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🎧 ENTRE AUTRES E04 : Traverser la tempête 🎧

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35min |04/02/2025
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35min |04/02/2025
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Description

⚠️Trigger Warning : Cet épisode aborde des sujets sensibles tels que la dépression et le suicide. Pour éviter les passages les plus difficiles, nous vous recommandons de ne pas écouter les segments suivants :

9:50 - 10:50
14:30 - 17:30
28:20 - 29:25


Dans cet épisode, Marie-Paule partage son parcours de résilience marqué par la dépression, une lutte intérieure qui l'a profondément transformée. Elle revient sur son expérience, depuis ses premiers épisodes dépressifs jusqu'au point de rupture en décembre 2022.


Elle nous parle des symptômes de la dépression : la fatigue intense, la perte de motivation, les troubles du sommeil et de l'alimentation, et le sentiment d'être dissociée de son propre corps.


Le déni : longtemps, elle a caché sa souffrance derrière un masque social, incapable d'accepter ou de parler de son état.


Les pensées noires : cette spirale l'a conduite à penser au pire. C’est aussi le témoignage du chemin vers la guérison. Trouver la force de parler à ses proches et collègues, qui ont répondu avec bienveillance et soutien.


S'appuyer sur des consultations, des remèdes naturels et un entourage présent pour reconstruire son équilibre. Apprendre à s'écouter, à respecter ses limites, et à accepter de demander de l'aide et de la recevoir. 


Il est essentiel de parler, de reconnaître qu’on a le droit de ne pas aller bien. Pour les proches, il est important d’éviter de culpabiliser, de soutenir avec bienveillance et être simplement à l'écoute, ou présent. 


La société a fait évoluer son regard sur la santé mentale, mais il reste un écart générationnel qui freine une prise en charge pleinement adaptée.


Recommandations : 

📚 Lectures : 

  • “Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même” de Lise Bourbeau

🌐 Ressources en ligne :

  • Suivez Psychologue.net sur Instagram pour des conseils et des informations sur la santé mentale

  • Découvrez des psychologues et thérapeutes sur TikTok : @therapieJeff, @Bentraumatherapie

📞 Numéros utiles :

  • Nightline : Service d’écoute pour les étudiants (disponible dans plusieurs villes)

  • SOS Amitié : 24h/24, écoute bienveillante et anonyme

  • SOS Suicide : Assistance pour les personnes en détresse ou leurs proches

  • 3114 : Numéro national de prévention du suicide (service gratuit et disponible 24h/24).


Prenez soin de vous. 💙


Enregistré, mixé et boosté par Saucier🚀


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, entre autres, un podcast réalisé par Anaïs et Louisiane. Entre autres, c'est un podcast qui donne la parole à celles et ceux qui se sentent différents. Dans le mieux, vous écoutez notre quatrième podcast et aujourd'hui on est avec Marie-Paul. Bonjour ! Donc moi je suis Marie-Paul, j'ai 28 ans. J'ai deux Ausha, Barbossa et Ichibi, que j'aime beaucoup. J'aime beaucoup dessiner, j'aime bien, j'apprends le tattoo en auto indépendant et c'est très cool. J'aime aussi beaucoup mon taf qui est très chouette puisque je bosse avec des gens qui sont passionnants et passionnés. Et je suis barmaid du coup. Je suis très fan de One Piece et de Naruto. Et voilà. Est-ce que tu peux nous dire pourquoi tu te sens différente ? Alors, est-ce que je me sens différente ? Oui. Je pense pour plein de raisons qui sont très propres à moi-même. Je pense que dans un certain sens, tout le monde se sent différent d'une certaine manière. De mon côté, ça viendrait plus du côté de ma santé mentale, parce que je suis hypersensible et qu'il y a quelque temps, j'ai fait une dépression. Et là, vraiment, la différence est énorme avec les gens. Disclaimer, ce podcast peut aborder des sujets complexes comme la santé mentale, de la dépression, mais aussi le suicide ou encore des traumatismes extrêmement violents. Si vous êtes sensible à ça, faites attention à vous et regardez le minuteur pour peut-être passer ces moments-là. Est-ce que tu peux définir hypersensibilité et dépression selon tes termes à toi ? Alors, l'hypersensibilité, c'est défini par le fait d'avoir une sensibilité exacerbée. C'est très propre déjà à chacun aussi, il existe différents levels d'hypersensibilité. Il y a l'hypersensibilité un peu classique, où tu auras plus de facilité à ressentir les émotions des autres, où est-ce que tes propres émotions soient exacerbées. Et tu peux avoir l'hypersensibilité qui devient de l'hyperempathie, où tu ressens tellement les émotions des autres que... Tu peux en ressentir aussi, du coup, leur douleur physique. Ça a été dit par Leïla Bechti, mais c'est pas d'elle à la base. Où elle dit, en fait, ce qui effleure les autres me déchire. Et c'est un peu ce qu'on ressent, je trouve, en tant qu'hypersensible. Juste, s'il se passe un petit truc un peu joyeux, ça va pouvoir améliorer ton mood pour toute la journée. Et par contre, pour des émotions négatives, ça peut casser ton mood pour un simple petit truc. Parce que t'as pas trouvé ta paire de chaussettes préférée. Parce que t'as perdu un truc important. Et ce n'est pas si grave, il est chez toi, tu peux le retrouver. Mais sur le moment, ça t'atteint tellement que ça va enchaîner, et ça va rester dans toute ta journée avec un petit sentiment de down et de trucs pas ouf. Ça aussi, on revient au fait d'être plus sensible aux stimuli extérieurs, que ce soit du coup les émotions des autres, mais aussi les bruits, les mouvements de foule, la lumière. J'ai beaucoup de mal à suivre une conversation s'il y a beaucoup de musique à côté, ou genre une émission de télé. d'un autre côté et je ne vais pas arriver à suivre parce qu'il y aura trop de stimuli qui vont faire que je ne pourrai pas me concentrer seulement sur un seul truc. Je sais aussi que la lumière, par exemple, s'il fait très clair, même s'il fait nuageux, mais s'il fait très clair et très lumineux, ça a tendance à me faire mal aux yeux. Ça me permet aussi de porter des lunettes et d'être stylée. Mais ça a aussi un lien et une utilité pour moi. Pour la dépression, j'aimerais déjà préciser que c'est une maladie psychique et que c'est trop souvent considéré comme... de la flemme, de la fainéantise par plein de gens, principalement par des générations un peu plus vieilles, et que ce n'est pas vraiment encore reconnu comme une maladie mentale, alors que c'en est une. Et en fait, c'est vraiment un sentiment de vide énorme et de lourdeur extrême en même temps. Pour moi, ça a été vraiment le cas. Et c'est assez terrifiant parce que tu as l'impression un peu de tomber dans l'abîme et de... de couler complètement dedans et de ne pas pouvoir nager, de ne même pas avoir la force de nager pour t'en sortir. Est-ce que tu veux nous parler justement de ton parcours par rapport à la dépression ? Comment tu l'as géré ? Comment ça s'est passé par rapport au regard des autres ? Alors la dépression pour moi c'est arrivé un peu par étapes on va dire. Donc j'ai sombré à ce moment-là vraiment en dépression en décembre 2022. Mais durant toute l'année et même plusieurs fois dans ma vie, j'ai toujours eu ce que j'appelle des épisodes dépressifs qui sont des plus petites périodes où en fait tu as vraiment cet état dépressif qui arrive. Donc beaucoup de fatigue, pas envie de grand chose, tu n'as aucune motivation, aucune énergie, beaucoup de mal à dormir ou justement tu dors beaucoup trop. Et pareil pour la nourriture, soit tu t'alimentes pas, soit tu t'alimentes trop. Ça a commencé par, par exemple, deux jours, ou vraiment pendant deux jours, rien. J'avais aucune envie de rien, je galérais à me lever de mon lit, pas du tout l'énergie de me laver ou autre, mais je me disais, bon, bah c'est pas grave, c'est juste, je suis un peu fatiguée, c'est juste pour deux jours, je me repose et ça revient. Ça a augmenté, petit à petit, les périodes ont augmenté. Donc de peut-être un, deux jours par semaine et peut-être une fois par mois, deux jours par mois à peu près, ça a augmenté à peut-être deux fois dans le mois, puis une très longue semaine d'un coup, puis peut-être une dizaine de jours. Et à chaque fois, toujours un peu de déni dans le sens où non mais c'est pas grave, je suis juste fatiguée, mais j'ai le droit de me reposer, mais c'est ok, c'est pas si important. Et en fait, il y a eu un mois entier où j'ai, avant ce mois-là, j'ai un peu enchaîné beaucoup d'activités sociales. Ça m'a énormément fatiguée d'un coup, et pendant un mois entier, je galérais à sortir de chez moi. C'était en plus un mois où j'avais quitté mon travail, j'avais vécu un été trop bien, je m'étais amusée, j'étais allée voir mes copains, c'était trop trop cool. Je me suis retrouvée à devoir un peu reprendre une vie, et je sais pas si c'est ça aussi qui a fait ça, peut-être que ça a été un déclencheur. Je suis arrivée vraiment dans cet état dépressif d'un mois, j'avais du mal à me laver, je devais me laver peut-être une fois par semaine, un truc comme ça. Les brosser les dents, on n'en parle même pas. Et vraiment une fatigue horrible qui s'est terminée à la fin du mois. Et déjà là, je me disais OK, pas ouf, ça peut être pas mal d'en parler et de voir ma psy, puisque j'étais déjà suivie à ce moment-là. Mais comme j'étais sortie de ce mois un peu bien, j'étais en mode bon, non mais c'est pas grave, c'est OK. Encore une fois, beaucoup de déni, pas ouf, ne pas faire ça. Et donc arrive décembre, où en fait j'ai eu une galère d'appartement et je me suis retrouvée du coup à vivre pendant un mois chez une copine. Pareil, je ne sais pas exactement quel a été le déclencheur. Je pense que c'est parce que décembre, ce n'est jamais une période hyper géniale pour moi. C'est l'anniversaire de la mort de mon père. Et en plus de ça, j'ai des relations très conflictuelles avec ma famille. Donc la période de Noël, jamais très fun de se rappeler que je ne vais pas les voir. Et je pense qu'il y a un peu ça, le fait que pour une fois, je ne travaillais pas. Et généralement, dans la restauration, cette période-là, c'est une période où les gens sortent beaucoup puisqu'il y a beaucoup d'achats, il y a les achats de Noël. Et c'est une période qui est assez intensive au niveau du travail. Et là, en fait, je n'ai pas du tout eu ça, puisque quand j'ai commencé mon travail actuel, je ne travaillais que du coup en temps partiel. Et je pense que c'est le temps que j'ai eu de ressasser un peu tout ça et que justement, je n'ai jamais eu trop le temps avant parce que mon travail était assez intensif et que ça a fait un peu ressortir tout ce que je n'avais pas trop travaillé ou que j'avais un peu enfoui. J'ai vraiment sombré très rapidement. Il y a un moment où juste pareil, je n'y arrivais plus. J'arrivais plus à me lever, j'arrivais plus à me laver, sortir. Je savais qu'il fallait que je le fasse parce que je savais que j'étais pas bien, mais ça me demandait un effort qui était énorme. Et après, j'arrivais pas à dormir. Je dormais peut-être 3-4 heures par nuit, quelque chose comme ça. Toujours un état de fatigue qui est extrême, mais impossibilité de s'endormir parce que j'avais l'impression que mon cerveau allait jamais s'arrêter. Mais j'en suis arrivée au point où je me reconnaissais même plus dans le miroir, où en fait j'avais mon visage en face de moi. Et j'avais l'impression d'avoir vraiment ce plan un peu cinématographique, cinématique, cinématographique, où c'est un plan qui est filmé avec le personnage qui se regarde dans le miroir et on ne voit que ce plan du personnage dans le miroir. Et en fait, je savais que c'était moi parce que je connais mon visage, mais j'étais incapable de me reconnaître. J'étais hyper extérieure à moi et j'avais l'impression d'être... ailleurs de tout, ailleurs et en même temps trop présente parce que ce sentiment de fatigue extrême, de lourdeur et de vide incommensurable, c'est extrêmement difficile à vivre en fait. Parce que tu as à côté tout le monde qui te dit ok tu vas t'en sortir, il y a toujours un peu ce truc de si tu te bouges ça ira mieux tu vois, si tu marches un peu dehors alors qu'il fait un peu beau ça va aller mieux ça va te mettre dans un meilleur mood mais alors que pas du tout. Et c'est très dur à vivre et pour la personne, mais aussi pour les personnes qui sont à côté de toi, puisque rien de ce qu'elles font et rien de ce qu'elles peuvent t'apporter ne te suffit à toi pour t'en sortir. Et du coup, il y a un peu ce truc d'effort vain qui est horrible à ressentir pour la personne qui est en face de toi, horrible à ressentir pour moi, puisque j'avais l'impression que ma copine était frustrée de voir que ce qu'elle pouvait faire pour moi ne m'aidait pas. Et moi, à côté, j'étais juste trop fatiguée pour... réagir à ce qu'elle me disait ou à ce qu'elle voulait me faire faire ou à ce qu'elle voulait être en mode ok, viens, on va essayer de faire ça, on va essayer de faire ça je sais que t'aimes bien faire ça, donc je t'ai ramené tel ou tel truc et en fait ça ne servait à rien c'est un cercle vraiment infernal où t'as l'impression que rien ne te sortira de cet état-là moi personnellement j'en suis arrivée du coup à avoir vraiment ce côté de dépression où t'as des pensées hyper noires et où t'as l'impression que la seule chose qui te sortira de cette douleur et en même temps de ce vide, c'est vraiment ne plus être là, ne plus exister. C'est hyper dur à vivre en plus, puisque ce n'est pas une pensée qui, de base, est hyper fun à avoir, certes. Mais c'est surtout que je sais que dans ces moments-là, pour moi, ça a été vraiment les seuls moments où je me disais, si là, je disparais, que ce soit par un accident de voiture, que ce soit parce que je mets fin à mes jours, que ce soit pour n'importe quelle autre raison. ou si juste là j'arrivais à ne plus exister, genre par exemple à m'endormir et ne plus jamais me réveiller, en fait ça m'apportait vraiment un sentiment un peu plus léger. J'avais l'impression que j'étais là en mode Ah ouais, c'est vrai qu'il y a cette solution et visiblement c'est la seule qui me fait, quand j'y pense, me sentir plus légère et moins lourde et moins vide. Et c'est très lourd à porter. Tu disais que c'était un peu dur à vivre parce que justement, les gens autour de toi, ça ne peut pas trop quoi faire. Oui, j'avais un peu ce truc de je ne peux pas me laisser aller non plus comme ça, même si j'en avais très envie. Je me forçais du coup à sortir, à aller voir un peu des gens, même si je n'y allais pas beaucoup. Et c'est horrible en fait, parce que je me retrouvais avec des gens que j'apprécie énormément, que j'aime de ouf. Et j'étais incapable de porter de l'intérêt à ce qu'on me racontait. Et en fait, je me sentais hyper extérieur à... à la discussion, même si j'étais en plein milieu dedans. En fait, je sais comment réagir, je sais ce qu'on attend de moi, je sais comment le faire, mais à l'intérieur de moi, il n'y a rien qui m'anime. Et c'est ce truc un peu de masque social qu'on met tous dans notre vie. Et du coup, ce masque social, en fait, il y a un moment où je n'ai plus l'énergie de le mettre, où déjà, quand j'étais en dehors, je pouvais le mettre un peu, mais... J'allais très vite pas trop participer à la conversation parce que ça allait trop me fatiguer de le mettre. Quand j'étais du coup chez ma copine, il y avait vraiment ce truc où j'étais incapable de le mettre. J'étais en mode là, je suis censée être le plus à nu possible. Et du coup, il y avait un peu ce truc de relâchement. Ok, là, je ne peux pas faire autrement et je ne peux pas donner autre chose. C'est arrivé vraiment à un point assez dur et assez fort, puisque au nouvel an de 2022-2023, je devais avoir une soirée, etc. J'avais enchaîné avec mon taf la veille, où déjà je n'avais pas fait des trucs de ouf, puisque je commençais justement à ne pas arriver à avoir assez d'énergie pour faire ça bien, pour ce travail, pour mettre de l'énergie dans ce travail et du coup faire mon travail correctement. Et en fait, j'étais juste... épuisée déjà de ces deux jours de sociabilité avec les gens, de masque social que j'arrivais plus trop à mettre, et du fait que moi aussi, je m'en rendais compte et que j'avais l'impression que tout ce que j'avais pu construire à un moment, ça s'effondrait complètement. Et donc du coup, on arrive cette soirée de Nouvel An et j'avais vraiment pas du tout envie. Enfin, j'étais vraiment, je pense, dans le... C'est un moment hyper sombre et vraiment en full détresse. Et... Donc je demande du coup à ma copine, je lui dis, est-ce que tu pourrais rester avec moi parce que moi j'ai... J'ai pas envie de rester seule, mais j'ai pas envie non plus de faire trop de l'associabilité. Je pourrais pas faire un nouvel an. Je me sentais pas du tout assez forte pour en faire un. Et du coup, elle me dit, je suis désolée, moi j'ai ma soirée de prévue, j'ai bien envie d'y aller et tout. Et c'est très compréhensible. Comme c'est très dur de rester avec quelqu'un qui est en dépression, et surtout qu'on vivait ensemble à ce moment-là, c'est les moments où tu peux avoir un peu de liberté, où t'es un peu en mode... Ok, je peux respirer de l'ambiance qui est atroce dans un appartement, puisque c'est un appartement de plus de 35 mètres carrés. Et bah, en vrai, tu prends l'occasion, tu vois, c'est grave normal. Et du coup, elle va à sa soirée et en fait... J'étais vraiment dans ce truc de Ok, faut que t'y ailles, là ça va pas, fais quelque chose. Et du coup, j'étais en train de faire une salade et de couper des olives pour faire la salade. Et en fait, je suis arrivée à ce point où j'avais l'impression que j'étais tellement en détresse et tellement dans le mal et tellement dans une souffrance que je n'arrivais pas à calmer et que je ne voyais pas la fin ni même le début. Et j'étais en train de couper mes olives. Et en fait, je me suis vraiment arrêtée une seconde. Et j'ai vraiment cette pensée qui m'a dit, si là, tu plantes ce couteau dans ta carotide, dans trois minutes, c'est terminé. Et en trois minutes, c'est fini. T'as plus de souffrance, t'as plus rien. C'est que du repos. Et je sais que ça m'a vraiment apporté tellement de soulagement de me dire que là, ça pourrait être terminé, que j'étais vraiment à deux doigts de le faire. Et je suis vraiment pas passé loin de me botter la vie, ce qui est horrible. Je tiens aussi à préciser que quand t'as une dépression, généralement, t'as pas forcément envie de mourir. C'est juste que pour toi, la seule solution que tu vois, ce serait que ta vie s'arrête pour arrêter tes souffrances. Et tu te sens tellement démuni face à ça que c'est un peu la seule solution, mais l'envie de mourir n'est pas forcément là. Enfin, je veux dire, c'est que c'est pas... Tu te dis pas, ça n'arrive pas d'un coup et tu te dis, ok, je me jette sur un pont et ça va être super. Il y a quand même un état de réflexion où oui, tu sais que t'as peur de ces pensées-là, puisqu'elles arrivent et qu'elles arrivent très souvent, et que justement ça te soulage un peu, et c'est assez étrange, et c'est une dualité qui est extrêmement difficile à gérer aussi. Et surtout que moi j'avais l'impression de ne pas savoir vraiment à qui en parler, de ne pas vraiment dire est-ce que c'est ok si je dis que j'ai envie de mourir, parce que je ne peux pas le dire à tout le monde, parce que c'est extrêmement dur à supporter pour moi, mais aussi du coup pour les autres d'entendre ça. Et du coup c'est un peu, c'est très confus à ce moment-là. Mais je sais que du coup, à ce moment-là, il est vraiment... Cet instant, il est suspendu un peu. J'ai eu l'impression que le temps s'arrêtait et que c'était vraiment le saint graal de l'idée. Il y a toute l'accumulation de la souffrance et de la douleur qui, là, m'ont fait dire, OK, là, c'est la fin. Et en fait, c'est bien. Ça va être bien de justement plus souffrir et plus douiller et plus être dans cette lourdeur profonde. Et si je suis là, c'est que ça ne s'est pas passé. Et en fait, il a suffi juste... Je vivais du coup chez ma copine et j'avais amené mes deux Ausha avec moi. Et en fait, un de mes Ausha, Barbossa, a juste miaulé. Et ça m'a fait un peu reprendre confiance avec la réalité. J'ai regardé ma main avec le couteau. J'ai lâché le couteau et j'ai regardé Barbossa. Et j'étais là, OK. En fait, ce moment, cette espèce de... de moments suspendus dans le temps, il s'est d'un coup arrêté. Et c'est pour ça que quand je dis quand t'es en dépression, t'as pas forcément envie de mourir, parce qu'en fait, il m'a juste fallu ce signe, ce qui pour moi est un signe, mais s'il faut, elle avait juste envie de manger des croquettes. Mais pour moi, ça a été un signe de je peux pas mourir parce que j'ai des animaux qui comptent sur moi. Et en fait, je les aime trop pour pouvoir les quitter et pas être avec eux. J'ai lâché le couteau, j'ai regardé Barbossa, je suis allée m'asseoir sur le canapé et j'étais un peu en mode, ok, il vient de... Il vient de se passer ça. Et en fait, j'étais en mode, ok, là, si tu restes seule, c'est pas possible. Tu vas pas survivre à cette nuit. C'est sûr qu'il va t'arriver de la merde et que tu vas faire de la merde. Donc, va à ta soirée de Nouvel An et let's go. Et t'as pas d'autre choix, en fait. Et du coup, je suis allée à cette soirée où j'ai extrêmement bu pour oublier. J'ai l'impression que même après, les jours... Les jours qui ont un peu découlé, c'était... Je ne me rappelle pas vraiment. Je pense qu'il y a encore beaucoup de dissociations à ce moment-là. Et je sais que par exemple, pour mon TAF, c'était mon premier mois de travail. Et ça, c'est du coup un moment ressenti assez pour que j'avais fait plein de merde, j'avais oublié des commandes, j'avais oublié de retaper des trucs, j'avais pas tout tapé de la même commande ou j'avais tapé sur la mauvaise table, j'avais pas amené les bonnes assiettes à la bonne. Enfin bref, j'avais fait plein de bêtises qui sont très nulles, mais c'est juste parce que j'avais plus d'énergie, plus de trucs. Et on arrive à la fin de la soirée et du coup, j'ai un de mes collègues de taf qui dit bon, est-ce qu'on fait un petit débrief de cette soirée ? qui était un peu chaotique. Et du coup, chacun fait un peu son débrief de la soirée, de comment on pourrait améliorer. Et du coup, on arrive à la question de et toi, qu'est-ce que t'en penses ? Et moi, j'étais vraiment en mode je sais que c'est tout à fait pour moi ce moment-là. Je sais que même ce débrief est pour ma gueule. Et du coup, en fait, comme j'étais en mode quoi qu'il arrive, j'arrive pas à masquer, je fais de la merde, j'arrive même plus à gérer au taf. Chose que j'avais toujours quand même bien réussi à gérer avant. où j'arrivais justement à ne pas montrer que ça n'allait pas très bien, où j'étais fatiguée, où j'étais dans ces petits états dépressifs. Et là, je n'y arrivais plus du tout. Et du coup, je leur dis, voilà, j'ai été diagnostiquée en dépression. Et en fait, je suis désolée, mais juste, je n'ai pas l'énergie de faire mieux que ça. Et je suis désolée. Et ce que je m'attendais, c'était vraiment un peu une réaction de, en fait, tu viens de commencer, tu ne peux pas être dans cet état-là. On t'a engagé pour faire un taf avec certaines conditions, ce qui est normal. Et en fait, je n'ai pas du tout eu ce retour-là. J'ai eu un retour qui était hyper bienveillant et avec une petite blagounette pour dédramatiser un peu la situation et le ok, d'accord, du coup, on va faire attention Et je sais que par rapport à mon taf, moi, ça m'a grave libérée d'un poids de en fait, si je ne vais pas bien un week-end, ce n'est pas grave, je peux juste leur dire ok, ça ne va pas trop là et je vais faire de mon mieux, mais ce sera un peu chaotique Et qu'en fait, en face, ça allait être bien reçu et que c'était OK. Et en fait, déjà, ça enlève un poids qui est incroyable. Parce que comme j'en parlais tout à l'heure, le masque social qu'on met au travail, moi, je trouve qu'il est très présent et surtout dans un travail qui demande de la sociabilité, par exemple en restauration, quand tu es en contact clientèle tout le temps. Ce poids-là enlevé, en plus du fait que du coup, ma psy, quand je l'ai vu, quand on m'a diagnostiqué en dépression, elle m'a dit d'accord. Bon, du coup, on va mettre en place des petites solutions. À savoir qu'au début, l'option des médicaments a été proposée. Et personnellement, je pense que si tu as besoin de médicaments, ça peut être très bien, ça peut grafter dans la vie. Moi, je sais que je n'en ai pas voulu parce que je sais que j'en ai un peu peur quand même. J'ai peur de la dépendance. Et du coup, on a convenu sur des trucs full plantes, mais bien concentrés pour que je puisse déjà mieux dormir, que j'arrive à gérer un peu plus le stress qui m'habitait constamment. Et en vrai, ça... trop bien fonctionné, je pense qu'un cumul de tout ça a vachement bien fonctionné sur moi puisque j'ai commencé ma dépression vers début décembre à peu près. Et on va dire que vers mi-février, j'étais en mode Ok, ça va beaucoup mieux, je redors au moins 6h par nuit, ce qui est trop bien, ce qui me repose beaucoup plus. J'étais moins stressée, j'avais plus d'énergie pour faire des choses et du coup aussi plus l'envie de me dire Ok, là j'ai l'impression que je renage un peu et que je nage vers la lumière. Et du coup, ça me donnait plus envie, j'avais plus d'énergie pour faire des choses que j'aime, qui du coup me faisaient plaisir à refaire après autant de temps. Et je pense que j'ai eu de la chance aussi d'être bien entourée à ce moment-là, de savoir que j'avais des gens qui étaient là pour m'écouter, que ce soit mes amis, mais aussi ma psy, mais aussi du coup mes collègues de taf qui sont devenus mes grands copains. Comment tu te sentais justement pendant cette dépression par rapport aux autres, aux regards qu'ils pouvaient porter sur toi, ou au moins du regard que toi tu percevais de sur toi ? Déjà, une énorme différence par rapport à moi-même, puisque je me sentais complètement étrangère à mon corps. Et du coup, encore une fois, il y avait l'indifférence de ce qui se passait autour de moi, un mélange de culpabilité, parce que justement j'étais indifférente par rapport à ce qui se passait autour de moi. Et le sentiment de ne pas être à ma place et d'être là sans être là, en fait. J'avais l'impression de faire plus pitié qu'autre chose, ce qui n'était pas très agréable à ressentir. Et genre un peu une pitié mesquine, un peu, du oh la pauvre fille, c'est dommage qui n'est pas du tout, je pense, ce que les gens ont pensé. Ouais, et vraiment, c'est être à côté de la plaque tout le temps. Être là sans être là, être présente physiquement, mais à l'intérieur, il y a Walou. Et c'est aussi ce qui fait, je pense, d'avoir développé un peu ce masque et de dire, OK, il faut que je réagisse quand on me fait une blague. Il faut que, si on me dit ça, je suis de doigt à exprimer techniquement cette émotion. Donc, ça se transmet par un grand smile ou alors des plus grands yeux, un regard un peu plus empathique ou quelque chose comme ça. Un peu comme si, juste, j'avais appris des codes sociaux et que là, c'était un peu un robot qui était en mode, OK. Il se passe ça, réaction A, hop là, action B, réaction C, et on fait comme ça, et que tout était motorisé, mais qu'il n'y avait plus d'âme à l'intérieur. Et comment est-ce que tu as l'impression que ton entourage percevait ça ? Pour les personnes, par exemple, pour la copine avec qui je vivais, elle l'a très clairement compris. Qu'au début, c'était vraiment une façade, puisqu'elle me disait, meuf, t'es pas toi, ça te voit, t'es pas là, tu me regardes sans me regarder, tu... agit comme un robot et je sens bien qu'il n'y a rien derrière. J'ai l'impression, je pense aussi par ego, que mon masque social a un peu bien fonctionné pendant un certain temps. et que ça fonctionnait bien sur des gens que je vois peut-être moins ou que je côtoie moins au quotidien. Mais je sais aussi que j'en avais quand même un peu parlé à certaines personnes où j'étais là en mode ouais, ça va pas et je me sens vide et c'est vraiment pas ouf. Et où du coup, oui, ces personnes ont forcément dû remarquer, mais moi j'étais, je pense encore de ce truc d'ego et de déni, de ça va, tu mets encore bien ton masque et personne voit rien et tranquille Alors que par exemple, des personnes... que j'avais connues par exemple comme mes collègues de travail que je connaissais depuis très peu de temps eux ont très vite remarqué aussi que ça allait pas très bien et que c'était pas normal et qu'il y avait du coup un petit couac dans l'équation voilà Et je me demandais pourquoi tu sentais ce besoin de cacher ta dépression Je pense que ça vient du fait que socialement parlant il y a un peu hum ce truc de tu n'as pas le droit de montrer que tu vas mal. Même si tu peux en parler, il ne faut pas que ce soit trop ardu et trop dur. Il faut que ça reste un peu en surface, du genre, oh non, j'ai laissé ma fenêtre ouverte alors qu'il pleuvait. Et que c'est toujours beaucoup plus difficile et beaucoup plus touchy, même pour toi, de parler de... de quelque chose de plus dur et de plus impactant. Je pense aussi que pour moi, ça vient du côté où j'ai beaucoup internalisé le fait dans ma jeunesse et dans mon enfance que montrer ma vulnérabilité, c'était laisser une occasion aux autres de pouvoir utiliser cette vulnérabilité pour me faire du mal. J'ai plus facilement tendance à me renfermer dans un coin ou à me renfermer avec moi-même quand il y a quelque chose qui ne va pas et à ne pas trop en parler ou galérer à en parler. Et voilà, je pense que c'est vraiment ça qui... personnellement fait que j'avais besoin de montrer que ça allait quand même bien ou de réagir correctement à ce qu'on attendait de moi un peu. Qu'est-ce que tu conseillerais à quelqu'un qui est en dépression ? Je pense que déjà, c'est de pas forcer. En fait, si t'as pas l'énergie, t'as pas l'énergie et c'est ok de pas en avoir. Après, évidemment, c'est une maladie, donc il faut trouver quelqu'un pour être suivi. Ça peut être très compliqué aussi de trouver un bon psy ou une bonne psy qui peut t'aider. Ça peut être aussi très cher. Je sais qu'il y a d'autres solutions plus gratuites, par exemple comme les psychiatres, si à un moment tu ne te sens vraiment pas bien. Je sais aussi que si, par exemple, tu es étudiant, étudiante, il y a certains psys qui soit font des rabais, soit ont des certaines séances qui sont gratuites pendant un certain temps. Il faut voir aussi en fonction de ta mutuelle, ça peut être trop bien. Et je pense qu'en fait, en parler même à une infirmière, si tu n'as vraiment pas l'occasion ou les moyens de pouvoir te le permettre, et en vrai c'est trop dommage parce que ça devrait être accessible à tout le monde puisque la santé mentale c'est hyper important. Donc premièrement, du coup, pas forcer. À la limite, se forcer juste un peu pour aller voir un psy ou aller voir des amis et au moins être écouté. En parler... assez aussi rapidement, ne pas se renfermer parce que se renfermer, c'est laisser aussi un peu l'abîme te dévorer et te laisser te noyer dans cette espèce de noirceur et d'océan de souffrance et de lourdeur. J'ai bien envie de dire ne pas culpabiliser, mais c'est très facile à dire plutôt qu'à faire, évidemment. Surtout, c'est OK si tu ne vas pas bien. C'est OK d'être aidé. C'est OK d'avoir besoin d'aide. C'est important de la demander aussi. Surtout foncez, demandez de l'aide, c'est trop bien d'en recevoir. Et en fait surtout vous verrez que si vous demandez de l'aide vous allez forcément en avoir. Il y a un peu ce sentiment que rien ne pourra te sortir de là, même pas les gens, et surtout en fait tu te sens très seule aussi dans ces moments-là. Puisque t'es seule face à ta souffrance, t'es seule face à ta douleur, t'es seule face au vide un peu, comme t'as ce sentiment d'incompréhension et envers toi-même et de la part des autres, la solitude elle arrive très rapidement aussi. Et en fait, faut pas se laisser mener par cette solitude. Demander de l'aide, c'est trop bien. Et surtout, quand on en demande, on en reçoit. Il y a un peu ce truc quand je disais, en fait, t'as juste besoin des fois d'une petite preuve que mourir, c'est pas la fin. et qu'il y a des gens que t'aimes ou des animaux que t'aimes ou des passions que t'aimes ou des trucs comme ça qui, en gros, vont te faire tenir et te dire En fait, je ne vais pas mourir parce que, par exemple, pour moi, ça a été vraiment... Je ne vais pas mourir parce que je ne veux pas quitter mes animaux et je n'ai pas envie qu'ils soient pris en charge par quelqu'un d'autre. Ça peut être très con, c'est vraiment juste des Ausha. Pour plein de gens, c'est juste un animal de compagnie et ce n'est pas aussi dingue. Pour moi, ça a été vraiment... ma... mon miaulement salvateur un peu qui m'a permis de me dire ok en fait j'ai quelque chose j'ai quelqu'un j'ai un animal, j'ai une présence à laquelle me raccrocher et qui mérite que je me batte un peu et que j'essaie au moins de m'en sortir même si évidemment sur le moment t'as l'impression que jamais tu vas t'en sortir mais il y a quelque chose en fait qui me retient à cette vie et il faut s'y accrocher et ça c'est pas la partie la plus facile mais c'est important Il faut s'en rappeler aussi que vous n'êtes pas seul dans cette histoire et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent être là pour vous et vous aider. Et qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage d'une personne qui vit une dépression ? Déjà, il ne faut pas culpabiliser la personne. Il faut internaliser le fait que c'est une maladie mentale et que cette personne n'y peut rien si elle n'arrive pas à se lever, si elle n'arrive pas à se brosser les dents, si elle est incapable d'avoir une bonne hygiène de vie ou de manger quelque chose de décent. C'est une période qui n'est évidemment pas facile pour les deux parties. Il faut quand même garder un peu de recul avec l'histoire et se dire que tu donnes ton maximum pour aider cette personne, que ce soit parce que tu lui fais les courses, tu le prépares à manger, tu l'aides. Tu la motives si elle veut sortir, tu l'accompagnes, tu l'écoutes parler. Des fois, juste aussi être là pour la personne, pas forcément en discutant, mais juste être à côté et lui dire je suis avec toi, je suis là. Et viens, on se regarde juste un film, même si il n'y aura pas de réaction ou de retour ou autre. Et être là pour elle, même si c'est juste rien faire à deux. Mais il faut quand même arriver à prendre du recul et à se dire en fait, ce que je donne ne doit pas devenir. ta vie et ne doit pas prendre le pas sur qui tu es et au point de te blesser trop. Si tu t'impliques aussi beaucoup dans quelque chose d'aussi lourd et que généralement tu n'es pas apte, on n'est pas des professionnels de santé, on ne l'est pas tous, on n'est pas forcément tous aptes à vivre ça et à s'adapter à ça, le fait de trop s'impliquer, si tu n'as pas les armes médicales pour pouvoir t'en sortir et prendre ce recul, ça t'impacte énormément émotionnellement et aussi au niveau de ton humeur, etc. Et ça peut être nocif pour toi, et du coup ça devient juste un cercle vicieux, où c'est nocif pour les deux personnes, en fait. Quel est le regard de la société sur la santé mentale aujourd'hui ? Le regard est en train d'évoluer, selon moi, puisqu'on en parle beaucoup plus facilement, de manière quand même beaucoup plus libérée. où beaucoup plus de jeunes sont bien plus ouverts sur ça, et où il y a bien plus de facilité de dire, bah oui, moi je vais voir un psy, je suis quelqu'un, ça me fait du bien, c'est très chouette, ou je tente cette thérapie, je tente ce truc-là. Il y a bien plus, par exemple, de médias qui essaient d'en parler. Il y a aussi plein de plateformes qui permettent d'en parler, que ce soit par exemple le fait que YouTube ou encore TikTok, où je sais que moi j'ai pas mal de contenu sur justement de la santé mentale, du développement personnel ou autre. Et c'est trop trop bien, mais il y a encore, je pense, un écart générationnel qui fait que c'est encore très incompris de beaucoup de personnes, pas assez mis en avant. Et que du coup, par exemple, je pense que notre gouvernement n'est pas du tout assez en place des moyens de pouvoir y accéder plus facilement, gratuitement, afin que ça puisse aller pour du coup tout le monde, quelle que soit ta situation sociale, financière. économique, ça veut dire la même chose, mais voilà. Donc ça va mieux, je pense que ça pourrait être mieux aussi. Est-ce que tu aurais des supports à recommander à nos auditoristes qui se posent des questions sur la santé mentale ? Pour les supports, on peut utiliser pas mal de livres de développement. Je sais que par exemple pour des sujets un peu deep, où il faut être quand même un peu prêt à rentrer dans... dans tous tes schémas sociaux et dans tous tes schémas de l'enfance. Il y a Lise Bourbeau, qui est incroyable, qui a écrit par exemple un des livres qui s'est vendu, je ne sais pas à combien de millions d'exemplaires, mais qui est trop cool, qui s'appelle Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même qui est du coup centré sur ce que tu as pu vivre dans ton enfance, qui t'aurait développé certaines blessures, et comment est-ce qu'aujourd'hui tu réagis face à certaines situations, ou comment est-ce que tu te retrouves dans des situations similaires à ce que tu aurais pu vivre. Je sais que moi sur Instagram, je suis pas mal le psychologue.net, qui est du coup un média numérique qui va poster pas mal d'articles sur la santé mentale, sur des conditions aussi plus précises et sur différents troubles qui existent et qui peuvent t'affecter. Sur TikTok, je suis pas mal de psy aussi qui parle pour certains de relations sociales, de comment est-ce qu'elles se développent en fonction de ce que tu as vécu, de comment est-ce que tu peux t'aider. ou de même juste des fois rassuré en mode c'est ok si t'es comme ça c'est ok si t'as besoin de ça c'est ok machin j'ai Therapy Jeff qui du coup est un que je suis je pense le plus qui parle pas mal du coup des relations sociales et sentimentales aussi il y a aussi pareil sur TikTok que je suis Ben qui s'appelle vraiment Ben Trauma Therapy et aller voir un monsieur ou une madame ou une personne qui peut prendre soin de sa santé mentale et nous aider là dedans parce que c'est très cool. Il y a aussi des numéros qu'on peut appeler, qui sont du coup gratuits et qui permettent de pouvoir en parler à quelqu'un sans avoir forcément à affronter le regard de l'autre, parce que ça peut être très difficile aussi. Il y a par exemple Nightline, SOS Suicide, SOS Amitié, et en fait c'est des lignes qui vous permettent de vous exprimer, qui sont gratuites, anonymes et confidentielles du coup, et ça peut vous décharger un peu d'emploi. Et sachez encore une fois que vous n'êtes pas seul et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent vous aider. Et demander de l'aide, c'est cool, même si ce n'est pas facile.

Description

⚠️Trigger Warning : Cet épisode aborde des sujets sensibles tels que la dépression et le suicide. Pour éviter les passages les plus difficiles, nous vous recommandons de ne pas écouter les segments suivants :

9:50 - 10:50
14:30 - 17:30
28:20 - 29:25


Dans cet épisode, Marie-Paule partage son parcours de résilience marqué par la dépression, une lutte intérieure qui l'a profondément transformée. Elle revient sur son expérience, depuis ses premiers épisodes dépressifs jusqu'au point de rupture en décembre 2022.


Elle nous parle des symptômes de la dépression : la fatigue intense, la perte de motivation, les troubles du sommeil et de l'alimentation, et le sentiment d'être dissociée de son propre corps.


Le déni : longtemps, elle a caché sa souffrance derrière un masque social, incapable d'accepter ou de parler de son état.


Les pensées noires : cette spirale l'a conduite à penser au pire. C’est aussi le témoignage du chemin vers la guérison. Trouver la force de parler à ses proches et collègues, qui ont répondu avec bienveillance et soutien.


S'appuyer sur des consultations, des remèdes naturels et un entourage présent pour reconstruire son équilibre. Apprendre à s'écouter, à respecter ses limites, et à accepter de demander de l'aide et de la recevoir. 


Il est essentiel de parler, de reconnaître qu’on a le droit de ne pas aller bien. Pour les proches, il est important d’éviter de culpabiliser, de soutenir avec bienveillance et être simplement à l'écoute, ou présent. 


La société a fait évoluer son regard sur la santé mentale, mais il reste un écart générationnel qui freine une prise en charge pleinement adaptée.


Recommandations : 

📚 Lectures : 

  • “Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même” de Lise Bourbeau

🌐 Ressources en ligne :

  • Suivez Psychologue.net sur Instagram pour des conseils et des informations sur la santé mentale

  • Découvrez des psychologues et thérapeutes sur TikTok : @therapieJeff, @Bentraumatherapie

📞 Numéros utiles :

  • Nightline : Service d’écoute pour les étudiants (disponible dans plusieurs villes)

  • SOS Amitié : 24h/24, écoute bienveillante et anonyme

  • SOS Suicide : Assistance pour les personnes en détresse ou leurs proches

  • 3114 : Numéro national de prévention du suicide (service gratuit et disponible 24h/24).


Prenez soin de vous. 💙


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, entre autres, un podcast réalisé par Anaïs et Louisiane. Entre autres, c'est un podcast qui donne la parole à celles et ceux qui se sentent différents. Dans le mieux, vous écoutez notre quatrième podcast et aujourd'hui on est avec Marie-Paul. Bonjour ! Donc moi je suis Marie-Paul, j'ai 28 ans. J'ai deux Ausha, Barbossa et Ichibi, que j'aime beaucoup. J'aime beaucoup dessiner, j'aime bien, j'apprends le tattoo en auto indépendant et c'est très cool. J'aime aussi beaucoup mon taf qui est très chouette puisque je bosse avec des gens qui sont passionnants et passionnés. Et je suis barmaid du coup. Je suis très fan de One Piece et de Naruto. Et voilà. Est-ce que tu peux nous dire pourquoi tu te sens différente ? Alors, est-ce que je me sens différente ? Oui. Je pense pour plein de raisons qui sont très propres à moi-même. Je pense que dans un certain sens, tout le monde se sent différent d'une certaine manière. De mon côté, ça viendrait plus du côté de ma santé mentale, parce que je suis hypersensible et qu'il y a quelque temps, j'ai fait une dépression. Et là, vraiment, la différence est énorme avec les gens. Disclaimer, ce podcast peut aborder des sujets complexes comme la santé mentale, de la dépression, mais aussi le suicide ou encore des traumatismes extrêmement violents. Si vous êtes sensible à ça, faites attention à vous et regardez le minuteur pour peut-être passer ces moments-là. Est-ce que tu peux définir hypersensibilité et dépression selon tes termes à toi ? Alors, l'hypersensibilité, c'est défini par le fait d'avoir une sensibilité exacerbée. C'est très propre déjà à chacun aussi, il existe différents levels d'hypersensibilité. Il y a l'hypersensibilité un peu classique, où tu auras plus de facilité à ressentir les émotions des autres, où est-ce que tes propres émotions soient exacerbées. Et tu peux avoir l'hypersensibilité qui devient de l'hyperempathie, où tu ressens tellement les émotions des autres que... Tu peux en ressentir aussi, du coup, leur douleur physique. Ça a été dit par Leïla Bechti, mais c'est pas d'elle à la base. Où elle dit, en fait, ce qui effleure les autres me déchire. Et c'est un peu ce qu'on ressent, je trouve, en tant qu'hypersensible. Juste, s'il se passe un petit truc un peu joyeux, ça va pouvoir améliorer ton mood pour toute la journée. Et par contre, pour des émotions négatives, ça peut casser ton mood pour un simple petit truc. Parce que t'as pas trouvé ta paire de chaussettes préférée. Parce que t'as perdu un truc important. Et ce n'est pas si grave, il est chez toi, tu peux le retrouver. Mais sur le moment, ça t'atteint tellement que ça va enchaîner, et ça va rester dans toute ta journée avec un petit sentiment de down et de trucs pas ouf. Ça aussi, on revient au fait d'être plus sensible aux stimuli extérieurs, que ce soit du coup les émotions des autres, mais aussi les bruits, les mouvements de foule, la lumière. J'ai beaucoup de mal à suivre une conversation s'il y a beaucoup de musique à côté, ou genre une émission de télé. d'un autre côté et je ne vais pas arriver à suivre parce qu'il y aura trop de stimuli qui vont faire que je ne pourrai pas me concentrer seulement sur un seul truc. Je sais aussi que la lumière, par exemple, s'il fait très clair, même s'il fait nuageux, mais s'il fait très clair et très lumineux, ça a tendance à me faire mal aux yeux. Ça me permet aussi de porter des lunettes et d'être stylée. Mais ça a aussi un lien et une utilité pour moi. Pour la dépression, j'aimerais déjà préciser que c'est une maladie psychique et que c'est trop souvent considéré comme... de la flemme, de la fainéantise par plein de gens, principalement par des générations un peu plus vieilles, et que ce n'est pas vraiment encore reconnu comme une maladie mentale, alors que c'en est une. Et en fait, c'est vraiment un sentiment de vide énorme et de lourdeur extrême en même temps. Pour moi, ça a été vraiment le cas. Et c'est assez terrifiant parce que tu as l'impression un peu de tomber dans l'abîme et de... de couler complètement dedans et de ne pas pouvoir nager, de ne même pas avoir la force de nager pour t'en sortir. Est-ce que tu veux nous parler justement de ton parcours par rapport à la dépression ? Comment tu l'as géré ? Comment ça s'est passé par rapport au regard des autres ? Alors la dépression pour moi c'est arrivé un peu par étapes on va dire. Donc j'ai sombré à ce moment-là vraiment en dépression en décembre 2022. Mais durant toute l'année et même plusieurs fois dans ma vie, j'ai toujours eu ce que j'appelle des épisodes dépressifs qui sont des plus petites périodes où en fait tu as vraiment cet état dépressif qui arrive. Donc beaucoup de fatigue, pas envie de grand chose, tu n'as aucune motivation, aucune énergie, beaucoup de mal à dormir ou justement tu dors beaucoup trop. Et pareil pour la nourriture, soit tu t'alimentes pas, soit tu t'alimentes trop. Ça a commencé par, par exemple, deux jours, ou vraiment pendant deux jours, rien. J'avais aucune envie de rien, je galérais à me lever de mon lit, pas du tout l'énergie de me laver ou autre, mais je me disais, bon, bah c'est pas grave, c'est juste, je suis un peu fatiguée, c'est juste pour deux jours, je me repose et ça revient. Ça a augmenté, petit à petit, les périodes ont augmenté. Donc de peut-être un, deux jours par semaine et peut-être une fois par mois, deux jours par mois à peu près, ça a augmenté à peut-être deux fois dans le mois, puis une très longue semaine d'un coup, puis peut-être une dizaine de jours. Et à chaque fois, toujours un peu de déni dans le sens où non mais c'est pas grave, je suis juste fatiguée, mais j'ai le droit de me reposer, mais c'est ok, c'est pas si important. Et en fait, il y a eu un mois entier où j'ai, avant ce mois-là, j'ai un peu enchaîné beaucoup d'activités sociales. Ça m'a énormément fatiguée d'un coup, et pendant un mois entier, je galérais à sortir de chez moi. C'était en plus un mois où j'avais quitté mon travail, j'avais vécu un été trop bien, je m'étais amusée, j'étais allée voir mes copains, c'était trop trop cool. Je me suis retrouvée à devoir un peu reprendre une vie, et je sais pas si c'est ça aussi qui a fait ça, peut-être que ça a été un déclencheur. Je suis arrivée vraiment dans cet état dépressif d'un mois, j'avais du mal à me laver, je devais me laver peut-être une fois par semaine, un truc comme ça. Les brosser les dents, on n'en parle même pas. Et vraiment une fatigue horrible qui s'est terminée à la fin du mois. Et déjà là, je me disais OK, pas ouf, ça peut être pas mal d'en parler et de voir ma psy, puisque j'étais déjà suivie à ce moment-là. Mais comme j'étais sortie de ce mois un peu bien, j'étais en mode bon, non mais c'est pas grave, c'est OK. Encore une fois, beaucoup de déni, pas ouf, ne pas faire ça. Et donc arrive décembre, où en fait j'ai eu une galère d'appartement et je me suis retrouvée du coup à vivre pendant un mois chez une copine. Pareil, je ne sais pas exactement quel a été le déclencheur. Je pense que c'est parce que décembre, ce n'est jamais une période hyper géniale pour moi. C'est l'anniversaire de la mort de mon père. Et en plus de ça, j'ai des relations très conflictuelles avec ma famille. Donc la période de Noël, jamais très fun de se rappeler que je ne vais pas les voir. Et je pense qu'il y a un peu ça, le fait que pour une fois, je ne travaillais pas. Et généralement, dans la restauration, cette période-là, c'est une période où les gens sortent beaucoup puisqu'il y a beaucoup d'achats, il y a les achats de Noël. Et c'est une période qui est assez intensive au niveau du travail. Et là, en fait, je n'ai pas du tout eu ça, puisque quand j'ai commencé mon travail actuel, je ne travaillais que du coup en temps partiel. Et je pense que c'est le temps que j'ai eu de ressasser un peu tout ça et que justement, je n'ai jamais eu trop le temps avant parce que mon travail était assez intensif et que ça a fait un peu ressortir tout ce que je n'avais pas trop travaillé ou que j'avais un peu enfoui. J'ai vraiment sombré très rapidement. Il y a un moment où juste pareil, je n'y arrivais plus. J'arrivais plus à me lever, j'arrivais plus à me laver, sortir. Je savais qu'il fallait que je le fasse parce que je savais que j'étais pas bien, mais ça me demandait un effort qui était énorme. Et après, j'arrivais pas à dormir. Je dormais peut-être 3-4 heures par nuit, quelque chose comme ça. Toujours un état de fatigue qui est extrême, mais impossibilité de s'endormir parce que j'avais l'impression que mon cerveau allait jamais s'arrêter. Mais j'en suis arrivée au point où je me reconnaissais même plus dans le miroir, où en fait j'avais mon visage en face de moi. Et j'avais l'impression d'avoir vraiment ce plan un peu cinématographique, cinématique, cinématographique, où c'est un plan qui est filmé avec le personnage qui se regarde dans le miroir et on ne voit que ce plan du personnage dans le miroir. Et en fait, je savais que c'était moi parce que je connais mon visage, mais j'étais incapable de me reconnaître. J'étais hyper extérieure à moi et j'avais l'impression d'être... ailleurs de tout, ailleurs et en même temps trop présente parce que ce sentiment de fatigue extrême, de lourdeur et de vide incommensurable, c'est extrêmement difficile à vivre en fait. Parce que tu as à côté tout le monde qui te dit ok tu vas t'en sortir, il y a toujours un peu ce truc de si tu te bouges ça ira mieux tu vois, si tu marches un peu dehors alors qu'il fait un peu beau ça va aller mieux ça va te mettre dans un meilleur mood mais alors que pas du tout. Et c'est très dur à vivre et pour la personne, mais aussi pour les personnes qui sont à côté de toi, puisque rien de ce qu'elles font et rien de ce qu'elles peuvent t'apporter ne te suffit à toi pour t'en sortir. Et du coup, il y a un peu ce truc d'effort vain qui est horrible à ressentir pour la personne qui est en face de toi, horrible à ressentir pour moi, puisque j'avais l'impression que ma copine était frustrée de voir que ce qu'elle pouvait faire pour moi ne m'aidait pas. Et moi, à côté, j'étais juste trop fatiguée pour... réagir à ce qu'elle me disait ou à ce qu'elle voulait me faire faire ou à ce qu'elle voulait être en mode ok, viens, on va essayer de faire ça, on va essayer de faire ça je sais que t'aimes bien faire ça, donc je t'ai ramené tel ou tel truc et en fait ça ne servait à rien c'est un cercle vraiment infernal où t'as l'impression que rien ne te sortira de cet état-là moi personnellement j'en suis arrivée du coup à avoir vraiment ce côté de dépression où t'as des pensées hyper noires et où t'as l'impression que la seule chose qui te sortira de cette douleur et en même temps de ce vide, c'est vraiment ne plus être là, ne plus exister. C'est hyper dur à vivre en plus, puisque ce n'est pas une pensée qui, de base, est hyper fun à avoir, certes. Mais c'est surtout que je sais que dans ces moments-là, pour moi, ça a été vraiment les seuls moments où je me disais, si là, je disparais, que ce soit par un accident de voiture, que ce soit parce que je mets fin à mes jours, que ce soit pour n'importe quelle autre raison. ou si juste là j'arrivais à ne plus exister, genre par exemple à m'endormir et ne plus jamais me réveiller, en fait ça m'apportait vraiment un sentiment un peu plus léger. J'avais l'impression que j'étais là en mode Ah ouais, c'est vrai qu'il y a cette solution et visiblement c'est la seule qui me fait, quand j'y pense, me sentir plus légère et moins lourde et moins vide. Et c'est très lourd à porter. Tu disais que c'était un peu dur à vivre parce que justement, les gens autour de toi, ça ne peut pas trop quoi faire. Oui, j'avais un peu ce truc de je ne peux pas me laisser aller non plus comme ça, même si j'en avais très envie. Je me forçais du coup à sortir, à aller voir un peu des gens, même si je n'y allais pas beaucoup. Et c'est horrible en fait, parce que je me retrouvais avec des gens que j'apprécie énormément, que j'aime de ouf. Et j'étais incapable de porter de l'intérêt à ce qu'on me racontait. Et en fait, je me sentais hyper extérieur à... à la discussion, même si j'étais en plein milieu dedans. En fait, je sais comment réagir, je sais ce qu'on attend de moi, je sais comment le faire, mais à l'intérieur de moi, il n'y a rien qui m'anime. Et c'est ce truc un peu de masque social qu'on met tous dans notre vie. Et du coup, ce masque social, en fait, il y a un moment où je n'ai plus l'énergie de le mettre, où déjà, quand j'étais en dehors, je pouvais le mettre un peu, mais... J'allais très vite pas trop participer à la conversation parce que ça allait trop me fatiguer de le mettre. Quand j'étais du coup chez ma copine, il y avait vraiment ce truc où j'étais incapable de le mettre. J'étais en mode là, je suis censée être le plus à nu possible. Et du coup, il y avait un peu ce truc de relâchement. Ok, là, je ne peux pas faire autrement et je ne peux pas donner autre chose. C'est arrivé vraiment à un point assez dur et assez fort, puisque au nouvel an de 2022-2023, je devais avoir une soirée, etc. J'avais enchaîné avec mon taf la veille, où déjà je n'avais pas fait des trucs de ouf, puisque je commençais justement à ne pas arriver à avoir assez d'énergie pour faire ça bien, pour ce travail, pour mettre de l'énergie dans ce travail et du coup faire mon travail correctement. Et en fait, j'étais juste... épuisée déjà de ces deux jours de sociabilité avec les gens, de masque social que j'arrivais plus trop à mettre, et du fait que moi aussi, je m'en rendais compte et que j'avais l'impression que tout ce que j'avais pu construire à un moment, ça s'effondrait complètement. Et donc du coup, on arrive cette soirée de Nouvel An et j'avais vraiment pas du tout envie. Enfin, j'étais vraiment, je pense, dans le... C'est un moment hyper sombre et vraiment en full détresse. Et... Donc je demande du coup à ma copine, je lui dis, est-ce que tu pourrais rester avec moi parce que moi j'ai... J'ai pas envie de rester seule, mais j'ai pas envie non plus de faire trop de l'associabilité. Je pourrais pas faire un nouvel an. Je me sentais pas du tout assez forte pour en faire un. Et du coup, elle me dit, je suis désolée, moi j'ai ma soirée de prévue, j'ai bien envie d'y aller et tout. Et c'est très compréhensible. Comme c'est très dur de rester avec quelqu'un qui est en dépression, et surtout qu'on vivait ensemble à ce moment-là, c'est les moments où tu peux avoir un peu de liberté, où t'es un peu en mode... Ok, je peux respirer de l'ambiance qui est atroce dans un appartement, puisque c'est un appartement de plus de 35 mètres carrés. Et bah, en vrai, tu prends l'occasion, tu vois, c'est grave normal. Et du coup, elle va à sa soirée et en fait... J'étais vraiment dans ce truc de Ok, faut que t'y ailles, là ça va pas, fais quelque chose. Et du coup, j'étais en train de faire une salade et de couper des olives pour faire la salade. Et en fait, je suis arrivée à ce point où j'avais l'impression que j'étais tellement en détresse et tellement dans le mal et tellement dans une souffrance que je n'arrivais pas à calmer et que je ne voyais pas la fin ni même le début. Et j'étais en train de couper mes olives. Et en fait, je me suis vraiment arrêtée une seconde. Et j'ai vraiment cette pensée qui m'a dit, si là, tu plantes ce couteau dans ta carotide, dans trois minutes, c'est terminé. Et en trois minutes, c'est fini. T'as plus de souffrance, t'as plus rien. C'est que du repos. Et je sais que ça m'a vraiment apporté tellement de soulagement de me dire que là, ça pourrait être terminé, que j'étais vraiment à deux doigts de le faire. Et je suis vraiment pas passé loin de me botter la vie, ce qui est horrible. Je tiens aussi à préciser que quand t'as une dépression, généralement, t'as pas forcément envie de mourir. C'est juste que pour toi, la seule solution que tu vois, ce serait que ta vie s'arrête pour arrêter tes souffrances. Et tu te sens tellement démuni face à ça que c'est un peu la seule solution, mais l'envie de mourir n'est pas forcément là. Enfin, je veux dire, c'est que c'est pas... Tu te dis pas, ça n'arrive pas d'un coup et tu te dis, ok, je me jette sur un pont et ça va être super. Il y a quand même un état de réflexion où oui, tu sais que t'as peur de ces pensées-là, puisqu'elles arrivent et qu'elles arrivent très souvent, et que justement ça te soulage un peu, et c'est assez étrange, et c'est une dualité qui est extrêmement difficile à gérer aussi. Et surtout que moi j'avais l'impression de ne pas savoir vraiment à qui en parler, de ne pas vraiment dire est-ce que c'est ok si je dis que j'ai envie de mourir, parce que je ne peux pas le dire à tout le monde, parce que c'est extrêmement dur à supporter pour moi, mais aussi du coup pour les autres d'entendre ça. Et du coup c'est un peu, c'est très confus à ce moment-là. Mais je sais que du coup, à ce moment-là, il est vraiment... Cet instant, il est suspendu un peu. J'ai eu l'impression que le temps s'arrêtait et que c'était vraiment le saint graal de l'idée. Il y a toute l'accumulation de la souffrance et de la douleur qui, là, m'ont fait dire, OK, là, c'est la fin. Et en fait, c'est bien. Ça va être bien de justement plus souffrir et plus douiller et plus être dans cette lourdeur profonde. Et si je suis là, c'est que ça ne s'est pas passé. Et en fait, il a suffi juste... Je vivais du coup chez ma copine et j'avais amené mes deux Ausha avec moi. Et en fait, un de mes Ausha, Barbossa, a juste miaulé. Et ça m'a fait un peu reprendre confiance avec la réalité. J'ai regardé ma main avec le couteau. J'ai lâché le couteau et j'ai regardé Barbossa. Et j'étais là, OK. En fait, ce moment, cette espèce de... de moments suspendus dans le temps, il s'est d'un coup arrêté. Et c'est pour ça que quand je dis quand t'es en dépression, t'as pas forcément envie de mourir, parce qu'en fait, il m'a juste fallu ce signe, ce qui pour moi est un signe, mais s'il faut, elle avait juste envie de manger des croquettes. Mais pour moi, ça a été un signe de je peux pas mourir parce que j'ai des animaux qui comptent sur moi. Et en fait, je les aime trop pour pouvoir les quitter et pas être avec eux. J'ai lâché le couteau, j'ai regardé Barbossa, je suis allée m'asseoir sur le canapé et j'étais un peu en mode, ok, il vient de... Il vient de se passer ça. Et en fait, j'étais en mode, ok, là, si tu restes seule, c'est pas possible. Tu vas pas survivre à cette nuit. C'est sûr qu'il va t'arriver de la merde et que tu vas faire de la merde. Donc, va à ta soirée de Nouvel An et let's go. Et t'as pas d'autre choix, en fait. Et du coup, je suis allée à cette soirée où j'ai extrêmement bu pour oublier. J'ai l'impression que même après, les jours... Les jours qui ont un peu découlé, c'était... Je ne me rappelle pas vraiment. Je pense qu'il y a encore beaucoup de dissociations à ce moment-là. Et je sais que par exemple, pour mon TAF, c'était mon premier mois de travail. Et ça, c'est du coup un moment ressenti assez pour que j'avais fait plein de merde, j'avais oublié des commandes, j'avais oublié de retaper des trucs, j'avais pas tout tapé de la même commande ou j'avais tapé sur la mauvaise table, j'avais pas amené les bonnes assiettes à la bonne. Enfin bref, j'avais fait plein de bêtises qui sont très nulles, mais c'est juste parce que j'avais plus d'énergie, plus de trucs. Et on arrive à la fin de la soirée et du coup, j'ai un de mes collègues de taf qui dit bon, est-ce qu'on fait un petit débrief de cette soirée ? qui était un peu chaotique. Et du coup, chacun fait un peu son débrief de la soirée, de comment on pourrait améliorer. Et du coup, on arrive à la question de et toi, qu'est-ce que t'en penses ? Et moi, j'étais vraiment en mode je sais que c'est tout à fait pour moi ce moment-là. Je sais que même ce débrief est pour ma gueule. Et du coup, en fait, comme j'étais en mode quoi qu'il arrive, j'arrive pas à masquer, je fais de la merde, j'arrive même plus à gérer au taf. Chose que j'avais toujours quand même bien réussi à gérer avant. où j'arrivais justement à ne pas montrer que ça n'allait pas très bien, où j'étais fatiguée, où j'étais dans ces petits états dépressifs. Et là, je n'y arrivais plus du tout. Et du coup, je leur dis, voilà, j'ai été diagnostiquée en dépression. Et en fait, je suis désolée, mais juste, je n'ai pas l'énergie de faire mieux que ça. Et je suis désolée. Et ce que je m'attendais, c'était vraiment un peu une réaction de, en fait, tu viens de commencer, tu ne peux pas être dans cet état-là. On t'a engagé pour faire un taf avec certaines conditions, ce qui est normal. Et en fait, je n'ai pas du tout eu ce retour-là. J'ai eu un retour qui était hyper bienveillant et avec une petite blagounette pour dédramatiser un peu la situation et le ok, d'accord, du coup, on va faire attention Et je sais que par rapport à mon taf, moi, ça m'a grave libérée d'un poids de en fait, si je ne vais pas bien un week-end, ce n'est pas grave, je peux juste leur dire ok, ça ne va pas trop là et je vais faire de mon mieux, mais ce sera un peu chaotique Et qu'en fait, en face, ça allait être bien reçu et que c'était OK. Et en fait, déjà, ça enlève un poids qui est incroyable. Parce que comme j'en parlais tout à l'heure, le masque social qu'on met au travail, moi, je trouve qu'il est très présent et surtout dans un travail qui demande de la sociabilité, par exemple en restauration, quand tu es en contact clientèle tout le temps. Ce poids-là enlevé, en plus du fait que du coup, ma psy, quand je l'ai vu, quand on m'a diagnostiqué en dépression, elle m'a dit d'accord. Bon, du coup, on va mettre en place des petites solutions. À savoir qu'au début, l'option des médicaments a été proposée. Et personnellement, je pense que si tu as besoin de médicaments, ça peut être très bien, ça peut grafter dans la vie. Moi, je sais que je n'en ai pas voulu parce que je sais que j'en ai un peu peur quand même. J'ai peur de la dépendance. Et du coup, on a convenu sur des trucs full plantes, mais bien concentrés pour que je puisse déjà mieux dormir, que j'arrive à gérer un peu plus le stress qui m'habitait constamment. Et en vrai, ça... trop bien fonctionné, je pense qu'un cumul de tout ça a vachement bien fonctionné sur moi puisque j'ai commencé ma dépression vers début décembre à peu près. Et on va dire que vers mi-février, j'étais en mode Ok, ça va beaucoup mieux, je redors au moins 6h par nuit, ce qui est trop bien, ce qui me repose beaucoup plus. J'étais moins stressée, j'avais plus d'énergie pour faire des choses et du coup aussi plus l'envie de me dire Ok, là j'ai l'impression que je renage un peu et que je nage vers la lumière. Et du coup, ça me donnait plus envie, j'avais plus d'énergie pour faire des choses que j'aime, qui du coup me faisaient plaisir à refaire après autant de temps. Et je pense que j'ai eu de la chance aussi d'être bien entourée à ce moment-là, de savoir que j'avais des gens qui étaient là pour m'écouter, que ce soit mes amis, mais aussi ma psy, mais aussi du coup mes collègues de taf qui sont devenus mes grands copains. Comment tu te sentais justement pendant cette dépression par rapport aux autres, aux regards qu'ils pouvaient porter sur toi, ou au moins du regard que toi tu percevais de sur toi ? Déjà, une énorme différence par rapport à moi-même, puisque je me sentais complètement étrangère à mon corps. Et du coup, encore une fois, il y avait l'indifférence de ce qui se passait autour de moi, un mélange de culpabilité, parce que justement j'étais indifférente par rapport à ce qui se passait autour de moi. Et le sentiment de ne pas être à ma place et d'être là sans être là, en fait. J'avais l'impression de faire plus pitié qu'autre chose, ce qui n'était pas très agréable à ressentir. Et genre un peu une pitié mesquine, un peu, du oh la pauvre fille, c'est dommage qui n'est pas du tout, je pense, ce que les gens ont pensé. Ouais, et vraiment, c'est être à côté de la plaque tout le temps. Être là sans être là, être présente physiquement, mais à l'intérieur, il y a Walou. Et c'est aussi ce qui fait, je pense, d'avoir développé un peu ce masque et de dire, OK, il faut que je réagisse quand on me fait une blague. Il faut que, si on me dit ça, je suis de doigt à exprimer techniquement cette émotion. Donc, ça se transmet par un grand smile ou alors des plus grands yeux, un regard un peu plus empathique ou quelque chose comme ça. Un peu comme si, juste, j'avais appris des codes sociaux et que là, c'était un peu un robot qui était en mode, OK. Il se passe ça, réaction A, hop là, action B, réaction C, et on fait comme ça, et que tout était motorisé, mais qu'il n'y avait plus d'âme à l'intérieur. Et comment est-ce que tu as l'impression que ton entourage percevait ça ? Pour les personnes, par exemple, pour la copine avec qui je vivais, elle l'a très clairement compris. Qu'au début, c'était vraiment une façade, puisqu'elle me disait, meuf, t'es pas toi, ça te voit, t'es pas là, tu me regardes sans me regarder, tu... agit comme un robot et je sens bien qu'il n'y a rien derrière. J'ai l'impression, je pense aussi par ego, que mon masque social a un peu bien fonctionné pendant un certain temps. et que ça fonctionnait bien sur des gens que je vois peut-être moins ou que je côtoie moins au quotidien. Mais je sais aussi que j'en avais quand même un peu parlé à certaines personnes où j'étais là en mode ouais, ça va pas et je me sens vide et c'est vraiment pas ouf. Et où du coup, oui, ces personnes ont forcément dû remarquer, mais moi j'étais, je pense encore de ce truc d'ego et de déni, de ça va, tu mets encore bien ton masque et personne voit rien et tranquille Alors que par exemple, des personnes... que j'avais connues par exemple comme mes collègues de travail que je connaissais depuis très peu de temps eux ont très vite remarqué aussi que ça allait pas très bien et que c'était pas normal et qu'il y avait du coup un petit couac dans l'équation voilà Et je me demandais pourquoi tu sentais ce besoin de cacher ta dépression Je pense que ça vient du fait que socialement parlant il y a un peu hum ce truc de tu n'as pas le droit de montrer que tu vas mal. Même si tu peux en parler, il ne faut pas que ce soit trop ardu et trop dur. Il faut que ça reste un peu en surface, du genre, oh non, j'ai laissé ma fenêtre ouverte alors qu'il pleuvait. Et que c'est toujours beaucoup plus difficile et beaucoup plus touchy, même pour toi, de parler de... de quelque chose de plus dur et de plus impactant. Je pense aussi que pour moi, ça vient du côté où j'ai beaucoup internalisé le fait dans ma jeunesse et dans mon enfance que montrer ma vulnérabilité, c'était laisser une occasion aux autres de pouvoir utiliser cette vulnérabilité pour me faire du mal. J'ai plus facilement tendance à me renfermer dans un coin ou à me renfermer avec moi-même quand il y a quelque chose qui ne va pas et à ne pas trop en parler ou galérer à en parler. Et voilà, je pense que c'est vraiment ça qui... personnellement fait que j'avais besoin de montrer que ça allait quand même bien ou de réagir correctement à ce qu'on attendait de moi un peu. Qu'est-ce que tu conseillerais à quelqu'un qui est en dépression ? Je pense que déjà, c'est de pas forcer. En fait, si t'as pas l'énergie, t'as pas l'énergie et c'est ok de pas en avoir. Après, évidemment, c'est une maladie, donc il faut trouver quelqu'un pour être suivi. Ça peut être très compliqué aussi de trouver un bon psy ou une bonne psy qui peut t'aider. Ça peut être aussi très cher. Je sais qu'il y a d'autres solutions plus gratuites, par exemple comme les psychiatres, si à un moment tu ne te sens vraiment pas bien. Je sais aussi que si, par exemple, tu es étudiant, étudiante, il y a certains psys qui soit font des rabais, soit ont des certaines séances qui sont gratuites pendant un certain temps. Il faut voir aussi en fonction de ta mutuelle, ça peut être trop bien. Et je pense qu'en fait, en parler même à une infirmière, si tu n'as vraiment pas l'occasion ou les moyens de pouvoir te le permettre, et en vrai c'est trop dommage parce que ça devrait être accessible à tout le monde puisque la santé mentale c'est hyper important. Donc premièrement, du coup, pas forcer. À la limite, se forcer juste un peu pour aller voir un psy ou aller voir des amis et au moins être écouté. En parler... assez aussi rapidement, ne pas se renfermer parce que se renfermer, c'est laisser aussi un peu l'abîme te dévorer et te laisser te noyer dans cette espèce de noirceur et d'océan de souffrance et de lourdeur. J'ai bien envie de dire ne pas culpabiliser, mais c'est très facile à dire plutôt qu'à faire, évidemment. Surtout, c'est OK si tu ne vas pas bien. C'est OK d'être aidé. C'est OK d'avoir besoin d'aide. C'est important de la demander aussi. Surtout foncez, demandez de l'aide, c'est trop bien d'en recevoir. Et en fait surtout vous verrez que si vous demandez de l'aide vous allez forcément en avoir. Il y a un peu ce sentiment que rien ne pourra te sortir de là, même pas les gens, et surtout en fait tu te sens très seule aussi dans ces moments-là. Puisque t'es seule face à ta souffrance, t'es seule face à ta douleur, t'es seule face au vide un peu, comme t'as ce sentiment d'incompréhension et envers toi-même et de la part des autres, la solitude elle arrive très rapidement aussi. Et en fait, faut pas se laisser mener par cette solitude. Demander de l'aide, c'est trop bien. Et surtout, quand on en demande, on en reçoit. Il y a un peu ce truc quand je disais, en fait, t'as juste besoin des fois d'une petite preuve que mourir, c'est pas la fin. et qu'il y a des gens que t'aimes ou des animaux que t'aimes ou des passions que t'aimes ou des trucs comme ça qui, en gros, vont te faire tenir et te dire En fait, je ne vais pas mourir parce que, par exemple, pour moi, ça a été vraiment... Je ne vais pas mourir parce que je ne veux pas quitter mes animaux et je n'ai pas envie qu'ils soient pris en charge par quelqu'un d'autre. Ça peut être très con, c'est vraiment juste des Ausha. Pour plein de gens, c'est juste un animal de compagnie et ce n'est pas aussi dingue. Pour moi, ça a été vraiment... ma... mon miaulement salvateur un peu qui m'a permis de me dire ok en fait j'ai quelque chose j'ai quelqu'un j'ai un animal, j'ai une présence à laquelle me raccrocher et qui mérite que je me batte un peu et que j'essaie au moins de m'en sortir même si évidemment sur le moment t'as l'impression que jamais tu vas t'en sortir mais il y a quelque chose en fait qui me retient à cette vie et il faut s'y accrocher et ça c'est pas la partie la plus facile mais c'est important Il faut s'en rappeler aussi que vous n'êtes pas seul dans cette histoire et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent être là pour vous et vous aider. Et qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage d'une personne qui vit une dépression ? Déjà, il ne faut pas culpabiliser la personne. Il faut internaliser le fait que c'est une maladie mentale et que cette personne n'y peut rien si elle n'arrive pas à se lever, si elle n'arrive pas à se brosser les dents, si elle est incapable d'avoir une bonne hygiène de vie ou de manger quelque chose de décent. C'est une période qui n'est évidemment pas facile pour les deux parties. Il faut quand même garder un peu de recul avec l'histoire et se dire que tu donnes ton maximum pour aider cette personne, que ce soit parce que tu lui fais les courses, tu le prépares à manger, tu l'aides. Tu la motives si elle veut sortir, tu l'accompagnes, tu l'écoutes parler. Des fois, juste aussi être là pour la personne, pas forcément en discutant, mais juste être à côté et lui dire je suis avec toi, je suis là. Et viens, on se regarde juste un film, même si il n'y aura pas de réaction ou de retour ou autre. Et être là pour elle, même si c'est juste rien faire à deux. Mais il faut quand même arriver à prendre du recul et à se dire en fait, ce que je donne ne doit pas devenir. ta vie et ne doit pas prendre le pas sur qui tu es et au point de te blesser trop. Si tu t'impliques aussi beaucoup dans quelque chose d'aussi lourd et que généralement tu n'es pas apte, on n'est pas des professionnels de santé, on ne l'est pas tous, on n'est pas forcément tous aptes à vivre ça et à s'adapter à ça, le fait de trop s'impliquer, si tu n'as pas les armes médicales pour pouvoir t'en sortir et prendre ce recul, ça t'impacte énormément émotionnellement et aussi au niveau de ton humeur, etc. Et ça peut être nocif pour toi, et du coup ça devient juste un cercle vicieux, où c'est nocif pour les deux personnes, en fait. Quel est le regard de la société sur la santé mentale aujourd'hui ? Le regard est en train d'évoluer, selon moi, puisqu'on en parle beaucoup plus facilement, de manière quand même beaucoup plus libérée. où beaucoup plus de jeunes sont bien plus ouverts sur ça, et où il y a bien plus de facilité de dire, bah oui, moi je vais voir un psy, je suis quelqu'un, ça me fait du bien, c'est très chouette, ou je tente cette thérapie, je tente ce truc-là. Il y a bien plus, par exemple, de médias qui essaient d'en parler. Il y a aussi plein de plateformes qui permettent d'en parler, que ce soit par exemple le fait que YouTube ou encore TikTok, où je sais que moi j'ai pas mal de contenu sur justement de la santé mentale, du développement personnel ou autre. Et c'est trop trop bien, mais il y a encore, je pense, un écart générationnel qui fait que c'est encore très incompris de beaucoup de personnes, pas assez mis en avant. Et que du coup, par exemple, je pense que notre gouvernement n'est pas du tout assez en place des moyens de pouvoir y accéder plus facilement, gratuitement, afin que ça puisse aller pour du coup tout le monde, quelle que soit ta situation sociale, financière. économique, ça veut dire la même chose, mais voilà. Donc ça va mieux, je pense que ça pourrait être mieux aussi. Est-ce que tu aurais des supports à recommander à nos auditoristes qui se posent des questions sur la santé mentale ? Pour les supports, on peut utiliser pas mal de livres de développement. Je sais que par exemple pour des sujets un peu deep, où il faut être quand même un peu prêt à rentrer dans... dans tous tes schémas sociaux et dans tous tes schémas de l'enfance. Il y a Lise Bourbeau, qui est incroyable, qui a écrit par exemple un des livres qui s'est vendu, je ne sais pas à combien de millions d'exemplaires, mais qui est trop cool, qui s'appelle Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même qui est du coup centré sur ce que tu as pu vivre dans ton enfance, qui t'aurait développé certaines blessures, et comment est-ce qu'aujourd'hui tu réagis face à certaines situations, ou comment est-ce que tu te retrouves dans des situations similaires à ce que tu aurais pu vivre. Je sais que moi sur Instagram, je suis pas mal le psychologue.net, qui est du coup un média numérique qui va poster pas mal d'articles sur la santé mentale, sur des conditions aussi plus précises et sur différents troubles qui existent et qui peuvent t'affecter. Sur TikTok, je suis pas mal de psy aussi qui parle pour certains de relations sociales, de comment est-ce qu'elles se développent en fonction de ce que tu as vécu, de comment est-ce que tu peux t'aider. ou de même juste des fois rassuré en mode c'est ok si t'es comme ça c'est ok si t'as besoin de ça c'est ok machin j'ai Therapy Jeff qui du coup est un que je suis je pense le plus qui parle pas mal du coup des relations sociales et sentimentales aussi il y a aussi pareil sur TikTok que je suis Ben qui s'appelle vraiment Ben Trauma Therapy et aller voir un monsieur ou une madame ou une personne qui peut prendre soin de sa santé mentale et nous aider là dedans parce que c'est très cool. Il y a aussi des numéros qu'on peut appeler, qui sont du coup gratuits et qui permettent de pouvoir en parler à quelqu'un sans avoir forcément à affronter le regard de l'autre, parce que ça peut être très difficile aussi. Il y a par exemple Nightline, SOS Suicide, SOS Amitié, et en fait c'est des lignes qui vous permettent de vous exprimer, qui sont gratuites, anonymes et confidentielles du coup, et ça peut vous décharger un peu d'emploi. Et sachez encore une fois que vous n'êtes pas seul et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent vous aider. Et demander de l'aide, c'est cool, même si ce n'est pas facile.

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⚠️Trigger Warning : Cet épisode aborde des sujets sensibles tels que la dépression et le suicide. Pour éviter les passages les plus difficiles, nous vous recommandons de ne pas écouter les segments suivants :

9:50 - 10:50
14:30 - 17:30
28:20 - 29:25


Dans cet épisode, Marie-Paule partage son parcours de résilience marqué par la dépression, une lutte intérieure qui l'a profondément transformée. Elle revient sur son expérience, depuis ses premiers épisodes dépressifs jusqu'au point de rupture en décembre 2022.


Elle nous parle des symptômes de la dépression : la fatigue intense, la perte de motivation, les troubles du sommeil et de l'alimentation, et le sentiment d'être dissociée de son propre corps.


Le déni : longtemps, elle a caché sa souffrance derrière un masque social, incapable d'accepter ou de parler de son état.


Les pensées noires : cette spirale l'a conduite à penser au pire. C’est aussi le témoignage du chemin vers la guérison. Trouver la force de parler à ses proches et collègues, qui ont répondu avec bienveillance et soutien.


S'appuyer sur des consultations, des remèdes naturels et un entourage présent pour reconstruire son équilibre. Apprendre à s'écouter, à respecter ses limites, et à accepter de demander de l'aide et de la recevoir. 


Il est essentiel de parler, de reconnaître qu’on a le droit de ne pas aller bien. Pour les proches, il est important d’éviter de culpabiliser, de soutenir avec bienveillance et être simplement à l'écoute, ou présent. 


La société a fait évoluer son regard sur la santé mentale, mais il reste un écart générationnel qui freine une prise en charge pleinement adaptée.


Recommandations : 

📚 Lectures : 

  • “Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même” de Lise Bourbeau

🌐 Ressources en ligne :

  • Suivez Psychologue.net sur Instagram pour des conseils et des informations sur la santé mentale

  • Découvrez des psychologues et thérapeutes sur TikTok : @therapieJeff, @Bentraumatherapie

📞 Numéros utiles :

  • Nightline : Service d’écoute pour les étudiants (disponible dans plusieurs villes)

  • SOS Amitié : 24h/24, écoute bienveillante et anonyme

  • SOS Suicide : Assistance pour les personnes en détresse ou leurs proches

  • 3114 : Numéro national de prévention du suicide (service gratuit et disponible 24h/24).


Prenez soin de vous. 💙


Enregistré, mixé et boosté par Saucier🚀


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, entre autres, un podcast réalisé par Anaïs et Louisiane. Entre autres, c'est un podcast qui donne la parole à celles et ceux qui se sentent différents. Dans le mieux, vous écoutez notre quatrième podcast et aujourd'hui on est avec Marie-Paul. Bonjour ! Donc moi je suis Marie-Paul, j'ai 28 ans. J'ai deux Ausha, Barbossa et Ichibi, que j'aime beaucoup. J'aime beaucoup dessiner, j'aime bien, j'apprends le tattoo en auto indépendant et c'est très cool. J'aime aussi beaucoup mon taf qui est très chouette puisque je bosse avec des gens qui sont passionnants et passionnés. Et je suis barmaid du coup. Je suis très fan de One Piece et de Naruto. Et voilà. Est-ce que tu peux nous dire pourquoi tu te sens différente ? Alors, est-ce que je me sens différente ? Oui. Je pense pour plein de raisons qui sont très propres à moi-même. Je pense que dans un certain sens, tout le monde se sent différent d'une certaine manière. De mon côté, ça viendrait plus du côté de ma santé mentale, parce que je suis hypersensible et qu'il y a quelque temps, j'ai fait une dépression. Et là, vraiment, la différence est énorme avec les gens. Disclaimer, ce podcast peut aborder des sujets complexes comme la santé mentale, de la dépression, mais aussi le suicide ou encore des traumatismes extrêmement violents. Si vous êtes sensible à ça, faites attention à vous et regardez le minuteur pour peut-être passer ces moments-là. Est-ce que tu peux définir hypersensibilité et dépression selon tes termes à toi ? Alors, l'hypersensibilité, c'est défini par le fait d'avoir une sensibilité exacerbée. C'est très propre déjà à chacun aussi, il existe différents levels d'hypersensibilité. Il y a l'hypersensibilité un peu classique, où tu auras plus de facilité à ressentir les émotions des autres, où est-ce que tes propres émotions soient exacerbées. Et tu peux avoir l'hypersensibilité qui devient de l'hyperempathie, où tu ressens tellement les émotions des autres que... Tu peux en ressentir aussi, du coup, leur douleur physique. Ça a été dit par Leïla Bechti, mais c'est pas d'elle à la base. Où elle dit, en fait, ce qui effleure les autres me déchire. Et c'est un peu ce qu'on ressent, je trouve, en tant qu'hypersensible. Juste, s'il se passe un petit truc un peu joyeux, ça va pouvoir améliorer ton mood pour toute la journée. Et par contre, pour des émotions négatives, ça peut casser ton mood pour un simple petit truc. Parce que t'as pas trouvé ta paire de chaussettes préférée. Parce que t'as perdu un truc important. Et ce n'est pas si grave, il est chez toi, tu peux le retrouver. Mais sur le moment, ça t'atteint tellement que ça va enchaîner, et ça va rester dans toute ta journée avec un petit sentiment de down et de trucs pas ouf. Ça aussi, on revient au fait d'être plus sensible aux stimuli extérieurs, que ce soit du coup les émotions des autres, mais aussi les bruits, les mouvements de foule, la lumière. J'ai beaucoup de mal à suivre une conversation s'il y a beaucoup de musique à côté, ou genre une émission de télé. d'un autre côté et je ne vais pas arriver à suivre parce qu'il y aura trop de stimuli qui vont faire que je ne pourrai pas me concentrer seulement sur un seul truc. Je sais aussi que la lumière, par exemple, s'il fait très clair, même s'il fait nuageux, mais s'il fait très clair et très lumineux, ça a tendance à me faire mal aux yeux. Ça me permet aussi de porter des lunettes et d'être stylée. Mais ça a aussi un lien et une utilité pour moi. Pour la dépression, j'aimerais déjà préciser que c'est une maladie psychique et que c'est trop souvent considéré comme... de la flemme, de la fainéantise par plein de gens, principalement par des générations un peu plus vieilles, et que ce n'est pas vraiment encore reconnu comme une maladie mentale, alors que c'en est une. Et en fait, c'est vraiment un sentiment de vide énorme et de lourdeur extrême en même temps. Pour moi, ça a été vraiment le cas. Et c'est assez terrifiant parce que tu as l'impression un peu de tomber dans l'abîme et de... de couler complètement dedans et de ne pas pouvoir nager, de ne même pas avoir la force de nager pour t'en sortir. Est-ce que tu veux nous parler justement de ton parcours par rapport à la dépression ? Comment tu l'as géré ? Comment ça s'est passé par rapport au regard des autres ? Alors la dépression pour moi c'est arrivé un peu par étapes on va dire. Donc j'ai sombré à ce moment-là vraiment en dépression en décembre 2022. Mais durant toute l'année et même plusieurs fois dans ma vie, j'ai toujours eu ce que j'appelle des épisodes dépressifs qui sont des plus petites périodes où en fait tu as vraiment cet état dépressif qui arrive. Donc beaucoup de fatigue, pas envie de grand chose, tu n'as aucune motivation, aucune énergie, beaucoup de mal à dormir ou justement tu dors beaucoup trop. Et pareil pour la nourriture, soit tu t'alimentes pas, soit tu t'alimentes trop. Ça a commencé par, par exemple, deux jours, ou vraiment pendant deux jours, rien. J'avais aucune envie de rien, je galérais à me lever de mon lit, pas du tout l'énergie de me laver ou autre, mais je me disais, bon, bah c'est pas grave, c'est juste, je suis un peu fatiguée, c'est juste pour deux jours, je me repose et ça revient. Ça a augmenté, petit à petit, les périodes ont augmenté. Donc de peut-être un, deux jours par semaine et peut-être une fois par mois, deux jours par mois à peu près, ça a augmenté à peut-être deux fois dans le mois, puis une très longue semaine d'un coup, puis peut-être une dizaine de jours. Et à chaque fois, toujours un peu de déni dans le sens où non mais c'est pas grave, je suis juste fatiguée, mais j'ai le droit de me reposer, mais c'est ok, c'est pas si important. Et en fait, il y a eu un mois entier où j'ai, avant ce mois-là, j'ai un peu enchaîné beaucoup d'activités sociales. Ça m'a énormément fatiguée d'un coup, et pendant un mois entier, je galérais à sortir de chez moi. C'était en plus un mois où j'avais quitté mon travail, j'avais vécu un été trop bien, je m'étais amusée, j'étais allée voir mes copains, c'était trop trop cool. Je me suis retrouvée à devoir un peu reprendre une vie, et je sais pas si c'est ça aussi qui a fait ça, peut-être que ça a été un déclencheur. Je suis arrivée vraiment dans cet état dépressif d'un mois, j'avais du mal à me laver, je devais me laver peut-être une fois par semaine, un truc comme ça. Les brosser les dents, on n'en parle même pas. Et vraiment une fatigue horrible qui s'est terminée à la fin du mois. Et déjà là, je me disais OK, pas ouf, ça peut être pas mal d'en parler et de voir ma psy, puisque j'étais déjà suivie à ce moment-là. Mais comme j'étais sortie de ce mois un peu bien, j'étais en mode bon, non mais c'est pas grave, c'est OK. Encore une fois, beaucoup de déni, pas ouf, ne pas faire ça. Et donc arrive décembre, où en fait j'ai eu une galère d'appartement et je me suis retrouvée du coup à vivre pendant un mois chez une copine. Pareil, je ne sais pas exactement quel a été le déclencheur. Je pense que c'est parce que décembre, ce n'est jamais une période hyper géniale pour moi. C'est l'anniversaire de la mort de mon père. Et en plus de ça, j'ai des relations très conflictuelles avec ma famille. Donc la période de Noël, jamais très fun de se rappeler que je ne vais pas les voir. Et je pense qu'il y a un peu ça, le fait que pour une fois, je ne travaillais pas. Et généralement, dans la restauration, cette période-là, c'est une période où les gens sortent beaucoup puisqu'il y a beaucoup d'achats, il y a les achats de Noël. Et c'est une période qui est assez intensive au niveau du travail. Et là, en fait, je n'ai pas du tout eu ça, puisque quand j'ai commencé mon travail actuel, je ne travaillais que du coup en temps partiel. Et je pense que c'est le temps que j'ai eu de ressasser un peu tout ça et que justement, je n'ai jamais eu trop le temps avant parce que mon travail était assez intensif et que ça a fait un peu ressortir tout ce que je n'avais pas trop travaillé ou que j'avais un peu enfoui. J'ai vraiment sombré très rapidement. Il y a un moment où juste pareil, je n'y arrivais plus. J'arrivais plus à me lever, j'arrivais plus à me laver, sortir. Je savais qu'il fallait que je le fasse parce que je savais que j'étais pas bien, mais ça me demandait un effort qui était énorme. Et après, j'arrivais pas à dormir. Je dormais peut-être 3-4 heures par nuit, quelque chose comme ça. Toujours un état de fatigue qui est extrême, mais impossibilité de s'endormir parce que j'avais l'impression que mon cerveau allait jamais s'arrêter. Mais j'en suis arrivée au point où je me reconnaissais même plus dans le miroir, où en fait j'avais mon visage en face de moi. Et j'avais l'impression d'avoir vraiment ce plan un peu cinématographique, cinématique, cinématographique, où c'est un plan qui est filmé avec le personnage qui se regarde dans le miroir et on ne voit que ce plan du personnage dans le miroir. Et en fait, je savais que c'était moi parce que je connais mon visage, mais j'étais incapable de me reconnaître. J'étais hyper extérieure à moi et j'avais l'impression d'être... ailleurs de tout, ailleurs et en même temps trop présente parce que ce sentiment de fatigue extrême, de lourdeur et de vide incommensurable, c'est extrêmement difficile à vivre en fait. Parce que tu as à côté tout le monde qui te dit ok tu vas t'en sortir, il y a toujours un peu ce truc de si tu te bouges ça ira mieux tu vois, si tu marches un peu dehors alors qu'il fait un peu beau ça va aller mieux ça va te mettre dans un meilleur mood mais alors que pas du tout. Et c'est très dur à vivre et pour la personne, mais aussi pour les personnes qui sont à côté de toi, puisque rien de ce qu'elles font et rien de ce qu'elles peuvent t'apporter ne te suffit à toi pour t'en sortir. Et du coup, il y a un peu ce truc d'effort vain qui est horrible à ressentir pour la personne qui est en face de toi, horrible à ressentir pour moi, puisque j'avais l'impression que ma copine était frustrée de voir que ce qu'elle pouvait faire pour moi ne m'aidait pas. Et moi, à côté, j'étais juste trop fatiguée pour... réagir à ce qu'elle me disait ou à ce qu'elle voulait me faire faire ou à ce qu'elle voulait être en mode ok, viens, on va essayer de faire ça, on va essayer de faire ça je sais que t'aimes bien faire ça, donc je t'ai ramené tel ou tel truc et en fait ça ne servait à rien c'est un cercle vraiment infernal où t'as l'impression que rien ne te sortira de cet état-là moi personnellement j'en suis arrivée du coup à avoir vraiment ce côté de dépression où t'as des pensées hyper noires et où t'as l'impression que la seule chose qui te sortira de cette douleur et en même temps de ce vide, c'est vraiment ne plus être là, ne plus exister. C'est hyper dur à vivre en plus, puisque ce n'est pas une pensée qui, de base, est hyper fun à avoir, certes. Mais c'est surtout que je sais que dans ces moments-là, pour moi, ça a été vraiment les seuls moments où je me disais, si là, je disparais, que ce soit par un accident de voiture, que ce soit parce que je mets fin à mes jours, que ce soit pour n'importe quelle autre raison. ou si juste là j'arrivais à ne plus exister, genre par exemple à m'endormir et ne plus jamais me réveiller, en fait ça m'apportait vraiment un sentiment un peu plus léger. J'avais l'impression que j'étais là en mode Ah ouais, c'est vrai qu'il y a cette solution et visiblement c'est la seule qui me fait, quand j'y pense, me sentir plus légère et moins lourde et moins vide. Et c'est très lourd à porter. Tu disais que c'était un peu dur à vivre parce que justement, les gens autour de toi, ça ne peut pas trop quoi faire. Oui, j'avais un peu ce truc de je ne peux pas me laisser aller non plus comme ça, même si j'en avais très envie. Je me forçais du coup à sortir, à aller voir un peu des gens, même si je n'y allais pas beaucoup. Et c'est horrible en fait, parce que je me retrouvais avec des gens que j'apprécie énormément, que j'aime de ouf. Et j'étais incapable de porter de l'intérêt à ce qu'on me racontait. Et en fait, je me sentais hyper extérieur à... à la discussion, même si j'étais en plein milieu dedans. En fait, je sais comment réagir, je sais ce qu'on attend de moi, je sais comment le faire, mais à l'intérieur de moi, il n'y a rien qui m'anime. Et c'est ce truc un peu de masque social qu'on met tous dans notre vie. Et du coup, ce masque social, en fait, il y a un moment où je n'ai plus l'énergie de le mettre, où déjà, quand j'étais en dehors, je pouvais le mettre un peu, mais... J'allais très vite pas trop participer à la conversation parce que ça allait trop me fatiguer de le mettre. Quand j'étais du coup chez ma copine, il y avait vraiment ce truc où j'étais incapable de le mettre. J'étais en mode là, je suis censée être le plus à nu possible. Et du coup, il y avait un peu ce truc de relâchement. Ok, là, je ne peux pas faire autrement et je ne peux pas donner autre chose. C'est arrivé vraiment à un point assez dur et assez fort, puisque au nouvel an de 2022-2023, je devais avoir une soirée, etc. J'avais enchaîné avec mon taf la veille, où déjà je n'avais pas fait des trucs de ouf, puisque je commençais justement à ne pas arriver à avoir assez d'énergie pour faire ça bien, pour ce travail, pour mettre de l'énergie dans ce travail et du coup faire mon travail correctement. Et en fait, j'étais juste... épuisée déjà de ces deux jours de sociabilité avec les gens, de masque social que j'arrivais plus trop à mettre, et du fait que moi aussi, je m'en rendais compte et que j'avais l'impression que tout ce que j'avais pu construire à un moment, ça s'effondrait complètement. Et donc du coup, on arrive cette soirée de Nouvel An et j'avais vraiment pas du tout envie. Enfin, j'étais vraiment, je pense, dans le... C'est un moment hyper sombre et vraiment en full détresse. Et... Donc je demande du coup à ma copine, je lui dis, est-ce que tu pourrais rester avec moi parce que moi j'ai... J'ai pas envie de rester seule, mais j'ai pas envie non plus de faire trop de l'associabilité. Je pourrais pas faire un nouvel an. Je me sentais pas du tout assez forte pour en faire un. Et du coup, elle me dit, je suis désolée, moi j'ai ma soirée de prévue, j'ai bien envie d'y aller et tout. Et c'est très compréhensible. Comme c'est très dur de rester avec quelqu'un qui est en dépression, et surtout qu'on vivait ensemble à ce moment-là, c'est les moments où tu peux avoir un peu de liberté, où t'es un peu en mode... Ok, je peux respirer de l'ambiance qui est atroce dans un appartement, puisque c'est un appartement de plus de 35 mètres carrés. Et bah, en vrai, tu prends l'occasion, tu vois, c'est grave normal. Et du coup, elle va à sa soirée et en fait... J'étais vraiment dans ce truc de Ok, faut que t'y ailles, là ça va pas, fais quelque chose. Et du coup, j'étais en train de faire une salade et de couper des olives pour faire la salade. Et en fait, je suis arrivée à ce point où j'avais l'impression que j'étais tellement en détresse et tellement dans le mal et tellement dans une souffrance que je n'arrivais pas à calmer et que je ne voyais pas la fin ni même le début. Et j'étais en train de couper mes olives. Et en fait, je me suis vraiment arrêtée une seconde. Et j'ai vraiment cette pensée qui m'a dit, si là, tu plantes ce couteau dans ta carotide, dans trois minutes, c'est terminé. Et en trois minutes, c'est fini. T'as plus de souffrance, t'as plus rien. C'est que du repos. Et je sais que ça m'a vraiment apporté tellement de soulagement de me dire que là, ça pourrait être terminé, que j'étais vraiment à deux doigts de le faire. Et je suis vraiment pas passé loin de me botter la vie, ce qui est horrible. Je tiens aussi à préciser que quand t'as une dépression, généralement, t'as pas forcément envie de mourir. C'est juste que pour toi, la seule solution que tu vois, ce serait que ta vie s'arrête pour arrêter tes souffrances. Et tu te sens tellement démuni face à ça que c'est un peu la seule solution, mais l'envie de mourir n'est pas forcément là. Enfin, je veux dire, c'est que c'est pas... Tu te dis pas, ça n'arrive pas d'un coup et tu te dis, ok, je me jette sur un pont et ça va être super. Il y a quand même un état de réflexion où oui, tu sais que t'as peur de ces pensées-là, puisqu'elles arrivent et qu'elles arrivent très souvent, et que justement ça te soulage un peu, et c'est assez étrange, et c'est une dualité qui est extrêmement difficile à gérer aussi. Et surtout que moi j'avais l'impression de ne pas savoir vraiment à qui en parler, de ne pas vraiment dire est-ce que c'est ok si je dis que j'ai envie de mourir, parce que je ne peux pas le dire à tout le monde, parce que c'est extrêmement dur à supporter pour moi, mais aussi du coup pour les autres d'entendre ça. Et du coup c'est un peu, c'est très confus à ce moment-là. Mais je sais que du coup, à ce moment-là, il est vraiment... Cet instant, il est suspendu un peu. J'ai eu l'impression que le temps s'arrêtait et que c'était vraiment le saint graal de l'idée. Il y a toute l'accumulation de la souffrance et de la douleur qui, là, m'ont fait dire, OK, là, c'est la fin. Et en fait, c'est bien. Ça va être bien de justement plus souffrir et plus douiller et plus être dans cette lourdeur profonde. Et si je suis là, c'est que ça ne s'est pas passé. Et en fait, il a suffi juste... Je vivais du coup chez ma copine et j'avais amené mes deux Ausha avec moi. Et en fait, un de mes Ausha, Barbossa, a juste miaulé. Et ça m'a fait un peu reprendre confiance avec la réalité. J'ai regardé ma main avec le couteau. J'ai lâché le couteau et j'ai regardé Barbossa. Et j'étais là, OK. En fait, ce moment, cette espèce de... de moments suspendus dans le temps, il s'est d'un coup arrêté. Et c'est pour ça que quand je dis quand t'es en dépression, t'as pas forcément envie de mourir, parce qu'en fait, il m'a juste fallu ce signe, ce qui pour moi est un signe, mais s'il faut, elle avait juste envie de manger des croquettes. Mais pour moi, ça a été un signe de je peux pas mourir parce que j'ai des animaux qui comptent sur moi. Et en fait, je les aime trop pour pouvoir les quitter et pas être avec eux. J'ai lâché le couteau, j'ai regardé Barbossa, je suis allée m'asseoir sur le canapé et j'étais un peu en mode, ok, il vient de... Il vient de se passer ça. Et en fait, j'étais en mode, ok, là, si tu restes seule, c'est pas possible. Tu vas pas survivre à cette nuit. C'est sûr qu'il va t'arriver de la merde et que tu vas faire de la merde. Donc, va à ta soirée de Nouvel An et let's go. Et t'as pas d'autre choix, en fait. Et du coup, je suis allée à cette soirée où j'ai extrêmement bu pour oublier. J'ai l'impression que même après, les jours... Les jours qui ont un peu découlé, c'était... Je ne me rappelle pas vraiment. Je pense qu'il y a encore beaucoup de dissociations à ce moment-là. Et je sais que par exemple, pour mon TAF, c'était mon premier mois de travail. Et ça, c'est du coup un moment ressenti assez pour que j'avais fait plein de merde, j'avais oublié des commandes, j'avais oublié de retaper des trucs, j'avais pas tout tapé de la même commande ou j'avais tapé sur la mauvaise table, j'avais pas amené les bonnes assiettes à la bonne. Enfin bref, j'avais fait plein de bêtises qui sont très nulles, mais c'est juste parce que j'avais plus d'énergie, plus de trucs. Et on arrive à la fin de la soirée et du coup, j'ai un de mes collègues de taf qui dit bon, est-ce qu'on fait un petit débrief de cette soirée ? qui était un peu chaotique. Et du coup, chacun fait un peu son débrief de la soirée, de comment on pourrait améliorer. Et du coup, on arrive à la question de et toi, qu'est-ce que t'en penses ? Et moi, j'étais vraiment en mode je sais que c'est tout à fait pour moi ce moment-là. Je sais que même ce débrief est pour ma gueule. Et du coup, en fait, comme j'étais en mode quoi qu'il arrive, j'arrive pas à masquer, je fais de la merde, j'arrive même plus à gérer au taf. Chose que j'avais toujours quand même bien réussi à gérer avant. où j'arrivais justement à ne pas montrer que ça n'allait pas très bien, où j'étais fatiguée, où j'étais dans ces petits états dépressifs. Et là, je n'y arrivais plus du tout. Et du coup, je leur dis, voilà, j'ai été diagnostiquée en dépression. Et en fait, je suis désolée, mais juste, je n'ai pas l'énergie de faire mieux que ça. Et je suis désolée. Et ce que je m'attendais, c'était vraiment un peu une réaction de, en fait, tu viens de commencer, tu ne peux pas être dans cet état-là. On t'a engagé pour faire un taf avec certaines conditions, ce qui est normal. Et en fait, je n'ai pas du tout eu ce retour-là. J'ai eu un retour qui était hyper bienveillant et avec une petite blagounette pour dédramatiser un peu la situation et le ok, d'accord, du coup, on va faire attention Et je sais que par rapport à mon taf, moi, ça m'a grave libérée d'un poids de en fait, si je ne vais pas bien un week-end, ce n'est pas grave, je peux juste leur dire ok, ça ne va pas trop là et je vais faire de mon mieux, mais ce sera un peu chaotique Et qu'en fait, en face, ça allait être bien reçu et que c'était OK. Et en fait, déjà, ça enlève un poids qui est incroyable. Parce que comme j'en parlais tout à l'heure, le masque social qu'on met au travail, moi, je trouve qu'il est très présent et surtout dans un travail qui demande de la sociabilité, par exemple en restauration, quand tu es en contact clientèle tout le temps. Ce poids-là enlevé, en plus du fait que du coup, ma psy, quand je l'ai vu, quand on m'a diagnostiqué en dépression, elle m'a dit d'accord. Bon, du coup, on va mettre en place des petites solutions. À savoir qu'au début, l'option des médicaments a été proposée. Et personnellement, je pense que si tu as besoin de médicaments, ça peut être très bien, ça peut grafter dans la vie. Moi, je sais que je n'en ai pas voulu parce que je sais que j'en ai un peu peur quand même. J'ai peur de la dépendance. Et du coup, on a convenu sur des trucs full plantes, mais bien concentrés pour que je puisse déjà mieux dormir, que j'arrive à gérer un peu plus le stress qui m'habitait constamment. Et en vrai, ça... trop bien fonctionné, je pense qu'un cumul de tout ça a vachement bien fonctionné sur moi puisque j'ai commencé ma dépression vers début décembre à peu près. Et on va dire que vers mi-février, j'étais en mode Ok, ça va beaucoup mieux, je redors au moins 6h par nuit, ce qui est trop bien, ce qui me repose beaucoup plus. J'étais moins stressée, j'avais plus d'énergie pour faire des choses et du coup aussi plus l'envie de me dire Ok, là j'ai l'impression que je renage un peu et que je nage vers la lumière. Et du coup, ça me donnait plus envie, j'avais plus d'énergie pour faire des choses que j'aime, qui du coup me faisaient plaisir à refaire après autant de temps. Et je pense que j'ai eu de la chance aussi d'être bien entourée à ce moment-là, de savoir que j'avais des gens qui étaient là pour m'écouter, que ce soit mes amis, mais aussi ma psy, mais aussi du coup mes collègues de taf qui sont devenus mes grands copains. Comment tu te sentais justement pendant cette dépression par rapport aux autres, aux regards qu'ils pouvaient porter sur toi, ou au moins du regard que toi tu percevais de sur toi ? Déjà, une énorme différence par rapport à moi-même, puisque je me sentais complètement étrangère à mon corps. Et du coup, encore une fois, il y avait l'indifférence de ce qui se passait autour de moi, un mélange de culpabilité, parce que justement j'étais indifférente par rapport à ce qui se passait autour de moi. Et le sentiment de ne pas être à ma place et d'être là sans être là, en fait. J'avais l'impression de faire plus pitié qu'autre chose, ce qui n'était pas très agréable à ressentir. Et genre un peu une pitié mesquine, un peu, du oh la pauvre fille, c'est dommage qui n'est pas du tout, je pense, ce que les gens ont pensé. Ouais, et vraiment, c'est être à côté de la plaque tout le temps. Être là sans être là, être présente physiquement, mais à l'intérieur, il y a Walou. Et c'est aussi ce qui fait, je pense, d'avoir développé un peu ce masque et de dire, OK, il faut que je réagisse quand on me fait une blague. Il faut que, si on me dit ça, je suis de doigt à exprimer techniquement cette émotion. Donc, ça se transmet par un grand smile ou alors des plus grands yeux, un regard un peu plus empathique ou quelque chose comme ça. Un peu comme si, juste, j'avais appris des codes sociaux et que là, c'était un peu un robot qui était en mode, OK. Il se passe ça, réaction A, hop là, action B, réaction C, et on fait comme ça, et que tout était motorisé, mais qu'il n'y avait plus d'âme à l'intérieur. Et comment est-ce que tu as l'impression que ton entourage percevait ça ? Pour les personnes, par exemple, pour la copine avec qui je vivais, elle l'a très clairement compris. Qu'au début, c'était vraiment une façade, puisqu'elle me disait, meuf, t'es pas toi, ça te voit, t'es pas là, tu me regardes sans me regarder, tu... agit comme un robot et je sens bien qu'il n'y a rien derrière. J'ai l'impression, je pense aussi par ego, que mon masque social a un peu bien fonctionné pendant un certain temps. et que ça fonctionnait bien sur des gens que je vois peut-être moins ou que je côtoie moins au quotidien. Mais je sais aussi que j'en avais quand même un peu parlé à certaines personnes où j'étais là en mode ouais, ça va pas et je me sens vide et c'est vraiment pas ouf. Et où du coup, oui, ces personnes ont forcément dû remarquer, mais moi j'étais, je pense encore de ce truc d'ego et de déni, de ça va, tu mets encore bien ton masque et personne voit rien et tranquille Alors que par exemple, des personnes... que j'avais connues par exemple comme mes collègues de travail que je connaissais depuis très peu de temps eux ont très vite remarqué aussi que ça allait pas très bien et que c'était pas normal et qu'il y avait du coup un petit couac dans l'équation voilà Et je me demandais pourquoi tu sentais ce besoin de cacher ta dépression Je pense que ça vient du fait que socialement parlant il y a un peu hum ce truc de tu n'as pas le droit de montrer que tu vas mal. Même si tu peux en parler, il ne faut pas que ce soit trop ardu et trop dur. Il faut que ça reste un peu en surface, du genre, oh non, j'ai laissé ma fenêtre ouverte alors qu'il pleuvait. Et que c'est toujours beaucoup plus difficile et beaucoup plus touchy, même pour toi, de parler de... de quelque chose de plus dur et de plus impactant. Je pense aussi que pour moi, ça vient du côté où j'ai beaucoup internalisé le fait dans ma jeunesse et dans mon enfance que montrer ma vulnérabilité, c'était laisser une occasion aux autres de pouvoir utiliser cette vulnérabilité pour me faire du mal. J'ai plus facilement tendance à me renfermer dans un coin ou à me renfermer avec moi-même quand il y a quelque chose qui ne va pas et à ne pas trop en parler ou galérer à en parler. Et voilà, je pense que c'est vraiment ça qui... personnellement fait que j'avais besoin de montrer que ça allait quand même bien ou de réagir correctement à ce qu'on attendait de moi un peu. Qu'est-ce que tu conseillerais à quelqu'un qui est en dépression ? Je pense que déjà, c'est de pas forcer. En fait, si t'as pas l'énergie, t'as pas l'énergie et c'est ok de pas en avoir. Après, évidemment, c'est une maladie, donc il faut trouver quelqu'un pour être suivi. Ça peut être très compliqué aussi de trouver un bon psy ou une bonne psy qui peut t'aider. Ça peut être aussi très cher. Je sais qu'il y a d'autres solutions plus gratuites, par exemple comme les psychiatres, si à un moment tu ne te sens vraiment pas bien. Je sais aussi que si, par exemple, tu es étudiant, étudiante, il y a certains psys qui soit font des rabais, soit ont des certaines séances qui sont gratuites pendant un certain temps. Il faut voir aussi en fonction de ta mutuelle, ça peut être trop bien. Et je pense qu'en fait, en parler même à une infirmière, si tu n'as vraiment pas l'occasion ou les moyens de pouvoir te le permettre, et en vrai c'est trop dommage parce que ça devrait être accessible à tout le monde puisque la santé mentale c'est hyper important. Donc premièrement, du coup, pas forcer. À la limite, se forcer juste un peu pour aller voir un psy ou aller voir des amis et au moins être écouté. En parler... assez aussi rapidement, ne pas se renfermer parce que se renfermer, c'est laisser aussi un peu l'abîme te dévorer et te laisser te noyer dans cette espèce de noirceur et d'océan de souffrance et de lourdeur. J'ai bien envie de dire ne pas culpabiliser, mais c'est très facile à dire plutôt qu'à faire, évidemment. Surtout, c'est OK si tu ne vas pas bien. C'est OK d'être aidé. C'est OK d'avoir besoin d'aide. C'est important de la demander aussi. Surtout foncez, demandez de l'aide, c'est trop bien d'en recevoir. Et en fait surtout vous verrez que si vous demandez de l'aide vous allez forcément en avoir. Il y a un peu ce sentiment que rien ne pourra te sortir de là, même pas les gens, et surtout en fait tu te sens très seule aussi dans ces moments-là. Puisque t'es seule face à ta souffrance, t'es seule face à ta douleur, t'es seule face au vide un peu, comme t'as ce sentiment d'incompréhension et envers toi-même et de la part des autres, la solitude elle arrive très rapidement aussi. Et en fait, faut pas se laisser mener par cette solitude. Demander de l'aide, c'est trop bien. Et surtout, quand on en demande, on en reçoit. Il y a un peu ce truc quand je disais, en fait, t'as juste besoin des fois d'une petite preuve que mourir, c'est pas la fin. et qu'il y a des gens que t'aimes ou des animaux que t'aimes ou des passions que t'aimes ou des trucs comme ça qui, en gros, vont te faire tenir et te dire En fait, je ne vais pas mourir parce que, par exemple, pour moi, ça a été vraiment... Je ne vais pas mourir parce que je ne veux pas quitter mes animaux et je n'ai pas envie qu'ils soient pris en charge par quelqu'un d'autre. Ça peut être très con, c'est vraiment juste des Ausha. Pour plein de gens, c'est juste un animal de compagnie et ce n'est pas aussi dingue. Pour moi, ça a été vraiment... ma... mon miaulement salvateur un peu qui m'a permis de me dire ok en fait j'ai quelque chose j'ai quelqu'un j'ai un animal, j'ai une présence à laquelle me raccrocher et qui mérite que je me batte un peu et que j'essaie au moins de m'en sortir même si évidemment sur le moment t'as l'impression que jamais tu vas t'en sortir mais il y a quelque chose en fait qui me retient à cette vie et il faut s'y accrocher et ça c'est pas la partie la plus facile mais c'est important Il faut s'en rappeler aussi que vous n'êtes pas seul dans cette histoire et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent être là pour vous et vous aider. Et qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage d'une personne qui vit une dépression ? Déjà, il ne faut pas culpabiliser la personne. Il faut internaliser le fait que c'est une maladie mentale et que cette personne n'y peut rien si elle n'arrive pas à se lever, si elle n'arrive pas à se brosser les dents, si elle est incapable d'avoir une bonne hygiène de vie ou de manger quelque chose de décent. C'est une période qui n'est évidemment pas facile pour les deux parties. Il faut quand même garder un peu de recul avec l'histoire et se dire que tu donnes ton maximum pour aider cette personne, que ce soit parce que tu lui fais les courses, tu le prépares à manger, tu l'aides. Tu la motives si elle veut sortir, tu l'accompagnes, tu l'écoutes parler. Des fois, juste aussi être là pour la personne, pas forcément en discutant, mais juste être à côté et lui dire je suis avec toi, je suis là. Et viens, on se regarde juste un film, même si il n'y aura pas de réaction ou de retour ou autre. Et être là pour elle, même si c'est juste rien faire à deux. Mais il faut quand même arriver à prendre du recul et à se dire en fait, ce que je donne ne doit pas devenir. ta vie et ne doit pas prendre le pas sur qui tu es et au point de te blesser trop. Si tu t'impliques aussi beaucoup dans quelque chose d'aussi lourd et que généralement tu n'es pas apte, on n'est pas des professionnels de santé, on ne l'est pas tous, on n'est pas forcément tous aptes à vivre ça et à s'adapter à ça, le fait de trop s'impliquer, si tu n'as pas les armes médicales pour pouvoir t'en sortir et prendre ce recul, ça t'impacte énormément émotionnellement et aussi au niveau de ton humeur, etc. Et ça peut être nocif pour toi, et du coup ça devient juste un cercle vicieux, où c'est nocif pour les deux personnes, en fait. Quel est le regard de la société sur la santé mentale aujourd'hui ? Le regard est en train d'évoluer, selon moi, puisqu'on en parle beaucoup plus facilement, de manière quand même beaucoup plus libérée. où beaucoup plus de jeunes sont bien plus ouverts sur ça, et où il y a bien plus de facilité de dire, bah oui, moi je vais voir un psy, je suis quelqu'un, ça me fait du bien, c'est très chouette, ou je tente cette thérapie, je tente ce truc-là. Il y a bien plus, par exemple, de médias qui essaient d'en parler. Il y a aussi plein de plateformes qui permettent d'en parler, que ce soit par exemple le fait que YouTube ou encore TikTok, où je sais que moi j'ai pas mal de contenu sur justement de la santé mentale, du développement personnel ou autre. Et c'est trop trop bien, mais il y a encore, je pense, un écart générationnel qui fait que c'est encore très incompris de beaucoup de personnes, pas assez mis en avant. Et que du coup, par exemple, je pense que notre gouvernement n'est pas du tout assez en place des moyens de pouvoir y accéder plus facilement, gratuitement, afin que ça puisse aller pour du coup tout le monde, quelle que soit ta situation sociale, financière. économique, ça veut dire la même chose, mais voilà. Donc ça va mieux, je pense que ça pourrait être mieux aussi. Est-ce que tu aurais des supports à recommander à nos auditoristes qui se posent des questions sur la santé mentale ? Pour les supports, on peut utiliser pas mal de livres de développement. Je sais que par exemple pour des sujets un peu deep, où il faut être quand même un peu prêt à rentrer dans... dans tous tes schémas sociaux et dans tous tes schémas de l'enfance. Il y a Lise Bourbeau, qui est incroyable, qui a écrit par exemple un des livres qui s'est vendu, je ne sais pas à combien de millions d'exemplaires, mais qui est trop cool, qui s'appelle Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même qui est du coup centré sur ce que tu as pu vivre dans ton enfance, qui t'aurait développé certaines blessures, et comment est-ce qu'aujourd'hui tu réagis face à certaines situations, ou comment est-ce que tu te retrouves dans des situations similaires à ce que tu aurais pu vivre. Je sais que moi sur Instagram, je suis pas mal le psychologue.net, qui est du coup un média numérique qui va poster pas mal d'articles sur la santé mentale, sur des conditions aussi plus précises et sur différents troubles qui existent et qui peuvent t'affecter. Sur TikTok, je suis pas mal de psy aussi qui parle pour certains de relations sociales, de comment est-ce qu'elles se développent en fonction de ce que tu as vécu, de comment est-ce que tu peux t'aider. ou de même juste des fois rassuré en mode c'est ok si t'es comme ça c'est ok si t'as besoin de ça c'est ok machin j'ai Therapy Jeff qui du coup est un que je suis je pense le plus qui parle pas mal du coup des relations sociales et sentimentales aussi il y a aussi pareil sur TikTok que je suis Ben qui s'appelle vraiment Ben Trauma Therapy et aller voir un monsieur ou une madame ou une personne qui peut prendre soin de sa santé mentale et nous aider là dedans parce que c'est très cool. Il y a aussi des numéros qu'on peut appeler, qui sont du coup gratuits et qui permettent de pouvoir en parler à quelqu'un sans avoir forcément à affronter le regard de l'autre, parce que ça peut être très difficile aussi. Il y a par exemple Nightline, SOS Suicide, SOS Amitié, et en fait c'est des lignes qui vous permettent de vous exprimer, qui sont gratuites, anonymes et confidentielles du coup, et ça peut vous décharger un peu d'emploi. Et sachez encore une fois que vous n'êtes pas seul et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent vous aider. Et demander de l'aide, c'est cool, même si ce n'est pas facile.

Description

⚠️Trigger Warning : Cet épisode aborde des sujets sensibles tels que la dépression et le suicide. Pour éviter les passages les plus difficiles, nous vous recommandons de ne pas écouter les segments suivants :

9:50 - 10:50
14:30 - 17:30
28:20 - 29:25


Dans cet épisode, Marie-Paule partage son parcours de résilience marqué par la dépression, une lutte intérieure qui l'a profondément transformée. Elle revient sur son expérience, depuis ses premiers épisodes dépressifs jusqu'au point de rupture en décembre 2022.


Elle nous parle des symptômes de la dépression : la fatigue intense, la perte de motivation, les troubles du sommeil et de l'alimentation, et le sentiment d'être dissociée de son propre corps.


Le déni : longtemps, elle a caché sa souffrance derrière un masque social, incapable d'accepter ou de parler de son état.


Les pensées noires : cette spirale l'a conduite à penser au pire. C’est aussi le témoignage du chemin vers la guérison. Trouver la force de parler à ses proches et collègues, qui ont répondu avec bienveillance et soutien.


S'appuyer sur des consultations, des remèdes naturels et un entourage présent pour reconstruire son équilibre. Apprendre à s'écouter, à respecter ses limites, et à accepter de demander de l'aide et de la recevoir. 


Il est essentiel de parler, de reconnaître qu’on a le droit de ne pas aller bien. Pour les proches, il est important d’éviter de culpabiliser, de soutenir avec bienveillance et être simplement à l'écoute, ou présent. 


La société a fait évoluer son regard sur la santé mentale, mais il reste un écart générationnel qui freine une prise en charge pleinement adaptée.


Recommandations : 

📚 Lectures : 

  • “Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même” de Lise Bourbeau

🌐 Ressources en ligne :

  • Suivez Psychologue.net sur Instagram pour des conseils et des informations sur la santé mentale

  • Découvrez des psychologues et thérapeutes sur TikTok : @therapieJeff, @Bentraumatherapie

📞 Numéros utiles :

  • Nightline : Service d’écoute pour les étudiants (disponible dans plusieurs villes)

  • SOS Amitié : 24h/24, écoute bienveillante et anonyme

  • SOS Suicide : Assistance pour les personnes en détresse ou leurs proches

  • 3114 : Numéro national de prévention du suicide (service gratuit et disponible 24h/24).


Prenez soin de vous. 💙


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, entre autres, un podcast réalisé par Anaïs et Louisiane. Entre autres, c'est un podcast qui donne la parole à celles et ceux qui se sentent différents. Dans le mieux, vous écoutez notre quatrième podcast et aujourd'hui on est avec Marie-Paul. Bonjour ! Donc moi je suis Marie-Paul, j'ai 28 ans. J'ai deux Ausha, Barbossa et Ichibi, que j'aime beaucoup. J'aime beaucoup dessiner, j'aime bien, j'apprends le tattoo en auto indépendant et c'est très cool. J'aime aussi beaucoup mon taf qui est très chouette puisque je bosse avec des gens qui sont passionnants et passionnés. Et je suis barmaid du coup. Je suis très fan de One Piece et de Naruto. Et voilà. Est-ce que tu peux nous dire pourquoi tu te sens différente ? Alors, est-ce que je me sens différente ? Oui. Je pense pour plein de raisons qui sont très propres à moi-même. Je pense que dans un certain sens, tout le monde se sent différent d'une certaine manière. De mon côté, ça viendrait plus du côté de ma santé mentale, parce que je suis hypersensible et qu'il y a quelque temps, j'ai fait une dépression. Et là, vraiment, la différence est énorme avec les gens. Disclaimer, ce podcast peut aborder des sujets complexes comme la santé mentale, de la dépression, mais aussi le suicide ou encore des traumatismes extrêmement violents. Si vous êtes sensible à ça, faites attention à vous et regardez le minuteur pour peut-être passer ces moments-là. Est-ce que tu peux définir hypersensibilité et dépression selon tes termes à toi ? Alors, l'hypersensibilité, c'est défini par le fait d'avoir une sensibilité exacerbée. C'est très propre déjà à chacun aussi, il existe différents levels d'hypersensibilité. Il y a l'hypersensibilité un peu classique, où tu auras plus de facilité à ressentir les émotions des autres, où est-ce que tes propres émotions soient exacerbées. Et tu peux avoir l'hypersensibilité qui devient de l'hyperempathie, où tu ressens tellement les émotions des autres que... Tu peux en ressentir aussi, du coup, leur douleur physique. Ça a été dit par Leïla Bechti, mais c'est pas d'elle à la base. Où elle dit, en fait, ce qui effleure les autres me déchire. Et c'est un peu ce qu'on ressent, je trouve, en tant qu'hypersensible. Juste, s'il se passe un petit truc un peu joyeux, ça va pouvoir améliorer ton mood pour toute la journée. Et par contre, pour des émotions négatives, ça peut casser ton mood pour un simple petit truc. Parce que t'as pas trouvé ta paire de chaussettes préférée. Parce que t'as perdu un truc important. Et ce n'est pas si grave, il est chez toi, tu peux le retrouver. Mais sur le moment, ça t'atteint tellement que ça va enchaîner, et ça va rester dans toute ta journée avec un petit sentiment de down et de trucs pas ouf. Ça aussi, on revient au fait d'être plus sensible aux stimuli extérieurs, que ce soit du coup les émotions des autres, mais aussi les bruits, les mouvements de foule, la lumière. J'ai beaucoup de mal à suivre une conversation s'il y a beaucoup de musique à côté, ou genre une émission de télé. d'un autre côté et je ne vais pas arriver à suivre parce qu'il y aura trop de stimuli qui vont faire que je ne pourrai pas me concentrer seulement sur un seul truc. Je sais aussi que la lumière, par exemple, s'il fait très clair, même s'il fait nuageux, mais s'il fait très clair et très lumineux, ça a tendance à me faire mal aux yeux. Ça me permet aussi de porter des lunettes et d'être stylée. Mais ça a aussi un lien et une utilité pour moi. Pour la dépression, j'aimerais déjà préciser que c'est une maladie psychique et que c'est trop souvent considéré comme... de la flemme, de la fainéantise par plein de gens, principalement par des générations un peu plus vieilles, et que ce n'est pas vraiment encore reconnu comme une maladie mentale, alors que c'en est une. Et en fait, c'est vraiment un sentiment de vide énorme et de lourdeur extrême en même temps. Pour moi, ça a été vraiment le cas. Et c'est assez terrifiant parce que tu as l'impression un peu de tomber dans l'abîme et de... de couler complètement dedans et de ne pas pouvoir nager, de ne même pas avoir la force de nager pour t'en sortir. Est-ce que tu veux nous parler justement de ton parcours par rapport à la dépression ? Comment tu l'as géré ? Comment ça s'est passé par rapport au regard des autres ? Alors la dépression pour moi c'est arrivé un peu par étapes on va dire. Donc j'ai sombré à ce moment-là vraiment en dépression en décembre 2022. Mais durant toute l'année et même plusieurs fois dans ma vie, j'ai toujours eu ce que j'appelle des épisodes dépressifs qui sont des plus petites périodes où en fait tu as vraiment cet état dépressif qui arrive. Donc beaucoup de fatigue, pas envie de grand chose, tu n'as aucune motivation, aucune énergie, beaucoup de mal à dormir ou justement tu dors beaucoup trop. Et pareil pour la nourriture, soit tu t'alimentes pas, soit tu t'alimentes trop. Ça a commencé par, par exemple, deux jours, ou vraiment pendant deux jours, rien. J'avais aucune envie de rien, je galérais à me lever de mon lit, pas du tout l'énergie de me laver ou autre, mais je me disais, bon, bah c'est pas grave, c'est juste, je suis un peu fatiguée, c'est juste pour deux jours, je me repose et ça revient. Ça a augmenté, petit à petit, les périodes ont augmenté. Donc de peut-être un, deux jours par semaine et peut-être une fois par mois, deux jours par mois à peu près, ça a augmenté à peut-être deux fois dans le mois, puis une très longue semaine d'un coup, puis peut-être une dizaine de jours. Et à chaque fois, toujours un peu de déni dans le sens où non mais c'est pas grave, je suis juste fatiguée, mais j'ai le droit de me reposer, mais c'est ok, c'est pas si important. Et en fait, il y a eu un mois entier où j'ai, avant ce mois-là, j'ai un peu enchaîné beaucoup d'activités sociales. Ça m'a énormément fatiguée d'un coup, et pendant un mois entier, je galérais à sortir de chez moi. C'était en plus un mois où j'avais quitté mon travail, j'avais vécu un été trop bien, je m'étais amusée, j'étais allée voir mes copains, c'était trop trop cool. Je me suis retrouvée à devoir un peu reprendre une vie, et je sais pas si c'est ça aussi qui a fait ça, peut-être que ça a été un déclencheur. Je suis arrivée vraiment dans cet état dépressif d'un mois, j'avais du mal à me laver, je devais me laver peut-être une fois par semaine, un truc comme ça. Les brosser les dents, on n'en parle même pas. Et vraiment une fatigue horrible qui s'est terminée à la fin du mois. Et déjà là, je me disais OK, pas ouf, ça peut être pas mal d'en parler et de voir ma psy, puisque j'étais déjà suivie à ce moment-là. Mais comme j'étais sortie de ce mois un peu bien, j'étais en mode bon, non mais c'est pas grave, c'est OK. Encore une fois, beaucoup de déni, pas ouf, ne pas faire ça. Et donc arrive décembre, où en fait j'ai eu une galère d'appartement et je me suis retrouvée du coup à vivre pendant un mois chez une copine. Pareil, je ne sais pas exactement quel a été le déclencheur. Je pense que c'est parce que décembre, ce n'est jamais une période hyper géniale pour moi. C'est l'anniversaire de la mort de mon père. Et en plus de ça, j'ai des relations très conflictuelles avec ma famille. Donc la période de Noël, jamais très fun de se rappeler que je ne vais pas les voir. Et je pense qu'il y a un peu ça, le fait que pour une fois, je ne travaillais pas. Et généralement, dans la restauration, cette période-là, c'est une période où les gens sortent beaucoup puisqu'il y a beaucoup d'achats, il y a les achats de Noël. Et c'est une période qui est assez intensive au niveau du travail. Et là, en fait, je n'ai pas du tout eu ça, puisque quand j'ai commencé mon travail actuel, je ne travaillais que du coup en temps partiel. Et je pense que c'est le temps que j'ai eu de ressasser un peu tout ça et que justement, je n'ai jamais eu trop le temps avant parce que mon travail était assez intensif et que ça a fait un peu ressortir tout ce que je n'avais pas trop travaillé ou que j'avais un peu enfoui. J'ai vraiment sombré très rapidement. Il y a un moment où juste pareil, je n'y arrivais plus. J'arrivais plus à me lever, j'arrivais plus à me laver, sortir. Je savais qu'il fallait que je le fasse parce que je savais que j'étais pas bien, mais ça me demandait un effort qui était énorme. Et après, j'arrivais pas à dormir. Je dormais peut-être 3-4 heures par nuit, quelque chose comme ça. Toujours un état de fatigue qui est extrême, mais impossibilité de s'endormir parce que j'avais l'impression que mon cerveau allait jamais s'arrêter. Mais j'en suis arrivée au point où je me reconnaissais même plus dans le miroir, où en fait j'avais mon visage en face de moi. Et j'avais l'impression d'avoir vraiment ce plan un peu cinématographique, cinématique, cinématographique, où c'est un plan qui est filmé avec le personnage qui se regarde dans le miroir et on ne voit que ce plan du personnage dans le miroir. Et en fait, je savais que c'était moi parce que je connais mon visage, mais j'étais incapable de me reconnaître. J'étais hyper extérieure à moi et j'avais l'impression d'être... ailleurs de tout, ailleurs et en même temps trop présente parce que ce sentiment de fatigue extrême, de lourdeur et de vide incommensurable, c'est extrêmement difficile à vivre en fait. Parce que tu as à côté tout le monde qui te dit ok tu vas t'en sortir, il y a toujours un peu ce truc de si tu te bouges ça ira mieux tu vois, si tu marches un peu dehors alors qu'il fait un peu beau ça va aller mieux ça va te mettre dans un meilleur mood mais alors que pas du tout. Et c'est très dur à vivre et pour la personne, mais aussi pour les personnes qui sont à côté de toi, puisque rien de ce qu'elles font et rien de ce qu'elles peuvent t'apporter ne te suffit à toi pour t'en sortir. Et du coup, il y a un peu ce truc d'effort vain qui est horrible à ressentir pour la personne qui est en face de toi, horrible à ressentir pour moi, puisque j'avais l'impression que ma copine était frustrée de voir que ce qu'elle pouvait faire pour moi ne m'aidait pas. Et moi, à côté, j'étais juste trop fatiguée pour... réagir à ce qu'elle me disait ou à ce qu'elle voulait me faire faire ou à ce qu'elle voulait être en mode ok, viens, on va essayer de faire ça, on va essayer de faire ça je sais que t'aimes bien faire ça, donc je t'ai ramené tel ou tel truc et en fait ça ne servait à rien c'est un cercle vraiment infernal où t'as l'impression que rien ne te sortira de cet état-là moi personnellement j'en suis arrivée du coup à avoir vraiment ce côté de dépression où t'as des pensées hyper noires et où t'as l'impression que la seule chose qui te sortira de cette douleur et en même temps de ce vide, c'est vraiment ne plus être là, ne plus exister. C'est hyper dur à vivre en plus, puisque ce n'est pas une pensée qui, de base, est hyper fun à avoir, certes. Mais c'est surtout que je sais que dans ces moments-là, pour moi, ça a été vraiment les seuls moments où je me disais, si là, je disparais, que ce soit par un accident de voiture, que ce soit parce que je mets fin à mes jours, que ce soit pour n'importe quelle autre raison. ou si juste là j'arrivais à ne plus exister, genre par exemple à m'endormir et ne plus jamais me réveiller, en fait ça m'apportait vraiment un sentiment un peu plus léger. J'avais l'impression que j'étais là en mode Ah ouais, c'est vrai qu'il y a cette solution et visiblement c'est la seule qui me fait, quand j'y pense, me sentir plus légère et moins lourde et moins vide. Et c'est très lourd à porter. Tu disais que c'était un peu dur à vivre parce que justement, les gens autour de toi, ça ne peut pas trop quoi faire. Oui, j'avais un peu ce truc de je ne peux pas me laisser aller non plus comme ça, même si j'en avais très envie. Je me forçais du coup à sortir, à aller voir un peu des gens, même si je n'y allais pas beaucoup. Et c'est horrible en fait, parce que je me retrouvais avec des gens que j'apprécie énormément, que j'aime de ouf. Et j'étais incapable de porter de l'intérêt à ce qu'on me racontait. Et en fait, je me sentais hyper extérieur à... à la discussion, même si j'étais en plein milieu dedans. En fait, je sais comment réagir, je sais ce qu'on attend de moi, je sais comment le faire, mais à l'intérieur de moi, il n'y a rien qui m'anime. Et c'est ce truc un peu de masque social qu'on met tous dans notre vie. Et du coup, ce masque social, en fait, il y a un moment où je n'ai plus l'énergie de le mettre, où déjà, quand j'étais en dehors, je pouvais le mettre un peu, mais... J'allais très vite pas trop participer à la conversation parce que ça allait trop me fatiguer de le mettre. Quand j'étais du coup chez ma copine, il y avait vraiment ce truc où j'étais incapable de le mettre. J'étais en mode là, je suis censée être le plus à nu possible. Et du coup, il y avait un peu ce truc de relâchement. Ok, là, je ne peux pas faire autrement et je ne peux pas donner autre chose. C'est arrivé vraiment à un point assez dur et assez fort, puisque au nouvel an de 2022-2023, je devais avoir une soirée, etc. J'avais enchaîné avec mon taf la veille, où déjà je n'avais pas fait des trucs de ouf, puisque je commençais justement à ne pas arriver à avoir assez d'énergie pour faire ça bien, pour ce travail, pour mettre de l'énergie dans ce travail et du coup faire mon travail correctement. Et en fait, j'étais juste... épuisée déjà de ces deux jours de sociabilité avec les gens, de masque social que j'arrivais plus trop à mettre, et du fait que moi aussi, je m'en rendais compte et que j'avais l'impression que tout ce que j'avais pu construire à un moment, ça s'effondrait complètement. Et donc du coup, on arrive cette soirée de Nouvel An et j'avais vraiment pas du tout envie. Enfin, j'étais vraiment, je pense, dans le... C'est un moment hyper sombre et vraiment en full détresse. Et... Donc je demande du coup à ma copine, je lui dis, est-ce que tu pourrais rester avec moi parce que moi j'ai... J'ai pas envie de rester seule, mais j'ai pas envie non plus de faire trop de l'associabilité. Je pourrais pas faire un nouvel an. Je me sentais pas du tout assez forte pour en faire un. Et du coup, elle me dit, je suis désolée, moi j'ai ma soirée de prévue, j'ai bien envie d'y aller et tout. Et c'est très compréhensible. Comme c'est très dur de rester avec quelqu'un qui est en dépression, et surtout qu'on vivait ensemble à ce moment-là, c'est les moments où tu peux avoir un peu de liberté, où t'es un peu en mode... Ok, je peux respirer de l'ambiance qui est atroce dans un appartement, puisque c'est un appartement de plus de 35 mètres carrés. Et bah, en vrai, tu prends l'occasion, tu vois, c'est grave normal. Et du coup, elle va à sa soirée et en fait... J'étais vraiment dans ce truc de Ok, faut que t'y ailles, là ça va pas, fais quelque chose. Et du coup, j'étais en train de faire une salade et de couper des olives pour faire la salade. Et en fait, je suis arrivée à ce point où j'avais l'impression que j'étais tellement en détresse et tellement dans le mal et tellement dans une souffrance que je n'arrivais pas à calmer et que je ne voyais pas la fin ni même le début. Et j'étais en train de couper mes olives. Et en fait, je me suis vraiment arrêtée une seconde. Et j'ai vraiment cette pensée qui m'a dit, si là, tu plantes ce couteau dans ta carotide, dans trois minutes, c'est terminé. Et en trois minutes, c'est fini. T'as plus de souffrance, t'as plus rien. C'est que du repos. Et je sais que ça m'a vraiment apporté tellement de soulagement de me dire que là, ça pourrait être terminé, que j'étais vraiment à deux doigts de le faire. Et je suis vraiment pas passé loin de me botter la vie, ce qui est horrible. Je tiens aussi à préciser que quand t'as une dépression, généralement, t'as pas forcément envie de mourir. C'est juste que pour toi, la seule solution que tu vois, ce serait que ta vie s'arrête pour arrêter tes souffrances. Et tu te sens tellement démuni face à ça que c'est un peu la seule solution, mais l'envie de mourir n'est pas forcément là. Enfin, je veux dire, c'est que c'est pas... Tu te dis pas, ça n'arrive pas d'un coup et tu te dis, ok, je me jette sur un pont et ça va être super. Il y a quand même un état de réflexion où oui, tu sais que t'as peur de ces pensées-là, puisqu'elles arrivent et qu'elles arrivent très souvent, et que justement ça te soulage un peu, et c'est assez étrange, et c'est une dualité qui est extrêmement difficile à gérer aussi. Et surtout que moi j'avais l'impression de ne pas savoir vraiment à qui en parler, de ne pas vraiment dire est-ce que c'est ok si je dis que j'ai envie de mourir, parce que je ne peux pas le dire à tout le monde, parce que c'est extrêmement dur à supporter pour moi, mais aussi du coup pour les autres d'entendre ça. Et du coup c'est un peu, c'est très confus à ce moment-là. Mais je sais que du coup, à ce moment-là, il est vraiment... Cet instant, il est suspendu un peu. J'ai eu l'impression que le temps s'arrêtait et que c'était vraiment le saint graal de l'idée. Il y a toute l'accumulation de la souffrance et de la douleur qui, là, m'ont fait dire, OK, là, c'est la fin. Et en fait, c'est bien. Ça va être bien de justement plus souffrir et plus douiller et plus être dans cette lourdeur profonde. Et si je suis là, c'est que ça ne s'est pas passé. Et en fait, il a suffi juste... Je vivais du coup chez ma copine et j'avais amené mes deux Ausha avec moi. Et en fait, un de mes Ausha, Barbossa, a juste miaulé. Et ça m'a fait un peu reprendre confiance avec la réalité. J'ai regardé ma main avec le couteau. J'ai lâché le couteau et j'ai regardé Barbossa. Et j'étais là, OK. En fait, ce moment, cette espèce de... de moments suspendus dans le temps, il s'est d'un coup arrêté. Et c'est pour ça que quand je dis quand t'es en dépression, t'as pas forcément envie de mourir, parce qu'en fait, il m'a juste fallu ce signe, ce qui pour moi est un signe, mais s'il faut, elle avait juste envie de manger des croquettes. Mais pour moi, ça a été un signe de je peux pas mourir parce que j'ai des animaux qui comptent sur moi. Et en fait, je les aime trop pour pouvoir les quitter et pas être avec eux. J'ai lâché le couteau, j'ai regardé Barbossa, je suis allée m'asseoir sur le canapé et j'étais un peu en mode, ok, il vient de... Il vient de se passer ça. Et en fait, j'étais en mode, ok, là, si tu restes seule, c'est pas possible. Tu vas pas survivre à cette nuit. C'est sûr qu'il va t'arriver de la merde et que tu vas faire de la merde. Donc, va à ta soirée de Nouvel An et let's go. Et t'as pas d'autre choix, en fait. Et du coup, je suis allée à cette soirée où j'ai extrêmement bu pour oublier. J'ai l'impression que même après, les jours... Les jours qui ont un peu découlé, c'était... Je ne me rappelle pas vraiment. Je pense qu'il y a encore beaucoup de dissociations à ce moment-là. Et je sais que par exemple, pour mon TAF, c'était mon premier mois de travail. Et ça, c'est du coup un moment ressenti assez pour que j'avais fait plein de merde, j'avais oublié des commandes, j'avais oublié de retaper des trucs, j'avais pas tout tapé de la même commande ou j'avais tapé sur la mauvaise table, j'avais pas amené les bonnes assiettes à la bonne. Enfin bref, j'avais fait plein de bêtises qui sont très nulles, mais c'est juste parce que j'avais plus d'énergie, plus de trucs. Et on arrive à la fin de la soirée et du coup, j'ai un de mes collègues de taf qui dit bon, est-ce qu'on fait un petit débrief de cette soirée ? qui était un peu chaotique. Et du coup, chacun fait un peu son débrief de la soirée, de comment on pourrait améliorer. Et du coup, on arrive à la question de et toi, qu'est-ce que t'en penses ? Et moi, j'étais vraiment en mode je sais que c'est tout à fait pour moi ce moment-là. Je sais que même ce débrief est pour ma gueule. Et du coup, en fait, comme j'étais en mode quoi qu'il arrive, j'arrive pas à masquer, je fais de la merde, j'arrive même plus à gérer au taf. Chose que j'avais toujours quand même bien réussi à gérer avant. où j'arrivais justement à ne pas montrer que ça n'allait pas très bien, où j'étais fatiguée, où j'étais dans ces petits états dépressifs. Et là, je n'y arrivais plus du tout. Et du coup, je leur dis, voilà, j'ai été diagnostiquée en dépression. Et en fait, je suis désolée, mais juste, je n'ai pas l'énergie de faire mieux que ça. Et je suis désolée. Et ce que je m'attendais, c'était vraiment un peu une réaction de, en fait, tu viens de commencer, tu ne peux pas être dans cet état-là. On t'a engagé pour faire un taf avec certaines conditions, ce qui est normal. Et en fait, je n'ai pas du tout eu ce retour-là. J'ai eu un retour qui était hyper bienveillant et avec une petite blagounette pour dédramatiser un peu la situation et le ok, d'accord, du coup, on va faire attention Et je sais que par rapport à mon taf, moi, ça m'a grave libérée d'un poids de en fait, si je ne vais pas bien un week-end, ce n'est pas grave, je peux juste leur dire ok, ça ne va pas trop là et je vais faire de mon mieux, mais ce sera un peu chaotique Et qu'en fait, en face, ça allait être bien reçu et que c'était OK. Et en fait, déjà, ça enlève un poids qui est incroyable. Parce que comme j'en parlais tout à l'heure, le masque social qu'on met au travail, moi, je trouve qu'il est très présent et surtout dans un travail qui demande de la sociabilité, par exemple en restauration, quand tu es en contact clientèle tout le temps. Ce poids-là enlevé, en plus du fait que du coup, ma psy, quand je l'ai vu, quand on m'a diagnostiqué en dépression, elle m'a dit d'accord. Bon, du coup, on va mettre en place des petites solutions. À savoir qu'au début, l'option des médicaments a été proposée. Et personnellement, je pense que si tu as besoin de médicaments, ça peut être très bien, ça peut grafter dans la vie. Moi, je sais que je n'en ai pas voulu parce que je sais que j'en ai un peu peur quand même. J'ai peur de la dépendance. Et du coup, on a convenu sur des trucs full plantes, mais bien concentrés pour que je puisse déjà mieux dormir, que j'arrive à gérer un peu plus le stress qui m'habitait constamment. Et en vrai, ça... trop bien fonctionné, je pense qu'un cumul de tout ça a vachement bien fonctionné sur moi puisque j'ai commencé ma dépression vers début décembre à peu près. Et on va dire que vers mi-février, j'étais en mode Ok, ça va beaucoup mieux, je redors au moins 6h par nuit, ce qui est trop bien, ce qui me repose beaucoup plus. J'étais moins stressée, j'avais plus d'énergie pour faire des choses et du coup aussi plus l'envie de me dire Ok, là j'ai l'impression que je renage un peu et que je nage vers la lumière. Et du coup, ça me donnait plus envie, j'avais plus d'énergie pour faire des choses que j'aime, qui du coup me faisaient plaisir à refaire après autant de temps. Et je pense que j'ai eu de la chance aussi d'être bien entourée à ce moment-là, de savoir que j'avais des gens qui étaient là pour m'écouter, que ce soit mes amis, mais aussi ma psy, mais aussi du coup mes collègues de taf qui sont devenus mes grands copains. Comment tu te sentais justement pendant cette dépression par rapport aux autres, aux regards qu'ils pouvaient porter sur toi, ou au moins du regard que toi tu percevais de sur toi ? Déjà, une énorme différence par rapport à moi-même, puisque je me sentais complètement étrangère à mon corps. Et du coup, encore une fois, il y avait l'indifférence de ce qui se passait autour de moi, un mélange de culpabilité, parce que justement j'étais indifférente par rapport à ce qui se passait autour de moi. Et le sentiment de ne pas être à ma place et d'être là sans être là, en fait. J'avais l'impression de faire plus pitié qu'autre chose, ce qui n'était pas très agréable à ressentir. Et genre un peu une pitié mesquine, un peu, du oh la pauvre fille, c'est dommage qui n'est pas du tout, je pense, ce que les gens ont pensé. Ouais, et vraiment, c'est être à côté de la plaque tout le temps. Être là sans être là, être présente physiquement, mais à l'intérieur, il y a Walou. Et c'est aussi ce qui fait, je pense, d'avoir développé un peu ce masque et de dire, OK, il faut que je réagisse quand on me fait une blague. Il faut que, si on me dit ça, je suis de doigt à exprimer techniquement cette émotion. Donc, ça se transmet par un grand smile ou alors des plus grands yeux, un regard un peu plus empathique ou quelque chose comme ça. Un peu comme si, juste, j'avais appris des codes sociaux et que là, c'était un peu un robot qui était en mode, OK. Il se passe ça, réaction A, hop là, action B, réaction C, et on fait comme ça, et que tout était motorisé, mais qu'il n'y avait plus d'âme à l'intérieur. Et comment est-ce que tu as l'impression que ton entourage percevait ça ? Pour les personnes, par exemple, pour la copine avec qui je vivais, elle l'a très clairement compris. Qu'au début, c'était vraiment une façade, puisqu'elle me disait, meuf, t'es pas toi, ça te voit, t'es pas là, tu me regardes sans me regarder, tu... agit comme un robot et je sens bien qu'il n'y a rien derrière. J'ai l'impression, je pense aussi par ego, que mon masque social a un peu bien fonctionné pendant un certain temps. et que ça fonctionnait bien sur des gens que je vois peut-être moins ou que je côtoie moins au quotidien. Mais je sais aussi que j'en avais quand même un peu parlé à certaines personnes où j'étais là en mode ouais, ça va pas et je me sens vide et c'est vraiment pas ouf. Et où du coup, oui, ces personnes ont forcément dû remarquer, mais moi j'étais, je pense encore de ce truc d'ego et de déni, de ça va, tu mets encore bien ton masque et personne voit rien et tranquille Alors que par exemple, des personnes... que j'avais connues par exemple comme mes collègues de travail que je connaissais depuis très peu de temps eux ont très vite remarqué aussi que ça allait pas très bien et que c'était pas normal et qu'il y avait du coup un petit couac dans l'équation voilà Et je me demandais pourquoi tu sentais ce besoin de cacher ta dépression Je pense que ça vient du fait que socialement parlant il y a un peu hum ce truc de tu n'as pas le droit de montrer que tu vas mal. Même si tu peux en parler, il ne faut pas que ce soit trop ardu et trop dur. Il faut que ça reste un peu en surface, du genre, oh non, j'ai laissé ma fenêtre ouverte alors qu'il pleuvait. Et que c'est toujours beaucoup plus difficile et beaucoup plus touchy, même pour toi, de parler de... de quelque chose de plus dur et de plus impactant. Je pense aussi que pour moi, ça vient du côté où j'ai beaucoup internalisé le fait dans ma jeunesse et dans mon enfance que montrer ma vulnérabilité, c'était laisser une occasion aux autres de pouvoir utiliser cette vulnérabilité pour me faire du mal. J'ai plus facilement tendance à me renfermer dans un coin ou à me renfermer avec moi-même quand il y a quelque chose qui ne va pas et à ne pas trop en parler ou galérer à en parler. Et voilà, je pense que c'est vraiment ça qui... personnellement fait que j'avais besoin de montrer que ça allait quand même bien ou de réagir correctement à ce qu'on attendait de moi un peu. Qu'est-ce que tu conseillerais à quelqu'un qui est en dépression ? Je pense que déjà, c'est de pas forcer. En fait, si t'as pas l'énergie, t'as pas l'énergie et c'est ok de pas en avoir. Après, évidemment, c'est une maladie, donc il faut trouver quelqu'un pour être suivi. Ça peut être très compliqué aussi de trouver un bon psy ou une bonne psy qui peut t'aider. Ça peut être aussi très cher. Je sais qu'il y a d'autres solutions plus gratuites, par exemple comme les psychiatres, si à un moment tu ne te sens vraiment pas bien. Je sais aussi que si, par exemple, tu es étudiant, étudiante, il y a certains psys qui soit font des rabais, soit ont des certaines séances qui sont gratuites pendant un certain temps. Il faut voir aussi en fonction de ta mutuelle, ça peut être trop bien. Et je pense qu'en fait, en parler même à une infirmière, si tu n'as vraiment pas l'occasion ou les moyens de pouvoir te le permettre, et en vrai c'est trop dommage parce que ça devrait être accessible à tout le monde puisque la santé mentale c'est hyper important. Donc premièrement, du coup, pas forcer. À la limite, se forcer juste un peu pour aller voir un psy ou aller voir des amis et au moins être écouté. En parler... assez aussi rapidement, ne pas se renfermer parce que se renfermer, c'est laisser aussi un peu l'abîme te dévorer et te laisser te noyer dans cette espèce de noirceur et d'océan de souffrance et de lourdeur. J'ai bien envie de dire ne pas culpabiliser, mais c'est très facile à dire plutôt qu'à faire, évidemment. Surtout, c'est OK si tu ne vas pas bien. C'est OK d'être aidé. C'est OK d'avoir besoin d'aide. C'est important de la demander aussi. Surtout foncez, demandez de l'aide, c'est trop bien d'en recevoir. Et en fait surtout vous verrez que si vous demandez de l'aide vous allez forcément en avoir. Il y a un peu ce sentiment que rien ne pourra te sortir de là, même pas les gens, et surtout en fait tu te sens très seule aussi dans ces moments-là. Puisque t'es seule face à ta souffrance, t'es seule face à ta douleur, t'es seule face au vide un peu, comme t'as ce sentiment d'incompréhension et envers toi-même et de la part des autres, la solitude elle arrive très rapidement aussi. Et en fait, faut pas se laisser mener par cette solitude. Demander de l'aide, c'est trop bien. Et surtout, quand on en demande, on en reçoit. Il y a un peu ce truc quand je disais, en fait, t'as juste besoin des fois d'une petite preuve que mourir, c'est pas la fin. et qu'il y a des gens que t'aimes ou des animaux que t'aimes ou des passions que t'aimes ou des trucs comme ça qui, en gros, vont te faire tenir et te dire En fait, je ne vais pas mourir parce que, par exemple, pour moi, ça a été vraiment... Je ne vais pas mourir parce que je ne veux pas quitter mes animaux et je n'ai pas envie qu'ils soient pris en charge par quelqu'un d'autre. Ça peut être très con, c'est vraiment juste des Ausha. Pour plein de gens, c'est juste un animal de compagnie et ce n'est pas aussi dingue. Pour moi, ça a été vraiment... ma... mon miaulement salvateur un peu qui m'a permis de me dire ok en fait j'ai quelque chose j'ai quelqu'un j'ai un animal, j'ai une présence à laquelle me raccrocher et qui mérite que je me batte un peu et que j'essaie au moins de m'en sortir même si évidemment sur le moment t'as l'impression que jamais tu vas t'en sortir mais il y a quelque chose en fait qui me retient à cette vie et il faut s'y accrocher et ça c'est pas la partie la plus facile mais c'est important Il faut s'en rappeler aussi que vous n'êtes pas seul dans cette histoire et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent être là pour vous et vous aider. Et qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage d'une personne qui vit une dépression ? Déjà, il ne faut pas culpabiliser la personne. Il faut internaliser le fait que c'est une maladie mentale et que cette personne n'y peut rien si elle n'arrive pas à se lever, si elle n'arrive pas à se brosser les dents, si elle est incapable d'avoir une bonne hygiène de vie ou de manger quelque chose de décent. C'est une période qui n'est évidemment pas facile pour les deux parties. Il faut quand même garder un peu de recul avec l'histoire et se dire que tu donnes ton maximum pour aider cette personne, que ce soit parce que tu lui fais les courses, tu le prépares à manger, tu l'aides. Tu la motives si elle veut sortir, tu l'accompagnes, tu l'écoutes parler. Des fois, juste aussi être là pour la personne, pas forcément en discutant, mais juste être à côté et lui dire je suis avec toi, je suis là. Et viens, on se regarde juste un film, même si il n'y aura pas de réaction ou de retour ou autre. Et être là pour elle, même si c'est juste rien faire à deux. Mais il faut quand même arriver à prendre du recul et à se dire en fait, ce que je donne ne doit pas devenir. ta vie et ne doit pas prendre le pas sur qui tu es et au point de te blesser trop. Si tu t'impliques aussi beaucoup dans quelque chose d'aussi lourd et que généralement tu n'es pas apte, on n'est pas des professionnels de santé, on ne l'est pas tous, on n'est pas forcément tous aptes à vivre ça et à s'adapter à ça, le fait de trop s'impliquer, si tu n'as pas les armes médicales pour pouvoir t'en sortir et prendre ce recul, ça t'impacte énormément émotionnellement et aussi au niveau de ton humeur, etc. Et ça peut être nocif pour toi, et du coup ça devient juste un cercle vicieux, où c'est nocif pour les deux personnes, en fait. Quel est le regard de la société sur la santé mentale aujourd'hui ? Le regard est en train d'évoluer, selon moi, puisqu'on en parle beaucoup plus facilement, de manière quand même beaucoup plus libérée. où beaucoup plus de jeunes sont bien plus ouverts sur ça, et où il y a bien plus de facilité de dire, bah oui, moi je vais voir un psy, je suis quelqu'un, ça me fait du bien, c'est très chouette, ou je tente cette thérapie, je tente ce truc-là. Il y a bien plus, par exemple, de médias qui essaient d'en parler. Il y a aussi plein de plateformes qui permettent d'en parler, que ce soit par exemple le fait que YouTube ou encore TikTok, où je sais que moi j'ai pas mal de contenu sur justement de la santé mentale, du développement personnel ou autre. Et c'est trop trop bien, mais il y a encore, je pense, un écart générationnel qui fait que c'est encore très incompris de beaucoup de personnes, pas assez mis en avant. Et que du coup, par exemple, je pense que notre gouvernement n'est pas du tout assez en place des moyens de pouvoir y accéder plus facilement, gratuitement, afin que ça puisse aller pour du coup tout le monde, quelle que soit ta situation sociale, financière. économique, ça veut dire la même chose, mais voilà. Donc ça va mieux, je pense que ça pourrait être mieux aussi. Est-ce que tu aurais des supports à recommander à nos auditoristes qui se posent des questions sur la santé mentale ? Pour les supports, on peut utiliser pas mal de livres de développement. Je sais que par exemple pour des sujets un peu deep, où il faut être quand même un peu prêt à rentrer dans... dans tous tes schémas sociaux et dans tous tes schémas de l'enfance. Il y a Lise Bourbeau, qui est incroyable, qui a écrit par exemple un des livres qui s'est vendu, je ne sais pas à combien de millions d'exemplaires, mais qui est trop cool, qui s'appelle Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même qui est du coup centré sur ce que tu as pu vivre dans ton enfance, qui t'aurait développé certaines blessures, et comment est-ce qu'aujourd'hui tu réagis face à certaines situations, ou comment est-ce que tu te retrouves dans des situations similaires à ce que tu aurais pu vivre. Je sais que moi sur Instagram, je suis pas mal le psychologue.net, qui est du coup un média numérique qui va poster pas mal d'articles sur la santé mentale, sur des conditions aussi plus précises et sur différents troubles qui existent et qui peuvent t'affecter. Sur TikTok, je suis pas mal de psy aussi qui parle pour certains de relations sociales, de comment est-ce qu'elles se développent en fonction de ce que tu as vécu, de comment est-ce que tu peux t'aider. ou de même juste des fois rassuré en mode c'est ok si t'es comme ça c'est ok si t'as besoin de ça c'est ok machin j'ai Therapy Jeff qui du coup est un que je suis je pense le plus qui parle pas mal du coup des relations sociales et sentimentales aussi il y a aussi pareil sur TikTok que je suis Ben qui s'appelle vraiment Ben Trauma Therapy et aller voir un monsieur ou une madame ou une personne qui peut prendre soin de sa santé mentale et nous aider là dedans parce que c'est très cool. Il y a aussi des numéros qu'on peut appeler, qui sont du coup gratuits et qui permettent de pouvoir en parler à quelqu'un sans avoir forcément à affronter le regard de l'autre, parce que ça peut être très difficile aussi. Il y a par exemple Nightline, SOS Suicide, SOS Amitié, et en fait c'est des lignes qui vous permettent de vous exprimer, qui sont gratuites, anonymes et confidentielles du coup, et ça peut vous décharger un peu d'emploi. Et sachez encore une fois que vous n'êtes pas seul et qu'il y a plein de gens autour de vous qui peuvent vous aider. Et demander de l'aide, c'est cool, même si ce n'est pas facile.

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