Description
Lettres de Jean Eudes aux religieuses Notre-Dame de Charité
Lettre 32
Adressée à : la Mère du Saint-Sacrement Pierre, première Supérieure élue dans l'Ordre,
après la mort de la Mère Patin
À propos : Sur la manière de remplir sa charge
Date : Paris, ce 9 janvier 1669
Tiré de : OC 10, 314-315
Lu par Claudine Bainard , associée eudiste de France
Texte : MA TRES CHÈRE FILLE,
Je rends grâces de tout mon coeur à Notre-Seigneur et à sa sainte Mère, de ce qu'ils vous ont
choisie pour vous donner la charge de leur Maison. Je dis la charge, car vous faites bien, ma très chère Fille, de ne regarder pas cela comme un honneur ou un avantage, mais comme une croix et un fardeau bien pesant, puisque les Supérieurs et Supérieures sont obligées de répondre devant Dieu du salut des âmes que Dieu leur a commises. Vous ne devez pas aussi vous regarder comme Supérieure; car c'est la très sainte Mèrede Dieu qui l'est véritablement: vous n'êtes que sa vicaire ou substitute; à raison de quoi vous devez vous mettre souvent à ses pieds, spécialement lorsqu'il est question de faire quelque action de Supérieure; et là, renoncer à vous-même, vous donner à elle et la supplier d'anéantir en vous votre propre esprit, de vous donner le sien qui est celui de son Fils, afin de conduire vos Soeurs par l'esprit de leur Époux et de leur Mère. Pour cet effet, vous avez quatre choses à faire, ma très chère Fille:
La première est de parler à vos Soeurs plus par vos oeuvres que par vos paroles: vous rendant
la première à tout, et tâchant de vous comporter de telle sorte, que vous soyez un exemplaire de toutes sortes de vertus.
La deuxième, de les conduire avec une très grande charité, douceur et bénignité, les prévenant dans leurs besoins corporels et spirituels, et leur témoignant en toutes choses un vrai coeur de Mère, plein de soin, de tendresse, de cordialité.
La troisième, de tenir exactement et soigneusement la main à l'observance de vos Règles et
Constitutions; et à cette fin, vous les devez beaucoup étudier, spécialement celles qui vous regardent.
La quatrième est d'avoir un soin très particulier des Pénitentes, et de n'oublier rien de tout ce
que vous pourrez faire pour leur parfaite conversion; car la Maison étant établie pour cette fin, c'est de là que dépendent toutes les grâces que Dieu y veut donner. Tandis que l'on fera comme il faut ce quiappartient à cet Institut, Dieu versera abondamment des bénédictions sur votre Communauté; mais quand on viendra à le négliger, il vous abandonnera, et tout s'en ira par terre, pour le spirituel et pour le temporel.
J'espère, Dieu aidant, répondre bientôt de bouche au reste de votre lettre; il ne faut pas tant se hâter d'écrire la vie d'une personne qui vient de mourir, pour beaucoup de raisons.
Je salue très cordialement toutes mes chères Filles. J'ai toujours eu et aurai toujours pour
elles un coeur de véritable Père, qui suis en vérité, ma très chère Fille,
Tout vôtre,
JEAN EUDES, Prêtre Missionnaire de la Congrégation de Jésus et Marie.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.




