Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 11
Adressée à : missionnaires de Gatteville
À propos : Sur la peine qu'il éprouve d'être séparé d'eux; et sur la divine volonté qu'il les invite à considérer comme leur Mère
Date : Paris, 9 juillet 1650
Tiré de : OC 10, 218-219
Lu par Claudine Bainard , associée eudiste de France
Texte : Mes très chers frères, que j'embrasse de tout mon coeur, in visceribus Christi. Nous voici déjà au 9e de juillet, et je n'espère pas pouvoir partir de Paris que dans quinze jours. C'est pourquoi je perds l'espérance que j'avais de vous voir à la mission de Gatteville. Je vous assure que cette mortification est une des plus grandes que j'aie portées de longtemps, car il me semble que je suis séparé non seulement de mon propre coeur et de mes propres entrailles, mais d'une chose qui m'est encore plus chère, puisque en vérité je vous aime plus, et en général et en particulier, que mon coeur et mes entrailles, et il me semble que je ne parle point avec excès, mais en toute sincérité.
C'est la très adorable volonté de Dieu, qui est notre bonne mère, qui a ordonné cette séparation; qu'elle en soit bénie à jamais! Je l'appelle notre bonne mère, car c'est d'elle que nous avons reçu l'être et la vie, tant de nature que de grâce. C'est elle qui nous doit gouverner, et nous devons lui obéir et nous abandonner à sa conduite avec grande confiance, puisqu'elle a un amour véritablement maternel au regarde de nous! C'est pourquoi je vous supplie, mes frères très aimés, que nous la regardions, honorions, et aimions comme notre très aimable mère, et que nous mettions notre principale dévotion à nous attacher fortement d'esprit et de coeur à elle, à la suivre fidèlement en tout et à obéir à tous ses ordres corde magno et animo volenti 115. Mettons en cela toute notre gloire et notre joie, et estimons tout le reste une pure folie.
Non possumus aliquid, dit saint Paul, adversus veritatem, sed pro veritate 116. Plaise à Dieu
nous faire tant de grâces que nous puissions dire véritablement: Non possumus aliquid adversus Dei voluntatem, sed pro voluntate Dei :« Nous ne pouvons rien, c'est-à-dire, nous ne pouvons ni penser, ni dire, ni faire aucune chose contre la divine Volonté, mais nous sommes forts et puissants pour lui obéir en toutes choses. »
Au reste, quand j'appelle la divine Volonté notre mère, cela n'empêche pas que la très sacrée
Vierge ne soit aussi notre Mère; car la divine Volonté la remplit, la possède et l'anime tellement, qu'elle est comme son âme, son esprit, son coeur et sa vie, en sorte qu'elle n'est qu'une même chose, s'il faut ainsi dire, avec la même divine Volonté. Ainsi, la très précieuse Vierge est notre Mère, et la divine Volonté est aussi notre mère. Et toutefois ce ne sont point deux mères, mais une seule, à laquelle je me donne et abandonne de tout mon coeur, avec mes très chers frères, afin qu'elle vive et règne en nous, et qu'elle y accomplisse tous ses desseins en sa manière et non en la nôtre, maintenant et à jamais. Dites amen, mes frères très aimés, mais dites-le de tout votre coeur, et dites-le non seulement de bouche, mais beaucoup plus par vos oeuvres. Pour cet effet, je vous supplie de pratiquer fidèlement ce que je vous ai écrit dans ma dernière lettre, que je vous prie de relire tous ensemble, si vous l'avez encore.
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