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Escalle En Ardèche

Groupement Forestier du Turfu : Adeline et Romuald

Groupement Forestier du Turfu : Adeline et Romuald

30min |12/10/2025|

41

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Description

"Bienvenue dans le podcast Escalle en Ardèche ! Aujourd'hui, on part à la rencontre de deux acteurs engagés qui ont décidé de reprendre la forêt en main, mais pas n'importe comment… avec une approche citoyenne et écologique, qui bouscule les codes traditionnels de la sylviculture. Je vous invite à découvrir Adeline et Romuald, les co-fondateurs du Groupement Forestier Citoyen et Écologique du Turfu. Ensemble, ils ont décidé de redonner du sens à l'exploitation forestière en créant un collectif autour d’un projet ambitieux et profondément ancré dans l’avenir.


Au programme : une histoire de passionnés, de nature, de forêts et de résilience, mais aussi un véritable défi, celui de se réconcilier avec la terre tout en sortant des logiques économiques classiques. Vous entendrez comment Romuald, après un déclic personnel provoqué par la lecture d’un livre, a pris les choses en main pour concrétiser son rêve de créer un groupement forestier durable, tout en s’entourant d’Adeline, experte en environnement et spécialisée dans la lutte contre la déforestation. Ensemble, ils ont surmonté de nombreux défis, trouvé le terrain idéal et ont lancé ce projet pionnier.


Mais ce n'est pas qu’une histoire d'arbres, c’est aussi celle d’un village un peu perdu dans les Pyrénées, Escouloubre, où l’histoire locale se mêle aux enjeux de demain. Un territoire en transition, entre l’envie de renouer avec le passé et la nécessité de réinventer l'avenir. Vous découvrirez comment ce couple d’innovateurs a su allier action locale, préservation de la nature, et gouvernance participative pour créer un modèle alternatif aux pratiques sylvicoles classiques.


Bref, un épisode à ne pas manquer si vous aimez les projets qui ont du sens, ceux qui redonnent espoir et qui nous font rêver d'un avenir plus vert et solidaire. Prêts à embarquer pour cette aventure forestière ?"


POUR ALLER PLUS LOIN : https://www.forets-partagees.fr/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rémy

    je t'invite avec moi à faire escale en ardèche je t'invite à découvrir les acteurs de ce territoire à rencontrer les entrepreneurs inspirants et porteurs de projets plein de sens pour demain des acteurs locaux engagés et je veux partager ses richesses partager le plaisir d'explorer de mettre en lien de cœur avec ceux et celles qui me font vibrer. Et surtout, imaginer la suite de ces histoires ensemble. Alors bienvenue dans le podcast Escale en Ardèche. Alors je reçois aujourd'hui Adeline et Romuald. Vous êtes membres fondateurs du groupement forestier citoyen et écologique du Turfu. C'est ça ! Bienvenue à vous deux ! Alors c'est une escale en Ardèche mais c'est aussi une escapade sur Escouloubre qui se situe en Ariège si je ne me trompe pas ?

  • Romuald

    Non, dans les Pyrénées-Audouises mais aux confins de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales.

  • Rémy

    D'accord. Donc on vient de sortir d'une visite dans votre forêt puisque vous l'avez acheté il y a à peu près deux ans ?

  • Romuald

    C'est ça !

  • Rémy

    Et moi ce que j'aimerais c'est que vous me parliez de cette aventure que vous avez vécue avec la création de ce groupement forestier, groupement foncier forestier. Et est-ce que vous pouvez m'expliquer d'où est partie l'envie et de quoi est venue en fait cette initiative ?

  • Romuald

    Ok, elle remonte à assez loin finalement même si elle s'est concrétisée récemment. Ça remonte à assez loin parce qu'entre deux périples et deux tranches de vie à Madagascar, j'ai repris une année d'études et pendant cette année d'études, j'ai eu l'occasion de lire un bouquin qui s'appelle « Effondrement » de Jared Diamond. Et ce bouquin a un peu changé ma vie, tout simplement, et m'a vraiment guidé dans la quête d'un lieu, d'un endroit où on pourrait émerger un collectif d'amis, de proches. et autour d'un projet collectif. Et comme je suis forestier de formation, c'est venu assez rapidement l'idée de monter un groupement forestier. Et donc ça traînait dans un petit coin de ma tête quand je suis rentré en Europe il y a 5 ans maintenant, puisque j'ai bossé un bon moment en Afrique. Je suis rentré à Barcelone où je travaille avec Adeline aujourd'hui. Et puis à cette occasion-là, je suis tombé sur un poste sur un des réseaux sociaux préférés de Mark Zuckerberg, de Avenir Forêt. Avenir Forêt c'est un groupement forestier citoyen écologique qui est un peu notre papa à tous monté par Pierre et Suzanne, un couple de forestiers. L'idée a émergé, a mûri depuis un certain temps et le déclencheur c'est ce poste de Pierre sur un réseau social.

  • Rémy

    Adeline, toi tu as embarqué comment avec Romuald dans cette aventure ?

  • Adeline

    Donc moi je suis associée du groupement. Et donc c'est Romuald qui m'a parlé de l'idée il y a déjà 2-3 ans. Et en fait mon parcours personnel c'est que je travaille sur les questions environnementales et forestières, de lutte contre la déforestation à titre professionnel, plutôt aussi dans les pays du Sud. Donc cette idée en fait de pouvoir participer à une action sur ces sujets-là, mais beaucoup plus ancrée finalement dans le pragmatique. que ce que je peux vivre au quotidien dans mon travail m'a tout de suite séduite en fait, parce que c'est vrai que moi j'ai toujours un peu le syndrome de l'imposteuse, je travaille sur ces questions-là mais je ne suis pas forestière de formation, et j'ai vu ça un peu comme un moyen de réconcilier peut-être ces tensions internes chez moi, et de me dire voilà l'opportunité finalement de passer à l'action aussi, d'apprendre, et d'apprendre de la part d'amis et de collègues qui ont une très forte compétence dans la matière. Donc voilà, ça m'a tout de suite séduit et puis connaissant Romuald, je savais qu'il allait nous attirer vers des aventures bien montées, bien ficelées et super intéressantes et passionnantes. Donc j'ai sauté dans la barque.

  • Rémy

    Donc tu as embarqué alors que, bon, toi on sent qu'il y a eu une réflexion issue de la lecture d'un bouquin qui t'a fait un peu sursauter intérieurement en disant il faut passer à l'action. L'acquisition de fonciers forestiers, ça pouvait être l'occasion de mettre le pied à l'étrier de l'aventure.

  • Romuald

    Oui c'est ça, parce que comme j'ai un peu cette expertise forestière et qu'on sait qu'en France la forêt est très morcelée, justement pouvoir se rassembler pour acquérir un bout de forêt, la soustraire à certaines logiques sylvicoles dominantes aujourd'hui, mais on peut citer les coupes rases et les reboisements que tout le monde connaît, ça c'était clairement une porte d'entrée assez simple on va dire. dans cette idée d'un collectif, aussi dans un paysage et dans un territoire que j'avais un peu déjà présélectionné avec toute une liste de critères, comme font un peu tous les collapsologues apprentis, et donc atterrir dans les Pyrénées aussi, parce qu'on est basé à Barcelone, c'est à trois heures de route de notre logement. Ça faisait beaucoup de sens aussi, parce que, encore une fois, ça Ausha pas mal de critères.

  • Rémy

    Alors après cet appel, tu as lancé une bouteille à la mer on va dire, et tu as eu des retours positifs immédiats de ton réseau amical ?

  • Romuald

    C'est ça. Très rapidement un groupe d'une dizaine de personnes s'est constitué, et puis je l'ai complété avec des copains, copines, je savais qu'ils n'étaient pas sur les réseaux mais je savais qu'ils allaient être intéressés. Et puis moi je voulais compléter un peu avec des expertises diverses et variées, des profils divers et variés dans le groupement. Et donc ça s'est fait un peu naturellement, on s'est retrouvé assez vite à 12h13 à faire une première visio pour discuter autour des grands principes de gestion, de gouvernance de notre futur groupement. J'avais déjà, comme l'a dit un peu Adeline, j'avais déjà un peu mûri tout ça, donc j'avais déjà une proposition assez aboutie sur la table, et puis on a débattu de tout ça, on s'est franchement rapidement mis d'accord quand même je crois, et puis après ça a été la quête de la forêt.

  • Rémy

    Alors là on va décrire un petit peu pour ceux qui nous écoutent, où est-ce qu'on se trouve exactement, est-ce que tu peux nous brosser le tableau, parce que là on est tranquillement assis dans un pré, on entend la cloche du village qui sonne, et alors qu'est-ce que vous pouvez me dire un peu de ce village et de cette forêt ?

  • Adeline

    Alors on est à Escouloubre, c'est un tout petit village assez enclavé, donc comme l'a dit Romuald, on va dire la frontière de trois départements français, l'Aude, les Pyrénées-Orientales et l'Ariège. C'est un petit village, il y a à peu près 75 habitants à l'année, un peu plus en été, qui a été vidé de ses forces vives depuis plusieurs décennies. Il fait très froid en hiver.

  • Rémy

    C'est l'exode rural pour aller bosser en ville.

  • Adeline

    Il n'y a plus vraiment de services publics, etc. Mais c'est une commune qui reste quand même très riche, parce qu'elle a un patrimoine forestier important, presque 1000 hectares de forêt. Et puis elle a la particularité aussi de gérer des ressources en eau qui lui donnent un peu de ressources financières, etc. Mais ça reste pour moi vraiment l'archétype du monde rural un peu enclavé, distant des villes où on vit et qui représente aussi un peu un défi finalement parce que s'ancrer dans un territoire comme ça... qui reste très dans l'entre-soi finalement, c'est aussi un défi. On va dire qu'il y a des acteurs au niveau du territoire, c'est un lieu de chasse, un lieu d'élevage, un lieu où évidemment les gens qui sont encore présents sont très attachés à leur territoire, à leur forêt, qui représente un défi pour les aliens que nous sommes puisqu'on n'est pas du coin.

  • Rémy

    Alors ça me fait arriver sur la forêt, je sais que vous êtes passé, on va dire, acheteur... devant la mairie qui a une vocation, enfin en tout cas qui a une volonté d'acquérir le foncier forestier pour une cohérence autour de la commune. Et vous, vous avez pu acheter avant la mairie, ou en tout cas à un meilleur prix cette forêt puisqu'elle a été proposée à la vente il y a deux ans et vous avez sauté sur l'occasion en fait.

  • Romuald

    Oui alors... Pour être complet, la forêt est issue d'une plantation qui avait été initiée par un groupement forestier composé d'habitants du village. Ce groupement forestier a souhaité vendre la forêt et idéalement souhaitait vendre à la commune, puisque la commune était potentiellement acheteuse. Il y a une estimation qui a été faite, mais finalement le groupement forestier de villageois n'a pas souhaité vendre à la commune parce qu'ils considéraient que le prix n'était pas suffisant. Il faut préciser que le prix n'avait pas été défini par la commune, mais par l'Office national des forêts qui avait fait l'estimation. Et donc, finalement, le groupement forestier de l'époque a choisi de réouvrir à la vente. Et pour la petite histoire, moi, je disais, je suis forestier de formation, donc j'étais très introduit dans les réseaux, le bouche à oreille, etc. Et puis finalement, c'est par le bon coin qu'on a trouvé la forêt. Et donc, j'ai vu cette annonce, j'ai sauté dans ma voiture de location et je suis venu la visiter rapidement. La connexion est très bien passée avec les représentants du groupement de l'époque et nous très rapidement on leur a dit qu'on n'allait certainement pas beaucoup négocier le prix demandé et qu'en plus nous on avait une vraie volonté de contribuer aussi au développement local, de ne pas juste nous acheter une résidence secondaire forestière.

  • Rémy

    Oui parce qu'il y a un côté un peu hors sol, vous n'êtes pas du coin, vous débarquez pour acheter une trentaine, quarantaine d'hectares ?

  • Romuald

    31.

  • Rémy

    31 hectares de forêt, ça pourrait mal passer ? On va dire ? Et là en fait c'est complètement l'inverse, Romuald là au bout de deux ans tu fais coucou à tout le monde, tes potes avec les chasseurs, les éleveurs, la mairie, du coup c'est un tour de force ou c'est... comment tu expliques ça ?

  • Romuald

    Toute modestie mise à part, et j'inclus mes camarades associés, c'est la sincérité. Je pense que si tu es sincère et que tu arrives sans arrière-pensée dans un village, quel qu'il soit, moi je me sens très à l'aise pour être sincère justement, ne pas rentrer dans des jeux d'intrigues immédiatement tels qu'il peut y en avoir dans un village. Pour la petite histoire, quand on est arrivé ici, parce qu'on est des néo-ruraux pour la plupart, très rapidement a couru la rumeur que... on voulait interdire la chasse dans notre forêt, qu'on ne voulait plus couper un arbre, alors qu'au contraire, nous, surtout qu'il y a beaucoup trop d'animaux, d'ongulés sauvages qui mettent une pression très forte sur notre forêt, on soutient très fortement nos amis chasseurs ici au village, et on n'a aucun problème, effectivement, on s'entend bien avec tout le monde.

  • Rémy

    Alors, pour expliquer un peu, les ongulés, ça va être les cerfs, les biches...

  • Romuald

    Les chevreuils, les isards également, et puis on a aussi quelques vaches qui se promènent, parce qu'elles n'ont pas de... toute envie de visiter l'alpage comme, pas l'alpage, mais les estives comme leur congénère et certaines aiment bien rester dans notre forêt.

  • Rémy

    Et alors pour expliquer bien à ceux qui nous écoutent en gros il y a une surpopulation de cervidés qui vient brouter tous les petits arbres qui sont en train de pousser et qui en gros empêchent le travail de sylviculture que vous avez prévu de faire.

  • Romuald

    Tout à fait et pour remonter dans le temps depuis le 15ème siècle il n'y avait plus de traces de cerfs et biches dans les Pyrénées. dans les Pyrénées de l'Est. Et c'est en 1960 que la Fédération des chasseurs a décidé de réintroduire 12 cerfs et biches en provenance de la réserve de Chambord, les réserves de chasse de Chambord. Et 50 ans après, un peu plus, on a perdu totalement le contrôle. Et donc les cerfs et biches qui consomment très principalement de l'herbe font même concurrence maintenant aux vaches. Et donc ça devient un vrai problème, y compris pour l'élevage. Et alors pour les forêts, c'est un vrai problème effectivement parce que... Outre la consommation d'herbes, les cerfs, les biches, les chevreuils, les isards consomment des ligneux et ils aiment bien consommer nos petits sapins, nos petits hêtres, alors que nous on aimerait bien en faire des vrais arbres.

  • Rémy

    Et donc ça, ça vient aussi du fait qu'il n'y a plus de prédateurs, hormis les chasseurs, pour ces animaux.

  • Romuald

    Tout à fait, et puis la population de chasseurs est aussi vieillissante. Ici, maintenant, ils ont 80 cerfs et biches, sans compter le reste. À tirer chaque année, ils sont une bonne vingtaine, je crois. Et donc, c'est même une vraie pression sur leurs épaules que d'assurer cette chasse. Et puis, effectivement, le loup n'est pas très loin, mais ça fait 25 ans qu'il est tout seul. Alors peut-être qu'ils se sont succédés, mais il y a un mâle solitaire qui traîne. Il n'a pas encore rencontré sa promise pour constituer une meute. Et puis, les ours ne sont pas très loin, mais ils viennent jeter une tête de temps en temps, mais ils ne s'installent pas.

  • Rémy

    Donc il n'y a pas de prédateurs et en gros, il y a une surpopulation qui va être... difficile à réguler pour le moment à court terme.

  • Romuald

    Alors on va voir à quel point justement les attributions de plans de chasse c'est-à-dire les autorisations de tir qui sont données aux chasseurs ici vont avoir leur effet. Nous on joue notre part aussi, on contribue à notre part dans retrouver cet équilibre entre la forêt et les ongulés sauvages en ayant fait une éclaircie, c'est-à-dire en ouvrant la forêt, parce qu'ouvrir la forêt ça remet de la lumière à l'intérieur de la forêt, ça redonne justement de la... dynamique aux plantes qui sont au sol et donc on peut donner un petit peu à manger aux cérébiches en espérant aussi que nos petits sapins et nos petites lettres puissent filer au milieu de tout ça.

  • Rémy

    Alors cette aventure collective elle vous a amené à faire ce qu'on appelle un plan de gestion c'est à dire dire en gros sur les 15-20 prochaines années comment vous voyez évoluer votre forêt et ça vous a amené là il y a cette année à faire une première intervention, une première éclaircie, marquer des arbres. C'est ça. Vous l'avez fait en collectif, avec les enfants, c'est ça ? Vous pouvez me raconter un peu ?

  • Adeline

    Oui, on a fait ça en collectif à plusieurs occasions. Ce qui était évidemment super, c'est qu'on a eu Romuald et d'autres collègues forestiers comme professeurs pour les divers non-initiés. Et donc ça a été des beaux moments de partage parce que déjà c'était une bonne excuse finalement pour réunir les associés par petits groupes selon les disponibilités de chacun sur le site. Donc pour la plupart des associés ça a été aussi la première occasion de venir voir la forêt. Et puis parfois aussi de se rencontrer parce qu'on ne se connaissait pas tous dès le départ. Et puis après de pouvoir apprendre les principes basiques de gestion. Comment est-ce qu'on marque, comment est-ce qu'on mesure la surface terrière, comment est-ce qu'on comprend la population forestière qu'on a autour de nous, notre territoire, et comment est-ce qu'on sélectionne les arbres qu'on veut abattre, pourquoi, quelle est notre vision à l'ombre. C'est plein d'éléments à prendre en compte qui sont aussi très subjectifs. Donc ça amène la discussion, le débat. Et puis voilà, c'est des moments partagés en forêt où on fait de l'exercice. On est vraiment présent en fait dans la forêt. On comprend mieux le milieu dans lequel on est. Donc après, ça change aussi le regard qu'on a sur notre espace.

  • Rémy

    Il y a un élément un peu technique mais qu'on n'a pas évoqué, c'est le prix d'achat à l'hectare et global de ces 31 hectares. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? On a évoqué les prix...

  • Romuald

    Oui, on n'a aucun problème avec ça. On a acheté la forêt 115 000 euros pour 31 hectares, hors frais de notaire, donc ça fait 3700 euros à peu près par hectare. et c'était le double de ce que la commune avait proposé sur les conseils. l'Office national des forêts. Et nous, on aurait pu négocier un petit peu le prix, mais honnêtement, ça ne court pas les rues, les forêts à vendre dans les Pyrénées ici. Donc nous, on s'est dit, on ne va pas forcément négocier le prix. Et encore une fois, on veut être aussi à l'aise et dans la bonne compréhension avec les gens d'ici. Donc ils ont travaillé pendant 50 ans dans leur forêt, ça nous paraît un prix équitable. On sait qu'avec les bois qui sont dans cette forêt, on pourra faire une coupe prochainement. et avoir un petit peu d'argent pour faire vivre le groupement sans stresser dans les années qui viennent.

  • Rémy

    Et j'imagine que ce prix, il tient compte de la valeur des bois sur pied ?

  • Romuald

    Évidemment, il tient compte.

  • Rémy

    Il y a une évaluation qui a été faite par l'ONF pour conseiller la commune, et vous, vous avez de votre côté eu les conseils d'un ingénieur forestier ?

  • Romuald

    C'est ça, alors en forêt privée, il y a une structure qui s'appelle le Centre National de la Propriété Forestière, qui est un peu l'équivalent des chambres d'agriculture mais pour la forêt privée, Et donc il y a des gens qui... dont le métier c'est de conseiller les propriétaires forestiers privés. Et donc l'ingénieur du CNPF Occitanie a conseillé également à ce groupement forestier vendeur à l'époque, il a dit non, non, il faut vendre un peu plus haut que ça parce que ça vaut beaucoup plus que ça. Et donc on est arrivé à ce prix de 120 000, il y a eu 5 000 euros de réduction pour des questions un peu techniques autour de la transmission des parts du groupement forestier. existants et puis des nôtres mais bon voilà passons les détails on est arrivé à 115 mille euros et ça nous convenait très bien parce qu'encore une fois moi j'avais ça fait deux ans que je cherchais une forêt dans la zone on en avait visité seulement une et moi une deuxième tout seul mais c'était pas du tout satisfaisant donc là moi je suis arrivé ici le décor parce que vous pouvez pas le voir autour de nous mais en fait en bordure de forêt on voit les grandes montagnes de l'Ariège il y a un canal très bucolique qui coule en bordure de notre forêt et où vous vie Le Dessement des Pyrénées, qui est une espèce emblématique et endémique des Pyrénées et des Asturies en Espagne, c'est une espèce de rat-trompette qui vit dans l'eau. Donc on est très fiers d'avoir le Dessement des Pyrénées qui batifole en bordure de notre forêt. Donc le premier coup d'œil quand je suis venu ici, en plus il y avait un petit peu de neige, là j'ai envoyé direct un message dans le groupe WhatsApp du groupement forestier, je fais les gars, les filles, là il faut se décider assez rapidement, mais moi je suis chaud.

  • Rémy

    Le décement dont tu as parlé c'est... Donc une espèce endémique qui est un peu la mascotte, j'ai l'impression, du coin. Il y a une sorte de... Je vois qu'ils font des animations avec les écoles et tout pour parler en fait de cette biodiversité qui est là, qu'on ne voit pas beaucoup apparemment.

  • Romuald

    Très difficile à voir et on a un copain là dans un des villages d'à côté qui produit des bières locales en bio et assez originales et qui a été le premier à pouvoir photographier le dessement sous l'eau. Et d'ailleurs... toutes les bières de la brasserie Sylvatica, on peut trouver un petit dessin d'un décement caché sur les décos de chaque étiquette des bières de Lucas.

  • Rémy

    Comme clin d'œil à cette espèce.

  • Romuald

    Exactement.

  • Rémy

    Alors, après dans l'aventure là, j'aimerais bien que vous nous parliez de ce qui s'est passé lors de la première éclaircie. Vous avez fait appel à qui, comment, qu'est-ce qui s'est bien passé, qu'est-ce qui s'est moins bien passé ? Dans votre aventure, est-ce qu'il y a eu aussi des choses qui sont plus difficiles peut-être ?

  • Adeline

    Je pense qu'un premier défi c'était vraiment de trouver les bons prestataires puisque n'étant pas aussi du coin, forcément on n'a pas forcément le réseau immédiat donc le réseau que Romuel avait constitué notamment auprès des différents techniciens professionnels de la zone avait déjà permis d'identifier peut-être, de short-lister certains intervenants mais on a aussi dû faire l'effort évidemment de... Investir pour comprendre comment ces gens allaient travailler, etc. Sachant aussi qu'on n'avait pas énormément de choix, ce n'est pas très dynamique dans la zone. Ça a été un premier défi, je pense, d'identifier les bons prestataires. et de faire les choix finalement économiques, de savoir si on allait vendre sur pied, si on allait faire une première transformation. On a finalement cherché à tester les deux choses, parce que c'est aussi d'abord cette première coupe, une expérimentation, avant d'avoir nécessairement un objectif économique. Enfin, ce n'était pas l'objectif prioritaire, on va dire. Donc voilà, ça, c'était le premier challenge.

  • Romuald

    Et puis, assez rapidement, ici, on a aussi, comme je le disais tout à l'heure, on veut contribuer au développement local, donc on a cherché s'il n'y avait pas des exploitants à proximité, à moins d'une heure d'ici. Et il se trouve qu'un exploitant ici travaillait dans la forêt communale d'Escouloubre, et qu'a priori, la commune en était contente. Et également l'Office national des forêts, qui supervisait cette coupe dans la forêt communale, puisque vous savez certainement que les forêts publiques, communales, domaniales, sont gérées par l'Office national des forêts. Et donc on s'est dit on va faire affaire avec cet exploitant. Et donc on a fait affaire et il faut dire qu'on a des difficultés sur la fin du chantier mais on est satisfait de 90% du travail. Mais il reste 10% qui nous intéresse beaucoup parce que c'est dans des parcelles avec un très chouette potentiel, avec des très jolis hêtres. Et là ils nous laissent un peu les bois sur les bras. Et nous on n'a pas vraiment de tronçonneuse. pas encore du moins et on n'a pas les grosses machines pour sortir les gros arbres des forêts donc on est un peu démuni avec ça et puis il devait aussi ouvrir un bout de piste forestière dans la forêt et c'était inclus dans notre contrat et puis ça c'est pas encore fait donc voilà c'est le premier obstacle sur la route mais moi je suis pas tellement étonné parce que... enfin pas tellement étonné c'est difficile de... de pouvoir constituer ces réseaux de confiance avec des exploitants, des entrepreneurs de travaux forestiers, ça prend un certain temps. Et donc voilà, là c'est un apprentissage pour la suite. Encore une fois, rien de dramatique, parce qu'en fait on lui reproche de ne pas avoir coupé les arbres qu'on avait marqués. C'est pas comme si nous les avions volés. Mais c'est quand même embêtant, parce que nous on ne sait pas le faire nous-mêmes ça.

  • Rémy

    Ouais, donc en fait c'est un petit litige, mais qui est pas trop grave dans les deux sens, mais qui serait bien de régler pour que le contrat soit respecté.

  • Romuald

    Exactement et puis aussi si on pouvait résoudre ça à l'amiable bien sûr que on sorte tous tranquillement de cette petite histoire et que on puisse même pourquoi pas retravailler à l'avenir ensemble il n'y a pas d'histoire préconçue.

  • Rémy

    Et alors là vous êtes intervenu en forêt et on parle de gestion sylvicole ou de forêt en gestion douce ça veut dire qu'une fois que vous avez fait cette intervention maintenant il faut attendre

  • Romuald

    Oui, il faut attendre, on va attendre la régénération naturelle, parce que comme on disait précédemment, avec la pression des ongulés sauvages, on a peu de régénération, donc là on espère que la régénération avec la lumière générée par l'éclaircie, elle va sortir un petit peu, et donc là dans les 7-8 années qui viennent, tout notre travail ça va être d'accompagner cette régénération naturelle, sélectionner les essences qui nous intéressent, parce que comme partout en France et dans le monde, dont on va... On va être concerné par le changement climatique, et donc il y a certainement des choix d'espèces à faire, et donc on va certainement privilégier certaines, par exemple le pin sylvestre, au détriment de l'épicéa, qui est certainement peu adapté à l'évolution qui nous est prédite. Et donc c'est un peu ce travail d'accompagnement de la jeunesse qu'on va faire dans les années qui viennent. Et c'est sympa aussi, parce que là pour le coup, ça c'est un petit côté magique quand même de la foresterie, c'est qu'on ne travaille jamais pour soi. On récolte le travail des générations précédentes et nous on travaille pour les enfants, voire les petits-enfants, voire les arrière-petits-enfants, donc ça c'est chouette.

  • Rémy

    Et donc on sort de cette visite et il y avait des petits papillons bleus qui avaient été accrochés à la cime des tout petits arbres. Tu peux nous expliquer Adeline, qu'est-ce que c'était et à quoi ça sert ?

  • Adeline

    Ces papillons, ils identifient les repousses de régénération naturelle de certaines essences qui nous intéressent. notamment les pins et d'autres aussi. Donc ça permet déjà de les visualiser dans l'espace, parce que ce n'est pas forcément facile à repérer. Et puis surtout, ça a un rôle de repoussoir vis-à-vis des cervidés qui viendraient brouter, surtout les bourgeons. Donc a priori, ils s'éloigneraient de ces bouts de plastique, ou ils se piqueraient le nez à ces bouts de plastique, et donc ça les découragerait de venir les manger. On est en train de voir si c'est effectivement le cas. Notamment, on a placé des caméras autour de ces zones-là pour observer le comportement des animaux, pour voir si c'est effectivement conclusif et si on pourrait s'en servir à peut-être un peu plus grande échelle pour protéger certaines de ces... de ces essences en régénération.

  • Rémy

    Donc là, on est reparti sur des temps longs, tu disais, mais au niveau du groupement, il y a des marches ou des prochaines étapes qui commencent à poindre, des aventures suivantes ou bis ?

  • Romuald

    Oui, alors pas plus tard qu'hier soir, parce qu'à la sortie de la forêt, il y a des copains qui sont dans une association à côté qui s'appelle Forêt Préservée, et il se trouve qu'il y a... Un ancien exploitant forestier qui est membre d'un groupement forestier dans un village d'à côté qui me dit, si ça vous intéresse, il y a peut-être une forêt qui sera à vendre prochainement. Et alors, pourquoi pas ? Mais ça, ça va être des vraies questions qu'on va se poser entre associés parce que moi j'avais prévu de me poser un petit peu tranquillement parce que j'ai un petit projet perso dans le même village de valorisation d'un vieux verger. Moi je suis normand d'origine donc il y a des petites idées de valorisation de la pomme qui trottent dans ma tête aussi. Et donc on va voir si collectivement on est chaud pour prendre cette forêt supplémentaire, si on élargit le cercle des associés du groupement, parce qu'on n'aura certainement pas assez d'argent seul avec les membres du groupement, et donc on a une vingtaine de sympathisants qui nous tournent autour, et qui nous ont déjà annoncé qu'ils étaient prêts à venir nous joindre.

  • Rémy

    Alors pour donner quelques éléments sur le groupement, le ticket d'entrée il a combien, pourquoi ?

  • Romuald

    Le ticket d'entrée, on l'a défini collectivement à 10 000 euros parce qu'on considère qu'il faut quand même investir une certaine somme pour être un peu concerné par l'investissement consenti. Si on demandait 500 euros, 1000 euros, bon, est-ce que vraiment on vient aux assemblées générales ? Est-ce qu'on est actif ? Est-ce qu'on vient visiter la forêt ? Ce n'est pas si évident. Donc en fait, on avait le choix entre 5 000 et 10 000 et on a tous choisi 10 000 euros. Et donc là, on est 13. On avait 130 000 euros de capital, on a acheté la forêt plus les frais de notaire autour de 125 000 euros. Et là, on a potentiellement 200 000 euros avec les sympathisants qui attendent, qui sont intéressés par nous rejoindre si on acquiert une autre forêt dans les mêmes localités. Parce que nous, on cherche vraiment à proximité. On ne veut pas aller pour l'instant, du moins moi. à 100 ou 150 km d'ici parce qu'en plus 150 km d'ici si on parle à vol d'oiseau ça va mais les petites routes des Pyrénées ça fait déjà un certain temps donc on aimerait bien rester dans cet ancrage un peu local et donc il semblerait qu'il y ait quelques opportunités alors

  • Rémy

    hier soir aussi je vais faire le lien avec Cédric et Nathalie on a été manger à une table d'hôtes qui sont des amis d'Ardèche donc ça c'est un peu mon point de... de repères ici et il s'avère que toi tu les as rencontrés aussi de ton côté et t'as sympathisé, ils ont plein de projets, est ce que tu peux juste en dire un mot comme ça, ça me permet de faire le lien ?

  • Romuald

    ouais je vais en profiter pour faire la publicité de Esculubre les bains puisqu'il y a un hameau d'esculubre qui a été célèbre décennies passées pour son thermalisme et On passe toujours au bord de cette départementale à Escolou-Blébin et c'est assez lugubre quand même, notamment en hiver là, c'est assez impressionnant. C'est grande bâtisse et ça ressemble un peu effectivement à un paradis perdu un peu. Et un jour par hasard, je vais dormir chez Cédric et Nathalie, donc je franchis la porte et là il y a tout un monde merveilleux qui s'ouvre en fait et très différent de l'impression qu'on a avant de franchir la porte. Et très rapidement, je suis installé. Également par hasard dans leur bibliothèque en attendant que ma chambre soit prête, et là je découvre la bibliothèque de Cédric et Nathalie et là je me dis qu'il faut qu'on se parle. Parce que que ce soit la forêt, la permaculture, l'agroforesterie, l'arboriculture, là vraiment il y avait des choses à se raconter et donc très rapidement on s'est très bien entendu. Et moi j'attends justement de récupérer ce demi hectare de vieux verger pour faire venir Cédric et Nath sur le site parce qu'ils ont créé une forêt jardin en Ardèche et j'aimerais vraiment bénéficier de leur expertise.

  • Rémy

    Merci à vous deux. Je pense qu'on arrive au terme de cette interview sur la belle commune d'Escouloubre, accueillie par Romuald Adeline sur les terres du groupement forestier du Turfu. Du futur en fait, c'est un verlan. Je l'ai dit, c'est un peu daté.

  • Adeline

    On est un peu old school mais on l'assume.

  • Rémy

    Oui, vous l'assumez, c'est bien.

  • Romuald

    Le Turfu n'attend pas.

  • Rémy

    Le Turfu n'attend pas et retour vers le Turfu. En tout cas, merci d'avoir posé votre voix sur mon podcast.

  • Romuald

    Merci à toi.

  • Rémy

    Merci. A bientôt.

  • Romuald

    Bye bye.

Description

"Bienvenue dans le podcast Escalle en Ardèche ! Aujourd'hui, on part à la rencontre de deux acteurs engagés qui ont décidé de reprendre la forêt en main, mais pas n'importe comment… avec une approche citoyenne et écologique, qui bouscule les codes traditionnels de la sylviculture. Je vous invite à découvrir Adeline et Romuald, les co-fondateurs du Groupement Forestier Citoyen et Écologique du Turfu. Ensemble, ils ont décidé de redonner du sens à l'exploitation forestière en créant un collectif autour d’un projet ambitieux et profondément ancré dans l’avenir.


Au programme : une histoire de passionnés, de nature, de forêts et de résilience, mais aussi un véritable défi, celui de se réconcilier avec la terre tout en sortant des logiques économiques classiques. Vous entendrez comment Romuald, après un déclic personnel provoqué par la lecture d’un livre, a pris les choses en main pour concrétiser son rêve de créer un groupement forestier durable, tout en s’entourant d’Adeline, experte en environnement et spécialisée dans la lutte contre la déforestation. Ensemble, ils ont surmonté de nombreux défis, trouvé le terrain idéal et ont lancé ce projet pionnier.


Mais ce n'est pas qu’une histoire d'arbres, c’est aussi celle d’un village un peu perdu dans les Pyrénées, Escouloubre, où l’histoire locale se mêle aux enjeux de demain. Un territoire en transition, entre l’envie de renouer avec le passé et la nécessité de réinventer l'avenir. Vous découvrirez comment ce couple d’innovateurs a su allier action locale, préservation de la nature, et gouvernance participative pour créer un modèle alternatif aux pratiques sylvicoles classiques.


Bref, un épisode à ne pas manquer si vous aimez les projets qui ont du sens, ceux qui redonnent espoir et qui nous font rêver d'un avenir plus vert et solidaire. Prêts à embarquer pour cette aventure forestière ?"


POUR ALLER PLUS LOIN : https://www.forets-partagees.fr/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rémy

    je t'invite avec moi à faire escale en ardèche je t'invite à découvrir les acteurs de ce territoire à rencontrer les entrepreneurs inspirants et porteurs de projets plein de sens pour demain des acteurs locaux engagés et je veux partager ses richesses partager le plaisir d'explorer de mettre en lien de cœur avec ceux et celles qui me font vibrer. Et surtout, imaginer la suite de ces histoires ensemble. Alors bienvenue dans le podcast Escale en Ardèche. Alors je reçois aujourd'hui Adeline et Romuald. Vous êtes membres fondateurs du groupement forestier citoyen et écologique du Turfu. C'est ça ! Bienvenue à vous deux ! Alors c'est une escale en Ardèche mais c'est aussi une escapade sur Escouloubre qui se situe en Ariège si je ne me trompe pas ?

  • Romuald

    Non, dans les Pyrénées-Audouises mais aux confins de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales.

  • Rémy

    D'accord. Donc on vient de sortir d'une visite dans votre forêt puisque vous l'avez acheté il y a à peu près deux ans ?

  • Romuald

    C'est ça !

  • Rémy

    Et moi ce que j'aimerais c'est que vous me parliez de cette aventure que vous avez vécue avec la création de ce groupement forestier, groupement foncier forestier. Et est-ce que vous pouvez m'expliquer d'où est partie l'envie et de quoi est venue en fait cette initiative ?

  • Romuald

    Ok, elle remonte à assez loin finalement même si elle s'est concrétisée récemment. Ça remonte à assez loin parce qu'entre deux périples et deux tranches de vie à Madagascar, j'ai repris une année d'études et pendant cette année d'études, j'ai eu l'occasion de lire un bouquin qui s'appelle « Effondrement » de Jared Diamond. Et ce bouquin a un peu changé ma vie, tout simplement, et m'a vraiment guidé dans la quête d'un lieu, d'un endroit où on pourrait émerger un collectif d'amis, de proches. et autour d'un projet collectif. Et comme je suis forestier de formation, c'est venu assez rapidement l'idée de monter un groupement forestier. Et donc ça traînait dans un petit coin de ma tête quand je suis rentré en Europe il y a 5 ans maintenant, puisque j'ai bossé un bon moment en Afrique. Je suis rentré à Barcelone où je travaille avec Adeline aujourd'hui. Et puis à cette occasion-là, je suis tombé sur un poste sur un des réseaux sociaux préférés de Mark Zuckerberg, de Avenir Forêt. Avenir Forêt c'est un groupement forestier citoyen écologique qui est un peu notre papa à tous monté par Pierre et Suzanne, un couple de forestiers. L'idée a émergé, a mûri depuis un certain temps et le déclencheur c'est ce poste de Pierre sur un réseau social.

  • Rémy

    Adeline, toi tu as embarqué comment avec Romuald dans cette aventure ?

  • Adeline

    Donc moi je suis associée du groupement. Et donc c'est Romuald qui m'a parlé de l'idée il y a déjà 2-3 ans. Et en fait mon parcours personnel c'est que je travaille sur les questions environnementales et forestières, de lutte contre la déforestation à titre professionnel, plutôt aussi dans les pays du Sud. Donc cette idée en fait de pouvoir participer à une action sur ces sujets-là, mais beaucoup plus ancrée finalement dans le pragmatique. que ce que je peux vivre au quotidien dans mon travail m'a tout de suite séduite en fait, parce que c'est vrai que moi j'ai toujours un peu le syndrome de l'imposteuse, je travaille sur ces questions-là mais je ne suis pas forestière de formation, et j'ai vu ça un peu comme un moyen de réconcilier peut-être ces tensions internes chez moi, et de me dire voilà l'opportunité finalement de passer à l'action aussi, d'apprendre, et d'apprendre de la part d'amis et de collègues qui ont une très forte compétence dans la matière. Donc voilà, ça m'a tout de suite séduit et puis connaissant Romuald, je savais qu'il allait nous attirer vers des aventures bien montées, bien ficelées et super intéressantes et passionnantes. Donc j'ai sauté dans la barque.

  • Rémy

    Donc tu as embarqué alors que, bon, toi on sent qu'il y a eu une réflexion issue de la lecture d'un bouquin qui t'a fait un peu sursauter intérieurement en disant il faut passer à l'action. L'acquisition de fonciers forestiers, ça pouvait être l'occasion de mettre le pied à l'étrier de l'aventure.

  • Romuald

    Oui c'est ça, parce que comme j'ai un peu cette expertise forestière et qu'on sait qu'en France la forêt est très morcelée, justement pouvoir se rassembler pour acquérir un bout de forêt, la soustraire à certaines logiques sylvicoles dominantes aujourd'hui, mais on peut citer les coupes rases et les reboisements que tout le monde connaît, ça c'était clairement une porte d'entrée assez simple on va dire. dans cette idée d'un collectif, aussi dans un paysage et dans un territoire que j'avais un peu déjà présélectionné avec toute une liste de critères, comme font un peu tous les collapsologues apprentis, et donc atterrir dans les Pyrénées aussi, parce qu'on est basé à Barcelone, c'est à trois heures de route de notre logement. Ça faisait beaucoup de sens aussi, parce que, encore une fois, ça Ausha pas mal de critères.

  • Rémy

    Alors après cet appel, tu as lancé une bouteille à la mer on va dire, et tu as eu des retours positifs immédiats de ton réseau amical ?

  • Romuald

    C'est ça. Très rapidement un groupe d'une dizaine de personnes s'est constitué, et puis je l'ai complété avec des copains, copines, je savais qu'ils n'étaient pas sur les réseaux mais je savais qu'ils allaient être intéressés. Et puis moi je voulais compléter un peu avec des expertises diverses et variées, des profils divers et variés dans le groupement. Et donc ça s'est fait un peu naturellement, on s'est retrouvé assez vite à 12h13 à faire une première visio pour discuter autour des grands principes de gestion, de gouvernance de notre futur groupement. J'avais déjà, comme l'a dit un peu Adeline, j'avais déjà un peu mûri tout ça, donc j'avais déjà une proposition assez aboutie sur la table, et puis on a débattu de tout ça, on s'est franchement rapidement mis d'accord quand même je crois, et puis après ça a été la quête de la forêt.

  • Rémy

    Alors là on va décrire un petit peu pour ceux qui nous écoutent, où est-ce qu'on se trouve exactement, est-ce que tu peux nous brosser le tableau, parce que là on est tranquillement assis dans un pré, on entend la cloche du village qui sonne, et alors qu'est-ce que vous pouvez me dire un peu de ce village et de cette forêt ?

  • Adeline

    Alors on est à Escouloubre, c'est un tout petit village assez enclavé, donc comme l'a dit Romuald, on va dire la frontière de trois départements français, l'Aude, les Pyrénées-Orientales et l'Ariège. C'est un petit village, il y a à peu près 75 habitants à l'année, un peu plus en été, qui a été vidé de ses forces vives depuis plusieurs décennies. Il fait très froid en hiver.

  • Rémy

    C'est l'exode rural pour aller bosser en ville.

  • Adeline

    Il n'y a plus vraiment de services publics, etc. Mais c'est une commune qui reste quand même très riche, parce qu'elle a un patrimoine forestier important, presque 1000 hectares de forêt. Et puis elle a la particularité aussi de gérer des ressources en eau qui lui donnent un peu de ressources financières, etc. Mais ça reste pour moi vraiment l'archétype du monde rural un peu enclavé, distant des villes où on vit et qui représente aussi un peu un défi finalement parce que s'ancrer dans un territoire comme ça... qui reste très dans l'entre-soi finalement, c'est aussi un défi. On va dire qu'il y a des acteurs au niveau du territoire, c'est un lieu de chasse, un lieu d'élevage, un lieu où évidemment les gens qui sont encore présents sont très attachés à leur territoire, à leur forêt, qui représente un défi pour les aliens que nous sommes puisqu'on n'est pas du coin.

  • Rémy

    Alors ça me fait arriver sur la forêt, je sais que vous êtes passé, on va dire, acheteur... devant la mairie qui a une vocation, enfin en tout cas qui a une volonté d'acquérir le foncier forestier pour une cohérence autour de la commune. Et vous, vous avez pu acheter avant la mairie, ou en tout cas à un meilleur prix cette forêt puisqu'elle a été proposée à la vente il y a deux ans et vous avez sauté sur l'occasion en fait.

  • Romuald

    Oui alors... Pour être complet, la forêt est issue d'une plantation qui avait été initiée par un groupement forestier composé d'habitants du village. Ce groupement forestier a souhaité vendre la forêt et idéalement souhaitait vendre à la commune, puisque la commune était potentiellement acheteuse. Il y a une estimation qui a été faite, mais finalement le groupement forestier de villageois n'a pas souhaité vendre à la commune parce qu'ils considéraient que le prix n'était pas suffisant. Il faut préciser que le prix n'avait pas été défini par la commune, mais par l'Office national des forêts qui avait fait l'estimation. Et donc, finalement, le groupement forestier de l'époque a choisi de réouvrir à la vente. Et pour la petite histoire, moi, je disais, je suis forestier de formation, donc j'étais très introduit dans les réseaux, le bouche à oreille, etc. Et puis finalement, c'est par le bon coin qu'on a trouvé la forêt. Et donc, j'ai vu cette annonce, j'ai sauté dans ma voiture de location et je suis venu la visiter rapidement. La connexion est très bien passée avec les représentants du groupement de l'époque et nous très rapidement on leur a dit qu'on n'allait certainement pas beaucoup négocier le prix demandé et qu'en plus nous on avait une vraie volonté de contribuer aussi au développement local, de ne pas juste nous acheter une résidence secondaire forestière.

  • Rémy

    Oui parce qu'il y a un côté un peu hors sol, vous n'êtes pas du coin, vous débarquez pour acheter une trentaine, quarantaine d'hectares ?

  • Romuald

    31.

  • Rémy

    31 hectares de forêt, ça pourrait mal passer ? On va dire ? Et là en fait c'est complètement l'inverse, Romuald là au bout de deux ans tu fais coucou à tout le monde, tes potes avec les chasseurs, les éleveurs, la mairie, du coup c'est un tour de force ou c'est... comment tu expliques ça ?

  • Romuald

    Toute modestie mise à part, et j'inclus mes camarades associés, c'est la sincérité. Je pense que si tu es sincère et que tu arrives sans arrière-pensée dans un village, quel qu'il soit, moi je me sens très à l'aise pour être sincère justement, ne pas rentrer dans des jeux d'intrigues immédiatement tels qu'il peut y en avoir dans un village. Pour la petite histoire, quand on est arrivé ici, parce qu'on est des néo-ruraux pour la plupart, très rapidement a couru la rumeur que... on voulait interdire la chasse dans notre forêt, qu'on ne voulait plus couper un arbre, alors qu'au contraire, nous, surtout qu'il y a beaucoup trop d'animaux, d'ongulés sauvages qui mettent une pression très forte sur notre forêt, on soutient très fortement nos amis chasseurs ici au village, et on n'a aucun problème, effectivement, on s'entend bien avec tout le monde.

  • Rémy

    Alors, pour expliquer un peu, les ongulés, ça va être les cerfs, les biches...

  • Romuald

    Les chevreuils, les isards également, et puis on a aussi quelques vaches qui se promènent, parce qu'elles n'ont pas de... toute envie de visiter l'alpage comme, pas l'alpage, mais les estives comme leur congénère et certaines aiment bien rester dans notre forêt.

  • Rémy

    Et alors pour expliquer bien à ceux qui nous écoutent en gros il y a une surpopulation de cervidés qui vient brouter tous les petits arbres qui sont en train de pousser et qui en gros empêchent le travail de sylviculture que vous avez prévu de faire.

  • Romuald

    Tout à fait et pour remonter dans le temps depuis le 15ème siècle il n'y avait plus de traces de cerfs et biches dans les Pyrénées. dans les Pyrénées de l'Est. Et c'est en 1960 que la Fédération des chasseurs a décidé de réintroduire 12 cerfs et biches en provenance de la réserve de Chambord, les réserves de chasse de Chambord. Et 50 ans après, un peu plus, on a perdu totalement le contrôle. Et donc les cerfs et biches qui consomment très principalement de l'herbe font même concurrence maintenant aux vaches. Et donc ça devient un vrai problème, y compris pour l'élevage. Et alors pour les forêts, c'est un vrai problème effectivement parce que... Outre la consommation d'herbes, les cerfs, les biches, les chevreuils, les isards consomment des ligneux et ils aiment bien consommer nos petits sapins, nos petits hêtres, alors que nous on aimerait bien en faire des vrais arbres.

  • Rémy

    Et donc ça, ça vient aussi du fait qu'il n'y a plus de prédateurs, hormis les chasseurs, pour ces animaux.

  • Romuald

    Tout à fait, et puis la population de chasseurs est aussi vieillissante. Ici, maintenant, ils ont 80 cerfs et biches, sans compter le reste. À tirer chaque année, ils sont une bonne vingtaine, je crois. Et donc, c'est même une vraie pression sur leurs épaules que d'assurer cette chasse. Et puis, effectivement, le loup n'est pas très loin, mais ça fait 25 ans qu'il est tout seul. Alors peut-être qu'ils se sont succédés, mais il y a un mâle solitaire qui traîne. Il n'a pas encore rencontré sa promise pour constituer une meute. Et puis, les ours ne sont pas très loin, mais ils viennent jeter une tête de temps en temps, mais ils ne s'installent pas.

  • Rémy

    Donc il n'y a pas de prédateurs et en gros, il y a une surpopulation qui va être... difficile à réguler pour le moment à court terme.

  • Romuald

    Alors on va voir à quel point justement les attributions de plans de chasse c'est-à-dire les autorisations de tir qui sont données aux chasseurs ici vont avoir leur effet. Nous on joue notre part aussi, on contribue à notre part dans retrouver cet équilibre entre la forêt et les ongulés sauvages en ayant fait une éclaircie, c'est-à-dire en ouvrant la forêt, parce qu'ouvrir la forêt ça remet de la lumière à l'intérieur de la forêt, ça redonne justement de la... dynamique aux plantes qui sont au sol et donc on peut donner un petit peu à manger aux cérébiches en espérant aussi que nos petits sapins et nos petites lettres puissent filer au milieu de tout ça.

  • Rémy

    Alors cette aventure collective elle vous a amené à faire ce qu'on appelle un plan de gestion c'est à dire dire en gros sur les 15-20 prochaines années comment vous voyez évoluer votre forêt et ça vous a amené là il y a cette année à faire une première intervention, une première éclaircie, marquer des arbres. C'est ça. Vous l'avez fait en collectif, avec les enfants, c'est ça ? Vous pouvez me raconter un peu ?

  • Adeline

    Oui, on a fait ça en collectif à plusieurs occasions. Ce qui était évidemment super, c'est qu'on a eu Romuald et d'autres collègues forestiers comme professeurs pour les divers non-initiés. Et donc ça a été des beaux moments de partage parce que déjà c'était une bonne excuse finalement pour réunir les associés par petits groupes selon les disponibilités de chacun sur le site. Donc pour la plupart des associés ça a été aussi la première occasion de venir voir la forêt. Et puis parfois aussi de se rencontrer parce qu'on ne se connaissait pas tous dès le départ. Et puis après de pouvoir apprendre les principes basiques de gestion. Comment est-ce qu'on marque, comment est-ce qu'on mesure la surface terrière, comment est-ce qu'on comprend la population forestière qu'on a autour de nous, notre territoire, et comment est-ce qu'on sélectionne les arbres qu'on veut abattre, pourquoi, quelle est notre vision à l'ombre. C'est plein d'éléments à prendre en compte qui sont aussi très subjectifs. Donc ça amène la discussion, le débat. Et puis voilà, c'est des moments partagés en forêt où on fait de l'exercice. On est vraiment présent en fait dans la forêt. On comprend mieux le milieu dans lequel on est. Donc après, ça change aussi le regard qu'on a sur notre espace.

  • Rémy

    Il y a un élément un peu technique mais qu'on n'a pas évoqué, c'est le prix d'achat à l'hectare et global de ces 31 hectares. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? On a évoqué les prix...

  • Romuald

    Oui, on n'a aucun problème avec ça. On a acheté la forêt 115 000 euros pour 31 hectares, hors frais de notaire, donc ça fait 3700 euros à peu près par hectare. et c'était le double de ce que la commune avait proposé sur les conseils. l'Office national des forêts. Et nous, on aurait pu négocier un petit peu le prix, mais honnêtement, ça ne court pas les rues, les forêts à vendre dans les Pyrénées ici. Donc nous, on s'est dit, on ne va pas forcément négocier le prix. Et encore une fois, on veut être aussi à l'aise et dans la bonne compréhension avec les gens d'ici. Donc ils ont travaillé pendant 50 ans dans leur forêt, ça nous paraît un prix équitable. On sait qu'avec les bois qui sont dans cette forêt, on pourra faire une coupe prochainement. et avoir un petit peu d'argent pour faire vivre le groupement sans stresser dans les années qui viennent.

  • Rémy

    Et j'imagine que ce prix, il tient compte de la valeur des bois sur pied ?

  • Romuald

    Évidemment, il tient compte.

  • Rémy

    Il y a une évaluation qui a été faite par l'ONF pour conseiller la commune, et vous, vous avez de votre côté eu les conseils d'un ingénieur forestier ?

  • Romuald

    C'est ça, alors en forêt privée, il y a une structure qui s'appelle le Centre National de la Propriété Forestière, qui est un peu l'équivalent des chambres d'agriculture mais pour la forêt privée, Et donc il y a des gens qui... dont le métier c'est de conseiller les propriétaires forestiers privés. Et donc l'ingénieur du CNPF Occitanie a conseillé également à ce groupement forestier vendeur à l'époque, il a dit non, non, il faut vendre un peu plus haut que ça parce que ça vaut beaucoup plus que ça. Et donc on est arrivé à ce prix de 120 000, il y a eu 5 000 euros de réduction pour des questions un peu techniques autour de la transmission des parts du groupement forestier. existants et puis des nôtres mais bon voilà passons les détails on est arrivé à 115 mille euros et ça nous convenait très bien parce qu'encore une fois moi j'avais ça fait deux ans que je cherchais une forêt dans la zone on en avait visité seulement une et moi une deuxième tout seul mais c'était pas du tout satisfaisant donc là moi je suis arrivé ici le décor parce que vous pouvez pas le voir autour de nous mais en fait en bordure de forêt on voit les grandes montagnes de l'Ariège il y a un canal très bucolique qui coule en bordure de notre forêt et où vous vie Le Dessement des Pyrénées, qui est une espèce emblématique et endémique des Pyrénées et des Asturies en Espagne, c'est une espèce de rat-trompette qui vit dans l'eau. Donc on est très fiers d'avoir le Dessement des Pyrénées qui batifole en bordure de notre forêt. Donc le premier coup d'œil quand je suis venu ici, en plus il y avait un petit peu de neige, là j'ai envoyé direct un message dans le groupe WhatsApp du groupement forestier, je fais les gars, les filles, là il faut se décider assez rapidement, mais moi je suis chaud.

  • Rémy

    Le décement dont tu as parlé c'est... Donc une espèce endémique qui est un peu la mascotte, j'ai l'impression, du coin. Il y a une sorte de... Je vois qu'ils font des animations avec les écoles et tout pour parler en fait de cette biodiversité qui est là, qu'on ne voit pas beaucoup apparemment.

  • Romuald

    Très difficile à voir et on a un copain là dans un des villages d'à côté qui produit des bières locales en bio et assez originales et qui a été le premier à pouvoir photographier le dessement sous l'eau. Et d'ailleurs... toutes les bières de la brasserie Sylvatica, on peut trouver un petit dessin d'un décement caché sur les décos de chaque étiquette des bières de Lucas.

  • Rémy

    Comme clin d'œil à cette espèce.

  • Romuald

    Exactement.

  • Rémy

    Alors, après dans l'aventure là, j'aimerais bien que vous nous parliez de ce qui s'est passé lors de la première éclaircie. Vous avez fait appel à qui, comment, qu'est-ce qui s'est bien passé, qu'est-ce qui s'est moins bien passé ? Dans votre aventure, est-ce qu'il y a eu aussi des choses qui sont plus difficiles peut-être ?

  • Adeline

    Je pense qu'un premier défi c'était vraiment de trouver les bons prestataires puisque n'étant pas aussi du coin, forcément on n'a pas forcément le réseau immédiat donc le réseau que Romuel avait constitué notamment auprès des différents techniciens professionnels de la zone avait déjà permis d'identifier peut-être, de short-lister certains intervenants mais on a aussi dû faire l'effort évidemment de... Investir pour comprendre comment ces gens allaient travailler, etc. Sachant aussi qu'on n'avait pas énormément de choix, ce n'est pas très dynamique dans la zone. Ça a été un premier défi, je pense, d'identifier les bons prestataires. et de faire les choix finalement économiques, de savoir si on allait vendre sur pied, si on allait faire une première transformation. On a finalement cherché à tester les deux choses, parce que c'est aussi d'abord cette première coupe, une expérimentation, avant d'avoir nécessairement un objectif économique. Enfin, ce n'était pas l'objectif prioritaire, on va dire. Donc voilà, ça, c'était le premier challenge.

  • Romuald

    Et puis, assez rapidement, ici, on a aussi, comme je le disais tout à l'heure, on veut contribuer au développement local, donc on a cherché s'il n'y avait pas des exploitants à proximité, à moins d'une heure d'ici. Et il se trouve qu'un exploitant ici travaillait dans la forêt communale d'Escouloubre, et qu'a priori, la commune en était contente. Et également l'Office national des forêts, qui supervisait cette coupe dans la forêt communale, puisque vous savez certainement que les forêts publiques, communales, domaniales, sont gérées par l'Office national des forêts. Et donc on s'est dit on va faire affaire avec cet exploitant. Et donc on a fait affaire et il faut dire qu'on a des difficultés sur la fin du chantier mais on est satisfait de 90% du travail. Mais il reste 10% qui nous intéresse beaucoup parce que c'est dans des parcelles avec un très chouette potentiel, avec des très jolis hêtres. Et là ils nous laissent un peu les bois sur les bras. Et nous on n'a pas vraiment de tronçonneuse. pas encore du moins et on n'a pas les grosses machines pour sortir les gros arbres des forêts donc on est un peu démuni avec ça et puis il devait aussi ouvrir un bout de piste forestière dans la forêt et c'était inclus dans notre contrat et puis ça c'est pas encore fait donc voilà c'est le premier obstacle sur la route mais moi je suis pas tellement étonné parce que... enfin pas tellement étonné c'est difficile de... de pouvoir constituer ces réseaux de confiance avec des exploitants, des entrepreneurs de travaux forestiers, ça prend un certain temps. Et donc voilà, là c'est un apprentissage pour la suite. Encore une fois, rien de dramatique, parce qu'en fait on lui reproche de ne pas avoir coupé les arbres qu'on avait marqués. C'est pas comme si nous les avions volés. Mais c'est quand même embêtant, parce que nous on ne sait pas le faire nous-mêmes ça.

  • Rémy

    Ouais, donc en fait c'est un petit litige, mais qui est pas trop grave dans les deux sens, mais qui serait bien de régler pour que le contrat soit respecté.

  • Romuald

    Exactement et puis aussi si on pouvait résoudre ça à l'amiable bien sûr que on sorte tous tranquillement de cette petite histoire et que on puisse même pourquoi pas retravailler à l'avenir ensemble il n'y a pas d'histoire préconçue.

  • Rémy

    Et alors là vous êtes intervenu en forêt et on parle de gestion sylvicole ou de forêt en gestion douce ça veut dire qu'une fois que vous avez fait cette intervention maintenant il faut attendre

  • Romuald

    Oui, il faut attendre, on va attendre la régénération naturelle, parce que comme on disait précédemment, avec la pression des ongulés sauvages, on a peu de régénération, donc là on espère que la régénération avec la lumière générée par l'éclaircie, elle va sortir un petit peu, et donc là dans les 7-8 années qui viennent, tout notre travail ça va être d'accompagner cette régénération naturelle, sélectionner les essences qui nous intéressent, parce que comme partout en France et dans le monde, dont on va... On va être concerné par le changement climatique, et donc il y a certainement des choix d'espèces à faire, et donc on va certainement privilégier certaines, par exemple le pin sylvestre, au détriment de l'épicéa, qui est certainement peu adapté à l'évolution qui nous est prédite. Et donc c'est un peu ce travail d'accompagnement de la jeunesse qu'on va faire dans les années qui viennent. Et c'est sympa aussi, parce que là pour le coup, ça c'est un petit côté magique quand même de la foresterie, c'est qu'on ne travaille jamais pour soi. On récolte le travail des générations précédentes et nous on travaille pour les enfants, voire les petits-enfants, voire les arrière-petits-enfants, donc ça c'est chouette.

  • Rémy

    Et donc on sort de cette visite et il y avait des petits papillons bleus qui avaient été accrochés à la cime des tout petits arbres. Tu peux nous expliquer Adeline, qu'est-ce que c'était et à quoi ça sert ?

  • Adeline

    Ces papillons, ils identifient les repousses de régénération naturelle de certaines essences qui nous intéressent. notamment les pins et d'autres aussi. Donc ça permet déjà de les visualiser dans l'espace, parce que ce n'est pas forcément facile à repérer. Et puis surtout, ça a un rôle de repoussoir vis-à-vis des cervidés qui viendraient brouter, surtout les bourgeons. Donc a priori, ils s'éloigneraient de ces bouts de plastique, ou ils se piqueraient le nez à ces bouts de plastique, et donc ça les découragerait de venir les manger. On est en train de voir si c'est effectivement le cas. Notamment, on a placé des caméras autour de ces zones-là pour observer le comportement des animaux, pour voir si c'est effectivement conclusif et si on pourrait s'en servir à peut-être un peu plus grande échelle pour protéger certaines de ces... de ces essences en régénération.

  • Rémy

    Donc là, on est reparti sur des temps longs, tu disais, mais au niveau du groupement, il y a des marches ou des prochaines étapes qui commencent à poindre, des aventures suivantes ou bis ?

  • Romuald

    Oui, alors pas plus tard qu'hier soir, parce qu'à la sortie de la forêt, il y a des copains qui sont dans une association à côté qui s'appelle Forêt Préservée, et il se trouve qu'il y a... Un ancien exploitant forestier qui est membre d'un groupement forestier dans un village d'à côté qui me dit, si ça vous intéresse, il y a peut-être une forêt qui sera à vendre prochainement. Et alors, pourquoi pas ? Mais ça, ça va être des vraies questions qu'on va se poser entre associés parce que moi j'avais prévu de me poser un petit peu tranquillement parce que j'ai un petit projet perso dans le même village de valorisation d'un vieux verger. Moi je suis normand d'origine donc il y a des petites idées de valorisation de la pomme qui trottent dans ma tête aussi. Et donc on va voir si collectivement on est chaud pour prendre cette forêt supplémentaire, si on élargit le cercle des associés du groupement, parce qu'on n'aura certainement pas assez d'argent seul avec les membres du groupement, et donc on a une vingtaine de sympathisants qui nous tournent autour, et qui nous ont déjà annoncé qu'ils étaient prêts à venir nous joindre.

  • Rémy

    Alors pour donner quelques éléments sur le groupement, le ticket d'entrée il a combien, pourquoi ?

  • Romuald

    Le ticket d'entrée, on l'a défini collectivement à 10 000 euros parce qu'on considère qu'il faut quand même investir une certaine somme pour être un peu concerné par l'investissement consenti. Si on demandait 500 euros, 1000 euros, bon, est-ce que vraiment on vient aux assemblées générales ? Est-ce qu'on est actif ? Est-ce qu'on vient visiter la forêt ? Ce n'est pas si évident. Donc en fait, on avait le choix entre 5 000 et 10 000 et on a tous choisi 10 000 euros. Et donc là, on est 13. On avait 130 000 euros de capital, on a acheté la forêt plus les frais de notaire autour de 125 000 euros. Et là, on a potentiellement 200 000 euros avec les sympathisants qui attendent, qui sont intéressés par nous rejoindre si on acquiert une autre forêt dans les mêmes localités. Parce que nous, on cherche vraiment à proximité. On ne veut pas aller pour l'instant, du moins moi. à 100 ou 150 km d'ici parce qu'en plus 150 km d'ici si on parle à vol d'oiseau ça va mais les petites routes des Pyrénées ça fait déjà un certain temps donc on aimerait bien rester dans cet ancrage un peu local et donc il semblerait qu'il y ait quelques opportunités alors

  • Rémy

    hier soir aussi je vais faire le lien avec Cédric et Nathalie on a été manger à une table d'hôtes qui sont des amis d'Ardèche donc ça c'est un peu mon point de... de repères ici et il s'avère que toi tu les as rencontrés aussi de ton côté et t'as sympathisé, ils ont plein de projets, est ce que tu peux juste en dire un mot comme ça, ça me permet de faire le lien ?

  • Romuald

    ouais je vais en profiter pour faire la publicité de Esculubre les bains puisqu'il y a un hameau d'esculubre qui a été célèbre décennies passées pour son thermalisme et On passe toujours au bord de cette départementale à Escolou-Blébin et c'est assez lugubre quand même, notamment en hiver là, c'est assez impressionnant. C'est grande bâtisse et ça ressemble un peu effectivement à un paradis perdu un peu. Et un jour par hasard, je vais dormir chez Cédric et Nathalie, donc je franchis la porte et là il y a tout un monde merveilleux qui s'ouvre en fait et très différent de l'impression qu'on a avant de franchir la porte. Et très rapidement, je suis installé. Également par hasard dans leur bibliothèque en attendant que ma chambre soit prête, et là je découvre la bibliothèque de Cédric et Nathalie et là je me dis qu'il faut qu'on se parle. Parce que que ce soit la forêt, la permaculture, l'agroforesterie, l'arboriculture, là vraiment il y avait des choses à se raconter et donc très rapidement on s'est très bien entendu. Et moi j'attends justement de récupérer ce demi hectare de vieux verger pour faire venir Cédric et Nath sur le site parce qu'ils ont créé une forêt jardin en Ardèche et j'aimerais vraiment bénéficier de leur expertise.

  • Rémy

    Merci à vous deux. Je pense qu'on arrive au terme de cette interview sur la belle commune d'Escouloubre, accueillie par Romuald Adeline sur les terres du groupement forestier du Turfu. Du futur en fait, c'est un verlan. Je l'ai dit, c'est un peu daté.

  • Adeline

    On est un peu old school mais on l'assume.

  • Rémy

    Oui, vous l'assumez, c'est bien.

  • Romuald

    Le Turfu n'attend pas.

  • Rémy

    Le Turfu n'attend pas et retour vers le Turfu. En tout cas, merci d'avoir posé votre voix sur mon podcast.

  • Romuald

    Merci à toi.

  • Rémy

    Merci. A bientôt.

  • Romuald

    Bye bye.

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Description

"Bienvenue dans le podcast Escalle en Ardèche ! Aujourd'hui, on part à la rencontre de deux acteurs engagés qui ont décidé de reprendre la forêt en main, mais pas n'importe comment… avec une approche citoyenne et écologique, qui bouscule les codes traditionnels de la sylviculture. Je vous invite à découvrir Adeline et Romuald, les co-fondateurs du Groupement Forestier Citoyen et Écologique du Turfu. Ensemble, ils ont décidé de redonner du sens à l'exploitation forestière en créant un collectif autour d’un projet ambitieux et profondément ancré dans l’avenir.


Au programme : une histoire de passionnés, de nature, de forêts et de résilience, mais aussi un véritable défi, celui de se réconcilier avec la terre tout en sortant des logiques économiques classiques. Vous entendrez comment Romuald, après un déclic personnel provoqué par la lecture d’un livre, a pris les choses en main pour concrétiser son rêve de créer un groupement forestier durable, tout en s’entourant d’Adeline, experte en environnement et spécialisée dans la lutte contre la déforestation. Ensemble, ils ont surmonté de nombreux défis, trouvé le terrain idéal et ont lancé ce projet pionnier.


Mais ce n'est pas qu’une histoire d'arbres, c’est aussi celle d’un village un peu perdu dans les Pyrénées, Escouloubre, où l’histoire locale se mêle aux enjeux de demain. Un territoire en transition, entre l’envie de renouer avec le passé et la nécessité de réinventer l'avenir. Vous découvrirez comment ce couple d’innovateurs a su allier action locale, préservation de la nature, et gouvernance participative pour créer un modèle alternatif aux pratiques sylvicoles classiques.


Bref, un épisode à ne pas manquer si vous aimez les projets qui ont du sens, ceux qui redonnent espoir et qui nous font rêver d'un avenir plus vert et solidaire. Prêts à embarquer pour cette aventure forestière ?"


POUR ALLER PLUS LOIN : https://www.forets-partagees.fr/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rémy

    je t'invite avec moi à faire escale en ardèche je t'invite à découvrir les acteurs de ce territoire à rencontrer les entrepreneurs inspirants et porteurs de projets plein de sens pour demain des acteurs locaux engagés et je veux partager ses richesses partager le plaisir d'explorer de mettre en lien de cœur avec ceux et celles qui me font vibrer. Et surtout, imaginer la suite de ces histoires ensemble. Alors bienvenue dans le podcast Escale en Ardèche. Alors je reçois aujourd'hui Adeline et Romuald. Vous êtes membres fondateurs du groupement forestier citoyen et écologique du Turfu. C'est ça ! Bienvenue à vous deux ! Alors c'est une escale en Ardèche mais c'est aussi une escapade sur Escouloubre qui se situe en Ariège si je ne me trompe pas ?

  • Romuald

    Non, dans les Pyrénées-Audouises mais aux confins de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales.

  • Rémy

    D'accord. Donc on vient de sortir d'une visite dans votre forêt puisque vous l'avez acheté il y a à peu près deux ans ?

  • Romuald

    C'est ça !

  • Rémy

    Et moi ce que j'aimerais c'est que vous me parliez de cette aventure que vous avez vécue avec la création de ce groupement forestier, groupement foncier forestier. Et est-ce que vous pouvez m'expliquer d'où est partie l'envie et de quoi est venue en fait cette initiative ?

  • Romuald

    Ok, elle remonte à assez loin finalement même si elle s'est concrétisée récemment. Ça remonte à assez loin parce qu'entre deux périples et deux tranches de vie à Madagascar, j'ai repris une année d'études et pendant cette année d'études, j'ai eu l'occasion de lire un bouquin qui s'appelle « Effondrement » de Jared Diamond. Et ce bouquin a un peu changé ma vie, tout simplement, et m'a vraiment guidé dans la quête d'un lieu, d'un endroit où on pourrait émerger un collectif d'amis, de proches. et autour d'un projet collectif. Et comme je suis forestier de formation, c'est venu assez rapidement l'idée de monter un groupement forestier. Et donc ça traînait dans un petit coin de ma tête quand je suis rentré en Europe il y a 5 ans maintenant, puisque j'ai bossé un bon moment en Afrique. Je suis rentré à Barcelone où je travaille avec Adeline aujourd'hui. Et puis à cette occasion-là, je suis tombé sur un poste sur un des réseaux sociaux préférés de Mark Zuckerberg, de Avenir Forêt. Avenir Forêt c'est un groupement forestier citoyen écologique qui est un peu notre papa à tous monté par Pierre et Suzanne, un couple de forestiers. L'idée a émergé, a mûri depuis un certain temps et le déclencheur c'est ce poste de Pierre sur un réseau social.

  • Rémy

    Adeline, toi tu as embarqué comment avec Romuald dans cette aventure ?

  • Adeline

    Donc moi je suis associée du groupement. Et donc c'est Romuald qui m'a parlé de l'idée il y a déjà 2-3 ans. Et en fait mon parcours personnel c'est que je travaille sur les questions environnementales et forestières, de lutte contre la déforestation à titre professionnel, plutôt aussi dans les pays du Sud. Donc cette idée en fait de pouvoir participer à une action sur ces sujets-là, mais beaucoup plus ancrée finalement dans le pragmatique. que ce que je peux vivre au quotidien dans mon travail m'a tout de suite séduite en fait, parce que c'est vrai que moi j'ai toujours un peu le syndrome de l'imposteuse, je travaille sur ces questions-là mais je ne suis pas forestière de formation, et j'ai vu ça un peu comme un moyen de réconcilier peut-être ces tensions internes chez moi, et de me dire voilà l'opportunité finalement de passer à l'action aussi, d'apprendre, et d'apprendre de la part d'amis et de collègues qui ont une très forte compétence dans la matière. Donc voilà, ça m'a tout de suite séduit et puis connaissant Romuald, je savais qu'il allait nous attirer vers des aventures bien montées, bien ficelées et super intéressantes et passionnantes. Donc j'ai sauté dans la barque.

  • Rémy

    Donc tu as embarqué alors que, bon, toi on sent qu'il y a eu une réflexion issue de la lecture d'un bouquin qui t'a fait un peu sursauter intérieurement en disant il faut passer à l'action. L'acquisition de fonciers forestiers, ça pouvait être l'occasion de mettre le pied à l'étrier de l'aventure.

  • Romuald

    Oui c'est ça, parce que comme j'ai un peu cette expertise forestière et qu'on sait qu'en France la forêt est très morcelée, justement pouvoir se rassembler pour acquérir un bout de forêt, la soustraire à certaines logiques sylvicoles dominantes aujourd'hui, mais on peut citer les coupes rases et les reboisements que tout le monde connaît, ça c'était clairement une porte d'entrée assez simple on va dire. dans cette idée d'un collectif, aussi dans un paysage et dans un territoire que j'avais un peu déjà présélectionné avec toute une liste de critères, comme font un peu tous les collapsologues apprentis, et donc atterrir dans les Pyrénées aussi, parce qu'on est basé à Barcelone, c'est à trois heures de route de notre logement. Ça faisait beaucoup de sens aussi, parce que, encore une fois, ça Ausha pas mal de critères.

  • Rémy

    Alors après cet appel, tu as lancé une bouteille à la mer on va dire, et tu as eu des retours positifs immédiats de ton réseau amical ?

  • Romuald

    C'est ça. Très rapidement un groupe d'une dizaine de personnes s'est constitué, et puis je l'ai complété avec des copains, copines, je savais qu'ils n'étaient pas sur les réseaux mais je savais qu'ils allaient être intéressés. Et puis moi je voulais compléter un peu avec des expertises diverses et variées, des profils divers et variés dans le groupement. Et donc ça s'est fait un peu naturellement, on s'est retrouvé assez vite à 12h13 à faire une première visio pour discuter autour des grands principes de gestion, de gouvernance de notre futur groupement. J'avais déjà, comme l'a dit un peu Adeline, j'avais déjà un peu mûri tout ça, donc j'avais déjà une proposition assez aboutie sur la table, et puis on a débattu de tout ça, on s'est franchement rapidement mis d'accord quand même je crois, et puis après ça a été la quête de la forêt.

  • Rémy

    Alors là on va décrire un petit peu pour ceux qui nous écoutent, où est-ce qu'on se trouve exactement, est-ce que tu peux nous brosser le tableau, parce que là on est tranquillement assis dans un pré, on entend la cloche du village qui sonne, et alors qu'est-ce que vous pouvez me dire un peu de ce village et de cette forêt ?

  • Adeline

    Alors on est à Escouloubre, c'est un tout petit village assez enclavé, donc comme l'a dit Romuald, on va dire la frontière de trois départements français, l'Aude, les Pyrénées-Orientales et l'Ariège. C'est un petit village, il y a à peu près 75 habitants à l'année, un peu plus en été, qui a été vidé de ses forces vives depuis plusieurs décennies. Il fait très froid en hiver.

  • Rémy

    C'est l'exode rural pour aller bosser en ville.

  • Adeline

    Il n'y a plus vraiment de services publics, etc. Mais c'est une commune qui reste quand même très riche, parce qu'elle a un patrimoine forestier important, presque 1000 hectares de forêt. Et puis elle a la particularité aussi de gérer des ressources en eau qui lui donnent un peu de ressources financières, etc. Mais ça reste pour moi vraiment l'archétype du monde rural un peu enclavé, distant des villes où on vit et qui représente aussi un peu un défi finalement parce que s'ancrer dans un territoire comme ça... qui reste très dans l'entre-soi finalement, c'est aussi un défi. On va dire qu'il y a des acteurs au niveau du territoire, c'est un lieu de chasse, un lieu d'élevage, un lieu où évidemment les gens qui sont encore présents sont très attachés à leur territoire, à leur forêt, qui représente un défi pour les aliens que nous sommes puisqu'on n'est pas du coin.

  • Rémy

    Alors ça me fait arriver sur la forêt, je sais que vous êtes passé, on va dire, acheteur... devant la mairie qui a une vocation, enfin en tout cas qui a une volonté d'acquérir le foncier forestier pour une cohérence autour de la commune. Et vous, vous avez pu acheter avant la mairie, ou en tout cas à un meilleur prix cette forêt puisqu'elle a été proposée à la vente il y a deux ans et vous avez sauté sur l'occasion en fait.

  • Romuald

    Oui alors... Pour être complet, la forêt est issue d'une plantation qui avait été initiée par un groupement forestier composé d'habitants du village. Ce groupement forestier a souhaité vendre la forêt et idéalement souhaitait vendre à la commune, puisque la commune était potentiellement acheteuse. Il y a une estimation qui a été faite, mais finalement le groupement forestier de villageois n'a pas souhaité vendre à la commune parce qu'ils considéraient que le prix n'était pas suffisant. Il faut préciser que le prix n'avait pas été défini par la commune, mais par l'Office national des forêts qui avait fait l'estimation. Et donc, finalement, le groupement forestier de l'époque a choisi de réouvrir à la vente. Et pour la petite histoire, moi, je disais, je suis forestier de formation, donc j'étais très introduit dans les réseaux, le bouche à oreille, etc. Et puis finalement, c'est par le bon coin qu'on a trouvé la forêt. Et donc, j'ai vu cette annonce, j'ai sauté dans ma voiture de location et je suis venu la visiter rapidement. La connexion est très bien passée avec les représentants du groupement de l'époque et nous très rapidement on leur a dit qu'on n'allait certainement pas beaucoup négocier le prix demandé et qu'en plus nous on avait une vraie volonté de contribuer aussi au développement local, de ne pas juste nous acheter une résidence secondaire forestière.

  • Rémy

    Oui parce qu'il y a un côté un peu hors sol, vous n'êtes pas du coin, vous débarquez pour acheter une trentaine, quarantaine d'hectares ?

  • Romuald

    31.

  • Rémy

    31 hectares de forêt, ça pourrait mal passer ? On va dire ? Et là en fait c'est complètement l'inverse, Romuald là au bout de deux ans tu fais coucou à tout le monde, tes potes avec les chasseurs, les éleveurs, la mairie, du coup c'est un tour de force ou c'est... comment tu expliques ça ?

  • Romuald

    Toute modestie mise à part, et j'inclus mes camarades associés, c'est la sincérité. Je pense que si tu es sincère et que tu arrives sans arrière-pensée dans un village, quel qu'il soit, moi je me sens très à l'aise pour être sincère justement, ne pas rentrer dans des jeux d'intrigues immédiatement tels qu'il peut y en avoir dans un village. Pour la petite histoire, quand on est arrivé ici, parce qu'on est des néo-ruraux pour la plupart, très rapidement a couru la rumeur que... on voulait interdire la chasse dans notre forêt, qu'on ne voulait plus couper un arbre, alors qu'au contraire, nous, surtout qu'il y a beaucoup trop d'animaux, d'ongulés sauvages qui mettent une pression très forte sur notre forêt, on soutient très fortement nos amis chasseurs ici au village, et on n'a aucun problème, effectivement, on s'entend bien avec tout le monde.

  • Rémy

    Alors, pour expliquer un peu, les ongulés, ça va être les cerfs, les biches...

  • Romuald

    Les chevreuils, les isards également, et puis on a aussi quelques vaches qui se promènent, parce qu'elles n'ont pas de... toute envie de visiter l'alpage comme, pas l'alpage, mais les estives comme leur congénère et certaines aiment bien rester dans notre forêt.

  • Rémy

    Et alors pour expliquer bien à ceux qui nous écoutent en gros il y a une surpopulation de cervidés qui vient brouter tous les petits arbres qui sont en train de pousser et qui en gros empêchent le travail de sylviculture que vous avez prévu de faire.

  • Romuald

    Tout à fait et pour remonter dans le temps depuis le 15ème siècle il n'y avait plus de traces de cerfs et biches dans les Pyrénées. dans les Pyrénées de l'Est. Et c'est en 1960 que la Fédération des chasseurs a décidé de réintroduire 12 cerfs et biches en provenance de la réserve de Chambord, les réserves de chasse de Chambord. Et 50 ans après, un peu plus, on a perdu totalement le contrôle. Et donc les cerfs et biches qui consomment très principalement de l'herbe font même concurrence maintenant aux vaches. Et donc ça devient un vrai problème, y compris pour l'élevage. Et alors pour les forêts, c'est un vrai problème effectivement parce que... Outre la consommation d'herbes, les cerfs, les biches, les chevreuils, les isards consomment des ligneux et ils aiment bien consommer nos petits sapins, nos petits hêtres, alors que nous on aimerait bien en faire des vrais arbres.

  • Rémy

    Et donc ça, ça vient aussi du fait qu'il n'y a plus de prédateurs, hormis les chasseurs, pour ces animaux.

  • Romuald

    Tout à fait, et puis la population de chasseurs est aussi vieillissante. Ici, maintenant, ils ont 80 cerfs et biches, sans compter le reste. À tirer chaque année, ils sont une bonne vingtaine, je crois. Et donc, c'est même une vraie pression sur leurs épaules que d'assurer cette chasse. Et puis, effectivement, le loup n'est pas très loin, mais ça fait 25 ans qu'il est tout seul. Alors peut-être qu'ils se sont succédés, mais il y a un mâle solitaire qui traîne. Il n'a pas encore rencontré sa promise pour constituer une meute. Et puis, les ours ne sont pas très loin, mais ils viennent jeter une tête de temps en temps, mais ils ne s'installent pas.

  • Rémy

    Donc il n'y a pas de prédateurs et en gros, il y a une surpopulation qui va être... difficile à réguler pour le moment à court terme.

  • Romuald

    Alors on va voir à quel point justement les attributions de plans de chasse c'est-à-dire les autorisations de tir qui sont données aux chasseurs ici vont avoir leur effet. Nous on joue notre part aussi, on contribue à notre part dans retrouver cet équilibre entre la forêt et les ongulés sauvages en ayant fait une éclaircie, c'est-à-dire en ouvrant la forêt, parce qu'ouvrir la forêt ça remet de la lumière à l'intérieur de la forêt, ça redonne justement de la... dynamique aux plantes qui sont au sol et donc on peut donner un petit peu à manger aux cérébiches en espérant aussi que nos petits sapins et nos petites lettres puissent filer au milieu de tout ça.

  • Rémy

    Alors cette aventure collective elle vous a amené à faire ce qu'on appelle un plan de gestion c'est à dire dire en gros sur les 15-20 prochaines années comment vous voyez évoluer votre forêt et ça vous a amené là il y a cette année à faire une première intervention, une première éclaircie, marquer des arbres. C'est ça. Vous l'avez fait en collectif, avec les enfants, c'est ça ? Vous pouvez me raconter un peu ?

  • Adeline

    Oui, on a fait ça en collectif à plusieurs occasions. Ce qui était évidemment super, c'est qu'on a eu Romuald et d'autres collègues forestiers comme professeurs pour les divers non-initiés. Et donc ça a été des beaux moments de partage parce que déjà c'était une bonne excuse finalement pour réunir les associés par petits groupes selon les disponibilités de chacun sur le site. Donc pour la plupart des associés ça a été aussi la première occasion de venir voir la forêt. Et puis parfois aussi de se rencontrer parce qu'on ne se connaissait pas tous dès le départ. Et puis après de pouvoir apprendre les principes basiques de gestion. Comment est-ce qu'on marque, comment est-ce qu'on mesure la surface terrière, comment est-ce qu'on comprend la population forestière qu'on a autour de nous, notre territoire, et comment est-ce qu'on sélectionne les arbres qu'on veut abattre, pourquoi, quelle est notre vision à l'ombre. C'est plein d'éléments à prendre en compte qui sont aussi très subjectifs. Donc ça amène la discussion, le débat. Et puis voilà, c'est des moments partagés en forêt où on fait de l'exercice. On est vraiment présent en fait dans la forêt. On comprend mieux le milieu dans lequel on est. Donc après, ça change aussi le regard qu'on a sur notre espace.

  • Rémy

    Il y a un élément un peu technique mais qu'on n'a pas évoqué, c'est le prix d'achat à l'hectare et global de ces 31 hectares. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? On a évoqué les prix...

  • Romuald

    Oui, on n'a aucun problème avec ça. On a acheté la forêt 115 000 euros pour 31 hectares, hors frais de notaire, donc ça fait 3700 euros à peu près par hectare. et c'était le double de ce que la commune avait proposé sur les conseils. l'Office national des forêts. Et nous, on aurait pu négocier un petit peu le prix, mais honnêtement, ça ne court pas les rues, les forêts à vendre dans les Pyrénées ici. Donc nous, on s'est dit, on ne va pas forcément négocier le prix. Et encore une fois, on veut être aussi à l'aise et dans la bonne compréhension avec les gens d'ici. Donc ils ont travaillé pendant 50 ans dans leur forêt, ça nous paraît un prix équitable. On sait qu'avec les bois qui sont dans cette forêt, on pourra faire une coupe prochainement. et avoir un petit peu d'argent pour faire vivre le groupement sans stresser dans les années qui viennent.

  • Rémy

    Et j'imagine que ce prix, il tient compte de la valeur des bois sur pied ?

  • Romuald

    Évidemment, il tient compte.

  • Rémy

    Il y a une évaluation qui a été faite par l'ONF pour conseiller la commune, et vous, vous avez de votre côté eu les conseils d'un ingénieur forestier ?

  • Romuald

    C'est ça, alors en forêt privée, il y a une structure qui s'appelle le Centre National de la Propriété Forestière, qui est un peu l'équivalent des chambres d'agriculture mais pour la forêt privée, Et donc il y a des gens qui... dont le métier c'est de conseiller les propriétaires forestiers privés. Et donc l'ingénieur du CNPF Occitanie a conseillé également à ce groupement forestier vendeur à l'époque, il a dit non, non, il faut vendre un peu plus haut que ça parce que ça vaut beaucoup plus que ça. Et donc on est arrivé à ce prix de 120 000, il y a eu 5 000 euros de réduction pour des questions un peu techniques autour de la transmission des parts du groupement forestier. existants et puis des nôtres mais bon voilà passons les détails on est arrivé à 115 mille euros et ça nous convenait très bien parce qu'encore une fois moi j'avais ça fait deux ans que je cherchais une forêt dans la zone on en avait visité seulement une et moi une deuxième tout seul mais c'était pas du tout satisfaisant donc là moi je suis arrivé ici le décor parce que vous pouvez pas le voir autour de nous mais en fait en bordure de forêt on voit les grandes montagnes de l'Ariège il y a un canal très bucolique qui coule en bordure de notre forêt et où vous vie Le Dessement des Pyrénées, qui est une espèce emblématique et endémique des Pyrénées et des Asturies en Espagne, c'est une espèce de rat-trompette qui vit dans l'eau. Donc on est très fiers d'avoir le Dessement des Pyrénées qui batifole en bordure de notre forêt. Donc le premier coup d'œil quand je suis venu ici, en plus il y avait un petit peu de neige, là j'ai envoyé direct un message dans le groupe WhatsApp du groupement forestier, je fais les gars, les filles, là il faut se décider assez rapidement, mais moi je suis chaud.

  • Rémy

    Le décement dont tu as parlé c'est... Donc une espèce endémique qui est un peu la mascotte, j'ai l'impression, du coin. Il y a une sorte de... Je vois qu'ils font des animations avec les écoles et tout pour parler en fait de cette biodiversité qui est là, qu'on ne voit pas beaucoup apparemment.

  • Romuald

    Très difficile à voir et on a un copain là dans un des villages d'à côté qui produit des bières locales en bio et assez originales et qui a été le premier à pouvoir photographier le dessement sous l'eau. Et d'ailleurs... toutes les bières de la brasserie Sylvatica, on peut trouver un petit dessin d'un décement caché sur les décos de chaque étiquette des bières de Lucas.

  • Rémy

    Comme clin d'œil à cette espèce.

  • Romuald

    Exactement.

  • Rémy

    Alors, après dans l'aventure là, j'aimerais bien que vous nous parliez de ce qui s'est passé lors de la première éclaircie. Vous avez fait appel à qui, comment, qu'est-ce qui s'est bien passé, qu'est-ce qui s'est moins bien passé ? Dans votre aventure, est-ce qu'il y a eu aussi des choses qui sont plus difficiles peut-être ?

  • Adeline

    Je pense qu'un premier défi c'était vraiment de trouver les bons prestataires puisque n'étant pas aussi du coin, forcément on n'a pas forcément le réseau immédiat donc le réseau que Romuel avait constitué notamment auprès des différents techniciens professionnels de la zone avait déjà permis d'identifier peut-être, de short-lister certains intervenants mais on a aussi dû faire l'effort évidemment de... Investir pour comprendre comment ces gens allaient travailler, etc. Sachant aussi qu'on n'avait pas énormément de choix, ce n'est pas très dynamique dans la zone. Ça a été un premier défi, je pense, d'identifier les bons prestataires. et de faire les choix finalement économiques, de savoir si on allait vendre sur pied, si on allait faire une première transformation. On a finalement cherché à tester les deux choses, parce que c'est aussi d'abord cette première coupe, une expérimentation, avant d'avoir nécessairement un objectif économique. Enfin, ce n'était pas l'objectif prioritaire, on va dire. Donc voilà, ça, c'était le premier challenge.

  • Romuald

    Et puis, assez rapidement, ici, on a aussi, comme je le disais tout à l'heure, on veut contribuer au développement local, donc on a cherché s'il n'y avait pas des exploitants à proximité, à moins d'une heure d'ici. Et il se trouve qu'un exploitant ici travaillait dans la forêt communale d'Escouloubre, et qu'a priori, la commune en était contente. Et également l'Office national des forêts, qui supervisait cette coupe dans la forêt communale, puisque vous savez certainement que les forêts publiques, communales, domaniales, sont gérées par l'Office national des forêts. Et donc on s'est dit on va faire affaire avec cet exploitant. Et donc on a fait affaire et il faut dire qu'on a des difficultés sur la fin du chantier mais on est satisfait de 90% du travail. Mais il reste 10% qui nous intéresse beaucoup parce que c'est dans des parcelles avec un très chouette potentiel, avec des très jolis hêtres. Et là ils nous laissent un peu les bois sur les bras. Et nous on n'a pas vraiment de tronçonneuse. pas encore du moins et on n'a pas les grosses machines pour sortir les gros arbres des forêts donc on est un peu démuni avec ça et puis il devait aussi ouvrir un bout de piste forestière dans la forêt et c'était inclus dans notre contrat et puis ça c'est pas encore fait donc voilà c'est le premier obstacle sur la route mais moi je suis pas tellement étonné parce que... enfin pas tellement étonné c'est difficile de... de pouvoir constituer ces réseaux de confiance avec des exploitants, des entrepreneurs de travaux forestiers, ça prend un certain temps. Et donc voilà, là c'est un apprentissage pour la suite. Encore une fois, rien de dramatique, parce qu'en fait on lui reproche de ne pas avoir coupé les arbres qu'on avait marqués. C'est pas comme si nous les avions volés. Mais c'est quand même embêtant, parce que nous on ne sait pas le faire nous-mêmes ça.

  • Rémy

    Ouais, donc en fait c'est un petit litige, mais qui est pas trop grave dans les deux sens, mais qui serait bien de régler pour que le contrat soit respecté.

  • Romuald

    Exactement et puis aussi si on pouvait résoudre ça à l'amiable bien sûr que on sorte tous tranquillement de cette petite histoire et que on puisse même pourquoi pas retravailler à l'avenir ensemble il n'y a pas d'histoire préconçue.

  • Rémy

    Et alors là vous êtes intervenu en forêt et on parle de gestion sylvicole ou de forêt en gestion douce ça veut dire qu'une fois que vous avez fait cette intervention maintenant il faut attendre

  • Romuald

    Oui, il faut attendre, on va attendre la régénération naturelle, parce que comme on disait précédemment, avec la pression des ongulés sauvages, on a peu de régénération, donc là on espère que la régénération avec la lumière générée par l'éclaircie, elle va sortir un petit peu, et donc là dans les 7-8 années qui viennent, tout notre travail ça va être d'accompagner cette régénération naturelle, sélectionner les essences qui nous intéressent, parce que comme partout en France et dans le monde, dont on va... On va être concerné par le changement climatique, et donc il y a certainement des choix d'espèces à faire, et donc on va certainement privilégier certaines, par exemple le pin sylvestre, au détriment de l'épicéa, qui est certainement peu adapté à l'évolution qui nous est prédite. Et donc c'est un peu ce travail d'accompagnement de la jeunesse qu'on va faire dans les années qui viennent. Et c'est sympa aussi, parce que là pour le coup, ça c'est un petit côté magique quand même de la foresterie, c'est qu'on ne travaille jamais pour soi. On récolte le travail des générations précédentes et nous on travaille pour les enfants, voire les petits-enfants, voire les arrière-petits-enfants, donc ça c'est chouette.

  • Rémy

    Et donc on sort de cette visite et il y avait des petits papillons bleus qui avaient été accrochés à la cime des tout petits arbres. Tu peux nous expliquer Adeline, qu'est-ce que c'était et à quoi ça sert ?

  • Adeline

    Ces papillons, ils identifient les repousses de régénération naturelle de certaines essences qui nous intéressent. notamment les pins et d'autres aussi. Donc ça permet déjà de les visualiser dans l'espace, parce que ce n'est pas forcément facile à repérer. Et puis surtout, ça a un rôle de repoussoir vis-à-vis des cervidés qui viendraient brouter, surtout les bourgeons. Donc a priori, ils s'éloigneraient de ces bouts de plastique, ou ils se piqueraient le nez à ces bouts de plastique, et donc ça les découragerait de venir les manger. On est en train de voir si c'est effectivement le cas. Notamment, on a placé des caméras autour de ces zones-là pour observer le comportement des animaux, pour voir si c'est effectivement conclusif et si on pourrait s'en servir à peut-être un peu plus grande échelle pour protéger certaines de ces... de ces essences en régénération.

  • Rémy

    Donc là, on est reparti sur des temps longs, tu disais, mais au niveau du groupement, il y a des marches ou des prochaines étapes qui commencent à poindre, des aventures suivantes ou bis ?

  • Romuald

    Oui, alors pas plus tard qu'hier soir, parce qu'à la sortie de la forêt, il y a des copains qui sont dans une association à côté qui s'appelle Forêt Préservée, et il se trouve qu'il y a... Un ancien exploitant forestier qui est membre d'un groupement forestier dans un village d'à côté qui me dit, si ça vous intéresse, il y a peut-être une forêt qui sera à vendre prochainement. Et alors, pourquoi pas ? Mais ça, ça va être des vraies questions qu'on va se poser entre associés parce que moi j'avais prévu de me poser un petit peu tranquillement parce que j'ai un petit projet perso dans le même village de valorisation d'un vieux verger. Moi je suis normand d'origine donc il y a des petites idées de valorisation de la pomme qui trottent dans ma tête aussi. Et donc on va voir si collectivement on est chaud pour prendre cette forêt supplémentaire, si on élargit le cercle des associés du groupement, parce qu'on n'aura certainement pas assez d'argent seul avec les membres du groupement, et donc on a une vingtaine de sympathisants qui nous tournent autour, et qui nous ont déjà annoncé qu'ils étaient prêts à venir nous joindre.

  • Rémy

    Alors pour donner quelques éléments sur le groupement, le ticket d'entrée il a combien, pourquoi ?

  • Romuald

    Le ticket d'entrée, on l'a défini collectivement à 10 000 euros parce qu'on considère qu'il faut quand même investir une certaine somme pour être un peu concerné par l'investissement consenti. Si on demandait 500 euros, 1000 euros, bon, est-ce que vraiment on vient aux assemblées générales ? Est-ce qu'on est actif ? Est-ce qu'on vient visiter la forêt ? Ce n'est pas si évident. Donc en fait, on avait le choix entre 5 000 et 10 000 et on a tous choisi 10 000 euros. Et donc là, on est 13. On avait 130 000 euros de capital, on a acheté la forêt plus les frais de notaire autour de 125 000 euros. Et là, on a potentiellement 200 000 euros avec les sympathisants qui attendent, qui sont intéressés par nous rejoindre si on acquiert une autre forêt dans les mêmes localités. Parce que nous, on cherche vraiment à proximité. On ne veut pas aller pour l'instant, du moins moi. à 100 ou 150 km d'ici parce qu'en plus 150 km d'ici si on parle à vol d'oiseau ça va mais les petites routes des Pyrénées ça fait déjà un certain temps donc on aimerait bien rester dans cet ancrage un peu local et donc il semblerait qu'il y ait quelques opportunités alors

  • Rémy

    hier soir aussi je vais faire le lien avec Cédric et Nathalie on a été manger à une table d'hôtes qui sont des amis d'Ardèche donc ça c'est un peu mon point de... de repères ici et il s'avère que toi tu les as rencontrés aussi de ton côté et t'as sympathisé, ils ont plein de projets, est ce que tu peux juste en dire un mot comme ça, ça me permet de faire le lien ?

  • Romuald

    ouais je vais en profiter pour faire la publicité de Esculubre les bains puisqu'il y a un hameau d'esculubre qui a été célèbre décennies passées pour son thermalisme et On passe toujours au bord de cette départementale à Escolou-Blébin et c'est assez lugubre quand même, notamment en hiver là, c'est assez impressionnant. C'est grande bâtisse et ça ressemble un peu effectivement à un paradis perdu un peu. Et un jour par hasard, je vais dormir chez Cédric et Nathalie, donc je franchis la porte et là il y a tout un monde merveilleux qui s'ouvre en fait et très différent de l'impression qu'on a avant de franchir la porte. Et très rapidement, je suis installé. Également par hasard dans leur bibliothèque en attendant que ma chambre soit prête, et là je découvre la bibliothèque de Cédric et Nathalie et là je me dis qu'il faut qu'on se parle. Parce que que ce soit la forêt, la permaculture, l'agroforesterie, l'arboriculture, là vraiment il y avait des choses à se raconter et donc très rapidement on s'est très bien entendu. Et moi j'attends justement de récupérer ce demi hectare de vieux verger pour faire venir Cédric et Nath sur le site parce qu'ils ont créé une forêt jardin en Ardèche et j'aimerais vraiment bénéficier de leur expertise.

  • Rémy

    Merci à vous deux. Je pense qu'on arrive au terme de cette interview sur la belle commune d'Escouloubre, accueillie par Romuald Adeline sur les terres du groupement forestier du Turfu. Du futur en fait, c'est un verlan. Je l'ai dit, c'est un peu daté.

  • Adeline

    On est un peu old school mais on l'assume.

  • Rémy

    Oui, vous l'assumez, c'est bien.

  • Romuald

    Le Turfu n'attend pas.

  • Rémy

    Le Turfu n'attend pas et retour vers le Turfu. En tout cas, merci d'avoir posé votre voix sur mon podcast.

  • Romuald

    Merci à toi.

  • Rémy

    Merci. A bientôt.

  • Romuald

    Bye bye.

Description

"Bienvenue dans le podcast Escalle en Ardèche ! Aujourd'hui, on part à la rencontre de deux acteurs engagés qui ont décidé de reprendre la forêt en main, mais pas n'importe comment… avec une approche citoyenne et écologique, qui bouscule les codes traditionnels de la sylviculture. Je vous invite à découvrir Adeline et Romuald, les co-fondateurs du Groupement Forestier Citoyen et Écologique du Turfu. Ensemble, ils ont décidé de redonner du sens à l'exploitation forestière en créant un collectif autour d’un projet ambitieux et profondément ancré dans l’avenir.


Au programme : une histoire de passionnés, de nature, de forêts et de résilience, mais aussi un véritable défi, celui de se réconcilier avec la terre tout en sortant des logiques économiques classiques. Vous entendrez comment Romuald, après un déclic personnel provoqué par la lecture d’un livre, a pris les choses en main pour concrétiser son rêve de créer un groupement forestier durable, tout en s’entourant d’Adeline, experte en environnement et spécialisée dans la lutte contre la déforestation. Ensemble, ils ont surmonté de nombreux défis, trouvé le terrain idéal et ont lancé ce projet pionnier.


Mais ce n'est pas qu’une histoire d'arbres, c’est aussi celle d’un village un peu perdu dans les Pyrénées, Escouloubre, où l’histoire locale se mêle aux enjeux de demain. Un territoire en transition, entre l’envie de renouer avec le passé et la nécessité de réinventer l'avenir. Vous découvrirez comment ce couple d’innovateurs a su allier action locale, préservation de la nature, et gouvernance participative pour créer un modèle alternatif aux pratiques sylvicoles classiques.


Bref, un épisode à ne pas manquer si vous aimez les projets qui ont du sens, ceux qui redonnent espoir et qui nous font rêver d'un avenir plus vert et solidaire. Prêts à embarquer pour cette aventure forestière ?"


POUR ALLER PLUS LOIN : https://www.forets-partagees.fr/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rémy

    je t'invite avec moi à faire escale en ardèche je t'invite à découvrir les acteurs de ce territoire à rencontrer les entrepreneurs inspirants et porteurs de projets plein de sens pour demain des acteurs locaux engagés et je veux partager ses richesses partager le plaisir d'explorer de mettre en lien de cœur avec ceux et celles qui me font vibrer. Et surtout, imaginer la suite de ces histoires ensemble. Alors bienvenue dans le podcast Escale en Ardèche. Alors je reçois aujourd'hui Adeline et Romuald. Vous êtes membres fondateurs du groupement forestier citoyen et écologique du Turfu. C'est ça ! Bienvenue à vous deux ! Alors c'est une escale en Ardèche mais c'est aussi une escapade sur Escouloubre qui se situe en Ariège si je ne me trompe pas ?

  • Romuald

    Non, dans les Pyrénées-Audouises mais aux confins de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales.

  • Rémy

    D'accord. Donc on vient de sortir d'une visite dans votre forêt puisque vous l'avez acheté il y a à peu près deux ans ?

  • Romuald

    C'est ça !

  • Rémy

    Et moi ce que j'aimerais c'est que vous me parliez de cette aventure que vous avez vécue avec la création de ce groupement forestier, groupement foncier forestier. Et est-ce que vous pouvez m'expliquer d'où est partie l'envie et de quoi est venue en fait cette initiative ?

  • Romuald

    Ok, elle remonte à assez loin finalement même si elle s'est concrétisée récemment. Ça remonte à assez loin parce qu'entre deux périples et deux tranches de vie à Madagascar, j'ai repris une année d'études et pendant cette année d'études, j'ai eu l'occasion de lire un bouquin qui s'appelle « Effondrement » de Jared Diamond. Et ce bouquin a un peu changé ma vie, tout simplement, et m'a vraiment guidé dans la quête d'un lieu, d'un endroit où on pourrait émerger un collectif d'amis, de proches. et autour d'un projet collectif. Et comme je suis forestier de formation, c'est venu assez rapidement l'idée de monter un groupement forestier. Et donc ça traînait dans un petit coin de ma tête quand je suis rentré en Europe il y a 5 ans maintenant, puisque j'ai bossé un bon moment en Afrique. Je suis rentré à Barcelone où je travaille avec Adeline aujourd'hui. Et puis à cette occasion-là, je suis tombé sur un poste sur un des réseaux sociaux préférés de Mark Zuckerberg, de Avenir Forêt. Avenir Forêt c'est un groupement forestier citoyen écologique qui est un peu notre papa à tous monté par Pierre et Suzanne, un couple de forestiers. L'idée a émergé, a mûri depuis un certain temps et le déclencheur c'est ce poste de Pierre sur un réseau social.

  • Rémy

    Adeline, toi tu as embarqué comment avec Romuald dans cette aventure ?

  • Adeline

    Donc moi je suis associée du groupement. Et donc c'est Romuald qui m'a parlé de l'idée il y a déjà 2-3 ans. Et en fait mon parcours personnel c'est que je travaille sur les questions environnementales et forestières, de lutte contre la déforestation à titre professionnel, plutôt aussi dans les pays du Sud. Donc cette idée en fait de pouvoir participer à une action sur ces sujets-là, mais beaucoup plus ancrée finalement dans le pragmatique. que ce que je peux vivre au quotidien dans mon travail m'a tout de suite séduite en fait, parce que c'est vrai que moi j'ai toujours un peu le syndrome de l'imposteuse, je travaille sur ces questions-là mais je ne suis pas forestière de formation, et j'ai vu ça un peu comme un moyen de réconcilier peut-être ces tensions internes chez moi, et de me dire voilà l'opportunité finalement de passer à l'action aussi, d'apprendre, et d'apprendre de la part d'amis et de collègues qui ont une très forte compétence dans la matière. Donc voilà, ça m'a tout de suite séduit et puis connaissant Romuald, je savais qu'il allait nous attirer vers des aventures bien montées, bien ficelées et super intéressantes et passionnantes. Donc j'ai sauté dans la barque.

  • Rémy

    Donc tu as embarqué alors que, bon, toi on sent qu'il y a eu une réflexion issue de la lecture d'un bouquin qui t'a fait un peu sursauter intérieurement en disant il faut passer à l'action. L'acquisition de fonciers forestiers, ça pouvait être l'occasion de mettre le pied à l'étrier de l'aventure.

  • Romuald

    Oui c'est ça, parce que comme j'ai un peu cette expertise forestière et qu'on sait qu'en France la forêt est très morcelée, justement pouvoir se rassembler pour acquérir un bout de forêt, la soustraire à certaines logiques sylvicoles dominantes aujourd'hui, mais on peut citer les coupes rases et les reboisements que tout le monde connaît, ça c'était clairement une porte d'entrée assez simple on va dire. dans cette idée d'un collectif, aussi dans un paysage et dans un territoire que j'avais un peu déjà présélectionné avec toute une liste de critères, comme font un peu tous les collapsologues apprentis, et donc atterrir dans les Pyrénées aussi, parce qu'on est basé à Barcelone, c'est à trois heures de route de notre logement. Ça faisait beaucoup de sens aussi, parce que, encore une fois, ça Ausha pas mal de critères.

  • Rémy

    Alors après cet appel, tu as lancé une bouteille à la mer on va dire, et tu as eu des retours positifs immédiats de ton réseau amical ?

  • Romuald

    C'est ça. Très rapidement un groupe d'une dizaine de personnes s'est constitué, et puis je l'ai complété avec des copains, copines, je savais qu'ils n'étaient pas sur les réseaux mais je savais qu'ils allaient être intéressés. Et puis moi je voulais compléter un peu avec des expertises diverses et variées, des profils divers et variés dans le groupement. Et donc ça s'est fait un peu naturellement, on s'est retrouvé assez vite à 12h13 à faire une première visio pour discuter autour des grands principes de gestion, de gouvernance de notre futur groupement. J'avais déjà, comme l'a dit un peu Adeline, j'avais déjà un peu mûri tout ça, donc j'avais déjà une proposition assez aboutie sur la table, et puis on a débattu de tout ça, on s'est franchement rapidement mis d'accord quand même je crois, et puis après ça a été la quête de la forêt.

  • Rémy

    Alors là on va décrire un petit peu pour ceux qui nous écoutent, où est-ce qu'on se trouve exactement, est-ce que tu peux nous brosser le tableau, parce que là on est tranquillement assis dans un pré, on entend la cloche du village qui sonne, et alors qu'est-ce que vous pouvez me dire un peu de ce village et de cette forêt ?

  • Adeline

    Alors on est à Escouloubre, c'est un tout petit village assez enclavé, donc comme l'a dit Romuald, on va dire la frontière de trois départements français, l'Aude, les Pyrénées-Orientales et l'Ariège. C'est un petit village, il y a à peu près 75 habitants à l'année, un peu plus en été, qui a été vidé de ses forces vives depuis plusieurs décennies. Il fait très froid en hiver.

  • Rémy

    C'est l'exode rural pour aller bosser en ville.

  • Adeline

    Il n'y a plus vraiment de services publics, etc. Mais c'est une commune qui reste quand même très riche, parce qu'elle a un patrimoine forestier important, presque 1000 hectares de forêt. Et puis elle a la particularité aussi de gérer des ressources en eau qui lui donnent un peu de ressources financières, etc. Mais ça reste pour moi vraiment l'archétype du monde rural un peu enclavé, distant des villes où on vit et qui représente aussi un peu un défi finalement parce que s'ancrer dans un territoire comme ça... qui reste très dans l'entre-soi finalement, c'est aussi un défi. On va dire qu'il y a des acteurs au niveau du territoire, c'est un lieu de chasse, un lieu d'élevage, un lieu où évidemment les gens qui sont encore présents sont très attachés à leur territoire, à leur forêt, qui représente un défi pour les aliens que nous sommes puisqu'on n'est pas du coin.

  • Rémy

    Alors ça me fait arriver sur la forêt, je sais que vous êtes passé, on va dire, acheteur... devant la mairie qui a une vocation, enfin en tout cas qui a une volonté d'acquérir le foncier forestier pour une cohérence autour de la commune. Et vous, vous avez pu acheter avant la mairie, ou en tout cas à un meilleur prix cette forêt puisqu'elle a été proposée à la vente il y a deux ans et vous avez sauté sur l'occasion en fait.

  • Romuald

    Oui alors... Pour être complet, la forêt est issue d'une plantation qui avait été initiée par un groupement forestier composé d'habitants du village. Ce groupement forestier a souhaité vendre la forêt et idéalement souhaitait vendre à la commune, puisque la commune était potentiellement acheteuse. Il y a une estimation qui a été faite, mais finalement le groupement forestier de villageois n'a pas souhaité vendre à la commune parce qu'ils considéraient que le prix n'était pas suffisant. Il faut préciser que le prix n'avait pas été défini par la commune, mais par l'Office national des forêts qui avait fait l'estimation. Et donc, finalement, le groupement forestier de l'époque a choisi de réouvrir à la vente. Et pour la petite histoire, moi, je disais, je suis forestier de formation, donc j'étais très introduit dans les réseaux, le bouche à oreille, etc. Et puis finalement, c'est par le bon coin qu'on a trouvé la forêt. Et donc, j'ai vu cette annonce, j'ai sauté dans ma voiture de location et je suis venu la visiter rapidement. La connexion est très bien passée avec les représentants du groupement de l'époque et nous très rapidement on leur a dit qu'on n'allait certainement pas beaucoup négocier le prix demandé et qu'en plus nous on avait une vraie volonté de contribuer aussi au développement local, de ne pas juste nous acheter une résidence secondaire forestière.

  • Rémy

    Oui parce qu'il y a un côté un peu hors sol, vous n'êtes pas du coin, vous débarquez pour acheter une trentaine, quarantaine d'hectares ?

  • Romuald

    31.

  • Rémy

    31 hectares de forêt, ça pourrait mal passer ? On va dire ? Et là en fait c'est complètement l'inverse, Romuald là au bout de deux ans tu fais coucou à tout le monde, tes potes avec les chasseurs, les éleveurs, la mairie, du coup c'est un tour de force ou c'est... comment tu expliques ça ?

  • Romuald

    Toute modestie mise à part, et j'inclus mes camarades associés, c'est la sincérité. Je pense que si tu es sincère et que tu arrives sans arrière-pensée dans un village, quel qu'il soit, moi je me sens très à l'aise pour être sincère justement, ne pas rentrer dans des jeux d'intrigues immédiatement tels qu'il peut y en avoir dans un village. Pour la petite histoire, quand on est arrivé ici, parce qu'on est des néo-ruraux pour la plupart, très rapidement a couru la rumeur que... on voulait interdire la chasse dans notre forêt, qu'on ne voulait plus couper un arbre, alors qu'au contraire, nous, surtout qu'il y a beaucoup trop d'animaux, d'ongulés sauvages qui mettent une pression très forte sur notre forêt, on soutient très fortement nos amis chasseurs ici au village, et on n'a aucun problème, effectivement, on s'entend bien avec tout le monde.

  • Rémy

    Alors, pour expliquer un peu, les ongulés, ça va être les cerfs, les biches...

  • Romuald

    Les chevreuils, les isards également, et puis on a aussi quelques vaches qui se promènent, parce qu'elles n'ont pas de... toute envie de visiter l'alpage comme, pas l'alpage, mais les estives comme leur congénère et certaines aiment bien rester dans notre forêt.

  • Rémy

    Et alors pour expliquer bien à ceux qui nous écoutent en gros il y a une surpopulation de cervidés qui vient brouter tous les petits arbres qui sont en train de pousser et qui en gros empêchent le travail de sylviculture que vous avez prévu de faire.

  • Romuald

    Tout à fait et pour remonter dans le temps depuis le 15ème siècle il n'y avait plus de traces de cerfs et biches dans les Pyrénées. dans les Pyrénées de l'Est. Et c'est en 1960 que la Fédération des chasseurs a décidé de réintroduire 12 cerfs et biches en provenance de la réserve de Chambord, les réserves de chasse de Chambord. Et 50 ans après, un peu plus, on a perdu totalement le contrôle. Et donc les cerfs et biches qui consomment très principalement de l'herbe font même concurrence maintenant aux vaches. Et donc ça devient un vrai problème, y compris pour l'élevage. Et alors pour les forêts, c'est un vrai problème effectivement parce que... Outre la consommation d'herbes, les cerfs, les biches, les chevreuils, les isards consomment des ligneux et ils aiment bien consommer nos petits sapins, nos petits hêtres, alors que nous on aimerait bien en faire des vrais arbres.

  • Rémy

    Et donc ça, ça vient aussi du fait qu'il n'y a plus de prédateurs, hormis les chasseurs, pour ces animaux.

  • Romuald

    Tout à fait, et puis la population de chasseurs est aussi vieillissante. Ici, maintenant, ils ont 80 cerfs et biches, sans compter le reste. À tirer chaque année, ils sont une bonne vingtaine, je crois. Et donc, c'est même une vraie pression sur leurs épaules que d'assurer cette chasse. Et puis, effectivement, le loup n'est pas très loin, mais ça fait 25 ans qu'il est tout seul. Alors peut-être qu'ils se sont succédés, mais il y a un mâle solitaire qui traîne. Il n'a pas encore rencontré sa promise pour constituer une meute. Et puis, les ours ne sont pas très loin, mais ils viennent jeter une tête de temps en temps, mais ils ne s'installent pas.

  • Rémy

    Donc il n'y a pas de prédateurs et en gros, il y a une surpopulation qui va être... difficile à réguler pour le moment à court terme.

  • Romuald

    Alors on va voir à quel point justement les attributions de plans de chasse c'est-à-dire les autorisations de tir qui sont données aux chasseurs ici vont avoir leur effet. Nous on joue notre part aussi, on contribue à notre part dans retrouver cet équilibre entre la forêt et les ongulés sauvages en ayant fait une éclaircie, c'est-à-dire en ouvrant la forêt, parce qu'ouvrir la forêt ça remet de la lumière à l'intérieur de la forêt, ça redonne justement de la... dynamique aux plantes qui sont au sol et donc on peut donner un petit peu à manger aux cérébiches en espérant aussi que nos petits sapins et nos petites lettres puissent filer au milieu de tout ça.

  • Rémy

    Alors cette aventure collective elle vous a amené à faire ce qu'on appelle un plan de gestion c'est à dire dire en gros sur les 15-20 prochaines années comment vous voyez évoluer votre forêt et ça vous a amené là il y a cette année à faire une première intervention, une première éclaircie, marquer des arbres. C'est ça. Vous l'avez fait en collectif, avec les enfants, c'est ça ? Vous pouvez me raconter un peu ?

  • Adeline

    Oui, on a fait ça en collectif à plusieurs occasions. Ce qui était évidemment super, c'est qu'on a eu Romuald et d'autres collègues forestiers comme professeurs pour les divers non-initiés. Et donc ça a été des beaux moments de partage parce que déjà c'était une bonne excuse finalement pour réunir les associés par petits groupes selon les disponibilités de chacun sur le site. Donc pour la plupart des associés ça a été aussi la première occasion de venir voir la forêt. Et puis parfois aussi de se rencontrer parce qu'on ne se connaissait pas tous dès le départ. Et puis après de pouvoir apprendre les principes basiques de gestion. Comment est-ce qu'on marque, comment est-ce qu'on mesure la surface terrière, comment est-ce qu'on comprend la population forestière qu'on a autour de nous, notre territoire, et comment est-ce qu'on sélectionne les arbres qu'on veut abattre, pourquoi, quelle est notre vision à l'ombre. C'est plein d'éléments à prendre en compte qui sont aussi très subjectifs. Donc ça amène la discussion, le débat. Et puis voilà, c'est des moments partagés en forêt où on fait de l'exercice. On est vraiment présent en fait dans la forêt. On comprend mieux le milieu dans lequel on est. Donc après, ça change aussi le regard qu'on a sur notre espace.

  • Rémy

    Il y a un élément un peu technique mais qu'on n'a pas évoqué, c'est le prix d'achat à l'hectare et global de ces 31 hectares. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? On a évoqué les prix...

  • Romuald

    Oui, on n'a aucun problème avec ça. On a acheté la forêt 115 000 euros pour 31 hectares, hors frais de notaire, donc ça fait 3700 euros à peu près par hectare. et c'était le double de ce que la commune avait proposé sur les conseils. l'Office national des forêts. Et nous, on aurait pu négocier un petit peu le prix, mais honnêtement, ça ne court pas les rues, les forêts à vendre dans les Pyrénées ici. Donc nous, on s'est dit, on ne va pas forcément négocier le prix. Et encore une fois, on veut être aussi à l'aise et dans la bonne compréhension avec les gens d'ici. Donc ils ont travaillé pendant 50 ans dans leur forêt, ça nous paraît un prix équitable. On sait qu'avec les bois qui sont dans cette forêt, on pourra faire une coupe prochainement. et avoir un petit peu d'argent pour faire vivre le groupement sans stresser dans les années qui viennent.

  • Rémy

    Et j'imagine que ce prix, il tient compte de la valeur des bois sur pied ?

  • Romuald

    Évidemment, il tient compte.

  • Rémy

    Il y a une évaluation qui a été faite par l'ONF pour conseiller la commune, et vous, vous avez de votre côté eu les conseils d'un ingénieur forestier ?

  • Romuald

    C'est ça, alors en forêt privée, il y a une structure qui s'appelle le Centre National de la Propriété Forestière, qui est un peu l'équivalent des chambres d'agriculture mais pour la forêt privée, Et donc il y a des gens qui... dont le métier c'est de conseiller les propriétaires forestiers privés. Et donc l'ingénieur du CNPF Occitanie a conseillé également à ce groupement forestier vendeur à l'époque, il a dit non, non, il faut vendre un peu plus haut que ça parce que ça vaut beaucoup plus que ça. Et donc on est arrivé à ce prix de 120 000, il y a eu 5 000 euros de réduction pour des questions un peu techniques autour de la transmission des parts du groupement forestier. existants et puis des nôtres mais bon voilà passons les détails on est arrivé à 115 mille euros et ça nous convenait très bien parce qu'encore une fois moi j'avais ça fait deux ans que je cherchais une forêt dans la zone on en avait visité seulement une et moi une deuxième tout seul mais c'était pas du tout satisfaisant donc là moi je suis arrivé ici le décor parce que vous pouvez pas le voir autour de nous mais en fait en bordure de forêt on voit les grandes montagnes de l'Ariège il y a un canal très bucolique qui coule en bordure de notre forêt et où vous vie Le Dessement des Pyrénées, qui est une espèce emblématique et endémique des Pyrénées et des Asturies en Espagne, c'est une espèce de rat-trompette qui vit dans l'eau. Donc on est très fiers d'avoir le Dessement des Pyrénées qui batifole en bordure de notre forêt. Donc le premier coup d'œil quand je suis venu ici, en plus il y avait un petit peu de neige, là j'ai envoyé direct un message dans le groupe WhatsApp du groupement forestier, je fais les gars, les filles, là il faut se décider assez rapidement, mais moi je suis chaud.

  • Rémy

    Le décement dont tu as parlé c'est... Donc une espèce endémique qui est un peu la mascotte, j'ai l'impression, du coin. Il y a une sorte de... Je vois qu'ils font des animations avec les écoles et tout pour parler en fait de cette biodiversité qui est là, qu'on ne voit pas beaucoup apparemment.

  • Romuald

    Très difficile à voir et on a un copain là dans un des villages d'à côté qui produit des bières locales en bio et assez originales et qui a été le premier à pouvoir photographier le dessement sous l'eau. Et d'ailleurs... toutes les bières de la brasserie Sylvatica, on peut trouver un petit dessin d'un décement caché sur les décos de chaque étiquette des bières de Lucas.

  • Rémy

    Comme clin d'œil à cette espèce.

  • Romuald

    Exactement.

  • Rémy

    Alors, après dans l'aventure là, j'aimerais bien que vous nous parliez de ce qui s'est passé lors de la première éclaircie. Vous avez fait appel à qui, comment, qu'est-ce qui s'est bien passé, qu'est-ce qui s'est moins bien passé ? Dans votre aventure, est-ce qu'il y a eu aussi des choses qui sont plus difficiles peut-être ?

  • Adeline

    Je pense qu'un premier défi c'était vraiment de trouver les bons prestataires puisque n'étant pas aussi du coin, forcément on n'a pas forcément le réseau immédiat donc le réseau que Romuel avait constitué notamment auprès des différents techniciens professionnels de la zone avait déjà permis d'identifier peut-être, de short-lister certains intervenants mais on a aussi dû faire l'effort évidemment de... Investir pour comprendre comment ces gens allaient travailler, etc. Sachant aussi qu'on n'avait pas énormément de choix, ce n'est pas très dynamique dans la zone. Ça a été un premier défi, je pense, d'identifier les bons prestataires. et de faire les choix finalement économiques, de savoir si on allait vendre sur pied, si on allait faire une première transformation. On a finalement cherché à tester les deux choses, parce que c'est aussi d'abord cette première coupe, une expérimentation, avant d'avoir nécessairement un objectif économique. Enfin, ce n'était pas l'objectif prioritaire, on va dire. Donc voilà, ça, c'était le premier challenge.

  • Romuald

    Et puis, assez rapidement, ici, on a aussi, comme je le disais tout à l'heure, on veut contribuer au développement local, donc on a cherché s'il n'y avait pas des exploitants à proximité, à moins d'une heure d'ici. Et il se trouve qu'un exploitant ici travaillait dans la forêt communale d'Escouloubre, et qu'a priori, la commune en était contente. Et également l'Office national des forêts, qui supervisait cette coupe dans la forêt communale, puisque vous savez certainement que les forêts publiques, communales, domaniales, sont gérées par l'Office national des forêts. Et donc on s'est dit on va faire affaire avec cet exploitant. Et donc on a fait affaire et il faut dire qu'on a des difficultés sur la fin du chantier mais on est satisfait de 90% du travail. Mais il reste 10% qui nous intéresse beaucoup parce que c'est dans des parcelles avec un très chouette potentiel, avec des très jolis hêtres. Et là ils nous laissent un peu les bois sur les bras. Et nous on n'a pas vraiment de tronçonneuse. pas encore du moins et on n'a pas les grosses machines pour sortir les gros arbres des forêts donc on est un peu démuni avec ça et puis il devait aussi ouvrir un bout de piste forestière dans la forêt et c'était inclus dans notre contrat et puis ça c'est pas encore fait donc voilà c'est le premier obstacle sur la route mais moi je suis pas tellement étonné parce que... enfin pas tellement étonné c'est difficile de... de pouvoir constituer ces réseaux de confiance avec des exploitants, des entrepreneurs de travaux forestiers, ça prend un certain temps. Et donc voilà, là c'est un apprentissage pour la suite. Encore une fois, rien de dramatique, parce qu'en fait on lui reproche de ne pas avoir coupé les arbres qu'on avait marqués. C'est pas comme si nous les avions volés. Mais c'est quand même embêtant, parce que nous on ne sait pas le faire nous-mêmes ça.

  • Rémy

    Ouais, donc en fait c'est un petit litige, mais qui est pas trop grave dans les deux sens, mais qui serait bien de régler pour que le contrat soit respecté.

  • Romuald

    Exactement et puis aussi si on pouvait résoudre ça à l'amiable bien sûr que on sorte tous tranquillement de cette petite histoire et que on puisse même pourquoi pas retravailler à l'avenir ensemble il n'y a pas d'histoire préconçue.

  • Rémy

    Et alors là vous êtes intervenu en forêt et on parle de gestion sylvicole ou de forêt en gestion douce ça veut dire qu'une fois que vous avez fait cette intervention maintenant il faut attendre

  • Romuald

    Oui, il faut attendre, on va attendre la régénération naturelle, parce que comme on disait précédemment, avec la pression des ongulés sauvages, on a peu de régénération, donc là on espère que la régénération avec la lumière générée par l'éclaircie, elle va sortir un petit peu, et donc là dans les 7-8 années qui viennent, tout notre travail ça va être d'accompagner cette régénération naturelle, sélectionner les essences qui nous intéressent, parce que comme partout en France et dans le monde, dont on va... On va être concerné par le changement climatique, et donc il y a certainement des choix d'espèces à faire, et donc on va certainement privilégier certaines, par exemple le pin sylvestre, au détriment de l'épicéa, qui est certainement peu adapté à l'évolution qui nous est prédite. Et donc c'est un peu ce travail d'accompagnement de la jeunesse qu'on va faire dans les années qui viennent. Et c'est sympa aussi, parce que là pour le coup, ça c'est un petit côté magique quand même de la foresterie, c'est qu'on ne travaille jamais pour soi. On récolte le travail des générations précédentes et nous on travaille pour les enfants, voire les petits-enfants, voire les arrière-petits-enfants, donc ça c'est chouette.

  • Rémy

    Et donc on sort de cette visite et il y avait des petits papillons bleus qui avaient été accrochés à la cime des tout petits arbres. Tu peux nous expliquer Adeline, qu'est-ce que c'était et à quoi ça sert ?

  • Adeline

    Ces papillons, ils identifient les repousses de régénération naturelle de certaines essences qui nous intéressent. notamment les pins et d'autres aussi. Donc ça permet déjà de les visualiser dans l'espace, parce que ce n'est pas forcément facile à repérer. Et puis surtout, ça a un rôle de repoussoir vis-à-vis des cervidés qui viendraient brouter, surtout les bourgeons. Donc a priori, ils s'éloigneraient de ces bouts de plastique, ou ils se piqueraient le nez à ces bouts de plastique, et donc ça les découragerait de venir les manger. On est en train de voir si c'est effectivement le cas. Notamment, on a placé des caméras autour de ces zones-là pour observer le comportement des animaux, pour voir si c'est effectivement conclusif et si on pourrait s'en servir à peut-être un peu plus grande échelle pour protéger certaines de ces... de ces essences en régénération.

  • Rémy

    Donc là, on est reparti sur des temps longs, tu disais, mais au niveau du groupement, il y a des marches ou des prochaines étapes qui commencent à poindre, des aventures suivantes ou bis ?

  • Romuald

    Oui, alors pas plus tard qu'hier soir, parce qu'à la sortie de la forêt, il y a des copains qui sont dans une association à côté qui s'appelle Forêt Préservée, et il se trouve qu'il y a... Un ancien exploitant forestier qui est membre d'un groupement forestier dans un village d'à côté qui me dit, si ça vous intéresse, il y a peut-être une forêt qui sera à vendre prochainement. Et alors, pourquoi pas ? Mais ça, ça va être des vraies questions qu'on va se poser entre associés parce que moi j'avais prévu de me poser un petit peu tranquillement parce que j'ai un petit projet perso dans le même village de valorisation d'un vieux verger. Moi je suis normand d'origine donc il y a des petites idées de valorisation de la pomme qui trottent dans ma tête aussi. Et donc on va voir si collectivement on est chaud pour prendre cette forêt supplémentaire, si on élargit le cercle des associés du groupement, parce qu'on n'aura certainement pas assez d'argent seul avec les membres du groupement, et donc on a une vingtaine de sympathisants qui nous tournent autour, et qui nous ont déjà annoncé qu'ils étaient prêts à venir nous joindre.

  • Rémy

    Alors pour donner quelques éléments sur le groupement, le ticket d'entrée il a combien, pourquoi ?

  • Romuald

    Le ticket d'entrée, on l'a défini collectivement à 10 000 euros parce qu'on considère qu'il faut quand même investir une certaine somme pour être un peu concerné par l'investissement consenti. Si on demandait 500 euros, 1000 euros, bon, est-ce que vraiment on vient aux assemblées générales ? Est-ce qu'on est actif ? Est-ce qu'on vient visiter la forêt ? Ce n'est pas si évident. Donc en fait, on avait le choix entre 5 000 et 10 000 et on a tous choisi 10 000 euros. Et donc là, on est 13. On avait 130 000 euros de capital, on a acheté la forêt plus les frais de notaire autour de 125 000 euros. Et là, on a potentiellement 200 000 euros avec les sympathisants qui attendent, qui sont intéressés par nous rejoindre si on acquiert une autre forêt dans les mêmes localités. Parce que nous, on cherche vraiment à proximité. On ne veut pas aller pour l'instant, du moins moi. à 100 ou 150 km d'ici parce qu'en plus 150 km d'ici si on parle à vol d'oiseau ça va mais les petites routes des Pyrénées ça fait déjà un certain temps donc on aimerait bien rester dans cet ancrage un peu local et donc il semblerait qu'il y ait quelques opportunités alors

  • Rémy

    hier soir aussi je vais faire le lien avec Cédric et Nathalie on a été manger à une table d'hôtes qui sont des amis d'Ardèche donc ça c'est un peu mon point de... de repères ici et il s'avère que toi tu les as rencontrés aussi de ton côté et t'as sympathisé, ils ont plein de projets, est ce que tu peux juste en dire un mot comme ça, ça me permet de faire le lien ?

  • Romuald

    ouais je vais en profiter pour faire la publicité de Esculubre les bains puisqu'il y a un hameau d'esculubre qui a été célèbre décennies passées pour son thermalisme et On passe toujours au bord de cette départementale à Escolou-Blébin et c'est assez lugubre quand même, notamment en hiver là, c'est assez impressionnant. C'est grande bâtisse et ça ressemble un peu effectivement à un paradis perdu un peu. Et un jour par hasard, je vais dormir chez Cédric et Nathalie, donc je franchis la porte et là il y a tout un monde merveilleux qui s'ouvre en fait et très différent de l'impression qu'on a avant de franchir la porte. Et très rapidement, je suis installé. Également par hasard dans leur bibliothèque en attendant que ma chambre soit prête, et là je découvre la bibliothèque de Cédric et Nathalie et là je me dis qu'il faut qu'on se parle. Parce que que ce soit la forêt, la permaculture, l'agroforesterie, l'arboriculture, là vraiment il y avait des choses à se raconter et donc très rapidement on s'est très bien entendu. Et moi j'attends justement de récupérer ce demi hectare de vieux verger pour faire venir Cédric et Nath sur le site parce qu'ils ont créé une forêt jardin en Ardèche et j'aimerais vraiment bénéficier de leur expertise.

  • Rémy

    Merci à vous deux. Je pense qu'on arrive au terme de cette interview sur la belle commune d'Escouloubre, accueillie par Romuald Adeline sur les terres du groupement forestier du Turfu. Du futur en fait, c'est un verlan. Je l'ai dit, c'est un peu daté.

  • Adeline

    On est un peu old school mais on l'assume.

  • Rémy

    Oui, vous l'assumez, c'est bien.

  • Romuald

    Le Turfu n'attend pas.

  • Rémy

    Le Turfu n'attend pas et retour vers le Turfu. En tout cas, merci d'avoir posé votre voix sur mon podcast.

  • Romuald

    Merci à toi.

  • Rémy

    Merci. A bientôt.

  • Romuald

    Bye bye.

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