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Et si tu osais ?

Episode 11 - Gaëlle Giesen - Battre un record du monde et apprivoiser le vide

Episode 11 - Gaëlle Giesen - Battre un record du monde et apprivoiser le vide

44min |16/06/2025
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Episode 11 - Gaëlle Giesen - Battre un record du monde et apprivoiser le vide

44min |16/06/2025
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Description

đŸ’„ Descendre Ă  222 mĂštres sous l’eau. Battre un record du monde. Sauter en parachute Ă  haut niveau. Travailler dans le spatial.
Ça pourrait ressembler Ă  une sĂ©rie Netflix, mais c’est la vraie vie de GaĂ«lle Giesen.


đŸ‘©â€đŸš€ Astrophysicienne au CNES, vice-championne du monde de parachutisme, dĂ©tentrice du record mondial fĂ©minin de plongĂ©e technique Ă  222 mĂštres, elle explore les extrĂȘmes : dans l’espace, dans les airs, sous l’eau
 et en elle-mĂȘme.


🎯 Mais GaĂ«lle, c’est bien plus qu’une aventuriĂšre.


C’est une femme qui a appris Ă  oser, sans jamais brĂ»ler les Ă©tapes, petit pas par petit pas.

Une femme qui construit ses défis comme on construit une carriÚre : avec méthode, rigueur et curiosité.


💡 Ce que tu vas retenir de cet Ă©pisode ?
Que la peur de l’inconnu– celle qui nous paralyse avant un changement de vie, une reconversion ou un nouveau projet – n’est pas une fatalitĂ©.
GaĂ«lle nous montre que tout est une question de prĂ©paration, de petits pas, d’entreaides et de connaissance de soi.


📌 Dans cet Ă©pisode, GaĂ«lle partage :

✔ Son job passion dans l’aĂ©rospatial, entre rigueur scientifique et Ă©merveillement
✔ Comment elle est passĂ©e de dĂ©butante Ă  sportive de haut niveau, en parachutisme puis en plongĂ©e
✔ La prĂ©paration mentale extrĂȘme qu’exige un record Ă  222 m
 oĂč la moindre erreur peut coĂ»ter la vie
✔ Ses techniques pour gĂ©rer le stress, la peur, la concentration – dans l’eau comme dans la vie
✔ Pourquoi l’exploration de soi est sĂ»rement l’exploration la plus difficile


🎯 Un Ă©pisode pour :

🚀 Ceux qui rĂȘvent de se rĂ©inventer ou de se lancer dans un projet unique
💡 Celles et ceux qui veulent aligner travail, passion et apprentissage continu
🌊 Ceux qui ont peur de l’inconnu
 mais qui sentent qu’il est temps d’oser
📚 Les curieux, les explorateurs du quotidien


⏱ Les moments clĂ©s :

  • PrĂ©sentation de GaĂ«lle : spatial, parachutisme, plongĂ©e

  • Le rĂȘve d’enfant devenu rĂ©alitĂ© : travailler dans le spatial

  • Ses dĂ©buts dans les sports extrĂȘmes : de la curiositĂ© au haut niveau

  • Le projet du record du monde de plongĂ©e : 1 an et demi de prĂ©paration

  • GĂ©rer le danger, la peur et les Ă©motions : les vraies clĂ©s de la performance

  • Ce que les sports extrĂȘmes lui ont appris sur la vie professionnelle

  • Comment elle organise sa vie pour tout concilier (et souffler un peu !)

  • Ses conseils pour avancer Ă  petits pas vers ses rĂȘves

  • Son retour Ă  l’universitĂ© pour
 Ă©tudier la biologie

🎧 Écoute & partage :

đŸ“Č Disponible sur : Spotify | Deezer | Apple Podcasts
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Plus de 3 millions de français se disent malheureux au travail. Mais bonne nouvelle, ce n'est pas une fatalité. Si chaque matin, la flamme n'est plus là, si les journées au travail te semblent interminables et que tu te demandes « mais qu'est-ce que je fous là ? » alors ce podcast est fait pour toi. Et si tu osais, c'est un shoot de motivation et d'inspiration. Je m'appelle Sylvain et sur ce podcast, je reçois des personnes comme toi et moi. Des gens normaux, avec des métiers accessibles. Leur point commun, ils ont osé changer de vie. Ils ont pris leur courage à deux mains et ils sont... passer à l'action. Ils vont partager avec toi leurs histoires, leurs conseils et leurs meilleures astuces pour te prouver que, toi aussi, c'est possible. Allez, c'est parti ! Aujourd'hui, c'est un épisode trÚs spécial pour moi parce que je vais sortir de ma zone de confort. Sur tous les premiers enregistrements et tous les premiers épisodes, on a beaucoup parlé de quand on change de métier, de sauter dans l'inconnu, cette peur du vide. Aujourd'hui, j'ai invité une spécialiste du sujet. Elle s'appelle Gaëlle, elle a un parcours hors normes, un métier qui cultive l'exploration spatiale et puis aprÚs dans sa vie perso elle est passionnée par justement de ce cÎté exploration aller je pense au bout de soi. Donc je suis ravi d'accueillir Gaëlle aujourd'hui. Bienvenue Gaëlle. Merci. Merci surtout d'avoir pris le temps dans ton agenda qui a l'air millimétré de venir partager ton expérience avec moi et avec les personnes qui nous suivent.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Je voulais te laisser te présenter et comme je te l'ai dit avant de commencer j'ai une question que j'ai trop envie de te poser c'est quand on te dit qu'est ce que tu fais dans la vie tu réponds quoi ?

  • Speaker #1

    En général, je réponds plein de choses, ce qui n'est pas faux. Et aprÚs, je rentre un peu plus dans le détail. Mais effectivement, au début, je vais dire ça.

  • Speaker #0

    Parce que lĂ , on a une heure. Donc, pour te prĂ©senter en moins d'une heure, ça serait cool. Pour qu'on puisse explorer toutes ces choses-lĂ . Mais tu viens d'oĂč ? Je n'ai mĂȘme pas prĂ©sentĂ© ce que tu faisais. Donc, peut-ĂȘtre que tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    Oui, alors d'oĂč je viens dĂ©jĂ  ? Je viens de Suisse, en fait. Donc, ça, il y a plein de gens qui ne le savent pas forcĂ©ment. Donc, je suis nĂ©e en Suisse. Et j'habite en France depuis 2012. Je travaille au CNES. Ça, c'est quelque chose que j'aime bien dire, effectivement, tout ce cĂŽtĂ© exploration spatiale. Je travaille sur des missions scientifiques. Et ensuite, je suis Ă©galement parachutiste et plongeuse. Et je pense que ça, on va en parler un peu plus aprĂšs.

  • Speaker #0

    Ouais, on va en parler de tout ça. Donc, tu ne l'as pas dit, mais tu es vice-championne du monde de parachutisme et tu as battu un record du monde féminin de descente en plongée technique, donc à 222 mÚtres sous l'eau.

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait, exactement.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. DĂ©jĂ  pour ça. Et peut-ĂȘtre qu'on peut commencer par... par la partie professionnelle. Tu bosses au CNES, tu es docteur en astrophysique. Ça consiste en quoi ? Quels sont les projets sur lesquels tu bosses au quotidien ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait des études d'astrophysique. Et aujourd'hui, au CNES, je travaille sur des missions astrophysiques. Donc, un peu plus sur le cÎté ingénierie. Comment est-ce qu'on va mettre en place ces missions-là ? Aujourd'hui, j'ai deux missions principales. Une qui s'appelle Ariel et l'autre qui s'appelle Dragonfly. Alors, Ariel, ce n'est pas la petite sirÚne.

  • Speaker #0

    Il y a un lien quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il y a un petit lien, effectivement. Ariel, c'est une mission de l'ESA, de l'Agence Spatiale Européenne, avec une contribution française importante, qui va étudier les exoplanÚtes et les atmosphÚres des exoplanÚtes, pour savoir s'il y a des traces de vie, par exemple, sur des planÚtes qui sont lointaines.

  • Speaker #0

    Et sur Dragonfly, c'Ă©tait un petit peu la mĂȘme chose. Je reviens un petit peu avant de te recevoir, ce que c'Ă©tait. Vous voulez envoyer un mini-satellite, si je m'ai compris, de la taille d'un robot ?

  • Speaker #1

    Ouais, d'une Twingo, c'est ça. En fait, Dragonfly, c'est une mission de la NASA cette fois-ci. C'est aussi avec une contribution française importante. Et c'est un drone, en fait. Il va voler sur Titan. Titan, c'est une lune de Saturne. Donc ça, ça reste dans notre systÚme solaire. Et aussi également pour aller faire de la biochimie et détecter la vie.

  • Speaker #0

    On est quand mĂȘme sur un podcast qui traite beaucoup de l'Ă©panouissement au travail. C'est un job que tu kiffes.

  • Speaker #1

    Ah oui, j'adore. J'adore tout ça, oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Ça fait 7 ans que tu es au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. AprÚs ma thÚse, j'ai travaillé au CNES, sur différents postes, mais effectivement, ça fait un certain moment que j'y suis.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est un univers qui est trÚs loin pour moi, ce qui est aérospatial. Est-ce qu'on peut s'ennuyer dans son quotidien quand on fait des recherches comme ça ? Est-ce que tu as une routine quand tu bosses sur cet univers-là ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on peut un petit peu s'ennuyer dans le sens oĂč les tĂąches quotidiennes... Elles sont assez rĂ©pĂ©titives, on va faire des fichiers Excel, on va faire du Word, enfin un peu comme tout le monde finalement. Mais c'est vrai que dĂšs qu'on se rappelle pourquoi est-ce qu'on est en train de faire ça, on se remotive trĂšs rapidement.

  • Speaker #0

    Ce job-là, tu l'avais ambitionné depuis toute petite ? Comment tu en es arrivé là ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai Ă©tĂ© fascinĂ©e vraiment par l'univers. Je pense quand je suis venue ici Ă  Toulouse, quand j'avais 11 ans, Ă  la CitĂ© de l'Espace. J'ai eu une fascination pour tout ce qui est spatial. et l'exploration de notre univers, d'oĂč les Ă©tudes aprĂšs en physique, en astrophysique plus particuliĂšrement. Et effectivement, maintenant, je pense que c'est trĂšs intĂ©ressant le poste que j'ai, parce que je travaille avec des scientifiques et avec des ingĂ©nieurs. Je suis un peu entre les deux Ă  essayer de faire en sorte que ces missions fonctionnent.

  • Speaker #0

    Trop bien. Job international, par essence ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui, et justement, on est en collaboration. La France collabore énormément avec d'autres agences spatiales. l'ESA, la NASA dont je parlais, mais également avec la Chine, avec le Japon. Enfin voilà, beaucoup d'agences spatiales.

  • Speaker #0

    Et toi, au final, tu te déplaces beaucoup ? Tu restes beaucoup sur Toulouse ou tu peux aller te balader un petit peu ?

  • Speaker #1

    On peut beaucoup se déplacer, oui, effectivement. Alors moi, aujourd'hui, je reste plutÎt en France. Je me déplace beaucoup en France, mais c'est vrai qu'on peut avoir un peu de tout.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si tu allais combiner, en fait, dans ton organisation perso, si tu allais combiner le pro et le perso, parce que donc... Tes passions, c'est l'espoir extrĂȘme un peu. Comment c'est nĂ© cette passion pour le parachutisme ou la plongĂ©e ? Parce qu'en Suisse, la mer, c'est pas trop le truc.

  • Speaker #1

    C'est venu Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps, je pense. Quand j'avais 19 ans, j'avais envie d'explorer, je pense. Tout comme l'univers, j'avais envie d'explorer notre planĂšte, tous les milieux qui existent. En fait, je suis trĂšs curieuse, j'ai envie d'aller voir. Donc voilĂ , c'est comme ça que j'ai testĂ© le parachutisme et la plongĂ©e. Et je savais tout de suite que j'allais faire ça toute ma vie.

  • Speaker #0

    parce que Tes parents, je ne sais pas quel métier ils exercent. Est-ce qu'ils t'ont un peu amené là-dedans ? Ou est-ce que c'est un univers qui leur était étranger ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment. Mes parents aimaient beaucoup voyager. J'ai beaucoup voyagé quand j'étais enfant. On allait beaucoup à la mer. Effectivement, je savais nager assez tÎt, etc. Mais c'est vrai qu'ils ne font pas particuliÚrement de plongée. Le parachutisme, ils n'en avaient vraiment pas entendu parler. Ils n'y avaient pas du tout pensé. Ils ont été trÚs surpris quand j'ai commencé à pratiquer.

  • Speaker #0

    Parce que t'as commencé à 19 ans ? le parachutisme.

  • Speaker #1

    La plongée aussi, je crois que c'était à quelques mois d'intervalle.

  • Speaker #0

    On fait une quĂȘte d'exploration. Toi, tu vas dans l'espace, tu vas dans les profondeurs, tu es une vraie exploratrice. Est-ce que tu ne pourrais pas te dĂ©finir comme ça, d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je suis une exploratrice, mais en tout cas, j'ai un sens pour l'exploration. Souvent,

  • Speaker #0

    on se dit que c'est réservé à une élite, ces sports-là. Est-ce que c'est le cas ? Ou est-ce que c'est accessible à tout le monde ?

  • Speaker #1

    Je pense que, justement, il y a trĂšs peu d'informations sur le fait que c'est accessible, finalement. et moi c'est un peu ça c'est que Tout est venu petit Ă  petit, mais quand j'ai dĂ©butĂ©, jamais je n'aurais imaginĂ© tout ce que je fais aujourd'hui. MĂȘme je ne savais mĂȘme pas que ça existait, la plongĂ©e technique par exemple. Je ne savais pas que ça existait quand j'ai commencĂ© la plongĂ©e. Et c'est que petit Ă  petit, en discutant avec les personnes, que je me suis rendu compte qu'effectivement ça existait, que c'Ă©tait possible, qu'on pouvait ĂȘtre formĂ© Ă  ça. Donc finalement, oui, c'est possible.

  • Speaker #0

    Tu t'es prise au jeu du truc. S'il y a des personnes qui nous Ă©coutent, parce que ce que toi tu disais, c'est ce qui m'avait beaucoup plu avant de t'inviter. Tu dis, je vais vous montrer que tout ce que je fais, c'est accessible Ă  toutes et Ă  tous, dĂšs le plus jeune Ăąge. Donc, si des personnes nous Ă©coutent et qu'elles ont envie de dĂ©couvrir une nouvelle discipline, admettons la plongĂ©e, ça commence comment ? Ça commence en vacances. Tu peux faire ne serait-ce qu'un stage de plongĂ©e. Est-ce que ça peut commencer chez toi, dans des piscines ? Ah oui,

  • Speaker #1

    alors un peu partout, effectivement. Donc, en fonction de lĂ  oĂč on habite, on peut commencer en piscine, si on n'est pas Ă  la mer. Et puis ensuite, on part pour un week-end prolongĂ© Ă  la mer. Et comme ça, on termine son niveau 1, par exemple. en mer MĂ©diterranĂ©e. VoilĂ , moi, c'est ce que j'avais fait. Donc, ça marche trĂšs bien. Ensuite, on continue Ă  entretenir en plongeant en piscine de temps en temps. Et puis, quand on peut, on se dĂ©place et on va Ă  la mer.

  • Speaker #0

    Toi, t'as commencĂ© par le cĂŽtĂ© passion et t'as franchi le step de passer du cĂŽtĂ© un peu amateur oĂč je prends mon petit plaisir sur mon sport Ă  intĂ©grer du sport de haut niveau. Parce que t'es quand mĂȘme dans une quĂȘte de performance, finalement. Que ça soit sur le parachutisme, quand on fait vice-champion du monde, c'est qu'on est quand mĂȘme dans l'aspect de compĂšte. et mĂȘme sur le record du monde que tu as battu. T'as cette envie d'aller chercher plus loin, c'est par rapport Ă  toi, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait. Alors, il y a deux choses. Le parachutisme, effectivement, c'est venu petit Ă  petit. Et aussi, c'est un peu la mĂȘme chose, je n'imaginais jamais faire des compĂ©titions internationales. Et puis, en fait, j'ai pu en faire et je trouve ça incroyable. Et lĂ , effectivement, c'est un sport de haut niveau. C'est reconnu comme tel par le ministĂšre des Sports en France. Donc, effectivement, j'ai pu intĂ©grer... tous les dispositifs qui existent aujourd'hui en France qui sont liĂ©s Ă  ça. Donc on a des budgets fĂ©dĂ©raux, etc. Donc c'est la FĂ©dĂ©ration française de parachutisme qui est trĂšs active lĂ -dedans. Et Ă  cĂŽtĂ© de ça, la plongĂ©e. Alors la plongĂ©e, pour moi, c'Ă©tait toujours une petite frustration. En fait, quand je pratiquais la plongĂ©e, j'avais envie d'aller voir plus loin et plus profond. Je pratiquais les deux en parallĂšle. Le parachutisme a pris beaucoup de place dans ma vie perso. quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France, forcĂ©ment. Je faisais un peu de plongĂ©e, mais je me disais toujours j'aimerais bien aller un peu plus loin, j'ai envie d'aller voir ce qu'il y a lĂ  en bas. Le problĂšme pour toi,

  • Speaker #0

    c'est la profondeur ?

  • Speaker #1

    Oui, moi j'ai toujours été absolument fascinée par la profondeur. Et n'importe qui qui a plongé avec moi vous le dira, à chaque fois, moi je voulais aller voir plus bas.

  • Speaker #0

    Là, tu es allée voir trÚs bas.

  • Speaker #1

    Je suis allĂ©e voir trĂšs bas, voilĂ . Pas encore, il y a peut-ĂȘtre plus loin, mais en tout cas, oui, je suis allĂ©e voir trĂšs bas.

  • Speaker #0

    Comment tu te dis, je vais battre un record du monde,

  • Speaker #1

    je vais aller Ă  222 mĂštres ? quand j'ai fait des plongĂ©es sur une super belle Ă©pave qui s'appelle le Haven Ă  GĂȘnes, en Italie. Et lĂ , c'Ă©tait les premiĂšres plongĂ©es vraiment engagĂ©es, on va dire, dans le sens oĂč c'est une plongĂ©e qui va Ă  80 mĂštres, on va rester deux heures dans l'eau. VoilĂ , ça commençait dĂ©jĂ  Ă  ĂȘtre consĂ©quent. Et lĂ , je me sentais... trĂšs, trĂšs bien. Dans le sens oĂč je sortais aprĂšs deux heures, mais je sentais que je pouvais y rester encore bien plus longtemps, finalement. Et c'est lĂ  que j'ai commencĂ© un peu Ă  me poser la question, mais en fait, c'est quoi la limite, finalement ? Parce que lĂ , bon, je viens de faire 80 mĂštres, mais jusqu'oĂč est-ce qu'on peut aller ? Et j'ai un peu regardĂ© les records. Alors, ce qu'on voyait, c'est que les records masculins, ils Ă©taient bien au-delĂ  de 300 mĂštres. On a trois personnes, trois Français d'ailleurs, qui sont descendus au-delĂ  de 300 mĂštres. Et les records fĂ©minins, ils Ă©taient bien, bien plus hauts. Il y avait un record du monde fĂ©minin Ă  198 mĂštres en mer, ce qui est dĂ©jĂ  beaucoup, bien sĂ»r. Mais disons que la barre psychologique des 200 n'avait pas Ă©tĂ© passĂ©e. Et lĂ , je me suis dit, ça, c'est un truc que j'aimerais faire.

  • Speaker #0

    Toi, tu as besoin d'aller Ă  la limite, en fait, de ce que ton corps peut faire ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça. J'ai envie de découvrir, en fait. Oui, je pense que j'aime bien jouer avec la limite, effectivement, et la repousser,

  • Speaker #0

    surtout. Moi, je ne maĂźtrise pas du tout le truc, mais combien de temps ça te prend ? J'imagine que tu ne te lances pas d'un jour... Le jour le lendemain, en te disant, vas-y, je vais descendre Ă  222 mĂštres, tu dois avoir un temps de prĂ©paration qui est Ă©norme, ça va ĂȘtre une organisation sans faille, t'es sĂ»rement pas toute seule pour faire tout ça. De ce que j'ai cru comprendre, t'as mĂȘme des personnes qui t'accompagnent sous l'eau, sur l'eau. Comment tu mĂšnes Ă  bien un projet comme ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi, ça m'a pris un an et demi, Ă  partir du moment oĂč j'ai dĂ©cidĂ© de le faire. Donc encore une fois, dĂ©jĂ , je faisais des plongĂ©es Ă  80 mĂštres de deux heures. Donc tout ça, ça m'a pris 15 ans, finalement. À le faire. Si on prend vraiment en compte tout ce que j'ai fait, ça m'a pris 15 ans. Mais voilĂ , dĂšs le moment oĂč je me suis vraiment dit, bon, je me consacre Ă  fond lĂ -dessus, ça m'a pris un an et demi, ce qui est assez rapide, bien sĂ»r. Mais voilĂ , toutes les plongĂ©es que je faisais Ă©taient spĂ©cifiquement pour prĂ©parer ça. J'Ă©tais effectivement accompagnĂ©e. C'est vrai qu'il faut essayer de comprendre de quoi est-ce qu'on a besoin en termes de compĂ©tences pour aller Ă  cette profondeur-lĂ  et aller la chercher auprĂšs des bonnes personnes, finalement.

  • Speaker #0

    Et ces bonnes personnes, c'est qui ?

  • Speaker #1

    C'est beaucoup de gens. parce qu'il y a diffĂ©rents types de compĂ©tences. DĂ©jĂ , comme je disais, il y a trois Français qui sont descendus Ă  plus de 300 mĂštres. Donc dĂ©jĂ , rien que discuter avec eux, comment eux, ils ont fait, quel Ă©tait leur profil de dĂ©compression, toutes ces choses-lĂ , prendre vraiment leur maximum d'informations de leur part. Ça, c'est dĂ©jĂ  quelque chose d'important. Ensuite, j'avais un binĂŽme avec lequel je plongeais dĂ©jĂ  depuis 10 ans, qui avait Ă©tĂ© lui-mĂȘme dĂ©jĂ  Ă  plus de 250 mĂštres. Et donc, on a travaillĂ© ensemble tout le long. Il y avait aussi des compĂ©tences trĂšs spĂ©cifiques, par exemple de flottabilitĂ©, de rester bien stable dans l'eau. Et ça, les meilleurs au monde, c'est au Mexique. Les personnes qui plongent au Mexique, dans les CĂ©notes, parce qu'en fait, lĂ -bas, c'est l'environnement qui le veut. S'ils mettent un coup de palme, en fait, il y a de la poussiĂšre calcaire qui est dĂ©posĂ©e au fond. Et si on met un coup de palme lĂ -dedans, on ne voit plus rien d'un coup. Donc, ils ont vraiment perfectionnĂ©. cette capacitĂ© Ă  avoir une bonne flottabilitĂ©. Donc je suis allĂ©e deux fois dans les un an et demi de prĂ©paration, je suis allĂ©e deux fois au Mexique pour faire des cours trĂšs spĂ©cifiques avec ces personnes-lĂ .

  • Speaker #0

    Donc du coup, tu vas avoir de la compétence, tu vas avoir du matériel, tu vas avoir aussi du financier parce que comment tu finances un projet comme ça d'ailleurs ? Parce que tu dois aller au Mexique deux fois, tu dois avoir le matos, c'est un sport qui n'est pas trÚs connu, donc j'imagine que les financements ne sont pas non plus... ils ne plaivent pas. Comment tu t'es organisée sur ce thÚme-là ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que c'est assez compliquĂ©. C'Ă©tait principalement de l'autofinancement. Mais j'ai eu un peu d'aide. J'ai eu une aide de la part du CNES et notamment du projet Ariel, justement, parce qu'on parle d'exploration et ça leur parlait totalement. Donc, j'ai eu une aide financiĂšre de la part du CNES et aprĂšs, des sponsors qui me prĂȘtent du matĂ©riel. C'est principalement ça. Donc, par exemple, j'ai travaillĂ© avec un fabricant de scooters sous-marins pour avoir un scooter qui puisse aller au-delĂ  de 200 mĂštres parce que la plupart du matĂ©riel n'Ă©tait pas qualifiĂ© pour ces profondeurs-lĂ  aussi.

  • Speaker #0

    Oui, le conduit sur mesure au final.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et mĂȘme le jour J, tu dois avoir une Ă©quipe mĂ©dicale, tu dois avoir un bateau. Combien de personnes le jour J pour t'aider ?

  • Speaker #1

    On était aux alentours de 10-15 personnes au total. Donc j'avais mon binÎme qui est descendu avec moi, avec lequel on a tout préparé ensemble. Il est descendu avec moi au fond. AprÚs, j'avais un plongeur de sécurité qui nous attendait à 120 mÚtres. Donc si on avait un problÚme, il pouvait nous assister. Des plongeurs entre 20 et 30 mÚtres qui nous attendaient là plus pour nous décharger du matériel ou nous apporter ce dont on avait besoin. Et effectivement, en cas de besoin, pouvoir rapidement agir. Et qu'ils puissent faire la navette avec la surface. Qu'ils puissent dire aux gens en surface ce qui se passait. Et effectivement, sur le bateau, encore toute une équipe, une équipe médicale, avec des infirmiers hyper-bars, effectivement, qui avaient de l'oxygÚne, etc. Tout ça. Des pilotes de bateau. Et le caisson aussi, à Marseille, qui était prévenu. Le caisson hyper-bar qu'on allait faire. un truc pas trÚs intelligent.

  • Speaker #0

    Une fille qui est docteure en astrophysique va faire des trucs pas trĂšs intelligents, c'est un peu cocasse. Oui,

  • Speaker #1

    aprÚs, voilà, c'est pas forcément le type de plongée qu'on recommande.

  • Speaker #0

    Ce qui est drÎle, finalement, c'est que t'as deux passions. T'en as une, c'est sauter d'un avion à toute vitesse. On est sur de la chute libre, donc là, c'est que de la vitesse. Et moi, j'y connais rien. Je suis vraiment pas initié à la plongée. Mais t'as des sasses pour descendre. Tu mets un certain temps pour descendre et pour remonter, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Surtout pour remonter en fait.

  • Speaker #0

    C'est plus l'éloge de la patience finalement. La plongée, donc tu es sur deux univers qui sont un peu contradictoires ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça, je trouve justement pour moi que c'est un peu la mĂȘme chose. En fait, la descente, c'est assez rapide. Alors, ce n'est pas de l'ordre de grandeur d'une chute libre, bien sĂ»r, mais la descente, ça m'a pris 14 minutes pour arriver en bas. La descente, on peut y aller aussi vite qu'on peut. Physiologiquement, il n'y a pas besoin de faire des paliers ou quoi que ce soit. La descente, c'est assez rapide. Et lĂ , il faut ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant un court instant. Et ça, pour moi, ça ressemble beaucoup au parachutisme. On va ĂȘtre trĂšs... Pendant le parachutisme et pendant tout un saut ou pendant une performance sportive, on va ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant une minute, deux minutes. Et c'Ă©tait Ă  peu prĂšs ça aussi pendant la descente. On avait des moments critiques Ă  partir du moment oĂč on arrive Ă  la profondeur Ă  laquelle on voulait atteindre. C'est lĂ  que le risque est le plus Ă©levĂ©. On a une dĂ©faillance matĂ©rielle, qu'on ne se sent pas bien, qu'on a des effets physiologiques. Donc il y avait tout ce moment-lĂ  et le dĂ©but de la remontĂ©e lĂ  oĂč il fallait ĂȘtre extrĂȘmement concentrĂ©. Et aprĂšs, bon. Ça peut se relĂącher un peu parce que la plongĂ©e a durĂ© 4h30, donc on ne va pas rester concentrĂ© Ă  fond pendant 4h30, effectivement. Et aprĂšs, on peut un peu se relĂącher,

  • Speaker #0

    oui. J'ai cru comprendre que tu étais resté un certain à 6 mÚtres pendant 1h40.

  • Speaker #1

    Tout à fait, le dernier palier à 6 mÚtres. J'ai commencé les paliers à 80 mÚtres. Donc là, les tout premiers, ça dure une minute. Et aprÚs, ils se rallongent de plus en plus. C'est tous les 3 mÚtres. Les 3 mÚtres, donc j'en ai fait 25 au total. Et le dernier à 6 mÚtres, effectivement, il a duré 1h40.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi pendant 1h40 ? T'es seule avec toi-mĂȘme finalement sur ce temps-lĂ  ? Oui,

  • Speaker #1

    alors je suis avec mon binĂŽme, avec quelques plongeurs qui viennent nous assister, ils nous tiennent compagnie aussi. Mais alors honnĂȘtement, on peut faire plein de choses. Moi, on peut boire, on peut manger. Moi, je regarde des films. Tu regardes des films sous l'eau ? Ouais, je regarde des films sous l'eau. Et d'ailleurs, tous les plongeurs qui restent trĂšs longtemps en gĂ©nĂ©ral le font.

  • Speaker #0

    Tu recommandes une série à regarder à 80 mÚtres de profondeur ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas, oui. Alors moi, j'ai regardĂ© Dune. en fait, ce qui Ă©tait assez insolite parce que finalement je regardais un film oĂč les gens Ă©taient dans un dĂ©sert absolu, ils cherchaient l'eau alors que moi j'Ă©tais dans l'eau mais il y avait des points communs aussi, c'Ă©tait assez insolite sur le moment, ça faisait un sentiment assez particulier de regarder d'une

  • Speaker #0

    Ton expérience elle est vraiment folle d'autant plus pour moi qui ai peur de tous ces sports là comment ça se passe quand t'es à 200 mÚtres avec un 200 mÚtres de flotte au dessus de toi, c'est quoi, c'est tout sombre ? Il fait frais. C'est quoi les sensations que tu peux avoir ?

  • Speaker #1

    Il fait sombre, oui. Mais on descend avec des lumiĂšres. On emmĂšne quand mĂȘme beaucoup de lumiĂšre. Donc, on voit ce qu'on fait. Il fait froid, oui, plus qu'Ă  la surface. Mais bon, en MĂ©diterranĂ©e, ça ne descend pas beaucoup plus bas que 12-13 degrĂ©s dans l'eau. Donc, ça va. AprĂšs, on a l'Ă©quipement pour. On a des combinaisons Ă©tanches, des chauffages intĂ©grĂ©s. Enfin, voilĂ , on a quand mĂȘme tout ce qu'il faut. Mais en fait, c'est surtout... Si mon ordinateur de me plonger ne me disait pas que j'Ă©tais Ă  200 mĂštres, je ne le savais pas. Physiologiquement, je ne sentais aucun effet. Il y en a qui existent, des effets, mais qui interviennent un peu plus bas. Des effets physiologiques, mais lĂ , je n'en avais pas particuliĂšrement, finalement. Et c'est juste la prise de conscience, effectivement, de se dire, lĂ , on a 200 mĂštres au-dessus de la tĂȘte d'eau.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as quand mĂȘme une grosse partie de gestion d'Ă©motions. Comment tu te prĂ©pares mentalement, que ce soit en parachute ou que ce soit sur des plongĂ©es ? Comme ça, tu as des risques qui sont avĂ©rĂ©s, finalement. Tu disais, en fait, le danger, c'est juste un indicateur. Et en fait, il faut que je sois alerte sur l'ensemble de mon corps pour voir comment il rĂ©agit. Comment tu travailles ta concentration, tous ces sujets-lĂ  ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais travaillĂ© avec une prĂ©paratrice mentale quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France de parachutisme. Donc lĂ , c'Ă©tait vraiment trĂšs axĂ© performance. Et en fait, tous ces outils-lĂ , j'ai pu vraiment les retranscrire directement dans la plongĂ©e. Donc notamment en parachutisme, on va... Ă©normĂ©ment travaillĂ© la visualisation parce que vu que c'est des sauts qui sont trĂšs courts, il faut les prĂ©parer vraiment en amont mentalement comme si on les avait dĂ©jĂ  faits pour pouvoir les rĂ©pĂ©ter au mieux. Et donc en plongĂ©e aussi, j'avais vraiment visualisĂ© avoir des problĂšmes techniques Ă  plus de 200 mĂštres. Je m'Ă©tais mis dans un Ă©tat Ă©motionnel dans lequel j'Ă©tais lĂ  au fond et j'ai des soucis, comment je rĂ©agis, pour l'avoir dĂ©jĂ  fait une fois, mĂȘme si on ne l'a jamais fait. Mais on peut simuler ça dans son cerveau.

  • Speaker #0

    Donc tu as déjà préparé tout ce qui pourrait potentiellement t'arriver. Exact. Et qu'est-ce que je dois faire à ce moment-là ? Et toi, il faut que tu restes le plus lucide possible systématiquement. Donc en fait, est-ce que tu as le temps d'avoir peur ?

  • Speaker #1

    Un petit peu, oui. Alors, on a peur. Et c'est, je pense, absolument nĂ©cessaire. Sinon, on ne sait pas ce qu'on est en train de faire si on n'a pas peur. Par contre, ce n'est pas une peur qui fige. C'est une peur qu'on peut canaliser justement, qui va nous donner l'Ă©nergie et qui va nous donner ce sens de l'attention extrĂȘme en fait. Quand on est aussi profond, justement, tu le disais, on va vraiment ĂȘtre alerte Ă  tous les signaux, que ce soit du matĂ©riel ou de soi-mĂȘme. Et ça, ça demande une concentration vraiment trĂšs importante. Et pour ça, il faut cette adrĂ©naline, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu le matérialises quand tu dis, je vois si tout fonctionne bien, c'est-à-dire que tu vas sentir un peu comme dans la méditation, tu vas sentir le bout de ton pied.

  • Speaker #1

    Exactement, on va sentir, on va se connecter vraiment Ă  toutes les parties du corps. On va scanner le corps pour voir si on ressent quelque chose de bizarre.

  • Speaker #0

    Et ça, ce que tu fais, que tu pratiques toi dans un sport extrĂȘme sur un record du monde, est-ce que tu le pratiques aussi chez toi, Ă  domicile ? Est-ce que tu fais de la mĂ©ditation ? Est-ce que tu as des pratiques comme ça que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est super de faire ça parce qu'on a une conscience de son corps qui est vraiment trÚs intéressante dans la vie de tous les jours finalement. Quand on commence à stresser parce qu'on a reçu un mail un petit peu agressif par exemple, des choses comme ça. C'est trÚs intéressant justement de se rendre compte de ce qui se passe dans notre corps et pour mieux gérer en fait. Donc oui, tout à fait, la méditation et surtout tout ce qui est pleine conscience.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'au travail, tu es stressée ? ça t'arrive ? On peut te... Te sortir de ta concentration au boulot, c'est possible ? Oui, oui. On arrive à t'énerver ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r. Bien sĂ»r qu'on arrive Ă  m'Ă©nerver. Bien sĂ»r. En fait, oui. Mais bon, c'est diffĂ©remment. Ça va ĂȘtre plus sur des aspects humains qui vont ĂȘtre difficiles Ă  gĂ©rer. Alors que lĂ , le matĂ©riel, ça ne me pose aucun problĂšme, on va dire.

  • Speaker #0

    Tu reprends les techniques de ton sport de haut niveau au travail, au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah mais tout Ă  fait. Tout Ă  fait. Justement, comme je le disais, cet effet de pleine conscience, de pouvoir se... se calmer, respirer, se demander Ă  chaque fois. C'est important de se dire, d'analyser le problĂšme sur le moment, d'avoir cet effet un peu sans Ă©motion, en fait. Enlever l'Ă©motion, ça peut ĂȘtre utile, mĂȘme s'il faut la vivre, bien sĂ»r, mais pouvoir analyser les choses, tout Ă  fait.

  • Speaker #0

    C'est hyper intĂ©ressant, et c'est aussi pour ça que je voulais absolument te faire venir ici, c'est que, tu vois, dans le monde du travail, notamment dans les entreprises privĂ©es, on a sans cesse un cas de performance. notamment en ce moment avec la bourse qui fluctue c'est une incertitude politique une incertitude Ă©conomique donc tout le monde est Ă  fleur de peau on nous demandera toujours plus parce qu'il faut avoir du rĂ©sultat il faut ĂȘtre performant et ça fait peur Ă  beaucoup de collaborateurs et on le voit la santĂ© mentale elle est touchĂ©e actuellement, c'est le sujet numĂ©ro 1 des DRH en 2025 et je trouvais qu'il y avait sĂ»rement des ponts Ă  en faire entre toi ce que tu fais dans ta vie perso sur tes passions avaient ce lien-lĂ , en fait. Comment on gĂšre l'incertitude, comment on gĂšre la peur de l'inconnu et cette quĂȘte de la performance, en fait. Concentration, tout ça. Est-ce que tu as des petits tips Ă  nous donner ?

  • Speaker #1

    Oui, alors effectivement, il faut que je rĂ©flĂ©chisse un peu. Mais c'est vrai que moi, quand je pratique ces sports-lĂ , je vais me concentrer sur une chose. C'est vite dit parce que j'en fais plein et que je switch toujours de l'un Ă  l'autre. Mais quand je fais quelque chose, je reste vraiment sur une activitĂ©. Et c'est la chose la plus importante. Ă  ce moment-lĂ  dans ma vie. Ça ne veut pas dire que ça l'est tout le temps, bien sĂ»r. Mais sur le moment, c'est vraiment ça qui est le plus important. Quand je suis en compĂ©tition, pendant une minute, on va sauter d'un avion et on va faire des figures. Il n'y a rien d'autre qui compte. Et de se focaliser comme ça sur une tĂąche, je pense que c'est assez intĂ©ressant. C'est lĂ  qu'on devient trĂšs performant, sur cette tĂąche en particulier. MĂȘme si le multitasking, on en parle aussi beaucoup. Je le pratique beaucoup aussi, mais en fait, ça...

  • Speaker #0

    J'ai encore lu une étude sur le sujet hier, qui montre qu'en fait, le multitasking, ça ne marche pas du tout. Voilà, on est d'accord. Il vaut mieux faire une tùche et la faire à fond, plutÎt que d'essayer de faire deux ou trois en parallÚle. C'est prouvé, scientifiquement, c'est beaucoup moins efficace que de faire une tùche à fond.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est exactement ce que j'ai vĂ©cu moi-mĂȘme aussi. Quand je descends en plongĂ©e, quand je fais un saut en parachute, il y a une chose Ă  faire. Et c'est vraiment ça qui devient le focus de toute mon attention. Et quitte Ă  passer aprĂšs sur une autre, bien sĂ»r. mais sur le moment c'est vraiment ça qui compte et ça fait le lien,

  • Speaker #0

    alors du coup je reviens sur ta plongĂ©e tu disais que dans la parachutisme ou la plongĂ©e, ça revient Ă  ce que tu viens de dire t'as besoin d'avoir une concentration Ă  100% et que tu peux pas ĂȘtre polluĂ© par le quotidien professionnel ou d'autres pensĂ©es envahissantes et ça se concentre tout Ă  fait, surtout que toi tu peux potentiellement mettre ta vie en jeu comment tu fais finalement pour enlever ces pensĂ©es je vais pas venir nocives mais des fois de penser ah putain j'ai pas rĂ©pondu Ă  ce mail du travail des choses qui peuvent arriver Ă  n'importe quel moment. Comment tu le travailles ?

  • Speaker #1

    C'Ă©tait assez intĂ©ressant parce que pour moi, c'est surtout dans la prĂ©paration du record de plongĂ©e que c'est venu parce que c'est la chose la plus dangereuse que j'ai faite dans ma vie. TrĂšs honnĂȘtement, ce n'est pas de sauter d'un avion, ce n'est pas de plonger de temps en temps. LĂ , c'Ă©tait vraiment cette plongĂ©e Ă  222 mĂštres. C'est la chose la plus dangereuse. Et donc, il y avait cette possibilitĂ© de ne pas revenir. Et il faut la prendre en compte. Ça a un peu changĂ© toute ma maniĂšre de penser et de voir la vie finalement, parce qu'on commence Ă  vraiment se poser la question qu'est-ce qui est vraiment essentiel ? Qu'est-ce qui est essentiel ? Qu'est-ce que je regretterais ? si je ne remontais pas de cette plongĂ©e-lĂ . Et en fait, ça permet vraiment de savoir ça, c'est important, ça, ça ne l'est pas. Et finalement, on se rend trĂšs facilement compte que ne pas avoir rĂ©pondu Ă  un mail, ce n'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    Tu as répondu à ces questions que tu t'es posées ? Oui. Tu as dit que ça avait changé un petit peu ta vie et ta maniÚre de penser. Est-ce qu'il y a des choses que tu ne faisais pas avant et que tu fais maintenant ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, justement, l'idĂ©e de ne pas avoir de regrets quand on se met Ă  l'eau, ça libĂšre vachement. Je dis beaucoup plus facilement les choses, sur toutes les choses positives. Et ça, c'est ça qu'on se rend compte finalement qu'il est important, mais rĂ©ellement, de dire Ă  nos proches, de leur dire qu'on les aime, ça, ça devient trĂšs important, en fait. Ça l'est, mais on n'en a peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment conscience, Ă  quel point c'est important. Et donc, voilĂ , d'ĂȘtre beaucoup plus libĂ©rĂ© Ă  ce niveau-lĂ . Et Ă  l'inverse, tout ce qui est un peu nĂ©gatif, bon, c'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    J'adore ton approche et je la partage Ă  1000%. Je pense que ceux qui bossent avec moi au quotidien, ils doivent le voir parce que j'essaie de vĂ©hiculer la mĂȘme philosophie que toi. Tu vois, par exemple, dans un monde professionnel. J'essaie de me dire, il faut que je suis lĂ  parce que je suis content d'ĂȘtre lĂ . Et que ça me fait plaisir d'ĂȘtre lĂ . On n'a qu'une vie, donc autant la vivre la plus intensĂ©ment possible, sans faire n'importe quoi forcĂ©ment. Moi, je n'irais pas sauter d'un avion, je n'irais pas Ă  220 mĂštres sous les eaux. Mais pour le coup, je te rejoins tellement. Est-ce qu'il y a d'autres choses auxquelles tu penserais ?

  • Speaker #1

    AprĂšs, il y avait tout un cĂŽtĂ© administratif aussi qui Ă©tait intĂ©ressant. C'est plus facile que le cĂŽtĂ© Ă©motionnel, on va dire. Mais c'est vrai qu'avoir toutes ces affaires en ordre administrativement, par exemple. C'Ă©tait assez intĂ©ressant comme travail. J'ai mĂȘme Ă©crit des lettres Ă  mes proches aussi, pour si jamais je ne revenais pas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Tu vas leur faire d'autres sales coups comme ça, sur les mois ou les années à venir ? Avec moi,

  • Speaker #1

    c'est jamais en fait. Je me surprends moi-mĂȘme, donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    Tu dois avoir le cÎté hyper cartésienne de la scientifique, hyper carré. Et donc, dans tes passions, tu as le cÎté un petit peu, je pense, de cerveau et je vais faire des trucs un peu fous.

  • Speaker #1

    Alors aprĂšs, c'est des risques qui sont mesurĂ©s quand mĂȘme. C'est-Ă -dire qu'Ă  chaque fois, je suis assez en mode projet, en fait, dans tout ce que je fais. Et donc, notamment, tout ce qui est analyse de risque, ça en fait partie. C'est-Ă -dire que ce n'est pas en mode tĂȘte brĂ»lĂ©e. C'est plus vraiment, OK, il y a des risques. Comment est-ce qu'on va faire pour les minimiser ? Et aprĂšs, on accepte qu'il y a un risque rĂ©siduel, bien sĂ»r, parce que le risque zĂ©ro n'existe pas.

  • Speaker #0

    Toi, ton rapport au vide, c'est quoi ? Il t'attire ?

  • Speaker #1

    Oui, il m'attire beaucoup, oui. Oui, j'ai toujours envie d'aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #0

    Et prochain projet ? Bon, maintenant, tu as fait 222 mĂštres. Tu as une autre lubie lĂ , en tĂȘte ?

  • Speaker #1

    Alors, en plongée, j'aimerais vraiment continuer à travailler tout ce qui est plongée profonde et notamment les effets physiologiques sur la décompression. Parce qu'en fait, je suis remontée en 4h30. Alors, ça peut paraßtre long, mais en réalité, c'est assez court pour cette profondeur-là. J'ai travaillé sur des logiciels, notamment de décompression. Et donc, j'aimerais vraiment refaire de la statistique, voir si ça... Si ça marche vraiment, si j'ai juste eu un coup de bol et que je n'ai pas fait d'accident de décompression, parce que ce jour-là, ça allait bien. Faire ça, et puis aprÚs, j'aimerais bien... Là, je suis descendue à 222 mÚtres. Je n'ai pas vu grand-chose.

  • Speaker #0

    LĂ , tu vas vraiment, tu es focus sur ton objectif des 222 mĂštres.

  • Speaker #1

    VoilĂ , c'Ă©tait que de la profondeur. Maintenant, ça serait intĂ©ressant d'aller voir rien que de la faune et de la flore Ă  222 mĂštres. Donc, il faudrait au moins des cailloux ou peut-ĂȘtre une Ă©pave. Des choses comme ça, ça m'intĂ©resserait vraiment beaucoup.

  • Speaker #0

    Et tu as dĂ©jĂ  ciblĂ© des zones oĂč tu peux le faire ? Tu parlais du Mexique tout Ă  l'heure.

  • Speaker #1

    Alors, le Mexique, ce n'est pas profond du tout. Non, non, effectivement, c'est vraiment ça qui est en cours. C'est le travail en cours de trouver des endroits, parce qu'on a peu de données, en fait. Donc, c'est vraiment ça qui est en cours.

  • Speaker #0

    J'ai une question ouf. Tu as un canapé chez toi ? Est-ce que des fois, tu t'assoies ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, j'ai un canapĂ©. Oui, oui, bien sĂ»r. Et je l'aime beaucoup, mon canapĂ©. À chaque fois, je suis trĂšs heureuse de le retrouver.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas le voir souvent. Non, mais en fait, ce qui m'intĂ©ressait aussi, et c'est aussi liĂ© Ă  l'univers un petit peu du podcast, c'Ă©tait comment tu arrives Ă  concilier finalement ton job et tes multis activitĂ©s. Donc, tu l'as dit, ton outil prĂ©fĂ©rĂ©, ça doit ĂȘtre Excel. Tu es une chef de projet hors normes. Comment tu t'arrives Ă  construire ça, mĂȘme avec ton employeur ? On t'a libĂ©rĂ© du temps, parce que tu es tout le temps Ă  droite Ă  gauche.

  • Speaker #1

    Quand j'Ă©tais sportive de haut niveau, en parachutisme, il faut le penser, c'est qu'en plus, j'avais des jours supplĂ©mentaires qui sont accordĂ©s par l'employeur. C'est une convention qu'on signe avec l'employeur, qui permet de se libĂ©rer un peu plus pour aller aux entraĂźnements. Parce qu'on faisait des entraĂźnements 400-600 sauts par annĂ©e. Ça ne rentre pas avec les congĂ©s. J'ai essayĂ©, ça ne marche pas. Donc, en fait, Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait l'entraĂźneur national qui nous faisait un planning de tous les entraĂźnements. En dĂ©but d'annĂ©e, on sait ce qui va se passer. Je pouvais voir s'il y avait des contraintes professionnelles. Par exemple, on lance un satellite, savoir Ă  peu prĂšs Ă  quelle pĂ©riode c'est, pour voir s'il y avait des potentiels conflits. Et aprĂšs, par-dessus ça, je mettais des week-ends de plongĂ©e quand c'Ă©tait dispo. C'est comme ça que je fonctionnais. Une fois que j'ai arrĂȘtĂ© l'Ă©quipe de France de parachutisme, j'ai gardĂ© ce mode de fonctionnement-lĂ . C'est juste que ça s'est complĂštement inversĂ©. C'est la plongĂ©e en premier. C'Ă©tait vraiment ça que je mettais en premier dans le calendrier, pareil, en dĂ©but d'annĂ©e. Et je regardais avec les contraintes professionnelles. Et aprĂšs, un peu de parachutisme quand je pouvais.

  • Speaker #0

    Parce que toi, tu passes tous tes congés finalement sur ta passion dévorante.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tous mes congés passent là-dedans. AprÚs, il y a de l'optimisation, etc. Avec les jours fériés.

  • Speaker #0

    Au CNET, vous avez peut-ĂȘtre un peu plus de jours de congĂ©s que le reste.

  • Speaker #1

    On est bien Ă  ce niveau-lĂ . C'est vrai que c'est un atout, clairement. Oui,

  • Speaker #0

    on est bien. MĂȘme pour tes collĂšgues, en fait. Ils doivent apprĂ©cier le fait de bosser avec toi, avec une exploratrice, c'est toujours cool.

  • Speaker #1

    Oui, certainement. AprÚs, c'est vrai qu'avec moi, ils sont vraiment trÚs sympathiques aussi. Effectivement, j'avais une collÚgue, notamment avec laquelle je travaillais en binÎme. mais en fait, elle, elle avait trÚs peu de contraintes. de son cÎté pour les congés, donc en fait elle arrive à se caler sur moi en fait. Donc ça c'est super quand on tombe sur des gens pareils, qui nous permettent justement de faire tout ça et puis qui m'aident énormément là dedans quoi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je pense que ton épisode il peut faire la transition avec ce que je voulais faire aprÚs, c'est et si tu osais, donc c'est bien de pouvoir changer de métier quand on n'est pas épanoui dans son boulot, mais en fait c'est pas la seule voie, je pense qu'il y a aussi oser vivre d'une passion ou la vivre intensément. Qu'est ce que ça t'apporte toi personnellement tous ces... D'autant plus que toi, tu le fais dans la performance et tu fasses toujours ce truc un peu plus fou. Des rencontres incroyables, non ? Qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r, c'est assez fou quand on se l'imagine. Jamais je n'aurais pensĂ© pouvoir faire tout ça. On rencontre des gens vraiment incroyables, oui, tout Ă  fait. DĂ©jĂ  discuter avec des gens qui ont Ă©tĂ© Ă  plus de 300 mĂštres de profondeur, c'est fou. Aujourd'hui, ça m'ouvre Ă©normĂ©ment de portes parce que j'ai un peu communiquĂ© dessus. Donc effectivement, je rencontre plein d'autres personnes qui viennent me parler aussi de tout ça. On voit mĂȘme de quoi nous-mĂȘmes, on est capables. C'est assez fou. On ne peut pas le savoir tant qu'on ne l'a pas essayĂ©. Je n'aurais pas pensĂ© l'ĂȘtre. Et finalement, je me rends compte que j'y arrive.

  • Speaker #0

    Si tu retournais le passé, que tu allais voir ton toit quand tu avais 18 ans, tu l'aurais cru ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Jamais, je n'aurais cru ça. Et c'est venu petit Ă  petit, en fait. Comme je vous disais au dĂ©but, c'est vraiment des petites Ă©tapes. Il n'y a pas eu de grand saut, en fait. Je pense qu'on a un peu cette idĂ©e-lĂ , des fois, quand on voit des personnes qui font... qui font des choses un peu hors du commun comme ça, que du jour au lendemain, c'Ă©tait parti, mais pas du tout. Ça met du temps Ă  s'installer, c'est petit Ă  petit. Donc, il faut ĂȘtre aussi... On a peut-ĂȘtre envie de changer des choses dans sa vie, mais je pense qu'il ne faut pas non plus y aller trop vite.

  • Speaker #0

    C'est totalement dans la philosophie, tu es la meilleure rĂ©alitĂ© possible. Parce que, tu vois, c'est exactement ce que j'essaie de vĂ©hiculer, mĂȘme pour l'univers professionnel. Tu n'es pas obligĂ© de changer du tout, tu n'es pas obligĂ© d'avoir cette vie, de partir Ă©lever des chĂšvres dans le Larzac, en fait. Tu peux... dĂ©jĂ  avoir une activitĂ© en complĂ©ment de ce que tu fais, je vais prendre tous les risques. Et sur la passion, je pense que c'est pareil. Je vais recevoir aussi une ultra-traileuse bientĂŽt, mais c'est pareil, elle n'est pas arrivĂ©e Ă  faire 200 bornes d'un coup. D'abord, elle a commencĂ© par des petits 10 km, des 20 bornes. Est-ce qu'il y a des conseils qu'on pourrait donner Ă  toutes les personnes qui nous Ă©coutent, que ce soit au niveau pro ou perso sur une passion, pour ne pas se mettre de limites ou de barriĂšres sur l'accĂšs Ă  n'importe quelle passion ? Tu peux te lancer dans tout, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, on peut se lancer dans tout. Je pense que ce qui est important, c'est de s'informer beaucoup, dĂ©jĂ , sur ce qui est possible de faire, mĂȘme au niveau de son travail Ă  soi. Par exemple, je ne sais pas, c'est possible de passer Ă  80% pour essayer autre chose un certain temps. Et faire cette espĂšce... Alors, cette analyse de risque, moi, je l'aime beaucoup, de se demander, au pire, qu'est-ce qui peut m'arriver ? Parce qu'en fait, ça permet de relativiser. Au pire, qu'est-ce qui se passe ? On change quelque chose, on peut revenir peut-ĂȘtre en arriĂšre. Il y a toujours quelque chose Ă  faire. Donc, je pense que ça, c'est important aussi.

  • Speaker #0

    Et moi, je vois deux trucs. Tu as le cÎté de la curiosité. C'est la qualité commune à toutes ces personnes-là. En fait, c'est de toujours s'intéresser à ce qui existe d'autre. Et le deuxiÚme, c'est aller rencontrer des gens. Tu l'as dit, tu as rencontré des personnes qui ont été plongées à 300 mÚtres. Tu as rencontré des personnes qui pouvaient t'aider sur le matériel, sur la compétence. Je pense que c'est vrai partout en fait, tu peux aller discuter avec les gens, ils sont hyper open. Mais là aprÚs, je t'ai contacté, tu as dit oui de suite.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que les gens qui vivent vraiment comme ça, ils le seront toujours. Ils sont toujours ouverts à la discussion, à expliquer comment ils ont fait, étape par étape. Si on me demande comment il faut faire pour devenir plongeuse technique, je peux l'expliquer, pas à part, il n'y a aucun souci.

  • Speaker #0

    Et comment on fait alors ? Parce que nous, on est Ă  Toulouse. Tu vas nager oĂč Ă  Toulouse pour t'entraĂźner ? Parce que c'est pareil, j'imagine que tu nages pas en piscine comme tu vas nager Ă  220 mĂštres sous l'eau ?

  • Speaker #1

    Nager en tant que telle, je nage trĂšs peu en fait,

  • Speaker #0

    voire pas du tout. Nager ou plonger, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais oui, alors pour plonger, moi personnellement, je vais beaucoup Ă  Marseille, mais parce que c'est historiquement par lĂ -bas que j'ai commencĂ©, donc c'est lĂ -bas que j'ai un peu mes connaissances, donc je vais souvent lĂ -bas. Mais aprĂšs, voilĂ , ça peut se faire un peu partout. Il y a des clubs Ă  Toulouse qui proposent effectivement des choses en piscine. Ă  Ramonville oĂč on peut plonger Ă©galement pour commencer ces niveaux Une fois c'est combien de mĂštres de profondeur ? Je crois qu'elle fait 15 mĂštres celle-ci Ă  vĂ©rifier donc pour commencer ces premiers niveaux c'est vraiment trĂšs intĂ©ressant aprĂšs si on veut plonger en mer il faut aller en mer bien sĂ»r, si on veut plonger en grotte il faut aller dans des grottes Tu ne fais pas ? Si bien sĂ»r je fais aussi de la plongĂ©e spĂ©lĂ©o c'est super intĂ©ressant aussi d'ailleurs d'aller explorer des grottes comme ça, des endroits oĂč on n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs peu d'humains ont pu aller c'est assez incroyable.

  • Speaker #0

    A priori, toi, tu n'as pas peur de l'inconnu ?

  • Speaker #1

    Non, au contraire, je le cherche un peu. On a toujours un peu une appréhension de l'inconnu, c'est normal. Mais comme je dis, ça ne doit pas nous figer. Moi, ça me stimule plus qu'autre chose. Mais cette peur, elle existe, bien sûr.

  • Speaker #0

    Du coup, ta philosophie de vie, si on devait la résumer, tu l'as déjà dit un petit peu tout à l'heure, tu as un mantra qui te drive un petit peu au quotidien ?

  • Speaker #1

    Pas particuliĂšrement, je dois le dire. J'y ai rĂ©flĂ©chi un peu, mais je n'ai pas vraiment de mantra, Ă  part qu'il faut y aller. Oui, mais pas tĂȘte baissĂ©e. C'est ça, je mets la petite nuance quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu es à la reine du tableau Excel, donc je pense que tout est au maximum de contrÎle. En tout cas, ce que toi, tu peux maßtriser, tu l'as bien cadré. Est-ce que tu as d'autres éléments que tu aimerais partager, des conseils qu'on pourrait donner à des personnes qui écoutent sur toujours cette analogie entre se lancer dans l'inconnu, la peur du vide, la peur d'échouer ? Alors, je pense qu'il faut en parler, notamment avec des gens qui s'y connaissent,

  • Speaker #1

    mais aussi peut-ĂȘtre avec juste une personne pas forcĂ©ment directement dans le milieu, mais parler de ces peurs, je pense que c'est important aussi. Un ami, des gens de la famille, mĂȘme un professionnel, peu importe, mais pour essayer de comprendre un peu ce qu'il y a derriĂšre. Parce qu'une peur comme ça, qui nous empĂȘche de faire quelque chose, c'est dommage.

  • Speaker #0

    C'est un gros travail d'introspection.

  • Speaker #1

    Totalement, il faut beaucoup se connaĂźtre. Et moi, je ne me connais mĂȘme pas. En fait, j'ai appris Ă  me connaĂźtre au fur et Ă  mesure des annĂ©es en faisant tous ces projets-lĂ . Et je pense que je n'en suis mĂȘme pas arrivĂ©e Ă ... au tiers.

  • Speaker #0

    Mais tu fais le travail toute seule sur ton introspection ou est-ce que, tu l'as dit, tu avais rencontré une équipe de France, une préparatrice mentale, ça a sûrement pu t'aider. Est-ce que tu as d'autres personnes comme ça qui t'ont aidé à te poser des bonnes questions ?

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait. Moi, je vois un psychologue de maniĂšre rĂ©guliĂšre aussi. Ça fait des annĂ©es. Alors, initialement, c'Ă©tait partie de l'idĂ©e de la prĂ©paration mentale pour le parachutisme. Mais en fait, ça a Ă©voluĂ© Ă©normĂ©ment c'est une exploration aussi une exploration de soi Et c'est trĂšs intĂ©ressant, je trouve que l'exercice est vraiment super et on commence vraiment Ă  se comprendre de mieux en mieux et en fait Ă  se canaliser vraiment dans ce qu'on a envie de faire.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'Ă©tait pour ça aussi qu'on parle d'exploration. Moi, je le voyais surtout sur la partie exploration de soi. C'est lĂ  oĂč chacun d'entre nous, on a un gros travail Ă  faire pour justement canaliser nos peurs, des fois les dĂ©passer pour profiter au maximum de la vie et tout ne sera pas parfait. C'est vrai que des fois, on a des croyances limitantes sur nous-mĂȘmes. Et c'est dommage, en fait. C'est pour ça que je trouvais que c'Ă©tait intĂ©ressant de pouvoir t'inviter et que tu puisses nous partager le tĂ©moignage sur les abysses, l'exploration spatiale, mais aussi sur toi-mĂȘme, parce qu'a priori, c'est le plus gros travail que tu as fait.

  • Speaker #1

    Ah, mais tout Ă  fait. Quand j'Ă©tais enfant, j'Ă©tais trĂšs peureuse. J'avais peur de tout. Je n'osais pas aller Ă  l'Ă©cole. Alors que maintenant, j'adore les Ă©tudes. DĂšs qu'il y a quelque chose qui... qui m'intĂ©resse, je vais y aller. Donc oui, c'est une exploration de soi-mĂȘme. En fait, j'ai toujours Ă©tĂ© cette personne-lĂ , mais elle n'Ă©tait pas forcĂ©ment accessible.

  • Speaker #0

    Tu te réinventes tout le temps. Tu te réinventes, tu t'évolues. Systématiquement, tu te rends plus forte.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vraiment ça, notamment sur la confiance. Parce que moi, je n'avais pas une trĂšs forte confiance en moi. Et je pense qu'il y a beaucoup de femmes et de jeunes filles qui ont ce problĂšme-lĂ . Et en fait, c'est en faisant des petits pas. Petit Ă  petit, on se rend compte, ah ben ça, j'ai rĂ©ussi Ă  le faire. Ah oui, ça aussi. Et en fait, c'est comme ça qu'on prend la confiance aussi. Il y a une interaction vraiment avec l'activitĂ©. Il n'y a pas besoin d'avoir une bonne confiance en soi pour commencer des choses. Ça se nourrit.

  • Speaker #0

    L'un l'autre. Bon, maintenant, ton niveau de confiance en toi, il a dĂ» bien augmenter quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il a augmentĂ©, bien sĂ»r. Ça a aidĂ©, ça a aidĂ©. Surtout sur ce genre de projet-lĂ ,

  • Speaker #0

    bien sĂ»r. C'est vraiment passionnant. En fait, j'aurais 10 000 questions Ă  te poser, aussi bien au niveau du travail que sur chacun des aspects. Mais bon, je ne peux pas le faire parce qu'on a un timing qui est quand mĂȘme limitĂ©. Est-ce que tu as un dernier mot Ă  faire passer ? Ou est-ce que tu as un message ? ou des choses qu'on n'a pas abordĂ©es, que tu penses qu'il aurait fallu aborder ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on a abordĂ© plein de choses lĂ  quand mĂȘme. Oui, non, je ne pense pas que j'ai grand-chose Ă  rajouter, qu'il faut se lancer des fois et apprendre Ă  se connaĂźtre et apprendre ce qu'on a envie de faire en fait, en gĂ©nĂ©ral. On ne sait mĂȘme pas ce qu'on a envie de faire rĂ©ellement, ces passions.

  • Speaker #0

    Mais non, moi je crois que j'ai dépassé 40 ans, je ne sais toujours pas ce que je veux faire dans la vie.

  • Speaker #1

    Mais moi non plus finalement, mĂȘme si je fais plein de choses, Ă  chaque fois j'ai recommencĂ© des Ă©tudes en biologie aussi, c'est vrai que ça on n'en a pas parlĂ© effectivement. Je me suis inscrite Ă  la fac. À Toulouse, lĂ , Ă  Paul Sabatier, je fais une licence en bio parce que le lien avec l'exobiologie, la vie dans l'univers, etc. La vie dans les abysses, tout ça, ça m'intĂ©resse Ă©normĂ©ment. Donc voilĂ , ça c'est pareil. J'ai contactĂ© les personnes de la fac pour voir ce qui Ă©tait possible de faire. Est-ce que je pouvais assister Ă  quelques cours et aprĂšs se lancer petit Ă  petit pour voir comment ça marche.

  • Speaker #0

    Je prends la balle au bout. C'est un super sujet, vraiment. Parce qu'en fait... DĂ©jĂ , tu as un mĂ©tier qui doit ĂȘtre prenant. Tu as deux passions qui, a priori, sont assez chronophages. Et tu arrives quand mĂȘme Ă  trouver le temps de te former. Et souvent, si j'en reviens Ă  mon sujet principal, qui est celui de quand tu n'es pas Ă©panoui dans ton travail, souvent, tu as beaucoup de personnes qui n'osent pas changer parce qu'ils n'ont pas confiance en eux. Ils disent « mais moi, je ne serais pas capable de faire ça » . Ou ils aimeraient bien aller sur n'importe quoi. Quelqu'un qui fait du commerce, ils n'osent pas aller sur du marketing, par exemple. Et je dis « mais forme-toi, en fait » . Maintenant, tu as l'expression de tout ce qui est tuto, tu trouves tout ce que tu veux, tu as des formations gratuites, tu as le CPF qui peut te le financer. Toi, comment tu arrives Ă  gĂ©rer, finalement, avec le peu de temps qui te reste, cet apprentissage-lĂ , ta licence de biologie, comment tu l'intĂšgres dans ton timing ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des « contraintes » de quand est-ce que je peux aller plonger ou pas, par exemple. Mais c'est vrai que la premiĂšre approche, c'Ă©tait d'en discuter avec mon employeur, de dire, effectivement... J'ai regardĂ© s'il y avait des cours du soir d'abord. En l'occurrence, je n'ai pas trouvĂ© de formation qui me plaisait pour ça. Et donc, je vais en cours Ă  l'universitĂ©. C'est vrai qu'au CNES, c'est quand mĂȘme pas mal parce qu'on n'a pas d'horaire fixe qui nous sont imposĂ©s. Donc, on peut se libĂ©rer deux heures et revenir tant qu'on fait les heures dans la journĂ©e. Ça, c'est des choses, il faut le voir avec l'employeur parce qu'il y a potentiellement plein de choses qu'on puisse faire. Et aprĂšs, j'ai des contraintes d'examen, bien sĂ»r, des choses comme ça. Mais aussi avec les enseignants de la fac, j'ai beaucoup discutĂ© pour voir ce qui Ă©tait possible de mettre en place. Je ne vais pas forcĂ©ment au TD, je ne vais pas forcĂ©ment Ă  tout. Et eux, ils m'aident beaucoup aussi dans cette mise en place-lĂ . Donc l'Ă©quipe pĂ©dagogique a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs ouverte Ă  mon parcours qui, effectivement, n'est pas standard.

  • Speaker #0

    Oui, mais surtout que toi, tu fais ça dans une logique. parce que t'es c*** c'est curieuse et que tu as envie d'apprendre. Tout à fait. Tu vois, tu as beaucoup de personnes. Je pense que c'est ça. On a tous du temps. Quand tu vois les statistiques sur le temps que passe chacun d'entre nous sur le téléphone, à Instagram ou des réseaux sociaux, c'est assez fou. Si tu passes deux heures dessus, mais en fait, enlÚve une heure et tu regagnes une heure de temps dans la journée pour apprendre autre chose. Donc, tu vois, je pense que ça peut rentrer pour n'importe qui, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, tout Ă  fait. Et aprĂšs, mĂȘme, ça peut rentrer dans le cadre de la formation continue avec son employeur aussi, par exemple. Il y a des choses qui certainement peuvent se mettre en place, Ă  voir avec CRH, bien sĂ»r. Mais moi, c'est ce que j'ai discutĂ© avec eux. Ils ont Ă©tĂ© trĂšs ouverts lĂ -dessus.

  • Speaker #0

    De toute façon, on a vu les séries, tu ne perds pas de temps, tu les regardes en profondeur. Voilà, exactement. On est tranquille sur ce timing-là. Tu devrais faire des masterclass sur comment organiser son temps.

  • Speaker #1

    C'est un peu la course des fois, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Tu te reposes des fois quand mĂȘme. Est-ce que tu as des week-ends ou tu ne fais rien ?

  • Speaker #1

    Alors, rien du tout, non.

  • Speaker #0

    Je fais toujours quelque chose.

  • Speaker #1

    Mais voilĂ , je vais, par exemple, travailler ma bio. Ça, ça m'arrive aussi. Je vais me prendre des week-ends oĂč je ne vais pas avoir d'activitĂ© physique, mais plus mentale. Je pense qu'il y a besoin un peu des deux. Donc, j'aime bien switcher de l'un Ă  l'autre. Ça repose soit le corps, soit l'esprit. Et du coup, ça aide Ă  avancer comme ça, je pense.

  • Speaker #0

    Parfait. Super sujet. Donc, merci beaucoup, franchement, GaĂ«lle, d'ĂȘtre venue, d'avoir pris le temps de venir faire l'enregistrement parce qu'on t'a Ă©liminĂ©. C'est vraiment passionnant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est super, la discussion.

  • Speaker #0

    Je te remercie d'avoir Ă©coutĂ© cet Ă©pisode en entier. Si ce podcast t'a inspirĂ©, aide-moi Ă  le faire grandir. Écris-moi directement sur LinkedIn, Ă  Sylvain Lazaro, ou sur Instagram, et si tu oses des podcasts, partage-moi tes questions, tes idĂ©es, ou mĂȘme les noms des personnes inspirantes que tu connais et que tu aimerais que j'interviewe. Mets une note sur ton application de podcast, et surtout, parle-en autour de toi. Ensemble, on peut prouver que changer de vie, c'est possible et que c'est accessible Ă  chacun d'entre nous. À trĂšs vite pour un nouvel Ă©pisode.

Description

đŸ’„ Descendre Ă  222 mĂštres sous l’eau. Battre un record du monde. Sauter en parachute Ă  haut niveau. Travailler dans le spatial.
Ça pourrait ressembler Ă  une sĂ©rie Netflix, mais c’est la vraie vie de GaĂ«lle Giesen.


đŸ‘©â€đŸš€ Astrophysicienne au CNES, vice-championne du monde de parachutisme, dĂ©tentrice du record mondial fĂ©minin de plongĂ©e technique Ă  222 mĂštres, elle explore les extrĂȘmes : dans l’espace, dans les airs, sous l’eau
 et en elle-mĂȘme.


🎯 Mais GaĂ«lle, c’est bien plus qu’une aventuriĂšre.


C’est une femme qui a appris Ă  oser, sans jamais brĂ»ler les Ă©tapes, petit pas par petit pas.

Une femme qui construit ses défis comme on construit une carriÚre : avec méthode, rigueur et curiosité.


💡 Ce que tu vas retenir de cet Ă©pisode ?
Que la peur de l’inconnu– celle qui nous paralyse avant un changement de vie, une reconversion ou un nouveau projet – n’est pas une fatalitĂ©.
GaĂ«lle nous montre que tout est une question de prĂ©paration, de petits pas, d’entreaides et de connaissance de soi.


📌 Dans cet Ă©pisode, GaĂ«lle partage :

✔ Son job passion dans l’aĂ©rospatial, entre rigueur scientifique et Ă©merveillement
✔ Comment elle est passĂ©e de dĂ©butante Ă  sportive de haut niveau, en parachutisme puis en plongĂ©e
✔ La prĂ©paration mentale extrĂȘme qu’exige un record Ă  222 m
 oĂč la moindre erreur peut coĂ»ter la vie
✔ Ses techniques pour gĂ©rer le stress, la peur, la concentration – dans l’eau comme dans la vie
✔ Pourquoi l’exploration de soi est sĂ»rement l’exploration la plus difficile


🎯 Un Ă©pisode pour :

🚀 Ceux qui rĂȘvent de se rĂ©inventer ou de se lancer dans un projet unique
💡 Celles et ceux qui veulent aligner travail, passion et apprentissage continu
🌊 Ceux qui ont peur de l’inconnu
 mais qui sentent qu’il est temps d’oser
📚 Les curieux, les explorateurs du quotidien


⏱ Les moments clĂ©s :

  • PrĂ©sentation de GaĂ«lle : spatial, parachutisme, plongĂ©e

  • Le rĂȘve d’enfant devenu rĂ©alitĂ© : travailler dans le spatial

  • Ses dĂ©buts dans les sports extrĂȘmes : de la curiositĂ© au haut niveau

  • Le projet du record du monde de plongĂ©e : 1 an et demi de prĂ©paration

  • GĂ©rer le danger, la peur et les Ă©motions : les vraies clĂ©s de la performance

  • Ce que les sports extrĂȘmes lui ont appris sur la vie professionnelle

  • Comment elle organise sa vie pour tout concilier (et souffler un peu !)

  • Ses conseils pour avancer Ă  petits pas vers ses rĂȘves

  • Son retour Ă  l’universitĂ© pour
 Ă©tudier la biologie

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Transcription

  • Speaker #0

    Plus de 3 millions de français se disent malheureux au travail. Mais bonne nouvelle, ce n'est pas une fatalité. Si chaque matin, la flamme n'est plus là, si les journées au travail te semblent interminables et que tu te demandes « mais qu'est-ce que je fous là ? » alors ce podcast est fait pour toi. Et si tu osais, c'est un shoot de motivation et d'inspiration. Je m'appelle Sylvain et sur ce podcast, je reçois des personnes comme toi et moi. Des gens normaux, avec des métiers accessibles. Leur point commun, ils ont osé changer de vie. Ils ont pris leur courage à deux mains et ils sont... passer à l'action. Ils vont partager avec toi leurs histoires, leurs conseils et leurs meilleures astuces pour te prouver que, toi aussi, c'est possible. Allez, c'est parti ! Aujourd'hui, c'est un épisode trÚs spécial pour moi parce que je vais sortir de ma zone de confort. Sur tous les premiers enregistrements et tous les premiers épisodes, on a beaucoup parlé de quand on change de métier, de sauter dans l'inconnu, cette peur du vide. Aujourd'hui, j'ai invité une spécialiste du sujet. Elle s'appelle Gaëlle, elle a un parcours hors normes, un métier qui cultive l'exploration spatiale et puis aprÚs dans sa vie perso elle est passionnée par justement de ce cÎté exploration aller je pense au bout de soi. Donc je suis ravi d'accueillir Gaëlle aujourd'hui. Bienvenue Gaëlle. Merci. Merci surtout d'avoir pris le temps dans ton agenda qui a l'air millimétré de venir partager ton expérience avec moi et avec les personnes qui nous suivent.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Je voulais te laisser te présenter et comme je te l'ai dit avant de commencer j'ai une question que j'ai trop envie de te poser c'est quand on te dit qu'est ce que tu fais dans la vie tu réponds quoi ?

  • Speaker #1

    En général, je réponds plein de choses, ce qui n'est pas faux. Et aprÚs, je rentre un peu plus dans le détail. Mais effectivement, au début, je vais dire ça.

  • Speaker #0

    Parce que lĂ , on a une heure. Donc, pour te prĂ©senter en moins d'une heure, ça serait cool. Pour qu'on puisse explorer toutes ces choses-lĂ . Mais tu viens d'oĂč ? Je n'ai mĂȘme pas prĂ©sentĂ© ce que tu faisais. Donc, peut-ĂȘtre que tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    Oui, alors d'oĂč je viens dĂ©jĂ  ? Je viens de Suisse, en fait. Donc, ça, il y a plein de gens qui ne le savent pas forcĂ©ment. Donc, je suis nĂ©e en Suisse. Et j'habite en France depuis 2012. Je travaille au CNES. Ça, c'est quelque chose que j'aime bien dire, effectivement, tout ce cĂŽtĂ© exploration spatiale. Je travaille sur des missions scientifiques. Et ensuite, je suis Ă©galement parachutiste et plongeuse. Et je pense que ça, on va en parler un peu plus aprĂšs.

  • Speaker #0

    Ouais, on va en parler de tout ça. Donc, tu ne l'as pas dit, mais tu es vice-championne du monde de parachutisme et tu as battu un record du monde féminin de descente en plongée technique, donc à 222 mÚtres sous l'eau.

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait, exactement.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. DĂ©jĂ  pour ça. Et peut-ĂȘtre qu'on peut commencer par... par la partie professionnelle. Tu bosses au CNES, tu es docteur en astrophysique. Ça consiste en quoi ? Quels sont les projets sur lesquels tu bosses au quotidien ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait des études d'astrophysique. Et aujourd'hui, au CNES, je travaille sur des missions astrophysiques. Donc, un peu plus sur le cÎté ingénierie. Comment est-ce qu'on va mettre en place ces missions-là ? Aujourd'hui, j'ai deux missions principales. Une qui s'appelle Ariel et l'autre qui s'appelle Dragonfly. Alors, Ariel, ce n'est pas la petite sirÚne.

  • Speaker #0

    Il y a un lien quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il y a un petit lien, effectivement. Ariel, c'est une mission de l'ESA, de l'Agence Spatiale Européenne, avec une contribution française importante, qui va étudier les exoplanÚtes et les atmosphÚres des exoplanÚtes, pour savoir s'il y a des traces de vie, par exemple, sur des planÚtes qui sont lointaines.

  • Speaker #0

    Et sur Dragonfly, c'Ă©tait un petit peu la mĂȘme chose. Je reviens un petit peu avant de te recevoir, ce que c'Ă©tait. Vous voulez envoyer un mini-satellite, si je m'ai compris, de la taille d'un robot ?

  • Speaker #1

    Ouais, d'une Twingo, c'est ça. En fait, Dragonfly, c'est une mission de la NASA cette fois-ci. C'est aussi avec une contribution française importante. Et c'est un drone, en fait. Il va voler sur Titan. Titan, c'est une lune de Saturne. Donc ça, ça reste dans notre systÚme solaire. Et aussi également pour aller faire de la biochimie et détecter la vie.

  • Speaker #0

    On est quand mĂȘme sur un podcast qui traite beaucoup de l'Ă©panouissement au travail. C'est un job que tu kiffes.

  • Speaker #1

    Ah oui, j'adore. J'adore tout ça, oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Ça fait 7 ans que tu es au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. AprÚs ma thÚse, j'ai travaillé au CNES, sur différents postes, mais effectivement, ça fait un certain moment que j'y suis.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est un univers qui est trÚs loin pour moi, ce qui est aérospatial. Est-ce qu'on peut s'ennuyer dans son quotidien quand on fait des recherches comme ça ? Est-ce que tu as une routine quand tu bosses sur cet univers-là ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on peut un petit peu s'ennuyer dans le sens oĂč les tĂąches quotidiennes... Elles sont assez rĂ©pĂ©titives, on va faire des fichiers Excel, on va faire du Word, enfin un peu comme tout le monde finalement. Mais c'est vrai que dĂšs qu'on se rappelle pourquoi est-ce qu'on est en train de faire ça, on se remotive trĂšs rapidement.

  • Speaker #0

    Ce job-là, tu l'avais ambitionné depuis toute petite ? Comment tu en es arrivé là ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai Ă©tĂ© fascinĂ©e vraiment par l'univers. Je pense quand je suis venue ici Ă  Toulouse, quand j'avais 11 ans, Ă  la CitĂ© de l'Espace. J'ai eu une fascination pour tout ce qui est spatial. et l'exploration de notre univers, d'oĂč les Ă©tudes aprĂšs en physique, en astrophysique plus particuliĂšrement. Et effectivement, maintenant, je pense que c'est trĂšs intĂ©ressant le poste que j'ai, parce que je travaille avec des scientifiques et avec des ingĂ©nieurs. Je suis un peu entre les deux Ă  essayer de faire en sorte que ces missions fonctionnent.

  • Speaker #0

    Trop bien. Job international, par essence ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui, et justement, on est en collaboration. La France collabore énormément avec d'autres agences spatiales. l'ESA, la NASA dont je parlais, mais également avec la Chine, avec le Japon. Enfin voilà, beaucoup d'agences spatiales.

  • Speaker #0

    Et toi, au final, tu te déplaces beaucoup ? Tu restes beaucoup sur Toulouse ou tu peux aller te balader un petit peu ?

  • Speaker #1

    On peut beaucoup se déplacer, oui, effectivement. Alors moi, aujourd'hui, je reste plutÎt en France. Je me déplace beaucoup en France, mais c'est vrai qu'on peut avoir un peu de tout.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si tu allais combiner, en fait, dans ton organisation perso, si tu allais combiner le pro et le perso, parce que donc... Tes passions, c'est l'espoir extrĂȘme un peu. Comment c'est nĂ© cette passion pour le parachutisme ou la plongĂ©e ? Parce qu'en Suisse, la mer, c'est pas trop le truc.

  • Speaker #1

    C'est venu Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps, je pense. Quand j'avais 19 ans, j'avais envie d'explorer, je pense. Tout comme l'univers, j'avais envie d'explorer notre planĂšte, tous les milieux qui existent. En fait, je suis trĂšs curieuse, j'ai envie d'aller voir. Donc voilĂ , c'est comme ça que j'ai testĂ© le parachutisme et la plongĂ©e. Et je savais tout de suite que j'allais faire ça toute ma vie.

  • Speaker #0

    parce que Tes parents, je ne sais pas quel métier ils exercent. Est-ce qu'ils t'ont un peu amené là-dedans ? Ou est-ce que c'est un univers qui leur était étranger ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment. Mes parents aimaient beaucoup voyager. J'ai beaucoup voyagé quand j'étais enfant. On allait beaucoup à la mer. Effectivement, je savais nager assez tÎt, etc. Mais c'est vrai qu'ils ne font pas particuliÚrement de plongée. Le parachutisme, ils n'en avaient vraiment pas entendu parler. Ils n'y avaient pas du tout pensé. Ils ont été trÚs surpris quand j'ai commencé à pratiquer.

  • Speaker #0

    Parce que t'as commencé à 19 ans ? le parachutisme.

  • Speaker #1

    La plongée aussi, je crois que c'était à quelques mois d'intervalle.

  • Speaker #0

    On fait une quĂȘte d'exploration. Toi, tu vas dans l'espace, tu vas dans les profondeurs, tu es une vraie exploratrice. Est-ce que tu ne pourrais pas te dĂ©finir comme ça, d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je suis une exploratrice, mais en tout cas, j'ai un sens pour l'exploration. Souvent,

  • Speaker #0

    on se dit que c'est réservé à une élite, ces sports-là. Est-ce que c'est le cas ? Ou est-ce que c'est accessible à tout le monde ?

  • Speaker #1

    Je pense que, justement, il y a trĂšs peu d'informations sur le fait que c'est accessible, finalement. et moi c'est un peu ça c'est que Tout est venu petit Ă  petit, mais quand j'ai dĂ©butĂ©, jamais je n'aurais imaginĂ© tout ce que je fais aujourd'hui. MĂȘme je ne savais mĂȘme pas que ça existait, la plongĂ©e technique par exemple. Je ne savais pas que ça existait quand j'ai commencĂ© la plongĂ©e. Et c'est que petit Ă  petit, en discutant avec les personnes, que je me suis rendu compte qu'effectivement ça existait, que c'Ă©tait possible, qu'on pouvait ĂȘtre formĂ© Ă  ça. Donc finalement, oui, c'est possible.

  • Speaker #0

    Tu t'es prise au jeu du truc. S'il y a des personnes qui nous Ă©coutent, parce que ce que toi tu disais, c'est ce qui m'avait beaucoup plu avant de t'inviter. Tu dis, je vais vous montrer que tout ce que je fais, c'est accessible Ă  toutes et Ă  tous, dĂšs le plus jeune Ăąge. Donc, si des personnes nous Ă©coutent et qu'elles ont envie de dĂ©couvrir une nouvelle discipline, admettons la plongĂ©e, ça commence comment ? Ça commence en vacances. Tu peux faire ne serait-ce qu'un stage de plongĂ©e. Est-ce que ça peut commencer chez toi, dans des piscines ? Ah oui,

  • Speaker #1

    alors un peu partout, effectivement. Donc, en fonction de lĂ  oĂč on habite, on peut commencer en piscine, si on n'est pas Ă  la mer. Et puis ensuite, on part pour un week-end prolongĂ© Ă  la mer. Et comme ça, on termine son niveau 1, par exemple. en mer MĂ©diterranĂ©e. VoilĂ , moi, c'est ce que j'avais fait. Donc, ça marche trĂšs bien. Ensuite, on continue Ă  entretenir en plongeant en piscine de temps en temps. Et puis, quand on peut, on se dĂ©place et on va Ă  la mer.

  • Speaker #0

    Toi, t'as commencĂ© par le cĂŽtĂ© passion et t'as franchi le step de passer du cĂŽtĂ© un peu amateur oĂč je prends mon petit plaisir sur mon sport Ă  intĂ©grer du sport de haut niveau. Parce que t'es quand mĂȘme dans une quĂȘte de performance, finalement. Que ça soit sur le parachutisme, quand on fait vice-champion du monde, c'est qu'on est quand mĂȘme dans l'aspect de compĂšte. et mĂȘme sur le record du monde que tu as battu. T'as cette envie d'aller chercher plus loin, c'est par rapport Ă  toi, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait. Alors, il y a deux choses. Le parachutisme, effectivement, c'est venu petit Ă  petit. Et aussi, c'est un peu la mĂȘme chose, je n'imaginais jamais faire des compĂ©titions internationales. Et puis, en fait, j'ai pu en faire et je trouve ça incroyable. Et lĂ , effectivement, c'est un sport de haut niveau. C'est reconnu comme tel par le ministĂšre des Sports en France. Donc, effectivement, j'ai pu intĂ©grer... tous les dispositifs qui existent aujourd'hui en France qui sont liĂ©s Ă  ça. Donc on a des budgets fĂ©dĂ©raux, etc. Donc c'est la FĂ©dĂ©ration française de parachutisme qui est trĂšs active lĂ -dedans. Et Ă  cĂŽtĂ© de ça, la plongĂ©e. Alors la plongĂ©e, pour moi, c'Ă©tait toujours une petite frustration. En fait, quand je pratiquais la plongĂ©e, j'avais envie d'aller voir plus loin et plus profond. Je pratiquais les deux en parallĂšle. Le parachutisme a pris beaucoup de place dans ma vie perso. quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France, forcĂ©ment. Je faisais un peu de plongĂ©e, mais je me disais toujours j'aimerais bien aller un peu plus loin, j'ai envie d'aller voir ce qu'il y a lĂ  en bas. Le problĂšme pour toi,

  • Speaker #0

    c'est la profondeur ?

  • Speaker #1

    Oui, moi j'ai toujours été absolument fascinée par la profondeur. Et n'importe qui qui a plongé avec moi vous le dira, à chaque fois, moi je voulais aller voir plus bas.

  • Speaker #0

    Là, tu es allée voir trÚs bas.

  • Speaker #1

    Je suis allĂ©e voir trĂšs bas, voilĂ . Pas encore, il y a peut-ĂȘtre plus loin, mais en tout cas, oui, je suis allĂ©e voir trĂšs bas.

  • Speaker #0

    Comment tu te dis, je vais battre un record du monde,

  • Speaker #1

    je vais aller Ă  222 mĂštres ? quand j'ai fait des plongĂ©es sur une super belle Ă©pave qui s'appelle le Haven Ă  GĂȘnes, en Italie. Et lĂ , c'Ă©tait les premiĂšres plongĂ©es vraiment engagĂ©es, on va dire, dans le sens oĂč c'est une plongĂ©e qui va Ă  80 mĂštres, on va rester deux heures dans l'eau. VoilĂ , ça commençait dĂ©jĂ  Ă  ĂȘtre consĂ©quent. Et lĂ , je me sentais... trĂšs, trĂšs bien. Dans le sens oĂč je sortais aprĂšs deux heures, mais je sentais que je pouvais y rester encore bien plus longtemps, finalement. Et c'est lĂ  que j'ai commencĂ© un peu Ă  me poser la question, mais en fait, c'est quoi la limite, finalement ? Parce que lĂ , bon, je viens de faire 80 mĂštres, mais jusqu'oĂč est-ce qu'on peut aller ? Et j'ai un peu regardĂ© les records. Alors, ce qu'on voyait, c'est que les records masculins, ils Ă©taient bien au-delĂ  de 300 mĂštres. On a trois personnes, trois Français d'ailleurs, qui sont descendus au-delĂ  de 300 mĂštres. Et les records fĂ©minins, ils Ă©taient bien, bien plus hauts. Il y avait un record du monde fĂ©minin Ă  198 mĂštres en mer, ce qui est dĂ©jĂ  beaucoup, bien sĂ»r. Mais disons que la barre psychologique des 200 n'avait pas Ă©tĂ© passĂ©e. Et lĂ , je me suis dit, ça, c'est un truc que j'aimerais faire.

  • Speaker #0

    Toi, tu as besoin d'aller Ă  la limite, en fait, de ce que ton corps peut faire ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça. J'ai envie de découvrir, en fait. Oui, je pense que j'aime bien jouer avec la limite, effectivement, et la repousser,

  • Speaker #0

    surtout. Moi, je ne maĂźtrise pas du tout le truc, mais combien de temps ça te prend ? J'imagine que tu ne te lances pas d'un jour... Le jour le lendemain, en te disant, vas-y, je vais descendre Ă  222 mĂštres, tu dois avoir un temps de prĂ©paration qui est Ă©norme, ça va ĂȘtre une organisation sans faille, t'es sĂ»rement pas toute seule pour faire tout ça. De ce que j'ai cru comprendre, t'as mĂȘme des personnes qui t'accompagnent sous l'eau, sur l'eau. Comment tu mĂšnes Ă  bien un projet comme ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi, ça m'a pris un an et demi, Ă  partir du moment oĂč j'ai dĂ©cidĂ© de le faire. Donc encore une fois, dĂ©jĂ , je faisais des plongĂ©es Ă  80 mĂštres de deux heures. Donc tout ça, ça m'a pris 15 ans, finalement. À le faire. Si on prend vraiment en compte tout ce que j'ai fait, ça m'a pris 15 ans. Mais voilĂ , dĂšs le moment oĂč je me suis vraiment dit, bon, je me consacre Ă  fond lĂ -dessus, ça m'a pris un an et demi, ce qui est assez rapide, bien sĂ»r. Mais voilĂ , toutes les plongĂ©es que je faisais Ă©taient spĂ©cifiquement pour prĂ©parer ça. J'Ă©tais effectivement accompagnĂ©e. C'est vrai qu'il faut essayer de comprendre de quoi est-ce qu'on a besoin en termes de compĂ©tences pour aller Ă  cette profondeur-lĂ  et aller la chercher auprĂšs des bonnes personnes, finalement.

  • Speaker #0

    Et ces bonnes personnes, c'est qui ?

  • Speaker #1

    C'est beaucoup de gens. parce qu'il y a diffĂ©rents types de compĂ©tences. DĂ©jĂ , comme je disais, il y a trois Français qui sont descendus Ă  plus de 300 mĂštres. Donc dĂ©jĂ , rien que discuter avec eux, comment eux, ils ont fait, quel Ă©tait leur profil de dĂ©compression, toutes ces choses-lĂ , prendre vraiment leur maximum d'informations de leur part. Ça, c'est dĂ©jĂ  quelque chose d'important. Ensuite, j'avais un binĂŽme avec lequel je plongeais dĂ©jĂ  depuis 10 ans, qui avait Ă©tĂ© lui-mĂȘme dĂ©jĂ  Ă  plus de 250 mĂštres. Et donc, on a travaillĂ© ensemble tout le long. Il y avait aussi des compĂ©tences trĂšs spĂ©cifiques, par exemple de flottabilitĂ©, de rester bien stable dans l'eau. Et ça, les meilleurs au monde, c'est au Mexique. Les personnes qui plongent au Mexique, dans les CĂ©notes, parce qu'en fait, lĂ -bas, c'est l'environnement qui le veut. S'ils mettent un coup de palme, en fait, il y a de la poussiĂšre calcaire qui est dĂ©posĂ©e au fond. Et si on met un coup de palme lĂ -dedans, on ne voit plus rien d'un coup. Donc, ils ont vraiment perfectionnĂ©. cette capacitĂ© Ă  avoir une bonne flottabilitĂ©. Donc je suis allĂ©e deux fois dans les un an et demi de prĂ©paration, je suis allĂ©e deux fois au Mexique pour faire des cours trĂšs spĂ©cifiques avec ces personnes-lĂ .

  • Speaker #0

    Donc du coup, tu vas avoir de la compétence, tu vas avoir du matériel, tu vas avoir aussi du financier parce que comment tu finances un projet comme ça d'ailleurs ? Parce que tu dois aller au Mexique deux fois, tu dois avoir le matos, c'est un sport qui n'est pas trÚs connu, donc j'imagine que les financements ne sont pas non plus... ils ne plaivent pas. Comment tu t'es organisée sur ce thÚme-là ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que c'est assez compliquĂ©. C'Ă©tait principalement de l'autofinancement. Mais j'ai eu un peu d'aide. J'ai eu une aide de la part du CNES et notamment du projet Ariel, justement, parce qu'on parle d'exploration et ça leur parlait totalement. Donc, j'ai eu une aide financiĂšre de la part du CNES et aprĂšs, des sponsors qui me prĂȘtent du matĂ©riel. C'est principalement ça. Donc, par exemple, j'ai travaillĂ© avec un fabricant de scooters sous-marins pour avoir un scooter qui puisse aller au-delĂ  de 200 mĂštres parce que la plupart du matĂ©riel n'Ă©tait pas qualifiĂ© pour ces profondeurs-lĂ  aussi.

  • Speaker #0

    Oui, le conduit sur mesure au final.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et mĂȘme le jour J, tu dois avoir une Ă©quipe mĂ©dicale, tu dois avoir un bateau. Combien de personnes le jour J pour t'aider ?

  • Speaker #1

    On était aux alentours de 10-15 personnes au total. Donc j'avais mon binÎme qui est descendu avec moi, avec lequel on a tout préparé ensemble. Il est descendu avec moi au fond. AprÚs, j'avais un plongeur de sécurité qui nous attendait à 120 mÚtres. Donc si on avait un problÚme, il pouvait nous assister. Des plongeurs entre 20 et 30 mÚtres qui nous attendaient là plus pour nous décharger du matériel ou nous apporter ce dont on avait besoin. Et effectivement, en cas de besoin, pouvoir rapidement agir. Et qu'ils puissent faire la navette avec la surface. Qu'ils puissent dire aux gens en surface ce qui se passait. Et effectivement, sur le bateau, encore toute une équipe, une équipe médicale, avec des infirmiers hyper-bars, effectivement, qui avaient de l'oxygÚne, etc. Tout ça. Des pilotes de bateau. Et le caisson aussi, à Marseille, qui était prévenu. Le caisson hyper-bar qu'on allait faire. un truc pas trÚs intelligent.

  • Speaker #0

    Une fille qui est docteure en astrophysique va faire des trucs pas trĂšs intelligents, c'est un peu cocasse. Oui,

  • Speaker #1

    aprÚs, voilà, c'est pas forcément le type de plongée qu'on recommande.

  • Speaker #0

    Ce qui est drÎle, finalement, c'est que t'as deux passions. T'en as une, c'est sauter d'un avion à toute vitesse. On est sur de la chute libre, donc là, c'est que de la vitesse. Et moi, j'y connais rien. Je suis vraiment pas initié à la plongée. Mais t'as des sasses pour descendre. Tu mets un certain temps pour descendre et pour remonter, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Surtout pour remonter en fait.

  • Speaker #0

    C'est plus l'éloge de la patience finalement. La plongée, donc tu es sur deux univers qui sont un peu contradictoires ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça, je trouve justement pour moi que c'est un peu la mĂȘme chose. En fait, la descente, c'est assez rapide. Alors, ce n'est pas de l'ordre de grandeur d'une chute libre, bien sĂ»r, mais la descente, ça m'a pris 14 minutes pour arriver en bas. La descente, on peut y aller aussi vite qu'on peut. Physiologiquement, il n'y a pas besoin de faire des paliers ou quoi que ce soit. La descente, c'est assez rapide. Et lĂ , il faut ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant un court instant. Et ça, pour moi, ça ressemble beaucoup au parachutisme. On va ĂȘtre trĂšs... Pendant le parachutisme et pendant tout un saut ou pendant une performance sportive, on va ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant une minute, deux minutes. Et c'Ă©tait Ă  peu prĂšs ça aussi pendant la descente. On avait des moments critiques Ă  partir du moment oĂč on arrive Ă  la profondeur Ă  laquelle on voulait atteindre. C'est lĂ  que le risque est le plus Ă©levĂ©. On a une dĂ©faillance matĂ©rielle, qu'on ne se sent pas bien, qu'on a des effets physiologiques. Donc il y avait tout ce moment-lĂ  et le dĂ©but de la remontĂ©e lĂ  oĂč il fallait ĂȘtre extrĂȘmement concentrĂ©. Et aprĂšs, bon. Ça peut se relĂącher un peu parce que la plongĂ©e a durĂ© 4h30, donc on ne va pas rester concentrĂ© Ă  fond pendant 4h30, effectivement. Et aprĂšs, on peut un peu se relĂącher,

  • Speaker #0

    oui. J'ai cru comprendre que tu étais resté un certain à 6 mÚtres pendant 1h40.

  • Speaker #1

    Tout à fait, le dernier palier à 6 mÚtres. J'ai commencé les paliers à 80 mÚtres. Donc là, les tout premiers, ça dure une minute. Et aprÚs, ils se rallongent de plus en plus. C'est tous les 3 mÚtres. Les 3 mÚtres, donc j'en ai fait 25 au total. Et le dernier à 6 mÚtres, effectivement, il a duré 1h40.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi pendant 1h40 ? T'es seule avec toi-mĂȘme finalement sur ce temps-lĂ  ? Oui,

  • Speaker #1

    alors je suis avec mon binĂŽme, avec quelques plongeurs qui viennent nous assister, ils nous tiennent compagnie aussi. Mais alors honnĂȘtement, on peut faire plein de choses. Moi, on peut boire, on peut manger. Moi, je regarde des films. Tu regardes des films sous l'eau ? Ouais, je regarde des films sous l'eau. Et d'ailleurs, tous les plongeurs qui restent trĂšs longtemps en gĂ©nĂ©ral le font.

  • Speaker #0

    Tu recommandes une série à regarder à 80 mÚtres de profondeur ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas, oui. Alors moi, j'ai regardĂ© Dune. en fait, ce qui Ă©tait assez insolite parce que finalement je regardais un film oĂč les gens Ă©taient dans un dĂ©sert absolu, ils cherchaient l'eau alors que moi j'Ă©tais dans l'eau mais il y avait des points communs aussi, c'Ă©tait assez insolite sur le moment, ça faisait un sentiment assez particulier de regarder d'une

  • Speaker #0

    Ton expérience elle est vraiment folle d'autant plus pour moi qui ai peur de tous ces sports là comment ça se passe quand t'es à 200 mÚtres avec un 200 mÚtres de flotte au dessus de toi, c'est quoi, c'est tout sombre ? Il fait frais. C'est quoi les sensations que tu peux avoir ?

  • Speaker #1

    Il fait sombre, oui. Mais on descend avec des lumiĂšres. On emmĂšne quand mĂȘme beaucoup de lumiĂšre. Donc, on voit ce qu'on fait. Il fait froid, oui, plus qu'Ă  la surface. Mais bon, en MĂ©diterranĂ©e, ça ne descend pas beaucoup plus bas que 12-13 degrĂ©s dans l'eau. Donc, ça va. AprĂšs, on a l'Ă©quipement pour. On a des combinaisons Ă©tanches, des chauffages intĂ©grĂ©s. Enfin, voilĂ , on a quand mĂȘme tout ce qu'il faut. Mais en fait, c'est surtout... Si mon ordinateur de me plonger ne me disait pas que j'Ă©tais Ă  200 mĂštres, je ne le savais pas. Physiologiquement, je ne sentais aucun effet. Il y en a qui existent, des effets, mais qui interviennent un peu plus bas. Des effets physiologiques, mais lĂ , je n'en avais pas particuliĂšrement, finalement. Et c'est juste la prise de conscience, effectivement, de se dire, lĂ , on a 200 mĂštres au-dessus de la tĂȘte d'eau.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as quand mĂȘme une grosse partie de gestion d'Ă©motions. Comment tu te prĂ©pares mentalement, que ce soit en parachute ou que ce soit sur des plongĂ©es ? Comme ça, tu as des risques qui sont avĂ©rĂ©s, finalement. Tu disais, en fait, le danger, c'est juste un indicateur. Et en fait, il faut que je sois alerte sur l'ensemble de mon corps pour voir comment il rĂ©agit. Comment tu travailles ta concentration, tous ces sujets-lĂ  ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais travaillĂ© avec une prĂ©paratrice mentale quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France de parachutisme. Donc lĂ , c'Ă©tait vraiment trĂšs axĂ© performance. Et en fait, tous ces outils-lĂ , j'ai pu vraiment les retranscrire directement dans la plongĂ©e. Donc notamment en parachutisme, on va... Ă©normĂ©ment travaillĂ© la visualisation parce que vu que c'est des sauts qui sont trĂšs courts, il faut les prĂ©parer vraiment en amont mentalement comme si on les avait dĂ©jĂ  faits pour pouvoir les rĂ©pĂ©ter au mieux. Et donc en plongĂ©e aussi, j'avais vraiment visualisĂ© avoir des problĂšmes techniques Ă  plus de 200 mĂštres. Je m'Ă©tais mis dans un Ă©tat Ă©motionnel dans lequel j'Ă©tais lĂ  au fond et j'ai des soucis, comment je rĂ©agis, pour l'avoir dĂ©jĂ  fait une fois, mĂȘme si on ne l'a jamais fait. Mais on peut simuler ça dans son cerveau.

  • Speaker #0

    Donc tu as déjà préparé tout ce qui pourrait potentiellement t'arriver. Exact. Et qu'est-ce que je dois faire à ce moment-là ? Et toi, il faut que tu restes le plus lucide possible systématiquement. Donc en fait, est-ce que tu as le temps d'avoir peur ?

  • Speaker #1

    Un petit peu, oui. Alors, on a peur. Et c'est, je pense, absolument nĂ©cessaire. Sinon, on ne sait pas ce qu'on est en train de faire si on n'a pas peur. Par contre, ce n'est pas une peur qui fige. C'est une peur qu'on peut canaliser justement, qui va nous donner l'Ă©nergie et qui va nous donner ce sens de l'attention extrĂȘme en fait. Quand on est aussi profond, justement, tu le disais, on va vraiment ĂȘtre alerte Ă  tous les signaux, que ce soit du matĂ©riel ou de soi-mĂȘme. Et ça, ça demande une concentration vraiment trĂšs importante. Et pour ça, il faut cette adrĂ©naline, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu le matérialises quand tu dis, je vois si tout fonctionne bien, c'est-à-dire que tu vas sentir un peu comme dans la méditation, tu vas sentir le bout de ton pied.

  • Speaker #1

    Exactement, on va sentir, on va se connecter vraiment Ă  toutes les parties du corps. On va scanner le corps pour voir si on ressent quelque chose de bizarre.

  • Speaker #0

    Et ça, ce que tu fais, que tu pratiques toi dans un sport extrĂȘme sur un record du monde, est-ce que tu le pratiques aussi chez toi, Ă  domicile ? Est-ce que tu fais de la mĂ©ditation ? Est-ce que tu as des pratiques comme ça que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est super de faire ça parce qu'on a une conscience de son corps qui est vraiment trÚs intéressante dans la vie de tous les jours finalement. Quand on commence à stresser parce qu'on a reçu un mail un petit peu agressif par exemple, des choses comme ça. C'est trÚs intéressant justement de se rendre compte de ce qui se passe dans notre corps et pour mieux gérer en fait. Donc oui, tout à fait, la méditation et surtout tout ce qui est pleine conscience.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'au travail, tu es stressée ? ça t'arrive ? On peut te... Te sortir de ta concentration au boulot, c'est possible ? Oui, oui. On arrive à t'énerver ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r. Bien sĂ»r qu'on arrive Ă  m'Ă©nerver. Bien sĂ»r. En fait, oui. Mais bon, c'est diffĂ©remment. Ça va ĂȘtre plus sur des aspects humains qui vont ĂȘtre difficiles Ă  gĂ©rer. Alors que lĂ , le matĂ©riel, ça ne me pose aucun problĂšme, on va dire.

  • Speaker #0

    Tu reprends les techniques de ton sport de haut niveau au travail, au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah mais tout Ă  fait. Tout Ă  fait. Justement, comme je le disais, cet effet de pleine conscience, de pouvoir se... se calmer, respirer, se demander Ă  chaque fois. C'est important de se dire, d'analyser le problĂšme sur le moment, d'avoir cet effet un peu sans Ă©motion, en fait. Enlever l'Ă©motion, ça peut ĂȘtre utile, mĂȘme s'il faut la vivre, bien sĂ»r, mais pouvoir analyser les choses, tout Ă  fait.

  • Speaker #0

    C'est hyper intĂ©ressant, et c'est aussi pour ça que je voulais absolument te faire venir ici, c'est que, tu vois, dans le monde du travail, notamment dans les entreprises privĂ©es, on a sans cesse un cas de performance. notamment en ce moment avec la bourse qui fluctue c'est une incertitude politique une incertitude Ă©conomique donc tout le monde est Ă  fleur de peau on nous demandera toujours plus parce qu'il faut avoir du rĂ©sultat il faut ĂȘtre performant et ça fait peur Ă  beaucoup de collaborateurs et on le voit la santĂ© mentale elle est touchĂ©e actuellement, c'est le sujet numĂ©ro 1 des DRH en 2025 et je trouvais qu'il y avait sĂ»rement des ponts Ă  en faire entre toi ce que tu fais dans ta vie perso sur tes passions avaient ce lien-lĂ , en fait. Comment on gĂšre l'incertitude, comment on gĂšre la peur de l'inconnu et cette quĂȘte de la performance, en fait. Concentration, tout ça. Est-ce que tu as des petits tips Ă  nous donner ?

  • Speaker #1

    Oui, alors effectivement, il faut que je rĂ©flĂ©chisse un peu. Mais c'est vrai que moi, quand je pratique ces sports-lĂ , je vais me concentrer sur une chose. C'est vite dit parce que j'en fais plein et que je switch toujours de l'un Ă  l'autre. Mais quand je fais quelque chose, je reste vraiment sur une activitĂ©. Et c'est la chose la plus importante. Ă  ce moment-lĂ  dans ma vie. Ça ne veut pas dire que ça l'est tout le temps, bien sĂ»r. Mais sur le moment, c'est vraiment ça qui est le plus important. Quand je suis en compĂ©tition, pendant une minute, on va sauter d'un avion et on va faire des figures. Il n'y a rien d'autre qui compte. Et de se focaliser comme ça sur une tĂąche, je pense que c'est assez intĂ©ressant. C'est lĂ  qu'on devient trĂšs performant, sur cette tĂąche en particulier. MĂȘme si le multitasking, on en parle aussi beaucoup. Je le pratique beaucoup aussi, mais en fait, ça...

  • Speaker #0

    J'ai encore lu une étude sur le sujet hier, qui montre qu'en fait, le multitasking, ça ne marche pas du tout. Voilà, on est d'accord. Il vaut mieux faire une tùche et la faire à fond, plutÎt que d'essayer de faire deux ou trois en parallÚle. C'est prouvé, scientifiquement, c'est beaucoup moins efficace que de faire une tùche à fond.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est exactement ce que j'ai vĂ©cu moi-mĂȘme aussi. Quand je descends en plongĂ©e, quand je fais un saut en parachute, il y a une chose Ă  faire. Et c'est vraiment ça qui devient le focus de toute mon attention. Et quitte Ă  passer aprĂšs sur une autre, bien sĂ»r. mais sur le moment c'est vraiment ça qui compte et ça fait le lien,

  • Speaker #0

    alors du coup je reviens sur ta plongĂ©e tu disais que dans la parachutisme ou la plongĂ©e, ça revient Ă  ce que tu viens de dire t'as besoin d'avoir une concentration Ă  100% et que tu peux pas ĂȘtre polluĂ© par le quotidien professionnel ou d'autres pensĂ©es envahissantes et ça se concentre tout Ă  fait, surtout que toi tu peux potentiellement mettre ta vie en jeu comment tu fais finalement pour enlever ces pensĂ©es je vais pas venir nocives mais des fois de penser ah putain j'ai pas rĂ©pondu Ă  ce mail du travail des choses qui peuvent arriver Ă  n'importe quel moment. Comment tu le travailles ?

  • Speaker #1

    C'Ă©tait assez intĂ©ressant parce que pour moi, c'est surtout dans la prĂ©paration du record de plongĂ©e que c'est venu parce que c'est la chose la plus dangereuse que j'ai faite dans ma vie. TrĂšs honnĂȘtement, ce n'est pas de sauter d'un avion, ce n'est pas de plonger de temps en temps. LĂ , c'Ă©tait vraiment cette plongĂ©e Ă  222 mĂštres. C'est la chose la plus dangereuse. Et donc, il y avait cette possibilitĂ© de ne pas revenir. Et il faut la prendre en compte. Ça a un peu changĂ© toute ma maniĂšre de penser et de voir la vie finalement, parce qu'on commence Ă  vraiment se poser la question qu'est-ce qui est vraiment essentiel ? Qu'est-ce qui est essentiel ? Qu'est-ce que je regretterais ? si je ne remontais pas de cette plongĂ©e-lĂ . Et en fait, ça permet vraiment de savoir ça, c'est important, ça, ça ne l'est pas. Et finalement, on se rend trĂšs facilement compte que ne pas avoir rĂ©pondu Ă  un mail, ce n'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    Tu as répondu à ces questions que tu t'es posées ? Oui. Tu as dit que ça avait changé un petit peu ta vie et ta maniÚre de penser. Est-ce qu'il y a des choses que tu ne faisais pas avant et que tu fais maintenant ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, justement, l'idĂ©e de ne pas avoir de regrets quand on se met Ă  l'eau, ça libĂšre vachement. Je dis beaucoup plus facilement les choses, sur toutes les choses positives. Et ça, c'est ça qu'on se rend compte finalement qu'il est important, mais rĂ©ellement, de dire Ă  nos proches, de leur dire qu'on les aime, ça, ça devient trĂšs important, en fait. Ça l'est, mais on n'en a peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment conscience, Ă  quel point c'est important. Et donc, voilĂ , d'ĂȘtre beaucoup plus libĂ©rĂ© Ă  ce niveau-lĂ . Et Ă  l'inverse, tout ce qui est un peu nĂ©gatif, bon, c'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    J'adore ton approche et je la partage Ă  1000%. Je pense que ceux qui bossent avec moi au quotidien, ils doivent le voir parce que j'essaie de vĂ©hiculer la mĂȘme philosophie que toi. Tu vois, par exemple, dans un monde professionnel. J'essaie de me dire, il faut que je suis lĂ  parce que je suis content d'ĂȘtre lĂ . Et que ça me fait plaisir d'ĂȘtre lĂ . On n'a qu'une vie, donc autant la vivre la plus intensĂ©ment possible, sans faire n'importe quoi forcĂ©ment. Moi, je n'irais pas sauter d'un avion, je n'irais pas Ă  220 mĂštres sous les eaux. Mais pour le coup, je te rejoins tellement. Est-ce qu'il y a d'autres choses auxquelles tu penserais ?

  • Speaker #1

    AprĂšs, il y avait tout un cĂŽtĂ© administratif aussi qui Ă©tait intĂ©ressant. C'est plus facile que le cĂŽtĂ© Ă©motionnel, on va dire. Mais c'est vrai qu'avoir toutes ces affaires en ordre administrativement, par exemple. C'Ă©tait assez intĂ©ressant comme travail. J'ai mĂȘme Ă©crit des lettres Ă  mes proches aussi, pour si jamais je ne revenais pas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Tu vas leur faire d'autres sales coups comme ça, sur les mois ou les années à venir ? Avec moi,

  • Speaker #1

    c'est jamais en fait. Je me surprends moi-mĂȘme, donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    Tu dois avoir le cÎté hyper cartésienne de la scientifique, hyper carré. Et donc, dans tes passions, tu as le cÎté un petit peu, je pense, de cerveau et je vais faire des trucs un peu fous.

  • Speaker #1

    Alors aprĂšs, c'est des risques qui sont mesurĂ©s quand mĂȘme. C'est-Ă -dire qu'Ă  chaque fois, je suis assez en mode projet, en fait, dans tout ce que je fais. Et donc, notamment, tout ce qui est analyse de risque, ça en fait partie. C'est-Ă -dire que ce n'est pas en mode tĂȘte brĂ»lĂ©e. C'est plus vraiment, OK, il y a des risques. Comment est-ce qu'on va faire pour les minimiser ? Et aprĂšs, on accepte qu'il y a un risque rĂ©siduel, bien sĂ»r, parce que le risque zĂ©ro n'existe pas.

  • Speaker #0

    Toi, ton rapport au vide, c'est quoi ? Il t'attire ?

  • Speaker #1

    Oui, il m'attire beaucoup, oui. Oui, j'ai toujours envie d'aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #0

    Et prochain projet ? Bon, maintenant, tu as fait 222 mĂštres. Tu as une autre lubie lĂ , en tĂȘte ?

  • Speaker #1

    Alors, en plongée, j'aimerais vraiment continuer à travailler tout ce qui est plongée profonde et notamment les effets physiologiques sur la décompression. Parce qu'en fait, je suis remontée en 4h30. Alors, ça peut paraßtre long, mais en réalité, c'est assez court pour cette profondeur-là. J'ai travaillé sur des logiciels, notamment de décompression. Et donc, j'aimerais vraiment refaire de la statistique, voir si ça... Si ça marche vraiment, si j'ai juste eu un coup de bol et que je n'ai pas fait d'accident de décompression, parce que ce jour-là, ça allait bien. Faire ça, et puis aprÚs, j'aimerais bien... Là, je suis descendue à 222 mÚtres. Je n'ai pas vu grand-chose.

  • Speaker #0

    LĂ , tu vas vraiment, tu es focus sur ton objectif des 222 mĂštres.

  • Speaker #1

    VoilĂ , c'Ă©tait que de la profondeur. Maintenant, ça serait intĂ©ressant d'aller voir rien que de la faune et de la flore Ă  222 mĂštres. Donc, il faudrait au moins des cailloux ou peut-ĂȘtre une Ă©pave. Des choses comme ça, ça m'intĂ©resserait vraiment beaucoup.

  • Speaker #0

    Et tu as dĂ©jĂ  ciblĂ© des zones oĂč tu peux le faire ? Tu parlais du Mexique tout Ă  l'heure.

  • Speaker #1

    Alors, le Mexique, ce n'est pas profond du tout. Non, non, effectivement, c'est vraiment ça qui est en cours. C'est le travail en cours de trouver des endroits, parce qu'on a peu de données, en fait. Donc, c'est vraiment ça qui est en cours.

  • Speaker #0

    J'ai une question ouf. Tu as un canapé chez toi ? Est-ce que des fois, tu t'assoies ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, j'ai un canapĂ©. Oui, oui, bien sĂ»r. Et je l'aime beaucoup, mon canapĂ©. À chaque fois, je suis trĂšs heureuse de le retrouver.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas le voir souvent. Non, mais en fait, ce qui m'intĂ©ressait aussi, et c'est aussi liĂ© Ă  l'univers un petit peu du podcast, c'Ă©tait comment tu arrives Ă  concilier finalement ton job et tes multis activitĂ©s. Donc, tu l'as dit, ton outil prĂ©fĂ©rĂ©, ça doit ĂȘtre Excel. Tu es une chef de projet hors normes. Comment tu t'arrives Ă  construire ça, mĂȘme avec ton employeur ? On t'a libĂ©rĂ© du temps, parce que tu es tout le temps Ă  droite Ă  gauche.

  • Speaker #1

    Quand j'Ă©tais sportive de haut niveau, en parachutisme, il faut le penser, c'est qu'en plus, j'avais des jours supplĂ©mentaires qui sont accordĂ©s par l'employeur. C'est une convention qu'on signe avec l'employeur, qui permet de se libĂ©rer un peu plus pour aller aux entraĂźnements. Parce qu'on faisait des entraĂźnements 400-600 sauts par annĂ©e. Ça ne rentre pas avec les congĂ©s. J'ai essayĂ©, ça ne marche pas. Donc, en fait, Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait l'entraĂźneur national qui nous faisait un planning de tous les entraĂźnements. En dĂ©but d'annĂ©e, on sait ce qui va se passer. Je pouvais voir s'il y avait des contraintes professionnelles. Par exemple, on lance un satellite, savoir Ă  peu prĂšs Ă  quelle pĂ©riode c'est, pour voir s'il y avait des potentiels conflits. Et aprĂšs, par-dessus ça, je mettais des week-ends de plongĂ©e quand c'Ă©tait dispo. C'est comme ça que je fonctionnais. Une fois que j'ai arrĂȘtĂ© l'Ă©quipe de France de parachutisme, j'ai gardĂ© ce mode de fonctionnement-lĂ . C'est juste que ça s'est complĂštement inversĂ©. C'est la plongĂ©e en premier. C'Ă©tait vraiment ça que je mettais en premier dans le calendrier, pareil, en dĂ©but d'annĂ©e. Et je regardais avec les contraintes professionnelles. Et aprĂšs, un peu de parachutisme quand je pouvais.

  • Speaker #0

    Parce que toi, tu passes tous tes congés finalement sur ta passion dévorante.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tous mes congés passent là-dedans. AprÚs, il y a de l'optimisation, etc. Avec les jours fériés.

  • Speaker #0

    Au CNET, vous avez peut-ĂȘtre un peu plus de jours de congĂ©s que le reste.

  • Speaker #1

    On est bien Ă  ce niveau-lĂ . C'est vrai que c'est un atout, clairement. Oui,

  • Speaker #0

    on est bien. MĂȘme pour tes collĂšgues, en fait. Ils doivent apprĂ©cier le fait de bosser avec toi, avec une exploratrice, c'est toujours cool.

  • Speaker #1

    Oui, certainement. AprÚs, c'est vrai qu'avec moi, ils sont vraiment trÚs sympathiques aussi. Effectivement, j'avais une collÚgue, notamment avec laquelle je travaillais en binÎme. mais en fait, elle, elle avait trÚs peu de contraintes. de son cÎté pour les congés, donc en fait elle arrive à se caler sur moi en fait. Donc ça c'est super quand on tombe sur des gens pareils, qui nous permettent justement de faire tout ça et puis qui m'aident énormément là dedans quoi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je pense que ton épisode il peut faire la transition avec ce que je voulais faire aprÚs, c'est et si tu osais, donc c'est bien de pouvoir changer de métier quand on n'est pas épanoui dans son boulot, mais en fait c'est pas la seule voie, je pense qu'il y a aussi oser vivre d'une passion ou la vivre intensément. Qu'est ce que ça t'apporte toi personnellement tous ces... D'autant plus que toi, tu le fais dans la performance et tu fasses toujours ce truc un peu plus fou. Des rencontres incroyables, non ? Qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r, c'est assez fou quand on se l'imagine. Jamais je n'aurais pensĂ© pouvoir faire tout ça. On rencontre des gens vraiment incroyables, oui, tout Ă  fait. DĂ©jĂ  discuter avec des gens qui ont Ă©tĂ© Ă  plus de 300 mĂštres de profondeur, c'est fou. Aujourd'hui, ça m'ouvre Ă©normĂ©ment de portes parce que j'ai un peu communiquĂ© dessus. Donc effectivement, je rencontre plein d'autres personnes qui viennent me parler aussi de tout ça. On voit mĂȘme de quoi nous-mĂȘmes, on est capables. C'est assez fou. On ne peut pas le savoir tant qu'on ne l'a pas essayĂ©. Je n'aurais pas pensĂ© l'ĂȘtre. Et finalement, je me rends compte que j'y arrive.

  • Speaker #0

    Si tu retournais le passé, que tu allais voir ton toit quand tu avais 18 ans, tu l'aurais cru ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Jamais, je n'aurais cru ça. Et c'est venu petit Ă  petit, en fait. Comme je vous disais au dĂ©but, c'est vraiment des petites Ă©tapes. Il n'y a pas eu de grand saut, en fait. Je pense qu'on a un peu cette idĂ©e-lĂ , des fois, quand on voit des personnes qui font... qui font des choses un peu hors du commun comme ça, que du jour au lendemain, c'Ă©tait parti, mais pas du tout. Ça met du temps Ă  s'installer, c'est petit Ă  petit. Donc, il faut ĂȘtre aussi... On a peut-ĂȘtre envie de changer des choses dans sa vie, mais je pense qu'il ne faut pas non plus y aller trop vite.

  • Speaker #0

    C'est totalement dans la philosophie, tu es la meilleure rĂ©alitĂ© possible. Parce que, tu vois, c'est exactement ce que j'essaie de vĂ©hiculer, mĂȘme pour l'univers professionnel. Tu n'es pas obligĂ© de changer du tout, tu n'es pas obligĂ© d'avoir cette vie, de partir Ă©lever des chĂšvres dans le Larzac, en fait. Tu peux... dĂ©jĂ  avoir une activitĂ© en complĂ©ment de ce que tu fais, je vais prendre tous les risques. Et sur la passion, je pense que c'est pareil. Je vais recevoir aussi une ultra-traileuse bientĂŽt, mais c'est pareil, elle n'est pas arrivĂ©e Ă  faire 200 bornes d'un coup. D'abord, elle a commencĂ© par des petits 10 km, des 20 bornes. Est-ce qu'il y a des conseils qu'on pourrait donner Ă  toutes les personnes qui nous Ă©coutent, que ce soit au niveau pro ou perso sur une passion, pour ne pas se mettre de limites ou de barriĂšres sur l'accĂšs Ă  n'importe quelle passion ? Tu peux te lancer dans tout, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, on peut se lancer dans tout. Je pense que ce qui est important, c'est de s'informer beaucoup, dĂ©jĂ , sur ce qui est possible de faire, mĂȘme au niveau de son travail Ă  soi. Par exemple, je ne sais pas, c'est possible de passer Ă  80% pour essayer autre chose un certain temps. Et faire cette espĂšce... Alors, cette analyse de risque, moi, je l'aime beaucoup, de se demander, au pire, qu'est-ce qui peut m'arriver ? Parce qu'en fait, ça permet de relativiser. Au pire, qu'est-ce qui se passe ? On change quelque chose, on peut revenir peut-ĂȘtre en arriĂšre. Il y a toujours quelque chose Ă  faire. Donc, je pense que ça, c'est important aussi.

  • Speaker #0

    Et moi, je vois deux trucs. Tu as le cÎté de la curiosité. C'est la qualité commune à toutes ces personnes-là. En fait, c'est de toujours s'intéresser à ce qui existe d'autre. Et le deuxiÚme, c'est aller rencontrer des gens. Tu l'as dit, tu as rencontré des personnes qui ont été plongées à 300 mÚtres. Tu as rencontré des personnes qui pouvaient t'aider sur le matériel, sur la compétence. Je pense que c'est vrai partout en fait, tu peux aller discuter avec les gens, ils sont hyper open. Mais là aprÚs, je t'ai contacté, tu as dit oui de suite.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que les gens qui vivent vraiment comme ça, ils le seront toujours. Ils sont toujours ouverts à la discussion, à expliquer comment ils ont fait, étape par étape. Si on me demande comment il faut faire pour devenir plongeuse technique, je peux l'expliquer, pas à part, il n'y a aucun souci.

  • Speaker #0

    Et comment on fait alors ? Parce que nous, on est Ă  Toulouse. Tu vas nager oĂč Ă  Toulouse pour t'entraĂźner ? Parce que c'est pareil, j'imagine que tu nages pas en piscine comme tu vas nager Ă  220 mĂštres sous l'eau ?

  • Speaker #1

    Nager en tant que telle, je nage trĂšs peu en fait,

  • Speaker #0

    voire pas du tout. Nager ou plonger, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais oui, alors pour plonger, moi personnellement, je vais beaucoup Ă  Marseille, mais parce que c'est historiquement par lĂ -bas que j'ai commencĂ©, donc c'est lĂ -bas que j'ai un peu mes connaissances, donc je vais souvent lĂ -bas. Mais aprĂšs, voilĂ , ça peut se faire un peu partout. Il y a des clubs Ă  Toulouse qui proposent effectivement des choses en piscine. Ă  Ramonville oĂč on peut plonger Ă©galement pour commencer ces niveaux Une fois c'est combien de mĂštres de profondeur ? Je crois qu'elle fait 15 mĂštres celle-ci Ă  vĂ©rifier donc pour commencer ces premiers niveaux c'est vraiment trĂšs intĂ©ressant aprĂšs si on veut plonger en mer il faut aller en mer bien sĂ»r, si on veut plonger en grotte il faut aller dans des grottes Tu ne fais pas ? Si bien sĂ»r je fais aussi de la plongĂ©e spĂ©lĂ©o c'est super intĂ©ressant aussi d'ailleurs d'aller explorer des grottes comme ça, des endroits oĂč on n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs peu d'humains ont pu aller c'est assez incroyable.

  • Speaker #0

    A priori, toi, tu n'as pas peur de l'inconnu ?

  • Speaker #1

    Non, au contraire, je le cherche un peu. On a toujours un peu une appréhension de l'inconnu, c'est normal. Mais comme je dis, ça ne doit pas nous figer. Moi, ça me stimule plus qu'autre chose. Mais cette peur, elle existe, bien sûr.

  • Speaker #0

    Du coup, ta philosophie de vie, si on devait la résumer, tu l'as déjà dit un petit peu tout à l'heure, tu as un mantra qui te drive un petit peu au quotidien ?

  • Speaker #1

    Pas particuliĂšrement, je dois le dire. J'y ai rĂ©flĂ©chi un peu, mais je n'ai pas vraiment de mantra, Ă  part qu'il faut y aller. Oui, mais pas tĂȘte baissĂ©e. C'est ça, je mets la petite nuance quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu es à la reine du tableau Excel, donc je pense que tout est au maximum de contrÎle. En tout cas, ce que toi, tu peux maßtriser, tu l'as bien cadré. Est-ce que tu as d'autres éléments que tu aimerais partager, des conseils qu'on pourrait donner à des personnes qui écoutent sur toujours cette analogie entre se lancer dans l'inconnu, la peur du vide, la peur d'échouer ? Alors, je pense qu'il faut en parler, notamment avec des gens qui s'y connaissent,

  • Speaker #1

    mais aussi peut-ĂȘtre avec juste une personne pas forcĂ©ment directement dans le milieu, mais parler de ces peurs, je pense que c'est important aussi. Un ami, des gens de la famille, mĂȘme un professionnel, peu importe, mais pour essayer de comprendre un peu ce qu'il y a derriĂšre. Parce qu'une peur comme ça, qui nous empĂȘche de faire quelque chose, c'est dommage.

  • Speaker #0

    C'est un gros travail d'introspection.

  • Speaker #1

    Totalement, il faut beaucoup se connaĂźtre. Et moi, je ne me connais mĂȘme pas. En fait, j'ai appris Ă  me connaĂźtre au fur et Ă  mesure des annĂ©es en faisant tous ces projets-lĂ . Et je pense que je n'en suis mĂȘme pas arrivĂ©e Ă ... au tiers.

  • Speaker #0

    Mais tu fais le travail toute seule sur ton introspection ou est-ce que, tu l'as dit, tu avais rencontré une équipe de France, une préparatrice mentale, ça a sûrement pu t'aider. Est-ce que tu as d'autres personnes comme ça qui t'ont aidé à te poser des bonnes questions ?

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait. Moi, je vois un psychologue de maniĂšre rĂ©guliĂšre aussi. Ça fait des annĂ©es. Alors, initialement, c'Ă©tait partie de l'idĂ©e de la prĂ©paration mentale pour le parachutisme. Mais en fait, ça a Ă©voluĂ© Ă©normĂ©ment c'est une exploration aussi une exploration de soi Et c'est trĂšs intĂ©ressant, je trouve que l'exercice est vraiment super et on commence vraiment Ă  se comprendre de mieux en mieux et en fait Ă  se canaliser vraiment dans ce qu'on a envie de faire.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'Ă©tait pour ça aussi qu'on parle d'exploration. Moi, je le voyais surtout sur la partie exploration de soi. C'est lĂ  oĂč chacun d'entre nous, on a un gros travail Ă  faire pour justement canaliser nos peurs, des fois les dĂ©passer pour profiter au maximum de la vie et tout ne sera pas parfait. C'est vrai que des fois, on a des croyances limitantes sur nous-mĂȘmes. Et c'est dommage, en fait. C'est pour ça que je trouvais que c'Ă©tait intĂ©ressant de pouvoir t'inviter et que tu puisses nous partager le tĂ©moignage sur les abysses, l'exploration spatiale, mais aussi sur toi-mĂȘme, parce qu'a priori, c'est le plus gros travail que tu as fait.

  • Speaker #1

    Ah, mais tout Ă  fait. Quand j'Ă©tais enfant, j'Ă©tais trĂšs peureuse. J'avais peur de tout. Je n'osais pas aller Ă  l'Ă©cole. Alors que maintenant, j'adore les Ă©tudes. DĂšs qu'il y a quelque chose qui... qui m'intĂ©resse, je vais y aller. Donc oui, c'est une exploration de soi-mĂȘme. En fait, j'ai toujours Ă©tĂ© cette personne-lĂ , mais elle n'Ă©tait pas forcĂ©ment accessible.

  • Speaker #0

    Tu te réinventes tout le temps. Tu te réinventes, tu t'évolues. Systématiquement, tu te rends plus forte.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vraiment ça, notamment sur la confiance. Parce que moi, je n'avais pas une trĂšs forte confiance en moi. Et je pense qu'il y a beaucoup de femmes et de jeunes filles qui ont ce problĂšme-lĂ . Et en fait, c'est en faisant des petits pas. Petit Ă  petit, on se rend compte, ah ben ça, j'ai rĂ©ussi Ă  le faire. Ah oui, ça aussi. Et en fait, c'est comme ça qu'on prend la confiance aussi. Il y a une interaction vraiment avec l'activitĂ©. Il n'y a pas besoin d'avoir une bonne confiance en soi pour commencer des choses. Ça se nourrit.

  • Speaker #0

    L'un l'autre. Bon, maintenant, ton niveau de confiance en toi, il a dĂ» bien augmenter quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il a augmentĂ©, bien sĂ»r. Ça a aidĂ©, ça a aidĂ©. Surtout sur ce genre de projet-lĂ ,

  • Speaker #0

    bien sĂ»r. C'est vraiment passionnant. En fait, j'aurais 10 000 questions Ă  te poser, aussi bien au niveau du travail que sur chacun des aspects. Mais bon, je ne peux pas le faire parce qu'on a un timing qui est quand mĂȘme limitĂ©. Est-ce que tu as un dernier mot Ă  faire passer ? Ou est-ce que tu as un message ? ou des choses qu'on n'a pas abordĂ©es, que tu penses qu'il aurait fallu aborder ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on a abordĂ© plein de choses lĂ  quand mĂȘme. Oui, non, je ne pense pas que j'ai grand-chose Ă  rajouter, qu'il faut se lancer des fois et apprendre Ă  se connaĂźtre et apprendre ce qu'on a envie de faire en fait, en gĂ©nĂ©ral. On ne sait mĂȘme pas ce qu'on a envie de faire rĂ©ellement, ces passions.

  • Speaker #0

    Mais non, moi je crois que j'ai dépassé 40 ans, je ne sais toujours pas ce que je veux faire dans la vie.

  • Speaker #1

    Mais moi non plus finalement, mĂȘme si je fais plein de choses, Ă  chaque fois j'ai recommencĂ© des Ă©tudes en biologie aussi, c'est vrai que ça on n'en a pas parlĂ© effectivement. Je me suis inscrite Ă  la fac. À Toulouse, lĂ , Ă  Paul Sabatier, je fais une licence en bio parce que le lien avec l'exobiologie, la vie dans l'univers, etc. La vie dans les abysses, tout ça, ça m'intĂ©resse Ă©normĂ©ment. Donc voilĂ , ça c'est pareil. J'ai contactĂ© les personnes de la fac pour voir ce qui Ă©tait possible de faire. Est-ce que je pouvais assister Ă  quelques cours et aprĂšs se lancer petit Ă  petit pour voir comment ça marche.

  • Speaker #0

    Je prends la balle au bout. C'est un super sujet, vraiment. Parce qu'en fait... DĂ©jĂ , tu as un mĂ©tier qui doit ĂȘtre prenant. Tu as deux passions qui, a priori, sont assez chronophages. Et tu arrives quand mĂȘme Ă  trouver le temps de te former. Et souvent, si j'en reviens Ă  mon sujet principal, qui est celui de quand tu n'es pas Ă©panoui dans ton travail, souvent, tu as beaucoup de personnes qui n'osent pas changer parce qu'ils n'ont pas confiance en eux. Ils disent « mais moi, je ne serais pas capable de faire ça » . Ou ils aimeraient bien aller sur n'importe quoi. Quelqu'un qui fait du commerce, ils n'osent pas aller sur du marketing, par exemple. Et je dis « mais forme-toi, en fait » . Maintenant, tu as l'expression de tout ce qui est tuto, tu trouves tout ce que tu veux, tu as des formations gratuites, tu as le CPF qui peut te le financer. Toi, comment tu arrives Ă  gĂ©rer, finalement, avec le peu de temps qui te reste, cet apprentissage-lĂ , ta licence de biologie, comment tu l'intĂšgres dans ton timing ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des « contraintes » de quand est-ce que je peux aller plonger ou pas, par exemple. Mais c'est vrai que la premiĂšre approche, c'Ă©tait d'en discuter avec mon employeur, de dire, effectivement... J'ai regardĂ© s'il y avait des cours du soir d'abord. En l'occurrence, je n'ai pas trouvĂ© de formation qui me plaisait pour ça. Et donc, je vais en cours Ă  l'universitĂ©. C'est vrai qu'au CNES, c'est quand mĂȘme pas mal parce qu'on n'a pas d'horaire fixe qui nous sont imposĂ©s. Donc, on peut se libĂ©rer deux heures et revenir tant qu'on fait les heures dans la journĂ©e. Ça, c'est des choses, il faut le voir avec l'employeur parce qu'il y a potentiellement plein de choses qu'on puisse faire. Et aprĂšs, j'ai des contraintes d'examen, bien sĂ»r, des choses comme ça. Mais aussi avec les enseignants de la fac, j'ai beaucoup discutĂ© pour voir ce qui Ă©tait possible de mettre en place. Je ne vais pas forcĂ©ment au TD, je ne vais pas forcĂ©ment Ă  tout. Et eux, ils m'aident beaucoup aussi dans cette mise en place-lĂ . Donc l'Ă©quipe pĂ©dagogique a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs ouverte Ă  mon parcours qui, effectivement, n'est pas standard.

  • Speaker #0

    Oui, mais surtout que toi, tu fais ça dans une logique. parce que t'es c*** c'est curieuse et que tu as envie d'apprendre. Tout à fait. Tu vois, tu as beaucoup de personnes. Je pense que c'est ça. On a tous du temps. Quand tu vois les statistiques sur le temps que passe chacun d'entre nous sur le téléphone, à Instagram ou des réseaux sociaux, c'est assez fou. Si tu passes deux heures dessus, mais en fait, enlÚve une heure et tu regagnes une heure de temps dans la journée pour apprendre autre chose. Donc, tu vois, je pense que ça peut rentrer pour n'importe qui, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, tout Ă  fait. Et aprĂšs, mĂȘme, ça peut rentrer dans le cadre de la formation continue avec son employeur aussi, par exemple. Il y a des choses qui certainement peuvent se mettre en place, Ă  voir avec CRH, bien sĂ»r. Mais moi, c'est ce que j'ai discutĂ© avec eux. Ils ont Ă©tĂ© trĂšs ouverts lĂ -dessus.

  • Speaker #0

    De toute façon, on a vu les séries, tu ne perds pas de temps, tu les regardes en profondeur. Voilà, exactement. On est tranquille sur ce timing-là. Tu devrais faire des masterclass sur comment organiser son temps.

  • Speaker #1

    C'est un peu la course des fois, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Tu te reposes des fois quand mĂȘme. Est-ce que tu as des week-ends ou tu ne fais rien ?

  • Speaker #1

    Alors, rien du tout, non.

  • Speaker #0

    Je fais toujours quelque chose.

  • Speaker #1

    Mais voilĂ , je vais, par exemple, travailler ma bio. Ça, ça m'arrive aussi. Je vais me prendre des week-ends oĂč je ne vais pas avoir d'activitĂ© physique, mais plus mentale. Je pense qu'il y a besoin un peu des deux. Donc, j'aime bien switcher de l'un Ă  l'autre. Ça repose soit le corps, soit l'esprit. Et du coup, ça aide Ă  avancer comme ça, je pense.

  • Speaker #0

    Parfait. Super sujet. Donc, merci beaucoup, franchement, GaĂ«lle, d'ĂȘtre venue, d'avoir pris le temps de venir faire l'enregistrement parce qu'on t'a Ă©liminĂ©. C'est vraiment passionnant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est super, la discussion.

  • Speaker #0

    Je te remercie d'avoir Ă©coutĂ© cet Ă©pisode en entier. Si ce podcast t'a inspirĂ©, aide-moi Ă  le faire grandir. Écris-moi directement sur LinkedIn, Ă  Sylvain Lazaro, ou sur Instagram, et si tu oses des podcasts, partage-moi tes questions, tes idĂ©es, ou mĂȘme les noms des personnes inspirantes que tu connais et que tu aimerais que j'interviewe. Mets une note sur ton application de podcast, et surtout, parle-en autour de toi. Ensemble, on peut prouver que changer de vie, c'est possible et que c'est accessible Ă  chacun d'entre nous. À trĂšs vite pour un nouvel Ă©pisode.

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Description

đŸ’„ Descendre Ă  222 mĂštres sous l’eau. Battre un record du monde. Sauter en parachute Ă  haut niveau. Travailler dans le spatial.
Ça pourrait ressembler Ă  une sĂ©rie Netflix, mais c’est la vraie vie de GaĂ«lle Giesen.


đŸ‘©â€đŸš€ Astrophysicienne au CNES, vice-championne du monde de parachutisme, dĂ©tentrice du record mondial fĂ©minin de plongĂ©e technique Ă  222 mĂštres, elle explore les extrĂȘmes : dans l’espace, dans les airs, sous l’eau
 et en elle-mĂȘme.


🎯 Mais GaĂ«lle, c’est bien plus qu’une aventuriĂšre.


C’est une femme qui a appris Ă  oser, sans jamais brĂ»ler les Ă©tapes, petit pas par petit pas.

Une femme qui construit ses défis comme on construit une carriÚre : avec méthode, rigueur et curiosité.


💡 Ce que tu vas retenir de cet Ă©pisode ?
Que la peur de l’inconnu– celle qui nous paralyse avant un changement de vie, une reconversion ou un nouveau projet – n’est pas une fatalitĂ©.
GaĂ«lle nous montre que tout est une question de prĂ©paration, de petits pas, d’entreaides et de connaissance de soi.


📌 Dans cet Ă©pisode, GaĂ«lle partage :

✔ Son job passion dans l’aĂ©rospatial, entre rigueur scientifique et Ă©merveillement
✔ Comment elle est passĂ©e de dĂ©butante Ă  sportive de haut niveau, en parachutisme puis en plongĂ©e
✔ La prĂ©paration mentale extrĂȘme qu’exige un record Ă  222 m
 oĂč la moindre erreur peut coĂ»ter la vie
✔ Ses techniques pour gĂ©rer le stress, la peur, la concentration – dans l’eau comme dans la vie
✔ Pourquoi l’exploration de soi est sĂ»rement l’exploration la plus difficile


🎯 Un Ă©pisode pour :

🚀 Ceux qui rĂȘvent de se rĂ©inventer ou de se lancer dans un projet unique
💡 Celles et ceux qui veulent aligner travail, passion et apprentissage continu
🌊 Ceux qui ont peur de l’inconnu
 mais qui sentent qu’il est temps d’oser
📚 Les curieux, les explorateurs du quotidien


⏱ Les moments clĂ©s :

  • PrĂ©sentation de GaĂ«lle : spatial, parachutisme, plongĂ©e

  • Le rĂȘve d’enfant devenu rĂ©alitĂ© : travailler dans le spatial

  • Ses dĂ©buts dans les sports extrĂȘmes : de la curiositĂ© au haut niveau

  • Le projet du record du monde de plongĂ©e : 1 an et demi de prĂ©paration

  • GĂ©rer le danger, la peur et les Ă©motions : les vraies clĂ©s de la performance

  • Ce que les sports extrĂȘmes lui ont appris sur la vie professionnelle

  • Comment elle organise sa vie pour tout concilier (et souffler un peu !)

  • Ses conseils pour avancer Ă  petits pas vers ses rĂȘves

  • Son retour Ă  l’universitĂ© pour
 Ă©tudier la biologie

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Transcription

  • Speaker #0

    Plus de 3 millions de français se disent malheureux au travail. Mais bonne nouvelle, ce n'est pas une fatalité. Si chaque matin, la flamme n'est plus là, si les journées au travail te semblent interminables et que tu te demandes « mais qu'est-ce que je fous là ? » alors ce podcast est fait pour toi. Et si tu osais, c'est un shoot de motivation et d'inspiration. Je m'appelle Sylvain et sur ce podcast, je reçois des personnes comme toi et moi. Des gens normaux, avec des métiers accessibles. Leur point commun, ils ont osé changer de vie. Ils ont pris leur courage à deux mains et ils sont... passer à l'action. Ils vont partager avec toi leurs histoires, leurs conseils et leurs meilleures astuces pour te prouver que, toi aussi, c'est possible. Allez, c'est parti ! Aujourd'hui, c'est un épisode trÚs spécial pour moi parce que je vais sortir de ma zone de confort. Sur tous les premiers enregistrements et tous les premiers épisodes, on a beaucoup parlé de quand on change de métier, de sauter dans l'inconnu, cette peur du vide. Aujourd'hui, j'ai invité une spécialiste du sujet. Elle s'appelle Gaëlle, elle a un parcours hors normes, un métier qui cultive l'exploration spatiale et puis aprÚs dans sa vie perso elle est passionnée par justement de ce cÎté exploration aller je pense au bout de soi. Donc je suis ravi d'accueillir Gaëlle aujourd'hui. Bienvenue Gaëlle. Merci. Merci surtout d'avoir pris le temps dans ton agenda qui a l'air millimétré de venir partager ton expérience avec moi et avec les personnes qui nous suivent.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Je voulais te laisser te présenter et comme je te l'ai dit avant de commencer j'ai une question que j'ai trop envie de te poser c'est quand on te dit qu'est ce que tu fais dans la vie tu réponds quoi ?

  • Speaker #1

    En général, je réponds plein de choses, ce qui n'est pas faux. Et aprÚs, je rentre un peu plus dans le détail. Mais effectivement, au début, je vais dire ça.

  • Speaker #0

    Parce que lĂ , on a une heure. Donc, pour te prĂ©senter en moins d'une heure, ça serait cool. Pour qu'on puisse explorer toutes ces choses-lĂ . Mais tu viens d'oĂč ? Je n'ai mĂȘme pas prĂ©sentĂ© ce que tu faisais. Donc, peut-ĂȘtre que tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    Oui, alors d'oĂč je viens dĂ©jĂ  ? Je viens de Suisse, en fait. Donc, ça, il y a plein de gens qui ne le savent pas forcĂ©ment. Donc, je suis nĂ©e en Suisse. Et j'habite en France depuis 2012. Je travaille au CNES. Ça, c'est quelque chose que j'aime bien dire, effectivement, tout ce cĂŽtĂ© exploration spatiale. Je travaille sur des missions scientifiques. Et ensuite, je suis Ă©galement parachutiste et plongeuse. Et je pense que ça, on va en parler un peu plus aprĂšs.

  • Speaker #0

    Ouais, on va en parler de tout ça. Donc, tu ne l'as pas dit, mais tu es vice-championne du monde de parachutisme et tu as battu un record du monde féminin de descente en plongée technique, donc à 222 mÚtres sous l'eau.

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait, exactement.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. DĂ©jĂ  pour ça. Et peut-ĂȘtre qu'on peut commencer par... par la partie professionnelle. Tu bosses au CNES, tu es docteur en astrophysique. Ça consiste en quoi ? Quels sont les projets sur lesquels tu bosses au quotidien ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait des études d'astrophysique. Et aujourd'hui, au CNES, je travaille sur des missions astrophysiques. Donc, un peu plus sur le cÎté ingénierie. Comment est-ce qu'on va mettre en place ces missions-là ? Aujourd'hui, j'ai deux missions principales. Une qui s'appelle Ariel et l'autre qui s'appelle Dragonfly. Alors, Ariel, ce n'est pas la petite sirÚne.

  • Speaker #0

    Il y a un lien quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il y a un petit lien, effectivement. Ariel, c'est une mission de l'ESA, de l'Agence Spatiale Européenne, avec une contribution française importante, qui va étudier les exoplanÚtes et les atmosphÚres des exoplanÚtes, pour savoir s'il y a des traces de vie, par exemple, sur des planÚtes qui sont lointaines.

  • Speaker #0

    Et sur Dragonfly, c'Ă©tait un petit peu la mĂȘme chose. Je reviens un petit peu avant de te recevoir, ce que c'Ă©tait. Vous voulez envoyer un mini-satellite, si je m'ai compris, de la taille d'un robot ?

  • Speaker #1

    Ouais, d'une Twingo, c'est ça. En fait, Dragonfly, c'est une mission de la NASA cette fois-ci. C'est aussi avec une contribution française importante. Et c'est un drone, en fait. Il va voler sur Titan. Titan, c'est une lune de Saturne. Donc ça, ça reste dans notre systÚme solaire. Et aussi également pour aller faire de la biochimie et détecter la vie.

  • Speaker #0

    On est quand mĂȘme sur un podcast qui traite beaucoup de l'Ă©panouissement au travail. C'est un job que tu kiffes.

  • Speaker #1

    Ah oui, j'adore. J'adore tout ça, oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Ça fait 7 ans que tu es au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. AprÚs ma thÚse, j'ai travaillé au CNES, sur différents postes, mais effectivement, ça fait un certain moment que j'y suis.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est un univers qui est trÚs loin pour moi, ce qui est aérospatial. Est-ce qu'on peut s'ennuyer dans son quotidien quand on fait des recherches comme ça ? Est-ce que tu as une routine quand tu bosses sur cet univers-là ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on peut un petit peu s'ennuyer dans le sens oĂč les tĂąches quotidiennes... Elles sont assez rĂ©pĂ©titives, on va faire des fichiers Excel, on va faire du Word, enfin un peu comme tout le monde finalement. Mais c'est vrai que dĂšs qu'on se rappelle pourquoi est-ce qu'on est en train de faire ça, on se remotive trĂšs rapidement.

  • Speaker #0

    Ce job-là, tu l'avais ambitionné depuis toute petite ? Comment tu en es arrivé là ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai Ă©tĂ© fascinĂ©e vraiment par l'univers. Je pense quand je suis venue ici Ă  Toulouse, quand j'avais 11 ans, Ă  la CitĂ© de l'Espace. J'ai eu une fascination pour tout ce qui est spatial. et l'exploration de notre univers, d'oĂč les Ă©tudes aprĂšs en physique, en astrophysique plus particuliĂšrement. Et effectivement, maintenant, je pense que c'est trĂšs intĂ©ressant le poste que j'ai, parce que je travaille avec des scientifiques et avec des ingĂ©nieurs. Je suis un peu entre les deux Ă  essayer de faire en sorte que ces missions fonctionnent.

  • Speaker #0

    Trop bien. Job international, par essence ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui, et justement, on est en collaboration. La France collabore énormément avec d'autres agences spatiales. l'ESA, la NASA dont je parlais, mais également avec la Chine, avec le Japon. Enfin voilà, beaucoup d'agences spatiales.

  • Speaker #0

    Et toi, au final, tu te déplaces beaucoup ? Tu restes beaucoup sur Toulouse ou tu peux aller te balader un petit peu ?

  • Speaker #1

    On peut beaucoup se déplacer, oui, effectivement. Alors moi, aujourd'hui, je reste plutÎt en France. Je me déplace beaucoup en France, mais c'est vrai qu'on peut avoir un peu de tout.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si tu allais combiner, en fait, dans ton organisation perso, si tu allais combiner le pro et le perso, parce que donc... Tes passions, c'est l'espoir extrĂȘme un peu. Comment c'est nĂ© cette passion pour le parachutisme ou la plongĂ©e ? Parce qu'en Suisse, la mer, c'est pas trop le truc.

  • Speaker #1

    C'est venu Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps, je pense. Quand j'avais 19 ans, j'avais envie d'explorer, je pense. Tout comme l'univers, j'avais envie d'explorer notre planĂšte, tous les milieux qui existent. En fait, je suis trĂšs curieuse, j'ai envie d'aller voir. Donc voilĂ , c'est comme ça que j'ai testĂ© le parachutisme et la plongĂ©e. Et je savais tout de suite que j'allais faire ça toute ma vie.

  • Speaker #0

    parce que Tes parents, je ne sais pas quel métier ils exercent. Est-ce qu'ils t'ont un peu amené là-dedans ? Ou est-ce que c'est un univers qui leur était étranger ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment. Mes parents aimaient beaucoup voyager. J'ai beaucoup voyagé quand j'étais enfant. On allait beaucoup à la mer. Effectivement, je savais nager assez tÎt, etc. Mais c'est vrai qu'ils ne font pas particuliÚrement de plongée. Le parachutisme, ils n'en avaient vraiment pas entendu parler. Ils n'y avaient pas du tout pensé. Ils ont été trÚs surpris quand j'ai commencé à pratiquer.

  • Speaker #0

    Parce que t'as commencé à 19 ans ? le parachutisme.

  • Speaker #1

    La plongée aussi, je crois que c'était à quelques mois d'intervalle.

  • Speaker #0

    On fait une quĂȘte d'exploration. Toi, tu vas dans l'espace, tu vas dans les profondeurs, tu es une vraie exploratrice. Est-ce que tu ne pourrais pas te dĂ©finir comme ça, d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je suis une exploratrice, mais en tout cas, j'ai un sens pour l'exploration. Souvent,

  • Speaker #0

    on se dit que c'est réservé à une élite, ces sports-là. Est-ce que c'est le cas ? Ou est-ce que c'est accessible à tout le monde ?

  • Speaker #1

    Je pense que, justement, il y a trĂšs peu d'informations sur le fait que c'est accessible, finalement. et moi c'est un peu ça c'est que Tout est venu petit Ă  petit, mais quand j'ai dĂ©butĂ©, jamais je n'aurais imaginĂ© tout ce que je fais aujourd'hui. MĂȘme je ne savais mĂȘme pas que ça existait, la plongĂ©e technique par exemple. Je ne savais pas que ça existait quand j'ai commencĂ© la plongĂ©e. Et c'est que petit Ă  petit, en discutant avec les personnes, que je me suis rendu compte qu'effectivement ça existait, que c'Ă©tait possible, qu'on pouvait ĂȘtre formĂ© Ă  ça. Donc finalement, oui, c'est possible.

  • Speaker #0

    Tu t'es prise au jeu du truc. S'il y a des personnes qui nous Ă©coutent, parce que ce que toi tu disais, c'est ce qui m'avait beaucoup plu avant de t'inviter. Tu dis, je vais vous montrer que tout ce que je fais, c'est accessible Ă  toutes et Ă  tous, dĂšs le plus jeune Ăąge. Donc, si des personnes nous Ă©coutent et qu'elles ont envie de dĂ©couvrir une nouvelle discipline, admettons la plongĂ©e, ça commence comment ? Ça commence en vacances. Tu peux faire ne serait-ce qu'un stage de plongĂ©e. Est-ce que ça peut commencer chez toi, dans des piscines ? Ah oui,

  • Speaker #1

    alors un peu partout, effectivement. Donc, en fonction de lĂ  oĂč on habite, on peut commencer en piscine, si on n'est pas Ă  la mer. Et puis ensuite, on part pour un week-end prolongĂ© Ă  la mer. Et comme ça, on termine son niveau 1, par exemple. en mer MĂ©diterranĂ©e. VoilĂ , moi, c'est ce que j'avais fait. Donc, ça marche trĂšs bien. Ensuite, on continue Ă  entretenir en plongeant en piscine de temps en temps. Et puis, quand on peut, on se dĂ©place et on va Ă  la mer.

  • Speaker #0

    Toi, t'as commencĂ© par le cĂŽtĂ© passion et t'as franchi le step de passer du cĂŽtĂ© un peu amateur oĂč je prends mon petit plaisir sur mon sport Ă  intĂ©grer du sport de haut niveau. Parce que t'es quand mĂȘme dans une quĂȘte de performance, finalement. Que ça soit sur le parachutisme, quand on fait vice-champion du monde, c'est qu'on est quand mĂȘme dans l'aspect de compĂšte. et mĂȘme sur le record du monde que tu as battu. T'as cette envie d'aller chercher plus loin, c'est par rapport Ă  toi, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait. Alors, il y a deux choses. Le parachutisme, effectivement, c'est venu petit Ă  petit. Et aussi, c'est un peu la mĂȘme chose, je n'imaginais jamais faire des compĂ©titions internationales. Et puis, en fait, j'ai pu en faire et je trouve ça incroyable. Et lĂ , effectivement, c'est un sport de haut niveau. C'est reconnu comme tel par le ministĂšre des Sports en France. Donc, effectivement, j'ai pu intĂ©grer... tous les dispositifs qui existent aujourd'hui en France qui sont liĂ©s Ă  ça. Donc on a des budgets fĂ©dĂ©raux, etc. Donc c'est la FĂ©dĂ©ration française de parachutisme qui est trĂšs active lĂ -dedans. Et Ă  cĂŽtĂ© de ça, la plongĂ©e. Alors la plongĂ©e, pour moi, c'Ă©tait toujours une petite frustration. En fait, quand je pratiquais la plongĂ©e, j'avais envie d'aller voir plus loin et plus profond. Je pratiquais les deux en parallĂšle. Le parachutisme a pris beaucoup de place dans ma vie perso. quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France, forcĂ©ment. Je faisais un peu de plongĂ©e, mais je me disais toujours j'aimerais bien aller un peu plus loin, j'ai envie d'aller voir ce qu'il y a lĂ  en bas. Le problĂšme pour toi,

  • Speaker #0

    c'est la profondeur ?

  • Speaker #1

    Oui, moi j'ai toujours été absolument fascinée par la profondeur. Et n'importe qui qui a plongé avec moi vous le dira, à chaque fois, moi je voulais aller voir plus bas.

  • Speaker #0

    Là, tu es allée voir trÚs bas.

  • Speaker #1

    Je suis allĂ©e voir trĂšs bas, voilĂ . Pas encore, il y a peut-ĂȘtre plus loin, mais en tout cas, oui, je suis allĂ©e voir trĂšs bas.

  • Speaker #0

    Comment tu te dis, je vais battre un record du monde,

  • Speaker #1

    je vais aller Ă  222 mĂštres ? quand j'ai fait des plongĂ©es sur une super belle Ă©pave qui s'appelle le Haven Ă  GĂȘnes, en Italie. Et lĂ , c'Ă©tait les premiĂšres plongĂ©es vraiment engagĂ©es, on va dire, dans le sens oĂč c'est une plongĂ©e qui va Ă  80 mĂštres, on va rester deux heures dans l'eau. VoilĂ , ça commençait dĂ©jĂ  Ă  ĂȘtre consĂ©quent. Et lĂ , je me sentais... trĂšs, trĂšs bien. Dans le sens oĂč je sortais aprĂšs deux heures, mais je sentais que je pouvais y rester encore bien plus longtemps, finalement. Et c'est lĂ  que j'ai commencĂ© un peu Ă  me poser la question, mais en fait, c'est quoi la limite, finalement ? Parce que lĂ , bon, je viens de faire 80 mĂštres, mais jusqu'oĂč est-ce qu'on peut aller ? Et j'ai un peu regardĂ© les records. Alors, ce qu'on voyait, c'est que les records masculins, ils Ă©taient bien au-delĂ  de 300 mĂštres. On a trois personnes, trois Français d'ailleurs, qui sont descendus au-delĂ  de 300 mĂštres. Et les records fĂ©minins, ils Ă©taient bien, bien plus hauts. Il y avait un record du monde fĂ©minin Ă  198 mĂštres en mer, ce qui est dĂ©jĂ  beaucoup, bien sĂ»r. Mais disons que la barre psychologique des 200 n'avait pas Ă©tĂ© passĂ©e. Et lĂ , je me suis dit, ça, c'est un truc que j'aimerais faire.

  • Speaker #0

    Toi, tu as besoin d'aller Ă  la limite, en fait, de ce que ton corps peut faire ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça. J'ai envie de découvrir, en fait. Oui, je pense que j'aime bien jouer avec la limite, effectivement, et la repousser,

  • Speaker #0

    surtout. Moi, je ne maĂźtrise pas du tout le truc, mais combien de temps ça te prend ? J'imagine que tu ne te lances pas d'un jour... Le jour le lendemain, en te disant, vas-y, je vais descendre Ă  222 mĂštres, tu dois avoir un temps de prĂ©paration qui est Ă©norme, ça va ĂȘtre une organisation sans faille, t'es sĂ»rement pas toute seule pour faire tout ça. De ce que j'ai cru comprendre, t'as mĂȘme des personnes qui t'accompagnent sous l'eau, sur l'eau. Comment tu mĂšnes Ă  bien un projet comme ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi, ça m'a pris un an et demi, Ă  partir du moment oĂč j'ai dĂ©cidĂ© de le faire. Donc encore une fois, dĂ©jĂ , je faisais des plongĂ©es Ă  80 mĂštres de deux heures. Donc tout ça, ça m'a pris 15 ans, finalement. À le faire. Si on prend vraiment en compte tout ce que j'ai fait, ça m'a pris 15 ans. Mais voilĂ , dĂšs le moment oĂč je me suis vraiment dit, bon, je me consacre Ă  fond lĂ -dessus, ça m'a pris un an et demi, ce qui est assez rapide, bien sĂ»r. Mais voilĂ , toutes les plongĂ©es que je faisais Ă©taient spĂ©cifiquement pour prĂ©parer ça. J'Ă©tais effectivement accompagnĂ©e. C'est vrai qu'il faut essayer de comprendre de quoi est-ce qu'on a besoin en termes de compĂ©tences pour aller Ă  cette profondeur-lĂ  et aller la chercher auprĂšs des bonnes personnes, finalement.

  • Speaker #0

    Et ces bonnes personnes, c'est qui ?

  • Speaker #1

    C'est beaucoup de gens. parce qu'il y a diffĂ©rents types de compĂ©tences. DĂ©jĂ , comme je disais, il y a trois Français qui sont descendus Ă  plus de 300 mĂštres. Donc dĂ©jĂ , rien que discuter avec eux, comment eux, ils ont fait, quel Ă©tait leur profil de dĂ©compression, toutes ces choses-lĂ , prendre vraiment leur maximum d'informations de leur part. Ça, c'est dĂ©jĂ  quelque chose d'important. Ensuite, j'avais un binĂŽme avec lequel je plongeais dĂ©jĂ  depuis 10 ans, qui avait Ă©tĂ© lui-mĂȘme dĂ©jĂ  Ă  plus de 250 mĂštres. Et donc, on a travaillĂ© ensemble tout le long. Il y avait aussi des compĂ©tences trĂšs spĂ©cifiques, par exemple de flottabilitĂ©, de rester bien stable dans l'eau. Et ça, les meilleurs au monde, c'est au Mexique. Les personnes qui plongent au Mexique, dans les CĂ©notes, parce qu'en fait, lĂ -bas, c'est l'environnement qui le veut. S'ils mettent un coup de palme, en fait, il y a de la poussiĂšre calcaire qui est dĂ©posĂ©e au fond. Et si on met un coup de palme lĂ -dedans, on ne voit plus rien d'un coup. Donc, ils ont vraiment perfectionnĂ©. cette capacitĂ© Ă  avoir une bonne flottabilitĂ©. Donc je suis allĂ©e deux fois dans les un an et demi de prĂ©paration, je suis allĂ©e deux fois au Mexique pour faire des cours trĂšs spĂ©cifiques avec ces personnes-lĂ .

  • Speaker #0

    Donc du coup, tu vas avoir de la compétence, tu vas avoir du matériel, tu vas avoir aussi du financier parce que comment tu finances un projet comme ça d'ailleurs ? Parce que tu dois aller au Mexique deux fois, tu dois avoir le matos, c'est un sport qui n'est pas trÚs connu, donc j'imagine que les financements ne sont pas non plus... ils ne plaivent pas. Comment tu t'es organisée sur ce thÚme-là ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que c'est assez compliquĂ©. C'Ă©tait principalement de l'autofinancement. Mais j'ai eu un peu d'aide. J'ai eu une aide de la part du CNES et notamment du projet Ariel, justement, parce qu'on parle d'exploration et ça leur parlait totalement. Donc, j'ai eu une aide financiĂšre de la part du CNES et aprĂšs, des sponsors qui me prĂȘtent du matĂ©riel. C'est principalement ça. Donc, par exemple, j'ai travaillĂ© avec un fabricant de scooters sous-marins pour avoir un scooter qui puisse aller au-delĂ  de 200 mĂštres parce que la plupart du matĂ©riel n'Ă©tait pas qualifiĂ© pour ces profondeurs-lĂ  aussi.

  • Speaker #0

    Oui, le conduit sur mesure au final.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et mĂȘme le jour J, tu dois avoir une Ă©quipe mĂ©dicale, tu dois avoir un bateau. Combien de personnes le jour J pour t'aider ?

  • Speaker #1

    On était aux alentours de 10-15 personnes au total. Donc j'avais mon binÎme qui est descendu avec moi, avec lequel on a tout préparé ensemble. Il est descendu avec moi au fond. AprÚs, j'avais un plongeur de sécurité qui nous attendait à 120 mÚtres. Donc si on avait un problÚme, il pouvait nous assister. Des plongeurs entre 20 et 30 mÚtres qui nous attendaient là plus pour nous décharger du matériel ou nous apporter ce dont on avait besoin. Et effectivement, en cas de besoin, pouvoir rapidement agir. Et qu'ils puissent faire la navette avec la surface. Qu'ils puissent dire aux gens en surface ce qui se passait. Et effectivement, sur le bateau, encore toute une équipe, une équipe médicale, avec des infirmiers hyper-bars, effectivement, qui avaient de l'oxygÚne, etc. Tout ça. Des pilotes de bateau. Et le caisson aussi, à Marseille, qui était prévenu. Le caisson hyper-bar qu'on allait faire. un truc pas trÚs intelligent.

  • Speaker #0

    Une fille qui est docteure en astrophysique va faire des trucs pas trĂšs intelligents, c'est un peu cocasse. Oui,

  • Speaker #1

    aprÚs, voilà, c'est pas forcément le type de plongée qu'on recommande.

  • Speaker #0

    Ce qui est drÎle, finalement, c'est que t'as deux passions. T'en as une, c'est sauter d'un avion à toute vitesse. On est sur de la chute libre, donc là, c'est que de la vitesse. Et moi, j'y connais rien. Je suis vraiment pas initié à la plongée. Mais t'as des sasses pour descendre. Tu mets un certain temps pour descendre et pour remonter, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Surtout pour remonter en fait.

  • Speaker #0

    C'est plus l'éloge de la patience finalement. La plongée, donc tu es sur deux univers qui sont un peu contradictoires ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça, je trouve justement pour moi que c'est un peu la mĂȘme chose. En fait, la descente, c'est assez rapide. Alors, ce n'est pas de l'ordre de grandeur d'une chute libre, bien sĂ»r, mais la descente, ça m'a pris 14 minutes pour arriver en bas. La descente, on peut y aller aussi vite qu'on peut. Physiologiquement, il n'y a pas besoin de faire des paliers ou quoi que ce soit. La descente, c'est assez rapide. Et lĂ , il faut ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant un court instant. Et ça, pour moi, ça ressemble beaucoup au parachutisme. On va ĂȘtre trĂšs... Pendant le parachutisme et pendant tout un saut ou pendant une performance sportive, on va ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant une minute, deux minutes. Et c'Ă©tait Ă  peu prĂšs ça aussi pendant la descente. On avait des moments critiques Ă  partir du moment oĂč on arrive Ă  la profondeur Ă  laquelle on voulait atteindre. C'est lĂ  que le risque est le plus Ă©levĂ©. On a une dĂ©faillance matĂ©rielle, qu'on ne se sent pas bien, qu'on a des effets physiologiques. Donc il y avait tout ce moment-lĂ  et le dĂ©but de la remontĂ©e lĂ  oĂč il fallait ĂȘtre extrĂȘmement concentrĂ©. Et aprĂšs, bon. Ça peut se relĂącher un peu parce que la plongĂ©e a durĂ© 4h30, donc on ne va pas rester concentrĂ© Ă  fond pendant 4h30, effectivement. Et aprĂšs, on peut un peu se relĂącher,

  • Speaker #0

    oui. J'ai cru comprendre que tu étais resté un certain à 6 mÚtres pendant 1h40.

  • Speaker #1

    Tout à fait, le dernier palier à 6 mÚtres. J'ai commencé les paliers à 80 mÚtres. Donc là, les tout premiers, ça dure une minute. Et aprÚs, ils se rallongent de plus en plus. C'est tous les 3 mÚtres. Les 3 mÚtres, donc j'en ai fait 25 au total. Et le dernier à 6 mÚtres, effectivement, il a duré 1h40.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi pendant 1h40 ? T'es seule avec toi-mĂȘme finalement sur ce temps-lĂ  ? Oui,

  • Speaker #1

    alors je suis avec mon binĂŽme, avec quelques plongeurs qui viennent nous assister, ils nous tiennent compagnie aussi. Mais alors honnĂȘtement, on peut faire plein de choses. Moi, on peut boire, on peut manger. Moi, je regarde des films. Tu regardes des films sous l'eau ? Ouais, je regarde des films sous l'eau. Et d'ailleurs, tous les plongeurs qui restent trĂšs longtemps en gĂ©nĂ©ral le font.

  • Speaker #0

    Tu recommandes une série à regarder à 80 mÚtres de profondeur ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas, oui. Alors moi, j'ai regardĂ© Dune. en fait, ce qui Ă©tait assez insolite parce que finalement je regardais un film oĂč les gens Ă©taient dans un dĂ©sert absolu, ils cherchaient l'eau alors que moi j'Ă©tais dans l'eau mais il y avait des points communs aussi, c'Ă©tait assez insolite sur le moment, ça faisait un sentiment assez particulier de regarder d'une

  • Speaker #0

    Ton expérience elle est vraiment folle d'autant plus pour moi qui ai peur de tous ces sports là comment ça se passe quand t'es à 200 mÚtres avec un 200 mÚtres de flotte au dessus de toi, c'est quoi, c'est tout sombre ? Il fait frais. C'est quoi les sensations que tu peux avoir ?

  • Speaker #1

    Il fait sombre, oui. Mais on descend avec des lumiĂšres. On emmĂšne quand mĂȘme beaucoup de lumiĂšre. Donc, on voit ce qu'on fait. Il fait froid, oui, plus qu'Ă  la surface. Mais bon, en MĂ©diterranĂ©e, ça ne descend pas beaucoup plus bas que 12-13 degrĂ©s dans l'eau. Donc, ça va. AprĂšs, on a l'Ă©quipement pour. On a des combinaisons Ă©tanches, des chauffages intĂ©grĂ©s. Enfin, voilĂ , on a quand mĂȘme tout ce qu'il faut. Mais en fait, c'est surtout... Si mon ordinateur de me plonger ne me disait pas que j'Ă©tais Ă  200 mĂštres, je ne le savais pas. Physiologiquement, je ne sentais aucun effet. Il y en a qui existent, des effets, mais qui interviennent un peu plus bas. Des effets physiologiques, mais lĂ , je n'en avais pas particuliĂšrement, finalement. Et c'est juste la prise de conscience, effectivement, de se dire, lĂ , on a 200 mĂštres au-dessus de la tĂȘte d'eau.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as quand mĂȘme une grosse partie de gestion d'Ă©motions. Comment tu te prĂ©pares mentalement, que ce soit en parachute ou que ce soit sur des plongĂ©es ? Comme ça, tu as des risques qui sont avĂ©rĂ©s, finalement. Tu disais, en fait, le danger, c'est juste un indicateur. Et en fait, il faut que je sois alerte sur l'ensemble de mon corps pour voir comment il rĂ©agit. Comment tu travailles ta concentration, tous ces sujets-lĂ  ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais travaillĂ© avec une prĂ©paratrice mentale quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France de parachutisme. Donc lĂ , c'Ă©tait vraiment trĂšs axĂ© performance. Et en fait, tous ces outils-lĂ , j'ai pu vraiment les retranscrire directement dans la plongĂ©e. Donc notamment en parachutisme, on va... Ă©normĂ©ment travaillĂ© la visualisation parce que vu que c'est des sauts qui sont trĂšs courts, il faut les prĂ©parer vraiment en amont mentalement comme si on les avait dĂ©jĂ  faits pour pouvoir les rĂ©pĂ©ter au mieux. Et donc en plongĂ©e aussi, j'avais vraiment visualisĂ© avoir des problĂšmes techniques Ă  plus de 200 mĂštres. Je m'Ă©tais mis dans un Ă©tat Ă©motionnel dans lequel j'Ă©tais lĂ  au fond et j'ai des soucis, comment je rĂ©agis, pour l'avoir dĂ©jĂ  fait une fois, mĂȘme si on ne l'a jamais fait. Mais on peut simuler ça dans son cerveau.

  • Speaker #0

    Donc tu as déjà préparé tout ce qui pourrait potentiellement t'arriver. Exact. Et qu'est-ce que je dois faire à ce moment-là ? Et toi, il faut que tu restes le plus lucide possible systématiquement. Donc en fait, est-ce que tu as le temps d'avoir peur ?

  • Speaker #1

    Un petit peu, oui. Alors, on a peur. Et c'est, je pense, absolument nĂ©cessaire. Sinon, on ne sait pas ce qu'on est en train de faire si on n'a pas peur. Par contre, ce n'est pas une peur qui fige. C'est une peur qu'on peut canaliser justement, qui va nous donner l'Ă©nergie et qui va nous donner ce sens de l'attention extrĂȘme en fait. Quand on est aussi profond, justement, tu le disais, on va vraiment ĂȘtre alerte Ă  tous les signaux, que ce soit du matĂ©riel ou de soi-mĂȘme. Et ça, ça demande une concentration vraiment trĂšs importante. Et pour ça, il faut cette adrĂ©naline, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu le matérialises quand tu dis, je vois si tout fonctionne bien, c'est-à-dire que tu vas sentir un peu comme dans la méditation, tu vas sentir le bout de ton pied.

  • Speaker #1

    Exactement, on va sentir, on va se connecter vraiment Ă  toutes les parties du corps. On va scanner le corps pour voir si on ressent quelque chose de bizarre.

  • Speaker #0

    Et ça, ce que tu fais, que tu pratiques toi dans un sport extrĂȘme sur un record du monde, est-ce que tu le pratiques aussi chez toi, Ă  domicile ? Est-ce que tu fais de la mĂ©ditation ? Est-ce que tu as des pratiques comme ça que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est super de faire ça parce qu'on a une conscience de son corps qui est vraiment trÚs intéressante dans la vie de tous les jours finalement. Quand on commence à stresser parce qu'on a reçu un mail un petit peu agressif par exemple, des choses comme ça. C'est trÚs intéressant justement de se rendre compte de ce qui se passe dans notre corps et pour mieux gérer en fait. Donc oui, tout à fait, la méditation et surtout tout ce qui est pleine conscience.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'au travail, tu es stressée ? ça t'arrive ? On peut te... Te sortir de ta concentration au boulot, c'est possible ? Oui, oui. On arrive à t'énerver ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r. Bien sĂ»r qu'on arrive Ă  m'Ă©nerver. Bien sĂ»r. En fait, oui. Mais bon, c'est diffĂ©remment. Ça va ĂȘtre plus sur des aspects humains qui vont ĂȘtre difficiles Ă  gĂ©rer. Alors que lĂ , le matĂ©riel, ça ne me pose aucun problĂšme, on va dire.

  • Speaker #0

    Tu reprends les techniques de ton sport de haut niveau au travail, au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah mais tout Ă  fait. Tout Ă  fait. Justement, comme je le disais, cet effet de pleine conscience, de pouvoir se... se calmer, respirer, se demander Ă  chaque fois. C'est important de se dire, d'analyser le problĂšme sur le moment, d'avoir cet effet un peu sans Ă©motion, en fait. Enlever l'Ă©motion, ça peut ĂȘtre utile, mĂȘme s'il faut la vivre, bien sĂ»r, mais pouvoir analyser les choses, tout Ă  fait.

  • Speaker #0

    C'est hyper intĂ©ressant, et c'est aussi pour ça que je voulais absolument te faire venir ici, c'est que, tu vois, dans le monde du travail, notamment dans les entreprises privĂ©es, on a sans cesse un cas de performance. notamment en ce moment avec la bourse qui fluctue c'est une incertitude politique une incertitude Ă©conomique donc tout le monde est Ă  fleur de peau on nous demandera toujours plus parce qu'il faut avoir du rĂ©sultat il faut ĂȘtre performant et ça fait peur Ă  beaucoup de collaborateurs et on le voit la santĂ© mentale elle est touchĂ©e actuellement, c'est le sujet numĂ©ro 1 des DRH en 2025 et je trouvais qu'il y avait sĂ»rement des ponts Ă  en faire entre toi ce que tu fais dans ta vie perso sur tes passions avaient ce lien-lĂ , en fait. Comment on gĂšre l'incertitude, comment on gĂšre la peur de l'inconnu et cette quĂȘte de la performance, en fait. Concentration, tout ça. Est-ce que tu as des petits tips Ă  nous donner ?

  • Speaker #1

    Oui, alors effectivement, il faut que je rĂ©flĂ©chisse un peu. Mais c'est vrai que moi, quand je pratique ces sports-lĂ , je vais me concentrer sur une chose. C'est vite dit parce que j'en fais plein et que je switch toujours de l'un Ă  l'autre. Mais quand je fais quelque chose, je reste vraiment sur une activitĂ©. Et c'est la chose la plus importante. Ă  ce moment-lĂ  dans ma vie. Ça ne veut pas dire que ça l'est tout le temps, bien sĂ»r. Mais sur le moment, c'est vraiment ça qui est le plus important. Quand je suis en compĂ©tition, pendant une minute, on va sauter d'un avion et on va faire des figures. Il n'y a rien d'autre qui compte. Et de se focaliser comme ça sur une tĂąche, je pense que c'est assez intĂ©ressant. C'est lĂ  qu'on devient trĂšs performant, sur cette tĂąche en particulier. MĂȘme si le multitasking, on en parle aussi beaucoup. Je le pratique beaucoup aussi, mais en fait, ça...

  • Speaker #0

    J'ai encore lu une étude sur le sujet hier, qui montre qu'en fait, le multitasking, ça ne marche pas du tout. Voilà, on est d'accord. Il vaut mieux faire une tùche et la faire à fond, plutÎt que d'essayer de faire deux ou trois en parallÚle. C'est prouvé, scientifiquement, c'est beaucoup moins efficace que de faire une tùche à fond.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est exactement ce que j'ai vĂ©cu moi-mĂȘme aussi. Quand je descends en plongĂ©e, quand je fais un saut en parachute, il y a une chose Ă  faire. Et c'est vraiment ça qui devient le focus de toute mon attention. Et quitte Ă  passer aprĂšs sur une autre, bien sĂ»r. mais sur le moment c'est vraiment ça qui compte et ça fait le lien,

  • Speaker #0

    alors du coup je reviens sur ta plongĂ©e tu disais que dans la parachutisme ou la plongĂ©e, ça revient Ă  ce que tu viens de dire t'as besoin d'avoir une concentration Ă  100% et que tu peux pas ĂȘtre polluĂ© par le quotidien professionnel ou d'autres pensĂ©es envahissantes et ça se concentre tout Ă  fait, surtout que toi tu peux potentiellement mettre ta vie en jeu comment tu fais finalement pour enlever ces pensĂ©es je vais pas venir nocives mais des fois de penser ah putain j'ai pas rĂ©pondu Ă  ce mail du travail des choses qui peuvent arriver Ă  n'importe quel moment. Comment tu le travailles ?

  • Speaker #1

    C'Ă©tait assez intĂ©ressant parce que pour moi, c'est surtout dans la prĂ©paration du record de plongĂ©e que c'est venu parce que c'est la chose la plus dangereuse que j'ai faite dans ma vie. TrĂšs honnĂȘtement, ce n'est pas de sauter d'un avion, ce n'est pas de plonger de temps en temps. LĂ , c'Ă©tait vraiment cette plongĂ©e Ă  222 mĂštres. C'est la chose la plus dangereuse. Et donc, il y avait cette possibilitĂ© de ne pas revenir. Et il faut la prendre en compte. Ça a un peu changĂ© toute ma maniĂšre de penser et de voir la vie finalement, parce qu'on commence Ă  vraiment se poser la question qu'est-ce qui est vraiment essentiel ? Qu'est-ce qui est essentiel ? Qu'est-ce que je regretterais ? si je ne remontais pas de cette plongĂ©e-lĂ . Et en fait, ça permet vraiment de savoir ça, c'est important, ça, ça ne l'est pas. Et finalement, on se rend trĂšs facilement compte que ne pas avoir rĂ©pondu Ă  un mail, ce n'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    Tu as répondu à ces questions que tu t'es posées ? Oui. Tu as dit que ça avait changé un petit peu ta vie et ta maniÚre de penser. Est-ce qu'il y a des choses que tu ne faisais pas avant et que tu fais maintenant ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, justement, l'idĂ©e de ne pas avoir de regrets quand on se met Ă  l'eau, ça libĂšre vachement. Je dis beaucoup plus facilement les choses, sur toutes les choses positives. Et ça, c'est ça qu'on se rend compte finalement qu'il est important, mais rĂ©ellement, de dire Ă  nos proches, de leur dire qu'on les aime, ça, ça devient trĂšs important, en fait. Ça l'est, mais on n'en a peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment conscience, Ă  quel point c'est important. Et donc, voilĂ , d'ĂȘtre beaucoup plus libĂ©rĂ© Ă  ce niveau-lĂ . Et Ă  l'inverse, tout ce qui est un peu nĂ©gatif, bon, c'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    J'adore ton approche et je la partage Ă  1000%. Je pense que ceux qui bossent avec moi au quotidien, ils doivent le voir parce que j'essaie de vĂ©hiculer la mĂȘme philosophie que toi. Tu vois, par exemple, dans un monde professionnel. J'essaie de me dire, il faut que je suis lĂ  parce que je suis content d'ĂȘtre lĂ . Et que ça me fait plaisir d'ĂȘtre lĂ . On n'a qu'une vie, donc autant la vivre la plus intensĂ©ment possible, sans faire n'importe quoi forcĂ©ment. Moi, je n'irais pas sauter d'un avion, je n'irais pas Ă  220 mĂštres sous les eaux. Mais pour le coup, je te rejoins tellement. Est-ce qu'il y a d'autres choses auxquelles tu penserais ?

  • Speaker #1

    AprĂšs, il y avait tout un cĂŽtĂ© administratif aussi qui Ă©tait intĂ©ressant. C'est plus facile que le cĂŽtĂ© Ă©motionnel, on va dire. Mais c'est vrai qu'avoir toutes ces affaires en ordre administrativement, par exemple. C'Ă©tait assez intĂ©ressant comme travail. J'ai mĂȘme Ă©crit des lettres Ă  mes proches aussi, pour si jamais je ne revenais pas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Tu vas leur faire d'autres sales coups comme ça, sur les mois ou les années à venir ? Avec moi,

  • Speaker #1

    c'est jamais en fait. Je me surprends moi-mĂȘme, donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    Tu dois avoir le cÎté hyper cartésienne de la scientifique, hyper carré. Et donc, dans tes passions, tu as le cÎté un petit peu, je pense, de cerveau et je vais faire des trucs un peu fous.

  • Speaker #1

    Alors aprĂšs, c'est des risques qui sont mesurĂ©s quand mĂȘme. C'est-Ă -dire qu'Ă  chaque fois, je suis assez en mode projet, en fait, dans tout ce que je fais. Et donc, notamment, tout ce qui est analyse de risque, ça en fait partie. C'est-Ă -dire que ce n'est pas en mode tĂȘte brĂ»lĂ©e. C'est plus vraiment, OK, il y a des risques. Comment est-ce qu'on va faire pour les minimiser ? Et aprĂšs, on accepte qu'il y a un risque rĂ©siduel, bien sĂ»r, parce que le risque zĂ©ro n'existe pas.

  • Speaker #0

    Toi, ton rapport au vide, c'est quoi ? Il t'attire ?

  • Speaker #1

    Oui, il m'attire beaucoup, oui. Oui, j'ai toujours envie d'aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #0

    Et prochain projet ? Bon, maintenant, tu as fait 222 mĂštres. Tu as une autre lubie lĂ , en tĂȘte ?

  • Speaker #1

    Alors, en plongée, j'aimerais vraiment continuer à travailler tout ce qui est plongée profonde et notamment les effets physiologiques sur la décompression. Parce qu'en fait, je suis remontée en 4h30. Alors, ça peut paraßtre long, mais en réalité, c'est assez court pour cette profondeur-là. J'ai travaillé sur des logiciels, notamment de décompression. Et donc, j'aimerais vraiment refaire de la statistique, voir si ça... Si ça marche vraiment, si j'ai juste eu un coup de bol et que je n'ai pas fait d'accident de décompression, parce que ce jour-là, ça allait bien. Faire ça, et puis aprÚs, j'aimerais bien... Là, je suis descendue à 222 mÚtres. Je n'ai pas vu grand-chose.

  • Speaker #0

    LĂ , tu vas vraiment, tu es focus sur ton objectif des 222 mĂštres.

  • Speaker #1

    VoilĂ , c'Ă©tait que de la profondeur. Maintenant, ça serait intĂ©ressant d'aller voir rien que de la faune et de la flore Ă  222 mĂštres. Donc, il faudrait au moins des cailloux ou peut-ĂȘtre une Ă©pave. Des choses comme ça, ça m'intĂ©resserait vraiment beaucoup.

  • Speaker #0

    Et tu as dĂ©jĂ  ciblĂ© des zones oĂč tu peux le faire ? Tu parlais du Mexique tout Ă  l'heure.

  • Speaker #1

    Alors, le Mexique, ce n'est pas profond du tout. Non, non, effectivement, c'est vraiment ça qui est en cours. C'est le travail en cours de trouver des endroits, parce qu'on a peu de données, en fait. Donc, c'est vraiment ça qui est en cours.

  • Speaker #0

    J'ai une question ouf. Tu as un canapé chez toi ? Est-ce que des fois, tu t'assoies ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, j'ai un canapĂ©. Oui, oui, bien sĂ»r. Et je l'aime beaucoup, mon canapĂ©. À chaque fois, je suis trĂšs heureuse de le retrouver.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas le voir souvent. Non, mais en fait, ce qui m'intĂ©ressait aussi, et c'est aussi liĂ© Ă  l'univers un petit peu du podcast, c'Ă©tait comment tu arrives Ă  concilier finalement ton job et tes multis activitĂ©s. Donc, tu l'as dit, ton outil prĂ©fĂ©rĂ©, ça doit ĂȘtre Excel. Tu es une chef de projet hors normes. Comment tu t'arrives Ă  construire ça, mĂȘme avec ton employeur ? On t'a libĂ©rĂ© du temps, parce que tu es tout le temps Ă  droite Ă  gauche.

  • Speaker #1

    Quand j'Ă©tais sportive de haut niveau, en parachutisme, il faut le penser, c'est qu'en plus, j'avais des jours supplĂ©mentaires qui sont accordĂ©s par l'employeur. C'est une convention qu'on signe avec l'employeur, qui permet de se libĂ©rer un peu plus pour aller aux entraĂźnements. Parce qu'on faisait des entraĂźnements 400-600 sauts par annĂ©e. Ça ne rentre pas avec les congĂ©s. J'ai essayĂ©, ça ne marche pas. Donc, en fait, Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait l'entraĂźneur national qui nous faisait un planning de tous les entraĂźnements. En dĂ©but d'annĂ©e, on sait ce qui va se passer. Je pouvais voir s'il y avait des contraintes professionnelles. Par exemple, on lance un satellite, savoir Ă  peu prĂšs Ă  quelle pĂ©riode c'est, pour voir s'il y avait des potentiels conflits. Et aprĂšs, par-dessus ça, je mettais des week-ends de plongĂ©e quand c'Ă©tait dispo. C'est comme ça que je fonctionnais. Une fois que j'ai arrĂȘtĂ© l'Ă©quipe de France de parachutisme, j'ai gardĂ© ce mode de fonctionnement-lĂ . C'est juste que ça s'est complĂštement inversĂ©. C'est la plongĂ©e en premier. C'Ă©tait vraiment ça que je mettais en premier dans le calendrier, pareil, en dĂ©but d'annĂ©e. Et je regardais avec les contraintes professionnelles. Et aprĂšs, un peu de parachutisme quand je pouvais.

  • Speaker #0

    Parce que toi, tu passes tous tes congés finalement sur ta passion dévorante.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tous mes congés passent là-dedans. AprÚs, il y a de l'optimisation, etc. Avec les jours fériés.

  • Speaker #0

    Au CNET, vous avez peut-ĂȘtre un peu plus de jours de congĂ©s que le reste.

  • Speaker #1

    On est bien Ă  ce niveau-lĂ . C'est vrai que c'est un atout, clairement. Oui,

  • Speaker #0

    on est bien. MĂȘme pour tes collĂšgues, en fait. Ils doivent apprĂ©cier le fait de bosser avec toi, avec une exploratrice, c'est toujours cool.

  • Speaker #1

    Oui, certainement. AprÚs, c'est vrai qu'avec moi, ils sont vraiment trÚs sympathiques aussi. Effectivement, j'avais une collÚgue, notamment avec laquelle je travaillais en binÎme. mais en fait, elle, elle avait trÚs peu de contraintes. de son cÎté pour les congés, donc en fait elle arrive à se caler sur moi en fait. Donc ça c'est super quand on tombe sur des gens pareils, qui nous permettent justement de faire tout ça et puis qui m'aident énormément là dedans quoi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je pense que ton épisode il peut faire la transition avec ce que je voulais faire aprÚs, c'est et si tu osais, donc c'est bien de pouvoir changer de métier quand on n'est pas épanoui dans son boulot, mais en fait c'est pas la seule voie, je pense qu'il y a aussi oser vivre d'une passion ou la vivre intensément. Qu'est ce que ça t'apporte toi personnellement tous ces... D'autant plus que toi, tu le fais dans la performance et tu fasses toujours ce truc un peu plus fou. Des rencontres incroyables, non ? Qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r, c'est assez fou quand on se l'imagine. Jamais je n'aurais pensĂ© pouvoir faire tout ça. On rencontre des gens vraiment incroyables, oui, tout Ă  fait. DĂ©jĂ  discuter avec des gens qui ont Ă©tĂ© Ă  plus de 300 mĂštres de profondeur, c'est fou. Aujourd'hui, ça m'ouvre Ă©normĂ©ment de portes parce que j'ai un peu communiquĂ© dessus. Donc effectivement, je rencontre plein d'autres personnes qui viennent me parler aussi de tout ça. On voit mĂȘme de quoi nous-mĂȘmes, on est capables. C'est assez fou. On ne peut pas le savoir tant qu'on ne l'a pas essayĂ©. Je n'aurais pas pensĂ© l'ĂȘtre. Et finalement, je me rends compte que j'y arrive.

  • Speaker #0

    Si tu retournais le passé, que tu allais voir ton toit quand tu avais 18 ans, tu l'aurais cru ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Jamais, je n'aurais cru ça. Et c'est venu petit Ă  petit, en fait. Comme je vous disais au dĂ©but, c'est vraiment des petites Ă©tapes. Il n'y a pas eu de grand saut, en fait. Je pense qu'on a un peu cette idĂ©e-lĂ , des fois, quand on voit des personnes qui font... qui font des choses un peu hors du commun comme ça, que du jour au lendemain, c'Ă©tait parti, mais pas du tout. Ça met du temps Ă  s'installer, c'est petit Ă  petit. Donc, il faut ĂȘtre aussi... On a peut-ĂȘtre envie de changer des choses dans sa vie, mais je pense qu'il ne faut pas non plus y aller trop vite.

  • Speaker #0

    C'est totalement dans la philosophie, tu es la meilleure rĂ©alitĂ© possible. Parce que, tu vois, c'est exactement ce que j'essaie de vĂ©hiculer, mĂȘme pour l'univers professionnel. Tu n'es pas obligĂ© de changer du tout, tu n'es pas obligĂ© d'avoir cette vie, de partir Ă©lever des chĂšvres dans le Larzac, en fait. Tu peux... dĂ©jĂ  avoir une activitĂ© en complĂ©ment de ce que tu fais, je vais prendre tous les risques. Et sur la passion, je pense que c'est pareil. Je vais recevoir aussi une ultra-traileuse bientĂŽt, mais c'est pareil, elle n'est pas arrivĂ©e Ă  faire 200 bornes d'un coup. D'abord, elle a commencĂ© par des petits 10 km, des 20 bornes. Est-ce qu'il y a des conseils qu'on pourrait donner Ă  toutes les personnes qui nous Ă©coutent, que ce soit au niveau pro ou perso sur une passion, pour ne pas se mettre de limites ou de barriĂšres sur l'accĂšs Ă  n'importe quelle passion ? Tu peux te lancer dans tout, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, on peut se lancer dans tout. Je pense que ce qui est important, c'est de s'informer beaucoup, dĂ©jĂ , sur ce qui est possible de faire, mĂȘme au niveau de son travail Ă  soi. Par exemple, je ne sais pas, c'est possible de passer Ă  80% pour essayer autre chose un certain temps. Et faire cette espĂšce... Alors, cette analyse de risque, moi, je l'aime beaucoup, de se demander, au pire, qu'est-ce qui peut m'arriver ? Parce qu'en fait, ça permet de relativiser. Au pire, qu'est-ce qui se passe ? On change quelque chose, on peut revenir peut-ĂȘtre en arriĂšre. Il y a toujours quelque chose Ă  faire. Donc, je pense que ça, c'est important aussi.

  • Speaker #0

    Et moi, je vois deux trucs. Tu as le cÎté de la curiosité. C'est la qualité commune à toutes ces personnes-là. En fait, c'est de toujours s'intéresser à ce qui existe d'autre. Et le deuxiÚme, c'est aller rencontrer des gens. Tu l'as dit, tu as rencontré des personnes qui ont été plongées à 300 mÚtres. Tu as rencontré des personnes qui pouvaient t'aider sur le matériel, sur la compétence. Je pense que c'est vrai partout en fait, tu peux aller discuter avec les gens, ils sont hyper open. Mais là aprÚs, je t'ai contacté, tu as dit oui de suite.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que les gens qui vivent vraiment comme ça, ils le seront toujours. Ils sont toujours ouverts à la discussion, à expliquer comment ils ont fait, étape par étape. Si on me demande comment il faut faire pour devenir plongeuse technique, je peux l'expliquer, pas à part, il n'y a aucun souci.

  • Speaker #0

    Et comment on fait alors ? Parce que nous, on est Ă  Toulouse. Tu vas nager oĂč Ă  Toulouse pour t'entraĂźner ? Parce que c'est pareil, j'imagine que tu nages pas en piscine comme tu vas nager Ă  220 mĂštres sous l'eau ?

  • Speaker #1

    Nager en tant que telle, je nage trĂšs peu en fait,

  • Speaker #0

    voire pas du tout. Nager ou plonger, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais oui, alors pour plonger, moi personnellement, je vais beaucoup Ă  Marseille, mais parce que c'est historiquement par lĂ -bas que j'ai commencĂ©, donc c'est lĂ -bas que j'ai un peu mes connaissances, donc je vais souvent lĂ -bas. Mais aprĂšs, voilĂ , ça peut se faire un peu partout. Il y a des clubs Ă  Toulouse qui proposent effectivement des choses en piscine. Ă  Ramonville oĂč on peut plonger Ă©galement pour commencer ces niveaux Une fois c'est combien de mĂštres de profondeur ? Je crois qu'elle fait 15 mĂštres celle-ci Ă  vĂ©rifier donc pour commencer ces premiers niveaux c'est vraiment trĂšs intĂ©ressant aprĂšs si on veut plonger en mer il faut aller en mer bien sĂ»r, si on veut plonger en grotte il faut aller dans des grottes Tu ne fais pas ? Si bien sĂ»r je fais aussi de la plongĂ©e spĂ©lĂ©o c'est super intĂ©ressant aussi d'ailleurs d'aller explorer des grottes comme ça, des endroits oĂč on n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs peu d'humains ont pu aller c'est assez incroyable.

  • Speaker #0

    A priori, toi, tu n'as pas peur de l'inconnu ?

  • Speaker #1

    Non, au contraire, je le cherche un peu. On a toujours un peu une appréhension de l'inconnu, c'est normal. Mais comme je dis, ça ne doit pas nous figer. Moi, ça me stimule plus qu'autre chose. Mais cette peur, elle existe, bien sûr.

  • Speaker #0

    Du coup, ta philosophie de vie, si on devait la résumer, tu l'as déjà dit un petit peu tout à l'heure, tu as un mantra qui te drive un petit peu au quotidien ?

  • Speaker #1

    Pas particuliĂšrement, je dois le dire. J'y ai rĂ©flĂ©chi un peu, mais je n'ai pas vraiment de mantra, Ă  part qu'il faut y aller. Oui, mais pas tĂȘte baissĂ©e. C'est ça, je mets la petite nuance quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu es à la reine du tableau Excel, donc je pense que tout est au maximum de contrÎle. En tout cas, ce que toi, tu peux maßtriser, tu l'as bien cadré. Est-ce que tu as d'autres éléments que tu aimerais partager, des conseils qu'on pourrait donner à des personnes qui écoutent sur toujours cette analogie entre se lancer dans l'inconnu, la peur du vide, la peur d'échouer ? Alors, je pense qu'il faut en parler, notamment avec des gens qui s'y connaissent,

  • Speaker #1

    mais aussi peut-ĂȘtre avec juste une personne pas forcĂ©ment directement dans le milieu, mais parler de ces peurs, je pense que c'est important aussi. Un ami, des gens de la famille, mĂȘme un professionnel, peu importe, mais pour essayer de comprendre un peu ce qu'il y a derriĂšre. Parce qu'une peur comme ça, qui nous empĂȘche de faire quelque chose, c'est dommage.

  • Speaker #0

    C'est un gros travail d'introspection.

  • Speaker #1

    Totalement, il faut beaucoup se connaĂźtre. Et moi, je ne me connais mĂȘme pas. En fait, j'ai appris Ă  me connaĂźtre au fur et Ă  mesure des annĂ©es en faisant tous ces projets-lĂ . Et je pense que je n'en suis mĂȘme pas arrivĂ©e Ă ... au tiers.

  • Speaker #0

    Mais tu fais le travail toute seule sur ton introspection ou est-ce que, tu l'as dit, tu avais rencontré une équipe de France, une préparatrice mentale, ça a sûrement pu t'aider. Est-ce que tu as d'autres personnes comme ça qui t'ont aidé à te poser des bonnes questions ?

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait. Moi, je vois un psychologue de maniĂšre rĂ©guliĂšre aussi. Ça fait des annĂ©es. Alors, initialement, c'Ă©tait partie de l'idĂ©e de la prĂ©paration mentale pour le parachutisme. Mais en fait, ça a Ă©voluĂ© Ă©normĂ©ment c'est une exploration aussi une exploration de soi Et c'est trĂšs intĂ©ressant, je trouve que l'exercice est vraiment super et on commence vraiment Ă  se comprendre de mieux en mieux et en fait Ă  se canaliser vraiment dans ce qu'on a envie de faire.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'Ă©tait pour ça aussi qu'on parle d'exploration. Moi, je le voyais surtout sur la partie exploration de soi. C'est lĂ  oĂč chacun d'entre nous, on a un gros travail Ă  faire pour justement canaliser nos peurs, des fois les dĂ©passer pour profiter au maximum de la vie et tout ne sera pas parfait. C'est vrai que des fois, on a des croyances limitantes sur nous-mĂȘmes. Et c'est dommage, en fait. C'est pour ça que je trouvais que c'Ă©tait intĂ©ressant de pouvoir t'inviter et que tu puisses nous partager le tĂ©moignage sur les abysses, l'exploration spatiale, mais aussi sur toi-mĂȘme, parce qu'a priori, c'est le plus gros travail que tu as fait.

  • Speaker #1

    Ah, mais tout Ă  fait. Quand j'Ă©tais enfant, j'Ă©tais trĂšs peureuse. J'avais peur de tout. Je n'osais pas aller Ă  l'Ă©cole. Alors que maintenant, j'adore les Ă©tudes. DĂšs qu'il y a quelque chose qui... qui m'intĂ©resse, je vais y aller. Donc oui, c'est une exploration de soi-mĂȘme. En fait, j'ai toujours Ă©tĂ© cette personne-lĂ , mais elle n'Ă©tait pas forcĂ©ment accessible.

  • Speaker #0

    Tu te réinventes tout le temps. Tu te réinventes, tu t'évolues. Systématiquement, tu te rends plus forte.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vraiment ça, notamment sur la confiance. Parce que moi, je n'avais pas une trĂšs forte confiance en moi. Et je pense qu'il y a beaucoup de femmes et de jeunes filles qui ont ce problĂšme-lĂ . Et en fait, c'est en faisant des petits pas. Petit Ă  petit, on se rend compte, ah ben ça, j'ai rĂ©ussi Ă  le faire. Ah oui, ça aussi. Et en fait, c'est comme ça qu'on prend la confiance aussi. Il y a une interaction vraiment avec l'activitĂ©. Il n'y a pas besoin d'avoir une bonne confiance en soi pour commencer des choses. Ça se nourrit.

  • Speaker #0

    L'un l'autre. Bon, maintenant, ton niveau de confiance en toi, il a dĂ» bien augmenter quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il a augmentĂ©, bien sĂ»r. Ça a aidĂ©, ça a aidĂ©. Surtout sur ce genre de projet-lĂ ,

  • Speaker #0

    bien sĂ»r. C'est vraiment passionnant. En fait, j'aurais 10 000 questions Ă  te poser, aussi bien au niveau du travail que sur chacun des aspects. Mais bon, je ne peux pas le faire parce qu'on a un timing qui est quand mĂȘme limitĂ©. Est-ce que tu as un dernier mot Ă  faire passer ? Ou est-ce que tu as un message ? ou des choses qu'on n'a pas abordĂ©es, que tu penses qu'il aurait fallu aborder ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on a abordĂ© plein de choses lĂ  quand mĂȘme. Oui, non, je ne pense pas que j'ai grand-chose Ă  rajouter, qu'il faut se lancer des fois et apprendre Ă  se connaĂźtre et apprendre ce qu'on a envie de faire en fait, en gĂ©nĂ©ral. On ne sait mĂȘme pas ce qu'on a envie de faire rĂ©ellement, ces passions.

  • Speaker #0

    Mais non, moi je crois que j'ai dépassé 40 ans, je ne sais toujours pas ce que je veux faire dans la vie.

  • Speaker #1

    Mais moi non plus finalement, mĂȘme si je fais plein de choses, Ă  chaque fois j'ai recommencĂ© des Ă©tudes en biologie aussi, c'est vrai que ça on n'en a pas parlĂ© effectivement. Je me suis inscrite Ă  la fac. À Toulouse, lĂ , Ă  Paul Sabatier, je fais une licence en bio parce que le lien avec l'exobiologie, la vie dans l'univers, etc. La vie dans les abysses, tout ça, ça m'intĂ©resse Ă©normĂ©ment. Donc voilĂ , ça c'est pareil. J'ai contactĂ© les personnes de la fac pour voir ce qui Ă©tait possible de faire. Est-ce que je pouvais assister Ă  quelques cours et aprĂšs se lancer petit Ă  petit pour voir comment ça marche.

  • Speaker #0

    Je prends la balle au bout. C'est un super sujet, vraiment. Parce qu'en fait... DĂ©jĂ , tu as un mĂ©tier qui doit ĂȘtre prenant. Tu as deux passions qui, a priori, sont assez chronophages. Et tu arrives quand mĂȘme Ă  trouver le temps de te former. Et souvent, si j'en reviens Ă  mon sujet principal, qui est celui de quand tu n'es pas Ă©panoui dans ton travail, souvent, tu as beaucoup de personnes qui n'osent pas changer parce qu'ils n'ont pas confiance en eux. Ils disent « mais moi, je ne serais pas capable de faire ça » . Ou ils aimeraient bien aller sur n'importe quoi. Quelqu'un qui fait du commerce, ils n'osent pas aller sur du marketing, par exemple. Et je dis « mais forme-toi, en fait » . Maintenant, tu as l'expression de tout ce qui est tuto, tu trouves tout ce que tu veux, tu as des formations gratuites, tu as le CPF qui peut te le financer. Toi, comment tu arrives Ă  gĂ©rer, finalement, avec le peu de temps qui te reste, cet apprentissage-lĂ , ta licence de biologie, comment tu l'intĂšgres dans ton timing ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des « contraintes » de quand est-ce que je peux aller plonger ou pas, par exemple. Mais c'est vrai que la premiĂšre approche, c'Ă©tait d'en discuter avec mon employeur, de dire, effectivement... J'ai regardĂ© s'il y avait des cours du soir d'abord. En l'occurrence, je n'ai pas trouvĂ© de formation qui me plaisait pour ça. Et donc, je vais en cours Ă  l'universitĂ©. C'est vrai qu'au CNES, c'est quand mĂȘme pas mal parce qu'on n'a pas d'horaire fixe qui nous sont imposĂ©s. Donc, on peut se libĂ©rer deux heures et revenir tant qu'on fait les heures dans la journĂ©e. Ça, c'est des choses, il faut le voir avec l'employeur parce qu'il y a potentiellement plein de choses qu'on puisse faire. Et aprĂšs, j'ai des contraintes d'examen, bien sĂ»r, des choses comme ça. Mais aussi avec les enseignants de la fac, j'ai beaucoup discutĂ© pour voir ce qui Ă©tait possible de mettre en place. Je ne vais pas forcĂ©ment au TD, je ne vais pas forcĂ©ment Ă  tout. Et eux, ils m'aident beaucoup aussi dans cette mise en place-lĂ . Donc l'Ă©quipe pĂ©dagogique a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs ouverte Ă  mon parcours qui, effectivement, n'est pas standard.

  • Speaker #0

    Oui, mais surtout que toi, tu fais ça dans une logique. parce que t'es c*** c'est curieuse et que tu as envie d'apprendre. Tout à fait. Tu vois, tu as beaucoup de personnes. Je pense que c'est ça. On a tous du temps. Quand tu vois les statistiques sur le temps que passe chacun d'entre nous sur le téléphone, à Instagram ou des réseaux sociaux, c'est assez fou. Si tu passes deux heures dessus, mais en fait, enlÚve une heure et tu regagnes une heure de temps dans la journée pour apprendre autre chose. Donc, tu vois, je pense que ça peut rentrer pour n'importe qui, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, tout Ă  fait. Et aprĂšs, mĂȘme, ça peut rentrer dans le cadre de la formation continue avec son employeur aussi, par exemple. Il y a des choses qui certainement peuvent se mettre en place, Ă  voir avec CRH, bien sĂ»r. Mais moi, c'est ce que j'ai discutĂ© avec eux. Ils ont Ă©tĂ© trĂšs ouverts lĂ -dessus.

  • Speaker #0

    De toute façon, on a vu les séries, tu ne perds pas de temps, tu les regardes en profondeur. Voilà, exactement. On est tranquille sur ce timing-là. Tu devrais faire des masterclass sur comment organiser son temps.

  • Speaker #1

    C'est un peu la course des fois, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Tu te reposes des fois quand mĂȘme. Est-ce que tu as des week-ends ou tu ne fais rien ?

  • Speaker #1

    Alors, rien du tout, non.

  • Speaker #0

    Je fais toujours quelque chose.

  • Speaker #1

    Mais voilĂ , je vais, par exemple, travailler ma bio. Ça, ça m'arrive aussi. Je vais me prendre des week-ends oĂč je ne vais pas avoir d'activitĂ© physique, mais plus mentale. Je pense qu'il y a besoin un peu des deux. Donc, j'aime bien switcher de l'un Ă  l'autre. Ça repose soit le corps, soit l'esprit. Et du coup, ça aide Ă  avancer comme ça, je pense.

  • Speaker #0

    Parfait. Super sujet. Donc, merci beaucoup, franchement, GaĂ«lle, d'ĂȘtre venue, d'avoir pris le temps de venir faire l'enregistrement parce qu'on t'a Ă©liminĂ©. C'est vraiment passionnant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est super, la discussion.

  • Speaker #0

    Je te remercie d'avoir Ă©coutĂ© cet Ă©pisode en entier. Si ce podcast t'a inspirĂ©, aide-moi Ă  le faire grandir. Écris-moi directement sur LinkedIn, Ă  Sylvain Lazaro, ou sur Instagram, et si tu oses des podcasts, partage-moi tes questions, tes idĂ©es, ou mĂȘme les noms des personnes inspirantes que tu connais et que tu aimerais que j'interviewe. Mets une note sur ton application de podcast, et surtout, parle-en autour de toi. Ensemble, on peut prouver que changer de vie, c'est possible et que c'est accessible Ă  chacun d'entre nous. À trĂšs vite pour un nouvel Ă©pisode.

Description

đŸ’„ Descendre Ă  222 mĂštres sous l’eau. Battre un record du monde. Sauter en parachute Ă  haut niveau. Travailler dans le spatial.
Ça pourrait ressembler Ă  une sĂ©rie Netflix, mais c’est la vraie vie de GaĂ«lle Giesen.


đŸ‘©â€đŸš€ Astrophysicienne au CNES, vice-championne du monde de parachutisme, dĂ©tentrice du record mondial fĂ©minin de plongĂ©e technique Ă  222 mĂštres, elle explore les extrĂȘmes : dans l’espace, dans les airs, sous l’eau
 et en elle-mĂȘme.


🎯 Mais GaĂ«lle, c’est bien plus qu’une aventuriĂšre.


C’est une femme qui a appris Ă  oser, sans jamais brĂ»ler les Ă©tapes, petit pas par petit pas.

Une femme qui construit ses défis comme on construit une carriÚre : avec méthode, rigueur et curiosité.


💡 Ce que tu vas retenir de cet Ă©pisode ?
Que la peur de l’inconnu– celle qui nous paralyse avant un changement de vie, une reconversion ou un nouveau projet – n’est pas une fatalitĂ©.
GaĂ«lle nous montre que tout est une question de prĂ©paration, de petits pas, d’entreaides et de connaissance de soi.


📌 Dans cet Ă©pisode, GaĂ«lle partage :

✔ Son job passion dans l’aĂ©rospatial, entre rigueur scientifique et Ă©merveillement
✔ Comment elle est passĂ©e de dĂ©butante Ă  sportive de haut niveau, en parachutisme puis en plongĂ©e
✔ La prĂ©paration mentale extrĂȘme qu’exige un record Ă  222 m
 oĂč la moindre erreur peut coĂ»ter la vie
✔ Ses techniques pour gĂ©rer le stress, la peur, la concentration – dans l’eau comme dans la vie
✔ Pourquoi l’exploration de soi est sĂ»rement l’exploration la plus difficile


🎯 Un Ă©pisode pour :

🚀 Ceux qui rĂȘvent de se rĂ©inventer ou de se lancer dans un projet unique
💡 Celles et ceux qui veulent aligner travail, passion et apprentissage continu
🌊 Ceux qui ont peur de l’inconnu
 mais qui sentent qu’il est temps d’oser
📚 Les curieux, les explorateurs du quotidien


⏱ Les moments clĂ©s :

  • PrĂ©sentation de GaĂ«lle : spatial, parachutisme, plongĂ©e

  • Le rĂȘve d’enfant devenu rĂ©alitĂ© : travailler dans le spatial

  • Ses dĂ©buts dans les sports extrĂȘmes : de la curiositĂ© au haut niveau

  • Le projet du record du monde de plongĂ©e : 1 an et demi de prĂ©paration

  • GĂ©rer le danger, la peur et les Ă©motions : les vraies clĂ©s de la performance

  • Ce que les sports extrĂȘmes lui ont appris sur la vie professionnelle

  • Comment elle organise sa vie pour tout concilier (et souffler un peu !)

  • Ses conseils pour avancer Ă  petits pas vers ses rĂȘves

  • Son retour Ă  l’universitĂ© pour
 Ă©tudier la biologie

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Transcription

  • Speaker #0

    Plus de 3 millions de français se disent malheureux au travail. Mais bonne nouvelle, ce n'est pas une fatalité. Si chaque matin, la flamme n'est plus là, si les journées au travail te semblent interminables et que tu te demandes « mais qu'est-ce que je fous là ? » alors ce podcast est fait pour toi. Et si tu osais, c'est un shoot de motivation et d'inspiration. Je m'appelle Sylvain et sur ce podcast, je reçois des personnes comme toi et moi. Des gens normaux, avec des métiers accessibles. Leur point commun, ils ont osé changer de vie. Ils ont pris leur courage à deux mains et ils sont... passer à l'action. Ils vont partager avec toi leurs histoires, leurs conseils et leurs meilleures astuces pour te prouver que, toi aussi, c'est possible. Allez, c'est parti ! Aujourd'hui, c'est un épisode trÚs spécial pour moi parce que je vais sortir de ma zone de confort. Sur tous les premiers enregistrements et tous les premiers épisodes, on a beaucoup parlé de quand on change de métier, de sauter dans l'inconnu, cette peur du vide. Aujourd'hui, j'ai invité une spécialiste du sujet. Elle s'appelle Gaëlle, elle a un parcours hors normes, un métier qui cultive l'exploration spatiale et puis aprÚs dans sa vie perso elle est passionnée par justement de ce cÎté exploration aller je pense au bout de soi. Donc je suis ravi d'accueillir Gaëlle aujourd'hui. Bienvenue Gaëlle. Merci. Merci surtout d'avoir pris le temps dans ton agenda qui a l'air millimétré de venir partager ton expérience avec moi et avec les personnes qui nous suivent.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Je voulais te laisser te présenter et comme je te l'ai dit avant de commencer j'ai une question que j'ai trop envie de te poser c'est quand on te dit qu'est ce que tu fais dans la vie tu réponds quoi ?

  • Speaker #1

    En général, je réponds plein de choses, ce qui n'est pas faux. Et aprÚs, je rentre un peu plus dans le détail. Mais effectivement, au début, je vais dire ça.

  • Speaker #0

    Parce que lĂ , on a une heure. Donc, pour te prĂ©senter en moins d'une heure, ça serait cool. Pour qu'on puisse explorer toutes ces choses-lĂ . Mais tu viens d'oĂč ? Je n'ai mĂȘme pas prĂ©sentĂ© ce que tu faisais. Donc, peut-ĂȘtre que tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    Oui, alors d'oĂč je viens dĂ©jĂ  ? Je viens de Suisse, en fait. Donc, ça, il y a plein de gens qui ne le savent pas forcĂ©ment. Donc, je suis nĂ©e en Suisse. Et j'habite en France depuis 2012. Je travaille au CNES. Ça, c'est quelque chose que j'aime bien dire, effectivement, tout ce cĂŽtĂ© exploration spatiale. Je travaille sur des missions scientifiques. Et ensuite, je suis Ă©galement parachutiste et plongeuse. Et je pense que ça, on va en parler un peu plus aprĂšs.

  • Speaker #0

    Ouais, on va en parler de tout ça. Donc, tu ne l'as pas dit, mais tu es vice-championne du monde de parachutisme et tu as battu un record du monde féminin de descente en plongée technique, donc à 222 mÚtres sous l'eau.

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait, exactement.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. DĂ©jĂ  pour ça. Et peut-ĂȘtre qu'on peut commencer par... par la partie professionnelle. Tu bosses au CNES, tu es docteur en astrophysique. Ça consiste en quoi ? Quels sont les projets sur lesquels tu bosses au quotidien ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait des études d'astrophysique. Et aujourd'hui, au CNES, je travaille sur des missions astrophysiques. Donc, un peu plus sur le cÎté ingénierie. Comment est-ce qu'on va mettre en place ces missions-là ? Aujourd'hui, j'ai deux missions principales. Une qui s'appelle Ariel et l'autre qui s'appelle Dragonfly. Alors, Ariel, ce n'est pas la petite sirÚne.

  • Speaker #0

    Il y a un lien quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il y a un petit lien, effectivement. Ariel, c'est une mission de l'ESA, de l'Agence Spatiale Européenne, avec une contribution française importante, qui va étudier les exoplanÚtes et les atmosphÚres des exoplanÚtes, pour savoir s'il y a des traces de vie, par exemple, sur des planÚtes qui sont lointaines.

  • Speaker #0

    Et sur Dragonfly, c'Ă©tait un petit peu la mĂȘme chose. Je reviens un petit peu avant de te recevoir, ce que c'Ă©tait. Vous voulez envoyer un mini-satellite, si je m'ai compris, de la taille d'un robot ?

  • Speaker #1

    Ouais, d'une Twingo, c'est ça. En fait, Dragonfly, c'est une mission de la NASA cette fois-ci. C'est aussi avec une contribution française importante. Et c'est un drone, en fait. Il va voler sur Titan. Titan, c'est une lune de Saturne. Donc ça, ça reste dans notre systÚme solaire. Et aussi également pour aller faire de la biochimie et détecter la vie.

  • Speaker #0

    On est quand mĂȘme sur un podcast qui traite beaucoup de l'Ă©panouissement au travail. C'est un job que tu kiffes.

  • Speaker #1

    Ah oui, j'adore. J'adore tout ça, oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Ça fait 7 ans que tu es au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. AprÚs ma thÚse, j'ai travaillé au CNES, sur différents postes, mais effectivement, ça fait un certain moment que j'y suis.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est un univers qui est trÚs loin pour moi, ce qui est aérospatial. Est-ce qu'on peut s'ennuyer dans son quotidien quand on fait des recherches comme ça ? Est-ce que tu as une routine quand tu bosses sur cet univers-là ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'on peut un petit peu s'ennuyer dans le sens oĂč les tĂąches quotidiennes... Elles sont assez rĂ©pĂ©titives, on va faire des fichiers Excel, on va faire du Word, enfin un peu comme tout le monde finalement. Mais c'est vrai que dĂšs qu'on se rappelle pourquoi est-ce qu'on est en train de faire ça, on se remotive trĂšs rapidement.

  • Speaker #0

    Ce job-là, tu l'avais ambitionné depuis toute petite ? Comment tu en es arrivé là ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai Ă©tĂ© fascinĂ©e vraiment par l'univers. Je pense quand je suis venue ici Ă  Toulouse, quand j'avais 11 ans, Ă  la CitĂ© de l'Espace. J'ai eu une fascination pour tout ce qui est spatial. et l'exploration de notre univers, d'oĂč les Ă©tudes aprĂšs en physique, en astrophysique plus particuliĂšrement. Et effectivement, maintenant, je pense que c'est trĂšs intĂ©ressant le poste que j'ai, parce que je travaille avec des scientifiques et avec des ingĂ©nieurs. Je suis un peu entre les deux Ă  essayer de faire en sorte que ces missions fonctionnent.

  • Speaker #0

    Trop bien. Job international, par essence ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui, et justement, on est en collaboration. La France collabore énormément avec d'autres agences spatiales. l'ESA, la NASA dont je parlais, mais également avec la Chine, avec le Japon. Enfin voilà, beaucoup d'agences spatiales.

  • Speaker #0

    Et toi, au final, tu te déplaces beaucoup ? Tu restes beaucoup sur Toulouse ou tu peux aller te balader un petit peu ?

  • Speaker #1

    On peut beaucoup se déplacer, oui, effectivement. Alors moi, aujourd'hui, je reste plutÎt en France. Je me déplace beaucoup en France, mais c'est vrai qu'on peut avoir un peu de tout.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si tu allais combiner, en fait, dans ton organisation perso, si tu allais combiner le pro et le perso, parce que donc... Tes passions, c'est l'espoir extrĂȘme un peu. Comment c'est nĂ© cette passion pour le parachutisme ou la plongĂ©e ? Parce qu'en Suisse, la mer, c'est pas trop le truc.

  • Speaker #1

    C'est venu Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps, je pense. Quand j'avais 19 ans, j'avais envie d'explorer, je pense. Tout comme l'univers, j'avais envie d'explorer notre planĂšte, tous les milieux qui existent. En fait, je suis trĂšs curieuse, j'ai envie d'aller voir. Donc voilĂ , c'est comme ça que j'ai testĂ© le parachutisme et la plongĂ©e. Et je savais tout de suite que j'allais faire ça toute ma vie.

  • Speaker #0

    parce que Tes parents, je ne sais pas quel métier ils exercent. Est-ce qu'ils t'ont un peu amené là-dedans ? Ou est-ce que c'est un univers qui leur était étranger ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment. Mes parents aimaient beaucoup voyager. J'ai beaucoup voyagé quand j'étais enfant. On allait beaucoup à la mer. Effectivement, je savais nager assez tÎt, etc. Mais c'est vrai qu'ils ne font pas particuliÚrement de plongée. Le parachutisme, ils n'en avaient vraiment pas entendu parler. Ils n'y avaient pas du tout pensé. Ils ont été trÚs surpris quand j'ai commencé à pratiquer.

  • Speaker #0

    Parce que t'as commencé à 19 ans ? le parachutisme.

  • Speaker #1

    La plongée aussi, je crois que c'était à quelques mois d'intervalle.

  • Speaker #0

    On fait une quĂȘte d'exploration. Toi, tu vas dans l'espace, tu vas dans les profondeurs, tu es une vraie exploratrice. Est-ce que tu ne pourrais pas te dĂ©finir comme ça, d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je suis une exploratrice, mais en tout cas, j'ai un sens pour l'exploration. Souvent,

  • Speaker #0

    on se dit que c'est réservé à une élite, ces sports-là. Est-ce que c'est le cas ? Ou est-ce que c'est accessible à tout le monde ?

  • Speaker #1

    Je pense que, justement, il y a trĂšs peu d'informations sur le fait que c'est accessible, finalement. et moi c'est un peu ça c'est que Tout est venu petit Ă  petit, mais quand j'ai dĂ©butĂ©, jamais je n'aurais imaginĂ© tout ce que je fais aujourd'hui. MĂȘme je ne savais mĂȘme pas que ça existait, la plongĂ©e technique par exemple. Je ne savais pas que ça existait quand j'ai commencĂ© la plongĂ©e. Et c'est que petit Ă  petit, en discutant avec les personnes, que je me suis rendu compte qu'effectivement ça existait, que c'Ă©tait possible, qu'on pouvait ĂȘtre formĂ© Ă  ça. Donc finalement, oui, c'est possible.

  • Speaker #0

    Tu t'es prise au jeu du truc. S'il y a des personnes qui nous Ă©coutent, parce que ce que toi tu disais, c'est ce qui m'avait beaucoup plu avant de t'inviter. Tu dis, je vais vous montrer que tout ce que je fais, c'est accessible Ă  toutes et Ă  tous, dĂšs le plus jeune Ăąge. Donc, si des personnes nous Ă©coutent et qu'elles ont envie de dĂ©couvrir une nouvelle discipline, admettons la plongĂ©e, ça commence comment ? Ça commence en vacances. Tu peux faire ne serait-ce qu'un stage de plongĂ©e. Est-ce que ça peut commencer chez toi, dans des piscines ? Ah oui,

  • Speaker #1

    alors un peu partout, effectivement. Donc, en fonction de lĂ  oĂč on habite, on peut commencer en piscine, si on n'est pas Ă  la mer. Et puis ensuite, on part pour un week-end prolongĂ© Ă  la mer. Et comme ça, on termine son niveau 1, par exemple. en mer MĂ©diterranĂ©e. VoilĂ , moi, c'est ce que j'avais fait. Donc, ça marche trĂšs bien. Ensuite, on continue Ă  entretenir en plongeant en piscine de temps en temps. Et puis, quand on peut, on se dĂ©place et on va Ă  la mer.

  • Speaker #0

    Toi, t'as commencĂ© par le cĂŽtĂ© passion et t'as franchi le step de passer du cĂŽtĂ© un peu amateur oĂč je prends mon petit plaisir sur mon sport Ă  intĂ©grer du sport de haut niveau. Parce que t'es quand mĂȘme dans une quĂȘte de performance, finalement. Que ça soit sur le parachutisme, quand on fait vice-champion du monde, c'est qu'on est quand mĂȘme dans l'aspect de compĂšte. et mĂȘme sur le record du monde que tu as battu. T'as cette envie d'aller chercher plus loin, c'est par rapport Ă  toi, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait. Alors, il y a deux choses. Le parachutisme, effectivement, c'est venu petit Ă  petit. Et aussi, c'est un peu la mĂȘme chose, je n'imaginais jamais faire des compĂ©titions internationales. Et puis, en fait, j'ai pu en faire et je trouve ça incroyable. Et lĂ , effectivement, c'est un sport de haut niveau. C'est reconnu comme tel par le ministĂšre des Sports en France. Donc, effectivement, j'ai pu intĂ©grer... tous les dispositifs qui existent aujourd'hui en France qui sont liĂ©s Ă  ça. Donc on a des budgets fĂ©dĂ©raux, etc. Donc c'est la FĂ©dĂ©ration française de parachutisme qui est trĂšs active lĂ -dedans. Et Ă  cĂŽtĂ© de ça, la plongĂ©e. Alors la plongĂ©e, pour moi, c'Ă©tait toujours une petite frustration. En fait, quand je pratiquais la plongĂ©e, j'avais envie d'aller voir plus loin et plus profond. Je pratiquais les deux en parallĂšle. Le parachutisme a pris beaucoup de place dans ma vie perso. quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France, forcĂ©ment. Je faisais un peu de plongĂ©e, mais je me disais toujours j'aimerais bien aller un peu plus loin, j'ai envie d'aller voir ce qu'il y a lĂ  en bas. Le problĂšme pour toi,

  • Speaker #0

    c'est la profondeur ?

  • Speaker #1

    Oui, moi j'ai toujours été absolument fascinée par la profondeur. Et n'importe qui qui a plongé avec moi vous le dira, à chaque fois, moi je voulais aller voir plus bas.

  • Speaker #0

    Là, tu es allée voir trÚs bas.

  • Speaker #1

    Je suis allĂ©e voir trĂšs bas, voilĂ . Pas encore, il y a peut-ĂȘtre plus loin, mais en tout cas, oui, je suis allĂ©e voir trĂšs bas.

  • Speaker #0

    Comment tu te dis, je vais battre un record du monde,

  • Speaker #1

    je vais aller Ă  222 mĂštres ? quand j'ai fait des plongĂ©es sur une super belle Ă©pave qui s'appelle le Haven Ă  GĂȘnes, en Italie. Et lĂ , c'Ă©tait les premiĂšres plongĂ©es vraiment engagĂ©es, on va dire, dans le sens oĂč c'est une plongĂ©e qui va Ă  80 mĂštres, on va rester deux heures dans l'eau. VoilĂ , ça commençait dĂ©jĂ  Ă  ĂȘtre consĂ©quent. Et lĂ , je me sentais... trĂšs, trĂšs bien. Dans le sens oĂč je sortais aprĂšs deux heures, mais je sentais que je pouvais y rester encore bien plus longtemps, finalement. Et c'est lĂ  que j'ai commencĂ© un peu Ă  me poser la question, mais en fait, c'est quoi la limite, finalement ? Parce que lĂ , bon, je viens de faire 80 mĂštres, mais jusqu'oĂč est-ce qu'on peut aller ? Et j'ai un peu regardĂ© les records. Alors, ce qu'on voyait, c'est que les records masculins, ils Ă©taient bien au-delĂ  de 300 mĂštres. On a trois personnes, trois Français d'ailleurs, qui sont descendus au-delĂ  de 300 mĂštres. Et les records fĂ©minins, ils Ă©taient bien, bien plus hauts. Il y avait un record du monde fĂ©minin Ă  198 mĂštres en mer, ce qui est dĂ©jĂ  beaucoup, bien sĂ»r. Mais disons que la barre psychologique des 200 n'avait pas Ă©tĂ© passĂ©e. Et lĂ , je me suis dit, ça, c'est un truc que j'aimerais faire.

  • Speaker #0

    Toi, tu as besoin d'aller Ă  la limite, en fait, de ce que ton corps peut faire ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça. J'ai envie de découvrir, en fait. Oui, je pense que j'aime bien jouer avec la limite, effectivement, et la repousser,

  • Speaker #0

    surtout. Moi, je ne maĂźtrise pas du tout le truc, mais combien de temps ça te prend ? J'imagine que tu ne te lances pas d'un jour... Le jour le lendemain, en te disant, vas-y, je vais descendre Ă  222 mĂštres, tu dois avoir un temps de prĂ©paration qui est Ă©norme, ça va ĂȘtre une organisation sans faille, t'es sĂ»rement pas toute seule pour faire tout ça. De ce que j'ai cru comprendre, t'as mĂȘme des personnes qui t'accompagnent sous l'eau, sur l'eau. Comment tu mĂšnes Ă  bien un projet comme ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi, ça m'a pris un an et demi, Ă  partir du moment oĂč j'ai dĂ©cidĂ© de le faire. Donc encore une fois, dĂ©jĂ , je faisais des plongĂ©es Ă  80 mĂštres de deux heures. Donc tout ça, ça m'a pris 15 ans, finalement. À le faire. Si on prend vraiment en compte tout ce que j'ai fait, ça m'a pris 15 ans. Mais voilĂ , dĂšs le moment oĂč je me suis vraiment dit, bon, je me consacre Ă  fond lĂ -dessus, ça m'a pris un an et demi, ce qui est assez rapide, bien sĂ»r. Mais voilĂ , toutes les plongĂ©es que je faisais Ă©taient spĂ©cifiquement pour prĂ©parer ça. J'Ă©tais effectivement accompagnĂ©e. C'est vrai qu'il faut essayer de comprendre de quoi est-ce qu'on a besoin en termes de compĂ©tences pour aller Ă  cette profondeur-lĂ  et aller la chercher auprĂšs des bonnes personnes, finalement.

  • Speaker #0

    Et ces bonnes personnes, c'est qui ?

  • Speaker #1

    C'est beaucoup de gens. parce qu'il y a diffĂ©rents types de compĂ©tences. DĂ©jĂ , comme je disais, il y a trois Français qui sont descendus Ă  plus de 300 mĂštres. Donc dĂ©jĂ , rien que discuter avec eux, comment eux, ils ont fait, quel Ă©tait leur profil de dĂ©compression, toutes ces choses-lĂ , prendre vraiment leur maximum d'informations de leur part. Ça, c'est dĂ©jĂ  quelque chose d'important. Ensuite, j'avais un binĂŽme avec lequel je plongeais dĂ©jĂ  depuis 10 ans, qui avait Ă©tĂ© lui-mĂȘme dĂ©jĂ  Ă  plus de 250 mĂštres. Et donc, on a travaillĂ© ensemble tout le long. Il y avait aussi des compĂ©tences trĂšs spĂ©cifiques, par exemple de flottabilitĂ©, de rester bien stable dans l'eau. Et ça, les meilleurs au monde, c'est au Mexique. Les personnes qui plongent au Mexique, dans les CĂ©notes, parce qu'en fait, lĂ -bas, c'est l'environnement qui le veut. S'ils mettent un coup de palme, en fait, il y a de la poussiĂšre calcaire qui est dĂ©posĂ©e au fond. Et si on met un coup de palme lĂ -dedans, on ne voit plus rien d'un coup. Donc, ils ont vraiment perfectionnĂ©. cette capacitĂ© Ă  avoir une bonne flottabilitĂ©. Donc je suis allĂ©e deux fois dans les un an et demi de prĂ©paration, je suis allĂ©e deux fois au Mexique pour faire des cours trĂšs spĂ©cifiques avec ces personnes-lĂ .

  • Speaker #0

    Donc du coup, tu vas avoir de la compétence, tu vas avoir du matériel, tu vas avoir aussi du financier parce que comment tu finances un projet comme ça d'ailleurs ? Parce que tu dois aller au Mexique deux fois, tu dois avoir le matos, c'est un sport qui n'est pas trÚs connu, donc j'imagine que les financements ne sont pas non plus... ils ne plaivent pas. Comment tu t'es organisée sur ce thÚme-là ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que c'est assez compliquĂ©. C'Ă©tait principalement de l'autofinancement. Mais j'ai eu un peu d'aide. J'ai eu une aide de la part du CNES et notamment du projet Ariel, justement, parce qu'on parle d'exploration et ça leur parlait totalement. Donc, j'ai eu une aide financiĂšre de la part du CNES et aprĂšs, des sponsors qui me prĂȘtent du matĂ©riel. C'est principalement ça. Donc, par exemple, j'ai travaillĂ© avec un fabricant de scooters sous-marins pour avoir un scooter qui puisse aller au-delĂ  de 200 mĂštres parce que la plupart du matĂ©riel n'Ă©tait pas qualifiĂ© pour ces profondeurs-lĂ  aussi.

  • Speaker #0

    Oui, le conduit sur mesure au final.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et mĂȘme le jour J, tu dois avoir une Ă©quipe mĂ©dicale, tu dois avoir un bateau. Combien de personnes le jour J pour t'aider ?

  • Speaker #1

    On était aux alentours de 10-15 personnes au total. Donc j'avais mon binÎme qui est descendu avec moi, avec lequel on a tout préparé ensemble. Il est descendu avec moi au fond. AprÚs, j'avais un plongeur de sécurité qui nous attendait à 120 mÚtres. Donc si on avait un problÚme, il pouvait nous assister. Des plongeurs entre 20 et 30 mÚtres qui nous attendaient là plus pour nous décharger du matériel ou nous apporter ce dont on avait besoin. Et effectivement, en cas de besoin, pouvoir rapidement agir. Et qu'ils puissent faire la navette avec la surface. Qu'ils puissent dire aux gens en surface ce qui se passait. Et effectivement, sur le bateau, encore toute une équipe, une équipe médicale, avec des infirmiers hyper-bars, effectivement, qui avaient de l'oxygÚne, etc. Tout ça. Des pilotes de bateau. Et le caisson aussi, à Marseille, qui était prévenu. Le caisson hyper-bar qu'on allait faire. un truc pas trÚs intelligent.

  • Speaker #0

    Une fille qui est docteure en astrophysique va faire des trucs pas trĂšs intelligents, c'est un peu cocasse. Oui,

  • Speaker #1

    aprÚs, voilà, c'est pas forcément le type de plongée qu'on recommande.

  • Speaker #0

    Ce qui est drÎle, finalement, c'est que t'as deux passions. T'en as une, c'est sauter d'un avion à toute vitesse. On est sur de la chute libre, donc là, c'est que de la vitesse. Et moi, j'y connais rien. Je suis vraiment pas initié à la plongée. Mais t'as des sasses pour descendre. Tu mets un certain temps pour descendre et pour remonter, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Surtout pour remonter en fait.

  • Speaker #0

    C'est plus l'éloge de la patience finalement. La plongée, donc tu es sur deux univers qui sont un peu contradictoires ?

  • Speaker #1

    Pas tant que ça, je trouve justement pour moi que c'est un peu la mĂȘme chose. En fait, la descente, c'est assez rapide. Alors, ce n'est pas de l'ordre de grandeur d'une chute libre, bien sĂ»r, mais la descente, ça m'a pris 14 minutes pour arriver en bas. La descente, on peut y aller aussi vite qu'on peut. Physiologiquement, il n'y a pas besoin de faire des paliers ou quoi que ce soit. La descente, c'est assez rapide. Et lĂ , il faut ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant un court instant. Et ça, pour moi, ça ressemble beaucoup au parachutisme. On va ĂȘtre trĂšs... Pendant le parachutisme et pendant tout un saut ou pendant une performance sportive, on va ĂȘtre trĂšs concentrĂ© pendant une minute, deux minutes. Et c'Ă©tait Ă  peu prĂšs ça aussi pendant la descente. On avait des moments critiques Ă  partir du moment oĂč on arrive Ă  la profondeur Ă  laquelle on voulait atteindre. C'est lĂ  que le risque est le plus Ă©levĂ©. On a une dĂ©faillance matĂ©rielle, qu'on ne se sent pas bien, qu'on a des effets physiologiques. Donc il y avait tout ce moment-lĂ  et le dĂ©but de la remontĂ©e lĂ  oĂč il fallait ĂȘtre extrĂȘmement concentrĂ©. Et aprĂšs, bon. Ça peut se relĂącher un peu parce que la plongĂ©e a durĂ© 4h30, donc on ne va pas rester concentrĂ© Ă  fond pendant 4h30, effectivement. Et aprĂšs, on peut un peu se relĂącher,

  • Speaker #0

    oui. J'ai cru comprendre que tu étais resté un certain à 6 mÚtres pendant 1h40.

  • Speaker #1

    Tout à fait, le dernier palier à 6 mÚtres. J'ai commencé les paliers à 80 mÚtres. Donc là, les tout premiers, ça dure une minute. Et aprÚs, ils se rallongent de plus en plus. C'est tous les 3 mÚtres. Les 3 mÚtres, donc j'en ai fait 25 au total. Et le dernier à 6 mÚtres, effectivement, il a duré 1h40.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi pendant 1h40 ? T'es seule avec toi-mĂȘme finalement sur ce temps-lĂ  ? Oui,

  • Speaker #1

    alors je suis avec mon binĂŽme, avec quelques plongeurs qui viennent nous assister, ils nous tiennent compagnie aussi. Mais alors honnĂȘtement, on peut faire plein de choses. Moi, on peut boire, on peut manger. Moi, je regarde des films. Tu regardes des films sous l'eau ? Ouais, je regarde des films sous l'eau. Et d'ailleurs, tous les plongeurs qui restent trĂšs longtemps en gĂ©nĂ©ral le font.

  • Speaker #0

    Tu recommandes une série à regarder à 80 mÚtres de profondeur ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas, oui. Alors moi, j'ai regardĂ© Dune. en fait, ce qui Ă©tait assez insolite parce que finalement je regardais un film oĂč les gens Ă©taient dans un dĂ©sert absolu, ils cherchaient l'eau alors que moi j'Ă©tais dans l'eau mais il y avait des points communs aussi, c'Ă©tait assez insolite sur le moment, ça faisait un sentiment assez particulier de regarder d'une

  • Speaker #0

    Ton expérience elle est vraiment folle d'autant plus pour moi qui ai peur de tous ces sports là comment ça se passe quand t'es à 200 mÚtres avec un 200 mÚtres de flotte au dessus de toi, c'est quoi, c'est tout sombre ? Il fait frais. C'est quoi les sensations que tu peux avoir ?

  • Speaker #1

    Il fait sombre, oui. Mais on descend avec des lumiĂšres. On emmĂšne quand mĂȘme beaucoup de lumiĂšre. Donc, on voit ce qu'on fait. Il fait froid, oui, plus qu'Ă  la surface. Mais bon, en MĂ©diterranĂ©e, ça ne descend pas beaucoup plus bas que 12-13 degrĂ©s dans l'eau. Donc, ça va. AprĂšs, on a l'Ă©quipement pour. On a des combinaisons Ă©tanches, des chauffages intĂ©grĂ©s. Enfin, voilĂ , on a quand mĂȘme tout ce qu'il faut. Mais en fait, c'est surtout... Si mon ordinateur de me plonger ne me disait pas que j'Ă©tais Ă  200 mĂštres, je ne le savais pas. Physiologiquement, je ne sentais aucun effet. Il y en a qui existent, des effets, mais qui interviennent un peu plus bas. Des effets physiologiques, mais lĂ , je n'en avais pas particuliĂšrement, finalement. Et c'est juste la prise de conscience, effectivement, de se dire, lĂ , on a 200 mĂštres au-dessus de la tĂȘte d'eau.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as quand mĂȘme une grosse partie de gestion d'Ă©motions. Comment tu te prĂ©pares mentalement, que ce soit en parachute ou que ce soit sur des plongĂ©es ? Comme ça, tu as des risques qui sont avĂ©rĂ©s, finalement. Tu disais, en fait, le danger, c'est juste un indicateur. Et en fait, il faut que je sois alerte sur l'ensemble de mon corps pour voir comment il rĂ©agit. Comment tu travailles ta concentration, tous ces sujets-lĂ  ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais travaillĂ© avec une prĂ©paratrice mentale quand j'Ă©tais en Ă©quipe de France de parachutisme. Donc lĂ , c'Ă©tait vraiment trĂšs axĂ© performance. Et en fait, tous ces outils-lĂ , j'ai pu vraiment les retranscrire directement dans la plongĂ©e. Donc notamment en parachutisme, on va... Ă©normĂ©ment travaillĂ© la visualisation parce que vu que c'est des sauts qui sont trĂšs courts, il faut les prĂ©parer vraiment en amont mentalement comme si on les avait dĂ©jĂ  faits pour pouvoir les rĂ©pĂ©ter au mieux. Et donc en plongĂ©e aussi, j'avais vraiment visualisĂ© avoir des problĂšmes techniques Ă  plus de 200 mĂštres. Je m'Ă©tais mis dans un Ă©tat Ă©motionnel dans lequel j'Ă©tais lĂ  au fond et j'ai des soucis, comment je rĂ©agis, pour l'avoir dĂ©jĂ  fait une fois, mĂȘme si on ne l'a jamais fait. Mais on peut simuler ça dans son cerveau.

  • Speaker #0

    Donc tu as déjà préparé tout ce qui pourrait potentiellement t'arriver. Exact. Et qu'est-ce que je dois faire à ce moment-là ? Et toi, il faut que tu restes le plus lucide possible systématiquement. Donc en fait, est-ce que tu as le temps d'avoir peur ?

  • Speaker #1

    Un petit peu, oui. Alors, on a peur. Et c'est, je pense, absolument nĂ©cessaire. Sinon, on ne sait pas ce qu'on est en train de faire si on n'a pas peur. Par contre, ce n'est pas une peur qui fige. C'est une peur qu'on peut canaliser justement, qui va nous donner l'Ă©nergie et qui va nous donner ce sens de l'attention extrĂȘme en fait. Quand on est aussi profond, justement, tu le disais, on va vraiment ĂȘtre alerte Ă  tous les signaux, que ce soit du matĂ©riel ou de soi-mĂȘme. Et ça, ça demande une concentration vraiment trĂšs importante. Et pour ça, il faut cette adrĂ©naline, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu le matérialises quand tu dis, je vois si tout fonctionne bien, c'est-à-dire que tu vas sentir un peu comme dans la méditation, tu vas sentir le bout de ton pied.

  • Speaker #1

    Exactement, on va sentir, on va se connecter vraiment Ă  toutes les parties du corps. On va scanner le corps pour voir si on ressent quelque chose de bizarre.

  • Speaker #0

    Et ça, ce que tu fais, que tu pratiques toi dans un sport extrĂȘme sur un record du monde, est-ce que tu le pratiques aussi chez toi, Ă  domicile ? Est-ce que tu fais de la mĂ©ditation ? Est-ce que tu as des pratiques comme ça que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est super de faire ça parce qu'on a une conscience de son corps qui est vraiment trÚs intéressante dans la vie de tous les jours finalement. Quand on commence à stresser parce qu'on a reçu un mail un petit peu agressif par exemple, des choses comme ça. C'est trÚs intéressant justement de se rendre compte de ce qui se passe dans notre corps et pour mieux gérer en fait. Donc oui, tout à fait, la méditation et surtout tout ce qui est pleine conscience.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'au travail, tu es stressée ? ça t'arrive ? On peut te... Te sortir de ta concentration au boulot, c'est possible ? Oui, oui. On arrive à t'énerver ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r. Bien sĂ»r qu'on arrive Ă  m'Ă©nerver. Bien sĂ»r. En fait, oui. Mais bon, c'est diffĂ©remment. Ça va ĂȘtre plus sur des aspects humains qui vont ĂȘtre difficiles Ă  gĂ©rer. Alors que lĂ , le matĂ©riel, ça ne me pose aucun problĂšme, on va dire.

  • Speaker #0

    Tu reprends les techniques de ton sport de haut niveau au travail, au CNES ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah mais tout Ă  fait. Tout Ă  fait. Justement, comme je le disais, cet effet de pleine conscience, de pouvoir se... se calmer, respirer, se demander Ă  chaque fois. C'est important de se dire, d'analyser le problĂšme sur le moment, d'avoir cet effet un peu sans Ă©motion, en fait. Enlever l'Ă©motion, ça peut ĂȘtre utile, mĂȘme s'il faut la vivre, bien sĂ»r, mais pouvoir analyser les choses, tout Ă  fait.

  • Speaker #0

    C'est hyper intĂ©ressant, et c'est aussi pour ça que je voulais absolument te faire venir ici, c'est que, tu vois, dans le monde du travail, notamment dans les entreprises privĂ©es, on a sans cesse un cas de performance. notamment en ce moment avec la bourse qui fluctue c'est une incertitude politique une incertitude Ă©conomique donc tout le monde est Ă  fleur de peau on nous demandera toujours plus parce qu'il faut avoir du rĂ©sultat il faut ĂȘtre performant et ça fait peur Ă  beaucoup de collaborateurs et on le voit la santĂ© mentale elle est touchĂ©e actuellement, c'est le sujet numĂ©ro 1 des DRH en 2025 et je trouvais qu'il y avait sĂ»rement des ponts Ă  en faire entre toi ce que tu fais dans ta vie perso sur tes passions avaient ce lien-lĂ , en fait. Comment on gĂšre l'incertitude, comment on gĂšre la peur de l'inconnu et cette quĂȘte de la performance, en fait. Concentration, tout ça. Est-ce que tu as des petits tips Ă  nous donner ?

  • Speaker #1

    Oui, alors effectivement, il faut que je rĂ©flĂ©chisse un peu. Mais c'est vrai que moi, quand je pratique ces sports-lĂ , je vais me concentrer sur une chose. C'est vite dit parce que j'en fais plein et que je switch toujours de l'un Ă  l'autre. Mais quand je fais quelque chose, je reste vraiment sur une activitĂ©. Et c'est la chose la plus importante. Ă  ce moment-lĂ  dans ma vie. Ça ne veut pas dire que ça l'est tout le temps, bien sĂ»r. Mais sur le moment, c'est vraiment ça qui est le plus important. Quand je suis en compĂ©tition, pendant une minute, on va sauter d'un avion et on va faire des figures. Il n'y a rien d'autre qui compte. Et de se focaliser comme ça sur une tĂąche, je pense que c'est assez intĂ©ressant. C'est lĂ  qu'on devient trĂšs performant, sur cette tĂąche en particulier. MĂȘme si le multitasking, on en parle aussi beaucoup. Je le pratique beaucoup aussi, mais en fait, ça...

  • Speaker #0

    J'ai encore lu une étude sur le sujet hier, qui montre qu'en fait, le multitasking, ça ne marche pas du tout. Voilà, on est d'accord. Il vaut mieux faire une tùche et la faire à fond, plutÎt que d'essayer de faire deux ou trois en parallÚle. C'est prouvé, scientifiquement, c'est beaucoup moins efficace que de faire une tùche à fond.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est exactement ce que j'ai vĂ©cu moi-mĂȘme aussi. Quand je descends en plongĂ©e, quand je fais un saut en parachute, il y a une chose Ă  faire. Et c'est vraiment ça qui devient le focus de toute mon attention. Et quitte Ă  passer aprĂšs sur une autre, bien sĂ»r. mais sur le moment c'est vraiment ça qui compte et ça fait le lien,

  • Speaker #0

    alors du coup je reviens sur ta plongĂ©e tu disais que dans la parachutisme ou la plongĂ©e, ça revient Ă  ce que tu viens de dire t'as besoin d'avoir une concentration Ă  100% et que tu peux pas ĂȘtre polluĂ© par le quotidien professionnel ou d'autres pensĂ©es envahissantes et ça se concentre tout Ă  fait, surtout que toi tu peux potentiellement mettre ta vie en jeu comment tu fais finalement pour enlever ces pensĂ©es je vais pas venir nocives mais des fois de penser ah putain j'ai pas rĂ©pondu Ă  ce mail du travail des choses qui peuvent arriver Ă  n'importe quel moment. Comment tu le travailles ?

  • Speaker #1

    C'Ă©tait assez intĂ©ressant parce que pour moi, c'est surtout dans la prĂ©paration du record de plongĂ©e que c'est venu parce que c'est la chose la plus dangereuse que j'ai faite dans ma vie. TrĂšs honnĂȘtement, ce n'est pas de sauter d'un avion, ce n'est pas de plonger de temps en temps. LĂ , c'Ă©tait vraiment cette plongĂ©e Ă  222 mĂštres. C'est la chose la plus dangereuse. Et donc, il y avait cette possibilitĂ© de ne pas revenir. Et il faut la prendre en compte. Ça a un peu changĂ© toute ma maniĂšre de penser et de voir la vie finalement, parce qu'on commence Ă  vraiment se poser la question qu'est-ce qui est vraiment essentiel ? Qu'est-ce qui est essentiel ? Qu'est-ce que je regretterais ? si je ne remontais pas de cette plongĂ©e-lĂ . Et en fait, ça permet vraiment de savoir ça, c'est important, ça, ça ne l'est pas. Et finalement, on se rend trĂšs facilement compte que ne pas avoir rĂ©pondu Ă  un mail, ce n'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    Tu as répondu à ces questions que tu t'es posées ? Oui. Tu as dit que ça avait changé un petit peu ta vie et ta maniÚre de penser. Est-ce qu'il y a des choses que tu ne faisais pas avant et que tu fais maintenant ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, justement, l'idĂ©e de ne pas avoir de regrets quand on se met Ă  l'eau, ça libĂšre vachement. Je dis beaucoup plus facilement les choses, sur toutes les choses positives. Et ça, c'est ça qu'on se rend compte finalement qu'il est important, mais rĂ©ellement, de dire Ă  nos proches, de leur dire qu'on les aime, ça, ça devient trĂšs important, en fait. Ça l'est, mais on n'en a peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment conscience, Ă  quel point c'est important. Et donc, voilĂ , d'ĂȘtre beaucoup plus libĂ©rĂ© Ă  ce niveau-lĂ . Et Ă  l'inverse, tout ce qui est un peu nĂ©gatif, bon, c'est pas trĂšs grave.

  • Speaker #0

    J'adore ton approche et je la partage Ă  1000%. Je pense que ceux qui bossent avec moi au quotidien, ils doivent le voir parce que j'essaie de vĂ©hiculer la mĂȘme philosophie que toi. Tu vois, par exemple, dans un monde professionnel. J'essaie de me dire, il faut que je suis lĂ  parce que je suis content d'ĂȘtre lĂ . Et que ça me fait plaisir d'ĂȘtre lĂ . On n'a qu'une vie, donc autant la vivre la plus intensĂ©ment possible, sans faire n'importe quoi forcĂ©ment. Moi, je n'irais pas sauter d'un avion, je n'irais pas Ă  220 mĂštres sous les eaux. Mais pour le coup, je te rejoins tellement. Est-ce qu'il y a d'autres choses auxquelles tu penserais ?

  • Speaker #1

    AprĂšs, il y avait tout un cĂŽtĂ© administratif aussi qui Ă©tait intĂ©ressant. C'est plus facile que le cĂŽtĂ© Ă©motionnel, on va dire. Mais c'est vrai qu'avoir toutes ces affaires en ordre administrativement, par exemple. C'Ă©tait assez intĂ©ressant comme travail. J'ai mĂȘme Ă©crit des lettres Ă  mes proches aussi, pour si jamais je ne revenais pas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Tu vas leur faire d'autres sales coups comme ça, sur les mois ou les années à venir ? Avec moi,

  • Speaker #1

    c'est jamais en fait. Je me surprends moi-mĂȘme, donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    Tu dois avoir le cÎté hyper cartésienne de la scientifique, hyper carré. Et donc, dans tes passions, tu as le cÎté un petit peu, je pense, de cerveau et je vais faire des trucs un peu fous.

  • Speaker #1

    Alors aprĂšs, c'est des risques qui sont mesurĂ©s quand mĂȘme. C'est-Ă -dire qu'Ă  chaque fois, je suis assez en mode projet, en fait, dans tout ce que je fais. Et donc, notamment, tout ce qui est analyse de risque, ça en fait partie. C'est-Ă -dire que ce n'est pas en mode tĂȘte brĂ»lĂ©e. C'est plus vraiment, OK, il y a des risques. Comment est-ce qu'on va faire pour les minimiser ? Et aprĂšs, on accepte qu'il y a un risque rĂ©siduel, bien sĂ»r, parce que le risque zĂ©ro n'existe pas.

  • Speaker #0

    Toi, ton rapport au vide, c'est quoi ? Il t'attire ?

  • Speaker #1

    Oui, il m'attire beaucoup, oui. Oui, j'ai toujours envie d'aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #0

    Et prochain projet ? Bon, maintenant, tu as fait 222 mĂštres. Tu as une autre lubie lĂ , en tĂȘte ?

  • Speaker #1

    Alors, en plongée, j'aimerais vraiment continuer à travailler tout ce qui est plongée profonde et notamment les effets physiologiques sur la décompression. Parce qu'en fait, je suis remontée en 4h30. Alors, ça peut paraßtre long, mais en réalité, c'est assez court pour cette profondeur-là. J'ai travaillé sur des logiciels, notamment de décompression. Et donc, j'aimerais vraiment refaire de la statistique, voir si ça... Si ça marche vraiment, si j'ai juste eu un coup de bol et que je n'ai pas fait d'accident de décompression, parce que ce jour-là, ça allait bien. Faire ça, et puis aprÚs, j'aimerais bien... Là, je suis descendue à 222 mÚtres. Je n'ai pas vu grand-chose.

  • Speaker #0

    LĂ , tu vas vraiment, tu es focus sur ton objectif des 222 mĂštres.

  • Speaker #1

    VoilĂ , c'Ă©tait que de la profondeur. Maintenant, ça serait intĂ©ressant d'aller voir rien que de la faune et de la flore Ă  222 mĂštres. Donc, il faudrait au moins des cailloux ou peut-ĂȘtre une Ă©pave. Des choses comme ça, ça m'intĂ©resserait vraiment beaucoup.

  • Speaker #0

    Et tu as dĂ©jĂ  ciblĂ© des zones oĂč tu peux le faire ? Tu parlais du Mexique tout Ă  l'heure.

  • Speaker #1

    Alors, le Mexique, ce n'est pas profond du tout. Non, non, effectivement, c'est vraiment ça qui est en cours. C'est le travail en cours de trouver des endroits, parce qu'on a peu de données, en fait. Donc, c'est vraiment ça qui est en cours.

  • Speaker #0

    J'ai une question ouf. Tu as un canapé chez toi ? Est-ce que des fois, tu t'assoies ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, j'ai un canapĂ©. Oui, oui, bien sĂ»r. Et je l'aime beaucoup, mon canapĂ©. À chaque fois, je suis trĂšs heureuse de le retrouver.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas le voir souvent. Non, mais en fait, ce qui m'intĂ©ressait aussi, et c'est aussi liĂ© Ă  l'univers un petit peu du podcast, c'Ă©tait comment tu arrives Ă  concilier finalement ton job et tes multis activitĂ©s. Donc, tu l'as dit, ton outil prĂ©fĂ©rĂ©, ça doit ĂȘtre Excel. Tu es une chef de projet hors normes. Comment tu t'arrives Ă  construire ça, mĂȘme avec ton employeur ? On t'a libĂ©rĂ© du temps, parce que tu es tout le temps Ă  droite Ă  gauche.

  • Speaker #1

    Quand j'Ă©tais sportive de haut niveau, en parachutisme, il faut le penser, c'est qu'en plus, j'avais des jours supplĂ©mentaires qui sont accordĂ©s par l'employeur. C'est une convention qu'on signe avec l'employeur, qui permet de se libĂ©rer un peu plus pour aller aux entraĂźnements. Parce qu'on faisait des entraĂźnements 400-600 sauts par annĂ©e. Ça ne rentre pas avec les congĂ©s. J'ai essayĂ©, ça ne marche pas. Donc, en fait, Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait l'entraĂźneur national qui nous faisait un planning de tous les entraĂźnements. En dĂ©but d'annĂ©e, on sait ce qui va se passer. Je pouvais voir s'il y avait des contraintes professionnelles. Par exemple, on lance un satellite, savoir Ă  peu prĂšs Ă  quelle pĂ©riode c'est, pour voir s'il y avait des potentiels conflits. Et aprĂšs, par-dessus ça, je mettais des week-ends de plongĂ©e quand c'Ă©tait dispo. C'est comme ça que je fonctionnais. Une fois que j'ai arrĂȘtĂ© l'Ă©quipe de France de parachutisme, j'ai gardĂ© ce mode de fonctionnement-lĂ . C'est juste que ça s'est complĂštement inversĂ©. C'est la plongĂ©e en premier. C'Ă©tait vraiment ça que je mettais en premier dans le calendrier, pareil, en dĂ©but d'annĂ©e. Et je regardais avec les contraintes professionnelles. Et aprĂšs, un peu de parachutisme quand je pouvais.

  • Speaker #0

    Parce que toi, tu passes tous tes congés finalement sur ta passion dévorante.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tous mes congés passent là-dedans. AprÚs, il y a de l'optimisation, etc. Avec les jours fériés.

  • Speaker #0

    Au CNET, vous avez peut-ĂȘtre un peu plus de jours de congĂ©s que le reste.

  • Speaker #1

    On est bien Ă  ce niveau-lĂ . C'est vrai que c'est un atout, clairement. Oui,

  • Speaker #0

    on est bien. MĂȘme pour tes collĂšgues, en fait. Ils doivent apprĂ©cier le fait de bosser avec toi, avec une exploratrice, c'est toujours cool.

  • Speaker #1

    Oui, certainement. AprÚs, c'est vrai qu'avec moi, ils sont vraiment trÚs sympathiques aussi. Effectivement, j'avais une collÚgue, notamment avec laquelle je travaillais en binÎme. mais en fait, elle, elle avait trÚs peu de contraintes. de son cÎté pour les congés, donc en fait elle arrive à se caler sur moi en fait. Donc ça c'est super quand on tombe sur des gens pareils, qui nous permettent justement de faire tout ça et puis qui m'aident énormément là dedans quoi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je pense que ton épisode il peut faire la transition avec ce que je voulais faire aprÚs, c'est et si tu osais, donc c'est bien de pouvoir changer de métier quand on n'est pas épanoui dans son boulot, mais en fait c'est pas la seule voie, je pense qu'il y a aussi oser vivre d'une passion ou la vivre intensément. Qu'est ce que ça t'apporte toi personnellement tous ces... D'autant plus que toi, tu le fais dans la performance et tu fasses toujours ce truc un peu plus fou. Des rencontres incroyables, non ? Qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Bien sĂ»r, c'est assez fou quand on se l'imagine. Jamais je n'aurais pensĂ© pouvoir faire tout ça. On rencontre des gens vraiment incroyables, oui, tout Ă  fait. DĂ©jĂ  discuter avec des gens qui ont Ă©tĂ© Ă  plus de 300 mĂštres de profondeur, c'est fou. Aujourd'hui, ça m'ouvre Ă©normĂ©ment de portes parce que j'ai un peu communiquĂ© dessus. Donc effectivement, je rencontre plein d'autres personnes qui viennent me parler aussi de tout ça. On voit mĂȘme de quoi nous-mĂȘmes, on est capables. C'est assez fou. On ne peut pas le savoir tant qu'on ne l'a pas essayĂ©. Je n'aurais pas pensĂ© l'ĂȘtre. Et finalement, je me rends compte que j'y arrive.

  • Speaker #0

    Si tu retournais le passé, que tu allais voir ton toit quand tu avais 18 ans, tu l'aurais cru ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Jamais, je n'aurais cru ça. Et c'est venu petit Ă  petit, en fait. Comme je vous disais au dĂ©but, c'est vraiment des petites Ă©tapes. Il n'y a pas eu de grand saut, en fait. Je pense qu'on a un peu cette idĂ©e-lĂ , des fois, quand on voit des personnes qui font... qui font des choses un peu hors du commun comme ça, que du jour au lendemain, c'Ă©tait parti, mais pas du tout. Ça met du temps Ă  s'installer, c'est petit Ă  petit. Donc, il faut ĂȘtre aussi... On a peut-ĂȘtre envie de changer des choses dans sa vie, mais je pense qu'il ne faut pas non plus y aller trop vite.

  • Speaker #0

    C'est totalement dans la philosophie, tu es la meilleure rĂ©alitĂ© possible. Parce que, tu vois, c'est exactement ce que j'essaie de vĂ©hiculer, mĂȘme pour l'univers professionnel. Tu n'es pas obligĂ© de changer du tout, tu n'es pas obligĂ© d'avoir cette vie, de partir Ă©lever des chĂšvres dans le Larzac, en fait. Tu peux... dĂ©jĂ  avoir une activitĂ© en complĂ©ment de ce que tu fais, je vais prendre tous les risques. Et sur la passion, je pense que c'est pareil. Je vais recevoir aussi une ultra-traileuse bientĂŽt, mais c'est pareil, elle n'est pas arrivĂ©e Ă  faire 200 bornes d'un coup. D'abord, elle a commencĂ© par des petits 10 km, des 20 bornes. Est-ce qu'il y a des conseils qu'on pourrait donner Ă  toutes les personnes qui nous Ă©coutent, que ce soit au niveau pro ou perso sur une passion, pour ne pas se mettre de limites ou de barriĂšres sur l'accĂšs Ă  n'importe quelle passion ? Tu peux te lancer dans tout, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, on peut se lancer dans tout. Je pense que ce qui est important, c'est de s'informer beaucoup, dĂ©jĂ , sur ce qui est possible de faire, mĂȘme au niveau de son travail Ă  soi. Par exemple, je ne sais pas, c'est possible de passer Ă  80% pour essayer autre chose un certain temps. Et faire cette espĂšce... Alors, cette analyse de risque, moi, je l'aime beaucoup, de se demander, au pire, qu'est-ce qui peut m'arriver ? Parce qu'en fait, ça permet de relativiser. Au pire, qu'est-ce qui se passe ? On change quelque chose, on peut revenir peut-ĂȘtre en arriĂšre. Il y a toujours quelque chose Ă  faire. Donc, je pense que ça, c'est important aussi.

  • Speaker #0

    Et moi, je vois deux trucs. Tu as le cÎté de la curiosité. C'est la qualité commune à toutes ces personnes-là. En fait, c'est de toujours s'intéresser à ce qui existe d'autre. Et le deuxiÚme, c'est aller rencontrer des gens. Tu l'as dit, tu as rencontré des personnes qui ont été plongées à 300 mÚtres. Tu as rencontré des personnes qui pouvaient t'aider sur le matériel, sur la compétence. Je pense que c'est vrai partout en fait, tu peux aller discuter avec les gens, ils sont hyper open. Mais là aprÚs, je t'ai contacté, tu as dit oui de suite.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Je pense que les gens qui vivent vraiment comme ça, ils le seront toujours. Ils sont toujours ouverts à la discussion, à expliquer comment ils ont fait, étape par étape. Si on me demande comment il faut faire pour devenir plongeuse technique, je peux l'expliquer, pas à part, il n'y a aucun souci.

  • Speaker #0

    Et comment on fait alors ? Parce que nous, on est Ă  Toulouse. Tu vas nager oĂč Ă  Toulouse pour t'entraĂźner ? Parce que c'est pareil, j'imagine que tu nages pas en piscine comme tu vas nager Ă  220 mĂštres sous l'eau ?

  • Speaker #1

    Nager en tant que telle, je nage trĂšs peu en fait,

  • Speaker #0

    voire pas du tout. Nager ou plonger, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais oui, alors pour plonger, moi personnellement, je vais beaucoup Ă  Marseille, mais parce que c'est historiquement par lĂ -bas que j'ai commencĂ©, donc c'est lĂ -bas que j'ai un peu mes connaissances, donc je vais souvent lĂ -bas. Mais aprĂšs, voilĂ , ça peut se faire un peu partout. Il y a des clubs Ă  Toulouse qui proposent effectivement des choses en piscine. Ă  Ramonville oĂč on peut plonger Ă©galement pour commencer ces niveaux Une fois c'est combien de mĂštres de profondeur ? Je crois qu'elle fait 15 mĂštres celle-ci Ă  vĂ©rifier donc pour commencer ces premiers niveaux c'est vraiment trĂšs intĂ©ressant aprĂšs si on veut plonger en mer il faut aller en mer bien sĂ»r, si on veut plonger en grotte il faut aller dans des grottes Tu ne fais pas ? Si bien sĂ»r je fais aussi de la plongĂ©e spĂ©lĂ©o c'est super intĂ©ressant aussi d'ailleurs d'aller explorer des grottes comme ça, des endroits oĂč on n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs peu d'humains ont pu aller c'est assez incroyable.

  • Speaker #0

    A priori, toi, tu n'as pas peur de l'inconnu ?

  • Speaker #1

    Non, au contraire, je le cherche un peu. On a toujours un peu une appréhension de l'inconnu, c'est normal. Mais comme je dis, ça ne doit pas nous figer. Moi, ça me stimule plus qu'autre chose. Mais cette peur, elle existe, bien sûr.

  • Speaker #0

    Du coup, ta philosophie de vie, si on devait la résumer, tu l'as déjà dit un petit peu tout à l'heure, tu as un mantra qui te drive un petit peu au quotidien ?

  • Speaker #1

    Pas particuliĂšrement, je dois le dire. J'y ai rĂ©flĂ©chi un peu, mais je n'ai pas vraiment de mantra, Ă  part qu'il faut y aller. Oui, mais pas tĂȘte baissĂ©e. C'est ça, je mets la petite nuance quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Heureusement, tu es à la reine du tableau Excel, donc je pense que tout est au maximum de contrÎle. En tout cas, ce que toi, tu peux maßtriser, tu l'as bien cadré. Est-ce que tu as d'autres éléments que tu aimerais partager, des conseils qu'on pourrait donner à des personnes qui écoutent sur toujours cette analogie entre se lancer dans l'inconnu, la peur du vide, la peur d'échouer ? Alors, je pense qu'il faut en parler, notamment avec des gens qui s'y connaissent,

  • Speaker #1

    mais aussi peut-ĂȘtre avec juste une personne pas forcĂ©ment directement dans le milieu, mais parler de ces peurs, je pense que c'est important aussi. Un ami, des gens de la famille, mĂȘme un professionnel, peu importe, mais pour essayer de comprendre un peu ce qu'il y a derriĂšre. Parce qu'une peur comme ça, qui nous empĂȘche de faire quelque chose, c'est dommage.

  • Speaker #0

    C'est un gros travail d'introspection.

  • Speaker #1

    Totalement, il faut beaucoup se connaĂźtre. Et moi, je ne me connais mĂȘme pas. En fait, j'ai appris Ă  me connaĂźtre au fur et Ă  mesure des annĂ©es en faisant tous ces projets-lĂ . Et je pense que je n'en suis mĂȘme pas arrivĂ©e Ă ... au tiers.

  • Speaker #0

    Mais tu fais le travail toute seule sur ton introspection ou est-ce que, tu l'as dit, tu avais rencontré une équipe de France, une préparatrice mentale, ça a sûrement pu t'aider. Est-ce que tu as d'autres personnes comme ça qui t'ont aidé à te poser des bonnes questions ?

  • Speaker #1

    Tout Ă  fait. Moi, je vois un psychologue de maniĂšre rĂ©guliĂšre aussi. Ça fait des annĂ©es. Alors, initialement, c'Ă©tait partie de l'idĂ©e de la prĂ©paration mentale pour le parachutisme. Mais en fait, ça a Ă©voluĂ© Ă©normĂ©ment c'est une exploration aussi une exploration de soi Et c'est trĂšs intĂ©ressant, je trouve que l'exercice est vraiment super et on commence vraiment Ă  se comprendre de mieux en mieux et en fait Ă  se canaliser vraiment dans ce qu'on a envie de faire.

  • Speaker #0

    Mais je pense que c'Ă©tait pour ça aussi qu'on parle d'exploration. Moi, je le voyais surtout sur la partie exploration de soi. C'est lĂ  oĂč chacun d'entre nous, on a un gros travail Ă  faire pour justement canaliser nos peurs, des fois les dĂ©passer pour profiter au maximum de la vie et tout ne sera pas parfait. C'est vrai que des fois, on a des croyances limitantes sur nous-mĂȘmes. Et c'est dommage, en fait. C'est pour ça que je trouvais que c'Ă©tait intĂ©ressant de pouvoir t'inviter et que tu puisses nous partager le tĂ©moignage sur les abysses, l'exploration spatiale, mais aussi sur toi-mĂȘme, parce qu'a priori, c'est le plus gros travail que tu as fait.

  • Speaker #1

    Ah, mais tout Ă  fait. Quand j'Ă©tais enfant, j'Ă©tais trĂšs peureuse. J'avais peur de tout. Je n'osais pas aller Ă  l'Ă©cole. Alors que maintenant, j'adore les Ă©tudes. DĂšs qu'il y a quelque chose qui... qui m'intĂ©resse, je vais y aller. Donc oui, c'est une exploration de soi-mĂȘme. En fait, j'ai toujours Ă©tĂ© cette personne-lĂ , mais elle n'Ă©tait pas forcĂ©ment accessible.

  • Speaker #0

    Tu te réinventes tout le temps. Tu te réinventes, tu t'évolues. Systématiquement, tu te rends plus forte.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est vraiment ça, notamment sur la confiance. Parce que moi, je n'avais pas une trĂšs forte confiance en moi. Et je pense qu'il y a beaucoup de femmes et de jeunes filles qui ont ce problĂšme-lĂ . Et en fait, c'est en faisant des petits pas. Petit Ă  petit, on se rend compte, ah ben ça, j'ai rĂ©ussi Ă  le faire. Ah oui, ça aussi. Et en fait, c'est comme ça qu'on prend la confiance aussi. Il y a une interaction vraiment avec l'activitĂ©. Il n'y a pas besoin d'avoir une bonne confiance en soi pour commencer des choses. Ça se nourrit.

  • Speaker #0

    L'un l'autre. Bon, maintenant, ton niveau de confiance en toi, il a dĂ» bien augmenter quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Il a augmentĂ©, bien sĂ»r. Ça a aidĂ©, ça a aidĂ©. Surtout sur ce genre de projet-lĂ ,

  • Speaker #0

    bien sĂ»r. C'est vraiment passionnant. En fait, j'aurais 10 000 questions Ă  te poser, aussi bien au niveau du travail que sur chacun des aspects. Mais bon, je ne peux pas le faire parce qu'on a un timing qui est quand mĂȘme limitĂ©. Est-ce que tu as un dernier mot Ă  faire passer ? Ou est-ce que tu as un message ? ou des choses qu'on n'a pas abordĂ©es, que tu penses qu'il aurait fallu aborder ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on a abordĂ© plein de choses lĂ  quand mĂȘme. Oui, non, je ne pense pas que j'ai grand-chose Ă  rajouter, qu'il faut se lancer des fois et apprendre Ă  se connaĂźtre et apprendre ce qu'on a envie de faire en fait, en gĂ©nĂ©ral. On ne sait mĂȘme pas ce qu'on a envie de faire rĂ©ellement, ces passions.

  • Speaker #0

    Mais non, moi je crois que j'ai dépassé 40 ans, je ne sais toujours pas ce que je veux faire dans la vie.

  • Speaker #1

    Mais moi non plus finalement, mĂȘme si je fais plein de choses, Ă  chaque fois j'ai recommencĂ© des Ă©tudes en biologie aussi, c'est vrai que ça on n'en a pas parlĂ© effectivement. Je me suis inscrite Ă  la fac. À Toulouse, lĂ , Ă  Paul Sabatier, je fais une licence en bio parce que le lien avec l'exobiologie, la vie dans l'univers, etc. La vie dans les abysses, tout ça, ça m'intĂ©resse Ă©normĂ©ment. Donc voilĂ , ça c'est pareil. J'ai contactĂ© les personnes de la fac pour voir ce qui Ă©tait possible de faire. Est-ce que je pouvais assister Ă  quelques cours et aprĂšs se lancer petit Ă  petit pour voir comment ça marche.

  • Speaker #0

    Je prends la balle au bout. C'est un super sujet, vraiment. Parce qu'en fait... DĂ©jĂ , tu as un mĂ©tier qui doit ĂȘtre prenant. Tu as deux passions qui, a priori, sont assez chronophages. Et tu arrives quand mĂȘme Ă  trouver le temps de te former. Et souvent, si j'en reviens Ă  mon sujet principal, qui est celui de quand tu n'es pas Ă©panoui dans ton travail, souvent, tu as beaucoup de personnes qui n'osent pas changer parce qu'ils n'ont pas confiance en eux. Ils disent « mais moi, je ne serais pas capable de faire ça » . Ou ils aimeraient bien aller sur n'importe quoi. Quelqu'un qui fait du commerce, ils n'osent pas aller sur du marketing, par exemple. Et je dis « mais forme-toi, en fait » . Maintenant, tu as l'expression de tout ce qui est tuto, tu trouves tout ce que tu veux, tu as des formations gratuites, tu as le CPF qui peut te le financer. Toi, comment tu arrives Ă  gĂ©rer, finalement, avec le peu de temps qui te reste, cet apprentissage-lĂ , ta licence de biologie, comment tu l'intĂšgres dans ton timing ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des « contraintes » de quand est-ce que je peux aller plonger ou pas, par exemple. Mais c'est vrai que la premiĂšre approche, c'Ă©tait d'en discuter avec mon employeur, de dire, effectivement... J'ai regardĂ© s'il y avait des cours du soir d'abord. En l'occurrence, je n'ai pas trouvĂ© de formation qui me plaisait pour ça. Et donc, je vais en cours Ă  l'universitĂ©. C'est vrai qu'au CNES, c'est quand mĂȘme pas mal parce qu'on n'a pas d'horaire fixe qui nous sont imposĂ©s. Donc, on peut se libĂ©rer deux heures et revenir tant qu'on fait les heures dans la journĂ©e. Ça, c'est des choses, il faut le voir avec l'employeur parce qu'il y a potentiellement plein de choses qu'on puisse faire. Et aprĂšs, j'ai des contraintes d'examen, bien sĂ»r, des choses comme ça. Mais aussi avec les enseignants de la fac, j'ai beaucoup discutĂ© pour voir ce qui Ă©tait possible de mettre en place. Je ne vais pas forcĂ©ment au TD, je ne vais pas forcĂ©ment Ă  tout. Et eux, ils m'aident beaucoup aussi dans cette mise en place-lĂ . Donc l'Ă©quipe pĂ©dagogique a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs ouverte Ă  mon parcours qui, effectivement, n'est pas standard.

  • Speaker #0

    Oui, mais surtout que toi, tu fais ça dans une logique. parce que t'es c*** c'est curieuse et que tu as envie d'apprendre. Tout à fait. Tu vois, tu as beaucoup de personnes. Je pense que c'est ça. On a tous du temps. Quand tu vois les statistiques sur le temps que passe chacun d'entre nous sur le téléphone, à Instagram ou des réseaux sociaux, c'est assez fou. Si tu passes deux heures dessus, mais en fait, enlÚve une heure et tu regagnes une heure de temps dans la journée pour apprendre autre chose. Donc, tu vois, je pense que ça peut rentrer pour n'importe qui, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, tout Ă  fait, tout Ă  fait. Et aprĂšs, mĂȘme, ça peut rentrer dans le cadre de la formation continue avec son employeur aussi, par exemple. Il y a des choses qui certainement peuvent se mettre en place, Ă  voir avec CRH, bien sĂ»r. Mais moi, c'est ce que j'ai discutĂ© avec eux. Ils ont Ă©tĂ© trĂšs ouverts lĂ -dessus.

  • Speaker #0

    De toute façon, on a vu les séries, tu ne perds pas de temps, tu les regardes en profondeur. Voilà, exactement. On est tranquille sur ce timing-là. Tu devrais faire des masterclass sur comment organiser son temps.

  • Speaker #1

    C'est un peu la course des fois, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Tu te reposes des fois quand mĂȘme. Est-ce que tu as des week-ends ou tu ne fais rien ?

  • Speaker #1

    Alors, rien du tout, non.

  • Speaker #0

    Je fais toujours quelque chose.

  • Speaker #1

    Mais voilĂ , je vais, par exemple, travailler ma bio. Ça, ça m'arrive aussi. Je vais me prendre des week-ends oĂč je ne vais pas avoir d'activitĂ© physique, mais plus mentale. Je pense qu'il y a besoin un peu des deux. Donc, j'aime bien switcher de l'un Ă  l'autre. Ça repose soit le corps, soit l'esprit. Et du coup, ça aide Ă  avancer comme ça, je pense.

  • Speaker #0

    Parfait. Super sujet. Donc, merci beaucoup, franchement, GaĂ«lle, d'ĂȘtre venue, d'avoir pris le temps de venir faire l'enregistrement parce qu'on t'a Ă©liminĂ©. C'est vraiment passionnant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est super, la discussion.

  • Speaker #0

    Je te remercie d'avoir Ă©coutĂ© cet Ă©pisode en entier. Si ce podcast t'a inspirĂ©, aide-moi Ă  le faire grandir. Écris-moi directement sur LinkedIn, Ă  Sylvain Lazaro, ou sur Instagram, et si tu oses des podcasts, partage-moi tes questions, tes idĂ©es, ou mĂȘme les noms des personnes inspirantes que tu connais et que tu aimerais que j'interviewe. Mets une note sur ton application de podcast, et surtout, parle-en autour de toi. Ensemble, on peut prouver que changer de vie, c'est possible et que c'est accessible Ă  chacun d'entre nous. À trĂšs vite pour un nouvel Ă©pisode.

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