- Speaker #0
Soyez toutes et tous les bienvenus sur Entrelacs, le podcast qui tisse des liens pour réconcilier les humains avec les vivants, en eux, autour d'eux. Si les ressources terrestres sont limitées, il existe cependant des espaces sans limites, une immensité à portée de cœur et de main. L'infinie richesse est dans nos liens. C'est cette richesse-là. Cette immense idée-là que j'ai envie de révéler et de partager avec vous.
Une banque peut-elle changer le monde ? Oui, elles l'ont toujours fait, en contribuant à servir et modeler le monde tel qu'il est. Face à la destruction de la biodiversité, à l'érosion de notre tissu social et de ce qui nous relie tous ensemble. Face au dérèglement climatique, que peut faire une banque comme le Crédit agricole ? Et que fait-il ? Voilà la question que nous explorons aujourd'hui avec Eric Campos, directeur de l'engagement sociétal et membre du comité exécutif des Crédits agricoles. Une vision fondatrice a été créée et partagée, des décisions clés ont été prises, des actions concrètes sont menées, qui s'inscrivent dans l'identité du Crédit agricole, depuis la source même qui a suscité sa création. Vous constaterez au fil de cette conversation à quel point l'identité d'une organisation, son ADN, dirait-on, permet et favorise les décisions et les actions qui s'inscrivent dans son sillage et y puisent leur force. Vous verrez aussi, même si nous avons eu moins le temps d'en parler, mais vous le sentirez peut-être malgré tout, comment l'engagement sociétal, quand il est porté par des hommes et des femmes qui l'incarnent pleinement, ne permet aucune forme de greenwashing. Parce que cet engagement écologique et sociétal est consubstantiel de leur identité même. Vous verrez encore, et cela fera sans doute écho à notre conversation avec Olivier Hamon sur la robustesse dans l'épisode 58 du podcast Entrelacs, que c'est le fait de mettre de côté toute idée de performance court terme pour se focaliser sur le long terme qui permet d'allier engagement sociétal et performance à long terme. Chères auditrices, chers auditeurs, le podcast entrelacs et cet épisode sont pour toi. Bonne écoute, entre là !
Bonjour Eric, je vous remercie beaucoup d'être avec moi et avec nous. On va parler aujourd'hui d'où est-ce qu'on en est sur cette planète sur le plan de la prise en compte du vivant, de la nature. Dans les années 70, on savait déjà tout. On savait déjà où on allait, on savait déjà quels étaient les risques. On avait déjà les organisations pour mettre en place des solutions, prendre des décisions, mais il ne s'est pas passé grand-chose. Aujourd'hui, j'aimerais voir avec vous qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'on arrive à faire déjà, qu'est-ce qu'on essaye de faire nous encore, vraiment, concrètement, et pas que, pour prendre en compte le vivant, la nature, pour ne pas tout mettre en péril. Et peut-être juste avant, vous pouvez vous présenter rapidement pour qu'on fasse tous connaissance.
- Speaker #1
Je m'appelle Eric Campos, j'ai 60 ans et j'ai en charge depuis quelques années la question de l'engagement sociétal au club agricole. L'engagement sociétal, c'est ce que certains appellent le développement durable. Mais pour nous, ça a pris une forme toute particulière, qui est une dimension qui fait partie de notre projet de groupe. Donc l'engagement sociétal, la dimension sociétale du projet du groupe, c'est le périmètre que j'essaye de coordonner, d'animer avec, je pense, l'ensemble du groupe Crédit Récolte qui est soucieux. de cette dimension particulière.
- Speaker #0
Vous me disiez, quand on échangeait dans cet entretien ensemble, la nature crée beaucoup de valeurs, le vent, l'eau, le soleil, les insectes, la nature elle-même, et puis ce n'est pas pris en compte, du coup on ne protège pas forcément. Alors, qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce que vous faites pour arriver à prendre en compte et à être du côté du vivant, comme vous me disiez ?
- Speaker #1
En fait, la question que vous posez, elle est assez large. Je vais essayer d'y répondre. De plusieurs façons, d'abord la nature c'est notre vie, nous faisons partie de la nature, nous faisons partie du vivant. Donc quand on parle de la nature, on parle de nous. Quand on parle de la nature, on parle de l'environnement, on parle de ce qui... Mettez-vous en face d'un décor de montagne, vous êtes couverts, c'est l'hiver, le soleil se couche sur la montagne. Vous êtes pris d'une émotion toute particulière, donc on voit bien qu'on est dans une interaction très forte avec notre environnement. Et quand on parle de nous, si nous parlons par exemple de peuples indigènes qui ont mis dans la nature une partie de leur histoire, une partie de leur spiritualité, lorsqu'ils parlent de la nature, ils parlent de leurs ancêtres qui se réincarnent sous forme d'arbres par exemple. Et donc là où nous, nous voyons un arbre, on voit leur histoire, leur vie. Ce concept de nature, il est très englobant, parce qu'il nous englobe nous-mêmes. Et c'est toujours très intéressant de voir comment les différentes communautés, les différents pays, peuples, se saisissent de ces questions. Et en fait, quand on regarde le sujet, c'est du point de vue de la vision de l'homme vers la nature, en fait, elle peut être très différente. Ensuite, la nature, c'est quand même un ensemble extrêmement vaste. Poser une question sur la nature, ça nous renvoie à des conversations qui peuvent être très différentes. Mais c'est vrai que votre question qui portait sur les fonds, quel est le lien entre la nature et l'économie ? Peut-être ça aussi, sur lequel on peut faire un zoom. La nature, elle est partout dans la création de valeurs économiques. Prenons quelques exemples. L'eau, les cours d'eau, l'eau qui vient des montagnes, qui s'écoule vers la mer, cette Ausha, elle crée de l'énergie. Elle crée de l'énergie, on construit un barrage hydroélectrique, ça va créer de l'énergie. C'est bien cet écoulement qui crée un mouvement. d'une turbine et la turbine va créer de l'énergie. La nature est sur l'énergie, c'est vrai de toutes les énergies renouvelables. Prenons un autre exemple, que sont les insectes pollinisateurs, qui sont à l'origine de la fertilité, de l'agriculture moderne ou traditionnelle. Prenons l'exemple de la terre, quand plantée, la terre va restituer un fruit. C'est toute cette biodiversité qui permet aux fruits des chlores, les insectes pollinisateurs ayant fait leur travail préalable. Voilà, donc cette nature, elle est partout. Et pourtant, lorsqu'on rend compte de la performance financière, lorsque l'entreprise rend compte de la performance financière, elle ne rend pas compte de... du fait qu'elle s'est servie finalement de ces services que notre écosystème nous rend. C'est invisible, et pourtant c'est tellement présent dans la création de valeur. Et donc la question qui aujourd'hui nous est posée, c'est celle de rendre visible cette dimension naturelle. Et vous vous rappeliez que les scientifiques ont montré, alors depuis un certain temps et encore plus souvent aujourd'hui, que la biodiversité s'effondre. C'est-à-dire que cette nature qui fait le vivant est particulièrement affectée par notre modèle de vie. Vous avez des espèces qui disparaissent, ce qui veut dire que notre modèle économique, notre façon de vivre, impacte négativement cette nature.
- Speaker #0
Et vous, vous arrivez à faire quoi vis-à-vis de ça ? Comment vous vous rendez visible ? Comment vous vous rendez prégnant ?
- Speaker #1
Alors, la question de la nature, on s'en est saisi depuis de très nombreuses années. Je pense qu'on peut, de façon assez précise, dater les premiers travaux. qui ont vraiment été prises en compte et menées par le secteur financier, vient du début des années 2000, avec ce qu'on appelait les principes équateurs qui ont permis de structurer le financement des grands projets, en se préoccupant de l'écosystème. dans lesquels des grands projets, des ponts, des barrages, pouvaient aller se mettre en place. Ces principes ont été portés par des agences de développement. En France, l'Agence française de développement a contribué, mais d'autres agences de développement. Et le Crédit Agricole a aussi contribué à ces réflexions. Et donc, ça a amené à mettre en place ces principes. en 2003, qui permettent de s'assurer qu'avant de financer un grand projet, ce grand projet ne va pas avoir des impacts négatifs ou très négatifs sur l'environnement, sur les peuples, sur la nature. Voilà, on date ça de 2003. Alors ça nécessite beaucoup de concertation, de travaux, généralement menés avec des scientifiques. Et puis petit à petit, on va dire que nous nous sommes saisis de ces sujets avec un focus plus particulier parce que c'était prégnant sur le climat. Et en 2015, on va prendre des premières décisions qui nous permettent de nous inscrire dans les grands accords mondiaux qui ont commencé à se mettre en place, notamment l'accord de Paris qui a pour la première fois permis au pays. participants de s'engager à limiter le réchauffement climatique d'une période 1850-2100 à une cible qui était celle d'être bien en dessous des 2 degrés. À partir du moment où il y a eu ces accords qui ont engagé les États, nous on a pu s'inscrire dans le cadre de ces accords et on a notamment pris la décision de ne plus financer l'industrie du charbon. Dans un premier temps, les mines et les centrales charbon. Puis en 2019, on a annoncé qu'on sortait du charbon selon un calendrier qui avait été défini par les scientifiques.
- Speaker #0
Il y a eu des projets auxquels vous avez décidé de renoncer, je crois, un certain nombre ?
- Speaker #1
Oui, à partir de 2019, le Crédit Agricole va se doter d'un comité scientifique. Voilà. poser les bases d'une stratégie climatique qui fait attention à la fois à investir dans les énergies renouvelables pour pouvoir créer de l'énergie qui n'est pas un impact négatif sur la planète, d'accompagner la transformation de la société et puis de désinvestir les énergies fossiles. Notre stratégie, elle est dans ces trois temps-là. qui sont évidemment liés les uns les autres. Et dans ce cadre-là, on a, chemin faisant, pris un certain nombre de décisions pour éviter des effets sur la biodiversité ou sur la planète, comme par exemple notre décision de ne plus financer de projets d'extraction énergétique en Arctique, dans des zones fragiles. Et puis on va également se doter... au long de ces années de politiques sectorielles qui vont encadrer nos activités, comme par exemple de ne pas financer de projets sur les zones humides, qui sont protégées par la convention de Ramsar, ne pas financer de projets sur des zones protégées par l'UNESCO, etc. C'est-à-dire des décisions qui ne sont pas du tout dictées par les lois ou les réglementations, mais qui sont dictées ou... accompagnés par ces grands accords internationaux et des positions généralement poussées par la convergence des scientifiques.
- Speaker #0
Donc vous avez ces grands accords qui sont des points d'appui, et vous vous oeuvrez autour. Et globalement, au niveau du crédit agricole, le consensus est arrivé assez rapidement sur le fait que, oui, il fallait prendre ces décisions, même si d'autres concurrents en prenaient d'autres, ou ça a été complexe ?
- Speaker #1
En fait, je dois dire qu'il y a une... Une part de complexité et une part d'évidence. Crédit agricole, ce qui a amené à la création du Crédit agricole, c'est la question... des solidarités. On est fin du 19ème, les agriculteurs n'ont pas accès au financement, et donc il faut mettre en place des mécanismes de financement et de garantie pour permettre la modernisation de l'agriculture. Et donc ce sont des hommes qui, dans le Jura, vont créer la première caisse locale qui permet de lancer ce début de la modernisation de l'agriculture française, qui était à cette époque une agriculture plutôt de subsistance et pas du tout... mécanisée, pas du tout moderne. Ça va amener l'agriculture française à être aujourd'hui l'une des plus modernes du monde. Cet esprit des solidarités, ça a toujours habité l'esprit du Crédit Agricole. Cet esprit d'entrepreneuriat, ça a toujours habité le Crédit Agricole. Et finalement, quand on regarde l'histoire du Crédit Agricole, c'est presque une licorne, si on employait les termes d'aujourd'hui. Fin du 19ème, le Crédit Agricole, c'est une caisse locale dans le Jura. 1980, c'est-à-dire à peu près moins d'un siècle plus tard. Le Crédit Agricole est la première banque au monde, en termes de bilan. Comment ? Parce qu'on a accompagné le développement de l'économie française. On a été dans les campagnes pour contribuer et financer l'électrification des campagnes. On a été dans l'accompagnement des entreprises, dans l'accompagnement dans les années 50-60 de la bancarisation des ménages français. C'est-à-dire que le Crédit Agricole a... toujours su accompagner les grandes évolutions sociétales. Donc la question de l'évolution de la société, en fait, est une question qui est, je dirais, consubstantielle de notre vision stratégique du monde. Donc quand on a poussé l'idée d'écrire une raison d'être pour le Crédit Agricole en 2018, il y a une évidence à finalement montrer dans notre raison d'être que notre lien avec... l'environnement avec les grandes évolutions sociétales, c'est un lien qui est naturel. Donc à partir du moment où vous posez cette évidence du lien entre l'environnement et l'entreprise, vous tirez un fil qui est intéressant, qui est le fil de l'environnement, le fil du climat. La complexité derrière, c'est qu'on prend en compte des données de façon plus scientifique, plus normative, plus rigoureuse, et donc ça peut contraindre, par exemple, le plus financé de projet ici, forcément ça va... contraindre. En revanche, ça permet, et c'est tout, je pense, la dynamique de l'esprit du Crédit Récolte, de voir les contraintes comme d'autant d'opportunités. Donc, par exemple, on est très investi dans le financement des énergies renouvelables, ce qui est pour nous à la fois une réponse sociétale, créer de l'énergie renouvelable, et en même temps, ça nous permet de développer notre modèle, qui est un modèle coopératif.
- Speaker #0
Et puis avec quelque chose qui est bien ancré dans vos valeurs. L'identité qu'on a créée, elle est moteur tout le temps et elle reste. Elle dure très longtemps et je comprends bien qu'elle serve à la fois de guide et de boussole encore aujourd'hui.
- Speaker #1
Oui, en fait, il faut souvent se référer à notre histoire dans laquelle nous nous inscrivons. Alors c'est des fois difficile parce que quand vous êtes dans des séquences où pour tout un tas de raisons, ces questions environnementales... sont moins au sommet de l'agenda des autorités ou des grands sujets internationaux. Effectivement, on peut se poser la question de savoir si la question de l'environnement est toujours aussi importante. Quand on regarde notre histoire... On se rassure parce qu'on sait qu'on est, de toutes les façons, en tout cas au Crédit Agricole, on est dans cette dynamique qui nous amène constamment à nous rendre compte, d'une façon ou d'une autre, que notre histoire est attachée à la bonne santé de l'environnement, bonne santé de l'environnement social, de la cohésion sociale, de la société, bonne santé de l'environnement. en général. Donc c'est un métier qui est complexe dans son opérationnalité, cette nécessité d'intégrer ou de voir ou de mettre en avant, mettre en valeur la dimension sociétale de notre activité. C'est complexe dans la façon opérationnelle de le faire, en revanche stratégiquement, c'est une évidence. I know I've tried to hide it But I don't wanna hide it Yes, I've been through it And I'm still ashamed of what I am
- Speaker #0
Effectivement, vous parliez de sociétal, on a parlé jusqu'ici beaucoup de nature, mais vous avez, je crois, en début de carrière, pas mal travaillé en Afrique, au Pacifique, les Caraïbes, la Réunion. Vous en avez sans doute tiré quelque chose qui fait vos attachements aujourd'hui aussi à la question non seulement environnementale, mais sociale ?
- Speaker #1
Oui, je pense que j'ai eu une éducation qui m'a amené à positionner le modèle économique au service de la société. Voilà. Et j'ai toujours regardé la question économique comme un outil, comme un écosystème qui devait générer un bien-être pour tous. Parce qu'on ne peut pas vivre dans une planète qui n'est pas en paix. La guerre est un état d'instabilité, la tension est un état d'instabilité, les conflits sont des états d'instabilité. Et en fait, la stabilité va se chercher dans l'équilibre, la justice, l'équité, dans ces valeurs-là. Et c'est vrai que j'ai commencé ma carrière à l'Agence française de développement. Pour moi, c'était une forme d'évidence, pour les raisons que je viens de vous évoquer, une question d'éducation. Et j'ai rencontré le Crédit Agricole à La Réunion. Je me souviens de cette conversation que j'avais eue avec le président du Crédit Agricole de La Réunion, qui, au fond, partageait avec moi ces valeurs, non plus à l'échelle de pays ou de continent, mais à l'échelle d'un territoire. Et les valeurs du Crédit Agricole sont des valeurs de développement, de modèle économique au service d'un territoire, dans le respect de la nature. de la culture territoriale, dans le respect des écosystèmes, de la spécificité de ces écosystèmes. Et j'ai tout de suite été attiré par ce modèle, qui est un modèle ancré, qui est un modèle qui connaît son histoire, ses racines, et qui est un modèle qui se projette dans un avenir meilleur. Et ce qui habite les caisses régionales, c'est vraiment de comprendre l'économie d'un territoire, de se mettre au service de l'économie d'un territoire et au service des acteurs de l'économie de ce territoire. On est là vraiment, pour moi, dans un modèle qui correspond à ce qu'est l'économie, c'est-à-dire au service des gens, au service du vivre ensemble.
- Speaker #0
Oui, au sens qu'elle aurait peut-être dû jamais quitter.
- Speaker #1
Oui, qu'elle a, je pense qu'on met beaucoup d'emphase aujourd'hui sur la radicalité, sur les tensions, sur la société du spectacle. qui datent déjà des années 60. On est dans la société du spectacle, on aime le spectacle. Il faut savoir qu'il y a des gens qui travaillent en dehors des estrades, en coulisses, qui travaillent pour que l'économie se porte bien. Et ce sont les gens du Crédit Agricole qui sont dans les équipes. techniques, mais que ce soit également les élus, puisque le modèle du Crédit à l'école est un modèle qui fait travailler ensemble les élus, qui sont des sociétaires, qui vont occuper, pour ceux qui le souhaitent, des fonctions électives au sein des conseils d'administration, et puis les équipes, mes collègues du Crédit à l'école, qui sont les banquiers qui se mettent au service d'une économie. Mais quand on a travaillé en 2018 sur la raison d'être, alors il y a eu au départ beaucoup d'échanges, parce que les dirigeants viennent d'univers différents, de métiers différents, d'histoires différentes, et très vite on est arrivé à décliner une raison d'être qui explique ce rapport que l'on a au territoire et à la société, et qui s'est très vite décliné dans ses dimensions sociétales. Moi, je dirais, dans ces dimensions politiques, si je peux le dire, avec un terme très générique de cette notion de politique, un, sur la nécessité de contribuer à une énergie bas carbone, qui est la seule énergie durable. Deuxième dimension, de le faire dans une société en paix, en cohésion. Donc, la dimension de la cohésion de la société, de l'inclusion sociale, elle est clé. Vous ne pouvez pas changer, c'est ce que je vous disais, une société en tension. Société en tension se rédit, combat, et puis d'accompagner les transitions agricoles et agroalimentaires, qui est notre histoire, qui est notre rapport, question de souveraineté alimentaire et question de l'agriculture. C'est évident, et aujourd'hui les dirigeants s'inscrivent dans ces dimensions sociétales, et ces dimensions sociétales, c'est l'expression de l'impact de nos activités, ni plus ni moins. En fait... On a inscrit ça dans une dimension sociétale, on a conceptualisé, mais en réalité, on a toujours cherché à créer un impact positif dans la société. Quand on bancarise les ménages, des ménages dont les revenus ne sont pas très importants, la bancarisation des ménages, cette approche universelle de notre métier, c'est une dimension d'engagement sociétal du Crédit Agricole, et ça date des années 50.
- Speaker #0
Oui, avec des comptes qui étaient gratuits, c'est ça que je voulais dire.
- Speaker #1
Oui, en tout cas, vous savez, quand la loi française oblige les entreprises à domicilier les salaires dans des comptes bancaires, et donc on est fin des années 50, début des années 60, Toutes les banques ne se sont pas précipitées pour ouvrir des comptes bancaires à ceux qui avaient des revenus faibles. Quelle est la banque qui a ouvert des comptes ? C'est le Crédit Agricole. Parce que la question stratégique ne s'est pas posée à court terme, mais parce que ça... fait partie finalement des questions de société dans lesquelles on trouve tout naturellement notre place. Crédit Agricole a une approche qui est extrêmement servicielle, c'est-à-dire qu'on va regarder comment... accompagner le développement économique, parce qu'à l'origine, on est au service, finalement, d'une société avec le modèle économique. Si vous mettez en place cette réflexion, elle vous explique l'histoire du crédit agricole. L'économie, c'est un outil au service de la société et au service d'une société en paix, en cohésion. Donc, quand on voit que la société a des besoins, on va créer des offres qui répondent à ces besoins. En 2022, on ouvre deux nouveaux métiers, le métier de l'énergie et le métier de la santé. Ça ne veut pas dire qu'on va être des médecins, mais ça veut dire que sur la santé, on sent que la question de la santé... l'accès aux soins, et y compris dans des zones rurales, est problématique. On sent que l'accès à l'énergie va être problématique parce qu'il faut qu'on passe du fossile au décarboné. On voit que des épisodes de... conflit en Ukraine entraîne une explosion du prix de l'énergie, on se dit qu'on a probablement, sur le sujet de l'énergie, de la valeur ajoutée à apporter, et donc on décide de devenir énergéticien. 2022. Vous voyez ? Donc, finalement, l'important, c'est d'écouter la société et de voir comment on peut nous contribuer à... à s'inscrire dans des réponses apportées aux grandes questions de société.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, j'imagine en plus que le fait que depuis plus de 100 ans, à chaque fois que vous avez fait ça, il y avait aussi de la performance, ça vous conforte dans le fait que ça va fonctionner et ça permet de ne pas trop douter quand vous prenez des positions nouvelles ?
- Speaker #1
Oui, en fait, vous avez tout à fait raison. Il y a une sorte de... Vous savez, quand vous êtes utile... La question de l'utilité, elle est clé dans la relation au client. Si vous êtes utile, si vous réfléchissez aux côtés des clients à être plus à l'écoute, à apporter plus de solutions. finalement vous êtes un partenaire, vous devenez un partenaire. Si vous êtes juste là pour offrir un service, par exemple aux personnes les plus fortunées, prenons un exemple, vous allez offrir un service et vous allez... Vous allez être perçu comme un offreur de services. Si vous êtes sur le long terme dans une position de partenaire à l'écoute, comment mieux accompagner ? Si vous êtes préoccupé par la question du bien-être social ou du bien-être sociétal, vous devenez un partenaire en sincérité. Ça fait 150 ans quasiment que le crédit à l'école existe. Il n'a jamais dérogé à cette règle, jamais. La règle de l'utilité. C'est ça qui nous anime, c'est ce qui nourrit notre rapport aux autres et la règle de l'universalité. Pourquoi on est universel ? Parce que vous ne pouvez pas être au service d'une société si vous n'êtes pas universel.
- Speaker #0
En réalité, être au service d'une société, c'est d'être au service de tous les acteurs de la société. Donc forcément, stratégiquement, si vous avez ces deux moteurs dans votre vision stratégique, l'utilité et l'universalité, vous êtes tout à fait prêt à créer des nouveaux métiers. Dès lors, évidemment que vous pouvez apporter une valeur ajoutée et que vous sentez que vous pouvez créer de la valeur pour le client et puis pour l'entreprise. Et la question de l'universalité, c'est que quand vous commencez un sujet, vous savez... dès le départ, que vous devez couvrir l'ensemble du spectre social, du plus modeste au plus fortuné. Donc, c'est des moteurs stratégiques. La conséquence, c'est que vous n'êtes pas nécessairement rentable sur le court terme. Parce que vous ne pouvez pas être à la fois chercher l'utilité, l'universalité, et en même temps la rentabilité à court terme. Ça, ça ne fonctionne pas. En revanche, on s'inscrit toujours dans des perspectives d'excellence, et évidemment dans des... de durabilité, mais à long terme. Et là, vous pouvez détendre votre stratégie à partir du moment où vous êtes habité, évidemment, par cette vision et que vous vous mettez cette contrainte de la durabilité à long terme. À ce moment-là, ça fonctionne et c'est ce qu'a montré effectivement l'histoire du Crédit Maroc.
- Speaker #1
Oh yeah,
- Speaker #2
oh yeah, I'll tell you what you wanna hear Keep my sunglasses on while I shed a tear It's now or do I die Yeah, yeah, yeah I'm not sure if I'm still here or if I'm still here I'm not sure if I'm still here or if I'm still here I'm not sure if I'm still here
- Speaker #1
En plus de votre métier en ce monde, vous faites un tour de France, je crois, en vanne électrique d'initiative avec Oui Demain.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Est-ce que vous voulez nous en parler un petit peu ? Et puis, est-ce que vous avez pu éventuellement découvrir, voir, mettre en lumière ce qui a pu vous toucher ? Oui.
- Speaker #0
Oui, en fait, la question que vous posiez à l'origine, celle de la dimension sociale ou de l'engagement social, je crois que c'est cette dimension sociétale, et je le dis avec beaucoup d'humilité et avec le doute scientifique, mais je pense que c'est le virus qui peut... transformer le capitalisme en quelque chose de plus humain et de plus acceptable par une société. C'est quoi ? Cette dimension sociétale, elle existe. On parlait de l'importance de la nature dans la création de valeurs. On parlait de la nécessité de nourrir le vivre-ensemble, de faire humanité. Parce qu'une société qui ne fait pas humanité est une société en tension. Une société en tension, c'est une société instable. Et donc, la grande question, c'est comment on peut concilier la vision... de la performance économique et en même temps la performance sociétale. Faire attention aux vivants, faire attention à la cohésion. C'est le projet de groupe du Crédit Agricole et je viens de le partager à l'instant. Mais on n'est pas les seuls à le faire. On n'est pas les seuls. Et j'ai été surpris par la radicalité, quelquefois les conflits qu'on peut... lire sur les réseaux sociaux ou sur les estrades, entre deux notions qui s'opposent, bloc contre bloc, une sorte de notion d'une économie performante et une autre notion sur on ne peut pas avoir d'économie performante parce que c'est d'abord et avant tout la question de l'humain et qu'il faut être contre le profit. Vous voyez, ce genre de débat que je trouve souvent stérile. En fait, ça peut être, on peut concilier les deux. On peut concilier les deux, on peut être une entreprise performante et une entreprise qui fait attention à la société. Et donc nous partons à la rencontre des entrepreneurs qui arrivent à concilier performance économique et performance sociétale, qui arrivent à le concilier par la volonté. Et donc...
- Speaker #1
À partir du projet, d'ailleurs, au départ, c'était Olivier Frérot, que j'avais interviewé aussi, qui me disait que le changement aujourd'hui, il ne viendra pas trop des institutions, il viendra des entreprises. Et c'est vrai qu'en général, un entrepreneur, quand il crée un projet, c'est assez rare de faire ça juste pour gagner un maximum d'argent. En général, il y a autre chose. Il y a une utilité sociale, environnementale. Il y a quelque chose qui pousse à créer.
- Speaker #0
Vous avez tout à fait raison. La potion magique de l'utilité, de l'universalité, c'est une potion magique que d'autres peuvent utiliser. Et c'est souvent ce que l'on rencontre. Donc nous nous sommes mis, effectivement, on a décidé de faire une odyssée en France. d'aller à la rencontre de ces entrepreneurs d'avenir, c'est-à-dire de ceux qui ont probablement compris, avant d'autres, que l'excellence aujourd'hui, c'était se mesurer à la capacité de concilier ces deux dimensions. performance économique et performance sociétale. Et donc, nous partons pour écouter ces entrepreneurs d'avenir. Alors, nous partons avec une équipe pour enregistrer, filmer, puisqu'on veut montrer comment l'entrepreneur s'exprime, dans quel contexte il se trouve, ce qu'il fait. Et comme c'est important de partager ce récit, pour montrer que c'est possible, que finalement on peut se mettre en route vers cette économie plus humaine, vers ce qu'on pourrait appeler cette économie de la fraternité. La fraternité, ce n'est pas un gros mot, c'est au fronton de nos mairies. Liberté, égalité, fraternité. Et nous, nous pensons qu'on peut mettre l'économie au service des valeurs de la République. Vous voyez, c'est simple. pas révolutionnaire, mais on inverse finalement, et on n'est pas là au service de l'économie, mais on met l'économie au service des valeurs de la République. Et vous avez beaucoup d'entrepreneurs qui s'y sont mis, et qui, au quotidien, que ce soit des promoteurs immobiliers, qui décident par exemple de créer de la valeur sur le territoire, c'est-à-dire d'aller se fournir en carrelage sur le territoire, en proximité, et non pas dans d'autres pays. Vous avez... Des promoteurs qui construisent des maisons pour des personnes âgées, mais qui systématiquement mettent ces maisons au cœur des villes ou au cœur des villages, qui réservent des appartements pour des personnes plus jeunes, qui créent des cuisines collectives pour que les gens fassent la cuisine ensemble et qui vont créer des lieux de vie agréables, qui donnent du sens à des personnes qui sont dans un moment de leur vie où elles ont besoin de... probablement d'avoir un peu plus de sens ou de retrouver le sens de la vie. Je vous ai parlé de promoteurs, des architectes qui construisent avec une vision participative. Ça peut être également des agriculteurs qui sont dans une agriculture de précision pour limiter au maximum les intrants chimiques. Ça peut être des agriculteurs qui se lancent dans la permaculture. C'est des patrons de ports, comme on a vu en Normandie-Seine, qui décident... d'offrir une mobilité qui ne se limite pas uniquement à l'accès au port, mais qui permet d'apporter des marchandises sur la destination finale en veillant à ce que l'offre soit décarbonée. Ça peut être des concurrents qui créent des coopérations ensemble pour pouvoir acquérir du savoir-faire qui leur permet de décarboner leur modèle d'affaires, etc. C'est incroyablement passionnant. Et réjouissant. Évidemment très réjouissant. Et nous... Notre vision, c'est comment on peut se mettre au service de ces entrepreneurs d'avenir. C'est ça qui nous intéresse, leur donner la parole, montrer que ce sont des acteurs inspirants, comprendre les transitions pour mieux les accompagner, puis évidemment valoriser les initiatives des territoires, parce que nous croyons et nous le constatons qu'en réalité, les solutions de cette économie plus fraternelle se trouveront dans les territoires.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a quelque chose dont on n'a pas encore parlé, que vous aimeriez dire avant qu'on conclue cet entretien ensemble ?
- Speaker #0
Je pense qu'on a aujourd'hui un problème à résoudre, qui est qu'on a oublié... que l'économie est au service de la société. Je suis pour l'entrepreneuriat. L'entrepreneuriat est une dynamique absolument exceptionnelle, créative, innovative, et on a besoin des entrepreneurs, et on a besoin de valoriser l'entrepreneuriat. Je suis fatigué des oppositions entre économie et société. Je trouve que c'est des débats à l'entreprise. Si on remet l'économie et le modèle économique au profit d'une société, du vivre ensemble, si on met l'économie au service de l'humanité, je pense qu'on va retrouver le sens de la vie. Et ce sens-là, ce n'est pas de la science-fiction. On a connu ça, on a connu une économie au service de la société. Donc il faut qu'on retrouve une vision. politiques de l'économie, avec des États stratèges, avec des États qui coopèrent ensemble pour répondre aux grandes questions et aux grands défis qui nous attendent, notamment celles du dérèglement climatique, notamment celui de l'effondrement de la biodiversité. Si on a aujourd'hui plus que jamais besoin de justifier pourquoi on a mis en place des démocraties, des États participatifs, des modèles de coopération entre nations. jamais plus qu'aujourd'hui, on a besoin de cette vision démocratique et de cette vision d'avenir portée par des États dans lesquels on peut libérer l'entrepreneuriat au service de ces visions d'avenir.
- Speaker #1
Merci Eric.
- Speaker #0
Merci à vous.
- Speaker #1
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