on va mettre en place du barriérage de type ganivelle, ça reste du bois, donc on n'est pas complètement dans la bunkerisation de l'espace. Loin de là, il faut que ce soit un espace de liberté aussi. Du coup, quelque part de... sacrifier certaines zones parce qu'on sait qu'ils passent ici, on l'a observé, mais par contre pour éviter qu'il y ait quelques chevrettes solitaires qui s'échappent du troupeau et finissent par créer un autre passage, un endroit qu'on essayait de préserver parce qu'il y a une orchidée sauvage. Dans ces cas-là, voilà, on oriente, on essaie en fait de, sans interdire, juste de dire on préserve telle zone. Il y a des zones qui sont totalement indéfendues, c'est des zones de test, on en avait parlé une fois avec Chloé concernant les jeunes plantations forestières puisqu'on essaie d'anticiper effectivement la... La mortalité de notre patrimoine arboré qui est très riche ici, c'est un parc qui est vraiment plein de très vieux, très beaux arbres. Mais voilà, le changement climatique a un impact. On en est les témoins directs. Et c'est aujourd'hui qu'on plante pour dans 20-30 ans.

  • Speaker #0

    Et ça sur le dérèglement climatique, par exemple, vous le voyez à quoi ? Là, si on regarde autour de nous ?

  • Speaker #1

    Là, le très joli prunus qui a perdu complètement les branches du haut. Du coup, on appelle ça une descente de cimes, c'est-à-dire il se défait de toutes les branches et de toutes ses feuilles. Dans les hauteurs, parce qu'il a du mal à faire remonter la serre et il se concentre sur la partie basse. L'apparition...

  • Speaker #0

    Et ça, c'est lié au réchauffement climatique.

  • Speaker #1

    Aux sécheresses répétées chaque été, avec des printemps très délicats. Même nous, au niveau du travail, on a vraiment du mal. C'est mes collègues qui reviennent de me nettoyer effectivement les grandes allées après ce gros coup de vent qui a aussi secoué largement le parc. Donc ça aussi, c'est un élément climatique nouveau. Des pluies violentes, des vents violents, et c'est des tas de choses auxquelles la nature, qui n'était pas encore dans son échelle de temps habituée à ça, elle est obligée... Il y a des tas de conséquences violentes sur le patrimoine arboré. On est vraiment aux premières loges. descendre un petit peu dans le vallon Et là on arrive dans un des endroits que j'aime beaucoup parce qu'en fait il est un petit peu à l'image des objectifs qu'on s'est fixé entre autres objectifs qu'on s'est fixé sur le parc donc là il ya eu une aire de jeu qui a été rénovée tout récemment donc c'est génial il ya des cabanes en grain dedans il ya des toboggans des choses fantastiques Mais au-delà de ça, à l'origine, on devait tout replanter sur le pourtour avec des barrières, donc quelque chose d'assez impénétrable. Et puis en fait, on s'est aperçu que c'était quand même plus sympa d'ouvrir, de permettre aux gamins de traverser des zones, d'aller se cacher derrière, de toucher tous les copeaux de bois qui sont un petit peu de partout et d'être vraiment au contact de tout ça, tout comme ça peut d'ailleurs déjà se faire dans certaines écoles où on désimperméabilise. Et il y a un vrai, vrai, vrai gain. Donc, en fait, tout naturellement, il se dirige vers les pommes de pin qui traînent par terre. En fait, ça, c'est très, très chouette. Inversement, de conserver des petites zones de gazon où on peut mettre une couverture et laisser les tout petits bébés profiter de cette fraîcheur-là et de ce contact un peu nouveau avec des feuilles d'herbe tendres, comme on souhaite qu'elles soient, et y compris donc un petit jardin de senteurs avec que des plantes aromatiques ou bien des plantes symboles comme la marguerite. Parce qu'on s'était aperçu. que sur une bande qui avait été plantée de plantes indigènes. On voyait les grands-parents tenir la main des tout-petits et aller cueillir toutes ces petites fleurs qui leur paraissaient champêtres, herbes folles. En voyant ces scènes-là, on s'est dit qu'il y a un vrai manque. Les gens doivent pouvoir toucher. Et effectivement, ça marche super bien. On voit beaucoup de parents qui accompagnent les tout-petits.

  • Speaker #0

    Dans le petit chemin, comme ça sent bon.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    t'as senti quoi ? J'ai senti le thym, le rhum marin, et après, je pense qu'il y a une odeur plus forte. Ah ouais, c'est ça. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est pas bon.

  • Speaker #0

    Et puis, attention aux petits champignons. C'est quand même sur l'air de jeu, on a des champignons.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Alors, parce que là, ils ne sont pas hallucinogènes du tout. Non, non, ils ne sont pas dangereux. En fait, c'est directement...

  • Speaker #0

    Faut faire une petite fricassée pour que ce soit ?

  • Speaker #1

    Non, on va éviter. carrément pas.

  • Speaker #2

    Il y a des sacrées plaques.

  • Speaker #1

    On va communiser un petit peu tout l'espace. Là, c'est un espace où on est censé pouvoir stocker toutes les feuilles du gros tiguel qui est au-dessus de nos têtes. Un des objectifs de l'éco-jardin, Chloé nous le dira très très bien, c'est zéro export. Toute la matière organique revient au sol.

  • Speaker #2

    Pour aller plus loin, le label, le cahier des charges du label, il impose aux jardiniers de ne pas exporter. Ça veut dire que dès quelque chose est coupé, taillé, il faut pouvoir l'exploiter sur le site. Et c'est une des contraintes de devoir faire in situ et de valoriser ce qu'on appelait avant peut-être déchets verts, mais aujourd'hui ce qui n'est plus, et notamment qu'il y ait de la matière vivante à recycler sur le site, notamment au profit des verres de terre. Ça nous pousse aussi à imaginer des solutions qui sont beaucoup plus intéressantes que d'aller acheter un équipement. qu'on peut nous vendre en commerce de nichoirs, de gîtes à hérissons. Alors que les gîtes à hérissons, on les a là déjà avec la matière qu'on trouve à valoriser directement.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant de voir que le métier de jardinier, ça devient un jardinier naturaliste. Ça donne du sens et ça fait rebondir, du moins pour ceux qui en ont la fibre. Ça ouvre un panel de possibilités, un champ d'exploration qui est juste faramineux.

  • Speaker #0

    Ça a changé votre métier ?

  • Speaker #1

    Complètement. Oui, oui. Alors bon, il y avait déjà une sensibilité qui était très présente. Donc dès qu'effectivement, on nous a sollicité pour faire partie des référents biodiversité et puis de se former à l'ensemble des inventaires participatifs. Donc je trouvais ça quand même génial que dans le cadre d'un métier, on puisse en fait apprendre. de ces choses qu'on aurait fait à titre privé, dans la sphère privée, parce qu'on s'intéresse à ça. Allez, on va aller voir du côté de ton endroit préféré. Tu veux voir tes salamandres ? Mais c'est un secret.

  • Speaker #0

    Alors, nous allons avoir droit à un secret.

  • Speaker #2

    Je suis rassurée, parce que la dernière fois que je suis venue, c'était pendant le chantier. Et du coup, je n'y étais pas. et je m'étais dit ah ah ah ce sacré chantier en fait il y a encore une crie en impact là voilà c'est la surprise du chef quand il le sait ah ouais c'est aussi là magnifique sachant

  • Speaker #1

    que ces taches jaunes sur le dos de ces magnifiques salamandres qui sont un petit peu le cadeau, le cadeau bonus de ce parc magnifique c'est que toutes ces taches jaunes c'est leur pièce d'identité il n'y en a pas deux qui ont les mêmes taches jaunes sur le dos

  • Speaker #2

    Le parc, il est relié à un souterrain par des galeries et du coup, elles se profilent. On sait qu'il y a des populations de salamandres qui se reproduisent dans ces galeries.

  • Speaker #0

    Plutôt rare de rencontrer des salamandres. en pleine ville et non, je ne vous révèlerai pas l'endroit où elle se cache. Le parc de la Cerisée est donc un véritable réservoir de la biodiversité, à tel point que des chercheurs ont voulu inventorier la faune et la flore présentes. Parmi eux, Thomas Boutreux, doctorant en écologie urbaine. Il vient de soutenir sa thèse portant sur une approche géographique et écologique de la biodiversité des espaces en habitat collectif. Dans le cadre de ce projet de recherche-action, Il a comparé la biodiversité des pieds d'immeubles à celle des éco-jardins lyonnais. Nous nous retrouvons lors du vernissage de l'exposition L'appel de la forêt à la bibliothèque municipale de Lyon dans le 3e arrondissement. Thomas a participé à l'élaboration de l'exposition. Il se trouve que nous y avons été invités avec Audrey Ranchin à installer notre arbre cabane pour recueillir des témoignages autour de la forêt. Avec Thomas, nous revenons sur la genèse de sa thèse.

  • Speaker #3

    L'idée au départ, c'était vraiment de produire une étude écologique parce que, comment dire, il y a des choses, en tant qu'écologue, en tant que naturaliste, on a parfois des idées sur la manière dont on devrait gérer les choses. Moi, par exemple, j'avais travaillé sur la gestion écologique différenciée avant dans les parcs publics et notamment dans les espaces publics à Lyon. Et bon, ces méthodes commençaient à être déjà assez connues et déjà bien rodées. Mais je pense que parfois, c'est bien aussi de requestionner ces pratiques et de vraiment les tester. Et donc, l'idée du travail de recherche en tant que tel, c'était déjà de faire une étude pour comprendre quelles sont finalement les actions qui sont les plus favorables pour le vivant. Et je dirais que les messages qu'on voulait porter à ce moment-là, ils n'étaient pas, je dirais, pour des naturalistes, des écologues ou des habitants, mais c'était là vraiment d'impliquer tous les acteurs du projet urbain, en commençant par les urbanistes, puis les architectes. Puis les écologues, parce que souvent les écologues, on arrive au dernier moment dans les projets, ou les paysagistes, et en fait c'est trop tard, le potentiel écologique se construit dès le départ du projet. Quelle forme urbaine on va adopter ? Quelle pression d'usage il va y avoir ? Comment est-ce qu'on va négocier ces régimes de cohabitation entre l'humain, ces différents usages, et puis le parc ? Et donc voilà, il y a vraiment une logique, on va dire, systémique et séquentielle, de se dire qu'on a besoin avant tout déjà de créer de la place en ville. et d'avoir des réglementations qui soient adaptées à un urbanisme écologique.

  • Speaker #0

    Et ce sont des espaces peut-être qu'on oublie, voire qu'on occulte complètement. Quand on pense espace vert en ville, on va penser aux parcs, on va penser aux arbres qu'on installe dans les rues, mais peut-être pas ce qui se passe juste en bas de chez nous.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai qu'on a une tendance souvent à rechercher des espaces, on va dire, un peu plus patrimoniaux ou des espaces dans lesquels il y a une véritable identité écologique. En fait... Peut-être qu'à juste titre, on ne s'intéresse pas suffisamment à nos espaces de proximité parce qu'ils ne sont peut-être pas très attrayants d'un point de vue esthétique. Et c'est peut-être ça le message en fait. C'est que si on n'a rien fait encore pour ces espaces au pied de l'immeuble, c'est parce qu'on n'a pas cet attachement à cet espace. Et ce manque d'attachement crée un manque d'envie de le défendre cet espace. C'est un peu toute cette théorie autour de l'amnésie environnementale aussi et de la déconnexion à la nature. C'est que si on n'a pas envie de défendre notre espace vert en bas de l'immeuble, C'est peut-être parce qu'on y est complètement déconnecté, parce qu'on n'a pas pris soin par le passé. L'idée, c'est de casser cette logique psychologique et de créer une nouvelle dynamique positive dans laquelle on va prendre soin de cet espace-là.

  • Speaker #0

    Dans le cadre de cette recherche, vous avez voulu... comparer les bas d'immeubles à certains parcs, notamment des éco-jardins, dont celui du parc de la Cerisée, dont vous avez établi un inventaire. Qu'est-ce que vous avez découvert au parc de la Cerisée ?

  • Speaker #3

    Alors au parc de la Cerisée, comme dans pas mal d'éco-jardins de la ville de Lyon, on s'est rendu compte qu'on avait un potentiel écologique et des niveaux de biodiversité qui sont plus élevés, bien sûr, que ce qu'on a pu constater en habitat collectif. Alors il peut y avoir plusieurs raisons à cela. C'est que certes, c'est peut-être des espaces qui sont gérés par le même propriétaire, c'est-à-dire la ville de Lyon, depuis pas mal d'années. On a aussi un autre effet qui est celui des espaces qui sont assez anciens, qui ont du coup parfois un héritage important, et qui peuvent être parfois aussi localisés dans des trames vertes et naturelles un peu plus conséquentes. Et en fait, à la Cerise, on rencontre toutes ces caractéristiques. C'était le parc d'une maison bourgeoise. Il existe depuis plus de 150 ans. C'est un parc qui est localisé aussi dans une balme au-dessus de la Saône. Donc un espace qui est écologique, une grande trame écologique qui permet à beaucoup d'espèces de s'installer, de se déplacer, de bénéficier d'un territoire de vie qui est beaucoup plus large. Donc déjà, on va dire que ce parc-là, rien que par ses dimensions aussi, c'est un grand parc. Son emplacement et son histoire, il a forcément pas mal d'avantages. Et très sincèrement, c'est vrai que le fait d'avoir choisi un mode de gestion écologique différencié, avec des prairies adaptées selon le type d'environnement, et des prairies qui sont un peu plus sèches, d'autres un peu plus humides à la cerisée, ce qui est bien, c'est que oui, on a des pentes, et donc on a des sols qui sont anciens, qui vont avoir une bonne capacité de rétention en eau. On ne retrouve pas ces sols d'aussi bonne qualité dans le reste de l'espace urbain.

  • Speaker #0

    Et en termes de biodiversité, vous avez découvert... Un grand nombre d'espèces et puis avec des animaux qu'on n'imagine peut-être pas se promener comme ça en pleine ville. Je crois que vous vous êtes rendu compte qu'il y avait des renards qui passaient par le parc de la Cerisée. Oui,

  • Speaker #3

    il y a des espèces qu'on voit rarement d'habitude dans l'espace urbain. On dit qu'elles sont plutôt urbanophobes et on les retrouve à la Cerisée. Alors là encore, grâce aussi au fait qu'on est dans une balme et un espace protégé, elles n'arrivent pas par hasard ces espèces-là. Bon, beaucoup arrivent par le sol, comme vous l'avez dit, le renard. Il y a la salamandre tachetée aussi. Donc ça, c'est une première chose. Il y a ces espèces un petit peu charismatiques. Mais après, ce qui est important, ce n'est pas de regarder que les espèces charismatiques, mais aussi de regarder la vie du sol, les insectes aussi, parce que le sol et les insectes, c'est vraiment la base de l'écosystème. Et si la salamandre existe, c'est parce qu'elle est trouvée à manger dans ce parc. Le renard, c'est pareil aussi. Donc quand on regarde, en fait, finalement, la biodiversité un peu plus dans son ensemble, c'est un petit peu le... L'objectif du projet, c'était de rendre visible aussi cette biodiversité qui est souvent un petit peu cryptique, qu'on n'observe pas trop parce que c'est compliqué, c'est vrai. Nous, on a dû travailler avec de l'ADN pour inventer ces espèces. On se rend compte qu'il y a quand même beaucoup de biodiversité. Si je peux donner quelques chiffres, par exemple, les abeilles sauvages, donc les espèces d'abeilles en dehors de l'abeille de ruche, on a inventorié quasiment 40 espèces d'abeilles sauvages différentes. 10% à peu près de ce que l'on observe dans toute l'agglomération lyonnaise, et la région lyonnaise en fait, donc c'est vraiment pas rien. Quand on regarde après les plantes, on a inventorié plus de 150 espèces de plantes. Les chauves-souris, 12 espèces, c'est quand même rare d'avoir autant d'espèces de chauves-souris. Ça veut dire vraiment qu'on a des arbres aussi qui sont anciens. Parce que là encore, on ne trouve pas ça ailleurs, partout sur Lyon. Des arbres très âgés qui ont eu suffisamment de place pour se développer. Donc voilà, une grosse particularité de cet écosystème. Ça aussi, ça bénéficie aux oiseaux. On a observé 33 espèces d'oiseaux différentes. Et puis après, c'est pareil, je ne vous donne pas la liste de tous les petits insectes qu'on a observés au sol. Mais on a plus d'une centaine d'insectes qui se promènent dans ce parc-là. Ce sont des scores qui sont vraiment très élevés pour un espace. On pourrait presque dire que c'est un peu des espaces modèles.

  • Speaker #0

    Merci Thomas.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Là on s'insence dans le petit vallon, alors un vallon qui reste tendu parce que c'est aussi un espace de vie pour les gens. Il y a une vraie quiétude qui se dégage de cet endroit, c'est un de mes endroits préférés parce que... Le mien aussi ! Il est hors du temps cet endroit. Et ce serpent vert qui traverse ces hauts arbres, il y a des arbres de collection qui avaient été installés à l'époque, au fur et à mesure de l'évolution du jardin. C'est un endroit où typiquement les gens se sentent bien.

  • Speaker #0

    De retour au parc de la Cerisée pour la fin de notre visite guidée avec Mickaël Jelin, jardinier, et Chloé Laurent, technicienne d'études à la Direction Biodiversité Nature en Ville de la ville de Lyon. À vous entendre en tout cas tous les deux, on voit à quel point il y a une richesse dans ce qui se fait, dans ce qui se vit, et encore je pense que nous n'avons fait le tour que d'un millionième à l'échelle d'un parc. qui certes est grand, on n'est pas à l'échelle d'une immense forêt, mais ça montre bien à quel point ces îlots de biodiversité, ces réservoirs de biodiversité en ville sont finalement essentiels à préserver.

  • Speaker #2

    On a toujours, je dis nous en tant que gestionnaire des espaces publics, On a toujours eu une valeur d'exemplarité parce qu'on a toujours servi de vitrine. Tout ça, ça s'entend uniquement si tout le monde joue le jeu. À la fois les espaces sur les balmes, la CNR aussi travaille avec la LPO sur ces mêmes sujets. Donc il y a les copropriétés à étoffer sur des balcons. Tout ça, c'est une mouvance globale pour répondre aux défis actuels. Parce que sinon, si on était les seuls, ça... On sait que ça serait voile échec.

  • Speaker #1

    Et puis des endroits comme les éco-jardins, des endroits comme le parc de la Cerisay, au niveau du public, ça force la curiosité. Nous, on le revoit, en fait, on nous pose souvent les questions et réellement, les gens tombent des nues en disant mais ah bon, vous faites ça ? Et donc là, ici, l'objectif des éco-jardins, c'est aussi ça, la communication et de porter ce message-là en disant votre environnement, il évolue, il y a plein de richesses, il faut juste ouvrir les yeux

  • Speaker #0

    à quoi pourront ressembler les villes de demain, les villes du futur ? Est-ce que ce seront des villes réconciliées avec la nature ?

  • Speaker #2

    Ça fait plusieurs fois que je participe à des ateliers de création de récits qui portent là-dessus. J'ai l'impression de ressentir quand même une aspiration à ce qui est engagé aujourd'hui, à savoir cette nature urbaine qui est étoffée, qui est mieux acceptée. avec des usages de cueillette, de comestibles, de meilleure compréhension, de support de l'éducation, de tout ça. Il y a quand même cette aspiration à ça. Et après, moi, j'imagine la ville de demain aussi beaucoup plus. Alors, j'espère sincèrement avec autant de jardiniers qui font du travail magnifique, mais en même temps avec une plus grande implication des usagers, des citoyens, des habitants. Après, la ville demain... Ça a été tout le travail de plein de scientifiques et concours, et notamment Thomas Boutreux, qui a travaillé sur la densité urbaine et quels seraient les bons ingrédients pour permettre une biodiversité et une cohabitation avec les vivants. Comment on cohabite avec des espèces exotiques envahissantes, avec des espèces de type... Alors le ragondin, si je vais sur la faune avec des rats, qui ne sont pas exotiques envahissants, qui sont bien là, mais qui font partie de la faune urbaine. Du coup, c'est plein de questions comme ça qu'il va falloir oser regarder en face.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement, dans cette ville réconciliée avec la nature, ça passe, comme le disait Chloé, aussi par peut-être une meilleure prise en compte des citoyens et des citoyennes et peut-être une meilleure appropriation aussi de ces espaces-là ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que plus ils vont s'investir dans ces espaces, plus ce lien va se renforcer. On en parlait un petit peu juste avant concernant les classes vertes et la manière dont... Les petits gamins fabriquent des cabanes avec les haies sèches, justement, qu'on a juste. Donc, en fait, tout est là. C'est du moment où il va y avoir de la sensibilité, du moment où il va y avoir cet attachement, et ce, au plus jeune âge, très rapidement, en fait, ils vont concevoir leur environnement différemment, se l'approprier différemment, et pour le coup, j'espère, nous amener vers, effectivement, des lendemains plus respectueux, des verts, quoi. Donc, ouais, si ça peut servir à ça, tant mieux.

  • Speaker #0

    Le parc de la Cerisée nous montre donc le potentiel d'une cohabitation harmonieuse entre la nature et la ville. En s'adaptant aux besoins de la faune et de la flore, tout en offrant aux habitants des espaces de détente et de découverte, cet éco-jardin prouve que les parcs peuvent être plus que de simples lieux de promenade. Ils deviennent des ponts entre l'homme et la biodiversité, des lieux d'apprentissage pour les générations à venir et même des remparts contre les défis climatiques qui se décident. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Lucas, Jean-Michel et Nathalie.

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Description

🌳Aujourd’hui, plus de 80 % des Français vivent en milieu urbain, un cadre où la nature semble présente à travers les parcs, jardins, et friches. Pourtant, cette impression de verdure masque souvent une biodiversité appauvrie.


Ce nouvel épisode de En un battement d’aile vous emmène à la découverte du parc de la Cerisaie à Lyon, un espace de 4,5 hectares où une gestion écologique innovante est appliquée depuis plusieurs années. Une belle illustration de nature en ville.


Le parc de la Cerisaie a été aménagé au début du XXème siècle et entoure la Villa Gillet. Depuis 2015, il est reconnu pour son engagement écologique grâce au label Écojardin, un label qui accompagne les villes et entreprises vers des pratiques d’entretien durable.


Que signifie concrètement être un « écojardin » ? Comment la nature et la biodiversité cohabitent-elles avec le béton et les rues de la ville ? À travers une visite guidée immersive et des échanges passionnants avec Michaël Gelein, jardinier au parc de la Cerisaie et Cloé Laurent, technicienne d’étude à la direction Biodiversité Nature en ville de la ville de Lyon, explorez les coulisses de ce beau jardin.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    En France, près de 80% de la population vit en ville, dans un paysage de plus en plus urbanisé. La nature peut y sembler présente au travers des parcs, des jardins ou même des friches. Mais cette présence est souvent trompeuse. Bien que les espaces urbains abritent de nombreuses espèces animales et végétales, il s'agit souvent des mêmes espèces qui se sont adaptées aux conditions extrêmes de la ville. Pollution, chaleur, bruit ou lumière artificielle. Ces écosystèmes urbains sont marqués par une uniformité qui ne reflète pas la richesse nécessaire pour maintenir une biodiversité véritablement dynamique. C'est dans ce contexte que le parc de la Cerisée à Lyon prend tout son sens. Créé en 1913 par le paysagiste René-Edouard André, ce parc de 4,5 hectares entoure la ville Agilé, bien connue pour ses activités culturelles. Aujourd'hui, il se distingue par sa gestion écologique qu'il lui a valu d'obtenir en 2015 le label Eco-Jardin, tout comme une dizaine de parcs de la ville de Lyon. Si ce label est principalement un outil de communication, il permet malgré tout d'accompagner les collectivités territoriales et les entreprises vers des pratiques d'entretien respectueuses de l'environnement et adaptées aux usages des espaces paysagers. Le parc de la Cerisée est devenu un modèle d'intégration de la nature en ville, montrant qu'il est possible de concilier l'urbanisation et la biodiversité.

  • Speaker #1

    chaque chaque geste et c'est ça qui est extraordinaire il ya quelque chose de vachement sensuel dans le mouvement le bon outil pour la bonne fonction et le faire de la manière la plus efficace et ergonomique possible et c'est donc tout un savoir faire qu'on essaie de transmettre à nos jeunes apprentis et donc la masse ou même semé du gazon en fait ça demande en fait une ample de gestes, une manière à la fois de douceur et en même temps de la force pour envoyer la graine dans le bon sens et de la bonne manière avec le bon dosage, tout un savoir faire donc c'est en fait vraiment tu as tout dans les mains quoi et dans l'outil. Et la masse c'est la même chose en fait déjà on la prend, on la sous-pèse, on commence à prendre contact avec elle, on lui dit est-ce que tu es prête à y aller ou pas et dire ok. Un lamineur celui-ci ? Il en faut en fait, des piquets, parce qu'on en met un petit peu de partout.

  • Speaker #0

    Michael Jelin est jardinier au parc de la Cerisée. Cela fait maintenant 8 ans qu'il travaille dans ce lieu qui l'affectionne particulièrement. C'est lui qui va être mon guide dans ce parc que je connais plutôt bien et dans lequel j'aime me promener.

  • Speaker #1

    C'est un parc qui est classé au monument historique. C'est quand même 4,5 hectares de verdure qui sont offerts au tout public et aussi à la biodiversité. Et ici, on veille tout particulièrement au bien-être de l'ensemble des usagers, mais aussi des usagers que sont les petites bécioles, les insectes, la flore spontanée, ce genre de choses. C'est pour ça qu'un label a été développé, à savoir les labels Eco-Jardin, dont fait partie ce parc-là, très joli, positionné sur les balmes de Lyon.

  • Speaker #0

    Alors on va revenir sur cet écolabel. Peut-être essayer de décrire un peu ce parc. On a donc à l'entrée cette grande maison imposante qu'est la Villa Gillet.

  • Speaker #1

    C'était un parc qui se voulait plutôt confidentiel au début, au moment où en fait François Gillet a créé cet espace-là. Il y avait une vocation industrielle, donc il fallait un réservoir d'eau pour alimenter les usines en contrebas. Mais en même temps, il voulait... tout comme ça se faisait beaucoup à l'époque au XIXe, montrer la puissance de sa famille. Donc elle a été positionnée en retrait de la rue. Il fallait que ce soit un petit écrin qui cache ce magnifique bâtiment de style néo-florentin, donc voilà, une atmosphère italienne. Et tout le parc autour a été construit de cette manière-là, à savoir très horticole auprès de la villa, et ensuite plus on s'en éloignait et plus on était dans l'espace de nature. Comme l'avait voulu d'ailleurs René-Edouard André, le concepteur, puisqu'en fait on est sur un parc qui a été signé. La situation géographique de ce parc fait qu'il est très intéressant parce qu'il est en connexion avec l'ensemble des autres espaces privés, pour le coup, et qui sont très sauvages sur les flancs de la colline de la Croix-Rousse. Du coup, on bénéficie réellement de cette atmosphère champêtre, naturelle, et en même temps classique, puisque c'est un jardin de style romantique. 19e, et on retrouve en fait toutes ces traces-là sur l'ensemble de la conception.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on va découvrir au cours d'une visite guidée qu'on va faire en compagnie de Chloé Laurent. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Vous êtes donc technicienne chargée de projet au sein du service Innovation Transition Écologique au sein des espaces verts de la ville de Lyon, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    C'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    En néophyte, oui, ça veut dire.

  • Speaker #2

    En néophyte. Pour les néophytes, je m'attache à animer la démarche environnementale du service espace vert, notamment avec mes collègues jardiniers, comme ici présent Mickaël, qui eux sont en quotidien dans les parcs et les jardins. Et j'organise particulièrement la labellisation des 12 sites éco-jardins qu'on a sur la ville de Lyon. En gros, c'est un parc par arrondissement, plus le Vallon, la Tête d'Or et Blandan, qui sont un peu les parcs... à vocation métropolitaine. Sinon, je fais autre chose, je travaille aussi beaucoup avec les associations naturalistes sur le territoire lyonnais. Je m'occupe notamment d'un atlas de biodiversité communale où on essaye de faire recenser, inventorier les espèces de pônes et fleurs sauvages qui cohabitent avec nous sur le territoire lyonnais. Depuis 10 ans maintenant, on travaille notamment à former les jardiniers à travers des sciences participatives. pour que les jardiniers, par eux-mêmes, puissent suivre l'évolution de leurs pratiques, qui est de plus en plus écologique, en faveur de la préservation de l'environnement, de la faune et de la flore présentes. Et à ce titre-là, Mickaël en fera peut-être le retour, mais on participe à des programmes de suivi sur les prairies, sur les papillons de jour et sur les oiseaux des jardins.

  • Speaker #0

    Un mot de ce que c'est que le label ? Eco-Jardin.

  • Speaker #2

    C'est un label qui a plus de 10 ans maintenant. Ça a été créé à la demande de collectivités pour valoriser la gestion écologique ou la gestion différenciée qu'on mettait en place partout sur le territoire national.

  • Speaker #0

    Et à l'origine, c'était fait surtout pour faire en sorte qu'on n'utilise plus de phytosanitaires.

  • Speaker #2

    C'est ça, on est en 2011 à peu près quand il y a les premiers groupes de travail qui se constituent. Et le but en fait c'était de valoriser déjà des collectivités qui n'utilisaient plus de pesticides. Et du coup Ecojardin, ça imposait le fait d'arrêter les pesticides dans les espaces publics végétalisés. Voilà, donc l'origine elle est vraiment pour valoriser ça et valoriser ça auprès du public. Donc c'est quand même un label de communication. pour le public, pour expliquer ces transformations. Depuis, heureusement, c'est quelque chose qui a bien progressé parce qu'il y a eu la loi Labé en 2016 qui a été votée, qui interdit depuis l'usage de produits phytosanitaires dans les espaces publics. Donc aujourd'hui, le zéro phyto, c'est encore un critère du Lapel, bien évidemment, mais il y en a un certain nombre d'autres qu'on ira voir en vrai.

  • Speaker #0

    Je propose qu'on débute un peu la visite du parc.

  • Speaker #1

    C'est parti ! Donc là on est auprès de la villa, on est dans la zone la plus horticole où on peut voir un fleurissement qu'on va dire classique. Mais même dans des choses très horticoles comme ça, on prend le soin de faire un choix de plantes les plus attractives possible pour les insectes, les pollinisateurs. On voit quelques abeilles là. qui tournent encore, avant d'aller s'endormir, viennent faire le plein. Et ça, c'est très apprécié. C'est apprécié par les insectes, mais aussi par certains visiteurs qui viennent là pour ça. Et puis après, on va se décaler, on va s'enfoncer un petit peu, petit à petit, dans la jungle.

  • Speaker #0

    Dans la jungle, carrément !

  • Speaker #1

    Pour la petite histoire, on est là sur des zones de transition. Donc on a vraiment le sentiment d'être dans un jardin classique où tout est tendu, les bordures doivent être tenues au plus strict possible. Et puis, plus on va s'en éloigner, derrière les banquettes d'hives taillées, d'un seul coup, effectivement, on va basculer vers un autre type de végétation. qui, elle, fait la part belle à nos habitants, que ce soit hérissons, écureuils, salamandres, et que sais-je. Il y a plein de choses qui se passent là-dedans, de manière très silencieuse. Nous, on essaie de faire cohabiter le beau, l'agréable, l'utile. On appelle ça aussi la gestion différenciée, pour coller aux objectifs qu'on s'est fixés préalablement, grâce à une sorte de cartographie du lieu, qui va nous dire, à tel endroit, on va avoir la casquette du naturaliste, à tel endroit, on va avoir la casquette de l'historien. Et à tel endroit, on l'entend là, les petits os qui courent dans tous les sens, on va avoir la casquette d'animateur MJC. Et du coup, tout ça doit cohabiter le plus agréablement possible. Voilà. Une des particularités, effectivement, du parc, c'est que c'est un site... découvert de la course d'orientation. Et du coup, tous les apprentis Koh Lanta se donnent rendez-vous.

  • Speaker #2

    La villa et le parc sont classés monuments historiques depuis 2015. Donc on a des activités Koh Lanta dans un parc et classé monuments historiques. Et du coup, ce parc, il représente bien la multiplicité des usages qu'on a aujourd'hui des espaces végétalisés en ville.

  • Speaker #0

    Et une gestion, j'imagine, qui ne doit pas être évidente. Comment, effectivement, on empêche des enfants qu'on vient de voir courir, peut-être de traverser la pelouse, les fleurs, les plantes et potentiellement les petits animaux qui sont dessous ?

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait. On essaie vraiment. Et pour le coup, ça, c'est le rôle du jardinier. C'est... 1. L'accompagnement, donc on a un objectif premier, et puis on s'aperçoit que zut, ça ne fonctionne pas. Donc dans ces cas-là, on change son fusil d'épaule, on essaie d'adapter, de trouver les biais qui vont orienter les usages. Alors typiquement, sur les zones très pentues, on va mettre en place du barriérage de type ganivelle, ça reste du bois, donc on n'est pas complètement dans la bunkerisation de l'espace. Loin de là, il faut que ce soit un espace de liberté aussi. Du coup, quelque part de... sacrifier certaines zones parce qu'on sait qu'ils passent ici, on l'a observé, mais par contre pour éviter qu'il y ait quelques chevrettes solitaires qui s'échappent du troupeau et finissent par créer un autre passage, un endroit qu'on essayait de préserver parce qu'il y a une orchidée sauvage. Dans ces cas-là, voilà, on oriente, on essaie en fait de, sans interdire, juste de dire on préserve telle zone. Il y a des zones qui sont totalement indéfendues, c'est des zones de test, on en avait parlé une fois avec Chloé concernant les jeunes plantations forestières puisqu'on essaie d'anticiper effectivement la... La mortalité de notre patrimoine arboré qui est très riche ici, c'est un parc qui est vraiment plein de très vieux, très beaux arbres. Mais voilà, le changement climatique a un impact. On en est les témoins directs. Et c'est aujourd'hui qu'on plante pour dans 20-30 ans.

  • Speaker #0

    Et ça sur le dérèglement climatique, par exemple, vous le voyez à quoi ? Là, si on regarde autour de nous ?

  • Speaker #1

    Là, le très joli prunus qui a perdu complètement les branches du haut. Du coup, on appelle ça une descente de cimes, c'est-à-dire il se défait de toutes les branches et de toutes ses feuilles. Dans les hauteurs, parce qu'il a du mal à faire remonter la serre et il se concentre sur la partie basse. L'apparition...

  • Speaker #0

    Et ça, c'est lié au réchauffement climatique.

  • Speaker #1

    Aux sécheresses répétées chaque été, avec des printemps très délicats. Même nous, au niveau du travail, on a vraiment du mal. C'est mes collègues qui reviennent de me nettoyer effectivement les grandes allées après ce gros coup de vent qui a aussi secoué largement le parc. Donc ça aussi, c'est un élément climatique nouveau. Des pluies violentes, des vents violents, et c'est des tas de choses auxquelles la nature, qui n'était pas encore dans son échelle de temps habituée à ça, elle est obligée... Il y a des tas de conséquences violentes sur le patrimoine arboré. On est vraiment aux premières loges. descendre un petit peu dans le vallon Et là on arrive dans un des endroits que j'aime beaucoup parce qu'en fait il est un petit peu à l'image des objectifs qu'on s'est fixé entre autres objectifs qu'on s'est fixé sur le parc donc là il ya eu une aire de jeu qui a été rénovée tout récemment donc c'est génial il ya des cabanes en grain dedans il ya des toboggans des choses fantastiques Mais au-delà de ça, à l'origine, on devait tout replanter sur le pourtour avec des barrières, donc quelque chose d'assez impénétrable. Et puis en fait, on s'est aperçu que c'était quand même plus sympa d'ouvrir, de permettre aux gamins de traverser des zones, d'aller se cacher derrière, de toucher tous les copeaux de bois qui sont un petit peu de partout et d'être vraiment au contact de tout ça, tout comme ça peut d'ailleurs déjà se faire dans certaines écoles où on désimperméabilise. Et il y a un vrai, vrai, vrai gain. Donc, en fait, tout naturellement, il se dirige vers les pommes de pin qui traînent par terre. En fait, ça, c'est très, très chouette. Inversement, de conserver des petites zones de gazon où on peut mettre une couverture et laisser les tout petits bébés profiter de cette fraîcheur-là et de ce contact un peu nouveau avec des feuilles d'herbe tendres, comme on souhaite qu'elles soient, et y compris donc un petit jardin de senteurs avec que des plantes aromatiques ou bien des plantes symboles comme la marguerite. Parce qu'on s'était aperçu. que sur une bande qui avait été plantée de plantes indigènes. On voyait les grands-parents tenir la main des tout-petits et aller cueillir toutes ces petites fleurs qui leur paraissaient champêtres, herbes folles. En voyant ces scènes-là, on s'est dit qu'il y a un vrai manque. Les gens doivent pouvoir toucher. Et effectivement, ça marche super bien. On voit beaucoup de parents qui accompagnent les tout-petits.

  • Speaker #0

    Dans le petit chemin, comme ça sent bon.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    t'as senti quoi ? J'ai senti le thym, le rhum marin, et après, je pense qu'il y a une odeur plus forte. Ah ouais, c'est ça. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est pas bon.

  • Speaker #0

    Et puis, attention aux petits champignons. C'est quand même sur l'air de jeu, on a des champignons.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Alors, parce que là, ils ne sont pas hallucinogènes du tout. Non, non, ils ne sont pas dangereux. En fait, c'est directement...

  • Speaker #0

    Faut faire une petite fricassée pour que ce soit ?

  • Speaker #1

    Non, on va éviter. carrément pas.

  • Speaker #2

    Il y a des sacrées plaques.

  • Speaker #1

    On va communiser un petit peu tout l'espace. Là, c'est un espace où on est censé pouvoir stocker toutes les feuilles du gros tiguel qui est au-dessus de nos têtes. Un des objectifs de l'éco-jardin, Chloé nous le dira très très bien, c'est zéro export. Toute la matière organique revient au sol.

  • Speaker #2

    Pour aller plus loin, le label, le cahier des charges du label, il impose aux jardiniers de ne pas exporter. Ça veut dire que dès quelque chose est coupé, taillé, il faut pouvoir l'exploiter sur le site. Et c'est une des contraintes de devoir faire in situ et de valoriser ce qu'on appelait avant peut-être déchets verts, mais aujourd'hui ce qui n'est plus, et notamment qu'il y ait de la matière vivante à recycler sur le site, notamment au profit des verres de terre. Ça nous pousse aussi à imaginer des solutions qui sont beaucoup plus intéressantes que d'aller acheter un équipement. qu'on peut nous vendre en commerce de nichoirs, de gîtes à hérissons. Alors que les gîtes à hérissons, on les a là déjà avec la matière qu'on trouve à valoriser directement.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant de voir que le métier de jardinier, ça devient un jardinier naturaliste. Ça donne du sens et ça fait rebondir, du moins pour ceux qui en ont la fibre. Ça ouvre un panel de possibilités, un champ d'exploration qui est juste faramineux.

  • Speaker #0

    Ça a changé votre métier ?

  • Speaker #1

    Complètement. Oui, oui. Alors bon, il y avait déjà une sensibilité qui était très présente. Donc dès qu'effectivement, on nous a sollicité pour faire partie des référents biodiversité et puis de se former à l'ensemble des inventaires participatifs. Donc je trouvais ça quand même génial que dans le cadre d'un métier, on puisse en fait apprendre. de ces choses qu'on aurait fait à titre privé, dans la sphère privée, parce qu'on s'intéresse à ça. Allez, on va aller voir du côté de ton endroit préféré. Tu veux voir tes salamandres ? Mais c'est un secret.

  • Speaker #0

    Alors, nous allons avoir droit à un secret.

  • Speaker #2

    Je suis rassurée, parce que la dernière fois que je suis venue, c'était pendant le chantier. Et du coup, je n'y étais pas. et je m'étais dit ah ah ah ce sacré chantier en fait il y a encore une crie en impact là voilà c'est la surprise du chef quand il le sait ah ouais c'est aussi là magnifique sachant

  • Speaker #1

    que ces taches jaunes sur le dos de ces magnifiques salamandres qui sont un petit peu le cadeau, le cadeau bonus de ce parc magnifique c'est que toutes ces taches jaunes c'est leur pièce d'identité il n'y en a pas deux qui ont les mêmes taches jaunes sur le dos

  • Speaker #2

    Le parc, il est relié à un souterrain par des galeries et du coup, elles se profilent. On sait qu'il y a des populations de salamandres qui se reproduisent dans ces galeries.

  • Speaker #0

    Plutôt rare de rencontrer des salamandres. en pleine ville et non, je ne vous révèlerai pas l'endroit où elle se cache. Le parc de la Cerisée est donc un véritable réservoir de la biodiversité, à tel point que des chercheurs ont voulu inventorier la faune et la flore présentes. Parmi eux, Thomas Boutreux, doctorant en écologie urbaine. Il vient de soutenir sa thèse portant sur une approche géographique et écologique de la biodiversité des espaces en habitat collectif. Dans le cadre de ce projet de recherche-action, Il a comparé la biodiversité des pieds d'immeubles à celle des éco-jardins lyonnais. Nous nous retrouvons lors du vernissage de l'exposition L'appel de la forêt à la bibliothèque municipale de Lyon dans le 3e arrondissement. Thomas a participé à l'élaboration de l'exposition. Il se trouve que nous y avons été invités avec Audrey Ranchin à installer notre arbre cabane pour recueillir des témoignages autour de la forêt. Avec Thomas, nous revenons sur la genèse de sa thèse.

  • Speaker #3

    L'idée au départ, c'était vraiment de produire une étude écologique parce que, comment dire, il y a des choses, en tant qu'écologue, en tant que naturaliste, on a parfois des idées sur la manière dont on devrait gérer les choses. Moi, par exemple, j'avais travaillé sur la gestion écologique différenciée avant dans les parcs publics et notamment dans les espaces publics à Lyon. Et bon, ces méthodes commençaient à être déjà assez connues et déjà bien rodées. Mais je pense que parfois, c'est bien aussi de requestionner ces pratiques et de vraiment les tester. Et donc, l'idée du travail de recherche en tant que tel, c'était déjà de faire une étude pour comprendre quelles sont finalement les actions qui sont les plus favorables pour le vivant. Et je dirais que les messages qu'on voulait porter à ce moment-là, ils n'étaient pas, je dirais, pour des naturalistes, des écologues ou des habitants, mais c'était là vraiment d'impliquer tous les acteurs du projet urbain, en commençant par les urbanistes, puis les architectes. Puis les écologues, parce que souvent les écologues, on arrive au dernier moment dans les projets, ou les paysagistes, et en fait c'est trop tard, le potentiel écologique se construit dès le départ du projet. Quelle forme urbaine on va adopter ? Quelle pression d'usage il va y avoir ? Comment est-ce qu'on va négocier ces régimes de cohabitation entre l'humain, ces différents usages, et puis le parc ? Et donc voilà, il y a vraiment une logique, on va dire, systémique et séquentielle, de se dire qu'on a besoin avant tout déjà de créer de la place en ville. et d'avoir des réglementations qui soient adaptées à un urbanisme écologique.

  • Speaker #0

    Et ce sont des espaces peut-être qu'on oublie, voire qu'on occulte complètement. Quand on pense espace vert en ville, on va penser aux parcs, on va penser aux arbres qu'on installe dans les rues, mais peut-être pas ce qui se passe juste en bas de chez nous.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai qu'on a une tendance souvent à rechercher des espaces, on va dire, un peu plus patrimoniaux ou des espaces dans lesquels il y a une véritable identité écologique. En fait... Peut-être qu'à juste titre, on ne s'intéresse pas suffisamment à nos espaces de proximité parce qu'ils ne sont peut-être pas très attrayants d'un point de vue esthétique. Et c'est peut-être ça le message en fait. C'est que si on n'a rien fait encore pour ces espaces au pied de l'immeuble, c'est parce qu'on n'a pas cet attachement à cet espace. Et ce manque d'attachement crée un manque d'envie de le défendre cet espace. C'est un peu toute cette théorie autour de l'amnésie environnementale aussi et de la déconnexion à la nature. C'est que si on n'a pas envie de défendre notre espace vert en bas de l'immeuble, C'est peut-être parce qu'on y est complètement déconnecté, parce qu'on n'a pas pris soin par le passé. L'idée, c'est de casser cette logique psychologique et de créer une nouvelle dynamique positive dans laquelle on va prendre soin de cet espace-là.

  • Speaker #0

    Dans le cadre de cette recherche, vous avez voulu... comparer les bas d'immeubles à certains parcs, notamment des éco-jardins, dont celui du parc de la Cerisée, dont vous avez établi un inventaire. Qu'est-ce que vous avez découvert au parc de la Cerisée ?

  • Speaker #3

    Alors au parc de la Cerisée, comme dans pas mal d'éco-jardins de la ville de Lyon, on s'est rendu compte qu'on avait un potentiel écologique et des niveaux de biodiversité qui sont plus élevés, bien sûr, que ce qu'on a pu constater en habitat collectif. Alors il peut y avoir plusieurs raisons à cela. C'est que certes, c'est peut-être des espaces qui sont gérés par le même propriétaire, c'est-à-dire la ville de Lyon, depuis pas mal d'années. On a aussi un autre effet qui est celui des espaces qui sont assez anciens, qui ont du coup parfois un héritage important, et qui peuvent être parfois aussi localisés dans des trames vertes et naturelles un peu plus conséquentes. Et en fait, à la Cerise, on rencontre toutes ces caractéristiques. C'était le parc d'une maison bourgeoise. Il existe depuis plus de 150 ans. C'est un parc qui est localisé aussi dans une balme au-dessus de la Saône. Donc un espace qui est écologique, une grande trame écologique qui permet à beaucoup d'espèces de s'installer, de se déplacer, de bénéficier d'un territoire de vie qui est beaucoup plus large. Donc déjà, on va dire que ce parc-là, rien que par ses dimensions aussi, c'est un grand parc. Son emplacement et son histoire, il a forcément pas mal d'avantages. Et très sincèrement, c'est vrai que le fait d'avoir choisi un mode de gestion écologique différencié, avec des prairies adaptées selon le type d'environnement, et des prairies qui sont un peu plus sèches, d'autres un peu plus humides à la cerisée, ce qui est bien, c'est que oui, on a des pentes, et donc on a des sols qui sont anciens, qui vont avoir une bonne capacité de rétention en eau. On ne retrouve pas ces sols d'aussi bonne qualité dans le reste de l'espace urbain.

  • Speaker #0

    Et en termes de biodiversité, vous avez découvert... Un grand nombre d'espèces et puis avec des animaux qu'on n'imagine peut-être pas se promener comme ça en pleine ville. Je crois que vous vous êtes rendu compte qu'il y avait des renards qui passaient par le parc de la Cerisée. Oui,

  • Speaker #3

    il y a des espèces qu'on voit rarement d'habitude dans l'espace urbain. On dit qu'elles sont plutôt urbanophobes et on les retrouve à la Cerisée. Alors là encore, grâce aussi au fait qu'on est dans une balme et un espace protégé, elles n'arrivent pas par hasard ces espèces-là. Bon, beaucoup arrivent par le sol, comme vous l'avez dit, le renard. Il y a la salamandre tachetée aussi. Donc ça, c'est une première chose. Il y a ces espèces un petit peu charismatiques. Mais après, ce qui est important, ce n'est pas de regarder que les espèces charismatiques, mais aussi de regarder la vie du sol, les insectes aussi, parce que le sol et les insectes, c'est vraiment la base de l'écosystème. Et si la salamandre existe, c'est parce qu'elle est trouvée à manger dans ce parc. Le renard, c'est pareil aussi. Donc quand on regarde, en fait, finalement, la biodiversité un peu plus dans son ensemble, c'est un petit peu le... L'objectif du projet, c'était de rendre visible aussi cette biodiversité qui est souvent un petit peu cryptique, qu'on n'observe pas trop parce que c'est compliqué, c'est vrai. Nous, on a dû travailler avec de l'ADN pour inventer ces espèces. On se rend compte qu'il y a quand même beaucoup de biodiversité. Si je peux donner quelques chiffres, par exemple, les abeilles sauvages, donc les espèces d'abeilles en dehors de l'abeille de ruche, on a inventorié quasiment 40 espèces d'abeilles sauvages différentes. 10% à peu près de ce que l'on observe dans toute l'agglomération lyonnaise, et la région lyonnaise en fait, donc c'est vraiment pas rien. Quand on regarde après les plantes, on a inventorié plus de 150 espèces de plantes. Les chauves-souris, 12 espèces, c'est quand même rare d'avoir autant d'espèces de chauves-souris. Ça veut dire vraiment qu'on a des arbres aussi qui sont anciens. Parce que là encore, on ne trouve pas ça ailleurs, partout sur Lyon. Des arbres très âgés qui ont eu suffisamment de place pour se développer. Donc voilà, une grosse particularité de cet écosystème. Ça aussi, ça bénéficie aux oiseaux. On a observé 33 espèces d'oiseaux différentes. Et puis après, c'est pareil, je ne vous donne pas la liste de tous les petits insectes qu'on a observés au sol. Mais on a plus d'une centaine d'insectes qui se promènent dans ce parc-là. Ce sont des scores qui sont vraiment très élevés pour un espace. On pourrait presque dire que c'est un peu des espaces modèles.

  • Speaker #0

    Merci Thomas.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Là on s'insence dans le petit vallon, alors un vallon qui reste tendu parce que c'est aussi un espace de vie pour les gens. Il y a une vraie quiétude qui se dégage de cet endroit, c'est un de mes endroits préférés parce que... Le mien aussi ! Il est hors du temps cet endroit. Et ce serpent vert qui traverse ces hauts arbres, il y a des arbres de collection qui avaient été installés à l'époque, au fur et à mesure de l'évolution du jardin. C'est un endroit où typiquement les gens se sentent bien.

  • Speaker #0

    De retour au parc de la Cerisée pour la fin de notre visite guidée avec Mickaël Jelin, jardinier, et Chloé Laurent, technicienne d'études à la Direction Biodiversité Nature en Ville de la ville de Lyon. À vous entendre en tout cas tous les deux, on voit à quel point il y a une richesse dans ce qui se fait, dans ce qui se vit, et encore je pense que nous n'avons fait le tour que d'un millionième à l'échelle d'un parc. qui certes est grand, on n'est pas à l'échelle d'une immense forêt, mais ça montre bien à quel point ces îlots de biodiversité, ces réservoirs de biodiversité en ville sont finalement essentiels à préserver.

  • Speaker #2

    On a toujours, je dis nous en tant que gestionnaire des espaces publics, On a toujours eu une valeur d'exemplarité parce qu'on a toujours servi de vitrine. Tout ça, ça s'entend uniquement si tout le monde joue le jeu. À la fois les espaces sur les balmes, la CNR aussi travaille avec la LPO sur ces mêmes sujets. Donc il y a les copropriétés à étoffer sur des balcons. Tout ça, c'est une mouvance globale pour répondre aux défis actuels. Parce que sinon, si on était les seuls, ça... On sait que ça serait voile échec.

  • Speaker #1

    Et puis des endroits comme les éco-jardins, des endroits comme le parc de la Cerisay, au niveau du public, ça force la curiosité. Nous, on le revoit, en fait, on nous pose souvent les questions et réellement, les gens tombent des nues en disant mais ah bon, vous faites ça ? Et donc là, ici, l'objectif des éco-jardins, c'est aussi ça, la communication et de porter ce message-là en disant votre environnement, il évolue, il y a plein de richesses, il faut juste ouvrir les yeux

  • Speaker #0

    à quoi pourront ressembler les villes de demain, les villes du futur ? Est-ce que ce seront des villes réconciliées avec la nature ?

  • Speaker #2

    Ça fait plusieurs fois que je participe à des ateliers de création de récits qui portent là-dessus. J'ai l'impression de ressentir quand même une aspiration à ce qui est engagé aujourd'hui, à savoir cette nature urbaine qui est étoffée, qui est mieux acceptée. avec des usages de cueillette, de comestibles, de meilleure compréhension, de support de l'éducation, de tout ça. Il y a quand même cette aspiration à ça. Et après, moi, j'imagine la ville de demain aussi beaucoup plus. Alors, j'espère sincèrement avec autant de jardiniers qui font du travail magnifique, mais en même temps avec une plus grande implication des usagers, des citoyens, des habitants. Après, la ville demain... Ça a été tout le travail de plein de scientifiques et concours, et notamment Thomas Boutreux, qui a travaillé sur la densité urbaine et quels seraient les bons ingrédients pour permettre une biodiversité et une cohabitation avec les vivants. Comment on cohabite avec des espèces exotiques envahissantes, avec des espèces de type... Alors le ragondin, si je vais sur la faune avec des rats, qui ne sont pas exotiques envahissants, qui sont bien là, mais qui font partie de la faune urbaine. Du coup, c'est plein de questions comme ça qu'il va falloir oser regarder en face.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement, dans cette ville réconciliée avec la nature, ça passe, comme le disait Chloé, aussi par peut-être une meilleure prise en compte des citoyens et des citoyennes et peut-être une meilleure appropriation aussi de ces espaces-là ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que plus ils vont s'investir dans ces espaces, plus ce lien va se renforcer. On en parlait un petit peu juste avant concernant les classes vertes et la manière dont... Les petits gamins fabriquent des cabanes avec les haies sèches, justement, qu'on a juste. Donc, en fait, tout est là. C'est du moment où il va y avoir de la sensibilité, du moment où il va y avoir cet attachement, et ce, au plus jeune âge, très rapidement, en fait, ils vont concevoir leur environnement différemment, se l'approprier différemment, et pour le coup, j'espère, nous amener vers, effectivement, des lendemains plus respectueux, des verts, quoi. Donc, ouais, si ça peut servir à ça, tant mieux.

  • Speaker #0

    Le parc de la Cerisée nous montre donc le potentiel d'une cohabitation harmonieuse entre la nature et la ville. En s'adaptant aux besoins de la faune et de la flore, tout en offrant aux habitants des espaces de détente et de découverte, cet éco-jardin prouve que les parcs peuvent être plus que de simples lieux de promenade. Ils deviennent des ponts entre l'homme et la biodiversité, des lieux d'apprentissage pour les générations à venir et même des remparts contre les défis climatiques qui se décident. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Lucas, Jean-Michel et Nathalie.

Description

🌳Aujourd’hui, plus de 80 % des Français vivent en milieu urbain, un cadre où la nature semble présente à travers les parcs, jardins, et friches. Pourtant, cette impression de verdure masque souvent une biodiversité appauvrie.


Ce nouvel épisode de En un battement d’aile vous emmène à la découverte du parc de la Cerisaie à Lyon, un espace de 4,5 hectares où une gestion écologique innovante est appliquée depuis plusieurs années. Une belle illustration de nature en ville.


Le parc de la Cerisaie a été aménagé au début du XXème siècle et entoure la Villa Gillet. Depuis 2015, il est reconnu pour son engagement écologique grâce au label Écojardin, un label qui accompagne les villes et entreprises vers des pratiques d’entretien durable.


Que signifie concrètement être un « écojardin » ? Comment la nature et la biodiversité cohabitent-elles avec le béton et les rues de la ville ? À travers une visite guidée immersive et des échanges passionnants avec Michaël Gelein, jardinier au parc de la Cerisaie et Cloé Laurent, technicienne d’étude à la direction Biodiversité Nature en ville de la ville de Lyon, explorez les coulisses de ce beau jardin.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    En France, près de 80% de la population vit en ville, dans un paysage de plus en plus urbanisé. La nature peut y sembler présente au travers des parcs, des jardins ou même des friches. Mais cette présence est souvent trompeuse. Bien que les espaces urbains abritent de nombreuses espèces animales et végétales, il s'agit souvent des mêmes espèces qui se sont adaptées aux conditions extrêmes de la ville. Pollution, chaleur, bruit ou lumière artificielle. Ces écosystèmes urbains sont marqués par une uniformité qui ne reflète pas la richesse nécessaire pour maintenir une biodiversité véritablement dynamique. C'est dans ce contexte que le parc de la Cerisée à Lyon prend tout son sens. Créé en 1913 par le paysagiste René-Edouard André, ce parc de 4,5 hectares entoure la ville Agilé, bien connue pour ses activités culturelles. Aujourd'hui, il se distingue par sa gestion écologique qu'il lui a valu d'obtenir en 2015 le label Eco-Jardin, tout comme une dizaine de parcs de la ville de Lyon. Si ce label est principalement un outil de communication, il permet malgré tout d'accompagner les collectivités territoriales et les entreprises vers des pratiques d'entretien respectueuses de l'environnement et adaptées aux usages des espaces paysagers. Le parc de la Cerisée est devenu un modèle d'intégration de la nature en ville, montrant qu'il est possible de concilier l'urbanisation et la biodiversité.

  • Speaker #1

    chaque chaque geste et c'est ça qui est extraordinaire il ya quelque chose de vachement sensuel dans le mouvement le bon outil pour la bonne fonction et le faire de la manière la plus efficace et ergonomique possible et c'est donc tout un savoir faire qu'on essaie de transmettre à nos jeunes apprentis et donc la masse ou même semé du gazon en fait ça demande en fait une ample de gestes, une manière à la fois de douceur et en même temps de la force pour envoyer la graine dans le bon sens et de la bonne manière avec le bon dosage, tout un savoir faire donc c'est en fait vraiment tu as tout dans les mains quoi et dans l'outil. Et la masse c'est la même chose en fait déjà on la prend, on la sous-pèse, on commence à prendre contact avec elle, on lui dit est-ce que tu es prête à y aller ou pas et dire ok. Un lamineur celui-ci ? Il en faut en fait, des piquets, parce qu'on en met un petit peu de partout.

  • Speaker #0

    Michael Jelin est jardinier au parc de la Cerisée. Cela fait maintenant 8 ans qu'il travaille dans ce lieu qui l'affectionne particulièrement. C'est lui qui va être mon guide dans ce parc que je connais plutôt bien et dans lequel j'aime me promener.

  • Speaker #1

    C'est un parc qui est classé au monument historique. C'est quand même 4,5 hectares de verdure qui sont offerts au tout public et aussi à la biodiversité. Et ici, on veille tout particulièrement au bien-être de l'ensemble des usagers, mais aussi des usagers que sont les petites bécioles, les insectes, la flore spontanée, ce genre de choses. C'est pour ça qu'un label a été développé, à savoir les labels Eco-Jardin, dont fait partie ce parc-là, très joli, positionné sur les balmes de Lyon.

  • Speaker #0

    Alors on va revenir sur cet écolabel. Peut-être essayer de décrire un peu ce parc. On a donc à l'entrée cette grande maison imposante qu'est la Villa Gillet.

  • Speaker #1

    C'était un parc qui se voulait plutôt confidentiel au début, au moment où en fait François Gillet a créé cet espace-là. Il y avait une vocation industrielle, donc il fallait un réservoir d'eau pour alimenter les usines en contrebas. Mais en même temps, il voulait... tout comme ça se faisait beaucoup à l'époque au XIXe, montrer la puissance de sa famille. Donc elle a été positionnée en retrait de la rue. Il fallait que ce soit un petit écrin qui cache ce magnifique bâtiment de style néo-florentin, donc voilà, une atmosphère italienne. Et tout le parc autour a été construit de cette manière-là, à savoir très horticole auprès de la villa, et ensuite plus on s'en éloignait et plus on était dans l'espace de nature. Comme l'avait voulu d'ailleurs René-Edouard André, le concepteur, puisqu'en fait on est sur un parc qui a été signé. La situation géographique de ce parc fait qu'il est très intéressant parce qu'il est en connexion avec l'ensemble des autres espaces privés, pour le coup, et qui sont très sauvages sur les flancs de la colline de la Croix-Rousse. Du coup, on bénéficie réellement de cette atmosphère champêtre, naturelle, et en même temps classique, puisque c'est un jardin de style romantique. 19e, et on retrouve en fait toutes ces traces-là sur l'ensemble de la conception.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on va découvrir au cours d'une visite guidée qu'on va faire en compagnie de Chloé Laurent. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Vous êtes donc technicienne chargée de projet au sein du service Innovation Transition Écologique au sein des espaces verts de la ville de Lyon, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    C'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    En néophyte, oui, ça veut dire.

  • Speaker #2

    En néophyte. Pour les néophytes, je m'attache à animer la démarche environnementale du service espace vert, notamment avec mes collègues jardiniers, comme ici présent Mickaël, qui eux sont en quotidien dans les parcs et les jardins. Et j'organise particulièrement la labellisation des 12 sites éco-jardins qu'on a sur la ville de Lyon. En gros, c'est un parc par arrondissement, plus le Vallon, la Tête d'Or et Blandan, qui sont un peu les parcs... à vocation métropolitaine. Sinon, je fais autre chose, je travaille aussi beaucoup avec les associations naturalistes sur le territoire lyonnais. Je m'occupe notamment d'un atlas de biodiversité communale où on essaye de faire recenser, inventorier les espèces de pônes et fleurs sauvages qui cohabitent avec nous sur le territoire lyonnais. Depuis 10 ans maintenant, on travaille notamment à former les jardiniers à travers des sciences participatives. pour que les jardiniers, par eux-mêmes, puissent suivre l'évolution de leurs pratiques, qui est de plus en plus écologique, en faveur de la préservation de l'environnement, de la faune et de la flore présentes. Et à ce titre-là, Mickaël en fera peut-être le retour, mais on participe à des programmes de suivi sur les prairies, sur les papillons de jour et sur les oiseaux des jardins.

  • Speaker #0

    Un mot de ce que c'est que le label ? Eco-Jardin.

  • Speaker #2

    C'est un label qui a plus de 10 ans maintenant. Ça a été créé à la demande de collectivités pour valoriser la gestion écologique ou la gestion différenciée qu'on mettait en place partout sur le territoire national.

  • Speaker #0

    Et à l'origine, c'était fait surtout pour faire en sorte qu'on n'utilise plus de phytosanitaires.

  • Speaker #2

    C'est ça, on est en 2011 à peu près quand il y a les premiers groupes de travail qui se constituent. Et le but en fait c'était de valoriser déjà des collectivités qui n'utilisaient plus de pesticides. Et du coup Ecojardin, ça imposait le fait d'arrêter les pesticides dans les espaces publics végétalisés. Voilà, donc l'origine elle est vraiment pour valoriser ça et valoriser ça auprès du public. Donc c'est quand même un label de communication. pour le public, pour expliquer ces transformations. Depuis, heureusement, c'est quelque chose qui a bien progressé parce qu'il y a eu la loi Labé en 2016 qui a été votée, qui interdit depuis l'usage de produits phytosanitaires dans les espaces publics. Donc aujourd'hui, le zéro phyto, c'est encore un critère du Lapel, bien évidemment, mais il y en a un certain nombre d'autres qu'on ira voir en vrai.

  • Speaker #0

    Je propose qu'on débute un peu la visite du parc.

  • Speaker #1

    C'est parti ! Donc là on est auprès de la villa, on est dans la zone la plus horticole où on peut voir un fleurissement qu'on va dire classique. Mais même dans des choses très horticoles comme ça, on prend le soin de faire un choix de plantes les plus attractives possible pour les insectes, les pollinisateurs. On voit quelques abeilles là. qui tournent encore, avant d'aller s'endormir, viennent faire le plein. Et ça, c'est très apprécié. C'est apprécié par les insectes, mais aussi par certains visiteurs qui viennent là pour ça. Et puis après, on va se décaler, on va s'enfoncer un petit peu, petit à petit, dans la jungle.

  • Speaker #0

    Dans la jungle, carrément !

  • Speaker #1

    Pour la petite histoire, on est là sur des zones de transition. Donc on a vraiment le sentiment d'être dans un jardin classique où tout est tendu, les bordures doivent être tenues au plus strict possible. Et puis, plus on va s'en éloigner, derrière les banquettes d'hives taillées, d'un seul coup, effectivement, on va basculer vers un autre type de végétation. qui, elle, fait la part belle à nos habitants, que ce soit hérissons, écureuils, salamandres, et que sais-je. Il y a plein de choses qui se passent là-dedans, de manière très silencieuse. Nous, on essaie de faire cohabiter le beau, l'agréable, l'utile. On appelle ça aussi la gestion différenciée, pour coller aux objectifs qu'on s'est fixés préalablement, grâce à une sorte de cartographie du lieu, qui va nous dire, à tel endroit, on va avoir la casquette du naturaliste, à tel endroit, on va avoir la casquette de l'historien. Et à tel endroit, on l'entend là, les petits os qui courent dans tous les sens, on va avoir la casquette d'animateur MJC. Et du coup, tout ça doit cohabiter le plus agréablement possible. Voilà. Une des particularités, effectivement, du parc, c'est que c'est un site... découvert de la course d'orientation. Et du coup, tous les apprentis Koh Lanta se donnent rendez-vous.

  • Speaker #2

    La villa et le parc sont classés monuments historiques depuis 2015. Donc on a des activités Koh Lanta dans un parc et classé monuments historiques. Et du coup, ce parc, il représente bien la multiplicité des usages qu'on a aujourd'hui des espaces végétalisés en ville.

  • Speaker #0

    Et une gestion, j'imagine, qui ne doit pas être évidente. Comment, effectivement, on empêche des enfants qu'on vient de voir courir, peut-être de traverser la pelouse, les fleurs, les plantes et potentiellement les petits animaux qui sont dessous ?

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait. On essaie vraiment. Et pour le coup, ça, c'est le rôle du jardinier. C'est... 1. L'accompagnement, donc on a un objectif premier, et puis on s'aperçoit que zut, ça ne fonctionne pas. Donc dans ces cas-là, on change son fusil d'épaule, on essaie d'adapter, de trouver les biais qui vont orienter les usages. Alors typiquement, sur les zones très pentues, on va mettre en place du barriérage de type ganivelle, ça reste du bois, donc on n'est pas complètement dans la bunkerisation de l'espace. Loin de là, il faut que ce soit un espace de liberté aussi. Du coup, quelque part de... sacrifier certaines zones parce qu'on sait qu'ils passent ici, on l'a observé, mais par contre pour éviter qu'il y ait quelques chevrettes solitaires qui s'échappent du troupeau et finissent par créer un autre passage, un endroit qu'on essayait de préserver parce qu'il y a une orchidée sauvage. Dans ces cas-là, voilà, on oriente, on essaie en fait de, sans interdire, juste de dire on préserve telle zone. Il y a des zones qui sont totalement indéfendues, c'est des zones de test, on en avait parlé une fois avec Chloé concernant les jeunes plantations forestières puisqu'on essaie d'anticiper effectivement la... La mortalité de notre patrimoine arboré qui est très riche ici, c'est un parc qui est vraiment plein de très vieux, très beaux arbres. Mais voilà, le changement climatique a un impact. On en est les témoins directs. Et c'est aujourd'hui qu'on plante pour dans 20-30 ans.

  • Speaker #0

    Et ça sur le dérèglement climatique, par exemple, vous le voyez à quoi ? Là, si on regarde autour de nous ?

  • Speaker #1

    Là, le très joli prunus qui a perdu complètement les branches du haut. Du coup, on appelle ça une descente de cimes, c'est-à-dire il se défait de toutes les branches et de toutes ses feuilles. Dans les hauteurs, parce qu'il a du mal à faire remonter la serre et il se concentre sur la partie basse. L'apparition...

  • Speaker #0

    Et ça, c'est lié au réchauffement climatique.

  • Speaker #1

    Aux sécheresses répétées chaque été, avec des printemps très délicats. Même nous, au niveau du travail, on a vraiment du mal. C'est mes collègues qui reviennent de me nettoyer effectivement les grandes allées après ce gros coup de vent qui a aussi secoué largement le parc. Donc ça aussi, c'est un élément climatique nouveau. Des pluies violentes, des vents violents, et c'est des tas de choses auxquelles la nature, qui n'était pas encore dans son échelle de temps habituée à ça, elle est obligée... Il y a des tas de conséquences violentes sur le patrimoine arboré. On est vraiment aux premières loges. descendre un petit peu dans le vallon Et là on arrive dans un des endroits que j'aime beaucoup parce qu'en fait il est un petit peu à l'image des objectifs qu'on s'est fixé entre autres objectifs qu'on s'est fixé sur le parc donc là il ya eu une aire de jeu qui a été rénovée tout récemment donc c'est génial il ya des cabanes en grain dedans il ya des toboggans des choses fantastiques Mais au-delà de ça, à l'origine, on devait tout replanter sur le pourtour avec des barrières, donc quelque chose d'assez impénétrable. Et puis en fait, on s'est aperçu que c'était quand même plus sympa d'ouvrir, de permettre aux gamins de traverser des zones, d'aller se cacher derrière, de toucher tous les copeaux de bois qui sont un petit peu de partout et d'être vraiment au contact de tout ça, tout comme ça peut d'ailleurs déjà se faire dans certaines écoles où on désimperméabilise. Et il y a un vrai, vrai, vrai gain. Donc, en fait, tout naturellement, il se dirige vers les pommes de pin qui traînent par terre. En fait, ça, c'est très, très chouette. Inversement, de conserver des petites zones de gazon où on peut mettre une couverture et laisser les tout petits bébés profiter de cette fraîcheur-là et de ce contact un peu nouveau avec des feuilles d'herbe tendres, comme on souhaite qu'elles soient, et y compris donc un petit jardin de senteurs avec que des plantes aromatiques ou bien des plantes symboles comme la marguerite. Parce qu'on s'était aperçu. que sur une bande qui avait été plantée de plantes indigènes. On voyait les grands-parents tenir la main des tout-petits et aller cueillir toutes ces petites fleurs qui leur paraissaient champêtres, herbes folles. En voyant ces scènes-là, on s'est dit qu'il y a un vrai manque. Les gens doivent pouvoir toucher. Et effectivement, ça marche super bien. On voit beaucoup de parents qui accompagnent les tout-petits.

  • Speaker #0

    Dans le petit chemin, comme ça sent bon.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    t'as senti quoi ? J'ai senti le thym, le rhum marin, et après, je pense qu'il y a une odeur plus forte. Ah ouais, c'est ça. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est pas bon.

  • Speaker #0

    Et puis, attention aux petits champignons. C'est quand même sur l'air de jeu, on a des champignons.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Alors, parce que là, ils ne sont pas hallucinogènes du tout. Non, non, ils ne sont pas dangereux. En fait, c'est directement...

  • Speaker #0

    Faut faire une petite fricassée pour que ce soit ?

  • Speaker #1

    Non, on va éviter. carrément pas.

  • Speaker #2

    Il y a des sacrées plaques.

  • Speaker #1

    On va communiser un petit peu tout l'espace. Là, c'est un espace où on est censé pouvoir stocker toutes les feuilles du gros tiguel qui est au-dessus de nos têtes. Un des objectifs de l'éco-jardin, Chloé nous le dira très très bien, c'est zéro export. Toute la matière organique revient au sol.

  • Speaker #2

    Pour aller plus loin, le label, le cahier des charges du label, il impose aux jardiniers de ne pas exporter. Ça veut dire que dès quelque chose est coupé, taillé, il faut pouvoir l'exploiter sur le site. Et c'est une des contraintes de devoir faire in situ et de valoriser ce qu'on appelait avant peut-être déchets verts, mais aujourd'hui ce qui n'est plus, et notamment qu'il y ait de la matière vivante à recycler sur le site, notamment au profit des verres de terre. Ça nous pousse aussi à imaginer des solutions qui sont beaucoup plus intéressantes que d'aller acheter un équipement. qu'on peut nous vendre en commerce de nichoirs, de gîtes à hérissons. Alors que les gîtes à hérissons, on les a là déjà avec la matière qu'on trouve à valoriser directement.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant de voir que le métier de jardinier, ça devient un jardinier naturaliste. Ça donne du sens et ça fait rebondir, du moins pour ceux qui en ont la fibre. Ça ouvre un panel de possibilités, un champ d'exploration qui est juste faramineux.

  • Speaker #0

    Ça a changé votre métier ?

  • Speaker #1

    Complètement. Oui, oui. Alors bon, il y avait déjà une sensibilité qui était très présente. Donc dès qu'effectivement, on nous a sollicité pour faire partie des référents biodiversité et puis de se former à l'ensemble des inventaires participatifs. Donc je trouvais ça quand même génial que dans le cadre d'un métier, on puisse en fait apprendre. de ces choses qu'on aurait fait à titre privé, dans la sphère privée, parce qu'on s'intéresse à ça. Allez, on va aller voir du côté de ton endroit préféré. Tu veux voir tes salamandres ? Mais c'est un secret.

  • Speaker #0

    Alors, nous allons avoir droit à un secret.

  • Speaker #2

    Je suis rassurée, parce que la dernière fois que je suis venue, c'était pendant le chantier. Et du coup, je n'y étais pas. et je m'étais dit ah ah ah ce sacré chantier en fait il y a encore une crie en impact là voilà c'est la surprise du chef quand il le sait ah ouais c'est aussi là magnifique sachant

  • Speaker #1

    que ces taches jaunes sur le dos de ces magnifiques salamandres qui sont un petit peu le cadeau, le cadeau bonus de ce parc magnifique c'est que toutes ces taches jaunes c'est leur pièce d'identité il n'y en a pas deux qui ont les mêmes taches jaunes sur le dos

  • Speaker #2

    Le parc, il est relié à un souterrain par des galeries et du coup, elles se profilent. On sait qu'il y a des populations de salamandres qui se reproduisent dans ces galeries.

  • Speaker #0

    Plutôt rare de rencontrer des salamandres. en pleine ville et non, je ne vous révèlerai pas l'endroit où elle se cache. Le parc de la Cerisée est donc un véritable réservoir de la biodiversité, à tel point que des chercheurs ont voulu inventorier la faune et la flore présentes. Parmi eux, Thomas Boutreux, doctorant en écologie urbaine. Il vient de soutenir sa thèse portant sur une approche géographique et écologique de la biodiversité des espaces en habitat collectif. Dans le cadre de ce projet de recherche-action, Il a comparé la biodiversité des pieds d'immeubles à celle des éco-jardins lyonnais. Nous nous retrouvons lors du vernissage de l'exposition L'appel de la forêt à la bibliothèque municipale de Lyon dans le 3e arrondissement. Thomas a participé à l'élaboration de l'exposition. Il se trouve que nous y avons été invités avec Audrey Ranchin à installer notre arbre cabane pour recueillir des témoignages autour de la forêt. Avec Thomas, nous revenons sur la genèse de sa thèse.

  • Speaker #3

    L'idée au départ, c'était vraiment de produire une étude écologique parce que, comment dire, il y a des choses, en tant qu'écologue, en tant que naturaliste, on a parfois des idées sur la manière dont on devrait gérer les choses. Moi, par exemple, j'avais travaillé sur la gestion écologique différenciée avant dans les parcs publics et notamment dans les espaces publics à Lyon. Et bon, ces méthodes commençaient à être déjà assez connues et déjà bien rodées. Mais je pense que parfois, c'est bien aussi de requestionner ces pratiques et de vraiment les tester. Et donc, l'idée du travail de recherche en tant que tel, c'était déjà de faire une étude pour comprendre quelles sont finalement les actions qui sont les plus favorables pour le vivant. Et je dirais que les messages qu'on voulait porter à ce moment-là, ils n'étaient pas, je dirais, pour des naturalistes, des écologues ou des habitants, mais c'était là vraiment d'impliquer tous les acteurs du projet urbain, en commençant par les urbanistes, puis les architectes. Puis les écologues, parce que souvent les écologues, on arrive au dernier moment dans les projets, ou les paysagistes, et en fait c'est trop tard, le potentiel écologique se construit dès le départ du projet. Quelle forme urbaine on va adopter ? Quelle pression d'usage il va y avoir ? Comment est-ce qu'on va négocier ces régimes de cohabitation entre l'humain, ces différents usages, et puis le parc ? Et donc voilà, il y a vraiment une logique, on va dire, systémique et séquentielle, de se dire qu'on a besoin avant tout déjà de créer de la place en ville. et d'avoir des réglementations qui soient adaptées à un urbanisme écologique.

  • Speaker #0

    Et ce sont des espaces peut-être qu'on oublie, voire qu'on occulte complètement. Quand on pense espace vert en ville, on va penser aux parcs, on va penser aux arbres qu'on installe dans les rues, mais peut-être pas ce qui se passe juste en bas de chez nous.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai qu'on a une tendance souvent à rechercher des espaces, on va dire, un peu plus patrimoniaux ou des espaces dans lesquels il y a une véritable identité écologique. En fait... Peut-être qu'à juste titre, on ne s'intéresse pas suffisamment à nos espaces de proximité parce qu'ils ne sont peut-être pas très attrayants d'un point de vue esthétique. Et c'est peut-être ça le message en fait. C'est que si on n'a rien fait encore pour ces espaces au pied de l'immeuble, c'est parce qu'on n'a pas cet attachement à cet espace. Et ce manque d'attachement crée un manque d'envie de le défendre cet espace. C'est un peu toute cette théorie autour de l'amnésie environnementale aussi et de la déconnexion à la nature. C'est que si on n'a pas envie de défendre notre espace vert en bas de l'immeuble, C'est peut-être parce qu'on y est complètement déconnecté, parce qu'on n'a pas pris soin par le passé. L'idée, c'est de casser cette logique psychologique et de créer une nouvelle dynamique positive dans laquelle on va prendre soin de cet espace-là.

  • Speaker #0

    Dans le cadre de cette recherche, vous avez voulu... comparer les bas d'immeubles à certains parcs, notamment des éco-jardins, dont celui du parc de la Cerisée, dont vous avez établi un inventaire. Qu'est-ce que vous avez découvert au parc de la Cerisée ?

  • Speaker #3

    Alors au parc de la Cerisée, comme dans pas mal d'éco-jardins de la ville de Lyon, on s'est rendu compte qu'on avait un potentiel écologique et des niveaux de biodiversité qui sont plus élevés, bien sûr, que ce qu'on a pu constater en habitat collectif. Alors il peut y avoir plusieurs raisons à cela. C'est que certes, c'est peut-être des espaces qui sont gérés par le même propriétaire, c'est-à-dire la ville de Lyon, depuis pas mal d'années. On a aussi un autre effet qui est celui des espaces qui sont assez anciens, qui ont du coup parfois un héritage important, et qui peuvent être parfois aussi localisés dans des trames vertes et naturelles un peu plus conséquentes. Et en fait, à la Cerise, on rencontre toutes ces caractéristiques. C'était le parc d'une maison bourgeoise. Il existe depuis plus de 150 ans. C'est un parc qui est localisé aussi dans une balme au-dessus de la Saône. Donc un espace qui est écologique, une grande trame écologique qui permet à beaucoup d'espèces de s'installer, de se déplacer, de bénéficier d'un territoire de vie qui est beaucoup plus large. Donc déjà, on va dire que ce parc-là, rien que par ses dimensions aussi, c'est un grand parc. Son emplacement et son histoire, il a forcément pas mal d'avantages. Et très sincèrement, c'est vrai que le fait d'avoir choisi un mode de gestion écologique différencié, avec des prairies adaptées selon le type d'environnement, et des prairies qui sont un peu plus sèches, d'autres un peu plus humides à la cerisée, ce qui est bien, c'est que oui, on a des pentes, et donc on a des sols qui sont anciens, qui vont avoir une bonne capacité de rétention en eau. On ne retrouve pas ces sols d'aussi bonne qualité dans le reste de l'espace urbain.

  • Speaker #0

    Et en termes de biodiversité, vous avez découvert... Un grand nombre d'espèces et puis avec des animaux qu'on n'imagine peut-être pas se promener comme ça en pleine ville. Je crois que vous vous êtes rendu compte qu'il y avait des renards qui passaient par le parc de la Cerisée. Oui,

  • Speaker #3

    il y a des espèces qu'on voit rarement d'habitude dans l'espace urbain. On dit qu'elles sont plutôt urbanophobes et on les retrouve à la Cerisée. Alors là encore, grâce aussi au fait qu'on est dans une balme et un espace protégé, elles n'arrivent pas par hasard ces espèces-là. Bon, beaucoup arrivent par le sol, comme vous l'avez dit, le renard. Il y a la salamandre tachetée aussi. Donc ça, c'est une première chose. Il y a ces espèces un petit peu charismatiques. Mais après, ce qui est important, ce n'est pas de regarder que les espèces charismatiques, mais aussi de regarder la vie du sol, les insectes aussi, parce que le sol et les insectes, c'est vraiment la base de l'écosystème. Et si la salamandre existe, c'est parce qu'elle est trouvée à manger dans ce parc. Le renard, c'est pareil aussi. Donc quand on regarde, en fait, finalement, la biodiversité un peu plus dans son ensemble, c'est un petit peu le... L'objectif du projet, c'était de rendre visible aussi cette biodiversité qui est souvent un petit peu cryptique, qu'on n'observe pas trop parce que c'est compliqué, c'est vrai. Nous, on a dû travailler avec de l'ADN pour inventer ces espèces. On se rend compte qu'il y a quand même beaucoup de biodiversité. Si je peux donner quelques chiffres, par exemple, les abeilles sauvages, donc les espèces d'abeilles en dehors de l'abeille de ruche, on a inventorié quasiment 40 espèces d'abeilles sauvages différentes. 10% à peu près de ce que l'on observe dans toute l'agglomération lyonnaise, et la région lyonnaise en fait, donc c'est vraiment pas rien. Quand on regarde après les plantes, on a inventorié plus de 150 espèces de plantes. Les chauves-souris, 12 espèces, c'est quand même rare d'avoir autant d'espèces de chauves-souris. Ça veut dire vraiment qu'on a des arbres aussi qui sont anciens. Parce que là encore, on ne trouve pas ça ailleurs, partout sur Lyon. Des arbres très âgés qui ont eu suffisamment de place pour se développer. Donc voilà, une grosse particularité de cet écosystème. Ça aussi, ça bénéficie aux oiseaux. On a observé 33 espèces d'oiseaux différentes. Et puis après, c'est pareil, je ne vous donne pas la liste de tous les petits insectes qu'on a observés au sol. Mais on a plus d'une centaine d'insectes qui se promènent dans ce parc-là. Ce sont des scores qui sont vraiment très élevés pour un espace. On pourrait presque dire que c'est un peu des espaces modèles.

  • Speaker #0

    Merci Thomas.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Là on s'insence dans le petit vallon, alors un vallon qui reste tendu parce que c'est aussi un espace de vie pour les gens. Il y a une vraie quiétude qui se dégage de cet endroit, c'est un de mes endroits préférés parce que... Le mien aussi ! Il est hors du temps cet endroit. Et ce serpent vert qui traverse ces hauts arbres, il y a des arbres de collection qui avaient été installés à l'époque, au fur et à mesure de l'évolution du jardin. C'est un endroit où typiquement les gens se sentent bien.

  • Speaker #0

    De retour au parc de la Cerisée pour la fin de notre visite guidée avec Mickaël Jelin, jardinier, et Chloé Laurent, technicienne d'études à la Direction Biodiversité Nature en Ville de la ville de Lyon. À vous entendre en tout cas tous les deux, on voit à quel point il y a une richesse dans ce qui se fait, dans ce qui se vit, et encore je pense que nous n'avons fait le tour que d'un millionième à l'échelle d'un parc. qui certes est grand, on n'est pas à l'échelle d'une immense forêt, mais ça montre bien à quel point ces îlots de biodiversité, ces réservoirs de biodiversité en ville sont finalement essentiels à préserver.

  • Speaker #2

    On a toujours, je dis nous en tant que gestionnaire des espaces publics, On a toujours eu une valeur d'exemplarité parce qu'on a toujours servi de vitrine. Tout ça, ça s'entend uniquement si tout le monde joue le jeu. À la fois les espaces sur les balmes, la CNR aussi travaille avec la LPO sur ces mêmes sujets. Donc il y a les copropriétés à étoffer sur des balcons. Tout ça, c'est une mouvance globale pour répondre aux défis actuels. Parce que sinon, si on était les seuls, ça... On sait que ça serait voile échec.

  • Speaker #1

    Et puis des endroits comme les éco-jardins, des endroits comme le parc de la Cerisay, au niveau du public, ça force la curiosité. Nous, on le revoit, en fait, on nous pose souvent les questions et réellement, les gens tombent des nues en disant mais ah bon, vous faites ça ? Et donc là, ici, l'objectif des éco-jardins, c'est aussi ça, la communication et de porter ce message-là en disant votre environnement, il évolue, il y a plein de richesses, il faut juste ouvrir les yeux

  • Speaker #0

    à quoi pourront ressembler les villes de demain, les villes du futur ? Est-ce que ce seront des villes réconciliées avec la nature ?

  • Speaker #2

    Ça fait plusieurs fois que je participe à des ateliers de création de récits qui portent là-dessus. J'ai l'impression de ressentir quand même une aspiration à ce qui est engagé aujourd'hui, à savoir cette nature urbaine qui est étoffée, qui est mieux acceptée. avec des usages de cueillette, de comestibles, de meilleure compréhension, de support de l'éducation, de tout ça. Il y a quand même cette aspiration à ça. Et après, moi, j'imagine la ville de demain aussi beaucoup plus. Alors, j'espère sincèrement avec autant de jardiniers qui font du travail magnifique, mais en même temps avec une plus grande implication des usagers, des citoyens, des habitants. Après, la ville demain... Ça a été tout le travail de plein de scientifiques et concours, et notamment Thomas Boutreux, qui a travaillé sur la densité urbaine et quels seraient les bons ingrédients pour permettre une biodiversité et une cohabitation avec les vivants. Comment on cohabite avec des espèces exotiques envahissantes, avec des espèces de type... Alors le ragondin, si je vais sur la faune avec des rats, qui ne sont pas exotiques envahissants, qui sont bien là, mais qui font partie de la faune urbaine. Du coup, c'est plein de questions comme ça qu'il va falloir oser regarder en face.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement, dans cette ville réconciliée avec la nature, ça passe, comme le disait Chloé, aussi par peut-être une meilleure prise en compte des citoyens et des citoyennes et peut-être une meilleure appropriation aussi de ces espaces-là ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que plus ils vont s'investir dans ces espaces, plus ce lien va se renforcer. On en parlait un petit peu juste avant concernant les classes vertes et la manière dont... Les petits gamins fabriquent des cabanes avec les haies sèches, justement, qu'on a juste. Donc, en fait, tout est là. C'est du moment où il va y avoir de la sensibilité, du moment où il va y avoir cet attachement, et ce, au plus jeune âge, très rapidement, en fait, ils vont concevoir leur environnement différemment, se l'approprier différemment, et pour le coup, j'espère, nous amener vers, effectivement, des lendemains plus respectueux, des verts, quoi. Donc, ouais, si ça peut servir à ça, tant mieux.

  • Speaker #0

    Le parc de la Cerisée nous montre donc le potentiel d'une cohabitation harmonieuse entre la nature et la ville. En s'adaptant aux besoins de la faune et de la flore, tout en offrant aux habitants des espaces de détente et de découverte, cet éco-jardin prouve que les parcs peuvent être plus que de simples lieux de promenade. Ils deviennent des ponts entre l'homme et la biodiversité, des lieux d'apprentissage pour les générations à venir et même des remparts contre les défis climatiques qui se décident. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Lucas, Jean-Michel et Nathalie.

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