Speaker #0En amour comme en affaire, il y a des premières et des dernières fois. Contre toute attente, une relation prometteuse peut tourner court et se terminer par un exit mémo de quelques mots qui se résument à ciao. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'entre le tout début et la toute fin, existent des moments peu nombreux mais très précieux. Des moments d'échange et de partage qui donnent du sens à l'existence. En entreprise, ce sont notamment les échanges qui se produisent entre un mentor et un mentee. Lors de ces rencontres, le mentor partage ce que la vie lui a appris. Il utilise ses essais et ses erreurs pour rendre son cadet meilleur. Ce don de learning curve de ceux qui sont plutôt près de la fin vers ceux qui en sont loin est un atout clé pour progresser. N'en déplaise à ceux qui imaginent que le monde du travail est assentimental, même une entreprise strictement vénale progresse grâce à la générosité des plus expérimentés. j'en étais là de mes considérations altruistes quand élisabeth ii sur arte conclut l'histoire de sa vie par une phrase dans ce sens we can do this if we have the good sense to learn from the one who had gone before us alors que je luttais contre le sommeil pour saisir la portée de ce testament destiné aux entreprises un cachet de la maligne m'endormit sans coup férir ce médicament qui combine opium et caféine eut pour effet secondaire de me donner une insomnie au milieu de la nuit. À quatre heures pétantes, j'émergeai d'un business trip psychédélique dont je vous livre ici des extraits véridiques. Dans ce rêve étrange, la reine Élisabeth II me susurrait des mots en français teintés d'anglais. Wake up, Ludovic ! Je vais peut-être passer rapidement de vie à trépas. Alors dépêche-toi, prête-moi ta plume pour écrire un mot à Sana Marin. C'est ma marin ? répondis-je, surpris. L'élu si brune du peuple finlandais, si blond ? Celle à qui je donnerai le bon Dieu sans confession ? Et à qui je dirai oui sans même écouter sa question ? Oui, c'est cela. Et elle ajouta d'un ton sans équivoque. J'insiste, Ludovic, car c'est sûrement mon dernier vœu. Alors, please, exhauste-le. Écris pour moi une lettre à celle qui ressemble à la Dancing Queen d'Abba dans Mamma Mia, devant mon flègue de dubitatif. Inspirée du sien, elle me lança ce regard impérieux dont elle avait le secret. Même si je ne suis pas un des sujets de sa majesté, j'acceptais d'être celui de sa demande. Voici le résultat. Chers Sanna, Je suis Élisabeth II, reine d'Angleterre, et souhaite, avant de rejoindre mon ancêtre Victoria et la reine de Sabah dans la sororité des reines de l'infini et de l'au-delà, t'écrire ce message d'ici-bas. J'aimerais, si tu me l'autorises, être ton mentor. Si l'idée te déplait, arrête-toi là, car le mentoring nécessite ton consentement, plein et entier, et je ne plais pas à tout le monde, en particulier pas à ce Philippe Cavrivière qui fait rire Ludovic, tu sais. C'est la vidéo où tu ajustes ton téléphone avant de te déhancher sur un rythme endiablé qui m'a motivé à réveiller Ludovic pour être mon ghostwriter. Imagine-toi que j'ai vu cette vidéo sur mon iPad cassé obsolète offert par le couple Obama. D'abord, bravo Sana, tu danses so glamourously. Ta liberté, ta félicité m'ont donné un boost de vitalité. Merci, car ce jour-là, Sana, you made my day. Aux aigris et mal-aimés qui t'ont critiqué, dis-leur de ma part, oh ni, sois qui mal y pense, car tu n'as rien fait de mal quand eux pensent à mal. Comme le temps presse, pour moi en tout cas, laisse-moi te dire que ceux qui assurent que la vie ne t'apprend rien se trompent en partie. C'est certes trop tard pour que cela te serve, mais pas trop tard pour que cela serve à d'autres. Alors laisse-moi partager avec toi trois conseils que la vie m'a appris. Le premier fait suite à ton agacement face aux attaques des médisants. Never give up. Continue de danser jusqu'au bout de la nuit. Continue d'oublier de regarder ton téléphone quand tu rentres en boîte de nuit. Insiste, persiste, résiste et prouve que tu existes. En bref, ne te résigne pas, n'abandonne pas. Mais si tu n'abandonnes jamais, j'ai aussi envie de dire, Sana, abandonne-toi souvent. Abandonne-toi à la musique, pourquoi pas à la vodka, si tu ne conduis pas. Abandonne-toi à l'affection de ceux et celles qui t'aiment, à la pluie qui rafraîchit et au vent qui décoiffe sur la Baltique. S'abandonner, c'est lâcher prise, c'est nager dans le flot de ton destin, c'est t'inscrire dans un mouvement plus grand que le tien. Oui, abandonne-toi, Sana, mais n'abandonne jamais. Le deuxième m'est venu quand tu as dit que tu avais refusé d'emprunter pour payer tes études. Moi qui croyais les politiques tentés par les emprunts d'État qu'ils ne remboursent pas, mon conseil serait non de t'endetter, mais de te lèverager humainement. Un effet de levier humain, c'est quand, avec un petit peu de toi, beaucoup d'un autre décuple ta position. Alors entoure-toi de personnes différentes de toi pour rendre possible des impossibles. Le leverage sentimental, c'est l'effet de couple, c'est le un pour tous et tous pour un de ces bloody mousquetaires français, ou l'entraide au sein d'une équipe soudée. Le troisième conseil m'est venu quand tu as dit que tu n'avais jamais pris de substance illicite. C'est rare ! J'en ai rencontré des dirigeants, et à chaque fois je me demandais à quoi est-il addict celui-là, moi ? J'avoue avoir un faible pour le sociando malais, ce grand cru bordelais, inclassable mais non classé, et suis addict aux love stories. L'important, c'est que tu gardes ta capacité à dire jamais Garde cette résistance à la pression du groupe, à ce qui est populaire, à la mode. Ton jamais c'est le nom des enfants qui s'opposent quand ils s'opposent. Sana, garde ta capacité à dire non même si cela fera des candiratons. Je m'arrête là. Et je dois te quitter car j'ai un rendez-vous avec la postérité, que je ne peux pas manquer. Mais encore merci, Sana, de rayonner pour nous inspirer. Sentimentalement vôtre, Your Highness, Elisabeth II.