Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 39
Adressée à : monsieur Blouet de Camilly à Paris
À propos : du succès de la mission de Vasteville au Diocèse de Coutances
Date : 23 juillet 1659
Tiré de : OC 10, 372-374
Lu par Jeanne-Élisabeth Bréda , associée eudiste de France
Texte : Mon très cher frère,
Je ne saurais vous dire les bénédictions que Dieu donne à cette mission :
certainement cela est prodigieux.
Il y a longtemps que je ne prêche plus dans l'église, car quoiqu'elle soit bien
grande, elle est néanmoins trop petite en cette occasion. Je peux dire avec vérité
qu'aux dimanches nous avons plus de quinze mille personnes.
Il y a douze confesseurs, mais, sans hyperbole, cinquante y seraient bien
employés. On y vient de huit et dix lieues, et les coeurs y sont si touchés qu'on ne voit
que pleurs, on n'entend que gémissements des pauvres pénitents et pénitentes. Les
fruits que les confesseurs voient dans le tribunal sont merveilleux. Mais ce qui nous
afflige, c'est qu'on ne pourra pas en confesser le quart. On est accablé. Les
missionnaires en voient qui sont huit jours à attendre, sans se pouvoir confesser, e t
qui se jettent à leurs genoux partout où ils les rencontrent, les suppliant avec larmes
et à mains jointes de les entendre. Cependant voilà déjà la sixième semaine que nous y
sommes.
Oh! que c'est un grand bien que les missions! Oh! qu'elles sont nécessaires! Oh!
que c'est un grand mal que d'y mettre des obstacles! Oh! si ceux qui nous ont empêché
d'en faire plusieurs dans ce diocèse savaient le mal qu'ils ont fait74! Pater, dimitte illis,
nescierunt enim quid facerent.
Prions, mon très cher frère, le maître de la moisson, qu'il y envoie des ouvriers,
et lui disons souvent de tout notre coeur Domine messis, mitte operarios in messem
tuam Que font à Paris tant de docteurs et tant de bacheliers, pendant que les -âmes
périssent par milliers, faute de personnes qui leur tendent la main pour les retirer de
la perdition et les préserver du feu éternel ? Certainement, si je me croyais, je m'en
irais à Paris crier dans la Sorbonne et dans les autres collèges : Au feu, au feu, au feu
de l'enfer qui embrase tout l'univers! Venez, messieurs les docteurs, venez,
messieurs les bacheliers, venez, messieurs les abbés, venez tous, messieurs les
ecclésiastiques, pour aider à l'éteindre.
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