- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans la deuxième partie de ce nouvel épisode d'Esprit de coopération. Je suis Claire Giraudet, facilitatrice en intelligence collective, et je vous emmène chaque mois à la rencontre de personnes inspirantes qui vivent ou font vivre la coopération dans un ou plusieurs collectifs. Il y a quelques semaines, j'ai vécu une expérience de théâtre forum et j'ai expérimenté de manière très concrète dans ma posture et dans mon corps une autre façon de vivre la coopération. Cela a été très puissant à vivre pour moi et très vite après, j'étais amenée à me poser la question qu'est-ce que le théâtre d'improvisation a à nous apprendre sur la coopération ? Et donc j'ai invité Aline et Louis-René à m'aider à répondre à cette question. On a commencé la semaine dernière, on continue cette semaine. Aline et Louis-René, rebonjour ! Salut ! Rebonjour ! On va tenter de brièvement resituer notre conversation pour ceux qui démarreraient la découverte de cet épisode par cette deuxième partie. Si en une phrase vous vouliez résumer ce qu'on s'est dit la dernière fois, qu'est-ce que vous... vous diriez ?
- Speaker #1
Je dirais que la clé, c'est de lâcher prise, que la clé, c'est de lâcher prise, d'être dans l'instant présent, et on avait rapproché ça de la capacité à faire preuve d'écoute.
- Speaker #2
Oui, ça me paraît très bien résumé, et on a parlé qu'il y avait plusieurs formes aussi de... d'improvisation, de théâtre d'improvisation, que ce soit le théâtre forum, les matchs d'improvisation, le clown, et qu'il y a toute une palette à travers ces différents outils pour reconnecter à sa créativité.
- Speaker #0
Et expérimenter effectivement les compétences de la coopération dans un exercice ludique, parce que finalement, tout ça, ça reste assez ludique. Et donc, on en a parlé dans la première partie, mais en quoi vraiment cet outil du théâtre, ou du clown, ou en tout cas de toutes ces disciplines-là, vous, vous voyez ça, pourquoi c'est pour vous un formidable outil d'accompagnement ? Si on peut creuser un peu cette question-là, pourquoi vous avez choisi ça, en fait, comme mode d'accompagnement des collectifs ?
- Speaker #2
Je pense que c'est aussi une question de sensibilité. Moi, je suis intimement persuadée qu'on a tous une fibre artistique. Et je pense que ça va passer par la danse, le chant, et que le théâtre est une forme d'expression parmi d'autres. Et quand on choisit d'accompagner avec cette forme-là, c'est qu'on y est sensible, que ça nous parle, que ça nous touche. La particularité de l'improvisation, comme on le disait déjà un peu la dernière fois, c'est le fait que ça connecte à l'instant présent. et donc à une forme d'authenticité et pour moi la grande force en termes de collaboration c'est ça en fait c'est qu'on se montre tel qu'on est on laisse venir ce qui vient dans l'instant Et donc il y a une sorte de profondeur dans ce qui peut venir se co-créer ensemble qui est super intéressante. Et on le voit dans des champs comme l'intelligence collective, à quel point la question du champ et de ce qui est dans l'air, au-delà des mots et ce qui nous relie, est super importante. Le fameux 1 plus 1 égale 3 de l'intelligence collective et l'impro est un super vecteur. pour ça. Et après, ça peut venir travailler. Tu le disais la fois, René, ça t'a permis de mieux comprendre les gens, de mieux comprendre comment ils fonctionnaient. Le théâtre forain, par exemple, ça sert à ça. On se rend compte à quel point on a tous des façons différentes de penser.
- Speaker #1
Merci Aline. C'est très inspirant ce que tu dis. Ta question, Claire, c'était pourquoi on a choisi cet outil-là pour faire l'accompagnement ? Je suis là plutôt qu'un autre Je pense que ça a été un peu de façon empirique pour moi On m'a donné des bons feedbacks Sur ma façon d'animer un groupe en théâtre d'impro Ça m'a fait du bien C'était un peu nouveau Et j'ai pris après du recul sur Pourquoi les gens aiment quand j'anime Un atelier de théâtre d'impro Et pourquoi moi ça me fait du bien et effectivement il y avait cette dimension de compréhension quand même et comme tu dis Aline, ça dépend des sensibilités je pense que ce qui m'a touché moi peut-être qu'on toucherait différemment d'autres personnes moi je pense que ça m'a vraiment éclairé et ça m'a aidé à éclairer et j'ai senti que j'ai aidé des personnes à mieux comprendre les relations, le fonctionnement et là je parle des réactions même émotionnelles pourquoi quelqu'un se met en colère pourquoi quelqu'un se comportent de telle ou de telle façon, pourquoi quelqu'un fuit, pourquoi quelqu'un attaque, pourquoi quelqu'un se défend. Et on le fait par ailleurs de façon drôle, effectivement. Tu dis que c'est ludique parce qu'on joue. C'est ce que j'avais dit aussi la dernière fois. Comment on explique le théâtre d'un froid à un enfant ? Je dis qu'on joue, clairement, on joue dans un but commun. on se met d'accord sur comment et vers quoi, mais on joue, et c'est ludique, et ça fait du bien à tout le monde, et encore plus aux adultes, parce qu'effectivement, on n'a plus trop l'opportunité de jouer, de jouer avec soi-même. C'est ça aussi, quand on a une console, on joue mais avec un avatar. Là, on joue avec soi-même et quand bien même on peut rentrer dans des personnages, en fait ces personnages sont des facettes de nous-mêmes, de ce qu'on vit à ce moment-là. Si mon personnage se met en colère, c'est parce que j'ai une part de colère en moi en ce moment. Et peut-être que ce personnage va m'aider à comprendre d'où elle vient cette colère. On met le doigt dans l'engrenage, mais il y a une dimension un petit peu thérapeutique quand même. Ça fait du bien, parce qu'on comprend mieux ce qui se passe.
- Speaker #0
Effectivement, puis dans un monde de plus en plus incertain, de plus en plus imprévisible aussi, c'est des choses qui nous sont fortement utiles au-delà de la coopération, mais comprendre ce qui se passe pour moi en cet instant face à des choses parfois un peu difficiles à vivre, c'est précieux, et pas que pour coopérer. J'ai envie de vous... Que vous nous racontiez peut-être une expérience marquante, quelque chose qui, ou de manière personnelle dans le théâtre, ou en posture d'accompagnement, une expérience de théâtre, d'impro ou de clown qui vous a particulièrement marquée et que vous nous expliquez aussi surtout pourquoi elle vous a marquée, pour que ce soit peut-être un peu plus tangible aussi pour ceux qui nous écoutent. Est-ce qu'il y aurait une expérience là qui vous vient ?
- Speaker #2
Moi peut-être en Théâtre Forum, au-delà de l'animation du temps de Théâtre Forum, ce que j'aime énormément c'est tout le temps de préparation avec le groupe. Je me souviens notamment d'un accompagnement qu'on avait fait avec des gens qui étaient en réinsertion par le logement. Donc ils avaient des logements sociaux, c'était des gens qui avaient eu des parcours de vie difficiles. Et il y avait eu cette superbe initiative qu'on nous avait demandé d'accompagner, qui était de mixer ce public-là. J'avais été un peu cabossée par la vie avec des assistantes sociales qui les accompagnaient avec des bénévoles de la structure. J'avais trouvé ça formidable. Voilà, on met toutes ces parties présentes au service d'une façon collective. Et donc on les avait accompagnées, on avait fait un tas d'ateliers. Alors il y avait évidemment des choses sur la communication non-violente, l'écoute active, etc. Mais très vite on est allé sur une chambre de l'appro. Comment est-ce qu'on se trouve à sa créativité, comment on apprend à se faire confiance ? Et on avait commencé à faire des petits ateliers d'impro pour les préparer au jour J, et à leur faire écrire des petites scénettes sur les conflits entre le voisinage, et comment ça pouvait être des choses dans lesquelles ils pouvaient se reconnaître et qu'ils vivaient. Et je me souviens, à l'issue-là, notamment d'un monsieur qui, à la fin d'une séance, avait les larmes aux yeux, et avait un cibouin. Là, vous m'avez demandé d'improviser. devant un groupe de 10 personnes, il avait juste dit ce qui lui passait par la tête, avec le petit canva qu'on lui avait proposé. J'avais jamais de ma vie parlé devant plus de 3 personnes en même temps. Et là, ça m'avait bouleversée, en fait, de me rendre compte à quel point il y a des gens qui pouvaient vivre en isolement. tel en fait et en fait ça lui a donné une confiance en lui extraordinaire et deux mois plus tard il était en train de jouer dans un théâtre forum devant 200 personnes dont tous les politiques locales il y avait le député, il y avait le machin le pitule et il était incroyable en train de faire de l'improvisation alors qu'il avait jamais parlé devant plus de 3 personnes avant quoi J'ai trouvé ça fou et collectivement ça les a soudés. Quand je trouvais que c'était particulier c'était...
- Speaker #0
Oh blague. Effectivement, on rejoint un peu ce côté que Louis-René, tu disais, un peu thérapeutique, un peu du champ de la réparation. J'entends ça dans ce que tu racontes, Aline, quelque chose de l'ordre de la réparation. Louis-René, une autre expérience à partager ?
- Speaker #1
Si, juste Aline, ça me touche aussi le partage que tu viens de faire, parce que ça illustre bien le lien entre quelqu'un qui se révèle, qui découvre quelque chose de lui. ce que ça permet et ce que ça a fait sur l'effet du groupe. Comme tu dis, ils étaient tous soudés après. C'est-à-dire que quand on voit quelqu'un qui change et qui progresse et qui se sent mieux, ça nous fait du bien aussi par empathie et ça renforce la relation de confiance. Entre eux, il n'y a rien qui a changé, mais lui, il a changé et ça a changé la relation. Et c'est la définition même du team building. C'est pour ça que le théâtre d'impro, c'est super fort, mon team building. Moi, j'ai un souvenir assez récent. Il y a plein de moments forts, c'est sûr. C'est un métier de passion. Mais récemment, c'était en mars, j'ai animé un atelier. Alors, c'est sur l'assertivité. C'est une compétence qui a capacité à exprimer une idée ou formuler une demande sans être perçue de façon agressive et sans non plus se mettre en retrait. C'est assez précis. Et dans le groupe, il y avait une jeune femme qui était un petit peu en souffrance au travail. Parce qu'elle était dans une relation très conflictuelle avec son manager. Et ça, je l'avais vu depuis plusieurs ateliers. Et là, c'était le troisième atelier, enfin le quatrième. Et l'atelier portait sur l'écoute. Je donne un terme assez générique au début. Puis j'ai proposé en fait comme exercice de s'entraîner à poser des questions. Des questions ouvertes, des questions puissantes. Et en fait, en général, c'est ce qui arrive souvent, les gens se rendent compte qu'ils ne savent pas trop, ou ils n'ont pas trop l'habitude de poser des questions ouvertes. Et elle en particulier, c'est quelqu'un, on le sentait, comme on dit, le syndrome de l'HPI, du Z, ça va très très vite dans sa tête, ça je l'avais vu, et en fait ça va tellement vite dans sa tête que... que les autres sont bizarres et incompréhensibles parce qu'ils vont trop lentement pour elle. Et là, dans cette séance où elle s'est entraînée à poser des questions, elle s'est entraînée à rejoindre le cheminement de pensée d'un interlocuteur. Donc elle s'est entraînée un peu à ralentir, c'est ce qu'on disait la dernière fois sur cette idée de ralenti. Et ça lui a fait un bien de fou parce qu'à la fin, elle s'est dit mais je le comprends je comprends le point de vue de mon manager pour la première fois, ça fait trois ans. Ça fait trois ans, alors qu'il n'était pas dans l'atelier. Mais je comprends, ça y est, je comprends son cheminement, je comprends pourquoi il réagit comme ça. Juste en s'entraînant à poser des questions avec une autre personne sur un autre sujet, ça lui a éclairé sur... en fait, elle est rentrée en empathie. Ça lui a permis de mieux comprendre le cheminement de pensée, ou les questionnements, ou parfois les raccourcis que certaines personnes peuvent prendre. Et ouais, elle m'a dit mais... Elle était à la fois un peu triste parce qu'elle se rendait compte que c'était parfois des trucs tout bêtes qui pouvaient être la source de leur incompréhension. Et en même temps, elle était trop joyeuse parce qu'elle s'est rendue compte qu'elle avait enfin une clé d'action. La clé d'action, ce n'était pas de contester ou de dire au chef ce qui ne va pas, ce qui ne convient pas, ou au contraire de fuir le dialogue parce que c'était un dialogue de sourds, mais plus simplement de se réapproprier leur relation en questionnant son manager. en questionnant, mais pas avec des questions sur pourquoi tu as fait ça, mais plutôt sur comment tu vois les choses. Qu'est-ce qui te conduit à réagir comme ça ? Ou qu'est-ce qui te conduit à me demander ça ? Ou qu'est-ce que tu penses qui va se passer si je fais ça ? Voilà, c'est des questions puissantes qui lui ont permis de ralentir et de se mettre à un niveau de réflexion, de se connecter. Et ça, c'était fort parce que, comme tu l'as partagé Aline, c'était un moment d'épiphanie, en fait. C'est un moment de... prise de confiance, de relations profondes qui font du bien, parce que ça aide à avancer.
- Speaker #0
Oui, complètement. Il y a aussi une autre compétence qu'on décède, c'est l'empathie, la capacité à être en lien. Parce qu'effectivement, sans être en lien, on ne peut pas construire une scénette de théâtre d'impro. Et donc, ça nous reconnecte à notre empathie aussi. tout ça. Et donc du coup, à l'ouverture et à la meilleure compréhension des personnes qui sont autour de nous. L'exemple de Louis-René est complètement fou. Trois ans de difficultés relationnelles avec quelqu'un qui ne se résout peut-être pas en une séance ou deux séances, mais qui est déjà la porte ouverte à autre chose et à une modification de situation. Donc c'est chouette. Quel beau métier on fait, n'est-ce pas ? C'est quand même témoin de ça, c'est vraiment fort et chouette. Et oui, justement, vous l'avez partagé, la source que ça peut changer pour les personnes. Et vous, dans votre pratique, qu'est-ce que vous avez fait évoluer peut-être des choses que vous faisiez au début, que vous ne faisiez plus maintenant ? Aline, tu en as parlé un petit peu, mais qu'est-ce que vous aussi, ça vous a appris en fait, toutes ces expériences dans votre pratique ?
- Speaker #2
Moi, ce que ça m'a appris, ce que ça m'a fait évoluer, c'est ma posture à moi, dans mon intention profonde quand j'interviens. C'est-à-dire que là, pour le coup, ça me relie plus au clown, qui est pour moi une voix qui demande une grande confiance mutuelle et en ce qui se passe pour pouvoir y aller. Parce que je demande aux gens d'enlever tous leurs masques pour voir ce qui reste et de voir quelle improvisation, quelle créativité va naître de ça. Donc, ça peut paraître un peu conceptuel dit comme ça, mais c'est vraiment ça. Et je remarque qu'au début, j'étais trop engagée. C'est-à-dire que je voulais trop les accompagner, je voulais trop... pas qui vivent de difficultés. Et j'avais quelque part une intention de tenter le docteur, parce que je savais que c'était challenge de sauter dans le vide de l'improvisation. Et j'ai remarqué que les premiers stages que j'ai faits, j'étais en hyper-oxygénation constante, en train de vivre ce qu'il vivait, j'étais à quatre pattes, après je suis tombée dans une forme d'extrême aussi, je pense, et je suis tombée malade systématiquement après mes accompagnements. Donc j'ai compris que ça ne marchait pas comme ça. Et après, petit à petit, je me suis détendue. Je me suis mise plus en retrait. Et j'ai fait confiance. J'ai appris à faire confiance à ce que les autres vivaient. Et j'ai compris que nous, on était là pour proposer un cadre. Pour proposer une direction, des consignes. Un cadre de bienveillance et de confiance. Mais que derrière, chacun vienne vivre ce qu'il a à vivre. Et que c'est pareil au niveau du groupe. Et ça, j'ai trouvé ça extraordinaire comme apprentissage parce qu'on peut aussi après extrapoler ça à plein d'autres choses de la vie en général, de la vie collaborative. C'est pas grave de tomber, pas grave de se tromper, c'est pas grave si quelqu'un a eu une expérience émotionnellement forte, en fait. C'est même chouette, ça sert à ça l'impro, ça sert à vivre et à extérioriser ses émotions. Par contre, nous, notre rôle d'avant-bagnon, effectivement, c'est de faire en sorte que ce soit pas une expérience qui soit vécue comme traumatique en sortie. Ce qui arrive aussi beaucoup, moi, en clown, j'ai beaucoup, beaucoup de gens qui m'ont dit... Ça fait cinq ans que je ne suis pas remontée sur scène parce que la dernière fois, ça s'est mal passé. Et là, on a une grosse responsabilité.
- Speaker #1
Merci, ça me prête encore à réflexion. Moi, je dirais que j'ai fait le chemin inverse. J'ai appris l'impro avec, je trouve, des professeurs extrêmement puissants, talentueux, qui étaient avec une justesse dans leur position, qui étaient impressionnantes. C'est ça qui m'a donné le goût aussi. ils avaient cet équilibre et ils étaient très clairs là-dessus. Ils disaient, moi, je ne joue pas avec vous parce que je ne veux pas que vous tombiez dans du mimétisme ou dans de la comparaison. Ce n'est pas ça qui m'intéresse. Je suis là pour offrir un cas. Tout ce que tu as dit, Aline, en fait, tout de suite, ils me l'ont dit et j'étais très étonné par cette maturité. Et donc, quand j'ai commencé mes accompagnements, je prenais ce même rôle et donc j'étais assez distant, peut-être un peu froid et parfois, je pense que ça a pu être perçu comme un peu hautain, mais bon... Ouais, dix temps, je pense. Et ça m'a pris plusieurs années avant que j'arrive à très progressivement commencer un peu à jouer avec les participants. Alors, avec les team building, c'est venu un peu plus vite parce que les gens étaient vraiment là pour se marrer. Donc, pourquoi pas finalement, ils ne sont pas là pour apprendre. En vérité, à D'impro, ils sont là pour se marrer. Donc, j'ai commencé un peu à jouer. Et puis même dans mes formations, House of Skills, là, ça fait seulement deux ans maintenant. Ça fait huit ans que je fais ça. Ça fait que deux ans. que je joue, je prends un rôle, je joue avec eux, parce que je pense que j'arrive assez vite et assez naturellement quand même à être clair sur le fait que mon rôle, c'est de poser un cadre, mais que je suis un humain comme vous. Que je ne suis pas parce que je suis formateur en théâtre d'impro que je suis un surhomme en écoute, en co-construction, en créativité, en leadership. C'est juste que j'ai pris du recul sur comment ça fonctionne et tout ça, mais ça ne veut pas dire que je suis excellent en fait. Et je leur montre aussi que parfois je parle beaucoup, que je n'écoute pas bien, que si je ne fais pas attention, comme eux, je suis un homme en fait, un être humain. et ça leur fait beaucoup de bien de voir que mon personnage s'emporte et ça peut être très drôle et en même temps que malgré l'effort qu'on s'était dit de faire j'ai pas tout à fait réussi et ça leur fait beaucoup de bien aussi de voir que le prof entre guillemets ben ouais il essaye on voit comment il essaye et puis il se plante et on voit l'effet que ça a et ça voilà je pense que j'en suis là il y a encore du chemin hum hum hum
- Speaker #0
J'entends le droit à l'erreur, là, tous les deux, vous avez parlé du droit à l'erreur, en fait, le droit de se planter. Il y a quelque chose de l'ordre de la vulnérabilité aussi, dont on n'a pas encore parlé, mais voilà, d'être vulnérable, de se planter, d'avoir des très fortes émotions qui nous empêchent tout d'un coup de continuer. Il y a tout ça aussi dans l'impro et dans la coopération. La coopération, ce n'est pas un chemin tout droit, une ligne droite. Non, il y a des fois des impasses. Il faut rebrosser chemin. Il faut accepter de se tromper. Le théâtre d'impros nous apprend ça aussi. En tout cas, je l'entends dans ce que vous racontez. On arrive bientôt à la fin de notre échange. On pourrait en parler des heures, c'est tellement chouette. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous n'avez pas encore eu l'occasion de poser ici et que vous avez vraiment envie de partager avant qu'on se dirige vers la conclusion ?
- Speaker #1
Si je pourrais résumer, ce que tu viens de dire, si je peux résumer ma vision, c'est d'improviser, mais au-delà de ça, d'utiliser cet outil-là dans la vie de quotidien. Improviser, c'est marcher sur un fil, trouver une espèce d'équilibre, de justesse. Moi, je parle de justesse. Entre je suis authentique, je suis moi-même. Je ne suis pas dans le contrôle. Je joue avec mes émotions. Je me laisse penser ce que je dois penser. Je laisse dire ce que je dois dire. Je vis avec moi-même en accord, etc. Je vis pleinement mon authenticité. Ça, c'est un côté. Et l'autre côté, en même temps, c'est qu'il y a des autres. et ils ont aussi leurs limites et ils ont leurs besoins et surtout on est là dans un cadre commun c'est-à-dire que je peux m'autoriser à être ce que je veux mais dans la limite des autres et surtout dans la limite de l'objectif commun qu'on se donne ce que je disais c'est on joue à jouer ensemble on joue à jouer ensemble mais avec un objectif et c'est en Slack il y a une limite la différence peut-être entre le clown et l'impro je trouve c'est que le clown il n'y a que cette partie-là il vit pleinement lui-même et c'est génial à voir mais je ne sais pas si j'ai beaucoup de capacités enfin je connais moins bien mais à construire quelque chose. Alors que l'improve, c'est vraiment ça, c'est comment je mets mon authenticité au service d'un objectif commun, qui fait que malgré tout, mon authenticité, elle doit tenir quelque part dans un espace. Et c'est trouver cet espace, c'est ça improviser, c'est trouver cet espace de justesse et d'équilibre entre moi et les autres.
- Speaker #2
Je suis complètement d'accord avec tout ce que tu viens de dire, Louis-René. Si ce n'est que moi, je rajouterais quand même que si le clown peut complètement co-créer, mais ça demande une écoute encore plus grande, selon moi, que le théâtre d'impro, où là, on peut jouer des personnages, on peut se raconter qu'on est ça et ça et ça, alors qu'en clown, on doit se raconter qu'on est déjà tout et que c'est justement être dans une écoute hyper profonde de ce qui se vit en nous, en même temps qu'être en relation et dans l'écoute à l'autre. Et c'est ça qui... La pratique du clown, je trouve, c'est plus mon personnel, mais encore un level au-dessus en termes de difficultés, parce que justement, ça demande d'être dans cette authenticité émotionnelle-là. Mais en tout cas, je trouve que la donnée commune à tout ça, c'est vraiment être à l'aise avec qui on est, avec ce qu'on ressent, et s'autoriser à, tout en étant dans le respect et l'écoute de l'autre. et on est dans une société d'hyper contrôle je trouve maintenant, de l'image du paraître, en tout cas c'est l'impression que ça me donne peut-être que ça a toujours été comme ça, que c'est juste que c'est plus visible maintenant avec les réseaux sociaux, Instagram ou je ne sais quoi mais en tout cas voilà réapprendre à s'aimer et à aimer qui on est et apprendre à aimer l'autre et pouvoir entrer dans une collaboration encore plus belle et plus poussée c'est des bienfaits de l'impro je pense
- Speaker #0
Merci beaucoup pour vos partages. Je termine toujours par une phase où je vous propose de me parler, de partager un livre, un documentaire, un podcast, en tout cas une ressource qui vous a inspiré, quelque chose qui vous a porté, qui vous a fait réfléchir sur ce sujet-là ou un sujet très proche. Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous vient spontanément, un livre, un podcast, une vidéo ?
- Speaker #1
Moi j'ai le bouquin, mais peut-être que tu vas avoir le même Aline, Impro, tout simplement, de Keith Johnston, qui est un maître à penser assez puissant dans le monde de l'impro, et qui a eu plusieurs écoles, mais celui-là il est fort, c'est vraiment l'approche un peu comportementaliste du joueur improvisateur. Si on résume sa philosophie, c'est que le geste précède l'intention. C'est-à-dire qu'on se voit bouger, on s'entend dire des choses, et après on est capable de comprendre pourquoi on agit comme ça. Et puis le livre est extrêmement bien rédigé, ça ne s'adresse pas même aux joueurs de dad'impro. C'est un livre que je conseille vraiment à tous les étudiants que je peux avoir en management, notamment parce que ça éclaire énormément le comportement. Et rédigé sous forme de petites histoires, d'histoires personnelles, c'est vraiment chouette.
- Speaker #2
moi je me suis posé la question je ne vois pas on sait qu'il y a un livre que je n'ai pas lu et franchement moi je ne lis pas, je préfère faire vu qu'on est dans le théâtre vivant donc moi ce que j'aurais envie de dire aux gens c'est de taper dans Google le théâtre forum avec votre ville ou près de chez vous et allez-y, il y a plein de théâtres forums qui se font partout et allez vivre cette expérience là je pense que vous allez vous prendre en pleine balle la puissance de ce que ça peut être c'est vrai
- Speaker #0
Oui, je recommande. Ça faisait un petit moment que je devais en vivre. Je n'avais pas réussi à en vivre. Et puis là, ce que je disais dans mon intro, j'en ai vécu un. Et effectivement, c'est assez puissant à vivre. Et c'est complètement fou. Je ne pensais pas. Pourtant, je suis quelqu'un, en tant que facilitatrice, je connais la puissance de la coopération, tout ça. Mais le vivre, c'est encore autre chose.
- Speaker #2
Le jeu de systémique, en fait.
- Speaker #0
Complètement. Tout à fait, complètement. Et puis, en guise d'éclusion, d'au revoir, de conclusion, je pose toujours deux questions à mes invités. Ils en choisissent une à laquelle ils souhaitent répondre. Donc, la première, c'est avec quoi vous repartez de notre échange ? Ça, c'est la première possibilité. La seconde possibilité, c'est quel prochain petit pas vous aimeriez faire ? pour davantage de coopération dans un ou plusieurs collectifs auxquels vous appartenez ?
- Speaker #1
Moi, je vais dire que je repars. Merci Aline, ta réponse sur la place du clown. Effectivement, je t'ai dit, je maîtrise moins bien, j'ai fait quelques stages. Je repars avec une réflexion qui redémarre sur ce clown et sur l'usage qu'on peut en faire. Ça me redonne envie d'approfondir la question.
- Speaker #0
Merci Louis-René.
- Speaker #2
Moi je repars, je veux dire, ce super échange avec Louis-René et avec toi Claire, ça me reconnecte vraiment à la joie de l'authenticité et du fait d'être dans l'improvisation, dans la confiance en la vie. et toutes ces valeurs, enfin voilà, toutes ces postures qui vont avec, et donc je repars nourrie de ça, comme j'en parlais au début avec ces questions de déménagement et tout ça, j'ai besoin de faire confiance à l'improvisation de la vie donc c'est parfait, ça tombe à pied
- Speaker #0
Merci beaucoup à vous deux pour tout ce que vous nous avez partagé c'était riche, j'espère que ça va apporter un nouvel éclairage sur le sujet de la coopération à ceux qui et à celles qui nous écoutent j'espère qu'on aura l'occasion bientôt de se voir et d'échanger à nouveau sur ces sujets et puis à bientôt merci beaucoup Claire à bientôt
- Speaker #1
salut
- Speaker #0
Merci Aline et Louis-René pour tout ce que vous nous avez partagé dans cette deuxième partie. Et si vous, auditeurs et auditrices, avez aimé cet épisode, je vous invite à le partager autour de vous ou à lui attribuer 5 étoiles sur l'appli Apple Podcast. C'est la meilleure manière de soutenir mon travail et de diffuser l'esprit de coopération autour de vous. Et si le sujet de la coopération vous interpelle et guise votre curiosité, Je vous encourage à vous abonner à ma newsletter Graines de coopération que j'écris et j'envoie environ tous les 15 jours et je vous mets le lien d'abonnement dans la description du podcast tout comme les livres et ressources qu'ont cité nos invités A bientôt et en attendant le prochain épisode prenez bien soin de vous