Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 32
Adressée à : M. Manchon, Supérieur de Rouen
À propos : Sur la conduite à tenir à l'égard des Jansénistes
Date : 10 février 1659
Tiré de : OC 10, 237-238
Lu par Claudine Bainard , associée eudiste de France
Texte : MON TRES CHER FRERE,
J'ai reçu de Paris deux lettres en un même jour, de deux personnes considérables et de nos
amis.
L'une m'écrit qu'il s'est trouvé dans une compagnie très célèbre, où deux hommes de qualité ont dit que c'était à notre occasion que Mgr de Rouen a fait publier son ordonnance pour la paix, comme voulant dire que nous nous emportions dans des zèles indiscrets et dans des ardeurs trop violentes contre le parti du jansénisme.
L'autre m'écrit ainsi: « Je vous dirai avec simplicité que, me trouvant dans une maison fort célèbre de Paris, on s'est plaint à moi de ce que, depuis quelque temps, on a remarqué à Rouen une facilité extraordinaire dans la communication de quelques-uns des vôtres avec ceux qui ne sont que trop raisonnablement convaincus d'engagement au parti, et particulièrement de celui qui a la conduite de la maison, dont la vertu m'est assez connue, mais lequel, manquant apparemment d'assez de force et de vigueur pour s'opposer ouvertement à ces personnes, serait capable, sans y penser, de porter un notable préjudice à votre Séminaire, et empêcher tout le bien qu'il pourrait faire, et même des sujets qui y pourraient entrer, lesquels attribueraient cette conduite à celui qui a le soin universel de la Congrégation. »
Voilà ce qu'on m'écrit, et ce qui doit nous apprendre à veiller sur notre conduite. Je ne sais
point de plus grand secret que de marcher notre grand chemin, sans nous mêler de rien, sinon de garder les commandements de Dieu et de l'Église et les règles de notre profession, et exhorter tout le monde, dans nos entretiens particuliers et dans nos prédications et exhortations, à faire de même, évitant, tant qu'il est possible, de parler des questions du temps, soit de celles qui regardent la foi, soit de celles qui concernent la morale, spécialement dans la prédication.
Je vous conjure aussi, mon très cher frère: 1. de fuir, autant que vous pourrez, la
communication de tous ceux qui sont dans la mauvaise doctrine: Sermo eorum ut cancer serpit; et puis cela nous rendrait suspects et nous ferait grand tort; 2. de témoigner toujours aux Révérends Pères Jésuites et à tous les religieux, toute la charité et amitié possible.
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