Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 24
Adressée à : M. Mannoury à Lisieux
À propos : Sur diverses questions intéressant le collège de Lisieux et les Religieuses de Notre-Dame de Charité
Date : Coutances, ce 29 juillet 1656
Tiré de : OC 10, 228-229
Lu par Claudine Bainard , associée eudiste de France
Texte : MON TRÈS CHER FRÈRE,
Jésus, le très saint Coeur de Marie, soit le nôtre pour jamais.
J'ai envoyé votre lettre à M. Manchon, et l'ai prié de vous répondre sur le testament de M. Le
Promoteur. S'il ne l'a fait, ma pensée est qu'il faut éviter le procès plus que la peste, et en avoir plutôt moins, voire perdre plutôt tout que de plaider, si ce n'est qu'on entrât dans le procès
qu'incidemment, et non pas comme une partie principale, et qu'en cela on fût bien assuré de réussir.
Pour le collège, voici ma vue: M. Marion pour la cinquième, M. de Longval pour la quatrième,
M. Sache pour la troisième, M. Franco pour la première, M. Doucet, préfet des pensionnaires, M. Dudy, préfet du collège; ou bien M. Yon pour la cinquième, M. Marie pour la quatrième et le reste comme ci-dessus, de sorte que, par ce moyen, nous tirerions M. de la Haye et M. de Longval du collège, pour les appliquer à d'autres choses. Mais ne parlez point encore de ce dernier dessein; mandez-moi seulement votre pensée, et j'en conférerai avec M. Manchon.
Je suis bien fâché du mécontentement de M. de Langrie; mais que faire à tout cela? Si je me
laissais aller à mes sentiments, j'aurais aussi grand sujet d'abandonner cette maison; mais il faut nous oublier et ne regarder que Notre-Seigneur et sa sainte Mère, et faire tout pour l'amour d'eux. Dieu permet toutes choses par bonté vers nous, afin de nous garantir de la complaisance et de la vanité, qui peut-être nous feraient perdre tout le fruit de notre travail.
On ne m'a point appelé au fait de M. de Saint-Julien. Cela a été fait auparavant que j'en aie ouï
parler. Je ne sais si cela est venu de lui seul, ou de lui et de la Mère tout ensemble; mais je ne crois pas que cela soit venu des filles. Il est bien certain qu'il y a longtemps que la bonne Mère ne veut point de nous. Il faut avoir patience, s'abandonner à la divine Providence, et marcher notre grand chemin, et servir toujours la maison en ce que nous pourrons, pour l'amour de Notre-Seigneur et de sa très sainte Mère. J'ai parlé à la Mère, et je lui ai encore écrit depuis que je suis ici, qu'il est nécessaire d'envoyer un homme exprès à Rome, mais elle ne me répond rien là- dessus. Il est bien assuré que la voie que M . de Saint-Julien veut tenir n'est pas bonne, et qu'on n'y réussira pas.
J'écris toutes ces choses à M. de Langrie, et le prie de conserver sa bonne volonté. J'espère faire un voyage dans quelque temps à Caen, là où je verrai M. de Saint-Julien pour lui dire mes raisons, et le prierai qu'on s'assemble, afin de résoudre ce qui sera le meilleur.
J'écris à M. de Langrie, qu'il choisisse de notre Soeur Marie des Vallées, ou du linge trempé
dans son sang, une médaille qu'elle a portée longtemps à son cou, ou qu'il dise ce qu'il souhaitera, et je lui donnerai de bon coeur, s'il est en mon pouvoir.
Vous avez été trop étroit à la pauvre brebis; il y a bien des raisons pour lesquelles elle peut
faire cela. Je lui écris pour qu'elle le fasse sans crainte.
J'embrasse tous nos chers frères, et salue tous nos amis, spécialement notre bonne Mlle
Ozenne 146, qui suis de tout mon coeur,
Mon très cher frère,
Tout vôtre,
JEAN EUDES, prêtre missionnaire.
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